FOOT+ n°43

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#43 . août septembre 2013 Gratuit / @foot_plus FOOT+ / www.foot-plus.p.ht B. Derrien : "L'erreur est humaine" P. Bouby : "Il n'y a que le travail qui paye" L'ancien arbitre international BRUNO DERRIEN et le milieu défensif de Nîmes PIERRE BOUBY ont acceptés de répondre à nos questions. Entretiens passionnants. Le renouveau du football andalou Fair-play financier : C'est quoi ? Replay : Italie-Brésil 1982 Retour sur le fol été français Au cœur de… 2 matchs de Ligue 1

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Numéro type du bimestriel FOOT+ : des interviews, des articles d'analyses, des rubriques, de l'actualité. Le tout condensé en 40 pages, sans publicités et gratuitement. Pour vous abonner : http://goo.gl/3mZgXv Numéro 43, août-septembre 2013, sorti le 1er octobre.

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#43 .

août – septembre 2013

Gratuit / @foot_plus

FOOT+ / www.foot-plus.p.ht

B. Derrien : "L'erreur est humaine"

P. Bouby : "Il n'y a que le travail qui paye"

L'ancien arbitre international BRUNO DERRIEN et le milieu défensif de Nîmes PIERRE BOUBY ont acceptés de répondre à nos questions. Entretiens passionnants.

RÉVÉLATION

Le renouveau du football andalou

Fair-play financier : C'est quoi ?

Replay : Italie-Brésil 1982

Retour sur le fol été français

Au cœur de… 2 matchs de Ligue 1

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ET MAINTENANT, PLACE AUX BARRAGES

L'Equipe de France a compostée son billet pour les barrages en allant chercher le nul en Géorgie (0-0) puis en s'imposant (4-2) en Biélorussie. Place maintenant à de périlleux barrages. pages 28 et 29

Le fol été français pages 30 et 31

Euro 2016 : état des lieux pages 32 et 33

Interviews en pagaille

Bruno Derrien pages 18 à 24

Pierre Bouby pages 14 à 17

Brieuc Turluche, SponsorLive pages 25 à 27

Au cœur de…

Marseille-Evian TG pages 8 et 9

Rennes-Reims pages 10 et 11

Le renouveau du foot andalou

pages 12 et 13

Replay : Italie-Brésil 1982

pages 38 et 39

Fair play-financier pages 36 et 37

Antonin Panenka page 34

Paris SG-AS Monaco page 35

Courrier des lecteurs page 40

Rubriques

Le tacle page 3

ZAP+ pages 4 et 5

Le choix de… Claude Pèze page 5

Le coin des partenaires page 6

Le match des rédacteurs page 7

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©France Télévisions ; Pauline Manet / Panoramic

LE TACLE D'ARTHUR MASSOT

Minables

"Minable" est un faible mot pour désigner le ressenti du téléspectateur vis-à-vis du monde du football après avoir regardé le reportage de 90 minutes Cash Investigation, diffusé sur France 2 ce 11 septembre. Ce reportage – mené sur un an par Martin Boudot, non-spécialisé dans le sport, ce qui a facilité la réalisation de cette enquête – traitait le sujet tabou du buisness dans le football : entre agents frauduleux, entreprises minières qui achètent des parts de joueurs…

Ce sujet est bien connu des connaisseurs de football mais il a apporté au grand public des preuves de ces comportements inadmissibles. L'enquête a démontrée des pratiques inadmissibles : Adidas qui équipe des jeunes joueurs dès 7 ans ; un joueur de 11 ans débauché par un mystérieux agent émirati, qui travaille dans le civil dans la fabrication d'engins de chantier ; la revente de 33% des droits de l'international français Eliaquim Mangala sans avoir prévenu ce dernier ; des responsables qui n'arrivent pas à trouver un créneau de libre sur un an ; des rétro-commissions données à un agent interdit d'exercer… Autant de situations aussi acadabrantesques que révoltantes. Mais ce n'est pas tout.

Ce qui est le pire, c'est la réponse des institutions. Refus catégorique pour la grande majorité, réponses hasardeuses pour les autres. Par exemple, parlons de Carlos Sanchez. Cet international colombien, évoluant à Valenciennes de 2007 à 2012 a été mystérieusement cédé à une équipe moyenne chilienne, les Rangers de Talco. Puis 15 jours plus tard, prêté de nouveau à Valenciennes sans que le joueur n'ait visité les installations. Objectif : diminuer son salaire de 80%.

Mais ce n'est pas tout. D'autres dirigeants ont carrément mis en danger leur place, ne sachant pas répondre aux questions posées. Noël Le Graët a par exemple traité de "bon agent" des agents ayants étés condamnés et ne remplissant pas les papiers correctement. Aberrant. Certains réclament sa démission, ils n'ont pas forcément tort.

Nous aurions pu vous en parler pendant 38 pages, mais ce ne sera pas le cas. Car ce nouveau FOOT+ est à nouveau un numéro exceptionnel. Et pour cause : trois interviews étalées sur dix pages dont une très intéressante sur l'arbitrage vu par un ancien arbitre international, un grand dossier sur l'équipe de France, de nouvelles rubriques telles "Replay", qui traite les plus grands matchs de l'histoire… Cet édito est trop court pour tout vous détailler. Il me reste à vous souhaiter une bonne lecture dans ce plus long numéro de l'histoire de FOOT+. Footballistiquement vôtre.

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IMBROGLIO

Khlifa s'appelle en fait Khalifa

Le nouvel attaquant de l'Olympique de Marseille a révélé qu'il ne s'appelait pas Khlifa... mais Khalifa. L'erreur aurait été commise à Évian TG. Mais l'international Tunisien a tout de suite rappelé que cela ne le dérangeai pas qu'on l'appelle Khlifa. Lors de sa présentation officielle à l'Olympique de Marseille, le nom floqué sur le maillot était Khalifa. Il faudra donc l'appeler dorénavant comme ça.

LA PHRASE

C'est la Saint-Raymond aujourd'hui mais j'ai l'impression que c'est tous les jours ma fête.

Raymond Domenech, le 7 janvier 2010 ; en page 219 de son autobiographie "Tout Seul".

ERRATUM

Grossières fautes de FOOT+

Vous avez étés plusieurs à nous le signaler, et vous avez eu raisons. Dans notre article "Ils étaient maudits", nous vous avons induits en erreur sur certains points. Et en particulier sur Zlatan Ibrahimovic. Le Suédois est tout d'abord passé par l'Inter Milan, avant de jouer à Barcelone puis à l'AC Milan, contrairement à nos affirmations. Toutes nos excuses et en vous remerciant de votre attention.

A

LE PLUS Miccoli, le beau geste

Fabrizio Miccoli est un footballeur professionnel italien au grand cœur. Passé par des clubs prestigieux comme la Juventus, la Fiorentina ou Benfica, il joue de 2005 à 2013. Mais Fabrizio Miccoli est un supporter de toujours de Lecce. Et alors que son club descend en Serie B (2

ème division), il décide de quitter le club

pour jouer avec Lecce… en Serie C (3ème

division). Une belle histoire de passion à prendre en exemple.

LE MOINS José Anigo perd son fils

Impliqué dans une affaire de cambriolage et en phase de comparaître devant la justice, Adrien Anigo, le fils du directeur sportif de l'OM a été abattu en pleine ville jeudi 5 septembre, à Marseille. Touché et choqué, José Anigo a déclaré vouloir mettre en place des opérations dans les quartiers Nord de la ville. Les supporters marseillais présent à Toulouse pour le match qui s'en suivait lui ont rendus hommage tout comme les joueurs qui ont portés un brassard noir. Une minute de silence n'a pas été respectée, José Anigo en ayant fait la demande.

COURRIER DES LECTEURS

Vous aussi, participez

C'est une nouveauté toute fraîche : vous pouvez dorénavant nous poser une question, nous soumettre une remarque, réagir à un fait footballistique…et paraître dans FOOT+ ! Pour ceci, ce n'est pas compliqué : utilisez la mention @foot_plus sur votre compte Twitter ou alors en rédigeant votre humeur, question, remarque à www.goo.gl/eB3cgk. Et retrouvez-vous ensuite dans FOOT+ !

RÉCOMPENSE

Ribéry devant Messi et Ronaldo !

Franck Ribéry avait été pronostiqué dans le précédent numéro Ballon d'Or par nos rédacteurs. Peut-être que ce sera son année. Vainqueur de la Bundesliga, de la Coupe d'Allemagne, de la SuperCoupe d'Europe et de la Ligue des Champions avec le Bayern Munich, grand artisan de la qualification de l'équipe de France pour les barrages (voir par ailleurs), Franck Ribéry aura marqué de son empreinte l'année footballistique. Le prix du Joueur UEFA de la saison (décerné par des journalistes aux joueurs évoluant en Europe) lui a été décerné, terminant devant Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Place au Ballon d'Or ?

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SUIVI

Ça sent la fin pour Le Mans FC

Ce fut le feuilleton de l'été. Cela se finit finalement sur une note triste. Après de multiples recours, Le Mans FC ne sera finalement pas réintégré en National. Ceci entraîne la fin du centre de formation du club et ainsi

une liquidation financière plus que plausible et ce qui serait la fin d'un

club. Le pire est peut-être l'argent investi par la ville dans le MMArena qui ne verra finalement pas une équipe pro jouer à l'intérieur.

NOUVELLES RUBRIQUES

FOOT+ évolue (encore)

Comme vous l'avez sûrement remarqué, votre journal évolue au fur et à mesure des numéros. Pour vous permettre de vous y retrouver, nous avons choisi d'ajouter de nouvelles rubriques. Tout d'abord, juste après ce ZAP+, retrouvez "Le coin des partenaires" qui vous permet de connaître des sites intéressants puis ensuite "Le match des rédacteurs", une rubrique innovante qui permet à chacun de nos rédacteurs de vous rappeler un des matchs qui les a marqué lors de ces deux derniers mois. Ensuite, retrouvez en fin de journal la rubrique "Replay" qui vous permet de revivre les plus grands matchs de l'histoire et enfin "Prolongations" qui arrivera dès le prochain numéro et qui permettra d'aborder un sujet "détente". Ces rubriques viennent s'ajouter aux rubriques actuelles. Dans un souci de toujours vous plaire un peu plus.

REPÉRÉ PAR TLM S'EN FOOT

Le coach de Benfica défend un supporter

Le dimanche 22 septembre, un supporter du Benfica pénètre sur la pelouse. Arrêté par les stadiers, il trouve son sauveur en la personne de… Jorge Jesus, le coach du Benfica. Ce dernier s'interpose pour le défendre. Il déclarera ensuite "Il voulait seulement récupérer un maillot. Je serai toujours le premier à défendre les joueurs et les fans de Benfica". Un geste rare.

LE DESSIN DE… OMAR MOMANI

L'Italie et les Pays-Bas iront à la Coupe du Monde

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Classement du concours Just Foot-FOOT+ : 1- Paul Hahn : 17

points / 2- Mathieu Mercier : 13 points / 3- Corentin Coreau : 10 points / 4- Samir Mouheb : 8 points / 5- Fabrice Delimbeuf : 7 points

Le coin des partenaires

organise sur le réseau social Facebook un concours avec FOOT+. Pronostics, quiz, où est le ballon, devinettes, qui suis-je… de nombreux jeux sont organisé lors de chaque journée de Ligue 1. Les trois premiers gagneront à l'issue de la saison une écharpe de leur choix. Outre ce concours, Just Foot propose des live-score des principaux matchs, les toutes dernières informations du monde du ballon rond, des blagues… JustFoot sur Facebook / www.twitter.com/JustFootLive

propose chaque week-end des live-score sur tous les matchs de Ligue 1, des sondages, des fiches sur les 20 clubs de cette division, les classements, le calendrier et des multi-tweet les soirs de match. MultiLigue1 est donc indispensable pour toute personne voulant s' informer précisément sur la Ligue 1. www.multiligue1.com

Tout au long de la semaine, retrouvez sur Tout Le Monde S'en Foot des chroniques sur les plus grands

championnats de la Ligue 1 à la Liga, de la Bundesliga à la Serie A, sans oublier les autres compétitions comme la Coupe d'Europe ou alors d'autres championnats exotiques comme le Venezuela, l'Ecosse ou la Turquie et même du football féminin. Tout Le Monde S'en Foot propose aussi une rubrique vintage, des focus ou des interviews. Sans oublier les pronos entre rédacteurs. TLMSF a aussi un module vidéo et le ton des articles est à la fois sérieux et décontracté. www.toutlemondesenfoot.fr / www.tlmsf.fr

FOOT+ Journal bimestriel amateur. 43 numéros. Abonnement gratuit. Envoi par email. Créateur : Arthur Massot. Date de création : avril 2007. Rédacteur en chef : Arthur Massot. Assistant de rédaction : Pierre Tassel. Relecture : Pierre Tassel, Arthur Massot. Mise en page : Arthur Massot. Rédacteurs ayant collaborés à ce numéro : Pierre Tassel, Max Franco Sanchez, Raphaël Jehl, Marius Cassoly, Alexandre Muffon, Arthur Massot, Damien Dufresne Dylan Carrencotte. Responsable communication : Arthur Massot. Community Manager Twitter : Mickaël Parienté. Community Manager Facebook : Arthur Massot. Responsable concours Just Foot-FOOT+ : Marius Cassoly. Responsable abonnement : Mickaël Parienté. Responsable site internet : Dylan Carrencotte. Création artistique : Arthur Massot. Adresse email : [email protected] Abonnements : Mail, page Facebook, compte Twitter ou formulaire en ligne. Courrier des lecteurs : Mail, compte Twitter ou formulaire en ligne. Site internet : www.foot-plus.p.ht Diffusion du dernier numéro : 120 envois Prochain numéro : 1

er décembre 2013

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Le match des rédacteurs Ils ont chacun choisi un match de ces 61 derniers jours. Selon eux, c'est LE match à retenir.

Alexandre Muffon – Evian TG-Lyon, 31 août

Cette rencontre représente bien deux équipes que tout opposait au coup d’envoi : Evian promet de bonnes choses avec un jeu plus construit et plus agréable et n’a plus qu’à chercher la finition ; tandis que l’OL poursuit sa descente aux enfers après l’élimination en Ligue des Champions face à la Real Sociedad. Les Hauts-Savoyards remporteront le premier derby depuis leur accession au monde professionnel et se verront ainsi récompensés de leurs

efforts. Ils héritent d’un buteur qui monte en puissance et à qui tout finira par sourire : Kev in Bérigaud. L’ETG FC confirmera par la suite face à Ajaccio (3-2), mais la route jusqu’au maintien

est encore longue et semée d’embuches.

Arthur Massot – Géorgie-France, 6 septembre

C'est le match révélateur de l'inefficacité de Karim Benzema en équipe de France. Alors que l'équipe de France ne produit pas de jeu, n'a pas d'allant offensif, Karim Benzema sort. Il est remplacé par André-Pierre Gignac. Même si son remplaçant n'aura pas marqué, sa sortie aura permis à l'équipe de France de se libérer, d'attaquer, de mettre en danger le portier adverse, d'envisager de marquer. Même si le score aura été finalement nul et vierge, il nous aura démontré une chose : Benzema n'a pas sa place en équipe de France. Et signe du destin, le Madrilène est sorti avec le numéro 0 sur le tableau lumineux du 4

ème arbitre. Tout un symbole…

Marius Cassoly – Paris SG-Guingamp, 31 août

Fin de vacances scolaires. 17h, plein soleil au Parc des Princes. Le PSG se doit de confirmer après sa première victoire en terre nantaise lors de la 3e journée. Cavani et Ibra sont titulaires. Thiago Motta aussi. Tous les éléments sont donc réunis pour une belle rouste que le PSG devrait mettre à Guingamp, promu en L1 cette saison. Mais les Bretons sont tout de même parvenus à tenir les hommes de Laurent Blanc au terme des 90 minutes du temps réglementaire. Dans le Fergie Time, c’est Paris qui fera la différence grâce au premier but en L1

du jeune Adrien Rabiot et d’un Zlatan fou de rage qui signera, quant à lui, son premier but de la saison 2013- 2014. Et cette même rengaine : Thiago Silva a été monstrueux.

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Le Vélodrome se dévoile

Nous étions au Stade Vélodrome ce samedi 17 août pour suivre la rencontre MARSEILLE-ÉVIAN TG. Ce premier match de la saison au Vélodrome permettait aux supporters de redécouvrir leur stade et l'avancée des travaux. Voilà ce qu'il faut en retenir.

Marseille, de notre envoyé spécial –

Ce deuxième match de la saison sonnait l'heure des retrouvailles entre le Vélodrome et les supporters. Ayant une capacité de 48 000 places avec trois tribunes ouvertes, il a pratiquement fait le plein (42 524 spectateurs, soit presque 90% d'affluence) ce samedi 17 août.

Outre le match, l'objectif pour les supporters était d'apprécier l'avancée des travaux depuis la dernière rencontre officielle en mai. Ils ont pu observer la pose du toit sur la tribune Ganay et le virage Nord et la résonance offerte par cette rénovation. La pose du toit a scellé la fin des travaux dans ces deux tribunes. Pour le virage Sud, il ne

manque également plus que cette pose pour terminer les travaux. Le gros chantier d'ici à juillet 2014 sera la

reconstruction complète de la tribune Jean Bouin. Détruite en totalité à la fin de la dernière saison, elle sera totalement rebâtie cette saison pour porter l'affluence du stade à 67 000 places, ce qui fera du Vélodrome le deuxième plus grand stade de France, derrière le stade de France.

Pour l'instant, le stade compte donc 48 000 places. La télévision, pour éviter de filmer les travaux a déménagée devant cette même tribune Jean Bouin, pour filmer une tribune Ganay pleine. Les cadreurs jouent le rôle d'équilibristes, filmant le match sur de provisoires échafaudages. La fin des travaux est prévue mi-2014.

Les supporters reprennent leurs habitudes

Ceci n'a pas empêché les supporters de continuer leurs encouragements habituels. Les deux virages se sont parés de tifos, et le virage sud a déployé une banderole sur 4 niveaux (voir photo) : "On y croit : Cette saison, avec la hargne, tout est possible" puis lors de la pause fraîcheur "Par notre histoire, plus jamais de vert à l'OM". Ce deuxième message faisait référence à la tenue de Steve

Mandanda lors du match précédent face à Guingamp. Ce même gardien a souri avant de lever le pouce.

Les deux virages ont tour à tour mis l'ambiance, mettant une énorme pression sur l'arbitre et les joueurs adverses profitants de la nouvelle résonance offerte par le toit. Les chants se sont succédé, comme c'est l'habitude. Aux classiques "Il Fénoméno" (Steve Mandanda), "Aux Armes", "Qui ne saute pas n'est pas Marseillais" se sont ajoutés les noms scandés de Valbuena, Gignac et Payet. Une chose est en tout cas sûre : quand le Vélodrome sera terminé, il deviendra un chaudron comme celui de Saint-Étienne. Plus qu'un an à attendre...

Arthur Massot (@Massobry)

©Arthur Massot

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A.M

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AU CŒUR DE… MARSEILLE-EVIAN TG (Ligue 1)

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Strass et Payet L'HOMME DU MATCH. Dimitri Payet, tout fraîchement arrivé de Lille a marqué de son empreinte ce match. Il est également l'illustration parfaite d'un mercato réussi de l'OM.

À coup sûr, Dimitri Payet aura été l'homme du match. Le Réunionnais a une nouvelle fois prouvé que son entente avec Mathieu Valbuena pouvait augurer de belles choses. Après avoir déclenché des automatismes à Guingamp et en Belgique avec l'équipe de France, Dimitri Payet a tenté quelques enchaînements de passes avec Valbuena et a prouvé avec humilité son talent. Discret hors des pelouses,

Payet ne l'aura pas été sur le terrain. Sans cesse en mouvement, cherchant en permanence des solutions, l'homme aux 12 buts et 12 passes décisives la saison dernière aura une nouvelle fois marqué, en se jouant des défenseurs à l'aide de crochets avec une facilité déconcertante. Ce but

fut fêté en harmonie totale avec d'exigeants supporters déjà conquis, scandant avec ferveur son nom. Pour l'inscrire, il a écouté les conseils de Valbuena qui lui avait soufflé de "ne pas hésiter à partir dans le dos de la défense"

quand le meneur de jeu au club depuis 2007 avait le ballon. Ce même Valbuena indique qu'avec Payet et les autres, l'OM "peut faire de très belles choses cette année".

Payet est l'illustration même d'un mercato réussi pour l'OM. Le club phocéen avait 25 millions d'euros en poche suite à son excellente saison dernière par rapport aux prévisions. Vincent Labrune, le président, s'est concentré sur plusieurs

joueurs ayant un très gros potentiel. Tout d'abord le très prometteur Gianni Imbula, acheté 8,5 millions d'euros à Guingamp. Précis dans la relance, appliqué, discret et volontaire, le milieu défensif est sorti à la mi-temps de la rencontre, pour une bénigne entorse suite à un tacle appuyé de Bertoglio à la deuxième minute. Outre Imbula et Payet, l'OM s'est aussi doté de Benjamin Mendy, lui aussi très jeune défenseur,

acquis au HAC. Mendy n'a pas joué sur ce match mais pourrais très prochainement apporter tout son

talent à l'occasion de rotations d'effectifs indispensables, l'OM disputant directement

cette saison la Ligue des Champions. Enfin, Saber Khlifa ou plutôt Khalifa

(voir ZAP+) apportera de la concurrence à un Gignac

reparti sur les mêmes bases que la saison dernière.

Payet a donc prouvé son talent au

travers de ce match et prouvé aux

observateurs qu'il n'était pas

seulement là pour faire de

la figuration. Affaire à

suivre.

A. M.

À prendre au sérieux LE MATCH. Ce match a montré les nouvelles velléités offensives de l'Olympique de Marseille, ce qui provoque quelques errements défensifs.

Marseille, de notre correspondant –

Il faisait chaud, très chaud ce samedi 17 août au stade Vélodrome. 40° au soleil et pratiquement aucune zone d'ombre due à l'absence de tribune Jean Bouin (voir par ailleurs). Curieusement, cela n'a pas tant affecté le jeu que cela. L'arbitre avait pour cela prévu deux pauses fraîcheur de deux minutes, une par mi-temps.

La possession fut équilibrée (50%/50%) mais ce fut Marseille qui se montra le plus dangereux. Après un centre-tir à ras de terre de Benezet (13ème), les hommes d'Élie Baup ne se sont pas faits priés. Suite à un centre précis de sa moitié de terrain de Rod Fanni en destination de

Gignac, contrôlé du bout du pied, suivi d'un crochet sur Mensah et d'une frappe en extension terminée dans le petit filet gauche, l'OM ouvrait le score (1-0, 16ème).

Evian se contentait de déclencher des frappes molles et de louper des occasions immanquables (72ème, 79ème, 88ème, 90ème), permettant ainsi à Mandanda d'effectuer des arrêts décisifs. Après la rencontre, Pascal Dupraz analysera "On aurait pu jouer six mois sans marquer" avant d'enfoncer le clou quelques minutes plus tard "Même si les buts avaient faits la largeur du terrain, on n'aurait pas marqué".

Marseille continuait à bien défendre, s'appuyant sur un Diawara qui a

sorti un grand match malgré un alignement aléatoire et quelques oublis. Car l'OM jouait haut et fut récompensé par une magnifique réalisation de Dimitri Payet. Suite à un ballon de Valbuena, l'ancien Lillois s'amusait dans la surface de Mensah et doublait la mise (2-0, 67ème). Marseille aurait même pu tripler la mise, si l'arbitre avait sifflé la charge illicite de Sorlin sur André Ayew (61ème). Ce ne fut pas le cas, et l'OM signa une deuxième victoire face à une équipe Savoyarde qui se cherche sur le plan offensif, s'appuyant uniquement sur Kévin Bérigaud. Au plus grand bonheur de ses supporters.

A.M.

AU CŒUR DE… MARSEILLE-EVIAN TG (Ligue 1)

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Domine r n'est pas gagner

Nous étions au stade de la Route de Lorient, ce 10 août pour apprécier la rencontre RENNES-REIMS. Reims a fait jeu égal avec les locaux rennais mais s'est finalement incliné 1-2.

Rennes, de notre envoyé spécial –

Le championnat de Ligue 1 reprend ses droits comme chaque année et pour cette première journée

le Stade de la route de Lorient se pare déjà de ses couleurs noires et rouges. Après une dernière saison mitigée, ayant fini respectivement 13

ème et 14

ème les deux équipes se

retrouvent avec de nouveaux objectifs.

Les Bretons sont très bien rentrés dans leur match, encouragés par leurs supporters, en prenant possession du ballon rapidement. Les Rémois, repoussés dans leur moitié de terrain, ont subi quelques actions dangereuses durant le premier quart d’heure et notamment l’ouverture du score rennaise. Décalé sur le côté droit de la surface rémoise, Pitroipa fixe deux défenseurs avant de remettre le cuir en retrait pour Konradsen. Le Norvégien centre au point de pénalty où Pajot, délaissé de tout marquage, reprend le

ballon de volée. Agassa n’aura pas la main assez ferme pour empêcher Rennes de prendre l’avantage.

Puis petit à petit, les visiteurs vont réussir à

revenir dans le match. Juste avant la mi-temps ils vont d’ailleurs réussir à égaliser sur corner. Après une déviation de Prince Oniangue, Krychowiak réussi à pousser le ballon dans les buts de Costil. A la mi-temps le score est de 1-1 et les deux équipes vont se neutraliser en seconde mi-temps, avec une possession quasi-égale même si les

joueurs de Montanier ont eu plus de mal au fur et à mesure du match. Les coups de pieds arrêtés auront constitué la majorité des occasions rémoises, très proches de remporter ce match. Seulement les Rouge et Noir ne s’avouent pas vaincus et vont à plusieurs reprises obliger Agassa à rester sur ses gardes.

Puis vient la délivrance à la 84

ème minute : Erding sauve son

équipe grâce à ce très beau but où il élimine le premier défenseur avec un double crochet, le second avec ce

même geste technique, avant de placer une frappe à ras de terre entre les jambes du portier rémois. Ce but scellera cette rencontre. Score final : 2-1, première réussi pour Philippe Montanier avec cette victoire bretonne.

Raphaël Jehl (@MisterXcCr)

©DR

AU CŒUR DE… RENNES-REIMS (Ligue 1)

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Hély démissionne

Eric Hély, le technicien de Sochaux a présenté sa démission à son

Pajot se distingue L'HOMME DU MATCH. Vincent Pajot, joueur du Stade Rennais a prouvé à son nouvel entraîneur qu'il faudrait compter sur lui à l'avenir en inscrivant notamment un but.

Vincent Pajot restera l’homme de ce match. Associé à Jean II Makoun et la nouvelle recrue Anders Konradsen (ce dernier va avoir besoin de plusieurs matchs pour trouver des automatismes), il a réalisé un match très intéressant au milieu de terrain ; son activité s’est faite remarquée par des déplacements intelligents vers l’avant. Il a pu trouver les espaces entre les défenseurs rémois, mais malheureusement il n’a été servi que sur l’action de son but. Pajot, en tant que milieu défensif de formation, a gagné 11 ballons face à Reims, et apparait comme un élément précieux dans la récupération.

Le but qui change tout

En effet, avec un volume de jeu aussi conséquent, Montanier pourra compter sur

son jeune milieu pour assurer les tâches défensives comme offensives. Plutôt

habile dans ce schéma, Pajot a été décisif grâce à son ouverture du score. Sa performance est loin

d’être parfaite mais le milieu rennais a tenu un rôle essentiel dans le schéma tactique de son entraîneur.

R. J.

Montanier imprime sa patte LE FAIT DU MATCH. Le nouveau technicien Rennais, en provenance de la Real Sociedad a prouvé qu'il allait faire bouger les choses en Bretagne.

Rennes, de notre correspondant –

Après s’être séparé du charismatique Frédéric Antonetti, le club breton a fait signer le technicien français Philippe Montanier. Peu connu au début de sa carrière, le natif de Vernon s’est fait remarquer pour son travail avec la Real Sociedad. Après une première année d’adaptation, le club basque obtient de très bons résultats. Montanier peut notamment se vanter d’avoir battu le FC Barcelone sur le score de 3-2 et

d’avoir terminé 4ème

de Liga avec à la clé les barrages de la Ligue des Champions.

Il s'adapte à l'équipe

La recette ? Un jeu offensif basé sur une équipe dont chacun des joueurs a sa place spécifique et une pure stratégie dans la

composition de l’équipe. Souvent comparée au FC Nantes de Raynald Denoueix, la Real a su imposer son style de jeu insufflé par son entraîneur. Les Rennais sauront-ils s’adapter à son style ? Vincent Pajot est beaucoup plus libre

dans ses déplacements (voir par

ailleurs). Et cela a l’air de lui plaire : "Le jeu que Montanier propose, ce sont beaucoup de passes au sol, avec beaucoup de mouvements. […] C’est sûr, avec ce style de jeu, on prendra évidemment beaucoup de plaisir" a-t-il déclaré à Sport24. – R.J.

©Europapress

DERNIÈRE MINUTE

son directeur le 25 septembre à la suite d'un cinglant revers face à Guingamp (1-5). Pas sûr que cela permettent au club de se relancer, alors qu'il stagne à l'avant dernière place et affiche désormais 5 points en 7 matchs. – A.M.

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AU CŒUR DE… RENNES-REIMS (Ligue 1)

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Le renouveau

du foot andalou

Avec le retour d’Almeria parmi les vingt meilleures équipes espagnoles, l’ANDALOUSIE est désormais la région la plus représentée en Liga, avec pas moins de cinq équipes en compétition, dont deux en Europa League. Revue d'effectifs.

L’Andalousie est la région de football par excellence du côté de l’Espagne. Avec de nombreux clubs historiques,

certains toujours présents, comme le FC Séville, d’autre qui ont sombré, comme Cadiz, la ferveur populaire qui règne à Al-Andalus est unique. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui pousse de nombreux joueurs espagnols à rejoindre les rangs des équipes locales, à l’image de Joan Verdu, nouvel arrivé du côté du Betis malgré une offre économique alléchante de l’Olympiakos et l’intérêt de clubs d’un certain standing comme Valence ou Swansea. Il convient également de signaler que l’Andalousie offre un cadre de vie très agréable, chose qui, aussi anodine qu’elle puisse paraitre, influe beaucoup dans le choix des joueurs à

©DR

ESPAGNE L'ANDALOUSIE EN LIGA

Page 13: FOOT+ n°43

l’heure de prendre une décision concernant leur avenir.

Pourtant, les clubs andalous ont encore vu comme certains de leurs meilleurs éléments ont quitté les terres du sud de la péninsule pour conquérir de nouveaux horizons, à l’image de Negredo, Navas, Medel ou Kondogbia pour le FC Seville, Cañas ou Beñat chez les voisins du Betis, ou la déferlante de départs coté Malaga. Les raisons sont nombreuses : des dettes à payer, un cheikh aux abonnés absent, des finances dans le vert qui pour le moment ne permettent pas d’offrir de gros salaires aux joueurs etc… Les clubs ont cependant su se renforcer, compenser les départs et finalement se retrouver avec des équipes plus complètes et de plus grande qualité que lors des saisons précédentes.

Le FC Séville, un exemple à suivre

Séville en est le parfait exemple. Malgré les pertes des joueurs cités ci-dessus, Monchi et le staff, avec les espoirs Jairo, Vitolo ou Cheryshev, le très bon Marko Marin, les bien connus des fans français Stéphane M’Bia et Kévin Gameiro, le goleador colombien Bacca, le jeune international uruguayen Cristoforo ou encore le très bon Vicente Iborra. Jeunesse et jeu offensif sont les mots d’ordre, le tout mené par un excellent Rakitic et misant également sur l’explosion de jeunes déjà présents au club comme Alberto Moreno ou Bryan Rabello. Malgré un début de saison compliqué niveau résultats, dû notamment à des confrontations avec des gros poissons comme le Barça et l’Atlético, on devrait retrouver les hispalenses en position européenne à la fin de la saison. L’équipe d’Emery devrait également jouer un rôle majeur dans cette Europa League.

Une communauté francophone à Grenade

Grenade s’est également considérablement renforcée, avec les arrivées des vieux briscards Piti et Riki (18 et 13 buts l’an passé), qui devraient garantir un certain nombre de points aux résidents du Nuevo Los Carmenes. Le désormais ancien milieu de terrain travailleur de Malaga Manuel Iturra est également un renfort de choix. Avec les arrivées des espoirs français Alexandre Coeff et Dimitri Foulquier, auxquels se joint leur compatriote de Mallorca Michael Pereira et les déjà présents El-Arabi ou Pape Diakhaté, une petite communauté francophone s’installe. Les hommes de

la ville de l’Alhambra devraient se maintenir sans aucun problème voir espérer truster une place en première partie de tableau.

Malaga, toujours présente

Le cas Malaga est plus complexe, avec un renouvellement quasi complet de l’effectif. Au bout de 5 journées, le constat est plutôt honorable, sachant qu’à l’image de Séville, Malaga a déjà dû se frotter à certains gros du championnat. Le jeu proposé par cette équipe remodelée à la sauce Schuster semble plaire à la Rosaleda. Il faudra particulièrement suivre les jeunes Sergi Darder, Portillo que nous avions déjà pu découvrir la saison dernière sous Pellegrini, Fabrice Olinga qui pourrait enfin avoir du temps de jeu en équipe A ou encore Pawlowski, prodige polonais dont on dit le plus grand bien du côté de la Costa del Sol. L’attaquant Mounir El Hamdaoui, prêté par la Fiorentina avec option d’achat, pourrait s’avérer être l’une des bonnes pioches de la saison et a déjà offert deux performances très

convaincantes, avec notamment un triplé pour son début face au Rayo.

Betis Séville et Almeria : objectifs opposés

Pepe Mel reste à la tête du Betis et de son projet plutôt alléchant. Après les départs de Cañas et Beñat, il était impératif de renforcer le milieu de terrain, devoir assez bien accompli avec les recrutements de Xavi Torres, du jeune Lorenzo Reyes et de Verdu, et le retour de prêt de Matilla. Le staff technique a préféré réaliser un mercato peu onéreux et peu bling-bling et qui a pour objectif de consolider un effectif jusqu’à lors peu fourni pour pouvoir lutter en Liga et en Europe, avec l’arrivée de joueurs déjà déterminants et au niveau à l’image d’un Cedrick ou d’un Juanfran. Alvaro Vadillo pourrait enfin exploser définitivement et s’imposer comme l’un des piliers offensifs des beticos, mais reste à voir si l’on retrouvera le Ruben Castro de la saison dernière.

Concernant Almeria, «Wait & See ». L’objectif n’est autre que le maintien, qui pourrait finalement être rendu possible par les prêts dont a bénéficié l’équipe, tels que Suso en provenance de Liverpool ou Rodri du FC Barcelone. Bref, on devrait voir du beau football sur les terrains ensoleillés du sud de l’Espagne cette saison.

Max Franco Sanchez (@maxfrs)

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ESPAGNE L'ANDALOUSIE EN LIGA

Page 14: FOOT+ n°43

P. Bouby : "Je ne

suis pas rancunier"

Le milieu défensif du Nîmes Olympique (Ligue 2) s'est confié sans tabous, en début de saison. PIERRE BOUBY y évoque son parcours particulier, son jeu et Twitter, où il est très proche de ses abonnés.

Making-off : Contacté via le réseau social à l'oiseau bleu, Pierre Bouby a immédiatement accepté l'interview. Maniant l'humour et le sérieux, le Nîmois s'est livré à notre journal sans tabous début août, avant que la saison de Ligue 2 ne démarre. Même s'il nous a confié à la fin de l'interview qu'il trouvait les questions longues. "J'ai fini de lire vos questions avec un verre remplit de 2 Doliprane !" glisse t'il.

FOOT+ : Bonjour Pierre. À Amiens, vous ne passez pas professionnel alors que c'était votre objectif. Pouvez-vous nous raconter cet épisode sûrement douloureux et ce que vous en retenez ?

Pierre Bouby : Bonjour à tous. Oui en effet, c'était forcément une sorte d'échec. Mais c'est comme ça. J'ai appris de cet échec, et j'ai su rebondir. Si je n'ai pas signé pro' à ce moment-là, c'est qu'il me manquait peut-être quelque chose

que je n'avais pas. Néanmoins, ça n'a pas été un coup d'arrêt.

Vous retournez ensuite à Moulins, en CFA. Quel était votre état d'esprit à cette époque-là ?

C'était essentiellement de prendre du plaisir, de profiter de ces matchs pour progresser. Et c'est ce qui s'est passé.

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INTERVIEW PIERRE BOUBY (Nîmes Olympiques)

Page 15: FOOT+ n°43

Pierre Bouby

29 ans, milieu défensif au Nîmes Olympique (Ligue 2).

Pierre Bouby est né le 17 octobre 1983 à Vichy. Ayant débuté le football au centre de formation de Lyon, il part ensuite vers Amiens, ayant le secret esp oir de passe professionnel. Ce qui ne se passera jamais. Pierre Bouby décide alors de retourner proche de sa famille à Moulins, en CFA. Il est alors repéré par Evian TG, qui est alors nommé Croix de Savoie. Il y passe 4 saisons et atterrit en Ligue 2. Il s'envole alors pour Metz, où il restera une saison avant d'arriver en 2012 dans son club actuel, le Nîmes Olympique où il dispute 36 matchs dès sa première saison. Il est actuellement très présent sur Twitter, avec plus de

7000 tweets et 1600 abonnés.

Vous rejoignez ensuite Evian Thonon Gaillard, qui évolue alors en National et le quittez quand le club monte en Ligue 1. Le fait d'avoir loupé cette opportunité restera-t-il un pincement au cœur ?

Oui un petit peu, forcément. Quatre années comme ça, ça n'arrive pas souvent dans la vie d'un joueur. Mais je suis parti en très bon termes avec le club. Je leur souhaite une bonne continuation et une bonne saison. D'ailleurs Nico[las Benezet, ancien coéquipier de Pierre et parti à Evian] a intérêt d'être bon...

Quand à Evian TG, vous voyagiez de ville en ville entre domicile, centre d'entraînement et stade, était-ce fatiguant à la longue ?

Non, pas spécialement, c'est atypique mais c'est un rythme à prendre. En plus maintenant ils s'entrainent dans leur nouveau centre, le club évolue à son rythme.

Le problème actuel de l'ETG, c'est le stade. Genève ou Annecy ?

À vrai dire, je ne connais pas très bien les raisons du problème pour vous dire ce qu'il en est.

La saison dernière, Evian Thonon Gaillard avait réalisé un très beau parcours en Coupe de France. Quand vous évoluiez au club, pensiez-vous que cela soit possible un jour ?

Oui, bien sûr ! Comme je le disais il y a quelques instants, le club évolue. Evian un club qui a de l'avenir à moyen, voir à long terme.

Avec Metz, vous descendez en National. Dur contraste avec Evian ?

Mes relations sont restées bonnes avec le FC Metz. Je suis content qu'ils aient réintégré la Ligue 2 car c'est un club qui le mérite. Je suis le parcours du club, parce que j'ai encore quelques potes qui évoluent là-bas.

Vous arrivez donc la saison dernière à Nîmes. N'avez-vous pas un sentiment de revanche par rapport à Amiens ?

Non [ndlr : il insiste sur le mot], je n'en veux à personne ! Je n'ai aucun regret. Je suis un fataliste : je travaille, si ça paye tant mieux ;

si ça ne paye pas tant pis. C'est la vie...

A Nîmes, vous devenez très vite titulaire indiscutable. Quand vous entrez sur le terrain, pensez-vous à tous ces moments difficiles que vous avez dû traverser ?

Alors là, vraiment pas ! Quand je rentre sur le terrain, j'ai hâte que l'arbitre siffle et puis je joue, c'est tout. Je ne suis pas rancunier.

Quel est l'objectif de cette saison ?

L'objectif à remplir est de faire une meilleure saison que l'année dernière. Tout d'abord, il faudra déjà faire un meilleur départ. Et ensuite, je vais dire une phrase type d'un footballeur mais "Prenons les matchs les uns après les autres".

Si vous montiez en Ligue 1, que ressentiriez-vous ?

Le sentiment d'une saison plus qu'accomplie, et un grand moment à passer avec nos supporters. Mais à l'heure où je te parle [début août], on en est encore bien loin donc vivement Créteil, le premier match de la saison. Ensuite, on verra.

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INTERVIEW PIERRE BOUBY (Nîmes Olympiques)

Page 16: FOOT+ n°43

En Ligue 1, avec le stade des Costières plein, quelle serait l'ambiance ?

Ce serait le feu [il accentue énormément sur le feu] !

Si au contraire, vous restiez en Ligue 2, résigneriez-vous à Nîmes pour poursuivre la belle aventure ?

Ce n'est pas le moment pour parler de ça, il y a une saison à jouer. Je suis en fin de contrat en fin de saison mais pour l'instant, la préparation et le championnat qui va commencer sont plus importants.

Etre devenu un joueur clé du dispositif de Victor Zvunka, cela doit être un honneur et cela doit vous pousser à toujours travailler plus dur ?

C'est le coach qui m'a fait confiance pour me repositionner au poste de milieu défensif. Et je dois avouer que ça m'a fait un bien fou. J'ai vraiment l'impression d'être beaucoup plus utile à l'équipe. Je lui dois d'être irréprochable, au moins dans l'état d'esprit.

Votre entraîneur Victor Zvunka, avait emmené Guingamp soulever la Coupe de France.

Avez-vous lancé un pari avec lui en cas de beau parcours ?

Non, je ne lance pas de pari avec le coach. Le groupe vit bien mais attention quand même, ce n'est pas mon pote non plus. Ça reste le coach [il accentue sur coach].

Vous n'avez été exclu que deux fois durant votre carrière. Savez-vous amadouer les arbitres ou considérez-vous normal de respecter leurs décisions ?

Comme dans tous les sports, il y a des arbitres "sympas" et des

arbitres moins "sympas". Mais ce sont eux qui commandent alors...

Vous travaillez régulièrement les coup-franc. C'est d'ailleurs comme ça que vous avez marqué votre seul but la saison dernière. Est-ce un geste que vous appréciez particulièrement ?

Oui, car c'est mon geste préféré et il est de plus en plus important au haut niveau. Je les travailles dès que je peux, j'espère en marquer beaucoup plus cette année.

Justement, à quoi pensez-vous après avoir marqué un but ?

A ma femme, mes enfants, ma famille, et tous mes potes qui me chambrent. Il faut aussi que je pense à faire S avec les doigts pour un ami.

Préférez-vous marquer une demi-douzaine de but ou offrir une dizaine de passe décisive ?

Faire les deux dans la même saison serait mieux, non ?

Notre journaliste Damien Dufresne a cité vos coups-

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INTERVIEW PIERRE BOUBY (Nîmes Olympiques)

Page 17: FOOT+ n°43

francs comme bonne surprise de Ligue 2 pour la saison à suivre. Cela vous fait-il sourire ou essayerez-vous d'affirmer ses propos ?

Je m'attacherais à essayer d'affirmer ses propos.

Que vous inspire la saison à venir ?

Je vous dirais ça dans une dizaine de matchs. Je voudrais marquer le plus de buts possible. Mais le but est d'en avoir toujours un de plus que l'adversaire.

Vos principaux défauts ? Vos principales qualités ?

Commençons par mes défauts que sont ma vitesse, ma vivacité et mon agressivité. Pour ce qui est de mes qualités, je dirais mon intelligence de jeu, ma vision du jeu, mon placement, mon pied gauche et mon état d'esprit.

Parlons maintenant de Twitter. Vous y êtes très présent. Vous répondez notamment souvent à vos fans. Est-ce une façon de ne pas oublier d'où vous venez, de rester les pieds sur terre ?

Je n'en sais rien, j'essaye de répondre quand je peux.

Vous avez déjà utilisé votre notoriété sur le célèbre réseau social pour arriver à vos fins, notamment avec des

chaussures…

[Il rit] C'est parti en me réveillant d'une sieste un jour de match. Des twittos ont lancés le hashtag #AllInForBouby. Ça a marché et j'en étais le premier surpris. Adidas a été cool et m'a envoyé deux paires. Je referais surement une opération #AllInForBouby pour avoir deux autres paires... Je compte sur vous, soyez prêt.

Sur Twitter justement, vous imitez Carlo Ancellotti ou Franck Ribéry. Quels sont vos tiques de langages dont vous pourriez être moqués ?

Quand je suis en interview à la télévision, mes parents me chambrent parce que je me gratte tout le temps la tête quand je parle. Et me demandent aussi d'arrêter de faire le mariole sur Twitter !

Lorsque vous avez marqués, la twittosphère s'est emballée. Nous imaginons que cela a dû vous faire plaisir !

J'aime bien Twitter, ça me fait marrer. Je ne crois pas en Dieu, je crois en rien d'ailleurs. Je fais ce que je peux pour profiter de la vie au maximum. Et je sais qu'il n'y a que le travail qui paye. Si je veux quelque chose, je vais le chercher. Si je ne l'ai pas, je passe à autre

chose. Sinon, tu ne vis qu'avec des regrets. Quand je marque, je suis heureux. D'ailleurs c'est Claude Pèze (à retrouver en page 5) qui décide de mon sort, il faut le savoir. Je suis son Sims.

Après votre but marqué la saison dernière, vous aviez fait un cœur avec les doigts. C'était une sorte de pari avec le site Tout Le Monde S'en Foot, non ?

Oui entre autres. Mais aussi pour ma femme. Il ne faut pas oublier de le dire.

Grâce à ceci, à votre simplicité et votre générosité, vous êtes très apprécié du public. Est-ce une satisfaction ?

Je suis comme je suis. Je ne joue pas de rôle. Si tu m'embêtes, je te le dis. Mais j'ai très souvent le sourire, pour moi l'essentiel est de se marrer. C'est dur de ne pas l'avoir avec le métier que je fais.

Pour terminer, avez-vous un petit mot à adresser à nos lecteurs ?

Merci à vous. À plus.

Propos recueillis par Arthur Massot (@Massobry)

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INTERVIEW PIERRE BOUBY (Nîmes Olympiques)

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B. Derrien : "Je ne me

suis jamais ennuyé"

L'ancien arbitre international BRUNO DERRIEN a accepté répondre à nos questions. Sa carrière, le monde de l'arbitrage aujourd'hui et quelques idées ressortent d'un entretien passionnant.

Making-off : Contacté via un célèbre réseau social à l'oiseau bleu-clair, Bruno Derrien a tout de suite accepté notre demande d'interview. Joint par téléphone, l'ancien arbitre fut très joyeux et même drôle. Après avoir écouté le déroulement de l'interview, il a glissé : "J'ai l'impression de parler à un commandant de police !". Au bout d'une heure passionnante, il en ressort une interview agréable à lire et qui nous permet de sortir de son point de vue de spectateur mais aussi de voir le football de l'œil d'un ancien arbitre. Et c'est très captivant.

Bonjour Bruno, comment avez-vous commencés dans l'arbitrage ?

Bonjour, je suis brestois. Je suis né en 1964. J'étais d'abord basketteur, j'ai joué dans un petit club qui s'appelle l'AS Guelneur. J'y ai joué en benjamins, minimes… donc j'adorai

le basket. Et en parallèle, dans la cité où j'habitais, il y avait un petit terrain de handball que j'avais transformé en terrain de football. J'organisais avec un de mes copains lui aussi très actif le jeudi après-midi – car il n'y avait pas d'école à cette époque-là le jeudi – des tournois inter-quartiers. Je rencontrais des jeunes qui jouaient dans la rue et les interpellait en leur proposant de monter une équipe. Et comme il n'y avait bien sûr pas d'arbitres, j'arbitrais les matchs. Je faisais rentrer les

joueurs en ligne. Les gens des alentours regardaient les matchs de leur fenêtre. C'était en 1978. [Il reprend son souffle] Et il s'avère

que dans mon quartier, dans l'immeuble à côté de celui de mes parents, il y avait un arbitre officiel qui voyait les matchs le soir, en rentrant de son travail. Et un jour, il est descendu et m'a proposé de me présenter au concours des arbitres officiels. A ce moment-là, le district du Nord-Finistère lançait une opération "L'arbitrage pour les jeunes, par les jeunes". Et je lui ai répondu "Oui, pourquoi pas". Nous étions en 1979.

« Le sport n'a pas été

inventé pour les

arbitres mais sans

arbitres, il n'y a pas

de sport. Sans

arbitres, il n'y a pas

de matchs. »

©Olivier Andrivon / Icon Sport

INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

Page 19: FOOT+ n°43

Et ensuite ?

Je suis allé au district de football à Brest, retirer une candidature. Puis j'ai participé à l'examen et été reçu en tant qu'arbitre dans ce district. J'ai ensuite été supervisé sur deux matchs de jeunes par un arbitre lui déjà confirmé. Et par la suite, j'ai été reçu comme jeune arbitre de district. J'étais alors un des plus jeunes arbitres de France ayant 15 ans et demi. Puis j'ai commencé à régulièrement arbitrer des matchs officiels. A 18 ans, j'ai commencé à arbitrer des seniors toujours en district ; à 20 ans, j'ai passé mon examen d'arbitre de Ligue. J'ai été reçu, ai commencé à arbitrer des matchs de niveau régional puis promotion d'honneur, DSR… et puis de DH [ndlr : 6

ème échelon du football français] soit le plus haut niveau de la

Ligue à 22 ans. Ensuite, j'ai passé un nouvel examen, pour devenir arbitre inter-régional soit de Fédérale 3 en 1989. J'ai arbitré pendant un an des matchs de D3 et de D4 qui correspondent maintenant à des matchs de CFA, CFA2. J'ai été désigné un des sept meilleurs arbitres de D3 et j'ai donc été promu en Ligue 2, doit professionnel à 26 ans.

Votre carrière était donc lancée !

Exactement, je suis resté cinq ans arbitre de Ligue 2, de 1991 à 1996. Et à cette date, soit en 1996, j'ai été promu arbitre de Ligue 1. J'y suis resté jusqu'en 2007, où j'ai arrêté ma carrière. J'ai entre-temps été nommé arbitre international, en 1999. Ayant commencé l'arbitrage en 1979, il m'aura donc fallu 20 ans pour arbitrer des matchs du plus haut niveau.

Comment vous est venue cette vocation ?

Quand j'allais voir des matchs de football à Brest avec mon père, j'étais fasciné par l'arbitre. Je me souviens notamment d'un match arbitré par Robert Wurtz. Ce jour-là, il avait fait un show extrêmement théâtral, c'était extraordinaire. Il jouait un peu le rôle de chef d'orchestre. Et j'avais dit à ma mère : "Un jour, je serais arbitre international et j'arbitrerai une finale de Coupe de France." Elle m'avait mollement répondue : "Si tu es arbitre en division d'honneur, ce sera déjà bien." Puis

quand à 22 ans, je suis arrivé à ce niveau, je me suis dit "Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?". Donc voilà, j'ai donc

gravi tous les échelons mais je ne suis jamais devenu arbitre à plein temps car à l'époque ça n'existait pas. Alors bien évidemment, j'avais des horaires aménagés, à La Poste où je

travaillais dans le service financier et où je travaille maintenant depuis 15 ans au service communication générale et où je suis maintenant directeur des relations publiques. Mais je remercie encore aujourd'hui Christian Guénanton et à qui je dois cette carrière. J'ai fini avec 350 matchs professionnels dirigés, Ligue 1 et Ligue 2 confondus et 40 matchs internationaux.

Qu'avez-vous retenus de ces années d'arbitrage au plus haut niveau ?

Beaucoup de joie, beaucoup de bons moments, quelques sales quarts d'heures (mais on les oublies). Quand vous faîtes une carrière de 17 ans chez les professionnels, vous avez forcément quelques casseroles [malicieusement] même si je

n'aime pas forcément la cuisine. Deux ou trois matchs compliqués où je n'ai pas forcément pris les bonnes décisions, donc pris dans une tempête médiatique. Mais à côté de ça,

beaucoup de bons souvenirs. L'arbitrage m'a fait découvrir des pays dans lesquels je ne serai jamais allé ; j'ai beaucoup voyagé dans le monde, j'ai rencontré des gens formidables. Ça m'a permis sur le plan personnel un épanouissement, l'arbitrage est une école de la vie : prendre des responsabilités, les assumer, faire preuve de courage, de psychologie. J'ai aussi appris la vie à travers cette fonction d'arbitre qui est extrêmement noble.

Pensez-vous que le niveau de jeu en Ligue 1 a baissé ces dernières années ?

[Circonspect] Non par forcément ! Il y a toujours eu de très bons matchs, des matchs moyens ; des matchs prolifiques, des matchs fermés. Il y a maintenant l'arrivée de nouveaux sponsors et partenaires privés qui font que de grands joueurs arrivent en France. Quoi qu'il y a déjà eu de grandes équipes : quand Lyon a été champion de France sept années consécutives, ils avaient une belle équipe ; il y a eu le Marseille des années Tapie ; Monaco à sa grande époque avait aussi une belle équipe… Non, je n'en ai pas le sentiment… Je ne suis peut-être pas non plus compétent pour juger de la qualité de jeu, ceci relèverait plutôt de l'avis d'un technicien, d'un journaliste. Pour ma part, j'évalue qu'on continue d'assister à de très bons matchs et aussi à des matchs moyens, évidemment.

Vous êtes-vous déjà ennuyé en arbitrant un match ?

Non, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Même si le spectacle offert n'est pas forcément à la hauteur pour les spectateurs au stade ou pour les téléspectateurs devant leur télévision, quand vous êtes sur un terrain pour arbitrer un match, vous n'avez pas le temps de vous ennuyer. Vous êtes toujours attentionnés, toujours pris par le jeu, à faire attention de ne pas se planter, à penser à prendre la bonne décision. Vous n'avez pas le temps de vous ennuyer. Je n'ai pas le souvenir d'un match où je trouvais le temps très long, où je regardais cinquante fois ma montre pour voir si le match allait bientôt se terminer. Ou alors

« L'arbitrage m'a

permis un

épanouissement sur le

plan personnel. C'est

une école de la vie. »

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INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

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quand je l'ai fait, c'était parce que le match était compliqué, difficile à arbitrer, que je n'étais peut-être pas dans le bon tempo : avoir hâte que le match se termine, cela m'est déjà arrivé lors de ma carrière. Il y a des matchs où je ne me sentais pas bien, comme cela arrive aux joueurs. C'était notamment le cas hier des Lensois qui en ont pris six [Le Havre 6-2 Lens, 14 septembre], quand cela arrive, on a hâte que le match se

termine mais c'est plutôt dans ce sens-là. Par contre, attendre la fin du match parce qu'il est ennuyeux, je n'ai jamais ressenti ça.

Vous êtes-vous déjà rendu compte quelques secondes après avoir pris une décision avoir commis une erreur ?

Quand on prend une décision, on est persuadé du bien-fondé de celle-ci dans l'immédiat. Sinon, on ne la prend pas. Mais le doute peut vous envahir quand vous avez une réaction de plusieurs joueurs. Mais sur le moment, vous ne le savez pas. Après, avec tous les téléphones portables, les caméras, les ralentis… Vous pouvez maintenant savoir à la mi-temps d'un match si la décision prise en première mi-temps, à savoir avoir sifflé un penalty contesté ; avoir validé un but contesté était bonne ou non. Si vous avez sifflé un penalty à la limite de la surface de réparation ; que de là où vous étiez placé, vous aviez l'intime conviction que le joueur était à l'intérieur de la surface de réparation et que l'image montre que le joueur était à l'extérieur d'un mètre, vous le savez très vite. Certains vous le font comprendre en rentrant aux vestiaires. Quand vous avez pris la bonne décision, cela vous conforte mais quand vous en avez pris une mauvaise, cela peut semer le doute pour la suite du match. Mais dorénavant, avec les consultants de télévisions près des bancs de touche, ceux-ci ont presque en direct la vérité des images. Forcément, quand vous voyez un banc de touche qui se lève un banc de touche qui se lève trente secondes ou une minute après votre décision, vous pouvez être interpellé par sa réaction en vous disant qu'il y a un problème. Mais pour en revenir à la question, après avoir pris une décision, le doute ne doit pas vous envahir car quand vous prenez une décision, vous devez être sûr de vous. Si vous doutez, il faut changer de métier ; il faut être sûr de soi. Vous pouvez aussi vous planter mais quand vous prenez une décision, vous avez l'intime conviction qu'elle est la bonne, qu'il fallait intervenir. Le temps de réflexion de l'arbitre sur une décision est extrêmement limité. Quand vous pensez qu'on repasse une action quinze-vingt fois au ralenti, que des fois on n'arrive pas à voir s'il y a faute ou pas, vous n'imaginez pas un instant l'arbitre qui avec sa paire d'yeux doit prendre une décision immédiate.

Parlons des règles. Le football évolue, le jeu va plus vite. Etes-vous favorables à une assistance vidéo pour l'arbitre afin de l'aider à prendre ses décisions en cas de doute ?

Justement, j'ai écrit un livre en 2010 sur la Coupe du Monde qui s'appelle SOS Arbitre, SOS Vidéo. Pour ma part, je suis pour une aide à l'arbitre, à la vidéo à partir du moment où le jeu va de plus en plus vite, où les matchs sont de mieux en mieux télévisés et que les arbitres n'ont pas tous ces moyens pour arbitrer. Je suis comme Sepp Blatter président de la FIFA) qui était contre, j'ai évolué là-dessus notamment grâce

à la technologie sur la ligne de but qui est une bonne chose pour l'arbitre. Je suis pour ce système Hawk-Eye qui affichera

sur la montre de l'arbitre "Goal" quand le ballon franchira la ligne. Ça, c'est très bien. Car lors de la dernière Coupe du Monde, lors du match Angleterre-Allemagne et sur le but de Frank Lampard, l'arbitre assistant placé sur la ligne de hors-jeu

ne pouvait voir le but. Les arbitres de surfaces ont montrés leurs limites lors du dernier Euro. Vu la force de frappe des joueurs actuels, les arbitres de surfaces n'ont pas le temps de voir si le ballon a franchi la ligne ou non. Lors du match Ukraine-Angleterre, un but a été refusé aux Ukrainiens alors qu'il avait franchi la ligne. Pour ma part, je suis pour une assistance vidéo dans la surface de réparation. Est-ce qu'un but est entaché d'une faute, comme pour Thierry Henry en 2009 ; est-ce qu'il y a une faute dans la surface ; est-ce qu'elle est commise à l'intérieur ou à l'extérieur de la surface. Voilà trois cas où la vidéo serait utile. Après, il faut que cela reste sous contrôle.

Que voulez-vous dire par là ?

Je vais plus souvent en ce moment voir des matchs de rugby au stade. Et j'ai vu l'effet pervers de la vidéo où avec les nouvelles consignes permettant de remonter deux temps de jeu avant l'essai, et où cela dénature complètement le jeu. L'arbitre demande systématiquement la vidéo pour se réfugier. A Jean-Bouin, pour son inauguration, il y avait tout le public qui scandait "Vidéo, vidéo" dès qu'il y avait une décision litigieuse. Là, on n'est plus dans le sport. Cela déresponsabilise l'arbitre. Et on passe

alors d'un excès à un autre. Et justement, au rugby, les gens commencent à revenir sur la vidéo. Car la vidéo peut dénaturer le sport. Après, cela dépend quel sport l'on veut. Si l'on veut un sport aseptisé, sans aucune erreur mais l'erreur est humaine ! Là on rentre dans un autre débat mais est-ce que l'injustice ne nourrit pas la légende du sport ? C'est aussi ça l'histoire du sport. Et ça, on doit l'accepter. On peut comprendre qu'aujourd'hui il y a de tels enjeux économiques que les gens ne sont pas prêts à entendre ce discours. L'erreur d'un arbitre est considérée comme une injustice. C'est comme un magistrat car un magistrat n'a pas le droit de se tromper. Par contre, un joueur qui loupe un penalty ou alors un gardien qui passe à

« Si la vidéo est adoptée, il

ne faudra pas que l'arbitre

se réfugie derrière la vidéo

après chaque décision

litigieuse à prendre comme

c'est le cas au rugby. Ce

n'est plus du sport. »

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INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

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travers un match est mieux accepté. Mais les gens ne comprennent pas que l'arbitrage reste une activité humaine, de plus en plus difficile et que l'interprétation est extrêmement subjective. Si vous mettez dix arbitres sur une action de jeu où il y a un accrochage dans la surface, ils n'auront pas tous la même décision. Si on n'accepte pas l'erreur, on n'accepte pas le sport.

L'arbitrage à cinq en place en Coupe d'Europe, en Coupe de la Ligue ou encore lors du dernier Euro est-il efficace ?

L'idée est bonne parce que la surface de réparation est la zone de vérité, c'est d'où viennent toutes les polémiques. C'est la partie la plus difficile à arbitrer. C'est là que se décide le penalty, soit la sanction suprême ; c'est là d'où on valide les buts ; elle doit rester sous contrôle. Alors qu'il y ait un arbitre en plus pour les surfaces, l'idée me paraît judicieuse. Maintenant, il faut aussi que ces arbitres de surfaces prennent leurs responsabilités et aident l'arbitre à prendre les bonnes décisions, ce que l'on voit de plus en plus souvent. Dans de plus en plus de matchs, l'apport de l'arbitre de surface a été bénéfique. Mais c'est une révolution, il faut que l'arbitre central se rappelle qu'il a un arbitre de surface. Alors que cet arbitre

n'aime pas trop partager le pouvoir. Mais c'est toujours lui qui aura le dernier mot. Vous ne verrez jamais des arbitres de surface faire des grands gestes car ils se parlent par oreilles et qu'ils ont un bâton dont ils se servent je ne sais pas comment. Prenons un exemple concret. Lors de la finale de la dernière Coupe de France Bordeaux-Evian (voir numéro 41), il y a un penalty qui a été sifflé en faveur de Bordeaux. L'arbitre Freddy

Fautrel n'avait pas vu la faute mais c'est son arbitre de surface qui lui a signalé la faute, qui le sauve. Et là, c'est un cas concret où l'apport de l'arbitre de surface est bénéfique.

Il y a quelques mois, vous proposiez chez nos confrères de Vavel un carton orange soit une exclusion de dix minutes pour une faute plus grave que le carton jaune mais qui ne mérite pas le rouge. Etes-vous toujours favorable à cette idée ?

[Convaincu] Oui, je pense que cela pourrait

calmer les ardeurs de certains. Il y a beaucoup de sports qui pratiquent l'exclusion

temporaire : le handball, le rugby, le hockey sur glace… Cela calmerait certains joueurs car quand vous avez un joueur mis dehors puis un deuxième, vous avez une équipe qui joue à neuf, ce n'est plus pareil. Vous voyez, cela pourrait faire baisser la température sur le terrain.

Cela serait bénéfique pour les matchs compliqué à arbitrer alors ?

Voilà, car cela ne sert à rien de mettre un carton rouge d'entrée s'il y a un tacle appuyé. Mais il ne faudra pas non plus se réfugier derrière ça pour ne plus prononcer de cartons rouges. Alors bien sûr deux cartons jaunes égal deux cartons rouges mais attention, pas non plus un carton orange et un carton jaune pour un même joueur. Il aura le droit à une fois mais pas deux, le deuxième carton, c'est rouge.

Etes-vous en revanche favorable à ce que le coup-franc soit reculé de dix mètres en cas de contestation comme c'est le cas pour les pénalités au rugby ?

Pourquoi pas... [Avec ironie] Pourquoi pas mais j'ai peur que

l'on ait beaucoup de coup-franc tirés de la surface.

Pour faciliter la compréhension des décisions arbitrales et rendre les arbitres plus humains, êtes-vous favorables à des conférences de presse des arbitres après les matchs ?

Il faut savoir que la fédération française (FFF) ne souhaite pas que les arbitres communiquent après les matchs pour ne pas alimenter la polémique. Elle se réfère aux consignes de la FIFA. Par contre, qu'il y ait au sein de la direction de l'arbitrage quelqu'un qui porte la parole des arbitres, c'est bien. Il faut qu'il y ai une communication qui soit mise en place tous les week-ends pour répondre aux critiques, aux attaques qui sont des fois injustifiées car l'arbitre n'a fait qu'appliquer la règle qui est malheureusement trop souvent méconnue et des joueurs et des entraîneurs. Hier soir [14 septembre], il y a un joueur de

Guingamp qui a pris un carton car il a pris le ballon dans les filets. Il y a une règle qui stipule que quand un ballon a traversé la ligne de but, il n'appartient plus à l'attaque mais à la défense. Et ce joueur [Mustapha Yatabaré] a pris un carton jaune parce

qu'il ne l'avait pas respecté.

« La FFF ne souhaite

pas que les arbitres

communiquent après

les matchs pour ne pas

alimenter la polémique.

Ce sont les consignes

de la FIFA. »

INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

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Mais alors, quand l'équipe de France a marqué le but de l'égalisation face à la Biélorussie et que Ribéry est allé rechercher le ballon au fond des filets pour le remettre sur le point d'engagement, il faisait donc faute ?

Alors, quand c'est comme ça, non. Normalement, ils n'ont pas à toucher le ballon et quand cela provoque un début d'échauffourée, c'est carton. Quand c'est fait gentiment, personne ne dit rien. Mais là, ce joueur de Guingamp n'avait pas à le faire. Et il a donc pris un carton jaune.

Il y a peu, une nouvelle règle est apparue, le hors-jeu passif. Peu de personnes en connaissent vraiment les contours, pouvez-vous nous l'expliquer ?

Ce n'est pas un changement de règle, c'est une précision sur la notion d'hors-jeu passif. C’est-à-dire qu'un joueur en position d'hors-jeu passif qui viendrait se déplacer vers le ballon et qui amènerait des défenseurs sur lui sera considéré comme actif sur le plan de l'arbitrage. Et aussi qu'une passe d'un joueur vers son gardien récupéré par un joueur en position de hors-jeu passif ne sera pas sanctionnée. Voilà les points essentiels. Mais au final, il y a de moins en moins d'hors-jeu passif sanctionné. Les règles ont changées. C’est-à-dire que maintenant, il faut attendre le plus longtemps possible avant de lever son drapeau pour voir qui récupère le ballon. Si un ballon est donné en direction de deux ou trois joueurs dont un ou deux sont en position de hors-jeu passif, il faut maintenant attendre de savoir qui est le destinataire, qui récupère le ballon avant de lever son drapeau. C'est pour ça que vous voyez les arbitres de touches qui lèvent de moins en moins vite leur drapeau, qui attendent le dernier moment pour savoir qui récupère le ballon. Et c'est pour ceci que c'est compliqué de juger les hors-jeu. Le hors-jeu, c'est inhumain à juger.

Cela doit encore être plus dur pour les arbitres amateurs de juger ces hors-jeu ?

A la différence des arbitres de niveaux professionnels, ils n'ont pas de ralentis. Et la décision qu'ils ont prise, personne ne pourra la contester et justifier qu'il s'est trompé car personne n'aura les images. Alors, des fois c'est bien, des fois c'est moins bien. Je prends l'exemple du match Bordeaux-PSG [13

septembre], en direct, il y a eu une action d'Ibrahimovic où on a

tous cru qu'il y a hors-jeu devant notre télévision. Mais en regardant au ralenti, on a remarqué qu'il y avait un défenseur tout en haut. Cette situation-ci, sur un match amateur, il n'y a pas de ralenti et sur une situation similaire, tout le monde croit aussi qu'il y a hors-jeu. Et personne ne pourra prouver image à l'appui que l'arbitre a pris la bonne décision. Vous voyez ? Dans un cas, c'est bien, dans un autre c'est moins bien.

Etes-vous pour ou contre l'usage du micro de l'arbitre par les télévisions comme c'est le cas pour la finale de la Coupe de la Ligue ?

Oui si c'est pour ce côté pédagogique : expliquer au téléspectateur pourquoi telle décision a été prise. Après, il ne faut pas non plus que cela devienne une téléréalité. J'ai vu ce pauvre arbitre au rugby qui avait une caméra sur le front, on aurait dit un spéléologue. Il ne faut pas non plus aller jusque-là. Quand vous mettez le micro de l'arbitre à disposition de la télévision, certains vous disent "Ca permettra aux joueurs de se calmer et de ne plus insulter les arbitres car tout le monde va les entendre comme ça on saura pour l'arbitre l'expulse." Avec

micro ou non, je n'avais pas besoin de ça pour expulser un joueur qui se comporte mal. Après, le jeu c'est aussi de pouvoir piquer un coup de gueule de temps en temps entre un joueur et un arbitre mais cela doit rester dans le match. Je suis un peu sceptique.

La double peine (penalty et carton rouge) est souvent contestée, faut-il la modifier ?

Il faut d'abord faire un petit rappel historique. Pourquoi la double peine a-t-elle été instaurée ? Parce qu'il y avait une pratique de l'antijeu en système, il y avait de moins en moins de buts, de plus en plus d'actions d'antijeu ; de plus en plus d'attaquants empêchés de marquer par des tirages de maillot, par des tacles, par des accrochages, par des croches pied. Il fallait donc que ces derniers aient une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il fallait que les défenseurs et les gardiens sachent qu'ils pouvaient être durement sanctionné par des gestes comme ceux-ci. Après, ce qui pose le plus souvent problème actuellement, c'est le pourquoi du comment elle est parfois appliquée et pourquoi des fois elle ne l'est pas. C'est là où les gens ne comprennent pas. Pour tout vous expliquer, il a des consignes qui ont été données aux arbitres pour juger de la

« Le hors-jeu, c'est

inhumain à juger. »

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INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

Page 23: FOOT+ n°43

double peine. On estime qu'il y a la double peine quand il y a une action de but enrayée par une faute. Une action nette de but, c'est quand un attaquant file au but, qu'il a passé tout le monde et qu'il est dans l'axe du but. Un attaquant qui se détourne, qui ne va pas dans l'axe du but est estimé comme n'étant pas en position de marquer. Et donc, la double peine n'est pas appliquée. Mais on aide de plus en plus les arbitres à être uniforme.

La contestation pollue le football actuel. Les sanctions doivent-elles être plus sévères contre ceux qui ralentissent le jeu ?

[Convaincu] Oui ! Il y a trop de contestation dans le football.

Quand on voit un attaquant qui n'est pas concerné par l'action et qui fait 25 mètres pour venir contester, c'est intolérable, c'est carton. Par contre, il est aux arbitres de faire la différence entre la contestation véhémente : on empêche un arbitre de sortir un carton, on l'entoure, on l'encercle à une contestation de frustration. On peut comprendre une contestation de frustration, pour un joueur qui sur le coup d'une action ne contrôle plus ce qu'il fait. Cela, on peut l'accepter. En revanche, quelqu'un qui fait une contestation véhémente doit être sanctionné. Au foot, c'est beaucoup trop souvent le cas.

Surtout que l'arbitre n'a jamais changé une décision après l'avoir sifflé et qu'il y ait eu contestation…

Non. Il peut la changer avant que le jeu ait repris si on lui dit qu'il s'est trompé. Mais ce n'est pas aux joueurs de le lui dire mais à ses assistants. Un arbitre ne changera jamais une décision sous la pression des joueurs mais bien parce qu'un de ses assistants lui aura signalé son erreur.

Que pensez-vous des arbitres français actuels, notamment de la Ligue 1 ?

Ils font des erreurs comme tout le monde. C'est comme l'équipe de France, il y a des générations d'arbitres bonnes et d'autres moins bonnes. On a eu un mou au niveau international il y a quelques années, mais Stéphane Lannoy a redonné des couleurs à l'arbitrage français en dirigeant la finale de l'Euro 2012 mais cela fait quand même dix ans qu'un arbitre français n'a pas arbitré une finale européenne. Il faut espérer qu'il [Stéphane Lannoy] soit à la prochaine Coupe du Monde car l'arbitrage français a besoin de locomotives si l'on veut susciter des vocations. Il faut que les jeunes arbitres puissent s'identifier à une star donc on a besoin d'arbitres charismatiques, sur les terrains français mais aussi reconnus à l'étranger. Comme où en équipe de France, on a besoin de grands joueurs pour susciter des vocations.

Quel est votre avis sur les arbitres anglais, réputé plus laxiste ?

Parce que le jeu et l'arbitrage anglais a toujours été comme cela. Chaque pays a sa philosophie. En Angleterre, on laisse plus jouer, on siffle moins, c'est dans les mœurs. En France, si l'on essaie d'arbitrer le championnat avec l'arbitrage anglais, je pense qu'on aurait beaucoup d'échauffourées. Parce qu'en Angleterre, ils acceptent les contacts, ils acceptent l'engagement physique. En France, beaucoup moins. Dès qu'un tacle appuyé est effectué, il y a un regroupement, en Angleterre

non. C'est ceci qui fait toute la différence. Après, quand vous avez des arbitres anglais qui viennent arbitrer en Italie, c'est plus compliqué pour eux car autant en Angleterre on les laisse arbitrer, autant en Italie ils seront très contestés. C'est là toute la mission de l'UEFA d'uniformiser l'arbitrage. Chaque pays a un peu sa philosophie.

Est-ce que le favoritisme d'arbitrage est très présent dans le football ?

Vous ne pouvez pas être supporter si vous êtes arbitre. Imaginez-vous un instant un arbitre sauter de joie après le but d'une équipe qu'il aime bien et embrasser le buteur ? Non ! Auquel cas sa carrière se stopperait là. Par définition, un arbitre est neutre et impartial. Vous savez, quand un arbitre rentre sur le terrain, il n'a qu'un objectif : qu'on ne parle pas de lui. Cela voudra dire qu'il a fait son boulot. Des fois, certaines mauvaises langues disent "tel

arbitre n'aime pas tel joueur, telle équipe. Quand il nous arbitre, il nous sanctionne". C'est une sorte de légende, je n'imagine pas un arbitre rentrer sur le terrain et dire "tiens aujourd'hui je vais siffler deux penaltys pour cette équipe, je n'aime pas celle-là donc je vais la sanctionner"… Il n'a aucun intérêt à le faire

car aujourd'hui les matchs sont tellement médiatisés qu'il joue sa carrière à chaque match et qu'il est noté. Après, il peut aussi y avoir des concours de circonstance : malheureusement, on peut se planter avec une équipe, la retrouver quelques mois après et se planter de nouveau et après, tout le monde dira "il ne nous aime pas, il nous en veux". Il y a une sorte de

paranoïa.

« Un attaquant qui fait 25

mètres pour venir

contester une faute, c'est

intolérable, c'est carton. »

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INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

Page 24: FOOT+ n°43

Vous qui avez arbitrés de nombreux matchs, pensez-vous que la mentalité des joueurs a évoluée ?

J'ai quitté l'arbitrage sur une génération avec laquelle on pouvait communiquer avec les joueurs. Au début, il m'est arrivé de prendre des trains ou des avions avec les joueurs. Aujourd'hui, cela se fait de moins en moins : ils ont tous leur avion privé, les contacts sont limités avec les joueurs, on voit juste les capitaines une demi-heure avant le match… Cela fait maintenant six ans que j'ai quitté les terrains. Après, cela va vite, les mentalités des joueurs et des arbitres changent.

France Football a récemment consacré un de ses dossiers à des témoignages d'arbitres frappés. Ces phénomènes sont-ils fréquents ou isolés ?

Je n'ai pas les statistiques mais je sais que chaque saison, il y a des arbitres qui sont frappés, insultés, agressés… Je l'ai été quand j'étais gamin, au début de ma carrière par le père d'un joueur que j'avais expulsé en cadet et aussi à Brest, j'avais été arbitre assistant quand mon club jouait. J'avais reçu un coup de pied dans le ventre parce que je n'avais pas signalé une faute. Et malheureusement, des agressions d'arbitre, il y en souvent. En 2006, un loi a été votée et elle stipule qu'une agression verbale ou physique sur un arbitre était la même chose que ces mêmes faits envers un magistrat ou un policier. Les sanctions pénales sont depuis beaucoup plus lourdes. L'autorité d'un arbitre est aujourd'hui bafouée. Dans certaines familles, les parents perdent l'autorité sur leurs enfants, à l'école également… Et c'est donc avec le sport que ces jeunes rencontrent une première forme d'autorité. C'est pour cela qu'il faut que les joueurs professionnels soient exemplaires pour que les joueurs amateurs les imitent. Il faut aussi que les écoles de football apprennent bien aux joueurs les notions de fair-play, de respect de l'arbitre et de l'adversaire… Ces formes d'agressivité, on les voit au quotidien dans la vie civile. Ce n'est pas le foot qui génère la violence mais c'est lui qui la subit. Le football est une vitrine de notre société. Et pourtant le football joue un rôle éducatif et social. Dans certains quartiers, le sport est encore là pour véhiculer certaines valeurs de réussite, de vie en communauté. Heureusement qu'il y a encore le sport a encore une valeur sociale dans certains quartiers où toutes les valeurs disparaissent.

Justement, les footballeurs professionnels doivent-ils réaliser de plus en plus d'opérations de sensibilisation sur le respect de l'arbitre, sur le respect des règles dans les quartiers difficiles ?

En octobre, nous avons les journées de l'arbitrage où nous mettons en avant l'arbitrage. C'est bien mais cela ne doit pas durer seulement un week-end, mais tous les week-ends : on ne

touche pas à l'arbitre, on respecte ses décisions… C'est un message qu'il faut faire passer en permanence. Car s'il n'y a pas d'arbitres, il n'y a pas de matchs. Le sport n'a pas été inventé pour les arbitres certes mais sans arbitres, il n'y a pas de sport. Ou alors, c'est l'anarchie la plus totale.

Le nombre d'arbitres amateurs baisse d'année en année. Est-ce pour ces raisons ?

Il a toujours baissé. Il monte de temps en temps grâce à des campagnes de recrutements puis il baisse parce que la

fonction ne fait pas envie. Sur dix jeunes qui se lancent dans l'arbitrage, au bout d'un an ou deux, il en reste moins de la moitié je crois. Quelles sont les raisons ? Parce que c'est difficile, parce qu'ils ont étés malmenés, parce que certains ont étés agressés, certains ont eus peur et puis ils arrêtent. Quand je suis revenu après avoir été agressé par un joueur, ma mère m'a dit : "Tu as autre chose à faire que de te faire taper sur les terrains, tu arrêtes". Je lui ai répondu qu'arrêter, c'était leur

donner raison. J'ai continué, d'autres arrêtent et je peux comprendre.

Pour terminer, avez-vous un souhait pour l'arbitrage futur ?

J'espère que l'on va vivre une belle saison avec un championnat sûrement acharné, compliqué à arbitrer parce qu'il y a cette année Paris, Monaco, Marseille qui a réalisé un bon recrutement… On devrait assister à un championnat, passionnant, je le souhaite. Et aussi une plus grande sérénité sur le terrain et autour des arbitres.

Propos recueillis par Arthur Massot (@massobry)

« J'ai été frappé au

début de ma carrière par

le père d'un joueur que

j'avais expulsé et aussi

à Brest dans le ventre

car je n'avais pas

signalé une faute. »

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INTERVIEW BRUNO DERRIEN (ancien arbitre international)

Page 25: FOOT+ n°43

SponsorLive,

l'entreprise qui monte

BRIEUC TURLUCHE, président-directeur de SponsorLive a accepté de répondre à nos questions. Qu'est-ce que SponsorLive, qui est concerné ? Brieuc Turluche a répondu à toutes nos questions.

Bonjour Brieuc, dans quel pays a été fondé SponsorLive ?

Bonjour, SponsorLive a été initialement fondé en France mais a vocation à être étendu dans d'autres pays qui ne sont pas seulement anglo-saxons ni uniquement de la zone européenne mais aussi de la zone américaine.

Quand a été lancé le projet ? Le projet a été lancé il y a environ un an. Le développement de la plateforme est extrêmement complexe car doit répondre à des centaines de transactions secondes et ce en toute sécurité. Nous souhaitons aussi suivre l’évolution et le retour de notre offre en collaboration avec l’ISC Paris.

Dans combien de pays existent actuellement SponsorLive ?

Le lancement va être fait exclusivement en France. La plateforme est ouverte dès le 9 août pour les clubs de football et pour les annonceurs le 2 septembre.

Quel est le principe de SponsorLive ?

Depuis l'été dernier, les différentes fédérations de football se sont données pour objectif d’aider les clubs à équilibrer leur budget et leur ont permis de générer plus de revenus en ouvrant le support maillot à plus de sponsors. En plus du sponsor principal qui s’affiche sur le torse du joueur, il y aura des sponsors sur les manches et sur le short. Plusieurs clubs ont faits des essais "manuels", et ont décidés de proposer ce système publicitaire aux PME de leurs régions. SponsorLive industrialise la mise à disposition des espaces publicitaires des clubs à destination des annonceurs. Ces

clubs sont abonnés chez SponsorLive, ils définissent eux-mêmes les espaces qu’ils souhaitent mettre à la vente pour des rencontres données ainsi que les dates de début et de fin des enchères. Le club est maitre de son espace privé et de toutes ses transactions. Dynamiquement, la plateforme communique l’ensemble des emplacements destinés à la vente à tous les annonceurs abonnés à la plateforme (dont les 200 000 PME que SponsorLive anime). L’annonceur peut alors enchérir, une diffusion via les principaux réseaux sociaux nous permet ensuite de créer une émulation autour des transactions afin de maximiser la valorisation des espaces publicitaires des clubs de football.

Quel est le prix d'adhésion pour les clubs ?

Alain Roche a largement contribué aux négociations avec les clubs professionnels.

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ALAIN ROCHE

INTERVIEW BRIEUC TURLUCHE (SponsorLive)

Page 26: FOOT+ n°43

Il est confidentiel car certains clubs ne souhaitent pas divulguer cette information, mais il est de quelques milliers d'euros. Les clubs de Ligue 2 paient évidemment moins cher que ceux de Ligue 1.

À partir de combien d'enchères est-ce valable ?

Immédiatement parce qu'en fait, le prélèvement de l'abonnement se fait en déduction de la première enchère. Elle ne coûte donc rien au club.

Quelle est votre marge par vente ?

C'est d'une amplitude de 15%.

Combien de temps dure une mise aux enchères ?

C’est le club qui définit la date de début et de fin de l’enchère de son espace publicitaire. Le début des enchères débutera dès la communication diffusion TV des matchs (3 à 4 semaines avant la date des matchs) pour se terminer environ 2 semaines avant la rencontre pour des raisons contractuelles, technique, de logistique… Les annonceurs auront 4 à 5 jours afin d’enchérir sur un match.

Le nombre de clients potentiels (20 clubs de Ligue 1, 20 de Ligue 2) n'est pas très élevé. Est-ce un problème ?

Le nombre de clients potentiels est en fait assez élevée car outre tous les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, la plateforme SponsorLive est générique et se décline à d'autres sports collectifs et dans d’autres régions du monde.

A part les maillots, quels peuvent être les endroits pouvant être enchérit ?

Des clubs nous ont demandés de mettre aux enchères des minutes de panneaux optiques (panneaux

lumineux entourant le terrain). Des évènements peuvent également être créés comme des places pour des sponsors avec accueil VIP, jeux de maillots donnés par le club, annonce speaker… Ceci fait partie de l'offre globale, qui est fournie par les clubs à destination des annonceurs et de créer un véritable évènement pour l'annonceur et de ne pas seulement avoir leur logo sur la manche.

Combiens de clients comptez-vous actuellement ?

C'est une information confidentielle que je ne peux vous dévoiler mais c'est supérieur à 20.

C'est donc un gros marché que vous êtes en train de dominer !

Effectivement. Nous nous étions "interdits" certains clubs très fortunés comme Paris ou Monaco et d’autres gros budgets de la Ligue 1 et nous avons eu l’agréable surprise de voir que certains d'entre eux étaient quand même intéressés de communiquer sur notre plateforme pour des évènements très ponctuels. Quelques clubs vendent leurs pockets secondaires à l’année pour un montant compris entre 100 000 euros et 150 000 euros mais Il n’est pas rare que d’autres clubs bradent ces emplacements en début de championnat car le marché du sponsoring maillot est devenu de plus en plus difficile. Plutôt que de brader ces espaces, de nombreux clubs font le pari que de les mettre à la vente sur notre plateforme SponsorLive leur rapportera bien plus de revenu. Notre objectif n'est pas de concurrencer le sponsor

INTERVIEW BRIEUC TURLUCHE (SponsorLive)

Page 27: FOOT+ n°43

BMyTeam, pas la même histoire

BMyTeam est une entreprise permettant à des supporters d'afficher leur photo dans le

numéro du joueur de leur équipe préféré. Pour l'instant, quatre équipes sont concernées : Brest, Lorient, Nice et Valenciennes. Le concept est actuellement très prisé mais ne rapporte pas beaucoup aux clubs. A raison de 25€ par supporters et pour entre 300 et 1000 photos par joueurs, ce n'est pas ce qui fera de ces clubs des rivaux au Real Madrid ou à Manchester United. Brieuc Turluche nous a indiqué ne pas considérer BMyTeam

comme un concurrent direct et avoir une bonne opinion de cette entreprise.

Mystérieux liens avec Pierre Bouby ?

Les trois clubs professionnels où est passé Pierre Bouby (Evian Thonon-Gaillard, Metz et Nîmes) ont tous les trois conclus un accord avec SponsorLive. Pour Evian TG, c'est

seulement sur les matchs de Coupe de la Ligue ; pour Metz, c'est pour la Ligue 2 et Nîmes fait aussi parti du projet. Mais alors, Pierre Bouby cherche-t-il à se reconvertir ?

principal du club, c'est d'être un complément financier.

Votre logo figure-t-il quelque part sur le maillot d'une équipe cliente chez SponsorLive ?

C'est une bonne question et la réponse est non. C'est amusant parce que je ne m'étais jamais posé cette question avant que ne me la posiez. Mais non, notre logo ne figure à aucun endroit sur le maillot d'une de nos équipes partenaires.

Projetez-vous d'élargir votre marché au monde amateur, pour notamment aider de petits clubs en difficulté ?

Oui, mais aussi au monde caritatif. Sur la plateforme se trouve un onglet qui mène aux enchères sur le financement d'une association. La première association avec qui nous avons signée est Soleil Rouge, qui a pour principe de faire venir des clowns dans les hôpitaux pour faire rire les enfants malades. Plutôt que de voir figurer son logo sur le maillot d'une équipe, l'annonceur aura donc la possibilité d'aller sponsoriser une association loi 1901.

A quelle échéance pensez-vous commencer à vous consacrer à d'autres sports que le football ?

Nous sommes en contact avancé avec d’autres disciplines sportives avec lesquelles nous concrétiserons notre partenariat en fin d’année.

Pensez-vous accroître votre plateforme à d'autres domaines tels que le spectacle ou d'autres sports ?

Pas dans le domaine du spectacle car SponsorLive se spécialise dans le monde du sport mais dans d’autres sports oui, le rugby, le handball et peut-être le basket si les demandes sont suffisantes. Nous souhaitons d’abord asseoir la réussite de notre plateforme et notre réputation sur le football. Une équipe de hockey américaine a récemment pris contact avec nous.

Combien de personnes travaillent dans votre entreprise ?

Principalement sur la partie technique. Nous apportons une innovation d’usage c'est-à-dire une technologie développée pour d’autres marchés que nous déclinons dans le monde du sport. Sur la partie buisness développement notre partenariat avec le master de Michel Desbordes de l’ISC est un franc succès.

Combien d'enchères pensez-vous réaliser par saison ?

Quelques centaines.

Comment avez-vous faits votre communication auprès des clubs ?

En fait, nous avons un ambassadeur de renom qui est Alain Roche. Il est très connu dans le monde du football, connaît tous les clubs, tous les présidents et tous les directeurs marketing. Alain nous a accompagnés dans la plupart des clubs pour négocier. Nous avons aussi visités très tôt l'UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football) et son président Philippe Diallo.

Quel a été l'accueil des clubs ?

Il est enthousiaste : nous ne leur coûtons rien puisque leur abonnement est déduit de la première enchère. Les clubs ne prennent donc aucun risque et SponsorLive peut leur rapporter quelques centaines de milliers d'euros de revenus supplémentaires.

Entretien réalisé par Arthur Massot (@Massobry)

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INTERVIEW BRIEUC TURLUCHE (SponsorLive)

Page 28: FOOT+ n°43

Espoir et désespoir

Concédant un match nul en Géorgie (0-0) mais s'imposant (en marquant) face à la Biélorussie (4-2), l'ÉQUIPE DE FRANCE s'est pratiquement assurée une place en barrage. Mais elle continue à faire peur.

Avant d’affronter la Géorgie et la Biélorussie début septembre, la France n’inspirait pas confiance.

Ses statistiques préoccupantes ne la quittait pas, et les Bleus ne parvenaient pas à s’en défaire. Les Bleus débarquaient à Tbilissi sur quatre matches consécutifs sans victoire, trois défaites, un match nul. Quatre matches au cours desquels ils n’ont jamais su trouver le chemin des filets.

L’heure n’était pas à la rigolade, surtout pour remplir l’objectif de Didier Deschamps : ramener neuf points sur neuf. La France n’avait plus que trois matches de qualification pour le Mondial 2014 à jouer, et ne comptait qu’un point de retard sur l’Espagne. Un écart, qui, à première vue, pouvait être compensé. Mais

les Tricolores n’ont pas réussi à le réduire, pire, leurs erreurs vont le creuser, les menant droit vers les barrages.

Des attaquants muets

En terre Géorgienne, la France pouvait être considérée comme favorite, après s’être imposée 3-1 au Stade de France grâce à Giroud, Valbuena et Ribéry. Il n’en fût rien. Les Bleus n’ont pas trouvé la faille face à leurs adversaires qui ont joué leur coup à fond, notamment aidés par une bonne performance de leur gardien, Loria. Le portier s’est imposé devant Giroud, Evra, Benzema et Ribéry.

©AFP/F.Fife

ÉQUIPE DE FRANCE GEORGIE-FRANCE ET BIELORUSSIE-FRANCE

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Une bonne prestation également aidée par un manque de réalisme, et de volonté de tuer ce match. Le scénario, déjà mauvais, aurait même pu devenir catastrophique si Lloris n’avait pas vu son poteau sauver la tentative d'Okriashvilli. L’Equipe de France est tenue en échec (0-0), alors que l’Espagne s’impose en Finlande et devance désormais son dauphin de trois points.

L’objectif annoncé par le sélectionneur tricolore était déjà d’ores et déjà irréalisable. Après cette rencontre désolante, on pourrait hésiter à réserver sa soirée pour le match suivant, quatre jours plus tard. Les habitués des bières et pizzas auraient pu décider de sortir au restaurant, n’attendant plus rien de cette équipe en pleine chute.

Un match incompréhensible

Ce sont pourtant plus de sept millions d’irréductibles supporters qui ont été devant leur écran, ce 3 septembre, à passer par toutes les émotions lors

de ce match face à la Biélorussie. Nous aurions pu réserver une table dans un restaurant chic de la ville, mais on devait écrire cet article et, malgré des résultats préoccupants, nous continuons de suivre notre équipe nationale, nous avons bien fait.

Pourtant, ce match ne commence pas de la meilleure des manières. Sur un corner, Filipenko prend le ballon de la tête et profite d’une mauvaise intervention de Lloris pour ouvrir la marque (0-1). Le gardien manque son entame et plonge son équipe dans des conditions très délicates. La France court après le score durant toute la première période et va pouvoir revenir au tableau d’affichage dès le retour des vestiaires. Franck Ribéry provoque un pénalty et s’empêche de transformer la sentence (1-1). L’espoir et l’envie sont de retour, mais

se font de nouveau plomber : Kalachev tente sa chance de loin dans un angle très compliqué mais profite d’une erreur de main du portier français pour redonner l’avantage aux

locaux (1-2). Hugo Lloris, le plus régulier des français dernièrement, le pilier qui tanguait le moins au sein de cette équipe en tourmente, celui qui porte le brassard de capitaine, est en train de s’effondrer.

Ribéry prend ses responsabilités

La situation est préoccupante mais… à la surprise générale, Franck Ribéry va prendre les rênes de son équipe et la mener vers la victoire. Il est le leader d’une réaction à l’orgueil en égalisant sur un centre de Valbuena et booste ses coéquipiers (2-2). Un rôle qui lui va bien et qu’il porte à merveille, un rôle qu’on aimerait le voir plus souvent endosser. Nasri permet ensuite à son équipe de prendre enfin l’avantage (3-2) ! Le but du repenti seulement neuf minutes après son entrée en jeu ! Pour finir, Pogba se rachète après

son erreur sur l'ouverture du score bélarusse et soulage les siens en faisant le break à un quart d’heure du terme de la rencontre (4-2), il scelle le sort de la rencontre et permet à l’équipe de France de s’assurer une place en barrages.

Les Bleus n’avaient pas marqué depuis cinq rencontres, et viennent de planter quatre buts dont trois en moins de dix minutes. Une réaction qui fait chaud au cœur, qui rassure mais ne fait pas oublier les affronts passés. Les hommes de Didier Deschamps se devaient de remporter ce match, ils y sont parvenus dans la douleur. Ils doivent impérativement confirmer ces trente dernières minutes lors du match amical face à l’Australie le 11 octobre puis face à a Finlande au Stade de France quatre jours plus tard. Des matches à ne pas

manquer pour remonter petit à petit la pente, pour reconquérir le cœur des français, pour faire de nouveau l’unanimité et préparer le plus sérieusement possible une éventuelle qualification au

Mondial Brésilien. Le groupe est de qualité, les Bleus n’ont qu’à nous faire rêver.

Alexandre Muffon (@AlexMuffon)

L'Angleterre ou le Portugal en barrage ?

Avec son classement FIFA déplorable (25ème

), l'équipe de France sera très certainement reversée dans le chapeau 2 des barrages (soit dans les quatre moins bonnes équipes des huit barragistes). En clair : l'équipe de France risque bien de devoir jouer son match retour à l'extérieur et devrait tomber contre de gros morceaux : la Croatie, la Suède, le Portugal, la Grèce ou même… l'Angleterre enfermée dans un groupe traquenard où les trois première équipes se tiennent en un point.

Le programme des deux prochains mois

Les deux prochains mois seront décisifs pour l'avenir de l'équipe de France. L'équipe de France affrontera tout d'abord l'Australie en amical (11 octobre) avant de recevoir la Finlande (15 octobre) pour les qualifications pour la Coupe du Monde. Mais c'est ensuite que deux matchs deviendront capitaux : le 15 octobre, la France recevra (sûrement) pour le compte des barrages avant de se déplacer (très probablement) pour le match retour le 19 octobre.

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BLEUS EXPRESS

ÉQUIPE DE FRANCE GEORGIE-FRANCE ET BIELORUSSIE-FRANCE

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Le fol été français

Champions du monde U20, championnes d'Europe U19, vice-champions d'Europe U19, quart de finalistes féminines A… Les SÉLÉCTIONS FRANÇAISES ont animées l'été. Retour sur ces performances, analyses et projection vers l'avenir.

1er

août 2013, aux alentours de 23h20. Le numéro 32 de FOOT+ sort en même temps que l'équipe de France U19 quitte le terrain lituanien. Yassine Benzia & consorts viennent de perdre la finale de l'Euro U19 après avoir battu en demi-finale les Espagnols. Conclusion d'un été décidément français. Mais qu'en

retenir ? Quelles équipes pour l'avenir ? C'est ce dont FOOT+ va essayer de répondre.

Féminines A : Encore un échec

C'était pourtant beau. L'équipe de France, qui avait fait découvrir à la France le football féminin lors du Mondial 2011, qui

l'avait fidélisé aux JO 2012 et avec Lyon en Ligue des Champions auraient dû revenir en France avec le titre de championne d'Europe. Ce ne fut malheureusement pas le cas, la cause à peut-être un emballement médiatique trop important ou à des joueuses trop sûres d'elles. Une des possibilités évoquées est une retenue involontaire en attente des demi-finales et de la finale.

La France a perdue en quart de finale de cet Euro, c'est bien embêtant car cela aurait pu être le summum de la carrière de beaucoup de joueuses, comme

Sandrine Soubeyrand, qui disputait là le dernier match de sa carrière. Il faudra aussi peut-être penser à une nouvelle génération, même s'il est

encore tôt pour parler de ça. Et ce, même si les U19 frappent à la porte après s'être qualifiées pour la Coupe du Monde 2014… U20 (voir par ailleurs). La nomination de Philippe Bergerôo à la suite de Bruno Bini apportera beaucoup de réponses. Bini, considéré comme un pilier, a montré les limites de sa stratégie

lors de cette compétition.

Cependant, la relève sera dure à prendre et les performances difficiles à rééditer. Il faudra pour cela un groupe uni, se donnant à fond à chaque match. Il ne faudra pas non plus avoir de complexe de supériorité ou d'infériorité, quelque chose de très difficile dans le football féminin actuel, la cause à un niveau qui se cherche encore et des

PAUL POGBA

CAMILLE ABILY

YASSINE BENZIA

ÉQUIPE DE FRANCE SELECTIONS U19, U20, U19 FEMININES ET A FEMININES

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U19-U20 : Le

11 idéal

En faisant une sélection des meilleurs joueurs à leurs postes dans les sélections U20 et U19, nous pouvons peut-être dessiner les contours de la future équipe de France.

Le 11 : Aréola (Lens) – Mendy (Marseille), Zouma (Saint-Etienne, Umtiti (Lyon), Digne (Paris) – Pogba (Juventus), Kondogbia (Monaco) – Benzia (Lyon), Bahebeck (Troyes), Thauvin (Marseille) Rivière (Monaco)

écarts de niveau trop grands entre les différentes formations.

U20 : La surprise

Personne ne croyait en eux. Personne ne pensait qu'ils arriveraient à aller au bout. Et c'est pourtant ce qu'il s'est passé. La formation des moins de 20 ans a réussie à créer l'exploit de remporter la Coupe du Monde de sa catégorie. Bien emmenée par des fers de lances comme Paul Pogba, Florian Thauvin ou Alphonse Aréola, les hommes de Francis Smerecki ont déjoués les pronostics et nous ont offerts une belle surprise. En battant l'Uruguay aux tirs aux buts (voir dernier numéro), la bande à Lucas Digne a aussi et surtout accaparé les projecteurs. Et prouvé au monde entier qu'ils étaient une génération avec de l'or dans les pieds.

Ce n'est certes pas la première fois que de tels compliments sont avancés. Mais contrairement à ses précédentes, cette génération joue en étant titulaire dans les plus grands clubs européens. Paul Pogba est indiscutable à la Juventus de Turin (voir n°38) ; Raphaël Varane se distingue au Real Madrid (voir n°39) ; Florian Thauvin et Mario Lemina viennent de débarquer à l'Olympique de Marseille ; Geoffrey Kondogbia à l'AS Monaco…

Et même certains d'entre eux sont dorénavant appelés en équipe de France : Paul Pogba, Raphaël Varane, Geoffrey Kondogbia et Samuel Umtiti ont déjà étés appelés mais Lucas Digne et Florian Thauvin par exemple toquent à la porte.

U19 : Pour un rien…

Peut-être un petit peu trop présomptueux, ces U19. Ou alors peut-être avec trop de pression. En tout cas, les U19 de Pierre Mankowski ont très mal gérés leur finale (voir n°42) face à la Serbie.

Sûrement inhibés par la pression, ils n'ont pas réussis à remporter le titre de champion d'Europe, comme c'était arrivé à domicile il y a 4 ans, à Caen. Un but cruel et un gardien adverse révolté ont annihilés leurs rêves de victoire.

Mais comme pour les U20, les U19 sont une génération à suivre. Composée de noms que vous connaissez déjà sûrement (Adrien Rabiot, Yassine Benzia, Anthony Martial…), elle composera très sûrement l'équipe de France de demain avec les joueurs de la génération U20. Et il faudra le prendre en compte. Le plus tôt possible, ces joueurs devront être intégrés à l'équipe de France A pour composer une équipe de France qui pourrait alors régner sur le football mondial. Il faudra protéger ces joueurs, les préserver. Et il faudra que ces joueurs progressent encore et toujours. Quand toutes ces conditions seront réunies, l'équipe de France pourra régner sur le monde du football aux horizons 2018… Ou même avant, pour l'Euro 2016.

Et c'est là que se situe tout l'enjeu. Si tout continue à bien se passer, l'équipe de France pourrait bien remporter l'Euro à domicile (voir pages 30 et 31). Et relancer la machine à gagner qui avait sévit entre 1998 et 2006. C'est ce dont toute une nation rêve. A

Didier Deschamps de faire de la place tout en gardant les joueurs essentiels (Lloris, Ribéry, Valbuena…). Ce ne sera pas une tâche simple.

U19 Fém. : Discrètes, efficaces

C'était inattendu, pour boucler l'été. L'équipe de France U19 féminine a réussie dans un quasi-anonymat à remporter l'Euro féminin de sa catégorie, promettant un avenir radieux pour l'équipe de France A, qui commence, elle à décliner (voir par ailleurs).

L'objectif était de passer les phases de poules, pour arriver en demi-finale et se qualifier pour la Coupe du Monde U20. Ce qui est donc chose faîte. Mais cette équipe fit même plus en s'imposant après prolongations (2-0) face à l'équipe d'Angleterre.

Mais ces joueuses ne sont pas non plus inconnues. Certaines d'entre-elles furent championnes du monde en octobre dernier avec la sélection U17. Donc attention, la relève arrive !

Finissons donc cet article bilan, qui nous promets de belles choses pour les prochaines années à venir par une petite note exotique. L'équipe de France de beach-soccer (football sur sable) a réussi à remonter en division A. C'est bien sûr pour le moment anecdotique. Pour le moment…

Arthur Massot (@Massobry)

©David Catry / UEFA

ÉQUIPE DE FRANCE SELECTIONS U19, U20, U19 FEMININES ET A FEMININES

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Logo et slogan

Le logo a été présenté cet été (voir dernier numéro). Nous pouvons y voir un trophée aux couleurs françaises, entouré d’une bulle où se mêlent différents motifs et couleurs. Quant au slogan il sera dévoilé le 17 octobre prochain à Marseille. Jusqu’ici le slogan utilisé durant la campagne de candidature était "Le Foot comme on l’aime".

L'Euro, c'est dans moins de 3 ans

Le 10 juin 2016 sera donné le coup d'envoi de l'EURO 2016 en France. A moins de 3 ans de l'évènement, petit tour d'horizon sur son organisation.

Cela fait 3 ans que la France a été désignée organisatrice de ce championnat d’Europe. C’est aussi le temps à attendre avant cette quinzième édition. Alors à mi-chemin où en est le pays organisateur ? Dans le numéro 38 de FOOT+, nous avions consacré un dossier à cet évènement. Un an après, nous allons vous présenter les dernières informations : infrastructures, format de compétition, tout ce qu’il faut savoir...

Il reste plus précisément moins de 3 ans avant l’Euro 2016. En effet, le compteur J-1000 a été enclenché ce 14 septembre. La compétition débutera le 10 juin pour s'achever le 10 juillet.

Diffusion TV

Trois chaînes vont diffuser cet Euro : TF1, M6 et beINSPORT. Cette dernière aurait déboursé plus de 60 millions d’euros pour acheter ces droits TV. De leurs côtés M6 et TF1 devront payer 25 millions à elles deux pour diffuser 22 des 51 matchs. Mais réjouissez-vous car même si vous ne possédez pas beINSPORT, un décret oblige la diffusion des "évènements sportifs d’importance majeure" sur des chaînes gratuites. Donc TF1 et M6 se partageront les retransmissions des matchs de l'équipe de France, des demi-finales et de la finale en co-diffusion avec la chaîne qatarie. C'est donc exactement la même diffusion que pour l'Euro 2012.

EURO 2016 LE POINT

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Le ballon

Le ballon a récemment été dévoilé par Hyundai, partenaire de cet Euro.

Villes hôtes et infrastructures

Sur ces dix stades sélectionnés seulement trois sont ouverts : Le Stade de France, l’Allianz Riviera et le Stade Pierre-Mauroy. La plupart des autres stades seront prêts au cours des années 2014 et 2015. Seul le Stade des Lumières de Lyon est programmé pour 2016.

Le calendrier

17 octobre 2013 Lancement du slogan à Marseille

23 février 2014 Tirage au sort des éliminatoires à Nice

Septembre 2014 Présentation de la mascotte officielle

Septembre 2014 Début des éliminatoires

Mars 2015 Début de la vente des billets

12 décembre 2015 Tirage au sort de la phase finale à Paris

Mars 2016 Atelier des finalistes

10 juin 2016 Début de l'UEFA EURO 2016

10 juillet 2016 Finale de l'UEFA EURO 2016

30 Juin 2014 Marseille Stade Vélodrome

Début 2016 Lyon Stade des Lumières

Après 2015 Paris Parc des Princes

Eté 2015 Stade Bordeaux-Atlantique

Eté 2015 Toulouse Stadium

Juin 2014 Saint-Etienne Stade Geoffroy-Guichard

Mars 2014 Lens Stade Bollaert-Delelis

Le format de compétition

Pour la première fois en quinze éditions, le nombre d’équipes basculera à 24 au lieu de 16. Ceci changera par conséquent le nombre de match passant de 31 à 51 et avec l’ajout des huitièmes de finale. Longtemps discuté (voir numéro 38), le format de poules a été choisi : 8 poules de 4 équipes. Les premières équipes de chaque poule et les quatre meilleurs troisièmes participeront aux huitièmes de finale.

EURO 2016 LE POINT

Dossier réalisé par Raphaël Jehl (@MisterXxCr)

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Qu'est devenu Antonin Panenka ?

Panenka. Ce mot est connu de tout bon amateur du ballon rond. Cette façon de tirer un penalty en finesse avec un petit ballon lobé est devenue un grand classique. Ce geste est célèbre, mais qui connaît réellement son inventeur, ANTONIN PANENKA ?

Comment un geste technique au football va transformer le nom d'un joueur relativement anonyme du football tchécoslovaque en icône du ballon rond ? C'est l'histoire d'Antonin Panenka.

Une vie dédiée au foot tchèque

Né à Prague au sortir de la Seconde Guerre Mondiale en 1948, Antonin Panenka entre très vite dans le monde du foot en intégrant les jeunes du club des Bohemians de Prague. Il y restera jusqu'en 1981 ! Plus de 20 ans à écumer le championnat tchèque pour ce milieu offensif qualifié de joueur très technique et qui excelle sur les coups de pied arrêtés. Mais pour Panenka, cette notoriété ne dépasse pas les frontières de son pays. Nous sommes au milieu des années 70 et la Tchécoslovaquie progresse régulièrement sur la scène du football européen et international, tout comme les pays du bloc soviétique. Arrive alors l'Euro 1976, l'heure de gloire de Panenka.

Un penalty pour l'éternité

Brillamment qualifiés pour le tour final de cet Euro en Yougoslavie,

après avoir devancé l'Angleterre, les coéquipiers de Panenka rejoignent les Pays-Bas, la RFA et la Yougoslavie pour le dernier carré organisé à Zagreb et Belgrade. Ils passent l'obstacle hollandais en demi-finale et se présentent face à l'ogre germanique en finale. La RFA reste sur un fabuleux doublé Euro 1972-Coupe du Monde 1974. Après un 2-2 dans le temps réglementaire, les deux formations se disputent la victoire aux penalties. 4-3 pour les Tchécoslovaques. Si Panenka marque c'est gagné. Et là, l'instinct, le génie. Sur le tir décisif, il tire son pénalty tout en finesse, Sepp Maier est battu et la Tchécoslovaquie remporte son premier titre majeur. Le geste de Panenka est devenu l'emblème de ce triomphe de 1976.

Tout vient d'un pari

Panenka racontera que cette façon de tirer les penalties lui est venue après des paris faits avec le gardien des Bohemians au début des années 70. A chaque tir, une bière ou du chocolat sont en jeu. Mais Panenka bat rarement Hruska. Du coup, il tente de tirer différemment, avec ce tir lobé en finesse. La Panenka est née. Le joueur va travailler sa technique durant trois années mais le geste va rester assez

confidentiel jusqu'à ce soir du 20 juin 1976 à Belgrade. Panenka évoque aussi qu'il "grossissait un peu du fait de toutes les bières gagnées face à son gardien depuis la Panenka". Elle va être reprise partout dans le monde, avec plus ou moins de succès, et devient un geste technique tout comme l'est la Madjer.

Retour au bercail

Dès lors, Panenka devient une icône du football européen des années 1970 et 1980. Il change de club en 1981 pour aller au Rapid Vienne et jouera la Coupe du Monde 1982 où il marquera un pénalty contre la France en match de poule. Il ne jouera jamais dans un grand club européen, finissant sa carrière en Autriche en 1987.

Après sa retraite du monde du football, Panenka reste dans l'encadrement des Bohemians dès 1988, puis quittera un temps le football, pour tenir un café. Mais l'appel du ballon rond est trop fort, et il revient finalement aux Bohemians en tant que président du club. Histoire de boucler la boucle !

Pierre Tassel (@blogautosport)

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PORTRAIT ANTONIN PANENKA

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Un match riche… en émotion

Le PARIS SAINT-GERMAIN et l'AS MONACO se sont quittés ce 22 septembre par un match nul (1-1). Un match au sommet impensable il y a encore deux ans.

Le PSG reçoit l’AS Monaco. Première grosse affiche de cette saison 2013-2014 de Ligue 1. Qui aurait pu penser il y a deux ans que le PSG aurait une équipe de stars avec notamment Edinson Cavani ou Thiago Silva, et que Monaco tiendrait Falcao ou encore Moutinho dans son équipe ? Pour ce "cashico", ce "milliardico", ou peut-être ce "footixico", l’effervescence est donc à son maximum, on pourrait même croire que

le titre se jouait le dimanche 22 septembre au Parc des Princes.

Mauvais cadeau d'anniversaire pour Thiago Silva

Ce match aux étoiles s’est donc conclu sur le score de 1-1. Une rencontre où on ne s’est peu ennuyé de par la forte intensité dès le début imposée par les deux équipes. Les Parisiens ont su en profiter le plus rapidement grâce à Zlatan Ibrahimovic qui ouvre la marque dès la 5

e minute de jeu, après un très beau

geste de « Kung-Fu », sur une lumineuse ouverture de Sherrer Maxwell. Dix minutes plus tard, coup dur pour le PSG : Thiago Silva sort, blessé à la cuisse. Le jour de son 29

e anniversaire en plus, pas de pot. Il est remplacé

par Zoumana Camara. Suite à cette sortie prématurée du bastion de la défense parisienne, Radamel Falcao parvient à égaliser de l’épaule pour l’AS Monaco (20’). A

la mi-temps, Parisiens et Monégasques regagnent les vestiaires sur le score de 1-1. Relevons que le Paris Saint-Germain a marqué sur son seul tir cadré lors de cette première période.

Une deuxième mi-temps moins intense

Aux retours des vestiaires, le club de la capitale domine globalement la partie mais ne parvient pas à trouver la faille monégasque comme peuvent en témoigner les deux occasions consécutives d’Edinson Cavani en toute fin de match. De cette opposition, on retiendra une forte intensité alimentée par de beaux faits de jeu et une domination parisienne sans précédent, bien freinée par une forte solidité défensive des hommes de Claudio Ranieri. La mauvaise nouvelle de la soirée reste la blessure d’O'Monstro, Thiago Silva, qui souffre d’une lésion musculaire aux ischios-jambiers et qui sera éloigné des terrains environ six semaines.

Pour finir, Monaco aura le plaisir d’accueillir les Parisiens dans un Louis II qu’on n’espère pas creux, le 9 février au terme de la 24e journée de Ligue 1.

Marius Cassoly (@JustFootLive)

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LIGUE 1 PARIS SAINT GERMAIN 1-1 AS MONACO (Ligue 1)

Page 36: FOOT+ n°43

Le fair-play financier, c'est quoi ?

Critiqué ou félicité, le FAIR-PLAY FINANCIER a beaucoup fait parler dans les médias ces derniers temps. Mais quel est précisément sa fonction ? Réponse détaillée et claire.

Avant, pendant le mercato les clubs pouvaient dépenser des sommes d'argent astronomiques y compris l'argent qu'ils n'avaient pas. Cela favorisait les déficits et les dettes. En conséquence, les pertes des clubs européens ont augmenté jusqu'à atteindre en 2010 un montant record de 1,6 milliard d'euros. Ce sont toutes

ces pertes qui ont poussé l'UEFA, dirigé par Michel Platini, à réagir et à instaurer ce fameux fair-play financier dont tout le monde parle. Mais qu’est-ce donc au juste ?

Le fair-play financier est une règle qui interdit aux clubs de dépenser l’argent qu’ils n’ont pas. Ils seront autorisés à dépenser uniquement l’argent perçu grâce aux produits du club vendus (maillot, short, etc…), les sponsors, les droits TV, la billetterie ainsi que la vente de joueurs et l’argent gagné en jouant des compétitions comme la Ligue des Champions. Actuellement, les structures les plus riches s'endettent, surenchérissent pour s'attacher les services des plus grands joueurs, et gagnent ainsi des titres. Ce qui attire les meilleurs joueurs, pour des prix toujours plus hauts, et ainsi de suite... L'objectif affiché par l'UEFA est clair : assainir les comptes des clubs plongés au cœur de ce cercle vicieux.

Porté par Michel Platini, le projet de fair-play financier vise donc à "garantir la stabilité à long terme du football" en instaurant une discipline budgétaire et en rendant plus saines les finances des clubs. En Espagne, certains joueurs n'ont pas reçu de salaire pendant presque un an, car leurs clubs étaient trop endettés.

Avec le fair-play financier, tous les clubs devront donc équilibrer leurs comptes, et seront placés sous la surveillance de l'instance européenne. En clair, ils n'auront pas le droit de dépenser plus que ce qu'ils ne gagnent.

Des grands clubs dans le pétrin

La première vérification du fair-play financier, qui commencera en 2013, ne passera en revue que les deux exercices précédents (soit 2011 et 2012). Cet examen pluriannuel autorise ainsi théoriquement une, voire deux années, dans le rouge pourvu que l'équilibre soit au rendez-vous sur l'ensemble de la période. Le panel se basera sur quatre critères : la possibilité financière pour

le club de poursuivre son activité, l'absence de fonds

©Droits Réservés

ÉCONOMIE FAIR-PLAY FINANCIER

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propres négatifs, l'équilibre financier et l'absence de dettes envers d'autres clubs, des joueurs ou le fisc.

Si un club ne remplit pas un de ces critères, il devra fournir un rapport détaillant les mesures prévues pour y remédier. On lui demandera également de fournir des explications si la masse salariale dépasse 70% de son budget ou si sa dette est supérieure à son chiffre d'affaires. Un déficit de 5 millions d’euros sur 3 ans sera toléré mais il est important de noter que les deux premiers contrôles prévus pour 2013 et 2014 accepteront un déficit de 45 millions d’euros. Cette tolérance sera réduite à 30 millions lors des trois années suivantes. Il reste encore à décider ce qui sera autorisé à partir de 2018. Et oui, l’UEFA est consciente de la difficulté de la tâche pour certains clubs tels que Manchester City ou le Real Madrid. A vrai dire, l’UEFA s'est livrée à une simulation du fair-play financier pour les années 2008, 2009 et 2010. Le résultat est sans appel : à peine 44% des clubs européens respectent les quatre critères. Il

faut également savoir que l’argent dépensé dans le

centre de formation est de l’argent gagné. Par exemple si un club a perdu 5€ en 1 saison mais en a dépensé 20€ pour ses jeunes, l’UEFA dira que ce club a gagné 15€.

Des sanctions radicales

Etudions maintenant un cas de figure, qui a été le feuilleton du mercato estival. Vous l’aurez donc compris, il s’agit du transfert de Gareth Bale qui avoisinerait les 91 millions d’euros. Pourquoi ce transfert n’est pas un problème pour le fair-play financier alors que le Real Madrid est endetté pour plus de 500 millions d’euros ? C’est là qu’il faut revoir ses leçons d’économie ! En effet, il ne faut pas confondre déficit et endettement comme

l’explique Bastien Drut, économiste du sport : "L’endettement du Real importe peu pour le fair-play financier. La variable clé, c’est le déficit. Or, le Real n’a plus de déficit depuis quelques saisons". Ce transfert représente donc un investissement, très risqué, certes mais qui pourrait être rentabilisé avec les titres remportés cette saison et la vente de maillots qui représente une recette très importante dans l’économie du club de Florentino Pérez. Cependant le Real Madrid a intérêt à ne rien avoir à se reprocher lors du prochain contrôle de l’UEFA, au risque d’être sanctionné.

Les sanctions justement ! Quelles sanctions sont prévues pour les clubs qui ne respectent pas ce fair-play financier ? Les clubs qui ne respecteraient pas ces règles pourront être privés de Coupe d’Europe comme Malaga ou alors écoper d’amendes. Mais ces règles ne sont pas encore très bien définies.

Mickaël Parienté (@ParienteMickael)

ÉCONOMIE FAIR-PLAY FINANCIER

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L'occasion manquée

Alors que la Coupe du Monde au Brésil se rapproche à grands pas, FOOT+ vous propose une grande rétrospective qui vous emmènera jusqu'au 12 juin prochain et le match d'ouverture. Au menu les grands matchs de la Seleçao en Coupe du Monde. Premier volet

avec le match ITALIE-BRÉSIL 1982, l'une des pires désillusions en phase finale de Coupe du Monde pour les Carioca.

Un match Italie-Brésil n'est jamais anodin, qui plus est en Coupe du Monde. Surtout depuis la finale 1970. Ce "pseudo 1/4 de finale" 1982 était l'occasion de la revanche pour les Azzurri de Paolo Rossi.

La meilleure Seleçao de l'histoire ?

En arrivant en Espagne en ce mois de juin 1982, le Brésil avance avec ses certitudes. Celles de proposer l'un des plus beaux jeux du moment avec un milieu de terrain fantastique. Le sélectionneur Tele Santana a changé le jeu brésilien, un peu fade lors des dernières années Zagallo puis Coutinho, adepte d'un jeu défensif. Zico, Socrates, Falcao et Cerezo composent un quatuor qui met à mal les défenses adverses. Zico ou Socrates sont les rois des passes dans l’intervalle qui profitent

bien souvent à Eder ou Serginho les deux attaquants

auriverde. Le seul petit bémol de cette formation est sa défense, parfois un peu en délicatesse. Mais les Brésiliens font partie des favoris pour ce Mundial.

Un vrai quart de finale

Après un premier tour sans encombre (3 victoires en 3 matchs et 10 buts marqués), le Brésil rejoint l'Argentine et l'Italie au second tour, selon le format en vigueur à l'époque. Ce groupe à trois est un vrai groupe de la mort avec le tenant du titre argentin. Le Brésil bat l'Argentine 3-1 et affronte l'Italie au Camp Nou de Barcelone le 5 juillet 1982 pour un vrai quart de finale. Les Italiens n'ayant dominé les coéquipiers de Maradona que 2-1, le Brésil peut se contenter du nul pour accéder aux demi-finales.

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REPLAY FAIR-PLAY FINANCIER

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D'entrée, les Italiens apposent leur patte sur ce match. Et à la 5

e minute, c'est Paolo Rossi qui ouvre le

score sur un centre de Cabrini. C'est le premier but seulement de l'avant-centre dans ce Mondial. Les Auriverde ne se laissent pas démonter et à peine sept minutes plus tard, Zico à 30 mètres des buts sur la droite se joue de son défenseur d'une jolie talonnade. Il sert dans la profondeur Socrates qui se présente dans un angle fermé face à Dino Zoff. Le frère aîné de Raï glisse le ballon entre le poteau et la jambe gauche du gardien italien. 1-1.

Rossi et Zoff envoient le Brésil en enfer

Les Italiens savent que la défense brésilienne est friable. Notamment Junior qui ne cesse d'effectuer des montées ravageuses. Sur une mauvaise passe de

Cerezo à 20m dans l'axe, Junior ne peut récupérer le ballon et Paolo Rossi en profite pour fusiller Carlos. 2-1, on joue la 25

e minute.

A la mi-temps, les Italiens sont en route pour affronter la Pologne en demi-finale. Mais le Brésil ne veut pas laisser passer sa chance, 12 ans après son dernier titre. A la 68

e minute, sur un nouveau décalage initié par

Junior, Roberto Falcao fixe une première fois la défense italienne à droite de la surface. Il feinte la frappe, revient sur son pied gauche et allume un pétard qui laisse Zoff impuissant. 2-2, le Brésil est de nouveau qualifié pour les demi-finales. Le banc jaune et bleu exulte. Roberto Falcao vient de jouer un bien vilain tour à ses coéquipiers de la Roma. Sauf que …

Un peu plus de cinq minutes après l'égalisation brésilienne, l'Italie obtient un corner. Roberto Conti s'en charge. Le dégagement de la défense retombe dans les pieds de Tardelli qui frappe instantanément. Le ballon arrive sur Paolo Rossi qui dévie le ballon dans les filets. L'arbitre accorde bien le but, car les Brésiliens demandent une position de hors-jeu de l'avant-centre de la Juventus. Mais le ralenti est formel. Triplé de Rossi qui envoie le Brésil en enfer. Car jamais les Carioca n'égaliseront. Oscar a pourtant la balle de match à la dernière minute. Sur un centre d'Eder, il place un coup de tête qui file tout droit au fond, mais Dino Zoff prouve qu'il est le meilleur gardien du monde à l'époque en effectuant une parade décisive sur sa ligne.

Zico et Socrates ont laissé passer une première chance de décrocher la Coupe du Monde, un Mondial que l'on donnait acquis pour la Seleçao de 1982.

L'Italie de Rossi, Conti ou Zoff battra la Pologne en demi-finale avant de s'imposer en finale face à la RFA sur le score de 3-1. Après l'affaire du Totonero des matchs truqués, où Rossi avait écopé de trois ans de suspension (écourtés avant le Mundial espagnol), l'Italie revient sur le toit du monde en décrochant sa troisième Coupe du Monde. La Squadra Azzura égalise alors avec le Brésil au nombre de titres mondiaux.

Pierre Tassel (@blogautosport)

Retrouvez jusqu'au début de la Coupe du Monde les grands matchs qui ont marqués l'histoire de la Seleçao dans la rubrique "Replay" de FOOT+.

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REPLAY FAIR-PLAY FINANCIER

Page 40: FOOT+ n°43

Réagissez sur les articles lus dans ce numéro :

-Etes-vous d'accord avec Bruno Derrien ?

-Le concept de SponsorLive est-il intéressant ?

-Le parcours de Pierre Bouby est-il singulier ?

-Que penser de la nouvelle génération des Bleus ?

-Le match Italie-Brésil a-t-il des chances de se reproduire aujourd'hui ?

-Le fair-play financier sera-t-il efficace ?

-L'équipe de France va-t-elle se qualifier pour la Coupe du Monde ?

-Le football andalou va-t-il si bien que ça ?

-Etes-vous pressé d'être en 2016 ?

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