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Page 1 Fontaines miraculeuses en Beaujolais Introduction................................................................................................................................ 1 Le culte de l’eau dans l’Antiquité ............................................................................................... 1 Le christianisme .......................................................................................................................... 3 L'origine légendaire de quelques sources en Beaujolais ........................................................... 4 Les vertus des sources ................................................................................................................ 6 Inventaire des pouvoirs des sources .......................................................................................... 6 Pour les Fontaines et points d’eau qui guérissent les enfants, on peut citer ........................ 6 Fontaines et cuvettes d’eau qui guérissent les adultes ......................................................... 7 Fontaines pour les calamités - Présages – Fontaines punitives ............................................ 7 Eaux thermales ........................................................................................................................... 8 Introduction Depuis la nuit des temps et jusqu’à une époque récente où se sont imposés le rationalisme et la science dans nos sociétés occidentales, les hommes ont été confrontés aux phénomènes naturels sans pouvoir y apporter des réponses. Ils s’en remettaient à des entités supérieures, les dieux. Eux seuls pouvaient produire le feu du ciel, la chaleur du soleil, faire tomber la pluie, assurer la bonne marche du rythme des saisons ou soulager les maux des hommes. A chaque phénomène était associé un dieu ou une déesse plus ou moins bienveillant, qu’il fallait louer et célébrer pour maintenir l’équilibre et la bonne marche de la nature. Le culte de l’eau dans l’Antiquité L’eau est sans doute le plus important des éléments naturels pour la vie des hommes. L’archéologie a démontré que l’eau, qu’elle soit source, lac, rivière ou mer, a depuis la préhistoire fait l’objet de cultes. Les celtes, les gaulois, puis les gallo-romains ont célébré une multitude de divinités liées à l’eau. L’eau cristallise cette fascination des hommes pour les mystères de la nature. Elle jaillit des entrailles de la terre et son filet qui s’écoule va dispenser ses bienfaits tout au long de son parcours jusqu’à la mer. Toutes ces sources sont issues d’une même terre mère et peuvent être considérées comme sacrées, mais il parait bien compréhensible que toutes n’ont pas été l’objet d’un culte organisé de la part de nos ancêtres.

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Fontaines miraculeuses en Beaujolais

Introduction ................................................................................................................................ 1

Le culte de l’eau dans l’Antiquité ............................................................................................... 1

Le christianisme .......................................................................................................................... 3

L'origine légendaire de quelques sources en Beaujolais ........................................................... 4

Les vertus des sources ................................................................................................................ 6

Inventaire des pouvoirs des sources .......................................................................................... 6

Pour les Fontaines et points d’eau qui guérissent les enfants, on peut citer ........................ 6

Fontaines et cuvettes d’eau qui guérissent les adultes ......................................................... 7

Fontaines pour les calamités - Présages – Fontaines punitives ............................................ 7

Eaux thermales ........................................................................................................................... 8

Introduction

Depuis la nuit des temps et jusqu’à une époque récente où se sont imposés le rationalisme

et la science dans nos sociétés occidentales, les hommes ont été confrontés aux

phénomènes naturels sans pouvoir y apporter des réponses. Ils s’en remettaient à des

entités supérieures, les dieux. Eux seuls pouvaient produire le feu du ciel, la chaleur du soleil,

faire tomber la pluie, assurer la bonne marche du rythme des saisons ou soulager les maux

des hommes. A chaque phénomène était associé un dieu ou une déesse plus ou moins

bienveillant, qu’il fallait louer et célébrer pour maintenir l’équilibre et la bonne marche de la

nature.

Le culte de l’eau dans l’Antiquité

L’eau est sans doute le plus important des éléments naturels pour la vie des hommes.

L’archéologie a démontré que l’eau, qu’elle soit source, lac, rivière ou mer, a depuis la

préhistoire fait l’objet de cultes. Les celtes, les gaulois, puis les gallo-romains ont célébré une

multitude de divinités liées à l’eau.

L’eau cristallise cette fascination des hommes pour les mystères de la nature. Elle jaillit des

entrailles de la terre et son filet qui s’écoule va dispenser ses bienfaits tout au long de son

parcours jusqu’à la mer. Toutes ces sources sont issues d’une même terre mère et peuvent

être considérées comme sacrées, mais il parait bien compréhensible que toutes n’ont pas

été l’objet d’un culte organisé de la part de nos ancêtres.

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Quelles sont les raisons pour lesquelles certaines plus que d’autres ont bénéficié d’une

attention particulière ?

On peut supposer tout d’abord que les sources qui donnent naissance aux grands cours

d’eau, que l’on pourrait appeler les sources mères, aient fait l’objet d’une attention

particulière. Les exemples ne manquent pas en France et nombreuses sont encore les

rivières dont le nom dérive de divinités de l’époque gallo-romaine :

Dea Sequana pour la Seine, Dea Matrona pour la Marne, Dea Icauna pour l’Yonne ou encore

Dea Souconna pour la Saône pour n’en citer que quelques unes.

En Beaujolais, comme ailleurs, certains toponymes

actuels pourraient rappeler ces mêmes divinités. On

peut prendre pour exemple le cas de Souconna, la

Saône, qui pourrait se retrouver dans la rivière de

Soanan dans la région de Tarare ou plus près de nous la

Vauxonne (Val Soanna dans les anciens textes). De la

même manière, nombre de villes thermales

d’aujourd’hui portent les noms de divinités païennes

comme Bourbonne-les-Bains, Bourbon-Lancy, Bourbon-

l’Archambault, du nom du dieu gaulois Borvo ou Bormo ;

Néris-les-Bains du dieu Nerius, ou encore Vichy du dieu

Vorocius.

En l’absence de fouilles, on ne connait pas dans la région

de sanctuaire dédié à une source ou à un cours d’eau

dans l’Antiquité comme c’était le cas à Moingt, près de

Montbrison dans la Loire, avec Aquae Segetae, dédiée à

la déesse des eaux Segeta, ou encore à la source de la

Seine à Source-Seine, dans le département de la Côte-d'Or et à la source des Roches à Chamalières (Puy-de-Dôme) où furent trouvés des milliers d’ex-voto gaulois et romains. Tout juste peut-on citer les découvertes fortuites de

monnaies et médailles antiques près des sources de Bully, près de l’Arbresle, et dans le lit du Morgon à Villefranche, à proximité de Notre Dame des Marais. Ou encore les petits temples gallo-romains du sommet de Saint Rigaud à Monsols (autrefois le mont Aujoux), à 150 m de la source, et celui du sommet de la Pyramide (autrefois Mont Najoux), non loin d’une source, dans le bois de la Fée, où le préhistorien Claudius Savoye a trouvé de nombreux silex taillés.

Le souvenir des divinités s’est peu à peu dissipé mais ce n’est sans doute pas un hasard si les

anciens croyaient apercevoir les fées, lointaines descendantes des nymphes, non loin des

sources de l’Azergues, de l’Ardières, du Nizerand ou de la Mauvaise, pour ne citer que les

principales rivières du Beaujolais.

L’exemple de la Saint Fonds à Gleizé est à ce propos intéressant à noter. La Saint Font (ou

Fond), qui à donné son nom au domaine, existe toujours au milieu d’un pré bordant le

ruisseau de la Galoche, au pied du Château du même nom à Gleizé. Cette fontaine est

aujourd’hui captée et enserrée dans une petite construction. Son débit est important et ses

eaux autrefois très appréciées. Nulle trace de la présence d’un oratoire ou d’une vieille

chapelle à proximité, qui pourrait expliquer cette dénomination.

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Jean Godard, homme de lettres brillant réfugié pendant les troubles religieux à Villefranche,

était à la fin du 16e siècle le recteur apprécié du collège de la ville. Devenu un grand ami de

Claude de Bourbon, propriétaire de Saint Fonds, il lui rendait parfois visite dans son château.

La beauté des lieux lui inspira un poème, publié en 1594, où la fameuse fontaine tient le rôle

principal.

Ce poème relève plus de la mythologie gréco latine que d’un fond purement local.

Le christianisme

Le culte des fontaines était solidement établi et très populaire dans les Gaules lorsque les

apôtres commencèrent à y prêcher l’Evangile ; ils essayèrent de le détruire en comblant les

sources ou en démolissant les petits monuments que les païens avaient élevés.

La plupart des textes qui évoquent l’existence d’un culte rendu aux fontaines, aux arbres ou

aux pierres proviennent de sources ecclésiastiques, et donc dénoncent ou interdisent de

telles pratiques.

La disparition de ces pratiques ne va pas se faire sans mal si l’on en croit les différentes

condamnations qui se succèdent de la part de l’Eglise. Un avertissement général de

Charlemagne, daté du 23 Mars 789, ordonne que l’on fasse disparaître ces pratiques: « pour

ce qui est des arbres, des pierres ou des fontaines, où quelques sôts allument des feux ou font

d’autres pratiques, nous enjoignons de la façon la plus expresse, que cet usage le pire de tous

et exécrable à Dieu, partout où se rencontrera, soit enlevé et détruit ». Malgré les efforts des

missionnaires chrétiens, ces pratiques continuèrent.

Le clergé dut se résoudre au compromis en s’efforçant de donner aux fontaines un vernis

chrétien, en substituant aux anciens dieux païens des apôtres des Gaules, des saints locaux

célèbres par leurs miracles, ou bien la Vierge. Et ce, d’autant plus facilement que dans le

Nouveau Testament, les vertus purificatrices de l’eau sont associées aux miracles faits par

Jésus, comme par exemple la guérison de l’aveugle-né qu’il envoie se laver dans la fontaine

de Siloé, sans oublier le baptême du Christ dans les eaux du Jourdain, et l’instauration du

sacrement du baptême par l’eau qui lave le baptisé du péché originel.

On constate même certaines fois qu’une église ou une chapelle a été construite directement

sur la source comme à la chapelle ND de Vers à Saint Igny de Vers ou à l’église Saint Etienne

de Frans-les-Vernes de l’autre côté de la Saône. On peut constater que les sources ressortent

devant les édifices après les avoir traversés.

En Beaujolais comme ailleurs, les exemples de fontaines associées à la Vierge ou aux saints

ne manquent pas. J’ai pu en comptabiliser une trentaine.

2 fontaines dédiées à des saintes : Madeleine et Catherine

4 dédiées à Notre Dame, 4 à Saint Martin, ou 4 à Saint Jean

2 dédiées à Saint Roch et à Saint Claude

14 dédiées à d’autres saints

D’autres ont été elles-mêmes qualifiées de saintes comme les Saint Fonds de Gleizé, Blacé

ou la Saint Aigues de Bagnols.

Parfois, le vernis chrétien semble bien mince et le souvenir des anciennes croyances

transparait encore dans le nom de ces fontaines, associé à des saints ou saintes totalement

inconnus des martyrologues chrétiens.

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Ce sont par exemple les fontaines de Saint Rigaud à Monsols, Saint Disaras à Saint

Christophe la Montagne ou encore Saint Abram à Ville sur Jarnioux.

D’autres, encore, voient se mêler le nom d’un saint à des êtres légendaires qui n’ont

absolument aucun rapport avec le christianisme.

C’est ainsi que la fontaine St Jean du château des Tours à Saint Etienne la Varenne était

aussi appelée Fontaine des Sarrazins, ou encore la fontaine Notre Dame d’Avenas qui était

aussi nommée la Fontaine des Fées.

L’exemple de la Font de l’Ermite à Dième, non

loin des hauteurs de Chamelet et de la Roche

Saint Martin, illustre bien cette transition

entre le paganisme et le christianisme.

Cette source dans un sous-bois, est connue

aujourd’hui dans le pays comme la Font

l’Ermite mais on la nommait autrefois la Font

des Fées ou des Fayettes. Les gens du pays

racontaient qu’on pouvait parfois les

apercevoir autour de la fontaine. On disait

que la couleur de leurs robes; blanches,

rouges, ou noires, étaient autant de bons ou

de mauvais présages. Mais un jour, un ermite

monta près de la source pour y lire l’évangile

de Saint Jean et s’y installer, ce qui provoqua

immédiatement la fuite des fées. Depuis cet

événement, la source des fées est devenue la

font de l’Ermite.

Il existe quelques lieux où la tradition

légendaire s’est transmise de générations en

générations jusqu’à nos jours pour raconter

le miracle ou prodige qui a fait de la fontaine

un endroit à part ; c’est le cas de la fontaine ND à Avenas, Font Saint Marcel à Poule, la font

Saint Jean ou des Combes à Aigueperse, la Font Notre Dame de Vers à Saint Igny de Vers ou

la font saint Rigaud à Monsols.

L'origine légendaire de quelques sources en Beaujolais

Font Saint Marcel ou St Marcié à Poule :

Le site, à l'Ouest de l'église, a quelque peu été remanié pour la construction du terrain de

foot, mais on se rappelle encore son eau pure et fraiche, particulièrement appréciée. Une

légende dit que le Saint, fuyant les persécutions et se dirigeant vers Chalon, où il sera

martyrisé en 177, arriva un jour à Belleroche dans la Loire. Il fut mal accueilli par les

habitants qui refusèrent, de l'écouter. Il se rendit alors à Poule où il fut très bien reçu. En

remerciement, il fit jaillir une source qui ne tarit jamais, et qui a pris depuis le nom de Font

Saint Marcel.

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Font Saint Rigaud à Monsols

Cette fontaine est directement attachée au souvenir de Saint Rigaud, qui aurait été moine au

monastère qui se trouvait autrefois au

sommet de la montagne. La légende

prétend qu’il aurait, en grattant la terre, fit

jaillir cette source. D’autres racontent que

c’est au moment de son inhumation à cet

endroit qu’aurait jailli la source. Ses vertus

guérisseuses proviendraient du fait que ses

eaux traversent les restes de Saint Rigaud

avant de sortir à l’air libre.

Fontaine du St Rigaud

Font Notre Dame de Vers à Saint Igny de Vers

On racontait qu'un jour, un berger qui habitait le

hameau de Vers voyait chaque matin sur le front du plus

blanc de ses bœufs une image de Notre Dame. On porta

cette image à l'église de Saint Igny, mais chaque fois elle

revenait dans le Pré de Vers, près d’une fontaine où elle

avait été vue pour la première fois. On comprit alors

qu’elle voulait demeurer en ce lieu et on y bâtit donc

une chapelle.

Font des Combes à Aigueperse

Entre le bois des Combes et la forêt de Gays, non loin de

la crête de la montagne séparant les communes

d’Aigueperse et Saint Igny de Vers, les anciens montrent

la Pierre du Pas de l’Ane fichée en terre au bord d’un

petit chemin. Certains la nomment également le Pas de

la Vierge ou Roche Saint Jean. La sainte famille (d’autres

disent Saint Jean) serait un jour passée dans la région. La

roue de leur chariot butta sur cette pierre, ce qui le fit

verser sur le bas-côté. Depuis on montre une encoche

faite par la roue, ainsi que les trous laissés par le pied et

le bâton de la vierge, et la fontaine, qui aurait jailli au même moment.

Avenas : Font de la Vierge

Peu de temps après que la décision fut prise de reconstruire au Fut d’Avenas un lieu de culte

sur les ruines du monastère des Pélasges depuis longtemps disparu, des maçons furent

envoyés pour y commencer les travaux à l’emplacement de la vieille chapelle du monastère.

Mais les travaux n’avançaient pas, comme si une main invisible démolissait la nuit ce que

l’on construisait le jour. Le maître d’œuvre, excédé, décida de s’en remettre à Dieu.. Il lança

son marteau qui partit fort loin, comme poussé par le vent, atterrissant à plus d’un kilomètre

à l’ouest, au milieu d’un buisson d’aubépine, près de la Fontaine des Fées. On recommença

donc les travaux à cet endroit, sans que rien cette fois ne vînt les contrarier.

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Les vertus des sources

La nature même de certaines sources a pu attirer l’attention des hommes par le

bouillonnement intermittent, la couleur ou le goût particulier de leurs eaux.

La naïveté de nos pères faisait qu’ils attachaient parfois

de l’importance à un épisode de la vie d’un saint ou une

sainte ou plus simplement à la consonance de son nom

pour lui attribuer des vertus. Ainsi Saint Roch guérissait

la peste car il aurait lui-même été atteint du mal, tout

comme Saint Bonnet de la goutte. De la même manière,

on se rendait à la source Sainte Madeleine de Soubran

à Marchampt quand on avait, comme elle, quelques

péchés à se faire pardonner.

Saint Pancrace, souvent nommé Saint Crampace,

guérissait ainsi les crampes, Saint Bonnet était invoqué

pour les maux de têtes, Saint Clair guérissait les maux

d’yeux, faisait voir clair ; Saint Denis était aussi invoqué

pour la maladie des volailles, c’était le saint des nids. A

Notre Dame de Vers à Saint Igny de Vers, on venait

guérir les vers des enfants. On pourrait ainsi multiplier

les exemples.

Inventaire des pouvoirs des sources

Certaines jouissaient d’une réputation telle qu’elles attiraient des pèlerins depuis la

Dombes, le Mâconnais ou le Roannais voisins. Elles avaient toutes leurs spécialités propres

mais certaines avaient la réputation de pouvoir guérir tous les maux, des panacées

universelles comme on disait.

En Beaujolais, la Font Saint Jean ou des Combes à Aigueperse, avait la réputation de guérir

les maux de dents, La font ND ou des Fées à Avenas, les fièvres paludéennes, Font de ND de

Vers à Saint Igny de Vers, les vers des enfants. La Font de Romarand à Quincié aidait le

développement des enfants chétifs et la Font Saint Rigaud à Monsols favorisait la fécondité

des femmes. Et toutes, en plus de leurs spécialités, étaient considérées comme des sources

pouvant guérir tous les maux des hommes et des bêtes. Elles pouvaient attirer pour

certaines d’entres elles, plusieurs milliers de pèlerins. Ainsi, le pèlerinage de Saint Rigaud

pouvait compter à la fin du 16e siècle près de 15000 personnes pour le 15 août, ce qui ne

manquait pas de créer quelques désordres.

Fontaines et points d’eau qui guérissent les enfants

On peut citer :

Font des Sarrazins ou Saint Jean à Saint Etienne la Varenne, les coliques

La font de l’église à Vernay – les maladies infantiles

Le ruisseau de la Turdine à Tarare, près du Palet de Samson – également toutes les

maladies infantiles

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Fontaines et cuvettes d’eau qui guérissent les adultes

Les yeux

La font Saint Jean, de Roche ou Belleroche à Villefranche, qui était aussi réputée pour les

fièvres.

La Font Saint Clair à Ville sur Jarnioux

La Font Saint Roch à Mardore

La Font de Nême de Brouilly à Odenas , qui était

aussi réputée pour aider la fécondité des femmes.

La Font de l’Ane à Saint Vérand

Les fièvres : La font Saint Etienne à Frans La goutte et les maux de tête : Font Saint Bonnet à

Montmelas Les crampes : Font Saint Pancrace à Denicé On peut encore citer la fontaine de Frontenas, à

l’entrée du village, qui aurait, grâce à ses eaux

bienfaisantes, sauvé les habitants lors des

épidémies de peste

Enfin, La Font Saint Alban ou des Guarguettes à

Châtillon d’Azergues, sans oublier les sources

Mathieu-César et Sainte Marie à Bully, dont on ne

sait plus les spécialités, mais qui étaient très

fréquentées autrefois.

Moins nombreuses que les fontaines guérisseuses, on a celles qui favorisent la fécondité, le

mariage, les fontaines d’oracle ou de divination, les fontaines qui donnent la pluie ou le

beau temps.

Les fontaines de fécondité

On a déjà vu les Font Saint Rigaud à Monsols et La Font de Nême de Brouilly à Odenas

Les fontaines de mariage

L’eau de la cuvette de la Roche des Fées à la Chapelle de Mardore

Fontaine Saint Roch à Saint Vincent de Reins

Font Saint Abram à Ville sur Jarnioux

La Font Saint Roch à Mardore

Fontaines pour les calamités - Présages – Fontaines punitives

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Les fontaines fréquentées pour faire cesser les fléaux qui affectent les cultures, sont

nombreuses en France. Cependant, en 1842, les communes de Cercié, de Saint Lager et

d'Odenas se réunirent pour venir processionnellement avec leurs pasteurs, conjurer Saint

Rigaud de détruire la pyrale qui ravageait les vignes.

On croyait également que le débit de certaines sources était signe de présage. C’était le cas

de la Font Sala à Theizé, de celle de la Folie à Odenas, ou encore de Brigneux à Anse.

Elles donnaient en effet paradoxalement plus d’eau les années de sécheresse que les années

pluvieuses mais pouvaient également être un présage de

malheurs encore plus grands. Celles d’Anse et de Theizé

eurent, dit-on, un débit exceptionnel au début de l’année

1870, l’année de la terrible défaite militaire.

D’autres pouvaient également punir les hommes qui

avaient un comportement immoral. C’est le cas à Grandris

où avait lieu autrefois un grand pèlerinage le 15 août pour

vénérer la vierge noire de l’église. Une année de terrible

sécheresse, où seul un puits du village avait continué à

fournir un peu d’eau, le propriétaire voulut spéculer sur les

besoins des pèlerins et leur fit payer son eau. Le puits tarit

alors instantanément et, dit- on, pour toujours.

De la même manière, on raconte à Meaux la Montagne la

légende du Puits de Bussière, au centre du hameau. Il y a

très longtemps, les habitants menaient une vie dissolue. La

punition ne tarda pas à tomber : Le puits qui fournissait

l’eau à tout le monde tarit subitement et l’eau réapparut

beaucoup plus bas dans le pré, obligeant les gens à de fatigants allers et retours. Ils

implorèrent Dieu et les Saints pendant longtemps, et dressèrent une grande croix au dessus

du puits qui reprit alors miraculeusement sa place.

Eaux thermales

A la fin du 18e et au début du 19e siècle, avec l’influence des Lumières et de la Révolution, la

croyance et la pratique religieuse reculent. La science et la pensée rationaliste renforcent

l’idée selon laquelle l’eau peut posséder des vertus et guérir, non pas parce qu’elle est liée

aux pouvoirs de la foi mais parce qu’elle est composée d’éléments organiques et chimiques

bienfaisants. De nombreuses études vont être publiées par des chimistes, pharmaciens et

médecins sur les propriétés des fontaines. Ce sont à la fois des sources déjà considérées

comme guérisseuses mais également d’autres, seulement connues par les habitants des

environs, et dont les eaux présentent un goût, une couleur, ou une consistance particulière.

La vogue de l’eau soufrée ou ferrugineuse est née.

La fontaine d’Ouilly, non loin de l’ancienne église, jouit, depuis sa découverte en 1820, d’une

certaine notoriété. Elle est alors, avec celles de Charbonnières et de Vaux-en-Beaujolais, une

des plus fréquentées de la région.

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C’est en 1796, que le notaire Ducray, de Vaux en Beaujolais, déclara que ses sources des

coteaux du Mont Chatel, présentaient des vertus pour la santé. Elles étaient à la fois

ferrugineuses et soufrées.

Les fontaines du notaire n'eurent, semble-t-il, au début qu'un succès négatif. Les gens de

Vaux et d'ailleurs, sages en cela, continuèrent à soigner leurs dartres, leur bile et leur

jaunisse par autre chose que cette eau trouble qui sentait l'œuf punais.

Ce fut beaucoup plus tard, vers 1850 que, séduites par le site agreste où sourd une de ces

fontaines, certaines familles en mal de villégiature, de repos et de calme, vinrent goûter à

l'eau miraculeuse dédaignée par les habitants de Vaux, et firent du site dit des Eaux de Vaux,

jusqu’au début du 20e siècle, un des hauts lieux touristiques du Beaujolais.

Je finirai par les sources de Bully, près de l’Arbresle, dont les eaux furent fréquentées depuis

l’époque romaine comme en attestent les nombreuses monnaies trouvées à proximité.

La légende dit même que le Popey du village voisin Saint Romain de Popey vient de la femme

de l’empereur Romain Néron.

On racontait en effet que le couple, de passage dans la région, fut enchanté du site et que

Popée plongeait, chaque jour, dans les eaux bienfaisantes de ces sources qui avait gardé au

début du 19e siècle le nom de Bain de Popée. Il y avait une quarantaine de sources à cet

endroit, mais seules celles que l’on nommait Mathieu César et Sainte Marie avaient la

réputation de guérir. Au milieu du 19e

siècle, on construisit un établissement de bains qui

eut, comme à Vaux, un certain succès, et ce jusqu’au début du 20e siècle.