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Implication au travail et relation demploi flexible : le
cas des salaries interimaires
Alain Lacroux
To cite this version:
Alain Lacroux. Implication au travail et relation demploi flexible : le cas des salariesinterimaires. Business administration. Universite Paul Cezanne - Aix-Marseille III, 2008.French.
HAL Id: tel-00527251
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00527251
Submitted on 18 Oct 2010
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UNIVERSITE PAUL CEZANNE - AIX MARSEILLE III Institut dAdministration des Entreprises dAix-en-Provence
Ecole doctorale de sciences conomiques et de gestion dAix-Marseille III
CERGAM (centre de recherche en gestion dAix Marseille)
Thse pour lobtention du titre de Docteur s sciences de gestion
Prsente et soutenue le 21 mai 2008 par
Alain LACROUX
IMPLICATION AU TRAVAIL ET RELATION DEMPLOI
ATYPIQUE : LE CAS DES SALARIES INTERIMAIRES
Jury :
Directeur de recherche : Co-directeur de recherche : Rapporteurs : Prsident du jury : Suffragant
Madame Martine BRASSEUR Professeur des Universits Universit Paris V Monsieur Pierre GENSSE Professeur des Universits Universit du Sud Toulon Var Monsieur Jean Pierre NEVEU Professeur des Universits Universit de Bordeaux IV Madame Nathalie COMMEIRAS Matre de confrence HDR Universit de Montpellier II Monsieur Alain ROGER Professeur des Universits Universit de Lyon III Monsieur Jean-Louis CHANDON Professeur des Universits Universit dAix Marseille III
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Remerciements
Je prsente mes remerciements les plus vifs et les plus chaleureux ma directrice de recherche,
Mme Martine Brasseur, pour sa grande disponibilit, ses remarques attentives tout au long de
mon travail, et son soutien sans faille.
Je tiens galement remercier Mr Pierre Gensse, directeur de lIAE de Toulon, pour son accueil
et son soutien au sein de lUniversit de Toulon, o jexerce. Linvitation aux runions du
laboratoire ERMMES a constitu pour moi une exprience stimulante et riche denseignements.
Jexprime galement toute ma reconnaissance envers les membres du CEROG, chercheurs et
doctorants, pour leurs remarques et conseils durant les divers ateliers organiss lIAE dAix en
Provence.
Je pense tout particulirement au Professeur Jean-Louis Chandon, que je remercie doublement
pour ses prcieux conseils, qui mont permis de morienter dans le champ (ou la jungle) de
lanalyse des donnes, et pour avoir accept de participer au jury de soutenance.
Je pense galement et Alain Roger, dont les remarques au cours des ateliers de prsentation de
travaux organiss lIAE mont t dun grand secours durant les premires phases de mon
travail, et qui a accept den valuer le rsultat final.
Je tiens exprimer enfin ma gratitude au Professeur Jean-Pierre Neveu et Madame Nathalie
Commeiras, pour avoir accept la charge de rapporteurs.
Merci aussi Sophie, Edouard, Maryse et Amandine, pour leur aide prcieuse durant mon
enqute sur le terrain.
Et bien sr un grand merci K. pour sa (grande) patience et son (prcieux) soutien
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SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ...
PREMIERE PARTIE : Implication au travail et relations demploi
atypiques : une revue de la littrature ..
CHAPITRE 1 : Limplication au travail : une approche
multidimensionnelle ......................
CHAPITRE 2 : Limplication au travail des salaris intrimaires :
les paradoxes de la flexibilit ...
DEUXIEME PARTIE : Simpliquer dans la prcarit ? Les leons
dune tude empirique .
CHAPITRE 3 : Le lien prcarit - implication : laboration du modle
et des hypothses de recherche ..
CHAPITRE 4 : Loprationnalisation de la recherche : construction du
questionnaire et validation des outils de mesure..
CHAPITRE 5 : Les rsultats de ltude empirique : test des
hypothses, analyse et discussion des rsultats obtenus
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES..
ANNEXES.
TABLE DES MATIERES..
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Introduction gnrale
Pour dbuter le prsent travail consacr lemploi atypique, et plus prcisment ltude des
attitudes au travail des salaris intrimaires, un questionnement paradoxal simpose : la place
accorde aux emplois prcaires dans les discours et les rflexions actuelles sur les mutations du
march du travail nest-elle pas excessive ? Malgr leur croissance rapide et continue depuis plus
de vingt ans, mettre laccent sur larbre des emplois prcaires ne cache-t-il pas la fort de
la stabilit de lemploi, selon lexpression de D. Mardsen [2001] ?
On peut en effet se demander sil est pertinent de se focaliser sur les salaris en emplois atypiques
alors que plus de 85% des salaris franais sont employs en contrat dure indtermine ?
Dans le mme ordre dide, pourquoi parler demploi en miettes [Lebaube - 1988] ou
deffritement de la socit salariale [Castel - 1995] alors que plus de 84% des salaris travaillent
temps complet ?
Finalement, pourquoi sintresser aux travailleurs intrimaires, alors que ceux-ci reprsentent
aujourdhui moins de 2,5 % de lensemble des salaris ?
Nous soutenons pourtant quen ralit, le phnomne de lemploi atypique ou prcaire est plus
important en France que ne le laissent apparatre les chiffres que nous venons de citer, la fois
sur le plan quantitatif, mais galement au niveau du vcu des salaris.
Si lon sintresse en premier lieu au dnombrement des salaris prcaires, il est possible
de montrer que lampleur du phnomne est sous estime, notamment en raison dune
vision en termes de stock, qui ne tient pas compte de la dynamique des mouvements de main-
duvre.
Il est par exemple vrai de dire que plus de 8 salaris sur 10 sont employs en contrat dure
indtermine, mais il ne faut pas oublier que plus de 72% des crations demploi se sont faites
sous forme de CDD en 2007 ; et que lembauche en CDI ne concerne aujourdhui quun salari
sur quatre dans le secteur tertiaire1.
Si lon prend lexemple prcis de lintrim, qui constitue notre terrain de recherche, le
phnomne apparat ici aussi marginal, de prime abord : les intrimaires ne reprsentent quun
actif sur 40, mais ce chiffre doit encore tre relativis :
- Le calcul du nombre de salaris intrimaires est gnralement effectu en quivalents temps
plein : les 735.000 intrimaires recenss par lUnedic dbut 2008 correspondent une
1 DARES / Ministre du travail de la solidarit et des relations sociales rsultats de lenqute sur les
mouvements de main duvre (disponible sur le site www.travail.gouv.fr ).
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construction fictive, puisque rares sont les intrimaires qui travaillent effectivement temps plein.
Il est bien entendu trs difficile de mesurer prcisment le nombre de salaris ayant effectu au
moins une mission en intrim durant la priode de rfrence, mais on peut lestimer en utilisant
un coefficient multiplicateur de trois appliqu par la DARES (direction de lanimation de la
recherche et des tudes et statistiques Ministre du travail et de la solidarit), qui considre quun
quivalent temps plein (ETP) correspond un peu plus de trois salaris intrimaires ayant
effectivement effectu des missions [Glaymann 2005 p.58]. Si lon applique ce coefficient, on
obtient par exemple une estimation de plus de 2,2 millions de salaris ayant effectu au moins
une mission dintrim sur les 12 derniers mois , ce qui reprsente 11% du total des salaris du
secteur priv.
- Si lon raisonne non pas en termes de pourcentage par rapport lemploi total, mais en taux de
recours (rapport entre nombre dintrimaires et salaris du secteur priv), on obtient selon les
statitiques publis par la DARES un pourcentage dintrimaires de 3,4% en moyenne en mars
20082, avec des pics 10% dans les entreprises de plus de 50 salaris de certains secteurs
industriels.
Le phnomne de lemploi prcaire est galement important dans le vcu des salaris .
Si lon se rfre aux statistiques disponibles, on peut rsumer la diffrence induite par une
approche en termes de flux par rapport la vision habituelle en termes de stock, en constatant
que si plus de huit salaris sur dix sont employs en CDI, plus de trois sur quatre exprimentent
ou ont expriment des situations demploi atypique dans leur vie professionnelle. Lemploi
prcaire ou flexible est donc une ralit, souvent passagre, mais indiscutable pour la trs grande
majorit des salaris franais.
On peut galement soutenir que les formes contractuelles atypiques constituent peut-tre une
prfiguration de lemploi typique de demain. En prenant encore en exemple le cas de lintrim,
on peut remarquer que les nouvelles relations demploi [Kissler- 1994], qui se traduisent
notamment par une individualisation et une imprvisibilit plus grande des trajectoires
professionnelles, associe la mise en avant de la notion de mission ou de projet, sajuste bien au
parcours de certains salaris intrimaires. Changer rgulirement denvironnement de travail,
subordonner la dure de la relation demploi la ralisation dune mission dtermine, poursuivre
des trajectoires professionnelles guides par lacquisition de comptences plutt que par la
progression hirarchique, sassurer une forme de scurit demploi fonde sur lemployabilit
2 Laugmentation du pourcentage dintrimaire est li un mode de calcul diffrent : seuls sont pris en compte
les salaris du secteur priv (lintrim nest pas autoris dans la fonction publique).
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plutt que sur le statut : autant de caractristiques des nouvelles relations demploi cadrant
exactement avec lexprience vcue par une fraction de la population des salaris intrimaires.
On peut bien entendu envisager ces volutions de manire positive ou ngative, ce qui renvoie
directement au dbat sur les consquences humaines des politiques de flexibilit menes dans les
entreprises : la bonne flexibilit , fonde sur lautonomie et la responsabilisation serait
opposable la mauvaise flexibilit , fonde sur lusage de contrats atypique et gnratrice de
prcarit [Cadin & al. 2004 p.165].
Le thme de la flexibilit constitue toujours aujourdhui un domaine de recherche important et
transversal dans les sciences de gestion [Evaere 1999]. Le lien a par exemple souvent t tabli
entre les impratifs stratgiques de ractivit et dadaptation pesant sur les entreprises actuelles, et
lusage de politiques de flexibilisation de la main-duvre permettant de satisfaire ces exigences
[ex : Atkinson 1984 ; Boltanski & Chiapello 1999 ; Coutrot - 2000].
En adoptant un point de vue positif, certains auteurs mettent laccent sur les nouvelles manires
de mener carrire dans un environnement incertain [Arthur & Rousseau 1996], en faisant
lloge de lemployabilit et de la mobilit contre la stabilit [Kissler 1994] , ou en sintressant
lmergence de modles demploi fonds sur une logique de comptence plutt que sur la logique
habituelle de poste de travail ou de statut [Zarifian1999].
La face sombre de lvolution de la norme demploi est le plus souvent associe la notion de
prcarit, dcline sous toutes ses formes : prcarit demploi [Barbier & Nadel 2003] ,
prcarit du travail [Paugam 2000], salaris prcaires [Beaud & Pialoux 1993], inscurit
sociale [Castel 2003]. Les auteurs mettent dans ce cas laccent sur les consquences
dstabilisantes engendres par lvolution des relations demploi. La prcarisation est par exemple
au cur de nombreux travaux mens sur les emplois atypiques dans le champ de la sociologie du
travail [ex : Beaud1993 ; Castel 1995 ; Sennet 2000 ; Glaymann2005]. On peut se rfrer
un ouvrage devenu classique de R. Castel3, qui dcrit la remise en question de la civilisation du
travail , et affirme que lmergence (ou plutt la rapparition) des emplois flexibles remet en
cause la prvisibilit et la durabilit de la relation demploi, au profit dun emploi la tche,
troitement ajust aux besoins conjoncturels, et qui constitue un facteur alimentant la
vulnrabilit sociale (op. cit. p 648).
Lintrimaire apparat dans ces analyses comme larchtype du salari victime de la prcarit,
illustrant et prfigurant tout la fois lclatement de la norme demploi.
Comme le remarquent Cadin & al. [2004, p. 186] lopposition entre bonne et mauvaise
flexibilit doit videmment tre nuance . Lautonomisation du travail saccompagne parfois dun
3 La mtamorphose de la question sociale Paris Arthme Fayard, 1995.
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prix payer : lintensification du travail et la responsabilisation accrue sont gnratrices de
stress et dangoisse. A linverse, certains contrats de travail dits prcaires, comme les contrats
temps partiel, peuvent se rvler panouissants sils correspondent un choix effectif de la part
du salari. Le choix de lintrim comme terrain de recherche nous semble donc intressant pour
analyser ces tensions et ces paradoxes, car ce statut demploi est souvent prsent comme
synonyme de prcarit, alors mme que certains salaris choisissent volontairement dy faire
carrire [Faure-Guichard 2000].
La problmatique gnrale de la recherche Nous avons vu que lobjectif des mesures de flexibilisation est gnralement une amlioration de
la productivit et de la ractivit des entreprises : cette amlioration, qui passe souvent par la
rduction des niveaux hirarchique et laugmentation des responsabilits et des comptences
attendues, ncessite une participation plus active des salaris, un engagement et une adhsion
suprieurs ceux que lon pouvait attendre dun simple excutant dans les systmes tayloriens
traditionnels : ce passage dun taylorisme classique fond sur la rduction de lautonomie du
salari au no-taylorisme, fond sur des modles de production flexibles [Bardelli 1996]
modifie donc quelque peu les perspectives en matire de management : ladhsion des salaris
devient une cl du succs de ces nouveaux modles productifs.
Paralllement ces changements de nature technique et organisationnelle, on assiste des
modifications profondes dans lorganisation de lactivit des entreprises, qui se traduisent par un
dploiement progressif des mtiers vers le client, avec une monte en puissance des activits de
service. Comme le remarque Thvenet [2002], ces activits de service rclament une forme
dengagement spcifique de la part des salaris, car ceux-ci vhiculent une part de limage de
lentreprise en raison de leur situation en interface avec lextrieur (clients ou fournisseurs).
Toutes ces volutions conduisent alors non seulement des modifications dans les relations
demploi au niveau juridique et organisationnel, mais galement des bouleversements dans la
manire de travailler : les organisations actuelles exigent finalement plus de flexibilit, mais aussi
plus dimplication dans le travail et une participation plus active de la part de salaris.
La consquence de cette double volution est que les entreprises vivent aujourdhui un paradoxe :
comment assurer la gestion simultane de limplication et de la prcarit ? Lorsque lentreprise ne
peut pas offrir suffisamment davantages en change de limplication, elle sexpose en effet un
dsinvestissement de la part de ses salaris.
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Ce paradoxe induit par la ncessit de concilier deux exigences prsentes comme antinomiques
dans le modle salarial traditionnel constitue un vrai dfi managrial [Freiche & le Boulaire
2000] : comment rendre compatible la prcarit et lengagement ?
Ce dbat fait cho aux nombreux dveloppements actuels portant sur la flexicurit : plusieurs
exemples trangers semblent montrer quil est possible de concilier une forte flexibilit demploi
avec une scurisation des parcours professionnels, ce qui dmontrerait que flexibilit ne rime pas
ncessairement avec prcarit [voir par exemple Gazier 2003]. Pour autant, lanalyse des liens
unissant la recherche de flexibilit, la prcarit de lemploi et les attitudes au travail des salaris
concerns demeure un domaine de recherche dans lequel de nombreux aspects restent encore
explorer.
Lemploi atypique dans la recherche en gestion des ressources humaines
Les recherches menes en GRH sur les situations demploi atypiques connaissent un
dveloppement significatif au niveau international. Elles ont longtemps port sur les salaris en
temps partiel, avant de se focaliser aujourdhui sur les salaris dits contingents (contingent workers),
avec un intrt marqu pour les contrats temporaires [ex : Coyle-Shapiro & Morrow 2006 ;
Connelly & al. 2007].
Ces recherches sont trs largement de type comparatif : les auteurs cherchent mettre en
vidence les diffrences dattitudes entre salaris permanents et atypiques. Pour cela, ils utilisent
largement les concepts et outils de mesure labors auprs de salaris en relation demploi
standard (par exemple la satisfaction, limplication ou le soutien organisationnel peru), qui sont
directement appliqus aux salaris en relation demploi atypique avec lobjectif de mettre en
vidence des diffrences dattitude ou de vcu entre les deux populations.
On trouve galement (mais plus rarement) dans la littrature de recherche des tudes qui
sintressent spcifiquement aux problmes de management poss par les salaris atypiques [ex :
Feldman & al. 1995 ; von Hippel & al. 1997 ; Slattery & al. 2006].
En ce qui concerne la France, la recherche sur lemploi atypique reste assez peu dveloppe dans
le domaine des sciences de gestion, en comparaison avec les nombreuses tudes menes par les
sociologues ou les conomistes du travail [ex : Beaud & Pialoux 1993 ; Ramaux 1994 ; Faure
Guichard 2000 ; Jourdain 2002 ; Canc 2002 ; Glaymann 2005]. Dans le champ de la
gestion des ressources humaines, on peut simplement remarquer que les travaux concernant les
impacts individuels et organisationnels des politiques de flexibilit sont relativement rcents [ex :
Charles Pauvert 1997 ; Evaere 1999 ; Manville - 2005], et demeurent encore peu nombreux.
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Le cadre de notre recherche : ltude de limplication au travail des salaris intrimaires : Nous avons choisi de contribuer une meilleure connaissance des impact de la flexibilit de
lemploi sur les attitudes des salaris, en prenant lexemple prcis de limplication au travail des
salaris intrimaires.
Cette dlimitation dun objet de recherche relativement prcis prsente lavantage incontestable
de nous permettre dexplorer de manire approfondie le paradoxe de la flexibilit et de
limplication auprs de salaris qui sont conduit le vivre au quotidien. Nous allons dtailler plus
avant les raison de notre choix dans les points suivants.
Pourquoi sattacher limplication au travail ?
Les attitudes au travail constituent un champ de recherche classique dans le domaine de la gestion
des ressources humaines : les concepts de motivation, de satisfaction, dengagement, ou
dimplication constituent la base des recherches menes dans le champ du comportement
organisationnel (organizational behavior).
Nous avons vu que lengagement des salaris et leur participation active deviennent un lment
important de lefficacit des organisations actuelles : ces attitudes et comportements sont donc
dun intrt particulier pour les professionnels des ressources humaines ; certains sont mme
aujourdhui prises en compte comme critre de slection, travers la notion imprcise de savoir
tre [voir Prilleux 1997].
Le concept dimplication au travail, qui permet de rendre compte du lien particulier que le salari
entretient avec son travail, constitue un cadre adapt la comprhension de ces phnomnes.
Selon M. Thvenet [2002, p.5], lintrt de limplication ne se limite pas une simple grille de
lecture, puisque celle-ci parat pouvoir reprsenter (pour certains gestionnaires) une finalit des
politiques de personnel , autrement dit acqurir un statut stratgique.
Le salari impliqu idal est classiquement dcrit dans la littrature comme fidle son
entreprise, peu absentiste, loyal, susceptible dadopter des comportements altruistes et prt
faire des efforts importants pour contribuer au succs de son entreprise [Mowday & al 1982,
Morrow 1983]. Les nombreux travaux mens dans ce domaine durant les vingt dernires
annes ont toutefois montr que ce portrait idyllique devait bien entendu tre nuanc : le salari
impliqu peut galement sentter et persister dans des comportements inefficaces [Staw 1974 ;
Singer & al. 1986] , il peut ressentir une forte tension et un stress important, ou peut tre
amen connatre des conflits entre vie familiale et vie professionnelle [Aryee & al. 1992]. Il
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faut galement constater que limplication ne se manipule pas directement : On ne peut
impliquer les personnes, comme on ne peut les changer.seules les personnes peuvent
simpliquer. La seule chose que lentreprise peut faire cest satisfaire aux conditions ncessaires de
limplication [Thvenet 2002 p.12].
Limplication au travail apparat de plus en plus actuellement comme une notion fdratrice : un
salari impliqu dans son travail tisse des liens particuliers avec diffrents domaines de son
exprience professionnelle : il peut sagir de groupes de personnes comme ses collgues de
travail ou ses clients, ou de facettes plus gnrales comme sa profession, son entreprise ou le
travail en gnral.
Les recherches menes sur limplication ont ainsi tendance converger progressivement vers une
prise en compte largie du concept : limplication dans lentreprise ou lorganisation demeure le
concept phare, mais dautres objets sont galement pris en compte : il sagit essentiellement du
travail en tant que tel [ex : Blau & Ryan - 1994] , de la profession [ex : Meyer & al. 1993] , du
groupe de travail [ex : Randall & al. 1991] ou de lemploi occup [ex : Kanungo 1982].
Le concept dimplication multiple ou dimplication globale au travail (work commitment) vient
finalement donner une cohrence thorique aux diffrents objets, en mettant en vidence les
points communs entre les diffrentes cibles et construits dimplication. Cette recherche de
cohrence trouve son aboutissement travers la proposition de modles intgrateurs [ex : Meyer
& Hersovich 2001, Cohen - 2003], dans lesquels limplication est dfinie comme une sorte
force amenant lindividu adopter certaines attitudes et comportements en relation avec les
diffrents domaines de son environnement professionnel.
En raison de son importance dans les organisations actuelles et de son caractre
multidimensionnel, nous considrons donc que ltude de limplication au travail demeure une
tape importante dans la comprhension des comportements organisationnels, particulirement
lorsque lon sintresse des salaris dont la relation demploi est caractrise par de faibles liens
organisationnels. Il nous semble en effet important de montrer que, dans les situations demploi
flexibles, la prise en compte de plusieurs objets dimplication permet daboutir une vision
plus complte des attitudes des salaris concerns.
Pourquoi sintresser au cas des salaris intrimaires ?
Le choix de limiter notre tude au cas dune population salarie dont la relation demploi est
complexe et originale prsente une srie davantages, que lon peut rsumer en quatre points
principaux :
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- En premier lieu, nous verrons au cours de notre travail que lemploi flexible
constitue une catgorie trop vaste, aux contours incertains, quil vaut mieux ne pas
envisager de manire englobante : les attitudes, les motivations et les objectifs dun salari
temps partiel peuvent par exemple diffrer de celles dun salari en CDD ou dun intrimaire
[voir par exemple Feldmann 2006]. Il est donc prfrable de restreindre lanalyse une
catgorie de salaris bien identifis. Le secteur de lintrim constitue un choix intressant pour
plusieurs raisons :
- Sur le plan statistique, la France demeure lun des tout premiers marchs du monde en
matire de travail temporaire (quatrime rang mondial et deuxime rang en Europe).
- Au niveau qualitatif, on constate que lintrim concerne toutes les professions et toutes
les qualifications, ce qui nest pas le cas du temps partiel, plutt rserv aux emplois peu
qualifis.
- Sur le plan de la gestion de la main doeuvre enfin, on peut remarquer au cours des
dernires annes que les entreprises de travail temporaire, qui sont devenues des acteurs
incontournables du march de lemploi (surtout depuis que lANPE a perdu son
monopole de placement), ont mis en place des procdures de gestion de personnel
sophistiques et relativement uniformises, surtout au sein des rseaux appartenant de
grandes enseignes : nous pouvons donc considrer quune grande partie des informations
et des rsultats empiriques que nous pourrons obtenir auprs du nombre limit dagences
de travail temporaire qui constitueront notre terrain denqute seront assez reprsentatifs
de la situation qui prvaut un niveau plus gnral.
- En second lieu, le choix des salaris intrimaires comme terrain dtude permet
dexplorer de manire dtaille le paradoxe entre flexibilit et implication : nous nous
trouvons en effet face des salaris dont la relation demploi est soumise de trs fortes
contraintes de flexibilit, que lon peut mme parfois juger excessives4, et qui sont amens
travailler dans des secteurs et organisations trs varis, dans lesquels lexigence dimplication peut
tre leve : on peut citer en exemple les postes de serveurs dans la restauration, pour lesquels les
contrats sont souvent courts et les exigences dimplication face la clientle sont trs fortes ; ou
encore les mtiers du btiment dans lesquels la qualit du travail, souvent effectu dans une large
autonomie, est primordiale : le sens des responsabilits et limplication professionnelle sont donc
trs importants.
4 Les missions la journe sont par exemple monnaie courante dans le secteur de lintrim, de mme que les
missions de trs courte dure (en gnral une semaine) renouveles de manire rgulire sur une longue priode.
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Dans un autre ordre dides, on peut galement remarquer que le contrat de travail temporaire
(surtout dans le cadre de lintrim qualifi) peut constituer le modle dune forme de relation
demploi qui pourrait devenir trs courante : le contrat de mission. On peut citer en exemple le
modle du travailleur contractuel ou consultant, appel pour son expertise dans des organisations
pour y raliser des missions temporaires en sintgrant aux quipes de travail en place, ou encore
les formes rcentes dorganisation du travail, qui valorisent la notion de projet et reposent sur la
constitution dquipes de travail par essence temporaires, dont la mission comporte la fois un
objectif prcis et un terme fix [voir par exemple Giard 2004]. Cette volution vient de trouver
une traduction juridique dans laccord du 11 janvier 2008 sur la modernisation du march du
travail, sign entre les organisations patronales et un certain nombre de syndicats. Cet accord
prvoit la mise en place dune forme particulire CDD objet dfini et terme incertain ,
dune dure maximum de 36 mois et rserv aux cadres et ingnieurs pour leur permettre de
raliser certains projets dont la dure est incertaine.
- Si lon prend en compte les aspects thoriques et mthodologiques de la question de
limplication, le choix danalyser le cas des salaris intrimaires nous permettra daborder
le problme de la transposition des concepts et des outils de mesure. Plusieurs auteurs
ayant t amens travailler sur les attitudes des salaris contingents [ex : Beard & Edwards
1996 ; Connelly & Gallagher- 2004] constatent en effet que la quasi-totalit des thories et
modles utiliss dans ltude des comportements organisationnels en entreprise ont t fonds
sur ltude de salaris permanents5 , en relation demploi standard (c'est--dire travaillant
temps plein et dure indtermine). La question se pose de savoir si ces connaissances sont
directement transfrables ltude des salaris occupant des emplois temporaires.
Nous verrons dans notre revue de littrature que cette transposition est gnralement effectue
sans prcaution dans les tudes de type comparatif, qui sefforcent de mettre jour les diffrences
dattitudes entre salaris contingents et permanents en utilisant les mmes outils de mesure
appliqus aux deux populations. Pourtant, selon Sverke & Gallagher [2005, p.185], plusieurs
variables fondamentales utilises par les chercheurs travaillant sur limplication au travail, comme
le turnover ou la notion mme demploi (job) doivent tre manipules avec prcaution lorsque
lon sintresse des salaris intrimaires.
Dans le mme ordre dide, Connelly & Gallagher [2004] remarquent, en conclusion de leur
revue de littrature sur lemploi contingent, que de nombreux travaux sont encore ncessaires
5 Le salari permanent ou typique est dnomm ainsi par opposition au salari temporaire ou atypique, dont
le contrat comporte un terme implicite ou explicite. Un salari permanent est donc employ en contrat dure indtermine et temps plein, sans que ce statut prjuge dune quelconque permanence de sa relation demploi.
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sur le plan thorique et empirique. Au niveau thorique, il sagirait tout dabord sinterroger sur la
transfrabilit des concepts et des rsultats obtenus auprs de salaris permanents au cas des
salaris atypiques. Leurs attitudes au travail peuvent-elle par exemple tre conceptualise de la
mme manire, surtout dans le cas des variables dattitudes sensibles au temps de prsence dans
lorganisation, comme limplication, ou les comportements de citoyennet organisationnelle ?
Sur le plan empirique, il est ncessaire de sinterroger sur la pertinence des outils de mesure
labors partir des travaux mens auprs de salaris permanents, avant de tenter de mettre en
relation les variables caractrisant les relations demplois flexibles avec leurs consquences
attitudinales et comportementales. On peut par exemple se poser la question de la validit
doutils de mesure de limplication intgrant la volont de rester membre de lorganisation lorsque
ceux-ci sont appliqus des salari dont la mission est par essence temporaire [ex : chelle
dimplication affective de Meyer & Allen 1991].
- Au niveau managrial enfin , la gestion des salaris intrimaires constitue un vritable
dfi pour les employeurs.
La prsence de plus en plus significative dintrimaires dans les entreprises rend ncessaire un
questionnement sur les moyens de mobilisation les plus efficaces de cette main-duvre
particulire. Arnaud & Loriol [2002 p.11] remarquent par exemple que la mobilisation des
personnels externaliss sur les objectifs poursuivis dans un service ou un tablissement constitue
un vritable dfi managrial, dans la mesure o il n'est plus possible d'avoir recours aux leviers
classiques de la gestion des carrires .
La relation triangulaire de lintrim pose en effet des problmes de GRH relativement dlicats. Le
fait que les intrimaires travaillent simultanment pour deux organisations (lentreprise de travail
temporaire et lentreprise utilisatrice) pose des problmes de management. Leur relation demploi
peut tre qualifie de relation dagence multiple, dans le sens ou ces salaris doivent remplir des
obligations vis--vis de plusieurs employeurs [Mc Lean Parks & Gallagher 2001, p.185]. On
peut remarquer titre dexemple que les variables denvironnement identifies dans la littrature6
comme ayant un impact potentiel sur limplication organisationnelle (variables antcdent) sont
en quelque sorte partages entre les deux employeurs, selon le modle suivant :
6 On peut par exemple se rfrer aux synthses de Cohen [2003] et Peyrat-Guillard [2002]. Les antcdents de
limplication seront dtaills dans le chapitre 3.
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Antcdents contrls par lentreprise cliente Antcdents contrls par lentreprise de travail temporaire (ETT)
Primtre de travail ( job scope ) Autonomie Climat organisationnel
Salaire Actions de formation Nombre de missions proposes
Antcdents contrls conjointement par lETT et lentreprise cliente Etat des rles (ambigut ou conflit) Equit et soutien peru Dfinition des tches
Chaque employeur du salari intrimaire ne dispose alors que dune partie des outils de gestion
des ressources humaines susceptibles dinfluer sur les attitudes des salaris intrimaires.
Concernant cette rpartition des rles en matires de GRH, Kalleberg [2000 p.348] remarque
juste titre que les entreprises utilisatrices cherchent transfrer lETT le maximum de
responsabilits dans le domaine des ressources humaines, afin de rduire les cots de gestion de
la main-duvre intrimaire : une telle attitude ne risque-t-elle pas dtre contre-productive dans
le sens o lentreprise utilisatrice se prive de leviers potentiels de mobilisation ?
Un autre problme crucial pos par le management des salaris intrimaires est la nature de leurs
relations avec les salaris permanents : les entreprises utilisatrices ont le choix entre diverses
pratiques, allant de lintgration complte au sein des quipes de travail la sparation des
intrimaires et des salaris permanents. Une tude rcente de Bryson et Blacwell [2006] fonde
sur linterview de managers employant la fois des salaris permanents et des intrimaires met en
vidence cette dialectique entre diffrenciation et intgration : les auteurs remarquent de manire
gnrale que larticulation entre les pratiques de mobilisation et les stratgies de flexibilit
quantitatives de la main duvre gnre des tensions et des paradoxes [p 207].
Du ct des ETT, la gestion des intrimaires soulve galement des questions : sachant que ces
salaris vhiculent limage de marque de lETT (surtout lorsquils y travaillent depuis longtemps),
les agences devraient mettre en place des procdures de fidlisation visant dcourager les
meilleurs intrimaires de les quitter [Newton Mc Clurg 1999, p.6].
Favoriser limplication et la mobilisation des salaris des intrimaires reprsente donc un dfi
pour les employeurs (ETT et entreprises utilisatrices) : la premire tape pour relever ce dfi
consiste bien apprhender le processus dimplication spcifique des intrimaires, ce qui peut
permettre ensuite dadopter des politiques et des outils mobilisation adapts cette population
particulire. Le travail doctoral dIsabelle Galois [2006] sur les outils de fidlisation des
intrimaires est un bon exemple de ce type de dmarche.
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Ce rapide survol des enjeux de la recherche sur les formes particulires demploi nous a permis
de voir que les questions souleves par ltude des attitudes des salaris atypiques, dont font
partie les intrimaires, sont varies, et que ce terrain de recherche mrite dtre explor.
Mthodologie gnrale de ltude :
La prise en compte dune population spcifique (les salari intrimaires) et dune vision largie de
limplication (implication globale au travail) donnent un caractre exploratoire notre recherche.
Il existe toutefois un certain nombre de travaux, majoritairement anglo-saxons, qui traitent des
impacts des situations demploi flexibles sur le vcu et les attitudes des salaris qui y sont soumis ;
ce qui permet de considrer que le domaine de recherche est dj balis, car un certain nombre de
rsultats ont t obtenus ce jour (pour une vue densemble, on peut se reporter Connely &
Gallagher 2004, ou De Cuyper & al 2008). Notre travail a pour ambition de questionner et
dapprofondir les travaux existants, qui sont pour la plupart fonds sur une approche
comparative, et de proposer un modle conceptuel permettant de tester les liens directs et
indirects entre une forme particulire demploi (le contrat dintrim), et limplication au travail
des salaris concerns, en adoptant une dmarche adapte la cible tudie. Notre objectif
premier nest pas de comparer le vcu de deux groupes de salaris (typiques et atypiques), mais
dapprofondir ltude dune seule catgorie de salaris atypiques, afin de donner un fondement
aux ventuelles diffrences dattitudes apparaissant dans les tudes de type comparatif.
Sur le plan pratique, notre objectif consiste btir un modle susceptible dtre test, ce nous
situe dans une dmarche de recherche de type hypothtico-dductive. Notre dmarche de
recherche empirique combinera approche qualitative et quantitative. Le caractre exploratoire de
cette tude nous impose en effet dapprofondir notre connaissance des logiques et du vcu des
diffrents acteurs du secteur de lintrim. Cette condition est indispensable llaboration dun
modle de recherche raliste et testable : cest pourquoi la phase qualitative de notre recherche,
fonde sur une srie dentretiens semi-directifs avec diffrents acteurs du march de lintrim
revt une grande importance.
Lorganisation de notre travail :
Notre tude sera organise en cinq chapitres, articuls autour de deux parties principales.
La premire partie, qui comprend deux chapitres, nous permettra de faire le point sur notre objet
dtude. Le premier chapitre sera consacr au concept dimplication au travail : nous y
retracerons lvolution des recherches menes dans le domaine, en montrant que la prise en
compte du caractre multidimensionnel de limplication conduit adopter une vision
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synthtique, fonde sur une dfinition intgrative de limplication. Nous proposerons pour
terminer un modle inspir des travaux de synthse mentionns, permettant de prendre en
compte simultanment plusieurs dimensions et plusieurs objets dimplication.
Le deuxime chapitre sera consacr au recensement des recherches menes sur limplication des
salaris en relation demploi temporaire. Aprs une clarification de la notion demploi flexible et
une tude plus approfondie de la relation demploi intrimaire, nous effectuerons une revue des
travaux conceptuels et empiriques consacrs aux attitudes des salaris temporaires. Nous verrons
cette occasion que ces recherches, quasi exclusivement consacres limplication
organisationnelle, prsentent des rsultats contradictoires, ce qui amne formuler un certain
nombre de questions de recherche, qui serviront structurer notre tude de terrain.
La seconde partie de notre travail sera consacre la recherche proprement dite. Les trois
chapitres qui composent cette partie correspondent aux trois phases de lenqute mene sur le
terrain : ltude qualitative permettant llaboration du modle de recherche et formulation des
hypothse, la prparation des outils, et enfin le test des hypothses et la discussion des rsultats
obtenus.
Le troisime chapitre sera donc consacr llaboration de notre cadre de recherche. Une tude
qualitative exploratoire sera tout dabord entreprise, afin de complter les rsultats issus de la
revue de littrature, et recueillir les informations ncessaires llaboration de notre modle de
recherche. Chacune des questions de recherche formule lissue de la revue de littrature
donnera lieu llaboration dun cadre conceptuel, qui permettra de slectionner un certain
nombre de variables pertinentes, et formuler plusieurs hypothses destines tre testes auprs
dun chantillon de salaris intrimaires.
Le quatrime chapitre, entirement consacr llaboration et la vrification de la fiabilit de
notre questionnaire de recherche, nous permettra dadapter loutil au public vis, et dpurer les
chelles de mesure afin de les rendre plus fiables.
Le dernier chapitre de notre tude comprendra lexploitation des donnes recueillies par
questionnaire, le test des hypothses et la discussion des rsultats obtenus : nous pourrons cette
occasion valuer la pertinence du rseau de relations unissant les diffrentes variables
slectionnes dans notre modle de recherche.
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PREMIERE PARTIE
IMPLICATION AU TRAVAIL
ET RELATIONS DEMPLOI ATYPIQUES :
UNE REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE 1 :
Limplication au travail : une approche
multidimensionnelle
CHAPITRE 2 :
Limplication au travail des salaris intrimaires :
les paradoxes de la flexibilit
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CHAPITRE 1 Limplication au travail : une approche multidimensionnelle
PLAN DU CHAPITRE :
INTRODUCTION...................................................................................................................21 SECTION 1. LE CONCEPT DIMPLICATION EN GRH : UNE APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE................................................................................................22
1. LIMPLICATION : UNE APPROCHE ATTITUDINALE................................................................23 1.1 Le concept dattitude..................................................................................................23 1.2 Limplication au travail comme attitude particulire face des objets lis la sphre professionnelle de lindividu .................................................................................24 1.3 Les dterminants de lattitude dimplication au travail (affects ou comportements ?)...........................................................................................................................................25
2. LIMPLICATION : UNE ATTITUDE MULTIFORME ..................................................................28 2.1 La multiplicit des formes dimplication (multidimensionnalit interne ).............29 2.2 La multiplicit des objets de limplication.................................................................32 2.3 Synthse : une multidimensionnalit duale ...........................................................42
3 LE CHOIX DUNE DEFINITION ET DUNE CONCEPTUALISATION DE LIMPLICATION ..............43 3.1 Les diverses tentatives de dfinition ..........................................................................43 3.2 Le choix dune approche intgrative .........................................................................45
SYNTHESE DE LA SECTION 1 ..................................................................................................52 SECTION 2. LIMPLICATION GLOBALE AU TRAVAIL (WORK COMMITMENT) : NOTRE CADRE DETUDE ..................................................................................................53
1. LE CONCEPT DIMPLICATION GLOBALE AU TRAVAIL ( WORK COMMITMENT ) ...............53 1.1 Le concept et son intrt empirique ............................................................................53 1.2 Les modles dimplication globale ............................................................................57
2. LES QUESTIONS THEORIQUES ET EMPIRIQUES SOULEVEES PAR LE CONCEPT DIMPLICATION GLOBALE................................................................................................................................73
2.1 Le problme du chevauchement entre les objets dimplication ..................................73 2.2 Le problme du choix des cibles dimplication..........................................................76 2.3. Les questions souleves par le choix des instruments de mesure ..............................77
3. PROPOSITION DUN CADRE DETUDE POUR LIMPLICATION GLOBALE .................................79 3.1. Le choix des objets dimplication ..............................................................................79 3.2. Un modle-cadre dimplication globale ....................................................................81
SYNTHESE DE LA SECTION 2...................................................................................................83 CONCLUSION DU CHAPITRE...........................................................................................84
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Introduction Limplication au travail est aujourdhui un domaine dtude important en gestion des ressources
humaines. Plusieurs raisons peuvent expliquer lintrt pour ce champ de recherche :
Au niveau thorique tout dabord, limplication est un concept trs large, qui permet dexpliciter
les liens que lindividu entretient avec son travail [Thvenet 2002]. Le terme travail englobe tous
les domaines qui composent la sphre professionnelle : lemploi occup, le mtier, la carrire,
lorganisation, les collgues de travail, voire le syndicat dappartenance ou les clients.
Les recherches thoriques sur limplication se sont dveloppes dans le sillage des travaux sur les
attitudes au travail, traitant de la satisfaction et de la motivation au travail, avec pour objectif de
mieux apprhender les causes de certains comportements organisationnels problmatiques,
comme labsentisme ou le turnover [Mowday & al. 1982]. Ces recherches sont trs
majoritairement menes sur des domaines spcifiques de limplication, pris isolment :
lorganisation et lemploi constituant par exemple les deux champs dimplication les plus
largement explors lheure actuelle.
Au niveau empirique, limplication retient lattention des praticiens, car son lien avec certains
comportements au travail particulirement recherchs par les managers a t souvent tabli : les
salaris impliqus dans leur entreprise ou leur carrire seraient par exemple moins absentistes
[Mowday & al 1982 ; Mathieu & Zajac 1990], plus fidles leur entreprise [Mathieu & Zajac
1990 ; Allen & Meyer - 1996], et davantage enclins faire des efforts [Mowday & al. 1982 ;
Sager & Johnson - 1989] et adopter des comportements citoyens [Organ & Ryan - 1995].
Le concept dimplication a donn lieu une littrature trs abondante en GRH, incorporant des
dfinitions et des thorisations trs varies. Une prsentation des diffrentes approches du
concept dimplication, qui nous permettra den dlimiter les contours et de proposer une
dfinition constitue donc un pralable indispensable toute tude empirique (section 1)
Nous nous intresserons en second lieu au concept dimplication globale au travail (work
commitment), qui constitue le cadre de notre tude (section 2).
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22
Section 1. Le concept dimplication en GRH : une approche multidimensionnelle
Il existe une littrature abondante sur limplication en GRH, qui sest beaucoup dveloppe
depuis le milieu des annes 1980, la suite de certains travaux de synthse (ex : la mta analyse de
P. Morrow sur les divers objets de limplication en 1983, ou louvrage de synthse de R.
Mowday et ses collgues sur limplication organisationnelle en 1982).
Limplication est une notion complexe : la preuve en est que lun des ouvrages majeurs dans le
domaine, crit par Paula Morrow7 ne dfinit tout simplement pas ce quest limplication. Lauteur
utilise une approche indirecte, en indiquant en introduction que labsence dimplication est la
cause de comportements problmatiques dans les organisations (absentisme, turnover, absence
deffort, vol, insatisfaction au travail.), avant de sintresser aux divers objets de limplication au
travail8.
Maurice Thvenet, dans un ouvrage plus rcent ( Le plaisir de travailler 2004), remarque que
certains auteurs (il cite Jeffrey Pfeffer) ne spuisent pas dfinir le concept dimplication pas
plus que ne le font les dirigeants qui cherchent dsesprment crer ou augmenter limplication
de leurs salaris . M. Thvenet lui-mme propose une voie phnomnologique , en
sintressant prioritairement aux manifestations (ou symptmes) de limplication, dans une
perspective mthodologique qualitative qui nous parat proche des thories ancres (Glaser &
Strauss 1967 ; voir Duchene & Savoie-Zajac 2005 pour une application au domaine de
limplication dans la profession).
Nous tenterons dans cette premire section de faire le point sur les diffrentes conceptualisations
et typologies de limplication (1), avant den proposer une dfinition (2), puis de prsenter un
modle synthtique de limplication au travail, inspir des travaux rcents de J.P Meyer et L.
Herscovitch (3).
7 The theory and measurement of work commitment (JAI press 1993)
8 Dans le mme esprit, louvrage de synthse de Meyer & Allen [1997, p.3 ] dbute par une description de ce quest un salari impliqu, avant de proposer plus loin une dfinition
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23
1. Limplication : une approche attitudinale La vision de limplication la plus usite en GRH prend sa source dans les travaux de psychologie
sociale. Ces approches mobilisent les concepts dattitude ou dengagement pour tudier le lien
entre un sujet et un objet (le travail ou ses composantes).
Le concept mme dattitude doit donc tre envisag rapidement, avant de mettre laccent sur la
faon dont il est mobilis dans ltude de limplication.
1.1 Le concept dattitude Il est gnralement admis que les attitudes comportent trois dimensions (affective, cognitive et
conative), ainsi rsumes dans une dfinition courante : Les attitudes correspondent des
tendances valuer une entit avec un certain degr de faveur ou de dfaveur, habituellement
exprimes dans des rponses cognitives, affectives et comportementales [Eagly et Chaiken,
1993 p1]. Les entits dont il est question peuvent tre des objets, des vnements, des personnes
ou des institutions ; elles sont par essence inobservables, et doivent tre infres partir de
rponses mesurables [Ajzen 2005, p3].
Cette distinction entre les trois composantes des attitudes, due Rosenberg & Hovland [1960] a
t progressivement enrichie par des auteurs qui ont mis en vidence un aspect dynamique et
squentiel dans leur articulation. Selon le modle thorique de laction raisonne [Ajzen &
Fishbein 1980], on considre par exemple que les intentions daction des individus par rapport
une entit sont dtermines par les attitudes (degr daffect vis--vis de lentit) et les croyances
portant sur cette entit. Lintention daction (dimension conative de lattitude) est ici considre
comme la rsultante dune combinaison entre affects et croyances.
Figure 1 La thorie de laction raisonne (daprs Fishbein & Ajzen 1975 p.16)
Croyances portant sur les rsultats du comportement
Croyances portant sur le jugement des groupes de rfrence concernant le comportement
Attitude vis--vis du comportement
Norme subjective
Intention ComportementImportance relative des considrations attitudinales et normatives
Croyances portant sur les rsultats du comportement
Croyances portant sur le jugement des groupes de rfrence concernant le comportement
Attitude vis--vis du comportement
Norme subjective
Intention ComportementImportance relative des considrations attitudinales et normatives
Cette vision squentielle, qui rserve la dnomination dattitude une combinaison daffects et de
cognitions envers un objet est notamment adopte sous une forme modifie par J.P. Neveu dans
son tude portant sur lintention de dpart des cadres [Neveu 1993].
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24
1.2 Limplication au travail comme attitude particulire face des objets lis la sphre professionnelle de lindividu Envisager limplication au travail comme une attitude nous amne naturellement lui attribuer
les trois composantes habituellement associes au concept [voir Brasseur & Mzabi 2003]. On
constate pourtant que trs peu dauteurs traitant de limplication au travail comme une attitude
mobilisant simultanment les composantes affective/cognitive/conative pour les intgrer leur
dfinition (il existe quelques exceptions : Blau 1985 ; Bijeire 1996 ). Il existe certes plusieurs
conceptualisations tri-dimensionnelles de limplication professionnelle [Meyer & Allen- 1991,
OReilly & Chatman- 1986 , Penley & Gould 1988, Jaros & al. 1993] qui seront dtailles plus
loin, mais aucune dentre elles nest explicitement fonde sur la combinaison
affectif/cognitif/conatif.
Certains auteurs [Neveu - 1993, prcdemment cit ; Mc Caul & al 1995 ; Cohen 2003 p.116]
nous paraissent clairer le dbat, en se rfrant explicitement la thorie de laction raisonne
dAjzen & Fishbein [1975] dans le domaine de limplication au travail pour considrer que
lintention daction drive de lattitude gnrale envers lobjet considr. Ce positionnement
permet de dfinir limplication en utilisant les dimensions affectives et/ou cognitives, et dutiliser
des variables dintention comme indicateurs de cette implication.
Une telle approche semble pertinente dans notre cadre dtude de limplication, car elle permet
dviter un problme mthodologique propre certains travaux empiriques portant sur
limplication au travail :
On peut en effet noter que de nombreuses tudes portant sur limplication dans lorganisation, la
profession ou le travail en gnral cherchent mesurer les consquences (variables dpendantes)
de limplication (considre comme variable indpendante). Parmi ces variables indpendantes,
on trouve des construits dcrivant des comportements effectifs comme labsentisme [ Mowday
& al. 1982], leffort [Randall & al - 1991], ou les comportements de citoyennet
organisationnelle [Gregersen 1993]. On trouve galement des variables dcrivant des
intentions : intention de quitter lorganisation [ Mowday & al. 1982], ou intention de quitter la
profession [ Blau 1988].
Or, comme le font remarquer T. Pittinsky & M. Shea dans une tude rcente sur la mobilit et
limplication, si on utilise une dfinition et un outil de mesure de limplication incorporant une
dimension conative (ex : intention de rester membre de lorganisation), on se retrouve alors dans
une situation de chevauchement entre variables dpendantes et indpendantes lorsque lon
tudie des variables dintention (ex : intention de rester) comme consquence de limplication.
Autrement dit, les chercheurs incorporent lintention de rester dans leur dfinition de
limplication, puis essaient de prdire lintention de rester partir de limplication [Pittinsky &
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25
Shea 2004]. Ce chevauchement, dj not par Reichers [1985] et Thvenet [1992], peut par
exemple tre constat dans les tudes qui utilisent la dfinition et loutil de mesure de
limplication de R. Mowday et ses collgues (Organizational commitment questionnaire Mowday,
Porter & Steer 1979) pour essayer de prdire lintention de dpart [ex : Mowday & al. 1982 ;
Angle & Perry 1981]. Notons cependant que cette difficult concerne uniquement les travaux
dans lesquelles loutil de mesure de la variable indpendante incorpore la variable dpendante, ce
qui nest pas toujours le cas.
1.3 Les dterminants de lattitude dimplication au travail (affects ou comportements ?) Mme si limplication est gnralement envisage comme une attitude intgrant plusieurs
composantes, il faut noter que les auteurs ont commenc par explorer ces composantes
sparment : on peut, comme le fait J.P. Neveu , distinguer un courant transactionnel , mettant
laccent sur laspect calcul ou instrumental de la relation de travail , et un courant
relationnel , mettant laccent sur laspect affectif de cette relation [Neveu 2002, p.27].
Les approches affectives de limplication traitent par exemple de ladhsion aux buts et aux
valeurs de lorganisation ou de la profession [ex : Mowday & al. 1982 ; Aryana & al. 1981 ] ou
de lidentification psychologique de lindividu son travail [ex : Lohdal & Kejner 1965]. Les
approches instrumentales se basent par exemple sur un arbitrage entre les bnfices lis la
participation une organisation ou une profession et les cots lis labandon de cette
organisation ou cette profession [ex : Becker 1960 ; Alutto & al. - 1973].
Ces deux approches font rfrence des cadres thoriques diffrents, mais ne sont pas forcment
antagonistes : il est possible de les articuler, en suivant lapproche propose par Salancik [1977],
rsume par Commeiras [1994 p. 67].
Salancik propose de diffrencier limplication attitudinale, perue comme une identification aux
buts et aux valeurs de lorganisation et limplication comportementale, envisage comme rsultant
des investissements engags par le salari vis--vis de lobjet dimplication (lorganisation, dans ce
cas). On voit donc dans un cas que limplication correspond un attachement psychologique de
lindividu lobjet dimplication (dimension affective de lattitude) et dans le second cas que cette
implication est gnre par un jugement port sur les comportements passs de lindividu
(dimension cognitive, rsultant dun calcul et dun jugement). Cette typologie bi-dimensionnelle,
qui se retrouve sous des formes diffrentes chez un certain nombre dauteurs [ex : Thvenet
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1992 ; Allen & Meyer 1984]9 va tre brivement prsente, avant denvisager la manire dont les
deux perspectives sont articules.
1.3.1 Limplication attitudinale (affective) Selon cette approche, un individu impliqu sidentifie aux buts et aux valeurs de lentit
dimplication (ex : son organisation, sa profession ou son syndicat). Ce type dimplication a t
largement tudi vis--vis de lorganisation sous des dnominations diverses : outre lexpression
dimplication attitudinale [Staw& al. 1977], on trouve galement la notion dimplication
organisationnelle affective [Meyer & Allen 1991] , implication organisationnelle [Mowday & al -
1982] , ou encore implication par internalisation [OReilly & Chatman 1986]. Les approches
multidimensionnelles de limplication que nous dvelopperons au paragraphe suivant comportent
toutes une dimension affective, qui sera aborde alors de manire plus dtaille.
1.3.2 Limplication comportementale (calcule) Ltude de la dimension comportementale de limplication doit beaucoup H. Becker [1960], qui
a dvelopp le concept, largement repris, de side-bets : il sagit dinvestissements
comportementaux particuliers raliss par un individu dans une organisation (ex : niveau
hirarchique atteint, comptences acquises, construction dun rseau relationnel), qui peuvent
tre perdus car non transfrables, partir du moment o il quitte cette organisation.
De manire gnrale, plus ces investissements irrcuprables , qui correspondent la notion de
side-bets 10. ont t importants vis--vis dune entit professionnelle (organisation, profession,
syndicat), plus les cots engendrs par labandon de cette entit seront importants. Le salari
peut donc juger quil est dans son intrt de poursuivre sa relation avec lentit considre et
dvelopper une implication particulire : limplication continuer ( continuance commitment ;
Kanter 1968). Cette implication continuer peut tre comprise, comme le fait J.P. Neveu
[1993- p.108], dans le cadre de la thorie de la dissonance cognitive [Festinger 1957 ; Poitou -
1974] : lindividu bloqu dans son entreprise par ses investissements passs peut se retrouver
en situation de dissonance cognitive sil souhaite par exemple quitter lorganisation, mais que
cette dcision lui apparat trop coteuse : il va alors tenter dviter de se retrouver en
contradiction avec lui-mme, en rduisant cette dissonance cognitive. Adopter une attitude
positive envers lorganisation et/ou simpliquer dans cette organisation va lui permettre de
9 Pour les points commun et les diffrences au sein de ces diffrentes typologie, voir Commeiras [1994 - p 67 et
suivantes] 10
J.P. Neveu propose le terme de gages concurrents pour traduire la notion de side bets . Il est galement possible dutiliser la notion conomique de cots irrecouvrables (sunk costs), qui reprsentent les investissements non rcuprables raliss par les individus ou les firmes pour accder un march. La prise en compte de tels cots au niveau du capital humain de lindividu constitue un frein sa mobilit, ce qui correspond tout fait la notion de side bets propose par H. Becker.
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maximiser les aspects positifs issus de ses comportements passs (exprience, expertise,
rmunration) et minimiser les aspects ngatifs (la sensation dtre enferm dans son
organisation).
On peut noter, en accord avec Commeiras [1994 p 67] que cette implication continuer, si elle
relve dun jugement et dun calcul, correspond une notion plus prcise quun simple calcul
cot/avantage, tel quil apparat par exemple dans la conception de limplication calcule
dveloppe par Alutto & al. [1973]11, ou plus gnralement dans les approches transactionnelles
fondes sur lchange rciproque [Homans 1960] ou la dcision de participer en fonction des
avantages perus [March & Simon- 1958].
On peut aussi remarquer que limplication continuer apparat moins positive que
limplication affective : lindividu simplique parce quil sy sent oblig, et non parce quil le dsire.
Plusieurs recherches ont utilis la notion dimplication continuer pour montrer que certains
individus pouvaient se retrouver prisonniers de leurs investissements passs au point dadopter
des conduites apparemment irrationnelles : il sagit des cas dimplication-surenchre12 dans
lesquels des salaris en viennent adopter des comportements contraires leurs intrts, par
souci de cohrence [ex : Staw 1976 ; Bockner & al. 1981 ; Keil 1995 ; Biyalogorsky & al.
2006 ]. Une tude exprimentale fondatrice de Staw [1976] montre par exemple que des salaris
placs en position de dcideurs avaient tendance poursuivre une ligne de conduite
prcdemment choisie (en loccurrence lallocation de ressources un projet industriel) malgr
lchec de cette stratgie.
Des travaux rcents [Herrbach 2005] confirment par ailleurs que limplication calcule est plus
souvent accompagne dtats affectifs ngatifs, et que limplication affective saccompagne plus
souvent dtats affectifs positifs.
1.3.3. Larticulation des deux approches (schma en boucle) Les deux approches prsentes ci-dessus ne sont pas forcment exclusives : nous verrons plus
loin que la majorit des travaux actuels considrent que limplication peut simultanment
prsenter une dimension comportementale et attitudinale. Staw & Salancik [1977] proposent une
vision dynamique, en considrant quil existe un cycle attitude/comportement dans le processus
dimplication : par exemple, un salari impliqu dans son organisation va avoir tendance adopter
des comportements lui permettant de demeurer dans cette organisation, lesquels comportements
11 Alutto et ses collgues mesurent le degr dimplication calcule par la propension de lindividu quitter son
organisation ou sa profession si on lui propose de meilleures conditions (salaire, responsabilits) dans une autre organisation ou profession. 12
voir Neveu 1993 p. 110 pour une prsentation dtaille
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28
vont lui permettre, le cas chant, daccumuler des expriences de travail positives qui viendront
renforcer son attitude initiale vis--vis de lorganisation.
Les ouvrages de synthse de Mowday & al. [1982] et de Meyer & Allen [1997] prsentent
galement une vision cyclique : les comportements passs peuvent ainsi apparatre comme un
antcdent de lattitude dimplication. On peut finalement intgrer les deux approches distingues
par Staw et Salancik, et reprsenter le processus attitude/comportement par le schma suivant :
Figure 2 Implication attitudinale et comportementale
Implication attitudinale Comportements
traduisant limplication
Expriences de travailpositives
Investissements irrcuprables( side-bets )
Implication comportementale
Implication attitudinale Comportements
traduisant limplication
Expriences de travailpositives
Investissements irrcuprables( side-bets )
Implication comportementale
2. Limplication : une attitude multiforme Comme nous venons de le voir, limplication est de plus en plus envisage en GRH comme un
concept multidimensionnel, appartenant au domaine gnral des attitudes, telles quelles sont
envisages en psychologie sociale.
On peut identifier dans la littrature deux approches de cette multidimensionnalit : une
conception interne , dans laquelle limplication est considre comme une attitude dont la
nature est multidimensionnelle (comportant le plus souvent au moins une dimension affective et
une dimension cognitive/calcule), et une conception externe , dans laquelle limplication au
travail est considre comme une attitude dont les objets ou cibles sont multiples (organisation
emploi, mtier.). Ces deux approches de la multiplicit sont parfois combines chez certains
auteurs [ex : Meyer & Allen 1997, p.21 ; Meyer & Herscovitch 2001], pour aboutir une
vision intgrative dune relative complexit. Nous allons envisager successivement ces deux
conceptions de la multidimensionnalit, en abordant les principales reprsentations de
limplication en GRH.
Les approches que nous allons prsenter dans les dveloppements venir sappuient en gnral
sur lexemple de limplication organisationnelle. La transposition des conclusions tires de ltude
de limplication organisationnelle vers les autres objets appartenant la sphre professionnelle
des individus (mtier, travail, syndicat ) a t ralise par plusieurs auteurs (ex : Meyer & Allen
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29
1993 pour limplication dans le mtier ; Kelloway & al. 1992 pour limplication syndicale).
Cette transposition soulve quelques questions qui seront abordes la fin du prsent chapitre.
2.1 La multiplicit des formes dimplication (multidimensionnalit interne ) La plupart des auteurs proposent aujourdhui denvisager limplication comme un construit
comportant plusieurs dimensions. Ces dimensions sont variables, mais on retrouve une
articulation commune dans la plupart des tudes entre un ple affectif et un ple instrumental
ou calcul , ainsi que nous lavons envisag au paragraphe prcdent. Une troisime dimension
est parfois ajoute, qui diffre selon les auteurs.
Cette multidimensionnalit na pas toujours t la rgle : plusieurs travaux fondateurs dans le
domaine de limplication se sont intresss une dimension spcifique. On emploie souvent le
terme dapproches unidimensionnelles pour qualifier les travaux de Porter & al. (implication
affective - 1979) , Alutto & al. (implication calcule - 1973 ), Wiener & Vardi (implication
normative - 1982). Ces approches sont qualifies dunidimensionnelles car elles mettent
simplement laccent sur une dimension particulire et non exclusive de limplication : elles ne
remettent pas, selon nous, en cause lide selon laquelle limplication prsente plusieurs
dimensions.
2.1.1 Recensement des conceptualisations multidimensionnelles Le tableau suivant prsente les principales conceptualisations multidimensionnelles portant sur la
nature de limplication. On pourra remarquer que ces typologies portent quasiment toutes sur
limplication organisationnelle ( lexception de Cohen 1993 et Meyer & al 2001), et que les
conceptualisations les plus rcentes et les plus utilises (ex : Meyer & Allen 1991 ; OReilly &
Chatman 1986) sont directement issues de propositions thoriques plus anciennes, mais qui
nont pas toujours t testes empiriquement.
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Tableau 1 : les conceptions multidimensionnelles de limplication
AUTEURS TYPOLOGIE DEFINITIONS A. Etzioni (1961) repris par Penley & Gould (1988) 3 dimensions
- Implication morale (moral involvement) - Implication calcule (calculative involvement) - Implication alinante (alinative involvement)
- acceptation et identification avec les buts de lorganisation - implication base sur lvaluation des rcompenses reues par rapport aux contributions effectues - attachement contraint, provoqu par des pressions de lenvironnement
Kelman (1958) repris par OReilly & Chatman (1986) 3 dimensions
- Implication par soumission ou implication instrumentale (compliance) - Implication par Internalisation (internalisation) - Implication par identification (identification)
- implication instrumentale, lie aux rcompenses reues - implication lies la congruence entre les valeurs de lorganisation et de lindividu - attachement fond sur le dsir de faire partie de lorganisation
Cohen (1993) daprs Oreilly & Chatman (1986)
- Identification - Affiliation - Implication morale (moral involvement)
- adoption des buts et des valeurs de la cible dimplication - sentiment dappartenance vis--vis de la cible dimplication - sentiment de se sentir concern par la cible dimplication
Caldwell, OReilly & Chatman (1990 ; modle rvis) 2 dimensions
- Implication instrumentale - Implication normative
- limplication instrumentale correspond limplication par soumission (compliance) - limplication normative est fonde sur un partage des valeurs de lorganisation (combinaison dimplication par identification et internalisation)
R.M. Kanter (1968) 3 dimensions
- Implication continuer (continuance commitment) - Implication de cohsion (cohesion commitment) - Implication contrle (control commitment)
- implication reposant sur des investissements et sacrifices personnels passs, qui empchent ou rendent trs coteuse la dcision de quitter lorganisation - implication reposant sur les relations sociales et lattachement port au groupe - Implication fonde sur ladoption des normes propres de lorganisation par les individus
Meyer & Allen (1991) 3 dimensions
- Implication affective (affective commitment) - Implication continuer (continuance commitment) - Implication normative (normative commitment)
- attachement motionnel, identification en engagement dans lorganisation - Implication fondes sur la prise de conscience des cots associs au dpart de lorganisation - sentiment de devoir moral vis--vis de lorganisation
Meyer & Herscovich (2001) 3 dimensions
- Implication fonde sur le dsir - Implication fonde sur les cots perus - Implication fonde sur lobligation perue
Modle gnral de limplication, gnralisant lapproche tri-dimensionnelle de limplication organisationnelle tous les objets dimplication (voir plus loin)
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Mc Gee & Ford (1997) 4 dimensions
- Implication affective - Implication continuer (sacrifices consentis) - Implication continuer (manque dalternatives) - Implication normative
Mc Gee & Ford ont mis en vidence deux composantes diffrentes dans limplication continuer : une composante lie aux investissements consentis (side-bets) et une composante lie au manque dalternatives perues
Jaros & al. (1993) 3 dimensions
- Implication affective (affective commitment) - Implication continuer (continuance commitment) - Implication morale (moral commitment)
- degr dattachement psychologique de lindividu envers son organisation, fond sur des sentiments tels que la loyaut ou laffection, - sentiment dtre enferm dans une organisation en raison des cots associs au dpart - degr dattachement psychologique fond sur linternalisation des buts et valeurs
Angle & Perry13 (1981) 2 dimensions
- Implication-valeur (value commitment) - Implication rester (commitment to stay)
- implication fonde sur le partage des buts de lorganisation - volont de demeurer membre de lorganisation
Mayer & Schoorman (1992) 2 dimensions
-Implication -valeur (value commitment) - Implication continuer (continance commitment)
- Croyance et acceptation des buts de lorganisation + volont dexercer des efforts pour contribuer au succs de lorganisation - Dsir de demeurer membre de lorganisation
On remarque que toutes les typologies prsentes isolent au moins deux dimensions dans
limplication : lune dentre elles reposant sur laffect (dsir de participer, identification
psychologique, loyaut.) et lautre sur les rsultats dun calcul (calcul des
contributions/rtribution, calcul des cots lis au dpart). On retrouve bien la typologie de Staw
& Salancik [1977] prsente plus haut.
2.1.2. : La gnralisation de lapproche tri-dimensionnelle de J.P.Meyer & N. Allen La conceptualisation tri-dimensionnelle de limplication dfendue par John Meyer & Natalie
Allen sest progressivement impose et tend se gnraliser aujourdhui. En rsum,
limplication y est envisage comme tat desprit (psychological state) comportant une dimension
affective (sentiment de dsir), une dimension calcule (sentiment de ncessit) et une dimension
normative (sentiment de devoir moral).
Les chelles de mesure mises au point par N. Allen & J. Meyer pour mesurer les trois dimensions
de limplication sont trs majoritairement choisies par les chercheurs actuels travaillant dans le
domaine : une mta analyse rcente publie en 2002 recensait par exemple 155 chantillons
13 La typologie propose par Angle & Perry, est le rsultat dune analyse factorielle du questionnaire de mesure
de limplication de Porter & al. (OCQ : organizational commitment questionnaire) : cet outil de mesure tait en principe cens mesurer la seule dimension affective de limplication organisationnelle ; or, les analyses font apparatre une structure bi-factorielle, refltant une dimension affective et une dimension calcule (mesure par lintention de rester membre de lorganisation).
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reprsentant plus de 50.000 employs [Meyer, Stanley, Herscovitch & Topolnytsky 2002], dans
lesquels limplication tait mesure de manire tri-dimensionnelle.
Cette approche semble stre impose en raison de sa cohrence et de la fiabilit des instruments
de mesure associs. Il semble galement que les conceptualisations concurrentes prsentent
certaines limites [voir par exemple Commeiras 1994], que nous allons envisager rapidement :
- Lapproche tri-dimensionnelle propose par Oreilly & Chatman [1986] est celle qui a suscit le
plus de travaux [ex : Caldwell & al. 1990 ; Orpen -1993 ; Vandenberg & al. 1994 ]. Elle pose
des problmes de validation en raison de la trop forte corrlation entre les dimensions
dinternalisation et didentification. On peut noter que les auteurs ont eux-mmes pris en compte
cette difficult en agrgeant ces deux dimensions dans une dimension normative , dans un
modle rvis de limplication [Caldwell, OReilly & Chatman 1990]. Meyer & al. [2001]
remarquent par ailleurs que la dimension instrumentale (compliance commitment) corrle
positivement avec le turnover, ce qui apparat contradictoire avec la dfinition mme de
limplication organisationnelle comme volont de poursuivre la relation avec lorganisation.
En ce qui concerne la conceptualisation tri-dimensionnelle de Penley & Gould [1988], un
problme se pose avec la dimension alinante de limplication. Les auteurs dfinissent
limplication alinante comme un attachement affectif lorganisation, ce qui parat pour le moins
paradoxal et redondant avec la dimension affective [voir Commeiras 1994 p. 93]. Par ailleurs,
leur outil de mesure na pas t suffisamment test pour pouvoir se prononcer sur sa validit.
2.2 La multiplicit des objets de limplication La grande majorit des approches thoriques multidimensionnelles que nous venons denvisager
portent sur un objet particulier dimplication : lorganisation. Cette focalisation est parfaitement
comprhensible dans une perspective de gestion des ressources humaines : limplication apparat
en effet comme un dterminant plus ou moins direct de comportements organisationnels dont
les impacts positifs (effort, comportements citoyens) ou ngatifs (turnover, absentisme) sont
indiscutables.
Il semble tout de mme rducteur de considrer que limplication au travail ne puisse concerner
que cette dimension. Cest pourquoi une autre vision de la multidimensionnalit
(multidimensionnalit des cibles ou objets) sest progressivement dveloppe suite larticle de
synthse fondateur de P. Morrow publi en 198314 Lauteur y recense les diffrentes approches
de limplication professionnelle disponibles dans la littrature, ce qui lamne constater une
14 Concept redundancy in organizational theory : the case of work commitment.(1983)- Academy of management review 8(3).
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grande variabilit dans les objets (et les dfinitions) de limplication. Aprs avoir isol plus de 30
formes dimplications diffrentes, elle propose une taxonomie, encore largement utilise
aujourdhui, des diffrentes cibles dimplication (focus of commitment). Cette taxonomie regroupe
les diffrents construits relevs dans la littrature en 5 grandes catgories :
Tableau 2 : Les cibles universelles dimplication [ daprs Morrow 1983]
CIBLES CONSTRUITS ASSOCIES (EXEMPLES) Valeurs du travail (value focus)
- Ethique protestante du travail [Mirrel & Garrett 1971] - Implication dans le travail [Kanungo 1982]
Carrire (career focus)
- Implication dans la carrire [Greenhaus 1971] - Implication dans la profession [Aranya & al. 1981]
Travail / emploi (job focus)
- Implication dans lemploi [Farrell & Rusbult 1981] - Engagement dans le travail [Lohdal & Kejner 1965]
Organisation (organization focus)
- Implication organisationnelle [Porter & al 1974] - Implication calcule [Alutto & al. 1973]
Syndicat (union focus) - Implication syndicale [Gordon & al. 1980]
Les recherches se sont dveloppes depuis [ex : Blau 1993 ; Randall & Cote 1991], et un
recensement exhaustif des diffrentes cibles de limplication au travail a t ralis une seconde
fois par Paula Morrow dans un ouvrage de synthse [Morrow - 1993]. Des travaux plus rcents
mens respectivement par Lapalme & Doucet [2004], et Copper Hakim & Viniswaran [2005] ont
tent de reprer de nouvelles cibles dans des revues de littrature portant respectivement sur les
annes 1998-2002 et sur les annes antrieures 2003. Nous avons complt ces revues en
explorant la littrature depuis 2002, afin de reprer dventuels dveloppements nouveaux sur le
sujet.
Le tableau suivant rsume toutes les facettes dimplication au travail, regroupes daprs les
grands domaines identifis par Morrow [1983], savoir la valeur-travail, la profession,
lorganisation et lemploi, en y ajoutant limplication dans des lignes de conduite spcifiques
(selon la classification de Meyer & Herscovitch 2001).
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Tableau 3 : Synthses des diffrents objets de limplication relevs dans les tudes
empiriques
CIBLE / DOMAINE/OBJET DIMPLICATION
AUTEURS
Approbation de lthique protestante au travail (Protestant work ethic endorsement)
Mirrel & Garret - 1971
Ethique du travail (Work ethic) Buchholz 1976 Blau & Ryan. 1997
Valeur-travail (Work values) Blau & al. 1993 Work involvement (implication dans le travail) Kanungo 1982 Implication dans la valeur-travail Thvenet 2002 Implication dans le salariat (Employment commitment) Jackson & al. 1983 Importance du travail dans la vie (Work centrality) Paullay & al. 1994
Le travail comme domaine dintrt central dans la vie (work as central life interest)
Dubin 1956
Implication dans les valeurs du travail
Implication non financire dans le travail (non financial commitment to work / Lottery question15 )
Morse & Weiss - 1955
Implication dans un secteur dactivit Implication dans le secteur public de la sant Implication dans la communaut europenne Implication dans le service public
Thvenet 2002 Baruch & al. 2002 Vanderbergh & al. 2001 Perry 1996
Importance accorde la carrire (career salience) Greenhaus 1971 Engagement dans la carrire (career involvement) Gould 1979 Implication dans la carrire (career commitment) Blau 1985
Colarelli & Bishop - 1990 Professionalisme Hall 1968 Implication dans le mtier (occupational commitment) Meyer & al. 1993
Blau & al 1993 Implication calcule dans le mtier (Occupational entrenchment) Carson & Bedeian - 1995
Implication professionnelle
Implication professionnelle (professional commitment) Aranya & al. 1981
Engagement dans lemploi (job involvement) Lohdal & Kejner 1965 Kanungo 1982 Paullay & al. 1994
Implication dans lemploi (Job commitment) Farrell & Rusbult 1981
Implication dans lemploi
Implication dans la tche (Task involvement) Godard 2001
Implication organisationnelle calcule (calculative organizational commitment)
Hrebiniak & Alutto 1972
Implication organisationnelle attitudinale (attitudinal organizational commitment)
Porter & al. 1976
Implication organisationnelle multidimensionnelle (voir tableau 1)
Meyer & Allen 1991 OReilly & al. 1986 Penley & Gould - 1988
Implication dans lenvironnement immdiat de travail Thvenet 2002 Implication dans le groupe (group commitment) Zaccaro & Dobbins 1989
Randall & Cote 1991 Implication dans lquipe de travail (team commitment) Bishop & al. 2000 Implication envers le superviseur (supervisor commitment) Boschoff & al. 2000 Implication envers le suprieur (top manager commitment) Reichers 1985 Implication envers les subordonns (Subordinate commitment) Atwater & al. 2002
Implication dans lorganisation et ses constituants
Implication envers les consommateurs (Customer commitment) Reichers 1985
15 Les rpondants sont interrogs sur leur dcision de continuer ou non travailler en cas de gain financier
important et inattendu
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Implication envers le client (client commitment) Coyle-Shapiro & Morrow - 2006
Implication organisationnelle externe (external organizational commitment)
Mc Elroy & al. 2001
Implication dans lorganisation et ses constituants Implication envers les collgues de travail (co-workers
commitment) Reichers 1985
Implication syndicale quatre dimensions (loyaut ; responsabilit ; volont de travailler pour le syndicat ; croyance dans le syndicalisme)
Gordon & al. - 1980
Implication syndicale deux dimensions (attitude envers le syndicat et intentions de comportement)
Friedman & Harvey - 1986
Implication syndicale trois dimensions (loyaut, responsabilit, volont de travailler pour le syndicat)
Kelloway & al. - 1992
Implication syndicale deux dimensions (implication affective et implication instrumentale)
Sverke & Sjoberg 1995
Implication syndicale
Implication duale (syndicale et organisationnelle) Angle & Perry 1986 Implication dans le changement organisationnel (Commitment to organizational change)
Herscovich & al. 2002
Implication envers un but spcifique (Goal commitment) Locke 1988
Implication dans des lignes de conduite prcises lies au travail
Implication envers la stratgie de lentreprise Weissben & al. 2003
Cette multiplicit des facettes dimplication parat premire vue problmatique et parfois
redondante, mais elle peut cependant tre rduite : si lon regroupe les objets dimplication
voisins pour obtenir des domaines universels selon lexpression de P. Morrow [1983], c'est--
dire applicable la majorit des salaris, quelles que soient leur profession et les conditions
dexercice de leur travail.
Ce regroupement des objets les plus significatifs et les plus fdrateurs de limplication
professionnelle amne la conceptualisation de la notion dimplication globale au travail (work
commitment), qui constitue notre objet de recherche et sera dtaille dans la section suivante. Nous
allons envisager rapidement ces objets universels de limplication au travail
2.2.1 Limplication dans la valeur-travail Limplication dans le travail en tant que tel consiste considrer le fait de travailler comme
valorisant, utile et ncessaire. Le travail est ici considr comme une activit indpendante du
contexte professionnel, du mtier ou de lorganisation [Thvenet 2004 , p 91]. Les personnes
impliques dans le travail considrent celui-ci comme une aspect important de leur vie, au mme
titre par exemple que la famille : limplication dans la valeur-travail correspond donc une
attitude gnrale vis--vis du travail en tant quactivit et centre dintrt.
Il nexiste pas de vrai consensus dans la littrature sur cet objet dimplication, qui a t
conceptualis de diffrentes manires. On peut schmatiquement isoler deux types dapproches.
La premire approche de type affectif est lie lide de centralit du travail [work as central life
interest : Dubin 1956 ; work centrality : Paullay & al. 1994]. Un individu impliqu dans le travail
en tant que tel reconnat que celui-ci occupe une place minente, par rapport aux autres lieux
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dexprience sociale et