Fill-in Magazine #3

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1 Magazine Photo N°3 - juillet 2011

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Fill-in Magazine #3 : Magazine Photo Au sommaire P.03 : Reportage : Burning with the man P.26 : Exposez-vous : Maria Letizia Piantoni P.38 : Exposition : Génération de l’air P.40 : Exposez-vous : Benjamin Engelbeens P.54 : Photographe Canadien : Maxyme G Delisle’s P.62 : Coups de coeur P.64 : Les photos des lecteurs

Transcript of Fill-in Magazine #3

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Magazine Photo N°3 - juillet 2011

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Nous voici déjà en août

et c’est donc avec un

peu de retard que sort ce

troisième numéro ! Nous

espérons malgré tout qu’il vous accompagnera pendant

vos vacances pour une petite lecture au soleil, les doigts

de pieds en éventail.

Pour ce troisième numéro, nous effectuons un retour en

arrière sur notre tout premier reportage datant de 2008.

Nous nous étions rendus à Black Rock City aux États-Unis

pour participer au Burning Man et témoigner de ce festival

loufoque qui embrase le désert du Nevada chaque année

à la fin du mois d’août. Il nous semblait tout à fait logique

d’y revenir en cette période estivale, en espérant donner

quelques idées à ceux qui ne savent pas encore où passer

leurs vacances.

Au programme également, deux «exposez-vous» :

Maria Letizia Piantoni avec sa très belle série «Stanze»,

et Benjamin Engelbeens avec «Home Sweet Home».

Une invitation à vous rendre à la MEP pour l’exposition

«Génération de l’air», et la découverte du photographe

canadien Maxyme G.Delisle’s...

Sachez enfin que vous retrouverez désormais l’ensemble

des articles sur fill-in.fr dans les semaines qui suivront la

publication du magazine.

Bonne lecture !

L’équipe Fill-in

édito

sommaireP.03 : Reportage : Burning with the manP.26 : Exposez-vous : Maria Letizia PiantoniP.38 : Exposition : Génération de l’airP.40 : Exposez-vous : Benjamin EngelbeensP.54 : Photographe Canadien : Maxyme G Delisle’sP.62 : Coups de coeurP.64 : Les photos des lecteurs

Sur la Playa, Black Rock City, Nevada - Jeremy Barré

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BURNINGREPORTAGE

WITH THE MANBLACK ROCK CITY, NEVADA

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«Mutant Vehicule» - Jeremy Barré

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Chaque année depuis 25 ans, durant la dernière semaine d’août, se déroule aux États-Unis, l’un des événements

les plus originaux et loufoques de la planète : Le Burning Man. En 2008, nous nous étions rendus sur place pour participer à cette expérience pour le moins… extraordinaire. En cet été 2011 nous publions à nouveau ce tout premier reportage Fill-in pour ceux qui chercheraient encore la meilleure idée de voyage pour ce mois d’août !

Black Rock City : Une ville qui renaît et qui meurt chaque

année en une semaine dans l’un des déserts les plus arides

des États-Unis, au nord est de Reno dans le Nevada. 40

°C le jour, jusqu’à -10°C la nuit, une poussière alcaline si

fine qu’elle s’introduit absolument partout en quelques

minutes et assèche la peau avec une efficacité redoutable.

Des tempêtes de sable aussi violentes que soudaines, 60

000 personnes venues du monde entier, et au milieu,

le «Man», dieu païen dressé au centre de la cité, fier,

majestueux. L’ambiance est posée…

Tout commence en 1986, lorsque Larry Harvey initie

la crémation festive du « Man » sur une plage de la baie

de San Francisco. L’événement rassemble au début

quelques amis, mais rapidement le nombre de participants

augmente. Dans les années 1990, pour faire face à

ce succès, l’événement est déplacé dans le désert de

Black rock, Nevada. A ses origines, le festival accueillait

essentiellement des américains habitant la baie, mais

aujourd’hui, des burners du monde entier se retrouvent,

chaque année plus nombreux, pour y participer durant la

dernière semaine d’août.

L’arrivée sur place se fait par Gerlach, passage obligé et

dernière étape « civilisée » avant d’entrer dans l’inconnu.

Situé à deux heures de route au nord de Reno, ce petit

village indien de 400 habitants, perdu bien loin de tout,

vit en partie au rythme de l’évènement puisque sur une

semaine de festival, les quelques commerçants du village

réalisent jusqu’à 30% de leurs ventes annuelles.

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Dernières retouches sur une installation artistique - Jeremy Barré

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«Human Bomb» - Jeremy Barré

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A la fin du festival, une partie des matériaux récupérés

est cédée à la communauté pour la construction

d’infrastructures. L’avenir de ce village s’est

malheureusement assombri en février 2011 lorsque la

mine de gypse qui employait une centaine de personnes

a mis la clé sous la porte, provoquant un début d’exode de

la population.

Le premier soir du festival, sur la route, des centaines

de véhicules convergent vers l’entrée du désert, créant

une file continue sur plusieurs kilomètres… Trois longues

heures d’attente sont généralement nécessaires avant

d’entrer enfin dans Black Rock City, et participer au

rituel obligatoire pour tout « virgin burner » (littéralement

« Burner Vierge »): se rouler dans la poussière et sonner la

cloche pour enfin devenir un Burner, un vrai !L’orientation,

dans la ville est facilitée par la présence d’un quadrillage

de rues rappelant les villes américaines. Trouver son camp

est donc relativement simple malgré la fatigue d’une très

grosse journée de route et la poussière soulevée par les

véhicule.

De tous, le premier matin est de loin le plus étrange. Il

est 7 heures, les premiers rayons du soleil font grimper

la température en quelques minutes, rendant la tente

insupportable. Dehors, la ville est déjà en ébullition, des

musiciens jouent au loin, les cyclistes, déguisés, parfois

nus, font leurs premiers repérages de la ville, certains

goûtent déjà aux joies de la circulation en véhicules

mutants. D’autres, ébahis, regardent le spectacle qui les

entoure avec des yeux d’enfants. Une seule envie alors :

quitter le camp et partir à la découverte de ce nouveau

monde, vite, très vite !

« Dehors, la ville est déjà en ébullition, des musiciens jouent au loin, les cyclistes, déguisés, parfois nus, font leurs premiers repérages de la ville, certains goûtent déjà aux joies de la circulation en véhicules mutants. »

Minigolf - Jeremy Barré

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Danseurs devant le temple - Jeremy Barré

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Tellement vite d’ailleurs qu’on en oublie les protections

indispensables dans le désert, lunettes de protection et

foulard pour protéger le nez et la bouche… La punition est

aussi rapide que vicieuse… une tempête de sable à ne plus

voir devant soi au-delà d’un mètre, à rendre la respiration

laborieuse, douloureuse aussi. Une correction sévère qui

laissera des traces sur le corps et le matériel photo pour le

reste de la semaine. Nous voilà prévenus.

Dans ces conditions, la circulation dans la ville est rendue

très difficile. Les choses simples comme boire ou manger

deviennent vite un casse tête si l’on ne veut pas ingurgiter

trop de poussière. Beaucoup se réfugient au Center

Camp, havre de paix au centre de la cité où artistes et

conférenciers en tous genres se relaient jour et nuit. C’est

ici que les Burners viennent chercher calme et repos. C’est

ici aussi que sont vendus les seuls biens payants à Black

Rock City : Limonade, café, mocha…

Dehors, la tempête fera rage pendant des heures, fatigante,

éprouvante, décourageante parfois… mais lorsque le soleil

disparaît derrière les montagnes du Nevada, le calme

revient sur la playa* ; la poussière retombe, le vent se fait

de plus en plus discret, la cité peut vibrer à nouveau…

Les jours suivants, le temps sera heureusement bien plus

clément. Aucune tempête, des températures « raisonnables

» et surtout, les organismes commenceront à s’adapter à

cet endroit inhospitalier. Le temps de la découverte est

alors venu.

Les jours sont faits de promenades dans la cité, au rythme

des concerts, des pauses bars et barbecues, des installations

artistiques, des conférences et autres Workshop en tous

genres (politique, sexe, arts…). Ici, pas de contraintes,

aucune règle régissant nos vies à l’extérieur n’est valable,

à l’exceptions des simples règles de bon sens et de savoir

vivre. Une idée : partager et surtout participer… Black

Rock City est sans doute le seul endroit sur terre ou vous

pourrez côtoyer le PDG de Google tout aussi facilement

que le clochard de San Francisco, ayant économisé toute

l’année pour se payer son entrée. Ici, on repart à zéro, les

personnalités se révèlent, se désinhibent… si bien que la

vie de certains s’en voit totalement bouleversée. Il parait

qu’on ne ressort pas tout à fait le même de Black Rock City.

Lorsque la nuit tombe sur le désert, les Lamplighters font

leur apparition sous les acclamations des Burners. Leur

rôle : éclairer la cité pour que la vie continue.

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Installation artistique sur la Playa - Jeremy Barré

« Dehors, la tempête fera rage pendant des heures, fatigante, éprouvante, décourageante parfois… mais lorsque le soleil disparaît derrière les montagnes du Nevada, le calme revient sur la playa* ; la poussière retombe, le vent se fait de plus en plus discret, la cité peut vibrer à nouveau…»

*Playa : nom donné par les Burners à l’étendue de sable qui accueille le festival

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Sailing on the Playa - Jeremy Barré

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Autel au centre du temple - Jeremy Barré

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Leur marche est lente et précise ; elle se fait dans un silence

religieux que seules les percussions du meneur viennent

perturber. Les Lifters accomplissent leur balai, libèrent les

porteurs de leurs lampes, puis les hissent au sommet des

lampadaires en bois installés le long des axes principaux.

C’est le temple qui sera éclairé en dernier : lieu de

recueillement à la porte du désert, fait de bois et de

matériaux de récupération qui s’entrechoquent, se frottent,

offrant au lieu une atmosphère irréelle. Les Burners

viennent ici pleurer leurs proches disparus, laissent un

simple mot, gravent un message dans le bois, ou laissent

une offrande sur l’un des nombreux autels… Ici, une

personne a laissé un carton rempli de boites d’allumettes.

Au dessus, un panneau explique que cette impressionnante

collection appartenait à son père, disparu il y a peu, et

invitant les Burners à se servir et à en «  griller une ou

deux  en mémoire de son paternel.  » Dehors, une douce

voix s’élève : un chant magnifique, aérien, on jurerait

entendre un ange. Le lieu, l’ambiance, cette voix, tout est si

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« Le spectacle ne ressemble à rien de connu jusque là, comment le décrire ? Une grande fête post-apocalyptique peut être…»

beau, si apaisant... C’est non loin de là, au milieu du désert,

que nous assisterons au mariage d’un jeune vétéran

d’Irak blessé au combat et devenu le plus convaincant des

pacifistes, avec sa ravissante compagne, grande habituée

du festival, qui rêvait de fêter l’évènement ici, au pied

d’une fausse tour Eiffel dressée là par un artiste courageux.

Le reste de la nuit n’est que fête, musique et performances

artistiques. Les meilleurs DJ’s du moment remplissent les

nombreuses boites de nuit (simple dômes de toile montés

pour l’occasion) alors qu’à l’extérieur, les véhicules mutants

brillent de mille feux. Néons psychédéliques, lasers, et jets

de flammes éclairent la playa. Le spectacle ne ressemble à

rien de connu jusque là, comment le décrire ? Une grande

fête post-apocalyptique peut être…

La fête durera jusqu’au petit matin… ici, pas de pause,

pas de répit, à chaque instant, il se passe des millions de

choses. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, la cité

vie, gronde… La fin de la semaine approche, le Man sera

finalement brûlé lors de la dernière soirée qui marque

l’apothéose du festival. bientôt aussi, il faudra penser à

partir… quitter le désert de Black Rock pour retrouver la

vie qu’on a laissé à l’extérieur. Plus le recul est grand plus

l’expérience paraît sensationnelle et inoubliable.

Surpris ? Oui, à chaque instant !

Y retourner ? Oui, sans aucun doute

Un sentiment ? Une chose est sure : je ne suis pas ressorti

tout à fait le même de Black Rock City.

Jeremy Barré

Center Camp - Jeremy Barré

Retrouvez toutes les photos du reportage sur le site itwasadream.fr/photo

Plus d’informations sur l’évènement sur www.burningman.com

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Burner Patriote - Jeremy Barré

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Center Camp- Jeremy Barré

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«no brainer» - Jeremy Barré

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EXPOSEZ-VOUS !

Elle quitte le milieu de la photo en 1998 pour y revenir seulement dix ans plus tard avec sa série « Stanze »

(shortlist du prix HSBC 2010).

« Ce qui rend possible l’expérience, c’est la mémoire qui introduit le passé dans le présent et rassemble plusieurs moments du temps en une intuition unique, imprégnée à la fois de passé et de futur ».

MARIA LETIZIA PIANTONI

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stanza 12 - sud - barre 1 Maria Letizia Piantoni

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Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Actuellement, je suis une « jeune vieille » photographe.

Après les études aux Beaux Arts de Florence, j’ai

travaillé pendant trois ans à Paris auprès de l’Union

Latine, Organisation Intergouvernementale, avant de

me tourner vers la photographie.

Photographe de studio pendant une dizaine d’années,

j’ai cessé la photographie pendant une très longue

période, avant d’y revenir seulement en 2008.

Depuis quand pratiquez-vous la photographie ?

En réalité j’ai toujours photographié mentalement…

Bien avant d’avoir un appareil dans les mains.

Avez-vous une anecdote concernant vos débuts dans

la photo ?

Je me souviens juste d’une très belle rencontre avec

une créatrice que j’avais contactée pour «  faire mon

book » et qui est devenue ma première cliente.

Si vous deviez citer UN photographe qui vous inspire

particulièrement, qui serait-il ?

Georges Rousse, dont le travail me touche beaucoup.

Avec quel matériel travaillez-vous ?

Cela dépend. Je ne suis pas une grande technicienne,

mais selon le sujet et les possibilités j’aime travailler à la

chambre ou en 24x36. Moins souvent en moyen format.

Aujourd’hui je travaille beaucoup avec un Nikon

numérique : en vraie dinosaure, il m’a fallu du temps pour

l’apprécier, mais maintenant nous nous comprenons

bien.

Comment définiriez-vous votre travail ?

L’exploration émotionnelle de la mémoire me poursuit

depuis mes premiers pas en photos. Mémoire

d’architectures vides ou vidées, mémoires de villes

qui ne gardent du passage des hommes que des

traces fantomatiques, mémoire d’instants quotidiens

que l’on pense  insignifiant. Tout se joue sur cette

relation de présence et d’absence. Je fais de la photo

« documentaire » subjective. Retrouvez l’interviewde Maria Letizia Piantoni

sur : www.fill-in.fr

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« L’exploration émotionnelle de la mémoire me poursuit

depuis mes premiers pas en photos.

Mémoire d’architectures vides ou vidées,

mémoires de villes qui ne gardent

du passage des hommes que des traces fantomatiques, mémoire d’instants

quotidiens que l’on pense insignifiant ».

stanza 19 - 1 Çtage ouest - barre2 Maria Letizia Piantoni

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stanza 13 - 3 Çtage ouest - barre2 Maria Letizia Piantoni

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Nous aimons particulièrement votre série «STANZE».

Pouvez-vous nous raconter sa genèse?

J’ai commencé à suivre le travail de démolition de la

première barre d’une cité de l’Ile Marante, en banlieue

parisienne, au printemps 2007.

J’ai toujours été attirée par l’architecture et par les

jeux de lumière dans des volumes clos et, dans mon

parcours de photographe, après dix années en studio,

ce travail a été un véritable retour aux sources.

Toutes ces pièces, pareilles et différentes à chaque

fois, m’ont émue et attirée. Une pièce ….. Qui contenait

d’innombrables répliques d’elle-même…

J’y suis retournée une infinité de fois, par tous les

temps. J’ai suivi cette année la démolition du deuxième

bâtiment que j’avais vu encore habité.

Aujourd’hui ces deux barres n’existent plus mais

je continue ma recherche sur d’autres chantiers

et je retrouve souvent cet état d’apaisement et de

contemplation.

J’ai la chance de pouvoir prendre mon temps dans

ces lieux et j’y suis presque toujours seule pendant

plusieurs heures. Nous nous rencontrions avec les

ouvriers lors des temps de pose, pendant lesquels on

discute beaucoup, mais nous ne travaillions jamais au

même étage.

Pendant les premières phases de la démolition, les

changements sont graduels et on a tout le temps de

regarder. Mais il y a trop d’informations partout, trop

de gravats qui dénaturent les lignes simples des lieux.

C’est après la phase de désamiantage que les espaces

deviennent réellement poétiques à mes yeux. Quand

il ne reste presque plus rien, et pourtant … Un pense-

bête est resté accroché au mur, à côté d’un dessin

d’enfant… un mobile est encore au plafond d’une

chambre qui n’existe plus. Les murs de séparation ont

été abattus et les volumes acquièrent une toute autre

signification. Mais, dans cette phase de la démolition,

tout va très vite. De l’extérieur le bâtiment est

littéralement « dévoré » par grignotage. Des pièces se

retrouvent ouvertes sur l’extérieur et elles disparaissent

en quelques heures. Des couloirs éventrés, on est déjà

dehors. « Mais, dans cette phase

de la démolition, tout va très vite.

De l’extérieur le bâtiment est

littéralement

« dévoré » par grignotage.

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Des pièces se retrouvent ouvertes sur

l’extérieur et elles disparaissent en

quelques heures.

Des couloirs éventrés,

on est déjà dehors. »

stanza 17 - couloir sud - barre1 Maria Letizia Piantoni

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« Quand une porte s’ouvre « vers quelqu’un », c’est un moment d’intimité

partagé et de plaisir dans cette « confiance » de l’échange.

Mais, les moments de solitude et de contemplation me procurent un plaisir

immense et me permettent de me retrouver. »

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Si vous deviez choisir un seul de vos clichés, lequel

serait-il ?

Une des images que je préfère est la « Stanza n°2 ». On

m’a souvent conseillé de l’enlever de la série ….. Parce

qu’il y a « trop de vide ». C’est exactement « ce vide »

qui m’attire.

Cette série a eu un beau succès, vous avez gagné des

prix? Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect de

la photographie, ses concours, ses prix?

En fait, quand j’ai décidé en 2008, de reprendre mon

travail de photographe, j’ai travaillé à cette série

personnelle en parallèle à un travail de commande sur

le même chantier.

La série Stanze est volontairement « obsessionnelle »,

toujours frontale, toujours dans un rapport d’extérieur/

intérieur. Je n’avais jamais participé à des concours

auparavant, et j’ai voulu montrer ce travail qui avait

réveillé en moi une infinité de choses.

Etre dans la sélection HSBC, puis recevoir le prix Roger

Thérond ont été pour moi de véritables déclencheurs.

C’est important de participer. On apprend beaucoup  ;

sur son propre travail et sur le travail des autres.

On renforce sa confiance  ; on rencontre d’autres

photographes et des experts et un véritable échange

commence.

Qu’aimez-vous dans la photographie ? Quels sont vos

petits plaisirs ?

J’aime la lumière par-dessus tout. J’aime les histoires,

les écouter et les raconter. J’aime les rencontres.

Quand une porte s’ouvre «  vers quelqu’un  », c’est un

moment d’intimité partagé et de plaisir dans cette

« confiance » de l’échange.

Mais, les moments de solitude et de contemplation me

procurent un plaisir immense et me permettent de me

retrouver.

Quelque chose à ajouter?

Ce qui rend possible l’expérience, c’est la mémoire qui

introduit le passé dans le présent et rassemble plusieurs

moments du temps en une intuition unique, imprégnée

à la fois de passé et de futur.

Tania Koller

Retrouvez Maria Letizia Piantoni sur son site Internet : www.mletiziapiantoni.com

stanza 02 - 8 Çtage ouest - barre1 Maria Letizia Piantoni

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GÉNÉRATION DE L’AIREXPOSITION A LA MEP

Le magazine de l’air a été créé en 2000 à Paris. Il est né d’un désir, celui de donner à voir des photographies qui

racontent les mondes d’aujourd’hui.

Fondé sans l’appui d’un groupe de presse ou d’une

structure financière, publié quatre fois par an, ce

magazine indépendant revendique un éclectisme total

dans le traitement et le choix de ses sujets. Reportages,

portraits, paysages, natures mortes, mode… de l’air

reflète toutes les écritures photographiques sans

privilégier aucune chapelle. Il fédère des auteurs très

©Linda Tuloup

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GÉNÉRATION DE L’AIR

- 29 JUIN - 25 SEPTEMBRE 2011 -

connus et des très inconnus, des pontes et des pointus,

des photoreporters et des plasticiens, des modeux et

des humanistes, des auteurs qui sont tout à la fois…

À travers cette exposition, une première pour la majorité

des auteurs montrés, de l’air réunit une génération qui

dépasse les clivages et passe à travers les âges. Avec

elle, nous partageons un parti pris, l’envie de vivre

la photographie, selon les mots d’un collectif ami,

Tendance Floue, 20 ans cette année et dont nos pas se

croisent depuis 11 ans maintenant.

Stéphane Brasca, Fondateur et directeur de la rédaction

du magazine de l’air

Les 4 saisons au Japon Photographie publiée dans de l’air # 12, été 2002 © Bertrand Desprez

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HOME SWEET HOME...

EXPOSEZ-VOUS !

Kayo et Youyou se rencontrent à l’âge de 17 ans... en pleine époque punk. Ils se perdent de

vue et se retrouvent plus de 20 ans plus tard.

Malgré le saut des époques, ils vivent à nouveau ensemble ce qui appartenait au passé.

Ils oublient parfois qu’ils sont devenus adultes, qu’ils ont chacun des enfants et que le monde

qui les entoure n’est plus le même.

Les nuits sont parfois longues et animées. Surtout lorsque Shief, un vieil ami zairo-americain,

fils de pasteur catholique protestant, est de passage à la maison. Journaliste retraité, ses

histoires vécues de par le monde immobilisent les aiguilles de l’horloge. Kayo et youyou ne

s’en soucient guère... tant que l’air est hydraté...

BENJAMIN ENGELBEENS

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A 7h, c’est l’heure du réveil pour aller à l’école. La

montre-réveil de Flupke sonne et enrichit l’orchestre

cacophonique constant de cette maison... entre le

journal télévisé d’une chaine américaine, les cris

d’animaux (grand hobby de Shief), le chamaillement

des chiens, les vinyles rock du Velvet aux Clash, les

disputes absurdes du couple infernal...etc....etc

Le haut taux de décibels ne dérange que le père de

Youyou lorsqu’ils vivent ensemble dans la maison

familiale. Mais c’est différent quand Youyou et

Flupke s’installent dans l’appartement de Kayo. Les

plaintes du voisinage se multiplient... au point que

presque tous se mobilisent contre leur présence dans

l’immeuble.

Il ne faut pas longtemps pour que cette famille,

décalée de la norme aux environs, soit exclue des

lieux par la force... Alors pour chacun c’est le début

d’une chute profonde...

J’arrête mon travail photographique à cette période.

La dernière photo, « descente aux enfers », de cette

série est aussi la dernière que j’ai prise.

Mais dans toute pénombre...une lumière brille...

infiniment petite soit-elle.

« Mais l’important c’était de cadrer et déclencher, même

sans appareil, trouver un bon angle, c’est devenu un jeu,

presqu’ une obsesion....Un jour peut etre j’arreterai

de dire que je ne suis pas photographe»

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je ne suis pas photographe ou alors un photographe du

dimanche peut etre, et encore.

Comment avez-vous découvert la photographie ?

Mes parents m’ont offert pour mes 12 ans un appareil

photo. Une surprise totale car cet objet ne m’etait pas

familier, on prenait pas beaucoup de photos à la maison.

Je photographiais dans la cité où j’habitais des choses, à

première vue pour un petit garçon, sans importances. Des

personnes inconnues, des murs, des boites aux lettres,

des trous dans le sol. Gaspillage de pellicule peut etre? En

effet j’ai entassé quelques rouleaux qui n’ont finalement

jamais été dévellopés. Mais l’important c’était de cadrer

et déclencher, même sans appareil, trouver un bon angle,

c’est devenu un jeu, presqu’ une obsesion.

A 16 ans j’ai pris des cours, tout mon argent de poche

passait dans les pellicules. Depuis je n’ai cessé d’enregistrer

des scènes, des regards, des espaces,..

J’ai passé beaucoup de temps sans photographier aussi,

pour des raisons financières et de temps, mais je n’ai jamais

cessé d’observer. Avec ou sans appareil, photographier

fait partie intégrante de ma vie. Aujourd’hui j’ai 29 ans

(1982), j’ai une famille et je travaille dans un supermarché.

Je scanne et agrandis mes négatifs de temps à autre avec

toujours la même passion et envie de partager ce que

j’ai vu et eu la chance d’immortaliser. Un jour peut être,

j’arrêterai de dire que je ne suis pas photographe.

Avec quel matériel travaillez-vous ?

Je n’ai pas de materiel à proprement dit, j’ai déjà travaillé

avec un peu de tout. Du mécanique à l’électronique en

passant par le plastique.

Ce que je préfère c’est le 24X36 avec une optique fixe

(50 ou 28mm). Je photographie principalement encore en

argentique n/b et couleur, tout en faisant doucement le pas

vers le numerique.

Pouvez-vous nous dire quelles sont, vos “références”

en matière de photographie ?

Les premières photos qui m’ont secoué sont celles de

Edouard Boubat et de W. Eugène Smith. Une repésentation

de la réalité tout en poésie. C’est eux qui ont ouvert mon

Alors pour chacun c’est le début d’une chute profonde...

Benjamin Engelbeens

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Mais dans toute pénombre...une lumière brille...infiniment petite soit-elle.

Benjamin Engelbeens

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horizon. A l’école j’étais plus à la bibliothèque qu’en classe,

S. Salgado, HCB, S. Larrain, S. Moon, D. Marat, L.

Friedlander, W. Eggleston, R. Depardon, W. Klein, S.

Vanfleteren, R. Frank, ...ont faient mon éducation.

Si vous deviez citer un photographe qui vous inspire

particulièrement, qui serait-il ?

Sergio Larrain ! Ca a commencé par une image prise

dans une station de métro à Londres, «Way Out», elle m’a

completement bousculé. Son travail à remis en question

toutes les règles que l’on m’avait enseignées et m’a donné

des ailes pour oser faire ce que je ressentais.

Qu’aimez-vous dans la photographie ? Quels sont vos

petits plaisirs ?

Photographier et dévelloper l’observation de mon

environnement. Ce qui me plaît le plus dans la pratique

photographique c’est de pouvoir partager quelque chose

que j’ai vu à ceux qui n’ont pas eu cette chance. Je parle

pas des choses de l’autre bout du monde, mais ce petit

quelque chose de simple, que l’on voit tous les jours mais

qu’on oublie de regarder. Partager un instant de lumière.

De manière plus personnelle, l’oeil dans le viseur, j’aime

saisir les corps dans des statures éphèmeres.

Pouvez-vous nous renseigner sur Eye Sight ?

(eye)SIGHT c’est un espace de cohabitation pour regards.

Via un site internet, des expositions ou des publications,

les différents auteurs diffusent leur travaux dans une plate

forme commune. Differents styles, approches, démarches,

regards cohabitent et amènent une relecture du travail

propre de chacun.

Pouvez-vous nous présenter votre série «home sweet

home» ? les prémisses du projet, son déroulement,

ses péripéties, ses attentes, son futur...

Pour des raisons personnelles et sentimentales je ne sais

pas vous parler du projet Home sweet Home, j’ai écris

une introduction pour que les lecteurs aient quelques

informations aù delà des images Pour des raisons

personnelles et sentimentales je ne sais pas vous parler du

projet Home sweet Home, j’ai écris une introduction pour

que les lecteurs aient quelques informations aù delà des

images

Tania Koller

« j’aime saisir les corps dans des statures éphèmeres.»

Retrouvez Benjamin Engelbeens sur Internet : http://www.eyesight.be

Lire l’interviewde Benjamin Engelbeens

sur : www.fill-in.fr

Benjamin Engelbeens

« Pour des raisons personnelles et sentimentales je ne sais pas vous parler du projet Home sweet Home, j’ai écris une introduction pour que les lecteurs aient quelques informations aù delà des images »

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Benjamin Engelbeens

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Benjamin Engelbeens

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www.vincentgoutal.com

«Notre série implique aussi une interrogation sur l’image donnée. Jusqu’à quel point est-elle réelle ?

L’appareil photo est-il dans la mesure de nous

montrer la réalité si ce n’est la vérité ? »

Vincent Goutal & Olivia Leriche © Transition

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Retrouvez Maria Letizia Piantoni sur son site Internet : www.mletiziapiantoni.com

Retrouvez ADELAP sur son site Internet :

www.adelap.com

Retrouvez bientôt l’interview d’ADELAP

sur fill-in.fr

Benjamin Engelbeens

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Retrouvez Maria Letizia Piantoni sur son site Internet : www.mletiziapiantoni.com

Retrouvez ADELAP sur son site Internet :

www.adelap.com

Retrouvez bientôt l’interview d’ADELAP

sur fill-in.fr

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Arnaud Wackerwww.1974.fr

MAXYME G.PHOTOGRAPHE CANADIEN

DELISLE’S

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Skulls

Je fais de la photo depuis 2007. Oeuvrant dans le monde de la

mode et du portrait, je me laisse beaucoup inspirer par la nature

et les fleurs.

J’aime le beau, le doux et les histoires d’amours. J’aime les gens,

en général et en particulier. Je fais de la photo pour vivre, et j’en

fais aussi pour moi. Mes amours photos se suivent comme les

saisons, mais je ne serais pas où je suis dans mon parcours sans

avoir vu les photos de Nan Goldin qui m’ont appris qu’une image

ne se limitait pas à ses qualités techniques et que l’émotion

qu’elle transmet est toute aussi importante.

Après avoir exploré quelques avenues dans mes premières

années de photographie, j’ai envie de prendre mon temps, de me

redéfinir et de parler de ce qui me touche sans penser à plaire

aux autres.

Tatoo

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Skulls

Tania Koller

Tatoo

Retrouvez Maxyme G Delisle’s sur son site Internet : www.maxyme.net

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L’Ombre de la Guerre

Un livre accompagne l’exposition : « L’ombre de la

guerre, 90 photographies sur les principaux conflits

internationaux pour témoigner contre la guerre ». Editions

Contrasto/Maison Européenne de la Photographie /

Fondation Umberto Veronesi. Texte Alessandra Mauro et

Denis Curti

Watching TV, d’Olivier Culmann

Avec “Watching TV” Olivier Culmann, nous fait vivre un

tour du monde des téléspectateurs. Inde, France,Etats-

Unis, Nigéria, Mexique, Lituanie, Chine : ce livre invite à

regarder les téléspectateurs du monde plongés devant

leur petit ou grand écran TV. Un très bel ouvrage, tant

dans le choix des images, que dans la présentation et le

sujet traité.

Éditeur : TextuelDate de parution : Mars 2011

Pages : 142 - 70 photographiesDimensions : 24.5 x 24.5 cm

Éditeur : ContrastoDate de parution : 2011Pages : 200. 90 photographies en couleurs et en blanc et noir

LES BEAUX LIVRESCOUPS DE COEUR

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Portraits,Patrick Rimond

Patrick Rimond nous convie à des rencontres dans un

face à face d’une grande nudité sociale où le sujet se livre

sans fard. Le regard amené dans le présent donne toute

sa force à ses portraits. C’est sur la base du volontariat

que 30 personnes ont tenté l’expérience du portrait.

Phantom Shanghaï, Greg Girard

Le plus beau livre pour vous faire voyager à travers Shanghai ? « Phantom Shanghaï » de Greg Girard, devenu un collector ! Des photos magiques et hors du temps qui vous propulsent dans les univers les plus romanesques du Paris de la Chine...

Disponible sur le site : www.abebooks.fr

Éditeur : Magenta PublishingDate de parution : 2007 Pages : 224

Éditeur : Presses de L’ENSTADate de publication : 2009

Pages :64Dimensions : 23 x 32.5 cm

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LES PHOTOS

DES LECTEURS

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Nicolas Brulez - www.inandout-blog.com

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Karl Gillebert - www.delucine.com

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Romain Alary - www.alaryromain.com

Lise Corsin - www.lisecorsin.fr

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Ronan Coat - www.ronancoat.com

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Guillaume Flandre - www.guillaumeflandre.com/photos

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Remy Rey De Barros

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ET LE BAROQUE

Dans le prochain numéro

LE JAPON

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Remerciements :

Maria Letizia Piantoni - www.mletiziapiantoni.com

Maxyme G Delisle’s - www.maxyme.net

Benjamin Engelbeens - http://www.eyesight.be

Les photographes sélectionnés

Guillaume Flandre - www.guillaumeflandre.com/photos

Karl Gillebert - www.delucine.com

Romain Alary - www.alaryromain.com

Ronan Coat - www.ronancoat.com

Lise Corsin - www.lisecorsin.fr

Nicolas Brulez - www.inandout-blog.com

Remy Rey De Barros

Un nouveau concours sera organisé pour le numéro

d’octobre 2011. Surveillez la rubrique magazine !

Rédaction Fill-in :

Tania Koller

Baptiste Galea

Jeremy Barré

Retrouvez les articles et les reportages sur fill-in.fr

L’équipe Fill-in recherche des passionnés de photo qui souhaitent rejoindre le projet. Si vous êtes intéressé(e), n’hésitez pas à nous contacter.