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44 IN FINE Architectes : deux projets d’envergure pour le compte des Hospices Civils de Lyon Depuis sa création en 2000, l’agence IN FINE Architectes n’a cessé d’évoluer en s’appuyant sur les talents des hommes et des femmes qui la font vivre au quotidien. La volonté impulse dès l’origine de mettre au cœur du système les connaissances et les expériences de chacun et de les partager, elle permet une évolution constante de l’organisation au bénéfice de ses clients. Cette compétence croisée, associée à une démarche qualité de gestion des projets constitue le socle pérenne d’une équipe d’architectes dynamique et créative. Pour le compte des Hospices Civils de Lyon, l’agence IN FINE a remporté le concours pour la conception-réalisation de trois unités de soins sur le site de l’Hôpital Louis Pradel. Toujours à Lyon, elle est également engagée dans la restructuration du Pavillon N de l'Hôpital Edouard Herriot. Le projet de construction des trois unités de soins de l’Hôpital Louis Pradel... P.M : Pour la réalisation de ce projet, trois principes de base étaient à respecter. Nous devions renforcer la composition d’ensemble du site dans un environnement hospitalier très dense, conserver une sobriété générale tout en offrant une identité particulière à la structure en permettant une grande flexibilité des locaux. La structure construite durant le projet permettra la réalisation d’opérations tiroirs. Pendant 10 ans, ce bâtiment accueillera les 3 unités les plus sensibles de l'hôpital Cardiologique afin de libérer les locaux actuels de l’établissement et d’assurer les travaux de réhabilitation et de désamiantage. Aussi, la flexibilité du bâtiment est primordiale car cette structure devra pouvoir accueillir des activités très diverses. Le déménagement imminent de certains services de l’hôpital nous imposait un impératif de rapidité pour nos opérations de construction. Dans ce contexte, nous avons été mis en concurrence avec des sociétés proposant des solutions préfabriquées. Notre défi a été de nous situer face à ces offres plus rapides et éventuellement moins coûteuses. Nous avons opté pour une structure en béton à la trame clairement définie, en collaboration avec la maîtrise d’ouvrage, et une solution rigoureuse en matière de trigonométrie. Ce projet et notre partenariat avec la société LAMY, entreprise mandataire, dans cette opération de conception/ construction, nous ont permis de faire face à la concurrence durant le concours. Notre solution répondait également mieux à certains éléments majeurs dans la construction comme la stabilité au feu, l’étanchéité du bâtiment et d’autres problèmes techniques liés au domaine hospitalier. Comment cette flexibilité se traduit-elle dans la conception ? P.M : Notre programme a été réalisé sur la base d’un service très précis comprenant une salle technique, un espace de consultation et une zone d’hébergement avec un nombre défini de chambres simples et doubles, lié au service visé par la maitrise d’ouvrage. Pour notre proposition, nous avons choisi de réaliser un plus grand nombre de chambres doubles afin d’aligner les façades, de tirer les trames et d’industrialiser le processus de construction. Ce choix a grandement influencé la flexibilité du bâtiment. Une fois cette structure définie, son aménagement intérieur (solution poteaux - poutres, rythmes des châssis, etc.) améliore encore cette flexibilité. Plus de précisions avec Pascal MICHEL, architecte, chef de projets et associé Crédit photo: IN-FINE Architectes

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IN FINE Architectes : deux projets d’envergure pourle compte des Hospices Civils de LyonDepuis sa création en 2000, l’agence IN FINE Architectes n’a cessé d’évoluer en s’appuyant sur les talents des hommes et des femmes quila font vivre au quotidien. La volonté impulse dès l’origine de mettre au cœur du système les connaissances et les expériences de chacunet de les partager, elle permet une évolution constante de l’organisation au bénéfice de ses clients. Cette compétence croisée, associée àune démarche qualité de gestion des projets constitue le socle pérenne d’une équipe d’architectes dynamique et créative.Pour le compte des Hospices Civils de Lyon, l’agence IN FINE a remporté le concours pour la conception-réalisation de trois unités de soinssur le site de l’Hôpital Louis Pradel. Toujours à Lyon, elle est également engagée dans la restructuration du Pavillon N de l'Hôpital Edouard Herriot.

Le projet de construction des trois unités de soins de l’HôpitalLouis Pradel...P.M : Pour la réalisation de ce projet, trois principes de base étaientà respecter. Nous devions renforcer la composition d’ensemble dusite dans un environnement hospitalier très dense, conserver unesobriété générale tout en offrant une identité particulière à la structureen permettant une grande flexibilité des locaux. La structure construitedurant le projet permettra la réalisation d’opérations tiroirs. Pendant10 ans, ce bâtiment accueillera les 3 unités les plus sensibles de l'hôpitalCardiologique afin de libérer les locaux actuels de l’établissement etd’assurer les travaux de réhabilitation et de désamiantage. Aussi,la flexibilité du bâtiment est primordiale car cette structure devrapouvoir accueillir des activités très diverses. Le déménagement imminent de certains services de l’hôpital nous imposait un impératifde rapidité pour nos opérations de construction. Dans ce contexte,

nous avons été mis en concurrence avec des sociétés proposant dessolutions préfabriquées. Notre défi a été de nous situer face à cesoffres plus rapides et éventuellement moins coûteuses. Nous avonsopté pour une structure en béton à la trame clairement définie, encollaboration avec la maîtrise d’ouvrage, et une solution rigoureuseen matière de trigonométrie. Ce projet et notre partenariat avec la sociétéLAMY, entreprise mandataire, dans cette opération de conception/construction, nous ont permis de faire face à la concurrence durantle concours. Notre solution répondait également mieux à certains élémentsmajeurs dans la construction comme la stabilité au feu, l’étanchéité dubâtiment et d’autres problèmes techniques liés au domaine hospitalier.

Comment cette flexibilité se traduit-elle dans la conception ?P.M : Notre programme a été réalisé sur la base d’un service trèsprécis comprenant une salle technique, un espace de consultationet une zone d’hébergement avec un nombre défini de chambres simpleset doubles, lié au service visé par la maitrise d’ouvrage. Pour notreproposition, nous avons choisi de réaliser un plus grand nombre dechambres doubles afin d’aligner les façades, de tirer les trames etd’industrialiser le processus de construction. Ce choix a grandementinfluencé la flexibilité du bâtiment. Une fois cette structure définie,son aménagement intérieur (solution poteaux - poutres, rythmes deschâssis, etc.) améliore encore cette flexibilité.

Plus de précisions avec Pascal MICHEL, architecte,chef de projets et associé

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Pouvez-vous nous présenter ce bâtiment plus en détails ? P.M : La structure accueille trois unités de soins superposées dansdes étages conçus comme des niveaux d’hébergement avec des élémentsspécifiques liées aux activités regroupées dans chaque étage. Lebâtiment contient donc des installations dédiées à l’accueil des familles, à l’hospitalisation de jour et à l’hébergement classiquedes patients en pneumologie, au traitement des greffés pulmonaires(salles avec traitement d’air ISO 8), au service d’endocrinologie etaux éléments techniques. Le projet est suffisamment simple pourpermettre une méthode de conception fonctionnaliste. Les décisionsprises vis-à-vis de ce projet l’ont été pour renforcer la fonctionnalitéet la flexibilité du bâtiment.

Comment le bâtiment s’intègre-t-il sur le site de l’hôpital ?P.M : La structure s’implante dans le prolongement du bâtiment A,une partie de l’Hôpital Femme/Mère/Enfant (HFME), et clôture unecour intérieure permettant de créer un important patio sur le site.Notre bâtiment s’intègre en délimitant une nouvelle entrée du sitepuisque son positionnement accompagne l’entrée ouest, afin depréserver une cohérence d’ensemble. Avec cette réalisation, nous souhaitons préserver la sobriété de l’existant et une architecture àtaille humaine. Le nouveau bâtiment R+2 reste cependant bien plusbas que l’existant qui s’élève en R+5.

Quels matériaux avez-vous choisis pour cette opération ? P.M : Nos choix de matériaux devaient intégrer des problématiquesde rapidité d’exécution et de maîtrise des coûts. Nous sommes restéssimples et sobres dans nos solutions avec, entre autres, l’utilisationd’un enduit pour l’isolation extérieure.

Comment avez-vous abordé la gestion des flux à l’extérieurdu bâtiment ? P.M : Pour cet aspect de la conception, toute la difficulté était d’assurerle franchissement et la jonction entre les galeries enterrées existantes.Nous avons donc conçu un bâtiment en cinq niveaux desservant unegalerie souterraine située en 2ème sous-sol et reliant HFME au bâtiment de neurologie Pierre Wertheimer. Le bâtiment est égalementlié aux réseaux par la galerie du premier sous-sol et par la galeriepiétonne reliant les installations de cardiologie et de neurologie enrez-de-chaussée. Ainsi, le bâtiment est entièrement connecté et lesdeux niveaux supérieurs sont libres. Les zones de stationnement ontété un sujet assez complexe et longuement débattu. Notre solutioninitiale, prévoyait un niveau de parking souterrain situé sous le bâtiment afin de préserver un nombre de places identique. Par lasuite, cette solution s’est avérée financièrement irréalisable. Nospremières esquisses ont inclus un bâtiment sur pilotis pouvant accueillir un espace de stationnement sous le bâtiment, mais lescontraintes sismiques, de liaisons avec les différentes galeries etde coûts ont mis un terme à cette solution, nous conduisant à poserle bâtiment au sol. Notre passerelle piétonne doit assurer la dessertede deux services situés en rez-de-chaussée. Pour y parvenir, nousavons conçu un circuit double qui permet d’augmenter la flexibilitédes flux. Le premier volume du bâtiment est à double circulation,tandis que le deuxième conserve une circulation simple. Ainsi, il esttrès facile de dissocier les flux des services, sur l’ensemble des niveaux du bâtiment.

Quels éléments concourent à l’amélioration du confort desusagers, patients comme personnels ?P.M : La simplicité des flux est un élément essentiel dans le confortdes utilisateurs. Il s’agit d’un bâtiment entièrement neuf, donc peuconnu. La personne arrivant par ses propres moyens doit pouvoirs’orienter au sein de cette structure qui ne dispose d’aucun espaced’accueil. La signalétique est cruciale et l’accès au hall depuis lerez-de-chaussée doit offrir un guidage et des indications de directionà la fois simples et lisibles.

Comment avez-vous conçu les chambres d’hébergement ? P.M : Les zones d’hébergement restent très modernes malgré lesrestrictions budgétaires liées au projet. Nous avons pris l’initiatived’inclure un plus grand nombre de chambres doubles que dans leprojet initial afin de prévenir les décrochés de façade. Cette industria-lisation du processus de construction rend le bâtiment plus flexible.Il facilite la sécurisation de la structure en optimisant la répartitiondes lits au regard des normes de sécurité pour chacun des services.

Quelle est la place de la lumière naturelle dans ce bâtiment ? P.M : Outre l’apport de lumière naturelle, l’obstacle majeur aux ouver-tures du bâtiment était la pollution visuelle du site engendrée parles espaces de stationnement encerclant le bâtiment. Notre solutionde structure sur pilotis aurait permis de surélever les chambres pouroffrir une vue plus agréable aux patients hospitalisés. Le projetayant été modifié, nous avons conçu une solution pour masquer lesvéhicules à la vue des patients avec un espace dégagé, une végé-talisation filtrant les vues, et d’autres artifices aidant à préserverle confort du patient. Toutefois, ces solutions n’influencent pas suffi-samment l’aspect du nouveau bâtiment pour qu’il jure avec l’esthétiquegénérale du site. Cette nouvelle structure s’intègre donc parfaitementà son environnement.

Ce projet implique-t-il une notion de développement durable ?P.M : L’opération est certifiée RT 2012. Cela étant, nos solutionsrestent basiques. Pour préserver la lumière du jour, nous avons privi-légié l’utilisation de châssis hauts et d’allèges vitrées afin d’offrirune meilleure vue vers l’extérieur pour le patient alité.

Que va devenir ce bâtiment une fois achevés les travaux derénovation de l’hôpital Louis Pradel ? P.M : La structure reste éphémère et devra être démolie à l’issuedes travaux de rénovation. Néanmoins, ce bâtiment est pérenne etpourra, si besoin, trouver une autre utilité.

Quels sont vos partenaires pour cette construction et quelest le calendrier ? P.M : L’entreprise LAMY, filiale du groupe Vinci Construction France,est mandataire pour ce projet. Nous sommes également accompagnésde bureaux d’études spécialisés, parmi lesquels Auberger Favre experten gestion des fluides, TECO responsable de la structure et REFLEXECO chargé de notre démarche HQE. Nous prévoyons 6 mois de travauxet livrerons le bâtiment définitif avant l’été 2015.

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Le bureau d’architecture In Fine est également impliquédans le regroupement des urgences dans le pavillon N del’hôpital Edouard Herriot. Quelles sont les grandes lignes dece projet ? P.M : Une étude patrimoniale réalisée en 2006 a débouché sur lasignature d’un protocole et entrainé l’inscription de certains élémentsde l’hôpital Edouard Herriot au titre des monuments historiques etconfirmé son maintien sur site. La négociation de ce protocoleconcernait également la démolition du Pavillon H et la réhabilitationde certains autres pavillons afin qu’ils correspondent plus fidèlementà la conception et à la volumétrie des installations conçues par TonyGarnier. Chaque pavillon de l’établissement fait l’objet d’un projetdifférent. Néanmoins, et malgré l’indépendance de chaque pavillon,tous ces projets doivent respecter des impératifs d’homogénéitédans leurs abords, leurs plans de circulation et de stationnement.Dans ce contexte notre projet concerne le regroupement des installationsd’urgences des pavillons A et N au sein de ce dernier. Le nouveauPavillon N comprendra donc une plus grande activité d’urgences,qui viendra s’ajouter aux activités d’urgence médicale, de réanimation(devant, à terme, être transférées dans le futur bâtiment H), de post-urgence psychiatrique, ainsi qu’unité d’hébergement de courtedurée (UHCD). Architecturalement, le pavillon N est moins bienconservé que d’autres mais son modèle est des plus intéressantscar il dispose d’une structure centrale reliée à quatre corps de bâtiments orientés au sud. Dans les années 60, cette structure abénéficié de nombreuses extensions et d’un caisson hyperbare ausous-sol dont le service vient d’être restructuré. Avec ces opérationssuccessives, l’ensemble des cours intérieures du pavillon ont étécomblées. L’objectif du projet inclut donc en grande partie des démolitions afin de réimplanter des talus engazonnés et d’éclairerplus efficacement le niveau souterrain. De plus, un grand débat impli-quant les Architectes des Bâtiments de France (ABF) et la DirectionRégionale des Affaires Culturelles (DRAC) a concerné la démolitiond’un volume du deuxième niveau de ce pavillon implanté après lacréation de la structure et qui accueille les bureaux des médecins.Nous avons intégré une galerie en second plan, qui mettra en valeurla qualité des existants et permettra de retrouver une transparenceet l’identification claire des volumes d’origine. Ces études ont étémenées conjointement au projet, sans créer de report de délai delivraison. D’autre part, nous devons maintenir une partie du pavillonen activité durant les travaux afin de regrouper toutes les installationsd’urgences au pavillon A pendant une période la plus courte possible.

Ce fonctionnement permettra aux équipes de faire connaissance etd’apprendre à travailler ensemble avant la fin des travaux du rez-de-chaussée mais devront se contraindre dans un espace très réduit.Les activités de réanimation exercées au sous-sol de ce même pavillondevront également être maintenues durant les travaux en attendantleur transfert dans le pavillon H. A terme, notre projet doit contenirle regroupement des urgences en rez-de-chaussée, l’hébergementde courte durée comptant 22 lits est situé au premier étage, à proximitédu service de post-urgence psychiatrique de 30 lits. L’espace restantsera dédié aux locaux des médecins et à des postes logistiques.Pour ce projet, l’agence IN-FINE, architecte mandataire de l’équipede maîtrise d’œuvre, est associée à l’agence ARCHIPAT, architectesdu patrimoine, au bureau d’études technique AUBERGER-FAVREpour les fluides et RBS pour la structure, ainsi qu’au cabinet DENIZOUpour l’économie du projet.

Quelles ont été les contraintes principales sur ce projet ?P.M : Ce projet comprend de nombreuses contraintes architecturaleset patrimoniales. Afin de traiter au mieux cet aspect de la conception,nous collaborons avec l’agence ARCHIPAT qui assure les relationsavec la DRAC et les ABF. Notre conception s’est attachée à préserverla dimension « immatérielle » de ce pavillon qui associe sa dimensionhistorique à sa fonction de « pavillon des urgences ». La fonctionnalitéet l’accessibilité des locaux sont également des éléments cruciauxet sont traités durant la mise au point du programme en collaborationavec les équipes médicales concernées. Nous devons assurer unprojet découpé en plusieurs phases sur un site occupé. Les réglemen-tations thermiques et sismiques peuvent sembler anecdotiquesmais sont rendues plus complexes par la présence des nouvellesinstallations du caisson hyperbare situées directement sous l’empla-cement du bâtiment. Notre intervention prévoit une démolition etla construction d’une des deux extensions du pavillon, au-dessusde ce volume sur lequel il nous est absolument interdit d’intervenir.L’extension de la cour centrale implique un espace d’accueil, les fluxde patients couchés et valides sont accueillis par un accès centraliséadapté permettant de différencier ces flux et de guider au mieuxles patients au sein de la structure en fonction de la gravité de leursituation et de leur besoins. Nos équipes ont également été confrontéesà des délais très courts afin de limiter le temps de déplacement etde nuisance pour les utilisateurs. Nous devons respecter l’existantet le geste architectural de Tony Garnier en reprenant les élémentscaractéristiques des structures conçues par l’architecte.

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Architecture hospitalière - numéro 13 - 2015 - IN FINE Architectes

Quel est le calendrier prévisionnel pour ce projet ?P.M : Ce calendrier est étroitement lié à la reconstruction du bâtimentH. La première phase incluant la livraison des urgences au rez-de-chaussée devra être livrée au premier trimestre 2018. Nous pour-suivrons ensuite avec la restructuration des niveaux 1 et 2, les opérations de démolition et les traitements de façades qui devront être achevés courant 2019.

Quels sont les éléments caractérisant de manière évidentele geste de Tony Garnier sur ce bâtiment ? P.M : En collaboration avec ARCHIPAT, nous avons réalisé un grostravail d’analyse des existants qui nous a permis, dans les solutionsproposées, de nous rapprocher au plus près du concept originel deTony Garnier, à savoir concevoir un hôpital comme une « cité jardin ».La fonctionnalité et l’éclairage naturel des locaux sont des aspectstrès importants dans la conception de cet architecte. Nous devonsrevaloriser le pavillon en reconstruction en renforçant ces aspectsde la conception qui sont, aujourd’hui, bien moins présents. La lumièrenaturelle doit retrouver une place plus importante à l’intérieur de lastructure, y compris dans les zones de circulation, en réutilisant les

grandes baies imaginées par Tony Garnier. D’autre part, nous devonsfaire en sorte que l’utilisateur puisse instantanément différencierles structures d’origine et leurs extensions. Cette démarche se traduitpar une utilisation intelligente de matériaux différents capables demarquer un contraste agréable entre ces installations.

Comment vous êtes-vous inscrits dans la continuité de l’œuvrede Tony Garnier ? P.M : Notre agence a dû, dans un premier temps, comprendre laconception initiale et les raisons des choix de l’architecte, mais certainséléments nous échappent toujours aujourd’hui. Tony Garnier étaitun véritable visionnaire pour ce type de construction. L’hôpitalEdouard Herriot dispose de galeries souterraines, liaisons fonctionnellestoujours efficaces, et pourrait redevenir un jardin s’il n’était pas polluépar les véhicules stationnés en surface. Les circulations, les chemi-nements et les réseaux (en surface ou souterrains) sont, aujourd’huiencore, parfaitement fonctionnels. En revanche, les salles d’originesouffraient d’un manque d’espace. Enfin, l’œuvre de Tony Garniertémoigne d’une très grande flexibilité qui nous permet de retravaillerefficacement les espaces.

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