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0187 ■ T04–1 49
Présenter le thème et sa problématique
Fiche-bilan
Critique de la télé-réalité
Article « Big Brother » d’Ignacio Ramonet (Manière de voir, mai-juin 2002).
Idées essentielles
– Ancêtre du voyeurisme sur grand écran : « Fenêtre sur cour », d’Alfred Hitchcock,
avec James Stewart (1954).
– Principes de base de « Loft Story » : six fi lles et cinq garçons enfermés dans un lieu
luxueux avec piscine et jardin ; ils sont fi lmés en permanence mais ignorent où sont
placées les caméras ; ils sont éliminés progressivement car il ne doit subsister dans
le loft que le couple idéal ; le couple vainqueur gagne une maison de luxe.
– L’émission est devenue un phénomène de société : entre goût du scandale et fascina-
tion, la presse écrite a accordé à l’unanimité la « une » à cette nouvelle émission.
– Les héros sont fabriqués sur mesure : on peut en dresser une typologie, qui comprend
un garçon décontracté, un homosexuel, une provinciale…
– Le spectateur doit s’attacher au fi l des jours à ces « héros » : il est partagé entre un
sentiment de domination (il voit tout et sait tout sur les personnages) et de protection
envers les prisonniers volontaires.
– Citation d’Annie Le Brun : « un processus de crétinisation générale ralliant les dévots
de tous les pays, mais aussi de toutes les classes et de tous les âges ». Est dénoncé
le caractère abrutissant de ce type d’émission qui pourtant séduit toutes les couches
de la société, cultivées ou pas.
– Deux titres de fi lms sur le dévoilement de l’intime en public : « The Truman Show »
(1998) et « En direct sur Ed TV » (1999).
– La télé-réalité fait des émules auprès des auteurs de séries américaines : on retrouve
des confi dences privées entre jeunes dans « Friends », « Sex and the city », « Ally
McBeal ».
– Formule frappante d’Ignacio Ramonet : « la généralisation d’un conformisme de
l’abjection ». Cela signifi e que l’horreur et le mauvais goût sont devenus habituels à
la télévision et que le public l’a accepté. Les candidats sont prêts à se vendre pour
devenir célèbres, et les spectateurs à se transformer en voyeurs de l’odieux. C’est
un nouveau conformisme, une norme attendue. Aucune valeur ne résiste à la télé-
réalité. Le public est tombé dans le piège.
3.3. La confusion entre réalité et fi ction sur le petit écran : que fait voir
au juste la télévision ?
Voici un autre article, plus court. Il met en évidence la perte de repères occasionnée par
la télévision : qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Qu’est-ce qui relève de la
manipulation ? Que reste-t-il d’authentique dans les images et les informations qu’on
nous propose ?
Lisez ce texte de Marc Augé publié dans le même magazine, Manière de voir. Il s’intitule
« Le stade de l’écran ».
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 8 1/2
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 8 2/2 Manière de voir, mai-juin 2002
À vous de chercher !
Trois questions très générales vous sont posées.
➢ 1. Que dénonce l’auteur dans les jeux télévisés ?
➢ 2. Quel danger pèse sur l’Histoire, sur les événements historiques ?
➢ 3. Sur quelles ambiguïtés repose l’émission « Loft story » ?
Notez vos réponses sur une feuille à part.
Reprenons ensemble
Cet article montre le pouvoir de l’écran : ce que l’on nous montre est souvent arrangé,
orchestré à l’avance, sans marge de manœuvre. C’est un « produit fi ni » et prévisible
que l’on nous offre. Méfi ons-nous du faux réel !
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Présenter le thème et sa problématique
➢ Question 1
Dans les jeux de hasard, le gagnant est applaudi sur commande comme s’il avait
surmonté un obstacle mémorable : l’héroïsme télévisuel se limite à passer à la
télévision !
Le perdant doit être fair-play. Il a droit à deux types de réactions : féliciter chaude-
ment le vainqueur et cacher sa déception ou verser une larme qui pourra attendrir
le spectateur : vive l’émotion !
➢ Question 2
L’Histoire n’échappe plus à la fi ction (cf. les mensonges de la Guerre du Golfe) et
la fi ction est présentée comme réelle (arrangements et montages des émissions
de télé-réalité ou autres). L’Histoire est vue comme un vaste jeu vidéo : on n’y
croit qu’à moitié.
➢ Question 3
« Loft Story » comporte de nombreuses ambiguïtés qui concourent à sa popula-
rité :
– un loft entre prison (dont on peut être renvoyé !) et paradis (le luxe à portée de
main),
– un lieu sans télévision mais où se fabrique une émission de télé,
– des caméras omniprésentes, gages apparents d’authenticité, mais dont on fera
un fi lm bien fi celé,
– des sentiments réels mais exacerbés par la peur d’être éliminé de la prison dorée,
chacun devant cohabiter avec d’autres qui sont aussi peut-être des ennemis.
3.4. Un fi lm sur les dérives de la télé-réalité : The Truman Show
Passons maintenant à un fi lm, cité d’ailleurs par Ignacio Ramonet. Après l’étude des
textes, la récompense d’un fi lm que vous pourrez vous procurer en location ou dans
une médiathèque. Je vous propose ici un résumé à compléter puis l’analyse du fi lm The Truman Show, dont voici la fi che signalétique.
Pour comprendre les indications qui vont suivre, il est indispensable que vous regardiez
le fi lm avant de lire le cours. Faites cette pause qui vous permettra de découvrir ou de
redécouvrir un grand fi lm, intéressant en lui-même et pas seulement pour le thème de
l’examen.
Film The Truman show
– Film américain de Peter Weir paru en 1998.
– Acteur principal dans le rôle de Truman : Jim Carrey.
– Le fi lm a été récompensé en obtenant le « Golden Globes » en 1999.
– Jim Carrey a été sacré « meilleur acteur dans un drame ».
– Genre : comédie, fi ction, drame.
– Critique de la télé-réalité contemporaine à travers la manipulation de Truman, dont le prénom signifi e ironi-
quement « homme vrai, homme véritable » en anglais.
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Présenter le thème et sa problématique
À vous de chercher !
Voici un début de résumé, comme on en trouve en 4e de couverture d’un livre : à vous
de le compléter en suivant les indices que je vais vous donner !
Résumé du fi lm – À compléter !
– L’intrigue se passe sur une île nommée Seahaven, dans une station balnéaire. Le héros, Truman, a
le profi l de la moyenne bourgeoisie américaine : marié à une jolie jeune femme, il travaille dans une
compagnie d’assurance, habite dans une maison située dans un beau quartier, doit rembourser ses
prêts. De nature joviale, il est apprécié et connu de tous.
-– Mais il porte une blessure secrète : il a perdu son père mort par noyade lors d’une promenade en
bateau par un temps d’orage. Son sentiment de culpabilité s’accompagne d’une aversion pour l’eau.
– De plus, il est hanté par l’image d’une jeune fi lle, Sylvia, qui l’avait charmé lorsqu’il était adolescent.
Leur liaison avait été brève et était restée secrète car la jeune fi lle prétendait ne pas avoir le droit de
le fréquenter. Et en effet un furtif baiser avait été interrompu par une voiture dont les deux occupants
avaient brutalement arraché Sylvia des mains de Truman. Elle lui avait révélé que le monde entier le
connaissait et suivait ses faits et gestes…
– Alors s’étaient multipliés des signes indiquant qu’il était l’objet d’une mise en scène : un jour il avait
aperçu son père, lui aussi brutalement emmené par deux solides personnages. Il avait trente ans et
s'était mis à observer les choses autour de lui.
– Peu de temps après, en voiture, les ondes de sa radio se brouillent et il entend ………………………
………………………… .
– D’autres indices lui font comprendre que les gens qu’il côtoie sont ……………………………………. .
– Nous, spectateurs dans la salle, voyons que tous les faits et gestes de Truman sont retrans-
mis ………..……..…….. : le public …………………………………….. pour cette émission de
………..…………………….. qui dure depuis trente ans et s’intitule, à l’insu de son héros, ……………
…………………..
– Lors d’une interview du génial inventeur du concept, qui s’appelle …………………………., Sylvia inter-
vient en direct et condamne l’émission qui a fait de Truman un prisonnier qui s’ignore.
– Mais Truman a tout compris et tente de s’enfuir : l’inventeur de cette supercherie dans laquelle tous
les personnages sont des ………….., multiplie les obstacles sur sa route : ………………………………
…………………………………… .
– À la fi n, Truman sort victorieux de toutes ces épreuves : l’inventeur de l’émission lui révèle qu’il lui a
inventé un monde sur mesure, l’a suivi depuis sa naissance, et l’avertit que le monde réel est source
de mensonges et de déceptions.
– Mais Truman fait le choix, devant des millions de ………………………………….., de ……………
…………………………….. . Son dernier geste consiste à ………………………………….. .
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Présenter le thème et sa problématique
Reprenons ensemble
Voici le résumé complet du fi lm.
Résumé du fi lm The Truman show
– L’intrigue se passe sur une île nommée Seahaven, dans une station balnéaire. Le héros, Truman, a
le profi l de la moyenne bourgeoisie américaine : marié à une jolie jeune femme, il travaille dans une
compagnie d’assurance, habite dans une maison située dans un beau quartier, doit rembourser ses
prêts. De nature joviale, il est apprécié et connu de tous.
– Mais il porte une blessure secrète : il a perdu son père mort par noyade lors d’une promenade en bateau
par un temps d’orage. Son sentiment de culpabilité s’accompagne d’une aversion pour l’eau.
– De plus, il est hanté par l’image d’une jeune fi lle, Sylvia, qui l’avait charmé lorsqu’il était adolescent.
Leur liaison avait été brève et était restée secrète car la jeune fi lle prétendait ne pas avoir le droit de
le fréquenter. Et en effet un furtif baiser avait été interrompu par une voiture dont les deux occupants
avaient brutalement arraché Sylvia des mains de Truman. Elle lui avait révélé que le monde entier le
connaissait et suivait ses faits et gestes…
– Alors s’étaient multipliés des signes indiquant qu’il était l’objet d’une mise en scène : un jour il avait
aperçu son père, lui aussi brutalement emmené par deux solides personnages. Il avait trente ans et
s'était mis à observer les choses autour de lui.
– Peu de temps après, en voiture, les ondes de sa radio se bouillent et il entend un présentateur indiquer le chemin qu’il est en train d’emprunter : il y a de quoi être troublé.
– D’autres indices lui font comprendre que les gens qu’il côtoie sont des acteurs qui jouent leur rôle depuis des années : les mêmes personnes passent en boucle aux mêmes endroits, à bicyclette, à pied ou en voiture et prononcent les mêmes paroles.
– Nous, spectateurs dans la salle, voyons que tous les faits et gestes de Truman sont retransmis à la télévision : le public se passionne pour cette émission de télé-réalité qui dure depuis trente ans et
s’intitule, à l’insu de son héros, « The Truman Show ».
– Lors d’une interview du génial inventeur du concept, qui s’appelle Christophe, Sylvia intervient en direct
et condamne l’émission qui a fait de Truman un prisonnier qui s’ignore.
– Mais Truman a tout compris et tente de s’enfuir : l’inventeur de cette supercherie dans laquelle tous les
personnages sont des acteurs, multiplie les obstacles sur sa route : sur cette île fabriquée de toutes pièces, il envoie un violent orage, de la foudre, et des vents de tempête dans l’espoir que Truman, terrifié, fera demi-tour. Mais ce dernier sait que ces phénomènes sont dictés par un homme et se bat pour échapper au piège. Les spectateurs suivent, saisis d’effroi, ce duel entre un metteur en scène et sa marionnette.
– À la fi n, Truman sort victorieux de toutes ces épreuves : l’inventeur de l’émission lui révèle qu’il lui a
inventé un monde sur mesure, l’a suivi depuis sa naissance, et l’avertit que le monde réel est source
de mensonges et de déceptions.
– Mais Truman fait le choix, devant des millions de spectateurs fascinés et en haleine, de quitter le jeu et de découvrir le monde réel qu’il ne connaît pas encore. Son dernier geste consiste à tirer sa révé-rence comme un acteur qui quitte la scène devant des caméras qui, il le sait désormais, ne cessent de le filmer. Il fait ses adieux à des millions de spectateurs invisibles pour lui, mais qui le connaissent depuis toujours.
Passons maintenant à l’analyse de ce fi lm : nous allons le mettre en perspective avec le
texte d’Ignacio Ramonet afi n d’examiner leurs différences et les apports de ce fi lm qui
fondent son originalité.
Ainsi, nous aborderons de manière détournée le principe de la synthèse de documents,
c’est-à-dire la confrontation de points de vue sur un même thème.
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Présenter le thème et sa problématique
À vous de chercher !
Voici un tableau partiellement rempli qui fournit des pistes pour l’analyse.
Remplissez la colonne correspondant au fi lm : vous indiquerez les différences que vous
avez pu constater en regardant le fi lm.
Texte d’Ignacio Ramonet Film The Truman Show
« Loft story » : onze candidats volontaires à l’en-
fermement.
Lieu :
– un loft dont ils ne sortent pas (la nourriture est
fournie par la production),
– un lieu luxueux.
Spectateurs partagés entre sentiment de domination
et de protection.
Les participants sont fi lmés mais un montage est
réalisé en vue d’être diffusé par la télé-réalité.
Enjeu : le couple gagnant deviendra propriétaire
d’une maison luxueuse.
« La généralisation d’un conformisme de l’abjec-
tion ».
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Présenter le thème et sa problématique
Reprenons ensemble
Texte d’Ignacio Ramonet Film The Truman Show
« Loft story » : onze candidats volontaires à l’en-
fermement.
Truman n’est pas volontaire à l’enfermement sur
l’île :
– il a été choisi par la production à sa naissance et
était déjà espionné dans le ventre maternel,
– il a été adopté par la production parmi cinq enfants
dont la naissance était indésirable aux yeux de
leurs parents. Il a été acheté : c’est une marchan-
dise qui sera plus tard lucrative,
– il est l’« élu » d’une chaîne de télévision.
Lieu :
– un loft dont ils ne sortent pas (la nourriture est
fournie par la production),
– un lieu luxueux.
Lieu :
– une station balnéaire,
– un quartier de la moyenne bourgeoisie américaine
pour permettre l’identifi cation avec le public,
– Truman a été conditionné lors du décès de son
père à ne jamais quitter l’île et à avoir peur de la
mer.
Spectateurs partagés entre sentiment de domination
et de protection.
– Spectateurs fascinés par Truman et par le principe
du jeu.
– Attachement à Truman qui fait un peu partie de
leur famille au bout de trente ans !
– Voyeurisme banalisé.
Les participants sont fi lmés mais un montage est
réalisé en vue d’être diffusé par la télé-réalité.
Truman ignore qu’il est fi lmé et que 5000 caméras
le traquent jour et nuit.
Enjeu : le couple gagnant deviendra propriétaire
d’une maison luxueuse.
– Pas d’enjeu pour Truman, marionnette du pro-
ducteur.
– Un héros malgré lui et à son insu pendant trente
ans !
– Le producteur empoche des millions de dollars car
tous les personnages développent à l’écran des
messages publicitaires qui infl uencent les choix
de consommation des spectateurs.
« La généralisation d’un conformisme de l’abjec-
tion ».
– Le voyeurisme est banalisé et admis.
– Seul le duel fi nal opposant Truman sur son ba-
teau en proie aux éléments et le sadisme du
producteur qui lui infl ige le déchaînement des
éléments choquera les membres de l’équipe et
les spectateurs… mais le taux d’audience atteint
son apogée.
– Le mot « conformisme » est ici adapté, mais il
s’agit d’une « abjection » masquée par un scéna-
rio très conventionnel (l’amour, l’angoisse…).
En conclusion
– Le héros du fi lm subit sans le savoir une manipulation depuis sa naissance. Il est en-
touré de gens qui tous se comportent comme des acteurs : la trahison est partout, y
compris chez ses propres géniteurs.
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Présenter le thème et sa problématique
– Le fi lm dénonce les dérives de la télé-réalité : le jusqu’au-boutisme du producteur et de
son équipe fait qu’ils confondent un acteur et un être vivant, la réalité et la fi ction.
– Le but est lucratif : il faut faire de l’inédit pour conquérir et fi déliser pendant trente ans
un public qui est à la fois spectateur et consommateur.
– Comme dans le roman 1984 que nous avons évoqué, c’est l’amour qui pousse Truman
à prendre le large et à tromper la vigilance de la production : il veut retrouver Sylvia
qui l’aime réellement et ne joue plus un rôle. L’amour fait basculer un système qui était
parfaitement rodé depuis des décennies.
3.5. Un court essai sur le sujet
À vous de chercher !Voici un sujet à traiter en une dizaine de lignes : vous donnerez clairement votre avis
sur la question posée.
Dans un développement personnel, vous direz si vous croyez possible qu’un jour, en
France, le scénario du fi lm puisse devenir réalité. La télé-réalité est-elle à ce prix ?
Notez votre réponse sur une feuille à part. Entraînez-vous à la rédaction de textes courts
et qui vous obligent à réagir rapidement : le temps passera vite à l’examen, aussi acquérir
des habitudes de rapidité est le meilleur moyen de se préparer à l’épreuve !
Reprenons ensemble
Voici une opinion possible : d’autres réponses étaient admises. Il faut argumenter pour
qu’une prise de position soit légitime.
Il me semble que la fi ction proposée par le fi lm The Truman Show pourrait un jour devenir
réalité, et ce pour plusieurs raisons : le genre de la télé-réalité risque de s’essouffl er. La
banalisation entraîne le toujours plus, d’où la nécessité d’inventer de nouveaux concepts
susceptibles de fi déliser un large public et de réaliser des records d’audience. Les recettes
publicitaires en dépendent !
En outre, on sait que le public a besoin d’idoles. Des émissions telles que « Loft Story »
ou « Star Academy » reposent déjà sur un suivi régulier, quotidien, des comportements
ou progrès des candidats : on peut imaginer qu’assister à l’accouchement d’une mère
en direct, puis aux progrès de l’enfant, à son adolescence et à sa vie d’adulte séduirait
un large public. Certains spectateurs seraient choqués, mais ils regarderaient proba-
blement l’émission, et c’est le but recherché par une société de production. L’éthique
n’est pas en soi lucrative, au contraire, elle est un frein. On peut s’appuyer sur le récent
scandale en Hollande provoqué par l’émission « La cage dorée » où les candidats se
livrent à l’humiliation et à la violence physique. L’audience, sur fond de polémique, est
– hélas – spectaculaire.
C’est pourquoi je n’exclus pas que le concept du fi lm puisse trouver un jour un public,
mais peut-être pas pendant trente ans !
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Présenter le thème et sa problématique
À titre de lecture complémentaire, lisez cet article sur « La cage dorée », intitulé « Le loft
batave ne fait plus rire » et extrait du journal Le Figaro du 3 août 2007. À méditer !
Doc. 9 Le Figaro, 3 août 2007
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Présenter le thème et sa problématique
3.6. Un roman sur une télé-réalité sur fond de camp de concentration : Acide sulfurique, d’Amélie Nothomb (2007)
3.6.1. Qui est Amélie Nothomb ?Les excès de la télé-réalité inspirent non seulement des cinéastes, mais aussi des
hommes ou femmes de Lettres. Tel est le cas d’Amélie Nothomb, fi gure elle-même très
médiatique, dont voici le parcours.
Portrait d’Amélie Nothomb
– Née en 1967 à Kobe, au Japon, pays qui la marque profondément : elle y passe ses cinq premières années.
– Elle est issue d’une ancienne et prestigieuse famille bruxelloise : son père, baron, est ambassadeur de Belgique à
Rome.
– Après de nombreux voyages, sa famille s’installe en Belgique : Amélie Nothomb a 17 ans, découvre des différences
de mentalités et se sent rejetée.
– Elle écrit depuis ses 17 ans et se qualifi e de « graphomane » ; elle affi rme avoir écrit plus d’une trentaine de romans
non publiés.
– En 1992, à 25 ans, elle connaît le succès avec Hygiène de l’assassin.– D’autres romans suivront, qui trouvent leur public. Elle obtient en 1999 le Grand Prix du roman de l’Académie
française pour Stupeur et tremblements.
– En 2000, elle publie Métaphysique des tubes qui rencontre un grand succès.
3.6.2. Lecture d’une œuvre intégrale : Acide sulfurique (2007)Tout d’abord, précisons le sens du titre : l’acide sulfurique est un composé chimique
toxique qui se mélange facilement à l’eau. Le titre laisse attendre une intrigue policière,
un complot. Ce n’est pas le cas, même s’il est question d’un renversement de situation
provoqué par l’acide.
Il vous faut lire ce livre : cela fait partie de la formation en BTS. C’est un roman récent
dont la langue ne pose pas de problème particulier.
Il comporte 200 pages et se lit d’une traite ! De plus, Amélie Nothomb est très populaire.
Elle est souvent l’invitée des médias. Avoir lu une de ses œuvres – avant d’en lire d’autres
de votre plein gré ? – ne peut que vous mettre en phase avec l’actualité.
3.6.3. Analyser une œuvre complète : pourquoi et comment faire ?Dans le cadre du programme fi gure la lecture et l’analyse d’une œuvre complète. Ce
travail, que nous allons mener ensemble, permet à la fois d’enrichir votre culture générale
et de consolider vos connaissances en vue de l’examen.
Étudier un livre laisse des traces plus durables qu’un extrait de livre ou d’article de
presse.
Voici comment nous allons procéder, votre concours étant indispensable :
– vous lisez le roman, en l’empruntant dans une bibliothèque ou en l’achetant en librairie ;
– vous répondrez ensuite à un questionnaire destiné à vérifi er que les données essen-
tielles du livre sont bien maîtrisées ;
– nous étudierons ensuite trois extraits de ce livre, non pour en faire une étude littéraire
comme vous avez pu le faire en lycée mais pour en retenir les idées en relation avec
le thème ;
– nous ferons ensuite une synthèse du livre avec un caractère pratique : quelle vision
particulière du problème est mise en lumière dans ce roman ?
Passons au questionnaire : vous devez avoir lu le livre !
60 0187 ■ T04–1
Présenter le thème et sa problématique
3.6.4. Questionnaire de lectureÀ vous de chercher !Afi n de mesurer par vous-même votre degré de mémorisation et de compréhension du
roman, répondez aux dix questions suivantes.
Questions Réponses
Donnez trois exemples de matricules correspon-
dant à trois personnages importants. Vous préci-
serez le prénom du personnage ou son rôle dans
l’intrigue.
–
–
–
Quels sont les différents lieux de l’action ? Citez-en
au moins deux.
–
–
Quel est le titre de l’émission de télé-réalité à la-
quelle participent les personnages ?
Quelles sont les similitudes entre les camps de
concentration nazis et le principe de l’émission ?
Trouvez-en trois.
–
–
–
Quelles sont les réactions du public face à cette
émission ?
Quelle est l’attitude des organisateurs ?
Quelles sont les réactions des médias ?
L’héroïne principale dans le camp des déportés :
– quel est son matricule ?
– quelles sont ses qualités ?
– quelle est son attitude envers les autres dépor-
tés ?
– comment ces derniers la jugent-ils ?
–
–
–
–
La « Kapo » :
– quelle est sa motivation en tant que candidate à
l’émission ?
– quelle est sa faiblesse ?
–
–
Quel coup de théâtre se produit à la fi n du ro-
man ?
Expliquez le sens du titre.
0187 ■ T04–1 61
Présenter le thème et sa problématique
Vous constatez qu’il y a vingt réponses attendues : vous pourrez ainsi évaluer la note que
vous auriez obtenue si ce questionnaire avait constitué un devoir noté fait en classe.
Reprenons ensemble
Questions Réponses
Donnez trois exemples de matricules correspon-
dant à trois personnages importants. Vous préci-
serez le prénom du personnage ou son rôle dans
l’intrigue.
– CKZ 114 : Pannonique
– EPJ 327 : détenu amoureux de Pannonique
– MDA 802
Quels sont les différents lieux de l’action ? Citez-en
au moins deux.
– Le Jardin des Plantes
– Le camp de concentration
Quel est le titre de l’émission de télé-réalité à la-
quelle participent les personnages ?
L’émission s’appelle « Concentration ».
Quelles sont les similitudes entre les camps de
concentration nazis et le principe de l’émission ?
Trouvez-en trois.
– Des rafl es arbitraires fournissent les bataillons
de candidats détenus.
– Une stricte hiérarchie donne du pouvoir aux chefs
face à leurs victimes.
– Toutes les cruautés sont permises, sans limites.
– Le travail harassant et la faim sont le quotidien
des déportés.
Quelles sont les réactions du public face à cette
émission ?
Les spectateurs se passionnent pour l’émission
et attendent avec impatience la « séance des ka-
pos » afi n de les haïr derrière le petit écran, dans
leur fauteuil.
Quelle est l’attitude des organisateurs ? Les organisateurs se félicitent du succès de l’émis-
sion et n’ont absolument aucune compassion pour
les souffrances des détenus. Ils sont fascinés par le
mal dont ils ne sont même pas conscients.
Quelles sont les réactions des médias ? Plus les médias recommandent de ne plus regarder
l’émission, plus le taux d’audience explose.
L’héroïne principale dans le camp des déportés :
– quel est son matricule ?
– quelles sont ses qualités ?
– quelle est son attitude envers les autres
déportés ?
– comment ces derniers la jugent-ils ?
– Pannonique porte le matricule CKZ 114.
– Elle est lucide, a de la fi erté et incarne la résis-
tance face au système du camp.
– Elle est solidaire et éprouve de la compassion
pour les autres détenus. Elle en sauvera certains.
C’est une héroïne.
– Elle est admirée par les autres détenus parce
qu’elle ose provoquer les kapos. Mais lorsqu’elle
découvre le trouble attachement de Zdena pour
elle et obtient d’elle du chocolat qu’elle distribue
aux déportés affamés, ces derniers l’accusent de
ne pas céder aux avances de Zdena pour obtenir
d’elle des avantages dont ils profi teraient tous.
62 0187 ■ T04–1
Présenter le thème et sa problématique
Questions Réponses
La « Kapo »
– Quelle est sa motivation en tant que candidate
à l’émission ?
– Quelle est sa faiblesse ?
– Elle a voulu prouver qu’elle pouvait exister dans
la société et sortir de la spirale de l’échec : à vingt
ans, elle n’a aucun diplôme. Elle est prête à tout
pour rester dans le « jeu » et ne connaît aucune
limite morale.
– Elle éprouve une trouble attirance pour Panno-
nique. Celle-ci, très intelligemment, en tire profi t
car elle découvre qu’elle a du pouvoir sur Zdena
et qu’elle peut jouer sur ses sentiments.
Quel coup de théâtre se produit à la fi n du ro-
man ?
– À la fi n du roman, Pannonique se révolte et
s’adresse aux téléspectateurs qui regardent
l’émission. Elle les accuse de barbarie. Elle les
prend à témoin de sa future mort et les culpabilise
en leur disant qu’elle sait qu’ils la voient.
– Zdena prend le pouvoir munie d’un cocktail Mo-
lotov à base d’acide sulfurique : elle renverse le
système pour sauver Pannonique et mettre un
terme à l’émission de télé-réalité. Les déportés
quittent le camp, maigres et sous l’œil des ca-
méras.
Expliquez le sens du titre. – Le titre met l’accent sur le produit qui a permis
la fi n de l’émission inhumaine : en réalité le pro-
duit brandi par Zdena ne comportait même pas
d’acide sulfurique. C’est l’amour pour Pannonique
qui lui a permis de monter ce stratagème et de
réussir son coup de force.
Vous constatez que, comme dans le roman 1984, dans le roman d’Amélie Nothomb ou
dans la prison invisible du fi lm The Truman Show, c’est l’amour qui met fi n à un spectacle
barbare orchestré par des caméras avec la complicité du public.
3.6.5. Analyse de trois extraits du roman Acide sulfurique Rappel : comme annoncé dans la remarque ouvrant ce module, vous devez disposer
d’un exemplaire de l’œuvre et relire les chapitres annoncés pour mener à bien les acti-
vités suivantes.
1er extrait : chapitres 1 et 2
Les deux premiers chapitres nous plongent brutalement dans un univers barbare et
télévisuel : l’auteur mêle deux univers, celui du nazisme et celui de la télévision.
Nous pouvons retenir de cet incipit (mot latin qui signifi e « le récit commence » et désigne
les premières pages ou les premières lignes d’un récit) les idées suivantes.
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Présenter le thème et sa problématique
Analyse des chapitres 1 et 2 d’Acide sulfurique Chapitre 1
– Des « rafl es » ont lieu en pleine ville : ce mot connote immédiatement les rafl es nazies
à l’encontre des Juifs ou des Résistants pendant la Seconde Guerre mondiale.
– Ces rafl es n’obéissent à aucune idéologie, les cibles ne sont pas choisies en fonction
de leur couleur de peau ou de religion : « être humain était le critère unique ». Chacun
est en danger.
– On découvre le personnage principal, Pannonique, qui se fait arrêter brutalement. La
scène n’est même pas décrite, on en vient immédiatement au résultat : elle est dans
un camion.
– On retrouve des emprunts historiques à la période nazie et à la France de Vichy :
les camions, les wagons à bestiaux, l’arrivée au camp.
– Mais la seule idéologie qui domine ici est celle de la télévision : les rafl es ont pour
fonction de choisir les candidats au hasard, parmi les hommes ordinaires. Elles ont
lieu avant la 1re émission.
– Les caméras sont partout, pendant le transport en camion comme à l’intérieur du
camp.
– Pannonique a compris que la souffrance qui serait infl igée aux déportés servirait à
alimenter un spectacle et à satisfaire la voracité des spectateurs : « Vint le moment où
la souffrance des autres ne leur suffi t plus ; il leur en fallut le spectacle » ; « Elle com-
prit alors que leur révolte non seulement ne servirait à rien, mais serait télégénique. »
– Elle incarne d’emblée la résistance au système d’oppression : « Elle resta donc
de marbre pendant le long voyage. »
Chapitre 2
– Aucune qualifi cation n’est exigée ni pour être candidat malgré soi, ni pour être orga-
nisateur, futur Kapo, mot qui renvoie explicitement aux camps nazis (les kapos – ou
capos – étaient les détenus chargés de surveiller et de commander les autres détenus
des camps).
– Les futurs Kapos sont recrutés en fonction de leurs visages et de leur absence totale
de valeurs morales, d’éthique.
– Être capable de frapper, d’insulter et d’humilier sont les seuls critères retenus pour
devenir « chef » : c’est un monde violent et barbare qui se dessine ici.
– Le public est roi : pour satisfaire son voyeurisme et sa soif de spectacle, il faut aller au
bout de la cruauté. Les candidats seront livrés en pâture aux spectateurs par caméra
interposée : « Ce qui compte, c’est le respect du public, dit un responsable. Aucun
spectateur ne mérite notre mépris. »
– La télévision a pris le pouvoir : on ne respecte pas le citoyen (futur candidat potentiel),
mais le téléspectateur !
– Les gens médiocres sont récompensés par un grade et un pouvoir sans aucune légi-
timité morale : Zdena a ce profi l et se gonfl e d’orgueil : « Désormais, elle pourrait dire
qu’elle travaillait à la télévision. »
– Elle entre dans son personnage, confond la réalité et le jeu et oublie immédiatement
qu’elle est fi lmée. Elle épouse son rôle en toute inconscience. Elle sera cruelle parce
que c’est son « travail ».
– Le totalitarisme devient un jeu fi lmé, mais la barbarie ne sera pas virtuelle : les gens
veulent de l’authentique.
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Présenter le thème et sa problématique
2e extrait : Qui est le plus coupable ? Depuis le début du chapitre commençant p. 117
jusqu’à « Bravo. Je pense comme toi » (p. 124).
Le passage à étudier se situe au milieu de l’œuvre. Les détenus s’interrogent sur la
responsabilité du public dans la barbarie de l’émission : quels sont les plus coupables,
les organisateurs, le public, les kapos, les hommes politiques ? Relisez leur échange
de points de vue.
À vous de chercher !Vous mènerez l’analyse de ces pages en remplissant le tableau ci-dessous. Il vous faut
bien sûr conserver le livre ouvert sous vos yeux.
Question 1 : selon les détenus, quels moments des émissions plaisent le plus aux
spectateurs ?
Question 2 : relevez les différents arguments de Pannonique lorsqu’elle accuse le
public d’être complice et coupable de la cruauté télévisuelle dont elle et les autres
participants sont les acteurs malgré eux.
–
–
–
Question 3 : Pannonique est-elle un personnage surhumain, héroïque, supérieur aux
autres ?
Question 4 : quel coup d’éclat, ou coup de théâtre, Pannonique commet-elle ? Pour-
quoi ?
Reprenons ensemble
Voici ce qu’il faut retenir de ce passage, qui pose la question fondamentale de la res-
ponsabilité : les détenus font le procès de leurs bourreaux.
Chaque paragraphe correspond, dans l’ordre, aux quatre questions posées.
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Présenter le thème et sa problématique
Analyse des pages 117 à 124 : quels sont les coupables ?
– Selon les détenus, les moments des émissions qui plaisent le plus aux téléspectateurs
sont les passages de mise à mort, les violences, les séquences « émotion ».
– Pannonique accuse les spectateurs d’être les plus coupables de la barbarie
télévisuelle. Elle développe plusieurs arguments. Ils pourraient regarder d’autres chaî-
nes. Ils sont coupables d’avoir constitué un marché dont se régalent les organisateurs
et que cautionnent les politiques. Ils acceptent de « voir un spectacle aussi facile à
refuser ». Ils n’éduquent pas leurs enfants à refuser ce type d’émission. Pannonique
invoque l’histoire de la Seconde Guerre mondiale : il y a eu des Résistants qui n’ont
pas choisi la facilité, donc les spectateurs pourraient résister à leur manière en refu-
sant de regarder l’émission.
– Pannonique ne se voit pas comme un personnage supérieur ni héroïque : elle n’a
pas de « projet de société », ne défend aucune idéologie, elle se place du côté de
l’estime des autres. Elle agit par instinct, par humanité. Elle souffre comme les autres
détenus de la faim, de la fatigue, de la peur.
– Pannonique se livre face à la caméra à un coup de théâtre ; elle se révolte contre
les spectateurs qui sont à leurs yeux les vrais kapos, elle les accuse d’être les vrais
meurtriers. Leurs yeux sont les assassins plus que les armes que les kapos ont en
main.
Le procès des spectateurs est ici sans appel : c’est ce que défendaient déjà les auteurs
des articles.
3e extrait : le dénouement – 5e partie : les 4 derniers chapitres
À vous de chercher !
Relisez les quatre derniers chapitres. Complétez les phrases suivantes qui joueront le
rôle de synthèse du dénouement.
La mise à mort probable de Pannonique fait monter le taux d’audience de manière inégalée.
Chacun regarde la télévision, comme par exemple ……………………..……………………
…………………………………………………………………………….. .
Chacun estime que ……….. aurait dû intervenir. Il aurait fallu …………………………
ce genre d’émission.
Pannonique se révolte à nouveau contre les téléspectateurs : elle juge que les plus odieux
d’entre eux sont les hypocrites qui affi rment ………………………………………………
…..………………………………………………………………………………. .
Dans la salle des organisateurs, il y a ………… écrans. L’audience dépasse même celle
du jour historique où, en 1969, ………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………… .
Ce taux atteint ……………………. .
Zdena, après son coup d’éclat, explique qu’elle a été héroïque non par bonté mais pour
……………………………………………………………………………………………… .
EPJ 327 s’appelle ……………………….…… . Pannonique et lui se découvrent des
points communs : …………………………………… . Ce qui sauve Pannonique de se
sentir coupable de ne pas avoir agi héroïquement comme Zdena, c’est sa passion
………………………………. .
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Présenter le thème et sa problématique
Reprenons ensemble
La mise à mort probable de Pannonique fait monter le taux d’audience de manière
inégalée. Chacun regarde la télévision, comme par exemple les aveugles, les sourds, les religieux, les enfants, les animaux (!).
Chacun estime que l’État aurait dû intervenir. Il aurait fallu interdire ce genre d’émis-
sion.
Pannonique se révolte à nouveau contre les téléspectateurs : elle juge que les plus
odieux d’entre eux sont les hypocrites qui affi rment être heureux de ne pas avoir de télévision pour subir une émission aussi abjecte alors qu’ils s’empressent d’aller chez leurs voisins pour ne manquer aucune émission.
Dans la salle des organisateurs, il y a 95 écrans. L’audience dépasse même celle du
jour historique où, en 1969, le premier homme a marché sur la lune. Ce taux atteint 100 % de la population.
Zdena, après son coup d’éclat, explique qu’elle a été héroïque non par bonté mais
pour plaire à Pannonique. C’est donc l’amour qui l’a poussée à l’action et à renverser la dictature instaurée par l’émission.
EPJ 327 s’appelle Pietro Livi. Pannonique et lui se découvrent des points communs :
ils éprouvent un sentiment de culpabilité d’avoir survécu alors que tant sont morts durant l’émission. Zdena a été plus héroïque qu’eux. Ce qui sauve Pannonique de se
sentir coupable de ne pas avoir agi héroïquement comme Zdena, c’est sa passion de la musique et du violoncelle, instrument dont elle apprend à jouer car il ressemble le plus à la voix humaine.
3.6.6. Synthèse de lecture du roman
Lecture du roman Acide sulfurique, d’Amélie Nothomb (2007)
1 – Une critique de la télé-réalité
– Des similitudes avec les émissions existantes : des caméras omniprésentes, un lieu
où tout est permis et surtout le pire, une odeur de scandale, des candidats qui sont
éliminés par les kapos et les organisateurs. Certains « candidats » passionnent le
public, l’émission remporte un succès inégalé en termes d’audience.
2 – Une fable sur fond historique
– Mais il s’agit d’une caricature de ce type d’émission : l’auteur mène un principe jusqu’à
son point extrême : les candidats ne sont pas volontaires mais ils ont fait l’objet de
rafl es, ils ne vivent pas dans un château ni sur une île, ils sont torturés en direct et
meurent réellement, une hiérarchie très stricte donne du pouvoir à des personnages
médiocres. C’est une dictature qui fonctionne en vrai sous les applaudissements
de spectateurs toujours plus nombreux, jusqu’à atteindre 100 % de la population !
L’exagération et la satire sont évidentes.
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Présenter le thème et sa problématique
– Cette fable qui comporte cinq parties comme les cinq actes d’une tragédie s’inspire
de l’époque nazie : on y retrouve un camp de concentration – ce dernier mot consti-
tuant le titre de l’émission –, les rafl es (sans aucun mobile), les kapos, les matricules
(CKZ 114), la mise à mort arbitraire des déportés, la torture et l’humiliation, les
collaborateurs (Zdena), les résistants (Pannonique, Pietro Livi), leur culpabilité à la
fi n de l’émission lorsqu’ils pensent à tous ceux qui sont morts (sentiment largement
partagé par les déportés lors de leur sortie des camps en 1945).
3 – Une fable didactique
– Une intrigue se noue entre les personnages, à travers un trio formé par Pannonique,
Zdena et Pietro Livi (dont le nom rappelle le déporté Primo Lévi, qui nous a laissé
son témoignage sur sa condition à Auschwitz, en Pologne, témoignage intitulé Si c’est un homme et paru en 1947).
– C’est fi nalement l’amour qui permet à l’émission totalitaire d’être renversée et de
prendre fi n comme lors d’un coup d’État. L’héroïne est Zdena, modèle du collabo-
rateur, que l’amour transforme et humanise.
– La leçon à retirer est que la télé-réalité est un principe qui peut être dangereux,
que la télévision peut être totalitaire (les politiques n’interviennent pas pour mettre
fi n à l’émission), qu’il ne faut pas confondre fi ction et réalité.
– Il faut se méfi er de la fascination pour le mal par écran interposé et ne pas oublier
que le mal et la souffrance ne doivent jamais être des spectacles dont on se di-
vertit car on bascule alors très vite dans la barbarie et l’inhumanité.
4. Faire voir pour faire acheter : la publicité comme spectacle
4.1. Article d’Ignacio Ramonet, « Fabriques de désirs » paru dans Manière de voir de mai-juin 2002
Parmi les multiples formes d’images qui nous entourent, la publicité joue un grand rôle car
son impact – espéré par les annonceurs et vérifi é par le chiffre des bénéfi ces – est d’ordre
économique. Panneaux d’affi chage publics, spots publicitaires à la télévision, annonces
faites sur les ondes, abribus, il faut vraiment vivre en ermite pour y échapper !
Bien entendu, les ressorts publicitaires sont divers : appel à des clichés sur la beauté
féminine ou les rôles traditionnels des hommes, créativité esthétique, humour… La pu-
blicité est aussi variée que les produits qu’elle vante.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’ensemble des techniques mises en œuvre pour nous
faire voir les produits : l’article qui va suivre analyse les stratégies mises en œuvre.
À vous de chercher !Lisez le texte ci-après et répondez au questionnaire « vrai ou faux » qui l’accompagne.
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 10 1/3
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 10 2/3
70 0187 ■ T04–1
Présenter le thème et sa problématique
Doc. 10 3/3 Manière de voir, mai-juin 2002
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Présenter le thème et sa problématique
Une fois cet article lu, mettez une croix dans la case correspondant à votre
réponse.
Affi rmations Vrai Faux
1. La publicité est née au XIXe siècle avec l’agence Havas. ❏ ❏
2. Les images subliminales sont des images qui se superpo-
sent à une autre et dont l’incrustation est si rapide qu’elle
est vue par l’œil mais inconsciemment : il y a, à son insu,
manipulation de celui qui regarde.
❏ ❏
3. Al Gore, en 2000, a eu recours à des images subliminales
lors de la campagne présidentielle américaine. ❏ ❏
4. Pour qu’un message publicitaire fonctionne, les publicitaires
dépensent des millions de dollars pour être sûrs que les réac-
tions des consommateurs seront exactement celles que l’on
attend : ils vont jusqu’à traquer les mouvements de l’œil.
❏ ❏
5. Une cible privilégiée des annonceurs : les enfants car ils
conditionnent les gros achats comme les voitures.❏ ❏
6. La publicité véhicule des clichés mais évite soigneusement
les thèmes politiques. ❏ ❏
7. La publicité est une dictature que l’on ne peut renverser car
elle fait miroiter la liberté de choisir et d’acheter.❏ ❏
Reprenons ensemble
Affi rmations Vrai Faux
1. La publicité est née au XIXe siècle avec l’agence Havas. ❏ ⌧
2. Les images subliminales sont des images qui se superpo-
sent à une autre et dont l’incrustation est si rapide qu’elle
est vue par l’œil mais inconsciemment : il y a, à son insu,
manipulation de celui qui regarde.
⌧ ❏
3. Al Gore, en 2000, a eu recours à des images subliminales
lors de la campagne présidentielle américaine. ❏ ⌧
4. Pour qu’un message publicitaire fonctionne, les publicitaires
dépensent des millions de dollars pour être sûrs que les réac-
tions des consommateurs seront exactement celles que l’on
attend : ils vont jusqu’à traquer les mouvements de l’œil.
⌧ ❏
5. Une cible privilégiée des annonceurs : les enfants car ils
conditionnent les gros achats comme les voitures.⌧ ❏
6. La publicité véhicule des clichés mais évite soigneusement
les thèmes politiques. ❏ ⌧
7. La publicité est une dictature que l’on ne peut renverser car
elle fait miroiter la liberté de choisir et d’acheter.⌧ ❏
Faisons maintenant une synthèse de cet article : vous trouverez ici des compléments de
réponse aux questions posées. Les éléments fournis n’apparaissent pas nécessairement
dans l’ordre des questions posées.
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Présenter le thème et sa problématique
Fiche-bilan
Sur la publicité
Article « Fabriques de désirs » d’Ignacio Ramonet.
– La publicité existe sous des formes diverses depuis longtemps : au XIIe siècle, des crieurs
ont pour fonction d’arpenter les villes en donnant aux populations toutes sortes d’infor-
mations ; au XIXe siècle, Émile de Girardin imagine insérer des annonces commerciales
dans son journal à grand tirage La presse ; Charles Havas crée la première agence
d’informations internationales avec un volet réservé aux annonces publicitaires.
– La publicité présente une vision simplifi ée du monde et rassemble tous les clichés
qui font rêver : la jeunesse, la beauté, le bonheur, des lieux de rêve, le soleil, la mer,
la famille harmonieuse, le farniente. Il faut vendre du rêve et associer le produit à des
valeurs positives.
– Mais les clichés sont nombreux et immuables : la femme est maintenue dans le double
rôle de ménagère modèle – grâce aux produits qu’elle a adoptés ! – ou d’objet de désir
très dénudé.
– Même les thèmes politiques sont utilisés à des fi ns publicitaires : des révolutionnaires
comme Lénine, Mao, Zapata, Che Guevara vantent des produits inédits et nouveaux !
Tout est bon pour marquer les esprits et vendre le plus possible.
– Les images subliminales sont interdites mais ont parfois été utilisées à des fi ns de
propagande politique à travers des slogans et spots publicitaires : George W. Bush y a
eu recours contre Al Gore en 2000 en transformant l’espace d’une image le mot « Bu-
reaucrats » en « rats », ce qui est évidemment injurieux et péjoratif.
– Mais des fortunes qui se chiffrent en milliards de dollars sont englouties pour réaliser
des tests et des études afi n de s’assurer que les cibles seront bien touchées. Même les
mouvements de l’œil sont testés afi n de concevoir au mieux les publicités.
– Les enfants sont une cible privilégiée : ils infl uencent leurs parents pour les textiles, la
confi serie, l’alimentaire, les jouets mais aussi les gros achats comme les voitures et
les lieux de vacances.
– La publicité est une dictature insidieuse qui ne montre pas son vrai visage et qui joue
sur la liberté de consommer du citoyen pour mieux le conditionner. Coca-Cola, depuis
1892, a investi des sommes toujours plus colossales pour se faire connaître et adopter,
le matraquage étant le plus sûr moyen de convaincre les consommateurs.
4.2. Un autre point de vue sur la publicité : article de Vincent Troger, « La
publicité, entre manipulation et création » paru dans Sciences Humaines,
décembre 2003 - janvier 2004
Cet article nuance le conditionnement exercé par les images publicitaires et réhabilite
sans excès le rôle de la publicité.
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 11 1/4
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 11 2/4
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 11 3/4
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Présenter le thème et sa problématique
Doc. 11 4/4 Sciences Humaines, HS 43, déc 2003/jan.-fév. 2004
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Présenter le thème et sa problématique
4.2.1. Recherches documentairesÀ vous de chercher !Nous allons modifi er notre manière de procéder : c’est vous qui ferez des recherches
sur des auteurs ou des références culturelles évoquées dans l’article et je me chargerai
de faire la synthèse de cet article.
Les artistes dont il sera question ont tous à leur manière fait progresser les arts « visuels »
comme l’affi che ou le cinéma. Ce sera aussi l’occasion d’acquérir un peu de culture gé-
nérale à travers des artistes célèbres mais que l’on ne connaît parfois que de nom !
Voici votre travail :
Recherches à effectuer dans un dictionnaire, un livre d’art ou sur Internet : vous ferez
brièvement la biographie des artistes suivants en insistant, non sur les événements
familiaux de leur vie, mais sur la spécifi cité de leur carrière artistique. Vous chercherez
à voir des tableaux ou affi ches qu’ils ont réalisés.
Vous remplirez les différents cadres ci-dessous sur :
– Pierre Bonnard
– Henri de Toulouse-Lautrec
– Andy Warhol
– Georges Méliès
Portrait de Pierre Bonnard
Portrait d’Henri de Toulouse-Lautrec
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Présenter le thème et sa problématique
Portrait d’Andy Warhol
Portrait de Georges Méliès
Reprenons ensemble
Portrait de Pierre Bonnard
– Il est né en 1867 et décédé en 1947.
– Il n’a pas eu la notoriété de Braque ou Picasso : c’est un artiste assez méconnu.
– 1885 : il entre à la Faculté de droit pour satisfaire son père.
– 1888 : il obtient sa licence.
– Il suit des cours à l’académie Julian et entre aux Beaux-Arts : il découvre les tableaux de Gauguin, Van Gogh, Degas,
Monet et Cézanne notamment.
– Il adhère au groupe artistique des « Nabis » et est marqué par la vogue du japonisme : on le surnomme « le Nabi
Japonard » car sa peinture est marquée par l’exaltation de la couleur et la simplifi cation de la forme.
– 1889 : il prête serment d’avocat et dessine les hommes de loi lorsqu’il se rend au Parquet.
– Il excelle dans les arts graphiques, les estampes, les livres illustrés.
– Il est l’un des premiers de son groupe à s’intéresser à l’affi che. 1895 : il présente cinq tableaux en quatre panneaux
décoratifs au Salon des Indépendants.
– Il fait la connaissance de Toulouse-Lautrec et se lie d’amitié avec lui.
– Il est en concurrence avec ce dernier sur un projet d’affi che pour le Moulin Rouge : Toulouse Lautrec l’emporte.
– 1893 : il rencontre Marthe qui devient son modèle.
– Il réalise 109 lithographies pour illustrer le recueil de Verlaine Parallèlement.– Il achète en 1926 la villa « Le Bosquet » au Cannet : il s’y retire en 1939.
– Il traverse alors une période sombre où il peint des scènes d’intérieur et de rues nocturnes.