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Festival d'art et culture d'expression lusophone LE PORTUGAL ET L'EUROPE e0GA IUMOQUC BE PRESSE . Le Festival LE PORTUGAL ET L'EUROPE, qui aura lieu en Ile-de-France du 25 avril au 8 mai 1994, se déroule sous le signe de la Révolution des Œillets, moment décisif pour l'implantation de la démocratie au Portugal. Cet événement généra plusieurs mutations au sein même de la société portugaise ainsi que l'indépendance des cinq nouveaux états africains de langue officielle portugaise et, bien sûr, un nouveau dialogue entre le Portugal et les autres pays d'Europe. La journée du 25 avril 1974 occupe une place importante dans la mémoire portugaise et européenne . Le mouvement de rébellion conduit en grande partie par le capitaine Otelo Saraiva de Carvalho s'est rapidement répandu et malgré les appels au calme lancés par les militaires, la foule a peu à peu envahi les rues de Lisbonne . Civils et militaires fraternisent, les oeillets fleurissent aux fusils des soldats . Cette fleur deviendra l'emblème d'une révolution pacifique et le symbole de 1' espoir de tout un pays. Aujourd'hui, vingt années sont passées, et le Portugal a acquis une stabilité européenne . Le moment est venu de comprendre comment la Révolution s'est inscrite dans la mémoire collective à travers la littérature, le cinéma et la musique. Selon Fernando Pessoa, le legs du Portugal à la civilisation européenne est l'universalité, cette capacité extraordinaire de promouvoir la rencontre de différentes cultures . La spécificité de l'expérience historique portugaise, marquée par le contact, depuis plusieurs siècles, avec différentes civilisations, est d'autant plus importante à une époque où les nationalismes et xénophobies ont tendance à se développer dans le monde. Soucieux de contribuer au débat sur les racines culturelles de l'Europe, ARIMAGE, Centre d'Art et Culture d'expression lusophone vous invite à participer au Festival LE PORTUGAL ET L'EUROPE dont les objectifs sont la diffusion de l'oeuvre des créateurs portugais, tout particulièrement écrivains, cinéastes et 3

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Festival d'art et culture d'expressionlusophone

LE PORTUGAL ET L'EUROPE

e0GA IUMOQUC BE PRESSE.

Le Festival LE PORTUGAL ET L'EUROPE, qui aura lieuen Ile-de-France du 25 avril au 8 mai 1994, se déroulesous le signe de la Révolution des Œillets, momentdécisif pour l'implantation de la démocratie au Portugal.Cet événement généra plusieurs mutations au sein mêmede la société portugaise ainsi que l'indépendance descinq nouveaux états africains de langue officielleportugaise et, bien sûr, un nouveau dialogue entre lePortugal et les autres pays d'Europe.

La journée du 25 avril 1974 occupe une place importantedans la mémoire portugaise et européenne. Lemouvement de rébellion conduit en grande partie par lecapitaine Otelo Saraiva de Carvalho s'est rapidementrépandu et malgré les appels au calme lancés par lesmilitaires, la foule a peu à peu envahi les rues deLisbonne. Civils et militaires fraternisent, les oeilletsfleurissent aux fusils des soldats. Cette fleur deviendral'emblème d'une révolution pacifique et le symbole de 1'espoir de tout un pays.

Aujourd'hui, vingt années sont passées, et le Portugal aacquis une stabilité européenne. Le moment est venu decomprendre comment la Révolution s'est inscrite dans lamémoire collective à travers la littérature, le cinéma et lamusique.Selon Fernando Pessoa, le legs du Portugal à lacivilisation européenne est l'universalité, cette capacitéextraordinaire de promouvoir la rencontre de différentescultures . La spécificité de l'expérience historiqueportugaise, marquée par le contact, depuis plusieurssiècles, avec différentes civilisations, est d'autant plusimportante à une époque où les nationalismes etxénophobies ont tendance à se développer dans lemonde.

Soucieux de contribuer au débat sur les racinesculturelles de l'Europe, ARIMAGE, Centre d'Art etCulture d'expression lusophone vous invite à participerau Festival LE PORTUGAL ET L'EUROPE dont lesobjectifs sont la diffusion de l'oeuvre des créateursportugais, tout particulièrement écrivains, cinéastes et

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musiciens, dans le contexte démocratique issu de laRévolution des Œillets. Un des moments forts de ceFestival sera la rencontre avec Otelo Saraiva de Carvalho,au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, le 25 avrilprochain . La rencontre avec le capitaine Otelo, entouréde Eduardo Lourenço, Jean Daniel, Christian Auscher,Vicente Jorge Silva et Miguel Sousa Tavares, seral'occasion d'évoquer le rôle de la révolution portugaisedans le contexte européen . Le 26 avril, Otelo participeraégalement au débat organisé par la Maison des Ecrivainsà Paris sur le thème LE 25 AVRIL : 20 ANS APRES.

Le Centre Georges Pompidou s'est associé à cetévénement. Les Revues Parlées organisent une tableronde sur le thème POESIE ET LIBERTE et unerencontre-débat sur LE ROMAN PORTUGAIS APRES LAREVOLUTION, qui compte avec la participation de deuxgrands romanciers, José Cardoso Pires et Antônio LoboAntunes . L' oeuvre de ces deux auteurs, comme d'ailleurscelle de José Saramago ou même de Fernando Pessoa,témoignent de l'intérêt que les écrivains portugaisportent à la ville de Lisbonne, dont ils créent une sortede géographie poétique et sentimentale . LaBibliothèque Publique d'Information du Centre GeorgesPompidou propose, dans le cadre du cycle "Ecrire laville", un débat sur LISBONNE DE L'INTRANQUILLITE,FERNANDO PESSOA REVISITE, en présence de JoséGil, Eduardo Lourenço, Françoise Laye et Miguel SerrasPereira.

La Fondation Royaumont, dont l'action a été trèsimportante dans la découverte des auteurs portugais enFrance, organise une rencontre sur "Le rôle de latraduction dans la culture européenne" et un débat sur lethème "Traduire la poésie en Europe : l'exempleportugais", en présence de Eduardo Prado Coelho,Rémy Hourcade, Pierre Rivas et Robert Bréchon.Pendant toute la durée du Festival, le Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis propose des séances avec lesécrivains portugais Agustina Bessa-Luis, Antônio LoboAntunes, José Cardoso Pires, Màrio Claûdio, AntônioRamos Rosa et les écrivains africains José Craveirinha(Mozambique), Arlindo Barbeitos (Angola) et JoâoManuel Varela (Cap-Vert) . Ces rencontres sont suivies dela lecture de textes des auteurs par les comédiens de laCompagnie Nordey.

Les lectorats de langue portugaise et l'Institut Camôesaccueillent également tous ces écrivains dans le cadredes rencontres avec les étudiants des universitésparisiennes.

Le Centre Culturel Calouste Gulbenkian à Paris poursuitsa tradition de médiateur privilégié entre les écrivains etle public français et portugais, s'associant également auFestival, et incluant dans sa programmation unerencontre avec le romancier Antônio Lobo Antunes, uneconférence de Solange Parvaux sur "Le Portugais,

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langue internationale, et son enseignement en France"et une conférence de Nelly Jazra Bandarra sur "Ladynamique du Portugal dans l'Europe".

Deux concerts de fado de Coimbra, par le Grupo deGuitarras e Cantares de Coimbra et le Quarteto deGuitarras de Coimbra auront lieu au Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis et dans la salle polyvalenteJacques Brel de la municipalité de Fontenay-sous-Bois.

Le cinéma portugais est à l'honneur à L'Ecran 3 de Saint-Denis avec la projection en avant-première du film "Lepauvre Georges" de Jorge Silva Melo et les reprises de"Ici sur la Terre" de Joâo Botelho, "Le Mirador de laLune" de Jorge Antônio, "Août" de Jorge Silva Melo,"Oxalà" de Antônio-Pedro Vasconcelos et "Non ou lavaine gloire de commander" de Manoel de Oliveira . Unerencontre exceptionnelle sur "Le cinéma portugais après1974" aura lieu, le vendredi 6 mai, à l'Ecran 3 de Saint-Denis, en présence des réalisateurs Jorge Silva Melo,Joâo Botelho, Maria de Medeiros, Teresa Vilaverde etJoaquim Pinto.

L'Agence Momento s'est associée à ARIMAGE, Centred'art et culture d'expression lusophone dans lapromotion de ce Festival . Nous souhaitons que cetterencontre culturelle exceptionnelle soit un moment deplaisir et de découverte . Vous trouverez en annexe, leprogramme détaillé du Festival, des informationsconcernant les différentes manifestations ainsi qu'unlaisser-passer. Nous sommes à votre disposition pourvous fournir tout renseignement complémentaire.

Pour que refleurisse ce printemps portugais, nous vousinvitons à porter à la boutonnière, dès le 25 avrilprochain, un œillet rouge.

RELATIONS PRESSE

OSWALDO-MARIA BUENO

AGENCE MOMENTO10, rue Léopold Bellan - 75002 Paris

TEL . (1) 40.39.93 .75 - FAX. (1) 40 .39.95.89

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Festival d'art et culture d'expressionlusophone

LE PORTUGAL ET L'EUROPEAVRIL-MAI 1994 / ILE-DE-FRANCE

Communiqué de presse 3

La Révolution portugaise de 1974par Robert Durand 6La Révolution et l'Europe par Christian Auscher 10

LITTERATURE

La différence en littérature : une identité portugaisepar Eduardo Prado Coelho 16Manuel Alegre 18Arlindo Barbeitos 19Agustina Bessa-Luis 20José Cardoso Pires 21Mârio Claûdio 22José Craveirinha 23Antônio Lobo Antunes 24Eduardo Lourenço 25Antônio Ramos Rosa 27José Saramago 28Joâo Manuel Varela 30LECTURES par la Compagnie Nordey 31

CINEMA

Un cinéma qui lutte contre la fatigue du cinémapar Jacques Lemière 33"Ici sur la Terre" de Joâo Boteiho 36"Le Mirador de la Lune" de Jorge Antonio 37"Août" de Jorge Silva Melo 38"Le pauvre Georges" de Jorge Silva Melo 39"Oxalâ" de Antonio-Pedro de Vasconcelos 40"Non, ou la vaine gloire de commander"de Manoel de Oliveira 41Non, ou comment Manoel de Oliveira filmel'Histoire par Antoine De Baecque 42

MUSIQUE

Une déclaration de Antonio Portugal sur les originesde la chanson de Coimbra 45Grupo de Guitarras e Cantares de CoimbraQuarteto de Guitarras de Coimbra 46

L'équipe du Festival LE PORTUGAL ET L'EUROPE . . .47

LITTERATURE

LA DIFFERENCE EN LITTERATURE :une identité portugaise

par Eduardo Prado Coelho

Fernando Pessoa voulait être, à lui tout seul, toute la littérature - cellequi n'existait pas encore de son temps . Les hétéronymes furent cela :une littérature qui s'invente elle-même, crée ses propres originesmythiques, ses propres dérivations, ses conflits, ses énigmes, sonréseau d'influences . Mais la littérature portugaise ne se résume pas àFernando Pessoa - même si Pessoa demeure pour elle uninterlocuteur permanent (un fantôme, un cauchemar, une inspiration,une figure tutélaire).On peut cependant avancer que le xxème siècle a en effetcommencé avec Pessoa . Mais pas seulement avec lui ; avec tous sescompagnons de Orpheu, la revue qui ne connut que deux numéroset dont un troisième ne réussit jamais à sortir des presses, autour de1915 . II ne s'agissait pas de rompre avec le passé (où Cesàrio Verde,Antero do Quental, Oliveira Martin ou Antônio Nobre sont despersonnalités décisives), mais avec un présent de la littératureportugaise, médiocre et académique . Orpheu est encore à mi-cheminentre la tradition symboliste et l'esprit d'avant-garde . Cette doubleappartenance n'est pas seulement une déchirure au sein del'ensemble de ses auteurs, mais elle existe à l'intérieur même des plusavant gardistes de l'avant-garde : Pessoa, Sâ-Carneiro, AlmadaNegreiros.Le deuxième moment fondamental de la littérature portugaise duXXème siècle est lié à une autre revue, Presença, du début desannées 30 . Deux noms essentiels, celui de José Régio et celui deMiguel Torga (qui s'en éloignera peu après d'ailleurs), plus celui d'uncritique (qui au demeurant fut romancier), Joâo Gaspar Simôes,premier biographe de Fernando Pessoa, sont réunis autour d'uneidée de la littérature comme un espace sacré de rédemption deshommes . Les valeurs fondamentales sont celles de l'authenticité,c'est à dire les valeurs humaines comme fondement des valeursesthétiques, avec une prédominance pour la psychologie (laspontanéité, la sincérité, l'anti-rhétorique) . Presença possède à la foissa propre littérature et son propre travail critique . On y trouve desnotes d'une grande justesse, comme tout le travail élaboré afin de"révéler" et d'"expliquer" Fernando Pessoa auprès du milieu littéraireportugais, et certains désaccords, comme la relative incompréhensiond'un des plus grands écrivains portugais du XXème siècle : VitorinoNemésio.Un troisième moment décisif, enchâssé par une idéologie cettefois-ci : le néo-réalisme, nom officiel pour la censure, qui cache unvéritable "réalisme socialiste", voire dans certains cas, un marxismelittéraire méconnu, passé au Portugal par la lecture d'un Lefebvre oud'un Guterman, d'un Politzer ou d'un Lukacs, le tout marqué par laguerre d'Espagne et la Résistance - Lorca, Aragon, Gorki, JorgeAmado, Steinbeck . En plein fascisme, fût-il dans sa version un peuplus discrète qu'est le salazarisme, le néo-réalisme tend à devenir,outre une esthétique, une morale et une politique . La vie portugaisesera marquée, pendant de très nombreuses années, par la questionidéologique du néo-réalisme, polémique parfois sanglante, mais quin'empêchait pas l'avènement de grands théorisateurs et grandsécrivains. Côté théorique, Màrio Dionisio, Oscar Lopes, Màrio

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Sacramento . Côté création, Carlos de Oliveira, Manuel da Fonseca,Alves Redol et, plus tard, Augusto Abelaira ou Fernando Namora . Ungrand poète s'est joint à ce mouvement : José Gomes Ferreira. Etbeaucoup de réticences, du côté de Presença, bien sûr, au nom de lapureté de l'art, de celui des surréalistes avec Antônio Maria Lisboa etsurtout Mârio Cesariny de Vasconcelos et Alexandre O'Neil . Mais lesplus fortes résistances sont venues de ceux qui soutenaient que lalittérature avait une vérité spécifique, comme c'est le cas de Jorge deSena, un des grands noms des lettres portugaises, poète,dramaturge, critique, historien, théoricien, romancier, ou égalementde Adolfo Casais Monteiro et José Augusto França.Les années 50 marquent un retour à certaines valeurs moinsidéologiques, quelque chose de plus nostalgique ou de plusconservateur (comme pour la revue Tàvola Redonda), ou à desmodalités volontiers métaphysiques pour la création poétique (le casdes Cadernos de Poesia) . C'est de ce mouvement qu'à la fin desannées 50 surgiront les grands noms de la poésie portugaisecontemporaine : Eugénio de Andrade, Sophia de Mello BreynerAndresen, Ant6nio Ramos Rosa, Herberto Helder, Ruy Bello ou DavidMourâo-Ferreira; ou des romanciers tels que Fernanda Botelho, MariaJudite de Carvalho, Urbano Tavares Rodrigues, Nuno de Bragança.Dans les années 60, nous assistons simultanément à l'aphotéose dela théorie - mouvements doctrinaires, les derniers autour de la poésieexpérimentale, du nouveau roman ou de ce qu'on a appelé Poesia61 - et au déclin des idées d'avant-garde . La Révolution du 25 avril1974, mouvement libérateur, a cependant voulu discipliner lalittérature portugaise . De nos jours, il y a des auteurs, mais non plusdes générations sûres, des écoles ou des publicationsprogrammatiques . Il y a des sensibilités, mais non plus desmanifestes.La littérature portugaise vit maintenant une période euphorique.Reconnue internationalement - grâce à la découverte de Pessoa,mais pas seulement - , elle joue aujourd'hui un rôle significatif dans lavie sociale portugaise . Les grands écrivains publient des livres quiatteignent des tirages impressionnants, comme José Saramago,Agustina Bessa-Luis, José Cardoso Pires, Vergilio Ferreira, MariaVelho da Costa, Antônio Lobo Antunes . Les grands essaystesgagnent, enfin, des récompenses à l'étranger : Eduardo Lourenço aobtenu le Prix européen de l'essai Charles Veillon en 1988 . Le niveaumoyen de la poésie portugaise est remarquablement haut . Il y a uncertain consensus, parfois même un peu trop, sur les valeurs ; àquelques exceptions près, dont celle de Maria Grabriella Llansol,écrivain secret, passionnément marginale, mais sans pose,indifférente à la guerre des pouvoirs et des situations sociales . Et l'ons'aperçoit qu'il y a une véritable rencontre entre les lecteurs et lesécrivains.Intégrée progressivement dans l'espace européen, la littératureportugaise est, néanmoins, un exemple de résistance aux processusfort menaçants d'indifférenciation et d'homogénéisation . Le cinéma,les arts plastiques et la littérature revendiquent une différenceportugaise. Pour le meilleur et pour le pire, sans doute . Mais c'estcette différence qui permet aux lecteurs européens, écrasés par lesprix et les promotions médiatiques, de savourer un plaisir rare : celuid'ouvrir un livre et d'y découvrir qu'un autre monde est encorepossible.

Traduit par Pierre Léglise-Costa .

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MANUEL ALEGRE

Manuel Alegre est né à Agueda et étudie à Porto où il fonde lejournal Prelùdio, aux côtés de José Augusto Seabra et de JoséMiguel Leal da Silva . De cette époque datent ses premièresinspirations poétiques et son premier recueil intitulé SensaçôesRomânticas (Sensations romantiques) paru en 1955. Etudesuniversitaires à Coimbra où il milite activement contre le régimedictatorial et s'affirme comme l'un des dirigeants de la jeunesseestudiantine . En 1961, il rentre à l'Ecole des Officiers à Mafra etprofère son premier discours public contre la guerre coloniale, à lasuite duquel il est transféré aux Açores.En 1962, il est mobilisé pour la guerre coloniale en Angola en qualitéd'officier et organise un mouvement de résistance au sein des forcesarmées, lequel aboutit à une révolte militaire ; il est incarcéré pendantsix mois à la Forteresse de Sào Paulo à Luanda . Une grande partiedes poèmes qui constituent Praça da cançâo (Place de lachanson), publié en 1965, sont écrits pendant cette période et c'estégalement en prison que Manuel Alegre fait la connaissance deLuandino Vieira et Antonio Jacinto, écrivains angolais, égalementengagés dans la résistance. Le roman-chronique Jornada deAfrica (Expédition africaine), publié en 1985, nait pendant cettemême période. En 1964, de retour au Portugal où il est assigné àrésidence à Coimbra, il apprend qu'il doit être jugé par le TribunalMilitaire et entre dans la clandestinité avant son départ en exil . Vitquelques mois à Paris et en octobre 1964, après son élection à ladirection du FPLN - Front patriotique de Libération nationale , part àAlger où il dirige en outre la radio La Voix de la Liberté, jusqu'en 1974.Au titre de dirigeant du FPLN voyage dans différents pays ettémoigne devant le Comité des 24 des Nations Unies de sonexpérience de la guerre coloniale . Se lie d'amitié avec les principauxdirigeants des mouvements de libération des colonies portugaises,Amilcar Cabral, Samora Machel, Eduardo Mondlane e Agostinho Neto.En 1965, il publie Praça da Cançâo aussitôt épuisé, en 1967 0canto e as armas, recueil qui accorde une place importante àl'expérience de l'exil . En 1970, à la suite des événements de Prague,il démissionne du Parti Communiste au sein duquel il militait depuis1957 . Certains poèmes de la Place de la Chanson et de L echant et les armes sont traduits en français dans le recueilLusiade exilé, paru en 1970 . En 1971, il publie Um barco paraItaca (Un bateau pour Ithaque) sur le thème de l'errance . Le 2 mai1974, il rentre au Portugal après la Révolution des oeillets . Est nommédirecteur des services culturels de la RDP (Radio nationale) et fondeavec Nuno Bragança, Manuel Motta et Piteira santos les CentresPopulaires du 25 avril qui prétendaient jouer un rôle complémentaire àcelui des partis politiques dans la mise en place de la "révolution" . En1974, il publie Letras (Lettres), autre livre sur la période de l'exil etcette même année entre au Parti socialiste . En 1975, il est élu députéet occupe différents postes publiques jusqu'au moment ou il se retirede la vie politique pour se consacrer uniquement à la création littéraire.En 1989, il publie le roman Jornada de Africa (ExpéditionAfricaine) et un recueil de contes 0 Homem do pais azul.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAISLusiade exilé, traduction de Manuel et Anne Perrier, Paris,Seghers, 1970 .

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ARLINDO BARBEITOS (Angola)

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Arlindo Barbeitos est né à Catete, en Angola, le 24 décembre 1940.Après des études à Luanda, il part pour Lisbonne en 1958 afin desuivre des études universitaires . Le déclenchement de la guerre delibération en 1961 l'a forcé à quitter le Portugal, car il était lié aumouvement de libération de l'Angola . Après un passage à Paris et uncourt séjour en Afrique du Nord, Arlindo Barbeitos s'installe àFrankfurt en 1965 et s'inscrit à l'Institut de Recherches Sociales de laWolfgang Goethe Universitât, d'abord pour suivre des études ensociologie puis en ethnologie . Entre 1971 et 1972, il a participé, sousprétexte d'entreprendre des recherches scientifiques, à la lutte delibération de l'Angola en tant que professeur des centres d'instructiondes habitants des régions libérées de la province de Maxico . Enrentrant en Allemagne, à Berlin, il termine en 1974 sa thèse dedoctorat sur la genèse de l'Angola. En 1975, il rentre au paysquelques semaines avant l'indépendance. Entre 1975 et 1977 iltravaille à l'Institut de Recherches Scientifiques d'Angola à Luanda.De 1977 à 1981, on le retrouve professeur à l'Université d'Angola àLubango . Entre 1983 et 1993, il exerce des fonctions diverses ausein du ministère de la Culture . Depuis 1993, il réside à Paris pouractualiser ses connaissances universitaires.La carrière d'écrivain de Arlindo Barbeitos débute en 1971, avec lapublication en Hollande d'un recueil de poèmes bilingue,portugaislallemand . "Angola, Angolê, Angolêma" est paru en1977, d'abord à Lisbonne puis à Luanda. En 1979, il publieégalement à Lisbonne et Luanda "Nzoje" (Rêve), recueil depoèmes . En 1981 parution à Lisbonne et en 1982 à Luanda de "Orio - estôrias do regresso" (Le fleuve, contes du retour).En 1992, il publie à Lisbonne et l'année suivante à Luanda, le derniervolume de poèmes "Fiapos de sonho" (Loques de rêve) . Sous-presse en ce moment un recueil de contes "Nanjang".Plusieurs de ses poèmes ont été traduits et publiés dans desanthologies, en allemand, anglais, italien, russe, hongrois, espagnolet français.Arlindo Barbeitos est membre fondateur de l'Union des EcrivainsAngolais (U .E.A.), créée en1975.

BIBLIOGRAPHIE

Angola, Angolê, Angolêma, Sa da Costa, Lisboa, 1976.

Nzo je, Sa da Costa, Lisboa, 1979.

0 rio - Estdrias do regresso, INCM, Lisboa, 1985.

Fiapos de sonho, Ed. Vega, Lisboa, 1992.

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AGUSTINA BESSA-LUIS

Agustina Bessa Luis naquit à Vila Mea, près d'Amarante au nord ouestdu Portugal en 1922 . Elle habite Porto . Sa production très vaste ettrès diverse touche le roman, le conte, le récit historique, la biographieimaginaire et la réflexion théorique. Elle publia son premier livre,Mundo Fechado, en 1948, mais c'est surtout avec Sibila en 1954qu'Agustina est véritablement reconnue par la critique . Deux ansaprès Sibila, Agustina publie Os Incuràveis . En 1957, c'est le tourde A Muralha et en 1960 le livre Ternos Guerreiros, en 1961 0Manto et en 1963 Sermâo do Fogo . Elle se lance ensuite dansune sorte de trilogie : As Relaçôes humanas.Entre-temps, son image d'écrivain difficile, torrencielle, indisciplinée,voire irrationnelle, s'était consolidée auprès du public . Certainscritiquent son goût pour une certaine métaphysique des gens dunord du Portugal ou celui de la défense de la femme dominatrice etintuitive, le tout conjugué avec une volonté de pouvoir qui sesuperpose à toutes les raisons fussent-elles bourgeoises oumasculines . D'autres y voient, au contraire, dans cette oeuvreinégalement désordonnée, une marque de génie . En construisantd'imenses récits déambulatoires où les générations se succèdent etles personnages se multiplient, Agustina crée au fur et à mesure desoeuvres, un univers fascinant et exceptionnel, qui se retrouve aussid'ailleurs dans ses chroniques et dans les réflexions de typespéculatif aussi bien que dans les entrevues qu'elle donne . Tout cecilui fit traverser la Révolution de 1974 avec une espèce de luciditécaustique et désarmante. Très engagée, apparemment, dans la viepolitique portugaise, allant jusqu'à faire l 'expérience de la directiond'un grand quotidien 0 Primeiro de Janeiro où elle rédigeait deséditoriaux séduisants et . . . souvent difficiles à comprendre . Elle futdirectrice du Théâtre National portugais, à Lisbonne, de 1991 à 1993.Agustina devint un écrivain populaire ironiquement distant etdépassionné. Entre-temps, sont parus divers romans et biographieshistoriques, comme Os Meninos de Ouro, Grand Prix deLittérature nationale. Son oeuvre la plus récente 0 Prazer e aGldria, est l'analyse la plus impitoyable et subtile des transformationssociales de la vie portugaise de ces dernières années . Son romanFanny Owen connut un succès mondial en étant transposé aucinéma, sous le titre Francisco, par le grand réalisateur portugaisManoel de Oliveira . Son roman VaIe Abraâo est également àl'origine du film Val Abraham de ce même réalisateur, présenté auFestival de Cannes de 1993.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

La Sybille, traduction de Françoise Debecker-Bardin, Paris,Gallimard, 1982.Fanny Owen, traduction de Debecker-Bardin, Paris, Actes-Sud,1988.La Cour du Nord, traduction de Françoise Debecker-Bardin, Paris,Editions Métaillé, 1991.A paraître en 1994, Le Monastère, traduction de FrançoiseDebecker-Bardin, Editions Métaillé.

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JOSE CARDOSO PIRES

Né en 1925, José Cardoso Pires publie en 1949 Os Caminheirose outros Contos et en 1952 Histôria de Amor que la censuresalazariste interdit et qui contribua, paradoxalement, mais c'estsouvent ainsi avec la censure, à faire connaître l'auteur.D'abord influencé par le néo-réalisme, il n'en garde, en fait que sesaspects les plus positifs et une préoccupation sociale constante enune sorte de °réalisme critique qui lui ouvre les portes descomplexités dramatiques de la nature humaine° (Eduardo PradoCoelho).Par ailleurs, l'influence d'Hemingway l'aide à réagir contre lesentimentalisme du roman néo-réaliste portugais, et 0 Hôspedede Job fait preuve d'une sécheresse de dialogues et d'uneimpassibilité lucide qui avouent l'influence américaine, mais aussi,d'une certaine façon celle de Roger Vailland, tout en assurant àl'auteur une place à part dans la littérature portugaise, au tout débutdes années soixante.José Cardoso Pires, outre le roman et la nouvelle, a cultivé la satirepolitique, la chronique, le théâtre et l ' essai. Sa Cartilha doMarialva est un texte de réflexion sur le machisme réactionnaire et lelibertinage cultivé et progressiste . Son autre incartade dans l'essai, en1977, E agora José? est un recueil de textes sur la censure, lefascisme, la police politique du Portugal de Salazar, et aussi uneinterrogation sur le futur.Son roman, La Ballade de la plage aux chiens (A Balada dapraia dos Mes, 1982) s'inspire d'un homicide véridique àconnotations politiques ; il reçoit le grand prix de l'Associationportugaise des écrivains . C'est un texte à clés pour le lecteurportugais, mais aussi un parcours de dimensions sans frontières, oùl'intrigue reprend le goût de l'enquête sur les faits et les hommes . Lecinéma s'en empara vite et un film doit sortir bientôt. José CardosoPires est un des grands noms du paysage actuel de la littératureportugaise.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

L'Invité de Job, traduction de Jacques Fressard, Paris, Gallimard,1967.

Le Dauphin, traduction de Robert Quemserat, Paris, Gallimard,1970.

Ballade de la plage aux chiens, traduction de Michel Laban,Paris, Gallimard, 1986.

L'ange épinglé, traduction de Francis Uteza, Paris, SylvieMessinger, 1990.

Alexandra Alpha, traduction de Michel Laban, Paris, Gallimard,1991.

La République des corbeaux, traduction de Jean-ClaudeMasson, Paris, N .R.F. Gallimard, 1992.

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MARIO CLAUDIO

Mério Claûdio (pseudonyme de Rui Manuel Pinto Barbot Costa) est néà Porto en 1941 . Licencié en Droit par l'Université de Coimbra, il aaussi un diplôme de bibliothécaire-archiviste de la Faculté de Lettresde cette Université . Comme boursier de l' Institut National de laRecherche Scientifique il a pris le degré de Master of Arts in Libraryand Informations Studies, à l'University College de l'Université deLondres. Il fut à l'origine du projet d'un musée de la littérature à Porto.

Il travaille, à présent, à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Porto et àla délégation de Porto de la "Secretaria de Estado da Cultura".

Ecrivain de renom, lié au nord du Portugal, Mério Claûdio a déjà uneoeuvre publiée importante, traduite en plusieurs langues . Il a participéaussi à de nombreuses publications internationales, dont Saveursde Porto, éditions de l'Escampette, Bordeaux, 1991.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

Amadeo (Trilogie de la main I), traduction de Pierre Léglise-Costa et Richard Charbonneau, Paris, La Différence, 1988.Grand Prix de Littérature au Portugal.

Guilhermina (Trilogie de la main 11), traduction de PierreLéglise-Costa, Paris, La Différence,1988.

lie de l'Orient, traduction de Pierre Léglise-Costa, Festivald'Avignon, Maison Antoine Vitez et France Culture, 1992.

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JOSE CRAVEIRINHA (Mozambique)

"(. . .) Né le 28 mai 1922, à Lourenço Marques, ancienne capitale duMozambique, Craveirinha a eu dans son adolescence, pour idoles etmentors, le brillant noyau de l'intellectualité métisse, médiatricesociale, qui gravitait autour du journal O Brado Africano,périodique qui luttait avec hardiesse et vaillance por les droits desgens dits 'de couleur» Ce cercle, composé de journalistes, detribuns comme Karel Pott, Joâo Albasani et Estâcio Dias, était dominépar la silhouette amère et tragique de celui qu'on a appelé le père dela poésie mozambicaine : Rui de Noronha.La gestation du poète a été longue et tardive. Les gens de magénération, peut-être mes cadets de cinq à dix ans, tels que FonsecaAmaral, Noémia de Sousa, ont commencé à publier vers la fin desannées quarante; le premier poème de Craveirinha a vu le jour, dansle Brado, en 1956. A partir de cette date, il y a eu moins dedéviations et de temps morts, si bien que, petit à petit, nous sommesdevenus la 'génération créatrice° qui, soit dans le cadre luso-mozambicain (dans lequel je me situe), a affronté, d'une manièrecritique, avec des risques et des condamnations connues, les suitesinjustes de la situation coloniale.Nous avons formé, dans notre diversité de races et d'origines, ungroupe uni auquel je suis de plus en plus fier d'appartenir car, moi leblanc, j'ai trouvé en José Craveirinha, le mulâtre, le frère bien-aiméque je n'ai jamais eu".

Extrait de Rui KNOPLFLI, José Craveirinha, le frère bien-aimé. Traduction de Jeannine Colas.

BIBLIOGRAPHIE

Cântico a um dio de catrame, ed. bilingue italien/portugais,1966.

Chigubo, Maputo, INLD, 1980.

Karingana ua Karingana, Lisbonne, Ediçoes 70, 1982.

Cela 1, Maputo, INLD, 1980.

Maria, Lisbonne, ALAC, 1988.

En 1991, le Prix Cambes - qui distingue l'oeuvre globale d'unécrivain d'un des sept pays de la langue portugaise - lui est décerné.

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Antônio LOBO ANTUNES

Antônio Lobo Antunes est né en 1942 . Issu de la grande bourgeoisieportugaise, il est actuellement psychiatre dans un hôpital deLisbonne.°A huit ans, il noircissait les cahiers de comptes de sa mère. A treize, ilpubliait son premier poème. A seize, il écrivait à Céline pour luidemander une photo dédicacée. Il l'avait découvert en lisantVoyage au bout de la nuit et de vieux numéros de Je suispartout, journal auquel avait été abonné son père, solide pilier dusalazarisme. Jeune médecin, il part vingt-sept mois en Angola, entre1971 et 1973. Une sale guerre qui sera au centre des trois premiersromans : Mémoire d'éléphant, Le cul de Judas etConnaissance de l'enfer, trilogie coloniale « qui le rendraimmédiatement célèbre au Portugal.

(Antoine de Gaudemar, Libération, 17 octobre 1987).

Auteur à ce jour de huit romans, il est aujourd'hui l'une des figuresmajeures de la jeune génération d'écrivains portugais.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

Le cul de Judas, traduction de Pierre Léglise-Costa, Paris, A .M.Métaillé, 1983.Prix de l'Ambassade du meilleur roman portugais traduit en Français.

Fado alexandrino, traduction de Pierre Léglise-Costa etGenevièveLeibrich, Paris, A .M. Métaillé/Albin Michel, 1983.

Explication des oiseaux, traduction de Geneviève Leibrich,Paris, Christian Bourgois, 1990.

Le retour des caravelles, traduction de Michèle Giudicelli, Paris,Christian Bourgois, 1990.

La farce des damnés, traduction de Violante do Canto et YvesColeman, Paris, Christian Bourgois, 1992.

Traité des passions de l'âme, traduction de Geneviève Leibrich,Paris, Christian Bourgois, 1992 .

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EDUARDO LOURENÇO

Eduardo Lourenço est né en 1923 au nord du Portugal . Il fait sesétudes d'histoire et de philosophie à l'Université de Coimbra où il seraassistant de philosophie pendant six ans . En 1953, il s'expatrie et viten Allemagne, en France et au Brésil . Depuis 1960, il vit en France, àVence et enseigne à la faculté des lettres de Nice.

Si deux de ses premiers livres, Heterodoxia 1 et Heterodoxia 111(1949 et 1967) contiennent des études sur Hegel, Camus etKierkegaard, il se consacrera surtout à la critique littéraire et à l'essai.Cependant, Kierkegaard restera, avec Fernando Pessoa, sa"référence obsédante» . Ses essais, selon ses propres mots, "sesituent au croisement - mais aussi ailleurs - des champs délimités parla poésie et la philosophie'

En 1973, il publie Pessoa Revisitado qui marque une étapedécisive dans l'interprétation de l'oeuvre de Fernando Pessoa;La Révolution du 25 avril sera pour Eduardo Lourenço une occasionde se pencher sur la théorie politique : Os Militares e o Poder(Les militaires et le pouvoir) (1975), 0 Fascismo nunca existiu(Le fascisme n'a jamais existé) (1976) et 0 Complexo de Marx (Lecomplexe de Marx) (1978).

Mais peu à peu, il revient à l'essai littéraire et esthétique qui est le lieuoù il peut le mieux exercer son imaginaire : il publie en 1982 un travailsur Tintoret, Klee, Picasso, Vieira da Silva, 0 Espelho imaginàrio(Le miroir imaginaire) . Poesia e Metafisica (Poésie etMétaphysique) publié en 1983, est une méditation sur les poètesCamôes, Antero de Quental et Fernando Pessoa qui prend encompte la crise de la modernité, thème autour duquel tourne sonoeuvre. La conscience moderne est une "conscience malheureuse"et si Eduardo Lourenço sut toujours accueillir les extrêmes de lamodernité, il a, selon Eduardo Prado Coelho, toujours conservé unecertaine "réticence" à l'égard de celle-ci . N'écrit-il pas en effet : 'Leshommes de haute exigence éthique et mystique ( . . .) sont toujoursun peu archaïques". Fernando Pessoa est aussi l'interrogationcentrale et toujours renouvelée dans l'ensemble des essais réunissous le titre Fernando Pessoa, roi de notre Bavière.

En 1978, son essai, 0 Labirinto da saudade (Le labyrinthe de laSaudade) trouve un écho extraordinaire. Il s'agit là du destin duPortugal . Cette analyse fine qui n'a pas peur de se référer au mystèreet à l'énigme de l'histoire de ce pays, on la retrouve dans Nôs e aEuropa ou As Duas Razôes (Nous et l'Europe ou les deuxraisons) publié en 1988 et qui lui permettra d'être enfin reconnu auniveau européen puisqu'il obtient le prix européen de l'essai CharlesVeillon.

Sa "critique" que caractérise une grande honnêteté intellectuelle,une sensibilité et une rigueur peu commune, n'est pas le jugement nimême la seule analyse, mais plutôt un prolongement de l'oeuvre

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"critiquée" . Ce qui fait écrire à Vergilio Ferreira : "Sur les traces deBaudelaire, pour qui le meilleur commentaire d'une oeuvre d'art estune autre oeuvre d'art, Eduardo Lourenço a construit sa critiquemoins en jugeant telle ou telle oeuvre qu'en se fondant en elle, en lareprenant de l'intérieur.'

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

Le Labyrinthe de la saudade. Psychanalyse mythique dudestin portugais, traduction de Annie de Faria, Bruxelles, Sagres-Europa, 1988.

Pessoa: l'Etranger absolu, traduction de Annie de Faria, Paris,Editions Métaillé, 1990.

Fernando Pessoa, roi de notre Bavière, traduction de Anniede Faria, Lisbonne, Sagres-Europa, 1988 et Paris, SeguierlMichelChandeigne, 1990.

L'Europe introuvable : jalons pour une mythologieeuropéenne, traduction de Annie de Faria, Paris, Métaillé, 1991.

Montaigne 1533-1592, photos de Jean-Luc Chapin, Bordeaux,L'Escampette, 1992 .

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ANTONIO RAMOS ROSA

Né à Faro en 1924, le poète portugais Antônio Ramos Rosa vit àLisbonne . Depuis Le fonctionnaire fatigué (1958), son texte enquelque sorte fondateur, il a publié une cinquantaine de recueils.Première oeuvre intégralement traduite en français, Le dieu nu(1)obtint avec Le Livre de l'Ignorance le prix "Pessoa" à Lisbonneen 1988." . . Lecteur infatigable, théoricien, critique, Ramos Rosa est le pluslucide des poètes, mais toute sa science est au service de ce non-.savoir. Le poète se fait ignorant par un long et raisonné dérèglementde tous les sens. Alberta Caeiro, l'hétéronyme païen de FernandoPessoa, dit que "se sentir naître à chaque instant à l'éternellenouveauté du monde" exige une étude approfondie, unapprentissage du désapprendre" Ce livre est le manuel de cetapprentissage. Les cent huit poèmes qui le composent sont lesexercices dont la sucession doit permettre de retrouver`l'intelligence ignorante" qui est la clef perdue . Mais des milliersd'autres poèmes les ont précédés, depuis un demi-siècle. Ce travailde soi sur soi, qui conduit à un total abandon à l'être, estl'aboutissement de toute une vie. "Je suis parvenu à l'âge secret del'ignorance; dit Ramos Rosa dans un petit livre écrit à deux voix avecson ami Casimiro de Brito, poète adepte du Zen . Mais surtout sarecherche, même s'il la poursuit dans et par l'écriture, sur le "cheminde mots" ou il chemine silencieusement, engage tout son être. Ici,comme dans Le Dieu nul) ou dans Animal Regard, l'art d'écrireest un art d'aimer. ( . .)' Extrait de la Préface de Robert Brechon, L eLivre de l'Ignorance, Paris, Lettres Vives, 1991.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

Un Astre, traduction de Michel Chandeigne, Le Muy, Unes, 1987.

Animal regard, traduction et présentation de Michel Chandeigne,Le Muy, Unes, 1988.

Le Dieu nu(l), traduction de Michel Chandeigne, préface de RogerMunier, Paris, Lettres Vives, 1991.

Le Livre de l'ignorance, traduction de Michel Chandeigne,préface de Robert Bréchon, Paris, Lettres Vives, 1991.

Trois leçons matérielles, traduction de Michel Chandeigne,Chantelineau, La Taillis Pré, 1992.

Le cycle du cheval, traduction de Michel Chandeigne, préface deRobert Bréchon, Le Muy, Unes, 1993

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JOSE SARAMAGO

Parcours insolite que celui de cet autodidacte né en 1922 enAlentejo, au sud du Portugal . Issu d'une modeste famille rurale, il vientvivre à Lisbonne dès l'âge de deux ans, doit abandonner le lycée pourentrer dans une école professionnelle d'où il sort avec un diplôme deserrurier ; il exerce cette profession pendant deux ans dans leshôpitaux de Lisbonne et finit par être intégré aux servicesadministratifs . Il obtient, par la suite, un poste à la caisse d'allocationsfamiliales du personnel de l'industrie de la céramique, puis à la caissede prévoyance d'une compagnie mécanique . Entre-temps, en 1947précisément, José Saramago publie son premier roman, Terra doPecado (Terre du Péché) ; est-ce cette première publication quil'aidera à entrer aux Editions Cor quelque dix ans après ? En tout cas,après avoir beaucoup traduit en portugais, l'auteur, à partir de 1966,commence à produire très régulièrement, tout en collaborantactivement à d'importants journaux portugais.

José Saramago est considéré désormais comme l'un des plus grandsécrivains contemporains du Portugal, et, entre autres prix littérairesportugais et étrangers, il a reçu le prix du Pen Club portugais 1984pour son roman Le Dieu Manchot (en portugais Memorial doCon venta) traduit depuis en de nombreuses langues. A la question :pourquoi écrivez-vous ? il répond que »du passé déclaré mort, ilvoudrait faire un passé vivant, à tel point que puisse être modifié lerapport de l'homme au temps, au temps tout entier, atteindre undegré de compréhension historique globale qui unifierait le passé, leprésent et le futur, comme une large courbe tracée sur une toile,continue, ininterrompue et toute entière offerte au regard. »Le succès du Dieu Manchot au Portugal a révélé au grand publicl'oeuvre passée de Saramago et a favorisé la divulgation des livres plusrécents. Il a inspiré même un récent livret d'opéra à la Scala de Milan :Blimunda.

L'année de la mort de Ricardo Reis (0 ano da morte deRicardo Reis) plonge le lecteur dans l'univers portugais des annéestrente, partant de l'idée, très belle, du retour du Brésil de RicardoReis, hétéronyme de Fernando Pessoa pour assiter à la mort de cedernier.Notons, parce qu'il est original, Viagem a Portugal (Voyage auPortugal) ; ce livre hésite dans sa conception entre la fiction et lerecueil de chroniques et aborde un thème cher à l'auteur, celui duvoyage. Ce thème nous le retrouvons encore dans A Jangada depedra (Le radeau de pierre), où la Péninsule Ibérique se détache ducontinent européen et part à la dérive en quête de la vérité ; lesouvriers agricoles d'Alentejo de Levantado do Châo (Soulevé dusol) marchent également beaucoup à travers les campagnes èt lespersonnages du Dieu Manchot veulent s'envoler . ..Lui aussi voyageur infatigable, toujours prêt à parler de ses livres et àprésider le lancement d'un de ses romans en langue étrangère, JoséSaramago, révélation tardive, poursuit une carrière littéraire en pleineapogée .

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BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

Le Dieu Manchot, traduction de Geneviève Leibrich, Paris,Métaillé/Albin Michel, 1987.

L'Année de la mort de Ricardo Reis, traduction de ClaudeFages, Paris, Seuil, 1988.

Le radeau de la pierre, traduction de Claude Fages, Paris, Seuil,1990.

Quasi Objets, traduction de Claude Fages, Paris, Salvy, 1990.

Préface au Portugal de P. et Ph. Léglise-Costa, Editions RomainPages, Paris 1990 / France-Loisirs, Paris, 1992.

Histoire du siège de Lisbonne, traduction de GenevièveLeibrich, Paris, Seuil, 1992.

L'Evangile selon Jésus-Christ, traduction de GenevièveLeibrich, Seuil, 1993 .

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Joâo MANUEL VARELA (Cap-Vert)

(. . .) -Cosmogonie récurrente, depuis les origines, dans la poésiecap-verdienne, du Mythe des Hespérides et de la poussière d' îles,chez Barbosa, à la totalisation d'un continent, au coeur del'expérience poétique de Joào Manuel Varela, qui signe son oeuvrede plusieurs hétéronymes, à la manière de Pessoa . Les référenceslittéraires de ces poètes, si dissemblables, se retrouvent : Pessoa,Pound et surtout Saint John Perse. Chez Corsino comme chezVarela, même essai d'élaboration d'une épopée de l'Afrique, maisplus ontologique et religieuse ici, plus narrative aussi . Dans les deuxcas, tentation totalisante, épique, élaborée' ( . .)

Extrait de Pierre Rivas, Trajectoire de la poésie.

BIBLIOGRAPHIE

(Pseudonymes : Joào Vario, T.T.T., T., Tio Tiofe, Timoteo Tio Tiofe)

Exemplo geral, Coimbra, Livraria Almedina, 1966

Exemplo Relativo, Antuerpe, s/tip ., 1968

Exemplo dùbio, Viseu, Tip . Guerra, 1975

O primeiro livro de Notcha, S . Vicente, Publ . Grâfica do Mindelo,1975

0 Estado impenitente da fragilidade, Praia, ICL, 1989

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LECTURES AU THEATRE GERARD PHILIPECENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DE SAINT-DENIS

PAR LA COMPAGNIE NORDEY--------------------------------------------

La Compagnie Nordey s'est installée en résidence au Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis en 1992 pour deux ans . Organisée autour d'unaxe précis défini avec l'équipe du TGP Saint-Denis, elle a pour objectifde répondre au souci de cette équipe de rencontrer le public de laville et de la région. Cette réponse artistique a pris des formesdiverses : spectacles au TGP et hors TGP, rencontres, lectures,ateliers-théâtre dans des lycées, des collèges sur le temps scolaire ouhors temps scolaire, travail plastique. ..

LES SPECTACLES AU TGP SAINT-DENIS-Tabataba de Bernard-Marie Koltès, spectacle itinérant-La Dispute de Marivaux-Calderon de Pier Paolo Pasolini-Les aventures d'Abou et Maïmouna, création de 3 épisodesdans le cadre du festival Enfantillages-La conquéte du Pôle Sud de Manfred Karge-P y I a d e de Pier Paolo PasoliniLES SPECTACLES HORS DU TGP SAINT-DENIS-14 pièces piégées d 'Armando Llamas au Studio Théâtre duCRDC de Nantes

LES LECTURES-Textes de Bernard-Marie Koltès autour de Tabataba-Introduction des 120 journées de Sodome de Sade autour de LaDispute-Ecrire la guerre autour d'Exécuteur 14-Le Théâtre africain contemporain autour d'Africolor-La vie est un songe, Le Prince Constant, La dévotion à la croix, deCalderon de la Barca, autour de Calderon-La pucelle d'Orléans de Schiller autour de Jeanne d'Arc

LES ATELIERS (735 heures d'ateliers - 236 élèves)Six comédiens de la compagnie Nordey, Gaël Baron, LaurentSauvage, Stanislas Nordey, Frédéric Fisbach, Olivier Dupuy, DelphineEliet ont animé, sans interruption, toute l'année, de nombreux ateliersdans plusieurs collèges et lycées de la ville de Saint-Denis, àl'Université Paris VIII, à l'Ecole Active Bilingue et au Conservatoire dela Ville de Saint-Denis . En juin, 4 spectacles ont été crées au TGPavec les élèves des ateliers :- La quittance de Saint-Simon, mise en scène de FrédericFisbach-Le crépuscule du Théâtre de R .H . Lenormand, mise en scènede Frédéric Fisbach- Introspection de Peter Handke, mise en scène de StanislasNordey-Le retour de Don Juan d'Odon Von Horvath, mise en scène deStanislas Nordey

THEATRE GERARD PHILIPECENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DE SAINT-DENIS

59, bd Jules Guesde 93200 SAINT- DENISRenseignements/ Service des Relations Publiques : 42.43.00.59

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CINEMA

ICI SUR LA TERRE, un film de Joâo BOTELHO(1993)

Réalisation : Joâo Botelho

Scénario : Joâo Botelho

Photographie : Elso Roque

Son : Vasco Pimentel

Musique : Antônio Pinho Vargas

Producteur : Antônio da Cunha Telles

Production : Companhia de Filmes do Principe Real et BBC - BritishBroadcasting Corporation

Durée : 115 minutes

Format : 35 mm, couleur

Distribution : UNIPORTUGAL

Interprétation : Luis Miguel Cintra, Jessica Weiss, Pedro Hestnes, RitaDias, Isabel de Castro, Inès de Medeiros, Laura Soveral, Cremilda Gil,Henrique Viana, Canto e Castro, André Gomes

L'histoire de Miguel, un économiste connu de quarante ans qui,aussitôt après la mort de son père, entre dans un labyrinthe de peurs,de bruits et de solitude absolue . Incapable de comprendre ce quiarrive, il quitte son travail, s'isole de sa femme dans sa propre maisonet dans un processus de désintégration physique, se laisse assiégerpar des sons terribles et un sentiment diffus de catastrophe au pointde rencontrer le vide, rien. Ensuite une lumière, la Lumière, qui le faitvaciller et tomber dans un vertige irrémédiable qui ne se résout quedans la transcendance d'un lieu sacré.

Et, à l'autre bout de la terre, l'histoire d'un crime et d'une expiation.Antônio et Cecilia, complices d'un assassinat au nom de l'amour quiles unit, souffrent dans leur chair et leur âme la justice des cieux.Travail, mutilation et errance pour Antônio ; isolement, humiliation etabandon pour Cecilia . Jusqu'au moment où dans ce même lieu sacré,ils découvrent la vie comme un don grandiose et non comme uneservitude maudite, finissant par obtenir le pardon des cieux.De la mort au miracle de la vie, ICI SUR LA TERRE.

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LE MIRADOR DE LA LUNE, un film de JORGE ANTONIO(1993)

Réalisation : Jorge Antônio

Scénario : Jorge Ant6nio

Photographie : Lionel Cousin

Son : Edinho Saeed, Branko Neskov

Musique : Nuno Rebelo

Editing : Manuel Mozos

Producteurs : Antônio Farraia , Manuel Mariano

Production : EXCLUSIVA, INSTITUTO ANGOLANO DE CINEMA

Durée : 90 minutes

Format : 35 mm, couleur

Distribution : EXCLUSIVA

Interprétation : Joâo Cabral, Aline Solange, Paulo Xisto, Isabel deCastro, Paulo Bolota

Un jeune étudiant en théâtre reçoit une inviattion de son père, qu'il neconnaît pas, pour aller le rejoindre en Angola. Pendant le voyage ilrencontre une étudiante angolaise qui rentre au pays.En se rendant à l'adresse de son père il a une grande surprise qui vachanger sa vie.

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AOUT, un film de Jorge SILVA MELO (1988)

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Réalisation : Jorge Silva Melo

Scénario original - dialogues : Philippe Arnaud et Jorge Silva Melo

Décors : Paulo Cintra

Son: Joaquim Pinto et Francisco Veloso

Montage : Claire Simon

Coproduction : ARION Production / FILMARGEM

Durée : 95 minutes

Format : 35 mm - couleur

Interprétation : Christian Patey (Carlos), Marie Carre (Aida), OlivierCruveiller (Dario), Pedro Hestnes Ferreira (Alberto), Manuela deFreitas (Nina), Fernando Mora Ramos (Emilio), José Nascimento(Rodrigo) et Isabel Ruth (Isabel).

Dârio part rejoindre sa femme, Aida, pour les vacances d'été à Porto, ilretrouve son ami d 'enfance, Carlos, professeur de violon auConservatoire et incorrigible célibataire . Il lui propose del ' accompagner et ainsi faire la connaissance d'Aida.

Finalement Carlos accepte . . . intrigué . . . Il va retrouver Alberto, unancien élève du Conservatoire qui s'affiche en compagnie d'unefemme, Nina, beaucoup plus âgée que lui . Carlos va être le témoin dechaque instant face à ces deux couples, d'autant plus qu'il est lepremier à comprendre qu'Alberto est attiré par Aida.

Il va partir à la recherche des signes d'une crise conjugale entre Aidaet Dàrio . Il commence lui-même à sentir une envie irrésistible quecette crise éclate pour ainsi reconquérir l'intimité perdue d'une amitiéet se conforter dans sa certitude d'avoir raison, et défendant le célibat.Mais Dario et Aida s'aiment . ..

Ils ont trouvé dans le mariage une paix et un bonheur que Carlos nepeut comprendre . La nouvelle d'Alda enceinte mettra fin à sesspéculations solitaires .

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PAUVRE GEORGES, un film de Jorge SILVA MELO(1993)

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Réalisation : Jorge Silva Melo

Scénario, dialogues Jorge Silva Melo, Manuel Mozos, EvelynePieller. Adapté du roman "Poor George" de Paula Fox

Photographie : William Lubtchanski

Son : Pedro Caldas

Editing : Nelly Quettier

Durée : 100 minutes

Format : 35 mm, couleur

Production : INFORFILMES, ARIANE FILMES, LES FILMS D'ICI

Distribution : UNIPORTUGAL

Interprétation : Angela Molina, Jersy Radziwilowicz, Manuel Wiborg

Georges est un homme à peu près heureux . Il rentre chez lui, par unjour comme tous les autres, sauf qu'il y a le feu dans toute la région, etqu'il doit rencontrer le soir un industriel japonais qui va sans doute luipermettre de quitter son emploi de professeur pour retrouver son vraimétier de chimiste . Mais chez lui, il y a quelqu'un. Quelqu'un qu'il neconnait pas . Entré par effraction . Un très jeune homme, qui affirme nepas être un voleur mais un curieux . Et qui lui explique qu'il aimesimplement regarder chez les gens, pour voir . Ernesto est arrogant, etsûr de son droit à l'existence . Georges ne le met pas à la porte . IIl'écoute . Et dès qu'il l'écoute, il se fêle . A son corps défendant. Pareffraction . Car maintenant il va se déplaire . Il va avoir envie deconnaître cette énergie là, désagréable, malveillante et bizarrementinnocente, cette disponibilité à la vie conçue comme une série dedésirs à satisfaire ; et d'ennuis à éviter. Ernesto n'est qu'un petitvoyou, et Georges le sait, mais Ernesto est vivant, et Georges veutretrouver ce qu'il imagine être cette force-là, en lui, quitte à y perdreses principaux repères . Ce n'est, bien sûr, pas exactement unehistoire d'amour sinon d'amour pour le trouble d'exister.

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OXALA, un film de Ant6nio-Pedro DE VASCONCELOS

(1977/80)-----------------------------------------

Réalisation : Antônio-Pedro de Vasconcelos

Scénario : Ant6nio-Pedro de Vasconcelos

Photographie : Joào Rocha

Production : V.O. Filmes

Format : 35 mm, couleur

Durée : 145 minutes

Interprétation : Manuel Baeta Neves, Marta Reynolds, Laura Soveral,Judite Magre, Lia Gama, Ruy Furtado

Un jeune portugais, éxilé à Paris, visite à plusieurs reprises son pays,entre le 25 avril 1974 et le mois d'octobre 1978, sans se décider àprende position face à l'évolution de la situation socio-politique, ce quis'explique par son existence à l'étranger, par les transformations dansson milieu familial d'origine et, en particulier, par sec relations avec lespersonnes auxquelles il est affectivement lié (comme son anciennefemme et une fille, encore enfant) . Le récit de sa propre expérienceest révélé à travers différents portraits féminins et une sucéssion detableaux géographiques temporels - visages, espaces et momentsdécisifs - initiation tardive ou déracinement prématuré, qui sematérialise suivant un itinéraire intellectuel-professionnel-sentimental,auquel sont sous-jacents (mais déterminants) les référencesculturelles, la dépendance économique, le désir non-assumé, lasolitude, le désenchantement, la vulnérabilité et la mémoire.

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«NON" OU LA VAINE GLOIRE DE COMMANDER,un film de Manoel DE OLIVEIRA (1990)

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Réalisation : Manoel de Oliveira

Scénario : Manoel de Oliveira

Costumes : Isabel Branco

Décors : Luis Monteiro, Maria José Branco

Son : Gita Cerveira

Musique : Alejandro Masso

Directeur de la photographie : Elso Roque

Producteur : Paulo Branco

Producteurs associés : Jean Bernard Fetoux, Gerardo Herrero

Co-production : Madragoa Filmes (Lisbonne), Tornasol Filmes(Madrid), Gemini Films (Paris), SGGC (Paris) en association avec laR .T.P et la R .T.V.E.

Interprétation : Luis Miguel Cintra, Diogo Doria, Miguel Guilherme, LuisLucas, Carlos Gomes, Antonio S . Lopes, Mateus Lorena, Lola Forner,Raul Freire

`Sur fond de la dernière guerre coloniale portugaise, guerrecontemporaine, le récit d'un sous-lieutenant fait à ses compagnonsd'armes lors d'une patrouille dans la brousse africaine, retrace uneépopée, celle de son pays, le Portugal, épopée construite à partir dequelques grandes défaites. Le récit de ce sous-lieutenants'achèvera le jour de la révolution du 25 avril 1974 . . ."

Manoel de Oliveira

Présenté au Festival de Cannes, son réalisateur reçut un hommagespécial .

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MUSIQUE

UNE DECLARATION DE ANTONIO PORTUGAL SUR LESORIGINES DE LA CHANSON DE COIMBRA

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On m'a demandé de faire une déclaration sur le chant et la guitare deCoimbra, ses racines et son évolution au fil du temps.Il s'agit-là d'un thème qui m'est très cher et auquel j'ai voué une bonnepartie de ma vie, cherchant à savoir comment est née cettemanifestation d'art musical populaire si particulière, devenue lepatrimoine d'une ville et d'un peuple et que d'autres peuplesécoutent avec respect et admiration.J'ai pour moi, comme point de départ suffisamment plausible, queCoimbra, fruit d'une Université mufti-séculaire et de sa très singulièreSociété Académique, et que du fait que la Cour y ait résidé un certaintemps, avec ses habitudes de la vie palatine, ses jeux, sestroubadours, ses dames et ses amours est né un chant dont lesracines sont les chansons des troubadours, "um canto de amor"(chanson de l'homme destinée à la femme), évoluant au fil du tempset absorbé par la population non-universitaire.Cela n'exclut pas d'autres influences décisives dans son évolution,comme les chansons populaires apportées par des étudiants, de leurrégion d'origine, transformées et adaptées au chant de Coimbra. LeFADO de Lisbonne, s'est adapté parfois à la "toada" de Coimbra et àcertains rythmes et danses que l'ont pouvait entendre et danser dansles salons raffinés ou dans les fêtes populaires, et ainsi conduire à cequi est appelé incorrectement "Le Fado de Coimbra", au lieu de"Chanson de Coimbra", puisque celle-ci inclue des fados, desballades, des danses, des chansons, du chant.Avant l'apparition de la guitare anglaise, instrument précurseur de laguitare portugaise actuelle, dans ses deux versions de Lisbonne etCoimbra, l'instrument utilisé pour l'accompagnement du chant, était la"guitare en acier", qui peu à peu a cédé la place à la guitare, devenuetrès populaire, prenant finalement la première place en tantqu'instrument soliste, tant par sa belle sonorité et ses possibilitésmusicales, que par la virtuosité et les capacités créatrices de certainsinterprètes.Et parce que le chant de Coimbra, a été au fil du temps le chant del'homme, qui dans sa micro-société spécifique, a été sujet auxdiverses transformations du temps, le chant de Coimbra, qui à sonorigine est un chant d'amour et de "saudade" (nostalgie), a prisdifférentes formes d'expression, selon les époques.Ainsi, dans un temps plus récent, le chant des années 20 ou 30 auraété très différent de celui des années 50, et pour cette raison, aucours des années 60, la perception de certains de ses interprètes lesa conduits à l'utiliser pour exprimer les problèmes de leur temps(époque de grandes convulsions politiques et sociales et decontestation au régime en place) . Ce chant, sans trahir ses racineshistoriques, rajoute aux thèmes traditionnels l'expression aussiimportante et fondamentale qu'est celle de la liberté, dans toutes sesvaleurs.Pour cette raison, je pense aussi qu'aujourd'hui, quand la liberté estassurée, les thèmes traditionnels de l'amour et de la "saudade"devront continuer à être les thèmes fondamentaux du chant deCoimbra, qui devra cependant tenir son rôle de chant actuel etl'expression des sentiments et attitudes de la jeunesse d'aujourd'hui,incorporant des sonorités et des formes plus modernes, en harmonieavec leur façon de vivre.Adaptation du texte original par Otllia Ribeiro.

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GRUPO DE GUITARRAS E CANTARES DE COIMBRA

QUARTETO DE GUITARRAS DE COIMBRA

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Le Quarteto de Guitarras de Coimbra, s'est constitué en 1972, àl'époque où Antonio Brojo, Antonio Portugal, Aurélio Reis et LuisFilipe se sont proposés de faire une anthologie de la guitare deCoimbra. A ce goupe est venu se joindre postérieurement HumbertoMatins.

Antonio Brojo, Antonio Portugal et Aurélio Reis sont les compagnonsd'un groupe né dans la déjà lointaine année de 1952 où participaientde très nombreux amoureux de la chanson et de la guitare deCoimbra, dont notamment José Afonso.

Le Quarteto a développé, outre l'exécution des compositions de sespropres guitaristes un travail de recueil anthologique de la musiquepour guitare et du chant de Coimbra . Son dernier travaildiscographique, TEMPO(S) DE COIMBRA, intégrant le GRUPO DEGUITARRAS E CANTARES DE COIMBRA, dont le QUARTETOconstitue le noyau instrumental, est une compilation de six disquesde Chant et Guitare depuis le début du siècle jusqu'aux années 80.

Parallèlement à ce travail, le QUARTETO (ou le Grupo), ont réalisé aulong des années, des concerts et participé à de nombreux spectaclesdans des salles ou dans des programmes de radio et télévision.

Le QUARTETO s'est notamment déplacé aux Etats-Unis, en UnionSoviétique, en France, au Japon, en Hollande et en Allemagne, où il aclôturé en 1985, l'Année Européenne de la Musique à la salle Mozartde l ' Opéra de Frankfurt.

Au Portugal, entre autres, au Teatro Carlos Alberto (Porto), au TeatroAcadémico Gil Vicente (Coimbra), à la Aula Magna, Torre de Belém etPalàcio Foz (Lisboa), à l'occasion du lancement de sa compilation etde deux séries de télévision intitulées "Tempo de Coimbra" et"Coimbra sem Tempo".

Le Quarteto va bientôt sortir deux double-albums de ses guitaristes,qui sont le témoignage de leur parcours commun dans la musique etguitare de Coimbra.

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