Mohammed BOUDJEMA

F ATALITE OU

AIBLESSE

AIT AHMED

E CONFESSE

Mohammed AT IVRAHIM Editeur

Proverbe Bantou. Le sang est la sueur des héros.

Heureux les martyrs qui n'ont rien vu (Bessaoud Mohand Arab)

A la mémoire de :

- mon ami, AMALOU Saadi Nath Yani, officier de l'ALN, membre de l'UDRS puis du FFS, tombé au champ d'honneur à la fleur de l'âge laissant une fiancée et des parents inconsolables,

- mon ami, LADJEL Moussa (Nath Oumamer-Tigzirt), sous-officier de l'ALN, membre de l'UDRS puis du FFS, tombé au champ d'honneur, laissant une veuve éplorée et deux orphelines encore bébés,

- mon ami et parent par alliance, MENASRI Youcef, sous-officier de l'ALN, membre de l'UDRS, puis du FFS, tombé au champ d'honneur, laissant deux orphelins et une veuve désemparée,

- tous ceux, forts de leur conviction et décidés à défendre leur idéal de liberté et de démocratie, qui sont tombés les armes à la main, victimes d'une trahison sans nom et d'une répression sans pitié.

Proverbe Mandchou.

Accordez de l'attention à celui que la multitude réprouve. Prenez garde à celui que la multitude approuve.

REMERCIEMENTS

Mes amis et mes nombreux collaborateurs de toutes les couches de la société, spécialistes et professionnels de divers domaines qui ont contribué chacun selon son savoir et ses capacités à l'élaboration de cette étude trouveront ici mes vifs remerciements.

Mes amis et mes collaborateurs tiennent à remercier avec moi

Monsieur Hocine Aït Ahmed.

Particulièrement pour: * Nous avoir offert par "L'affaire Mécili" l'opportunité de

réaliser cette étude qui autrement n'aurait jamais vu le jour dans sa forme complète et incontestable.

* Nous avoir fatalement livré dans son ouvrage, les éléments et les preuves qui nous étaient indispensables pour situer et relier des faits troublants dont nous avions connaissance depuis bien longtemps.

* Etre resté égal à lui-même, toujours opportuniste et prêt à: - Sacrifier les intérêts, - compromettre les objectifs, - briser l'avenir, du FFS,

pour la seule satisfaction de son obsessionnelle ambition personnelle:

Le partage du pouvoir.

Le 29 Septembre 1963, Aït Ahmed a présidé une grandiose manifestation des démocrates à Tizi-Ouzou contre Ben Bella. Il en a profité pour tuer l'UDRS, créer le FFS et organiser un maquis contre le pouvoir. Ce qui ne l'a pas empêché de rencontrer secrètement Ben Bella le 4 Novembre 1963 et de négocier avec lui, alors qu'officiellement, il n'était question que de mobilisation contre la dictature. (l'Affaire Mécili page 126).

Le 2 Janvier 1992, Aït Ahmed conduit une grandiose manifestation des démocrates à Alger contre le FIS et le FLN. Il en a profité pour supplanter tous les partis, s'ériger en leader de tous les démocrates et en seule alternative contre la dictature du FLN et l'intégrisme des islamistes. Ceci ne l'a pas empêché de rencontrer secrètement et/ou ouvertement le FLN et le FIS pour:

Négocier Dieu seul sait quoi.

Cette initiative personnelle, intéressée, maladroite et compromettante ne peut que discréditer le FFS dans la sphère des démocrates qui avaient mis leurs espoirs dans ce parti.

Aït Ahmed qui se voulait initialement l'unique rempart contre le FIS et le FLN n'a rien trouvé de mieux que de s'y rallier et de s'opposer avec eux à ceux qui veulent débarrasser le pays de ce "bipôle" qu'il n'arrêtait pas pourtant de dénoncer très haut et très fort avec tant de conviction et d'acharnement.

Cette récidive d'utilisation de la confiance et de la candeur des populations pour la poursuite d'objectifs inavoués et strictement personnels nous interpelle et chasse les dernières hésitations et le reste de scrupules que nous avions, à rendre public le présent document.

Par sa déclaration à D.Sigaud (page 248 de la "fracture algérienne) "plus sérieusement, il y a une chose à laquelle je crois, c'est que la démocratie c'est l'homme, c'est la personne elle-même qui se libère du pouvoir social, de la famille aussi s'il le faut. Il faut que les gens en arrivent là. Les droits de

l'homme, c'est le contraire de l'inféodation de l'individu à la communauté, même si celle-ci a ses droits. "

Aït Ahmed croit sérieusement que la démocratie c'est l'homme qui se libère. Nous souscrivons à ses croyances et s'il est sincère il reconnaîtra avec nous que la publication de cette étude est un acte qui nous libère de la communauté non pas "même si celle-ci a ses droits" mais parce que celle-ci a ses droits... Le premier est celui d'être informée.

M.B.

A V E R T I S S E M E N T

Ce document d'analyse et de synthèse était prêt pour être publié en Avril-Mai 1991. A partir d'Alger, nos amis nous avaient informé que Aït Ahmed se préparait à éditer localement son livre "l'Affaire Mécili" et que la nouvelle édition serait enrichie de deux à trois chapitres. Nous avions débattu longuement sur la stratégie à adopter : publier immédiatement notre document ou attendre de prendre connaissance du contenu de la nouvelle édition. Nous avons alors, à l'unanimité, décidé de différer la sortie de notre document jusqu'à étude complète et approfondie de l'édition algérienne de "L'Affaire Mécili". Maintenant c'est chose faite !

Aït Ahmed n'a pas enrichi son livre de deux ou trois chapitres comme le laissait supposer nos amis ; il a rédigé une postface de onze pages -pas plus- mais il a procédé a une modification substantielle de son oeuvre sans en avertir le lecteur et sans faire la moindre allusion aux corrections apportées.

Nous avons fait ce travail à sa place.

- 57 modifications réparties sur 53 pages, depuis la page 13 jusqu'à la page 248 sont répertoriées.

Coïncidence ? Symbole ? La bivalence, dont Mécili a héritée pratiquement à sa

naissance, le suit obstinément même après sa mort.

Mécili était à la fois :

André et Ali , Chrétien et Musulman, Français et Algérien,

Officier de la SM et co-fondateur du FFS.

Le voilà gratifié de deux livres, l'un édité en France, l'autre en Algérie, sous le même titre "L'Affaire Mécili". Les deux éditions présentent des différences fondamentales. Aït Ahmed a interprété de façon différente les actions et les propos de Mécili, suivant qu'il est André ou Ali. Aït Ahmed aurait dû, s'il avait le souci de la clarté, désigner l'édition française sous le titre "L'Affaire Mécili André" et l'édition algérienne sous le titre "L'Affaire Mécili Ali".

Toute notre étude repose et fait référence à "L'Affaire Mécili André" édition française. Les paginations, entre les deux éditions, sont presque identiques de la page 7 jusqu'à la page 177 - au delà, il faut tâtonner pour trouver la correspondance entre les deux versions.

Le lecteur trouvera en postface une étude détaillée des modifications importantes introduites par Aït Ahmed. Ces modifications ne sont ni anodines ni innocentes, elles ont des raisons profondes et visent des objectifs bien précis.

Nous essayerons, chaque fois qu'il nous est possible de le faire, de lever le voile sur ces raisons et ces objectifs. Pour les cas dont nous ne pourrons pas percer le mystère et saisir les motivations, nous espérons qu'Aït Ahmed viendra à notre secours pour nous apporter les explications que nous sommes en droit d'attendre.

Attention ! Attention !

Ne vous laissez pas berner !

"L'affaire Mécili " édition algérienne est différente de "L'affaire Mécili " édition française.

N.B.: Toutes les mises en évidences (caractères gras, majuscules, soulignement) de tous les textes cités sont le fait de l'auteur.

ABREVIATIONS:

ALN - Armée de Libération Nationale ANP - Armée Nationale Populaire CCE - Comité de Coordination et d'Exécution CNDR - Comité National pour la Défense de la Révolution FA - Fracture Algérienne (la) de Dominique Sigaud

1990 Calmann-Lévy FIS - Front Islamique du Salut FFS - Front des Forces Socialistes FLN - Front de Libération Nationale GPRA - Gouvernement Provisoire de la République

Algérienne MALG - Ministère de l'Armement, des Liaisons et des

Communications du GPRA MDA - Mouvement Démocratique Algérien MDRA - Mouvement Démocratique du Renouveau Algérien MTLD - Mouvement pour le Triomphe des Libertés

Démocratiques PPA - Parti Populaire Algérien PRS - Parti de la Révolution Socialiste RCD - Rassemblement pour la Culture et la Démocratie SM - Sécurité Militaire UDRS - Union pour la Défense de la Révolution Socialiste

- Prologue -

C O N T E I M A Z I G H E N

Dans un village de montagne, vivait un homme avec son épouse et sa mère. L'homme répondait au nom de Ramdane. Il était marchand ambulant. Il avait deux mulets à dos desquels il pouvait commercer souvent loin de chez lui.

Son épouse et sa mère n'arrêtaient pas de se quereller. Elles étaient en conflit permanent comme chien et chat. Il ne se passait pas une journée sans que les deux femmes ne fassent entendre leurs vociférations de très loin. Ramdane vivait très mal cette situation et la vie lui devenait insupportable à la maison. Il était soumis à la pression de sa mère qui voulait le faire divorcer et le remarier. Il subissait par ailleurs l'influence diabolique de son épouse, qui n'arrêtait pas de lui suggérer de se débarrasser de sa mère par n'importe quel moyen.

Récalcitrant au début à l'idée de commettre l'irréparable sur la personne de sa mère, Ramdane, peu à peu, finit par se laisser convaincre par sa femme. Pendant longtemps il réfléchit au meilleur moyen de se débarrasser de sa mère sans laisser de trace.

Il décide finalement, témoignage suprême de considération et d'amour d'un enfant envers ses parents, d'emmener sa mère en pèlerinage à la Mecque. La vieille, émue et comblée, est aux anges. La date du départ est fixée pour le début du mois suivant.

Le jour venu, le fils et la mère, à dos de mulets, entament leur voyage. Las, après une longue journée de route, ils s'arrêtent pour se reposer et se restaurer. Un refuge de bergers, abandonné en cette période de l'année, les accueille pour la nuit. Le dîner fini la vieille, très fatiguée, s'endort presque tout de suite après. Le fils quant à lui, très agité, sentant l'heure fatidique, le moment de mettre à exécution son ignoble projet s'approcher, ne ferme pas l'oeil. Mais c'est pourtant sans la moindre hésitation et avec un sang froid digne des pires assassins que, cette nuit là, il étrangle sa mère dans son sommeil. Sa besogne accomplie, Ramdane passe la fin de la nuit dehors à creuser un trou dans lequel il "plante" le corps de la morte.

L'aube commence à pointer quand il finit de poser les dernières pierres sur la "tombe". Le fils-assassin, très fatigué par ses efforts et une nuit sans sommeil, revient au refuge, s'allonge et s'assoupit à même le sol, sur le seuil de la porte. Ramdane ne se réveille que dans le milieu de l'après-midi et, ayant récupéré, se remet en route. Il prend la décision, pour ne pas éveiller des soupçons dans son village par un retour prématuré et sans sa mère, de s'en aller commercer dans des contrées lointaines, tout le temps que devait durer le pèlerinage.

Le jour du retour des pèlerins, il rentre chez lui seul, mais enrichi et auréolé du titre de HADJ. A tout le village étonné par l'absence de sa mère, il raconte que cette dernière avait rendu l'âme à la Mecque et que de ce fait, selon la croyance populaire, elle entre directement au Paradis. Les festivités coutumières des Hadjis et les condoléances d'usage se mêlent se confondent, et ne prennent fin qu'au bout du septième jour après le grand retour.

La famille, réduite à sa plus simple expression, reprend le cours normal de son existence. La pauvre mère est oubliée, aucun des coupables ne voulant l'évoquer, pressés qu'ils sont d'effacer jusqu'au souvenir de leur acte.

Certains, au village, qui sont au courant des disputes fréquentes entre la mère et la bru n'hésitent pas à exprimer leur scepticisme d'autant plus que la mère de Ramdane était de bonne constitution physique ; ils avaient du mal à croire qu'elle n'ait pas supporté le voyage. La rumeur a momentanément véhiculé l'idée que le fils avait mis fin aux jours de sa mère dans les contrées lointaines, mais comme personne ne pouvait fournir de preuves et que généralement un fils est hors de tout soupçon, l'opinion conclut très vite à de la malveillance. Ramdane n'est pas affecté par cette rumeur parce qu'il sait que sa mère est enterrée loin, à une journée de marche à dos de mulet et que cette nuit, en dehors de Dieu et de quelques étoiles, il n'y avait aucun témoin.

Or ni Dieu ni les étoiles ne viendront le confondre. Une chose pourtant continue à troubler Ramdane : le fait de

s'entendre appeler Hadj alors qu'il ne l'est pas.

Il décide donc, pour avoir la conscience tranquille, d'effectuer, cette fois-ci, un vrai pèlerinage. Toujours pour préserver son image, il annonce dans son entourage qu'il va commercer bien loin de son village. Sa femme seule, connaît le véritable but de cette expédition. Tranquille, un matin, à dos de mulet, il quitte son village. Il se rend à la Mecque et effectue tous les rituels que nécessite le pèlerinage. Content, la conscience et le coeur léger, enfin vrai Hadj, il entreprend la marche du retour.

Le hasard, ou toute autre chose que chacun désignera comme il le veut, fait qu'il passe la nuit dans le refuge où, une année avant, il s'était décidé à écourter la vie de sa mère. Le sans - coeur ne s'en émeut pas pour autant, et le souvenir de cette nuit atroce ne trouble pas son sommeil.

Le lendemain, alors qu'il se prépare à partir, il aperçoit sur la "tombe" de sa mère une magnifique vigne. Intrigué, car de toutes les plantes des alentours elle est la seule à avoir encore gardé un feuillage verdoyant, il s'approche. Avec précaution il soulève les feuilles, se hisse légèrement et là ... oh surprise, perdue dans une multitude de feuilles, une superbe grappe de raisin pend ses grains, gros et luisants, ressemblant à des joyaux.

Ramdane est émerveillé. Jamais de sa vie il n'a vu pareille grappe ... même en saison ! Et, en un éclair, il comprend le bénéfice commercial qu'il peut réaliser en vendant ce don du ciel :

Du raisin hors saison !

Son esprit, maintenant, s'active, calcule ... "le raisin est bon, la grappe est grosse ... Elle va sûrement intéresser soit le Caïd, soit le Cadi ... Eux seuls ont les moyens de payer, de toutes les façons. "

Avec soin, il coupe la grappe et la loge dans le capuchon de son burnous. Il est impatient d'arriver chez lui. Il se promet de vendre publiquement son trésor pour être sûr d'être payé. Pour cela il doit, dès son arrivée, ameuter tout le village et donner rendez-vous à ses habitants juste en face des demeures respectives du Caïd et du Cadi. A l'entrée du village, prenant son souffle, il lance d'une voix puissante :

"Ayaw at zrem la gev n la guvat tizurin m'bαir lawan !!" Venez voir le miracle des miracles, du raisin hors saison !!

Les enfants d'abord, puis quelques adultes et bientôt, comme un essaim d'abeilles derrière leur reine, tout le village est derrière lui. Majestueux sur son mulet, Ramdane s'arrête devant la fontaine de la place publique et fait face au Caïd et au Cadi qui, alertés par le bruit, se sont mis chacun à son balcon.

Juché sur son mulet, sûr de son succès, Hadj Ramdane veut épater toute l'assistance :

"Vous allez voir ce que vous n 'avez jamais vu de votre existence ; un don du ciel. Le raisin que j ' a i dans mon capuchon n'est digne que du Caïd et du Cadi ! S'ils y mettent le prix, il est à eux

Après un marchandage soutenu, qui aiguise la curiosité de tous, Ramdane accepte la dernière offre du Caïd et, ravi, s'exclame :

"Allah ira bah ! " Que Dieu t'enrichisse !

Il met la main dans son capuchon, son regard souverain parcourt toute l'assemblée et, d'un geste rapide et large, retire la fameuse grappe mais, oh ! stupeur ... au lieu du raisin apparaît la tête de sa mère ! La foule pousse un cri d'effroi.

L'Hadj, étonné par la réaction des villageois, jette un regard sur la grappe pour voir ce qui en elle a terrorisé le village. A la vue de la tête de sa mère il reste pétrifié d'horreur sur son mulet et, la surprise s'ajoutant à la peur, il la lâche brutalement. Tombée au sol la tête roule doucement, sous les regards terrifiés des villageois, jusqu'à la fontaine. La consternation générale est à son comble quand, en regardant son fils, elle dit :

"Urweat ur d i yuriw ay a dawen ur t neqqet !" Je l'ai enfanté, voyez ce qu'il a fait de moi, mais de grâce,

épargnez sa vie.

Hadj Ramdane comprend alors que Dieu et les étoiles sont venus témoigner.

I N T R O D U C T I O N

ABANE Ramdane Né en 1919 en Kabylie, il entre au PPA en 1940, et devient

membre du Comité Central du PPA-MTLD en 1950. Il est arrêté en 1950 et libéré en 1955. C'est le principal organisateur et artisan du Congrès de la Soumman (20 Août- 19 Septembre 1956).

Membre du CCE (Comité de Coordination et d'Exécution) du FLN, il est assassiné dans des conditions non encore éclairées par ses "frères" à Tetouan (Maroc) en Décembre 1957, à l'âge de 38 ans.

TEMZI Tahar Né le 13 Mars 1925 à Tablabalt en Kabylie. Militant du

PPA-MTLD puis cadre du FLN, il participe à l'organisation de la Fédération de France du FLN à Paris et à Lyon. Il est membre du réseau Jeanson lorsqu'il est arrêté le 21 Novembre 1960 à Lyon. Il est libéré en Juillet 1962.

Membre fondateur de l'UDRS (Union pour la Défense de la Révolution Socialiste) avec Krim et Mohand Oul Hadj, il devient membre du FFS puis trésorier et secrétaire particulier de Hocine Aït Ahmed.

"Début Octobre 1964, dans une embuscade (montée sur renseignements par l'ANP), dans laquelle j'étais tombé avec Tahar Temzi près du village d'Aït R'houna, entre Tigzirt et Azzefoun (ex Port gueydon). Si je m'en étais sorti indemne, Temzi, lui, y avait perdu la vie". (page 144 l'Affaire Mécili.)

KHIDER Mohammed Né en 1912. Il est militant du PPA puis élu Député en

1939. Membre fondateur et historique du FLN, il est arrêté le 22 Octobre 1956 dans l'avion détourné par l'armée française. Il est libéré en Avril 1962.

Il devient Secrétaire Général du bureau politique du FLN et bras droit de Ben Bella au lendemain de l'indépendance. Il est assassiné à Madrid le 3 Janvier 1967.

Dans une conférence de presse le 8 Février 1967, Aït Ahmed révèle que Khider a été exécuté par Youcef Dakhemouche, mandaté par la SM algérienne.

KRIM Belkacem Né en 1922 près de Dra El Mizan en Kabylie, il prend le

maquis en 1947. Chef historique, Krim est l'un des principaux membres fondateurs du FLN. Il est plus tard, successivement, Chef de la Wilaya III (Kabylie), Ministre des Forces Armées, des Affaires Etrangères puis de l'Intérieur dans les deux Gouvernements Provisoires de la République Algérienne (GPRA), de 1958 à 1962. Chef de la délégation du FLN qui négocie et signe les Accords d'Evian, Krim est évincé du pouvoir par le coup de force de Ben Bella de 1962 contre le GPRA. Krim se retrouve avec Mohand Oul Hadj au sein d'une organisation en gestation : l'UDRS

Cette organisation est "étouffée dans l'oeuf" par Aït Ahmed qui créé à la place le FFS d'où il rejette Krim durant l'été 1963. Ce dernier se met à l'écart jusqu'en 1967, époque à laquelle il créé son propre parti : le MDRA (Mouvement Démocratique du Renouveau Algérien). Krim est assassiné à Francfort le 18 Octobre 1970.

MECILI André-Ali Né en 1940, il est membre des services secrets algériens

(SM), depuis 1958 jusqu'à sa mort le 7 Avril 1987, exécuté par Abdelmalek Amelou, présenté comme agent de la SM par Aït Ahmed (voir l'Affaire Mécili.).

Nous sommes ici en face de cinq crimes importants, commis entre 1957 et 1987.

Les exécutions de Abane Ramdane, Temzi Tahar et Krim Belkacem ne suscitèrent de la part de Aït Ahmed aucune prise de position, aucune dénonciation. Khider a droit, deux jours après sa mort le 5 Janvier 1967, à un discours de Aït Ahmed qui déclare en substance :

"J'accuse Boumédiene et sa mafia d'avoir perpétré ce crime lâche et ignoble. Cet assassinat jette une lumière brutale sur la nature du régime qui institutionnalise l'illégalité, la torture et le gangstérisme politique".

L'assassinat de Mécili suscite chez Aït Ahmed une telle indignation, qu'il laisse exploser sa colère dans plusieurs déclarations et au cours de nombreuses interviews à divers médias français et internationaux. Moins de deux ans après la disparition de son ami, Aït Ahmed publie un livre pour se donner l'occasion de lever le voile sur le rôle éminemment déterminant qu'a joué pendant si longtemps cet illustre inconnu.

De cette discrimination de traitement, les mauvaises langues diront, en guise d'explication, qu'il est moins dangereux et plus aisé d'écrire, de dénoncer et d'accuser après le 5 Octobre 1988. Pour notre part, nous penserons simplement que Aït Ahmed n'a pas jugé utile de faire du bruit autour des disparitions tragiques de Abane, Temzi, Khider et Krim. Ils n'ont pas besoin d'une telle publicité. Le silence fait autour de

leur mort ne nuit en rien à leur popularité sur le plan national, ni à leur renom sur le plan international. S'agissant d'Ali- André Mécili, connu seulement du "milieu et des services", une publicité pour faire connaître le personnage s'impose !

C'est ainsi qu'en Avril 1989, précédé d'un tapage médiatique, le livre "L'Affaire Mécili" fait son apparition.

Ce livre, véritable confession, apporte des réponses à beaucoup d'interrogations posées et restées sans suite depuis longtemps. Ceux qui ont pris les armes en 1963 trouveront les causes de l'échec du FFS et les raisons du retour à la "légalité" du Colonel Mohand Oul Hadj. Les "redditions" et les captures successives sont élucidées. "L'étouffement dans l'oeuf" de tous les mouvements sérieux d'opposition, depuis 1962 jusqu'en 1987, sont naturellement expliqués, comme si l'échec était une fatalité pour tous les démocrates algériens.

Nous invitons les lecteurs à lire avec beaucoup d'attention le livre d'Aït Ahmed "L'Affaire Mécili". N'hésitez pas, le cas échéant, à faire une deuxième lecture.

Ce n'est pas un roman policier, c'est une vraie CONFESSION !

Il faut explorer les souterrains qui relient les différents événements, et extraire les contradictions. Il est nécessaire de rechercher l'épine dorsale du récit, autour de laquelle s'articulent tous les faits, pour comprendre l'objectif de l'auteur. Le présent document d'analyse et de synthèse :

"Fatalité ou Faiblesse Aït Ahmed Se confesse" est conçu spécialement pour faciliter et accélérer cette compréhension. Il contribuera, en même temps, à permettre au plus grand nombre d'accéder à la vérité sur une partie tragique et douloureuse de l'histoire de notre pays.

BONNE LECTURE !

1

MECILI

LES RAISONS D'UN

ENGAGEMENT

"Peut-être avait-il cru en partie compenser, sinon résoudre sa crise d'identité en rejoignant les rangs du FLN pendant la

guerre de libération. " (Ait Ahmed page 195 l'Affaire Mécili.)

1

M E C I L I

L E S R A I S O N S D ' U N

E N G A G E M E N T

"L'affaire Mécili" de Aït Ahmed est l'ouvrage consacré à la vie et à la mort d'André Mécili, homme que peu d'algériens connaissent. Aït Ahmed dit de lui que c'est un artiste fragile et sensible, et d'ajouter :

"Il y avait chez lui tant de générosité, d'humilité et d'intelligence, que ne pouvait subsister la moindre ambiguïté quant à sa sincérité, même dans l'esprit des plus méfiants. Il comprenait au quart de tour. Il appartenait à la race des Laïmeche et Belouizdad, dont les intuitions échappant aux calculs personnels et aux inhibitions provoquées p a r la peur, garantissent de bons jugements". (l'Affaire Mécili Page 114).

Un homme d'une telle dimension, tous les algériens gagneraient à le connaître, et ignorer son oeuvre relèverait de l'indigence intellectuelle.

Grâce à Aït Ahmed nous allons combler cette lacune.