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climatologie FUSION N°87 - SEPTEMBRE - OCTOBRE 2001 32 Introduction En 1995, le Groupe intergouver- nemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) rendait public, à grand renfort de publicité, son rap- port quinquennal sur le changement climatique 10 dans lequel apparais- sait cette affirmation aujourd’hui tris- tement célèbre : il existe « une in- fluence discernable de l’homme sur le climat de la planète ». Sans toutefois attirer autant l’at- tention, ce rapport donnait égale- ment une estimation sur la façon dont le climat de la planète avait évo- lué, non seulement pendant les qua- tre-vingt quinze années précédentes mais aussi pendant les mille derniè- res années. Le graphique (figure 1) présenté dans ce rapport donne les variations de température depuis 900 après J.-C. Ce graphique montre que les températures pendant l’Optimum climatique médiéval étaient plus élevées que celles d’aujourd’hui (comme le suggèrent les quelques vers des Contes de Cantorbéry de Geoffrey Chaucer) alors qu’il faisait beaucoup plus frais pendant le Petit âge glaciaire (comme le suggère John King). Des faits historiques pro- Falsification de l’histoire climatique pour « prouver » le réchauffement global JOHN L. DALY « Quand Avril avec ses averses aux douces senteurs A pénétré la sécheresse de Mars jusqu’à la racine, Et a baigné chaque nervure d’une telle liqueur Dont le pouvoir est d’engendrer la fleur ; » Geoffrey Chaucer, Contes de Cantorbéry, 1386. « Notre époque est le monde à l’envers : Nos étés sont sans été, Nos récoltes sont sans récoltes. » John King, prédicateur élisabéthain, 1595. John L. Daly, journaliste scientifi- que d’origine britannique basé en Australie, est l’auteur du livre The Greenhouse Trap.

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Introduction

En 1995, le Groupe intergouver-nemental d’experts sur l’évolutiondu climat (GIEC) rendait public, àgrand renfort de publicité, son rap-port quinquennal sur le changementclimatique 10 dans lequel apparais-sait cette affirmation aujourd’hui tris-tement célèbre : il existe « une in-fluence discernable de l’homme surle climat de la planète ».

Sans toutefois attirer autant l’at-tention, ce rapport donnait égale-ment une estimation sur la façondont le climat de la planète avait évo-lué, non seulement pendant les qua-tre-vingt quinze années précédentesmais aussi pendant les mille derniè-res années. Le graphique (figure 1)présenté dans ce rapport donne lesvariations de température depuis900 après J.-C.

Ce graphique montre que lestempératures pendant l’Optimumclimatique médiéval étaient plusélevées que celles d’aujourd’hui(comme le suggèrent les quelquesvers des Contes de Cantorbéry deGeoffrey Chaucer) alors qu’il faisaitbeaucoup plus frais pendant le Petitâge glaciaire (comme le suggèreJohn King). Des faits historiques pro-

Falsificationde l’histoire climatiquepour « prouver »le réchauffement global

JOHN L. DALY« Quand Avril avec ses averses aux douces senteursA pénétré la sécheresse de Mars jusqu’à la racine,Et a baigné chaque nervure d’une telle liqueurDont le pouvoir est d’engendrer la fleur ; »

Geoffrey Chaucer, Contes de Cantorbéry, 1386.

« Notre époque est le monde à l’envers :Nos étés sont sans été,Nos récoltes sont sans récoltes. »

John King, prédicateur élisabéthain, 1595.

John L. Daly, journaliste scientifi-que d’origine britannique baséen Australie, est l’auteur du livreThe Greenhouse Trap.

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venant de toute l’Europe et duGroenland attestent la réalité de cesdeux événements et de leur impactprofond sur la société humaine. Lacolonisation du Groenland par lesVikings au début du millénaire, parexemple, ne fut possible que grâce àla chaleur qui régnait à l’époquemédiévale. Pendant le Petit âge gla-ciaire, ces colonies du Groenlandont disparu tandis qu’à la mêmepériode la Tamise gelait souvent,comme en témoignent les multiples« foires de glace » qui se tenaient surle fleuve gelé.

La datation de l’Optimum médié-val et du Petit âge glaciaire dépendd’une certaine manière de ce quel’on considère comme « chaud » et

« froid » par rapport aux températu-res actuelles. La datation suivantedonne une approximation :

1. Optimum climatique médiéval :700-1300.

2. Période fraîche (« minimum deSporer ») : 1300-1500.

3. Court réchauffement climati-que : 1500-1560.

4. Petit âge glaciaire (« minimumde Maunder ») : 1560-1830.

5. Courte période plus chaude :1830-1870.

6. Courte période fraîche : 1870-1910.

7. Période chaude du XXe siècle :1910-2000.

L’activité variable du Soleil estl’une des causes les plus probables

des deux événements climatiquesmentionnés plus haut, surtout en cequi concerne le Petit âge glaciaire.En effet, nous avons des observa-tions directes du nombre de tachessolaires depuis l’an 1600, ce quinous permet de comparer les varia-tions du Soleil avec celles du climatde la planète. La figure 2 montre lesvariations de l’activité solaire dansle temps, le rayonnement solaireétant le plus grand pendant le maxi-mum de l’activité solaire, et le pluspetit pendant le minimum, les deuxse reproduisant sur un cycle de onzeans.

Quand on observe la variabilitéde l’activité solaire de ces quatrederniers siècles, le minimum deMaunder constitue la caractéristiquela plus frappante. Il s’agit d’une pé-riode de soixante-dix ans pendantlaquelle il n’y a eu aucune tache so-laire, un peu comme si le Soleil avait« cessé de respirer ». Cependant,même avant 1640, au début du mi-nimum de Maunder, le cycle étaitnettement fragmenté et irrégulierpar rapport aux cycles réguliers desannées postérieures à 1710. Quandnous comparons cet événement so-laire extraordinaire avec les donnéesclimatiques de la figure 1, nousconstatons que le minimum deMaunder apparaît exactement aumême moment que les températu-res les plus basses du Petit âge gla-ciaire.

La conclusion est claire : les va-riations solaires sont la cause duPetit âge glaciaire et, selon touteprobabilité, celle de l’Optimum mé-diéval. En utilisant des isotopes decarbone 14 comme indicateur del’activité solaire avant 1600, on a pumettre en évidence un niveau élevéde l’activité solaire pendant la pé-riode médiévale, entraînant la cha-leur du climat, et un niveau réduitde l’activité solaire pendant une pé-riode froide appelée « minimum deSporer », vers l’an 1350.

Cet exposé de l’histoire climati-que contient deux difficultés sérieu-ses pour la théorie actuelle du ré-chauffement global.

1) Si la période de l’Optimum mé-diéval était plus chaude qu’aujour-d’hui, sans contribution des gaz à effetde serre, qu’y aurait-il de si inhabituelque l’époque moderne soit égalementchaude ?

2) Si les variations solaires ont étéla cause à la fois de l’Optimum mé-

Figure 1. Température moyenne de la planète depuis 900 ap. J.-C.

Figure 2. Le cycle solaire depuis 1600 ap. J.-C.

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"diéval et du Petit âge glaciaire, la plusforte activité solaire du XXe siècle ex-pliquerait-elle en partie, si ce n’est entotalité, la prétendue chaleur de ce siè-cle ?

Ces deux propositions menacentvéritablement la croyance du publicen la vision catastrophique des mo-délisateurs du climat, parce que denouvelles découvertes de la sciencesolaire laissent à penser que c’est leSoleil, et non les gaz à effet de serre,qui détermine les tendances du cli-mat au XXe siècle.

L’idée selon laquelle le Soleil peutmodifier notre climat a été renfor-cée par de nombreuses recherchesrécentes. Celles-ci montrent que cene sont pas seulement les réchauf-fements et refroidissements cycli-ques du Soleil (sous la forme d’uncycle de onze ans) qui modifient leclimat, mais aussi les variations dansle spectre solaire vers un rayonne-ment ultraviolet plus importantcomparé à celui du spectre visibleou de l’infrarouge (figure 3). 14-8

L’augmentation disproportion-née de la partie ultraviolette du spec-tre du rayonnement solaire, en af-fectant la couche d’ozone ainsi qued’autres composants atmosphéri-ques, pourrait amplifier un réchauf-fement. De plus, des variations ré-centes de l’activité magnétique duSoleil influencent le rayonnementcosmique atteignant la Terre, ce quimodifie à son tour les basses cou-ches nuageuses et, par conséquent,les températures. 24

En d’autres termes, les spécialis-tes du Soleil ont à ce jour identifiétrois mécanismes distincts par les-quels notre étoile pourrait réchauf-fer ou refroidir la Terre. On pensemaintenant qu’ils sont les véritablesresponsables de l’Optimum médié-val, du Petit âge glaciaire et des ten-dances climatiques du XXe siècle.

Ces nouvelles découvertes solai-res étaient soit ignorées des théori-ciens de l’effet de serre, soit consi-dérées avec hostilité, puisque dansces circonstances les gaz à effet deserre joueraient un rôle insignifiantdans le réchauffement du XXe siècle.

En 1999, un article publié dans lesGeographical Research Letters (GRL) 15

a remanié notre vision de l’histoireclimatique et comment celle-ci de-vait être interprétée par les sciencesde l’effet de serre. Cet article était enforte contradiction au défi posé parles spécialistes du Soleil.

La « crosse de hockey » fut dévoi-lée pour la première fois.

La « crosse de hockey »

Il a suffi d’un seul coup d’Etatscientifique pour renverser l’ensem-ble de l’histoire climatique. 16

Michael Mann, scientifique audépartement de géosciences del’université du Massachusetts, étaitle principal auteur de l’article desGRL. En utilisant les cernes de crois-sance des arbres comme base d’éva-luation des changements de tempé-rature depuis l’an 1000 après J.-C.,complétée par d’autres marqueurspour des siècles plus récents, Manna complètement redessiné l’histoi-re. Pour lui, l’Optimum médiéval etle Petit âge glaciaire n’ont jamaisexisté – ils ont été expédiés dans unesorte de « trou de mémoire » orwel-lien. 22 La figure 4 montre le climat dudernier millénaire revu et corrigé parMann.

L’Optimum médiéval et le Petitâge glaciaire ont disparu sur le dia-gramme pour être remplacés parune tendance assez linéaire : un cli-mat doux se rafraîchissant légère-

ment, et ceci jusqu’en 1900.A partir de là, pour réussir son

coup, Mann greffe brutalement lesdonnées des températures de surfa-ce du XXe siècle (courbe grise entre1900 et 1998 sur le graphique, quiest en grande partie le résultat d’ef-fets de chaleur urbaine) sur celles descernes de croissance d’avant 1900.L’effet fut visuellement spectaculai-re, décrivant un XXe siècle en pleineascension climatique vertigineuse.Cette courbe grise se prolonge jus-qu’en 1998 (« l’année la plus chaudedu millénaire », selon Mann), uneannée réchauffée par l’importantEl Niño. On doit noter que les don-nées de surface sont en totale con-tradiction avec celles recueillies parles satellites. 20 Si l’on avait utiliséces dernières pour représenter lesvingt dernières années, le XXe siècleserait apparu moins significatif parrapport aux siècles précédents.

Du point de vue de la science etde la statistique, c’était plus qu’im-parfait : on ne peut pas sérieusementaccepter que deux séries de donnéesreprésentant des variables aussi dif-férentes que les températures et lescernes des arbres puissent être sim-plement confondues en une seulesérie.

Figure 3. Le rayonnement solaire depuis 1600 après J.-C.

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Dans tout autre domaine scienti-fique, quand on promulgue une tel-le révision drastique d’une théorieauparavant acceptée, on assisted’abord à un vif débat et l’on obser-ve un scepticisme initial. La nouvel-le théorie subit le feu de la critiqueet est examinée en détails. Si la nou-velle idée arrive à survivre à ce pro-cessus, elle devient largement accep-tée par la communauté scientifiqueet le grand public.

Ce processus n’a jamais eu lieuavec la « crosse de hockey ». Le coupfut total, rapide et sans effusion desang. En effet, l’article de Mann futacclamé par un chœur de louangesde la part des artisans de l’effet deserre et, en l’espace de seulementdouze mois, la théorie a été établiecomme nouvelle orthodoxie.

Le couronnement de la nouvellethéorie est survenu avec la diffusionpar le GIEC de son rapport prélimi-naire intitulé Third Assessment Re-port – (TAR 2000) 11. Rejetant son pro-pre point de vue exprimé dans lerapport de 1995, le GIEC présenta la« crosse de hockey » comme la nou-velle orthodoxie, avec guère d’excu-ses ou d’explications pour ce revire-ment brutal. Le GIEC ne fut mêmepas capable de justifier scientifique-ment sa nouvelle ligne.

Dans les mois qui ont suivi la pu-blication du document du GIEC, letrès attendu document préliminairede l’US National Assessment plaçala « crosse de hockey » en tête desnombreux graphiques et tableaux de

son rapport, soulignant ainsi l’im-portance cruciale de cette courbe. Ilne s’agit pas d’une théorie ésotéri-que à propos du passé lointain, mar-ginal pour ce débat, mais plutôt d’unfondement crucial sur lequel a étémontée une nouvelle offensive pu-blicitaire en faveur du réchauffementglobal.

La « crosse de hockey » soulèvedeux questions :

1) Pourquoi la communautéscientifique du climat a-t-elle négli-gé l’examen critique de la validité dela nouvelle théorie, au point del’adopter de façon non critique danssa totalité ?

2) Est-elle en partie vraie ou s’agit-il d’un moyen de se débarrasser desgênants Optimum médiéval et Petitâge glaciaire, et donc d’éviter le pro-blème du rôle du Soleil dans l’his-toire climatique ?

Les origines de la« crosse de hockey »

Les cernes des arbres constituentl’indicateur principal de la « crossede hockey », en particulier pour ledébut du deuxième millénaire. Cescernes se forment seulement pen-dant la période de croissance et nonpendant toute l’année. Ainsi, ils nousen disent peu, sinon rien, sur le cli-mat annuel. Par exemple, en 2000, ily a eu au nord-est des Etats-Unis un

hiver chaud et un printemps préco-ce, suivis d’un été et d’un automneinhabituellement frais. Comme lesdeux événements s’annulent engrande partie, l’année finira en as-sez bonne moyenne, mais les cer-nes enregistreront seulement l’étéfrais et donneront ainsi une impres-sion complètement fausse de la tem-pérature annuelle. Les cernes n’en-registrent même pas les températu-res nocturnes car la photosynthèsese produit seulement le jour. Cepen-dant, les températures hivernales etnocturnes sont des composantesessentielles dans la notion de « tem-pérature moyenne annuelle ».

Tout ce qu’un cerne peut nousdire, c’est si les conditions micro-environnementales combinées pen-dant la période de croissance ont étéfavorables à la croissance de l’arbreou non. En fait, les cernes sont in-fluencés par de nombreux facteursautres que la température, tels queles précipitations, l’ensoleillement,la nébulosité, les insectes nuisibles,la promiscuité, les feux de forêt, lessubstances nutritives, le gel et l’en-neigement. Ainsi, les cernes ne cons-tituent même pas un bon indicateurdes températures journalières pourles quelques mois de la période decroissance. D’autres indicateurs,comme les isotopes contenus dansle corail, la glace, les minéraux etles sédiments, sont de loin supé-rieurs.

Les arbres ne se développent quesur terre et donc ne peuvent riennous apprendre sur le climat mariti-me. Or 71 % de la planète est recou-verte par les océans, les mers et leslacs, et il est bien connu que lesocéans sont les principaux facteursdéterminants des conditions clima-tiques à travers le monde.

En d’autres termes, on ne peutsimplement pas décrire l’historiquedu climat sans prendre en compteles températures des hivers et desmois adjacents, celles des nuits ain-si que celles de la surface des océans.Les cernes, même soigneusementmesurés et examinés, ne peuventfournir aucune information sur cesparamètres clés et constituent doncun marqueur sujet à caution, mêmeen ce qui concerne les températuresjournalières terrestres en été.

Un dernier point faible apparaîtquand on étalonne les cernes decroissance avec les températures.Quelle température est exactement

Figure 4. La « crosse de hockey ».

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Le journal britannique Nature (v.412, 12 juillet 2001) alancé une attaque au vitriol contre les sceptiques en ma-tière de changement climatique, allant jusqu’à les compa-rer aux lobbyistes de l’industrie du tabac. Selon l’éditorialde Nature, « le GIEC a su développer de façon crédible unconsensus scientifique et a su le communiquer aux res-ponsables politiques. Ses critiques ne s’attaquent pas àson fonctionnement, mais aux faits mêmes. »

On pourrait répondre que si le GIEC a développé un« consensus », c’est uniquement au sein de son petit cer-cle. Ce type de consensus politique n’a rien à voir avec les« faits » et encore moins avec la science. Mais examinonsplutôt deux des principales affirmations présentées com-me des faits par le dernier rapport d’évaluation du GIEC.

Premier « fait » du GIEC : pendant le dernier millénai-re, le climat fut stable et favorable, la température ne chan-geant jamais plus de quelques dixièmes de degrés, à l’ex-ception du réchauffement marqué observé au XXe siècle.C’est la fameuse courbe en « crosse de hockey ». Cetteaffirmation est tellement centrale dans l’argumentation duGIEC qu’ils l’utilisent à chaque opportunité possible.

Pourtant, de nombreux travaux scientifiques, publiésdans des revues à comité de lecture, en provenance dumonde entier, montrent qu’une période médiévale chau-de a réellement existé au début de ce millénaire et que latempérature moyenne de cette période était supérieure àcelle qui prévaut en ce moment. De même, il existe denombreux travaux scientifiques, publiés dans des revuesà comité de lecture, démontrant que le Petit âge glaciaireétait beaucoup plus froid qu’aujourd’hui. Néanmoins, leGIEC a choisi délibérément d’ignorer l’ensemble de cestravaux scientifiques. C’est lui qui ignore les faits, non pasles sceptiques en matière de climat. Alors que les glaciolo-gues trouvent régulièrement des preuves du Petit âge gla-ciaire dans les vallées glaciaires, et qu’ils rapportent cespreuves dans la littérature scientifiques, le GIEC persiste àles ignorer et à affirmer que le Petit âge glaciaire n’a ja-mais eu lieu.

Au minimum, pour pouvoir continuer à prétendre sui-vre des critères scientifiques, le GIEC aurait dû reconnaî-tre que leur courbe est encore discutée, ou qu’il s’agitd’une simple hypothèse. Mais non, le GIEC la présentecomme un « fait » aussi dur que l’acier. Ce qui est plusgrave, c’est que Nature collabore avec lui pour continuercette farce.

Autre « fait » du GIEC : la Terre s’est réchauffée de 0,6 °Cau cours du XXe siècle, la moitié de ce réchauffement (0,3 °C)ayant eu lieu depuis la fin des années 70. Les enregistre-ments de température opérés par les satellites et les ra-dio-sondes nous permettent de tester la validité de cetteaffirmation. Or ces deux autres sources de températurenous montrent que le réchauffement global réel pendantles vingt-deux dernières années est de 0,075 °C seule-ment, et non de 0,3 °C.

Si le GIEC avait réellement voulu se comporter de fa-çon rigoureusement scientifique, il aurait dû admettre aumoins que son affirmation sur un réchauffement de 0,6 °Cétait basée sur un seul des trois enregistrements disponi-bles (les thermomètres terrestres) et qu’il s’agissait donc,au mieux, d’une hypothèse discutée, non d’un fait. Au lieude cela, le GIEC prétend que les deux autres sources de

Mesures satellitaires des anomalies mensuelles detempérature (différence entre la valeur observée et lamoyenne 1979-1998). Elles sont réalisées par laNASA grâce à des appareils en orbite qui mesurent latempérature moyenne dans diverses couchesatmosphériques. Nous présentons ici les températu-res de la couche la plus basse (en haut, pour l’hémis-phère nord ; en bas, pour l’hémisphère sud) quicorrespondent presque parfaitement aux températu-res mesurées par les ballons sondes. Les mesuressatellitaires sont précises à 0,01 °C près et donnentune couverture globale plus uniforme que les mesu-res de surface, qui tendent à être concentrées sur laterre. (World Climate Report.)

Nature est-il encore un journal scientifique ?

données (les satellites et les radio-sondes sur ballons) necomptent pas, et ne se donne même pas la peine d’expli-quer pourquoi. On peut le deviner : les enregistrements desurface disent ce que les scientifiques du GIEC veulententendre alors que ceux des satellites disent l’inverse.Donc, ils mettent en avant les premiers. C’est ce que fontles mauvais avocats, mais ce n’est pas digne de scientifi-ques.

Le GIEC est donc beaucoup plus préoccupé d’idéolo-gie écologiste que de science. En ce sens, c’est bien ungroupement « intergouvernemental ». Le consensusauquel il parvient est avant tout un consensus politique,dans une période où Albert Gore a été pendant huit ansvice-président des Etats-Unis et où plusieurs ministres vertssont entrés dans des gouvernements d’Europe occidenta-le. Sa propension à sélectionner certaines études en faitun groupe d’idéologues, et non de scientifiques. Malheu-reusement, Nature ne semble plus savoir faire la différen-ce.

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représentée par la mesure de la lar-geur ou la densité d’un cerne ? Onpeut seulement le déterminer en éta-lonnant les cernes récents avec lestempératures connues existant àl’époque. Or ceci est problématiquecar lorsque l’on parle de « tempéra-tures connues », il peut s’agir d’unesérie de températures fortementcontaminées par des îlots de chaleurou d’autres erreurs locales. Si lestempératures étalonnées sont faus-ses, toute la reconstruction des tem-pératures par les cernes pour un pas-sé lointain est alors compromise.

La dendrochronologie – l’étudedes cernes des arbres – est l’une desnombreuses sous-branches dessciences de l’effet de serre. Cettesous-branche particulière a prospé-ré et a très bien réussi à se faire ac-cepter par une grande partie de lacommunauté scientifique du climat,et cela malgré les faiblesses de cemarqueur.

En ce qui concerne l’Europe et leGroenland, le GIEC et l’US NationalAssessment ne remettent pas en cau-se l’existence de l’Optimum médié-val et du Petit âge glaciaire. Il y a bientrop de données confirmant leurexistence grâce à d’autres indica-teurs et aux témoignages historiques.Toutefois, ces événements sontmaintenant présentés comme pure-ment régionaux, circonscrits à l’Eu-rope et au Groenland, et totalementabsents ailleurs dans le monde.

En général, les artisans de l’effetde serre ne tiennent aucun comptedes preuves historiques, prétendantqu’il ne s’agit que d’« anecdotes ».Cependant, le fait que l’on puisseécarter des preuves tangibles en fa-veur de marqueurs contestablescomme les cernes des arbres, noussuggère que l’on ne peut pas consi-dérer les historiens professionnelscomme objectifs.

L’objectivité vient de la manièredont on traite la preuve et non de lanature de la preuve elle-même. Leshistoriens peuvent être aussi objec-tifs que n’importe quel scientifique,et la plupart d’entre eux considèrentvraiment leur travail comme unescience. Comme l’a fait remarquerun scientifique finnois à propos d’unévénement militaire qui s’est dérou-lé dans l’histoire lointaine de la Fin-lande, « si la glace “anecdotique” estassez épaisse pour contenir toute unearmée, on peut déduire comme con-clusion objective reposant sur un fait

historique documenté que la glace étaitépaisse et durable ».

Des déductions similaires peu-vent être faites ailleurs dans le mon-de. Par exemple, si des populationsentières ont souffert de famine à cau-se de la sécheresse, nous pouvonsen déduire une réduction des préci-pitations. Dans ce cas, nous n’avonspas besoin de marqueurs, ceux-cipeuvent même nous induire en er-reur. Quand une société est ravagéepar de grandes inondations, nouspouvons en déduire un accroisse-ment des précipitations. Que lesPolynésiens aient été capables depeupler les îles du Pacifique grâce àla navigation, nous pouvons aussien faire des déductions climatiques.

Si les partisans de l’effet de serrerechignent à considérer l’Optimummédiéval et le Petit âge glaciairecomme inexistants en Europe, c’estque les preuves historiques sonttrop accablantes. Une telle affirma-tion concernant l’Europe aurait étéaccueillie avec dérision. Bien que lesspécialistes de l’effet de serre consi-dèrent les marqueurs comme plusobjectifs que les « anecdotes » his-toriques, ce point de vue est partagéseulement par leurs pairs. Le restede la communauté académique, lesgouvernements et l’opinion publi-que (la communauté la plus impor-tante) donneront bien plus de crédità la preuve historique issue d’unerecherche sérieuse.

Si le GIEC était sincère en ce quiconcerne la recherche d’informa-

tions complètes sur le climat du der-nier millénaire, elle impliqueraitpartout des historiens pour travaillersur les données qui détermineraientles climats antérieurs tels qu’obser-vés et vécus par les sociétés humai-nes. Ce que craignent certains parti-sans du réchauffement global, c’estque les historiens trouvent vraimentl’Optimum médiéval et le Petit âgeglaciaire dans le monde entier, etque les gouvernements et l’opinionpublique préfèrent davantage lestémoignages historiques aux cernesdes arbres.

Dans la formulation initiale deMann, la « crosse de hockey » s’appli-quait seulement à l’hémisphère nord.Toutefois, l’US National Assessmenta reproduit le graphique de Mannavec un nouveau titre qui suggèrequ’il faut l’appliquer à l’échellemondiale et pas seulement hémis-phérique. 19 La figure 5 montre la ver-sion de Mann revue et corrigée.

Outre la « mondialisation » subti-le du titre du graphique, cette ver-sion omet les larges marges d’erreurincluses dans le graphique initial deMann (en gris clair sur la figure 4).Ces marges d’erreur étaient la seuleindication de Mann que son hypo-thèse puisse être erronée. Mann re-connaissait ainsi que les donnéesd’avant 1400 étaient incertaines.L’idée selon laquelle la températuremondiale d’il y a mille ans pouvaitêtre calculée avec une précision de0,1° F sur la base d’un nombre limi-té de cernes n’est, en vertu de n’im-

Figure 5. La « crosse de hockey » selon l’US National Assessment.Variation des températures en degrés Fahrenheit.

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"porte quel critère raisonnable, toutsimplement pas crédible.

L’US National Assessment n’a tenuaucun compte de ces questions et apesé de tout son poids pour soute-nir cette nouvelle théorie avec l’af-firmation suivante : « De nouveauxtravaux montrent que les températu-res des décennies récentes sont supé-rieures à celles des autres époques,tout au moins pour les mille derniè-res années. » (NACC Overview, p. 11.)

Mann avait lui-même donné uneconclusion similaire dans le résuméde son article initial : « Nos résultatssuggèrent que la fin du XXe siècle cons-titue une anomalie dans le contexteau moins du dernier millénaire. Lesannées 90 et 1998 ont été la décennieet l’année les plus chaudes, à des ni-veaux de fiabilité très élevés dans l’en-semble. »

Cette affirmation était brutale etinflexible, comprenant à peine uneallusion aux incertitudes propres àl’ensemble de son analyse. Il n’y eutpoint de voix discordantes, excep-tées celles des scientifiques déjà ca-talogués comme étant de toute fa-çon sceptiques quant au réchauffe-ment global. La dernière affirmationselon laquelle « 1998 fut l’année laplus chaude du millénaire » étaitexactement celle que les artisans duchangement climatique voulaiententendre dans les prochaines sériesde conférences sur le Protocole deKyoto.

La « crosse de hockey » :vrai ou faux ?

Pour réfuter la « crosse de hoc-key », il suffit simplement de démon-trer de manière probante l’existen-ce de l’Optimum climatique médié-val et/ou du Petit âge glaciaire, grâ-ce à des preuves historiques et/ou àdes indicateurs provenant du mon-de entier. D’après le principe de « ré-futation » de la science, une preuvephysique substantielle contredisantune hypothèse est suffisante pour« réfuter » cette hypothèse. Ainsi,nous présentons ci-dessous des« pièces à conviction », constituéesde preuves physiques, afin de prou-ver que l’Optimum médiéval et lePetit âge glaciaire n’ont pas seule-ment été réels mais aussi présentssur toute la planète.

Pièce n°1 : la mer des Sargasses.Dans la mer des Sargasses (mieux

connue sous le nom de « Triangledes Bermudes »), la datation au ra-diocarbone d’organismes marinsdans les sédiments des fonds effec-tuée par L. Keigwin 12, démontre queles températures de surface de lamer étaient environ 2° F plus bassesil y a quatre cents ans qu’aujourd’hui(Petit âge glaciaire), et environ 2° Fplus élevées il y a mille ansqu’aujourd’hui (Optimum médié-val). Les données montrent aussique durant la période d’avant 500avant J.-C. (ce que l’on appelle l’Op-timum climatique de l’Holocène),les températures étaient supérieuresde 4° F, et cela sans aucun gaz à effetde serre (figure 6). Cela nous mènedonc bien loin de la région Europe-Groenland.

Pièce n°2 : la mer des Antilles.Les mesures des isotopes d’oxy-

gène dans les squelettes corallienseffectués à Porto Rico par Winter etal. 32 ont permis de comparer les rap-

ports isotopiques actuels avec ceuxdu passé lointain. L’étalonnage desisotopes coralliens comme indica-teur des températures de surface dela mer repose sur les données destempératures actuelles de la surfacede la mer dans la région dePorto Rico pour la période 1983-1989. De cette manière, les cher-cheurs ont pu analyser le corail pourles températures des phases suivan-tes du Petit âge glaciaire : 1700-1710,1780-1785 et 1810-1815. Ils ont trou-vé que, pendant le Petit âge glaciai-re, la température de surface de lamer des Antilles était inférieure de 2à 3° C à celle d’aujourd’hui, une ré-duction vraiment considérable quine pouvait pas être locale, mêmeavec beaucoup d’imagination.

Pièce n°3 : la Mauritanie.A partir d’un forage au large du

cap Blanc (Mauritanie), de Menocalet al. 6 ont récupéré des sédimentsdes fonds océaniques à partir des-quels de nombreux échantillonsminéraux et biologiques ont été exa-

Figure 6. Température dans la mer des Sargasses de 1000 avant J.-C.à 1975 après J.-C. (D’après Science, 1996.)

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minés. D’après leur article (résumé),« Des données biologiques sur les va-riations de températures de surface dela mer au large de l’Afrique de l’ouestnous renseignent sur une série de brus-ques refroidissements, à l’échelle dumillénaire, qui ont ponctué la pério-de chaude de l’Holocène. Ces événe-ments proviennent de manière évi-dente d’une advection plus importan-te vers le sud de températures plus fraî-ches, ou d’eaux subpolaires dans cetendroit subtropical, ou d’upwellingslocaux plus importants. Le plus récentde ces événements fut le Petit âge gla-ciaire, entre 1300 et 1850 après J.-C.,quand les températures de surface dela mer subtropicales ont baissé de 3 à4° C. »

On obtient ainsi un profil des tem-pératures océaniques sur deux mil-le cinq cents ans très similaire à ce-lui de la mer des Sargasses. La figu-re 7 montre clairement l’existence del’Optimum médiéval et du Petit âgeglaciaire. De fait, de Menocal et al. ontidentifié deux périodes de climatplus froid coïncidant avec deux pé-riodes froides similaires révéléesdans la mer des Sargasses.

L’Optimum médiéval et le Petitâge glaciaire sont bien présents surtout le Bassin atlantique nord depuisles tropiques jusqu’à l’Amérique,l’Europe et les régions polaires(Groenland). Cela représente unetrès grande partie de l’hémisphèrenord et il est presque impossible quele climat, ailleurs dans cet hémisphè-re, ait pu annuler l’effet de ces évé-nements dans une quelconquemoyenne hémisphérique.

Pièce n°4 : le Kenya.Au Kenya, Verschuren et al. 29 ont

extrait des sédiments du fond du lacNaivasha. Ils expliquent dans leurarticle : « Nos données indiquent que

l’Afrique équatoriale de l’est a alternédes conditions climatiques contras-tées : un climat beaucoup plus secqu’aujourd’hui pendant l’“Optimumclimatique médiéval” (1000-1270après J.-C.) et un climat relativementhumide pendant le “Petit âge glaciai-re” (1270-1850 après J.-C.) interrom-pu par trois épisodes secs prolongés. »

Les chercheurs ont déterminé lesmesures du niveau historique du lacet de sa salinité à partir des sédi-ments lacustres (figure 8). Nous pou-vons voir le pic du Petit âge glaciaire(fin du XVIIe et XVIIIe siècles), ce queconfirment les données des Sargas-

ses et du cap Blanc. Pendant l’Opti-mum médiéval, de 1000 à 1200, lelac a visiblement connu une pério-de de sécheresse prolongée. Aujour-d’hui, le niveau de lac est environau milieu de ces deux extrêmes, cequi suggère qu’il en est de mêmepour notre climat.

Pièce n°5 : le glacier de Quelccaya (Pé-rou).

Des carottes glaciaires de ce gla-cier en haute altitude, dans les An-des péruviennes, ont laissé des iso-topes d’oxygène 18 qui sont un bonindicateur des températures existant

Figure 7. Température de surface au large de l’Afrique de l’ouest surdeux mille cinq cents ans. (BP signifie Before present, le présent étantfixé à 1950.)

Figure 8. Variations climati-ques (lac Naivasha, Kenya).

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"à l’époque où la glace s’est formée. 23

Le Petit âge glaciaire apparaît nette-ment. Etant donné que l’Optimummédiéval est moins prononcé quedans d’autres sites, cela nous indi-que clairement que le XXe siècle n’estpas plus chaud qu’avant le Petit âgeglaciaire. En effet, certains des picsde températures médiévales sontplus élevés que ceux des tempéra-tures d’aujourd’hui (figure 9).

Puisque le Pérou est dans l’hé-misphère sud, nous avons la preuvedirecte de ce site que ces événementsclimatiques se sont prolongés au-delà des confins de l’hémisphèrenord.

Pièce n°6 : Taïwan et la Chine.A Taïwan, Kuo-Yen Wei et al. ont

étudié des sédiments lacustres simi-laires à ceux du Kenya, révélant ànouveau l’empreinte de l’Optimummédiéval et du Petit âge glaciaire. 13

D’après le résumé de leur article,« l’alternance de couches claires etfoncées des sédiments provenant dedivers lacs montagneux, fait apparaî-tre à grande échelle des cycles d’hu-midité et de sécheresse sur les derniersdeux mille quatre cents ans (Chen etal., 1993 ; Lou et al., à l’impression). Lapériodicité de 450 ans ainsi détectéeest semblable à celle de l’oscillationsolaire : l’Optimum climatique mé-diéval (1000-1300 après J.-C.) et lePetit âge glaciaire (1300-1850 aprèsJ.-C.) étaient ainsi reconnus (Lou etal., à l’impression). On a aussi identi-fié ces deux époques grâce aux don-nées palynologiques de la Chaîne Cen-trale (Liew et al., 1995). »

Les chercheurs se sont référés à

l’étude des données annuelles etsaisonnières des cernes : « L’étudedes cernes du sapin de Taïwan nous apermis de reconstruire les températu-res historiques estivales et hivernalesde la région montagneuse pendant lesderniers trois cents ans. Il est démon-tré que le climat froid a prévalu pen-dant le Petit âge glaciaire (Tsou et Liu,1995). »

Enfin, dans un synopsis des nom-breux marqueurs étudiés à Taïwanet dans ses environs : « Durant lesdeux mille dernières années, le climatest devenu plus chaud et plus humi-de avec les manifestes Optimum cli-matique médiéval (1000-1300 aprèsJ.-C.) et Petit âge glaciaire (1300-1850après J.-C.). Les données des cernesconfirment aussi l’influence du Petitâge glaciaire dans les montagnestaiwanaises. Les fluctuations de l’hu-midité sur les derniers deux mille qua-tre cents ans, dérivées des sédimentslacustres, nous font penser que les pé-riodes sèches et froides reconnuescoïncident avec les événements de trou-bles majeurs de l’histoire chinoise. »

Le verdict de Taïwan est par con-séquent concluant. A partir d’unevariété d’indicateurs, on trouve desévénements identiques, même là, àl’ouest de la ceinture Pacifique.

Les chercheurs taiwanais ontmême établi un lien entre les princi-paux « événements de troubles » dela Chine continentale et ces événe-ments climatiques. Ces événementsétaient aussi influencés par le climat,d’après Hong et al. 9. Leur étude desisotopes d’oxygène dans une tour-bière du nord-est de la Chine, prèsde la frontière nord-coréenne, a ré-

vélé un historique des températuressur six mille ans. Celui-ci a été com-paré aux marqueurs solaires au car-bone 14, afin d’établir un rapportentre évolution des températures etvariations solaires.

Les chercheurs ont estimé que lestempératures étaient d’environ 2° Fplus élevées qu’aujourd’hui entreles années 1100 et 1200, période cor-respondant à l’Optimum médiéval,ce que confirme l’existence de vesti-ges d’espèces végétales n’existantnormalement que dans le sud de laChine. Ils ont aussi relevé des tem-pératures très froides entre environ1550 et 1750, ce qui correspond auPetit âge glaciaire que l’on trouveailleurs.

Enfin, ils ont aussi établi un lienentre ces variations climatiques etl’activité solaire puisqu’il existe unecorrélation entre le carbone 14 (So-leil) et l’oxygène 18 (températures).En d’autres termes, la Soleil a été lacause des variations climatiques enChine.

Pièce n°7 : le Japon.Avec l’existence évidente de l’Op-

timum médiéval et du Petit âge gla-ciaire à Taïwan et en Chine, l’appa-rition des mêmes événements auJapon fourniraient une validationutile. Ironiquement, la ville où l’ontrouve la plupart des témoignageshistoriques ou par indicateurs n’estautre que Kyoto ! Citons ici quelquesextraits des travaux de Tagami 26 :

« Au sujet de l’Optimum climati-que médiéval.

« Il y avait sans aucun doute, auxtemps historiques, un climat chaud au

Figure 9. Quantité d’isotopes d’oxygène 18 du glacier de Quelccaya (Pérou).

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Japon. Un certain nombre de travaux,comme par exemple l’étude sur lesvariations des dates de floraisons descerisiers à Kyoto, situent ce climatchaud au début du millénaire. Toute-fois, ces données ne nous renseignentpas clairement sur le début et la fin dece climat, ni sur le lien du climat aveccelui des autre régions. Grâce à l’étudesusmentionnée, l’Optimum climati-que médiéval du Japon a été reconsti-tué et son contexte a été comparé àcelui d’autres endroits.

« Traitement des bases de donnéeset analyse.

« Cette étude utilise principalementdes documents historiques, avec desdonnées classées en deux types : le cli-mat saisonnier du VIIe siècle et le cli-mat journalier du Xe siècle. Les don-nées de ce dernier comprennent desintempéries, des météorologies inha-bituelles, des dates de floraison descerisiers, des dates de gel des lacs, etc.Les intempéries consistent en séche-resses, pluies longues, bordées de nei-ge, hivers cléments, etc. Ces dernièresdonnées sont décrites dans les livresd’heures des nobles de Kyoto. Elles ontpermis de reconstituer l’Optimum cli-matique médiéval de la façon suivan-te : d’abord, on a établi des graphiquesdu climat saisonnier, puis l’on a exa-miné les conditions climatiques dechaque saison. [...]

« Quelques remarques sur l’Opti-mum climatique médiéval.

« Les résultats montrent quelquescaractéristiques de l’Optimum clima-tique médiéval. Toutefois, si la tendan-ce au réchauffement s’est prolongéejusqu’au VIIIe siècle, le refroidissementest apparu pour une courte période à

Figure 10. Epaisseur moyenne en millimètres des cernes des pins deHuon (lac Johnston, Tasmanie).

la fin du IXe siècle. Puis un réchauffe-ment s’est étendu du Xe siècle jusqu’àla première moitié du XVe siècle. A par-tir de ce moment, un refroidissementest apparu, et plus considérable enco-re à partir du XVIIe siècle. Ainsi, entre lapremière époque froide et la dernière,les conditions climatiques chaudessont évidentes depuis le Xe siècle jus-qu’au XIVe siècle. »

Les conclusions de cette étudesoulignent l’importance de ne passe restreindre à un point de vue ex-clusivement centré sur l’Europe, seprivant de cette manière de travauxvalables réalisés dans des pays nonoccidentaux. Malgré un style ap-proximatif, d’où la nécessité de laciter in extenso, la conclusion deschercheurs japonais est claire et sansambiguïté : il y a bien eu un Opti-mum médiéval et un Petit âge glaciai-re et ils se sont déroulés en mêmetemps qu’ailleurs dans le monde.

Un article de J. Magnuson et al. surles dates de gel et dégel pour les lacset cours d’eau dans le monde en-tier 15 confirme l’existence du Petitâge glaciaire au Japon. En effet, enétudiant les données pour le lacSuwa, on observe que les premièresdates de gel indiquent un climatfroid et les dernières un climat pluschaud. Dans cette étude, le lac Suwadétient le plus grand registre de da-tes de gel, avec des données remon-tant jusqu’à 1443 après J.-C., c’est-à-dire sur une période trois fois pluslongue que pour n’importe quelleautre étendue d’eau.

Selon Magnuson et al., on obser-ve aussi l’impact du Petit âge glaciai-re : « De 1443 à 1700, le lac Suwa a été

couvert de glace 240 hivers sur 243(99 %), mais de 1700 à 1985, 261 foissur 291, (90 %) ».

La période des « 99 % » corres-pond bien à celle du Petit âge gla-ciaire.

Pièce n°8 : la Tasmanie.La Tasmanie est une île située à

300 km au sud de l’Australie, de lasuperficie de l’Irlande. Dans cette« pièce à conviction », nous ne trou-verons pas seulement la confirma-tion de l’Optimum médiéval maisnous obtiendrons aussi un aperçudes origines et des défauts intrinsè-ques à la « crosse de hockey » elle-même.

Ed Cook, un éminent spécialistedes cernes des arbres, a souvent vi-sité la Tasmanie pendant les dix der-nières années. Il a prélevé des échan-tillons d’une espèce unique d’arbreà bois tendre, le « pin de Huon » (La-garostrobos Franklinii), certains d’en-tre eux vivant depuis plus de milleans. En raison de l’éloignement dela Tasmanie par rapport au conti-nent australien, les articles de Cookn’avaient pas subi l’examen critiquequ’ils auraient dû recevoir. Il y avaiten effet des imperfections à la foisdans le traitement des données lo-cales et dans les conclusions.

Pour étalonner les cernes avec lestempératures, Cook et son équipeont utilisé les températures urbainesde surface relevées dans la partieorientale et sèche de l’île, pour lescomparer avec les cernes prélevésdans la partie ouest et humide, bienqu’il y ait eu des températures rura-les de surface à l’ouest à partir des-quelles on pouvait établir une com-paraison plus correcte. Dans ses tra-vaux précédents, l’effet fertilisant duCO2 n’avait pas été pris en compte,rendant non valides ses conclusionsdes décennies précédentes.

En 1992, sept ans avant la paru-tion de l’article de Mann, Ed Cookfut le co-auteur d’un article de la re-vue The Holocene 3. Il y présentaitune série chronologique de cernesde pins de Huon datant de 900 aprèsJ.-C. La figure 10 représente le gra-phique de cette série.

A partir de cette courbe, il appa-raît qu’il y a eu de fortes pousséesde croissance entre 940 et 1000 etentre 1110 et 1200, pendant l’Opti-mum médiéval. Cook reconnaît cefait dans son article.

Ces données font apparaître le

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African Journal of Science 27, Tyson etal. ont développé un historique cli-matique à partir d’isotopes d’oxygè-ne 18 (un indicateur de températu-res), d’isotopes de carbone 14 (unindicateur de l’activité solaire) et dedonnées de densité colorimétriqueobtenues à partir d’une stalagmite.Celle-ci, dont la datation est bien éta-blie, se situe dans une grotte de lavallée de Makapansgat. Les auteursexpliquent : « Le climat de l’intérieurde l’Afrique du Sud était environ plusfrais de 1° C pendant le Petit âge gla-ciaire et plus chaud de 2° C pendantles extrêmes de l’Optimum climatiquemédiéval. Il était variable sur tout lemillénaire, mais considérablementplus pendant le réchauffement du XIe

au XIIIe siècle. Des événements extrê-mes dans ces données révèlent des re-lations distinctes avec des événementssemblables dans d’autres parties dumonde, dans les hémisphères nord etsud à la fois. »

Tyson et al. ont situé l’Optimummédiéval entre juste avant 1000 et1300, avec des températures moyen-nes de 6 à 7° F plus élevéesqu’aujourd’hui. Ils ont situé le Petitâge glaciaire entre 1300 et 1800 avecdes températures moyennes de 2° Fplus basses qu’aujourd’hui.

Les auteurs se sont alors mis à at-tribuer une cause à ces deux événe-ments : « Les températures plus bas-ses enregistrées pendant le Petit âgeglaciaire en Afrique du Sud coïncidentavec les minima de Maunder et deSporer en ce qui concerne les rayon-nements solaires. Le réchauffementmédiéval coïncide avec les maximaisotopiques du béryllium 10 et du car-

Figure 11. Reconstitution des températures à partir des cernes desarbres, selon Cook.

de mesure, d’où la création d’un mi-croclimat. A partir de ces donnéesproblématiques, Cook a développésa propre reconstitution.

La géographie elle-même de l’îlea faussé ces travaux. La Tasmaniepossède deux régimes climatiquesdistincts : un climat frais et humideà l’ouest, et un climat plus chaudmais sec à l’est. Le contraste entreles deux est très net pour qui visitel’île (figure 12).

Les pins de Huon sont à l’ouest,près du mont Read, dans une régiontrès pluvieuse, mais les trois donnéesd’étalonnage de températures ve-naient de l’est, plus chaud et plussec. Bien que les traitements statisti-ques que Cook a utilisés étaient élé-gants et ésotériques, les donnéesproblématiques des températuresde surface ont invalidé tout le tra-vail de reconstitution.

On retrouve cette faille fondamen-tale dans la « crosse de hockey » elle-même, puisqu’elle repose aussi prin-cipalement sur les cernes des arbres,en particulier pour la première moi-tié du millénaire. Les cernes sontétalonnés sur les températures desurface de l’hémisphère nord, elles-mêmes fortement contaminées pardes îlots de chaleur et d’autres ano-malies locales. Un autre défaut dansde telles tentatives d’étalonnage ap-paraît avec l’effet fertilisant du CO2,celui-ci améliorant la croissance descernes et insérant ainsi une erreurstructurelle de plus en plus grandedans l’étalonnage.

Pièce n°9 : l’Afrique du Sud.Dans un article récent du South

Petit âge glaciaire comme faible.Cook attribue cela à l’influence del’océan sur une aussi petite île.

La poussée de croissance des pinsde Huon ne peut être attribuée auclimat seul, mais doit inévitablementrésulter de l’effet fertilisant du CO2,phénomène dont n’a pas tenu comp-te Cook. Toutefois, on a depuis trou-vé que ce phénomène accélérait lacroissance des plantes partout dansle monde, exactement commel’avaient prévu les biologistes desvégétaux. Quand on disqualifie lacroissance qui s’est produite à la findu XXe siècle puisque ce facteur n’apas été pris en compte, on constateclairement que le climat était pluschaud à l’époque médiévale en Tas-manie qu’aujourd’hui.

Cook a tracé une courbe en graspour servir de courbe « zéro » qu’ilconsidère en grande partie commeétant à l’origine non climatique. Enfait, il impose sa propre vision sub-jective de ce que signifient les don-nées. Si, d’un autre côté, la « tendan-ce générale de la croissance » (com-me il le dit) est climatique au départ,toutes les données indiqueraientalors une empreinte plus forte del’Optimum médiéval.

Dans le même article, Cook a uti-lisé cette courbe zéro subjective com-me base pour reconstituer les tem-pératures des saisons de croissanceen Tasmanie. Il a produit un graphi-que lissé par un « filtre à faible cali-bre » sur vingt-cinq ans, dont la res-semblance avec la « crosse de hoc-key » de Mann est frappante. La figu-re 11 montre ce procédé statistique.

D’après l’explication de Cook surla façon dont il convertit le graphi-que des largeurs des cernes (figu-re 10) en graphique des températu-res (figure 11), faisant presque dis-paraître l’Optimum médiéval, il aétalonné les cernes sur les tempéra-tures de surface enregistrées danstrois stations météorologiques deTasmanie : Hobart, la capitale(130 000 habitants), Launceston,(70 000 habitants) et Low Head Ligh-thouse, sur la côte nord. Hobart a unîlot de chaleur déjà répertorié 21, toutcomme Launceston, tandis que LowHead est caractérisé par une anoma-lie journalière locale, elle aussi ré-pertoriée 4, qui a été responsabled’une hausse des températures jour-nalières durant ces dernières décen-nies à cause de la croissance de lavégétation proche des instruments

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bone 14 cosmogoniques enregistrésdans les cernes dans d’autres partiesdu monde pendant l’Optimum mé-diéval des rayonnements solaires. »

Cette étude sud-africaine réaffir-me l’influence des variations solai-res sur le climat de la Terre. Toutesles variations climatiques que cesauteurs ont constatées correspon-daient à des variations connues duSoleil.

Pièce n°10 :  le centre-est de l’Idaho(Etats-Unis).

Dans une étude sur les cernes, F.Biondi et al. 1 ont utilisé un enregis-trement de données sur 858 ans d’unmarqueur pour les températures ducentre-est de l’Idaho. Bien que lescernes, comme nous l’avons men-tionné plus haut, ne constituent pasune mesure fiable des températuresannuelles, ce point particulier n’a pasété inclus dans l’étude de Mann.Biondi a trouvé des périodes de « re-froidissement extrême » vers 1300,1340, 1460 et après 1600. Cela con-firme les découvertes d’autres tra-vaux dans les « pièces à conviction »précédentes, où il apparaît qu’il y aiteu deux petits âges glaciaires : unmineur pendant le minimum solai-re de Sporer, et un deuxième (le prin-cipal) pendant le minimum deMaunder (XVIIe siècle).

Les auteurs affirment aussi : « Niles données des instruments, ni cellesdes indicateurs dans les vallées dunord-est de l’Idaho ne montrent unréchauffement inhabituel pendant leXXe siècle. » Cela remet aussi en cau-se la « pointe » de la crosse de hoc-

Figure 13. Température moyenne annuelle à Ashton (Idaho).

Figure 12.Zones climati-ques de laTasmanie.

key, qui présente le XXe siècle com-me étant à la fois sans précédent ettrès rapide. Néanmoins, l’affirma-tion des chercheurs est confirméepar les données des températuresrurales sur le long terme provenantd’Ashton, dans l’est de l’Idaho (figu-re 13). Il y a eu peu de variations àAshton en cent ans, ce qui justifiepleinement ce qu’affirme Biondi.

Pièce n°11 : l’Argentine.Certains travaux (Villalba, 1994 30 ;

Cioccale, 1999 2) utilisant plusieursindicateurs confirment l’existence del’Optimum médiéval et du Petit âge

glaciaire en Argentine.Dans les régions centrales d’Ar-

gentine, il y a eu un climat chauddepuis 600 après J.-C. jusque vers1320, ce qui a permis à des popula-tions humaines de s’établir et de cul-tiver à plus haute altitude, concomi-tamment à l’Optimum médiéval.Après 1320, on a remarqué deux« poussées » froides. Pendant ladeuxième (le principal Petit âge gla-ciaire), les glaciers du sud des An-des ont commencé à avancer et leshabitants ont dû quitter les hautesaltitudes. Selon Cioccale, « Les deuxpoussées de froid peuvent être respec-

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"tivement liées aux minima de Sporeret de Maunder ». Le Soleil est encoreune fois tenu responsable de cesévénements.

L’Argentine complète un cercledécrit en plein hémisphère sud, jus-qu’à la Tasmanie puis l’Afrique duSud. Par conséquent, nos deux évé-nements climatiques ont fait le tourdes latitudes moyennes de l’hémis-phère sud, en plus de leur présencemanifeste dans l’hémisphère nord.

Pièce n°12 : la Californie.Dans des travaux de 1993 25, des

cernes de conifères subalpins dusud de la Sierra Nevada (Etats-Unis)ont été utilisés pour reconstituer lestempératures et les précipitationsdepuis 800 après J.-C. La reconstitu-tion des températures estivales amontré une période avec des valeursdépassant celles de la fin du XXe siè-cle, depuis 1100 à 1375, ce qui cor-respond à l’Optimum médiéval. Il ya aussi eu une période de tempéra-tures basses de 1450 à 1850, au mo-ment du Petit âge glaciaire.

Pièce  n°13 :  les  îles  de  l’ouest  del’océan Indien.

Dullo et al. 7 ont étudié les sque-lettes de coraux sur des récifs de laRéunion, de Mayotte et de Madagas-car. Les données isotopiques d’oxy-gène ont été étalonnées avec desdonnées locales d’instruments demesure afin d’établir un indicateurdes températures historiques mari-times de surface. Le registre de don-nées le plus long de Madagascar, re-montant à 1640, révélait clairementl’impact du Petit âge glaciaire. Il ré-vélait aussi la marque de l’oscilla-tion australe El Niño avec un cyclede trois à cinq ans, semblable à celled’aujourd’hui.

Pièce n°14 : le niveau des mers.Les prévisions actuelles concer-

nant la hausse du niveau des merssont établies sur l’hypothèse que leXXe siècle a connu un réchauffementde 0,7° C, avec un réchauffementsupplémentaire futur prévu par lesmodèles. Sur la base de cette affir-mation, le GIEC a estimé que le ni-veau marin a déjà monté de 10 à25 cm au cours des cent dernièresannées. Etant donné que cette esti-mation repose en grande partie surde la modélisation, et que le réchauf-fement du XXe siècle est moindre àcause d’erreurs dans les données

des stations météo (urbanisation,etc.), le niveau marin au XXe siècle n’aen réalité connu qu’une petite élé-vation. 5

Toutefois, il est raisonnable decroire qu’un réchauffement signifi-catif provoquerait l’élévation du ni-veau marin, ou qu’un refroidisse-ment provoquerait une baisse, à cau-se de l’expansion et de la contrac-tion thermique de la masse océani-que. Cela va de paire, non sans ré-serves, avec les variations dans l’ac-cumulation des glaces dans les ré-gions polaires, ce qui affecte aussi leniveau des mers.

Cela dit, le niveau marin fournitun indicateur qui permet de déter-miner l’existence de l’Optimum mé-diéval, car un réchauffement globalde cette échelle a dû causer une élé-vation du niveau marin. De même,le Petit âge glaciaire a dû provoquerune baisse du niveau.

Une étude du niveau marin surles derniers mille quatre cents ans,réalisée par van de Plassche etvan der Borg (université libre d’Ams-terdam et université d’Utrecht 28), adéfini une courbe moyenne desmarais de la Hammock River à Clin-ton (Connecticut). L’élévation desmarais a été calculée à partir d’ana-lyses de foraminifères dans une ca-rotte de tourbe de 1,8 m de long.

Les variations du niveau marin ontété validées d’après d’autres ten-dances semblables du niveau demarais salants situés à 17 km plus àl’ouest, et cela pendant les millequatre cents dernières années. Leschercheurs ont conclu : « Sur la basede la courbe moyenne du niveau del’eau à Clinton, le niveau réel de lamer a oscillé de centimètres en déci-mètres sur une échelle de temps sécu-laire ces mille quatre cents dernièresannées, et était 25 cm plus élevé vers1050 (Optimum médiéval) qu’auxalentours de 1650. » L’idée selon la-quelle le niveau marin était constantavant le XXe siècle s’est donc avéréefausse.

Cette différence de 25 cm du ni-veau marin entre la période de l’Op-timum médiéval et celle du Petit âgeglaciaire confirmerait l’existence deces deux événements.

Dans d’autres travaux sur le ni-veau marin 31, Wang Wen et Xie Zhi-ren de l’université de Nanjing ontanalysé plus de deux mille témoi-gnages de raz-de-marée qui ontponctué les deux mille dernières

années en Chine. Les périodes desdynasties Tang (618-900) et Song(960-1279) se partagent les pics deraz-de-marée, tandis que les sièclessuivants ont connu moins d’événe-ments de ce genre. La riposte desChinois fut de construire des digues,mais seulement après ces périodesde catastrophes. Les chercheurs con-cluent : « Une analyse plus approfon-die montre que les pics de températu-re liés aux fluctuations climatiquesayant eu lieu lors de l’Optimum mé-diéval et du Petit âge glaciaire coïnci-dent avec les pics des raz-de-marée,ces derniers suivis par une plus inten-se construction de digues. La recher-che révèle la relation entre climat, ni-veau marin, raz-de-marée et construc-tion de digues. En d’autres termes, lespériodes chaudes coïncident avec unemer relativement haute, des pics deraz-de-marée et ces derniers sont sui-vis par des périodes d’intenses cons-tructions de digues. »

Quand la science s’égare...

Il est maintenant évident quel’histoire climatique de l’hémisphèrenord et de l’ensemble du globe neressemble en rien avec ce que décritla « crosse de hockey » de Mann. Ilest inconcevable que deux événe-ments climatiques majeurs du der-nier millénaire – l’Optimum médié-val et le Petit âge glaciaire – puissentêtre observés avec les mêmes repè-res chronologiques dans tant d’en-droits différents et avec une telle va-riété d’indicateurs partout dans lemonde, et avoir été omis par les tra-vaux de Mann. Une explication pos-sible de cette différence réside dansle fait que les cernes sont inadéquatsen tant que marqueurs de tempéra-ture, ce que les dendrochronologis-tes sont peu disposés à admettre.

On doit se poser la question :pourquoi ceux qui réclament desréférences scientifiques dans leurdomaine, restent-ils attachés de fa-çon aussi tenace à une descriptiondu climat historique qui est mani-festement fausse ? Pourquoi y a-t-ileu aussi peu de remises en cause dela théorie de Mann parmi ses pairs ?Pourquoi y a-t-il un refus collectif durôle du Soleil alors que les preuvespubliées par les spécialistes et exa-minées par leurs pairs démontrentune relation évidente entre variations

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solaires et variations climatiques ?Une plaquette intitulée Etre un

scientifique : une attitude responsablevis-à-vis de la recherche 18, publiéepar l’Académie nationale des scien-ces [américaine], nous fournit unensemble de critères bien présentésafin de guider la conduite des scien-tifiques. En effet, ceux-ci naviguentà travers des choix difficiles et doi-vent eux-mêmes se conduire de fa-çon éthique.

« La faillibilité des méthodes nousrappelle, et cela nous est précieux, l’im-portance du scepticisme en matière descience. Les connaissances et les mé-thodes scientifiques, anciennes ounouvelles, doivent être continuelle-ment observées en vue d’erreurs éven-tuelles. Un tel scepticisme peut se trou-ver en conflit avec d’autres points im-portants de la science comme le be-soin de créativité et de conviction endéfense d’une position donnée. Tou-tefois, le scepticisme organisé et pré-cis, autant qu’une ouverture à de nou-velles idées, sont essentiels commegarde-fous contre l’intrusion de dog-mes ou de partis pris collectifs dansles résultats scientifiques. »

Ici, le scepticisme est érigé en ver-tu, ce qui contraste avec le traitementhostile réservé aux sceptiques dansles sciences du climat. Cependant,la mise en garde contre les dogmeset les partis pris, citée plus haut, s’ap-plique directement aux spécialistesdu changement climatique qui ontde nombreuses fois fait preuve d’un

parti pris dans leur travail, ce qui acontaminé le processus d’examencritique par leurs pairs.

Une faiblesse courante des scien-tifiques, en particulier de ceux enga-gés dans des recherches pouvantavoir un impact sur le public, est derejeter toute intrusion de celui-cidans la conduite de leur travail. Leprocessus d’examen de la commu-nauté scientifique fournit une bar-rière efficace à l’examen du public :il y a une tendance à considérer lepublic en tant que personnes devantêtre instruites et non comme l’étantdéjà. L’arrogance intellectuelle quien résulte fait des scientifiques unesorte de clergé médiéval, gardiensd’un secret et d’un savoir exclusifs,hors de portée des yeux indiscretsdu public. Une telle attitude, courantechez beaucoup de scientifiques, estimpardonnable, étant donné que laplupart de la recherche est financéepar les deniers publics. Ceci, toute-fois, n’empêche pas ces scientifiquesd’adopter une vision possessive deleurs résultats. La plaquette de l’Aca-démie des sciences met en garde :« En remplissant ces responsabilités,les scientifiques doivent prendre letemps de communiquer les connais-sances à la société, de manière à ce quele public puisse évaluer les recherchesen connaissance de cause. Parfois, leschercheurs se réservent eux-mêmes cedroit, considérant les non-expertscomme non qualifiés pour établir detels jugements. Néanmoins, la science

n’offre qu’une seule fenêtre sur l’expé-rience humaine. Tandis qu’ils défen-dent l’honneur de leur profession, lesscientifiques doivent chercher à évi-ter de placer le savoir scientifique ob-tenu sur un piédestal au-dessus decelui obtenu par d’autres moyens. »

Voilà une critique directe du« scientisme », lequel constitue unevision antidémocratique du monde,et qui est clairement opposée à l’Aca-démie nationale.

Cependant, dans les sciences duclimat, nous avons de nombreuxexemples de critiques et de préoc-cupations de la part du public, quisont écartées par des statistiques in-justifiées et de faux recours à l’auto-rité académique.

Qui est Michael Mann ?

Au moment où il publiait son ar-ticle sur la « crosse de hockey », Mi-chael Mann était professeur auxiliai-re à l’université du Massachusetts,au département de géosciences. Il areçu son doctorat en 1998 et a étépromu un an plus tard, à 34 ans, as-sistant à l’université de Virginie, audépartement des sciences environ-nementales.

Il supervise à présent le chapitreVariations et changements climatiquesdu rapport TAR 2000 du GIEC. Il estaussi l’un des auteurs de plusieurschapitres de ce rapport, dont le ré-sumé technique, faisant écho à l’ar-ticle de Mann affirme : « Les an-nées 90 ont été probablement la dé-cennie la plus chaude du millénaireet 1998 probablement l’année la pluschaude. »

Mann fait aussi partie du comitééditorial du Journal of Climate et aété le rédacteur en chef d’un hors-série de ce périodique. Il joue aussile rôle d’« expert » pour les revuesNature, Science, Climatic Change,Geophysical Research Letters, Journalof Climate, JGR-Oceans, JGR-Atmos-pheres, Paleo oceanography, Eos, In-ternational Journal of Climatology etpour les programmes d’étude NSF,NOAA et DOE (dans le systèmed’« examen par ses paires », le pou-voir d’un referee anonyme est de re-jeter les articles qu’il juge ne pas ré-pondre aux critères scientifiques).

Il a été nommé « conseiller scien-tifique » du gouvernement améri-cain (White House OSTP) pour les

Sir John Houghton présidant une rencontre du GIEC. On note enarrière-plan la diapositive présentant la courbe en crosse de hockey,ce qui confirme son importance cruciale dans l’argumentation du GIEC.

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  c l i m a t o l o g i e  

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"questions du changement climati-que.

L’inventaire de la « visibilité pu-blique et médiatique » de Mann estle suivant : « CBS, NBC, ABC, CNN,CNN headline news, BBC, NPR, PBS(Nova/Frontline), WCBS, Time,Newsweek, Life, US News & WorldReport, Economist, Scientific Ameri-can, Science News, Science, RollingStone, Popular Science, USA Today,New York Times, New York Times(Science Times), Washington Post,Boston Globe, Irish Times, AP, UPI,Reuters et de nombreux autres mé-dias écrits ou télévisés ». 17

La carrière de Mann soulève ungrave problème dans les sciencesclimatiques modernes, à savoir la« starisation » des scientifiques envue leur permettant d’être rapide-ment promus à des positions d’in-fluence. Un tel système ramène lascience au niveau d’Hollywood.

Conclusion

Les preuves des « pièces à convic-tion » sont écrasantes. L’Optimummédiéval et le Petit âge glaciaire ap-paraissent clairement aux quatrecoins du monde, grâce à une variétéd’indicateurs : des marqueurs plusreprésentatifs des températures queles cernes inadéquats de MichaelMann.

Ce qui est inquiétant dans la« crosse de hockey », ce n’est pas laprésentation qu’en a faite Mann audépart. Comme pour tout article, elleserait tombée dans l’oubli si onl’avait trouvée erronée. Au contrai-re, la réaction des artisans de l’effetde serre a été : approbation unani-me, manque total d’évaluation criti-que de la théorie, acceptation aveu-gle de preuves aussi peu solides. Il yavait une raison et une seule : ilsembrassaient une théorie qui disaitexactement ce qu’ils voulaient enten-dre.

Les instigateurs de la « crosse dehockey » devraient se rappeler de1984 de George Orwell, dans lequelun régime totalitaire utilise des« trous de mémoire » pour réinven-ter l’histoire. En cette période decommunications instantanées, il n’ya pas de « trou de mémoire » suffi-samment grand pour renverser lavérité historique sur l’Optimummédiéval et le Petit âge glaciaire. #

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