Jules Vuillemin Lheritage Kantien Et La Revolution Copernicienne Fichte Cohen Heidegger
FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE … · doctorat en medecine specialite : medecine...
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1
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (PARIS 6)
FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE
ANNEE 2013 THESE N°2013PA06G085
DOCTORAT EN MEDECINE
SPECIALITE : MEDECINE GENERALE
PAR
MME Marine VUILLEMIN-BAILLIF
NEE LE 6 JUIN 1982 A LUXEMBOURG ____________
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 10 JANVIER 2013
APPROCHES NUTRITIONNELLES AU CABINET DU
MEDECIN GENERALISTE, ANALYSE DES
CONTENUS ET DES REPRESENTATIONS A PARTIR
D’ENREGISTREMENTS VIDEO DE
CONSULTATIONS DE MEDECINE GENERALE
DIRECTEUR DE THESE: PR PHILIPPE CORNET
CO-DIRECTRICE DE THESE: DR GLADYS IBANEZ
PRESIDENT DU JURY: PR ARNAUD BASDEVANT
MEMBRE DU JURY : PR FABRIZIO ANDREELLI
2
REMERCIEMENTS
Au PROFESSEUR PHILIPPE CORNET, mon directeur de thèse, et au DOCTEUR
GLADYS IBANEZ, ma co-directrice de thèse,
pour leur aide précieuse, leurs conseils avisés et leur disponibilité. Votre
enthousiasme et votre pédagogie tout au long de ce travail ont été pour moi une
réelle source de motivation.
Au PROFESSEUR ARNAUD BASDEVANT,
qui me fait le très grand honneur de présider ce jury de thèse. Vos qualités
professionnelles et votre passion de la nutrition sont pour moi des exemples, ce
domaine me tenant particulièrement à cœur dans l’exercice de la médecine générale.
Au PROFESSEUR FABRIZIO ANDREELLI,
qui me fait l’honneur d’être membre de mon jury et d’avoir examiné mon travail.
Au PROFESSEUR HECTOR FALCOFF (faculté de médecine René Descartes Paris
5),
qui m’a guidé dans mon intégration à de l’équipe de recherche et m’a permis de
travailler sur les enregistrements vidéo.
Au DOCTEUR LUDOVIC LE MOING,
dont le travail de thèse « Intérêt et faisabilité de la réalisation d’une base de données
de consultations filmées de médecine générale pour la recherche » a permis la
réalisation de l’ensemble des enregistrements vidéo nécessaires à mon travail.
Aux MEDECINS GENERALISTES et aux PATIENTS,
pour leur confiance et pour avoir participé aux enregistrements vidéo.
A MON MARI PIERRE-YVES,
pour son amour, sa patience, et son soutien infaillible durant ces longues années
d’études ; pour m’avoir poussé à reprendre confiance et à me dépasser dans les
moments difficiles.
3
A MES PARENTS JEAN ET NICOLE,
pour leur tendresse, leur présence et leur soutien indéfectible pendant toutes ces
années.
A MA SŒUR ANNE-CECILE ET ANTOINE,
pour leur affection et leurs encouragements tout au long de mon parcours.
A MA GRAND-MERE YVONNE,
pour sa tendresse et sa présence constante à mes côtés.
A MES ONCLES ET TANTES : JACQUES ET BLANDINE, PIERRE-MARIE ET
ANNIE,
pour leur gentillesse et leur soutien permanent.
A MES COUSINS : JEAN-BAPTISTE ET SOLENNE, FRANCOIS-JOSEPH ET
MARJORIE, ALBERTINE,
pour leur présence à chaque étape.
A MES AMIES DE TOUJOURS : HELENE, ANNE, LIZ ET SAMERA,
pour leur amitié sans limite et pour avoir été à mes côtés à chaque instant.
A MES AMIES ET COPINES DE PROMOTION : DELPHINE, JULIE ET CAROLE,
pour les liens d’amitié qui nous unissent aujourd’hui. Ensemble nous avons tout
traversé durant ces études, crises de fous rires et crise de larmes, mais fidèles au
poste quoi qu’il arrive.
A MA BELLE-FAMILLE,
pour leur soutien depuis toutes ces années.
4
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
UFR Médicale Pierre et Marie CURIE ‐ Site PITIE
ACAR Christophe CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIO-VASCULAIRE
AGID Yves FEDERATION DE NEUROLOGIE (surnombre)
AGUT Henri BACTERIOLOGIE-VIROLOGIE-HYGIENE
ALLILAIRE Jean-François PSYCHIATRIE D’ADULTES
AMOURA Zahir MEDECINE INTERNE
ASTAGNEAU Pascal EPIDEMIOLOGIE/SANTE PUBLIQUE
AURENGO André BIOPHYSIQUE et MEDECINE NUCLEAIRE
AUTRAN Brigitte IMMUNOLOGIE
BARROU Benoît UROLOGIE
BASDEVANT Arnaud NUTRITION
BAULAC Michel ANATOMIE / NEUROLOGIE
BAUMELOU Alain NEPHROLOGIE
BELMIN Joël MEDECINE INTERNE Ivry
BENHAMOU Albert CHIRURGIE VASCULAIRE
BENVENISTE Olivier MEDECINE INTERNE
BERTRAND Jacques-Charles STOMATOLOGIE ET CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE
BITKER Marc Olivier UROLOGIE
BODAGHI Bahram OPHTALMOLOGIE
BOISVIEUX Jean-François BIOSTATISTIQUES et INFORMATIQUE MEDICALE (surnombre)
BOURGEOIS Pierre RHUMATOLOGIE
BRICAIRE François MALADIES INFECTIEUSES - MALADIES TROPICALES
BRICE Alexis GENETIQUE
BRUCKERT Eric ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
CABANIS Emmanuel RADIOLOGIE et IMAGERIE MEDICALE - (surnombre)
CACOUB Patrice MEDECINE INTERNE (Chef de service par intérim)
CALVEZ Vincent VIROLOGIE ET BACTERIOLOGIE
CAPRON Frédérique ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUE
CARPENTIER Alexandre NEUROCHIRURGIE
CATALA Martin CYTOLOGIE ET HISTOLOGIE (département de génétique)
CATONNE Yves CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE
CAUMES Eric MALADIES INFECTIEUSES - MALADIES TROPICALES
CESSELIN François BIOCHIMIE et BIOLOGIE MOLECULAIRE
CHAMBAZ Jean BIOLOGIE CELLULAIRE
CHARTIER-KASTLER Emmanuel UROLOGIE
CHASTRE Jean REANIMATION MEDICALE
CHERIN Patrick MEDECINE INTERNE
CHIGOT Jean-Paul CHIRURGIE GENERALE (surnombre)
CHIRAS Jacques RADIOLOGIE et IMAGERIE MEDICALE III
CLEMENT-LAUSCH Karine NUTRITION
CLUZEL Philippe RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE II
COHEN David PEDO-PSYCHIATRIE
COHEN Laurent NEUROLOGIE
COMBES Alain REANIMATION MEDICALE
CORIAT Pierre ANESTHESIOLOGIE et REANIMATION CHIRURGICALE
CORNU Philippe NEURO-CHIRURGIE
COURAUD François BIOCHIMIE et BIOLOGIE MOLECULAIRE
DANIS Martin PARASITOLOGIE (surnombre)
5
DAUTZENBERG Bertrand PNEUMOLOGIE
DAVI Frédéric HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
DEBRE Patrice IMMUNOLOGIE
DELATTRE Jean-Yves NEUROLOGIE (Fédération Mazarin)
DERAY Gilbert NEPHROLOGIE
DERENNE Jean-Philippe PNEUMOLOGIE (surnombre)
DOMMERGUES Marc GYNECOLOGIE - OBSTETRIQUE
DORMONT Didier RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE
DUBOIS Bruno NEUROLOGIE
DURON Jean-Jacques CHIRURGIE DIGESTIVE (surnombre)
DUGUET Alexandre PNEUMOLOGIE
DUYCKAERTS Charles ANATOMIE et CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
EYMARD Bruno NEUROLOGIE
FAUTREL Bruno RHUMATOLOGIE
FERRE Pascal BIOCHIMIE et BIOLOGIE MOLECULAIRE
FONTAINE Bertrand FEDERATION DE NEUROLOGIE
FOSSATI Philippe PSYCHIATRIE D’ADULTES
FOURET Pierre ANATOMIE et CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
GANDJBAKHCH Iradj CHIRURGIE THORACIQUE et CARDIO-VASCULAIRE (surnombre)
GIRERD Xavier THERAPEUTIQUE / ENDOCRINOLOGIE
GOROCHOV Guy IMMUNOLOGIE
GRENIER Philippe RADIOLOGIE et IMAGERIE MEDICALE II
GRIMALDI André ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
HAERTIG Alain MEDECINE LEGALE / UROLOGIE
HANNOUN Laurent CHIRURGIE GENERALE
HAUW Jean-Jacques ANATOMIE et CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES (surnombre)
HELFT Gérard DEPARTEMENT DE CARDIOLOGIE
HERSON Serge THERAPEUTIQUE /MEDECINE INTERNE
HEURTIER Agnès ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
HOANG XUAN Khê NEUROLOGIE
ISNARD Richard CARDIOLOGIE et MALADIES VASCULAIRES
ISNARD-BAGNIS Corinne NEPHROLOGIE
JARLIER Vincent BACTERIOLOGIE-HYGIENE
JOUVENT Roland PSYCHIATRIE D'ADULTES
KATLAMA née WATY Christine MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
KHAYAT David ONCOLOGIE MEDICALE
KIEFFER Edouard CHIRURGIE VASCULAIRE
KLATZMANN David IMMUNOLOGIE
KOMAJDA Michel CARDIOLOGIE et MALADIES VASCULAIRES
KOSKAS Fabien CHIRURGIE VASCULAIRE
LAMAS Georges OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE
LANGERON Olivier ANESTHESIOLOGIE
LAZENNEC Jean-Yves ANATOMIE / CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE
LE FEUVRE Claude DEPARTEMENT DE CARDIOLOGIE
LEBLOND née MISSENARD Véronique HEMATOLOGIE CLINIQUE
LEENHARDT Laurence ENDOCRINOLOGIE / MEDECINE NUCLEAIRE
LEFRANC Jean-Pierre CHIRURGIE GENERALE
LEHERICY Stéphane RADIOLOGIE et IMAGERIE MEDICALE III
LEHOANG Phuc OPHTALMOLOGIE
LEMOINE François IMMUNOLOGIE
LEPRINCE Pascal CHIRURGIE THORACIQUE
LUBETZKI ép. ZALC Catherine FEDERATION DE NEUROLOGIE
LYON-CAEN Olivier FEDERATION DE NEUROLOGIE
6
MALLET Alain BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MEDICALE
MARIANI Jean BIOLOGIE CELLULAIRE/MEDECINE INTERNE
MAZERON Jean-Jacques RADIOTHERAPIE
MAZIER Dominique PARASITOLOGIE
MEININGER Vincent NEUROLOGIE (Fédération Mazarin)
MENEGAUX Fabrice CHIRURGIE GENERALE
MERLE-BERAL Hélène HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
METZGER Jean-Philippe CARDIOLOGIE et MALADIES VASCULAIRES
MONTALESCOT Gilles CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
OPPERT Jean-Michel NUTRITION
PASCAL-MOUSSELLARD Hugues CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE
PAVIE Alain CHIR. THORACIQUE et CARDIO-VASCULAIRE.
PERRIGOT Michel REEDUCATION FONCTIONNELLE
PETITCLERC Thierry BIOPHYSIQUE / NEPHROLOGIE
PIERROT-DESEILLIGNY Charles NEUROLOGIE
PIETTE François MEDECINE INTERNE - Ivry
PIETTE Jean-Charles MEDECINE INTERNE
POIROT Catherine CYTOLOGIE ET HISTOLOGIE
POYNARD Thierry HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE
PUYBASSET Louis ANESTHESIOLOGIE REANIMATION CHIRURGICALE
RATIU Vlad HEPATO - GASTRO - ENTEROLOGIE
RICHARD François UROLOGIE
RIOU Bruno ANESTHESIOLOGIE/URGENCES MEDICO-CHIRURGICALE
ROBAIN Gilberte REEDUCATION FONCTIONNELLE -- Ivry
ROUBY Jean-Jacques ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION CHIRURGICALE
SAMSON Yves NEUROLOGIE/URGENCES CEREBRO-VASCULAIRES
SIMILOWSKI Thomas PNEUMOLOGIE
SPANO Jean-Philippe ONCOLOGIE MEDICALE
THOMAS Daniel CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
TOUITOU Yvan NUTRITION / BIOCHIMIE (surnombre)
TOURAINE Philippe ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
VAILLANT Jean-Christophe CHIRURGIE GENERALE
VAN EFFENTERRE Rémy NEURO-CHIRURGIE
VERNANT Jean-Paul HEMATOLOGIE CLINIQUE
VERNY Marc MEDECINE INTERNE (Marguerite Bottard)
VIDAILHET Marie-José NEUROLOGIE
VOIT Thomas PEDIATRIE NEUROLOGIQUE
WILLER Jean-Vincent PHYSIOLOGIE
ZELTER Marc PHYSIOLOGIE / EXPLORATIONS FONCTIONNELLES
7
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
UFR Médicale Pierre et Marie CURIE ‐ Site SAINT-ANTOINE
AMARENCO Gérard Rééducation fonctionnelle et neurologique Hôpital ROTHSCHILD
AMSELEM Serge Génétique Hôpital TROUSSEAU
ANDRE Thierry Cancérologie Hôpital La Salpétrière
ANTOINE Jean Marie Gynécologie Obstétrique / Médecine de la Reproduction Hôpital TENON
ARACTINGI Sélim Unité de Dermatologie Hôpital TENON
ARLET Guillaume Bactériologie Hôpital TENON
ARRIVE Lionel Radiologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
AUCOUTURIER Pierre INSERM U 712 Hôpital Saint‐Antoine
AUDRY Georges Chirurgie viscérale infantile Hôpital TROUSSEAU
BALLADUR Pierre Chirurgie générale et digestive Hôpital SAINT‐ANTOINE
BARDET Jean (surnombre) Cardiologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
BAUD Laurent Explorations fonctionnelles multidisciplinaires Hôpital TENON
BAUDON Jean Jacques (surnombre) Néonatologie Hôpital TROUSSEAU
BEAUGERIE Laurent Gastroentérologie et Nutrition Hôpital SAINT‐ANTOINE
BEAUSSIER Marc Anesthésie – Réanimation Hôpital SAINT‐ANTOINE
BENIFLA Jean Louis Gynécologie Obstétrique Hôpital ROTHSCHILD
BENSMAN Albert Néphrologie, Dialyses et transplantations pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
BERENBAUM Francis Rhumatologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
BEREZIAT Gilbert (surnombre) UMR 7079 Physiologie et physiopathologie Campus Jussieu
BERNAUDIN Jean François Histologie biologie tumorale Hôpital TENON
BILLETTE DE VILLEMEUR Thierry Neuropédiatrie Hôpital TROUSSEAU
BOCCON GIBOD Liliane (surnombre) Anatomie pathologique Hôpital TROUSSEAU
BONNET Francis Anesthésie réanimation Hôpital TENON
BORDERIE Vincent Ophtalmologie CNHO des 15/20
BOUCHARD Philippe Endocrinologie Hôpital SAINT-ANTOINE
BOUDGHENE STAMBOULI Franck Radiologie Hôpital TENON
BREART Gérard Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
CABANE Jean Médecine interne Hôpital SAINT-ANTOINE
CADRANEL Jacques Pneumologie Hôpital TENON
CALLARD Patrice Anatomie pathologique Hôpital TENON
CAPEAU Jacqueline Inserm U.680 Faculté de Médecine P. & M. Curie
CARBAJAL SANCHEZ Ricardo Urgences pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
CARBONNE Bruno Gynécologie obstétrique Hôpital SAINT-ANTOINE
CARETTE Marie France Radiologie Hôpital TENON
CASADEVALL Nicole Hématologie biologique Hôpital SAINT-ANTOINE
CAYRE Yvon Hématologie immunologie Hôpital DEBRE
CHAZOUILLERES Olivier Hépatologie gastroentérologie Hôpital SAINT-ANTOINE
CHOSIDOW Olivier Dermatologie – Allergologie Hôpital TENON
CHOUAID Christos Pneumologie Hôpital SAINT-ANTOINE
CHRISTIN-MAITRE Sophie Endocrinologie Hôpital SAINT-ANTOINE
CLEMENT Annick Pneumologie Hôpital TROUSSEAU
CLERGUE François Détaché au Ministère des Affaires Etrangères : Hôpital Cantonal /
Anesthésiologie 24, rue Micheli-du-Crest Genève 14 - Suisse
COHEN Aron Cardiologie Hôpital SAINT-ANTOINE
CONSTANT Isabelle Anesthésiologie réanimation Hôpital TROUSSEAU
COSNES Jacques Gastro-entérologie et nutrition Hôpital SAINT-ANTOINE
COULOMB Aurore Anatomie et cytologie pathologiques Hôpital TROUSSEAU
8
DAMSIN Jean Paul Orthopédie Hôpital TROUSSEAU
DARAI Emile Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
DE GRAMONT Aimery Oncologie médicale Hôpital SAINT-ANTOINE
DENOYELLE Françoise ORL et chirurgie cervico-faciale Hôpital TROUSSEAU
DEVAUX Jean Yves Biophysique et médecine nucléaire Hôpital SAINT-ANTOINE
DOUAY Luc Hématologie biologique Hôpital TROUSSEAU
DOURSOUNIAN Levon Chirurgie orthopédique Hôpital SAINT-ANTOINE
DUCOU LE POINTE Hubert Radiologie Hôpital TROUSSEAU
DURON Françoise Endocrinologie Hôpital SAINT-ANTOINE
DUSSAULE Jean Claude Physiologie Hôpital SAINT-ANTOINE
FAUROUX Brigitte Gastro-entérologie et nutrition pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
FERON Jean Marc Chirurgie orthopédique et traumatologique Hôpital SAINT-ANTOINE
FLEJOU Jean François Anatomie pathologique Hôpital SAINT-ANTOINE
FLORENT Christian Hépato gastro-entérologie Hôpital SAINT‐ ANTOINE
FRANCES Camille Dermatologie – Allergologie Hôpital TENON
FUNCK BRENTANO Christian Pharmacologie clinique Hôpital SAINT-ANTOINE
GARABEDIAN Eréa Noël ORL et chirurgie cervico-faciale Hôpital TROUSSEAU
GARBARG CHENON Antoine Bactériologie virologie Hôpital TROUSSEAU
GATTEGNO Bernard (surnombre) Urologie Hôpital SAINT-ANTOINE
GENDRE Jean Pierre (surnombre) Gastro-entérologie et nutrition Hôpital SAINT-ANTOINE
GIRARD Pierre Marie Maladies infectieuses et tropicales Hôpital SAINT-ANTOINE
GIRARDET Jean Philippe Gastro-entérologie et nutrition pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
GIROT Robert Hématologie biologique Hôpital TENON
GOLD Francis Néonatologie Hôpital TROUSSEAU
GORIN Norbert Hématologie clinique Hôpital SAINT-ANTOINE
GRATEAU Gilles Médecine interne Hôpital TENON
GRIMFELD Alain (surnombre) Pédiatrie orientation pneumologie et allergologie Hôpital TROUSSEAU
GRIMPREL Emmanuel Pédiatrie générale Hôpital TROUSSEAU
GRUNENWALD Dominique Chirurgie thoracique Hôpital TENON
GUIDET Bertrand Réanimation médicale Hôpital SAINT-ANTOINE
HAAB François Urologie Hôpital TENON
HELARDOT Pierre Georges Chirurgie viscérale infantile Hôpital TROUSSEAU
HOURY Sidney Chirurgie digestive et viscérale Hôpital TENON
HOUSSET Chantal Biologie cellulaire – Inserm U. 680 Faculté de Médecine P. & M. Curie
JAILLON Patrice Pharmacologie clinique Faculté de Médecine P. & M. Curie
JOUANNIC Jean-Marie Gynécologie obstétrique Hôpital TROUSSEAU
JUST Jocelyne Pneumologie et allergologie pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
LACAINE François Chirurgie digestive et viscérale Hôpital TENON
LACAU SAINT GUILY Jean ORL Hôpital TENON
LACAVE Roger Histologie biologie tumorale Hôpital TENON
LANDMAN-PARKER Judith Hématologie et oncologie pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
LAROCHE Laurent Ophtalmologie CHNO des Quinze-Vingts
LE BOUC Yves Explorations fonctionnelles Hôpital TROUSSEAU
LEBEAU Bernard Pneumologie Hôpital SAINT-ANTOINE
LEGRAND Ollivier Hématologie oncologie médicale Hôpital HOTEL DIEU
LEVERGER Guy Hématologie et oncologie pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
LEVY Richard Neurologie Hôpital SAINT-ANTOINE
LIENHART André Anesthésie – Réanimation Hôpital SAINT-ANTOINE
LOTZ Jean Pierre Cancérologie Hôpital TENON
LOUVET Christophe Oncologie médicale Hôpital SAINT-ANTOINE
MARIE Jean Pierre Hématologie Hôpital HOTEL-DIEU
MARSAULT Claude Radiologie Hôpital TENON
MASLIAH Joëlle Inserm U.538 Faculté de Médecine P. & M. Curie
9
MAURY Eric Réanimation médicale Hôpital SAINT-ANTOINE
MAYAUD Marie Yves Pneumologie Hôpital TENON
MENU Yves Radiologie Hôpital SAINT-ANTOINE
MEYER Bernard ORL et chirurgie cervico-faciale Hôpital TENON
MEYOHAS Marie Caroline Maladies infectieuses et tropicales Hôpital SAINT-ANTOINE
MICHEL Pierre Louis Cardiologie Hôpital TENON
MILLIEZ Jacques Gynécologie obstétrique Hôpital SAINT-ANTOINE
MIMOUN Maurice Chirurgie plastique Hôpital ROTHSCHILD
MITANCHEZ Delphine Néonatologie Hôpital TROUSSEAU
MONTRAVERS Françoise Biophysique et médecine nucléaire Hôpital TENON
MURAT Isabelle Anesthésie réanimation Hôpital TROUSSEAU
NICOLAS Jean Claude Virologie Hôpital TENON
OFFENSTADT Georges Réanimation médicale Hôpital SAINT-ANTOINE
PAQUES Michel Ophtalmologie CHNO des 15/20
PARC Yann Chirurgie générale et digestive Hôpital SAINT-ANTOINE
PATERON Dominique Service dʹAccueil des Urgences Hôpital SAINT-ANTOINE
PAYE François Chirurgie générale et digestive Hôpital SAINT-ANTOINE
PERETTI Charles-Siegfried Psychiatrie d’adultes Hôpital SAINT-ANTOINE
PERIE Sophie ORL Hôpital TENON
PETIT Jean Claude Bactériologie virologie Hôpital SAINT-ANTOINE
PIALOUX Gilles Maladies infectieuses et tropicales Hôpital TENON
POUPON Raoul Hépatologie et gastro-entérologie Hôpital SAINT-ANTOINE
RENOLLEAU Sylvain Réanimation néonatale Hôpital TROUSSEAU
RODRIGUEZ Diana Neuro-pédiatrie Hôpital TROUSSEAU
RONCO Pierre Marie Néphrologie et dialyses Hôpital TENON
RONDEAU Eric Urgences néphrologiques – Transplantation rénale Hôpital TENON
ROSMORDUC Olivier Hépato gastro-entérologie Hôpital SAINT‐ ANTOINE
ROUGER Philippe I.N.T.S. 6, rue Alexandre Cabanel 75739 Paris cedex 15
ROUZIER Roman Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
ROZENBAUM Willy Maladies infectieuses et tropicales Hôpital SAINT-LOUIS
SAHEL José Alain Ophtalmologie CHNO des 15/20
SAUTET Alain Chirurgie orthopédique Hôpital SAINT-ANTOINE
SEZEUR Alain Chirurgie générale Hôpital des DIACONESSES
SIFFROI Jean Pierre Génétique et embryologie médicales Hôpital TROUSSEAU
SOUBRIER Florent Département de génétique Groupe Hospitalier PITIE SALPETRIERE
TALBOT Jean Noël Biophysique médecine nucléaire Hôpital TENON
THIBAULT Philippe (surnombre) Urologie Hôpital TENON
THOMAS Guy Psychiatrie d’adultes Hôpital SAINT-ANTOINE
THOUMIE Philippe Rééducation neuro-orthopédique Hôpital ROTHSCHILD
TIRET Emmanuel Chirurgie générale et digestive Hôpital SAINT-ANTOINE
TOUBOUL Emmanuel Radiothérapie Hôpital TENON
TOUNIAN Patrick Gastro-entérologie et nutrition pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
TRAXER Olivier Urologie Hôpital TENON
TRUGNAN Germain Inserm U538 Faculté de Médecine P. & M. Curie
TUBIANA Jean Michel (surnombre) Radiologie Hôpital SAINT-ANTOINE
UZAN Serge Gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction Hôpital TENON
VALLERON Alain Jacques Unité de santé publique Hôpital SAINT-ANTOINE
VAYSSAIRAT Michel Cardiologie Hôpital TENON
VAZQUEZ Marie Paule Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Hôpital TROUSSEAU
WENDUM Dominique Anatomie pathologique Hôpital SAINT-ANTOINE
WISLEZ Marie Pneumologie Hôpital TENON
10
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS………………………………………………………………….2
LISTE DES PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS
HOSPITALIERS UFR Médicale Pierre et Marie CURIE…………………………4
TABLE DES MATIERES…………………………………………………………...10
ABREVIATIONS…………………………………………………………………….13
I. INTRODUCTION ...................................................................................... 14
A. L’approche nutritionnelle en médecine générale ................................. 14
B. Les représentations: des déterminants au cœur des comportements
alimentaires ............................................................................................. 22
1. Notions de représentation sociale ........................................... 22
2. Structure des représentations sociales selon J-C Abric ......... 27
C. Objet de l’étude ................................................................................... 36
II. MATERIEL ET METHODE ....................................................................... 37
A. Méthode choisie .................................................................................. 37
B. Contexte de l’étude ............................................................................. 37
C. Sélection des participants ................................................................... 37
D. Recueil des informations et analyse des données .............................. 39
E. Chronologie du projet de recherche .................................................... 41
1. Intégration dans l’équipe de recherche. .................................. 41
2. Identification, tri et ciblage des consultations orientées sur les
approches nutritionnelles. ........................................................... 42
11
3. Transcription des enregistrements et codage des contenus. .. 43
III. RESULTATS ............................................................................................ 45
A. La population ....................................................................................... 45
B. Les consultations ................................................................................. 53
C. Les thèmes abordés ............................................................................ 59
D. Les représentations ............................................................................. 60
E. Les représentations selon le modèle de J-C. Abric ............................. 63
1. Les représentations des médecins généralistes ..................... 64
2. Les représentations des patients ............................................ 69
3. Les éléments de discours (verbatim) ...................................... 74
IV. DISCUSSION .......................................................................................... 80
A. Analyse des résultats .......................................................................... 80
1. La population .......................................................................... 80
2. Les consultations .................................................................... 86
3. Les thèmes abordés................................................................ 89
4. Les représentations................................................................. 91
5. Les éléments de discours ......................................................103
6. Existe-t-il un profil de médecin ? ............................................103
B. Limites de l’étude ...............................................................................104
1. Le nombre de consultations étudiées.....................................104
2. Le nombre de médecins généralistes ....................................104
3. La zone géographique ...........................................................105
12
4. L’étude de la structure des représentations ...........................105
V. CONCLUSION ........................................................................................106
VI. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................108
ANNEXE 1…………………………………………………………………………111
ANNEXE 2…………………………………………………………………………112
ANNEXE 3…………………………………………………………………………113
ANNEXE 4…………………………………………………………………………114
ANNEXE 5…………………………………………………………………………115
ANNEXE 6…………………………………………………………………………116
ANNEXE 7…………………………………………………………………………117
ANNEXE 8…………………………………………………………………………118
ANNEXE 9…………………………………………………………………………119
ANNEXE 10………………………………………………………………………..121
ANNEXE 11………………………………………………………………………..122
ANNEXE 12………………………………………………………………………..123
ANNEXE 13………………………………………………………………………..124
ANNEXE 14………………………………………………………………………..125
ANNEXE 15………………………………………………………………………..126
ANNEXE 16………………………………………………………………………..127
ANNEXE 17………………………………………………………………………..128
13
ABREVIATIONS
AIT : accident ischémique transitoire
AOMI : artériopathie oblitérante des membres inférieurs
ATCD: antécédent(s)
AVC : accident vasculaire cérébral
CNIL : Commission Nationale Informatique et Liberté
DID : diabète insulinodépendant
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques
ESEMED: European Study of Epidemiology of Mental Disorders
Etude ObEpi : Etude Epidémiologique sur l'Obésité et le Surpoids en France
HBP : hypertrophie bénigne de la prostate
HTA : hypertension artérielle
HVG : hypertrophie ventriculaire gauche
IMC : indice de masse corporelle
InVS : Institut de Veille Sanitaire
MG : médecin(s) généraliste(s)
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
P : patient(s)
SAOS : syndrome d’apnées obstructives du sommeil
SFMG : Société Française de Médecine Générale
14
I. INTRODUCTION
A. L’approche nutritionnelle en médecine générale
La santé et la nutrition sont des sujets suscitant un intérêt croissant et souvent
au premier plan de l’actualité. Le nombre d’occurrences lors des recherches sur le
web en atteste. 1
Une alimentation saine est essentielle pour favoriser un bon état de santé. Elle
conduit à réduire le risque de survenue de pathologies, à améliorer la qualité de vie,
voire réduire les coûts liés à la santé. La médecine générale est un cadre privilégié et
adapté pour élaborer des approches en matière de conseils nutritionnels 2, en partie
du fait que les médecins généralistes rencontrent un large éventail de la population
(environ 90%). Le champ de la médecine générale se définit par des missions
spécifiques dont celles relevant de la prévention et de l’éducation à la santé. A ce
titre, l’approche nutritionnelle s’intègre dans cette mission. Par ailleurs, les
pathologies liées aux désordres nutritionnels relèvent de l’activité de soins des
médecins de premier recours. En résumé, la tâche du médecin généraliste est le
dépistage des sujets à risque nutritionnel, leur information, leur éducation à la santé
et la prise en charge des maladies afférentes dont ils pourraient souffrir. Le cadre de
l’exercice du médecin généraliste en qualité de soignant de premier recours a pour
conséquence la multiplication des rencontres avec la patientèle et donne ainsi
l’opportunité des échanges et des messages en matière de nutrition.2,3,4,5
Ces messages sont d’autant plus pertinents que la plupart des patients considèrent
leur médecin généraliste, comme porteur d’une information fiable, accessible et
15
crédible. Ces derniers n’hésitent donc pas à le solliciter en matière de nutrition,
comme interlocuteur privilégié. Cette relation de confiance est un atout pour renforcer
l’adhésion des patients aux conseils donnés. 1,6,7,8
Nous constatons que le médecin généraliste a un rôle clé dans l’approche
nutritionnelle auprès de ses patients. Il est accepté qu’un médecin généraliste puisse
parler à son patient d’alimentation, même si ce dernier consulte initialement pour un
tout autre motif. Cependant, expliquer comment appréhender une bonne hygiène
alimentaire est difficilement envisageable en une seule consultation. Il est alors du
rôle du médecin de connaître les principales recommandations nutritionnelles, que ce
soit dans un but de promotion de bonne santé ou bien dans une dynamique de prise
en charge de certaines pathologies, et de les transmettre aux patients de manière
concise et compréhensible. Au fil des consultations suivantes, qu’elles soient ou non
dédiées à un problème d’ordre nutritionnel, le médecin peut entrer davantage dans le
détail et assurer un suivi régulier et sur le long terme. Dans ce projet, il est important
de valoriser le chemin parcouru par le patient, de respecter ce dernier, le mettre en
confiance, l’écouter et le déculpabiliser. 1
L’étude Nutrimège réalisée en 2007 auprès de 60 médecins généralistes du
Val de Marne9, a révélé qu’un conseil nutritionnel était délivré dans 42,4 % des
consultations. II s'agissait en l’espèce principalement de conseils diététiques (90,2
%) et de conseils d’exercice physique (9,8%). Dans 81,6% des cas, le conseil
nutritionnel émanait du praticien. Les consultations qui incluent des sujets d’ordre
nutritionnel duraient en moyenne 16,5 minutes dont un temps d’éducation
nutritionnelle évalué à une durée d’une minute. Une étude australienne réalisée en
16
2003 retrouve une durée de consultation moyenne à 14,6 minutes. Le temps
consacré à des conseils nutritionnels est estimé à 5 minutes ou moins, durée
équivalente à celle retrouvée au Etats-Unis dans une étude de 1995. 4,10
Selon une autre enquête réalisée en 2006 par la SFMG (Société Française de
Médecine Générale) auprès de 300 médecins généralistes11, la nutrition est un sujet
qui préoccupe de plus en plus les Français, nombreux à solliciter des conseils. Sept
médecins généralistes sur dix déclarent être fréquemment interrogés sur la nutrition.
Les praticiens engagent également eux-mêmes de plus en plus les échanges en la
matière avec leurs patients.
Dans cette évolution, les sujets les plus fréquemment évoqués en consultation dans
le cadre nutritionnel sont le surpoids et l’obésité (70% des cas), le cholestérol et les
graisses, le diabète et le sucre, ainsi que les aliments popularisés par les médias,
« les alicaments », par exemple ceux contenant des Oméga 3.
Les effets de mode sur le sujet nutritionnel combinés à la libre circulation des
données via les moyens actuels de communication, conduisent tout à chacun à
accéder à une profusion d’informations de toute nature. Cette surabondance des
données favorise l’intérêt croissant sur les sujets liés à la nutrition. Toutefois, certains
médias, et notamment internet et ses forums, sont de nature à divulguer une
information très hétérogène, voire contradictoire à un public non initié. Nous pouvons
constater le renforcement ou l’émergence de représentations en matière de nutrition
pouvant se traduire par des croyances. En témoigne l’explosion médiatique des
allégations de santé en matière de nutrition. Nous reviendrons par la suite sur ce
concept clé des représentations en l’élargissant à celui des représentations sociales.
17
Un grand nombre de ces informations ne sont pas le produit d’une lecture prudente
des données de la science. Leurs sources multiples et la qualité de leur contenu
peuvent rendre les messages nutritionnels difficilement compréhensibles, et peu
adaptés. A l’approche purement nutritionnelle s’ajoute donc pour le médecin la prise
en compte des croyances du patient. Celles-ci se construisent ou se renforcent dans
un contexte culturel défini, à partir de croyances personnelles préexistantes ou de
l’intégration d’éléments exogènes nouveaux. L’ensemble de ces croyances bénéficie
de l’environnement d’éducation et des expériences alimentaires antérieures du sujet.
Ces éléments seront la clé de la réussite des changements nutritionnels
proposés.1,12
La plupart des médecins généralistes ont conscience qu’ils ont un rôle à jouer
dans la promotion de la santé en matière de nutrition. Toutefois, une difficulté surgit
par le fait qu’un conseil nutritionnel valide pour une population ne l’est pas
obligatoirement pour un patient donné. Une situation pathologique particulière peut
amener le médecin à adapter le message général. En conséquence, les médecins
généralistes prennent en compte la complexité de leur patient pour adapter les
conseils au cas par cas. 6
Les médecins généralistes déclarent se sentir à l’aise pour donner des conseils
nutritionnels, mais n’ont pas toujours l’impression que leur savoir et leur expérience
dans ce domaine soient suffisants pour agir efficacement. De plus, ils expriment
parfois ne pas être en mesure de prodiguer les conseils nécessaires à tous les
patients en ayant besoin. En consultation les éléments qui selon eux limitent la
réalisation d’une véritable prévention dans le domaine nutritionnel sont le manque de
temps (73% des cas), le manque de travail en équipe (69% des cas), le manque de
18
supports d’information adaptés et fiables (67% des cas), le manque de motivation de
certains patients, la multiplicité des problèmes somatiques et psychologiques d’un
patient, des conditions socio-économiques dégradées. La difficulté d’accès à des
soins spécialisés (nutritionniste, diététicien) par encombrement et/ou par absence de
prise en charge par l’Assurance Maladie est également une limite à cette prise en
charge. Ajoutons ce qui n’est pas exprimé dans ces études : l’effet des propres
croyances et représentations du médecin en matière nutritionnelle.
En revanche, les éléments favorables à une approche nutritionnelle sont l’intérêt des
praticiens pour la nutrition, la conviction qu’un changement d’alimentation et
d’habitudes alimentaires peuvent être bénéfiques, la demande de conseils à
l’initiative des patients et les pathologies en lien avec des troubles nutritionnels.2,6,5,
11,12, 13
Une étude australienne réalisée en 2005 auprès de 399 médecins
généralistes 14 a révélé que 97% d’entre eux prodiguent des conseils nutritionnels,
dont 66% qui s’informent sur le mode d’alimentation de leurs patients et 59% qui
testent la motivation de leurs patients à changer d’alimentation. Ils estiment qu’une
approche nutritionnelle est davantage justifiée dans la prise en charge d’un diabète,
d’une dyslipidémie ou d’une obésité que pour des pathologies telles que
l’hypertension artérielle, les cardiopathies ischémiques et le surpoids.
L’un des enjeux pour le médecin est de permettre aux patients de modifier certains
comportements alimentaires avant la survenue de co-morbidités.
Dans les pays occidentaux, après la seconde Guerre Mondiale, la pauvreté,
source de difficultés d’approvisionnement alimentaire, a diminué et les médecins ont
19
pensé qu’il en était fini des problèmes nutritionnels. Depuis la fin du 20ème siècle, les
médecins doivent faire face aux conséquences des pathologies nutritionnelles en lien
avec la prospérité : le diabète de type 2, le surpoids et l’obésité, l’hypertension
artérielle, la lithiase biliaire, la dyslipidémie, les cancers, l’alcoolisme, les carences
vitaminiques, les allergies, etc.6
Nous sommes passés des maladies par insuffisance alimentaire à celles de l’excès.
De ce fait, les représentations des médecins se sont vues profondément modifiées
par cette mutation sociologique. Par ailleurs, les sources d’approvisionnement
nutritionnel se sont considérablement diversifiées, en grande partie avec l’industrie
alimentaire, et ont contribué à faire évoluer le modèle de transition alimentaire
analysé par les sociologues de l’alimentation. 15
Ces modifications de représentations ont amené les médecins à délivrer des
messages diététiques nouveaux. Enfin, le nombre croissant de sujets exposés de
façon chronique à ces maladies a contribué également à la modification de la
fréquence et des contenus des messages en matière de nutrition.
La conséquence de cette analyse nous amène à légitimer notre point de vue sur la
responsabilité du médecin généraliste comme relais des préoccupations de santé
publique en matière de nutrition. Le lien établi entre certaines maladies et la
dérégulation nutritionnelle est suffisamment fort pour renforcer notre position.
Dans l’étude des facteurs de risque de cancer, de maladies cardio-
vasculaires, de mortalité et de risque de développer certaines pathologies chez les
patients diabétiques, l’impact de la consommation de fruits et légumes a été prise en
compte. Une étude réalisée en 2008 16 sur une population européenne constituée de
patients diabétiques, a montré qu’il existe une relation inverse entre la consommation
20
de fruits et légumes et la mortalité, toute cause confondue. Cette relation est valable
pour les décès d’origine cardio-vasculaire, non cardio-vasculaire et non-cancéreuse,
mais n’est pas prouvée pour les décès liés à un cancer. Il est à noter toutefois que la
réduction de mortalité chez les patients diabétiques semble plus importante avec la
consommation de légumes qu’avec la consommation de fruits. Ceci suggère que la
consommation de légumes est plus bénéfique pour les patients diabétiques que la
consommation de fruits. Le diabète de type 2 étant souvent associé à un surpoids ou
une obésité, une perte de poids, même modeste, a prouvé son efficacité en terme
d’insulinorésistance et d’apparition de facteurs de risque cardio-vasculaire liés au
diabète. Une alimentation riche en fruits et légumes pourrait aider ces patients à
perdre du poids.
Dans les enquêtes ObEpi, la prévalence de l’obésité en France chez l’adulte
de 18 ans et plus était de 14,5% en 2009. 17 L’augmentation de la prévalence du
surpoids et de l'obésité met le médecin généraliste dans la position de premier
maillon dans le dépistage précoce et la mise en place d’une stratégie coordonnée de
soins dans le but de limiter l’évolution de la prise de poids et de prendre en charge
des co-morbidités associées à l’obésité. L’obésité est à la fois un facteur de risque de
mortalité, mais aussi un facteur de risque de développer certaines pathologies
chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, dont les accidents vasculaires
cérébraux, le diabète de type 2, l’athérosclérose en générale, l’hypertension
artérielle, les pathologies respiratoires, les pathologies articulaires, certains cancers,
etc. Beaucoup de ces pathologies peuvent être évitées de manière préventive à
travers la mise en place de règles hygiéno-diététiques incluant une meilleure
alimentation et/ou de l’activité physique. Les patients souffrant d’obésité nécessitent
21
une prise ne charge globale avec prise en compte de leurs besoins et de leurs
attentes, ce qui place le médecin généraliste dans une position privilégiée, puisqu’il a
le plus souvent accès aux conditions de vie et d’environnement du patient et de sa
famille.
En consultation, le médecin généraliste peut aborder les questions nutritionnelles de
différentes façons, telles que : la recherche d’une consommation excessive
d’aliments de forte densité énergétique ou d’alcool, l’identification de troubles du
comportement alimentaire, la recherche d’un mode d’alimentation trop éloigné des
recommandations, faire l’évaluation du niveau d’activité physique, la surveillance du
poids (pesée), etc. Pour ce faire, il dispose d’un certain nombre d’outils de suivi tel
que le carnet alimentaire. Cette démarche initiale conduit souvent le médecin
généraliste, dans son rôle de coordination des soins et dans le cadre d’une prise en
charge multidisciplinaire, à solliciter conseils, avis et soins par différents spécialistes :
diététicien(ne), nutritionniste, diabétologue, rhumatologue, psychiatre ou
psychologue, ergothérapeute, kinésithérapeute, éducateur sportif, etc. 3, 12
Hormis les situations pathologiques, l’alimentation est à surveiller à différentes
étapes de la vie d’un patient, par exemple : la grossesse, l’allaitement, l’enfance et la
croissance, la ménopause, le vieillissement, etc. Le médecin généraliste tend à
donner des conseils nutritionnels adaptés à chacune de ces situations. Certains
patients attendent également de leur médecin qu’il les informe quant à la conformité
de leur mode alimentaire habituel avec les dernières études et recommandations de
santé. 1
22
Au terme de cette analyse, quant à la posture et aux préoccupations du
médecin généraliste en matière de nutrition, nous avons vu combien les éléments
relatifs à la subjectivité, tant du patient que du médecin, jouent un rôle fondamental
dans le contenu des messages et pour les soins relatifs au champ de la nutrition.
B. Les représentations: des déterminants au cœur des
comportements alimentaires
Tout autant que les données factuelles, notre étude porte sur l’observation de
consultations de médecine générale. Etudier croyances, préjugés et stéréotypes en
consultation dans les échanges entre patients et praticiens, c’est s’intéresser de
manière plus générale à la notion de représentations sociales de ces individus. Cela
nécessite au préalable de préciser le concept clé de représentations sociales et de
décliner les notions de croyances, préjugés et stéréotypes.
1. Notions de représentation sociale
Représenter a pour origine latine « representare », ou rendre présent. Pierre
Mannoni 18 situe les représentations sociales « à l’interface du psychologique et du
sociologique. C’est à elles que nous faisons le plus facilement et le plus
spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement. Elles sont
présentes dans la vie mentale quotidienne des individus aussi bien que des groupes
et émaillent tous les grands domaines de la pensée sociale : la mythologie, les
contes et légendes, les discours politiques et religieux, la pensée scientifique, etc.
Les idées justes en relèvent tout autant que les idées fausses.
23
Les représentations sociales ont toujours un sujet et un objet : elles sont
toujours la représentation de quelque chose pour quelqu’un. L’important n’est pas de
savoir dans quelle mesure une représentation est vraie ou fausse, ni quel rapport elle
entretient avec la vérité. En effet, une représentation, parce qu’elle est
représentation, est nécessairement « fausse ». Mais en même temps, elle est
« vraie » en ce qu’elle constitue pour le sujet un type de connaissance valide duquel
il peut tirer le principe de ses actes. »
Quant à l’émergence des représentations, elle se joue sur une triple scène :
- Scène 1 : constituée par l’imaginaire individuel où apparaissent les
représentations individuelles (images, vécus, fantasmes).
- Scène 2 : celle de l’imaginaire collectif où apparaissent plus précisément
les représentations sociales (depuis les clichés et préjugés jusqu’aux
contes et aux mythes). La représentation devient sociale dès qu’elle est
partagée par un groupe de sujets.
- Scène 3 : composée de la réalité sociale agie où se manifestent les actions
socialement représentées. Les représentations sociales influencent les
actions du groupe qui les partagent.
Ces trois scènes sont en relation étroite.
Plusieurs auteurs ont apporté leur contribution pour définir la notion même de
représentation sociale. En 1898, Durkheim précise la nature des représentations
collectives. Pour lui, « la vie mentale se présente comme une combinaison de
représentations qui entretiennent entre elles des rapports extrêmement dynamiques
et constituent parfois, comme dans le cas de la religion, des structures complexes
supposant un grand nombre de représentations collectives ».
24
En 1961, S. Moscovici porte son analyse sur la spécificité des représentations
dans le monde moderne et souligne leur insertion multiple dans de nombreux
secteurs de la vie sociale. Il montre que « la représentation sociale transforme le
savoir de type scientifique en un savoir de sens commun et réciproquement ». Nous
en trouverons des illustrations dans notre travail de recherche où le savoir
scientifique se confond avec le savoir profane et réciproquement.
En 1989, D. Jodelet considère la représentation sociale comme « une forme
de savoir pratique reliant un sujet à un objet ». Selon lui, « représenter ou se
représenter correspond à un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte à un
objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un évènement matériel,
psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. Il peut être
aussi bien réel qu’imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis. Il n’y a pas de
représentation sans objet ». La représentation sociale « est une forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ». C’est
dire « qu’une représentation sociale est un savoir vulgaire servant à tous les
individus du même groupe qui disposent ainsi d’un stock commun de notions dont le
sens sera clair pour tous. »
Pour Pierre Mannoni, « un grand nombre de notions renvoient de près ou de
loin aux représentations sociales : une idée, un concept, une image, une figure, un
schème, une définition, etc. En effet, le concept de représentation est impliqué dans
différents champs sémantiques dont il importe de réduire le flou. »
Pour aborder les représentations issues de l’approche nutritionnelle en médecine
générale, nous identifierons à travers les échanges entre patients et praticiens les
25
éléments qui entrent dans le domaine des croyances, des préjugés et des
stéréotypes.
a) LES PREJUGES ET LES STEREOTYPES
Selon Pierre Mannoni, « les préjugés et les stéréotypes sont au premier rang
des manifestations de la mentalité collective. Ce sont des produits de la pensée qui
se présentent comme des élaborations groupales qui reflètent, à un moment donné,
le point de vue prévalent dans un groupe relativement à certains sujets. Ils peuvent
concerner aussi bien des faits et situations que des personnes et ont pour vocation
essentielle de produire une sorte « d’image » qui vaut dans tous les cas. Il s’agit d’un
jugement pré-élaboré représentant un facteur commun pour un groupe donné ».
Ainsi, nous pouvons rencontrer « des préjugés et des stéréotypes à l’œuvre dans
des représentations sociales opérant au niveau des exclusions (désignation des
marginaux par exemple), et de la constitution d’attitudes d’acceptation ou de rejet de
l’autre (le racisme par exemple) ». Ceci est particulièrement vrai dans le cas des
patients obèses. « Le danger ne se limite donc pas aux seuls abus de schématisme
ou de caricature, mais également au risque de conduire à des mobilisations
collectives et des conduites qui sont, pour l’essentiel, inspirées par l’irrationalité. »
Toujours d’après Pierre Mannoni, « le préjugé a une sorte de convention
sociale qui intéresse tout particulièrement certaines questions et se présente ainsi
comme une élaboration mentale simple qui vaut pour tous les membres du groupe.
L’adhésion se fait de manière automatique dans l’inconscient où se déploie cette
« image ». En effet, cette idée reçue ayant ses sources cachées dans la conscience
collective et étant cautionnée par le groupe, par l’accord spontané de chacun de ses
26
membres, elle acquiert une espèce d’évidence qui s’impose et tient lieu de toute
délibération. Elle bénéficie d’une multitude d’adhésions et profite de l’ancienneté de
son inscription dans le temps, ce qui lui vaut un respect quasi traditionnel.
Typiquement, le préjugé a des traits réducteurs et caricaturaux, dont la valeur
opératoire est d’autant plus efficiente qu’elle joue à un niveau de profondeur
psychosocial qui lui permet de s’imposer facilement ». Voici quelques exemples de
préjugé : « les Italiens parlent avec les mains », « les Français sont sales », « les
obèses sont des goinfres », etc.
Quant aux stéréotypes, pour Pierre Mannoni, « ils se présentent comme des
clichés mentaux stables, peu susceptibles de modification. Il s’agit, là encore, d’une
« image » toute faite, qui n’a de valeur que par rapport à la mentalité collective qui lui
donne naissance. Ils relèvent des idées reçues et sont une sorte de raccourcis de la
pensée qui vont directement à la conclusion admise. Ils peuvent servir dans des
contextes idéologiques (stéréotype du « bon » et du « mauvais » citoyen, stéréotype
des « ennemis de la patrie ou de l’humanité »), pédagogiques (stéréotypes des
« bons » et des « mauvais » élèves, stéréotype du « travailleur ») ou commerciaux
pour la promotion de produits (stéréotypes de la « bonne ménagère », de la « bonne
mère de famille »). Ils participent également aux relations interethniques aboutissant
parfois à des attitudes discriminantes, voire xénophobes ou racistes. »
b) LES CROYANCES
Selon Pierre Mannoni, « l’univers des croyances auxquelles l’homme adhère
est d’une façon générale plongé dans l’irrationnel. En effet, l’homme a tellement
besoin de croire qu’il ne se préoccupe guère des justifications scientifiques et des
27
démonstrations rationnelles susceptibles de rendre compte des contenus de ses
croyances. Les temps modernes, en dépit des nombreuses avancées scientifiques et
technologiques, n’en continuent pas moins à véhiculer une masse considérable de
conceptions erronées qui émergent dans l’esprit des gens sous forme de
représentations organisées en croyances qui dirigent la vie de ceux qui y adhèrent. »
Les mécanismes qui servent de support aux croyances sont au nombre de trois. Le
premier est le « fonctionnement binaire de l’esprit humain avec les notions de l’âme,
de l’esprit, de l’ombre, du démon, du dieu. Le deuxième est fondé sur les bienfaits de
la Mère-Nature comme par exemple la guérison par les plantes, la médecine douce.
Enfin, le troisième mécanisme dérive de l’angoisse face à l’avenir qui pousse
l’homme à croire qu’il est possible de prévoir son destin par l’astrologie, la
numérologie, la divination sous toutes ses formes. »
Ainsi, Pierre Mannoni propose une schématisation qui place les
représentations sociales en amont des croyances, des préjugés et stéréotypes, et
pour lesquelles elles jouent un rôle constituant. Selon lui, c’est à travers elles, que
nous pouvons le plus précisément et le plus efficacement appréhender la manière
suivant laquelle chaque société et chaque homme à l’intérieur de cette société
comprennent le monde et la place qu’ils y tiennent.
2. Structure des représentations sociales selon J-C Abric
Pour décrire la structure des représentations sociales, J.-C. Abric et C.
Flament (1989 et 1994) proposent de considérer les représentations comme
composées d’un noyau central autour duquel gravitent des schèmes
périphériques.18,19,20
28
Ils élaborent ainsi un modèle que l’on pourrait assimiler à la structure d’un atome :
un noyau constitué d’éléments liés entre eux, peu modifiable, si ce n’est au
prix de fortes interactions extérieures
des éléments périphériques qui gravitent autour du noyau, susceptibles d’être
modifiés par des éléments extérieurs
a) LE NOYAU CENTRAL
Pour J.-C. Abric (1967, 1987, 1994) « toute représentation est organisée
autour d’un noyau central. Ce noyau est l’élément fondamental de la représentation,
car c’est lui qui détermine à la fois la signification et l’organisation de la
représentation ».Il est composé d’un ou de plusieurs éléments non négociables,
stables et cohérents entre eux. Ils jouent un rôle déterminant dans la reconnaissance
de l’objet même de la représentation. Leur absence déstructurerait ou donnerait une
signification radicalement différente à la représentation.
Le noyau central peut ainsi être considéré comme un ensemble d’éléments « durs »
que tout le monde accepte. Prenons l’exemple d’un organe, le rein : le noyau central,
qui est accepté par tous les scientifiques et les médecins en particulier, est qu’il s’agit
de « l’organe de l’urine, l’eau, le filtre de l’organisme ». Pour les profanes, il n’est pas
exclu que les éléments du noyau central soient différents. Nous illustrerons cette
hypothèse par un exemple ultérieurement.
b) LES ELEMENTS PERIPHERIQUES
Les éléments périphériques, quant à eux, gravitent autour du noyau central.
Selon C. Flament, leur rôle est d’assurer « le fonctionnement quasi instantané de la
représentation comme grille de décryptage de la situation : ils indiquent, de façon
29
parfois très spécifique, ce qui est normal (et par contraste ce qui ne l’est pas), et
donc, ce qu’il faut faire comprendre, mémoriser. Ces schèmes normaux permettent à
la représentation de fonctionner économiquement, sans qu’il soit besoin, à chaque
instant, d’analyser la situation par rapport au principe organisateur qu’est le noyau
central ».
Les éléments périphériques déforment, changent, mais n’affectent pas le contenu
global et l’orientation générale de la représentation sociale. Ils servent à la fois au
décryptage et font office de tampon entre la réalité extérieure et la représentation
sociale qui constitue la réalité intérieure. Ils permettent dans une certaine mesure
l’adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés.
Illustrons cette approche par un exemple : pour un médecin, le rein est un
organe qui renvoi à l’urine, l’eau et le rôle de filtre. Il s’agit des éléments du noyau
central de sa représentation. Son système de représentation entre alors en conflit
avec celui d’un profane (par exemple un patient), pour lequel les éléments du noyau
central renvoient à des éléments de langage autour du rein tels que « tour de rein »,
« chute de rein ». Dans le souci de communiquer de manière efficace avec son
patient, le médecin prend en considération la représentation que le patient a du rein.
Les éléments « chute de rein » et « tour de rein » viennent alors s’ajouter au système
de représentation du médecin : par exemple, « dans certains cas, le patient peut
assimiler une lombalgie à une pathologie d’origine rénale, de par sa situation
anatomique ». Il s’agit alors d’éléments périphériques. Ils ne remettent pas en cause
le noyau central « urine, eau, filtre ».
30
c) LA ZONE MUETTE
Les individus expriment-ils vraiment tout ce qu’ils pensent ? Certaines
pensées pourraient être cachées à l’investigateur parce qu’elles risqueraient de nuire
à l’image de celui qui les élabore. C’est ce que J.-C. Abric appelle la zone muette qui
peut être définie comme « un sous-ensemble spécifique de cognitions ou de
croyances qui, tout en étant disponibles, ne sont pas exprimées par les sujets dans
les conditions normales de production et qui, si elles étaient exprimées, pourraient
mettre en cause des valeurs morales ou des normes valorisées par le groupe ».
Cependant, certains éléments du noyau central peuvent se trouver dans la zone
muette et donc échapper à l’investigateur. Ils constituent la face cachée et non
avouable de la représentation.
Prenons cette fois l’exemple d’un échange entre un médecin et un individu A :
- Médecin : « Selon certains collègues, il est inutile de prodiguer des
conseils nutritionnels à des patients obèses, car ils ne les suivent jamais. »
- Individu A : « A votre avis, pourquoi vos collègues pensent-ils cela ? » « En
quoi pensez-vous que ces propos sont fondés ? »
Ici, l’individu A recherche activement la zone muette en questionnant le médecin. En
cherchant une explication possible aux propos de ses collègues, voire en essayant
de les justifier, le médecin va alors dévoiler des éléments de sa propre
représentation des patients obèses, jusqu’ici inavoués.
d) LES ELEMENTS DE CONTRASTE
Les éléments contrastés sont des éléments marginaux qui diffèrent du
système de représentation d’autres individus, sans pour autant êtres inexacts. Il
31
s’agit d’éléments qui sont considérés comme importants par un faible nombre
d’individus.
Prenons à nouveau l’exemple du rein : comme nous l’avons vu, le rein représente
pour la plupart des médecins l’organe de « l’urine, l’eau, le filtre ». Pour certains
spécialistes, la représentation du rein peut être différente. Un néphrologue par
exemple peut assimiler le rein au « système rénine-angiotensine », un urologue le
verra plutôt comme un « organe pouvant être en lien avec un obstacle sur les voies
urinaires », etc. Cet élément fait alors partie de la zone contrastée du fait qu’il est
présent dans le système de représentation d’une branche restreinte de médecins.
e) METHODE D’ETUDE DES REPRESENTATIONS
SOCIALES SELON J.-C. ABRIC
Selon J.-C. Abric, « la méthode d’étude des représentations sociales doit
s’articuler en quatre phases :
- recueil du contenu explicite de la représentation,
- recherche de la zone muette,
- recherche de la structure de la représentation et de son noyau central,
- contrôle de la centralité. »
(1) Recueil du contenu explicite de la représentation
Ici, nous avons choisi de procéder à ce recueil par l’analyse de consultations
de médecine générale à partir d’une base de données d’enregistrements vidéo.
32
(2) Recherche de la zone muette
La zone muette est rarement identifiable lors d’une simple observation. En
effet, comme nous l’avons vu dans l’exemple ci-dessus, cette recherche passe par
une interaction entre l’enquêteur et la personne interrogée. Il est nécessaire que
l’enquêteur ait un rôle dynamique de manière à « débusquer » les éléments non
exprimés.
Pour connaître alors la représentation effective il convient d’utiliser des techniques
visant à diminuer la pression normative s’exerçant sur l’individu interrogé. La
première technique, dite « de substitution », permet de réduire le niveau d’implication
du sujet en lui demandant de donner l’opinion d’autres personnes (cf. exemple
paragraphe c, la zone muette). La deuxième technique, dite « de décontextualisation
normative », permet de placer le sujet dans un contexte éloigné de son groupe de
référence, ce qui lui permet de s’exprimer plus librement et de réduire le risque de
jugement négatif de la part de son interlocuteur.
(3) Recherche de la structure de la représentation et du
noyau central
Cette recherche se fait par la méthode de « l’évocation hiérarchisée ». Elle
consiste à identifier chez le sujet interrogé, les items qu’il associe au concept étudié.
Ces items sont ensuite hiérarchisés selon la fréquence avec laquelle ils sont cités et
l’importance que lui accorde la personne interrogée. Les items fréquents et
importants déterminent la zone du noyau central. Les items fréquents mais
considérés comme peu importants, constituent les éléments périphériques. Les items
peu fréquents mais considérés comme importants représentent la zone des éléments
contrastés.
33
Reprenons l’exemple du rein : dans le système de représentation d’un médecin
généraliste autour de l’organe « rein », différents éléments sont identifiables :
- le noyau central : le rein est l’organe de l’urine, de l’eau et a un rôle de filtre
- les éléments périphériques : en lien avec les représentations des patients
tels que : « une lombalgie est un tour de rein »
- les éléments de contraste : le rein est assimilé au système rénine-
angiotensine (vision plus spécialisée)
Schéma 1 – Structure de la représentation sociale selon J.-C. Abric.
(4) Contrôle de la centralité
Cette étape permet de vérifier que les éléments recueillis préalablement font
bien partie de la zone du noyau central. Pour ce faire, deux techniques ont été
décrites :
- la technique de « la mise en cause » : les éléments centraux étant par
définition non négociables, leur mise en cause va nécessairement
entraîner un processus de réfutation. Les éléments périphériques, eux,
peuvent subir des contradictions comme nous l’avons illustré
34
précédemment. Leur mise en cause ne constitue pas une menace pour la
représentation et n’entraînera pas de processus de réfutation.
Prenons l’exemple du rein et des lombalgies (« tour de rein ») : pour un
médecin, le rein renvoie à « l’urine, l’eau, le filtre » qui constituent les
éléments du noyau central. Pour un profane, les éléments du noyau central
sont « urine, lombalgies ». Afin de vérifier que ces éléments font bien
partie du noyau central de la représentation du profane, le médecin
pourrait intégrer un troisième élément, la prostate : « ne pensez-vous pas
que vos lombalgies ont pour origine un problème de prostate ? ». Le
profane, en réfutant cette idée « non, car la prostate ne se trouve pas au
niveau du dos », va confirmer le noyau central. La prostate peut alors
devenir un élément périphérique si le profane envisage qu’elle puisse avoir
un lien éventuel avec ses douleurs, sans toutefois en être le point de
départ.
- « l’induction par scénario ambigu » : « elle repose sur l’idée qu’une
représentation est un processus actif de construction de la réalité. On va
donc chercher quels sont les éléments dont le sujet a besoin pour
reconnaître un objet de représentation et le différencier d’autres objets
proches ».
Illustrons cette technique par un exemple : un individu A est convaincu que
l’obésité a pour seule origine une hyperphagie (noyau central). Son
système de représentation entre alors en conflit avec celui d’un individu B,
35
qui croit au contraire que l’obésité a de multiples origines. Si A considère B
comme une source d’information fiable, un élément nouveau peut venir
s’ajouter au système de représentation de A, par exemple : « dans certains
cas, l’obésité a une autre origine que le mode d’alimentation seul ». Il s’agit
alors d’un élément périphérique qui modifie légèrement sa représentation
de l’obésité. Le noyau central n’est pas remis en cause.
Dans notre travail, cette méthode d’investigation des représentations sociales
est toutefois difficilement applicable. En effet, il s’agit d’une méthode pour laquelle le
chercheur doit avoir un rôle dynamique au sein de la consultation. Or ici, nous ne
pouvons pas interagir directement avec les patients, du fait qu’il s’agit d’une étude à
partir d’enregistrements vidéo. De plus, le champ des consultations que nous avons
choisi d’analyser est vaste avec l’approche de nombreux sujets en lien avec la
nutrition. Un moyen pour utiliser la méthode de J-C. Abric de manière appropriée,
serait de se concentrer sur un thème unique afin d’avoir davantage de données
pertinentes.
36
C. Objet de l’étude
Notre étude a pour objet l’analyse des approches nutritionnelles au cabinet du
médecin généraliste, à partir d’enregistrements vidéo de consultations.
Nos travaux vont :
- identifier les thèmes relatifs à la nutrition abordés en consultation de
médecine générale,
- analyser leur diversité, tant par leur objet que par leur mode d’entrée,
- analyser la manière dont ils sont énoncés et agencés dans le déroulement
des consultations,
- analyser les dialogues lors des consultations pour déterminer le type de
représentations (croyances, préjugés, stéréotypes) d’ordre nutritionnel,
quant à leurs éléments irrationnels tout autant que leurs éléments
rationnels basés sur les données factuelles.
Pour réaliser ce travail, nous avons opté pour une analyse descriptive et
ethnographiquea faite à partir d’enregistrements vidéo de consultations de médecine
générale.
a La méthode ethnographique réside dans la compréhension de certains éléments culturels
d’un groupe (conceptions, représentations, croyances) à partir du point de vue des membres faisant partie de ce groupe, de l’observation de leur fonctionnement ou de l’analyse de divers types de documents pertinents.
37
II. MATERIEL ET METHODE
A. Méthode choisie
Il s’agit d’une analyse descriptive faite à partir d’enregistrements vidéo de
consultations de médecine générale.
La méthode utilisée est à la fois quantitative et qualitative avec une composante
ethnographique.
B. Contexte de l’étude
Le recueil des enregistrements vidéo à partir desquels nous avons pu
travailler, a été réalisé en 2011 par Ludovic Le Moing dans le cadre de sa thèse
intitulée « Intérêt et faisabilité de la réalisation d’une base de données de
consultations filmées de médecine générale pour la recherche ». 21
Les enregistrements sont conservés de manière cryptée sur un ordinateur
situé dans un coffre au Département de Médecine Générale de la faculté de
médecine de Paris V. Dans un premier temps, le rôle de l’investigateur était de
visionner ces vidéos.
C. Sélection des participants
Afin de constituer sa base de données, Ludovic Le Moing a recruté quatre
médecins généralistes libéraux (A, B, C et D), sollicités par courrier électronique. La
38
participation à son projet a été proposée à vingt-cinq médecins. Cinq ont accepté
parmi lesquels il a choisi les quatre participants (sans précision quant au choix des
quatre). Les praticiens recrutés étaient deux femmes et deux hommes. Leur âge était
assez proche, variant entre 53 et 61 ans. A, exerçait en milieu rural, B, en semi-rural,
alors que C et D avaient une activité urbaine. Tous les médecins étaient des maîtres
de stage. Deux d’entre eux étaient universitaires. A et B pratiquaient une médecine
générale classique, non orientée, alors que C exerçait une activité axée vers la
nutrition et D vers la psychothérapie.
Conformément à la législation sur le droit à l’image, chacun de ces médecins
a donné son consentement écrit pour participer à cette étude. Pour chaque médecin,
des enregistrements des consultations effectuées dans leur cabinet ont été réalisés
pendant 5 jours et demi consécutifs, sans modification de leur emploi du temps
habituel (soit une semaine de travail « classique » au cabinet).
Une proposition d’enregistrement a été faite aux patients se présentant aux cabinets
des quatre médecins participants. Ont été exclus, les patients mineurs et majeurs
protégés consultant sans responsable légal, les patients ne pouvant comprendre les
modalités et les objectifs de la recherche (incompréhension de la langue ou
altération des fonctions supérieures), et les patients pour lesquels le médecin traitant
a estimé que l’enregistrement vidéo de leur consultation pouvait être délétère dans
leur prise en charge. Chaque patient a reçu une information préalable soit par
l’investigateur, soit par le médecin généraliste, avant la consultation.
Pendant les phases d’enregistrements, 245 patients se sont présentés aux cabinets
des médecins participants, dont 15 ont été exclus. Parmi les 230 patients inclus, 180
ont consenti à l’enregistrement de leur consultation et 50 ont refusé.
39
Le consentement écrit a été recueilli en présence du médecin. La participation des
patients mineurs a nécessité le consentement d’un responsable légal ainsi que
l’accord du mineur. Le taux de consentement des patients était de 78,3%.
Dès le consentement, l’identité du patient a été associée à un numéro d’ordre, le
médecin étant le seul à détenir la liste de correspondance entre le numéro d’ordre et
l’identité.
Parmi les patients ayant consenti à participer, 177 ont été enregistrés avec succès.
La majorité était de sexe féminin (70,9 %). Les patients enregistrés étaient en
moyenne âgés de 43,0 ans.
D. Recueil des informations et analyse des données
Une caméra fixe a été disposée dans le cabinet des médecins participants, de
manière à filmer la zone d’entretien de la consultation. Celle-ci a été orientée afin
d’enregistrer en un seul plan le patient et le médecin de profil, de part et d’autre du
bureau. L’examen clinique n’a pas été filmé, néanmoins la caméra est restée active
pendant cette phase de la consultation, permettant le recueil de l’enregistrement
audio. Le médecin a activé la camera, à l’aide d’une télécommande, dès l’entrée du
patient dans la salle de consultation et l’a désactivée à la fin de la rencontre.
Les informations concernant les patients et le contenu de la consultation, ont
été recueillies par des questionnaires remplis par le médecin et l’investigateur
présent sur place, à la fin de la consultation.
40
Le questionnaire rempli par le chercheur, lors d’un entretien confidentiel avec le
patient, a renseigné : l’âge et le sexe du patient, le statut fumeur des patients
majeurs, la catégorie socio-professionnelle.
Le questionnaire de post-consultation rempli par le médecin a renseigné :
- le(s) motif(s) de la consultation. En cas de plusieurs motifs de consultation, le
médecin a mentionné la raison principale de la rencontre.
- des précisions concernant les motifs ou les diagnostics.
- les principaux antécédents du patient.
- des précisions concernant la réalisation de certains actes par le médecin :
prévention/dépistage, absence de prescription, négociation/discussion,
réalisation d’une ordonnance d’examens complémentaires, d’acte paramédical
ou orientation vers un spécialiste.
- la durée de suivi du patient.
La durée de chaque consultation a été mesurée par la durée de
l’enregistrement correspondant.
A la fin de chaque demi-journée d'enregistrement, les données collectées ont
été transférées et chiffrées (logiciel TrueCrypt 7,0a) sur un disque dur externe par
l’investigateur sur place. Ces données ont ensuite été transmises en main propre par
le chercheur au Département de Médecine Générale de la faculté Paris- Descartes, à
la fin de chaque semaine d’enregistrement.
Les données ont été conservées en vue de leurs futures utilisations, au Département
de Médecine Générale de la faculté Paris-Descartes, sur un micro-ordinateur fixe,
isolé, sans connexion à internet, présentant pour l’utilisateur un seul port USB actif
(nécessaire à la connexion du matériel de déverrouillage). Celles-ci ont été chiffrées
41
par le logiciel TrueCrypt 7,0a et le micro-ordinateur a été muni d’un antivirus. Les
métadonnées ont été organisées sous forme d’une base de données grâce au
logiciel OpenOffice.org Base 3.0. La mise au point de cette base a été réalisée sur
des données fictives. Les données vidéo ont été associées au logiciel ImageMixer 3
SE Player Ver.6 permettant leur visualisation. Les visages des patients et des
médecins n’ont pas été anonymisés. Les données seront conservées pendant 5 ans.
Seuls les médecins présentant un projet de recherche nécessitant l’analyse des
vidéos de consultations de médecine générale, projet validé par : leur faculté, la
faculté de médecine Paris-Descartes et la CNIL (Commission Nationale Informatique
et Liberté), seront habilités à accéder aux vidéos. Ils pourront visualiser les
enregistrements de manière confidentielle, au Département de Médecine Générale
de la faculté Paris Descartes. La configuration informatique utilisable pour ces futures
recherches ne permet aucune exportation des données. 21
Pour notre projet de recherche, nous avons constitué une nouvelle base de
données à partir de ces 177 vidéos en fonction de notre question de recherche.
Notre travail a porté sur différents éléments de ces consultations.
E. Chronologie du projet de recherche
1. Intégration dans l’équipe de recherche.
Cette équipe constituée de médecins généralistes des facultés de médecine
Paris-Descartes et Pierre et Marie Curie et d’une sociologue a pour mission de
structurer et d’organiser la totalité des projets de recherche susceptibles d’exploiter
les données de la base vidéo.
42
Lors d’une réunion de l’équipe, nous nous sommes vus confier les codes d’accès aux
enregistrements cryptés ainsi que les règles d’utilisation dans le respect des
modalités acceptées par la CNIL.
2. Identification, tri et ciblage des consultations orientées sur
les approches nutritionnelles.
Il s’agit des consultations dédiées à un problème d’ordre nutritionnel et des
consultations pour tout autre motif dans lesquelles des conseils nutritionnels
émergent.
Ce travail préalable a pu être fait à partir des questionnaires de post-consultation
remplis par chaque médecin, qui identifiaient des mots clés quant aux motifs de
consultation. Les questionnaires étaient accessibles sur le même micro-ordinateur.
Nous avons utilisé ces données pour visionner les vidéos afférentes.
Lorsque nous avons consulté les questionnaires, les mots clés qui ont attiré
notre attention pour trier les vidéos étaient : nutrition, surpoids/obésité, prise/perte de
poids, douleurs abdominales, diarrhées, vomissements, constipation, reflux gastro-
œsophagien, troubles du comportement alimentaire (boulimie), déshydratation,
insuffisance rénale, diabète, cholestérol/dyslipidémie, alcool, prévention,
hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil, allergie, grossesse, appétit,
stéatose, carence, voyage.
Sur les 177 vidéos initiales, 60 ont été sélectionnées et visionnées et 51
contenaient des messages relatifs à une approche nutritionnelle. Nous entendons
43
par approche nutritionnelle tout élément relatif à l’alimentation ou les boissons
susceptible d’interagir sur la santé.
3. Transcription des enregistrements et codage des contenus.
Nous avons visionné les 60 enregistrements choisis.
Pour le médecin généraliste C, ayant une formation en nutrition, nous avons
bénéficié de six transcriptions faites par un professionnel à partir du mot clé
« obésité », ces transcriptions ayant un but de recherche.
La visualisation des vidéos a permis dans un premier temps de vérifier la
cohérence de la fiche de présentation de chaque vidéo avec le contenu des
enregistrements (genre, âge, motifs de consultation). Cette fiche descriptive fait la
synthèse des éléments recueillis avant la consultation et des questionnaires post-
consultation.
Des éléments supplémentaires tels que l’âge, les antécédents, la durée de suivi, la
profession des patients et le tabagisme ont été obtenus grâce à ces fiches.
Ensuite, nous avons identifié les éléments constitutifs du message nutritionnel
pour chaque consultation :
consultation dédiée ou non à un problème d’ordre nutritionnel,
identification du demandeur de l’approche nutritionnelle: le patient ou le médecin
généraliste,
mise en évidence du mode d’entrée dans le champ de la nutrition,
44
identification de la nature des messages relatifs à la nutrition abordés en
consultation de médecine générale ainsi que la manière dont ils sont énoncés et
agencés dans le déroulement des consultations,
analyse sémantique des messages (verbatim),
mise en avant de la dimension des croyances de santé dans le domaine de la
nutrition. Il s’agit des croyances du patient autant que celles du médecin.
durée totale de la consultation et durée du message nutritionnel,
fréquence du thème « nutrition » par rapport à l’ensemble des consultations pour
chacun des médecins (A, B, C et D).
45
III. RESULTATS
A. La population
Les 51 patients observés avaient en moyenne 47,33 ans. La plupart étaient
des femmes, puisque qu’elles représentaient 62,75% des patients (soit 32 femmes),
contre 37,25% d’hommes (soit 19 hommes).
Histogramme 1 – Nombre d’hommes et de femmes par tranche d’âge dans la
population étudiée.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
0-9 ans
10-19 ans
20-29 ans
30-34 ans
35-39 ans
40-44 ans
45-49 ans
50-54 ans
55-59 ans
60-69 ans
70-79 ans
80-89 ans
90-99 ans
Hommes
Femmes
46
32 patients (soit 62,75%) exerçaient une activité professionnelle au moment
de l’étude, 11 patients (soit 21,57%) étaient à la retraite, 3 patients (soit 5,88%)
étaient au chômage, 1 patient (soit 1,96%) était étudiant et 4 patients (soit 7,84%)
étaient des enfants en bas âge.
Tableau 1 – Statut professionnel des patients étudiés.
Statut professionnel % de patients
En activité 62,75%
Retraite 21,57%
Enfants en bas âge (accompagnés par l’un des parents) 7,84%
Chômage 5,88%
Etudiant 1,96%
La durée moyenne de suivi des patients, par le médecin consulté le jour de
l’enregistrement, était de 7,92 ans.
47
Les antécédents de la population étudiée sont listés dans le tableau suivant :
Tableau 2 – Antécédents des patients.
Antécédents Nombre de
patients Prévalence
Surpoids ou obésité 16 31,37%
Aucun antécédent signalé 11 21,56%
Troubles psychiatriques (anxiété, dépression, psychose) 11 21,56%
Diabète de type 2 10 19,61%
Hypertension artérielle (HTA) 10 19,61%
Tabagisme actif 10 19,61%
Dyslipidémie 9 17,64%
Lombalgies et/ou sciatalgies 4 7,84%
Cardiopathie ischémique 3 5,88%
Asthme 3 5,88%
Diabète insulino-dépendant (DID) 3 5,88%
Arthrose 2 3,92%
Hypertrophie bénigne de la prostate 2 3,92%
Autre trouble neurologique (paralysie) 2 3,92%
Toxicomanie 2 3,92%
Alcoolo-dépendance 2 3,92%
Trouble ophtalmologique (rétinopathie, glaucome) 2 3,92%
Pancréatite chronique 2 3,92%
Vulvo-vaginite 2 3,92%
Syndrome du colon irritable 1 1,96%
Chirurgie bariatrique (Bypass) 1 1,96%
Méningiome 1 1,96%
Retard staturo-pondéral 1 1,96%
Cirrhose hépatique 1 1,96%
Artériopathie des membres inférieurs 1 1,96%
Ostéoporose 1 1,96%
Goitre thyroïdien 1 1,96%
Hypertrophie ventriculaire gauche 1 1,96%
Lithiase des voies urinaires 1 1,96%
Syndrome d'apnées obstructives du sommeil 1 1,96%
Acné 1 1,96%
Coryza allergique 1 1,96%
Accident vasculaire cérébral (AVC) ou accident
ischémique transitoire (AIT) 1 1,96%
Cancer du sein 1 1,96%
Maladie veineuse thrombo-embolique (phlébite) 1 1,96%
48
Certains patients n’avaient aucun antécédent particulier et d’autres avaient
une polypathologie. Ceux ayant moins de deux antécédents étaient au nombre de 19
(soit 37,25%) et 32 (soit 62,75%) avaient deux antécédents ou plus, donc une
polypathologie. Parmi eux, 13 (soit 40,63%) avaient deux antécédents, 11 (soit
34,38%) avaient trois antécédents et 8 (soit 25%) en avaient plus de trois.
Tableau 3 – Nombre d’antécédents par patient. (détail cf. tableau 2 bis)
Nombre d’ATCD Nombre de patients
<2 ATCD 19
2 ATCD 13
3 ATCD 11
>3 ATCD 8
49
Tableau 3 bis– Détail du nombre d’antécédents par patient.
Patients <2 ATCD 2 ATCD 3 ATCD >3 ATCD P1 •
P2 •
P3
•
P4
•
P5 •
P6 •
P7 •
P8 •
P9 •
P10
•
P11
•
P12 •
P13 •
P14
•
P15 •
P16
•
P17
•
P18 •
P19
•
P20
•
P21
•
P22 •
P23
•
P24 •
P25
•
P26
•
P27
•
P28
•
P29
•
P30
•
P31
•
P32
•
P33
•
P34
•
P35
•
P36
•
P37
•
P38 •
P39
•
P40
•
P41
•
P42
•
P43
•
P44 •
P45
•
P46 •
P47 •
P48 •
P49 •
P50
•
P51
•
TOTAL 19 13 11 8
50
Parmi les 32 patients ayant une polypathologie, les antécédents les plus
fréquemment rencontrés sont le surpoids ou l’obésité, le diabète de type 2,
l’hypertension artérielle, le tabagisme actif et les troubles psychiatriques (dépression,
psychose). La prévalence et la répartition de l’ensemble des antécédents retrouvés
chez ces patients sont détaillées dans le tableau suivant :
51
Tableau 4 – Répartition et prévalence des antécédents retrouvés chez les patients ayant une polypathologie. ATCD P3 P4 P10 P11 P14 P16 P17 P19 P20 P21 P23 P25 P26 P27 P28 P29 P30 P31 P32 P33 P34 P35 P36 P37 P39 P40 P41 P42 P43 P45 P50 P51 TOTAL
Nb %
Surpoids/obésité •
• •
•
• •
• • • • •
•
•
•
• 15 47
Diabète de type 2
•
•
•
• •
• • •
• •
10 31
HTA
•
•
•
• •
• •
•
•
•
10 31
Tabagisme actif
•
•
• •
•
• •
•
• •
10 31
Dyslipidémie
•
•
•
•
• •
• •
•
9 28
Troubles psychiatriques
•
•
• • • •
•
•
•
9 28
Lombalgies/ sciatalgies
•
•
•
•
4 13
Asthme •
•
•
3 9
Pancréatite chronique
•
•
3 9
DID
•
•
2 6
Cardiopathie ischémique
•
•
2 6
Arthrose
•
•
2 6
Hypertrophie bénigne de prostate (HBP)
•
•
2 6
Canal lombaire étroit
•
•
2 6
Trouble ophtalmologique
•
•
2 6
Alcoolo-dépendance
•
•
2 6
Artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI)
•
1 3
Hypertrophie ventriculaire gauche (HVG)
•
1 3
AVC/AIT
•
1 3
SAOS
•
1 3
Ostéoporose
•
1 3
Cirrhose hépatique
•
1 3
Syndrome colon irritable
•
1 3
Lithiase urinaire
•
1 3
Goître thyroïdien
•
1 3
Méningiome
•
1 3
Trouble neurologique (paralysie)
•
1 3
Névralgie cervico-brachiale
•
1 3
Toxicomanie
•
1 3
Acné
•
1 3
Allergies
•
1 3
Cancer su sein
•
1 3
Vulvo-vaginite
• 1 3
2 ATCD 3 ATCD >3 ATCD
52
Parmi les 15 patients atteints de surpoids ou d’obésité, la répartition et la
prévalence des antécédents est la suivante :
Tableau 4 bis - Répartition et prévalence des antécédents retrouvés chez les
patients obèses ou en surpoids.
ATCD P3 P11 P14 P21 P26 P27 P29 P30 P32 P33 P34 P37 P41 P43 P51 TOTAL
Troubles
psychiatriques •
• • •
• •
6 40%
Tabagisme actif
• • •
•
• •
6 40%
Lombalgies/
sciatalgies •
•
2 13,33%
Dyslipidémie
•
•
2 13,33%
Alcoolo-
dépendance
•
•
2 13,33%
Diabète type 2
•
•
2 13,33%
Asthme •
•
2 13,33%
Méningiome
•
1 6,67%
Toxicomanie
•
1 6,67%
HTA
•
1 6,67%
Pancréatite
chronique
•
1 6,67%
DID
•
1 6,67%
Trouble
ophtalmologique
•
1 6,67%
Canal lombaire
étroit
•
1 6,67%
SAOS
•
1 6,67%
Névralgie
cervico-
brachiale
•
1 6,67%
Acné
•
1 6,67%
Allergies
•
1 6,67%
Vulvo-vaginite
• 1 6,67%
2 ATCD
3 ATCD
>3 ATCD
Les patients ayant une polypathologie dont une obésité ou un surpoids, ont
pour 40% d’entre eux des troubles psychiatriques associés (dépression et/ou
psychose). La dyslipidémie, le diabète de type 2, l’asthme, les lombalgies/sciatalgies
53
et l’alcoolo-dépendance n’apparaissent qu’en second lieu en termes de fréquence.
L’hypertension artérielle, le diabète insulino-dépendant, le syndrome d’apnées
obstructives du sommeil n’arrivent qu’en troisième position.
Un tabagisme actif est présent chez 10 patients (19,61%), dont 80% de
femmes et 20% d’hommes. L’âge moyen des patients tabagiques est de 43,3 ans.
Parmi les antécédents relevés dans cette population, 60% (6 patients) ont un
surpoids ou une obésité. 40% (4 patients) ont une pathologie psychiatrique
(psychose, trouble thymique). 30% (3 patients) ont à la fois une surcharge pondérale
et un trouble psychiatrique. Les autres antécédents retrouvés sont : HTA (1 patient),
cirrhose (1 patient), intoxication alcoolique (1 patient), toxicomanie (1 patient),
syndrome du colon irritable (1 patient).
B. Les consultations
Le temps de visionnage des consultations est estimé à 20 heures 57 minutes
(somme de la durée de chacune des 60 vidéos), sachant que pour la transcription
manuelle des vidéos, de nombreuses pauses au moment du visionnage ont été
nécessaires, ce qui augmente considérablement le temps de visionnage à environ
175 heures. Ce travail s’est étalé sur une période d’un mois et demi. Finalement, 51
consultations ont été retenues, réparties comme suit : médecin A, 12 consultations
(soit 23,53%) ; médecin B, 9 consultations (soit 17,65%) ; médecin C, 15
consultations (soit 29,41%) ; médecin D, 15 consultations (soit 29,41%). Sur les 177
consultations disponibles dans notre base de données, les 51 vidéos dans lesquelles
une approche nutritionnelle a été identifiée, représentent 28,81% des consultations.
54
Histogramme 2 – Répartition des consultations sur les médecins A, B, C et D.
La durée moyenne de consultation est de 20 minutes 34 secondes et la durée
moyenne du message nutritionnel est de 4 minutes 39 secondes.
Les principaux motifs de consultation sont les suivants (sachant qu’un patient
peut avoir plusieurs motifs de consultation, d’où la somme supérieure à 51):
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
A B C D
Pourcentage de consultations
55
Tableau 5 – Motifs de consultation (voir synthèse : tableau 5 bis).
Motifs Nombre absolu Prévalence
Renouvellement d'ordonnance 14 27,45%
Suivi et/ou découverte diabète 12 23,53%
Suivi surpoids ou obésité et/ou analyse carnet
alimentaire 12 23,53%
Résultats d'examens complémentaires 10 19,61%
Douleurs abdominales et/ou vomissements
et/ou diarrhées 8 15,68%
Dépression et/ou anxiété 5 9,80%
Suivi hypertension artérielle 4 7,84%
Lombalgies et/ou sciatique 4 7,84%
Problème administratif 4 7,84%
Suivi et/ou découverte dyslipidémie 3 5,88%
Suivi grossesse 3 5,88%
Asthénie 2 3,92%
Coryza allergique 2 3,92%
Troubles du comportement alimentaire
(boulimie) 1 1,96%
Surpoids d'origine médicamenteuse 1 1,96%
Désir de grossesse 1 1,96%
Carence (vitamine D, acide folique, fer) 1 1,96%
Aménorrhée, hirsutisme, élévation testostérone 1 1,96%
Vaccination 1 1,96%
Entorse de cheville 1 1,96%
Eruption cutanée 1 1,96%
Brûlure cutanée 1 1,96%
Fièvre 1 1,96%
Examen du 1er mois 1 1,96%
Suivi cardiopathie 1 1,96%
Vulvo-vaginite 1 1,96%
Malaise 1 1,96%
Névralgie cervico-brachiale 1 1,96%
Tendinite 1 1,96%
Onychomycose 1 1,96%
Suivi post chirurgical 1 1,96%
Suivi post hospitalisation 1 1,96%
Suivi d'un antécédent d'accident vasculaire
cérébral 1 1,96%
Trouble ophtalmologique 1 1,96%
Conseils au voyageur 1 1,96%
56
En dehors du renouvellement d’ordonnance, qui est une situation
transversale, les principaux motifs ayant justifié une consultation sont les suivants :
Tableau 5 bis – Principaux motifs de consultation.
Motifs Nombre absolu Prévalence
Suivi et/ou découverte diabète 12 23,53%
Suivi surpoids ou obésité et/ou analyse carnet alimentaire
12 23,53%
Résultats d'examens complémentaires 10 19,61%
Douleurs abdominales et/ou vomissements et/ou diarrhées
8 15,68%
Dépression et/ou anxiété 5 9,80%
Suivi hypertension artérielle 4 7,84%
Lombalgies et/ou sciatique 4 7,84%
Problème administratif 4 7,84%
Suivi et/ou découverte dyslipidémie 3 5,88%
Suivi grossesse 3 5,88%
Histogramme 3 – Prévalence des principaux motifs de consultation.
0%
5%
10%
15%
20%
25%
57
Les consultations dédiées à une problématique nutritionnelle étaient au
nombre de 12 (soit 23,53%). Rappelons que le médecin généraliste C a une
formation spécifique en nutrition. Les consultations n’étant pas dédiées, mais dans
lesquelles une approche nutritionnelle a émergé, étaient au nombre de 29 (soit
76,47%).
Dans 49,02% des cas (soit 25 consultations), le médecin généraliste était à
l’origine du message nutritionnel. Dans 45,10% des cas (soit pour 23 consultations),
le patient était lui-même demandeur et enfin dans 5,88% des cas (soit 3
consultations), l’entourage était demandeur (il s’agissait d’un des parents
accompagnant son enfant). L’origine de l’approche nutritionnelle variait en fonction
du médecin consulté. Cet élément est illustré dans l’histogramme suivant :
Histogramme 4 – Emetteur initial de l’approche nutritionnelle par médecin
(« Qui en parle en premier »).
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
Consultation médecin A
Consultation médecin B
Consultation médecin C
Consultation médecin D
Médecin
Patient
Entourage 33%
50%
17%
67%
22%
11%
33%
67% 67%
33%
58
Les modes d’entrée du message nutritionnel sont variés :
Tableau 6 – Prétexte à l’approche nutritionnelle.
Modes d'entrée Nombre absolu Prévalence
Résultats biologiques 16 31,37%
Suivi surpoids ou obésité et/ou analyse carnet alimentaire
12 (dont 6 avec carnet)
23,53%
Douleurs abdominales et/ou vomissements et/ou diarrhées
9 17,65%
Perte de poids involontaire 2 3,92%
Pesée 1 1,96%
Prise de poids d'origine médicamenteuse 1 1,96%
Stéatose hépatique 1 1,96%
Suivi syndrome du colon irritable 1 1,96%
Suivi allergie alimentaire 1 1,96%
Choix alimentation nourrisson 1 1,96%
Hypotension 1 1,96%
Malaise 1 1,96%
Perte d'appétit 1 1,96%
Alcoolo-dépendance 1 1,96%
Suivi grossesse (macrosomie découverte à l'échographie)
1 1,96%
Voyage 1 1,96%
Au cours de l’examen physique, sur les 51 consultations sélectionnées, 31
patients (soit 60,78%) ont été pesés par leur médecin, 20 patients (soit 39,22%) n’ont
pas été pesés et 1 patient (soit 1,96%) a refusé cette étape.
Tous ces éléments d’ordre quantitatifs, nous permettront ensuite d’amorcer la
discussion sur le mode d’entrée, le demandeur et les motifs de consultation.
59
C. Les thèmes abordés
Dans le cadre des approches nutritionnelles, de nombreux sujets ont été
abordés au cours de la consultation, que ce soit sous forme d’échanges, de conseils
ou de questions posées. Ils sont listés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 7 – Thèmes, en lien avec la nutrition, abordés lors des consultations.
Thèmes Nombre absolu Prévalence
Surpoids, obésité 21 41,18%
Activité physique 20 39,22%
Diabète 14 27,45%
Carnet alimentaire 12 23,53%
Emploi du terme "Régime" 9 17,65%
Douleurs abdominales et/ou troubles du transit 8 15,68%
Consommation d'alcool 7 13,73%
Hyperphagie 6 11,76%
Alimentation nourrisson (allaitement, biberon) 6 11,76%
Dyslipidémie 5 9,80%
Etat d'hydratation 5 9,80%
Arthralgies et/ou arthrose 5 9,80%
Perte de poids involontaire 4 7,84%
Perte d'appétit 3 5,88%
L'esthétique 3 5,88%
Hypertension artérielle 2 3,92%
Grignotage 2 3,92%
Insuffisance rénale 2 3,92%
Suivi de grossesse 2 3,92%
Prise de poids d'origine médicamenteuse 2 3,92%
Coût de l'alimentation 2 3,92%
Sous-évaluation des apports 2 3,92%
Tachyphagie 1 1,96%
Boulimie 1 1,96%
Désir de perdre du poids avant grossesse 1 1,96%
Diabète gestationnel 1 1,96%
Prise de poids et contraception 1 1,96%
Sédentarité 1 1,96%
Dyspnée d'effort 1 1,96%
Anémie ferriprive 1 1,96%
Hypoalbuminémie 1 1,96%
Lien entre AVC et dyslipidémie 1 1,96%
Sel dans l'alimentation 1 1,96%
Pancréatite chronique 1 1,96%
Stéatose hépatique 1 1,96%
Syndrome du colon irritable 1 1,96%
Reflux gastro-oesophagien 1 1,96%
Allergie alimentaire 1 1,96%
Effet du "yoyo" 1 1,96%
Lien entre élévation testostérone et prise de poids 1 1,96%
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Parmi ces 40 thèmes, 13 entrées ont trait à un sujet autour du surpoids ou de
l’obésité.
Tableau 7 bis – Thèmes autour du surpoids ou de l’obésité.
Thèmes Nombre absolu Prévalence
Surpoids, obésité 21 41,18%
Activité physique 20 39,22%
Carnet alimentaire 12 23,53%
Emploi du terme "Régime" 9 17,65%
Hyperphagie 6 11,76%
Grignotage 2 3,92%
Prise de poids d'origine médicamenteuse 2 3,92%
Sous-évaluation des apports 2 3,92%
Tachyphagie 1 1,96%
Boulimie 1 1,96%
Désir de perdre du poids avant grossesse 1 1,96%
Prise de poids et contraception 1 1,96%
Sédentarité 1 1,96%
Effet du "yoyo" 1 1,96%
Lien entre élévation testostérone et prise de poids
1 1,96%
D. Les représentations
Parmi les 51 vidéos sélectionnées, 46 d’entre elles (soit 90,20%) contenaient
un message nutritionnel dans lequel des représentations apparaissaient. Celles-ci
pouvaient s’appuyer tout ou en partie sur des données factuelles de la science.
Dans les 5 consultations restantes, l’approche nutritionnelle était si succincte,
qu’aucune représentation n’émergeait clairement. Nous pouvons les illustrer par les
deux exemples de dialogues médecin-patient ci-dessous :
Dialogue 1 : (cf. Annexe 1)
Médecin : « C’est bien, il n’y a pas de diabète et pas de cholestérol. C’est très
bien même. Faites voir, on a perdu un peu de poids ? »
61
Pesée : 104 kg.
Médecin : « Et bien, ça va ! »
Dialogue 2 : (cf. Annexe 2)
Patient : « Le matin j’arrive un peu à déjeuner, à midi ça dépend et après je
n’avale plus rien sauf des tisanes. Les trucs liquides ça passe ! »
Médecin : « Ce matin vous avez mangé ? »
Patient : « J’ai bu une tisane et mangé une biscotte. »
Médecin : « D’accord ! »
62
Dans les 46 consultations retenues, les différentes représentations analysées
étaient les croyances, les préjugés et les stéréotypes (cf. définitions au paragraphe B
de l’introduction). Parmi elles nous avons recensé 43 consultations dans lesquelles
apparaissait au moins une croyance, 22 consultations avec au moins un préjugé et 4
avec au moins un stéréotype. Leur prévalence et leur répartition étaient les
suivantes :
Tableau 8 – Prévalence des consultations dans lesquelles apparaissait au
moins une des différentes représentations d’ordre nutritionnel.
Représentations Nombre de consultations Prévalence
Croyances 43 93,48%
Préjugés 22 47,83%
Stéréotypes 4 8,70%
Tableau 9 – Répartition des différentes représentations.
Représentations Nombre de consultations Prévalence
Croyances seules 21 45,65%
Préjugés seuls 3 6,52%
Stéréotypes seuls 0 0,00%
Croyances+préjugés 18 39,13%
Croyances+stéréotypes 1 2,17%
Préjugés+stéréotypes 0 0,00%
Croyances+préjugés+stéréotypes 3 6,52%
En ce qui concerne les croyances, la prévalence des consultations en
contenant au moins une est élevée. Il s’agit d’éléments de dialogues qui exprimés en
l’état peuvent s’apparenter ou être des croyances. Seul un rôle actif au sein des
consultations permettrait de discerner ce qui relève ou non de la croyance au sens
strict.
Dans 73,91% des cas (soit 34 consultations), plusieurs représentations étaient
repérées à la fois chez le médecin et chez le patient. Dans 19,57% des cas (soit 9
63
consultations), seul le médecin en était à l’origine, et enfin dans 6,52% des cas (soit
3 consultations), il s’agissait uniquement du patient.
L’analyse de l’ensemble de ces consultations permet d’identifier que dans 35
d’entre elles (soit 76,09%) apparaissent des éléments scientifiques au sein de
croyances, préjugés et stéréotypes. Ces éléments scientifiques peuvent émaner
aussi bien du médecin que du patient.
E. Les représentations selon le modèle de J-C. Abric
Rappelons que J-C. Abric considère les représentations comme composées
d’un noyau central autour duquel gravitent des éléments périphériques.
Dans ce chapitre, en utilisant cette approche de la structure de la représentation,
nous proposons d’illustrer les croyances, les préjugés et les stéréotypes, à partir
d’extraits de dialogues entre médecin et patient que nous avons transcrits. Dans ces
extraits, où figurent des représentations, nous exposerons pour chacune d’entre elles
les éléments constitutifs du noyau central et des éléments périphériques.
Pour distinguer les éléments de structure, nous avons étudié la sémantique des
dialogues, les expressions et le vocabulaire employés.
64
1. Les représentations des médecins généralistes
a) LES CROYANCES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 3)
Médecin : « Il faut boire au moins un litre par jour, minimum ! Plus la bouche
est sèche, plus la muqueuse est irritée et reçoit des microbes ou des irritations. »
Dans cet exemple, le médecin a une croyance sur le fait qu’il faut boire au
moins un litre d’eau par jour et que le manque d’hydratation provoque une irritation
de la bouche qui devient alors le lieu du développement d’infections.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation semble être la conviction qu’il faille
boire au moins un litre d’eau par jour. Cet élément est fondamental car il va
déterminer l’organisation de la représentation.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont les suivants : une hydratation insuffisante
provoque une sécheresse buccale, une bouche sèche irrite la muqueuse et une
muqueuse sèche est le lit d’infections. Ces éléments peuvent être considérés comme
périphériques, car ils gravitent autour du noyau central, c’est-à-dire, autour du fait
qu’il faille boire au moins un litre d’eau par jour. Ils peuvent varier, mais n’affecteront
jamais ce noyau.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 4)
Médecin : « Votre tension artérielle est à 105/60 mmHg. Ce n’est pas énorme,
donc c’est sûr, il faut bien boire. »
65
Ici, la croyance du médecin repose sur le fait qu’une tension artérielle basse
serait liée principalement à une consommation insuffisante d’eau, et ceci en dehors
de tout contexte de déshydratation (dans le cas présent).
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation est le lien de causalité entre une
faible consommation d’eau et une tension artérielle basse.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique n’est pas facilement identifiable dans cette
représentation. En effet, pour le médecin, il semble que le chiffre tensionnel bas ne
puisse avoir pour unique origine que le manque d’hydratation orale. Il n’évoque
aucune autre hypothèse. Or s’il avait formulé d’autres causes possibles, celles-ci
auraient pu être considérées comme des éléments périphériques.
b) LES PREJUGES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 5)
Médecin : « Le Coca® c’est de la cochonnerie ! »
Le préjugé exprimé par le médecin est que le Coca® est mauvais pour la
santé.
(a) Noyau central
Le fait que le Coca® soit mauvais pour la santé représente le noyau central de
ce préjugé. Il s’agit de l’élément autour duquel est organisée la représentation du
médecin.
66
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique semble être les sodas en général. En effet, si pour le
médecin le Coca® est « une cochonnerie », il n’est pas certain qu’il ait la même
représentation de tous les sodas.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 5)
Médecin : « Buvez-vous suffisamment quand vous faites du vélo ? »
Patient : « Je bois de l’eau. »
Médecin : « Pas de la bière ? »
Dans cet exemple, le médecin a comme préjugé que son patient
consommerait de l’alcool lors de la pratique du vélo, voire peut-être même de
manière plus régulière.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation est que selon le médecin, lors de la
pratique d’une activité physique, il est nécessaire de s’hydrater suffisamment. Il se
base ici sur des données factuelles de la science.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est représenté par l’alcool. En effet, s’il est important
de s’hydrater lors de la pratique du sport, il ne s’agit pas de le faire en buvant aussi
de l’alcool. Le type de boisson consommé, ici le préjugé que le patient puisse boire
de la bière, constitue l’élément périphérique puisqu’il ne change en rien le noyau
central.
Dans ce dialogue, nous pouvons aussi poser l’hypothèse que l’alcool est le noyau
central de la représentation autour de ce patient. Dans ce cas, pour le médecin, le
67
fait que le patient consomme de l’alcool représente une certitude qui est à l’origine
du préjugé.
(3) Dialogue 3 (cf. Annexe 6)
Médecin : « Est-ce que vous faites attention à ce que vous mangez ? «
Patient : « Oui, oui, oui ! »
Médecin : « Et alors maintenant, c’est pareil ? »
Patient : « Non, je ne sais pas, voilà les résultats de l’hémoglobine glyquée ! »
Médecin : « C’est un petit peu mieux que l’autre fois. »…
…Médecin : « Qu’est-ce que vous avez mangé hier soir ? Ne trichez pas ! »
Le préjugé du médecin à l’encontre du patient réside dans le fait que, selon
lui, ce dernier risque de lui cacher ses apports alimentaires réels.
(a) Noyau central
Le noyau central de ce préjugé est probablement que, pour le praticien, les
patients diabétiques ont tendance à « tricher » sur leurs apports alimentaires.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est ici le résultat du dosage de l’hémoglobine glyquée.
Pour le médecin, peu importe son chiffre : bon ou mauvais, cet élément ne modifie
en rien son préjugé sur le fait que son patient tricherait sur ses apports alimentaires.
De manière plus précise, nous pouvons même qualifier le résultat de l’hémoglobine
glyquée comme élément de contraste. En effet, le médecin occulte la valeur objective
de ce marqueur (« c’est un peu mieux que l’autre fois »), au profit de son jugement.
68
Non seulement l’élément de contraste ne met pas en cause le noyau central, mais il
le renforce.
c) LES STEREOTYPES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 7)
Patient : « A la maison je fais tout (la cuisine). C’est vrai que je ne vais pas
manger de grosses quantités, mais je grignote beaucoup. »
Médecin : « C’est un peu normal, quand on fait la cuisine, c’est difficile. »
Ici, le stéréotype du médecin est qu’une femme au foyer qui cuisine grignote
en même temps, c’est « un peu normal ».
(a) Noyau central
Dans cette représentation, le noyau central est le lien entre la femme au foyer
qui cuisine et le grignotage.
(b) Eléments périphériques
Aucun élément périphérique n’est identifiable dans cet exemple. Si le praticien
avait émis d’autres hypothèses quant à l’origine du grignotage, celles-ci aurait pu être
considérées comme éléments périphériques.
69
2. Les représentations des patients
a) LES CROYANCES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 8)
Patient : « Cela me perturbe d’avoir du cholestérol alors que je n’en fais pas.
Est-ce que c’est la période sucrée qui fait ça ? Ou bien la période où j’avais acheté
des Taillefine® ?
La représentation du patient dans cet exemple est que l’origine de son taux
élevé de cholestérol serait due à un excès de sucre provenant de son alimentation.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette croyance est qu’une dyslipidémie a pour origine une
alimentation sucrée. Dans l’esprit du patient, cet élément est déterminant.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont « la période sucrée », soit une période de
l’année durant laquelle le patient à tendance à consommer davantage d’aliments
sucrés, et les yaourts Taillefine®. Peu importe la période et/ou le type de yaourts ou
de desserts, ces éléments ne modifient en rien le noyau central de la représentation
du patient, selon lequel la dyslipidémie est liée à une alimentation sucrée.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 5)
Patient : « Plus je fais attention, plus je fais du vélo et plus je marche, plus j’ai
tendance à ballonner. »
70
La croyance du patient est que le fait d’adopter une bonne hygiène de vie
provoque un « ballonnement ». Il est difficile de savoir si par « ballonner » il veut dire
qu’il prend du poids ou bien qu’il a un météorisme abdominal.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette croyance est le lien entre une bonne santé et la
pratique d’une activité physique. En effet, en pratiquant un effort physique et en
« faisant attention », le patient s’attend à être en bonne santé.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques de cette représentation sont le « ballonnement »
et le sentiment d’échec ressenti par le patient. En effet, ce dernier exprime que
malgré les efforts fournis, il n’est pas en bonne santé, puisqu’il « ballonne ».
b) LES PREJUGES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 9)
Médecin : « Si déjà pendant trois mois vous mangez correctement, vous allez
perdre 15 kg et vous n’aurez plus de cholestérol. On essaye. »
Patient : « Pas matin, midi et soir ? »
Médecin : « Non ! Je propose qu’on parte de ce que vous faites et après on
voit ensemble comment on peut remplacer. Il faut que vous pensiez protides et fibres
à chaque repas. Ce sont les protides qui donnent la satiété. »
Patient : « Il y a aussi là dedans, vous allez me dire que ce n’est pas vrai, une
question de moyens. »
Médecin : « Si, c’est un peu vrai. C’est moins cher d’acheter du pain que
d’acheter de la viande. »
71
Le patient a plusieurs préjugés. Pour commencer, il semble persuadé qu’il va
échouer dans sa tentative de perte de poids. Le second préjugé, est la conviction
qu’avant même d’avoir discuté avec le médecin du versant économique lié à
l’alimentation, celui-ci remettra certainement cet aspect en cause.
(a) Noyau central
Le noyau central de la représentation du patient est le doute qu’il exprime
envers la possibilité de réussite d’une perte de poids. En effet, avant même d’avoir
tenté de mettre en œuvre les conseils du médecin, il se met en échec.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont d’une part la contrainte liée à la mise en
œuvre et au maintien des conseils nutritionnels « Pas matin, midi et soir ? » et le
coût de l’alimentation que le patient évoque comme frein à un processus
d’amaigrissement.
c) LES STEREOTYPES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 10)
Patient d’origine asiatique: « La diététique française est l’une des meilleures je
crois. »
Le patient a comme préjugé que la diététique française est l’une des
meilleures.
(a) Noyau central
Dans cet exemple, le noyau central est que selon le patient, la diététique
française est l’une des meilleures. Nous ne pouvons toutefois pas identifier si par
72
« diététique » il entend la cuisine française et si par « l’une des meilleures » il veut
parler du plaisir gustatif ou bien d’un lien avec la santé.
(b) Eléments périphériques
Dans ce cas précis, les éléments périphériques ne sont pas clairement
identifiables.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 11)
Patient : « Je m’affame volontairement et j’aime beaucoup ça. Là je me trouve
trop grosse. »…« J’ai un problème avec mon corps. Au niveau du ventre j’ai la peau
vachement détendue, donc ça me…voilà. »
Médecin : « A cause de la césarienne ? »
Patient : « Oui, du coup j’ai un peu peur du cliché de la mère de famille
célibataire et j’ai vraiment envie de me plaire et de plaire. Du coup je fais super gaffe
à ce que je mange… »
Le stéréotype exprimé par cette patiente est celui de « la mère de famille
célibataire » qui, selon elle, renvoie l’image d’une femme au corps déformé par une
grossesse antérieure, et peu séduisante.
(a) Noyau central
Le noyau central est le fait qu’une mère de famille, grosse de par la
modification de son corps suite à une grossesse, serait peu séduisante.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique pourrait être le statut de célibataire. En effet, dans
l’esprit de cette femme, le célibat n’est qu’une conséquence de son physique
disgracieux. Cet élément ne fait que renforcer l’image peu séduisante qu’elle a d’elle-
73
même, mais ne change pas le fait que le point de départ est l’aspect de son ventre
depuis qu’elle a subi une césarienne.
Nous pouvons également identifier une zone muette « donc ça me…voilà ».
(3) Dialogue 3 (cf. Annexe 12)
Médecin : « Et alors petite fille, ado, vous étiez comment ? »
Patient : « Petite fille, mince. J’ai eu une période à l’adolescence où j’étais un
peu ronde, on va dire 5-6kg de plus que ma taille. »
Médecin : « C’est un peu rond. »
Patient : « Oui, j’ai toujours été un peu ronde quand même. Et puis je suis
d’origine allemande en plus, donc je ne peux pas être non plus trop trop mince. »
Ici, le stéréotype exprimé est celui que les femmes d’origine allemande
seraient plus « charpentées ».
(a) Noyau central
Dans cette représentation, le noyau central est le lien entre un surpoids et
l’origine allemande d’un individu.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est l’hypothèse d’une origine génétique à son
surpoids. Le fait qu’elle soit en surpoids depuis l’adolescence ne semble pas modifier
le modèle de la femme allemande « charpentée » auquel elle s’identifie.
74
3. Les éléments de discours (verbatim)
L’analyse du discours des médecins et des patients a révélé la récurrence de
certaines occurrences qui sont : le renforcement positif, la réassurance ou minoration
de certains évènements, le fait d’insister sur les points d’efforts à réaliser et la sous-
évaluation des apports alimentaires. Par ailleurs, nous avons recherché les éléments
de discours indéfinis, qui se traduisent par l’usage du « on » en lieu et place du « je »
ou du « vous ». Nous les avons recensés dans 31 consultations (soit 60,78%).
a) LE RENFORCEMENT POSITIF
Les éléments de renforcement positifs sont ceux qui visent à exprimer une
sorte de satisfaction par rapport à une situation et/ou son avancée. En voici quelques
exemples :
Médecin : « C’est bien, il n’y a pas de diabète et pas de cholestérol. C’est très
bien même. » (cf. Annexe 1)
Médecin : « C’est bien, vous avez perdu du poids, vous avez perdu presque 1
kg. C’est bien. » (cf. Annexe 6)
Patient : « Question balance je n’arrive pas à décoller, je stagne. »… »Je ne
veux pas m’arrêter là. »… « On peut encore, peut mieux faire. »
Médecin : « Mais bon, sur ce, vous vous maintenez bien. » (cf. Annexe 8)
Patient : « Je ne grossi pas. »
Médecin : « Non, c’est toujours à peu près pareil. »
Patient : « J’aimerai bien être à 70, mais… »
75
Médecin : « Oui, mais ça va là, vous êtes bien. » (cf. Annexe 13)
b) LA REASSURANCE OU MINORATION DE CERTAINS
EVENEMENTS
Dans ce type de discours, il s’agit de mettre le patient en confiance en le
rassurant sur certains évènements ou bien en minimisant certains d’entre eux. Par
exemple :
Médecin : « Vous faites du sport ? »
Patient : « Non. »
Médecin : « Faudrait essayer. »
Patient « Oui, parce que là, j’ai pris en kg. »
Médecin : « C’est pas dramatique. »
Patient : « Je pense que j’ai pris au moins 2 kg. »
Médecin : « Je suis pas sûr. »
Patient : « Je le sens dans ma peau. Je ne suis pas bien avec ces 2 kg. »
Médecin : « Oh, c’est pas énorme. Non, non, chez vous, c’est pas
dramatique. » (cf. annexe 3)
Patient : « Le résultat (hémoglobine glyquée) est pas trop bon docteur. »
Médecin : « C’est vrai ? Pour quelle raison ? Vous savez ? »
Patient : « Il y a eu des mariages et tout ça, bon. »
Médecin : « Ca va quand même. Jusqu’à 7% ça va. » (cf. Annexe 13)
Patient : « J’ai fait des analyses pour le cholestérol. C’est un peu élevé. »
Médecin : « C’est un peu augmenté mais c’est pas la catastrophe. »…
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…Patient : « Il n’y a pas lieu non plus de s’affoler sur le cholestérol ? »
Médecin : « Non, du tout, absolument pas ! » (cf. Annexe 14)
c) INSISTER SUR LES POINTS D’EFFORTS A REALISER
Certains médecins insistaient dans leur discours sur les points pour lesquels
ils n’étaient pas entièrement satisfaits. Ils formulaient alors le souhait que le patient
fournisse davantage d’efforts sur ces points. Parfois certaines formulations pouvaient
avoir un caractère culpabilisant envers le patient. En voici quelques exemples :
Médecin : « Vous essayez de faire du vélo tous les jours. »
Patient : « Si je peux en faire trois fois par semaine, c’est déjà bien. »
Médecin : « Non, tous les jours ! » (cf. Annexe 9)
Médecin : « La confiture le soir, c’est nouveau ça ! Non, non, pas de
confiture ! C’est hyper sucré. Mangez un yaourt ou un fruit, mais pas de
confiture ! »… « Les glycémies sont bien meilleures. A part les jours où vous
mangez de la confiture ! » (cf. Annexe 10)
d) LA SOUS-EVALUATION DES APPORTS
ALIMENTAIRES
Certains patients suivis pour un surpoids ou une obésité et ayant des
difficultés pour perdre du poids, avaient tendance à sous-évaluer leurs apports
alimentaires et donc à les minimiser par rapport à la réalité.
Médecin : « Ce qu’il y a, c’est qu’il faudrait perdre un peu de poids. »
Patient : « Comment voulez-vous que je fasse ? »
77
Médecin : « Et bien mangez moins ! Il ne faut pas vous précipiter sur ce que
vous mangez. »
Patient : « Je ne mange que de la salade. La précipitation, oui, c’est ça ! On
ne mange même pas une baguette par jour à deux. » (cf. Annexe 5)
Médecin : « Est-ce que vous faites attention à ce que vous mangez ? »…
« Qu’est-ce que vous avez mangé hier soir ? Ne trichez pas, dites moi ce que
vous avez mangé ! »
Patient : « Qu’est-ce que j’ai mangé ? Oh, je suis perdu. J’ai mangé un peu de
riz. Je sais plus. Oui, voilà, j’ai mangé un peu de riz avec un peu de lait cru. »
(cf. Annexe 6)
Médecin : « On va regarder si vous avez été sage, si vous n’avez pas mangé
trop d’œufs de Pâques. »
Patient : « Ah non, ah non, alors là, pas du tout ! Mais ça m’énerve parce
que… »
Médecin : « 9,4 (hémoglobine glyquée), et bien alors, ça a remonté…Alors,
qu’est-ce que vous avez fait ? »
Patient : « Je mange des fraises, mais sans sucre. »…
…Médecin : « Montez sur la balance ! »
Patient : « Alors là, 88 kg. Oh là là ! Oh c’est pas possible ! »
Médecin : « Vous mangez beaucoup ? »
Patient : « Mais je mange pas beaucoup. Je mange une petite noix de viande.
Ce midi, deux cuillères de pâtes à la sauce tomate. Mais je mange pas
78
énormément. … Je ne mange que des tomates avec du sel, c’est tout. Des
endives à l’eau. » (cf. Annexe 15)
e) LES ELEMENTS DE DISCOURS INDEFINIS
Les éléments de discours indéfinis se traduisent par l’utilisation du « on » ou
du « ça »au lieu de l’usage du « je » ou du « vous ». En voici quelques exemples :
Médecin : « Faites voir, on a perdu un peu de poids ? » (cf. Annexe 1)
Patient : « Peut-être on va découvrir une prise de poids, c’est possible. » (cf.
Annexe 16)
Médecin : « Le poids à l’air de continuer sur la même courbe. Ca a l’air d’être
plutôt optimiste. » (cf. Annexe 17)
f) LE DISCOURS DES MEDECINS
Parmi ces 51 consultations, dans le discours des médecins, la prévalence de
ces différents éléments était la suivante : renforcement positif dans 47,06% des cas
(soit 24 consultations), minoration/réassurance dans 11,76% des cas (soit 6
consultations), points d’efforts à fournir dans 5,88% des cas (soit 3 consultations) et
éléments de discours indéfinis dans 5,88% des cas (soit 3 consultations). Le total de
ces occurrences, supérieur à 31, s’explique par le fait que dans une même
consultation nous pouvions retrouver plusieurs éléments de type différents.
79
Sur l’ensemble de leurs consultations, les médecins A, B, C et D ont utilisé les
différents éléments de discours dans les proportions suivantes :
Tableau 10 – Nombre de consultations par médecin faisant apparaître au moins
un des éléments de discours étudiés.
Renforcement positif Nombre de consultations Prévalence
A 5 41,67%
B 3 33,33%
C 9 60,00%
D 7 46,67%
Minoration/réassurance
A 4 33,33%
B 0 0,00%
C 2 13,33%
D 0 0,00%
Eléments d’efforts à réaliser
A 0 0,00%
B 0 0,00%
C 1 6,67%
D 2 13,33%
Eléments de discours indéfinis
A 2 16,67%
B 0 0,00%
C 0 0,00%
D 1 6,67%
g) LE DISCOURS DES PATIENTS
Dans le discours des patients, la prévalence des éléments de sous-évaluation
des apports alimentaires était de 13,73% (soit 7 consultations). La minoration des
évènements est apparue dans 3,92% des cas (soit 2 consultations) et l’utilisation
d’éléments de discours indéfinis dans 1,96% des cas (soit 1 consultation).
80
IV. DISCUSSION
A. Analyse des résultats
1. La population
Nous pouvons illustrer nos résultats en comparaison à plusieurs études de
référence pour mieux marquer les points de convergence ou quelques différences
liées à l’approche spécifique de nos travaux relatifs à une population ciblée.
La population que nous avons pu observer dans cette étude était représentée
par une majorité de femmes (62,75%). Ce résultat est cohérent avec ceux retrouvés
dans une étude menée par la DREES (Direction de la Recherche des Etudes de
l’Evaluation et des Statistiques) en 2004 auprès de 922 médecins généralistes22.
Celle-ci montre, en effet, que les consultations et visites des médecins généralistes
concernent plus souvent des femmes (55 %), et en très grande majorité des adultes.
Dans notre travail, le pourcentage de femmes est toutefois plus élevé de 13,75%.
Cette différence pourrait sans doute s’expliquer du fait que les consultations
sélectionnées abordent toutes une thématique nutritionnelle. Dans notre cas,
plusieurs questions émergent: les femmes sont-elles plus sensibles aux enjeux de
santé liés à la nutrition que les hommes, souffrent-elles davantage de problèmes de
poids, sont-elles majoritairement atteintes de pathologies pour lesquelles une
approche nutritionnelle est à envisager, sont-elles plus nombreuses à consulter
aujourd’hui par rapport à 2004 ?
Un élément suscitant l’intérêt des femmes pour des sujets relatifs à la santé et
l’alimentation pourrait être lié à un référentiel social établi dans nos sociétés
81
occidentales : « l’idéal minceur », l’importance de l’apparence physique et du regard
des autres. Force est de constater que les médias et notamment la presse féminine
jouent un rôle majeur en prônant des « règles de beauté », en vantant les miracles
de certains modes d’alimentation et de régimes. Les femmes, mais aussi de plus en
plus d’hommes, sont sujets à partager de nombreuses croyances. Comme nous
l’étudierons plus tard, les patients n’hésitent pas à confronter ces dernières avec leur
référent, le médecin généraliste. Une autre cause évoquée par l’étude de la DREES,
est que les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes, ce qui
expliquerait qu’elles soient plus nombreuses à consulter. En effet, selon l’OMS
(Organisation Mondiale de la Santé), l’espérance de vie à la naissance en France
pour les hommes serait de 78 ans, contre 85 ans pour les femmes. 23
L’âge moyen des patients de notre étude était de 47,33 ans. Ce chiffre est
également en adéquation avec l’étude de la DREES qui dit que six fois sur dix, le
patient a plus de 45 ans. En effet, à cette étape de la vie, il n’est pas rare de faire le
diagnostic d’un certain nombre de pathologies telles que le diabète de type 2,
l’hypertension artérielle, la dyslipidémie, etc. Or, elles nécessitent toutes une
approche nutritionnelle dans leur prise en charge. Aussi, chez des patients en
surpoids ou obèses, les co-morbidités n’apparaissent souvent qu’après plusieurs
années d’évolution.
La durée moyenne de suivi des patients était estimée à 7,92 ans. Selon la
DREES, 76 % des séances de généralistes concernent des patients suivis
régulièrement par le médecin qu’ils ont consulté. Comme nous l’avons vu
précédemment, les médecins généralistes sont souvent considérés comme étant une
82
source d’information fiable dans le domaine de la nutrition et il est accepté qu’ils
puissent parler d’alimentation avec leurs patients. C’est justement parce que la
relation médecin-malade est une relation de confiance réciproque qui s’établit au fil
des années, que le médecin généraliste est un interlocuteur clé pour aborder des
sujets relatifs à la nutrition en consultation.
Dans notre étude, les antécédents retrouvés étaient nombreux. Les plus
représentés étaient : le surpoids ou l’obésité (31,37%), les troubles psychiatriques
(21,56%), le diabète de type 2 (19,61%), l’HTA (19,61%) et la dyslipidémie (17,64%).
Nous pouvons noter que la prévalence de surpoids/obésité dans notre étude est
supérieure de celle de l’obésité en France chez l’adulte en 2009 selon l’enquête
ObEpi. En effet, dans cette enquête, elle s’élève à 14,5%. Cependant, étant donné
que nous avons concentré notre travail sur les consultations faisant l’objet d’une
approche nutritionnelle, cet élément peut également expliquer le pourcentage élevé
de patients en surpoids ou obèses dans notre étude. De plus, l’enquête ObEpi a
étudié l’obésité en particulier, alors que dans notre travail, la prévalence citée
englobe à la fois surpoids et obésité.
Concernant les autres antécédents que nous avons le plus fréquemment retrouvés,
leur prévalence en France est la suivante :
augmentation de la glycémie à jeun chez les adultes de 25 ans et plus :
hommes 7,2 %, femmes 4,3%, selon l’OMS (2008) 23,
hypertension artérielle chez les adultes de 25 ans et plus : hommes 29,1%,
femmes 16,2%, selon l’OMS (2008) 23,
dyslipidémie : 48% des français âgés de 35 à 64 ans, selon les données
de l’enquête Mona Lisa (2006-2007) 24
83
présence d’au moins un trouble psychiatrique : 18,4% ; troubles anxieux :
12% ; troubles de l’humeur : 8,5% ; syndromes d’allure psychotique : 2.8%,
selon l’enquête ESEMED 2002 (European Study of Epidemiology of Mental
Disorders) 25,
Dans notre étude, la prévalence de l’HTA est proche de celle de l’OMS :
18,75% des femmes ont une HTA (versus 16,2% pour l’OMS), ainsi que 21,05% des
hommes (versus 29,1% pour l’OMS).
Concernant notre prévalence de diabète, elle est plus élevée que celle retrouvée par
l’OMS. Il est à noter qu’une grande partie de notre population souffre de surpoids ou
d’obésité qui est un facteur d’insulinorésistance. En effet, en France, la prévalence
du diabète de type 2 chez les personnes obèses est estimée à 12% 12. Notre travail,
quant à lui, retrouve une prévalence de 13,33% dans notre population ayant un
surpoids ou une obésité.
Pour la dyslipidémie, l’écart est plus marqué par rapport aux chiffres de la littérature.
L’enquête Mona Lisa a pris en compte uniquement la population âgée de 35 à 64
ans. Or dans notre étude, il s’agissait d’analyser des consultations de médecine
générale sans tenir compte de l’âge. Nous avons inclus aussi bien des enfants que
des personnes de plus de 64 ans.
Du fait que notre travail porte sur une série volontairement ciblée de patients peut
illustrer quelques différences quant aux études plus globales réalisées à l’échelle
nationale voire européenne.
Quant à la prévalence des troubles psychiatriques, celle-ci est assez proche des
chiffres de l’étude ESEMED 2002, d’autant que les troubles que nous avons
84
rencontrés chez nos patients étaient : des troubles anxieux, de l’humeur ou
psychotiques.
La majorité des patients étudiés avait au moins deux antécédents (62,75%).
Dans le cadre de patients polypathologiques, les antécédents les plus fréquemment
retrouvés étaient : surpoids/obésité (46,88%), diabète de type 2 (31,25%), HTA
(31,25%), tabagisme actif (31,25%), dyslipidémie (28,13%) et troubles psychiatriques
(28,13%). Ceci peut nous amener à penser que ces pathologies seraient liées les
unes aux autres. En effet, lorsque nous analysons de plus prêt la population en
surpoids ou obèse, nous constatons que 40% d’entre eux souffrent de troubles
psychiatriques, 13,33% souffrent de diabète de type 2 et/ou de dyslipidémie et 6,67%
sont atteints d’HTA.
Dans notre population, un tabagisme actif a été recensé chez 19,61% des
patients. La majorité des patients tabagiques était des femmes (80%). En 2011 ;
l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) a publié les chiffres de prévalence du tabagisme
en France pour l’année 2010 26. La prévalence globale (fumeurs quotidiens et
occasionnels) s’élevait à 33,7% avec 37,4% d’hommes et 30,2% de femmes. Dans
notre étude, la prévalence retrouvée n’atteint pas de tels chiffres. Ceci est
probablement lié au fait que la population étudiée est ciblée précisément sur les
approches nutritionnelles. De plus, 62,75% de nos patients étant des femmes, ceci
concorde avec le fait que nous ayons une majorité de femmes (80%) parmi les
fumeurs, contrairement aux chiffres de l’InVS qui montre plutôt une prédominance
masculine.
85
Par ailleurs, l’âge moyen de notre population tabagique était de 43,3 ans. Or, selon
l’InVS, la prévalence du tabagisme chez les femmes en 2010 était maximale entre 20
et 25 ans (39%) et atteignait 33,9% chez les femmes âgées de 35 à 44 ans. Cet
écart pourrait être dû au fait que la moyenne d’âge de notre population globale était
de 47,33 ans.
Dans notre travail, nous avons constaté que 60% des patients tabagiques souffraient
de surpoids ou d’obésité. Aussi, existe-t-il un lien entre tabac et surcharge
pondérale ? Selon plusieurs études, il semble que les fumeurs ont globalement un
IMC (Indice de Masse Corporelle) et un tour de taille plus faible que les non fumeurs.
La plupart des fumeurs prennent surtout du poids à l’arrêt du tabac. Cependant, une
forte consommation de tabac (au moins 20 cigarettes par jour) semble avoir l’effet
inverse avec une augmentation du tour de taille de manière dose-dépendante.27,29
Elle favorise notamment l’accumulation de dépôts de tissu adipeux abdominaux péri-
viscéraux. Chez les femmes, une forte consommation serait également responsable
d’une augmentation de la masse grasse globale.
En effet, la nicotine, est à l’origine, entre autre, d’une accumulation de tissu
adipeux, d’une insulinorésitance, d’un effet anti-œstrogène et d’une élévation du
cortisol.27 Tous ces éléments sont donc en faveur d’une surcharge pondérale et
également du développement éventuel d’un diabète de type 2.
De plus, il semblerait que les personnes consommant du tabac à forte dose soient
plus exposées à un mode de vie sédentaire, une moindre consommation de fruits et
légumes et une consommation plus importante d’alcool. Un tel mode de vie est
également pourvoyeur de surpoids et d’obésité. 27,28,29,30
86
Une étude japonaise a également montré qu’il existait un lien inverse entre tabac et
obésité. En effet, il semble que la consommation de tabac est plus fréquente parmi
les personnes obèses en comparaison avec les personnes non obèses ou en
surpoids. De plus, les personnes obèses fumeraient en moyenne un plus grand
nombre de cigarettes 31
Parmi les patients tabagiques de notre étude, 40% avaient des troubles
psychiatriques (psychose, dysthymie) et 30% avaient une surcharge pondérale
associée à un trouble psychiatrique. En effet, une étude américaine de 2011 32 a
montré que certains troubles psychiatriques, en particulier, la schizophrénie, le
syndrome de stress post-traumatique et les troubles bipolaires, augmentaient le
risque à la fois d’être obèse, sédentaire et de consommer du tabac.
2. Les consultations
Nous avons vu que dans les 51 consultations sélectionnées, les principaux
motifs de consultation étaient : un renouvellement d’ordonnance, le suivi ou une
découverte de diabète, le suivi d’un surpoids ou d’une obésité et/ou l’analyse du
carnet alimentaire et la remise de résultats d’examens complémentaires.
Une enquête de la DREES en 2004 a révélé que l’HTA est le motif le plus
souvent signalé (16,6% des cas). Viennent ensuite les examens systématiques et la
prévention (8,2%), l’anxiété (7,9%). La dépression n’apparait que dans 4,9% des
cas, l’hyperlipidémie dans 4,7% et le diabète dans 4,4% des cas. Le surpoids ou
l’obésité ne figurent pas parmi les motifs de consultation les plus fréquents de cette
étude 22.
87
Le fait que nous ayons un taux élevé de motifs relatifs à une surcharge pondérale
peut aisément s’expliquer par le fait que nous avons sélectionné les consultations
traitant uniquement de nutrition et que le médecin C a un exercice orienté en partie
dans ce domaine. De même que dans notre travail, la prévalence élevée de diabète,
notamment chez les patients en surcharge pondérale, est cohérente avec le fait que
le diabète fasse partie des motifs les plus fréquemment évoqués.
Dans notre étude, 28,81% de l’ensemble des consultations de notre base de
données, font l’objet d’un message nutritionnel. Ce chiffre est inférieur au
pourcentage de 42,4% retrouvé en 2007 dans l’étude Nutrimège réalisée dans le Val
de Marne9 qui portait sur un échantillon de 60 médecins généralistes.
Dans 49,02% des cas, l’abord d’un sujet nutritionnel est à l’initiative du
médecin, contre 81,6% dans l’étude Nutrimège. Selon une enquête de la SFMG en
2006 11, les Français seraient de plus en plus préoccupés par la nutrition. Ainsi, nous
pouvons supposer que cet écart est dû au fait que l’intérêt de la population dans ce
domaine est croissant, d’autant qu’il s’agit d’un sujet que l’on pourrait qualifier « à la
mode » depuis quelques années et fréquemment traité dans les médias et
notamment les magazines féminins. Nous pouvons supposer que si les sujets d’ordre
nutritionnel sont peu à peu devenus une préoccupation de santé publique, cela est
probablement lié à l’augmentation de la prévalence de sujets en surpoids ou obèses,
ainsi qu’à l’identification des risques afférents à l’excès de poids.34
La plupart des consultations abordant une thématique nutritionnelle n’y étaient
pas dédiées. Ceci nous permet de rappeler que la nutrition ne concerne pas
88
uniquement les patients ayant un problème de poids ou souffrant de troubles du
comportement alimentaire. En effet, comme nous l’avons vu, le mode d’alimentation
joue un rôle important dans la prise en charge préventive et curative d’un grand
nombre de pathologies chroniques. Les patients n’ont pas toujours conscience du
lien qu’il peut exister entre leur mode de vie, notamment leurs habitudes
alimentaires, et certaines des pathologies dont ils souffrent. Peut-être ceci explique-t-
il également que dans presque la moitié des situations, cette approche émane du
praticien.
Les messages de prévention font partie intégrante de l’exercice du médecin
généraliste. Or, la plupart du temps, les patients consultent pour une pathologie dans
un but curatif. Il est très rare qu’ils prennent rendez-vous pour aborder uniquement
des sujets relatifs à la prévention. Il revient alors au médecin d’identifier les moments
propices à une intervention préventive au sein des consultations. En dehors des
suivis pour une surcharge pondérale, les messages nutritionnels des médecins sont
souvent axés sur la prévention. Par exemple : les conseils sur la limitation des
apports en alcool et en sel pour prévenir un déséquilibre de l’HTA, éviter un excès de
graisses saturés pour prévenir une dyslipidémie, etc.
Pour les patients, il peut être difficile d’aborder le sujet de la nutrition de manière
directe. Le surpoids ou l’obésité peuvent, pour certains d’entre eux, ne pas être
considérés comme une réelle maladie. Se pose alors pour eux la peur d’être jugé par
le médecin, ce qui peut entrainer une réaction d’évitement des sujets nutritionnels.
Nous supposons que l’ensemble de ces éléments explique, pour une part, que les
sujets d’ordre nutritionnel apparaissent « au fil de l’eau » dans les consultations.
89
Concernant les modes d’entrée dans une thématique d’ordre nutritionnel, les
résultats biologiques figurent en première position. En effet, certains marqueurs tels
que la glycémie ou l’hémoglobine glyquée dans le diabète, le taux de cholestérol
dans les dyslipidémies, etc, peuvent être le reflet des habitudes alimentaires du sujet,
lorsqu’ils sont perturbés. Ceci peut constituer une aide pour le médecin afin de
justifier sa démarche d’enquête nutritionnelle et de mise en place de modifications
des habitudes du patient. Les résultats constituent un prétexte facilitant l’adhésion du
patient à une prise en charge sur le long terme.
Dans notre étude, la durée moyenne de consultation est de 20 minutes 34
secondes, dont en moyenne 4 minutes 39 secondes consacrées à un message
nutritionnel. Si nous confrontons ces résultats l’étude Nutrimège 9 et à une étude
australienne réalisée en 2003 4, celles-ci précisent que la durée de consultation
moyenne est de 16,5 minutes dont 1 minute d’approche nutritionnelle pour l’étude
française et 14,6 minutes de consultation pour 5 minutes ou moins d’approche
nutritionnelle en Australie. Le temps consacré à un message nutritionnel dans notre
étude est un plus important que dans l’étude Nutrimège. Ceci peut s’expliquer par le
fait que notre durée moyenne de consultation est également plus longue d’environ 4
minutes, ce qui se rapproche d’avantage de l’étude australienne en matière
d’échanges sur les sujets nutritionnels.
3. Les thèmes abordés
Dans notre étude, parmi les thèmes en lien avec la nutrition, la forte
prévalence des thèmes tels que le surpoids ou l’obésité, l’activité physique, le carnet
alimentaire, les régimes ou encore l’hyperphagie, peut s’expliquer par le fait que près
90
d’un tiers (31%) de notre population est atteinte de surpoids ou d’obésité. En effet,
toutes ces occurrences tournent autour de ces deux sujets.
Par ailleurs, la fréquence avec laquelle le thème du diabète est évoqué est
probablement liée à la prévalence élevée de diabète de type 2 dans notre étude
(22%) et le fait que le suivi et/ou la découverte d’un diabète y soit le deuxième motif
de consultation le plus fréquent avec une prévalence de 11%.
Les douleurs abdominales et/ou troubles du transit font également partie des
motifs de consultation les plus fréquents (8%), Le lien possible entre la
symptomatologie intestinale et les choix alimentaires peut expliquer leur fréquence
en consultation.
La dyslipidémie est abordée dans 10% des consultations. En effet, la
prévalence de cette pathologie dans notre population est de 18%. Dans la littérature,
la dyslipidémie fait partie des sujets les plus fréquemment évoqués en consultation
dans le cadre nutritionnel 11. La conjonction des prédispositions familiales, la
consommation des graisses saturées et la prévalence du surpoids explique en
grande partie sa fréquence. Puisqu’il s’agit, pour l’essentiel, d’un motif de recours en
soins primaires, les médecins généralistes sont amenés à les rencontrer d’autant
plus. De nombreuses études sur l’obésité, recommandations de bonne pratique et
campagnes de prévention ont ainsi vu le jour et les notamment les médias s’en sont
rapidement emparés pour diffuser un certain nombre de messages au grand public.
Dans le cas de la dyslipidémie, rappelons-nous les publicités faites pour les aliments
91
« anti-cholestérol » tels que les yaourts Danacol®, la margarine Fuit d’Or pro-activ®
ou tous les produits alimentaires enrichis en Oméga 3.
Malgré une prévalence de l’HTA de 20% dans notre population, cette
pathologie est moins souvent évoquée dans un cadre nutritionnel (4%). Ceci semble
cohérent avec les données de la littérature qui ne classent pas l’HTA parmi les sujets
fréquemment évoqués en consultation dans un cadre nutritionnel 11. De plus, de
nombreux médecins généralistes estiment qu’une approche nutritionnelle est moins
justifiée dans des pathologies telles que l’HTA, que dans la prise en charge d’un
diabète, d’une dyslipidémie ou d’une obésité 14.
Un autre argument pourrait être que contrairement à la surcharge pondérale, pour
laquelle il n’existe pas de traitement médicamenteux à proprement parlé, l’HTA
relève quant à elle d’un traitement par des molécules anti-hypertensives. Pour
certains patients, il peut sembler inutile de se contraindre à suivre des règles
d’hygiène alimentaire alors qu’il existe des médicaments efficaces pour prendre en
charge l’HTA. Cette représentation pourrait également être retrouvée chez des
praticiens qui penseraient: « Du moment que l’HTA est bien équilibrée sous
traitement médicamenteux, pourquoi « ennuyer » le patient avec des conseils
nutritionnels qu’il ne suivra probablement pas ! »
4. Les représentations
« La relation de soin engage une confrontation entre les représentations
sociales de la maladie, celles du patient et du médecin. On peut supposer
improbable que la relation thérapeutique soit affranchie d’un système complexe et
mêlé de ces représentations. »34
92
Parmi les représentations d’ordre nutritionnel que nous avons choisies d’étudier, les
croyances étaient les plus représentées. 84% des 51 consultations sélectionnées
contenaient au moins une croyance. Comme nous l’avons évoqué en introduction,
les croyances se construisent ou se renforcent dans un contexte culturel défini.
Aussi, il semble difficile de modifier des comportements alimentaires acquis dans
l’enfance et en lien avec ces croyances. Une étude espagnole a montré que le fait
d’améliorer les connaissances nutritionnelles des individus ne permettait pas
nécessairement de modifier leur comportement alimentaire.33
Dans la plupart des cas, les représentations étaient repérées à la fois chez le
médecin et chez le patient.
Analysons certains dialogues cités dans le chapitre des résultats, afin
d’identifier comment cette démarche peut être bénéfique dans la relation de soin,
bien qu’elle repose parfois sur des croyances de santé partagées par le patient et le
médecin :
Exemple 1 : Médecin : « Votre tension artérielle est à 105/60 mmHg. Ce n’est
pas énorme, donc c’est sûr, il faut bien boire ! » (cf. Annexe 4)
Dans le cas des praticiens, leurs expériences professionnelles, leur vécu,
peuvent être à l’origine de certaines croyances, voire les renforcer dans certaines
situations.
Prenons l’exemple 1 : il est probable que l’expérience de situations pathologiques de
déshydratation (situations de déshydratation extracellulaire), vient nourrir la
représentation en assimilant l’hypotension à une baisse de la volémie. Les
expériences nourrissent toujours la représentation d’une situation actuelle.
93
Exemple 2 : Patient : « Cela me perturbe d’avoir du cholestérol alors que je
n’en fais pas. Est-ce que c’est la période sucrée qui fait ça ? Ou bien la
période où j’avais acheté des Taillefine® ? (cf. Annexe 8)
La croyance du patient est qu’une dyslipidémie a pour origine une alimentation
sucrée. Toutefois un autre élément pose question. En effet, il serait intéressant de
connaître la représentation du patient sur le cholestérol, d’autant que dans ce
dialogue émerge un élément paradoxal sur l’origine (acquise ou innée) de la
dyslipidémie : « Cela me perturbe d’avoir du cholestérol alors que je n’en fais pas. »
Il semble à la fois penser que le cholestérol provient « d’une fabrication » par
l’organisme, mais peut-être aussi d’une alimentation sucrée. Que nous dit ce
patient ? Par son discours paradoxal, il donne au médecin les clés d’une
compréhension de ses représentations, à savoir : « Je ne fais pas le cholestérol. »
(notion de responsabilité, voire de faute, cause intrinsèque) ; « Je l’ai » (cause
extrinsèque). La première étape de la prise en charge de ce patient passe par une
compréhension de sa représentation du cholestérol, de manière à l’éclairer sur les
causes d’une dyslipidémie. S’il ne comprend pas les origines de cette pathologie, il
ne verra pas l’utilité de suivre les conseils hygiéno-diététiques prodigués et son
adhésion aux soins risque d’être médiocre.
Exemple 3 : Patient : « Plus je fais attention, plus je fais du vélo et plus je
marche, plus j’ai tendance à ballonner. » (cf. Annexe 5)
Cet exemple permet d’identifier chez le patient la croyance qu’il y a un lien
entre une bonne santé et la pratique d’une activité physique. Rappelons que le
noyau central est un élément stable et peu modifiable de la représentation. Or dans
94
cet exemple, le noyau central est très fortement mis en danger par les éléments
périphériques que sont le ballonnement et le sentiment d’échec. Si ces éléments
venaient à perdurer, le patient risque de ne percevoir aucun bénéfice à faire un effort
et de ne plus assimiler la pratique d’une activité physique au maintien d’une bonne
santé. Dans l’objectif d’éviter ce point de rupture, il incombe au médecin d’aider le
patient d’une part en soulageant les symptômes provoquant sa gêne, et en lui
suggérant de pratiquer avant tout une activité physique qu’il aime de manière à ce
que cette démarche puisse s’inscrire dans la durée.
Exemple 4 :
o Médecin : « Si déjà pendant trois mois vous mangez correctement,
vous allez perdre 15 kg et vous n’aurez plus de cholestérol. On
essaye. »
o Patient : « Pas matin, midi et soir ? »
o Médecin : « Non. Je propose qu’on parte de ce que vous faites et après
on voit ensemble comment on peut remplacer. Il faut que vous pensiez
protides et fibres à chaque repas. Ce sont les protides qui donnent la
satiété. »
o Patient : « Il y a aussi là dedans, vous allez me dire que ce n’est pas
vrai, une question de moyens. »
o Médecin : « Si, c’est un peu vrai. C’est moins cher d’acheter du pain
que d’acheter de la viande. »
Le médecin a comme croyance qu’un changement d’alimentation sur 3 mois
permettra au patient de perdre 15kg et de traiter la dyslipidémie. Il semble certain de
la réussite de cette méthode. Or, dans une démarche de perte de poids, le travail sur
95
les apports alimentaires n’est qu’une partie de la prise en charge et ne peut
constituer à lui seul un gage de réussite. De plus, une perte de 15 kg sur une période
aussi courte semble très difficile à atteindre, à moins d’une restriction extrême. Quant
au cholestérol, il n’est pas certain que les règles hygiéno-diététiques seules
permettent de traiter la dyslipidémie. Il arrive en effet que malgré une bonne
adhérence aux modifications alimentaires, l’introduction d’une statine soit nécessaire.
Les objectifs posés par le praticien semblent difficiles à atteindre et risquent de
mettre le patient en situation d’échec. Ici, nous pouvons penser que l’affirmation par
le médecin d’une certaine infaillibilité de sa procédure de soin vient renforcer l’image
de toute puissance qu’a le médecin au regard de sa fonction. Le « faites-moi
confiance ! » implicite dans cette allégation porte le risque d’une déception
potentielle pour le patient s’il échoue au bout des trois mois. La croyance opère
favorablement pour le médecin, mais comporte un risque pour le patient.
On rencontre parfois un mélange de croyances et de préjugés. Comme nous l’avons
vu dans les résultats, les éléments périphériques de cette représentation sont la
contrainte liée à la mise en œuvre et au maintien des conseils nutritionnels, et le coût
de l’alimentation que le patient évoque comme frein à un processus
d’amaigrissement. Ici, ces éléments sont très forts car ils confortent le patient dans
son préjugé qui est que sa tentative de perte de poids est vouée à l’échec, quoi qu’il
fasse. Afin d’éviter cette mise en échec, l’un des rôles du médecin est d’intervenir sur
les éléments périphériques de la représentation afin de les faire évoluer de sorte que
le patient accepte qu’il a une chance de réussite.
96
Exemple 5 : Médecin : « La confiture le soir, c’est nouveau ça ! Non, non, pas
de confiture. C’est hyper sucré. Mangez un yaourt ou un fruit, mais pas de
confiture ! »… « Les glycémies sont bien meilleures. A part les jours où vous
mangez de la confiture ! » (cf. Annexe 10)
Cet exemple illustre la croyance du médecin qu’un diabétique ne peut pas
manger de confiture, au risque de voir ses glycémies trop élevées. Il est vrai que
dans le cas de patients diabétiques, il est recommandé d’éviter de consommer des
aliments à index glycémique élevé, de manière répétée ou excessive. Toutefois, il ne
s’agit pas de bannir complètement certains aliments, au risque d’engendrer une
frustration. Le risque est un jour de « craquer » et d’ingérer les aliments « interdits »
en quantité excessive de manière à compenser la frustration. Ici, la représentation du
médecin procède d’une réduction de la maladie diabétique à un sucre simple, voire à
un type d’aliment qui fixe sa croyance dans un espace cognitif limité. Le patient
trouve dans le discours du médecin un point de fermeture et en même temps un
risque que lui-même réduise son diabète à la même représentation.
Exemple 6 : Médecin : « Le Coca® c’est de la cochonnerie ! » (cf. Annexe 5)
Afin d’être précis dans l’analyse des représentations, il serait intéressant d’avoir
un rôle actif au sein des consultations, de manière à interagir directement avec les
différents intervenants.
Dans l’exemple 6, si nous avions pu communiquer avec le médecin et par exemple le
questionner sur la limonade, peut-être n’aurait-il pas eu le même jugement de
« cochonnerie ». Ici il serait donc intéressant de chercher à savoir ce que le Coca®
représente pour le médecin. Peut-être est-ce le renvoi au stéréotype de « la
malbouffe » américaine et de la restauration rapide (fast-food) ? Il s’agit ici d’une
97
représentation péjorative qui s’affirme par un jugement. Tout comme dans l’exemple
5 sur la confiture et le diabète. Dans l’exemple de la confiture, le médecin semble
dire au patient : « Cet aliment n’est pas bon pour ce que vous avez. » En ce qui
concerne le Coca®, le jugement renforce vraisemblablement l‘expression de la
conviction du médecin : « Le Coca ® ce n’est bon pour personne. »
Exemple 8 : Patient d’origine asiatique: « La diététique française est l’une des
meilleures je crois. » (cf. Annexe 10)
Le patient exprime le stéréotype de la cuisine française qui est l’une des
meilleures du monde. Il renforce cette représentation en rajoutant en fin de phrase
« je crois ». Ici, le patient, d’origine asiatique, ne précise pas ce qu’il entend par
« diététique ». Est-ce une référence à la cuisine française, au goût de cette cuisine ?
Selon lui, la cuisine française est-elle plus saine que la cuisine asiatique ?
Pourquoi ? Les réponses à ces questions permettraient d’en savoir davantage sur la
représentation qu’il a de la diététique française. Etant donné qu’il semble en avoir
une représentation positive, elle pourrait constituer une aide dans une démarche
d’adhésion aux conseils nutritionnels prodigués.
Dans cet exemple, la question de l’intégration est également abordée. Le patient
énonce au médecin « français » un stéréotype flatteur intégré dans le noyau central.
En effet, la cuisine est l’un des éléments forts de l’identité française, et elle participe
au noyau central qui fonde le « bien vivre en France ». Il reconnait simplement
vouloir accéder à un élément de culture (celle du médecin) qui n’est pas la sienne.
98
Exemple 9 :
o Patient : « Je m’affame volontairement et j’aime beaucoup ça. Là je me
trouve trop grosse. »…« J’ai un problème avec mon corps. Au niveau
du ventre j’ai la peau vachement détendue, donc ça me…voilà. »
o Médecin : « A cause de la césarienne ? »
o Patient : « Oui, du coup j’ai un peu peur du cliché de la mère de famille
célibataire et j’ai vraiment envie de me plaire et de plaire. Du coup je
fais super gaffe à ce que je mange… »
Dans cet exemple, la patiente fait référence au stéréotype de « la mère de
famille grosse et célibataire ». Dans le chapitre résultat, nous avons identifié le noyau
central et les éléments périphériques de cette représentation. Comme nous l’avons
vu, il existe aussi une zone muette : « donc ça me…voilà ». Visiblement la patiente
cherche à cacher une partie de la représentation qu’elle a de son corps. Pour
découvrir le contenu de cette zone muette, nous aurions dû avoir un rôle actif dans
l’échange avec la patiente, de manière à la questionner sur son propos, par exemple
par « donc voilà quoi ? Qu’entendez-vous par là ? ». La relation médecin-malade est
une relation de confiance mutuelle. Le patient doit pouvoir se confier à son médecin
y compris sur les choses qui lui semblent indicibles, voire « inavouables ». Ce n’est
que de cette façon que le praticien sera à même de le guider au mieux dans la prise
en charge. Si toutefois il est difficile pour le patient de se livrer spontanément, le
médecin doit y être attentif, mettre le patient à l’aise et amorcer lui-même la
discussion sur ces sujets, c’est-à-dire d’aller chercher les éléments de la
représentation qui sont à l’œuvre dans la relation de soin.
Dans ce dialogue, nous identifions également une représentation émanant du
médecin sur l’image du corps. Lorsque la patiente dit : « J’ai un problème avec mon
99
corps. Au niveau du ventre j’ai la peau vachement détendue, donc ça me…voilà. »,
le médecin répond : « A cause de la césarienne ? ». Ici le médecin à comme préjugé
que la peau du ventre distendue est certainement liée à la césarienne et il interprète
les propos de la patiente comme rejoignant sa propre représentation. Cet élément
d’interprétation est ensuite repris par la patiente, qui se le réapproprie en répondant
« Oui… ». Ceci nous permet d’illustrer que dans les échanges entre un médecin et
son patient, les représentations communes, même si elles sont erronées, permettent
une zone d’échange dans la relation de soin. (cf. schéma 2)
100
Schéma 2 - Discours et zone d’échange dans la relation de soin (D’après P
Cornet)
Discours du
médecin
Discours de la
science
Discours du patient
Discours profane
Interface de
discours commun
médecin patient
101
Une croyance partagée par le patient et le médecin est une zone de rencontre
dans deux discours et permet un échange entre les deux interlocuteurs. Cette
croyance ne constitue pas obligatoirement un obstacle à la qualité de la relation de
soin.
Imaginons que le discours scientifique et le discours profane n’aient aucune zone
commune. Que le discours du médecin se cantonne à celui de la science et celui du
patient au discours profane, alors aucune zone de rencontre ne serait possible. Il faut
que médecin et patient partagent des représentations communes, mêmes erronées,
pour échanger. (cf. schéma 3)
102
Schéma 3 - Discours sans zone d’échange (D’après P Cornet)
Discours du patient
Discours profane
Discours du
médecin
Discours de la
science
103
5. Les éléments de discours
Nous rappelons que les éléments de discours que nous avons choisi de
relever sont : le renforcement positif, la réassurance ou minoration de certains
évènements, le fait d’insister sur les points d’effort à réaliser, la sous-évaluation des
apports alimentaires et les éléments de discours indéfinis.
Dans le discours des médecins généralistes, l’élément le plus fréquemment
retrouvé était le renforcement positif avec une prévalence de 47%, suivi des
éléments de minoration/réassurance (12%).
Dans le discours des patients, la sous-évaluation des apports alimentaires était
majoritaire avec une prévalence de 14%.
6. Existe-t-il un profil de médecin ?
Lors de notre travail, nous nous sommes posé la question de l’existence de
profils de médecins généralistes, c’est-à-dire : des médecins ayant certains types de
représentations ; étant davantage sujets à des croyances, des préjugés ou des
stéréotypes ; l’influence de leurs formations éventuelles, du type de patientèle qui les
consulte ; l’influence de leurs propres représentations sur leur mode d’exercice et la
relation de soin, etc. Les praticiens qui ont le plus de croyance privilégient-ils les
éléments de discours de « renforcement positif/réassurance » ? Ceux qui ont le plus
de préjugés ont-ils un discours plutôt axé sur les « points d’effort » à réaliser ?, etc.
Nous avons fait une tentative exploratoire de définir des profils de praticiens, mais
plusieurs éléments représentaient un obstacle à la réalisation de cette recherche :
104
notre étude porte uniquement sur des consultations en lien avec une
approche nutritionnelle. Une analyse de profil de médecin nécessite de
prendre en compte toutes les consultations et tous les sujets de la médecine
générale ;
il faudrait réaliser une étude à plus grande échelle, or notre travail porte sur
une sélection de 51 consultations ;
il est difficile d’identifier des profils de médecins sur la base de quatre
praticiens. Il convient d’étudier un plus grand nombre de médecins
généralistes pour arriver à des hypothèses fiables.
B. Limites de l’étude
1. Le nombre de consultations étudiées
Bien que cette étude représente un long travail de sélection, l’extraction finale
représente 51 vidéos traitant du domaine de la nutrition en médecine générale, soit
28,8% de l’échantillon total à disposition. Pour développer davantage encore les
différentes représentations d’ordre nutritionnel de la population française, il serait
intéressant d’analyser d’autres consultations.
2. Le nombre de médecins généralistes
Les enregistrements vidéo regroupaient les consultations de quatre médecins
généralistes. Avec un nombre plus important de praticiens, nous aurions pu
compléter notre étude en tentant d’établir des profils de médecins généralistes eu
égard aux représentations.
105
3. La zone géographique
Les quatre médecins généralistes cités dans notre étude exerçaient tous en
Ile-de-France. Or, dans le domaine de la nutrition et des croyances qui s’y rattachent,
nous avons vu que le contexte culturel des individus joue un rôle important. Selon les
régions, les habitudes alimentaires et culinaires peuvent être différentes. Une
approche géographiquement plus diversifiée nous aurait permis d’établir d’autres
liens entre les représentations exprimées et les différentes zones géographiques
étudiées.
4. L’étude de la structure des représentations
Lors de l’étude de la structure des représentations selon le modèle de J-C.
Abric, nous avons expliqué quelques limites dans la mise en œuvre de la méthode
d’investigation du modèle. En effet, nous avons privilégié la recherche du noyau
central et des éléments périphériques des représentations. La méthode
d’investigation plus complète aurait nécessité d’avoir un rôle dynamique au sein des
consultations. Or ici, il s’agissait d’analyser des consultations à l’aide
d’enregistrements vidéo.
106
V. CONCLUSION
La santé en lien avec la nutrition est un sujet suscitant un intérêt croissant
auprès des Français et se trouve souvent au premier plan de l’actualité. 1, 11
Dans ce contexte, nous avons vu que la médecine générale constitue un cadre
privilégié et adapté pour élaborer des approches en matière de conseils nutritionnels,
d’autant que les patients sont de plus en plus demandeurs de conseils en la matière.
2, 11
Dans notre étude, cet engouement est illustré par le fait que 29% de
l’ensemble des consultations de notre base de données font l’objet d’un message
nutritionnel. Celui-ci durait en moyenne 4,5 minutes et émanait aussi bien du
praticien que du patient.
Dans les consultations de médecine générale étudiées, les messages et les
approches nutritionnelles se sont faits lors de consultations non dédiées à la
nutrition : « au fil de l’eau ». Ainsi, nous avons vu que le mode d’entrée le plus
fréquent dans le domaine de la nutrition était l’analyse de résultats d’examens
biologiques, qui étaient l’occasion d’aborder ce sujet.
Dans cette multitude de thèmes, le surpoids et l’obésité étaient prépondérants.
Les consultations contenant un message nutritionnel concernaient
majoritairement des femmes (63%).
L’antécédent le plus fréquemment retrouvé était un surpoids ou une obésité. Comme
nous l’avons montré, les patients souffrant de surcharge pondérale, sont sujets à
développer un diabète de type 2 et/ou une dyslipidémie, pour lesquels une approche
107
nutritionnelle fait partie intégrante de la prise en charge, aussi bien d’un point de vue
préventif que curatif.
Selon Pierre Mannoni 18, les représentations sont présentes dans la vie
mentale quotidienne des individus et c’est à elles que nous faisons le plus facilement
et le plus spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement.
Dans notre étude, nous avons constaté que parmi les représentations d’ordre
nutritionnel, les croyances étaient les plus représentées avec une prévalence de
93%. De ce fait, à l’approche purement nutritionnelle, s’ajoute donc pour le médecin
la prise en compte des croyances du patient. Ces représentations communes, bien
qu’erronées, permettent une zone d’échange dans la relation de soins.
S’y ajoute l’importance de valoriser le chemin parcouru par le patient, de le respecter,
le mettre en confiance, l’écouter et le déculpabiliser. Dans le cas des quatre
médecins généralistes de notre étude, l’élément de discours le plus fréquemment
retrouvé était le renforcement positif, suivi des éléments de minoration/réassurance.
L’ensemble de ces éléments est une des clés de la réussite des changements
nutritionnels proposés.
108
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