Fable pour économistes

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Sommuire. Cette fable satirique veut dBcrire, en puisant fortement dans le vocabulaire Bsoterique des kconomistes, la manie qu’ont ces demiers d‘aborder un problitme par le biais d’un modhle et la tentation qu’ils posshdent de perorer A partir de ce moditle sur ce que devrait &re la rkalitk. Donc, il Btait une fois, une tribu appelhe les Economix. Etant les sages de la contrhe, ils observaient la nature (6conomique) afin d’extrapoler des com- portements permanents et universels pour les autres membres de la tribu, les chasseurs. Toutefois, survint une querelle Bpique sur l’analyse du comporte- ment de l’oiseau, l’objet de leurs observations. Aprhs quelques moments de reflexion, l’on organisa un symposium et les deux Bcoles presentitrent leurs modkles. La premibre, aprks avoir observk, dans des conditions donnhes, Ie comportement de l’oiseau, emit l’opinion que la meilleure representation de l’oiseau en vol l’ktait par un avion A helice tandis que la seconde avanGa, sur des prkmisses totalement diffhrentes, une fusee A un ktage, comme Ctant la representation de l‘essence m&me de l’oiseau. Cependant, le symposium prit une toumure inattendue lorsque Pon s’engagea A parler de l’akronef en tant qu’aeronef plut6t que de l’aeronef comme &ant une simple approximation (par l’homme) de l’oiseau. Durant ce temps-lA, les chasseurs (non-Economix), privBs de leurs sages, cuntinuaient leur chasse quotidienne en utilisant beaucoup d‘information a priori que les Economix ne pouvaient inserer dans leur moditle. En effet, les non-Economix n’avaient jamais oublih que la rkalitB est concritte! Abstract. The purpose of this satirical fable is to illustrate, by borrowing freely from the esoteric vocabulary of the economists, the craze they have for ap- proaching problems by way of a model and their temptation to spout, basing themselves on that model, on what reality should be. So, once upon a time, there was a tribe called the Economix. Being the wise men of the country, they watched (economic) nature in order to extrapolate continuing and universal behaviour patterns for the other members of the tribe, the Hunters. However, a spectacular quarrel developed about the be- havioural analysis of the bird, subject of their study. After some time to think it over, it was decided to organize a symposium for the two schools to present their models. The fist one, having observed - in controlled conditions - the behaviour of the bird, suggested that the best representation of the bird in flight was a propeller lane, while the second school, basing itself on a com- representation of the very nature of the bird. However, the symposium took pletely different set o P premises, contended that a one-stage rocket was the * L’auteur est A l’emploi du ministhre des Finances du Gouvemement du Qukbec

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Sommuire. Cette fable satirique veut dBcrire, en puisant fortement dans le vocabulaire Bsoterique des kconomistes, la manie qu’ont ces demiers d‘aborder un problitme par le biais d’un modhle et la tentation qu’ils posshdent de perorer A partir de ce moditle sur ce que devrait &re la rkalitk.

Donc, il Btait une fois, une tribu appelhe les Economix. Etant les sages de la contrhe, ils observaient la nature (6conomique) afin d’extrapoler des com- portements permanents et universels pour les autres membres de la tribu, les chasseurs. Toutefois, survint une querelle Bpique sur l’analyse du comporte- ment de l’oiseau, l’objet de leurs observations. Aprhs quelques moments de reflexion, l’on organisa un symposium et les deux Bcoles presentitrent leurs modkles. La premibre, aprks avoir observk, dans des conditions donnhes, Ie comportement de l’oiseau, emit l’opinion que la meilleure representation de l’oiseau en vol l’ktait par un avion A helice tandis que la seconde avanGa, sur des prkmisses totalement diffhrentes, une fusee A un ktage, comme Ctant la representation de l‘essence m&me de l’oiseau. Cependant, le symposium prit une toumure inattendue lorsque Pon s’engagea A parler de l’akronef en tant qu’aeronef plut6t que de l’aeronef comme &ant une simple approximation (par l’homme) de l’oiseau.

Durant ce temps-lA, les chasseurs (non-Economix), privBs de leurs sages, cuntinuaient leur chasse quotidienne en utilisant beaucoup d‘information a priori que les Economix ne pouvaient inserer dans leur moditle. En effet, les non-Economix n’avaient jamais oublih que la rkalitB est concritte!

Abstract. The purpose of this satirical fable is to illustrate, by borrowing freely from the esoteric vocabulary of the economists, the craze they have for ap- proaching problems by way of a model and their temptation to spout, basing themselves on that model, on what reality should be.

So, once upon a time, there was a tribe called the Economix. Being the wise men of the country, they watched (economic) nature in order to extrapolate continuing and universal behaviour patterns for the other members of the tribe, the Hunters. However, a spectacular quarrel developed about the be- havioural analysis of the bird, subject of their study. After some time to think it over, it was decided to organize a symposium for the two schools to present their models. The fist one, having observed - in controlled conditions - the behaviour of the bird, suggested that the best representation of the bird in flight was a propeller lane, while the second school, basing itself on a com-

representation of the very nature of the bird. However, the symposium took pletely different set o P premises, contended that a one-stage rocket was the

* L’auteur est A l’emploi du ministhre des Finances du Gouvemement du Qukbec

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an unexpected turn when it was decided to discuss the aircraft as an aircraft, rather than as an approximation of the bird (by man).

In the meantime, the Hunters (non-Economix) , deprived of their wise men, went on with their daily hunt, using a lot of a riori information that the

had never forgotten the concrete character of reality. Economk could not incorporate in their models. T 'E, e non-Economix, you see,

I1 ktait une fois, dans une contrCe trks lointaine, une tribu d'indiens appelks les Economix. Comme ils ktaient dans leur pCriode dage d'or, ils vivaient en paix 011, plus spircifiquement, en pax economica. L'on y pratiquait par surcroit les principles de la concurrence pure et parfaite et l'on y mettait Cvidemnient en application tous les principes relatifs une division du travail saine et efficace.

Leur gape-pain, quoique trks sp&ialisk, ktait t r k s simple ct il permet- tait, facilement, au plus bgk de ces Economix unc rhunkration relative- inent Cquivalente B l'effort ultime fourni. Mais quel Ctait plus prkciskment leur contribution au bien-&re collectif ? Puisqu'ils ktaient un tantinet soit peii magiciens, ils jouaient le r61e de sages. En effet, dQ d leur spkcificitb propre, ils observaient la nature (bconomique) afin d'en extraire des cons- tantes pour ensuite mieux en extrapoler des comportements dits perma- nents. Les rksultats de ces observations et de ces cogitations ktaient finale- inent dcstinks aux non-initiks (non-Economix ) pour que ces derniers puissent apprkhender ou mieux saisir la rkalitk (kconomique), et par le fait mCme, cela permettait aux bbotiens de cette science dambliorer leur rendement marginal dans leur travail. Les Economix vivaient donc de ce commerce qui, parait-il, Ctait, cependant, t r ks lucratif pour certains d'entre eux. C'ktait l'astrologie du temps, quoi ! ( Lhistoire ne se rkpkte-t-ellepas ?)

Toutefois, comme dans tout groupe oh s'entrechoquent les idkes neuves et anciennes, une querelle du genre les Anciens et les Modernes vit jour. Comme nous l'avons d6jA dit, les Economix btaient des nuturulistes. Toujours est-il qu'au cours d'une de ces skances consacrees B l'observation de la nature (kconomique) l'on buta sur une difficult6 jugGe, a priori, insurmontable. Prkcisons davantage quel Ctait le contenu de cc litigieux probl4me. En effet, un groupe d'ornithologistes (consCquence de la division du travail pratiquke ) kmirent des opinions effectivement trks diffkrentes et, pis est, tr&s divergentes sur le phhomkne observk, en I'occurence le comportenient de l'oiseau et, par voie de consCqucnce, sur les conseils B donner aux non-initiks. Voyons voir d'un peu plus prits. Les uns &rmaient avoir vu l'oiseau qui, dhs l'envol, prenait un Clan gracieux pour ensuite planer librement avant de disparaftre complktement dans le firmament, tandis que d'autres dhclaraient, ex cathedra, que I'oiseau dkcollait B la verticale, qu'il planait, virevoltait pour finalement dis- paraitre dans le bleu azur du ciel. Comine nous pouvons le constater, Yon Ctait unanimement d'accord sur un point fondamental, A savoir que

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l'oiseau eff ectivement volait. Par contre, l'antagonisme naissait dds que l'on essayait de specifier l'essence de l'oiseau.

Devant ce conflit gknkralisk et aussi devant l'hentualitk qu'une telle diversitk &opinions puisse entrainer une trop forte baisse dans la de- mande de leurs produits, qui ktaient en l'occurence des consultations, l'on dkcida de convoquer un symposium sur le sujet oh l'on demanderait A chaque kcole de penske de bien conceptualiser et de bien formaliser leur thkorie pour que l'on puisse arriver A un consensus commun en matidre de conseils. Et c'est ainsi que tous les Economix retournBrent A leur lieu d'observation pour mieux approfondir leur connaissance et mieux se prkparer mentalement. Certains all&rent donc dans des vallkes tandis que d'autres s'aventurkrent sur des plateaux.

Le jour J venu, tous et chacun vinrent au symposium et le scbnario fut approximativement le suivant : chaque kcole de penske prksente vanta les performances de son moddle, c'est-A-dire que l'on insista dabord sur l'universalitk, la gknkralit6 et le sens commun des hypotheses fonda- mentales, puis sur la structure simple et concise du moddle, ensuite sur les caractbristiques propres telles que les conditions dexistence, dunicitk et de stabilitk en pbriode d'kquilibre ainsi que du dynamisme inhkrent au modBle et finalement de la pertinence des conclusions que I'on peut tirer de ce moddle. Puis par simulation d'kvknements choisis scientifique- ment au prkalable, l'on dkmontra la supkrioritk de son modhle sur celui present6 par le voisin grilce aux tres fortes qualitks de rktrospective et de prospective ainsi obtenues. Pour mieux faire comprendre l'essence du dAbat, nous allons dkcrire, comme kchantillon, la position de deux kcoles bien spkcifiques.

I1 y avait tout d'abord les Economix qui avaient cherchk refuge dans les vallkes. Par voie de conskquence, ils mirent l'accent donc sur les phases de dkcollage de l'oiseau ainsi que son klan et ils conceptualiskrent donc logiquement, conformkment aux faits observks. AprBs moult et moult rkflexions, la representation, A l'kchelle humaine, de leurs observa- tions prit la forme tres sphcifique d'un type d'akronef, I'avion A hklice.

Comme nous pouvons facilement le dkduire, le fait d'klaborer dun proto- type tel que l'avion A hklice, strictement B regarder les kbats d'un oiseau lors des pkriodes de pkrkgrination de ce dernier signifie, pour les Economix de la vallke, que tel ou tel geste posk, B un moment donne par l'oiseau, rkflktait l'essence meme de l'oiseau tandis que toutes les autres situations observees, ceteris paribus, n'etaient qu'accessoires, fortuites et possible- ment accidentelies. Toutefois, mmme ces Economix ne pouvaient pas analyser, outre mesure, le comportement de l'oiseau en dehors de leur champ de vision et que, par voie de conskquence, n'kmettre aucune conclusion sur le comportement de l'oiseau en haute altitude ainsi que sur les qualites de rksistance en haute atmosphGre, ils conclurent la

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non-pertinence dc ces observations possibles en les excluant soit dans les hypothbses inhbrentes A tout modble, soit en les catkgorisant dans les kldments observks peu importants et donc peu susceptibles de mettre en doute les conclusions d6jA obtenues par le mod&. Donc, en rksum6, cette &ole de pens& favorisait un modkle ou cadre de rCfArence qui fut relativement Clabork et, par voie de conskquence, qui contenait naturelle- mcnt beaucoup de variables esplicatives.

Par contre, les Economix qui s'aventurkrent dnns les plateaux obser- vkrent certains gestes qui yrovoqukrent certaines &flexions. 11s con- statbrent que ce qui etait primordial et important, en haute altitude, ce n'ktait point le dccoll'ige, ni la phase grxieusc de I'klan, mais plutbt la vitcsse, la forme adrodynamique, la forte rksistance aux intempAries et ils imaginkrent donc un nouveau type dakronef, In fuske A un &age. En cl'autres termes, ils affirmaient qiie Yon devait mettre de I'avant un modiile t r b peu &labor& comportant peu de variables expliratives et chercher ainsi la fornie la plus concise possible. C'est ainsi que Yon jugea pure- ment accessoriel tout ce qui se rapportait aux 6vt.nements en basse alti- tude ct donc peu susceptible de modifier les conclusions1.

Les CaractAristiques des deux Acoles &ant bnonckes, nous pouvons maintenant jeter un coup d 'e i l sur I'kvolution de la querelle. Au d&ut, I'on s'exconmunia niutuelleinent, appelant les adversaires de tenants dhbrdsie, de non-orthodoxes ou dorthodoxes suivant le cas. Conime Yon n'obtcnait rien dc ces ana thhes , Yon dkcida de passer au crible les deux niodt.les pour voir quels ktaient lcurs points de recoupement, de simili- tude, de convergcnce et de divergence. L'on dkclara prkremptoircment, devant le public assemblk, que c'etait sous l'kgide de la science que I'on posait ce geste, alors que tous les non-inities perpirent et constatkrent que c'btait surtout causk par la crainte de perdre leurs rbles de sages.

Cependant, bien que l'on dCmontra, mutatis mutandis, que chaque mod& ainsi tlaLorC h i t trbs pertinent, compte tenu de ces limit a t' ions originellcs consPcutives A certains jugenients de valeur, I'on ne put atteindre une position mddiane ou m&me un compromis. En effet les tenants des deux kcoles affirmaient le gknbralit6 de leur modble, de sa perfection comme cadre de rkference, quels que soient les lieux et les pttriodes d'observation.

Toutefois, le symposium prit unc tournure tr&s inattendue. En effet, I'on s'engagea dans une discussion oh I'importance btait maintcnant don- nke h I'akonef en tant qu'akronef plutbt qu'h l'akronef comme Ctant une

1 I1 est a remarquer que l'on ne parla point dans les deux cam s des capacitb d'atter- rissage des akronefs. En effet, puisque les divers ty-pes d'abroneg d6collaient, il s'ensui- vait, par les conditions de symarie inhkrentes au modhle, que les a6ronefs posskdaient logiquement toutes les qualiths nhessaires i un atterissage parfait

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simple approximation (par l'homme) de l'oiseau. C'est ainsi qu'B partir du modhle de ref6rence qu'6tait l'aeronef, l'on disserta sur l'tude des conditions de la croissance equilibr6e de I'akronef, de ses divers sentiers de vol faisables, efficaces et optimaux, de ses taux de croissance opti- maux ou non, des conditions de continuit6 ou de discontinuit6 dans le vol selon une multitude d'hypothkses, ces dernibres allant de l'existence de progrks technique ou non, en passant par des modbles d'a6ronefs plus ou moins sophistiques et de diverses g6n6rations ( 'uintages' ) jusqu'aux diverses possibilites en ce qui concerne Phorizon, que ce soit certain ou aleatoire. Con s'entretint ensuite du cadre de refkrence ideal au mod& et de la qualit6 de I'environnement de ce dernier sur Ya6ronef. Autrr- ment dit, pour les participants du symposium, I'aCronef Btait devenu uu objet per se, ayant son essence propre, ayant certaines particularit& et il n'ktait absolument plus le concept crke par eux pour mieux appr6- hender Pessence de l'oiseau. Les comportments que l'on dhgagea de Pdtude des divers types d'aeronefs furent immediatement appliquds au comportement de I'oiseau et c'est ainsi que I'on affirma que l'oiseau, A telle ou telle situation, devrait reagir de telle ou telle fagon Ctant donne que l'akronef, dans des conditions similaires, en faisait autant. Et c'est ainsi que l'on Ctablit les nouvelles propositions (nombreuses et tr&s diverses) Q vendre en fonction de l'6tude de Pa6ronef per se et I'on les fit parvenir immhdiatement sur le march6 puisque les transactions sur le march6 Btaient continues.

Dans une &tape ulterieure du colloque, Yon envisagea la possibilite de rafEner les caracthristiques des divers moddes d'akronefs; c'est ainsi que l'kcole qui avait mis de l'avant Pavion Q helice se fit le promoteur de Pavion B reaction puce que ce dernier posskdait toutes les caractkristi- ques du pr6chdent modde, tout en marquant une evolution sensible dans I'art de la construction des a6ronefs. Par contre, les tenants de l'autre camp avancbrent comme reflktant leur &ohtion, une fusee poss6dant plusieurs etages. Comme de fait, la continuit6 logique et scientifique se trouvait ainsi assuree.

De nouveau, d6coulant de P6tude et de la connaissance plus appro- fondies de ces modhles nouveaux, l'on reformula de nouveaux pr6ceptes que Yon envoya tout de go au marche.

Entre-temps, dtl B la longueur des discussions, les chasseurs se mirent Q deduire intuitivement des pr6ceptes sur l'art de la chasse aux oiseaux puisque leurs sages conseillers, en catimini, ne pouvaient leur en fournir. Et c'est ainsi que se forma, se d6veloppa au bas de la pyramide, des trucs propres Q chacun, particuliers et donc peu susceptibles d'&tre g6n6raIis6.s qui, compte tenu des circonstances, pouvaient leur permettre de finalement vivre et non survivre. En d'autres tennes, les non-initib

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utilisaient de l’inforniation a priori, que les Economix, eux, ne puvaient considbrer puisqu’il leur Btait impossible dintroduire ce genre de ren- seignements dans leur modble.

En revenant de leur symposium, les Economix constatkrent un com- portement t r P s difikrent chez leurs clients. En effet, les chasseurs, devant la multitude de conseils disponibles ainsi que leur manque dA-propos par rapport aux observations qu’eux faisaient quotidiennement, firent semblant de 1es kcouter et ils ne mirent nullement leurs prkceptes en application.

C‘est ainsi que certains chasseurs kmirent l’opinion que ces Economix ne faisaient plus de l’ornithologie, mais plut8t de l’astronomie. En effet, que signifiait pour des gens pratiques l’ktude de la structure akrodynami- que de l’akronef et des conditions de la croissancc kquilibrde, de ces divers sentiers de vols, des divers taux de croissance ainsi quc des pos- sibilites que l’horizon soit certain, soit incertain ou alkatoire, alors qu’eux ne dksiraient que des conseils, valides dans la plupart des cas, pouvant faciliter leur chasse A l’oiseau. La rkalitk n’est-elle pas concrete ? C‘est ainsi que chez la majoritk (silencieuse) des chasseurs, l’on commenca parfaitement A imaginer que les Economix, en sages qu’ils ktaient, mcttaient en application cette f abuleuse et nierveilleuse expression de Jean Codeau puisque ces mystkres nous dkpassent, feignons d’en Ctre les organisateurs B.

La morale de cette fable Bien que tous les Economix observent le m&me oiseau (la rkalit6 6co- nomique), il ne faudrait pas oublier qu’il existe une multitude et une plkthore de genre doiseaus (que la rgalit6 Qconomique est trbs complexe dans ses reprksentations individuelles ) , ensuite qu’avec notre manikre de conceptualiser ainsi que les outils (statistiques et mathdmatiques) mis B notre disposition, nous n’avons qu’une reprksentation t r h succincte de la rbalitk Bconomique. Autrement dit, nous ne voyons la realit6 qu’A travers un prisrne qui ditforme encore plus, si nous faisons abstraction des circonstances de temps et de lieu.

Les Economix ittaient devenm diffkrents de la plupart des gens pour qui la nkcessite de gagner leur vie 6tait leur seul contact avec la r6alitC. Puisque, ces besoins impkrieux wgaient de rnoins en moins, ils vivaient dam l’illusion. La science 6conomique telle qu’enseign6e dans nos tours d’ivoire n’en serait-elle pas le fruit ?

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