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BULLETIN DE JUIN 1958SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

DU Ie' JUIN 1958

N° 66

nrfPUBLICATIONS DU 15 AVRIL

AU 15 MAI 1958(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 avril au 15 mai 1958.

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

SAINT-SIMON Mémoires. Tome VI Années 1718,•suite-1721. Appendices, Notes, Bi-bliographie, Index, par GonzagueTruc. 1.508 p., in-16 double cou-ronne sur papier bible. Reliurepleine peau. Couvre-livre illustréd'un portrait de Saint-Simon. Ja-quette en matière plastique trans-parente. Emboîtage 2.950 fr.

POÉSIE

BAUCHAU Henry Géologie. 132 p., in-16 jésus. Collec-tion « Métamorphoses » 490 fr.

COUSIN Gabriel. L'Ordinaire Amour. 184 p., in-16double couronne. Collect. blanche. 550 fr.

16 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.500 fr.

ROMANS

CAU Jean Les Paroissiens. 288 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche 850 fr.

CHAU VIRÉ Jacques. Partage de la Soif. 224 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 600 fr.

KESSEL Joseph. Le Lion. 320 p., in-16 double cou-ronne. Collection blanche. 750 fr.

lOOex.num.purfil Lafuma Navarre. 2.200 fr.

GIONO Jean. Angelo. 240 p., in-8° soleil. Collectionblanche 650 fr.30 ex. num. Hollande. 5.000 fr.

200 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.500 fr.

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BULLETIN DE JUIN 1958

MARGERIT Robert La Terre aux Loups. 416 p., in-8°soleil. Collection blanche. 1 100 fr.

30 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 4.000 fr. (épuisé)

MONTFOREZ Georges Les Enfants du Marais. 296 p., in-16double couronne. Collect. blanche. 750 fr.

TRADUCTIONS

CORYN Marjorie Un Essaim d'Abeilles. Traduit del'anglais par Juliette de Martialis.388 p., in-8° soleil, sous couvertureillustrée en couleurs. Hors Série. 990 fr.

FAULKNER William. Parabole (A FAeLE). 488 p., in-8°soleil. Traduit de l'américain parR.-N. Raimbault. Collection « Du

Monde Entier » 1.450 fr.

70ex. num. purfil Lafuma Navarre. 4.500 fr.

RÉCITS

PLANCHON Michel. Lumière Noire. 296 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 850 fr.

22 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.500 fr.

MÉMOIRES SOUVENIRS POÉSIE

TRADUCTIONS

REMIZOV Alexei Les Yeux tondus. Traduit du russepar Nathalie Reznikoff. Préface deMarcel Arland. 284 p., in-16 doublecouronne. Collection « Du Monde

Entier » 750 fr.

ESSAIS -CRITIQUE LITTÉRATURE

-DUTOURD Jean Le Fond et la Forme. 284 p., in-8°soleil. Collection blanche. 790 fr.

15 ex. num. Hollande 5.000 fr.

50 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.500 fr.

LÉAUTAUD Paul. Théâtre de Maurice Boissard. Texte! ntégral

Tome(1907-1914). Avant-proposde Marie Dormoy. 448 p., in-8°soleil. Collection blanche. 1.250 fr.

20 ex. num. Hollande. 7.500 fr.

75 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.800 fr.

TomeII(1915-1941). 424 p., in-8»soleil. Collection blanche. 1.190 fr.

20 ex. num. Hollande. 7.000 fr.

75 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 3.600 fr.

THÉATRE

FLORENNE Yves Le Cavalier d'Or.'Pièce en 7 journées.240 p., in-16 double couronne. Col-lection « Le Manteau d'Arlequin ». 750 fr.

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BULLETIN DE JUIN 1958

MALLET Robert. L'Équipage au complet, drame. 172 p.,in-16double couronne. Collection

blanche 550 fr.

25 ex. num. purfil Lafuma Navarre. 3.000 fr.

MUSIQUE

DENT E.J. Les Opéras de Mozart. Traduit del'anglais par René Duchac. 368 p.,in-8° soleil, 'avec 16 planches horstexte. Collect. « Pour la Musique ». 1.250 fr.

SOUVENIRS DOCUMENTS

BIDEGAIN J., CASTERET N.,Dr CLAMAGIRAND, LÉVI R. J.et Dr MAIREY A. Marcel Loubens. Ses Souvenirs, Nos Témoi.

gnages. Textes recueillis et pré-sentés par H. BROSSET. 224 p.,in-8° soleil, 12 planches hors texte,sous couverture illustrée en cou-

leurs. Hors Série. 750 fr.

L'AIR DU TEMPS

Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF

BOBET Jean Louison Bobet, Une Vélobiogrophie. Pré-face d'Antoine Blondin. 264 p.,in-8° soleil 700 fr.

MOLTER Günther. Fangio. Traduit de l'allemand parStefan Geissler. 240 p., in-8<> soleil. 680 fr.

LE RAYON FANTASTIQUE

KUTTNER Henry. Vénus et le Titan. 256 p., in-16 doublecouronne, sous couverture illustrée

en 5 couleurs, vernie. 225 fr.

SÉRIE NOIRE

KANE Henry. Marchand de Sommeil. Traduit del'américain par G. Sollacaro.

DOMINIQUE Antoine. Le Gorille chez les Parents terribles.

GIOVANNI José. Classe tous risques.

CAIN James M. Le Bluffeur. Nouvelle traduction del'américain par Raoul Amblard.

CONROY Albert. Pas d'heure pour les Braves. Traduitde l'américain par Bruno Martin.

Chacun de ces cinq volumes de la Série Noire, noe 426 à 430. 220 fr.

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BULLETIN DE JUIN 1958

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

Publication de Mal 1958

CASANOVA

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MÉMOIRESTOMEI

Années1725-1756

Texte établi avec une Chronologie

de la Vie et de l'Œuvre de Casanova,

une Introduction, des Notes, des Variantes

et un Index par

ROBERT ABIRACHED et ELIO ZORZI.

PRÉFACE DE

GÉRARD BAUËRde l'Académie Goncourt

Un volume in-16 double couronne, de 1.320 pages. Reliure pleine peau.Couvre-livre illustré d'un portrait de Jacques Casanova dans sa jeunesse,peint par son frère François. Jaquette en matière plastique transpa-rente. Emboîtage 2.900 fr.

Les MÉMOIRES de CASANOVA seront complets en trois Tomes.

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BULLETIN DE JUIN 1958

BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

Publication de Mal 1958

ROMANCIERS

DU

XV)r SIÈCLESOREL. Histoire comique de FrancionSCARRON Le Roman comique

FU RETIÈRE. Le Roman bourgeois

MODELA FAYETTE. La Princesse de Clèves

Textes présentés et annotés par

ANTOINE ADAM

Un volume in-16double couronne, de 1.508 pages. Reliure pleine peau.

Couvre-livre illustré d'un portrait de Mme de La Fayette (Bibliothèque

Nationale, Cabinet des Estampes). Jaquette en matière plastique trans-

parente. Emboîtage 2.950 fr.

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BULLETIN DE J.U7N 19588

ÉCHOS PROJETS• In Memoriam.

Voici la reproduction du dessin de JeanCocteau pour la plaque qui sera apposéesur la maison natale de Max Jacob à Quim-per, le dimanche 22 juin, après une messe-service célébrée par l'évêque de Quimperen la chapelle de Locmaria, au cours desdeux journées de commémoration quiseront consacrées dans cette ville au poètedu Cornet à Dés et des Poèmes de Morven

le Gaëlique. La veille, samedi 21 juininauguration de la rue Max-Jacob inau-guration de la salle Max-Jacob au muséede Quimper, allocution de Jean Cassousoirée au Théâtre municipal, avec une.représentation de Saint Matorel.

Le Grand Prix de Monaco a été décerné, le 21 avril, à Jacques Perret, pourl'ensemble de son œuvre (romans, récits, nouvelles, mémoires et chroniques).

Le 18 mai, le Prix Veillon (Prix International du Roman de Langue française) acouronné Le Clown, roman d'Alfred Kern.

Le Clown est en cours de traduction en Angleterre, aux États-Unis, en Alle-magne et en Suède.

La Société des Lecteurs a désigné comme Livre du Mois pour avril Peau d'Ours,d'Henri Calet parmi les livres recommandés Nos Ancêtres les Gaulois, d'AndréChamson, et Voyage chez les Vivants, de Pierre Gascar.

• Pierre Demartres avait été l'un des fondateurs du Prix Théophraste Renaudot.Les membres de ce jury ont voulu, en hommage à Pierre Demartres, disparu ily a deux ans, laisser son siège longtemps vacant avant de lui désigner un succes-seur. C'est Roger Grenier qui a été choisi, par cooptation unanime, le jour mêmede la mise en vente de son roman Les Embuscades.

Bibliothèque de la Pléiade.

Henri Martineau, qui vient de mourir, terminait l'établissement d'une Corres-pondance Complète de Stendhal (en 2 volumes), rectifiant les précédentes éditionset comportant des inédits. Rien ne semble devoir être changé à nos projets, quiprévoient la publication du premier tome d'ici un an.

Le Tome VI des Mémoires de Saint-Simon vient de paraître en librairie (l'ouvragesera complet en 7 tomes) en même temps, Jean Dutourd publie Le Fond et laForme, et à l'article Saint-Simon de cet « Essai alphabétique sur la Morale et surle Style », on lit ceci « une espèce de roman, énorme, concerté, composé, plein dedécors et de péripéties, avec des hétos et des personnages de second plan, des passions,des entreprises, de la psychologie (et quelle 1), une philosophie et un style. On peutparler de « l'univers de Saint-Simon » comme on parle de l'univers de Balzac ou deDickens. C'est un univers artistique, c'est-à-dire plein de cette vérité qui ressort si rare-ment lorsqu'on étudie l'histoire, mais que l'on rencontre chez les grands romanciers.Saint-Simon analyse les hommes vivants, de la même façon que Dostoïevski ou Proustdéveloppent leurs personnages même audace, même absence de préjugés, mêmeamour du vrai.»

L'Air du Temps.

La Collection «L'Airdu Temps », dirigée par Pierre Lazareff,fut fondée voici quatreans. Elle en est aujourd'hui à son centième titre La Nouvelle Vague, de FrançoiseGiroud.

Rappelons quelques-uns des grands succès de «L'Airdu Temps »: La Réalité dépassela Fiction et La Réalité dépasse la Fiction Bis, par Albert Aycard et Jacqueline Franck

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BULLETIN DE JUIN 1958

Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris La Muraille, de John Hersey LeLapin blanc, de Bruce Marshall La Bibliothèque Rosse, de Carmen Tessier Visapour Moscou, de Michel Gordey Quatre dans l'Ombre, d'Eric Piquet-WicksEsprit es-tu là1 de Michel Chrestien.

Le Catalogue analytique de la Collection vient d'être complété et réédité. Nousprions nos correspondants de le demander à leur libraire habituel ou, à défaut,à notre « Service Catalogues ».

Auteur de Passeport pour les U. S. A. et de L'Énigme Mac Arthur, John Guntherva publier dans « L'Airdu Temps » un ouvrage très important, et par ses dimensionset par son sujet L'Autre Afrique, qui relate une randonnée de plusieurs milliersde kilomètres. Cette version française de Inside Africa a été revue et mise à jourpar un grand spécialiste de l'Afrique noire André Blanchet.

Nouvelles Collections.

Trois nouvelles collections vont paraître au mois de juin d'abord Les Amourscélèbres et Le Crime ne paie pas, sous la direction de Paul Gordeaux. Il s'agira deromans ou de récits, écrits à partir d'événements réels. Les premiers titres parlentd'ailleurs d'eux-mêmes Marie Duplessis, la vraie Dame aux Camélias, VictorHugo entre les Femmes et l'Amour, L'Affaire Steinheil, Dillinger, l'ennemipublic numéro un.

La troisième collection, Histoires vraies, n'aura qu'un auteur Jacques Antoine.Producteur des plus célèbres émissions de radio et de télévision (« Vous êtes for-midables », « Télé-Match », etc.), les Histoires vraies passent tous les dimanchessur Radio-Luxembourg. Par leur authenticité, leur accent, leur chaleur humaine,leur humour ou leur tragique, elles rendent un son tout à fait neuf.

Le premier volume contiendra 90 secondes à vivre, Faut-il tuer Mitounet?1Groenland 43.

Le Livre et la Scène.

L'Immaculée, de Philippe Hériat, traduite en langue castillane par Mme Piedad deSalas, fut représentée il y a six moisà Madrid sur la scène privée deLaCarbonera ».Le rôle principal était tenu par Rosita Yarza. A la suite de cet essai, la pièce Va êtrejouée en Espagne en représentations régulières. Le programme contient cette notesignificative « Le sujet (la parthénogenèse humaine), qui a pu paraître, lors de lacréation à Paris, d'une audace scandaleuse, a acquis en dix ans l'actualité d'un faitbiologique inquiétant.»

Histoire de Vasco, de Georges Schehadé, sera représentée au mois de juin auLandestheater, à Hanovre, dans la traduction allemande de Herbert Meier, parueà la Fischer Verlag, de Francfort.

La Terre est ronde, d'Armand Salacrou, dans la traduction en anglais de JamesH. Clancy, a été représentée par lui au San José State College, en Californie.- Lamême pièce va être traduite en espagnol et représentée au Mexique par GalvezMonroy.

Le Livre et l'Écran.

L'Eau Vive, tel est le titre, on le sait, du tout récent film de François Villiers,scénario et dialogues de Jean Giono. L'Eau Vive, c'est aussi le titre d'un ouvragede Giono. Seul, ce titre est commun au film et au livre, mais un même esprit,à plusieurs années de distance, anime l'un et l'autre.

Barrage contre le Pacifique, le film de René Clément, tourné d'après le romande Marguerite Duras, a été invité pour représenter la France au Festival mondialdu Film, de Bruxelles. Invité. également, au titre du court métrage, l'AndréMalraux, de Léonard Keigel.

• Le Livre et le Disque.L'Académie Chartes Cros vient de décerner ses'Grands Prix annuels du disque.

Au palmarès La Ville dont le Prince est un Enfant, de Montherlant et l'Histoirede France par les Chansons, de Pierre Barbier et France Vernillat.

• M. Fernand Benoît, conservateur du Musée Borély à Marseille, et correspondantde l'Institut depuis 1947, a été élu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

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BULLETIN DE JUIN 19588

Rappelons que Fernand Benoît a donné, dans la Collection « Les Provinces Fran-çaises », un ouvrage sur La Provence et le Comtat Venaissin.

go Dans la même collection, dirigée par Armand Lunel et François Agostini sousle patronage du Musée des Arts et Traditions populaires, on annonce la publicationd'un Languedoc. Comté de Foix et Roussillon, par René Nelli. Ethnographe rompudepuis longtemps aux recherches sur le terrain, René Nelli nous apportera ici larévélation de la vie quotidienne, des travaux, des usages, des croyances et desloisirs du Peuple d'Oc et des Catalans français le tout consacré à une des zonesles plus curieuses de la civilisation méridionale, celle qui, centrée à la fois sur Tou-louse et sur Perpignan, unit la Méditerranée aux cimes pyrénéennes dans un mêmeensemble culturel aussi riche et original qu'attrayant.

• Le 6 mai dernier, à la prière du Comité de Liaison des Associations de la Résis-tance, Philippe Hériat a présenté et commenté devant les membres et invités de cetorganisme son roman Les Grilles d'Or. Cette causerie avait pour titre « Une fillede bourgeois sous l'occupation. »

A paraître en juin le troisième roman de Georges Ottino Le Fils unique, quiraconte la minutieuse enquête à laquelle se livre, en Angleterre, un jeune hommepour percer le mystère de sa naissance. Les lecteurs de L'Ombre et la Proie et deOisive Jeunesse retrouveront ici, mûries, les qualités de conteur et de romancierde Georges Ottino.

• Dans son nouveau roman Les Irréductibles, qui paraît en juin, Zoé Oldenbourg,après un début qui situe bien l'intrigue dans les milieux de la peinture pendantl'immédiate après-guerre, en resserre l'intrigue autour des trois principaux per-sonnages en proie à la passion « irréductible » « Irréductible comme les battementsdu cœur est mon amour, je n'en guérirai jamais, mais on a tant de choses d faire dansla vie qu'à écouter battre le cmur.» Les Irréductibles sont déjà en cours de traduc-tion chez Gollancz à Londres, et au Pantheon Books à New-York.

L'Amour fantôme, c'est en somme un « amour fou »,- celui qui anime l'héroïnedu rondin qui porte ce titre, d'une sorte de folie volontaire, cruelle, et celui quianime le ton et le style du roman d'une vigueur, d'une violence et d'une rageextraordinaires. L'Amour fantôme est le titre du second roman d'Élisabeth Gaspar.

• Le troisième ouvrage de Louis-Paul Guigues La Dernière Chambre, se composede trois récits, dans chacun desquels trois personnages vivent, se déchirent ets'enlacent. Une étrangeté fascinante, un romantisme passionné créent ici le mêmeenvoûtement que suscitaient déjà Labyrinthes et Lisbeth.

• Guy Mazeline vient de terminer le cycle du Roman des Jobourg, commencé en1932 avec Les Loups. Le cinquième et dernier volume Chrétienne Compagnie(succédant à Valfort), paraît en juin. Et voici donc la fin des Loups, voici l'aventuredu plus jeune loup, de Michel, le dernier des Jobourg, tourmenté par le désir et ladifficulté de croire. C'est, par une puissance d'investigation exemplaire, à unepathétique exploration des profondeurs que nous conduit Chrétienne Compagnie.

Ajoutons que Le Roman des Jobourg sera disponible en totalité chez leslibraires au mois de juin, une nouvelle édition du Capitaine Durban et des lies duMatin étant actuellement sous presse.

• A paraître en juin, entre autre, un récit historique de Betty Bouthoul LeVieux de la Montagne un roman de Pham Van Ky Les Yeux courroucés, latraduction d'un nouveau roman historique de Salvador de Madariaga La Guerredans le Sang; dans la collection « Les Essaisla traduction de l'œuvre de Colin

Wilson L'Homme en dehors (« The Outsider »); et les premiers ouvrages deP. F. Schneeberger Emmanuelle ou Le Doute (un roman), et de Francis WalderSaint-Germain ou La Négociation (un récit).

• Nous avons reçu la traduction du Docteur Jivago le déjà célèbre roman de BorisPasternak paraîtra en juin.

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LA NOUVELLE

NOUVELLE

REVUE FRANÇAISE

LA MENTEUSE

i

Reginald fuyait les femmes. Non parce qu'il ne les

aimait pas. Mais il sentait peut-être plus fortement que

ses amis cette vérité qu'à son âge l'homme cesse d'être

le chasseur et est devenu gibier. Dès qu'elles voient

l'homme passer ses quarante ans, il y a cohue chez les

femmes pour ne pas laisser aller se perdre dans la mort

tout ce que cet homme contient de tendresse, de sagesse,

et aussi de forces. Elles prennent leur ticket. Elles le

poussent. Elles aiment étendre sur le linceul. un corps,

une âme épuisés, morts pour elles. Et parfois, en effet,

Reginald sentait en lui, ce qui justifiait leur poursuite,

un désir de voir vieillir incomprises, inappréciées, ces

réserves de bonté, d'intelligence humaine et de pouvoir

de caresse qui s'amassaient à chaque occasion. La

qualité sociale d'une réunion est fortement relevée

par la présence d'un archiduc incognito, même si on

le croit un marchand. I> qualité morale l'est égalementpar la présence d'une âme qui se dit indifférente et qui

i

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

contient la générosité et le dévouement, même inem-ployés.

Mais les femmes ne voyaient aucune utilité à ce quegénérosité et dévouement de Reginald servissent à

l'élévation générale du monde, et non à leur élévationparticulière. Si le fait que Reginald ne s'enfermât

jamais avec une femme conférait à l'univers un vernis

d'une tiédeur spéciale, comme le disaient ses amis,

qu'est-ce que ne prendrait pas comme vernis et commetiédeur la femme avec laquelle il se serait enfermé.

Il arrivait qu'elles parvinssent à s'enfermer avec lui,en lui tendant ces sortes de pièges où tombent les élé-

phants et les tigres, qui s'empalent sur un pieu, en

l'invitant à rencontrer. des amis qu'il n'avait pas

invités, à visiter l'atelier d'une amie peintre, qui avait

été invitée à ne pas rentrer de l'après-midi dans son

appartement, et le pieu était remplacé même dansl'atelier, l'amie qui aimait qu'on admirât ses tableauxserait furieuse par cette demi-obscurité propice aux

spiritualisations mais indiquée aussi pour l'apparition

du réel. Elles comptaient sans l'habileté de Reginald,

qui pas une minute ne semblait admettre que les amis

ne dussent pas arriver à l'improviste, qui parlait d'eux,qui faisait d'eux le sujet de l'entrevue, qui les faisait

présents ou son adresse à découvrir, dès l'entrée,

pour admirer les tableaux, les prises électriques. Il

eût fallu vraiment une trappe, au centre de la jungle,et dans une nuit voilée, car on ne sait ce qu'il auraitencore imaginé avec les étoiles. L,e pis est qu'il ne

donnait justement, absolument pas l'impression d'être

malingre à bras-le-corps aussi il n'y aurait eu rienà faire, ni de détester l'amour. C'était horrible, cette

espèce de sanctification qu'il jetait sur vous, d'autantplus qu'il ne paraissait pas non plus inattaquable. Ilparaissait même faible, un faible. C'est le défaut de

cette cuirasse qu'il importait de trouver, et qui n'appa-

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I,A MENTEUSE

raissait pas. Il était bien tout ce qu'on peut rêver d'un

homme, sans fadeur, sans grossièreté, l'homme idéalavant l'amour, l'homme idéal après l'amour. Pourquoi

l'amour manquait-il ? Il devrait y avoir une loi qui nepermît pas aux quelques rares hommes dont on sent

qu'ils sont les vrais hommes de se dérober ainsi à leurdevoir.

Reginald ne se dérobait pas. Il n'ignorait pas non

plus sa valeur comme homme. Il savait qu'il portaiten lui un bonheur. Toutes les batailles de la guerre, les

discordes de la paix, les triomphes et les défaites desaffaires, auxquels il avait largement participé, avaient

eu du moins ce résultat de former c'était peut-êtrele seul, mais il y en avait un un homme digne de ce

nom. La terre était une planète bien peuplée, puisqu'il

existait. A part deux imperfections relatives, qu'il

pleurait facilement au théâtre et qu'il faisait les mots

croisés, il avait vraiment atteint une légère et indé-

niable ressemblance avec celui qui est censé nous avoircréés.

Il connaissait toutes les aises et tous les stimulants

de cette vie, et il en usait frugalement. Cela ne le déta-

chait pas des autres hommes. Il éprouvait une frater-

nité réelle pour tous, méchants et bons. Il avait de la

réussite et pas d'orgueil, du courage et pas de vanité.

Il lui était arrivé à chaque instant ces aventures quisont uniques dans les autres vies il avait sauvé des

enfants, il était entré le premier dans une ville conquise,

il avait annoncé à un roi qu'il fallait abdiquer dans la

minute, il avait annoncé d'un balcon à un peuple qu'ilétait libre, il avait arrêté le cheval emballé du char à

bancs d'un pensionnat de jeunes filles, il avait été

fusillé et laissé sur place. Sous ses pas, toute cette vie

qui découle des autres comme une sueur se prenait en

épisodes. Partout où il passait, il y avait tendance à leprendre pour un roi incognito, pour un président de

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1,A NOUVEIXE REVUE FRANÇAISE

conseil en exercice il n'était qu'un homme en exerciceil était vis-à-vis des dons du monde civilisé ce que lessauvages sont vis-à-vis de la nature. L'intelligence,

l'émotion, la caresse lui étaient données non par dessuccédanés, mais directement comme l'arbre à pain,l'arbre à viande et l'arbre à vin donnent pain, viandeet vin aux sauvages. Ies fluorescences, les irisations,les scintillements, il les comprenait juste. Il puisait dela vue d'une campagne juste ce qu'elle pouvait endonner en couleur et en pittoresque d'une tempêtejuste ce qu'elle a d'horrifiant, si l'on songe que c'est

seulement un mouvement du globe et non une manœuvre

céleste de la mer tranquille, par les pointes d'écume,les goélands, la fumée des navires, juste ce qu'elle

comporte de grandeur et de paix mais sans que ce

contact avec ces spectacles fût dénaturé et stylisé, etil en était de même de ses rapports avec les humainset les animaux. Jamais personne ne vit mieux qu'ilne le voyait ce qu'est un cheval, sa beauté, son ara-

besque, ce qu'est l'union de l'homme et du cheval. Ies

chiens et les chats le comptaient à première vue commeun membre d'honneur de la race des chiens et des chats.

Il faut dire aussi que la vie lui était plus facile du fait

qu'il était à la moitié, et qu'il commençait à descendre.

Parfois, il doutait. Il pensait « Je suis comme tousles autres.» Il allait essayer cet instrument humain

qu'il était aux points de résonance du monde, à ses plus

beaux paysages, ou à ses points de résistance ou defaiblesse maxima, à Schubert, à Poussin. Mais toujours

il devait convenir qu'entre lui et l'univers il y avait la

même réussite qu'entre le meilleur appareil de radio

et les ondes. Pour trouver le poste plénitude, pour trou-

ver ces lieux communs généralement irréalisables entrel'océan et l'innocence, le château de Chambord et la

générosité, le printemps et la justice, il n'avait pas à

discuter ni à chercher, mais à paraître.

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LA MENTEUSE

A la place de cette virginité de jeune adulte, qu'ilavait d'ailleurs à cette époque réservée avec soin, ilavait la virginité de cet humain supérieur qu'il était,

et il ne voulait pas la placer au hasard.Il avait des amis ou des amies ambitieux pour lui,

et qui se posaient le même problème. Mais tous se trom-paient. Tous lui cherchaient une égale, et il n'y en

avait pas. Tous cherchaient à former ce couple idéal quesa seule vue suggérait. De vieilles dames maîtresses

dans l'art des accouplements légitimes ou illégitimes seseraient senties justifiées dans leur passé et leurs erre-ments à réussir celui-là. Certaines le cherchaient dans

la beauté parfaite, d'autres dans la perfection morale

ou spirituelle. L'une d'elles avait presque fini par le

convaincre et l'amener à penser à certaine jeune fille,

sur laquelle tout le monde s'accordait, et il l'avait vue,

et il avait été séduit, et, le soir du jour où il allait lui

parler, la vieille dame avait appris qu'elle entrait lelendemain au couvent. « Comme elle cachait bien

son jeu avait-elle dit à Reginald. Mais si elle vous

permet de lui dire adieu, c'est vous qui pouvez l'em-porter.»

Elle avait permis. Elle avait permis une demi-heure.La vieille dame les avait enfermés, ravie, assurée de la

victoire de Reginald sur l'autre prétendant elle s'étaitassise dans le salon avec la tante, jouant au bésigue.

Elle avait promis un cierge à Dieu s'il était battu et,

au bout d'une demi-heure, la jeune fille était sortierayonnante, presque à la main de Reginald. Et, en

montant dans la voiture, la vieille dame n'avait plus

de doute, car sur le visage de Reginald était une marquede rouge. Légère, parce que Chantal se mettait très

peu de rouge, simplement pour que ses parents ne la

crussent pas anémique et parce que le Christ aime ses

vierges bien portantes. Mais la vierge bien portante

avait embrassé Reginald et cependant, le lendemain,

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Chantal entra au couvent. Et Chantal avait hésité

jusqu'au dernier soir, parce qu'elle ne trouvait pas

d'attrait au monde, parce qu'elle le méprisait un peu,parce qu'elle trouvait une certaine lâcheté et un certain

égoïsme à abandonner ce qui est faible pour ce qui est

beau, ce qui est misérable pour ce qui est parfait. Et

la veille du jour où Reginald était venu, elle allait fairele grand sacrifice, rester dans le monde, jouer au bridge

avec des arthritiques, au tennis avec des idiots, à laconversation avec des muets, à la vision avec des

aveugles.

Mais le dernier délégué du monde lui en avait danscette dernière demi-heure fait sentir la beauté et la

tentation. Il était entré doucement, avait parlé, s'était

tenu plein de réserve quelques minutes hors d'elle, hors

de son cœur, et elle l'avait compris, et elle avait ouvertce cœur, et il y était entré. Et elle avait désormais

quelque chose à sacrifier, à fuir, c'était le monde où

était Reginald. Et ce qu'elle offrait à Dieu n'était plus

une vie insipide, mais la vie avec Reginald. Et le sacrificehumain, qu'elle faisait, et qui la blessait dans toute sa

chair et son cœur, c'était le fils de Reginald. Et le peu

de rouge soustrait à Dieu était peu de chose à côté dusang qui était venu à son visage. Et Reginald de son

côté avait pensé « Que pourrais-je bien ajouter à ce

bonheur ? Dieu remplira deux cent milliards de fois

mieux que moi ce rôle de pauvre humain divinisé qui

me rend sympathique à Chantal.» Il protégea le baiserla nuit. Il ne lava pas la place du baiser le lendemain

matin. Vers quatre heures, d'ailleurs, heure à laquelle

Chantal était déjà enfermée et novice, il se regarda dans

une glace et vit qu'il avait disparu. Depuis, parfois reve-

nait sur ses joues une ombre de rougeur, c'était la

fatigue ou l'arthritisme lui appelait cela le baiser deChantal.

Car cela ne l'effrayait pas du tout que ses héroïnes

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LA MENTEUSE

s'appelassent Chantal, Edwige, Malsye, et portassent

de grands noms. Ce n'était pas seulement par haine du

roman populiste. C'est que pour lui il en était de lavie comme du théâtre. Iye vrai conflit humain ne

commence qu'à partir des rois, et l'âme n'appartient

vraiment qu'à ceux qui n'ont pas à s'occuper de leur

corps, qui n'ont pas de corps. Aux rois ou aux enfants.

Il se rappelait avec émoi le plus grand amour qu'il eûtinspiré. Il était au Portugal, et visitait Alcobassa, oùsont enterrés des amants célèbres et deux braves

bourgeois portugais étaient entrés en visiteurs comme

lui, leur petite fille de huit ans à la main. Il y avait eu

quelque confusion à la porte, il avait pris la main de la

petite que la foule pressait contre un mur, et elle n'avait

plus voulu le lâcher. La visite durait des heures. Il y

avait d'abord toute une partie avenante, des cours

ensoleillées, des bibliothèques avec des tableaux. Dans

l'un, une petite fille était à la main d'un grand saint àauréole la fillette lui avait montré l'auréole, et aussi

la chaîne qui liait les mains de la fillette et du saint sur

le tableau. Au réfectoire, il manquait un verre, et,

comme on goûtait le vin du monastère, ils avaient bu

dans le même verre. Le père et la mère souriaient, sans

se douter de leur malheur. Au milieu de ces tapisseries,

de ces personnages merveilleux peints ou sculptés,

dans cette abondance et cette sobriété, ils prenaient

aux yeux de leur fille aimée une allure terrestre qui

l'éloignait d'eux. Il fallut monter sur les terrasses, d'où

l'on voyait la mer, par deux escaliers qui se partagèrentla foule des visiteurs.

« Vous me la donnez, dit Reginald aux parents.

Nous vous la donnons », dit le père. Et elle fut

donnée. Et elle se croyait donnée pour toujours. Il la

prit dans ses bras aux passages difficiles. Elle l'em-

brassait. Elle ne pouvait comprendre ce qu'il disait,

car elle ne savait pas le français. Mais pour qui s'aiment

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

parler est tellement inutile. Et l'on passa dans lescloîtres où les moines morts reposaient, visibles sous

leur plaque de verre. Et les parents étaient de l'autrecôté du cloître. Ils firent des signes, d'au-delà de la mort.

Elle leur répondit, elle serra la main de Reginald plusétroitement de sa main gauche, et de sa main droitecraintivement libérée salua ces parents qui après tout

n'avaient pas été si méchants, avaient été bons, pendantqu'elle vivait près d'eux. Il lui faisait des complimentssur sa robe, qui était jaune avec une ceinture rougeelle comprenait les compliments même en langue étran-gère le seul regret qu'elle eût était d'avoir laissé àLivia sa robe rouge à ceinture jaune. Mais pourquoides regrets Quelle chance elle avait Elle n'avait euqu'à attendre huit ans pour trouver le bonheur. C'étaitrare chez une fille. Devant le tombeau des amoureux,

elle écoutait, réservée, presque méfiante. Elle ne croyaitpas bien à toutes ces histoires l'amour n'est pas sirare il y avait devant le tombeau un couple autrement

sûr que le couple horizontal qui s'y trouvait. Reginaldsentait cette petite âme se gonfler ainsi, et il commençaità en avoir peur. Il fut un peu dur une fois ou deux foisà dessein. Elle frémissait, souffrait, mais n'en était que

plus douce, et il se croyait forcé de caresser ses cheveux.Pour la collation, les parents étaient au bout opposé

de la table. Ils bavardaient avec un colonel d'infanterie

coloniale, et riaient. Tant mieux que des parents dont part

la fille puissent se consoler facilement avec des colonelsd'infanterie coloniale. Et enfin il fallut sortir du couvent,

et là les deux vies s'offraient, d'un côté la belle auto, avec

le beau chauffeur, et l'homme à qui pour toute sa vie

on l'avait donnée, et à qui elle s'était donnée plusieurs

fois dans l'après-midi, et de l'autre l'omnibus quiramenait Livia à la famille de Iivia, à la place de Iivia

avec la pharmacie. Et elle sut, quand Reginald se pen-chait pour l'embrasser, qu'il l'abandonnait, et elle se

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LA MENTEUSE

mit à crier. Et, en effet, il la portait doucement vers sesparents. Et elle se débattait, elle criait aux parents

qu'elle les haïssait, à Reginald qu'elle l'aimait, elle secramponnait à lui.

La famille tirait sur ses pieds, sur ses petites jambes

maintenant nues jusqu'au ventre. « Elle a raison,pensait Reginald c'est elle qui a raison. Il n'y a aumonde qu'une chose terrible, l'absence. Elle ne veut

pas de l'absence. Ma tête contre la sienne, c'est le

minimum de présence. » Lui-même n'osait dégrafer

trop brutalement ces petites mains qui l'étranglaient,

ces jambes nues qui, libérées à coups de pied, revenaientsur lui et le chevauchaient. Les gens s'étaient attroupés.

Les gendarmes, qui n'osaient intervenir. Ies moines,

qui demandaient aux gendarmes ce que c'était. « C'estla petite Bentès qui n'aime plus Livia, disaient les gen-

darmes. Jolie ville pourtant, disaient les moines,

le curé est sourcier. Elle veut partir avec la belleauto.»

Ce n'était pas vrai. Elle eût été à Livia avec Reginald,

elle eût pris l'omnibus avec Reginald, et Iivia fût

devenue la plus belle ville du monde, et l'omnibus un

carrosse ailé. Les parents tiraient maintenant aveccolère sur leur fille chérie, ils l'arrachèrent. Pendant

que Reginald partait, on voyait moines, gardes et

spectateurs rassemblés autour d'un pauvre tas jaune qui

se roulait dans la poussière, et qui criait des cris sans

suite, car Reginald et elle avaient même oublié de sedonner leur prénom.

Ce prénom manquait souvent à Reginald. Plus d'unefois il avait été tenté d'écrire là-bas, on se serait souvenu

du scandale, on aurait retrouvé le nom des parentset il se blâmait parfois de n'avoir pas été vivre à Livia

auprès d'une petite fille de huit ans. Ce serait son péchédevant le Seigneur, le jour de la Résurrection. Mais il

y avait d'abord à mourir. Il lui aurait envoyé des

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jouets, aurait reçu son portrait dans la robe rouge.Qui avait bien pu la consoler ? Elle était de cette

province du Portugal où les hommes se battent au bâtonjusqu'à la mort. Qui s'était battu au bâton pour elle ?Avec sa chance, celui des deux qu'elle aimait avait dû

être tué, avait eu les dents cassées par le bâton, l'œil

sauté. Avait-elle enfin accepté l'autre ?

Pendant que Reginald avançait en pensant à sa petitePortugaise sur la terrasse de Saint-Germain, Nelly se

promenait à l'autre extrémité sans joie aucune. Sa femme

de ménage, au moment du départ, apprenant qu'elle

allait à la campagne, lui avait confié sa fille. C'était

une enfant de huit ans, à laquelle Nelly n'avait pu

refuser ce plaisir. Mais, quand il est si difficile de trouver

son amour seule, ce n'était vraiment pas agréable de

le chercher en compagnie d'une petite fille. Il y avait

aussi une certaine hypocrisie à conduire cette enfant,

qui croyait aller dans la forêt, sur une terrasse ouverte

à tous les vents et qui vous faisait souvenir à chaqueminute que vous étiez près de Paris. Lucienne eut

d'ailleurs vite deviné. Quand, au bout d'une demi-heure,

Nelly n'eut pas bougé de son banc et ne fut intervenue

que de loin dans la chasse au léopard qui se livrait dansle fourré, elle devina que Nelly attendait quelqu'un,et il fallut la mettre dans la confidence.

« Qui allait venir ? Un ami. Un ami, qu'elle,Lucienne, connaissait ? Non, Nelly elle-même ne

savait pas si elle le reconnaîtrait. Pourquoi ? Ilss'étaient donné rendez-vous par lettre ? Ils avaient fait

connaissance par les petites annonces C'est ainsi quesa mère s'était mariée, avec un monsieur aisé, bon,

généreux et ami des longues veillées ce monsieur était

son père qui n'avait pas le sou, s'enivrait et les battait

comme plâtre avant d'aller au bistrot. Non,

c'était un vague cousin, mais elle l'aimait beaucoup,il l'avait sauvée dans son enfance. lui l'aimait-il ?

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