Extrait de la publication

Extrait de la publication

97-B, montée des Bouleaux, Saint-Constant, Qc, Canada J5A 1A9

www.broquet.qc.ca info@broquet.qc.ca Tél. : 450 638-3338 Téléc. : 450 638-4338

Aidez votre enfantà vivre un deuil

Aidez votre enfant à comprendre et surmonter la perte d’un être cher

Erika Leeuwenburgh, LPC

Ellen Goldring, LPC

Extrait de la publication

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

et Bibliothèque et Archives Canada

Leeuwenburgh, Erica

Aidez votre enfant à vivre un deuil

(Guide d’entraide pour parents et enfants)

Traduction de: Why did you die ?

ISBN 978-2-89654-851-4

1. Deuil chez l’enfant. 2. Chagrin chez l’enfant. 3. Perte chez l’enfant. 4. Enfants et mort. I. Goldring, Ellen B. (Ellen Borish), 1957- . II. Titre.

BF723.G75L4314 2009 155.9’37083 C2009-940594-6

Titre original : Why did you die ?

Copyright © 2008 par Erika Leeuwenburg, LPC et Ellen Goldring, LPC Instant Help Books Une division de New Harbinger Publications, Inc. 5674 Shattuck Avenue Oakland, CA 94609 www.newharbinger.com

Crédit photographique Page couverture © Monika Adamczyk | Dreamstime.com Illustrations © Julie Olson

La photo de la page couverture représente un mannequin utilisé uniquement à des fins d’illustration.

Tous droits réservés

Pour l’édition en langue française :Traduction : Anne-Marie CourtemancheRévision : Denis PouletCorrection d’épreuves : Andrée LapriseInfographie : Annabelle GauthierConversion numérique : Nancy Lépine

Copyright © Ottawa 2009 Broquet inc.Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec2e trimestre 2009

Imprimé au Canada

ISBN 978-2-89654-851-4

Tous les droits de traduction totale ou partielle réser-vés pour tous les pays. La reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, tant électronique que mécani que, en particulier par photocopie, est interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie :Le gouvernement du Canada par l’entremise du Pro-

gramme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) ; la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) ; l’Association pour l’exportation du livre cana dien (AELC).

Le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Note de l’éditeur

Cette publication a été conçue dans le but de don ner des informations justes et documentées à propos du sujet abordé, mais le lecteur com-prendra qu’elle ne peut tenir lieu de services psychologiques, financiers, juridiques ou autres. Si vous avez besoin d’aide professionnelle, rete-nez les services d’un professionnel compétent.

Extrait de la publication

À Zachary, Alexandra, Marly, Lyla et tous les autres enfants qui ont partagé avec nous

leurs expériences sur la vie et la mort.

Extrait de la publication

Aux parents 6

Deuil et stades de développement de l’enfant 8

Comment l’enfant vit son deuil 11

Deuils compliqués et traumatiques 13

Cher enfant 14

Activité 1 Tout change 15

Activité 2 Les changements que tu peux contrôler et ceux que tu ne peux pas 18

Activité 3 Comment tu te perçois et comment les autres te perçoivent 21

Activité 4 Tes nombreux sentiments 23

Activité 5 Ta vie est un voyage 26

Activité 6 Ton système de soutien 29

Activité 7 Chaque famille est unique 32

Activité 8 Un lieu spécial où tu te sens bien 35

Activité 9 Un cadeau de l’être cher 38

Activité 10 Chaque vie a sa propre durée 41

Activité 11 Les causes de la mort sont nombreuses 43

Activité 12 Comment est mort l’être cher ? 45

Activité 13 Les activités spéciales que tu as partagées avec l’être cher 48

Activité 14 Ce que l’être cher aimait 50

Activité 15 Chacun de nous se fait une idée différente de la mort 53

Activité 16 Maladies, accidents et catastrophes naturelles 55

Activité 17 La mort est l’arrêt du fonctionnement du corps 58

Activité 18 Tu n’as rien à voir avec ce décès 60

Table des matières

Extrait de la publication

Activité 19 Les funérailles 62

Activité 20 Des cadeaux pour exprimer sa sympathie 65

Activité 21 Un lieu que l’on visite pour se souvenir 68

Activité 22 Les croyances à propos de ce qui arrive après la mort 71

Activité 23 Préserver le sentiment d’intimité 74

Activité 24 L’éventail des sentiments qui accompagnent le deuil 77

Activité 25 À chacun sa façon de vivre un deuil 80

Activité 26 Souhaiter que la vie soit différente 83

Activité 27 Les moments où tu penses à l’être cher 85

Activité 28 T’imaginer en super héros 89

Activité 29 C’est bien d’avoir envie de jouer 92

Activité 30 Partager tes inquiétudes 95

Activité 31 Lorsque tu es en colère 98

Activité 32 Certaines choses changent, d’autres pas 101

Activité 33 Tu seras toujours toi-même 104

Activité 34 Apporter un objet à l’endroit où tu te souviens de l’être cher 107

Activité 35 Ce que tu aurais aimé lui dire 110

Activité 36 Honorer la mémoire de l’être cher 113

Activité 37 Les souvenirs sont importants 116

Activité 38 Partager tes souvenirs avec les autres 119

Activité 39 Les hauts et les bas de la vie 122

Activité 40 Prendre soin de toi 123

6

Aux parents

Nous considérons tous l’enfance comme une période d’innocence enjouée. Pourtant, des dizaines de milliers d’enfants n’en perdent pas moins un être cher avant l’âge de douze ans. Le plus souvent, c’est un grand-parent qui meurt. Parfois, c’est un oncle ou une tante, ou même un parent, un frère ou une sœur.

La mort est difficile à accepter et à comprendre pour les adultes. Mais les enfants, lorsqu’ils y sont confrontés, doivent y faire face avec encore moins de ressources émotionnelles et d’expé-rience de vie. C’est donc tout particulièrement difficile pour eux. Ce livre peut les aider.

Commencez par lire les explications simples et directes sur la manière dont les enfants, selon leur âge, vivent le deuil. Vous y trouverez des recommandations sensées pour aider les enfants de 2 à 12 ans à chaque étape du deuil.

Jetez ensuite un coup d’œil aux activités et choisissez celles qui vous semblent les plus appro-priées pour l’enfant concerné. Les activités ne s’appliquent pas toutes à tous les enfants, mais certaines leur apprendront des choses importantes :

• Il y a des choses que tu peux contrôler dans ta vie et d’autres que tu ne peux pas (Activité 2).

• Chaque vie a sa propre durée (Activité 10).

• Chacun de nous se fait une idée différente de la mort (Activités 13 et 22).

• Chacun vit son deuil à sa façon (Activité 26).

• Vivre un deuil ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit d’être heureux et de s’amuser (Activité 29).

• Le souvenir des personnes aimées est important et devrait être partagé (Activités 37 et 38).

Ce livre d’exercices présente une toute nouvelle façon d’aider un enfant à vivre un deuil. Les activités proposées ne feront pas qu’aider les enfants à traverser cette période difficile, elles leur montreront aussi à faire face aux différents stress de la vie.

Si vous aidez un enfant à vivre un deuil, vous remarquerez peut-être qu’il est difficile d’abor der certains sujets avec lui. Si c’est le cas, ne le forcez jamais. Le meilleur moyen d’apprendre à un enfant à s’ouvrir est d’être un modèle pour lui. Partagez avec lui vos pensées, vos senti ments et vos expériences en lien avec chacune des activités. Mettez l’accent sur les méthodes positives que vous avez adoptées pour faire face à ces problèmes. Vos paroles auront un effet important, même si l’enfant ne réagit pas immédiatement.

7

Ce livre d’exercices a été conçu dans le but d’aider les enfants qui vivent une perte importante. Pourtant, certains enfants peuvent avoir besoin d’aide supplémentaire. Dans certains cas, une perte peut déclencher une importante dépression chez l’enfant, même si la personne décédée n’était pas un membre proche de la famille. D’autres enfants se mettent à faire des cauchemars, développent des peurs bien précises ou une anxiété générale. Si vous vous inquiétez de la réaction d’un enfant face à une telle perte, vous devriez envisager de consulter un thérapeute qualifié. Au-delà de la thérapie individuelle, l’enfant peut tirer profit de parler à d’autres enfants qui traversent ou ont déjà vécu un deuil. La plupart des hôpitaux, des écoles et des centres de santé mentale communautaires peuvent vous aiguiller pour trouver des groupes qui aident les enfants à vivre un deuil.

Si la personne décédée était proche de vous, vous devriez peut-être aussi consulter pour vous-même. Il s’agit d’une expérience précieuse qui vous outillera afin de soutenir l’enfant qui vous préoccupe.

Il n’y a pas de mauvaise façon d’utiliser ce livre d’exercices, dans la mesure où vous demeurerez patient et respectueux des sentiments de l’enfant.

Sincèrement,

Lawrence E. Shapiro, Ph.D.

8

Deuil et stades de développement de l’enfant

Les enfants vivent différemment le deuil selon leur stade de développement. Même si chaque enfant est différent, certaines caractéristiques sont typiques à chaque stade. Cette section décrit ces caractéristiques et présente des recommandations afin d’aider les enfants à vivre le deuil.

Moins de deux ans

Les enfants de ce groupe d’âge s’identifient facilement à leurs parents, à leurs frères et sœurs ainsi qu’à leurs gardiens ou leur éducateurs, et ils ont établi des relations avec chacun d’eux. Même s’ils sont profondément conscients du changement, ils n’ont pas encore les aptitudes ver-bales leur permettant d’exprimer leurs pensées et leurs sentiments. C’est plutôt par leur com por-tement qu’ils exprimeront la détresse qu’ils vivent. Dans un milieu aimant et stimu lant, les bébés et les tout-petits peuvent s’adapter au décès d’un être cher.

Recommandations

Avec des mots simples, expliquez que l’être cher est mort et qu’il ne reviendra pas. Les évé nements liés à la mort peuvent aussi être décrits en termes simples. Il est très impor-tant de modi fier le moins possible la routine quotidienne de l’enfant. Gardez ses objets famil iers à por tée de la main et essayez de faire le moins de changements possible dans son environnement. Un enfant qui perd son principal gardien pourrait trouver rassurant d’avoir un chandail ou un oreiller qui a conservé l’odeur de l’être aimé. Un album photo qui montre l’enfant avec la personne décédée peut aussi renforcer les souvenirs positifs de l’enfant et le réconforter.

De deux à cinq ans

À ce stade, l’enfant n’a pas encore développé la pensée abstraite. Il ne comprend pas que la mort est permanente et peut demander souvent quand l’être cher reviendra. Cette question est sou-vent plus déstabilisante pour les adultes puisque l’enfant essaie tout simplement de maî tri ser un concept que même les adultes ont de la difficulté à comprendre. Parce que la pensée des en fants est littérale, les mots destinés à les protéger peuvent causer des malentendus et des peurs. Par exem ple, si on explique à l’enfant que la mort ressemble au sommeil, il pour rait se mettre à avoir peur d’aller au lit. Les enfants de cet âge ne comprennent pas que les événements qui les entou-rent surviennent sans leur implication. Cette manière égocentrique de voir les choses est une phase normale de leur développement. Pour cette raison, certains enfants peuvent se sentir respon sa -bles de la mort de l’être cher. Dans certains cas, cette pensée magique peut leur faire croire que leurs pensées ont le pouvoir de provoquer des événements. S’ils croient que la mort est liée à eux plutôt qu’à un facteur extérieur qu’ils ne maîtrisent pas, ils peuvent se sentir rejetés et abandonnés.

Recommandations

Les enfants de deux à cinq ans ont besoin d’occasions de jouer, de poser des questions et de partager leurs souvenirs pour bien se porter. Il est nécessaire d’être honnête, d’uti-liser des mots simples et de prendre le temps de leur parler. Le meilleur moyen de décrire la mort est d’expliquer que le corps de la personne a cessé de fonctionner plutôt que

Extrait de la publication

9

d’utiliser des euphémismes comme « dormir » ou dire que la personne est « partie ». Afin d’éviter la confusion qui peut mener à l’anxiété, toutes les autres personnes impliquées dans la vie de l’enfant devraient utiliser les mêmes mots. On doit rassurer les enfants en leur expliquant qu’ils ne sont pas responsables de ce décès et que la personne aimée ne voulait pas les quitter. Les enfants de ce groupe d’âge peuvent grandement tirer profit d’une participation aux arrangements funéraires.

De six à neuf ans

Les enfants de ce groupe d’âge commencent à comprendre que la mort est permanente et que la personne morte ne reviendra pas. Ils ont parfois une idée du paradis ou de ce que veut dire une séparation définitive, et ils commencent à comprendre la mort de manière plus réaliste, surtout si elle touche des personnes âgées ou handicapées. Les enfants de six à neuf ans peu vent imaginer la mort comme un personnage qui enlève une personne plutôt que comme un événement qui peut toucher chacun d’entre nous. Ils risquent d’être très préoccupés par leur propre sécurité et leur propre bien-être, et peuvent demander qui prendra soin d’eux. Leur pensée demeure concrète, ce qui peut les pousser à se poser des questions sur la mort. Même si ces questions tournent autour du corps physique et peuvent sembler inappropriées aux adultes, l’information qu’ils cherchent à obtenir les aidera à se sentir plus en sécurité et en contrôle. Porter rapidement attention à la profondeur de leur deuil aidera ces enfants à cicatriser les blessures provoquées par cette lourde perte.

Recommandations

Il est utile d’encourager l’enfant et de répondre clairement, en toute honnêteté et de façon directe, à toutes ses questions, en transmettant le message qu’il est possible de discuter de sujets pénibles. Les enfants de six à neuf ans peuvent comprendre le fonctionnement du corps ; on peut leur donner quelques explications détaillées sur la mort et ses causes. Des réponses à des questions comme « Pourquoi le corps est-il froid ? » peuvent réduire l’anxiété. Il est important de donner à l’enfant le choix d’assister ou non aux funérailles et d’aller au cimetière.

De 10 à 12 ans

Au fur et à mesure que leur pensée abstraite se développe, les enfants de ce groupe d’âge développent une compréhension de la mort plus poussée. Ils savent que la mort est universelle et qu’ils mourront un jour. Ils demandent souvent comment la personne est morte et ce qu’on a fait avec son corps. Ils peuvent même demander des précisions très imagées. Encore une fois, ces questions sont souvent plus déstabilisantes pour les adultes, qui peuvent les trouver inappropriées. Pourtant, elles sont le simple reflet du besoin de maîtriser les concepts de mou-rir et de la mort. Dans ce groupe d’âge, le développement de la conscience morale peut créer la perception que la mort est une punition. La capacité des enfants de cet âge à exprimer leurs pensées et sentiments peut aider les adultes à explorer et à démystifier leur perception de la mort. Les enfants de 10 à 12 ans sont aussi suffisamment mûrs pour s’intéresser à la préparation des funérailles. Ils peuvent même souhaiter parler pendant le service.

10

Recommandations

Il est essentiel de faire comprendre aux enfants de ce groupe d’âge que les enfants ne peu vent empêcher la mort et que personne n’est puni par la mort. On peut tout simple-ment leur dire que, parfois, ce qui se produit ne s’explique pas. Il est aussi important de leur faire savoir qu’ils peuvent discuter de leur sentiment de deuil et le partager. Le fait de comprendre que les adultes sont aussi touchés par le deuil crée une expérience partagée qui renforce les relations familiales. Toutefois, même si c’est une bonne chose que les adultes expriment leurs sentiments et montrent l’impact de la perte qu’ils vivent, il ne faut pas non plus qu’ils accablent les enfants de leur peine.

De 13 à 18 ans

La plupart des adolescents comprennent parfaitement la mort. Ils commencent à intégrer une approche spirituelle et peuvent conceptualiser les éléments abstraits de la mort et de mourir. Côté développement, ils ont le sentiment d’être immortels, prennent souvent des risques, accordent un caractère romanesque à la mort et explorent leurs propres limites. La réalité de la mort peut être accablante et faire éclater leur monde idéalisé et sécuritaire. Il n’est pas inhabituel que les jeunes de ce groupe d’âge nient l’impact de la mort et évitent toute conversation directe à propos du décès de l’être cher. Il est néanmoins utile de partager vos sentiments et souve-nirs, et de donner au jeune le choix de participer davantage aux arran gements funéraires, tout en étant conscient qu’il pourrait refuser. L’adolescence est une période d’indépendance grandis-sante au cours de laquelle l’identité se développe. En encourageant l’expression de sentiments sans forcer, pousser ou créer des attentes, les adultes peuvent favoriser le réconfort, le respect mutuel et la compréhension.

Recommandations

Les meilleures conversations arrivent souvent de façon inattendue – lorsqu’on est en voiture, au moment de se préparer pour l’école ou dans d’autres moments impromptus. Dans ce type de communication détendue, le contact peut être bref et significatif sans qu’il y ait de pression. De cette façon, les adolescents ressentent moins la confrontation. Nous recommandons fortement d’associer les adolescents à des activités de commé-moration du défunt, qu’il s’agisse de constituer des souvenirs ou de participer à des rituels familiaux.

Extrait de la publication

11

Le deuil ne se limite pas à la période pendant laquelle la mort se produit. Les enfants et les adolescents en deuil vivent leur perte tout au long de leur vie. Les activités de ce livre peuvent donc être utilisées à différents stades de développement.

Au fur et à mesure qu’ils traversent chaque stade de développement, les enfants développent une meilleure compréhension et vivent leur deuil d’une autre façon. Les étapes clés de la vie peuvent aussi faire remonter le deuil à la surface : un garçon dont la mère est morte quand il avait six ans peut revivre son deuil lorsqu’il obtient son diplôme d’études secondaires.

Il existe de nombreuses croyances révolues à propos de ce qui peut aider les enfants à faire face à la mort. Par exemple, prétendre que si on les laisse à eux-mêmes, ils passeront par-dessus… ou qu’on peut les protéger en leur donnant le moins d’information possible sur la mort. De telles attitudes peuvent être dommageables. Les adultes doivent comprendre comment les enfants vivent leur deuil et les inciter à dialoguer afin qu’ils expriment leurs sentiments. Les informations appropriées à l’âge et la communication ouverte sont toujours bénéfiques pour les enfants.

Les enfants sont différents des adultes. Les adultes qui interviennent auprès d’un enfant en deuil doivent absolument garder en mémoire ce fait tout simple. Le comportement de l’enfant ne doit pas être interprété en fonction d’un cadre de référence adulte. Un enfant peut passer du temps à jouer avec des amis ou des membres de la famille pendant les funérailles ; il n’en est pas moins en deuil.

Les enfants vivent leur deuil par petites bouffées, très différemment des adultes, mais pas pour autant de façon moins marquée. Contrairement aux adultes, ils sont tournés vers l’action et expriment leurs sentiments dans leurs activités quotidiennes. Ils auront tendance à parler du deuil pendant de courtes périodes, puis à poursuivre leurs activités quotidiennes. Il est donc normal qu’un enfant pleure la perte d’un être cher pendant quelques minutes, puis qu’il se mette à jouer un instant plus tard.

Les enfants qui vivent un deuil ont souvent tendance à régresser, adoptant des comporte ments et s’adonnant à des activités d’un stade de développement précédent. Ce processus est néces-saire, d’un point de vue émotionnel, pour l’enfant accablé par les incertitudes et les change ments qui accompagnent la mort. Il n’est pas inhabituel qu’un enfant en deuil qui dormait seul jusque-là demande de dormir avec ses parents ou qu’il se remette à sucer son pouce. Il peut même faire des crises ou exploser d’une façon qui démontre un manque de contrôle. Il est important que les adultes n’adoptent pas une approche punitive pendant cette période de transition et qu’ils réconfortent plutôt l’enfant. Pour l’aider, il faut reconnaître son sentiment de deuil et parler avec lui des changements qu’il vit.

Les enfants peuvent ressentir une anxiété de séparation après la mort d’un être cher. Ils pour-raient ne pas vouloir aller à l’école et préférer être davantage avec leurs parents. Il est normal qu’ils s’inquiètent que d’autres personnes puissent aussi mourir; ils s’inquiètent avant tout du bien-être de ceux et celles qui s’occupent d’eux. Dans ces cas, il peut être utile de clarifier les circonstances de la mort et d’expliquer que les autres membres de la famille sont en sécurité. Répéter que tout le monde ira bien et parler d’avance des séparations et des réunions peut aider à combler ce besoin plus présent d’être rassuré.

Comment l’enfant vit son deuil

12

Des pertes qui peuvent sembler anodines – un jouet perdu, une attente non réalisée ou tout simplement se faire refuser un troisième biscuit – peuvent déclencher de fortes émotions liées à la perte de l’être cher. Ces réactions sont une bonne occasion d’aider l’enfant en discutant de ce qui est le plus bouleversant, soit la mort de l’être aimé. Projetant comment il se sent par rapport à la mort, il peut arriver que l’enfant décrive sa participation aux activités de ce livre comme « mauvaise », « pas assez bonne » ou « gâchée ». Si c’est le cas, vous pouvez l’aider en soutenant ses efforts et en lui disant que c’est normal d’avoir parfois l’impression que rien ne fonctionne correctement.

Le soutien de groupes d’enfants ayant vécu des expériences similaires peut s’avérer bénéfique en diminuant le sentiment d’isolement de l’enfant et en augmentant sa capacité de comprendre le deuil et d’y faire face. Ce livre d’exercices peut aussi bien être utilisé en groupe qu’avec un seul enfant ; les enfants se sentent souvent plus à l’aise avec des pairs qui vivent les mêmes problèmes et font les mêmes activités.

Lorsque les parents et les enfants vivent un deuil simultanément, cela peut présenter plusieurs défis que seules la patience et la compassion pourront atténuer. Ce guide est axé sur le deuil de l’enfant et sur l’aide que les adultes peuvent lui apporter, mais le désir de réconforter, de remettre sur pied l’enfant et de le consoler peut parfois être compromis par le deuil de l’adulte. Des ressources d’appui comme les conseillers scolaires, les conseillers spirituels, les groupes d’entraide, les parents et les amis peuvent offrir soutien et information aux enfants et de l’aide aux adultes. Ce livre propose des expériences créatives que les enfants et les adultes peuvent partager. L’adulte est invité à y participer ou tout simplement à être témoin du travail de l’enfant et à y réfléchir.

Extrait de la publication

13

Les deuils compliqués font référence à d’autres décès ou pertes antérieures, à une vulnérabi lité émotionnelle ou à plusieurs décès simultanés. Les deuils traumatiques sont ceux qui sont causés par des morts subites, imprévues, violentes ou catastrophiques. Les comportements suivants sont des signaux d’alerte s’ils se produisent pendant plus d’un mois après la mort de l’être cher. Leur manifestation devrait inciter à consulter un conseiller en matière de deuil.

Changement dans la structure du sommeil

L’enfant peut avoir de la difficulté à s’endormir, se réveille pendant la nuit, fait des cauche mars ou a de la difficulté à se réveiller. Souhaiter dormir avec son ou ses parents ne constitue pas un changement dans la structure du sommeil ; c’est une réaction fréquente à la suite d’un décès qui reflète un besoin d’être rassuré à la fin de la journée, une période pendant laquelle l’enfant est souvent vulnérable, fatigué et apeuré.

Changements dans les habitudes de jeu

L’enfant peut devenir agressif ou passif dans ses jeux. La capacité de partager ou de jouer en groupe ou même d’être avec d’autres enfants peut changer. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter si l’enfant réagit exagérément à des pertes anodines ou s’il exprime des sentiments de deuil en jouant. Il est normal de jouer en adoptant des thèmes liés à la mort dans le but d’essayer de comprendre ce qui s’est passé.

Changement dans l’expression des sentiments

L’enfant peut devenir plus anxieux avec le temps, se montrer effrayé ou sursauter fréquemment. Des changements rapides d’humeur et d’intensité dans l’expression des sentiments peuvent être plus inquiétants.

Changements dans les habitudes alimentaires

On peut noter une augmentation ou une diminution importante de l’appétit. Il est important de ne pas juger l’enfant puisque ce changement fait partie d’une tentative de faire face au stress et au sentiment de perte. Si les habitudes alimentaires ne se normalisent pas avec le temps et que l’enfant se met à prendre ou à perdre beaucoup de poids, il serait approprié de consulter un médecin et un professionnel de la santé mentale.

Difficulté de se séparer

La difficulté de se séparer est une réaction de deuil normale. Si celle-ci persiste après six mois et implique une grande anxiété, de la peur et des crises, il faudrait s’en préoccuper.

Changements dans le rendement scolaire

Au début, la concentration de l’enfant pourrait être compromise. Si sa capacité de concentra-tion ne se rétablit pas avec le temps, il faut demander de l’aide. Les enseignants vous aideront à déterminer s’il y a un problème en comparant le rendement scolaire et le comportement avant et après le décès.

Deuils compliqués et traumatiques

Extrait de la publication

14

Cher enfant,

Ce livre a été écrit pour t’aider à prendre le temps de

penser à toi, mais aussi à créer et à te souvenir de l’être

aimé. Lorsqu’un être cher meurt, chacun vit et exprime

ses sentiments de différentes façons. Les activités de ce

livre te proposeront plusieurs façons d’exprimer ce que

tu ressens et ce que tu vis, puisque tu as peut-être de la

difficulté à l’exprimer dans tes mots.

Ce livre est comme un journal. Tu peux y inscrire tes

pensées, tes sentiments et tes souvenirs. Tu peux y

travailler lentement ou passer au travers rapidement.

Tu peux commencer n’importe où ou le consulter page par

page. Tu peux aussi le conserver et le consulter plus tard

pour te rappeler ce que tu as traversé et tout ce que tu as

réussi à faire pour t’aider.

–Erika et Ellen

Extrait de la publication

Les gens et les choses changent. Certains changements se produisent rapidement, d’autres si lentement que tu ne les remarques même pas. Il y a des choses que tu peux changer, comme ta coiffure, et d’autres que tu ne peux pas changer, comme la taille de tes pieds. Il y a des changements que tu peux souhaiter, par exemple vieillir d’un an. Il y a aussi des changements que tu préférerais éviter, comme voir un ami déménager dans une autre ville. Il y a des petits changements comme la longueur des journées en fonction des saisons. Il y a aussi des grands changements qui peuvent être vécus comme une tornade qui renverse tout sur son passage.

Tu as vécu beaucoup de changements depuis ta naissance. Regarde tes photos de bébé et observe à quel point ton visage et ton corps ont changé. Plus tu apprends de choses, que ce soit à l’école ou grâce aux gens qui t’entourent, plus ton esprit change aussi.

Everything Changes

Piste de réflexionIl est important de comprendre que le changement fait partie de la vie. Il y aura toujours des changements dans ta vie. Peu importe à quel point certains semblent difficiles, avec le temps tu t’y adapteras.

Tout change

Aidez votre enfant à comprendre et surmonter la perte d’un être cher15

Activité

1

Extrait de la publication

Instructions

Fais des dessins ou trouve des photos de toi quand tu étais bébé ou très jeune enfant, puis d’autres de toi maintenant. Place-les sur les portes ci-dessous.

Aidez votre enfant à vivre un deuil16

Tout changeActivité

1

Extrait de la publication

Questions

D’une image à l’autre, en quoi as-tu changé ?

Qu’aimes-tu de ces changements ?

Y a-t-il des changements que tu n’aimes pas ?

Nomme quelques raisons pour expliquer ces changements.

Aidez votre enfant à comprendre et surmonter la perte d’un être cher17

Tout change Activité

1

Anne-Marie avait toujours aimé danser. Tous les mardis après l’école, elle se rendait à ses cours de hip-hop et répétait ensuite ses pas devant son miroir à la maison. Son amie Jessica suivait des cours de claquette qu’elle adorait. Quand Anne-Marie a décidé de se joindre à elle, elle en fut très heureuse. Elle avait peine à attendre son prochain cours.

Le jour de son premier cours de claquette, le père d’Anne-Marie l’a reconduite à l’école de danse. Lorsqu’il est venu la chercher après le cours, il l’a trouvée en pleurs. Pendant le trajet qui les ramenait à la maison, Anne-Marie lui a expliqué que les autres filles lui avaient de mandé pourquoi sa mère n’était pas venue la reconduire. Elles ne savaient pas que la mère d’Anne-Marie était morte le mois précédent. Tant de choses avaient changé dans sa famille en si peu de temps qu’Anne-Marie ne s’était pas sentie prête à répondre à la question ; elle n’avait pas su quoi dire.

Le père d’Anne-Marie était bien d’accord avec elle. Elle avait vécu beaucoup de changements dans sa vie. Il y avait eu de bons changements, et des moins bons. Certains qu’elle pouvait contrôler, comme sa décision de prendre des cours de claquette au lieu du hip-hop, et d’autres sur lesquels elle n’avait aucun contrôle. La mort de sa mère était un changement qu’elle ne pouvait pas contrôler. Anne-Marie et son père ont alors discuté de ce qu’elle pouvait répondre lorsqu’elle ne voulait pas parler de sa mère. Anne-Marie a décidé qu’elle dirait : « Ma mère est morte, et je n’ai pas envie d’en parler. » Puis qu’elle changerait de sujet.

Lorsqu’elle a réalisé qu’elle pouvait décider ce qu’elle répondrait aux questions, Anne-Marie s’est sentie davantage en contrôle et est devenue plus à l’aise.

Piste de réflexionTu peux contrôler certains changements dans ta vie. Par exemple, lorsque ton émission de télé préférée est terminée et que l’émission suivante te fait peur, tu peux changer de chaîne ou éteindre le téléviseur. Il y a aussi plusieurs changements que tu ne peux pas contrôler, comme la mort d’une personne que tu aimes.

Aidez votre enfant à vivre un deuil18

Les changements que tu peux contrôler et ceux que tu ne peux pas

Activité

2

Extrait de la publication

Extrait de la publication

Extrait de la publication