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Expression des syndicats membres de la Fédération Sud éducation Journal trimestriel réalisé par la Fédération des syndicats Sud éducation Numéro de CPPAP > 0413 S 06443 (renouvellement en cours) Prix > 1,5 Abonnements > 10 Dir. de la publication : A. Champeau Imprimerie : Rotographie, Montreuil Dépôt légal en cours éducation numéro 53 mai - juin 2013 Encart jeté en aléatoire pour certains destinataires L’école n’est pas une entreprise ! L’éducation n’est pas une marchandise ! A ujourd’hui comme hier, les mêmes politiques sont toujours à l’œuvre dans le privé comme dans le public. Politique sécuritaire de répression sociale, austérité budgétaire, aug- mentation de la TVA et réduction des dépenses publiques, « réformes structurelles » cassant les droits des travailleurs/euses du privé et bientôt du public (Accord National Interprofessionnel), démantèlement des services publics (via notamment la décen- tralisation). Ces orientations consistent à faire payer aux salarié- es et classes populaires une crise du système capitaliste dont ils ne sont nullement responsables. La politique scolaire actuelle ne peut se comprendre que replacée dans ce cadre global. Faute de rupture avec les poli- tiques précédentes, la « refonda- tion de l’école » n’en a que le nom. Programmation budgétaire insuffisante sous contrainte d’austérité, maintien de la plupart des contre-réformes de la droite, développement de la précarité, refus de titulariser les précaires, blocage des salaires, poursuite de la dégradation des conditions de vie et de travail, accentuation du démantèlement du service public via la territorialisation, le tout ins- crit dans la continuité du projet d’adapter toujours davantage l’é- cole à l’économie néolibérale. C’est donc une lutte d’en- semble de grande ampleur qu’il faut préparer, en résistant pied à pied à toutes les contre-réformes et en portant la nécessité d’une alternative au capitalisme. Dans cette perspective les syndicats Sud éducation se sont donnés comme objectifs pour les mois à venir : 1. DÉVELOPPER la mobilisation interprofessionnelle avec l’Union syndicale Solidaires contre l’ac- cord d’insécurisation de l’emploi qui institue le chantage à l’emploi pour imposer des baisses de salaires, une hausse de la durée du travail et la flexibilité des horaires. 2. LUTTER contre la précarité par une campagne nationale pour la titularisation et le réemploi de tous les précaires, avec un ras- semblement devant tous les rec- torats le mercredi 5 juin. 3. PRÉPARER un affrontement interprofessionnel majeur pour refu- ser la nouvelle attaque contre les retraites. Le 26 mars, F.Hollande a annoncé une augmentation de la durée de cotisation nécessaire pour avoir une retraite à taux plein et la désindexation des pensions sur l’in- flation. C’est la baisse des pensions de retraites pour tou-te-s qui est pro- grammée ! 4. MOBILISER contre le projet de loi Fioraso sur l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) qui entérine la loi LRU et pousse encore plus loin les logiques d’as- sujettissement de l’ESR aux pou- voirs des entreprises et de la Région. 5. COMBATTRE les projets de territorialisation et l’acte III de la décentralisation, à commencer par un pouvoir accru aux collectivités territoriales dans les conseils d’é- cole et dans les conseils d’admi- nistration des établissements, la régionalisation de l’enseignement professionnel et de l’orientation scolaire. Avec la décentralisation, un cap supplémentaire serait fran- chi dans une logique de territo- rialisation et de contractualisation de l’école incompatible avec l’é- galité du service public national, et destructrice pour les statuts des personnels. 6. AMPLIFIER notre campagne nationale sur nos conditions de travail, qui continuent de se dégra- der et pour lesquels les outils exis- tants doivent être utilisés (visites médicales, registres obligatoires, comités hygiène, sécurité et condi- tions de travail). 7. S’OPPOSER au développe- ment de l’école du socle et des compétences, avec une campagne nationale de boycott du Livret Per- sonnel de Compétences. LE VÉRITABLE CHANGEMENT DÉPEND DE NOS MOBILISATIONS, DE NOTRE VOLONTÉ ET DE NOTRE CAPACITÉ À FAIRE PLIER LE PATRONAT, LES PUISSANCES DARGENT, ET LES GOUVERNE- MENTS QUI VEULENT NOUS FAIRE PAYER LEUR CRISE. SUD ÉDUCA- TION INSCRIT SON COMBAT DANS LA PERSPECTIVE GÉNÉRALE QUE, DES LUTTES, SORTE UNE ALTERNATIVE SOCIALE, ÉCONO- MIQUE, POLITIQUE ET ÉCOLO- GIQUE. CHAQUE RÉSISTANCE Y CONTRIBUE. CHAQUE RÉSIGNA- TION NOUS EN ÉLOIGNE. p.3, p.2 p.7 p.8 > Une réforme peu commune > Forum Social de Tunis « Dignité » > La Sexta : aux côtés des zapatistes > Première rencontre syndicale internationale > ...les courbettes à l’ANI > On n’en veut pas ! INTERNATIONAL LOI DE DÉCEN- TRALISATION INTERSYNDICALE FEMMES LE MEDEF AIME LES COURBETTES... LRU 2.0 SOCLE COMMUN > Mainmise de la région > Édition 2013 p.4 & 5 PRÉCARITÉ > Tout sur la mobilisa- tion de Sud éducation le 5 juin pour la titula- risation des précaires p.6, PÉDAGOGIES ALTERNATIVES CHSCT > Et syndicalismes d’émancipation > Le ministère connaît-il leur existence ? 5 mercredi juin contre la précarité : titularisation sans conditions de concours ni de nationalité rassemblements dans toutes les académies le mercredi 5 juin 2013 organisés par www.sudeducation.org ne nous résignons pas aux régressions Pour vous tenir au courant des luttes, de l'actualité syndicale,

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Expression des syndicats membres de la Fédération Sud éducation

Journal trimestriel réalisé par

la Fédération des syndicats Sud éducation

Numéro de CPPAP > 0413 S 06443

(renouvellement en cours)

Prix > 1,5 €

Abonnements > 10 €

Dir. de la publication :

A. Champeau

Imprimerie :

Rotographie, Montreuil

Dépôt légal en cours

éducationnuméro 53

mai - juin 2013

Encart jeté en aléatoire

pour certains destinataires

L’école n’est pas une entreprise !

L’éducation n’est pas une marchandise !

Aujourd’hui comme hier,les mêmes politiques sonttoujours à l’œuvre dans

le privé comme dans le public.Politique sécuritaire de répressionsociale, austérité budgétaire, aug-mentation de la TVA et réductiondes dépenses publiques,« réformes structurelles » cassantles droits des travailleurs/euses duprivé et bientôt du public (AccordNational Interprofessionnel),démantèlement des servicespublics (via notamment la décen-tralisation). Ces orientationsconsistent à faire payer aux salarié-es et classes populaires une crisedu système capitaliste dont ils nesont nullement responsables. Lapolitique scolaire actuelle ne peutse comprendre que replacée dansce cadre global.

Faute de rupture avec les poli-tiques précédentes, la « refonda-tion de l’école » n’en a que lenom. Programmation budgétaireinsuffisante sous contrainted’austérité, maintien de la plupartdes contre-réformes de la droite,développement de la précarité,refus de titulariser les précaires,blocage des salaires, poursuite dela dégradation des conditions devie et de travail, accentuation dudémantèlement du service publicvia la territorialisation, le tout ins-crit dans la continuité du projetd’adapter toujours davantage l’é-cole à l’économie néolibérale.

C’est donc une lutte d’en-semble de grande ampleur qu’ilfaut préparer, en résistant pied àpied à toutes les contre-réformeset en portant la nécessité d’unealternative au capitalisme. Danscette perspective les syndicats Sudéducation se sont donnés commeobjectifs pour les mois à venir :

1. DÉVELOPPER la mobilisationinterprofessionnelle avec l’Unionsyndicale Solidaires contre l’ac-cord d’insécurisation de l’emploiqui institue le chantage à l’emploipour imposer des baisses desalaires, une hausse de la duréedu travail et la flexibilité deshoraires.

2. LUTTER contre la précaritépar une campagne nationale pourla titularisation et le réemploi detous les précaires, avec un ras-semblement devant tous les rec-torats le mercredi 5 juin.

3. PRÉPARER un affrontementinterprofessionnel majeur pour refu-ser la nouvelle attaque contre les

retraites. Le 26 mars, F.Hollande aannoncé une augmentation de ladurée de cotisation nécessaire pouravoir une retraite à taux plein et ladésindexation des pensions sur l’in-flation. C’est la baisse des pensionsde retraites pour tou-te-s qui est pro-grammée !

4. MOBILISER contre le projetde loi Fioraso sur l’enseignementsupérieur et la recherche (ESR)qui entérine la loi LRU et pousseencore plus loin les logiques d’as-sujettissement de l’ESR aux pou-voirs des entreprises et de laRégion.

5. COMBATTRE les projets deterritorialisation et l’acte III de ladécentralisation, à commencer parun pouvoir accru aux collectivitésterritoriales dans les conseils d’é-cole et dans les conseils d’admi-nistration des établissements, larégionalisation de l’enseignementprofessionnel et de l’orientationscolaire. Avec la décentralisation,un cap supplémentaire serait fran-chi dans une logique de territo-rialisation et de contractualisationde l’école incompatible avec l’é-galité du service public national, etdestructrice pour les statuts despersonnels.

6. AMPLIFIER notre campagnenationale sur nos conditions detravail, qui continuent de se dégra-der et pour lesquels les outils exis-tants doivent être utilisés (visitesmédicales, registres obligatoires,comités hygiène, sécurité et condi-tions de travail).

7. S’OPPOSER au développe-ment de l’école du socle et descompétences, avec une campagnenationale de boycott du Livret Per-sonnel de Compétences.

LE VÉRITABLE CHANGEMENT

DÉPEND DE NOS MOBILISATIONS,DE NOTRE VOLONTÉ ET DE

NOTRE CAPACITÉ À FAIRE PLIER LE

PATRONAT, LES PUISSANCES

D’ARGENT, ET LES GOUVERNE-MENTS QUI VEULENT NOUS FAIRE

PAYER LEUR CRISE. SUD ÉDUCA-TION INSCRIT SON COMBAT

DANS LA PERSPECTIVE GÉNÉRALE

QUE, DES LUTTES, SORTE UNE

ALTERNATIVE SOCIALE, ÉCONO-MIQUE, POLITIQUE ET ÉCOLO-GIQUE. CHAQUE RÉSISTANCE Y

CONTRIBUE. CHAQUE RÉSIGNA-TION NOUS EN ÉLOIGNE.

p.3,

p.2

p.7

p.8

> Une réforme peu commune

> Forum Social de Tunis« Dignité »

> La Sexta : aux côtésdes zapatistes

> Première rencontresyndicale internationale

> ...les courbettes àl’ANI

> On n’en veut pas !

INTERNATIONAL

LOI DE DÉCEN-TRALISATION

INTERSYNDICALEFEMMES

LE MEDEF AIME LES COURBETTES...

LRU 2.0

SOCLE COMMUN

> Mainmise de la région

> Édition 2013

p.4 & 5

PRÉCARITÉ > Tout sur la mobilisa-tion de Sud éducationle 5 juin pour la titula-risation des précaires

p.6, PÉDAGOGIESALTERNATIVES

CHSCT

> Et syndicalismes d’émancipation

> Le ministère connaît-illeur existence ?

5mercredi

juin contre la précarité :

titularisationsans conditions de concours ni de nationalité

rassemblementsdans toutes les académies

le mercredi 5 juin 2013

organisés par

www.sudeducation.org

ne nous résignons pas aux

régressions

Pour vous tenir au courant des luttes, de l'actualité syndicale,

Première rencontre syndicale internationale

2 éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013

intern

ationa

l

En arrivant à Tunis, la pre-mière chose qui frappe estl'omniprésence des photos

de Chokri Belaïd, y compris sur lespanneaux d'affichage publicitaire...Ce dernier, assassiné quelquessemaines plus tôt, était avocat et mili-tant du Front Populaire[1]. Il avaitnotamment défendu les inculpé-esdu bassin minier de Gafsa qui s'é-taient soulevé-es contre le pouvoiren 2008 déjà... Les menaces pèsent,nombreuses, sur d'autres militant-es de l'UGTT, nos partenaires éga-lement dans l'organisation de plu-sieurs ateliers lors du forum. Lesmenaces sont de plus en plus expli-cites aussi pour les femmes dont lamobilisation fut décisive lors du ren-versement du régime en 2011 et quicontinuent à lutter pour que leursdroits soient respectés. Si Ennadah, leparti au pouvoir, a tout fait pour don-ner une belle image démocratiquedu pays lors du forum, offrant les ser-vices de sa police et une «  protec-tion  » bien visible aux participant-esdes nombreuses organisations pré-sentes, la réalité de ce pouvoir esttout autre. Nous avons rencontré desmilitant-es qui sont aujourd'huisérieusement menacé-es par unepolice et une justice qui ne semblenttoujours pas avoir renoncé à certainespratiques «  benalistes  ».

Sur place, la délégation Solidairesétait composée de 70 camaradesdont 9 pour la fédération Sud édu-cation. Ce type d'événement permetnotamment de renforcer les liensentre militant-es des différent-es fédé-rations. Pour l'éducation, nous avionsproposé deux ateliers. Le premier,sur «  la résistance aux réformes néo-libérales dans l'éducation  », co-animéavec nos camarades québécoi-es dela Fneeq CSN, a été l'occasion dedresser le tableau des attaques quesubissent nos différents systèmes etde constater, une fois de plus, lesconvergences des processus de des-truction de l'éducation gratuitepublique pour toutes et tous enEurope et outre-atlantique. Les cama-rades québécoi-es sont revenu-es surle mouvement étudiant dans leur

pays et sur ses suites  : la lutte n'estpas finie mais elle a permis de mettrela revendication de gratuité scolaire aucentre des débats. Notre second ate-lier dénonçait les discriminations quesubissent les filles et les femmes dansl'accès à l'éducation et à la forma-tion. Les intervenants, Sud éducationet UGTT, ont témoigné notammentde la situation en France, en Tunisie,au Maroc et au Niger. Globalement,le travail commun d'organisation desateliers a permis de renforcer les liensdéjà existants entre nos organisationset de permettre à celles qui ne seconnaissaient pas de se rencontrer,ce qui a aussi permis d'étoffer davan-tage notre réseau dans le secteur.

Nos camarades des syndicats auto-nomes algériens, sollicité-es pour par-ticiper à ces ateliers, n'ont malheu-reusement pas pu atteindre le Forum,la police algérienne les ayant bloqué-es à la frontière; sans doute craignait-elle qu'ils et elles témoignent desnombreuses atteintes aux droitshumains dans le pays...

Enfin, sur place, nous avons puprendre connaissance de certainesluttes et leur apporter notre soutien.Nous avons ainsi manifesté devantle siège de Téléperformance[2]...Même chose à Latelec, filiale d'Air-bus, qui licencie les syndicalistes entransférant temporairement la pro-duction en France[3]. Ces luttesmontrent à quel point les problé-matiques sont liées des deux côtésde la Méditerranée et à quel point ilest nécessaire de nous unir et deconstruire des stratégies de résistanceinternationales. Voilà ce qu'aura per-mis ce Forum Social Mondial, pre-mier événement de ce type dans leMaghreb depuis les révolutions égyp-tienne et tunisienne.

Fédération Sud éducation

[1] Rassemblement de la grande majoritédes partis politiques de gauche tunisiens

[2] http://www.sudptt.org/spip.php?article100946 - Victoire à TeleperformanceTunisie

[3] https://www.facebook.com/ComiteSoutienSyndicalistesLatelecFouchana

Forum SocialMondial de Tunis

« Dignité »

LEUR MESSAGE, PUBLIÉ SOUS

FORME DE COMMUNIQUÉ :

«  VOUS AVEZ ENTENDU  ? C’est le bruit de votre monde qui

s’écroule. C’est celui du nôtre qui resurgit. Le jour où le jour fut, c’était la

nuit. Et ce sera la nuit le jour où ce

sera le jour. DÉMOCRATIE  ! LIBERTÉ  ! JUSTICE  !  »

Dans chaque ville, les zapatistesont défilé en montant tou-tes surune estrade aménagée sur unecamionnette. Un autre message  : pasde tribune réservée à certain-es, pasde leader, tou-tes les zapatistes déci-dent de leur destin.

Dans un communiqué daté du 30décembre 2012, les zapatistes annon-cent leurs prochains pas  : ils souhai-tent réactiver leur réseau national etinternational dans le cadre de laSixième Déclaration de la ForêtLacandone. Ce réseau se nommedésormais «  La Sexta  » et ses objec-tifs sont définis dans une série detextes parus début 2013  : Eux etNous. Cette série analyse «  Les(dé)raisons d'en-haut  » et la«  Machine  » capitaliste avec sesrouages du pouvoir et de l’exploita-tion. Puis elle explique «  les douleursd'en-bas  »  : celles des exploité-es etdes différent-es ainsi que leurs lutteset leurs résistances.

Une autre série aborde «  les pluspetit-es  »  : dans des extraits de bro-chures, des zapatistes s’exprimentsur les thèmes de l’autonomie poli-tique, des femmes, de la question

des revenus, de la résistance, desdoutes et des ombres.

Enfin, la question des échanges etde la communication est abordée parle nouveau Sous-commandant  :Moïses (auparavant lieutenant-colo-nel insurgé). Il explique l’importancede l’internationalisme et les moda-lités des rencontres d'août 2013 enterritoire zapatiste. La «  Escuelita  »(petite école) est ouverte aux orga-nisations invitées dont Sud éduca-tion et Solidaires font partie. Aumoins deux personnes y sont man-datées et ce sera l'occasion deremettre l'argent collecté dans lecadre de la souscription pour l'eau àlaquelle vous pouvez encore partici-per (voir journal n°51 et le bon desouscription ci-contre).

Tous les textes étaient accompagnésde vidéos  :http://enlacezapatista.ezln.org.mx/

Les traductions sont là  : www.sude-ducation.org/Les-prochains-pas-des-zapatistes.html

Du 22 au 24 mars, s'est tenueà Saint-Denis (93), une ren-

contre syndicale internationale àl'initiative de CSP-Conlutas (Bré-sil), de la CGT (Espagne) et de Soli-daires. Cette première édition qui aréuni des représentant-e-s[1] desyndicats d'Europe, d'Afrique,d'Asie et des Amériques a été l'oc-casion de montrer l'urgence d’in-ternationaliser plus que jamais nosluttes.

Les séances plénières ont portésur les enjeux et les moyens de l'or-ganisation internationale des syn-dicats alternatifs et de base. Ellesont permis de se rendre comptequ'il faudrait du temps et de l'é-nergie pour apprendre à dépassernos habitudes locales, nationalesou organisationnelles et mener effi-cacement des luttes communes vic-

torieuses mais que la volonté d'untravail commun était grande danschacune de nos organisations.

Ayant constaté les besoins d'outilspermettant de communiquer effi-cacement entre nous et vers l'exté-rieur - analyses et déclarations - ,les participant-e-s ont décidé demettre en place un site internet duréseau - qui est en cours de construc-tion - et des listes informatiques dediffusion par secteur professionnel.

En marge de ces séances com-munes, ont d'ailleurs eu lieu desréunions sectorielles. Celle de l'é-ducation a eu lieu le lundi 25 mars.Elle a réuni neuf organisations[2]

décidées à collaborer activement.Elle devrait rapidement s'élargirgrâce aux contacts pris, notam-ment, durant cette rencontre et leFSM[3].

Plusieurs résolutions ont étéadoptées dont une issue des orga-nisations étudiantes et surtout celledonnant naissance au Réseau syn-dical international de solidarité etde luttes[4].

[1] En plus de syndicats locaux, régio-naux ou nationaux, étaient présent-es desmembres de tendances syndicales de lutteau sein de syndicats

[2] Sud éducation-Solidaires (France),Émancipation (France), CNT-SO (France),CLA - Conseil des lycées algériens (Algérie),Sector educación CSP – Conlutas (Brasil),SNES-FSU (France), Coordinadora sindicalclasista (Argentina), Intersindical AC-educa-ción (Catalunya), Stela Urrego (individual –Colombia)

[3] Voir article

[4] http://www.sudeducation.org/Appel-du-Reseau-syndical.html

PRÈS DE 70 000 MILITANT-ES D'ASSOCIATIONS, D'ONG ET DE

SYNDICATS SE SONT CROISÉ-ES SUR LE CAMPUS D'EL MANAR, À

TUNIS, POUR LE FORUM SOCIAL MONDIAL (FSM) ENTRE LE 25 ET

LE 30 AVRIL 2013.

La Sexta :les prochains pas auxcôtés des Zapatistes

LE 21 DÉCEMBRE, LES ZAPATISTES, QUI POURSUIVENT EN TOUTE DISCRÉTION LEUR LUTTE POUR L’AU-TONOMIE, LA DÉMOCRATIE, LA LIBERTÉ ET LA JUSTICE, SE SONT MANIFESTÉS AUX YEUX DU MONDE. EN

CE JOUR DE LA SOI-DISANT «  FIN DU MONDE », 40 000 ZAPATISTES (INDIGÈNES MAYAS) DES 5RÉGIONS AUTONOMES (LA REALIDAD, OVENTIK, MORELIA, LA GARRUCHA ET ROBERTO BARRIOS) ONT

DÉFILÉ EN SILENCE ABSOLU DANS 5 DES PRINCIPALES VILLES DU CHIAPAS (ALTAMIRANO, COMITAN, OCO-SINGO, SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS, PALENQUE). APRÈS LES PASSE-MONTAGNES POUR ÊTRE RECONNU-ES,LE SILENCE POUR ÊTRE ENTENDU-ES...

BULLETIN DE SOUSCRIPTION

«  DE L’EAU POURLES ZAPATISTES »

Nom / Organisation :

Adresse (facultatif)  :

Contact (mail / téléphone)  :

Verse la somme de  :

Demande de reçu  : Oui / Non

Chèque à l’ordre de «  Union syndi-cale Solidaires  » à renvoyer avec ce bul-letin à  :

Union syndicale Solidaires (Chiapas)144 Bd de la Villette 75019 Paris

Plus

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3éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013

déce

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LE GOUVERNEMENT A DÉCIDÉ

DE SCINDER EN TROIS SON PROJET

DE LOI DE DÉCENTRALISATION. LA

PARTIE CONCERNANT LA FORMA-TION PROFESSIONNELLE ET

L'ORIENTATION SCOLAIRE DEVRAIT

ÊTRE ÉTUDIÉE EN MAI 2013 ET

SOUMISE AU PARLEMENT EN

OCTOBRE. LE CODE DE L'ÉDUCA-TION ET LE CODE DU TRAVAIL EN

SERONT MODIFIÉS.

QUE DIT LA DERNIÈRE VERSION

DE CE TEXTE ?

Le code de l'éducation est modifié.La politique d'apprentissage et deformation professionnelle des jeuneset des adultes à la recherche d’unemploi ou d’une nouvelle orienta-tion professionnelle sera régionale(Art.L.214-12). La région la définitet la met en œuvre (Art. L. 6121-1)en élaborant le contrat de plan régio-nal au sein du comité de coordina-tion régional de l'emploi, de l’orien-tation et de la formationprofessionnelle. Les choix seront liésà "l'analyse des besoins en termesd'emplois, de compétences et dequalifications par bassin d'emploi" (Art. L. 214-13). Pour la "Gouver-nance de l’emploi et de la formationprofessionnelle" le code du travail

est modifié. Il est créé un livre VI,intitulé : « Coordination des poli-tiques publiques de l’emploi, del’orientation et de la formation pro-fessionnelle », comportant 4 articles(L. 5611-1 et suivants). Un conseilnational de l'emploi de l’orientationet de la formation professionnelle etun comité régional de coordinationde l’emploi, de l’orientation et de laformation professionnelle sont créés.Pour le développement de l'appren-tissage (Art. L. 6211-3), la région éla-bore des contrats d'objectifs et demoyens avec ses partenaires (auto-rités académiques, organismesconsulaires, organisations représen-tatives d'employeurs et de salariés etautres). Plus grave, ce projet de loidéfinit dans les articles 112 à 120 lescontours d’un transfert et d’une miseà disposition des fonctionnaires etagents de l’Etat vers les régions.

Que fait l'État ? Le code de l'édu-cation laisse pour le moment dépen-dants de la responsabilité de l'étatles personnels, les programmes et lesdiplômes. (Art. L 211-1)

QU'EN PENSE LA FÉDÉRATION

SUD ÉDUCATION ?

En attribuant le pilotage de la cartedes formations aux Régions, le pro-jet de loi de décentralisation neconsidère l’élève qu'en fonction

d'une prétendue employabilitéimmédiate, soumise aux impératifséconomiques locaux. Il le prive d’unprojet professionnel à long terme,sans tenir compte de ses aspirationsréelles. En préemptant les différentesvoies de formation professionnelle,les régions obtiennent ainsi les pleinspouvoirs pour accentuer leur poli-tique de développement et de pro-motion de l’apprentissage. Et pour-tant, avec son taux importantd’abandons (30 % de ruptures decontrats) l’apprentissage n’est, enaucun cas, une réponse adaptée pourrésoudre le chômage des jeunes. Deplus, le projet de loi, en transférantla carte des formations aux régions,emprisonne les jeunes dans un déter-minisme social, géographique et pro-fessionnel.

Si le projet de loi dans sa formeactuelle, ne contient plus ni trans-fert des CIO, ni mise à dispositiondes personnels, il persiste dans lacréation d’un service d’orientationmélangeant tous les publics. Nous yrestons opposés car nous pensonsqu’il doit continuer à exister un ser-vice public d’orientation spécifiqueaux publics scolaires. Cette missionreste de la compétence de l’Etat dansles EPLE ce qui est un élément posi-tif mais encore incomplet puisqu’onne sait pas exactement qui en seraen charge, les personnels chargés

actuellement de ces missions, lesconseillers d’orientation psychologuen’apparaissant toujours pas dans letexte.

La mise en œuvre de la conven-tion, prévue à l’article 26 entre l’au-torité académique et le président deRégion nous conduit à la plus grandevigilance.

Il ne saurait être question de réin-troduire une régionalisation déguiséedes CIO, par cette convention ou parle biais des expérimentations prévuesdans plusieurs régions. Il ne seraitpas plus admissible de modifier lelieu d’affectation des conseillersd’orientation psychologues, ce quiaurait pour première conséquence,de scinder le corps en deux.

En outre, le chapitre 2 du titre Iintitulé « l’emploi et l’avenir de lajeunesse » qui traite de la formationprofessionnelle et de l’orientations’inscrit toujours dans une vision« utilitariste » de l’école et s’appuiesur une volonté politique « adéqua-tionniste » (qui vise une relation for-mation/emploi parfaitement au ser-vice de l’emploi et des entreprises)que nous dénonçons. Pour nous, l’é-cole ne doit pas devenir encore plusqu’aujourd’hui une fabrique « dechair à patrons ».

Cette loi sera donc lourde deconséquences : aggravation desconditions de travail des personnels

de l’éducation nationale avec, àterme, une remise en cause de leurstatut, mélange des publics àaccueillir, multiplication des tâches,phagocytage et pilotage de la for-mation professionnelle et de l’orien-tation par les entreprises locales.

Sud éducation Calvados

Loi de décentralisationMainmise de la Région sur la Forma-tion Professionnelle et l’Orientation !

CHAQUE ANNÉE DEPUIS 1998,L'INTERSYNDICALE FEMMES, QUI

REGROUPE DES MILITANT-ES DE LA

CGT, DE LA FSU ET DE SOLI-DAIRES, ORGANISE DEUX JOURNÉES

DE FORMATION SYNDICALE

«  FEMMES ». CES JOURNÉES SE

VEULENT UN LIEU DE RÉFLEXION,D'ÉCHANGES ET DE CONFRONTA-TIONS QUI PERMETTENT D'AP-PROFONDIR LES QUESTIONS

REVENDICATIVES SUR NOS LIEUX

DE TRAVAIL, OU À L'EXTÉRIEUR,ET DE POSER LA QUESTION DE LA

PLACE DES FEMMES DANS LES SYN-DICATS.

L'édition 2013 a eu lieu en marsdernier. Plus de 400 personnes,majoritairement des femmes, y ontparticipé. Solidaires était bien repré-sentée puisqu'il y avait près de 250participant-es venu-es de 17 syndicatsdifférents. C'est l'occasion de ren-contrer des personnes qui partagentles mêmes préoccupations que nousquant au sexisme et à la dominationmasculine et d'aborder des sujets quisont trop souvent négligés dans nossyndicats. En 2013, les thèmesétaient  : Femmes et austérité en

Europe le lundi matin, Corps, imagesde soi, publicités sexistes l'après-midi,Stéréotypes et égalité professionnellele mardi matin et Femmes face à l'ex-trême droite en Europe l'après-midi.

Magda Alves (Portugal) et Sia Ana-gnostopoulos (Grèce) ont présenté lasituation actuelle dans leur pays etEsther Jeffers (France) a insisté surles conséquences des politiquesd'austérité sur les femmes. Au Por-tugal, les femmes sont sous-repré-sentées dans le monde du travail.Avant le début de la crise, leur tauxd'inactivité était de 67  % (22  % pourles hommes). Aujourd'hui, plus de lamoitié de la population active est auchômage et plus de la moitié deschômeur-euses ne reçoit aucuneaide. Le Smic est à 485 euros brutpar mois. Des manifestations mons-trueuses (1 million de personnes,soit 10  % de la population) ont eulieu mais sans trouver de gros échosen Europe. En Grèce, après la fin dela dictature en 1974, la proportionde femmes dans la population activea augmenté de façon spectaculaireet leur apparition dans l'espace publica favorisé la démocratie. En 2008, lamentalité était encore à l'égalitéfemmes-hommes. Aujourd'hui, leSmic est à 400 euros et les gens ontvu leur salaire diminuer de 50  %. Les

emplois non qualifiés sont de plusen plus féminisés, le temps partielest fortement conseillé, au motif quece serait mieux pour concilier vie pro-fessionnelle et vie privée et, sous l'in-fluence de la très présente extrêmedroite, on préconise même le retourdes femmes au foyer. Le secteur de lasanté a été détruit en quelquesannées. Certaines parturientes ne dis-posent pas de la somme nécessairepour payer leur accouchement. Lasituation est encore pire pour lesfemmes immigrées qui ne peuventplus aller dans les hôpitaux publics.Les attaques contre les femmes et leshomosexuel-les se multiplient et cer-taines femmes qui avaient l'habitudede circuler à toute heure dans la rue,hésitent à sortir le soir. Magda Alvescomme Sia Anagnostopoulos enappellent à la solidarité internatio-nale.

L'après-midi était consacré aucorps avec une intervention de Chris-tine Bard sur l'histoire du pantalon.Elle a expliqué comment les vête-ments étaient utilisés pourcontraindre les femmes. Ainsi lesjupes les ont longtemps entravéestout en les érotisant (c'est un vête-ment ouvert sur le sexe). Aujour-d'hui encore, il y a parfois unepanique sexuelle dans certains éta-

blissements scolaires où on se foca-lise sur des jupes «  trop  » longuesou «  trop  » courtes au lieu de laisserchaque adolescente s'habiller commeelle l'entend et alors même qu'ellesubit déjà les diktats de la normenotamment par la publicité. Le publi-sexisme a d'ailleurs été l'objet de l'in-tervention suivante par Aude Vin-cent et Sophie Pietrucci. Elles ontdémontré comment les publicitésnous transmettent des normes cor-porelles de beauté figée (minceur,jeunesse, absence de poils...), de pas-sivité et de disponibilité sexuelle etque certaines banalisent les violencesenvers les femmes.

Le mardi matin, il a été questiond'égalité professionnelle. De nosjours, et alors que la mixité est entréeen vigueur en 1975 et que l'égalitéconstitue une obligation légale, lascolarisation reste différenciée  ; lafilière S est ainsi la seule où on trouveun pourcentage voisin de filles et degarçons. Dans le monde profession-nel, cette différenciation persiste.Pour prendre les exemples avancéspar les représentantes de Solidaires,à la SNCF, les 19  % de femmesconstituent seulement 3  % du per-sonnel qui répare les trains et lesconvois. On trouve les femmes dansles métiers commerciaux (guichets,

accueil, contrôleuses...) La Poste estsouvent citée en exemple car on ycompte presque autant de cadresfemmes que de cadres hommes maisen fait, les femmes sont sur despostes de cadres commerciaux moinsvalorisants et susceptibles de pro-motion que les postes de manage-ment ou de conseillers financierstrustés par les hommes. Chez lesemployé-es, on trouve plus de deuxtiers de femmes au guichet et 30  %seulement aux colis.

Les journées 2013 se sont finiessur la diffusion d'un documentaireintitulé Populisme au féminin. Laprojection a été suivie d'une inter-vention de Sylvain Crepon, socio-logue qui suit le FN depuis plusieursd'années. Ce thème pourrait fairel'objet d'un prochain article.

Rappel  : chaque travailleuse et tra-vailleur de l'éducation, syndiqué-eou non, a droit à 12 jours de congépour formation syndicale par an(demande à faire au plus tard unmois avant la date de début de la for-mation). Il ne faut pas hésiter à serenseigner sur les formations pro-posées et à y participer.

Sud éducation Nord-Pas-de-Calais

L'Intersyndicale Femmes

SUD ÉDUCATION

EXIGE QUE L’ÉDUCA-TION NATIONALE

RESTE LE PILOTE ET

ASSUME SES MISSIONS

DE SERVICE PUBLIC

DANS L’ENSEIGNE-MENT PROFESSION-NEL ET L’ORIENTA-TION SCOLAIRE, EN Y

INVESTISSANT LES

MOYENS NÉCESSAIRES

SUR TOUT LE TERRI-TOIRE.

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CES EXEMPLES SONT ISSUS DES

TÉMOIGNAGES ET QUESTIONS DES

EVS ET AVS (TOUTES DES

FEMMES) PRÉSENTES AU STAGE

«  DROITS DES PRÉCAIRES »ORGANISÉ EN FRANCHE-COMTÉ

EN AVRIL.

LA PARTICIPATION AUX FOR-MATIONS SYNDICALES :

Remarque faite à une EVS quidépose une demande de congé deformation  syndicale : « Pourquoiavez-vous besoin de formation  ?Vous n’êtes pas bien ici  ? Que vou-lez-vous savoir que je ne vous aiepas déjà dit  ? Vous avez à vousplaindre de nous  ? » (dixit le chefd’établissement à une EVS)

LES MISSIONS :

Une AVS a été contrainte d’en-trer dans l’eau avec l’élève dont elles’occupe. Personne ne l’avait jamaisinformée que cela ne peut être lecas uniquement si l'élève est han-dicapé et qu'elle le fait dans le cadred'un PAI (projet d'accueil indivi-dualisé) ou d'un PPS (projet per-sonnalisé de scolarisation). Quandelle l’a appris, elle était fortementinquiète, se demandant ce qu’il arri-verait en cas de problème. Qui seraitresponsable  ?

LA RÉMUNÉRATION :

Une AVS a vu son salaire amputéd’une semaine sans raison. Elle serenseigne et la personne qui gèreles traitements lui dit  : «  Ne vousinquiétez pas, ce n’est pas grave, onrectifiera l’erreur le mois prochain.  »

Une AVS, qui avait auparavantété EVS est restée sous le régimeCPAM parce que son employeur anégligé de faire les démarches pourl’inscrire à la MGEN. Lorsqu’elle aété en arrêt maladie durant unesemaine, elle s’est vu retirer troisjours de carence alors qu’elle n’au-rait dû en avoir qu’un.

LES RELATIONS AVEC LA HIÉ-RARCHIE :

Pour la signature d’un avenant,on a vu trois points qui ne respec-taient pas le contrat initial  : un chan-gement de lieu de travail hors sec-teur, un délai d’information tropcourt, non fait par écrit, avec pres-sion pour que la personne signeimmédiatement en la harcelant autéléphone et le refus de garder lesmodulations d’emploi du temps quiavaient été mises en place lors ducontrat initial.

Plusieurs AVS ou EVS en charged’élèves aux comportements diffi-ciles ont subi des coups de la part deces enfants, des insultes sans quel’administration ne se préoccupe dela violence que cela implique et desconséquences que cela peut engen-drer.

NOTRE SYNDICAT DOIT

ÊTRE AUPRÈS DE CES PER-SONNELS ET DOIT LES

ENCOURAGER À CRÉER

DES COLLECTIFS DE PRÉ-CAIRES ET DOIT ÊTRE

PRÊT À LES SOUTENIR.NOUS DEVONS METTRE

EN PLACE, CHAQUE

ANNÉE, DES STAGES LEUR

PERMETTANT DE SE REN-C O N T R E R , D E S E

CONNAÎTRE ET DE S’IN-FORMER SUR LEURS

DROITS. NOUS DEVONS

PLUS QUE JAMAIS LES

DÉFENDRE.

Fédération Sud éducation

4 éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013

préc

arité

Derrière les discours sur la refon-dation de l'école, les chiffres sur lesconditions d'emploi des agents del’Éducation nationale sont eux sanséquivoque. Plus de 170 000 d'agentsnon titulaires travaillent au sein del'Éducation nationale, ce qui en fait,de loin, le premier employeur de pré-caires  :

● Plus de 70 000 agents contrac-tuels et vacataires (enseignant-es/administratifs) qui enchaînent au fildes années les contrats de travail aumépris du code du travail.

● Plus de 55 000 contrats aidés(CUI), embauchés pour 6 ou 10mois puis remerciés sans avoir pubénéficier de la moindre formationpourtant prévue par la loi.

● Plus de 50 000 assistant-es d'é-ducation travaillant à temps partiel.

Par ailleurs, les derniers projetsministériels  ne se privent pas de créerde nouveaux précaires  :

● 500 assistant-es de prévention etsécurité pour des contrats de moins

d'un an dans les cadres d'emploi desassistant-es d’éducation.

● 18 000 «  emplois d'avenir pro-fesseur-es  » (6000 par an) en CUI-CAE d’un an renouvelable 3 fois.

Nous ne pouvons nous contenterde la loi Sauvadet du 12 mars 2012prétendant résorber la précarité. Elleexclut de fait la plupart des contrac-tuel-les de l’Éducation nationale  :assistant-e-s d'éducation, auxiliairesde vie scolaire, assistant-e-s pédago-giques...et ne concerne en réalité que17% des non-titulaires !

Qu’elles/ils soient en remplace-ment ou dès la rentrée sur des postesvacants du fait de la pénurie de per-sonnels titulaires, les conditionsd’exercice et de rémunération de cespersonnels n’ont cessé de se dégra-der.

Le statut de fonctionnaire titulairedoit être la norme de l’emploi dansla Fonction Publique[1].

Toute cette précarité fragilise leservice public, toute cette précaritéengendre souffrance et pauvreté,toute cette précarité doit cesser  !

Fédération Sud Education

[1] Article 3 de la loi N°83-634 du 13 juillet1983 portant droits et obligations des fonc-tionnaires dite loi Le Pors.

Deux camarades professeur-es desécoles, exerçant en collège, dans l'é-ducation spécialisée du 54, se sontvu refuser un stage de formationsyndicale par leur hiérarchie, enfévrier dernier, au titre de « l'absencede remplaçants ». C'était sans comp-ter sur l'action du syndicat, sur ledroit qui joue ici en notre faveur,ainsi que sur les nombreuses irré-gularités de forme dans la démarchede la DSDEN[1] . Les deux cama-rades, soutenu-es par Sud éduca-tion, ont donc, après avoir tenté unrecours à l'amiable, engagé un référéliberté devant le Tribunal Adminis-tratif de Nancy. Et... victoire syndi-cale ! Les deux collègues ont doncpu, le lendemain du jugement, serendre à la formation syndicale por-tant sur... les droits des personnels !

Le congé pour formation syndi-

cale[2] est un congé de droit, aumême titre que le congé annuel, lecongé maladie ou encore le congématernité (Loi n° 83-634 du 13juillet 1983, art. 21). La raison invo-quée pour ce refus de départ en for-mation (l'absence de remplaçant-es) a été reconnue comme tardive,non démontrée à la clôture de l'ins-truction et insuffisante. En outre, letribunal a estimé que nos deuxcamarades étaient « fondé-es à sou-tenir qu'une atteinte grave et mani-festement illégale a été portée à uneliberté fondamentale », à savoir laliberté syndicale.

La DSDEN 54, pour se justifier, afait remarquer par écrit que « pourla journée du 11/02, les 213 rem-plaçant-es, soit la totalité des effec-tifs, ont été affecté-es en remplace-ment, il reste 141 classes sans

remplacement ». Le déficit structu-rel de remplaçant-es peut doncengendrer 141 classes de primairesans enseignant-es remplaçant-esdans le seul département du 54 !C'est donc loin d'être un déficitexceptionnel.

Sud éducation Lorraine

N'OUBLIONS PAS QUE

LA FORMATION SYNDI-CALE EST UN DROIT QUI

NE S'USE QUE SI ON NE

S'EN SERT PAS ![1] Direction des Services Départementaux

de l’Éducation Nationale

[2] Douze jours par an au maximum

Le mercredi 5 juin : MOBILISONS-NOUS !

Pour le réemploi etla titularisation detous les précaires■ LE MERCREDI 5 JUIN, LA FÉDÉRATION SUD ÉDUCATION APPELLE TOUS LES COLLÈGUES À SE RASSEMBLER

DEVANT LES RECTORATS DE TOUTES LES ACADÉMIES DE FRANCE ■ DES DÉLÉGATIONS DEMANDERONT

À ÊTRE REÇUES CE JOUR POUR ÉVOQUER AUPRÈS DES RECTEURS LES CONDITIONS DE TRAVAIL ALARMANTES

DES PERSONNELS NON-TITULAIRES ET PESER SUR LES RENOUVELLEMENTS DE CES DERNIERS ■ DANS L’É-DUCATION NATIONALE ET PLUS LARGEMENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE, MALGRÉ LE CHANGEMENT

DE GOUVERNEMENT, LE NOMBRE DE PRÉCAIRES NE CESSE D'AUGMENTER ■ LA FÉDÉRATION SUD ÉDU-CATION APPELLE LES PERSONNELS NON-TITULAIRES, TITULAIRES, ENSEIGNANTS, NON ENSEIGNANTS À SE

MOBILISER COLLECTIVEMENT CE JOUR-LÀ !

MOBILISONS-NOUS

LE MERCREDI 5 JUIN

DEVANT LES RECTO-RATS DE NOS ACADÉ-MIES POUR RÉCLA-MER LE RÉEMPLOI ET

LA TITULARISATION

DE TOUS LES PER-SONNELS NON-TITU-LAIRES SANS CONDI-TION DE CONCOURS

NI DE NATIONALITÉ.

Quelques exemples concretsde la vie des précaires del’Éducation nationale.

QUAND L'ABSENCE DE REMPLAÇANTS GÉNÈRE

UNE « ATTEINTE GRAVE ET MANIFESTEMENT ILLÉGALE À UNE LIBERTÉ FONDAMENTALE »,SUD ÉDUCATION DÉFEND LES SALARIÉ-ES CONTRE LEUR HIÉRARCHIE, BEC ET ONGLES !

Brève Générale...

ARRÊT DU RECRUTEMENT DE

TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES

PRÉCAIRES !À TRAVAIL ÉGAL, SALAIRE ÉGAL

ET STATUT ÉGAL !

5mercredi

juin contre la précarité :

titularisationsans conditions de concours ni de nationalité

rassemblementsdans toutes les académies

le mercredi 5 juin 2013

www.sudeducation.org

organisés par

Fédération des syndicats Sud éducation : 17, bd de la Libération 93200 Saint-DenisTéléphone : 01 42 43 90 09 - Fax : 01 42 43 90 32e-mail : [email protected]

d'émancipation

6 éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013

réflex

ions

et voilà le tr

avail

LE 26 MARS DERNIER, LA FÉDÉ-RATION SUD ÉDUCATION DÉPO-SAIT DEVANT LE CONSEIL D’ÉTAT

UN RECOURS EN ANNULATION DU

DÉCRET DE VINCENT PEILLON SUR

LES RYTHMES SCOLAIRES. DEUX

MOIS AUPARAVANT, LE 26 JAN-VIER 2013, LE DÉCRET N° 2013-77, « RELATIF À L’ORGANISATION

DU TEMPS SCOLAIRE DANS LES

ÉCOLES MATERNELLES ET ÉLÉ-MENTAIRES », ÉTAIT PUBLIÉ PAR

VINCENT PEILLON AU JOURNAL

OFFICIEL.

Incrédules, nous nous sommesalors aperçu que le ministère - tout àla précipitation de vouloir imposersa prétendue refondation - s’étaittout simplement dispensé de consul-ter au préalable le Comité d’hygiènede sécurité et des conditions de tra-vail ministériel. Pour Sud, il était inac-ceptable de fouler ainsi aux pieds uneinstitution représentative du per-sonnel. Le décret n°82-453 modifiéstipule bien que le CHSCT doit êtreconsulté « sur les projets d’aména-gement importants modifiant lesconditions de travail ».

Mais «  les conditions de travail  »,quezako ? La circulaire Fonctionpublique du 9 août 2011 précisedans la section consacrée aux compé-tences du CHSCT que « cette notionde conditions de travail peut être

définie […] comme portant notam-ment sur les domaines suivants : l’or-ganisation du travail (charge de tra-vail, rythme, pénibilité des tâches,élargissement et enrichissement destâches)».

Dans ce cadre, aucun doute, ledécret sur les rythmes scolaires bou-leverse l’organisation du travail despersonnels. Le ministère l’ignore-t-ilà ce point  ? Ou a-t-il décidé de tenirpour négligeables les CHSCT, dontl’action est dédiée aux conditions detravail  ?

1 CHSCT POUR 8000 AGENTS

Cette dernière hypothèse pourraitêtre la bonne. À Sud éducation, nousestimions déjà que le nombre deCHSCT dans l’Éducation nationalen’était pas en mesure de permettre àcette nouvelle instance de se mettrevéritablement au service des tra-vailleuses de l’éducation. Lespérimètres d’exercice auxquels ils ontété bornés (l’académie et le dépar-tement) limitent considérablement lapossibilité pour les représentantesdu personnel de mener des enquêtessur les conditions de travail desagents par exemple...

Depuis, nous sommes allées voirailleurs comment ont été installés lesCHSCT.

Et voilà dans le tableau ci-contre ceque nous avons constaté  :

Pour Sud, les CHSCT – débarrassésdu paritarisme et où seules les repré-sentantes du personnel votent – peu-vent être un contre-pouvoir syndi-cal. Mais il faut pour cela qu’ilsexistent plus et mieux  ! C’est pour-quoi nous revendiquons la créationde CHSCT de circonscription dansle 1er degré et la transformation desCHS d’EPLE en CHSCT dans le 2nddegré.

LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ AU

TRAVAIL : INTERDITES D’ÉCOLE ?

Mais s’il n’y avait que les CHSCT…Dans de trop nombreuses écoles le

Registre de santé et sécurité au travail(RSST) n’est toujours pas disponible.Il est pourtant urgent de rendreaccessible cet outil nécessaire à l’amé-lioration de nos conditions de tra-vail.

Lorsque cette absence estconstatée par nos équipes syndicales,les raisons avancées par l’adminis-tration varient : elles sont néanmoinstoutes inacceptables.

● « VOTRE SYNDICAT VOUSRACONTE DES HISTOIRES : IL N’Y AAUCUNE OBLIGATION DE PRÉ-SENCE DE CE REGISTRE DANS LESÉCOLES »

C’est un gros et vilain mensonge.La simple lecture de l’article 3.2 dudécret n°82-453 devrait calmer lesardeurs de n’importe quelle IENrécalcitrante.

● « C’EST À LA DIRECTRICE D’É-COLE DE GÉRER ÇA. LAISSEZ-NOUSTRANQUILLE ! »

Nous contestons cette affirmation :la directrice d’école ne peut pas être

tenue responsable du suivi du RSST.Une assistante de prévention de cir-conscription doit être nommée par lachef de service - donc l’IEN ou laDasen - et est chargée de « veiller àla bonne tenue » du RSST (article4.1 du décret de 1982) et elle doitd’ailleurs être formée pour cela !

● « NOUS N’AVONS PAS EU LETEMPS DE NOUS Y METTRE. ÇA VAVENIR, ATTENDEZ »

La santé et la sécurité au travaildoivent attendre ? C’est en contra-diction flagrante avec tous les dis-cours tenus par l’administrationdepuis 2011 (au moins). La circu-laire d’août 2011 produisait d’ailleursen annexe un exemple de RSST, etcertaines académies en ont mis enligne depuis longtemps. Il reste visi-blement des puces à secouer.

www.travail.sudeducation.org

Fédération Sud éducation

Employeur Nombre de salarié-es Nombre de CHSCT 1 CHSCT pour…

La Poste 246 000 950 259 agents

Ministère du Travail 10 000 35 286 agents

Ministère des finances 160 000 120 1333 agents

Éducation nationale 1  000  000 125 8000 agents

Le ministère connaît-ill’existence des CHSCT ?

ÉH OUI, DANS L’É-DUCATION NATIO-NALE, NOUS SOMMES

LES PLUS MAL LOTIES

ET LES PLUS MAL COU-VERTES PAR LES

CHSCT  !

LA TRADITION D'UNE RÉFLEXION

PÉDAGOGIQUE SE PERD DEPUIS DÉJÀ

LONGTEMPS DANS LA PLUPART DES

SYNDICATS DE L'ÉDUCATION. À L'IN-VERSE, DES COURANTS PÉDAGO-GIQUES ALTERNATIFS PRÉTENDENT

POUVOIR CHANGER L’ÉCOLE PAR DES

PRATIQUES DE CLASSE ÉMANCIPA-TRICES SANS REMETTRE EN QUES-TION LES DIRECTIVES POLITIQUES.EN FÉVRIER DERNIER AVAIT LIEU LA

DEUXIÈME ÉDITION DU STAGE DÉDIÉ

AUX PÉDAGOGIES ALTERNATIVES ET

AUX SYNDICALISMES D'ÉMANCIPA-TION, ORGANISÉ CONJOINTEMENT

PAR LES SYNDICATS SUD ÉDUCATION

DE PARIS ET DES HAUTS DE SEINE.L'OBJECTIF DE CE STAGE ÉTAIT JUS-TEMENT DE REMETTRE EN PERSPEC-TIVE DES PRATIQUES PROFESSION-NELLES ET UN MILITANTISME

POLITIQUE ET SYNDICAL QUI NE PEU-VENT ÊTRE DÉCONNECTÉS.

Le politique traverse la pratiqueprofessionnelle à tous les niveaux.L'organisation de l'institution, lesprogrammes scolaires sont les piliersd'un projet politique que nous com-

battons à Sud éducation. DepuisJules Ferry et son projet d'école répu-blicaine pour museler la classeouvrière, jusqu'à l'idéologie ultra-libérale de l'Approche Par Compé-tences portée unanimement par lesgouvernements successifs, l’école acomme seul objectif de trier, sélec-tionner, pour reproduire les rapportsde domination et de classes de lasociété capitaliste.

En tant que fonctionnaire de l'État,nous participons consciemment ounon à ce projet. Il est important demettre en lumière et de critiquer ceprojet politique à l'opposé de lasociété coopérative, autogérée et soli-daire que porte Sud éducation. Nousvoulions donc articuler cette réflexionavec des pratiques de classes alter-natives.

Durant les deux jours, plusieursintervenants (AFL[1], GFEN[2],ICEM[3], pédagogie institutionnelle,ainsi que des militants de Sud édu-cation) ont animé des ateliers. À par-tir d’expériences de terrain, de vidéos,d'outils disponibles pour la classe,ces ateliers présentaient les mouve-ments pédagogiques, des pratiquescoopératives de classe, des réflexionssur les pratiques démocratiques, surl'évaluation, sur la production de

classe, sur le collège... L'occasion éga-lement de mutualiser ces pratiques,d'y réfléchir ensemble.

Les interventions de Laurent Ottet d'Angélique Del Rey en plénièreont apporté une réflexion théoriqueplus large sur les finalités de la péda-gogie et sur les compétences libé-rales qui s'imposent à l'école aujour-d'hui.

Laurent Ott, évoquant la pédago-gie sociale, a bousculé nos concep-tions sur la pédagogie véhiculée parl’Éducation nationale et les mouve-ments de pédagogie nouvelle. Sonparcours personnel suscite des inter-rogations auxquelles on a pu êtreparfois confronté, tout comme Frei-net le fut en son temps  : peut-onchanger le système éducatif de l'inté-rieur ou bien doit-on reconstruire endehors  ? Peut-on résister au nombretoujours grandissant d'outils portantl'idéologie du socle commun decompétences (livret personnel, éva-luations nationales,...) ? Par ailleurs,c'est également l'occasion deremettre en question ce sanctuairequ'est la classe, et de réfléchir auxfaçons de l'ouvrir sur l'extérieur.

Auteure de L'école des compé-tences, Angélique Del Rey a analyséla conception utilitariste et néolibé-

rale de l'éducation, sous-jacente ausocle commun et au LPC. Sous cou-vert d'objectivité scientifique et d'ef-ficacité, l'approche par compétencesimpose dans le monde des critèresde mesure de toutes les connais-sances et des comportements sco-laires attendus, en les détachant desfinalités de l'éducation. Une grilleuniverselle des savoirs humains per-met alors de comparer et classerentre eux élèves, enseignants etsystèmes éducatifs. Tout cela endécrochant ces critères de toute réa-lité spécifique à telle ou telle société,

en prônant le modèle de la mérito-cratie et en niant l'influence de l'en-vironnement social, avec cette idéeque la réussite dépend uniquementde l'effort fourni.

Dans ces temps où les mesurespolitiques à l'encontre du systèmeéducatif se multiplient, où la miseen concurrence des individus est sanscesse réaffirmée par les dirigeantspolitiques, au détriment des valeursde coopération que nous défendons,cela fait moralement du bien de seretrouver à ce genre de rendez-vous,même si on en ressort avec plus dequestionnements que de réponses  :comment résister à la machine bienhuilée de l'école républicaine  ? Doit-on (et comment ?) se réapproprierdes termes désormais accaparés etdévoyés par le libéralisme  : coopé-ration, compétences, projet…  ? Com-ment élargir les pratiques de péda-gogies alternatives à tous lespersonnels de l'école  ?

Sud éducation Paris et Hauts-de-Seine

Pédagogies alternatives et syndicalismes d'émancipation

[1] Association française pour la lecture

[2] Groupe Français d’Education Nouvelle

[3] Institut Coopératif de l’École moderne

7éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013

univer

sité

PENDANT QUE LA CONTES-TATION SE FOCALISE SUR LA

RÉFORME DES RYTHMES SCO-LAIRES[I] , ON S'ÉTONNE QUE

LA REFONTE DU «  SOCLE

COMMUN »[2], VÉRITABLE

PILIER DE LA REFONDATION

DE L'ÉCOLE, BÉNÉFICIE D'UN

TEL CONSENSUS.

Le socle commun de 2005 estsanctuarisé.

Le 23 avril 2005 à l'issue d'ungrand débat national sur l'école, laLoi d'orientation et de programmepour l'avenir de l'école adoptele  « socle commun de connaissanceset de compétences  » [3]. Très curieu-sement, la loi de 2005 analyse lacrise de l'école dans des termesproches du rapport Thélot de 2004  :il souligne la nécessité de  « formali-ser un socle commun des indispen-sables », décliné en « connaissances,compétences et comportements »[4]

dont l'école devrait garantir la maî-trise à la fin de la scolarité obliga-toire.

La polysémie du concept de soclecommun où chacun, comme dansune auberge espagnole , retrouvece qu'il apporte, explique son succès.Ainsi pour certains le choix de l’Écoledu socle commun[5] est une pro-messe démocratique[6] alors qued'autres défendent dans ce soclecommun le retour aux fondamen-taux et saluent en 2013 l'introduc-tion de la morale à l'école. En fait, niinstrument pédagogique démocra-tique, ni SMIC culturel[7] , le soclen'est qu'un outil managérial fondésur le développement massif de l'é-valuation au service de l'efficacitédu système éducatif français, parcomparaison de son coût et de sesrésultats en termes d'acquis desélèves.

LE SOCLE COMMUN, INSTRU-MENT DE CONTRÔLE ET DE NOR-MALISATION :

Par la loi d'orientation, l’État s'as-signe à lui-même une obligation derésultat d'où découle une exigenced'évaluation. L'acquisition du socleest donc soumise à une triple éva-luation  :

● l'évaluation diagnostic par l'en-seignant-e afin de repérer les diffi-cultés des élèves,

● l'évaluation des performancesdu système éducatif pour laquelleest créé un Conseil National d'éva-luation du système éducatif (article21),

● l'évaluation nationale desacquis des élèves, objet de nom-breuses critiques et de divers actes derésistance des enseignant-es. Loinde renoncer à ces évaluations tantdécriées, la loi d'orientation de 2013se contente de « faire évoluer lesmodalités d’évaluation et de nota-

tion des élèves... pour remédier àdes dispositifs trop lourds... notam-ment le livret personnel de compé-tences actuel qui est trop com-plexe  ».[8]

Instrument de contrôle, le soclecommun n'est pour l'élève qu'unnouveau mode de subjectivation par«  l’autonomie contrôlée  »[9] L’élèven’est pas, selon la vision néo-libé-rale, un simple «  individu entrepre-neur de lui-même  »[10], responsablede son orientation en vue de son«  employabilité  ».[11] Par l’intério-risation des normes du «  vivreensemble  » , il devient aussi une«  personne » (article 15). L’acqui-sition de compétences morales,sociales et civiles rend l’élève per-formant pour le marché du travail.

LA VALORISATION DU CAPITAL

IMMATÉRIEL :

La refondation veut inscrire laFrance dans « l'économie de l'im-matériel  »[12] développer lesconnaissances, la culture, les capa-cités sociales ou cognitives des élèvesafin de créer de la valeur. Là encorel'objectif visé est de revaloriser « lecapital humain  »[13] de la France« pour inscrire le pays sur une tra-jectoire de croissance structurelleforte dans une économie de laconnaissance internationale  »[14]

L'école est dotée d'« un servicepublic du numérique éducatif et del’enseignement à distance » (article18) mais sa mise en œuvre par descollectivités territoriales (articles 11,12, 13) aux ressources inégales nepourra qu’accentuer dramatique-ment l'anomalie d'un système édu-catif qui «  transforme les inégalitéssociales en inégalités scolaires  ».[15]

Sud éducation Vaucluse

[1] «  La réforme des rythmes seraengagée dès la rentrée scolaire de  2013 etachevée à la rentrée  2014 dans le premierdegré  » Annexe de la loi de refondation.

[2] « Le socle commun de connais-sances, de compétences et de culture  »,article 7 de la loi de refondation adoptéele 19 mars 2013. Le concept de «  soclecommun  » apparaît en décembre 1994dans le rapport du Conseil national desprogrammes adressé à l'ex-ministre del'éducation nationale F. Bayrou.

[3] L’article 9 de la loi d’orientation etde programme pour l’avenir de l’école,du 23 avril 2005, fait du socle commun lecœur de la réforme : «  La scolarité obliga-toire doit au moins garantir à chaqueélève les moyens nécessaires à l'acquisi-tion d’un socle commun constitué d’unensemble de connaissances et de compé-tences  ».

[4] Pour la réussite de tous les élèves,rapport de la commission sur le débatnational sur l'avenir de l’École, présidéepar Claude Thélot, 2004.

[5]«  Il est nécessaire de passer ducollège unique à "l’École du socle com-mun"», Haut Conseil de l’Éducation,Bilan des résultats de l’École, 2010.

[6] La secrétaire générale de la FSU,Bernadette Groison, issue du SNUIPP,déclare dans le journal Libération du15/02/2013 : « Par rapport au projet deloi sur la refondation de l'école, il fautaller plus loin. Si on ne le fait pas, on varater la démocratisation de notre systèmed'enseignement. »

[7]La loi pour la refondation de l’Écoleajoute «  la culture  » au socle des connais-sances et compétences.

[8] La programmation des moyens etles orientations de la refondation de l’É-cole de la République, annexe de la loi de2013.

[9] Béatrice Appay, La dictature dusuccès. Le paradoxe de l'autonomiecontrôlée et de la précarisation, 2005.

[10] Selon le principe néolibéral ana-lysé par Michel Foucault dans son coursau Collège de France du 14 mars 1979.

[11] Eric Maurin, La Nouvelle Ques-tion scolaire. Les bénéfices de la démocra-tisation, 2007.

[12] Cette nouvelle ère de l'économieque l'on retrouve dans le rapport Lévy-Jouillet de 2006.

[13] Concept économique, «  le "capi-tal humain" est plus encore un conceptprescriptif de conduites. Il oblige à repen-ser des façons d'être, de s'adapter et de "s'investir "; il pousse à déployer desstratégies de " gestion de ressourceshumaines " dans l'école sur le modèle dumarché du travail. Il oriente la conduiteindividuelle vers le développement dupotentiel de chacun  », C. Laval, F.Vergne, P. Clément, G. Dreux [I] La nou-velle école capitaliste , 2011, page 162.

[14] Annexe de la loi, «  La refondationde l'école de la République  : objectifs etmoyens  ».

[15] Cette formule de Pierre Bourdieu(Les Héritiers, 1964) est reprise par lerapport fait le 28 février 2013 au nom dela commission des affaires culturelles etde l'éducation sur le projet de loi pour larefondation de l’École.

L’une des lois les pluscontestées de l’ère Sarkozy aprobablement été la loi

«  Libertés et Responsabilités des Uni-versités  » (LRU). Elle avait étéadoptée dès l’élection de Naboléon,pendant l’été 2007. Auparavant, ilavait pris soin de caresser les syndicatsétudiants (certains syndicats étu-diants) dans le sens du poil. On sesouvient notamment que l’ineffableJulliard, qui s’est forgé une carrièresur le dos de la mobilisation de 2006contre le CPE, avait été invité à déjeu-ner à l’Élysée... À la rentrée 2007, augrand dam de l’UNEF et de la FAGE,un mouvement de blocages et degrèves avait touché les universitésfrançaises pendant plusieurssemaines. Puis, au cours de l’année2008-2009, nous avons eu la pluslongue grève universitaire jamaisconnue en France.

Ces combats ont durablementmarqué le milieu universitaire et lespersonnels, qui s’étaient organiséset mobilisés, sont restés mobilisés.Mais du côté des classes dirigeantes,plus ça change, plus c’est la mêmechose (comme disent les Britan-niques). Les socialistes, qui nous ontengagés dans le processus de Bologne(1999) et la stratégie de Lisbonne(2000), n’avaient aucunement l’in-tention de remettre en question laloi LRU de 2007. D’ailleurs, ilsétaient nombreux à affirmer quecette loi était la seule réussite duquinquennat de Sarkozy  !

La ministre Geneviève Fioraso, quivient du MINATEC de Grenoble,n’était pas connue pour ses prises deposition hostiles à la marchandisa-tion du savoir et de l’enseignementsupérieur  ! À la rentrée 2012, elle amis en place les assises de l’ESR, paro-die de concertation, avec ses syn-thèses de synthèses de synthèses, àlaquelle nous avons refusé de parti-ciper. Puis, elle a sorti sa loi que leParlement (organe consultatif dugouvernement) est censé examineren procédure accélérée car elle devraits’appliquer dès la rentrée 2013.

Qualifiée de LRU 2.0 par quelquesmauvais esprits, cette loi reconduit,pérennise, voire aggrave sur de nom-breux points, la loi de ValériePécresse. Les comités de sélection,la dévolution de la masse salariale(les RCE) conduisant les présidents àgérer eux-mêmes une pénurie quine cesse d’empirer, la modificationdu statut des enseignants-chercheursde 2009 introduisant la modulationdes services et leur évaluation qua-driennale, l’évaluation annuelle desBIATOSS [1] , l’ANR, l’AERES (dontseul le nom changerait), la possibilitéde transformer des postes de titu-laires en postes précaires... tout celaserait reconduit à l’identique. Lesappels à projets en EX (IDEX,LABEX, …), le calamiteux campusParis-Saclay demeureraient intou-chés. Quelques points particulière-ment inacceptables  : un renforce-ment du pilotage par le haut et dela soumission aux entreprises, uneobligation pour les établissements

de fusionner entre eux conduisant àun renforcement de la sélection desétudiants par l’argent.

Concernant les réactions syndi-cales, il est intéressant de constaterque l’on retrouve dans l’ESR le mêmeclivage qu’au sujet de l’accord natio-nal interprofessionnel (ANI). D’uncôté, les syndicats dits «  réfor-mistes  », SGEN-CFDT et UNSA, s’af-firment favorables au projet moyen-nant quelques aménagements. Nouspouvons rajouter les deux princi-paux [2] syndicats étudiants, l’UNEFet la FAGE, qui se sont déclarés trèsfavorables au projet de loi. De l’autrecôté, nous avons un bloc plus oumoins uni composé des syndicats dela FSU, de la CGT, FO et Solidaires(Sud éducation, Sud REPST, Soli-daires étudiants). Localement, lesresponsables syndicaux sont parfoisconduits à des contorsions assezcocasses. Par exemple, en Franche-Comté, tous les syndicats de l’UFCsont opposés au projet de fusion avecl’université de Bourgogne voulu parla ministre. Pour ne pas être en porte-à-faux avec sa position nationale desoutien à Fioraso, l’UNEF insiste pourbien dissocier les motions condam-nant la fusion des deux universités(qu’elle peut signer) des motionsrejetant l’ensemble du projet de loi(qu’elle ne peut pas signer). Cetteattitude est l’image inversée du SNE-SUP, principalement un syndicat deprofesseurs des universités à l’UFC,qui souhaite que l’on s’attaque à laministre mais surtout pas au prési-dent de l’université que certains deses membres soutiennent.

Une mobilisation a commencé à sedessiner dès les projets connus, enfévrier. Mais, le gouvernement estmalin  : il sait que, dès les examenspassés, il n’y a plus aucun enjeu etplus un seul espoir de grève. Lorsquele projet de loi sera adopté, la quasi-totalité des universités auront orga-nisé leurs examens.

LA MOBILISATION D’AU-JOURD’HUI PRÉPARE LES

LUTTES DE DEMAIN. SUD

ÉDUCATION METTRA TOUT

EN ŒUVRE POUR FAIRE

CAPOTER LA LOI FIORASO,OBTENIR L’ABROGATION DE

LA LRU ET DU PACTE POUR

LA RECHERCHE.

Sud éducation Franche-Comté

[1] Même si le ministère a supprimé le«  O  » d’Ouvriers, ils ne touchent pasencore des salaires de cadres et nouscontinuons donc à parler de biatOss  !

[2] En gardant à l’esprit que la repré-sentativité de ces syndicats est toute rela-tive, tant le taux de participation aux élec-tions et le taux de syndicalisation sontfaibles chez les étudiants  !

une refontepeu commune !

Socle commun  LRU 2.0 ?On n'enveut pas !

DÉFENSEUR D'UNE

ÉCOLE ÉMANCIPA-TRICE, RESPECTUEUSE

DE L'ÉGALITÉ DES

DROITS SUR LA TOTA-LITÉ DU TERRITOIRE

NATIONAL, SUD

ÉDUCATION VAU-CLUSE DEMANDE LE

RETRAIT IMMÉDIAT

DU PROJET DE LOI

D'ORIENTATION ET

DE PROGRAMMA-TION POUR LA

REFONDATION DE

L’ÉCOLE.

8 éducation / Le journal / numéro 53 / mai - juin 2013Maquette Cailleton, Sud éducation Imprimerie Rotographie, Montreuil

Joignez/re-joignez nous Prenez contact avec votre syndicat local ou avec la fédération sur notre site :

www.sudeducation.org

Fédération des syndicats Sud éducation : 17, bd de la Libération 93200 Saint-DenisTéléphone : 01 42 43 90 09 - Fax : 01 42 43 90 32e-mail : [email protected]

LUTTER

...

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TRE L’A

NI

S'IL EN EST QUI CULTIVENT

AVEC BRIO L'ART DE LA COUR-BETTE DEVANT LE MOUVE-MENT DES ENTREPRISES DE

FRANCE (MEDEF), CE SONT

BIEN LA CFDT ET SES COM-PARSES SIGNATAIRES DE L'AC-CORD NATIONAL INTERPRO-FESSIONNEL (ANI) DU 11JANVIER, LE GOUVERNEMENT

QUI EN A FAIT UNE LOI ET LA

MAJORITÉ PARLEMENTAIRE QUI

EST EN TRAIN DE LA VOTER.CAR L'ANI ET LA LOI SAPIN

QUI EN EST ISSUE SONT EXEM-PLAIRES DE L'EXTRÉMITÉ OÙ

PEUT CONDUIRE UNE POLI-TIQUE QUI FAIT DE LA NÉGO-CIATION À FROID UN MODÈLE

ET DU COMPROMIS SANS LUTTE

UNE VERTU.

L'ANI, CETTE AVANIE.

D'un texte, volontairementfourre-tout puisqu'il s'agit d'en mas-quer les enjeux réels, on doit retenirtrois mesures essentielles qui dévoi-lent la nature véritable du projet :

● «  L'accord de maintien dansl'emploi  » autorise le patron, s'ilobtient l'aval de syndicats complices,à allonger le temps de travail sanscompensation salariale, à modifierhoraire et organisation du travail ouà diminuer purement et simplementsalaires et primes en échange d'unmaintien de l'emploi bien hypo-thétique car s'il considère que lasituation s'est détériorée, il peutdénoncer l'accord et licencier entoute impunité. Bien sûr, un-e sala-rié-e a toujours le loisir de refuser.C'est alors la porte. Automatique-ment  !

● L'article sur la «  mobilitéinterne  » permet au patron d'exi-ger d'un-e salarié-e un changementde poste ou de lieu d'exercice sans

aucune limite géographique. Biensûr, un-e salarié-e a toujours le droitde refuser. C'est alors la porte. Auto-matiquement  !

● «  La réforme des procéduresde licenciement collectif pour motiféconomique  » permet au patron dedéroger aux dispositions du Codedu travail en matière de licencie-ment : délais, reclassement, consul-tation des représentants du person-nel, possibilités de recours et mêmeordre des licenciements (à la têtedu client). Les syndicats sont invitésà négocier la mise à la porte descollègues. S'ils ne signent pas, lepatron peut s'en passer.

LA CHÈVRE ET LE LOUP PARTE-NAIRES SOCIAUX.

C'est la fable que Medef, Cfdt etgouvernement ont entrepris de nousraconter sous l'appellation de«  démocratie sociale  ». De gentilsresponsables se réunissent pournégocier un accord «  gagnant-gagnant  ». Ça vous arracherait leslarmes des yeux  ! Ne nous laissonstoutefois pas envahir par l'émotionet voyons ce qu'a gagné le patro-nat : la légalisation du chantage aulicenciement  ; la flexibilisation dutemps de travail, des salaires, del'emploi et de l'organisation du tra-

vail  ; le droit de s'asseoir sur le Codedu Travail et les conventions col-lectives en inversant la hiérarchiedes normes et en imposant la négo-ciation au niveau de l'entreprise,c'est à dire là où le rapport de forceest le plus difficile pour les salarié-es  ; l'abandon de la règle qui exigeque soit retenue la norme la plusfavorable aux salarié-es ; la négationdu droit au refus d'une modifica-tion unilatérale du contrat de tra-vail... Excusez du peu.

Attention, c'est du «  donnant-donnant  ». Les syndicats signatairesbrandissent les «  concessions  »patronales comme autant de vic-toires historiques du prolétariat : lacréation d'une couverture complé-mentaire santé a minima qui ouvreun marché aux assureurs privés, l'en-trée de potiches syndicales dans lesorganes dirigeants des grandes entre-prises, ou un encadrement du travailprécaire assorti de tant de déroga-tions que le cadre vole immédiate-ment en éclats... Qui ne se pâmeraitdevant de tels acquis ?

Cet accord est exemplaire. Iltémoigne du type de rapport deforce que, profitant de sa crise, laclasse dirigeante veut imposeraujourd'hui. Sur le plan idéologique,il camoufle les reculs sociaux der-rière des accords censés respecteréquitablement les intérêts des entre-

prises et des salarié-es. Sur le planpolitique, il légitime chaque succèspatronal par la complaisance de syn-dicats complices. Sur le plan straté-gique, il individualise au maximumla relation employeur- salarié-e pourmieux entraver les résistances col-lectives.

ÇA SENT LE SAPIN

Avec un aplomb qui témoigned'un sens aigu de l'humour noir oud'une maîtrise absolue de la nov-langue[1] , Sapin a baptisé l'avant-projet de loi : «  sécurisation de l'em-ploi  ». Cela ne manque pas de selpour un texte qui scelle une doublevictoire patronale.

● Depuis au moins deux décen-nies les porte-flingues du néolibé-ralisme (l'Ocde en tête) exigent desgouvernements qu'ils «  fluidifientle marché du travail  » en suppri-mant les obligations réglementairesen matière de licenciement, que laflexibilité devienne la règle enmatière d'emploi, de « coûts sala-riaux   » ou de temps de travail, etque l'on remette en cause le CDI.Ils ont été entendus : première vic-toire.

● Aujourd'hui, le Medef, sesmédias, ses représentants politiquesinvoquent le retour à la compétiti-vité comme stratégie de sortie decrise. «  Il faut trouver un nouveléquilibre possible entre temps detravail, salaires et emploi  » réclamaitParisot un an avant la signature del'ANI. C'est chose faite. Dans lacontinuité du Choc de compétiti-vité de Sarkozy, du Pacte de compé-titivité de Hollande, l'ANI s'affirme,après l'austérité budgétaire, commeune nouvelle étape dans l'offensivede la classe dirigeante pour fairepayer aux travailleur-es la facture desortie de leur crise : deuxième vic-toire.

Et ce n'est pas fini. Déjà, auMedef, des voix réclament uneréforme Hartz à la française  : cellequi en Allemagne a imposé lesemplois à 1 euro de l'heure, le droitpour les entreprises d'embaucher

des chômeuses et des chômeurs àdes salaires inférieurs à ceux desconventions collectives et la baissedes indemnités pour celles et ceuxqui refusent d'occuper des emploisinférieurs à leur qualification ou dontla famille dispose d'un pécule.

PLUS QUE JAMAIS NOUS DEVONS

NOUS MOBILISER.

Salarié-es de l'Éducation natio-nale, nous aurions tort de négliger laportée de l'ANI. Même si l'accordcible aujourd'hui les salarié-es duprivé, il nous concerne toutes ettous. Contractuel-les, nous savonsque toute extension de la précaritéet de la flexibilité comme touteattaque contre le CDI éloigne unpeu plus les perspectives de titulari-sation que des luttes auraient puarracher. Fonctionnaires, noussavons que la suppression du statutde la fonction publique est reven-diqué par la classe dirigeante et quedemain, dans le cadre de la décen-tralisation, la condition des salarié-es du privé sera le lot commun.

Plus que jamais nous devons nousmobiliser. Une agression contre unefraction des salarié-es est uneattaque contre l'ensemble des tra-vailleur-es. La lutte contre l'ANI estaussi la nôtre.

Sud éducation Haute-Normandie

[1] Langue officielle d’Océania, inventéepar Georges Orwell dans son roman 1984,la novlangue déforme la réalité pour évitertoute critique.

Le Medef aime lescourbettes, lescourbettes à l'ANI(air connu) c

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