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Dossier de presse

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Sommaire Communiqué de presse……………………...………………………………………………….p 3-4 Biographie Keith Haring……………………….……………………………………………………p 5 Catalogue de l’exposition…………………………………………………..………………..…p 6-14 Présentation Sommaire Extraits Parcours.……………………………….………………….……………………………………p 15-16 Liste des œuvres exposées……………………..……………………………………………p 17-21 Accompagnement de l’exposition…………………………………………………………..……p 22 Action culturelle au Musée d’Art moderne……………………………………………….....p 23-24 Action culturelle au CENTQUATRE…………………………………………………….…….…p 25 Mécènes et partenaires………………………………………………………………………...…p 26 Informations pratiques……………………………………………………………………...…p 27-28 Annexe : liste des visuels disponibles pour la presse

Contacts presse

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : Maud Ohana Tél. 01 53 67 40 51 / E-mail [email protected]

Le CENTQUATRE : Virginie Duval de Laguierce Tél. 01 53 35 50 96 / E-mail [email protected]

2e BUREAU : Martial Hobeniche Tél. 01 42 33 93 18 / E-mail [email protected]

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KEITH HARING The Political Line* 19 avril – 18 août 2013

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, avec le CENTQUATRE, consacre une rétrospective de grande envergure à l’artiste américain Keith Haring (1958 – 1990). Cette exposition permettra d’appréhender l’importance de son œuvre et plus particulièrement la nature profondément « politique » de sa démarche, tout au long de sa carrière. Avec près de 250 œuvres réalisées sur toile, sur bâche ou dans le métro, - dont une vingtaine de grands formats seront exposés au CENTQUATRE, cette exposition est l’une des plus importantes jamais réalisées sur cet artiste. Keith Haring fut l’un des artistes les plus célébrés de son époque, et aujourd’hui encore tout le monde connaît son style incomparable et son répertoire de signes emblématiques. Il a été exposé avec Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Jenny Holzer et Daniel Buren, dès la Documenta 7 en 1982 et dans des musées et biennales du monde entier. Virtuose du dessin - qu’il pratiquait depuis l’enfance à haute dose - Keith Haring a étudié à la School of Visual Arts à New York. Génie de la ligne, travailleur incessant et rapide, il a énormément produit, réalisant ses œuvres en écoutant de la musique. Il a utilisé de multiples supports et eu recours aux medias de son époque allant jusqu’à commercialiser des produits dérivés dans son célèbre Pop Shop à partir de 1985. Les messages et les idées politiques qu’il a véhiculés ne constituent pas seulement une part de son héritage, mais ont considérablement influencé les artistes et la société. Ses « subway drawings » réalisés dans le métro, ses peintures, ses dessins et sculptures, étaient porteurs de messages de justice sociale, de liberté individuelle et de changement. Icône du Pop art, artiste subversif et militant, Keith Haring a multiplié les engagements tout au long de sa vie : très jeune, il était animé par une envie de transformer le monde. En utilisant délibérément la rue et les espaces publics pour s’adresser au plus grand nombre, il n’a cessé de lutter contre le racisme, le capitalisme et toutes sortes d’injustice et de violence, notamment l’Apartheid en Afrique du sud, la menace de guerre atomique, la destruction de l’environnement, l’homophobie et l’épidémie du sida (dont il est mort non sans avoir créé une fondation caritative au profit de la lutte contre la maladie). Le parcours de l’exposition rend compte de ses prises de position critiques. Cette exposition majeure se devait d’être organisée à Paris. En effet, présenté dès 1984 par l’Arc, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris dans l’exposition Figuration Libre France/USA, aux côtés de Robert Combas, Hervé Di Rosa, Jean-Michel Basquiat… Keith Haring a séjourné, travaillé et exposé à de nombreuses reprises à Paris, ville qu’il affectionnait particulièrement. * La Ligne Politique

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Keith Haring, the Political Line* Grands formats Le CENTQUATRE présente les œuvres grand format de l’artiste, parmi lesquelles des bâches et des peintures sur les thèmes de la religion, de la menace nucléraire et du Sida ainsi que plusieurs sculptures monumentales comme Head Through Belly et King and Queen. Le visiteur pourra également pénétrer dans Le Pop Shop réalisé dans un container à Tokyo en 1988. La pièce monumentale des Dix Commandements (dix panneaux de sept mètres de haut) fera l’objet d’un accrochage spectaculaire dans une salle. http://www.104.fr/ Exposition au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et au CENTQUATRE Directeur du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris Fabrice Hergott Directeur du CENTQUATRE José-Manuel Gonçalvès Commissaires de l’exposition Dieter Buchhart et Odile Burluraux Vente caritative Jérôme de Noirmont, la Fondation Keith Haring à New York, en coopération avec Sotheby’s et en association avec l’Hôpital Universitaire Necker-Enfants Malades (AP-HP), organisent une vente caritative, le 17 avril chez Sotheby’s à Paris, destinée à la restauration de la peinture murale créée gracieusement par Keith Haring en1987 à l’Hôpital Universitaire Necker-Enfants Malades à Paris.

Exposition réalisée en partenariat avec la Keith Haring Foundation

Exposition réalisée avec le soutien de :

Mécène de l’exposition

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Biographie

1958 : Naissance le 4 mai à Reading, près de Kutztown en Pennsylvanie. 1977-1978 : Keith Haring s’inscrit à la Ivy School of Professional Art de Pittsburgh pour se former au dessin publicitaire. Il quitte l’école au bout de quelques mois et étudie en autodidacte le travail de Klee, Dubuffet, Pollock, Christo…, puis découvre les œuvres d’Alechinsky lors d’une rétrospective au Carnegie Museum of Art de Pittsburgh. En juillet 1978, le Center for the Arts de Pittsburgh lui consacre sa première exposition. 1978-1979 : Il s’installe à New York et découvre une ville cosmopolite et énergique. Il assume son homosexualité et la vit pleinement. Il s’inscrit à la School of Visual Arts (SVA) où il étudie entre autres la sémiotique. Parmi ses professeurs on compte Joseph Kosuth ou Keith Sonnier. Il expérimente de nombreuses techniques telles que la vidéo, la performance et les collages. Il découvre l’oeuvre de William S. Burroughs et Brion Gysin. Il rencontre des musiciens, des artistes performers, et des graffeurs mais aussi Kenny Scharf, Jean-Michel Basquiat, Tseng Kwong Chi, John Sex, avec qui il fréquente les clubs new-yorkais. 1980 : Il commence à dessiner à la craie sur les panneaux noirs qui recouvrent les emplacements publicitaires laissés vacants dans le métro (jusqu’en 1985) : c’est l’époque des Subway drawings. Il participe à de nombreuses expositions, entre autres dans des boites de nuit, comme le Club 57 ou plus tard le Mudd Club. 1981 : Il fait la connaissance du jeune graffeur LA II, avec lequel il collabore pendant plus de trois ans. Il peint sur des matériaux divers (plastique, métal, objets trouvés, statues de jardin…). 1982 : Il projette durant un mois une animation sur un panneau lumineux de Times Square à New York. Il participe à la Documenta 7 de Cassel en Allemagne organisée par Rudi Fuchs et commence à sillonner l’Europe pour de nombreux projets. Tony Shafrazi devient son galeriste et organise sa première exposition personnelle qui connaît un vif succès. Il peint sa première fresque sur le mur d’un terrain de basket sur Houston Street. 1983 : Il se lie d’amitié avec Andy Warhol. Il expose à la Biennale du Whitney Museum de New York et à celle de São Paulo au Brésil. Il peint sur un corps pour la première fois – celui du chorégraphe Bill T. Jones –, puis l’année suivante sur celui de Grace Jones. Il expose des reliefs en bois et des sculptures chez Shafrazi. 1984 : Il participe à la Biennale de Venise. Il se tourne vers des actions caritatives en faveur des enfants. Il voyage en Europe et participe à Figuration Libre - France/ USA, une exposition collective au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris / ARC. 1985 : La galerie Leo Castelli à New York organise une exposition de ses sculptures. Le CAPC – musée d’Art contemporain de Bordeaux, lui consacre sa première exposition personnelle dans un musée. 1986 : Il ouvre une boutique, le Pop Shop dans le quartier de Soho à New York, où il vend des produits dérivés de son art. Il exécute des peintures murales à New York (Crack is Wack*) (*le crack c’est pourri) ou sur le mur de Berlin, et participe au festival de la Wiener Festwochen à Vienne où il collabore avec Jenny Holzer (Protège moi de ce que je veux). 1987 : Il réalise un mur peint à l’hôpital Necker pour enfants malades à Paris. 1988 : Il apprend qu’il est séropositif, comme nombre de ses proches atteints du virus HIV. Il milite encore plus activement pour endiguer la propagation de l‘épidémie (AIDS). Il ouvre un second Pop Shop à Tokyo dans un container. 1989 : Il réalise des peintures murales à Barcelone, Monaco, Chicago, New York et Pise : on dénombre alors une cinquantaine d’œuvres publiques de Haring dans le monde. Il crée une fondation portant son nom afin de soutenir les organisations impliquées dans l’éducation, la recherche et les soins liés au sida ainsi que les organismes à but non lucratif qui aident les enfants défavorisés. 1990 : Il meurt le 16 février à New York des suites de la maladie.

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Catalogue de l’exposition

PRÉSENTATION Titre : Keith Haring, the Political Line Prix : 34 € Editions : Paris Musées Nombre de pages : 320 p. Auteurs : Dieter Buchhart, Odile Burluraux, Robert Farris Thompson, José-Manuel Gonçalvès, Julia Gruen, Fabrice Hergott, Julian Myers, Peter Pakesch et Tony Shafrazi. De Keith Haring (1958-1990), on se souvient de l'icône pop, des figures, des tableaux et des affiches aux couleurs éclatantes, des T-shirts et des objets dérivés vendus dans le monde entier. Aujourd'hui encore, tout le monde reconnaît son style incomparable et ses signes emblématiques : ses chiens, ses personnages, ses couples rayonnants. Mais jamais jusqu’ici l’attention n’a été portée sur la dimension politique de l'œuvre de Keith Haring. Très attentif aux enfants, il a lutté contre l'illettrisme, le sida, la drogue. Il a défendu le droit des homosexuels. Il s'est mobilisé contre le racisme et contre toute forme d'oppression. Il a dénoncé énergiquement la menace nucléaire, la destruction de l’environnement... L’influence de Haring sur sa génération d'artistes et des suivants est profonde et durable. Les messages politiques qu’il a transmis au travers de son œuvre constituent une part de son héritage, mais aussi de celui de l’histoire de l'art et de l'humanité. Ce catalogue éclaire l’aspect militant et subversif de son travail, avec plus de 250 œuvres reproduites, réalisées sur toile, sur bâche ou dans l'espace public, provenant de musées internationaux et de grandes collections particulières. SOMMAIRE Avant-propos, Fabrice Hergott La ligne politique infinie, Dieter Buchhart Notes sur la vie et l’art de Keith Haring, Robert Farris Thompson "When I grow up I would like to be an artist in France", Odile Burluraux Conversation entre Julia Gruen et Glenn O’Brien, animée par Dieter Buchhart Fragments urbains, Julian Myers-Szupinska Dans le laboratoire de la transition. Keith Haring et Jenny Holzer à Vienne en 1986, Peter Pakesch Conversation entre Tony Shafrazi et Carlo McCormick Œuvres exposées : Premiers travaux Espace public L’individu contre l’État : Story-board, le chien aboie, l'individu en lutte Rébellion : musique et lumière noire, Keith Haring et LA II Capitalisme. L'art pour tous Religion. Les Dix Commandements Racisme Mass Media Fin de l’humanité : écocide, menace nucléaire, apocalypse Dernières œuvres. Sexe, sida et mort Lieux et non-lieux, Giorgio Verzotti Liste chronologique des œuvres exposées Expositions monographiques et collectives Bibliographie sélective

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EXTRAITS DES TEXTES Texte de Fabrice Hergott et José-Manuel Gonçalvès (…) Très prolifique, Keith Haring a en un peu plus de dix ans fait des œuvres de tous formats. Depuis de petits dessins jusqu’à des réalisations monumentales comme Les Dix Commandements qu’il peignit en 1985 entre les grandes arches du CAPC de Bordeaux ou des sculptures de grande taille destinées à l’espace public. Dans tous les cas, ces réalisations ont été des réussites. Elles comptent aujourd’hui parmi les plus marquantes de notre époque. Elles n’ont rien perdu, ni de leur vivacité, ni de leur capacité à attirer l’attention et communiquer intelligence et joie de vivre. Des liens se sont tissés naturellement entre le musée d’Art moderne et Le CENTQUATRE, nouveau lieu dynamique créé par la Ville de Paris, disposant de vastes espaces et destiné à toutes les formes d’art. Et dans les projets que nous réalisons en commun depuis quelques années, il est apparu comme une évidence que la grande rétrospective Keith Haring, planifiée il y a plus de deux ans, ne pouvait se limiter au musée d’Art moderne. La complémentarité des espaces et des publics permettra de montrer l’œuvre du jeune artiste américain tel qu’il l’aurait sans doute souhaité, tout en s’inscrivant dans la logique de sa démarche. Cette collaboration entre le musée d’Art moderne et Le CENTQUATRE offre donc l’occasion de rendre hommage à la vision de Keith Haring en ancrant ses œuvres dans leur histoire et dans une actualité toujours prégnante. Avant-propos de Fabrice Hergott, Directeur du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (…) Bien que très brève et arrêtée par une mort tragique et prématurée, l’œuvre n’en est pas moins complexe et variée, novatrice jusque dans ses toutes dernières réalisations. On connaît peu l’engagement de l’artiste, très jeune dessinant à la dérobée dans le métro new-yorkais, disposant des œuvres et des slogans dans l’espace urbain, ou parodiant les grands titres de la presse à sensations. Cette approche plus conceptuelle que picturale lui a permis d’affiner un dessin qui deviendra le support et le vecteur le plus efficace de sa pensée – un dessin fait pour l’espace public et se mesurant à lui. Et il n’est même pas certain que l’on se souvienne de sa dénonciation des risques, alors très réels, d’un conflit atomique mondial, de la guerre en général, de l’apartheid en Afrique du Sud et des ravages du sida, « la peste de notre temps », comme il la désigne dans son Journal. On se souvient de ses figures, chiens, personnages, couples rayonnants, des tableaux et des affiches d’une limpidité presque irritante et impossible à oublier. Il faut chercher un peu plus loin pour se rendre compte que cet aspect enjoué et festif comporte sa face sombre, où les relations entre humains sont aussi exaltantes que cruelles. L’œuvre qu’il réalisa en 1984 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, dans les espaces de l’ARC, ne montrait-elle pas deux êtres assis face à face dans un dialogue par lequel ils se transperçaient l’un l’autre ? Arrivé très tôt à maturité, Keith Haring a su exprimer aussi bien les tensions de son époque que les profondeurs de l’âme humaine. Dessinateur infatigable, la plupart de ses œuvres sont des miracles de concision et de fluidité, avec des éclairs de génie dans une grande partie d’entre elles, depuis ses premiers dessins aux monumentales compositions. Quelles que soient leurs dimensions, elles occupent l’espace avec une aisance déconcertante, au point que c’est à se demander comment l’art, et plus généralement comment le monde des images et des signes, serait possible sans Haring. Étonnamment averti de la situation internationale, Haring faisait preuve d’une certaine naïveté, plus entretenue sans doute que lui-même ne le pensait, qui lui permettait de tomber juste. Et c’est sans doute cette cohérence entre sa pensée et son art, tous deux lumineux, froids et incisifs, qui ont contribué à faire de son œuvre celle d’un message clair dans une forme lisible, s’adaptant à l’évolution du monde et restant à la hauteur de la vie. Son hyperactivité créatrice était doublée d’une boulimie de voyages. Il répondait systématiquement aux invitations qui lui étaient faites à travers le monde, comme s’il anticipait la fin des frontières, la mondialisation et Internet. Il cherchait, à l’instar de nombre d’artistes avant lui, des formes et des figures immédiatement accessibles, et inventait un art de signes qui dans l’histoire de l’art du XXe siècle est le seul à ce jour à avoir atteint un si grand pouvoir de diffusion. C’était déjà vrai de son vivant – et cependant il craignait de ne pas être compris. Si cette exposition a une ambition, ce sera celle de faire comprendre toute la grandeur de cette œuvre qui possède pourtant de si nombreux signes de légèreté, comme cela arrive souvent chez les artistes de génie. L’intérêt de l’approche politique proposée par Dieter Buchhart est de montrer que l’image que l’on garde de l’œuvre de Haring est un cliché. Il y a trente ans, on la rangeait naturellement dans les nouvelles figurations; aujourd’hui, il serait plus juste de la mettre à côté de Jenny Holzer, avec laquelle il a travaillé, ou de Barbara Kruger, voire, et c’est loin d’être absurde, de Daniel Buren que Haring estimait et admirait pour sa capacité à investir l’espace public (et à en renverser les fonctions). Sous sa très efficace apparence pop, le travail de Haring est peut-être plus conceptuel et minimal qu’on ne le croit, plus fidèle à ce que furent ses origines. Avec l’exposition du Whitney Museum à New York en 1997, cette rétrospective Keith Haring est sans doute la plus complète qui ait eu lieu à ce jour. (…)

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La ligne politique infinie Dieter Buchhart Tout le monde a l’air de les connaître : les badges, T-shirts, montres, aimants ou posters avec les bébés rayonnants, les anges virevoltants, les visages rieurs, les cœurs rouge pétard tenus par des hommes et les chiens rouges aboyant de Keith Haring. Ces derniers pouvaient être achetés d’avril 1986 à septembre 2005 dans le Pop Shop de Downtown Manhattan ; aujourd’hui, ils sont disponibles sur Internet 2 et Facebook. Cette variété de produits dérivés aux motifs de l’artiste semble, depuis sa mort, s’être développée et modernisée à l’infini, allant jusqu’à la coque pour iPhone. Et c’est justement cette commercialisation qui, déjà du vivant de Haring, conduisit de nombreux critiques d’art, muséophiles, mais aussi des artistes, à prendre un recul critique. Elisabeth Sussman annonça, à l’occasion de la rétrospective qu’elle organisa au Whitney Museum of American Art en 1997 : « Jusqu’à présent, son travail a fait face à un large manque de considération, en partie en raison de sa popularité et en partie à cause de la commercialisation qui semble se cacher derrière ses produits Pop Shop 3. » Nombre d’expositions s’ensuivirent, parmi lesquelles des rétrospectives reposant davantage sur la présence d’une profusion d’œuvres que sur un débat artistique poussé 4, alors que des projets d’expositions plus modestes, comme « Heaven and Hell 5 » ou « Keith Haring 1978-1982 6 », explorèrent des aspects intéressants de son œuvre, tout en initiant un regard critique sérieux. (…) 2. Voir le Pop Shop virtuel sur pop-shop.com 3. Elisabeth Sussman, « Songs of Innocence at the Nuclear Pyre », dans Elisabeth Sussman, Keith Haring, cat. exp., New York, Whitney Museum of American Art, 1997, p. 24. 4. Voir entre autres : Gianni Mercurio (dir.), The Keith Haring Show, cat. exp., Milan, Triennale di Milano, 2005, passim ; Gianni Mercurio (dir.), Keith Haring, cat. exp., Lyon, musée d’Art contemporain, 2008, passim ; Jean-Gabriel Mitterrand, Keith Haring, cat. exp., Luxembourg, Dexia Banque Internationale, 2007, passim. 5. Götz Adriani (dir.), Keith Haring : Heaven and Hell, cat. exp., Karlsruhe, Museum für Neue Kunst, 2001, et Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, 2002, passim. 6. Raphaela Platow (dir.), Keith Haring 1978-1982, cat. exp., Vienne, Kunsthalle, 2010, Cincinnati, Contemporary Arts Center, Lois & Richard Rosenthal Center for Contemporary Art, 2011 et New York, The Brooklyn Museum, 2012, passim.

La ligne politique infinie dans l’espace public (…) « Les dessins que je fais ont peu de choses en commun avec les dessins au sens classique tels qu’ils se développèrent au cours de la Renaissance, ou encore avec les dessins qui imitent la vie ou en donnent une impression proche. Mes dessins ne tentent pas d’imiter la vie, ils tentent de créer la vie, de l’inventer1». Ce n’est donc pas le résultat du dessin, mais précisément l’acte performatif du dessin qui crée la vie et l’invente. Les cinq à dix mille subway drawings 20 que Haring réalisa entre 1980 et 1985, presque frénétiquement et au risque de se faire arrêter, peuvent être interprétés de la même façon. Telle une évidence, ces derniers s’intégrèrent à son rythme de vie quotidien, lorsqu’il prenait le métro pour se rendre de son appartement d’Uptown Manhattan aux clubs de Downtown. Et pourtant, il utilisait la craie blanche, matériau extrêmement fragile, pour investir les grandes feuilles noires collées sur les emplacements publicitaires des stations de métro en attente de nouvelles affiches : « Dessiner à la craie sur ce papier noir lisse était une toute nouvelle expérience pour moi. Il s’agissait d’un seul trait continu ; pas d’interruptions nécessaires, comme si le pinceau ou n’importe quoi d’autre était déjà imbibé de peinture. C’était une ligne continue, une ligne très forte graphiquement, et sujette à une limite temporelle. Je devais travailler aussi vite que possible. Sans rien pouvoir corriger. Je ne pouvais pas me permettre d’erreur, en effet. Je devais veiller à ne pas me faire attraper 21. » Haring se faufilait dans les couloirs de métro, sans s’attarder, et recouvrait très rapidement chaque feuille noire de ses dessins, ne s’interrompant que pour passer à la suivante – toujours avec le risque de se faire arrêter pour « criminal mistreat » et de se faire embarquer avec les menottes 22. Il développa ainsi son propre langage visuel en partant de l’idée – à la SVA, il avait entre autres étudié la sémiotique – que les images peuvent fonctionner comme des mots 23. Et les subway drawings devinrent une part fondamentale de son art : « [Le métro] devint en quelque sorte l’environnement ou le laboratoire idéal pour expérimenter toutes les idées que j’avais 24. » C’est ainsi que « the man behind the subway drawings 25 », comme l’appelait Gina Belafonte 26, développa son propre vocabulaire artistique. Les subway drawings correspondaient en premier lieu au désir de l’artiste de produire de l’art pour tout le monde : « Le public a droit à l’art. Le public a été ignoré par la plupart des artistes contemporains. Le public a besoin d’art, et il est de la responsabilité de l’"artiste autoproclamé" de comprendre que le public a besoin d’art, et de ne pas faire de l’art bourgeois pour quelques-uns seulement, tout en ignorant la masse. L’art est pour tous 27. » Ces dessins réalisés dans le métro constituaient également pour lui l’occasion d’adresser des messages, parfois politiques, à un large public. Enfin, en tant qu’acte politique public, ces dessins marquaient son opposition à l’establishment, aux forces de l’ordre et à l’oppression des citoyens par l’État. (…) Haring souligna l’acte créatif, la performance, mais aussi l’acte politique, anarchique, contre l’État, en fait : « Il est impossible de séparer l’action du résultat. L’acte de créer lui-même est très clair et pur. Mais cette création résulte immédiatement en une "chose" qui a une "valeur" devant être considérée. Même les dessins du métro, réalisés selon toute évidence pour "l’acte" et non pour la "chose", refont surface aujourd’hui, "sauvés" de la destruction par des aspirants collectionneurs. Seules les peintures murales sur les murs de ciment, qui ne peuvent être déplacées, ou les images de synthèse, qui peuvent être modifiées à volonté, se soustraient à ces considérations 34. » Le retrait de ses dessins et leur « sauvetage » dans les stations de métro et passages souterrains contredirent fondamentalement les principes de Haring, alors qu’il les avait adressés à la communauté en tant que déclaration politique. C’est pour cette raison qu’il cessa de dessiner dans le métro en 1985. 19. Keith Haring, cité dans Germano Celant (dir.), Keith Haring, Munich, Prestel, 1992, p. 116. 20. Nul ne peut dire combien de subway drawings Haring réalisa. On peut se permettre l’estimation réaliste de cinq à dix mille dessins en se fondant sur les 15 000 photographies de Tseng Kwong Chi, sachant qu’il existe deux ou trois prises de vue pour certains d’entre eux. Je remercie Julia Gruen de la Haring Foundation pour ces informations. 21. Keith Haring, cité par Jason Rubell, « Keith Haring. The Last Interview », Arts Magazine, septembre 1990, p. 59.

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22. Haring fut arrêté à plusieurs reprises, mais on ne sait pas exactement combien de fois. Je remercie Julia Gruen, de la Haring Foundation pour cette information. 23. Voir le documentaire sur Keith Haring réalisé par Elisabeth Aubert, Drawing the Line. A Portrait of Keith Haring, New Jersey, 1989, 30 minutes. 24. Idem. 25. Idem. Littéralement : « l’homme derrière les dessins du métro » (N.D.T.). 26. Gina Belafonte prêta sa voix au narrateur dans le documentaire d’Elisabeth Aubert cité supra. 27. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 17. 34. Keith Haring, Journals, op. cit. p. 210-211.

Contre l’oppression de l’individu Keith Haring considérait que son intérêt pour les questions sociales avait été forgé par les années 1960 : «La plupart de mes préoccupations politiques et sociales viennent de mes expériences personnelles. Étant né à la fin des années 1950, tout en ayant grandi dans les années 1960, j’ai été proche de cette contre-culture, sans pouvoir y participer. J’ai été certainement très touché par cela, et j’avais, je pense, l’âge où l’on est facilement impressionné, comme lorsque je regardais la guerre du Viêtnam quand j’avais dix ans, que je voyais des émeutes raciales à la télévision et que je lisais le magazine Life 35. » La lutte contre le pouvoir de l’État et contre la désindividualisation constitua en conséquence une partie importante de son iconographie. Pourtant, la signification de ses images varie selon leur contextualisation les unes par rapport aux autres. (…) Cependant, c’est d’abord par les relations que les icônes entretiennent entre elles que leurs significations se développent dans le langage de Haring, puis jouent à leur tour avec des codes sociaux identifiables. La silhouette libre de signification du chien à la gueule grande ouverte peut aussi bien représenter un chien qui aboie, qui mord ou qui halète. Le contexte ne prend tout son sens que lorsque l’on fait le lien entre la silhouette humaine qui s’écroule et sa bombe aérosol. Dans d’autres œuvres, le chien est représenté par un veau d’or, ou en train de copuler avec un autre chien ou un humain, ou bien encore, il est atteint par les rayons d’un ovni. Dans l’une de ses premières peintures sur bâche de 1982, Haring dessina la silhouette d’un homme debout avec un énorme trou dans le ventre, au travers duquel sautent des chiens comme à travers un anneau de cirque. L’artiste expliqua : « Il s’agit d’une simple image qui vient de l’histoire de John Lennon avec le type au ventre troué et des chiens sautant à travers le trou 38. » Haring faisait selon toute évidence allusion à l’assassinat de John Lennon par le malade mental Mark David Chapman devant le Dakota Building à New York, le 8 décembre 1980. Comme dans une bande dessinée, il agrandit l’impact de la balle à la taille d’une ouverture, gigantesque par rapport aux proportions du corps, qui, à cause de son contour rouge, devient un anneau. (…) En créant les icônes facilement identifiables d’un chien, d’un homme debout, courant ou tombant, Haring renvoie les spectateurs, passants fortuits ou visiteurs d’une exposition, aux tentatives de désindividualisation systématique de notre société. Il nous invite à nous dresser contre l’identité de masse et les stéréotypes, à briser l’unité des forces de l’ordre, comme semble le suggérer une silhouette humaine rouge entourée de vert sur une bâche de 1982. Le bâton ayant servi à menacer, à frapper, à tuer des hommes, jusqu’à leur faire exploser la tête, est brisé et les oppresseurs sont affrontés. Sur une autre bâche, on voit un individu aux contours blancs sur fond noir et marqué d’une croix rouge ; écartelé par des mains géantes sortant des quatre coins du tableau, il est sur le point de se déchirer. C’est le cri de l’individu auquel Haring fait écho : « Je suis moi-même. Je te ressemble certes, mais si tu regardes de plus près, tu comprendras que je ne te ressemble pas du tout. Je suis très différent 40. » Les hommes sont tous différents et doivent être considérés dans leur individualité. Par l’utilisation d’icônes, Haring cherche à provoquer notre imagination et nous incite à aller plus loin. Son art célèbre l’humanité en chacun de nous.

35. Voir le documentaire sur Keith Haring réalisé par Elisabeth Aubert cité supra. 38. Keith Haring, cité dans « The First Tarps 1982 », dans Jeffrey Deitch, Suzanne Geiss, Julia Gruen (dir.), Keith Haring, op. cit., p. 179. 40. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 16. The Great White Way : contre le capitalisme, le colonialisme et l’Église (…) Tel un passeur de frontières entre les cultures, il s’intéresse aux multiples facettes et aux contradictions d’une histoire et d’un monde empreints de racisme et d’oppression. En 1987, l’artiste déclarait : « La plupart du mal sur terre est fait au nom du bien (au nom de la religion, d’un prophète factice, d’artistes débiles, d’hommes politiques, de businessmen). Le concept entier de "business" est mal. La plupart des hommes blancs sont mauvais. L’homme blanc s’est toujours servi de la religion comme d’un outil pour satisfaire sa cupidité et son agressivité avide de pouvoir. Le business n’est qu’un synonyme de contrôle. Le contrôle de la pensée, du corps et de l’esprit. Le contrôle est mal 41. » C’est également le The Great White Way, qu’il montra en 1988 sur une immense toile rose en forme de pénis. Entouré des symboles de la croix, du dollar, du diamant taillé et de la couronne, le pénis sombre dans une débauche d’asservissement, de suppression des libertés et de meurtres. Le « vil homme blanc » et les symboles associés évoquent pour Haring le pillage, l’oppression, la pauvreté et l’esclavage. En 1981, il représenta d’une part un Afro-Américain allongé, se masturbant sur une bulle dans laquelle est écrit « USA », et de l’autre, un « sur-homme », derrière une foule humaine couchée pêle-mêle, accompagnée des emblèmes du pouvoir : le dollar, la croix, la mention « USA » et une étoile à cinq branches dans un cercle, rappelant tout à la fois le symbole franc-maçon, un signe protecteur occulte ou l’étoile rouge (sans le cercle) du communisme. Dans une œuvre de 1985, l’étoile, qui est incontestablement une étoile rouge, devient un symbole sur un char d’assaut ; celui-ci remplace la tête d’un homme musclé, en érection et en train de brûler des coupures de dollars. Haring nota le titre du tableau, USA 85, en lettres capitales sur le bord droit, l’inscrivant dans une série de dessins et de tableaux marqués des chiffres de leur année de conception, comme dans un « état de la nation ». Son règlement de comptes avec le capitalisme et la société de consommation est global et radical. Ainsi, peut-on voir dans l’une de ses toiles de grand format une truie monstrueuse vomissant un flot vert de biens de consommation. Des hommes, représentés ici par des yeux et des nez, se noient dans ce flot, alors que certains, rescapés, viennent téter le lait capitaliste aux mamelles de la truie – le parfait cycle de la

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consommation, semble-t-il. Haring intensifie ce point de vue en montrant, dans un tondo datant de 1988, le cochon de face, le groin marqué du symbole du dollar, les yeux jaunes injectés de sang, les dents jaunes et pourries, occupé à dévorer des hommes. Pourtant, en tant qu’artiste couronné de succès et gagnant bien sa vie, Haring entretenait un rapport ambigu avec l’argent : « L’argent n’est pas mal en lui-même, et en fait, il peut être très bénéfique s’il est bien utilisé. Il faut faire preuve d’objectivité par rapport à l’argent, pour l’utiliser équitablement. L’argent ne vous rend pas meilleur ou plus utile que toute autre personne. Même si on l’utilise pour aider des gens. […] Il ne vous rend pas meilleur que quelqu’un qui n’en a pas, mais qui se montre bienveillant et réellement bon à l’égard de son prochain 42. » Une telle ambivalence se retrouve dans l’une de ses représentations de l’Andy Mouse, synthèse de Mickey Mouse et d’Andy Warhol ; ce dernier était un ami et un modèle artistique hors pair pour Haring : « La vie et l’œuvre d’Andy ont rendu mon travail possible. […] Je pense sincèrement qu’il était l’artiste le plus important depuis Picasso 43. » (…) 41. Ibid., p. 164. 42. Ibid., p. 134. 43. Ibid., p. 154-155.

Haring et LA II : une attaque de la culture du « Great White Way » Son refus du « Great White Way » se retrouve également dans sa collaboration avec LA II, Little Angel II, Angel Ortiz de son vrai nom. Elle débuta en 1981, après la découverte par Haring de ses tags : « Il se distinguait parce que c’était absolument parfait et beau 46. » LA II avait quatorze ans à l’époque et « ce gamin dont les graffitis provoquèrent l’engouement de Keith 47 » n’était en aucun cas un artiste célèbre. Ensemble ils réalisèrent des bâches et travaillèrent à des panneaux, des peintures murales et de multiples objets en trois dimensions, des étagères et de nombreuses sculptures en fibre de verre, comme leur Statue de la Liberté. Réduite à taille humaine et recouverte de couleurs vives, cette dernière fut parée par les deux artistes de leurs symboles et de leurs tags – un acte politique de profanation, au moyen de couleurs criardes et de tags, du symbole américain de la liberté et de l’indépendance, offert par le peuple français et inauguré en 1886. Toutefois, Haring et LA II choisirent également pour thèmes de leurs sculptures en fibre de verre un sarcophage égyptien, des colonnes classiques à chapiteau, des vases, la Petite Sirène – emblème de Copenhague –, la Vénus de Botticelli de La Naissance de Vénus et même le Schtroumpf, proche du nain de jardin, tous symboles, le dernier étant ironique, du développement de notre culture, et plus particulièrement du « Great White Way ». Haring précisait : « Cette ironie est davantage apparente dans les sculptures de plâtre que j’ai faites avec LA II. […] Nous commençâmes à unir nos deux styles pour créer une surface globale de lignes entrelacées. Tout le travail que nous avons fait concerne la "surface" et, en général, il revêt et transforme l’objet auquel il s’applique 48. » Les deux artistes transformèrent des symboles culturels, en jouant sur leur échelle et sur leur matière, en des objets « pop » de la société de consommation, sans respecter leurs significations culturelles et politiques. Bien au contraire, le règlement de comptes sans pitié de Haring avec l’homme blanc et l’asservissement de l’individu se trouva amplifié par les graffitis de LA II. 46. Keith Haring, cité dans John Gruen, Keith Haring, op. cit., p. 80. 47. Fab Five Freddy à propos de Keith Haring, cité dans John Gruen, Keith Haring, op. cit., p. 67. 48. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 115.

Protect me from what I want 49 Le regard critique de Haring a toujours été empreint de sa contestation du fondamentalisme et du rôle de l’Église dans l’oppression du peuple, même s’il refuse les réponses trop générales : « On ne peut qu’encourager et aider les gens à vivre pour eux-mêmes. Les gens les plus mauvais sont ceux qui prétendent détenir des réponses. Les chrétiens fondamentalistes et toutes les religions dogmatiques "de contrôle" sont mauvais. Les idées d’origine sont bonnes. Mais elles sont si alambiquées et modifiées que seul reste le germe des bonnes intentions 50. » Déjà dans l’animation de Times Square, le porteur de la croix tue le fugitif. Dans un dessin portant l’inscription « USA 1981 » dans le coin supérieur gauche, deux personnages sectionnent le membre d’un homme suspendu par les pieds à l’intérieur d’une croix, tandis que deux grandes flèches provenant des deux angles inférieurs du tableau pointent vers cette scène brutale. Une histoire en images développée sur trois bâches en 1982 est essentielle dans l’interprétation de cette représentation. Dans la première scène, un personnage semble attraper un anneau jaune brillant, comparable à une auréole. Dans la scène suivante apparaissent une croix inversée animée et un chien. Dans la scène finale, le personnage a la croix dans la main et l’anneau doré s’anime, tout en retenant l’homme prisonnier. Le chien donne également l’impression de s’incliner devant le pouvoir de la croix et de l’anneau. Haring va plus loin encore dans une toile de 1983 : un monstre humain paraît vouloir étouffer au moyen de sa langue un homme portant une croix, comme si l’idéologie elle-même signifiait la mort de l’individu. Cette interprétation est renforcée par une affiche offset de 1986, résultant de sa collaboration avec Jenny Holzer à l’occasion de leur projet commun mis en œuvre à Vienne. Cependant, cette fois, Haring dessina une croix par-dessus un masque aux yeux et aux dents menaçants, l’écume aux lèvres, au milieu duquel Holzer ajouta la phrase « Protect me from what I want ». Cette affiche pourrait être interprétée comme un appel à l’aide pour échapper au piège idéologique de la religion. Les cadavres empalés sur des croix dans The Great White Way, ou dans d’autres œuvres, utilisent un langage visuel encore plus explicite. Les réflexions de Haring sont développées sur une bâche datant de 1985. Un monstre mi-humain, mi-cochon domine le décor ; son groin est relié à une chaîne. S’insérant dans le cadre d’un écran de télévision, il parle à la fois par sa bouche et par son postérieur, doté lui aussi de dents et de lèvres avec beaucoup de réalisme. Il tient dans ses mains une bible brûlante, marquée d’une croix, d’où s’échappent, comme de la tête de Méduse, des serpents se tortillant. Un cerveau mis à nu, dans lequel est plantée une croix, se trouve dans le coin inférieur gauche. Des langues sortent des deux bouches à la manière de

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serpents. Elles transpercent un homme qui laisse tomber de l’argent sur le monstre et s’emparent des coupures de dollars qu’il tient de l’autre main, tout en sectionnant son membre au moyen de ciseaux. Haring renvoie ainsi à la relation douteuse de l’Église avec l’argent, et met en garde contre les dangers des dogmes idéologiques. Cependant, son refus d’une religion dogmatique « de contrôle » ne l’empêche pas de reconnaître l’importance de la foi pour nombre d’individus : « Les gens ont besoin de cette "croyance" pour expliquer et justifier leur existence. Les différentes facettes (ou visages) de la religion ne sont différentes que parce qu’ils sont habitués à l’idée de cultures "différentes" et de "valeurs nationalistes" différentes. Le dénominateur commun est toujours le même. Qu’il s’agisse de vaudou ou de bouddhisme, c’est toujours du pareil au même 51. »

49. Littéralement : « protège-moi de ce que je veux » (N.D.T.). 50. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 164. 51. Ibid., p. 129-130.

La peur des machines et des ordinateurs à l’ère des mass media Haring était lucide quant à l’importance des nouveaux médias. C’est pourquoi il s’essaya, au cours de ses premiers travaux, à la vidéo. Il annonça en 1978 : « La vidéo – un média capable d’atteindre de plus hauts niveaux de communication – plus complexe que la peinture et la sculpture 52. » Il appréciait de pouvoir diffuser ses idées à grande échelle grâce à la vidéo et aux nouveaux médias, tout en restant toujours conscient de leur côté manipulateur. Déjà lorsqu’il plaça sa tête dans un écran de télévision lors d’une performance au Club 57 en juin 1980 (p. 25), c’était pour mettre en garde contre la menace de la substitution de notre réalité par les nouvelles technologies. Sa position critique à l’égard de l’informatique naissante était très claire : « La puce informatique en silicone est devenue une nouvelle forme de vie. Un jour, la seule raison d’être de l’homme sera d’assister et de servir l’ordinateur. Y sommes-nous arrivés ? De bien des façons nous y sommes déjà 53. » Il ne voyait pas seulement les nouvelles technologies comme une concurrence, mais aussi comme un danger pour notre créativité et notre individualité : « L’artiste d’aujourd’hui crée avec la conscience constante qu’il est traqué par les ordinateurs. Nous sommes menacés. Notre existence, notre individualité, notre créativité, nos vies sont menacées par cette esthétique naissante de la machine. Il nous appartient de donner une place durable aux arts, dans nos vies quotidiennes, dans l’existence humaine 54. » Les ordinateurs viennent alors se substituer aux têtes de monstres tuant des hommes, comme sur une bâche de 1984 où même le cerveau est représenté par une projection sur un écran. Dans une toile de grand format datant de 1983, la machine devient la menace ultime de l’humanité. (…) 52. Keith Haring, cité par Synne Genzmer, « Performing the Signal. On Keith Haring’s Video Works », dans Raphaela Platow, Keith Haring, op. cit., p. 123. 53. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 23. 54. Ibid., p. 24.

Son combat contre le racisme et l’apartheid Tout au long de son combat contre le racisme et la discrimination, Haring manifesta sans relâche, que ce soit dans sa vie ou dans son art, son rejet du « vil homme blanc » : « Toutes les histoires de "l’expansion", de la "colonisation" et de la "domination" des Blancs sont remplies de détails horribles d’abus de pouvoir et de maltraitance des hommes. Je suis sûr qu’au fond de moi, je ne suis pas blanc. […] Je me réjouis d’être différent. Je suis fier d’être homosexuel. Je suis fier d’avoir des amis et des amants de toutes les couleurs. J’ai honte de mes ancêtres. Je ne suis pas comme eux 56. » Il récusa son héritage blanc, se dressa contre l’histoire de ses ancêtres. Lors de l’assassinat du tagueur afro-américain Michael Stewart par des policiers en 1983, Haring, profondément choqué, réclamait : « Œil pour œil 57 ». Ce n’est que deux ans plus tard qu’il traita cet événement avec beaucoup d’emphase dans Michael Stewart – USA for Africa. Cette toile monumentale montre un Stewart étranglé par des mains blanches au moyen d’une corde, le pied écrasé par un pied blanc, tandis qu’il est menacé par la main-dollar et des croix. Dans le coin supérieur gauche, l’espace se scinde en deux, laissant se déverser un large flot de sang qui noie le monde entier. L’Apocalypse est en marche. Dans une autre série d’œuvres, Haring s’attaque avec véhémence à l’apartheid en Afrique du Sud. Ainsi, un immense personnage noir, retenu par un petit personnage blanc au moyen d’un collier et d’une laisse, donne, en un geste libérateur, un coup de pied à son oppresseur. Haring utilisa ce motif pour une affiche qu’il distribua dans l’espace public. Dans d’autres images, la laisse devient un serpent, et c’est l’instrument d’oppression lui-même qui dévore l’homme blanc. Dans Prophets of Rage (1988), les dés sont enfin jetés. L’oppressé « noir » a fait sauter ses chaînes ; il a pris la couronne, suspendu l’homme blanc par les pieds et l’a décapité. La profonde consternation de Haring vis-à-vis du racisme et de la violence se matérialise en une fin cruelle pour l’oppresseur. 56. Ibid., p. 164-165. 57. Haring nota : « Aujourd’hui, j’ai lu dans le New York Times que les officiers de police responsables du meurtre de Michael Stewart ont été acquittés de nouveau. Ils ne cessent d’être acquittés, mais leur conscience ne le sera jamais. Ils savent bien qu’ils l’ont tué. Ils n’oublieront jamais ses cris, son expression, son sang. Ils devront vivre avec cela toute leur vie. J’espère que, dans leur prochaine vie, ils seront torturés comme ils l’ont torturé. Ils devraient renaître sous forme d’oiseaux, capturés jeunes, mis en cage et achetés par une grosse femme, puante et laide, qui les garderait dans une petite cage sale, accrochée au plafond, et qui cuisinerait des saucisses sanguinolentes toute la journée, dont le sang giclerait sur leur cage et dont la graisse de friture brûlerait leurs plumes emmêlées, sans jamais pouvoir échapper à cette atroce odeur de viande grillée. La cage finirait par tomber par terre un jour, et un gros chat laid les martyriserait, jouerait avec eux comme des jouets et les tuerait lentement, laissant leurs restes se faire piétiner accidentellement par la grosse dame qui ne peut même pas voir ses pieds à cause de ses énormes nichons ballants. Œil pour œil… Je n’ai à m’inquiéter d’aucun de mes actes. Je n’ai pas à avoir honte de quoi que ce soit », ibid., p. 165-166.

L’Apocalypse : l’écocide, la guerre froide et la fin de l’humanité Suite au rapport sur les « limites à la croissance 58 », publié par Donella et Dennis Meadows et Jørgen Randers en 1972, et au développement considérable du mouvement écologiste au début des années 1980, Haring s’engagea non seulement contre les nouvelles technologies, mais aussi contre la dévastation de l’humanité par la pollution et la destruction de l’environnement, ainsi que contre la menace d’une guerre

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atomique lors de la guerre froide. Il considérait l’art comme « la façon dont nous définissons notre existence en tant qu’êtres vivants ». Et il estimait que nous en avions la responsabilité : « Nous savons que les "humains" déterminent le futur de notre planète. Nous avons le pouvoir de détruire et de créer. Nous sommes, suite à tout ce qui a été dit et fait, les auteurs de la destruction de la planète que nous habitons59.» Sa vision était pessimiste, même s’il considérait que nous avions le choix face à l’omniprésente menace d’autodestruction : « La destruction de cette planète, de ce système solaire, par des êtres humains, ne représentera pas la fin de la vie. Celle-ci continuera sans nous. Nous avons le choix de poursuivre notre évolution sur cette planète ou non. Je vote "oui" 60. » Il manifesta son soutien au grand Anti-Nuclear Rally 61 en finançant la production de 20 000 affiches qu’il distribua aux passants le 12 juin 1982 avec l’aide de ses amis. Alors que le niveau inférieur de l’affiche montre deux personnages armés de deux grands bâtons et s’élançant l’un vers l’autre – symbole du début d’une guerre –, le niveau supérieur est entièrement occupé par une explosion atomique dévastatrice. Il réutilisa le champignon atomique comme symbole dans une série d’œuvres, dont une bâche noire de 1982, sur laquelle la scène inférieure est réduite à ce champignon atomique flanqué de deux chiens. Les croix rouges, qui symbolisent les cibles de la destruction, sont omniprésentes. Sa visite au Peace Memorial Museum de Hiroshima le 28 juillet 1988 lui permit de mieux appréhender encore toutes les conséquences d’une guerre nucléaire : « Il est impensable que cette destruction ait été causée par une bombe conçue en 1945, et que, depuis, la sophistication et le nombre de têtes nucléaires n’aient fait qu’augmenter. Qui peut bien souhaiter que cela se reproduise ? Où que ce soit? Ce qui est effrayant, c’est que les gens débattent et discutent de la course à l’armement comme s’ils s’amusaient avec des jouets. Tous ces hommes devraient se retrouver ici, non à une table de conférence d’un pays européen, loin du danger 62. » Dans Untitled (1984), la langue de la Mort, métamorphosée en serpent, s’empare d’humains devant un champignon atomique rouge orangé qui se propage parmi une foule immense. Cette représentation apocalyptique rend la fin tangible. Au cours de sa dernière année, Haring développa considérablement son intérêt pour l’écocide et la menace de destruction de l’humanité. Dans Untitled, une foule humaine jaillit de la blessure du pied d’un homme blanc, alors que la Terre, empalée sur la pointe d’une lance, perd son sang. La foule humaine devient décor dans Brazil, avant d’être finalement supprimée dans Unfinished Painting. D’un autre côté, The Last Rainforest représente une image fantaisiste inspirée de Jérôme Bosch, où des démons et des créatures fabuleuses sont transformés à la manière de Haring. Ce décor complexe ne laisse que peu d’espoir quant à la possibilité d’un sauvetage de cette « dernière » forêt tropicale, symbole d’une nature vierge et authentique et de la diversité. Néanmoins, le 27 janvier 1990, près de trois semaines avant sa mort, Haring ajouta au pinceau et à l’encre sur l’un de ses dessins intitulé Against All Odds 63, achevé en octobre de l’année précédente : « Ces dessins concernent la terre dont nous avons hérité, et notre sombre devoir de la sauver – envers et contre tout 64. » Haring raconte qu’il venait d’écouter, deux heures durant, l’album pessimiste de Marvin Gaye What’s going on 65. L’exhortation de Gaye dans la chanson Save the Children 66 rejaillit chez Haring : « Sauvez un monde qui est destiné à mourir. » 58. Donella H. Meadows, Dennis L. Meadows, Jørgen Randers et William W. Behrens, The Limits to Growth, New York, Universe Books, 1972. 59. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 129. 60. Ibid., p. 26-27. 61. Keith Haring, cité dans « Antinuclear Rally 1982 », dans Jeffrey Deitch, Suzanne Geiss, Julia Gruen (dir.), Keith Haring, op. cit., p. 228. 62. Keith Haring, Journals, op. cit., p. 295-296. 63. Littéralement : « envers et contre tout » (N.D.T.). 64. Keith Haring, Against All Odds. 20 Drawings Oct. 3, 1989, Rotterdam, Bebert Publishing House, 1990, n.p. 65. Littéralement : « ce qui se passe » (N.D.T.). 66. Littéralement : « sauvez les enfants » (N.D.T.).

L’épidémie du sida : du sexe à la mort (…) Il s’attaqua au thème du sida dans une série d’œuvres en 1985, alors que plusieurs de ses connaissances avaient déjà succombé à la maladie. Il dessina ainsi sur une bâche jaune un homme, entouré de têtes de mort volantes et de cadavres, avec une croix rouge sur un petit panneau accroché autour de son cou. L’aspect effroyable de cet homme véhicule une image crue de la terreur. Après avoir été diagnostiqué séropositif, la personnification du virus par un énorme spermatozoïde rampant hors d’un œuf, sur fond noir aux contours blancs fins et doubles, comme si le trait lui-même pouvait disparaître dans le noir, devint symbole du danger de mort. Le 5 mai 1989, il acheva le diptyque noir et blanc Untitled (for James Ensor) sur lequel, dans la partie portant le numéro « 1 », un squelette urine sur une fleur qui devient énorme dans la seconde partie. La vie continue, même sans l’artiste, et avec ou sans l’humanité. Dans son dernier tableau, Haring montre une foule joyeuse, prête à s’élancer dans le combat contre l’oppression, la souffrance, la mort et la déchéance. Pour lui, ce combat prit fin le 16 février 1990. Il mena son engagement personnel presque jusqu’au dernier souffle : « Tous les dessins proviennent de ce qui se passe dans le premier dessin. Je laisse juste "faire". Chaque dessin se construit sur le précédent et continue "l’histoire"68.» Chacun de ses traits est à la fois achevé et inachevé. Sa démarche politique semble ainsi se poursuivre à l’infini. Son engagement contre les drogues, le sida, et en faveur d’un monde plus juste et meilleur pour tous, son obsession de dessiner en public, à New York, Paris ou Tokyo, jusqu’au mur de Berlin, se retrouve dans ses œuvres et ses dessins qui font aujourd’hui partie de notre langage quotidien. Son « urban guerilla art 69 » perdure comme un virus dans la mémoire collective, grâce aussi à son Pop Shop. Leo Castelli remarqua d’ailleurs à juste titre à ce sujet : « Je ne pense pas du tout que ce soit commercial. S’il a ouvert un magasin comme il l'a fait, cela fait partie de son art. Le magasin lui-même est une œuvre d’art 70. » Si Haring avait inauguré son Pop Shop à l’occasion de la Documenta 13 en 2012, tout le monde aurait compris son message politique – il était si moderne dans son culte de l’humanisme et son refus de se taire car « Ignorance=Fear » et « Silence=Death 71 ». 68. Keith Haring, Against All Odds, op. cit. 69. Elisabeth Sussman, Keith Haring, op. cit., p. 14. 69. Elisabeth Sussman, Keith Haring, op. cit., p. 14.70. Voir le documentaire sur Keith Haring réalisé par Elisabeth Aubert cité supra. 71. Voir l’affiche intitulée Ignorance = Fear de 1989, dans Marc Gundel, Keith Haring. Short Messages. Posters, Munich Prestel, 2002, cat. 79, planche 57.

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"When I grow up I would like to be an artist in France 1" Odile Burluraux Au milieu des années 1980, le public français a une vision moins académique que celui des États-Unis de ce que doit être l’art. Dans la France de l’époque – pas encore envahie par les graffitis et les tags –, l’œuvre de Keith Haring est considérée avec davantage de sympathie qu’à New York, où l’art public et populaire qu’il incarne et défend interroge tout le système de l’art. Non seulement les graffeurs commencent à faire l’objet d’articles dans les journaux français, mais Haring reçoit un écho de ses expositions très tôt dans la presse spécialisée, et les magazines lui consacrent fréquemment des brèves. Keith Haring considère Paris comme une sorte de point d’ancrage pour ses voyages et ses projets en France, mais aussi pour tous ses séjours en Europe. Il y reçoit dès le début de sa carrière artistique un accueil favorable et un soutien précoce, tant sur le plan amical que professionnel. Son activité constante 2 et son énergie communicative lui font faire de nombreuses rencontres. De nature liante mais discret et peu bavard, Haring exprime davantage sa pensée et ses partis pris dans son œuvre. Quand il s’engage ou prend position pour une cause politique ou « sociétale », il n’en parle pas particulièrement car tout est « écrit » dans ce qu’il crée. Ceux qui l’ont côtoyé 3 affirment que son œuvre est indissociable de sa personnalité. À son propos, on évoque toujours son amabilité, sa simplicité, sa générosité, que même le succès et des moyens financiers considérables n’altéreront pas. Ainsi, il transpose à Paris la manière dont il vit à New York, que ce soit pour le travail ou ses autres occupations, sorties, visites d’expositions, concerts… 1. Vers 1968, à l’école primaire et dans le cadre d’un exercice de calligraphie, Keith Haring, âgé de dix ans, écrit : « Quand je serai grand, j’aimerais être un artiste en France. La raison, c’est parce que j’aime dessiner. J’aurai mon argent des peintures que je vendrai. J’espère que je le deviendrai. » En 1990, c’est à Paris qu’une partie de ses cendres est dispersée par Yoko Ono devant le Ritz où il avait pris l’habitude de descendre. 2. « Les seuls moments où je suis heureux, c’est quand je travaille », 25 juin 1987, Keith Haring, Journal, Paris, Flammarion, 2012, p. 247 (traduction de Keith Haring, Journals, New York, Viking, 1996). 3. L’auteur remercie tous ceux qui ont bien voulu répondre à ses questions : Jean-Jacques Aillagon, Gérard Bénéteau, François Boisrond, Nicole Fauche, Marcel Fleiss, Jean-Louis Froment, Julia Gruen, Baptiste Lignel, Jérôme de Noirmont, Oxo, Suzanne Pagé, Hervé Perdriolle, Nersi Razavi, Daniel Templon, Trois Carrés.

Un artiste aux sources d’inspiration multiples et notamment françaises Au cours de ses études, Keith Haring lit beaucoup et nourrit sa réflexion des idées qui lui sont transmises par ses professeurs ou ses amis. En 1979 4, il dresse une liste de ses ouvrages de prédilection ; on y trouve parmi les auteurs français une anthologie d’Antonin Artaud, des livres de Jean Genet ou d’Alfred Jarry, Mythologies et Éléments de sémiologie de Roland Barthes, mais aussi la correspondance d’Arthur Rimbaud, ainsi que ses Illuminations, et encore Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre. À propos de « Anticultural Positions », allocution prononcée en 1951 par Jean Dubuffet dans laquelle il développe sa vision de l’art, Haring précise : « Jean Dubuffet a fait un discours à l’Art Institute of Chicago expliquant clairement la représentation erronée que se fait la culture occidentale de la beauté. J’ai découvert ce discours à Pittsburgh en 1977. Je l’ai lu et relu, et c’est un des textes écrits par un artiste que je préfère 5. » Concernant l’œuvre pictural de Dubuffet, il écrit encore : « J’étais stupéfait de voir combien les images de Dubuffet étaient similaires aux miennes parce que je faisais ces petites formes abstraites interconnectées 6.» (…) Haring se souvient également avoir assisté à une conférence de Christo 7, à Pittsburgh en 1977 : « Après la conférence, il montra un film sur une de ses œuvres nommée Running Fence. Cela me marqua profondément. Cela correspondait à toutes les idées philosophiques et théoriques que j’avais sur l’art public, et à l’intervention de l’artiste avec le public et la réalité. Je n’avais aucune idée de comment je pouvais faire quelque chose de similaire, comment je pouvais impliquer d’autres personnes, comment je pouvais engager le public comme ça. Je n’avais aucune idée de comment le faire 8. » 4. Keith Haring, Journal, op. cit., p. 128. 5. Ibid., 7 juillet 1986, p. 170-171. 6. « Je viens de finir de lire Asphyxiante culture de Jean Dubuffet (traduit récemment). […] Le concept de culture dans sa totalité est le résultat d’un complot des élites », ibid., 22 juillet 1988, p. 318. On a dit de Keith Haring que son dessin était simpliste, voire primaire ; or, pas plus que pour Dubuffet, ses œuvres n’ont été primitives mais bien plutôt savantes. On pourrait étudier les liens entre Le Jardin d’hiver (1968-1970), construction en trois dimensions peinte de traits noirs de Dubuffet, et les overall de Haring réalisés à la School of Visual Arts de New York. 7. John Gruen, Keith Haring : The Authorized Biography, Londres, Thames & Hudson, 1991, p. 31. 8. Ibid., p. 31-32.

Un artiste narrateur qui conserve des traces À sa mort en 1990, Keith Haring laisse de nombreuses sources d’informations précieuses (archives, notes, photos…). Au plus fort de son succès et d’une vie trépidante, c’est dans les aéroports et lors de ses voyages qu’il donne vraiment l’impression de respirer, de réfléchir… Il prend le temps de lire, d’écrire son journal, de penser à sa situation, à ses relations affectives, à ses problèmes avec les galeries, au marché de l’art, et à la reconnaissance du milieu muséal et artistique qui tarde à venir. En 1991 paraît une « autobiographie autorisée 9 » pour laquelle John Gruen regroupe et entremêle des dizaines de témoignages de l’artiste et de ses proches. Publié en 1996, son Journal 10 (1977-1989) contient essentiellement les recherches intellectuelles de sa vie d’étudiant puis de ses débuts d’artiste, ainsi qu’un regard plus « mondain » et sentimental sur lui-même au cours de ses dernières années. À la fin de sa vie, Haring crée une fondation qui porte son nom 11. Elle a pour vocation, d’une part, de développer et protéger son patrimoine artistique et ses idéaux, en conservant ses archives, d’autre part, de soutenir les organismes à but non lucratif qui aident les enfants, ainsi que les organisations impliquées dans l’éducation, la recherche et la prévention contre le sida. (…) 9. John Gruen, Keith Haring, op. cit. Biographie commandée de son vivant par l’artiste, qui a voyagé avec l’auteur pour lui faire rencontrer ses interlocuteurs. 10. Keith Haring, Journal, op. cit. 11. Située sur Lafayette Avenue, dans les locaux mêmes de son dernier atelier, où travaille une équipe dirigée par Julia Gruen, qui fut l’assistante de l’artiste de 1984 à sa mort.

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Un artiste voyageur Voyageur infatigable, très informé sur l’actualité artistique, répondant à des invitations de par le monde car cela correspond à son mode de fonctionnement, personnel et professionnel, Keith Haring incarne, à partir du milieu des années 1980, l’artiste « globe-trotter ». À l’aune du tout Internet, il tisse sa toile et anticipe ainsi les déplacements géographiques qui caractérisent la vie des artistes d’aujourd’hui. « Tout a été si vite que tout ce qui reste, ce sont des billets d’avion et des articles de magazine provenant de mes derniers voyages et expositions. Un jour, tout cela constituera sans doute ma biographie 16. » (…) 16. Dans Keith Haring, Journal, op. cit., 7 juillet 1986, p. 169.

Un artiste qui expose, qui crée Entre 1984 et 1990, lors de ses nombreux passages à Paris ou ailleurs en France, Keith Haring met en œuvre un ou plusieurs projets, alors que d’autres sont déjà à l’étude ou en cours de réalisation. Qu’il s’agisse de répondre à une commande particulière (dessiner une porte dans l’appartement de ses amis Sydney et Claude Picasso), de participer à une exposition collective ou de créer une fresque pour un bâtiment public, Haring est partant pour toutes les propositions, et donne à chacune une valeur et un investissement absolus. (…) Paris demeure le lieu indispensable pour la connaissance et la valorisation de son travail en Europe. Plusieurs expositions l’ont d’ailleurs fait valoir comme celles à la Fondation Dina Verny en 1999 et au MAC de Lyon en 2008. Peu de ses œuvres figurent aujourd’hui dans les musées – notamment dans les collections publiques françaises –, la plupart ayant été réalisées dans des espaces publics, et donc sujettes à des dégradations. À la question de savoir si l’artiste doit jouer un rôle particulier dans la société contemporaine, Keith Haring répondait : « La responsabilité de l’artiste est grande lorsqu’il conçoit des images aussitôt médiatisées. Un temps de réflexion est nécessaire pour comprendre les enjeux, les significations de ce type d’images. Mais, bien sûr, l’art n’est ni de la propagande ni de la publicité. L’art devrait libérer l’âme et exciter l’imagination, encourager les gens à aller plus loin. Au lieu de le manipuler, l’art célèbre l’homme 58. » 58. Entretien avec Sylvie Couderc le 16 décembre 1985, dans Keith Haring, peintures, sculptures et dessins, op. cit., n.p.

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Parcours de l’exposition Le parcours de l’exposition, organisé de manière thématique, qui débute par l’accrochage de ses premiers travaux, rend compte de ses prises de position critiques avec près de 250 œuvres dont une vingtaine de grands formats sont exposés au CENTQUATRE. Cette exposition est l’une des plus importantes jamais réalisées sur cet artiste. L’individu contre l’État Déjà dans ses premières œuvres Keith Haring s’oppose au pouvoir de l’Etat. Haring croit résolument en l’individualité et en la liberté pour chaque individu. Il dépeint l’artiste graffeur attaqué par des chiens qui aboient, le personnage déchiqueté par quatre mains géantes ou celui qui casse le bâton avec lequel on vient de le frapper. Haring a également représenté ce personnage à l’allure de robot qui vise les personnes anonymes marquées d’une croix comme des cibles. L’artiste dénonce à travers certaines de ses œuvres les groupes stéréotypés et classifiés par l’Etat, et dénonce aussi les êtres qui oublient leur propre individualité. A travers sa rébellion contre l’establishment et ses interventions performatives, il adresse ainsi des messages défiant l’autorité tutélaire de l’état contre l’individu. Capitalisme Radical dans son rapport au monde consumériste, Keith Haring règle des comptes et donne à voir une critique acerbe du capitalisme et de la société de consommation. A travers certaines de ses œuvres l’artiste s’insurge en représentant l’hégémonie des États-Unis et du dollar. Keith Haring admire Andy Warhol décliné dans plusieurs de ses œuvres en Mickey Mouse. Ce dernier par ailleurs véritable artiste homme d’affaires, encourage Haring à ouvrir en 1986 un Pop Shop sur Broadway où tous les objets vendus (t-shirts, casquettes…) sont commercialisés à l’effigie de ses œuvres dans un décor imaginé par lui-même, reprenant l’idée chère à Haring de l’art accessible à tous. Les œuvres dans l’espace public Haring a commencé très tôt à exercer son art dans l’espace public, lorsqu’il s’est installé à New York en 1978. Il réalise les affiches publicitaires altérées en photocopiant par centaines des titres remaniés faits à partir des collages de manchettes de journaux et les placarde dans la rue sur des lampadaires ou des kiosques. Les activités urbaines de Haring atteignent leur apogée lorsqu’il commence à réaliser ses dessins (Subway Drawings) dans le métro sur des panneaux noirs destinés à recevoir des affiches publicitaires. De 1980 à 1985, ses dessins à la craie (plus de 5000) sont à la fois une performance physique et artistique, voire un acte politique, produire de l’art pour tout le monde car visible par tous. L’artiste a aussi beaucoup aimé collaborer avec les artistes de son temps, grapheurs, musiciens, danseurs, il y avait chez lui une forme de frénésie et de plaisir à produire des œuvres communes et transgressives. Religion Keith Haring qui a grandi dans un milieu chrétien traditionnel considère avec beaucoup de recul et un esprit critique l’histoire et notamment celle de la colonisation et de la religion. Haring pensait qu’ « une grande partie du mal qui se produit dans le monde est causée au nom du bien (religion, faux prophètes, artistes de pacotille, hommes politiques, businessmen…). » Dans ses dessins et peintures, des croix pénètrent les corps, se collent aux cerveaux. Haring crée dans ses œuvres tardives des scènes dramatiques dans lesquelles l’Église et ses dogmes sont dénoncés comme étant nocifs pour la société et l’individu. Néanmoins tout en luttant contre toutes les « religions de contrôle », Haring respecte la foi individuelle.

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Mass Media Dans ses premières œuvres Keith Haring évoque à plusieurs reprises la menace de la substitution de notre réalité par les nouvelles technologies que sont les écrans (télévision et ordinateur). Il s’inquiète par ailleurs du danger qui pèse sur la créativité et l’individualité face à l’hégémonie technologique. Dans certaines de ses toiles, il peint ainsi à l’intérieur d’écrans les thématiques qui le préoccupent comme la puissance atomique, le corps du Christ ou encore Mickey Mouse. La télévision et les écrans d’ordinateur dans ses peintures et ses dessins remplacent parfois le cerveau. Il a lui-même bénéficié très tôt d’une couverture médiatique incroyable et a paradoxalement joué rapidement de la peopolisation de sa vie et de ses relations avec Madonna, Andy Warhol, Grace Jones, Jean-Michel Basquiat… Racisme Keith Haring s'intéresse à de nombreuses facettes de l'histoire, il est notamment révolté par toutes les discriminations dans un monde pour lui empreint de racisme et d’oppression (histoire de la colonisation, guerre du Vietnam). L’homme blanc « mauvais » représente pour Haring le pillage, l’oppression, l’esclavage, la cause de la pauvreté. Dès son arrivée à New York il est fasciné par la diversité des populations, il rencontre et fréquente des minorités qui l’attirent et desquelles il se sent proche. Tout au long de sa carrière Haring s’est ainsi attaqué aux problématiques sociopolitiques et a produit un art dit engagé. En 1985 à la manifestation contre l'apartheid dans Central Park, il fait imprimer en 20 000 exemplaires un poster Free South Africa qu’il distribue lui même. Écocide, menace nucléaire et apocalypse Haring s’engage et cherche à encourager toute action de protection pour sauver la planète ; c’est l’époque du développement du mouvement écologiste. Il défend l’idée que la préservation de l’environnement relève de notre responsabilité. « Nous savons que les « humains » déterminent le futur de la planète. Nous avons le pouvoir de détruire et de créer. » Son engagement personnel se traduit le 12 juin 1982, lors d’un immense rallye contre le nucléaire, par la réalisation à ses propres frais de milliers de posters à distribuer. En 1988, il visite le Musée Mémorial de la Paix d’Hiroshima, bouleversé il crée un nouveau groupe d’œuvres évoquant le danger de la guerre atomique. Dernières œuvres. Sexe, sida et mort Lorsqu’il débarque à New York pour étudier, Haring assume pleinement son homosexualité. Il y vit d’abord une sexualité débridée, qui transparaît à la fois dans son journal et dans ses œuvres où le sexe est très présent. Lorsque le virus du sida se propage dans les années 80, la lutte contre cette maladie deviendra sa bataille la plus personnelle ; dès 1985, la thématique du sida apparaît, comme dans son autoportrait aux pois rouges. Il s’engage en réalisant des affiches en faveur de rapports sexuels protégés, afin d’informer sur cette épidémie. Certaines affiches comme « Silence = Death » ont un caractère purement militant. Il personnifie le virus sous la forme d’un énorme spermatozoïde à cornes dans une série de dessins et de peintures. Personnage officiel, il contribue ainsi à divulguer et faire savoir ce qu’on ne disait pas dans les années 80 sur cette maladie. Touché lui-même par le virus (il apprend qu’il est contaminé en 1988), il décède le 16 février 1990 à New York. Scénographie : Cécile Degos

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Accompagnement de l’exposition CATALOGUE (disponible au Musée d’Art moderne et au CENTQUATRE) Titre : Keith Haring, the Political Line Prix : 34 € Edition : Paris Musées Nombre de pages : 320 p. Langue : français Auteurs : Dieter Buchhart, Odile Burluraux, Robert Farris Thompson, José-Manuel Gonçalvès, Julia Gruen, Fabrice Hergott, Julian Myers, Peter Pakesch et Tony Shafrazi. De Keith Haring (1958-1990), on se souvient de l'icône pop, des figures, des tableaux et des affiches aux couleurs éclatantes, des T-shirts et des objets dérivés vendus dans le monde entier. Aujourd’hui encore, tout le monde reconnaît son style incomparable et ses signes emblématiques : ses chiens, ses personnages, ses couples rayonnants. Mais jamais jusqu’ici l’attention n’a été portée sur la dimension politique de l'œuvre de Keith Haring. Très attentif aux enfants, il a lutté contre l'illettrisme, le sida, la drogue. Il a défendu le droit des homosexuels. Il s'est mobilisé contre le racisme et contre toute forme d'oppression. Il a dénoncé énergiquement la menace nucléaire, la destruction de l’environnement... L’influence de Haring sur sa génération d'artistes et des suivants est profonde et durable. Les messages politiques qu’il a transmis au travers de son œuvre constituent une part de son héritage, mais aussi de celui de l’histoire de l'art et de l'humanité. Ce catalogue éclaire l’aspect militant et subversif de son travail, avec plus de 250 œuvres reproduites, réalisées sur toile, sur bâche ou dans l'espace public, provenant de musées internationaux et de grandes collections particulières. PETIT JOURNAL (disponible au Musée d’Art moderne et au CENTQUATRE) En vente à l’accueil du musée Langue : français Prix : 3 € AIDE À LA VISITE (disponible au Musée d’Art moderne) Disponible à l’entrée de l’exposition Langue : français et anglais Gratuit AUDIOGUIDE (disponible au Musée d’Art moderne) Un parcours de 45 minutes commenté par Odile Burluraux, co-commissaire de l’exposition et des extraits du Journal de Keith Haring sont disponibles en français et en anglais. Location à la billetterie de l’exposition : 5 € APPLICATION I-PHONE (disponible au Musée d’Art moderne) Téléchargement : 1,98 €

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Action culturelle

au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris Renseignements et réservations Tel: 01 53 67 40 80 ÉVÉNEMENTS Nuit des Musées 18 mai 2013

- 18h-00h (dernier accès 23h) Exposition gratuite Keith Haring, the Political Line - 18h-00h Inauguration dans les collections permanentes de l’exposition Apartés 2013 - 19h-23h30 Concert gratuit dans le Hall du musée avec le département Jazz du Conservatoire

à Rayonnement Régional de Paris

soirée DJ sur le parvis du Musée de 18h à 22h le jeudi 13 juin en lien avec la musique des années 80, le hip hop, le voguing le son de l’époque de Haring jusqu’à ses ramifications actuelles. GROUPES Visites en français et en anglais avec les conférenciers du musée Durée: 1h30. Sur réservation : 01 53 67 40 80. Tarifs détaillés lors de la réservation ADULTES Visite-conférences Mardi à 12h30 et 14h30 / Mercredi à 12h30 / Jeudi à 14h30, 17h et 19h / Vendredi à 14h30 et 16h Samedi à 14h30 et 16h / Dimanche à 14h30 et 16h Tarif : 4,50 € (plein tarif) + billet d’entrée. Durée : 1h30. Sans réservation Visite-conférence en lecture labiale Durée : 1h30. Sans réservation. Tarif : 3,80 € Gratuité pour un accompagnateur Contact: [email protected] Dimanche 19 mai 2013 à 10h30 Visite orale pour les personnes déficientes visuelles Cette visite conduite par une conférencière du musée vous fait découvrir par les mots l'univers de l'exposition. Durée : 1h30. Réservation : 01 53 67 40 95 ou [email protected]. Tarifs : 3,80 €, gratuité pour un accompagnateur Samedi 8 juin à 10h30

Contempler / Contemplation Si l’artiste fait l’expérience de la création, le public vit l’expérience de la réception de l’œuvre. «Contempler» relève d'abord du regard. Le public est invité à déambuler dans les espaces d'exposition et face aux œuvres à travers des exercices de concentrations corporelles (mouvement wutao®), le visiteur laisse place à son ressenti et donne libre cours à son imagination.

Durée: 1h30. Tarif: 4,50 € (plein tarif) + billet d’entrée. Réservation : 01 53 67 40 84 Vendredi 19 avril, 3, 17, 31 mai, 21 juin, 5, 26 juillet à 12h30 / Samedi 27 avril, 25 mai, 29 juin, 13 juillet à 10h30 EN FAMILLE Les duos Keith Haring en famille Les samedis et/ou dimanches une intervenante vous accueille devant une œuvre des collections afin de découvrir Keith Haring sous le regard imaginaire d’un peintre moderne. Qu’aurait pensé Robert Delaunay, Henri Matisse ou bien Raoul Dufy des peintures du jeune artiste ? Des minis ateliers plastiques à réaliser en famille vont permettre de répondre à cette question. Les familles sont aussi invitées à visiter l’exposition Keith Haring à l’aide d’un livret conçu pour eux et disponible à l’accueil du musée. Durée : 1h30. Sur réservation, par téléphone au 01 53 67 40 83 ou sur place à l’accueil selon les places disponibles. Samedi et/ou dimanche à 14 h/ 15h ou 16h. Enfants : 3,80 €. - Adultes : gratuit sur présentation du billet d'entrée Dès 3 ans Avril : 21 - Mai : 18, 26- Juin : 1, 8, 23, 29 - Juillet : 7, 13, 21, 27 - Août : 4

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ENFANTS Visites-animations Where is Keith ? Un personnage de Keith Haring se camoufle dans des graffitis qu’il semble produire lui-même en se multipliant sur un support. Lignes, signes et symboles deviennent alors un véritable labyrinthe. Durée : 1h30. Sur réservation, par téléphone au 01 53 67 40 83. Mercredi et samedi + vacances scolaires à 11 h. Tarif : 3,80 €.

4-6 ans/mercredis et samedis Avril : 24 - Mai : 15, 18, 22, 25, 29 - Juin : 1, 5, 8, 19, 26, 29 4-6 ans/les vacances scolaires Avril : 27, 30- Mai : 2, 3, 4, 7, 10, 11- Juillet : 9, 10, 11, 12, 13, 23, 24, 25, 26, 27- Août : 6, 7,8, 9, 10 Ateliers Keith’s kids Les enfants « dupliquent » une silhouette de Keith Haring en s’inspirant de son répertoire formel. Ils la transforment dans un jeu linéaire constitué de bandes adhésives qui recouvre une surface plane, en volume ou sur un objet. Durée : 2h. Sur réservation, par téléphone au 01 53 67 40 83. Mercredi et samedi + vacances scolaires à 14 h. Tarif : 6,50 €.

7-9 ans/mercredis et samedis Mai : 15, 18, 29- Juin : 1, 26, 29 7-9 ans/les vacances scolaires Avril : 30 – Mai : 2, 7 – Juillet : 9, 10,11, 23, 24 - Août : 6, 7,8 10-12 ans/mercredis et samedis Avril : 24- Mai : 22, 25, Juin : 5, 8, 19 10-12 ans/les vacances scolaires Avril : 27 – Mai : 3, 4, 10,11 – Juillet : 12, 13, 25, 26, 27 – Août : 9, 10 Atelier son Keith Haring’s playlist Cet atelier propose de relier les arts visuels et le son. En s'appuyant sur le travail de Keith Haring et l'ambiance musicale de New York dans les années 80, le jeune public apprend à faire un remix ou 'mash up' sur ordinateur. Amenez votre clé USB !

Durée : 2h. Sur réservation, par téléphone au 01 53 67 40 83. Mercredi ou samedi + vacances scolaires à 10h ou 14 h. Tarif : 6,50 € 12-15 ans mercredis et samedis Mai : 11, 15, 25, 29 12-15 ans/les vacances scolaires Juillet : 10, 17, 24, 31 Ateliers Sensoriels La fabuleuse rencontre de Keith Haring et d’Henri Matisse Le jeune artiste Keith Haring témoignait qu’il aimait Henri Matisse. Et si nous allions à la recherche des éléments communs à ces deux peintres ? Silhouettes simplifiées, rythmes, harmonie des couleurs et des formes, le mur comme support et enfin la danse qui sera propice à explorer des postures en yoga, en wutao®, en danse… afin d’en toucher le sentiment.

Durée : 1h30. Sur réservation, par téléphone au 01 53 67 40 83. Mercredi à 14h30. Tarif : 3,80 €. 6-12 ans/mercredis/ Accessible aussi aux enfants présentant un handicap. Mai : 15, Juin : 19, Juillet : 10, Août : 14

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Action culturelle au CENTQUATRE

Visites et activités Renseignements et réservations auprès de l’équipe des relations avec les publics – [email protected]

Visite groupe avec l’équipe des médiateurs du CENTQUATRE Les médiateurs du CENTQUATRE vous accompagnent dans l’exposition et partagent avec vous l’univers de Keith Haring. Le temps de la visite est consacré à l’échange dans une approche sensible des œuvres. Groupes scolaires, associatifs, d’amis, en situation de handicap, les médiateurs s’adaptent en fonction des attentes de chacun. La réservation est obligatoire pour toutes visites en groupe.

En famille les Toutes Petites Visites Dans les bras ou à petits pas, visite à destination des enfants âgés de 1 à 4 ans accompagnés d’un adulte. Sur un temps privilégié de 45 minutes, au calme et au rythme des tout-petits, les Toutes Petites Visites proposent la découverte d’une œuvre dans le CENTQUATRE suivie d’une manipulation qui permet d’explorer l’univers plastique de Keith Haring. Gratuit pour les enfants (accompagnés d’au moins 1 adulte) Adultes 5 euros TP / 3 euros TR / 2 euros adhérents, abonnés Réservation auprès de l’équipe de billetterie : 01 53 35 50 00 / [email protected]

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Informations pratiques

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 11, avenue du Président Wilson 75116 Paris Tél : 01 53 67 40 00 / Fax : 01 47 23 35 98 www.mam.paris.fr

Transports Métro : Alma-Marceau ou Iéna RER : Pont de l’Alma (ligne C) Bus : 32/42/63/72/80/92 Station Vélib' : 3 av. Montaigne ou 2 rue Marceau

Horaires d’ouverture Mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h15) Nocturne le jeudi de 18h à 22h (seulement les expositions) (fermeture des caisses à 21h15) Fermeture le lundi et les jours fériés

L'exposition est accessible aux personnes handicapées moteur et à mobilité réduite.

Tarifs de l’exposition Keith Haring, the Political Line Sur présentation du billet acheté au MAM ou au 104, bénéficiez du tarif le plus bas (5,5€ ou 3€) dans l'autre lieu pour visiter la 2ème partie de l’exposition.

Plein tarif : 11 € Tarif réduit (plus de 60 ans, enseignants, chômeurs, famille nombreuse) : 8 € Demi-tarifs (jeunes 14-26 ans + RMIste) : 5,50 € Gratuit pour les moins de 14 ans Billet combiné Danh Vo. GO MO NI MA DA + Keith Haring, the Political Line : 12€ / 9€ / 6€ Billetterie Billets coupe-file sur www.mam.paris.fr Le musée présente également

Linder Femme/Objet : à l’Arc jusqu’au 21 avril 2013 Apartés 2013 : 18 mai - 13 octobre 2013 Danh Vo. GO MO NI MA DA : à l’Arc 24 mai - 18 août 2013 Tapis, tapisseries d’artistes (titre provisoire) : à l’Arc Automne 2013 Zeng Fanzhi : 18 octobre 2013 - 23 février 2014 Serge Poliakoff : 18 octobre 2013 - 16 février 2014 Lucio Fontana : Printemps 2014

Contact presse

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : Maud Ohana Tél. 01 53 67 40 51 / E-mail [email protected]

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CENTQUATRE 5, rue Curial 75019 Paris Informations : 01 53 35 50 00 www.104.fr

Transports Métro : Riquet et Crimée (ligne 7), Stalingrad (lignes 2, 5 et 7) Bus : arrêts Crimée et Crimée / Curial (lignes 54 et 60) et Riquet (54) Navette : arrêts Riquet ou Curial / Archereau (la Traverse) Station Vélib' : bornes rue Curial, rue d’Aubervilliers, rue de Tanger, avenue de Flandre, quai de la Seine

Horaires d’ouverture Exposition ouverte du mardi au dimanche de 13h à 19h30. Le CENTQUATRE est ouvert du mardi au vendredi de 12h à 19h, le week-end de 11h à 19h. Mercredi 1er mai, le CENTQUATRE est exceptionnellement fermé.

L’exposition est accessible aux personnes handicapées moteur et à mobilité réduite.

Tarifs de l’exposition Keith Haring, the Political Line Sur présentation du billet acheté au MAM ou au 104, bénéficiez du tarif le plus bas (5,5€ ou 3€) dans l'autre lieu pour visiter la 2ème partie de l’exposition.

Plein tarif : 8€ Tarif réduit : 5€ (-30 ans, +65 ans, demandeurs d’emploi, personnes bénéficiant de minima sociaux, artistes (Maison des artistes, AGESSA), familles nombreuses, groupes (+10 personnes), adhérents des lieux et institutions partenaires). Tarif abonnés, adhérents : 3€ Le CENTQUATRE présente également

arts visuels: Urban Film Festival / 8e édition 03 > 05 mai théâtre: Festival Passages 2013 etc. - prolongations d’après Passages à Metz 16 > 26 mai

avec le Théâtre du Rond-Point et Télérama Impatience / Festival de jeunes compagnies 24 mai > 02 juin

musique: KLOEB 104 / Guillaume Perret & The Electric Epic 16 mai / 20h30

danse: Pierre Rigal / Compagnie dernière minute - Standards / création 2012

29 mai > 02 juin

cirque: Sylvain Décure / Cie Les Hommes penchés - Demain, je ne sais plus rien Chloé Moglia et Olivia Rosenthal - Le Vertige 25 > 27 avril

Contacts presse

Le CENTQUATRE : Virginie Duval de Laguierce Tél. 01 53 35 50 96 / E-mail [email protected]

2e BUREAU : Martial Hobeniche Tél. 01 42 33 93 18 / E-mail [email protected]