Expo : "Le sport dans les camps nazis"

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EXPOSITION 29 AVRIL 24 DCEMBRE 2012

SPORT CAMPSDANS LES

LE

NAZISEN COMPLMENT, LEXPOSITION GAGNER LE MATCH - LES ALSACIENS SOUS LE MAILLOT NAZI SE DROULE DU 28 AVRIL AU 15 JUILLET AU MMORIAL DE LALSACE MOSELLE.

EXPOSITION FR/DE/ENG ENTRE LIBRE

CENTRE EUROPENDU RSISTANT DPORT SITE DE LANCIEN CAMP DE CONCENTRATION DE NATZWEILER-STRUTHOF ALSACECONTACT : 03 88 47 44 59ROBAGLIA DESIGN - Photographies : Bundesarchiv Bild 192-057 et 192-058/KZ Mauthausen

Alors que souvrent en 2012 les JO de Londres, le Centre europen du rsistant dport souhaite aborder un aspect particulier de lhistoire sportive : quelle fut la place du sport dans les camps de concentration et dextermination ? La question nest incongrue quen apparence. On sait que le discours nazi a fait du corps et de sa force virile les attributs de lhomme nouveau et de la socit moderne btir. cet gard, la lecture de Mein Kampf est sans appel, de mme que lenrgimentement de la jeunesse allemande dans des organisations de sport et de plein air ou la volont nazie de briller aux JO de Berlin. Loin des canons nazis de la beaut vhiculs par Leni Riefenstahl ou par Arno Brecker, les dports voient au contraire leur corps se dfaire et leur masse musculaire seffacer. Le systme concentrationnaire est avant tout un systme de mise au pas des corps et des esprits, de nivellement par le bas, dpuisement des forces morales par laffaiblissement outrancier des corps. Pousse lextrme, cette logique vaut plus encore dans les camps dextermination o lanantissement de lhumain constitue le but ultime. Le sport, pour autant, et pour trange que cela semble, fut bel et bien prsent dans les camps, du ct des victimes mais aussi de leurs bourreaux, soucieux de prserver leur forme physique, garante de leur supriorit. Lexposition sattache montrer cette ralit paradoxale. Au final, cest bien le lien trs fort entre le sport et lengagement citoyen qui ressort de lexposition, notamment pour les jeunes visiteurs. Parce quil est le lieu du dpassement de soi et de la force physique, le sport a pu tre dtourn par les rgimes totalitaires. Mais il est avant tout le lieu du jeu et du respect des rgles, et doit rester un espace de pratique dmocratique et de tolrance.

Le footballeur Halvorsen (au centre), qui sera plus tard dport au camp de Natzweiler, parle en 1933 avec le Gau-Sportwart Egon Arthur Schmidt.Coll. HSV.

Frdrique Neau-DufourDirectrice du Centre europen du rsistant dport

En couverture : Jeunes dports Mauthausen. Haut : BArch Bild 192-057 - Bas : BArch Bild 192-058

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Jeunes dports Mauthausen.BArch Bild 192-058

Chose trange, il y avait dans les camps quelque chose qui ressemblait du sport. Pourtant les conditions de vie ne sy prtaient pas particulirement. [...] La SS semble avoir considr cela comme un panneau-rclame [...]. partir de 1943, les dtenus se mirent pratiquer la boxe! Cest insens, mais vrai! Il y avait, dans le camp, des taureaux qui aimaient faire exhibition de leur force intacte et de leur adresse distribuer des coups. Et les faibles, qui pouvaient tout juste marcher, ces hommes dcharns, puiss, demi morts sur leurs jambes tremblantes, les affams assistaient avec plaisir ce spectacle. Mystres de la nature humaine! Eugen Kogon, dport Buchenwald Ltat SS, d. du Seuil, Points Histoire

Le thme du sport dans les camps ne va pas de soi : le sport reste souvent considr comme dpourvu de lien avec la politique, tel un objet hors histoire . Cette illusion est plus forte encore ds lors que lon sintresse aux camps nazis : il se passe tant de faits terribles dans ces lieux, tant dactes qui relvent de la ngation de lhumanit, que se consacrer au seul aspect sportif semble presque dsobligeant pour la mmoire des dports. Pourtant, le sport occupe une place centrale dans lidologie nazie : il envahit les coles, les organisations de jeunesse, les entreprises, les villages, les villes et par ricochet les camps de concentration et dextermination. Paralllement, dans lEurope entire, de nombreux sportifs subissent le nazisme, en deviennent les victimes dsignes, soit pour fait de rsistance, soit pour des motifs raciaux. Le sujet nest donc pas anodin. Dans les camps, ces lieux vous lanantissement des mes et des corps, le sport existe bel et bien.

Cest un sport perverti, voire pervers, mais son tude claire dun jour nouveau le rapport entre les bourreaux et leurs victimes, ainsi que la folie parfaitement organise qui rgne au sein du systme concentrationnaire.

Soyons clairs : au milieu de la terreur des camps, le sport est rarement une activit de plaisir. L o ne prvaut que la rgle du plus fort, l o la vie humaine a moins de prix que celle dun chien, le sport est avant tout un instrument de domination pour les SS et un moyen de torture supplmentaire lencontre des dports. Seul espoir : pour certains sportifs dports, le sport peut parfois devenir une faon de rsister.

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Lexposition propose un cheminement autour de quatre grandes thmatiques

LE CORPS NAZI Organis autour de deux statues impressionnantes, cet espace souligne limportance du corps dans la construction de lhomme nouveau voulu par les nazis. Le sport, pour Hitler, doit dvelopper lesprit combatif, exige des dcisions rapides comme lclair et donne au corps la souplesse et la trempe de lacier . Dun ct, la statue antique du lanceur de disque symbolise lattachement de lidologie nazie aux canons de la Grce antique et la force virile. Un extrait du film Les dieux du Stade , de Leni Riefenstahl, rappelle cette filiation. Leitfaden fr Krperschulung ohne Gert (directives pour lducation physique sans matriel), publication SS de 1943.Coll. Kreismuseum Wewelsburg

De lautre ct, la statue de bronze du gisant reprsente le corps du dport, meurtri, amaigri, ravag par les mauvais traitements. Loin des affiches de propagande exaltant le corps triomphant des Jeunesses hitlriennes, cette statue tmoigne de la vraie face de la politique nazie.

LE SPORT DES BOURREAUX Soucieux de prserver leur forme physique, garante de leur supriorit, les SS sastreignent une discipline sportive trs stricte, y compris lorsquils sont en poste dans les camps de concentration et dextermination. Il leur arrive mme de faire des matchs de football ou de boxe contre des quipes constitues de dports. Un ensemble exceptionnel de photographies, mais aussi dobjets et darchives prts par le Kreismuseum de Wewelbsburg (Allemagne), permet den prendre la mesure.

Championnat SS descrime : au centre, le SS Gruppenfhrer Reinhard Heydrich. Berlin 1936.BArch Bild 183-N0221-502

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Le dport Tadeusz Borowski, qui participe un match de foot Auschwitz, est ananti :

Entre deux corners, on avait gaz dans mon dos trois mille personnes. Le Monde de Pierre, d. Christian Bourgeois

Gravure dHenri Gayot, dport au KL-Natzweiler. LE SPORT SUPPLICEColl. CERD - droits rservs

Impos aux dports titre dhumiliation supplmentaire ou de torture, le sport fut parfois tout simplement organis comme un spectacle vou distraire les gardiens SS ou rassurer les opinions publiques internationales. Cette dimension mconnue est prsente au travers de photographies et de dessins, ainsi que par un film tourn dans le camp de concentration de Westerbork (Pays-Bas). Sur ces pratiques qui se retrouvent Buchenwald, Dachau, Auschwitz ou au Struthof, les tmoignages danciens dports sont sans appel : la pratique du sport ne fait que renforcer lhorreur rgnante.

LES SPORTIFS DEPORTS Parmi les dports, certains taient avant guerre des sportifs professionnels et mme des champions. Une fois dans les camps, le sport fut bien souvent linstrument de leur survie. Lexposition se termine par la prsentation de neuf sportifs qui furent dports soit parce quils taient des rsistants, soit parce quils taient juifs ou tziganes. Certains furent assassins, dautres survcurent. Tous incarnaient une conception du sport qui faisait la part belle au respect des rgles et la tolrance. Ils sappelaient : Max Nevers (1920-2007), Franais, catcheur, rsistant, dport Natzweiler Marcel Mller (1916-1993), Franais, footballeur, rsistant, dport Natzweiler et Dachau Absjrn Halvorsen (1898-1955), Norvgien, footballeur, rsistant, dport Natzweiler et Neuengamme Alfred Nakache (1915-1983), Franais, juif, nageur, dport Auschwitz Lilli Enoch (1899-1942), Allemande, juive, athlte, assassine par les Einsatzgruppen Johann Wilhelm Trollman (1907-1943), Allemand, tzigane, boxeur, excut Neuengamme Robert Benoist (1895-1944), Franais, coureur automobile, rsistant, excut Buchenwald Yves-Pierre Boulongne (1921-2001), Franais, coureur pied, rsistant, dport Buchenwald

Max Nevers dans sa tenue de catcheur en 1936. Il entrera dans la rsistance en 1941 et sera dport au KL-Natzweiler sous le matricule 4585.Coll. prive - droits rservs

Lexposition comporte une cinquantaine de photographies pour la plupart indites, trois statues, quatre films darchives, ainsi quune abondante documentation originale sur la priode.5

VERNISSAGE DE LEXPOSITION Dimanche 29 avrilJOUR DU SOUVENIR DES VICTIMES DE LA DPORTATION

16h00 : crmonie commmorative Mmorial de la dportation - Struthof 16h30 : vernissage de lexposition Centre europen du rsistant dporten prsence du second-matre John Zakrzewski, ambassadeur du Bleuet de France , reprsentant la France pour les preuves de pentathlon moderne lors des 5e Jeux mondiaux militaires (juillet 2011)UNE JOURNE POUR SE SOUVENIR La Journe nationale du souvenir des victimes de la dportation honore la mmoire de tous les dports sans distinction et rend hommage leur sacrifice. Cette journe a pour vocation de rappeler tous ce drame historique majeur, les leons qui sen dgagent, pour que de tels faits ne se reproduisent plus. Elle se droule chaque anne le dernier dimanche davril. Cette date a t retenue en raison de sa proximit avec la date anniversaire de la libration de la plupart des camps, et parce quelle ne se confondait avec aucune autre clbration nationale ou religieuse existante. LE BLEUET DE FRANCE Depuis prs de 80 ans, les fonds collects par luvre nationale du Bleuet de France participent lamlioration du quotidien de plusieurs milliers danciens combattants, de victimes de guerre ou dattentats, dhier et daujourd'hui, mais galement lveil de la conscience citoyenne des gnrations futures. Le Bleuet est le symbole de la solidarit de la Nation envers les victimes de tous les conflits et de la reconnaissance de lengagement de ceux qui ont servi la France et ses valeurs.

coll. CERD - droits rservs

Le 15 septembre 2012, loccasion des Journes europennes du patrimoine, le Centre europen du rsistant dport rendra hommage aux dports en organisant un rendez-vous sportif : > Une course pied des lves : relais depuis la gare de Rothau jusquau Struthof. > Un relais entre les quipes sportives de plusieurs rgiments sur le Chemin des dports .EN COMPLMENT : LEXPOSITION GAGNER LE MATCH - LES ALSACIENS SOUS LE MAILLOT NAZI SE DROULE DU 28 AVRIL AU 15 JUILLET AU MMORIAL DE LALSACE MOSELLE, SCHIRMECK

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Coll. CERD - droits rservs

CENTRE EUROPEN DU RSISTANT DPORT SITE DE LANCIEN CAMP DE NATZWEILER-STRUTHOFLe camp de concentration de Natzweiler ouvre en mai 1941 au lieu-dit le Struthof (Alsace). Destin fournir au Reich une main duvre desclaves pour son industrie, il regroupe avant tout des dports politiques, faits prisonniers dans toute lEurope en raison de leurs convictions anti-nazies. Il compte aussi des dports raciaux (Juifs, tziganes). Au sein du camp principal, mais aussi dans les 70 camps annexes qui en dpendaient, lextermination se fit par le travail et par la faim, par les excutions, les exprimentations pseudo-mdicales et par les traitements inhumains. Avec un taux de mortalit de 40%, le camp de concentration de Natzweiler appartient aux camps les plus meurtriers du systme SS. Avec lavance des Allis, les nazis vacuent tous les dports du camp souche du Struthof partir de septembre 1944. Lorsque les militaires amricains dcouvrent le Struthof en novembre 1944, il est entirement vide. 52 000 dports sont passs par ce camp entre 1941 et 1945. Prs de 22 000 y sont morts.

CERD-architecte Pierre-Louis Faloci Coll. CERD - droits rservs

Dans lenceinte de lancien camp, le visiteur peut dcouvrir quatre baraques (dont la prison et le four crmatoire) ainsi quun muse historique. La chambre gaz, situe 1.5 km en contrebas, se visite galement. En 2005 a t construit lentre du camp le Centre europen du rsistant dport. Vaste de 2000 m, il abrite une exposition permanente sur le nazisme et la rsistance, des salles pdagogiques et un espace dexposition temporaire. Lensemble stend sur 4 hectares et ncessite de 1h30 3h de visite.

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EXPOSITION 29 AVRIL 24 DCEMBRE 2012

EXPOSITION FR/DE/ENG ENTRE LIBRE

NAZIS

Commissariat dexposition : Frdrique Neau-Dufour, assiste de Ren Chevrolet et Sandrine Garcia, avec laimable participation de Johann Chapoutot Conception graphique : Robaglia design Antoine Robaglia assist de Nathalie Bigard Traduction : ADT International Installation audiovisuelle : INEO, Dominique Allain Montage de lexposition, rglage et clairages : Jean Rmy, Marc Frring, Patrick Berbache, Jean-Luc Felder Logistique : Anny Lausmann, Virginie Letalnet, Elisabeth Doberva Gestion des commandes : Ple des spultures de Guerre et des hauts lieux de la mmoire nationale, Metz, et Patrice Oliva. Contact presse Michal Verry 03 88 47 44 59 [email protected] EN SAVOIR PLUS SUR WWW.STRUTHOF.FR

REMERCIEMENTS - Alain Beretz, prsident de luniversit de Strasbourg - Johann Chapoutot, matre de confrence lUniversit Pierre Mends France (Grenoble 2), membre de lInstitut universitaire de France - Jacques Fredj, directeur du mmorial de la Shoah, ainsi que Caroline Franois et Olivier Lalieu - Marie Grasse, directrice du Muse national du sport - Kirsten John-Stucke, directrice du Kreismuseum Wewelsburg - Richard Keller, Conservateur du Muse de lautomobile - Damien Kleinmann, directeur adjoint de la Direction rgionale de la jeunesse, des sports et de la cohsion sociale du Bas-Rhin - Jeanine Lisch et Gaston Mller, enfants de Marcel Muller - Dirk Mansen, directeur du Muse de la Hamburg Sport Verein - Jean-Yves Marc, conservateur du Muse des moulages de linstitut darchologie classique de luniversit de Strasbourg - Gisle Nevers, pouse de Max Nevers - Cyrille Le Quellec, documentaliste pour la Fondation pour la Mmoire de la Dportation - Batrice Van Lith, petite fille de Robert Benoist - ditions Tallandier - ditions Dargaud - ditions Louche

Le site du Struthof est ouvert 7 j/7, y compris durant les vacances 1er Mars / 15 Avril et 16 Octobre / 24 Dcembre : de 9h 17h Chambre gaz : 10h 12h30, et 14h 16h. Les horaires sont susceptibles dtre modifis 16 Avril / 15 Octobre : de 9h 18h30 Chambre gaz : 10h 12h30, et 14h 17h. Les horaires sont susceptibles dtre modifis Dernires entres une heure avant fermeture Fermeture annuelle : de Nol fin fvrier Se renseigner avant votre visite au 03 88 47 44 67.

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