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217 ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 40 (1) © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. Exploitation des animaux domestiques et structuration de l’espace montagnard à l’Âge du Bronze : Llo (Cerdagne, Pyrénées-Orientales) Stéphanie BRÉHARD CNRS, UMR 5197, Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux, Muséum national d’Histoire naturelle, Bâtiments d’anatomie comparée, case postale 56, 55 rue Buffon, F-75005 Paris (France) [email protected] Pierre CAMPMAJO UMR 8555, Centre d’Anthropologie, CNRS-EHESS, Université Toulouse II le Mirail, 39 allées Jules Guesde, F-31000 Toulouse (France) Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Cerdagne, Mairie, F-66760 Bourg-Madame (France) Bréhard S. & Campmajo P. 2005. – Exploitation des animaux domestiques et structuration de l’espace montagnard à l’Âge du Bronze : Llo (Cerdagne, Pyrénées-Orientales). Anthropozoologica 40(1) : 217-233. RÉSUMÉ L’étude archéozoologique des vestiges du site protohistorique de Llo (site de plein air et d’altitude) a permis une approche des modes d’exploitation des troupeaux domestiques par les groupes humains de l’Âge du Bronze. Elle a ainsi contribué à préciser l’origine des transformations profondes du paysage mises en évidence par des recherches pluridisciplinaires récentes dans la mon- tagne d’Enveig à la fin de cette période. L’augmentation de la taille du site (trois zones d’habitat distinctes) et des troupeaux (bovins, moutons, chèvres et chevaux) entre l’Âge du Bronze ancien et final, mais surtout la diversité des systèmes techniques d’exploita- tion des animaux (composition des cheptels, finalité(s) d’élevage de chaque

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217ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.

Exploitation des animaux domestiques et structuration de l’espace montagnard à l’Âge du Bronze : Llo (Cerdagne, Pyrénées-Orientales)

Stéphanie BRÉHARDCNRS, UMR 5197,

Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux,Muséum national d’Histoire naturelle,

Bâtiments d’anatomie comparée, case postale 56,55 rue Buffon, F-75005 Paris (France)

[email protected]

Pierre CAMPMAJOUMR 8555, Centre d’Anthropologie,

CNRS-EHESS, Université Toulouse II le Mirail,39 allées Jules Guesde, F-31000 Toulouse (France)

Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Cerdagne,Mairie, F-66760 Bourg-Madame (France)

Bréhard S. & Campmajo P. 2005. – Exploitation des animaux domestiques et structurationde l’espace montagnard à l’Âge du Bronze : Llo (Cerdagne, Pyrénées-Orientales).Anthropozoologica 40(1) : 217-233.

RÉSUMÉL’étude archéozoologique des vestiges du site protohistorique de Llo (site deplein air et d’altitude) a permis une approche des modes d’exploitation destroupeaux domestiques par les groupes humains de l’Âge du Bronze. Elle aainsi contribué à préciser l’origine des transformations profondes du paysagemises en évidence par des recherches pluridisciplinaires récentes dans la mon-tagne d’Enveig à la fin de cette période.L’augmentation de la taille du site (trois zones d’habitat distinctes) et destroupeaux (bovins, moutons, chèvres et chevaux) entre l’Âge du Bronzeancien et final, mais surtout la diversité des systèmes techniques d’exploita-tion des animaux (composition des cheptels, finalité(s) d’élevage de chaque

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Les recherches pluridisciplinaires récentes menéesdans les Pyrénées, notamment dans la montagned’Enveig (Rendu et al. 1995, 1996 ; Galop 1998 ;Rendu 2000, 2003) ont remis en question l’idéed’une utilisation très tardive et marginale deszones de haute montagne pyrénéenne. Si leNéolithique, avec l’arrivée puis l’essor de l’éle-vage, signe le début de l’utilisation de ce milieumontagnard, l’Âge du Bronze marque un pas enavant décisif, et irréversible, en Cerdagne commedans toutes les Pyrénées.Cette époque est caractérisée, du point de vuearchéologique, par une occupation plus forte de

toute la région du Languedoc-Roussillon et detous les milieux (Guilaine 1972 ; Gasco 1995,2000). Plus particulièrement, à Enveig, c’est à lafin de l’Âge du Bronze (XIVe-XIIIe s. av. J.-C.)que Rendu (2000) situe une des grandes étapesde l’histoire du pastoralisme cerdan. La pressionexercée par l’homme sur la montagne devient à cemoment plus forte. Elle se ressent notamment autravers d’une déforestation marquée, créatriced’espaces plus larges : estives en altitude, terresagricoles en bas de versant, et surtout de la fré-quentation par les troupeaux des plas1 intermé-diaires, alors que l’utilisation de la montagne

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troupeau) mis en place par les groupes d’éleveurs pourraient avoir contribuéaux transformations du paysage montagnard. Au début de l’Âge du Bronzefinal, les trois loci présentent des systèmes économiques distincts, des pra-tiques et dynamiques pastorales qui leur sont adaptées et les modalités d’occu-pation de chacun d’entre eux diffèrent visiblement. Cette variabilité, ainsi quel’importance du lait et de ses dérivés dans l’économie du site, pourraientexpliquer le besoin, perceptible dans la montagne d’Enveig à cette période,d’aménager de nouveaux terroirs pastoraux, de différencier et de marquer lesparcours, c’est-à-dire d’adapter l’espace montagnard aux différents besoins deshommes et de leurs troupeaux.

ABSTRACTExploitation of domestic flocks and mountain zone structuring during BronzeAge: Llo (Cerdagne, Pyrénées-Orientales)The archaeozoological study of the remains from the protohistoric site of Llo(mountain open air site) permitted us to characterize the herding strategiesduring the Bronze Age. It contributed to clarify the origin of landscapechanges observed in the mountain of Enveig at the end of this period.The increase of the size of the site (three distinct areas) and of the size of theflocks (cattle, sheep, goats and horses) between early and late Bronze Age and,above all, the diversity of herding systems (flocks composition, breeding pur-pose(s) of each flock) may have contributed to the landscape changes. At thebeginning of late Bronze Age, the three site areas have different economic sys-tems, with linked pastoral activities and the mode of occupation of the areasobviously differs. This variability, and the role of milk and dairy products inthe economy of the site, would explain the need, at Enveig, to set up new pas-toral areas, to individualise the pastoral paths, that means to adapt the moun-tain to the needs of herders and their flocks.

MOTS CLÉSLlo,

Pyrénées, Âge du Bronze,

systèmes d’élevage, pratiques pastorales,

transformation du paysage.

KEY WORDSLlo,

Pyrénées, Bronze Age,

herding systems, pastoral activities,

landscape changes.

1. Le terme plas (ou replats) désigne les vastes surfaces planes d’altitude, sommitales ou de moyenne montagne.

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restait jusque-là bipolaire et se cantonnait d’autrepart aux espaces naturels peu ou pas aménagés(Galop 1998). On assiste à partir de cette époqueà une structuration du versant et à la mise enplace de terroirs pastoraux (et agricoles) complé-mentaires, articulés autour d’estives situées à dif-férentes altitudes et de cabanes et enclosjalonnant la montagne, qui perdureront jusqu’àla période médiévale (Rendu 2000). Cette trans-formation profonde et pérenne (c’est à cemoment que le sapin recule définitivement auprofit du hêtre ; Galop 1998) du paysage monta-gnard est le reflet d’une évolution, d’une modifi-cation vraisemblablement importante desactivités humaines liées à ces espaces d’altitude.Connaître le statut des sites existants à cettepériode déterminante que semble être l’Âge duBronze, ainsi que leurs systèmes économiquescontribuerait probablement à préciser l’origine deces profondes modifications. Les troupeauxdomestiques sont, en effet, les acteurs involon-taires de ces modifications. Rendu (2000) évoquenotamment le fait qu’on adapte les parcours, lesestives, les durées, donc l’espace montagnard auxcomportements spécifiques des troupeaux et auxfinalités de l’élevage de chacun d’eux. Les troupeaux domestiques, à cette période etdans cette partie orientale des Pyrénées, sontconstitués essentiellement de caprinés (Columeau1991 ; Vigne 1996 ; Gasco 2000). Bien qu’ilssoient proches, moutons et chèvres n’ont pas lemême comportement et ne fournissent pas nonplus les mêmes produits. Ils ont donc des fonc-tionnalités différentes dans les systèmes techno-économiques (Helmer & Vigne 2004). L’étudeséparée des deux espèces et de leur rôle respectifdans les systèmes techniques protohistoriquescerdans semble donc centrale pour approcher lespratiques pastorales de cette période.Les ensembles de faune conséquents sont extrê-mement rares pour la Protohistoire cerdane. Seulle site de Llo (Campmajo 1983, 1984) a livréd’abondants vestiges osseux, qui présentent parailleurs l’intérêt de couvrir l’ensemble de l’Âge duBronze. La faune est, d’autre part, constituéepresque uniquement de taxons domestiques(Vigne 1983 ; Berlic 1995a, b). En outre, il s’agit

d’un site de plein air, d’altitude (1 630 m), doncancré dans le paysage montagnard, et situé àquelque dix kilomètres de la montagne d’Enveig.

LE SITE DE LLO

La Cerdagne, localisée dans les Pyrénées-Orientales (Fig. 1), se présente comme une vasteplaine d’altitude, encadrée de chaînes aux som-mets élevés (Carlit au nord et Puigmal au sud,jusqu’à 2 900 m d’altitude). Elle bénéficie d’unclimat méditerranéen montagnard caractérisé parde faibles précipitations (au plus 700 mm), unenneigement important, qui peut durer jusqu’àsix mois, et un ensoleillement non négligeable(3000 h/an, données actuelles ; Vigneau 1986).Le site de Llo se trouve au sommet d’un éperonrocheux (colline de San Feliu) dominant le villageactuel de Llo, à 1 630 m d’altitude (Fig. 2). Il estencadré par des massifs montagneux, excepté àl’ouest où s’ouvre le plateau cerdan. Au sud, aupied d’une falaise à pic, coule le Sègre. D’autrepart, le site est encadré par des zones boisées etdes espaces plus ouverts. Llo se situe donc à l’in-terface entre « plaine » et espaces d’altitude.Le site s’étend sur six hectares ; 200 m2 ont étéfouillés, entre 1970 et 1988, sous la conduite del’un de nous (P. C.), mais 1 200 m2 auraient étéoccupés (Campmajo 1983, 1984 ; Crabol &Campmajo 1988 ; Campmajo & Crabol 1990 ;Berlic 1995a, b ; Rendu 2000). Trois zones d’ha-bitat distinctes ont été mises en évidence : Llo 1,Llo 2 et Llo 3. De nombreux emplacements decabanes ont été mis au jour sur les trois loci ainsiqu’un mur d’enceinte entourant la partie hautede la colline. De nombreux ossements animaux,graines, foyers, meules, broyeurs, objets enbronze, ainsi que du matériel lithique et céra-mique ont été découverts en abondance. La chronologie de l’occupation du site s’étend duNéolithique moyen (Llo 2) à la période médié-vale, avec des hiatus au Néolithique notamment,l’occupation la plus importante se situant à l’Âgedu Bronze. Par ailleurs, les trois loci ne présententpas exactement la même chronologie. C’est laconfrontation des données de l’étude céramique

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et des vingt trois dates 14C (Rendu et al. 1996)qui a permis à l’un d’entre nous (P. C.) d’établirla chronologie du site et des trois loci (Campmajo1983, 1984 ; Crabol & Campmajo 1988 ;Campmajo & Crabol 1990 ; Berlic 1995a, b ;Rendu 2000).

ENSEMBLES OSTÉOLOGIQUES PRIS EN COMPTE

Les assemblages osseux datant de l’Âge du Bronzeproviennent des trois loci (Tableau 1). À Llo 1,une partie de la faune a précédemment fait l’objet

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Cerdagne

Enveig

ESPAGNE

ANDORRE Carlit

Puigmal

0 10 20 km

N

Perpignan

1600 2200 2700 m

Llo

FIG. 1. – Situation de la Cerdagne, du site de Llo et de la montagne d’Enveig (d’après Rendu 2000).

FIG. 2. – Le site de Llo. 1 : chapelle San Feliu. 2 : falaise. 3 : Llo 1. 4 : Llo 2. 5 : Llo 3 (photo : P. Berlic).

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d’une étude (Vigne 1983 ; couche 4 : 1 997 restesdéterminés) mais l’auteur n’avait alors pas euconnaissance des refus de tamis. Nous avonsdonc repris l’ensemble des restes osseux, prove-nant uniquement du niveau 3 de cette couche 4(2 986 restes déterminés ; Bréhard inédit2). Ils’agit en effet du seul niveau bénéficiant d’unedatation 14C (quatre dates disponibles ; Rendu etal. 1996). Elle indique une occupation couvrantl’ensemble de la période du Bronze final (XIIIe —IXe s. av. J.-C.).À Llo 2, deux ensembles ont précédemment faitl’objet d’une étude (Berlic 1995a, b ; 1 257 restesdéterminés). Ils sont à rattacher à l’Âge duBronze moyen (XVIe – XVe s. av. J.-C.) et audébut de l’Âge du Bronze final (XIVe – XIIIe s. ;dix sept dates 14C sont disponibles pour Llo 2),les quelques carrés présentant une céramiquecaractéristique du Bronze final III ayant été écar-tés (Bréhard 2002 pour la composition stratigra-phique des deux assemblages). Nous avons, pourLlo 2, repris l’ensemble des restes attribués auxcaprinés, afin de séparer, autant que possible, lemouton (Ovis aries), la chèvre (Capra hircus), lebouquetin (Capra pyrenaica) et l’isard (Rupicaprapyrenaica). Un troisième ensemble attribuable àl’Âge du Bronze ancien et à la transition Bronzeancien/moyen (XXe — XVIIIe s. av. J.-C.) a parailleurs pu être individualisé (Bréhard 2002).L’effectif osseux est cependant très restreint et n’apas permis une analyse poussée. Seule l’étude desrestes dentaire provenant de cet ensemble seraévoquée ici.

Enfin, à Llo 3, un assemblage, relativement petit(couche 3 ; 118 restes déterminés ; Bréhard2002) datant du début de l’Âge du Bronze final(XIIIe — XIIe s. av. J.-C. ; deux dates 14C) a étépris en compte.

MÉTHODES

DÉTERMINATION

La distinction sauvage/domestique pour les suinésn’a pas pu être menée du fait du petit nombre derestes qui leur a été attribué. Le travail de détermi-nation spécifique a donc été poussé uniquementpour les caprinés. Il a été réalisé à partir des restesdentaires mandibulaires, en se fondant sur les cri-tères de distinction développés dans les travaux dePayne (1985), Helmer (2000a) et Halstead et al.(2002). La distinction a également été menée àpartir des restes provenant du crâne et du squelettepost-crânien en s’appuyant sur les travaux deBoessneck et al. (1964), Helmer (1979), Prummel& Frisch (1986), Helmer & Rocheteau (1994),Fernandez (2001, 2002) et sur les collections duMuséum national d’Histoire naturelle à Paris. Laprésence possible, dans ce contexte montagnard,de caprinés sauvages, bouquetin (Capra pyrenaica)et isard (Rupicapra pyrenaica), nous a amenée àprêter une attention accrue aux déterminations(Couturier 1938, 1962 ; Prat 1966 ; Helmer2000a ; Bréhard 2002). L’isard est en effet consi-déré, en systématique, comme appartenant à lasous-famille des Caprinae (tribu des Rupicaprini,références dans Fernandez 2001 : annexe ;Bréhard 2002) et peut donc présenter des carac-tères morphoscopiques proches de ceux observéschez les ovins et les caprins.

MODES DE QUANTIFICATION

Le Nombre de Restes (NR) et le Nombre deRestes déterminés (NRd) correspondent simple-ment au décompte de chaque fragment osseuxprésent (Poplin 1976a, b). Le Nombre de dents

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TABLEAU 1. – Nombre de restes total (NR) et déterminés (NRd)des trois loci de Llo à l’Âge du Bronze (Bz : Bronze)

NR total NRd

Llo 2 Bz moyen (Berlic 1995) 741

Llo 2 Bz final (Berlic 1995) 516

Llo 1 Bz final 6 310 2 986

Llo 3 Bz final 158 118

2. Les données brutes concernant l’étude des restes osseux de Llo 1 (étude taphonomique, donnéesostéométriques, etc.) sont disponibles auprès de l’auteur : [email protected].

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(Nd) correspond au décompte de toutes les dentsprésentes, qu’elles soient isolées ou encoreenchâssées dans les mandibules ou maxillaires(Vigne 1988). Le Nombre Minimum d’Individusde fréquence (NMIf) ou de combinaison(NMIc), qui prend en compte les âges estimés(Poplin 1976a, b), a également été estimé.

DÉTERMINATION DE L’ÂGE ET CONSTRUCTION

DES PROFILS D’ABATTAGE

L’estimation de l’âge de mort des bovins (Llo 1,Llo 3) a été réalisée à partir des stades d’éruptiondentaires fournis dans Grigson (1982) et Hillson(1986) et des stades d’usure dentaire de Grant(1982), convertis en âges absolus par Lepetz (1996). Quant aux caprinés, nous avons utilisé pour lesmolaires les indices de Helmer (1996, 2000b). Laméthode de Payne (1973) a été employée pour lesprémolaires et les dents déciduales. Les classesd’âges utilisées sont celles proposées par Payne(1973). Les histogrammes ont été construits à par-tir du Nd et uniquement à partir des dents infé-rieures, la distinction Ovis/Capra n’étant possibleque sur ces dernières. D’autre part, les effectifs dechaque classe d’âge ont été corrigés en fonction del’amplitude de chacune des classes (Helmer 1996).

SPECTRES DE FAUNE DE LLO :PRÉDOMINANCE DES TAXONSDOMESTIQUES

SPECTRES GÉNÉRAUX

Les taxons présents sur le site de Llo correspon-dent principalement à des espèces domestiques(Tableau 2) : caprinés, bovins (Bos taurus), che-vaux (Equus caballus), chiens (Canis familiaris) etpeut-être cochons (cf. Sus domesticus). La chassene représente qu’une très faible part des animauxprésents : possibles sangliers (cf. Sus scrofa), bou-quetins et isards. Vigne (1983) avait par ailleursdéjà noté la présence ponctuelle de l’ours (Ursusarctos ; un reste) et de la grue (Grus grus ; deuxrestes) à Llo 1 et Berlic (1995a, b) celle du cerf(Cervus elaphus ; deux restes) à Llo 2. Ces espècessauvages sont actuellement représentées enCerdagne, excepté le bouquetin, disparu de la

région vers le milieu du XIXe siècle (Companyo1841 ; Vigne 1983 ; Berlic 1995b). Caprinés et bovins représentent systématique-ment les deux taxons les plus importants en NR(Tableau 2 et Fig. 3). Les caprinés dominent lesspectres de faune à Llo 2 et à Llo 3 (entre 60,3 %et 85,6 %). Les bovins jouent alors le second rôle(entre 9,3 % et 33,9 %). En revanche, ce sont lesbovins qui occupent la première place à Llo 1 auBronze final (56,2 %, contre 33,8 % pour lescaprinés). Les suinés ne jouent qu’un rôle trèssecondaire (entre 1,1 % et 5,1 %, suinés sauvageset domestiques confondus). Les chiens, présentspourtant tout au long de la séquence, restentanecdotiques. Quant au cheval, il fait son appari-tion à l’âge du Bronze final, à Llo 2 (1,6 %) et àLlo 1 (8,5 %).La présence marquée des taxons domestiques etl’apparition du cheval au Bronze final sont carac-téristiques de cette période en Languedoc-Roussillon et même dans le Midi méditerranéen(Vigne et al. 1986 ; Carrère 1989 ; Columeau1991 ; Vigne 1996 ; Gasco 1995, 2000).Toutefois, la tendance régionale au Bronze finalest plutôt à une prise d’importance des suinés, cequi n’est pas le cas à Llo, où les spectres restentlargement dominés par les caprinés et les bovins.La part de la chasse est également très faible à Lloen comparaison des autres sites de la région.

COMPOSITION DES SPECTRES DES CAPRINÉS

Concernant plus précisément les caprinés domes-tiques, le mouton (Ovis aries) et la chèvre (Caprahircus) sont présents (Tableau 3 et Fig. 4). C’est lepremier qui domine les spectres des caprinés toutau long de la période, et ce sur les trois loci (entre67,6 % et 82,1 %). Les effectifs à Llo 3 sont trèsrestreints, mais seul le mouton y a été reconnu. Onpeut, par ailleurs, noter la part plus importante descaprins (chèvre, bouquetin et caprins indétermi-nés) à Llo 1 au Bronze final (32,4 %). Quant auxcaprinés sauvages, le bouquetin (Capra pyrenaica)est présent à Llo 2 et à Llo 1, mais reste anecdo-tique. L’isard (Rupicapra pyrenaica) a, quant à lui,été identifié uniquement dans le locus de Llo 2, etseulement à l’Âge du Bronze moyen (deux frag-ments mandibulaires ; Bréhard 2002).

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TABLEAU 2. – Fréquence des espèces des trois loci de Llo à l’Âge du Bronze, en NRd (Bz : Bronze).

caprinés bovins suinés cheval chien autres total

Llo 2 Bz moyen NRd 531 185 12 10 3 741 (Berlic 1995) % NRd 71,7 25 1,6 1,3 0,4 Llo 2 Bz final NRd 311 175 13 8 8 1 516 (Berlic 1995) % NRd 60,3 33,9 2,5 1,6 1,6 0,2 Llo 1 Bz final NRd 1 009 1 677 33 256 8 3 2 986

% NRd 33,8 56,2 1,1 8,5 0,3 0,1 Llo 3 Bz final NRd 101 11 6 118

% NRd 85,6 9,3 5,1

2533,9

56,2

9,3

FIG. 3. – Spectres de faune des trois loci de Llo à l’Âge du Bronze. Llo 2 : Bronze moyen (BM), Bronze final (BF) ; Llo 1, Llo 3 : Bronze final (en % NRd avec n = NRd total).

Tableau 3. – Fréquence des caprinés de Llo à l’Âge du Bronze, en NRd (Bz : Bronze).

Ovis aries Capra Capra Capra sp. Rupicapra total hircus pyrenaica pyrenaica

Llo 2 Bz moyen NRd 87 12 2 3 2 106 % NRd 82,1 11,3 1,9 2,8 1,9

Llo 2 Bz final NRd 59 12 1 2 74% NRd 79,7 16,2 1,4 2,7

Llo 1 Bz final NRd 165 53 7 19 244% NRd 67,6 21,7 2,9 7,8

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SYSTÈMES ÉCONOMIQUES ET MODALITÉS D’UTILISATION DU SITE DE LLO À L’ÂGE DU BRONZE

Les restes osseux de Llo ont été mis au jour mêlésaux autres restes archéologiques, notammentdans ou près de foyers, et présentent des tracesd’action anthropique indéniables : désarticula-tion, décarnisation, fracturation pour larecherche de la moelle, etc. Les traces de feu sontplus rares et correspondent plus à des rejets dansdes foyers qu’à des stigmates de cuisson. Il s’agitdonc de déchets domestiques. D’autre part, lesrestes attribués aux chevaux et aux chiens étaientmêlés à ceux des autres taxons et ils présentent lemême type de traitement (traces anthropiques).Tous les animaux ont donc été consommés.

ÂGES DU BRONZE ANCIEN ET MOYEN : LLO 2Llo 2 a été occupé à l’Âge du Bronze ancien, maisles restes osseux appartenant à cette période sontpeu nombreux. La tendance est, semble-t-il, àune dominance des caprinés, avec une présencefaible des bovins et suinés. Par ailleurs, ovins et

caprins sont attestés. D’autre part, les quelquesrestes dentaires attribués au mouton (Nd = 10 ;Bronze ancien et transition Bronze ancien/moyenréunis), mettent en évidence l’absence d’indivi-dus de plus de quatre ans. Cette absence des ani-maux assurant en grande partie la reproduction,donc le renouvellement du troupeau, suggère quenous avons ici l’image d’une partie seulement dece dernier. Cet élément ainsi que le fait que l’occupation dusite est, à cette période, encore de faible ampleurpourraient signifier que nous sommes face à uneoccupation relativement ponctuelle, peut-être sai-sonnière. D’autre part, la présence d’animauxmorts très jeunes (0-2 mois pour les caprins et 2-6 mois pour les moutons) tend à montrer quel’utilisation du site de Llo pouvait être effectivedès le printemps, si on se fonde sur une mise basà la fin de l’hiver (Vigne 1988 ; Tresset 1996 ;Rendu 2000), et se poursuivait pendant la bellesaison. Llo pourrait alors avoir été une simplehalte entre « plaine » et pâturages de haute alti-tude ou un habitat saisonnier, utilisé par ungroupe humain relativement restreint. Toutefois,

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82,1 79,7

67,6

FIG. 4. – Spectres des caprinés de Llo à l’Âge du Bronze. Llo 2 : Bronze moyen (BM), Bronze final (BF) ; Llo 1 : Bronze final (en % NRd avec n = NRd total).

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ces hypothèses sont à nuancer du fait, d’une part,de la faible surface fouillée et, d’autre part, del’importance des aménagements (mur d’enceinte)et de la présence de céramique, très rare sur lessites d’estive. Le site était, dès cette période, vrai-semblablement bien plus qu’une simple halte versles estives d’altitude.À l’Âge du Bronze moyen, les bovins sont bienreprésentés (25 % ; Fig. 3) mais la dominance descaprinés reste forte (71,7 %). Parmi les neufbovins (NMIc) identifiés, plus de la moitié sontmorts au delà de cinq ans, certains même à plusde dix ans (Berlic 1995a). Les animaux étaientdonc maintenus sur pied relativement tard, sug-gérant une utilisation de leur force, portage outrait (Helmer 1992 ; Bartosiewicz et al. 1997),mais également une recherche de leur lait. Lesfemelles de réforme laitière sont en effet abattuesvers 6-7 ans (Tresset 1996). Ces animaux repré-sentaient également un apport carné important,même si la finalité première de leur élevage n’étaitpas la production de viande. Concernant lescaprinés, les profils d’abattage (Fig. 5 : 1, 2) met-tent en évidence une exploitation mixte des mou-tons comme des caprins. Pour les moutons, ilsemble que la viande était recherchée en priorité(animaux de la classe C, morts entre six mois etun an ; Payne 1973 ; Helmer 1992, 2000a).Toutefois, on remarque également une présencenette (30 %) d’animaux morts entre deux etquatre ans (classes E-F), qui pourrait corres-pondre à un abattage des femelles de réforme lai-tière (Payne 1973 ; Helmer 1992, 2000b ;Halstead 1998). La situation, bien que moinsnette, est très similaire en ce qui concerne lescaprins (Fig. 5 : 2 ; Bronze ancien et Bronzemoyen sont réunis). Le lait et ses dérivés semblentdonc clairement être une composante de l’écono-mie du site.L’occupation plus marquée du site et la prised’importance des bovins au Bronze moyen pour-raient peut-être traduire une modification dansles modalités ou dans la durée d’utilisation dulocus. Concernant la saisonnalité d’occupation deLlo 2, de jeunes cabris âgés de deux à six mois ontété identifiés, prouvant une présence sur le site aumoins au début de la belle saison.

ÂGE DU BRONZE FINAL : 3 LOCI AUX FONCTION-NALITÉS DIFFÉRENTES

Llo 2 a continué d’être utilisé à l’Âge du Bronzefinal (dès le XIVe s. av. J.-C.), les deux autres loci(Llo 1, Llo 3) ayant été occupés à partir duXIIIe siècle. Par ailleurs, ils ont fonctionné toustrois jusqu’au Bronze final III, l’occupation àLlo 2 et à Llo 3 ayant été toutefois peu marquée.La contemporanéité des trois loci au début de lapériode du Bronze final ne peut pas être assurée.Cela n’enlève rien au fait que l’utilisation du siteest clairement plus marquée au cours de cettepériode. Différentes hypothèses peuvent êtreenvisagées concernant les occupants des trois loci.Il peut en effet s’agir d’un seul et même groupehumain important, de différents groupes ayantutilisé les loci simultanément ou encore successi-vement au cours du XIIIe s. av. J.-C. Quoi qu’ilen soit, les trois loci sont des zones d’habitat dis-tinctes et doivent donc être considérés séparé-ment.

Llo 2Entre le Bronze moyen et le début du Bronzefinal, le changement le plus notable à Llo 2 estl’apparition du cheval, qui était consommé(Fig. 3). Toutefois, les bovins occupaient uneplace plus importante qu’à la période précédente(33,9 %), au détriment des caprinés (60,3 %).Un test du Chi2 effectué entre les deux périodes,à partir du NR des caprinés, bovins et suinés,montre effectivement une différence significative(γ2 = 15.6 ; P = 0.001). Cependant, les modalitésd’élevage appliquées aux bovins ne semblent pasavoir changé. En effet, parmi les douze bovins(NMIc) identifiés, les deux tiers sont morts au-delà de cinq ans, certains à plus de dix ans (Berlic1995a). On maintenait donc toujours les bovinssur pied relativement tard, suggérant une utilisa-tion pour le trait, le portage, ou encore uneexploitation laitière. Quant aux caprinés, leurexploitation demeurait mixte (Fig. 5 : 3, 4). Leprofil d’abattage établi pour les moutons est trèsproche de celui de la période précédente : laviande semble avoir été le principal objectif del’élevage et on note également la présence pos-sible de femelles de réforme laitière. Pour les

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A B C D E-F G H-I classes d'âge

40 %

A B C D E-F G H-I classes d'âge

50 %

A B C D E-F G H-I classes d'âge

40 %

A B C D E-F G H-I classes d'âge

40 %

A B C D E-F G H-I classes d'âge

40 %

A B C D E-F G H-I classes d'âge

2 n = 18

5 n = 20

3 n = 26

4 n = 12

6 n = 45

FIG. 5. – Histogrammes d’abattage des moutons (Ovis aries), en gris foncé, et des caprins (Capra hircus, Capra sp.), en gris clair, deLlo à l’Âge du Bronze (en % Nd, corrigé). 1 : Llo 2, Bronze moyen. 2 : Llo 2, Bronze ancien/moyen. 3, 4 : Llo 2, Bronze final. 5, 6 : Llo 1, Bronze final. A : 0-2 mois ; B : 2-6 mois ; C : 6-12 mois ; D : 1-2 ans ; E-F : 2-4 ans ; G : 4-6 ans ; H-I : 6-10 ans (Payne 1973).

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caprins, l’effectif disponible est très faible (Nd =12). Il est toutefois possible de voir une certainesimilitude avec les moutons, les animaux adultesétant toutefois morts un peu plus tardivement (4-6 ans, classe G). Une réforme laitière un peu plustardive pour les chèvres est envisageable. Concernant le statut du locus, la situation nesemble pas avoir évoluée depuis le Bronze moyen.

Llo 1Il faut tout d’abord rappeler que, contrairement àLlo 2 et à Llo 3, l’assemblage osseux étudié pourLlo 1 couvre presque l’ensemble de la période duBronze final, c’est-à-dire six siècles. L’image quenous obtenons pour Llo 1 est donc un cumul desdifférents systèmes économiques qui ont pu êtremis en place par les éleveurs au cours de cettelongue période. Comme à Llo 2, l’Âge du Bronze final est caracté-risé par l’apparition du cheval, qui étaitconsommé (Fig. 3). En revanche, les occupaientici une place très importante (56,2 %), devançantlargement les caprinés (33,8 %). La sous-repré-sentation des restes osseux provenant de la têtenous a malheureusement empêchés d’estimer aumieux les âges de mort de ces bovins.Néanmoins, nous avons mis en évidence le faitque, sur les douze bêtes (NMIc) identifiées, lestrois quarts sont mortes au delà de trois ans (épi-physes distales soudées ; Barone 1976 ; Vila1998). On peut probablement imaginer unschéma proche de celui de Llo 2, c’est-à-dire desanimaux maintenus sur pied relativement tard,pour leur force ou leur lait. L’utilisation de cer-tains de ces bovins pour leur force pourraitd’ailleurs être confortée par l’existence de défor-mations osseuses (Fig. 6) sur des métapodes(broadening ; Bartosiewicz et al. 1997) et pha-langes (lipping). Ces déformations ne semblentconcerner qu’un petit nombre d’individus.D’autre part, elles restent relativement peu mar-quées (stade 2 ou 3) en comparaison desexemples caractéristiques rassemblés dansBartosiewicz et al. (1997).Le profil d’abattage établi pour les moutons(Fig. 5 : 5) montre les mêmes tendances que pourle Bronze moyen, avec toutefois une présence

plus forte des animaux de deux à quatre ans, pou-vant peut-être traduire une exploitation laitièreplus marquée. En revanche, pour les caprins(Fig. 5 : 6), on remarque une abondance inhabi-tuelle et très forte d’animaux âgés et très âgés.Une première explication de ce maintien sur piedde caprins aussi âgés pourrait être une exploita-tion de leurs poils (Payne 1973 ; Helmer 1992,2000b), ici réellement intensive. Une secondehypothèse, à connotation plus symbolique, estégalement à envisager. En effet, ces caprins âgéssont représentés à Llo 1 uniquement par leurstêtes (chevilles osseuses, crânes et mandibules).Les éléments du reste du squelette sont très peufréquents et ne sont pas non plus sur-représentéssur les deux autre loci. La présence en nombre deces caprins âgés tient peut-être au fait que les éle-veurs prêtaient une importance toute particulièreà certaines bêtes souvent maintenues sur piedplus tardivement, comme les boucs ou les« bonnes meneuses » de troupeau. Leurs têtesauraient alors pu être gardées à des fins symbo-liques. On peut également noter que ce phéno-mène ne se retrouve pas sur les deux autres loci.L’abondance de caprins morts entre deux etquatre ans (30 %) pourrait, d’autre part, être l’in-dice d’une exploitation du troupeau pour le lait.L’exploitation des produits laitiers semble doncavoir été systématique dans l’économie du site.Llo 1 est le locus où les vestiges archéologiquessont les plus nombreux. Le matériel lithique,céramique, faunique est extrêmement abondant.Plusieurs foyers ont été mis au jour, ainsi que dumatériel de mouture et des soles de cuisson asso-ciées à des restes carpologiques (blé et orge vêtu ;Erroux in Campmajo 1983). D’autre part, le sys-tème de gestion des animaux perceptible à Llo 1,caractérisé par différents troupeaux domestiques(bovins, ovins, caprins et chevaux) et des exploi-tations systématiquement mixtes, apparaîtcomme peu risqué. La diversification des sourcesde production est en effet un moyen de résisteraux aléas (buffering effect ; Halstead & O’Shea1989). Au vu de ces éléments, l’hypothèse d’uneoccupation plus permanente est tentante. Les ter-rains ouverts alentours ont par ailleurs pu servirde terrasses agricoles, les cultures étant possibles à

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FIG. 6. – Déformations osseuses des surfaces articulaires distales (broadening) de métacarpes (1) et métatarses (2) ainsi que des sur-faces articulaires proximales (lipping) de phalanges I (3) de bovins de Llo 1 à l’Âge du Bronze final (photos : S. a : métapodes nondéformés.

ces altitudes (Campmajo 1983 ; Rendu 2000 ;Ruas et al. à paraître). Une autre hypothèse estpeut-être à envisager. Ce locus pourrait corres-pondre à un habitat intermédiaire, occupé au

printemps et à l’automne. Le site de Llo se trouveen effet à la limite des espaces dits intermédiaires(entre 1 600 et 1 900 m d’altitude), qui abri-taient traditionnellement les cortals, ces habitats

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particuliers qui font le lien entre zones d’habita-tion plus permanente et zones d’estivage d’alti-tude (Rendu 2000 ; Bille 2002). Ces unitésd’habitation, généralement entourées de terrescultivées et de prés et parfois regroupées, permet-taient notamment de prolonger la dépaissancedes troupeaux aux saisons intermédiaires.Toutefois, les cortals qui ont pu être localisésdans la vallée de Llo semblent se situer à une alti-tude légèrement plus haute (exemple de Lo Pla à1 900 m ; Bille 2002, 2003 ; Rendu 2003). Maisil s’agit dans ce cas de cortals médiévaux, recon-nus à partir de sources écrites datant des XIIIe-XIVe siècles. Enfin, de jeunes agneaux et cabris,âgés de 2-6 mois, sont attestés à Llo 1, suggérantque le site était occupé au moins dès le début dela belle saison. Vigne (1983) a également soulignéle fait que la présence de la grue cendrée, qui s’ar-rête en Cerdagne uniquement au cours de samigration, c’est-à-dire à l’automne (octobre-novembre) ou au début du printemps (mars),prouvait une occupation du site au moins à cesépoques de l’année.

Llo 3L’occupation à Llo 3, au début de l’Âge duBronze final, est plus restreinte que sur les deuxautres loci. La dominance des caprinés y est évi-dente (85,6 % ; Fig. 3) et seul le mouton a étédéterminé spécifiquement. Les trois ovins(NMIf) identifiés sont morts entre six mois etdeux ans. Ils pourraient donc correspondre à desanimaux abattus pour leur viande. On retrouveici un schéma très proche de celui de Llo 2 auBronze ancien, c’est-à-dire un spectre de faunecentré sur les caprinés, dont vraisemblablementseule une petite partie du troupeau est représen-tée dans les déchets alimentaires, associé à uneoccupation peu étendue. Toutefois, le matérielcéramique est ici relativement abondant.On pourrait ainsi, ici aussi, avoir affaire à ungroupe humain restreint ayant occupé Llo 3 à labelle saison ou aux saisons intermédiaires. Llo 3pourrait encore n’avoir été qu’une dépendanced’un des deux loci principaux et avoir joué unrôle spécialisé. Les données ethnographiques ethistoriques rassemblées par Rendu (2000) indi-

quent que l’on prête généralement beaucoupmoins d’attention aux animaux exploités pourleur viande ; on les laisse notamment en estiveplus longtemps, jusqu’à la mauvaise saison. Llo 3pourrait ainsi avoir été utilisé pour prolonger ladépaissance des moutons à l’automne, une partiede ces moutons ayant pu être abattue avant l’en-trée dans l’hiver (animaux entre six mois et unan), afin d’éviter de maintenir sur pied un trou-peau trop important pendant les mois les plusfroids. Ce maintien nécessiterait en effet uninvestissement considérable en terme d’affourage-ment.Le lait et ses dérivés semblent être une compo-sante récurrente de l’économie des groupeshumains de Llo. Cela est également perceptibledans le fait que les bovins jouent alors un rôleimportant, tandis que les spectres fauniquesrégionaux montrent plutôt une prise d’impor-tance des suinés, espèce, quant à elle, exclusive-ment destinée à la production carnée.Concernant l’utilisation du lait, Rendu (2000)indique, toujours par le biais des enquêtes ethno-graphiques et des données historiques, que le laitde chèvre, plus digeste, était traditionnellementdestiné à la consommation, tandis que celui desbrebis était réservé à la fabrication des fromages.Cette partition spécifique est probablement ànuancer pour les périodes pré- et protohisto-riques, la consommation directe du lait de brebisou de chèvre (et de vache ?) n’étant pas assurée.Une telle utilisation appellerait par ailleurs vrai-semblablement des dynamiques d’estivage plutôtjournalières pour les animaux concernés, afin depermettre une consommation non différée dulait.Le site de Llo s’est donc clairement développé audébut de l’Âge du Bronze final autour du locusplus pérenne de Llo 2. D’autre part, chaque locusprésente ses propres particularités archéologiques,traduisant vraisemblablement des fonctionnalitéset des modalités d’occupation différentes. Cesdifférences pourraient être le fait de différentsgroupes d’éleveurs aux statuts divers coexistantou s’étant succédés, ou encore d’un même groupehumain à l’organisation spatiale fonctionnalisée.On peut en effet souligner une certaine conti-

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nuité dans l’utilisation de Llo 2, parallèlement àl’aspect plus ténu de Llo 3 et au côté plus perma-nent de l’occupation à Llo 1, ce dernier se singu-larisant également par le poids accordé auxbovins et aux caprins. Si l’occupation de Llo 3peut être rattachée à l’un des deux autres loci, plusmarqués, son utilisation se faisait très vraisembla-blement selon des modalités et des rythmes quilui étaient propres. Les parcours, les estives, lesdurées pastorales étant adaptées au comporte-ment spécifique des troupeaux, mais égalementaux finalités d’élevage ainsi qu’à l’organisationdes groupes humains eux-mêmes, on peut imagi-ner qu’une diversification des pratiques pastoralesétait alors en cours d’émergence.

STRUCTURATION DES ESPACESMONTAGNARDS : LLO ET ENVEIG

Le développement du site de Llo au cours du XIIIe s.av. J.-C. et l’augmentation du cheptel pourraientêtre mis en parallèle avec l’intensification des pra-tiques pastorales mises en évidence par la palyno-logie au même moment dans la montagned’Enveig (Rendu et al. 1995 ; Galop 1998). Laprésence plus marquée des bovins au Bronze final,ainsi que l’apparition des chevaux pourraient,d’autre part, peut-être renvoyer au besoin, percep-tible à Enveig, d’agrandir les espaces suprafores-tiers, où s’étendent les larges pelouses naturelles(Rendu et al. 1995 ; Galop 1998). Ces deuxgrands herbivores sont, en effet, très demandeursde vastes espaces ouverts et, même s’ils ne leur sontpas réservés, ces plas sommitaux sont souvent liés àleur estivage (Rendu 2000). Parallèlement, le lait et ses dérivés semblent avoirjoué un rôle important dans l’économie du site àcette période. Les données ethnographiques ethistoriques (Rendu 2000) soulignent que la fabri-cation des fromages se déroulait traditionnelle-ment dans les espaces intermédiaires, c’est-à-direen moyenne montagne (entre 1 600 et 1 900 md’altitude). Or, à Enveig, on assiste à cettepériode à une fréquentation plus marquée desplas intermédiaires par les hommes et leurs trou-peaux et, surtout, ces plas sont transformés, amé-

nagés au moyen de déforestation alors que,jusque-là, ils étaient utilisés en tant qu’espacesnaturels (Rendu et al. 1995 ; Galop 1998). La viande de mouton et de chèvre était, parailleurs, également recherchée à Llo. Nous avonsdéjà mentionné que les éleveurs prêtent en géné-ral beaucoup moins d’attention aux bêtes élevéespour leur viande ; elles n’accèdent souvent qu’auxpâturages les plus médiocres et surtout sont lais-sées en estive plus longtemps. Cet estivage tardif atraditionnellement lieu dans ces mêmes espacesintermédiaires, renforçant encore leur utilisation.Un autre intérêt du prolongement de la dépais-sance à l’automne est de préserver au maximumle fourrage. D’autre part, la présence attestéed’animaux au printemps à Llo montre égalementla possibilité d’une montée précoce des troupeaux(ou d’une partie d’entre eux) dans les zones demoyenne altitude. L’intensification de l’utilisa-tion des zones intermédiaires dans la montagned’Enveig peut donc traduire diverses activités, parailleurs superposables. C’est d’ailleurs cette pos-sible surimposition de différentes finalités d’utili-sation de ces espaces qui pourrait peut-êtreexpliquer le souci de les aménager. Les étudespalynologiques ont en effet mis en évidence unetransformation de ces espaces intermédiaires etpas seulement une intensification des activitéspastorales qui s’y déroulaient (Galop 1998). Les trois loci de Llo au début de l’Âge du Bronzefinal ont visiblement des fonctionnalités et desmodalités d’occupation différentes. À une diver-sité dans les systèmes économiques (compositiondes cheptels et finalité(s) d’élevage) s’ajoute unevariabilité dans les modes d’occupation et trèsvraisemblablement dans les modalités d’estivage,avec des dynamiques pastorales qui pouvaientêtre journalières (consommation du lait) ou avecdes durées plus ou moins longues. Ces différentséléments pourraient peut-être expliquer, àEnveig, le besoin de différencier, de marquer lesparcours par la construction de cabanes et enclosen pierres sèches (Rendu 2000). Cette variabilitépeut, d’autre part, encore être renforcée par lapossible coexistence dans l’espace montagnard degroupes humains aux statuts différents : groupesmobiles, communautés plus sédentaires, etc.

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Concernant les constructions d’altitude de cettepériode et leurs rôles dans la structuration du ver-sant d’Enveig, une structure en pierre de tailleremarquable, datée de l’Âge du Bronze, a récem-ment été mise au jour sur un pla pastoral d’alti-tude (Pla de l’Orri, 2 100 m ; Rendu et al.2003a). Une fonction d’habitat plutôt que deparcage, ou une fonction mixte est envisagée etson emplacement suggèrerait un rôle intermé-diaire entre les pâturages des hautes surfaces(Maurà et la Padrilla, 2 300 m) et ceux de demi-saison (Orri d’en Corbill, 1 900 m ; Rendu et al.2003b). Sa fonction exacte et son rôle dans le sys-tème d’estivage en paliers du versant d’Enveig(Rendu 2000) restent à déterminer, mais l’am-pleur de la construction et la présence de mobiliercéramique en assez grand nombre apparaissentcomme des faits inhabituels pour une structured’estivage.L’intensification des activités pastorales mise enévidence par la palynologie dans la montagned’Enveig au début de l’Âge du Bronze final pour-rait relever d’un simple accroissement des trou-peaux, dû à l’expansion démographique attestée àl’Âge du Bronze (Guilaine 1972 ; Gasco 2000),s’il ne s’agissait que d’une simple augmentationdes marqueurs d’activité pastorale. Mais la trans-formation profonde du paysage, la mise en placede terroirs pastoraux s’articulant autour d’estivessituées à différentes altitudes et de cabanes etenclos, c’est-à-dire la structuration du versantd’Enveig à cette période répond plus directementà cette variabilité des systèmes économiques, despratiques et dynamiques d’estivage et du statutdes groupes d’éleveurs. L’expansion démogra-phique en aurait été le vecteur.Cette étude reste évidemment trop peu représen-tative dans le sens où un système pastoral peutdifficilement être appréhendé uniquement à tra-vers la faune d’un seul site archéologique.Approcher plus finement le fonctionnement d’unsystème pastoral montagnard et, au-delà, la struc-turation d’un versant, demanderait la confronta-tion des systèmes économiques (élevage etagriculture) et des dynamiques pastorales de sitesimplantés sur toute la hauteur d’un versant : sitesde « plaine », considérés comme plus permanents,

de piémonts, de moyens versants et de hautemontagne (cabanes, enclos, etc.). Ces sites ont, eneffet, vraisemblablement des statuts différents etdes fonctionnalités possiblement complémen-taires dans un système pastoral montagnard.

RemerciementsNous tenons ici à remercier le Groupe derecherches archéologiques et historiques deCerdagne (GRAHC) ainsi que le PCR « Estivageet structuration sociale d’un espace montagnard :la Cerdagne » coordonné par Christine Rendu.Nous remercions également Marie-Pierre Ruas etJean-Denis Vigne de leur invitation à participer àla table ronde du programme ACI réseau MSHS-Toulouse « Cultures et élevages par monts et parvaux : quelle lecture archéologique ? » L’étudearchéozoologique a été réalisée dans le cadre d’unmémoire de DEA encadré par Jean-Denis Vigneet effectué au Muséum national d’Histoire natu-relle à Paris, au sein de l’UMR 5197 du CNRS.

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Animaux domestiques et espace montagnard à l’Âge du Bronze dans les Pyrénées-Orientales

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Soumis le 2 août 2004 ;accepté le 11 janvier 2005.

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