Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

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d’activité de 2011 à 2013 présenté par la majorité nationale des tendances de l’UNEF du 83ème congrès de l’UNEF ETUDIANTS DE FRANCE le magazine engagé des étudiants LE PROGRAMME LE BILAN LES TEXTES PARTICIPE ET VOTE ! www.congres2013.unef.fr - numéro 311 - hors série - mars et avril 2013

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Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

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d’activité de 2011 à 2013 présenté par la majorité nationale

des tendances de l’UNEF

du 83ème congrès de l’UNEF

ETUDIANTS DE FRANCE le magazine engagé des étudiants

LE PROGRAMME LE BILAN LES TEXTES

PARTICIPE ET VOTE !

www.congres2013.unef.fr - numéro 311 - hors série - mars et avril 2013

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Nom : Prénom : Adresse :

CP : Ville : Téléphone : E-mail :

Je souhaite participer au congrès de l’UNEF du 18 au 21 avril 2013 à Toulouse (joindre un chèque de 50 euros)

Bulletin à renvoyer accompagné du règlement à :UNEFVincent bordenave, Délégué général112 Boulevard de la Villette 75019 ParisTéléphone : [email protected]

Pour participer au congrès de l’UNEF, remplissez le formulaire d’inscription ci-dessous.

PARTICIPE AU 83ème CONGRÈS DE L’UNEF

Programme et inscriptions

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

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Cher adhérent, chère adhérente,

Depuis deux ans, les étudiants voient la crise et l’augmentation du chômage dégrader

leurs conditions de vie et menacer leur insertion professionnelle. Confrontés à la panne

de l’ascenseur social, inquiets pour la valeur de leur diplôme sur le marché de l’emploi, les

jeunes ont de plus en plus de mal à accéder à leur autonomie et aspirent à de nouvelles

perspectives. L’alternance politique et la présidence d’un candidat qui disait faire de la jeu-

nesse sa priorité ont suscité de réels espoirs. Mais la rigueur budgétaire et les réticences à

réellement fait confiance aux jeunes remettent aujourd’hui en cause cette promesse. Un

an après l’élection présidentielle, trop peu de choses ont changé.

C’est l’enjeu du 83ème congrès de l’UNEF : alors que le gouvernement présente une nouvelle

loi pour les universités et en pleines négociations pour réformer les aides sociales, notre

syndicat doit déterminer son orientation pour les deux prochaines années, afin de forcer

le gouvernement à transformer les belles paroles en droits concrets pour les étudiants.

Tous les adhérents de l’UNEF sont donc invités à se saisir de ce temps de débat et de

réflexion collective pour échanger, débattre et construire l’orientation la plus à même

d’améliorer les conditions de vie, de formation et d’insertion des jeunes. Notre intervention

sera déterminante : il appartient aux étudiants eux-mêmes de forcer un changement qui

tarde à venir. Les dernières élections dans les CROUS l’ont montré, les étudiants comptent

l’UNEF, première organisation étudiante, pour imposer des ruptures avec les injustices

qu’ils subissent et conquérir leur autonomie. La responsabilité de notre syndicat est donc à

la hauteur des attentes et des besoins de notre génération.

Cette année, quatre textes sont soumis aux votes des adhérents. Pour vous aider dans votre

réflexion, ce numéro d’Etudiants de France revient sur l’essentiel des points de vue des ten-

dances de l’UNEF et un aperçu des débats qui animeront notre 83ème congrès national.

Les textes complets sont à votre disposition dans les locaux syndicaux de votre université.

Le congrès national se tiendra à Toulouse, du 18 au 21 avril 2013.

Chacun d’entre vous est convié à y participer. Le syndicat appar-

tient à ses adhérents, c’est donc à vous de le faire vivre. Alors ins-

crivez-vous sans attendre à ce rendez-vous de débats et de vote,

déterminant pour l’avenir de l’organisation et pour l’ensemble des

étudiants. Bonne lecture !

Emmanuel ZEMMOUR

Président de l’UNEF

05 16 1804 Congrès de l’UNEF

mode d’emploi

05 Rapport d’activitéretour sur 2 ans avec l’UNEF

16 Bilan électoralconseils centraux, CROUS : tous les résultats

18 Texte présenté par la

Tendance « Majorité Nationale »

22 Texte présenté par la

Tendance « Refondation Syndicale »

20 Texte présenté par la

Tendance « pour une Majorité d’Action Syndicale »

24 Texte présenté par la

Tendance « pour un Syndicalisme Combatif »

PARTICIPE AU 83ème CONGRÈS DE L’UNEF

Edito

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

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Congrès de l’UNEF :mode d’emploiFaire vivre la démocratieTous les deux ans, l’UNEF tient son Congrès et appelle tous ses adhérents

à y participer.

Le Congrès de l’UNEF constitue un moment de consultation démocra-

tique où les adhérents de l’UNEF sont appelés à se prononcer pour choisir

l’orientation du syndicat pour les deux ans à venir.

Cette orientation est présentée sous formes de différents textes sur les-

quels les adhérents doivent se prononcer. Ces projets permettent de reve-

nir à la fois sur le projet général que devra porter l’UNEF mais également

sur les outils mis en œuvre pour défendre les étudiants.

Tous les adhérents, quand bien même ils ne sont pas au quotidien des mi-

litants de l’UNEF, doivent prendre part à ce moment important de la vie du

syndicat. En donnant son avis, chaque adhérent permet que le projet du

syndicat soit le plus représentatif possible des aspirations des étudiants.

L’objectif est de doter le syndicat étudiant d’un projet ambitieux pour qu’il

continue à défendre les intérêts matériels et moraux des étudiants.

Plus de 100 ans après sa création, l’UNEF a vocation à progresser encore :

il est donc fondamental que chaque adhérent se saisisse des questions qui

lui sont posées se pronoçant sur les textes des tendances :

• La Tendance Majorité Nationale

• La Tendance Refondation Syndicale

• La Tendance pour une Majorité d’Action Syndicale

• La Tendance pour un Syndicalisme Combatif

C’est sur la base du vote des adhérents que seront élues les instances lo-

cales et nationale du syndicat.

Le congrès local Avant le Congrès national, les congrès locaux se tiennent sur toutes les universités. Les adhérents sont alors appelés à y participer et à voter pour un des

textes présentés.

Phase 1 : Réception de la convocation du congrès

Tu vas recevoir, une semaine avant le congrès

local, une convocation qui annonce la date et

le lieu où se déroulera le congrès. Le plus sou-

vent, le vote a lieu dans le local de l’UNEF, sur

ton lieu d’étude. Si tu n’as pas reçu de convo-

cation, n’hésite pas à contacter le bureau na-

tional de l’UNEF au 01 42 02 25 55 ou par mail

à [email protected]

Phase 2 : Le vote

Après avoir lu les textes (contenus dans ce nu-

méro spécial d’Etudiants de France), tu votes.

Pour voter, il suffit de te déplacer au bureau de

vote indiqué sur le courrier de convocation en

te munissant de la carte d’étudiant (ou un jus-

tificatif). Le vote se fait alors en deux temps :

• le vote sur l’activité : chaque adhérent se

prononce sur le rapport d’activité, c’est-à-dire

l’activité portée par la majorité nationale sur

les deux dernières années (voir page 5)

• le vote sur l’orientation : les adhérents choi-

sissent l’orientation du syndicat.

Phase 3 : Élection de la nouvelle direction locale

A la fin des votes sur l’activité et l’orientation

nationales, les adhérents de chaque section

locale de l’UNEF se réunissent lors d’une As-

semblée Générale pour décider de l’orienta-

tion locale et élire les responsables locaux de

l’UNEF en fonction des résultats du congrès

local. Sont également désignés les délégués

qui voteront au Congrès National de Montpel-

lier les 7, 8, 9 et 10 avril prochain.

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Congrès de l’UNEF : mode d’emploi

Page 5: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Le 82ème congrès de l’UNEF à Montpellier en avril 2011 a été

l’occasion pour le syndicat de se mettre en ordre de bataille

afin d’affronter les échéances déterminantes qui attendaient

le mouvement social. Rassemblés autour d’un projet offen-

sif et ambitieux ayant réuni près de 80% des votes, l’en-

semble des AGE (sections locales) et des militants de l’UNEF

ont mené pendant ces deux années une activité acharnée

afin de faire avancer les intérêts matériels et moraux des

étudiants.

La période qui vient de se terminer, marquée par un contexte

de crise, la fin de l’ère Sarkozy et l’alternance politique au

pouvoir, fut très riche pour le syndicat. Ne se fixant pour

unique boussole que l’intérêt des étudiants, l’UNEF est restée à

l’initiative et a refusé d’attendre que le gouvernement change

pour agir.

En construisant notre démarche syndicale autour d’un seul

objectif, faire avancer les droits étudiants, nous avons su être à

l’offensive sur tous les fronts. Ainsi ces deux dernières années

ont été marquées par des conquêtes importantes pour l’UNEF

avec notamment l’obtention d’un dixième mois de bourse

et le cadrage des modalités d’examen pour les étudiants en

licence.

Les élections au CROUS ont été au cœur de notre activité. En

imposant un report de ce scrutin, initialement prévu pour avril

2012 mais décalé au mois de novembre 2012, nous avons fait

de ce rendez-vous militant un véritable point d’appui dans la

construction de notre rapport de force. L’UNEF a su créer les

conditions nécessaires à une forte mobilisation étudiante, faire

de ce scrutin un moment victorieux et progresser en nombre

de voix et nombre d’élus pour imposer des négociations

autour d’une réforme des aides sociales. Ce scrutin, révélateur

du bon état de forme de l’organisation a permis d’exprimer

largement la volonté majoritaire des étudiants.

C’est donc fier de notre bilan que nous retraçons ici l’activité

qui fut celle du syndicat depuis Avril 2011. Cette chronologie

n’a pas vocation à être exhaustive tant l’activité a été dense,

mais elle s’efforce de revenir sur les temps forts qui ont été

ceux du syndicat.

2 ANS AVEC L’UNEF AVRIL 2011- FEVRIER 2013

Cortège de l’UNEF lors de la manifestation en faveur du mariage pour tous le 27 janvier 2013

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 5

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 6: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Avril 2011

82ème congrès de l’UNEF • Du 7 au 10 Avril,

l’UNEF organise son 82ème congrès à Montpel-

lier. L’UNEF utilise cette tribune pour interpeller

les pouvoirs publics sur la situation de la jeunesse,

première victime de la crise économique, et exi-

ger la mise en place d’une protection sociale des

jeunes et des étudiants. Ce congrès est aussi

l’occasion lors d’une table ronde internationale,

de rassembler des jeunes s’étant battus dans le

monde entier et de voter la charte de Montpellier

sur l’engagement internationaliste de la jeunesse.

Lors de ce congrès, Jean-Baptiste Prévost quitte

la présidence de l’UNEF, et Emmanuel Zemmour

est élu président du syndicat.

Mai 2011

Manifestation du 1er Mai • L’UNEF appelle les

étudiants à manifester aux côtés des salariés, et

demande des mesures d’urgence pour répondre

à la crise qui frappe durement les jeunes et la

population.

FECR • L’UNEF organise sur les universités de

toute la France son traditionnel Festival Etudiant

Contre le Racisme, avec en point d’orgue le festi-

val national sur l’esplanade de l’Université Paris 7.

31 mai • Parution de la circulaire Guéant durcis-

sant la possibilité pour les étudiants étrangers de

travailler en France et les critères d’attribution de

titres de séjour. L’UNEF se fixe immédiatement

comme objectif le retrait de cette circulaire.

Juin 2011

Sos Examens • A travers ses tracts d’information

et ses permanences syndicales, l’UNEF défend les

droits étudiants lors de la période des examens.

Marche des Fiertés • L’UNEF participe active-

ment à la marche des fiertés avec le collectif

Démocratie et Courage.

6 juin • L’UNEF organise un rassemblement de-

vant l’ambassade grec en soutien au peuple et à

la jeunesse Grecque.

Juillet 2011

Collectif National • L’UNEF rassemble début

Juillet 550 militants lors de son collectif national

pour préparer les chaines d’inscription et la pro-

chaine rentrée.

Chaînes d’inscription • Comme chaque année,

l’UNEF accueille les étudiants lors de leur inscrip-

tion pour les orienter et leur proposer d’adhérer

au syndicat. Le bilan de la syndicalisation est en

hausse malgré le choix de beaucoup d’établisse-

ments de dématérialiser leurs inscriptions.

Frais d’inscription illégaux • L’UNEF rend public

son 7ème palmarès des universités hors la loi.

Le nombre d’établissements concernés est en

baisse. L’UNEF réalise de nombreux recours gra-

cieux et obtient même plusieurs suppressions

des frais visés dans certaines universités.

17 juillet • Publication du nouvel Arrêté licence.

L’UNEF obtient, après plusieurs mois de mobi-

lisation et de négociation une importante vic-

toire syndicale avec le cadrage des modalités de

contrôle de connaissance, la suppression des

notes éliminatoires et la généralisation de la com-

pensation annuelle dans toutes les universités.

Septembre 2011

Panier de l’étudiant • Pour la septième année

consécutive, l’UNEF sort son enquête sur le

pouvoir d’achat des étudiants à la rentrée. Cette

enquête met en exergue l’accentuation de la

précarité étudiante suite à la crise économique,

avec des dépenses obligatoires en constante

augmentation depuis 2006 (+33,2% en 5 ans).

L’UNEF lance une campagne militante sur les

L’UNEF obtient un cadrage national des modalités d’examens pour les étudiants en licence

Face aux inégalités que rencontrent les

étudiants dans l’obtention de leur diplôme,

l’UNEF s’est donnée pour objectif dans les

deux dernières années de lutter contre

la sélection par l’échec et d’obtenir de

nouveaux droits pour les étudiants. Dans

un contexte de dérégulation et de mise en

concurrence, il était nécessaire d’obtenir

un cadrage des modalités de contrôle de

connaissance, pour avancer vers l’égalité de

tous face à la réussite.

C’est grâce à la pression de l’UNEF sur le

gouvernement que celui-ci décide de réouvrir

l’arrêté licence de 2002. En s’appuyant sur les

campagnes locales menées dans les univer-

sités, sur les victoires obtenues, le syndicat

a mené la bataille contre l’échec artificiel

organisé par l’ancienne réglementation. A

rebours des politiques d’enseignement supé-

rieur, élitistes, l’arrêté licence est un véritable

point d’appui pour les étudiants, permettant

enfin d’obtenir une réglementation nationale

des modalités d’examens plus favorables à la

réussite de tous. Celle-ci garantit désormais

aux étudiants :

• La compensation annuelle des notes, dis-

positif qui permet de prendre en compte la

progression de l’étudiant sur l’ensemble de

l’année.

• La mise en place de deux sessions d’exa-

mens, alors qu’un flou juridique subsistait et

permettait aux universités de ne pas organiser

de rattrapages.

• L’interdiction des notes éliminatoires,

permettant de lutter contre l’échec artificiel

transformant l’examen en une sanction.

Cet arrêté vient également renforcer l’égalité

entre les filières en fixant un nombre mini-

mum d’heures d’enseignement quel que soit

la discipline. Celui-ci est fixé à 1500 heures,

permettant un meilleur encadrement, et plus

de suivi afin de favoriser la progression de

l’étudiant.

Obtenir une nouvelle réglementation ne

suffisait pourtant pas à garantir une véritable

amélioration des règles d’examen. L’UNEF

s’est battue université par université, en me-

nant des campagnes locales, et nationales, en

s’appuyant également sur un rapport de force

renouvelé suite aux élections universitaires

de 2012 pour imposer l’application de l’arrêté

licence dans l’ensemble des universités. En

une année, ce sont 93% des universités qui

ont mis en place la compensation annuelle

contre 60% avant l’arrêté Licence, et 22

universités ont supprimé leurs notes élimi-

natoires. L’UNEF s’est également lancée dans

une bataille juridique, en déposant de recours

contre les universités récalcitrantes comme

Paris 11, Paris 2, Lyon 3 ou Grenoble 1.

6 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 7: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

universités avec une pétition pour exiger des

mesures sociales d’urgence.

Rentrée universitaire • L’UNEF organise dans

tous les établissements des réunions de rentrée

pour accueillir ses adhérents et les nouveaux

étudiants.

Fête de l’humanité • L’UNEF participe à la Fête

de l’Humanité où elle tient un stand militant, et

participe à de nombreux débats.

Retour de Bruno Gollnisch • L’UNEF mobilise les

étudiants de Lyon 3 contre le retour de l’ex diri-

geant du Front National suspendu pendant cinq

ans pour propos révisionnistes.

Application de l’arrêté licence • À la suite de la

publication de l’arrêté licence l’UNEF obtient

la compensation annuelle des notes dans 93%

des universités, et la fin des notes éliminatoires

dans 22 établissements.

Octobre 2011

Collectif National • L’UNEF rassemble 650 mili-

tants à l’occasion de son collectif national et lance

une campagne « Face à la crise priorité à l’édu-

cation » pour prémunir les étudiants des consé-

quences de la rigueur et organiser la conquête

de nouveaux droits. Pendant cette campagne

l’UNEF fait remplir plus de 11 000 questionnaires

aux étudiants partout en France qui ont ensuite

été la base de nombreuses batailles locales ou

des campagnes électorales. Lors de ce CN, Anna

Mélin secrétaire générale de l’UNEF quitte ses

fonctions, Julie Mandelbaum est élue nouvelle

secrétaire générale de l’organisation.

11 octobre • L’UNEF participe à la manifestation

contre les politiques d’austérité, et revendique

notamment le retrait de la taxe sur la santé.

18 octobre • L’UNEF organise à Paris un meeting

de soutien à la jeunesse chilienne en lutte pour

défendre un droit à l’éducation gratuite et laïque.

Les principaux leaders du mouvement sont pré-

sents à cette occasion.

27 octobre • L’UNEF lance une campagne pour

sauver le RESS et contre la taxe sur les complé-

mentaires. L’UNEF crée les conditions de l’unité

du mouvement étudiant en invitant la FAGE à or-

ganiser une conférence de presse en commun.

Bourses aux livres • L’UNEF organise la solidarité

en animant les bourses aux livres dans la majori-

té des universités.

Deux ans de bataille pour sauver le régime étudiant de sécurité sociale

Les conditions de santé des étudiants se sont fortement dégradées ces cinq dernières années.

L’enquête nationale sur la santé des étudiants, publiée en 2011 par la LMDE, dresse un tableau

alarmant de l’accès aux soins. 34% des étudiants ne consultent pas de médecin, faute de moyens

financiers. 19% des étudiants ne sont pas couverts par une mutuelle. Cette situation est essentiel-

lement due à un double phénomène. D’une part le contexte économique difficile et l’absence de

statut social protecteur amènent les jeunes à arbitrer entre les différents postes de dépenses de

leur budget. Les dépenses telles que le loyer ou l’alimentation passent inévitablement devant les

dépenses liées aux soins. Mais la précarité sociale ne peut expliquer à elle seule la dégradation de

la situation sanitaire des étudiants. En effet, depuis plusieurs années, ils ont subi de plein fouet la

hausse du coût de la santé (hausse du forfait hospitalier, franchises médicales …) et le recul de la

solidarité nationale. Le niveau de prise en charge des soins ambulatoires, les plus utilisés par les

étudiants, est tombé à seulement 50% du coût total des soins. Mais si ce contexte s’avérait déjà

très difficile, ces deux dernières années ont marqué un tournant dans la dégradation de la santé

des étudiants notamment par la remise en cause de notre régime délégué.

La bataille contre la taxe santéEn juillet 2011, le gouvernement annonçait le doublement des taxes sur les mutuelles étudiantes.

Déjà asphyxiées financièrement par un désengagement structurel de l’Etat, les mutuelles étu-

diantes se sont retrouvées menacées dans leur

existence même. A travers l’affaiblissement des mu-

tuelles étudiantes, c’est la santé des étudiants, mais

également leur autonomie qui était en danger. En

effet, les mutuelles étudiantes, administrées par des

étudiants, gèrent le Régime Etudiant de Sécurité

Sociale (RESS), première pierre de la reconnaissance

des jeunes à gérer leurs propres affaires. L’UNEF a

alors fait le choix de mobiliser les étudiants par une

campagne militante. Pour renforcer le poids de

notre intervention nous avons fait le choix d’asso-

cier la FAGE lors d’une conférence et d’un dossier

de presse. L’objectif de montrer l’attachement et

l’unité des étudiants pour la défense de leur régime.

En décembre 2011, le gouvernement annonce une

augmentation de la remise de gestion et l’octroi de

2 millions d’euros supplémentaires aux mutuelles

gestionnaires du RESS, une victoire importante pour

sortir de l’urgence mais pas suffisante.

La défense du RESS et de la gouvernance étudianteDevant l’inaction des pouvoirs publics pour sauver durablement le RESS, dans un contexte ou la

fiscalité force toutes les mutuelles à se transformer, à fusionner ou à disparaitre, la direction étu-

diante de la LMDE engage une réorganisation nécessaire pour sauver la mutuelle, clef de voute du

régime. Profitant de cette réorganisation c’est une véritable campagne de presse que les détrac-

teurs du régime ont déclenché. Nous avons assisté à un tir nourri de critiques souvent fausses et

toujours de mauvaise foi sur le régime étudiant. Dans la ligne de mire de ces « enquêtes »,

la gestion étudiante et donc la seule mutuelle gérée démocratiquement par et pour les étudiants.

L’UNEF, consciente de la réalité budgétaire de la LMDE, et de la responsabilité des pouvoirs

publics dans son asphyxie budgétaire, a fermement dénoncé le mutisme du gouvernement et a

multiplié ses interventions auprès de celui-ci. Nous avons refusé les arguments paternalistes qui

voudraient que les difficultés financières seraient dues à l’âge des administrateurs étudiants, et

réaffirmer que notre autonomie n’est pas négociable. Ce n’est donc que sur eux-mêmes que les

administrateurs étudiants ont dû compter pour trouver un adossement mutualiste permettant de

sauver le régime tout gardant une direction étudiante.

unef.fr/sante

... OU VOTRE BUDGETDU MOIS VA Y

PASSER

Affiche de la campagne contre la taxe sur la santé. 10/11.

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 7

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 8: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

L’UNEF se bat pour l’égalité entre étudiants français et étrangers

Les dernières années du mandat de Nicolas Sarkozy ont été placées

sous le signe des discriminations et d’une xénophobie d’Etat tant dans

les mots que dans les politiques mises en œuvre. Au lieu d’une réponse

politique adéquate à la crise sociale, c’est la peur de l’autre et le soi-di-

sant danger d’une immigration massive qui ont été pointés du doigt,

installant un climat délétère dans le pays avec une véritable course aux

expulsions. Le durcissement des politiques à l’encontre des étrangers,

symbolisé notamment pour les étudiants par les circulaires Guéant du

31 mai et du 6 septembre 2011, a rendu quasi impossible l’accès à un

titre de séjour « salarié » et prohibitives les conditions de ressources

pour obtenir un titre de séjour (il faut désormais justifier de 7680 euros

sur son compte en banque pour être éligible à un titre de séjour).

Parce que l’UNEF porte la responsabilité de défendre les 10% d’étudiants

discriminés, elle a fait le choix de ne pas rester passive. En lien avec le

collectif du 31 mai, l’UNEF est à la pointe de la bataille contre la circu-

laire Guéant. Mais ne voulant restreindre son activité à la seule circulaire,

l’UNEF est à l’initiative d’un travail unitaire, rassemblant plus de 40 orga-

nisations, en organisant le 3 février 2012 à Paris, les assisses des étudiants

étrangers. A la suite de ces assisses l’UNEF lance un appel à destination

des candidats à la présidentielle, afin de les interpeller sur les conditions

d’accueil et de séjour, des étudiants étrangers.

De plus l’UNEF organise la défense des étudiants étrangers en difficultés,

avec la tenue régulière permanences pour les défendre. L’UNEF mène

campagne pour faire connaître leur droits aux étudiants étrangers et pour

obtenir que ceux qui font les mêmes études aient, tout simplement les

mêmes droits. L’UNEF a ainsi permis de régulariser plus de 250 étudiants

et a permi à plus de 300 autres de ne pas perdre leur titre de séjour sur

les deux dernières années.

Ce travail syndical, fait en grande partie dans une démarche unitaire,

débouche au lendemain de l’élection présidentielle sur le retrait de la

circulaire Guéant. Des lors commence un nouveau cycle syndical afin

d’ouvrir les brèches pour une refonte de la loi CESEDA, une réforme de

Campus France et une amélioration des conditions d’accueil et de séjour

des étudiants étrangers.

Nous nous appuyons sur tous les leviers pour faire changer la loi, notam-

ment la proposition de loi de la sénatrice Gillot qui reprend une grande

partie des revendications de l’UNEF comme le titre de séjour pluri annuel.

L’UNEF doit relever maintenant deux défis : faire adopter cette loi et

permettre la refonte du cadre juridique existant.

Novembre 2011

Retard sur le versement des bourses • Par soucis

d’économies, le gouvernement avait décidé de

ne pas financer la totalité des bourses. L’UNEF

mobilise les étudiants, et après un mois de ba-

taille le gouvernement a fini par céder en ac-

cordant une rallonge budgétaire pour verser

l’ensemble des bourses.

Régime étudiant de sécurité sociale • Accord sur

la remise de gestion : l’UNEF obtient une aug-

mentation de la remise de gestion délivrée aux

mutuelles étudiantes. Si cette mesure apporte

des solutions à court terme, elle n’est pas suffi-

sante pour sauver durablement le régime.

Election en cité U • Les listes FERUF/UNEF rem-

portent plus de 250 élus lors des élections en

conseil de résidence.

Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au

60éme Board Meeting de l’ESU à Sofia en Bulgarie.

Décembre 2011

1er décembre • L’UNEF participe à la journée

mondiale de lutte contre le SIDA en tenant des

stands avec la LMDE dans les universités.

SOS Inscriptions • A travers ses tracts d’informa-

tion et ses permanences syndicales, l’UNEF dé-

fend les droits étudiants lors de la période des

examens.

Budget 2012 • L’UNEF intervient pour dénoncer

le budget 2012 alloué à l’enseignement supérieur

et aux CROUS. Beaucoup d’établissements ont

été contraints de supprimer des postes et fermer

des filières, 21 CROUS sur 28 ont vu leurs do-

tations générales de fonctionnement diminuer.

L’UNEF a fait rejeter plusieurs budgets lors des CA

budgétaires. Elle a organisé des rassemblements

avec les étudiants, ce qui a permis à certains éta-

blissements d’obtenir une rallonge budgétaire.

15 décembre • L’UNEF organise un rassem-

blement le jour de l’audience du conseil d’Etat

consacré au décret de l’Université de Lorraine

pour dénoncer le passage au statut de grand éta-

blissement.

Janvier 2012

Election au CROUS • L’UNEF obtient un report

des élections aux CROUS au 1er semestre de

l’année 2012/2013. Ce choix se fait dans l’ob-

jectif de favoriser une plus grande participation

17 janvier • A la veille du sommet social l’UNEF

publie ses propositions pour l’emploi des jeunes.

Février 2012

3 février • L’UNEF organise les Assises des étu-

diants étrangers avec près de 40 associations

pour demander le retrait de la circulaire Guéant

et l’égalité des droits.

Affiche de la campagne pour l’égalité entre tous les étudiants 02/12.

8 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 9: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Collectif National • L’UNEF organise son CN

début février avec un nombre record de parti-

cipants (700), et lance sa campagne électorale

dans la perspective des élections aux conseils

centraux. Lors de ce CN Sébastien Maurice, tré-

sorier de l’UNEF quitte ses fonctions, Sébastien

Chaillou est élu trésorier.

Mars 2012

8 mars • L’UNEF participe à la journée interna-

tionale pour le droit des femmes en organisant

des actions sur les campus, et des cortèges lors

des manifestations.

Etudiant étrangers • L’UNEF lance un appel avec

plus de 60 organisations d’étudiants étrangers

pour retirer la circulaire du 31 mai, revenir sur

les mesures discriminantes financièrement et

replacer l’égalité au cœur de l’accueil des étu-

diants étrangers en France

Une allocation d’autonomie pour tous les

jeunes • L’UNEF lance une campagne sur les

universités pour revendiquer l’allocation d’au-

tonomie et interpeller les candidats à l’élection

présidentielle.

Big Bang des politiques de jeunesse • L’UNEF

participe au Big Bang des politiques de jeunesse

qui regroupe près d’une quarantaine d’organisa-

tions pour faire entendre les revendications des

jeunes dans le cadre de l’élection présidentielle.

Avril 2012

3 avril • L’UNEF lance sa campagne d’interpella-

tion lors d’une conférence de presse et dévoile les

10 exigences des étudiants pour la rentrée 2012.

17 avril • Un mois après les tueries de Mon-

tauban et Toulouse, l’UNEF organise un grand

concert place de la Bastille lors du Festival Etu-

L’UNEF fait entendre sa voix pendant la campagne présidentielle

Parce que nous portons un projet de transformation sociale qui vise à assurer à tous les jeunes l’accès à la formation de leur choix et leur mise en

sécurité sociale, c’est autour du projet d’allocation d’autonomie que nous avons bâti notre interpellation. Alors que les différents candidats par-

laient beaucoup des jeunes, le rôle du syndicat était crucial pendant la période. En mettant en avant deux chantiers prioritaires pour l’enseignement

supérieur, la protection des jeunes avec la mise en place d’une allocation d’autonomie, et changer les études de licence pour permettre la réussite

de tous, l’UNEF a posé ses priorités. Parce que l’interpellation n’est pas un travail de lobby coupé des réalités, alliant à l’interpellation une campagne

mobilisatrice sur les campus pour l’Allocation d’Autonomie, nous avons fait le choix de la montée en charge de notre projet par des revendications

intermédiaires. L’UNEF a ainsi publié 10 propositions pour relancer l’ascenseur social. 10 propositions qui sont 10 mesures d’urgence à prendre très

rapidement par le nouveau gouvernement. Ces mesures ont été choisies parce qu’elles ciblent des injustices et des difficultés auxquelles les jeunes

en formation sont quotidiennement confrontés :

1 Revalorisation des bourses de 65% pour atteindre une bourse maximale de 760 euros

2 Création immédiate de 100 000 aides aux étudiants indépendants financièrement dans la perspective de la

création d’une allocation d’autonomie à l’horizon 2017

3 Revalorisation des aides au logement de 20% pour rattraper l’explosion des loyers.

4 Création d’un titre de séjour couvrant la durée de l’en-semble d’un diplôme pour sécuriser le parcours des

étudiants étrangers

5 Donner la priorité aux étudiants de bac techno dans l’inscription en IUT pour limiter les voies de contourne-

ment à l’université.

6 Recruter 2500 enseignants et 2500 personnels pour les premiers cycles universitaires pour garantir les 1500h

légales d’enseignement

7 Référencer les licences en une liste de 30 intitulés pour une meilleure reconnaissance des formations

8 Garantir aux étudiants de master 1 une inscription en master 2 dans leur établissement d’origine.

9 Pénaliser l’abus de stage par son inscription dans le code du travail pour protéger les stagiaires et libérer 100 000

emplois déguisés

10 Donner un accès de droit au RSA pour les moins de 25 ans.

Cette interpellation a permis de faire ressortir les propositions des jeunes pendant la campagne présidentielle. Ainsi alors que les jeunes sont les pre-

miers à voir leurs droits sociaux reculer dans des pays d’Europe, face à une UNEF vigilante et malgré le contexte de crise aucun candidat n’a franchi les

lignes jaunes posées par le syndicat sur les aides sociales, la sélection ou les frais d’inscriptions. L’interpellation nous a aussi offert des points d’appui

que ce soit sur la réussite en premier cycle, l’encadrement des loyers ou l’état des aides sociales et la précarité étudiante. Plus généralement l’interven-

tion de l’UNEF a permis de protéger notre milieu de toute velléité de s’attaquer à nos droits.

L’UNEF réunie près de 15 000 jeunes place de la bastille lors du Festival Etudiant Contre le Racisme le 17 avril 2012.

Affiche de la campagne pour une allocation d’autonomie. 03/12.

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 9

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 10: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

diant Contre le Racisme 2012. Près de 15 000

personnes se réunissent contre le racisme et les

discriminations.

Présidentielles • Au lendemain du premier tour

de l’élection présidentielle, l’UNEF s’alarme du

score de l’extrême droite, et appelle à battre Ni-

colas Sarkozy le 1er mai dans la rue et le 6 mai

dans les urnes.

Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au

61éme Board Meeting de l’ESU à Bucarest en

Roumanie

Mai 2012

Manifestation du 1er mai • L’UNEF appelle les

étudiants à manifester pour porter nos reven-

dications aux côtés des salariés et pousser le

prochain gouvernement à nous apporter des ré-

ponses dès le début de son mandat.

6 mai 2012 • François Hollande est élu président

de la République. L’UNEF salue la victoire d’un

candidat ayant choisi de faire de la jeunesse

une priorité nationale mais avertit le nouveau

président élu que les attentes sont fortes et que

c’est sur ses actes que les jeunes le jugeront.

Rencontre Nationale des Elus Etudiants • Les 12

et 13 mai, l’UNEF rassemble à Evry près de 400

élus étudiants lors de la 6ème rencontre natio-

nale des élus étudiants, qui permet de tracer les

objectifs pour le mandat à venir.

Législatives • L’UNEF lance une campagne d’in-

terpellation des candidats aux législatives.

Retrait de la circulaire Guéant • Une des toutes

premières mesures du nouveau gouvernement

est le retrait de la circulaire du 31 mai. L’UNEF

salue l’annonce d’une mesure indispensable

pour des milliers de jeunes diplômés, mais rap-

pelle que depuis un an, de nombreuses me-

sures prises à l’encontre des étudiants étrangers,

doivent elles aussi être retirées.

Du 28 mai au 5 juin • L’UNEF participe à parti-

ciper à la conférence internationale du travail à

l’OIT pour représenter les jeunes européens.

Mobilisation au Québec • En solidarité avec les

jeunes québécois, mobilisés contre l’augmen-

tation de des frais de scolarité, l’UNEF organise

plusieurs rassemblements et manifestations par-

tout en France.

Juin 2012

Emploi des jeunes • En association avec

l’UGICT-CGT, l’UNEF organise le mardi 26 juin

un rassemblement qui a réuni 200 étudiants et

jeunes diplômés devant l’Assemblée nationale à

l’occasion de l’entrée en fonction des nouveaux

députés, nous les interpellons sur l’emploi des

jeunes. Un CV de jeune diplômé sans emploi

et une lettre présentant une proposition de loi

« clé en main » pour la protection des jeunes

diplômés et la reconnaissance des qualifications

ont été remis à chaque député.

29 juin • A l’issu du séminaire gouvernemental

consacré au budget 2013, une diminution des

dépenses de l’Etat est annoncée, l’UNEF alerte

le gouvernement sur la nécessité de prendre des

mesures pour les étudiants dès l’été.

Marche des Fiertés • L’UNEF participe active-

ment à la marche des fiertés avec le collectif

Démocratie et Courage.

SOS examens • A travers ses tracts d’information

et ses permanences syndicales, l’UNEF défend les

droits étudiants lors de la période des examens

20 juin 2012 • L’UNEF participe à la création du

Forum Français de la Jeunesse, rassemblant 19

organisations de jeunesse dirigée par des jeunes,

ce forum a pour but de construire une expres-

sion autonome de la jeunesse.

Juillet 2012

5 juillet • La ministre de l’enseignement supé-

rieur Geneviève Fioraso annonce une sanctuari-

sation du 10éme mois de bourse comme la me-

sure phare de la rentrée 2012. Mais l’UNEF ne se

contente pas de cette annonce, et obtient une

revalorisation des bourses de 2,1 %. En quelques

semaines l’UNEF a réussi à obtenir 175 millions

d’euros supplémentaires dans le budget des

CROUS.

L’UNEF fait entendre ses revendications sur l’emploi des jeunesDans un contexte de chômage de masse pour les jeunes, où près de

23% des jeunes n’ont pas d’emploi, et où tous souffrent de manque de

reconnaissance, le travail de l’UNEF a été important au cours de ces

deux dernières années.

Un travail a été effectué entre l’UNEF et l’UGICT-CGT afin de préparer

l’interpellation aux élections présidentielles, soumettant aux différents

candidats 10 mesures pour «garantir l’accès à un emploi stable» pour les

jeunes diplômés, parmi lesquelles la reconnaissance des diplômés dans

les conventions collectives, la prise en compte des années d’études dans

le calcul des retraites ou encore l’aide à la recherche au premier emploi.

Dès son entrée en fonction le gouvernement annonce la mise en place

de deux mesures d’emplois aidés : les emplois d’avenirs et les contrats

de génération. Malgré l’absence de concertation avec les partenaires

sociaux sur les emplois d’avenirs, l’UNEF intervient à l’occasion des débats

parlementaires et dépose des amendements sur le projet de loi. Parmi

les amendements retenus visant à infléchir le projet de loi, la question

des compétences acquises, l’accès à une qualification et la limite des

effets de substitution, afin que les entreprises embauchant des jeunes

en emplois d’avenir ne puissent pas percevoir d’aides si cette embauche

s’effectue en remplacement de salariés licenciés.

Affiche de la campagne d’interpellation pour les présidentielles.

10 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 11: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Deux ans de solidarité internationaleLors de notre 82ème congrès nous nous étions dotés d’une orientation

ambitieuse sur l’engagement internationaliste de l’UNEF ; pendant deux

ans ce cap a été maintenu.

Cet engagement s’est tout d’abord concrétisé par le soutien aux ré-

volutions arabes. C’est notamment dans cette perspective que l’UNEF

s’est engagée pour soutenir les étudiants syriens qui combattent

depuis plus de deux ans le régime de Bachar El-Assad. Ce soutien s’est

concrétisé par la mise en place d’un comité universitaire de soutien à

la population syrienne et par l’établissement de liens entre l’UNEF et les

étudiants syriens exilés en France. Plus que jamais ce soutien doit être

réaffirmé et amplifié pour mettre fin à ce conflit sanglant.

Notre activité internationale a été aussi marquée par les mobilisations

étudiantes au Chili et au Québec. Au Chili, les étudiants ont débuté au

printemps 2011 un mouvement de contestation du fonctionnement du

système d’enseignement supérieur hérité de l’ère Pinochet. Ce fonc-

tionnement qui repose sur un système inégalitaire ou l’enseignement

supérieur privé a une part prépondérante a amené les étudiants chiliens

à défiler pendant plusieurs mois dans les rues du pays. Pour manifester

notre solidarité à leur égard nous avons organisé un meeting à Paris

en présence des principaux leaders du mouvement. A cette occasion

Camilla Vallejo et Georgio Jackson ont pris la parole pour nous faire

part des motivations qui les ont conduits à se mobiliser. C’est dans le

même état d’esprit que nous avons organisé au printemps dernier des

actions de soutien au « printemps érable » de la jeunesse québécoise.

Pendant plusieurs semaines l’ensemble des universités québécoises se

sont mobilisées contre l’augmentation des frais d’inscription voulue par le

gouvernement libéral de Jean Charest. Cette mobilisation qui a bousculé

en profondeur la société québécoise a conduit le gouvernement à sa

chute à l’occasion des élections de septembre dernier. Si dans un premier

temps la lutte des étudiants a conduit au retrait du projet d’augmentation

des frais d’inscriptions, ces dernières semaines ont vu le sujet revenir sur

le devant de la scène.

Enfin nous avons fait de notre intervention sur les questions européennes

notre priorité dans l’action internationaliste de l’UNEF. Cela est passé

par la montée en puissance du pôle syndical au sein de l’ESU. Par le

renforcement de nos liens avec les organisations étudiantes syndicales

(Grande-Bretagne, Italie, Autriche, Belgique, Norvège, Danemark…) nous

avons su impulser des dynamiques syndicales dans l’ESU (European Stu-

dent’s Union). Nous avons ainsi obtenu l’adoption de motions de fond ou

d’amendements, partageant notre analyse sur la nécessité de se battre

contre l’augmentation des frais d’inscriptions, ou encore pour d’exiger

une augmentation du financement public de l’enseignement supérieur.

C’est dans le même état d’esprit que l’UNEF a entamé un véritable travail

au niveau européen à travers la bataille pour le financement d’ERASMUS,

affichant clairement son opposition à la commission européenne.

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 11

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 12: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Elections au CNESER • L’UNEF remporte les

élections au CNESER, et confirme les bons ré-

sultats électoraux de l’année, et par la même

occasion sa place de première organisation étu-

diante. Elle dénonce cependant un scrutin en-

taché de fautes graves de la part du ministère,

qui a retiré plus de 300 électeurs à 3 semaines

du scrutin, et a gelé près de 200 voix le jour du

dépouillement. Un recours devant la justice ad-

ministrative est déposé.

Collectif National • L’UNEF réunit son CN début

juillet, l’occasion de faire le bilan d’un semestre

électoral victorieux, et de lancer une cam-

pagne de syndicalisation en vue d’affronter les

échéances qui se présenteront à elle à la rentrée

universitaire. Ce CN est aussi l’occasion pour

l’UNEF d’organiser une table ronde sur l’Emploi

des jeunes avec nos partenaires syndicaux.

Chaînes d’inscription • Comme tous les ans,

l’UNEF accueille les étudiants dans toutes les

universités lors de leur inscription pour les

orienter et leur proposer d’adhérer au syndicat.

Le bilan de la syndicalisation est stable malgré le

choix de beaucoup d’établissements de déma-

térialiser leurs inscriptions

Frais d’inscription illégaux • L’UNEF rend public

son 8ème palmarès des universités hors la loi. Le

nombre d’établissements concernés est à nou-

veau en baisse.

Aout 2012

Panier de l’étudiant • Pour la huitième année

consécutive, l’UNEF présente son panier de ren-

trée. Lors d’une conférence de presse tenue le

lundi 20 août 2012, l’UNEF appelle à la mise en

œuvre immédiate d’un Plan d’action sociale étu-

diant, premier pas vers l’allocation autonomie

Septembre 2012

Rentrée universitaire • L’UNEF organise dans

tous les établissements des réunions de rentrée

pour accueillir ses adhérents et les nouveaux

étudiants.

Campagne de rentrée • L’UNEF lance sur tous les

campus sa campagne « il faut que ça change »

sur la précarité étudiante, et recueille plus de 50

000 pétitions.

Fête de l’humanité • L’UNEF participe à la Fête de

l’Humanité où elle tient un stand militant, orga-

nise des débats sur son stand, et participe à de

nombreux autres débats.

14 septembre • La ministre de la jeunesse Valérie

Fourneyron annonce le lancement du Comité

interministériel de la jeunesse.

Réforme des aides sociales • Le 18 septembre, la

ministre de l’enseignement supérieur Geneviève

Fioraso annonce l’ouverture de négociations

sur le système d’aides sociales après les pro-

chaines élections aux CROUS, sous la pression

de l’UNEF.

25 septembre • l’UNEF participe au vote du rap-

port sur la réussite étudiante au Conseil Econo-

mique, Social et Environnemental (CESE), sur

lequel l’UNEF compte s’appuyer en vue de la

nouvelle loi.

Emploi des jeunes • L’UNEF participe au vote

du CESE sur l’emploi des jeunes, qui reprend de

nombreuses revendications du syndicat.

Bizutage • Face à la recrudescence des actes de

bizutage dans certains établissements, l’UNEF

intervient dans plusieurs universités pour forcer

les établissements à prendre les mesures néces-

saires pour lutter contre ces dérives.

26 septembre • L’UNEF apporte tout son sou-

tien à Sevil Sevimli qui comparaît devant la cour

d’assises de Bursa. Sevil Sevimli étudiante en

Turquie dans le cadre du programme ERASMUS,

est accusée par les autorités locales de proximi-

té avec des organisations terroristes. Les seules

« preuves » apportées par l’accusation se ré-

sument à sa participation aux manifestations

du 1er mai et à sa possession de livres interdits

comme le sont les ouvrages de Karl Marx. Sevil

adhérente à l’UNEF reçoit tout le soutien de son

syndicat dans cette épreuve.

Elections au CNESER : un scrutin victorieux mais entaché de graves fautes de la part du ministère

En juillet dernier, la liste « UNEF et associations étudiantes » a remporté les élections étudiantes

au CNESER, en obtenant 36,3% des voix et 4 élus sur 11, loin devant la seconde organisation

étudiante. Si cette victoire confirme la place de l’UNEF comme première organisation repré-

sentative, le scrutin a été entaché par de grosses irrégularités, de nature à déséquilibrer son

résultat. En effet, la suppression des suppléants CA du corps électoral en cours de scrutin a

engendré une surreprésentation des élus des écoles au détriment des universités, et le gel arbi-

traire de certains votes a empêché plus d’une centaine d’élus de pouvoir s’exprimer.

Face à cette situation, l’UNEF a déposé un recours victorieux au tribunal pour faire annuler

les élections au CNESER de juillet. Plus qu’une bataille juridique réussie, cette décision est un

véritable point d’appui pour exiger davantage de démocratie dans cet organe. Suite à l’action de

l’UNEF, le Ministère est dans l’obligation de garantir un meilleur équilibre entre le poids des élus

des écoles et des universités, et de proposer un nouveau mode de scrutin. L’UNEF a entamé une

bataille afin de peser pleinement dans la future réforme du CNESER et que le prochain scrutin

permette la meilleure expression possible des élus.

12 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 13: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Octobre 2012

Bourses aux livres • L’UNEF organise la solidarité

en animant les bourses aux livres dans la majori-

té des universités

Week-End de Formation Régionaux • L’UNEF ré-

uni plus de 500 étudiants partout en France pour

se former avant les échéances électorales

Collectif National • L’UNEF organise à

Nanterre son CN de rentrée avec 650 militants,

et se donne pour objectif de lancer une véritable

mobilisation étudiante en vue des élections au

CROUS.

9 octobre • L’UNEF participe à la journée de mo-

bilisation sur l’emploi.

Assise régionales • L’UNEF participe activement

aux Assises régionales de l’enseignement supé-

rieur et de la recherche, et fait entendre sur tout

le territoire la voix des étudiants.

24 octobre • Alors que les CROUS annonce la

suppression de la subvention du ministère de

l’Education Nationale, l’UNEF demande le réta-

blissement des bourses « métiers de l’enseigne-

ment » et lance une campagne de pétition.

L’UNEF obtient des garanties pour la formation des enseignantsL’UNEF a mobilisé les étudiants contre la

réforme de la formation des enseignants

imposée par Nicolas Sarkozy en 2008. Des

manifestations qui ont eu lieu la première

année jusqu’aux interventions publiques du

syndicat pour faire le bilan des premières

années d’application de la réforme, le syn-

dicat a utilisé tous les outils à sa disposition

pour imposer un constat : la formation des

enseignants a été saccagée par le précédent

gouvernement.

Précarisation des étudiants préparant le

concours, surcharge de travail pendant

le master, absence de véritable formation

professionnelle… Nous avons imposé notre

analyse au candidat François Hollande, qui

s’est engagé pendant sa campagne électorael

à réformer à nouveau la formation des ensei-

gnants. Au lendemain de l’élection présiden-

tielle, les engagements de François Hollande

ont été repris par son Ministre de l’Education

Nationale, avec l’ouverture de concertations

sur la Refondation de l’Ecole.

Assises de l’Enseignement Supérieur : l’UNEF impose ses revendications dans

le débatEn s’engageant sur la mise en place d’une nouvelle loi pour l’enseignement supérieur sous la

pression étudiante, le gouvernement a ouvert la possibilité de mettre fin au mouvement de

dérégulation que nous avons connu ces dernières années.

Pour construire la nouvelle loi, le gouvernement a lancé un processus de concertations avec

les Assises de l’Enseignement Supérieur. Elles ont été pour l’UNEF le premier outil de construc-

tion de notre rapport de force. En intervenant localement et nationalement, à travers des

interventions, des contributions et la mobilisation des étudiants, l’UNEF a fait des Assises un

débat ouvert sur la société. C’est pour ces raisons que la réussite des étudiants a été au cœur

des Assises. Le rapport de conclusion porté par Vincent Berger et le discours du Premier mi-

nistre Jean-Marc Ayrault lors des Assises ont été sans équivoque sur ce sujet. De la réforme des

premiers cycles jusqu’à celle du système d’aides sociales, l’ensemble des thématiques mises

en avant par l’UNEF ont été reprises. Cette direction a été confirmée par le rapport du député

Le Déaut qui a réaffirmé l’ensemble des positions.

C’est forte de ces points d’appui que l’UNEF s’est engagée dans les concertations autour du

projet de loi. Dès le mois de janvier le gouvernement a présenté une première mouture large-

ment insuffisante que nous avons considérablement fait évoluer. Si le projet de loi ne fait pas

encore l’objet d’une présentation devant le Parlement, nous avons d’ores et déjà obtenu que

figure dans celui-ci le retour du cadre national des diplômes et la réaffirmation de la démo-

cratie étudiante avec un rôle renforcé du CEVU sur les formations et règles d’examen. Tout ce

travail est à poursuivre pour faire en sorte que ces principes soit confirmés par le Parlement. Si

ces directions sont les bonnes, elles doivent être concrétisées dans les universités et complé-

tées par des réponses politiques sur le financement du supérieur et sur la réforme du système

d’aides sociales.

L’UNEF s’est pleinement investie dans ces concertations, avec comme objectif d’imposer nos

revendications pour que la nouvelle réforme soit au service des étudiants. Nous avons posé trois

exigences pour répondre aux besoins des étudiants : faire reculer la précarité, réorganiser la forma-

tion en master et rétablir une véritable formation professionnelle.

Les premiers arbitrages sur la réforme ont répondu aux exigences de l’UNEF. Le retour du concours

à la fin du M1, qui donne accès au statut de fonctionnaire stagiaire en M2, et la création d’Ecoles

Supérieur du Professorat et de l’Education (ESPE) pour organiser la formation sur chaque académie

sont des avancées pour les étudiants.

Mais l’UNEF ne s’est pas contentée de peser sur les grandes lignes de la réforme. Au plus près des

étudiants, nous avons mené des batailles syndicales pour qu’aucun étudiant en master ensei-

gnement ne soit pénalisé par l’année de transition. Après plusieurs milliers de signatures à notre

pétition, nous avons ainsi obtenu le rétablissement des bourses « métiers de l’enseignement »,

prématurément supprimées par le gouvernement.

L’UNEF continue à maintenir la pression jusqu’à la mise en place définitive de la réforme. L’UNEF est

restée vigilante pour que le cadrage des nouveaux masters enseignement, le contenu du concours

et la mise en place des ESPE, se fassent à chaque fois dans l’intérêt des étudiants et pour assurer

l’égalité entre tous les candidats au concours.

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 13

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 14: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Novembre 2012

FERUF • L’UNEF présente des listes aux élections

des conseils de résidence, et obtient de nom-

breux élus dans la quasi-totalité des académies

pour améliorer les conditions de vie des étu-

diants en résidence.

14 novembre • l’UNEF participe à la manifesta-

tion, aux cotés des salariés, pour réclamer de

vraies mesures de lutte contre le chômage

Election au CROUS • Du 20 au 29 novembre,

l’UNEF remporte les élections aux Crous et

conforte son rang de première organisation étu-

diante. Le projet de statut social et la stratégie du

syndicat sont soutenus par les étudiants. L’UNEF

progresse de 12 élus et gagne 27 000 voix par

rapport aux scrutins de 2010. Au final, l’UNEF re-

cueille 73 000 voix et 79 élus.

Board meeting de l’ESU • L’UNEF participe au

62ème Board meeting de l’ESU à Chypre

Assisse de l’enseignement supérieur • L’UNEF

participe activement aux assisses nationales de

l’enseignement supérieur. Les principales pro-

positions de l’UNEF figure dans le rapport Berger

qui clos la phase des assisses.

Décembre 2012

Journée de lutte contre le sida • L’UNEF par-

ticipe à la journée mondiale de lutte contre le

SIDA en tenant des stands avec la LMDE dans les

universités.

SOS examens • A travers ses tracts d’information

et ses permanences syndicales, l’UNEF défend

les droits étudiants lors de la période des exa-

mens

6 décembre • Le tribunal administratif de Paris

donne raison à l’UNEF et décide d’annuler les

élections au CNESER.

10 décembre • L’UNEF interpelle Vincent Peillon,

au sujet des bourses pour les étudiants inscris

en Master métier de l’enseignement et obtient

qu’elles soient rétablies.

Mariage pour tous • L’UNEF participe à la mobi-

lisation pour le mariage pour tous en appelant

les étudiants à descendre dans la rue le 10 dé-

cembre, et en organisant des cortèges rassem-

blant plusieurs milliers de jeunes.

Budget • L’UNEF dénonce la situation des univer-

sités qui payent les pots cassés de l’autonomie Affiche d’appel au vote pour les élections aux CROUS.

Elections au CROUS : un scrutin mobilisateur et une victoire de l’UNEF

Les élections étudiantes au sein du réseau des œuvres universitaires et scolaires ont eu lieu au 1er semestre, 6 mois

après la prise de fonction de François Hollande. Normalement les élections étaient prévues au printemps 2012 mais

l’UNEF a revendiqué le déplacement de ces élections pour augmenter la participation et utiliser ces échéances

comme un outil central du rapport de force face au nouveau gouvernement. L’enjeu de ces élections était d’ail-

leurs d’autant plus fort que la Ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé en amont de ces élections la

tenue de négociations visant à réformer les aides sociales à la suite du scrutin.

C’est consciente de ce contexte que l’UNEF a construit sa campagne auprès des étudiants. Ainsi nous avons fait

le choix d’axer notre campagne autour de l’allocation d’autonomie mais également autour de la démarche que

l’UNEF allait mettre en œuvre au cours des négociations pour l’obtenir.

Les militants de l’UNEF ont convaincu pendant des semaines sur tous les campus de France des milliers d’étudiants

que le système de bourses actuel était à bout de souffle, qu’il était nécessaire de reconnaitre socialement le temps de

la formation et que c’est seulement tous ensemble qu’on arriverait à faire bouger les choses. Nous avons proposé aux

étudiants de faire le choix d’un projet qui propose de réformer les aides sociales autour de trois ruptures pour aller vers l’allocation d’autonomie :

Le doublement du nombre de boursier

dès la rentrée 2013

Une augmentation du montant des

bourses

Un changement des critères d’attribution

des aides aux étudiants.

En participant plus à ce scrutin que d’habitude et en faisant très majoritairement le choix de l’UNEF, les étudiants sont rentrés à la table des négocia-

tions pour exiger une réforme ambitieuse des aides sociales. Notre progression électorale ainsi que le nombre d’étudiants convaincus qu’il faut chan-

ger les choses, constituent désormais le socle d’un rapport de force sur lequel nous nous appuierons pour imposer que le gouvernement ne passe pas

à la trappe une promesse présidentielle. Les dernières hésitations du gouvernement montrent qu’il faudra continuer à s’appuyer sur tous les étudiants

convaincus pendant les élections pour aller arracher une réforme qui marque une rupture avec le système actuel.

Affiche pour les élections aux CROUS.

14 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 15: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

financière. Dans toutes les universités l’UNEF est

à l’initiative d’intersyndicales et des AG sont orga-

nisées comme à Angers et Nantes pour dénoncer

le manque de moyen de ces établissements.

Janvier 2013

24 janvier • L’UNEF remporte les élections au

CNOUS en atteignant les 80 voix. L’UNEF est

la seule organisation à rassembler plus de voix

qu’elle n’a d’élus.

27 janvier • L’UNEF participe à la deuxième

manifestation parisienne en faveur du ma-

riage pour tous rassemble plusieurs milliers

de jeunes, et est présente dans l’ensemble des

cortèges de province

Février 2013

Collectif National • L’UNEF organise début fé-

vrier son collectif national, qui est l’occasion de

faire le bilan de la mobilisation électorale pour

les CROUS, et de lancer sa campagne et faire

monter la pression sur la nouvelle loi. A l’oc-

casion de ce CN, le 84éme congrès de l’UNEF

est convoqué, il aura lieu à Toulouse du 18 au

21 avril. L’UNEF choisi de se doter d’un nouveau

poste pour accompagner le développement de

l’organisation. Vincent Bordenave est élu délé-

gué général du syndicat

Solidarité étudiante • L’UNEF se dote d’un nouvel

outil pour faire fonctionner la solidarité en créant

la première coopérative étudiante nationale.

20 février • L’UNEF est reçue par la ministre Ge-

neviève Fioraso. Cette rencontre a été l’occasion

pour l’UNEF d’obtenir des engagements sur une

réforme pluriannuelle des aides sociales étu-

diantes et sur un cadrage national des diplômes.

Retour de Sevil • L’UNEF est présente à Lyon

pour accueillir le retour de Sevil Sevimli qui a

été condamné à 5 années de prison pour « pro-

pagande terroriste » en Turquie mais a tout de

même autorisé par les autorités turques à revenir

en France en attendant son procès en appel.

Comité interministériel de la Jeunesse • le 21

février en amont du comité interministériel de la

jeunesse, l’UNEF est reçu avec le Forum Français

de la Jeunesse par Jean-Marc Ayrault, l’UNEF re-

tient de ce comité de bonnes intentions mais qui

doivent être enrichies et précisées.

De la création des premières bibliothèques étudiantes du quartier

latin au début du XXe siècle à la gestion par les étudiants de l’Espace

Vie Etudiante à Grenoble en 2003, la coopération entre les étudiants

a démontré sa pertinence et son efficacité. Depuis sa réunification,

l’UNEF a perpétué cet héritage pour construire et renforcer la coopéra-

tion chez les étudiants. La coopération étudiante en France n’avait pas

réussi jusqu’à présent à développer une stratégie cohérente à l’échelle

nationale pour se développer suffisamment.

Alors que les universités subissent aujourd’hui une pénurie budgétaire

qui ne leur permet pas de faire face à ces nouvelles problématiques, se

développe une implantation d’acteurs privés dans les universités. Loin de

porter un objectif social, ces entreprises tirent profit de la réduction du

périmètre des services publics pour s’enrichir sur le dos des étudiants.

Notre objectif est de rendre aux étudiants la gestion de leurs propres

affaires, de lutter contre cette implantation aux buts lucratifs, en déve-

loppant sur les campus une économie sociale et solidaire, gérée par les

étudiants.

Dès le CN de juillet 2012, l’UNEF s’est donné les moyens de créer la pre-

mière coopérative nationale étudiante, qui a débouché en février 2013 sur

la constitution de Solidarité Etudiante. Partageant une vision commune

de la situation des étudiants et s’appuyant sur les valeurs de Charte de

Grenoble, cette nouvelle structure, dirigée par des étudiants sous mandat

syndical de l’UNEF, permettra d’apporter une réponse à la hauteur de

l’exigence de la situation sociale des étudiants.

Un nouvel outil pour organiser la solidarité

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 15

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 16: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Bilan électoral CNESER et CNOUS 2012

Aix-Marseille 3 666Amiens 1 697

Besançon 1 278

40%29%

38%Bordeaux 3 280 38%Caen 1 700 37%Clermont 1 943 43%Créteil 4 988 60%Dijon 684 20%Grenoble 2 769 30%Lille 4 308 30%Limoges 919 27%Lyon 2 775 20%Montpellier 3 142 47%

Antilles 1 469 61%

Nancy-Metz 3 963Nantes 2 660

Orléans-Tours 1 878

46%29%

36%Paris 6 129 41%Poitiers 1 602 38%La Réunion 3 604 88%Reims 1 091 20%Rennes 2 312 28%Rouen 2 652 43%Strasbourg 2 006 28%Toulouse 3 826 37%Versailles 4 783 50%

Nice-Toulon 1 686 30%

3/72/7

3/74/73/73/75/71/72/72/72/71/74/7

6/7

4/72/7

2/73/73/77/71/72/74/72/73/74/7

2/7

Les résultats des CROUS-1-1

=+2==

+1-1===-1+1

+4

+2=

==

+1+3=-1+1+1+1=

=

Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain

Des résultats historiques

73 000+26 000

étudiants par rapport à 2010

80 élus+12 élus

étudiants par rapport à 2010

Union Nationale des EtudiantsSEULE organisation présente dans tous

les CROUS !

pour représenter et défendre les étudiants

étudiants ont voté pour une allocation d’autonomie

des voix

4 élusCNOUS

Aix Marseille 82969 32%Amiens 4 -5443 12%Angers 7 +1685 26%Artois 14 +5503 33%Avignon 7 -3Besançon 5 0510 20%Bordeaux 1 6 -1359 32%Bordeaux 2 6 0381 16%Bordeaux 3 13 +3800 42%Bordeaux 4 10 +61153 38%Brest 8 -1Caen 7 -51006 24%Cergy 15 +21202 64%Chambéry 7 +2306 22%Clermont 1 4 -1Clermont 2 12 +2606 45%Dijon 4 -3684 18%Evry 12 -1670 51%Grenoble 1 6 -1395 17%Grenoble 2 2 -2360 10%Grenoble 3 15 +1314 53%La Réunion 7 +2524 29%La Rochelle 5 -3335 29%Le Havre 9 +4481 37%Le Mans 17 +5658 59%Lille 1 5 -5520 18%Lille 2 5 0646 21%Lille 3 13 +1960 57%Limoges 6 -1339 15%Littoral 6 -3361 38%Lorraine 91729 35%Lorient Vannes 7 +1444 29%Lyon 1 4 -2412 8%Lyon 2 9 0874 33%Lyon 3 6 -5706 26%MLV 10 +2717 61%Montpellier 1 3 -2434 14%Montpellier 2 9 -1736 39%Montpellier 3 9 +1608 38%

Mulhouse 8 +4169 26%Nantes 8 -11 382 19%Nice 4 -1517 15%Nimes 1 -1195 35%Orléans 11 0Paris 1 9 -41271 35%Paris 2 8 +11053 52%Paris 3 14 +51307 67%Paris 4 9 +51008 52%Paris 5 6 +2904 17%Paris 6 4 0595 15%Paris 7 9 +11199 43%Paris 8 12 -51369 56%Paris 9 6 +2179 12%Paris 10 10 -11439 45%Paris 11 3 -5493 16%Paris 12 10 0Paris 13 10 -11827 47%Pau 3 -1129 12%Perpignan 7 +4322 29%Poitiers 6 -1Reims 6 +2Rennes 1 9 +31000 24%Rennes 2 8 0711 33%Rouen 6 0Saint Etienne 8 +5718 28%Strasbourg 5 +11688 22%Toulon 6 -2Toulouse 1 5 -6507 28%Toulouse 2 13 +3857 45%Toulouse 3 13 +62552 38%Tours 6 +2915 25%Valenciennes 5 +4344 15%VSQ 10 -2617 25%UTBM 4 0136 31%UTC 6 +2180 32%IEP Paris 15 01287 58%Ecoles autres 28 +10TOTAL 622 +2460150 33%

Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain

4 élusCNESER

60 150voix UNEF

d’étudiants convaincusde notre projet et de notre démarche

33%des voix

en moyenne

Les résultats des centraux

100%des universités

où l’UNEFà des élus

16 2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 17: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Bilan électoral CNESER et CNOUS 2012

Aix-Marseille 3 666Amiens 1 697

Besançon 1 278

40%29%

38%Bordeaux 3 280 38%Caen 1 700 37%Clermont 1 943 43%Créteil 4 988 60%Dijon 684 20%Grenoble 2 769 30%Lille 4 308 30%Limoges 919 27%Lyon 2 775 20%Montpellier 3 142 47%

Antilles 1 469 61%

Nancy-Metz 3 963Nantes 2 660

Orléans-Tours 1 878

46%29%

36%Paris 6 129 41%Poitiers 1 602 38%La Réunion 3 604 88%Reims 1 091 20%Rennes 2 312 28%Rouen 2 652 43%Strasbourg 2 006 28%Toulouse 3 826 37%Versailles 4 783 50%

Nice-Toulon 1 686 30%

3/72/7

3/74/73/73/75/71/72/72/72/71/74/7

6/7

4/72/7

2/73/73/77/71/72/74/72/73/74/7

2/7

Les résultats des CROUS-1-1

=+2==

+1-1===-1+1

+4

+2=

==

+1+3=-1+1+1+1=

=

Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain

Des résultats historiques

73 000+26 000

étudiants par rapport à 2010

80 élus+12 élus

étudiants par rapport à 2010

Union Nationale des EtudiantsSEULE organisation présente dans tous

les CROUS !

pour représenter et défendre les étudiants

étudiants ont voté pour une allocation d’autonomie

des voix

4 élusCNOUS

Aix Marseille 82969 32%Amiens 4 -5443 12%Angers 7 +1685 26%Artois 14 +5503 33%Avignon 7 -3Besançon 5 0510 20%Bordeaux 1 6 -1359 32%Bordeaux 2 6 0381 16%Bordeaux 3 13 +3800 42%Bordeaux 4 10 +61153 38%Brest 8 -1Caen 7 -51006 24%Cergy 15 +21202 64%Chambéry 7 +2306 22%Clermont 1 4 -1Clermont 2 12 +2606 45%Dijon 4 -3684 18%Evry 12 -1670 51%Grenoble 1 6 -1395 17%Grenoble 2 2 -2360 10%Grenoble 3 15 +1314 53%La Réunion 7 +2524 29%La Rochelle 5 -3335 29%Le Havre 9 +4481 37%Le Mans 17 +5658 59%Lille 1 5 -5520 18%Lille 2 5 0646 21%Lille 3 13 +1960 57%Limoges 6 -1339 15%Littoral 6 -3361 38%Lorraine 91729 35%Lorient Vannes 7 +1444 29%Lyon 1 4 -2412 8%Lyon 2 9 0874 33%Lyon 3 6 -5706 26%MLV 10 +2717 61%Montpellier 1 3 -2434 14%Montpellier 2 9 -1736 39%Montpellier 3 9 +1608 38%

Mulhouse 8 +4169 26%Nantes 8 -11 382 19%Nice 4 -1517 15%Nimes 1 -1195 35%Orléans 11 0Paris 1 9 -41271 35%Paris 2 8 +11053 52%Paris 3 14 +51307 67%Paris 4 9 +51008 52%Paris 5 6 +2904 17%Paris 6 4 0595 15%Paris 7 9 +11199 43%Paris 8 12 -51369 56%Paris 9 6 +2179 12%Paris 10 10 -11439 45%Paris 11 3 -5493 16%Paris 12 10 0Paris 13 10 -11827 47%Pau 3 -1129 12%Perpignan 7 +4322 29%Poitiers 6 -1Reims 6 +2Rennes 1 9 +31000 24%Rennes 2 8 0711 33%Rouen 6 0Saint Etienne 8 +5718 28%Strasbourg 5 +11688 22%Toulon 6 -2Toulouse 1 5 -6507 28%Toulouse 2 13 +3857 45%Toulouse 3 13 +62552 38%Tours 6 +2915 25%Valenciennes 5 +4344 15%VSQ 10 -2617 25%UTBM 4 0136 31%UTC 6 +2180 32%IEP Paris 15 01287 58%Ecoles autres 28 +10TOTAL 622 +2460150 33%

Académie Voix % Académie Voix %ELUS UNEF ELUS UNEFGain Gain

4 élusCNESER

60 150voix UNEF

d’étudiants convaincusde notre projet et de notre démarche

33%des voix

en moyenne

Les résultats des centraux

100%des universités

où l’UNEFà des élus

2 ans avec l’UNEF • Avril 2011 - Février 2013 17

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Page 18: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

« Celui qui se rend maître de l’éducation peut changer la face du monde.» G. W. Leibniz.

Chômage de masse, affaiblissement des

protections sociales, explosion du travail

précaire…. les populations européennes su-

bissent au quotidien les conséquences de la

crise. Mais si les conditions de vie des jeunes,

des salariés et des retraités ont été profon-

dément altérées, l’orientation politique de

l’Union Européenne, elle, est restée la même.

Dominée par des gouvernements libéraux,

la communauté européenne a érigé la dette

comme signe de discrédit des Etats et les en-

courage à mener une course aux économies,

au mépris des conséquences économiques et

sociales. Pire, le vote récent d’un budget de

l’Union Européenne en baisse tente d’enfer-

mer le continent dans un modèle d’austérité

indépassable, accentuant la pression autour

de réformes libérales et antisociales. Outre

les conséquences économiques et sociales,

l’absence d’alternative majoritaire à l’austérité

offre un ferment sur lequel prolifèrent le repli

sur soi et le populisme. Les élections récentes

en Italie n’en sont qu’une nouvelle illustration.

Alors que François Hollande s’était fixé

comme objectif d’obtenir une réorientation

de la politique européenne, la France a elle

aussi cédé à la contrainte budgétaire, faisant

de l’équilibre des finances publiques le socle

de sa politique économique. Ce choix coûte

cher aux populations, car il prive notre pays

des marges de manœuvre financières néces-

saires à une meilleure répartition des richesses

mais dresse aussi un mur de l’argent contre

lequel viennent se heurter les promesses de

campagne du président de la République.

Cherchant une impossible conciliation entre

réponse aux aspirations sociales et rigueur

budgétaire, le gouvernement s’apprête à ré-

aliser de nouvelles économies qui risquent

d’imposer de nouveaux sacrifices aux salariés.

Entre désœuvrement de voir leurs emplois

disparaître, et peur de devoir consentir à des

sacrifices encore plus importants, ces der-

niers refusent de voir notre modèle social

encore affaibli. L’attachement du mouvement

syndical aux mécanismes de solidarités, sa

capacité à les défendre et son implantation

ont jusqu’ici permis, à la différence d’autres

pays d’Europe, d’opposer une résistance aux

mesures de rigueur et de tourner la page du

sarkozysme. Mais, malgré la multiplication de

luttes locales et sectorielles, le mouvement

social se trouve aujourd’hui fragilisé nationa-

lement par des divisions stratégiques, maté-

rialisées par la signature minoritaire des ac-

cords nationaux interprofessionnels.

Premières victimes de la crise, les jeunes ont

quant à eux le sentiment d’être des sous-ci-

toyens, soumis aux mêmes devoirs et respon-

sabilités que les autres, mais sans bénéficier

des mêmes droits. Alors que la catégorie des

16-25 ans reste la population qui connaît le

taux de pauvreté le plus élevé, le statu quo

ne sera pas tenable : il enferme une généra-

tion entière dans une dépendance sociale et

l’empêche de prendre toute sa place dans le

redressement du pays.

Par son action revendicative et militante,

l’UNEF est parvenue à faire de cette injustice

un problème public et de l’accès à l’autono-

mie un axe incontournable de toute politique

de jeunesse, comme en témoigne l’enga-

gement présidentiel d’en faire la priorité du

quinquennat. Mais la contrainte budgétaire et

les difficultés à rompre avec le modèle fami-

lialiste poussent aujourd’hui le gouvernement

à gagner du temps et à laisser les chantiers

les plus importants, comme l’accès de tous

au RSA, en souffrance. Ces tergiversations

montrent que sans rapport de force, les dé-

clarations de bonnes intentions auront du

mal à se concrétiser dans les faits.

Parce qu’elle veut imposer contre vents et

marées les ruptures attendues par notre mi-

lieu, l’UNEF ne se laissera pas enfermer dans

une alternative stérile entre opposition systé-

matique et renoncement à ses exigences. Au

contraire, notre démarche est celle d’un syn-

dicalisme mature ne recevant de directives

que des étudiants eux-mêmes, capable dans

tous les contextes de mettre la pression par la

mobilisation et de faire avancer les droits des

jeunes par la négociation.

Cette démarche a déjà montré son efficaci-

té et nous permet de ne pas partir de rien.

En portant clairement nos revendications et

en saisissant toutes les opportunités pour

rassembler les étudiants derrière nos mots

d’ordre, nous avons su faire bouger des lignes

importantes.

D’abord en dressant une barrière contre

toutes nouvelles coupes budgétaires qui ag-

graveraient l’état de nos universités. Alors que

l’Education Nationale était le seul secteur à

être sanctuarisé, nous sommes peu à peu

parvenus à faire de l’enseignement supé-

rieur une épine dans le pied de la politique

de rigueur. La préservation du budget à la

rentrée et la création de 1000 postes par an

sur l’ensemble du quinquennat en sont la dé-

monstration, bien que l’annonce de nouvelles

économies nous impose de rester vigilants

durant l’ensemble du quinquennat. De même,

nous avons amplifié la pression autour des

promesses présidentielles pour éviter qu’elles

ne restent lettre morte. En particulier, la polé-

mique autour de la demi-part fiscale montre

à quel point la réforme des aides sociales ne

dépend désormais que de notre capacité à

l’imposer. Enfin, loin d’en rester à la feuille

de route gouvernementale, nous avons ou-

vert de nouvelles perspectives de progrès so-

cial en investissant le terrain de la nouvelle

loi d’enseignement supérieur pour gagner

une nouvelle réglementation de l’offre de

diplômes, à l’opposé de la dérégulation que

nous avons connue ces dernières années.

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « MAJORITE NATIONALE »

Engagés collectivement pour changer l’université et transformer la société !

18

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 19: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Notre horizon pour les deux prochaines an-

nées est donc clair  : nous voulons conquérir

une société de l’égalité entre toutes et tous,

garantie par un droit aux études, au diplôme

et à l’emploi. En se saisissant pleinement de

chaque engagement obtenu comme point

d’appui pour gagner de nouveaux droits et en

les faisant appliquer par le rapport de force,

nous pousserons le gouvernement à agir pour

l’égalité et à contrecourant de sa politique de

rigueur.

Nous ferons ainsi monter la pression autour

de nos revendications pour imposer, pas à pas,

des ruptures en matière de reconnaissance de

l’autonomie des jeunes et du droit à l’éduca-

tion pour toute notre génération.

Cette ambition n’est pas celle d’un mouve-

ment jeuniste ou revanchard  ; au contraire

c’est celle d’une génération consciente que

c’est de ses réussites que dépend l’avenir

de toute la société. En permettant à tous les

jeunes d’étudier, ce sont les inégalités de nais-

sance que nous combattons  ; en permettant

à chacun d’obtenir une qualification, c’est le

droit de décider de sa propre vie que nous

conquérons  ; en augmentant le nombre de

jeunes diplômés, c’est le pays entier que nous

tirons vers le haut.

L’orientation offensive dont se dote le syndicat

à travers son 83ème congrès doit trouver sa ré-

alisation dans l’action syndicale, au plus proche

des étudiants, pour ancrer dans la durée et

donner de l’ampleur à notre rapport de force.

Puissante électoralement, efficace dans ses

réalisations, capable de rassembler au-delà

des rangs traditionnels des luttes et autour

de revendications ambitieuses, l’UNEF sort

renforcée de la période récente, marquée

par sa progression lors des élections dans les

CROUS. Syndicat de tous les étudiants, au ser-

vice de toute la jeunesse, c’est aujourd’hui le

seul outil de conquête collective dont dispose

notre milieu. C’est conscient de notre res-

ponsabilité que nous ferons de ce congrès le

point de départ d’un nouveau cycle de déve-

loppement de notre organisation. L’UNEF est

la maison commune de tous les étudiants  ;

nous poursuivrons ainsi nos efforts pour or-

ganiser plus d’étudiants dans le syndicat. Pour

répondre au plus près des attentes de chacun

et promouvoir l’engagement collectif, nous

œuvrerons au développement de nouveaux

outils de solidarité, et en premier lieu de So-

lidarité Etudiante.

Nos réussites ont montré qu’un syndicalisme

exigeant, appuyé sur un rapport de force

construit par l’action militante, permettait

d’ouvrir de nouvelles perspectives de victoires.

C’est l’aptitude de l’UNEF à concrétiser ces

ouvertures, à en obtenir de nouvelles et à les

traduire par des droits pour les jeunes, qui sera

jugée par notre milieu.

Permettre à chaque jeune d’accéder à l’enseignement suPérieur

Au cours du siècle dernier, l’évolution de l’en-

seignement supérieur a accompagné les mu-

tations de toute la société. Le mouvement de

massification des années 1960 annonçait ainsi

l’accès des classes populaires à la promotion so-

ciale. Mais aujourd’hui, la panne de l’ascenseur

social témoigne d’une société figée. En refusant

de garantir à chaque jeune un droit aux études,

notre pays reproduit les inégalités de naissance

et se prive d’une génération de citoyens capable

de tirer la croissance vers le haut et de renforcer

les solidarités intergénérationnelles.

La relance de la massification de l’enseigne-

ment supérieur pour accueillir, faire réussir et

donner des qualifications à tous les jeunes de

France est donc une condition sine qua non de

la transformation sociale et de la lutte contre

les déterminismes. De la reconnaissance so-

ciale de la période d’études à la construction

d’une université de tous les métiers, nous agi-

rons sur chacune des barrières qui laissent

50% de notre génération aux portes de l’ensei-

gnement supérieur.

Un statut social du jeune en formation et en insertion

De la même façon que le 3ème âge est né du

progrès social, la massification et l’allonge-

ment de la durée des études a fait apparaître

un nouvel âge de la vie, celui de la jeunesse et

de la formation. La société bénéficie de cette

évolution mais refuse de la reconnaître par

des droits. Elle fait reposer la charge de for-

mer toute une génération sur des ressources

privées, par nature inégales et le plus souvent

amoindries par la crise. Parce qu’étudier est

un droit collectif, nous ferons de la reconnais-

sance de la jeunesse en formation et en inser-

tion un élément central de notre combat.

• Rompre avec les politiques familialistes pour la reconnaissance de la majorité sociale

Le modèle social français en matière d’études

supérieures repose sur un contresens  : il fait

reposer l’accès à un droit collectif, le droit aux

études, sur des solidarités privées. Quelles que

soient leur situation et les difficultés qu’ils ren-

contrent, les jeunes sont ainsi sans arrêt ren-

voyés aux moyens dont disposent leurs parents.

La moitié des aides à destination des étudiants

sont ainsi confiées à leur famille sous forme

d’allègements d’impôts. Quant au reste des

aides étudiantes, elles sont simplement dé-

duites des revenus parentaux, quelle que soit la

situation des jeunes.

Les étudiants en situation d’indépendance ne

bénéficient d’aucune reconnaissance de leur

situation propre. Pour les autres, il faut com-

poser avec les contraintes familiales qu’elles

soient financières, géographiques ou philoso-

phiques. Le salariat étudiant, premier facteur

d’échec universitaire, est ainsi devenu pour plus

d’une moitié des étudiants un recours obligé,

que ce soit pour contribuer au budget de leur

foyer ou pour gagner en autonomie. Cet ana-

chronisme ne peut plus durer.

Par la reconnaissance du droit à l’autonomie, les

jeunes doivent au contraire pouvoir se consa-

crer pleinement à la construction de leur ave-

nir et donc à leur formation. Nous défendrons

ainsi toutes les aides universelles, comme les

aides au logement, notamment contre les ten-

tatives d’économies budgétaires. Au-delà de ce

principe, nous nous engagerons pour que les

politiques familiales soient remplacées par une

protection solidaire faisant des jeunes majeurs

les titulaires directs de leurs droits sociaux.

• Un statut social garantissant des droits universels

En privant les jeunes en formation et en inser-

tion de reconnaissance, la société les enferme

dans un espace de non droit. Le statut social

que nous revendiquons doit au contraire, de

la même façon que le statut de salarié, être un

socle garantissant aux jeunes des droits uni-

versels pour leur réussite et leur émancipation.

Nous concentrerons donc notre activité syndi-

cale sur l’ouverture de droits fondamentaux :

Un droit à la santé par le renforcement du

régime étudiant de sécurité sociale

L’accès à la santé est un droit que nous devons

réaffirmer à l’heure ou le régime étudiant de sé-

19

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 20: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

curité sociale se trouve fragilisé par un manque

structurel de financement. Géré par et pour

les étudiants, ce régime est pourtant la seule

garantie du maintien d’un système solidaire et

d’une offre adaptée aux besoins de chacun,

contre le modèle des assurances privées. La

défense du régime et de sa gestion étudiante

seront donc des priorités syndicales de premier

plan. Dans le même temps, nous poursuivrons

notre action pour élargir l’accès de tous à une

complémentaire santé.

Un droit au logement

Il ne saurait y avoir d’autonomie de la jeunesse

sans accès au logement. L’engagement prési-

dentiel de construire 40  000 logements étu-

diants est en ce sens un point d’appui impor-

tant. Nous veillerons à ce que ces constructions

bénéficient exclusivement au renforcement du

parc de logements du CROUS. Conscients de la

nécessité d’agir à tous les niveaux du logement

étudiant, nous nous battrons auprès de tous les

acteurs, locaux comme nationaux, pour faire

baisser le coût des loyers dans le parc locatif

privé (exonération de la taxe d’habitation, re-

valorisation des APL, encadrement des loyers,

garantie universelle des risques locatifs).

Un droit aux transports

Du transport qui relie le domicile de l’étudiant à

son lieu de formation, à l’impossibilité de partir

étudier dans une autre université, l’absence de

mobilité est trop souvent un frein à la réussite

universitaire. Pour cette raison, nous portons la

nécessaire évolution des tarifications publiques

pour tendre à la gratuité des transports.

Un droit à la culture et au temps libre

L’accès à la culture et le droit au repos sont

constitutifs d’une jeunesse capable de nourrir

son esprit critique et de s’approprier les savoirs

délivrés à l’université. Nous multiplierons ain-

si les initiatives pour des « Pass-culture » tout

en revendiquant une nouvelle organisation des

temps universitaires.

L’allocation d’autonomie : pilier du droit aux études pour tous

Le premier frein à l’autonomie, c’est la précari-

té. Pour sortir les jeunes de la double impasse

du salariat et de la dépendance familiale, nous

faisons de l’allocation d’autonomie universelle

le pilier du droit aux études.

L’accès aux études n’est pas un hobby ou un

luxe dont la société pourrait se passer. Cette

allocation n’est donc ni une charité, ni un re-

venu d’assistance. Elle est la juste contrepartie

de l’investissement que fait chaque jeune pour

préparer son avenir et ainsi contribuer au déve-

loppement de la société.

• Une protection universelle et solidaire

Parce qu’elle garantit un droit pour tous les

jeunes, l’allocation autonomie doit être uni-

verselle. Le choix de l’universalité, c’est en ef-

fet d’abord le choix de rompre avec l’injustice

du modèle familial. L’allocation d’autonomie

est donc à la fois un puissant moteur de cor-

rection des inégalités, s’adressant directement

aux étudiants plutôt qu’à leur famille, mais aussi

une garantie que chaque jeune puisse faire ses

propres choix d’étude, quelles que soient son

origine sociale, ses relations familiales ou sa

nationalité.

Nous ne voulons pas d’un système au rabais, de

filet de sécurité pour les plus démunis, et pous-

sant tous les autres à l’individualisme hors du

champ de la solidarité nationale. L’universalité

de l’allocation d’autonomie est ainsi la condi-

tion d’un système qui fait contribuer tous les

citoyens à l’effort éducatif selon leurs moyens,

pour que chaque jeune soit aidé selon ses be-

soins.

• Une aide suffisante calculée selon les besoins propres des jeunes

Le montant de l’aide est tout aussi déterminant

que le caractère universel. Avec l’allocation

d’autonomie, nous voulons rompre avec les re-

venus d’appoint que sont les bourses actuelles.

C’est pour cette raison que l’allocation d’auto-

nomie sera une aide qui permettra à chacun un

montant suffisant pour vivre. Ainsi, les étudiants

sans aucune ressource ni aide familiale doivent

accéder à une aide couvrant l’ensemble de

leurs besoins.

Pour accéder à l’aide, dès sa majorité, le jeune

en formation déclarera ainsi ses revenus à l’ad-

ministration fiscale. Le montant sera modulé

en fonction notamment de ses contraintes fi-

nancières (loyer, éloignement du lieu d’étude,

importance des aides familiales…).

• Imposer des ruptures, augmenter le budget des aides : une conquête progressive

Dans un contexte d’économies budgétaires,

nous devons établir la stratégie la plus efficace

pour franchir, chaque année, une nouvelle

étape dans la montée en charge de l’alloca-

tion d’autonomie. Appuyées par le rapport de

force étudiant, les négociations autour de la

réforme du système d’aides sociales sont l’oc-

casion d’obliger le gouvernement à s’engager

sur plusieurs années dans un renforcement du

système d’aides sociales tout en modifiant les

critères d’attribution.

Parce que cette mesure réclame d’abord un in-

vestissement d’ampleur, nous réclamerons non

seulement un redéploiement des aides fiscales

dégressives (en particulier la demi-part fiscale)

vers les aides directes, mais aussi le dégage-

ment de nouvelles ressources comme la créa-

tion d’une cotisation spécifique ou encore des

mesures fiscales, comme les taxes sur la trans-

mission des patrimoines par exemple. A chaque

rentrée, le budget des aides sociales doit ain-

si connaître une augmentation significative, à

commencer par la rentrée 2013 au cours de la-

quelle nous exigeons de récupérer les 200 mil-

lions d’euros ponctionnés par le gouvernement

sur la demi-part fiscale en octobre 2012.

Pour conquérir un système adapté aux besoins

des jeunes, nous nous battrons pour que ces

nouveaux moyens s’articulent autour de trois

ruptures  : l’augmentation du montant des

bourses (à hauteur de 5% par an), l’augmenta-

tion du nombre de boursiers et la création de

critères d’autonomie, permettant d’intégrer au

système les étudiants indépendants.

Ouvrir l’enseignement supérieur pour construire l’université des 3 millions d’étudiants

Nous ne nous satisfaisons pas d’un système

qui laisse 50% d’une génération aux portes de

l’enseignement supérieur, dont de nombreux

bacheliers. Nous voulons lancer un mouve-

ment pour construire l’université des 3 millions

d’étudiants, et dans laquelle chacun trouve sa

place. En particulier, nous agirons pour réduire

la distance entre secondaire et supérieur. Un

enseignement supérieur public de qualité doit

reposer sur les universités, comme opératrices

uniques. Enfin nous chercherons à transformer

leur fonctionnement pour supprimer toutes les

barrières sélectives.

• Une université de tous les métiers et de tous les étudiants

Des CPGE aux filières universitaires en passant

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 21: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

par les instituts privés, l’enseignement supé-

rieur tend à séparer les publics étudiants selon

leur capital culturel et financier. Cette incita-

tion à la stratégie individuelle est non seule-

ment vectrice d’inégalités mais ancre de plus

l’idée que certains publics ne «  seraient pas

faits  » pour les études supérieures. C’est en

particulier le cas des étudiants issus de bacs

non généraux qui peinent à trouver leur place

dans ce labyrinthe.

L’UNEF s’investira ainsi pour que l’accès à l’uni-

versité après le lycée soit une évidence pour

tous les jeunes bacheliers, mais aussi pour les

jeunes sans diplôme en développant les dispo-

sitifs de VAE. Le rapprochement des exigences

académiques du secondaire et du supérieur en

est une condition sine qua non. La création de

nouvelles passerelles entre les formations doit

de plus éviter les phénomènes de décrochage

définitif du système.

Enfin, la massification implique de construire

une université de tous les métiers, de toutes

les formations et de tous les étudiants. BTS,

préparations aux concours, formations d’in-

génieur, sanitaires et sociales… il n’existe pas

une filière qui n’ait vocation à être pleinement

intégrée aux universités, tant pour la lisibilité

que pour la qualité des formations.

• Lutter contre toutes les barrières d’accès à l’université

La massification dépend également des obs-

tacles que rencontrent les étudiants tout au

long de leur parcours universitaire, des déserts

universitaires aux barrières sélectives. Il n’est

pas de sélection qui ne soit discriminante so-

cialement, c’est pourquoi nous en faisons un

point d’entrée majeur de notre combat pour

l’égalité.

Garantir l’accès à l’enseignement sur

l’ensemble du territoire

Les précédentes politiques de massification

ont porté leurs fruits grâce à la logique d’im-

plantation territoriale qu’elles ont impulsée.

C’est la création de sites universitaires à Lo-

rient-Vannes, Albi, Cergy ou encore Evry qui

ont permis à des jeunes d’être les premiers de

leur famille à accéder à l’enseignement supé-

rieur. Attachés à la présence des formations

universitaires sur l’ensemble du territoire, nous

serons vigilants à ce qu’il n’y ait pas de recul

et à ce que les territoires dans lesquels l’ac-

cès des jeunes au supérieur est inférieur à la

moyenne nationale bénéficient de nouvelles

antennes de formation.

Mettre fin à la reproduction sociale dans les

études de santé

La sélection à la fin de la première année

d’études de santé est une aberration faisant de

ce cursus l’un des plus touchés par la repro-

duction sociale. Nous souhaitons ouvrir ces

filières à la fois en diversifiant les voies d’accès

aux deuxième et troisième années mais aussi

en obtenant de nouveaux débouchés pour les

étudiants échouant au concours. De plus nous

poursuivrons notre bataille pour augmenter le

numérus clausus qui fait à la fois échouer des

centaines d’étudiants chaque année et prive le

pays d’un vivier de futurs praticiens.

Ouvrir les 2ème et 3ème cycles au plus grand

nombre

Le master est devenu le niveau de référence

sur le marché de l’emploi. Pourtant ce diplôme

fait l’objet d’une politique malthusienne. Nous

voulons mettre fin à cette situation en cassant

le verrou sélectif entre la première et la deu-

xième année de master en nous appuyant no-

tamment sur le cadrage national des diplômes.

De même, la conquête d’un statut protecteur

pour les doctorants lié à une meilleure recon-

naissance de leur statut doit permettre de dé-

mocratiser l’accès au troisième cycle.

Se battre pour un accès démocratisé à l’enseignement supérieur dans toute l’Europe

Les mouvements étudiants sur les frais d’ins-

criptions,  qui se sont déroulés en Europe mais

également au-delà de ses frontières, révèlent

un attachement commun à un enseignement

supérieur libre d’accès. Dans ce contexte, la

France dispose d’atouts que nous ne pouvons

nous contenter de préserver pour notre seul

pays. Nous nous engagerons ainsi, notamment

dans l’ESU, pour défendre un modèle d’ensei-

gnement démocratisé et libéré des logiques

libérales qui ont trop souvent cours.

De plus, nous nous appuierons sur le modèle

du service public du CROUS, unique en Eu-

rope, pour porter un projet social pour tous

les jeunes du continent. Ce même mouvement

doit permettre à l’Europe d’agir pour cadrer les

frais d’inscriptions, supprimer les dispositifs

de sélection à l’entrée de l’université et créer

un seuil minimal de boursiers dans les pays de

l’Union.

Nous nous saisirons aussi du cadre européen

pour démocratiser l’accès à la mobilité. Seuls

3,5% des 17 millions d’étudiants européens

(4,5% en France) en bénéficient. L’UNEF pour-

suivra son action contre les prêts étudiants in-

troduits dans le nouveau programme Erasmus

et pour un renforcement budgétaire des aides

à la mobilité. Au niveau national, la reconnais-

sance des acquis à l’étranger et la mise en

place d’un guichet unique du CROUS pour les

aides à la mobilité doit permettre au système

de gagner en lisibilité.

remettre l’université au service de l’égalité entre étudiants

Le système universitaire n’est pas en mesure

de gommer les inégalités et opère un véritable

tri social. Cette défaillance se matérialise lors

des différentes étapes du parcours universi-

taire. Avec près de 50% d’échec, la première

année de licence est ainsi le lieu d’un tri so-

cial reléguant les étudiants les moins dotés

en capital culturel vers des études courtes ou

les envoyant directement sans protection sur

le marché de l’emploi. L’écrémage continue

tout au long de parcours tubulaires, qui ne

permettent pas aux étudiants d’être acteurs de

leur orientation.

Cette situation a été aggravée par la liberté

laissée aux établissements de déterminer leur

offre de formation, quitte à concentrer leurs

moyens sur certaines filières, au détriment de

toutes les autres. Elles ajoutent ainsi aux iné-

galités face à la réussite, une mise en concur-

rence des diplômes.

Après des années de dérégulation et d’élitisme,

la mise en œuvre d’une nouvelle loi pour l’en-

seignement supérieur est une occasion à ne

pas laisser passer. En particulier, en mettant la

question de la réglementation du service pu-

blic au cœur du projet de loi, nous avons créé

les conditions d’un nouveau mouvement de

conquêtes au service de l’égalité. Cette brèche

importante n’est qu’un premier pas pour réa-

morcer la pompe de la démocratisation. Car,

l’histoire nous l’a montré, le changement de

modèle pour plus d’égalité ne pourra venir

que des étudiants. Au cours de la bataille par-

lementaire, dans l’écriture des décrets comme

lors de leur application locale, nous resterons

mobilisés pour que les ouvertures que nous

avons obtenues dans la loi se traduisent par

21

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 22: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

une transformation en profondeur de nos for-

mations et une meilleure reconnaissance de

nos diplômes.

Imposer une réglementation dans le supérieur garantissant l’égalité entre étudiants

La loi nous offre de nouveaux points d’ap-

pui pour remettre de la réglementation dans

l’enseignement supérieur, comme le cadrage

national ou les communautés d’universités.

C’est une rupture importante avec la politique

que nous avons connue, mais qui ne se suffira

pas en soi. Conscients des nombreuses résis-

tances, notamment des présidents d’universi-

tés, nous ferons de cette opportunité un outil

de l’égalité.

• Un cadre national des diplômes pour que le diplôme soit une vraie protection

Face au foisonnement et aux inégalités entre

les formations, l’UNEF se bat depuis des an-

nées pour que nos formations soient cadrées

nationalement. Le principe de ce cadre natio-

nal est désormais inscrit, pour la première fois,

dans la loi. Il faut maintenant poursuivre la

mobilisation pour lui donner un contenu afin

qu’il garantisse à tous les étudiants une forma-

tion de qualité. Pour rendre le cadrage effectif,

nous agirons à plusieurs niveaux :

Imposer un contenu commun des diplômes

Le cadrage national doit mettre fin aux inégali-

tés entre des diplômes portant un même nom

mais délivrés par des établissements différents.

L’UNEF s’engagera dans l’écriture du cahier

des charges des formations pour un socle

commun en première année, comprenant des

enseignements disciplinaires ainsi que des

heures d’enseignements obligatoires, et pour

organiser une spécialisation progressive en

deuxième et troisième années. Ce travail devra

se poursuivre dans les conseils universitaires

lors du contrôle des maquettes, principe dé-

sormais garanti par la loi. Une réflexion devra

de plus être entamée pour un cadrage des ca-

lendriers universitaires.

Des financements fléchés pour assurer les

formations cadrées

Le cadrage est aussi un outil pour imposer

de nouvelles contraintes réglementaires aux

présidents d’université. Ainsi, nous veillerons

à ce que les décrets définissant les accrédi-

tations puissent fixer un taux d’encadrement

obligatoire (d’enseignants et de personnels)

pour chaque formation ainsi que des règles

de répartition des moyens au sein des établis-

sements. Au-delà de la répartition, nous nous

appuierons sur ce cadre pour obtenir un réin-

vestissement dans les universités, assis sur les

besoins de chaque établissement en matière

de formation.

Cette action doit permettre de rattraper le

retard de financement des filières universi-

taires sur les CPFE et d’augmenter le nombre

d’heures d’enseignement pour que les étu-

diants ne soient plus renvoyés à leurs prére-

quis pour réussir. En parallèle, nous reven-

diquerons dans chaque université la mise en

place d’un statut de l’étudiant salarié pour que

les étudiants salariés puissent ne pas être pé-

nalisés par leur absence en cours.

Des diplômes reconnus dans les conventions

collectives

Le cadre national des diplômes donne une

base solide aux syndicats de salariés pour né-

gocier dans les conventions collectives une

rémunération réglementée pour chaque ni-

veau de qualification. D’ores et déjà, la recon-

naissance du doctorat dans le secteur public

a été annoncée par le gouvernement. Il faut

maintenant imposer cette logique pour tous

les niveaux de diplômes et l’imposer dans le

secteur public mais aussi dans le secteur privé,

en lien avec les syndicats de salariés.

• Une régulation des recompositions universitaires au service de la démocratisation

Pendant 5 ans, le gouvernement a organisé les

rapprochements universitaires par une mise en

concurrence financière et dans le seul objec-

tif de gagner des places dans les classements

internationaux. Cette politique a donné lieu à

tous les abus, organisant des fusions à marche

forcée ou la création de nouvelles structures

anti-démocratiques dans la plus grande opa-

cité.

La nouvelle loi crée un nouveau cadre pour les

rapprochements, les communautés d’univer-

sités. Ces nouvelles entités offrent pour l’heure

deux garanties  : celle que les regroupements

se feront sur un échelon académique, ne lais-

sant ainsi aucune université isolée  ; et celle

que les rapprochements n’impliqueront plus

une sortie du service public comme cela a été

le cas pour l’université de Lorraine.

Ces deux préalables sont nécessaires mais ne

suffisent pas à nous assurer qu’ils n’entraîne-

ront pas d’économies d’échelles en contradic-

tion avec l’objectif de démocratisation. L’UNEF

défend ainsi des principes forts pour conqué-

rir une véritable règlementation des rappro-

chements universitaires. D’abord ces entités

doivent être issues de choix démocratiques

impliquant pleinement les élus étudiants et

conserver une part prépondérante de membre

élus en leur sein. Ensuite, ils ne doivent pas re-

mettre en cause le pilotage national de l’offre

de formation sur l’ensemble du territoire.

Pour imposer ces principes, nous nous saisi-

rons de tous les outils législatifs et règlemen-

taires. En particulier les accréditations doivent

définir le lieu de délivrance des formations

pour protéger les petits établissements pluri-

disciplinaires. Ainsi, parce qu’ils doivent rester

des espaces de coopération, nous refusons de

voir directement confiée aux regroupements

la délivrance de diplômes nationaux. De plus,

les contrats entre communautés d’universités

et Etat devront être fléchés et ne pas prendre

l’ascendant sur les crédits de fonctionnement

alloués aux établissements. Enfin, si nous ne

voyons pas d’inconvénient à ce que les régions

puissent participer au financement des forma-

tions, notamment de master, nous refuserons

qu’elles puissent obtenir toute compétence

dans la définition de l’offre de formation de

l’établissement.

Garantir l’accès à un diplôme de qualité à tous les jeunes

Amphis surchargés, pédagogie insuffisante,

manque de suivi individualisé, l’université n’est

toujours pas sortie d’un modèle archaïque et

mandarinal de délivrance autoritaire des sa-

voirs. Il est grand temps de changer l’universi-

té pour donner à chaque jeune les outils pour

progresser et accéder à un diplôme qualifiant,

quels que soient ses prérequis.

• Une pédagogie qui favorise la réussite

Les méthodes de transmission du savoir à

l’université ont peu évolué depuis la massifica-

tion de l’enseignement supérieur. La réussite

de tous les étudiants devra passer par une vé-

ritable révolution pédagogique.

La pédagogie au service de la progression

dans la durée

22

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 23: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Pour que l’étudiant soit replacé au cœur de

l’université, il est nécessaire de supprimer les

amphis en première année pour mettre en

place des cours en petits groupes, ainsi que

des méthodes d’apprentissage collectif, des

services pédagogiques en charge du suivi des

étudiants ou encore un soutien systématique

aux étudiants en difficultés.

Une spécialisation progressive doit de plus

être mise en place pour garantir une assimi-

lation dans la durée des connaissances. C’est

par une spécialisation tout au long des trois

années de licence liée à un développement de

passerelles que les étudiants pourront maîtri-

ser leur orientation.

Former les enseignants à la pédagogie

La mise en place d’une véritable formation à

la pédagogie pour les enseignant-chercheurs,

au sein des Ecoles Supérieures du Professorat

et de l’Education est nécessaire : enseigner est

un métier qui s’apprend, même à l’université !

Une prise en compte des activités pédago-

giques dans l’évolution des carrières valorise-

rait cette dimension.

Repenser les modes d’évaluation

L’évaluation à l’université est particulièrement

discriminante. L’absence de grille d’évalua-

tion empêche non seulement d’apprendre

sereinement mais est en plus à l’origine d’une

constante macabre  : la plupart des ensei-

gnants notent ainsi leurs étudiants de façon à

ce qu’un tiers réussisse, un tiers tourne autour

de la moyenne et un tiers soit en dessous, quel

que soit le niveau général des classes. Le dé-

veloppement du contrôle continu, la diversi-

fication des modes d’évaluation, l’instauration

de barèmes de notation construits avec les

élus étudiants sont des outils à mettre en place

pour changer l’évaluation.

• Garantir des formations qualifiantes et pluridisciplinaires

La démarche pluridisciplinaire permet de

mettre en regard des méthodes différentes, de

faire dialoguer les disciplines pour mieux en

maîtriser les enjeux. Un diplôme pluridiscipli-

naire est aussi plus protecteur sur le marché

de l’emploi car il permet de protéger le diplô-

mé durant toute sa vie professionnelle. Il n’est

donc pas question pour l’UNEF d’en laisser la

primeur aux filières sélectives.

Nous restons de plus attachés à l’adossement

de l’ensemble des formations à la recherche.

Cela permet la prise en compte des savoirs ré-

cents et de démocratiser la maîtrise de la dé-

marche scientifique.

Au-delà de la refonte des enseignements dis-

ciplinaires, l’université doit donner à chacun

les outils pour maîtriser leur insertion profes-

sionnelle. Ainsi, nous nous battrons pour inté-

grer à chaque cursus :

• Des modules de connaissance du marché du

travail (droit du travail, rédaction de CV, prépa-

ration à des entretiens d’embauche…).

• Une mise en pratique des connaissances

théoriques, à travers la réalisation de projets,

encadrés par des professionnels et des ensei-

gnants. Les travaux pratiques doivent être gé-

néralisés dans l’ensemble des formations.

Prendre le pouvoir dans les universités

Les étudiants ne sont pas de simples consom-

mateurs passifs du service public d’enseigne-

ment supérieur. Ils doivent pouvoir faire en-

tendre leur voix dans le service public dont ils

sont les usagers et qui détermine en grande

partie leur avenir. Les dernières réformes

de l’enseignement supérieur ont pourtant

amoindri leur poids dans les conseils. Pour

rendre efficaces nos batailles syndicales, le

pouvoir qu’on donne aux représentants étu-

diants est primordial localement comme na-

tionalement.

• Des élus étudiants à tous les échelons de décisions

Aucune décision qui concerne l’université ne

doit être prise sans les 99% d’usagers du ser-

vice public d’enseignement supérieur. Nous

revendiquons que la proportion d’étudiants

dans les conseils décisionnaires soit paritaire

entre étudiants, professeurs et personnels, à

tous les échelons.

Pour respecter les élus étudiants, des préro-

gatives doivent être imposées aux universités :

• Tous les sujets doivent être votés dans les

conseils paritaires, aucun ne doit être écarté

des conseils où sont présents les étudiants.

Nous revendiquons un droit de véto sur tous

les sujets quand l’unanimité des élus étudiants

s’oppose à un projet. 

• Nous exigeons que la gestion de l’université

soit transparente par une information donnée

en amont des conseils et une formation an-

nuelle des élus étudiants.

• Nous revendiquons que les élus étudiants

soient intégrés dans les jurys d’examens

• Redonner toute leur place aux libertés syndicales

Trop d’universités font aujourd’hui le choix

d’étouffer la démocratie étudiante. De l’organi-

sation à minima des élections, à la négation des

libertés syndicales en passant par l’instrumen-

talisation des listes, c’est la voix de tous les étu-

diants qui est bafouée. L’engagement doit être

garanti par des moyens matériels et des droits

comme celui de s’adresser à tous les étudiants.

De plus, la place des élections étudiantes de-

vra être reconsidérée. Les universités doivent

informer suffisamment en amont l’ensemble

des étudiants de ces élections et prendre en

charge le débat qu’elles suscitent (prise de pa-

role, distribution des professions de foi, etc.).

Un réseau des œuvres au plus proche des besoins des étudiants

Le réseau des œuvres permet aux étudiants

d’accéder à bas coût au logement, à la res-

tauration, etc. La conception du statut social

repose sur un réseau des œuvres fort et ac-

cessible pour tous les étudiants. Or les CROUS

subissent depuis des années un désengage-

ment important de l’Etat. Désengagement fi-

nancier d’une part, puisque les dotations des

CROUS n’ont eu de cesse de diminuer dans les

dernières années et désengagement politique

d’autre part, puisque l’Etat a progressivement

retiré au CROUS la gestion de certaines de

ses prérogatives (étudiants étrangers, bourses

de mobilité). Sans un véritable réengagement

financier et politique de l’Etat, le réseau des

CROUS s’oriente donc vers un service public

à minima. Nous défendons à l’inverse le ren-

forcement du service public du CROUS pour

en faire le guichet unique de la vie étudiante.

• Défendre le CROUS comme un modèle social et démocratique

Défendre les CROUS c’est défendre des tarifs

sociaux. Ce principe est garanti par deux pi-

liers : un financement suffisant pour maintenir

des tarifs abordables sur tous les pans de la vie

étudiante et une gestion démocratique im-

pliquant pleinement les étudiants. C’est pour

défendre ce modèle que l’UNEF défend la pré-

éminence du CROUS sur tout autre opérateur

de la vie étudiante qu’il soit public (comme les

universités) ou privé. En particulier aucun fi-

nanceur ne doit avoir le choix de l’opérateur

gestionnaire de la vie étudiante.

23

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 24: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

• Sanctuariser le CNOUS, service public national implanté localement

En ce moment a lieu le débat sur une nouvelle

décentralisation. C’est l’occasion pour l’UNEF

de réaffirmer que si les régions peuvent avoir

une politique en termes de vie étudiante, la

place de l’Etat doit être garantie pour garder

une capacité d’initiative nationale. Le CNOUS

est le garant d’un réseau national cohérent et

intégré, il doit donc être défendu contre toute

tentative de décentralisation.

Enfin, le versement des bourses directement

par les CROUS permettrait de sanctuariser leur

rôle, de garantir un versement des bourses à

date fixe et surtout de leur donner les marges

de manœuvre nécessaires à son développe-

ment, de la rénovation des cités-U à la mise en

place de nouveaux services.

agir à l’université Pour transformer la société

Parce qu’elle a la charge de la formation su-

périeure de toute une génération, l’université

joue un rôle majeur dans toute la société. Mi-

liter à l’université, c’est s’adresser à toute une

génération de citoyens, faire prendre des po-

sitions et mettre en mouvement la société de

demain. Première organisation de jeunesse,

l’UNEF a un devoir de transformer l’institution

en un lieu d’émancipation, capable de peser

sur les déterminismes sociaux et culturels à

l’intérieur et hors de l’université.

Faire accéder une génération au droit commun sur le marché du travail

Depuis les années 80 et le chômage de masse

le discours sur l’emploi des jeunes a peu évo-

lué. Un jeune même mieux qualifié que ses

ainés doit toujours «  faire ses preuves  » ou

accepter n’importe quel emploi pour « mettre

le pied à l’étrier ». Derrière ces arguments se

cache une réalité simple  : le refus du droit

commun pour les jeunes. Pourtant, les en-

treprises ne se privent pas de faire appel aux

jeunes et se déclarent à 90% satisfaites de leur

travail. Le paradoxe repose sur le fait que les

jeunes sont une variable d’ajustement pratique

pour le patronat, permettant de tirer à la baisse

l’ensemble des salaires.

En incitant à l’embauche des jeunes en CDI, le

contrat de génération marque une rupture im-

portante avec l’exclusion des jeunes du droit

commun. Mais dans le même temps, l’empile-

ment de dispositifs ciblés, souvent à minima et

parfois contradictoires les uns avec les autres,

montre à quel point le gouvernement peine à

se sortir des solutions traditionnelles qui do-

minent depuis plus de trente ans.

Nous devons nous mobiliser pour faire que

les timides avancées et les nobles objectifs du

gouvernement vis-à-vis des jeunes marquent

le retour d’un Etat qui assume ses responsabi-

lités vis-à-vis du marché du travail. D’abord en

obtenant de nouvelles règlementations pour

nous protéger sur le marché de l’emploi. La rè-

glementation des stages dans le code du tra-

vail devra permettre de mettre fin aux emplois

déguisés. De plus, nous nous battrons pour

que les dispositifs spécifiques à destination

des jeunes, comme la garantie jeune, ne soient

pas utilisés comme solution d’embauche mais

soient accompagnés de volets formations re-

connus, ouvrant droit à une VAE par exemple.

Au-delà de la règlementation de nos contrats

de travail, nous ferons de la protection de l’in-

sertion professionnelle une priorité d’autant

plus forte qu’elle n’est pas suffisamment portée

actuellement par les centrales syndicales. Ain-

si, nous revendiquons une aide à la recherche

du premier emploi à la sortie des études pour

laisser le temps à chacun de trouver une em-

bauche qui corresponde à ses attentes. Mais la

bataille majeure restera celle pour l’accès des

moins de 25 ans aux mêmes protections que

les autres, des allocations chômages à la prise

en compte des années d’étude et d’insertion

dans le calcul des retraites. Pour gagner l’élar-

gissement du RSA, nous nous appuierons ainsi

sur les avancées de la garantie jeune en faisant

valoir que les moins de 25 ans sont la seule

population à voir ses aides différer selon les

difficultés qu’ils rencontrent.

Les difficultés que connaissent les jeunes sur

le marché du travail sont avant tout liées à

une situation de chômage de masse. La ba-

taille pour l’emploi des jeunes s’inscrit donc

pleinement dans une démarche en conver-

gence avec les syndicats de salariés. Dans ce

contexte, le message envoyé par les Accords

Nationaux Interprofessionnels (ANI) n’est pas

le bon. Par leur peu d’ancienneté dans l’entre-

prise, les jeunes risquent de payer comptant

le prix du chantage à la mobilité et de l’assou-

plissement des licenciements. Nous serons

donc aux côtés des salariés pour défendre la

sécurisation des parcours professionnels, en

rappelant que la croissance ne peut être un

préalable au droit du travail.

Faire de l’Université une école de l’égalité

Rendre l’université utile à la société c’est

d’abord en faire un lieu de lutte contre toutes

les discriminations et d’émancipation.

• Étudiants étrangers : mêmes études, mêmes droits : une carte d’étudiant = un titre de séjour

Alors que nous partageons les mêmes amphis,

les étudiants étrangers n’ont pas les mêmes

droits que les autres. Ils n’ont pas le droit aux

bourses et leur poursuite d’étude ne dépend

pas de critères académiques mais restent à

la discrétion des préfets. A cela s’ajoutent de

nombreux obstacles financiers (frais de dos-

siers, taxes, conditions de ressources…). Avec

l’ouverture de nombreux diplômes «  spéci-

fiques » qui contournent les frais d’inscription

nationaux, ils deviennent les « vaches à lait »

pour des universités ou des écoles peu scru-

puleuses. Cette situation s’est encore dégra-

dée ces dernières années sous l’effet d’une

vision rétrograde de l’immigration qui voit en

chaque étudiant étranger un clandestin en

puissance.

Le retrait de la «  circulaire Guéant  » a mar-

qué une évolution de la considération des

étudiants étrangers. Néanmoins, des actes

concrets sur le quotidien des étudiants étran-

gers se font toujours attendre. La mobilisa-

tion que l’UNEF et les associations d’étudiants

étrangers ont su impulser a permis de faire

progresser nos revendications comme le titre

de séjour pluriannuel dès la licence, désor-

mais défendu par les présidents d’universités.

La dénonciation de la situation a permis de

faire bouger les lignes et la proposition de loi

de la sénatrice D. Gillot ouvre des perspec-

tives de conquêtes de nouveaux droits et de

réforme de Campus France. Nous lancerons

une campagne nationale de revendication et

de pétition en lien avec l’ensemble des asso-

ciations d’étudiants étrangers pour imposer

une mise à l’ordre du jour de la loi et peser

sur les débats parlementaires.

24

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 25: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Pour répondre à la précarité sociale, l’UNEF

revendique l’accès des étudiants étrangers

au système de bourses, la suppression des

taxes sur les titres de séjour et l’abaissement

du plancher de ressources. Enfin, agir pour les

étudiants étrangers c’est aussi être formé pour

pouvoir les aider dans leurs démarches pour

un titre de séjour, une inscription ou une aide

d’urgence ; cela passe par la formation de ré-

férents syndicaux et la tenue de permanences

sur un plus grand nombre de campus.

• Agir pour l’égalité femmes-hommes

L’université est intégrée à la société et à ce

titre participe de la plus vieille domination

au monde, celle d’un sexe sur l’autre. Qu’il

s’agisse de violence, de harcèlement, de pré-

carité, de choix de vie contraints, toutes les

formes de la domination masculine existent à

l’université. Parce qu’elle est une organisation

féministe, l’UNEF mène la bataille au sein des

universités contre cet état de fait.

Il s’agit d’abord de s’attaquer aux vecteurs du

sexisme dans l’université c’est dire à tous ceux

qui au nom de la tradition de l’institution véhi-

cule une vision dégradante des femmes. Cela

est valable pour un grand nombre de corpora-

tions étudiantes, mais aussi une large part du

corps enseignant. L’UNEF sera intransigeante

avec toutes les expressions de sexisme dans

les universités comme elle l’est avec toutes

expressions publiques théorisant des inégali-

tés au sein du genre humain. Conscients que

c’est entre 16 et 30 ans que les femmes sont le

plus victimes de violences et que commencent

les maltraitances conjugales ou la prostitution, 

nous mènerons de plus des campagnes sur le

droit à disposer de son corps, des formations

féministes et des journées de sensibilisation.

Faire évoluer l’université  c’est aussi porter

des revendications syndicales sur l’organisa-

tion de l’institution, alors que la parité dans

les conseils vient d’être introduite dans la loi.

Nous investirons ainsi la question de l’orienta-

tion sexuée des filières qui pousse les femmes

vers les études les moins valorisées sociale-

ment, qui ajoute un problème de qualification

aux discriminations salariales dont elles sont

déjà victimes.

• Le combat pour les droits des LGBT

Alors que le mariage et l’adoption sont en

passe de devenir une réalité pour tous les

couples, il reste beaucoup à faire. Nous vivons

dans une société fondée sur la norme de l’hé-

térosexualité créant un environnement stig-

matisant pour les jeunes LGBT.

Ce mal-être, dont témoigne le fort taux de

suicide chez les jeunes LGBT appelle à des

réponses et des solutions concrètes. Seule

organisation représentative ayant pris posi-

tion pour le mariage et l’adoption pour tous

les couples, l’UNEF a une responsabilité par-

ticulière dans ce combat. Il faut agir au sein

de l’institution universitaire pour qu’elle cesse

de véhiculer une image hétéro-normée de la

société, que ce soit dans son approche des

étudiants ou dans ses programmes. L’organi-

sation des marches des fiertés dans chacune

des grandes villes doit de plus être l’occasion

de mener une campagne syndicale en lien

avec les associations pour l’égalité des droits

et contre les discriminations.

Combattre l’extrême droite dans les universités

La crise économique et les difficultés d’inser-

tion des jeunes dans la société sont un terreau

favorable à la désignation de bouc-émissaires

et au repli sur soi. C’est le pari que font de plus

en plus de mouvements d’extrême droite en

cherchant à s’adresser à eux. Ces mouvements

sont d’autant plus dangereux que des années

de discours xénophobes et intolérants ont li-

béré la parole de l’extrême droite dans la rue,

les médias, comme à l’Assemblée Nationale

avec notamment la présence de députés fron-

tistes.

Face à cette banalisation qui s’installe, invo-

quer l’antiracisme et l’anti-FN ne suffit plus. Il

faut reprendre la bataille à la base en donnant

une résonnance aux débats qui traversent la

société  : droit de vote des étrangers, laïcité,

immigration. Il faut réarmer notre milieu idéo-

logiquement sur ces sujets en débusquant

les propositions de l’extrême droite comme

la préférence nationale et en donnant les ar-

guments pour les combattre. Cela pose pour

nous aussi la question des lieux de nos in-

terventions, les idées d’extrême droite s’épa-

nouissant d’avantage dans les filières courtes,

les écoles d’ingénieur et les études médicales,

où nous sommes peu présents.

Combattre l’extrême droite, c’est aussi refu-

ser de la laisser prendre racine dans les uni-

versités. L’incitation à la haine ou la tenue de

propos racistes est sanctionnée par la loi et

les étudiants victimes de ces propos doivent

compter sur l’UNEF pour les défendre. En-

fin, les Festivals Etudiants Contre le Racisme

doivent prendre une nouvelle dimension et,

sur tout le territoire, être l’occasion d’asso-

cier de nombreuses associations locales pour

agréger un maximum d’étudiants et impulser

une nouvelle dynamique pour le combat an-

tiraciste et la lutte contre les discriminations

sur les campus.

Faire vivre et grandir l’internationalisme étudiant

L’UNEF est un syndicat internationaliste qui si-

tue son action dans un cadre mondial. Notre

internationalisme est universaliste : nous refu-

sons la théorie du choc des civilisations, mais

aussi le relativisme culturel qui voudrait que,

selon le contexte politique ou religieux, notre

appréciation du respect des droits de l’Homme

ou de la démocratie devrait changer.

Le cadre de notre militantisme est celui de

la jeunesse mondiale qui se bat pour une

éducation libre et gratuite. C’est autour de

cette aspiration commune que l’UNEF affirme

son soutien et participe à faire connaitre les

mobilisations de la jeunesse partout dans le

monde. Chaque victoire obtenue par nos ca-

marades d’autres pays est un point d’appui

pour nos combats. C’est autour de cette unité

qu’a été écrite la charte de Montpellier adop-

tée en 2011 par des dizaines d’organisations

et qui proclame que partout où la jeunesse

s’organise autour de ces valeurs, elle est mo-

trice du changement démocratique et social.

Ces valeurs, l’UNEF les porte au sein de l’ESU

dont nous nous efforçons de faire un organe

capable d’agir en lien avec la Confédération

Européenne des Syndicats (CES) et de mener

des campagnes coordonnées à travers l’Eu-

rope. De la même manière, afin de peser sur

les politiques étudiantes, nous demandons

notre intégration au Forum Européen de la

Jeunesse et la création d’un forum jeunesse

permanent à l’OIT. Nous tissons également

des liens avec les organisations syndicales

étudiantes du monde entier, mais aussi les

mouvements de jeunesses en lutte pour la

reconnaissance de leurs droits. Ces liens sont

aussi des appuis syndicaux pour défendre

les conditions d’accueil des étudiants étran-

gers en France. Pour les renforcer davantage,

nous devons utiliser la mobilité des militants

de l’UNEF et organiser des voyages d’étude

notamment dans les pays en pleine ébullition

démocratique, comme au Maghreb ou au

Machrek.

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 26: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

l’unef outil de réengagement collectif au service de la transformation socialeEntre volonté d’engagement, traduite notam-

ment dans la rue lors de la mobilisation des

retraites, et détournement des institutions

traditionnelles, matérialisé par un fort taux

d’abstention aux élections, les jeunes nour-

rissent un rapport complexe à l’engagement

collectif.

Alors que de plus en plus de jeunes se tournent

vers un engagement individuel, la force de

l’UNEF est de se trouver à un carrefour d’en-

gagements, de rassembler des étudiants d’ho-

rizons divers. Cette position nous confère une

responsabilité importante pour valoriser et po-

pulariser l’engagement collectif.

Une démarche syndicale offensive et militante pour la conquête de nouveaux droits

Parce qu’un pas de plus vaut mieux que mille

programmes, chaque victoire est un point

d’appui sur lequel toute l’organisation pourra

se reposer. Quel que soit le contexte, l’UNEF

construit le rapport de force pour aller cher-

cher des prises d’avantages par la négociation.

Cette démarche syndicale entièrement tour-

née vers l’efficacité des luttes nous a permis

de préserver des acquis importants mais aussi

d’arracher des victoires aux gouvernements les

plus durs ; comme le dixième mois de bourse

obtenu sous le mandat de N. Sarkozy.

Parce que nous avons une obligation de ré-

sultat, nous refusons de nous laisser enfermer

entre un soi-disant syndicalisme de lutte et un

syndicalisme dit d’accompagnement. Notre

démarche consiste à créer des brèches et à

s’y engouffrer pour avancer pied à pied sur

tous les terrains. Il n’y a pas une bonne façon

de faire, qu’il suffirait de reproduire à chaque

combat. Au contraire, nous disposons d’un

véritable arsenal de moyens d’action et nous

refusons de nous priver de quel qu’outil que ce

soit, de la pétition à la grève, tant que celui-ci

est efficace pour gagner des droits.

La construction du rapport de force n’est

donc pas un concept abstrait. Elle repose sur

nos capacités à nous adresser et à convaincre

chaque étudiant pour massifier notre mouve-

ment. La Majorité Nationale défend ainsi un

syndicalisme qui allie militantisme au plus près

des étudiants et éducation populaire ; notam-

ment par une large diffusion de formations,

condition d’émancipation personnelle mais

aussi d’efficacité syndicale.

Une union nationale au cœur de la transformation sociale

La clé de notre rapport de force et de notre

efficacité syndicale est une union nationale qui

repose sur des AGE fortes et solidaires, en ca-

pacité de mener au même moment les mêmes

actions tout en répondant aux besoins et aux

difficultés de chaque étudiant.

Quel que soit son lieu d’étude, un étudiant doit

avoir le droit d’être protégé et défendu. Par des

permanences régulières, les militants du syn-

dicat poursuivront leur travail d’aide aux étu-

diants de toutes les filières. Le syndicat ne doit

pas se satisfaire d’une situation où plus de 90 %

de ses adhérents sont concentrés sur 50 %

des lieux d’enseignement. Le recrutement et la

construction de sections syndicales sont donc

un combat de tous les instants, pour permettre

de progressivement s’implanter sur tous les

lieux d’études, en développant des comités

d’action syndicale implantés sur un maximum

de sites délocalisés.

• Agir sur tous les lieux de pouvoir

Les modifications du paysage universitaire ont

un impact sur nos échelons d’intervention.

Avec l’autonomie des universités, la déconcen-

tration des choix politiques, les prises de déci-

sions sont de plus en plus décentralisées. Afin

d’articuler les avancées nationales et de s’assu-

rer de leur application au niveau local, notam-

ment en ce qui concerne la loi d’enseignement

supérieur, et à la veille d’élections locales, les

AGE devront se doter de campagnes adaptées,

développer un travail commun entre elles pour

porter et appliquer localement nos revendica-

tions afin d’agir sur tous les lieux de pouvoir.

• Un syndicat ancré dans le mouvement social

Agir pour les jeunes, c’est défendre tous les sa-

lariés; c’est pourquoi l’UNEF ne limite pas son

action à la défense corporatiste des étudiants

mais l’inscrit dans une dynamique intergéné-

rationnelle.

Le combat aux cotés des confédérations syn-

dicales est donc identitaire à l’UNEF. Si nous

ne laissons personne dicter nos choix, l’action

de l’UNEF n’est pour autant pas déconnectée

des autres organisations. Au contraire l’UNEF

œuvrera pour l’unité du mouvement social, en

participant aux intersyndicales locales comme

nationales, et en mettant en avant l’intérêt des

jeunes.

Un défi, massifier le syndicat et élargir son champ d’intervention

Lutter contre le repli sur soi, et les réflexes

individualistes est un des piliers de notre dé-

marche syndicale. Un étudiant syndiqué est

un étudiant protégé mais surtout convaincu

que c’est collectivement qu’on améliore nos

conditions de vie. Défendre au quotidien les

étudiants, les informer, les aider à obtenir un

FNAU, ou se faire rembourser leurs frais d’ins-

cription, sont autant de preuves de l’efficacité

syndicale et de portes d’entrée dans la lutte

collective. Parce que l’engagement collectif

est le meilleur rempart contre l’individualisme,

un étudiant syndiqué à l’UNEF est un étudiant

qui se mobilisera d’autant plus facilement pour

défendre ses conditions d’études ou gagner de

nouveaux droits.

• L’UNEF comme maison commune de tous les étudiants

Pour amplifier notre travail de rassemblement

au sein de l’UNEF, il est de notre responsabilité

de permettre à tous, quelles que soient leurs

analyses de l’action du syndicat, de trouver

leur place au sein de l’UNEF. C’est pourquoi

nous sommes attachés au droit de tendance

qui permet à chacun de se retrouver autour

d’analyses et de perspectives communes. Le

droit de tendance est une garantie pour l’orga-

nisation de débats apaisés, dans le seul souci

de défendre les intérêts étudiants, et est une

protection contre la cartellisation. C’est l’ex-

pression quotidienne du débat de tendances

qui détermine la qualité et la justesse de nos

décisions.

• L’indépendance, gage d’efficacité et d’unité

Pour garantir son efficacité, nous défendons

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 27: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

un syndicat indépendant des organisations

politiques et syndicales, ainsi que des admi-

nistrations. Notre seule et unique boussole est

l’intérêt des étudiants. Les décisions de l’UNEF

se prennent entre étudiants adhérents du syn-

dicat. Toute action collective s’inscrivant de

plus sur le terrain politique, l’UNEF n’est pour

autant pas déconnectée des contextes écono-

miques, universitaires et politiques quand elle

élabore ses priorités d’intervention syndicale

L’UNEF, moteur de la vie étudiante sur les

campus

L’UNEF s’est dotée d’un nouvel outil avec So-

lidarité étudiante (S.E), première coopérative

nationale étudiante. Gérée par et pour les

étudiants, S.E. est basée sur les principes de

l’économie sociale et solidaire et contribue à

développer la solidarité entre les étudiants sur

les campus pour pallier les manques du ser-

vice public.

L’UNEF a dès lors un rôle déterminant à jouer

dans la promotion d’une vie associative indé-

pendante plus solidaire et plus dynamique sur

nos campus. Il est primordial de promouvoir

une vie associative indépendante des admi-

nistrations dans nos établissements. Pour cela,

il est important de dissocier les organisations

siégeant ainsi dans les conseils de l’Université

et celles qui ont vocation à animer les campus.

En renforçant notre lien avec le milieu asso-

ciatif, la promotion de la vie associative doit

devenir un élément incontournable de son in-

tervention syndicale.

L’UNEF au cœur du réengagement de la

jeunesse

L’UNEF porte en elle la responsabilité de s’ex-

primer sur chacun des sujets en lien direct à

la jeunesse. Consciente que la société ne peut

évoluer sans sa jeunesse, notre organisation

poursuivra son engagement au sein de col-

lectifs élargis portant la voix de la jeunesse. Le

travail avec d’autres organisations et l’inter-

vention de l’UNEF au sein du Forum Français

de la jeunesse doit permettre, par exemple,

d’exiger un véritable débat public sur la place

et la confiance accordées aux jeunes dans les

institutions politiques.

les signatairesZEMMOUR Emmanuel, Président, Paris 10DJEBARA Azwaw, Vice-Président, Paris 1MANDELBAUM Julie, Secrétaire Générale, représentante au CNESER, Paris 1CHAILLOU Sébastien, Trésorier, Paris 1BORDENAVE Vincent, Délégué Général, Paris 1ABOMEy Tony, Elu CROUS Antilles-GuyanneALBAGNAC Guilhem, Secrétaire général d’AGE, Paris 8ALLARD Audrey, Vice Présidente d’AGE, Paris 7AMICO Bourgeois Lorédana, Trésorière d’AGE, ReimsASSAL Awatef,Secrétaire Générale d’AGE, GrenobleBACHER Katia, Présidente d’AGE, GrenobleBAKECH Lara, Paris 3BALLAIRE Julien, Bureau National de la LMDE, IEPBANCOURT Guillaume, Secrétaire général d’AGE, Paris 13BASARAN Sibel, Présidente d’AGE, StrasbourgBELAID Sana,Secrétaire Génétale d’AGE, Paris 1, VPEBEN AMOR Selim, Trésorier d’AGE, Paris 10BENCHAïB Karim, Président d’AGE, Paris 11BERNARD Jordan, Président d’AGE, BrestBEUSCHER Mathilde, Trésorière d’AGE, Lyon, VPE CA Lyon 3BIARD Tina, Bureau National de la LMDE, Paris 13BILOT Cassandre, Présidente d’AGE, LilleBOIx Justine, Trésorière d’AGE, Toulouse, VPE Toulouse 2BOIx Romain, Bureau National, ToulouseBONNARDEL Théo, Président d’AGE, ToulonBONTEMPS Martin, Bureau National, StrasbourgBOUDIN Florent, Trésorier d’AGE, RouenBOUISSONIèRE Arnaud, Trésorier d’AGE, Paris 7BOULAIRE Marie, Secrétaire Générale d’AGE, NantesBREUILLARD Mélanie, Secrétaire Générale d’AGE, Strasbourg VPE CROUSBRONNER Nils, Trésorier d’AGE, StrasbourgBUCKLE Jennifer, Bureau National de la LMDE, Paris 1BURGAT yannis, Commission de contrôle, LyonCAMBON Charlie,Toulouse, VPE CROUSCAMPA Magali, Présidente d’AGE, Paris 13CARDINEAU Boris, Paris 2CARVALHO Sandra, Bureau National, Représentante au CNESER, BordeauxCASADOT Vincent, Président d’AGE, Paris 6CHARLES Steeve, Vice Président d’AGE, ToulouseCHARRIER Claire, Présidente d’AGE, Lyon, VPE CA Lyon 2CHARTON Juliane, Bureau National, Paris 1CHAURIN Céleste, Secrétaire Générale d’AGE, Paris 4CHEMALI Céline, Secrétaire générale d’AGE,EvryCHéRON Jocelyn,Vice Président d’AGE, RouenCOLLET Pauline, PoitiersCOLOMBAT SULTAN Judith,Paris 2COMAK Diyar, Vice Président d’AGE, Paris 12CORPET Marthe,Bureau National, Paris 2, Représentante au CNESERCOUSIN Louis, Secrétaire Général de Solidarité Etudiante, Paris 1COUVERT Thomas, Président d’AGE, Rennes , VPE Rennes 2CREPUT Ronan, Secrétaire Général d’AGE, LyonCUMENDUR Déniz, Trésorier d’AGE, Paris 13CUNIN Clément, Trésorier d’AGE, BordeauxDATTNER Clément, Bureau National, Paris 8DECLERCQ Thomas, Président d’AGE, MontpellierDEFFIT Anne-Laure, Paris 5DELAIR Laure, Commission de contôle, Paris 10DENFERT Elsa, Clermont-FerrandDENIS Claire, Secrétaire Générala d’AGE, ReimsDEwATINE Lucile, Présidente d’AGE, OrléansDIA Milèna, Trésorière d’AGE, Paris 8DIARRA Abdoulaye, Président d’AGE, Paris 2DIBLING Clément, Président d’AGE, Metz, VPE CROUSDOBBELS David, Bureau National de la LMDE, Paris 10DUCHêNE Marie, Trésoière d’AGE,Paris 1DURET Sylvain, Trésorier d’AGE, NantesDURIF Olivier, Président d’AGE, NiceEL MOKRANI TOMASSONE Julie, Présidente d’AGE, Aix-MarseilleESCHERICH Amandine,Bureau National, RennesESTEVE Fabien, Président d’AGE, ValenciennesETCHEVERRIA Arnaud, Secrétaire Général d’AGE, MontpellierEyRIEy Elno, Secrétaire d’AGE, La RéunionFALL yoro, Bureau National, Paris 12FAURE Albin, Bureau National de la LMDE, Paris 1FAVARO Vanessa, Président de la LMDE, Paris 13FEIERABAND Sacha, Bureau National, Paris 13FEURTEy Ronan,Trésorier d’AGE, BesançonFOREST Pauline, Secrétaire Générale d’AGE, Versailles Saint QuentinFORTASSIN Claire, Bureau National de la LMDE, Paris 4FRANçOIS Benjamin, Président d’AGE, ReimsFRAQUET Anne, Bureau National, Paris 10GALIAy François, Bureau National de la LMDE, Paris 1GALLOIS Naomi, Secrétaire générale d’AGE, Metz

GARRIDO Sarah, Présidente d’AGE, Paris 8GAUBERT Elise, Secrétaire Générale d’AGE, BordeauxGAVARD Alexandre, Bureau National, Paris 7GHARBI MOHAMED Amine, Président d’AGE, Marne la ValléeGIL Lina, Présidente d’AGE, Paris 3GIRAUDET Brice, Président d’AGE,NantesGNIENGUE Habib, Bureau National, Paris 8GUERAUD PINET Benjamin, Bureau National de SE, Paris 2GUINET Cyril, Président d’AGE, La RochelleHARIBO Guillaume, La Réunion, VPE HIRON Hugues, Président d’AGE,Versailles Saint QuentinHUBERT Lolita, Paris 3JACQUELINE Maxime, Président d’AGE,ENSJAGU DAVID Pauline, Bureau National, Paris 10JAOUEL Inès, Secrétaire Générale d’AGE,NiceJOURDAIN Lucas, Vice Président de la LMDE, Paris 8JOUSSERAND Maxime, ChambéryJUSTE Louis, Secrétaire Général d’AGE, Aix-MarseilleKIRANE Salah, Vice Président d’AGE, Paris 8LABRUyèRE Paul, Président d’age, ArtoisLANDAU Mathieu, Bureau National, LyonLAPORTE Leila,Secrétaire Générale d’AGE, ToulouseLAURENT Manon, Vice Présidente d’AGE, BordeauxLE BERDER Agathe, Vice Présidente d’AGE, IEPLE BRECH Fanny, Secrétaire Générale d’AGE, RennesLE GUEN Emma, Montpellier, VPE Montpellier 3LE GUILLy Ambre, Bureau National, Lorient VannesLEBAS Lilà, Secrétaire Générale d’AGE, LilleLEBLANC Thibault, Vice Président d’AGE, Versailles Saint QuentinLECARRIé Odessa, Secrétaire Générale d’AGE, BrestLEJEUNE Etienne, LimogesLESTER Thomas, Trésorier d’AGE, PerpignanMAHMOUDI Ahmed,LittoralMAILLARD Benjamin, Président d’AGE, BesançonMAILLOT Stéphane, Président d’AGE, La Réunion, VPE CROUSMARTIN Emilien, Président d’AGE, Paris 1MARTINET william, Bureau National, Paris 10, Représentant au CNESERMéRIGOT Nicolas, Président de SE, CNAMMERLET Guillaume, Trésorier d’AGE, CergyMéRy Pierre, Bureau National, Paris 1MEZA Camille,Secrétaire Générale d’AGE, Paris 12MILLION Julien, Bureau National, Paris 13, Elu CNOUSMOHDEB Said, Président de l’UEAF, Paris 8MOUSSAOUER Abderahim, UEAF, Paris 13MOUSSARD Emilien, Secrétaire Général d’AGE, BesançonNEUHAUSER Jean-Christophe, Président d’AGE, MulhouseNEwMAN Clément,Président d’AGE, Cergy, VPENOë Matthieu, Secrétaire Général d’AGE, Paris 10NUTTIN Kévin,Président d’AGE, Paris 4OURVOIS Solène,RennesMéRIGOT Nicolas, Président de SE, CNAM, CC de l’UNEFPALMIER Nathalie, Vice Présidente d’AGE, StrasbourgPARTOUCHE Pauline,Présidente d’AGE,Lorient VannesPéRéON Cécile, Le Havre, élu CROUSPERL Laurent, Président d’AGE, Paris 10, VPE CROUSPETIT Hugo, Vice Président d’AGE, LyonPFEIFFER Stéphane, Délégué au BN, Paris 10PINAUD yoan, Commision de contrôle, Paris 8POPRAVKA Lenka, Trésorière d’AGE, Montpellier, VPE CROUSPOUNT BISET Antoine, Président d’AGE, ToulouseRAFFINI Mathieu, Secrétaire Général d’AGE, Aix MarseilleRAUFASTE Pauline, Présidente d’AGE, BordeauxRéMy LELEU Raphaëlle, Secrétaire Générale d’AGE, IEPRIBEAUD Lisa, Présidente d’AGE, CaenROBIN Nicolas, Président d’AGE, IEPSANTIAGO Daniel, Trésorier d’AGE, Paris 4SHAHRyARI Sayna, Bureau National, Paris 7SI SERIR Tahar, Vice Président d’AGE, Paris 6SIROT Matthieu, Président d’AGE, EvrySTOECKEL Karl, Secrétaire Général de la LMDE, Paris 12SOULIER Benoit, président de la commission de contrôle, Lyon 2SUR Matthieu, Président d’AGE, ToursTHyRARD Antonin, Trésorier d’AGE, IEPTICHANI Maêl, Trésorier d’AGE, LilleTOURé Mamadou, Président d’AGE, NîmesTOUZET Hugo, Paris 4, VPETREDEZ Antoine, Président d’AGE, RouenTRUTTMANN Grégoire,Bureau National, Paris 1VALLE-ROBERT Lucienne, Présidente d’AGE, Saint EtienneVASSELIN Mélanie, Présidente d’AGE, Paris 12VIEIRA Gauthier,Trésorier d’AGE,BrestVOISIN Léo, Vice Président d’AGE, VPE CROUSyEHyA Rim, Secrétaire Générale d’AGE, CaenZAROUKIAN Anouch, Trésorière de la LMDE, Paris 8ZEGHBIB yannis,Bureau National, LilleZIKEL Hervé, Président d’AGE, Avignon

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 28: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Après plus de dix ans de droite au pouvoir, ce

congrès revêt une importance particulière. De-

puis la victoire de la gauche lors des dernières

élections, la crise économique et sociale reste

profonde et notre société est soumise à de

nombreux défis : encourager la croissance par

la recherche et l’innovation, exiger la justice so-

ciale et fiscale, construire une Europe politique

et sociale, reconstruire le pacte républicain. Une

feuille de route ambitieuse qui est au cœur de

notre engagement dans le mouvement social.

Étudiants, militants progressistes engagés

à l’UNEF, nous avons la responsabilité de

construire une grille de lecture pour faire face

aux complexités du monde. Notre société est

en mutation, et depuis notre dernier congrès

national d’avril 2011, les équilibres mondiaux

et nationaux se sont profondément modifiés,

laissant émerger une société en manque de re-

pères politiques. Dans ce contexte, comprendre

les rapports de force qui régissent notre vie en

société est un impératif démocratique. Impé-

ratif pour se donner les moyens d’élaborer des

réponses syndicales à la hauteur de la situation

d’urgence sociale. Impératif pour analyser notre

capacité de mobilisation et identifier nos inter-

locuteurs et nos adversaires. Impératif, enfin,

car les nouvelles modalités de l’action publique

bouleversent nos modes de revendications et

notre efficacité syndicale.

Nous en sommes convaincus, nous vivons

l’épuisement d’un modèle politique : le clivage

gauche/droite est dangereusement remis en

cause par les partis obscurantistes et populistes,

la mondialisation économique et culturelle s’est

imposée sans globalisation des instruments

et des acteurs politiques et sociaux, la crise de

confiance envers les institutions s’est accentuée

par l’instabilité sociale et la peur du chômage.

L’Union Européenne est aujourd’hui à la croisée

des chemins, tout comme le choix à effectuer

entre croissance et austérité.

Sur la scène internationale, les printemps arabes

ont redessiné les rapports de force au Sud de la

Méditerranée, mais l’instabilité reste plus que ja-

mais présente dans ces démocraties naissantes,

menacées par les extrémismes politiques ou re-

ligieux. Le récent assassinat de l’un des leaders

tunisiens de l’opposition Chokri Belaïd, la perpé-

tuation des massacres en Syrie ou les nombreux

affrontements politiques égyptiens démontrent

de la fragilité de la situation.

Sur l’échiquier politique, en conséquence de la

crise européenne, économique et démocra-

tique, les replis identitaires et nationalistes ne

sont plus seulement l’apanage des formations

les plus extrêmes. Ils nourrissent à présent des

formations plus « traditionnelles », comme en

Hongrie avec le parti de Viktor Orban ancienne-

ment considéré comme le parti de la démocra-

tie, aux Etats-Unis avec le Tea party, ou en France

avec le courant de l’UMP « la droite forte ».

Face à ces mutations et devant cette interdé-

pendance mondiale des crises, notre respon-

sabilité est immense. Le rapport de force entre

progressistes et conservateurs peut basculer à

tout moment et tout reste à conquérir.

Nous devons affronter ces bouleversements du

monde. Il faut les appréhender, non comme un

risque, une peur de l’inconnu, mais comme la

possibilité de renverser l’ordre établi.

Renverser l’ordre établi et permettre l’émanci-

pation individuelle par l’action collective, c’est

l’essence de notre syndicat : briser cette so-

ciété des héritiers, restaurer l’égalité réelle des

chances pour qu’enfin l’université républicaine

reprenne tout son sens.

Sur la scène nationale, l’arrivée au pouvoir de

François Hollande a permis l’essor de la démo-

cratie sociale. Son gouvernement a reconnu le

rôle des partenaires sociaux professionnels et

étudiants et a renforcé notre responsabilité vis à

vis de la transformation sociale.

Militants, nous avons fait le choix de l’UNEF.

Nous avons fait ce choix car nous ne suppor-

tons plus que 100.000 étudiants indépendants

fiscaux soient délaissés par les pouvoirs publics,

que 73% des étudiants soient exclus du système

d’aides sociales, que la part d’étudiants issus des

milieux modestes ait diminué de 9 points depuis

2006. Nous ne supportons plus de voir s’accen-

tuer le chômage des jeunes et se développer

les contrats précaires. Nous avons fait ce choix

car nous portons l’exigence d’une société de

la connaissance, tournée vers l’innovation, et

offrant des formations de qualité permettant

l’émancipation individuelle et collective, et une

insertion professionnelle durable.

Nous avons fait ce choix car, nous en sommes

persuadés, seule l’organisation collective per-

met de peser dans le débat public : revendiquer

l’égalité des territoires universitaires, porter les

valeurs du progrès social, et améliorer le sort

d’une génération. Alors que notre milieu se bi-

polarise entre l’UNEF et les forces corporatistes,

nous considérons qu’il est urgent de renforcer

l’outil syndical, seul à même de défendre correc-

tement les étudiants.

L’UNEF, victorieuse lors des dernières élections

étudiantes, doit prendre toute sa place dans la

transformation sociale et obtenir des victoires

immédiates pour les droits des étudiants.

Nous faisons aujourd’hui le choix de la Ten-

dance Refondation Syndicale.

Cette prochaine mandature syndicale sera dé-

terminante. Elle voit s’installer la gauche au

pouvoir après dix ans de droite dure. Elle sera

celle des grands défis syndicaux. D’abord, le

défi d’une nouvelle loi cadre pour les Universités

renforçant l’égalité sociale, territoriale et univer-

sitaire. Le défi d’une réforme totale du système

d’aides sociales basée sur de nouveaux critères

justes et objectifs. Le défi d’affirmer le rôle cen-

tral de l’Université pour l’insertion profession-

nelle, meilleur moyen d’accéder à l’autonomie.

Cette mandature sera également celle de ren-

dez-vous électoraux, avec les élections muni-

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « REFONDATION SYNDICALE »

« Réformer pour rassembler : Un syndicat pour l’égalité réelle et la réussite de tous »

28

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 29: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

cipales et européennes, et devant lesquelles les

étudiants devront faire entendre leur voix !

Rejoignez-nous, pour construire ensemble ces

nouvelles perspectives syndicales et dresser en-

fin une orientation réformiste et radicale pour

notre syndicat.

réPondre à la Précarité des étudiants : notre Priorité syndicale

De l’analyse de notre milieu à l’élaboration de revendications

• Jeunes, étudiants, de qui parle-t-on, à qui s’adresse-t-on ?

La jeunesse comme période transitoire est un

« fait social instable »1, elle ne saurait s’analyser

uniquement comme un temps de la vie antérieur

au premier emploi stable et ne s’apparente au-

cunement à une réalité sociale unique.

Déjà en 19842, Pierre Bourdieu disait «  la jeu-

nesse n’est qu’un mot ». Pas parce que la jeu-

nesse n’existe pas, mais qu’elle n’existe pas « en

soi  », qu’elle est davantage définie par un jeu

d’opposition vis-à-vis des autres classes d’âges.

Pour la majorité des jeunes interrogés en France,

au Royaume-Uni, en Irlande et dans la majorité

des pays de l’Est, c’est l’accès au premier emploi

à temps plein qui constitue le passage à l’âge

adulte3.

Tous les jeunes ne sont pas étudiants. Les

étudiants représentent 29% de la population

« jeunes ». Parmi eux, 11% ont acquis l’autono-

mie résidentielle et 18% ne l’ont pas acquis. Mais

surtout, 15% des jeunes sont des laissés-pour-

compte, sans emploi ou non-inscrits en forma-

tion universitaire ou professionnelle.

A l’inverse, tous les étudiants ne sont pas jeunes.

L’âge moyen des étudiants inscrits en thèse est

de 30,5 ans, allant jusqu’à 34 ans pour l’âge

moyen des étudiants inscrits en thèse de lettres-

SHS (OVE, 2010). La formation tout au long de la

1 GAUTHIER Madeleine, « L’âge des jeunes : un fait social instable », Lien social et politiques, n° 43, 2000 2 BOURDIEU Pierre, Questions de sociologie, éditions de Minuit, 1984 3 European Social Survey, enquête globale depuis 2002 réalisée tous les 2 ans

vie, encore insuffisamment développée, conduit

des adultes à retourner à l’Université, à valider

des acquis de l’expérience, à bénéficier de for-

mations universitaires courtes comme les Di-

plômes Universitaires (DU).

Ainsi, pas plus qu’elle ne constitue un tout social

unifiant, la jeunesse ne constitue pas un risque

social. Les situations individuelles dépendent

avant tout de la situation économique, sociale et

culturelle liée aux origines familiales des jeunes :

le « risque » est pour le jeune d’Argenteuil par

rapport à celui qui est né à Neuilly, pour le jeune

des zones rurales de Corrèze par rapport au

jeune né dans le centre-ville de Nice.

La question essentielle pour l’UNEF est donc de

savoir qui sont les publics qu’elle est chargée de

défendre. Pour la Tendance Refondation Syn-

dicale, l’UNEF reste l’Union Nationale Des Etu-

diants de France, quel que soit leur âge, quel

que soit leur milieu. Notre syndicat doit défendre

les étudiants, sans s’ériger en porte-parole de la

jeunesse, jeunesse dont nous contestons l’exis-

tence comme groupe ou classe sociale, tant elle

est éclatée : étudiants, salariés en emploi stable,

ou en emploi précaire, jeunesse dorée et jeu-

nesse qui trime, jeunes couples mariés avec en-

fants, et jeunes « Tanguy », ce sont « des jeunes »

et non une « jeunesse » que l’on observe.

• A public divers, des réponses individualisées

L’enjeu n’est pas de diviser les jeunes, de les op-

poser de manière stérile afin de faire échouer

une politique de LA jeunesse. Bien au contraire,

il est d’identifier les problématiques spécifiques

se posant aux étudiants, mais aussi à ceux qui ne

le sont pas et qui ont vocation à rejoindre l’en-

seignement supérieur.

Les situations de précarité sont surreprésentées

chez les jeunes : 25% des jeunes sont chômeurs,

et dans 80% des cas, le premier emploi est un

emploi précaire. Le salariat étudiant est deve-

nu massif, avec des conséquences dramatiques

pour ceux qui n’ont guère d’autre choix que de

sacrifier leur temps d’études aux jobs alimen-

taires.

Cette réalité économique et sociale, aggravée

par la crise qui sévit en Europe depuis 2008,

ne doit pas masquer les grandes inégalités qui

s’accroissent entre les jeunes, entre ceux qui ne

bénéficient pas de ressources économiques, so-

ciales et culturelles et ceux qui l’ont dès la nais-

sance.

Elle doit nous pousser à faire de la justice so-

ciale la pierre angulaire des politiques publiques

en direction des étudiants.

L’allocation d’études et de formation, clé de l’égalité des possibles entre tous les étudiants

• En finir avec l’injustice du système d’aides sociales actuel

Aujourd’hui, le système est à bout de souffle :

c’est un système d’aide sociale injuste car

seulement 20% des étudiants bénéficient des

bourses mensuelles sur critères sociaux (repré-

sentant 1,6 milliards d’euros), alors que l’état re-

verse aux ménages un crédit d’impôt qui avan-

tage les plus aisés via le mécanisme de la demi

part fiscale (1,2 milliards d’euros d’exonérations

fiscales chaque année).

Un système d’aide sociale insuffisant quand le

montant des bourses est plafonné à 468 euros

pour l’échelon le plus élevé. Pour ces étudiants,

même en bénéficiant d’aides au logement, ce

budget reste inférieur au seuil de pauvreté (964

euros selon l’Observatoire des Inégalités), ils

doivent dans ce cas compter sur leur famille

lorsqu’elles le peuvent.

Un système d’aide sociale illisible car morcelé

entre plusieurs dispositifs, gérés par une plura-

lité d’organismes. Le souci d’efficience de l’ac-

tion publique nécessite de mettre fin à ce mille-

feuille des aides sociales (Crous, CAF, aides à la

mobilité, aides des collectivités). La fusion des

aides préexistantes en une aide unique, gérée

par un guichet unique (les CROUS et le CNOUS),

satisfait à la fois les objectifs de justice sociale,

de démocratie, et une meilleure gestion des de-

niers publics.

• Une pluralité de critères garante de la justice sociale et territoriale

La création de l’allocation d’études et de for-

mation basée sur des critères plus justes doit

correspondre aux nouvelles réalités étudiantes.

Ces modalités d’attribution doivent répondre aux

nouvelles situations étudiantes : le salariat étu-

diant a explosé, il doit être réduit ; les transferts

familiaux doivent être déclarés et pris en compte ;

la décohabitation familiale doit être accompa-

gnée pour que l’autonomie soit favorisée.

L’allocation d’étude et de formation devra per-

mettre à tous d’accéder à l’université, notam-

29

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 30: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

ment en formation initiale, mais elle devra

aussi être un soutien à la reprise d’études

après une expérience professionnelle. En cela,

l’allocation d’étude est une clé contre le chô-

mage car elle vise à construire une société du

savoir et de la formation tout au long de la vie.

Basée sur le statut d’étudiant et non sur le cri-

tère de l’âge, cette nouvelle allocation rompt

avec le système antérieur orienté uniquement

en faveur de la formation initiale.

Parce que les inégalités entre étudiants

(qu’elles soient économiques, culturelles et

sociales) trouvent avant tout leur source dans

l’origine familiale, l’allocation d’étude devra

prendre en compte la situation des parents,

qui est actuellement le seul indicateur per-

mettant de prendre en compte les transferts

familiaux.

Parce que le coût de la vie n’est pas équivalent

d’un endroit à l’autre du territoire, l’allocation

d’étude devra être calculée en fonction de la

situation géographique de l’étudiant.

• Face à la diversité du salariat étudiant : Agir contre le salariat étudiant subi

Le salariat étudiant reste la dernière solution

envisageable quand aucun soutien familial

n’est possible et lorsque l’aide de l’état ne suffit

pas pour vivre. Il est vecteur d’échec au-delà

de 16 heures hebdomadaires4 cumulées avec

un cursus universitaire.

Le salariat étudiant est une réalité complexe :

nous considérons que la décision de travailler

en cours d’études supérieures n’est pas exclu-

sivement régie par la contrainte matérielle. En

effet, à côté du travail trivialement subi se des-

sine une dimension de travail choisi, source

d’argent de poche. Un travail étudiant peut

également contribuer à la constitution d’un CV

à la sortie de l’université ou de l’école et être

complémentaire des études, c’est par exemple

le cas des étudiants salariés dans les biblio-

thèques.

Partant de ces principes, nous considérons

qu’il faut distinguer dans l’aide sociale, le tra-

vail étudiant choisi du «  surtravail  » vecteur

d’échec. Pour cela nous proposons qu’en des-

sous de 16h hebdomadaires de travail, l’étu-

diant touche 100% de son aide sociale et qu’à

partir de 16h de travail par semaine, une di-

minution progressive de l’aide soit effectuée.4 OVE, Enquête 2010

Logement, santé : donner aux étudiants les moyens de leur autonomie et de leur réussite.

• L’accès au logement, condition indispensable de la réussite étudiante

L’accès au logement autonome est le premier

critère matériel de l’entrée dans l’âge adulte5.

Donner aux étudiants les moyens de se loger

dans la dignité, c’est leur donner les moyens

de réussir dans d’égales conditions. Face à un

tel constat, la mise en place d’une allocation

d’études prenant en compte la situation géo-

graphique, doit servir de véritable clé de voute

pour une politique publique en faveur du loge-

ment étudiant.

De même, la garantie universelle et solidaire

des risques locatifs qui entrera en vigueur en

2014 doit empêcher le rejet des dossiers par

les propriétaires, et l’UNEF sera vigilante à ce

que ce dispositif soit effectif.

S’agissant de la rénovation et de la construc-

tion de cités universitaires, celles-ci doivent

s’opérer dans un cadre écologiquement plus

responsable. Un effort particulier à l’endroit

de la région parisienne doit être engagé.

Aujourd’hui, seuls 7% des étudiants ont une

place CROUS (160  000), et moins de 5% en

région parisienne. Il convient d’agir immédia-

tement pour doubler le nombre de logements

étudiants dans les 10 prochaines années. A

minima, 340 000 logements étudiants doivent

être construits d’ici la fin de la décennie pour

doubler le nombre de places en 2020, dont la

moitié en logements CROUS.

Nombre des structures vieillissantes à desti-

nation des étudiants ont été édifiées en dépit

de toutes considérations environnementales,

de qualité de vie et de confort. A ce titre, il faut

généraliser la construction d’habitation sous

format BBC (Bâtiment Basse Consommation),

et certification HQE (Haute Qualité Environne-

mentale), en proposant des équipements de

qualité.

L’UNEF doit obtenir la généralisation de l’exo-

nération de la taxe d’habitation qui existe

actuellement dans certaines municipalités et

l’encadrement des loyers à la relocation doit

2 VAN DE VELDE, Cecile, « Jeunesses d’Europe. Trajec-toires comparées », 2008

être renforcé comme c’est déjà le cas pour les

petites surfaces.

De plus, un quota réservé aux étudiants doit

être instauré dans les logements sociaux des

parcs HLM. Les critères d’attribution et l’amé-

nagement des surfaces doivent être adaptés

pour que davantage d’étudiants bénéficient de

tels logements.

La TRS soutient également les dispositifs ré-

gionaux (construction, réhabilitation) permet-

tant à court et long terme de répondre à la

crise du logement étudiant.

• La santé pour tous : un droit social inaliénable

La troisième enquête nationale sur la santé

des étudiants menée par la LMDE dresse un

constat sans appel : la santé des étudiants se

dégrade chaque année. Ainsi, 34% des étu-

diants déclarent avoir renoncé à une consul-

tation médicale dans l’année, et 20% avoir re-

noncé à un traitement.

La protection sociale n’est pas le privilège de

quelques-uns, elle est un droit affirmé par le

Préambule de la Constitution de 1946. A cet

égard, nous revendiquons : l’extension du

chèque santé à toutes les régions ou la créa-

tion d’un véritable chèque santé national, un

plan de lutte contre l’exclusion et le renonce-

ment aux soins, une interdiction des dépasse-

ments d’honoraires, la généralisation du tiers

payant pour les étudiants.

Il faudra également transformer les médecines

préventives universitaires en centres de santé,

avec la présence de médecins généralistes ou

spécialistes (en priorité optique, dentaire, psy-

chologues et gynécologue).

La situation actuelle du régime étudiant de

sécurité sociale, organisé en duopole, pousse

à une concurrence coûteuse et inutile, qui re-

présente un frein à la pérennité de ce régime.

Le refus d’investissement des pouvoirs publics

aggrave la situation (52 euros de remise de

gestion par étudiant, contre un coût moyen de

73 euros par individu pour les CPAM). Seul un

retour au monopole associé à un engagement

de l’État permettra d’assurer la pérennité de

ce modèle.

30

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 31: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

réformer l’enseignement suPérieur : démocratie, innovation, réussite

Investir dans le savoir : préparer la France de demain

• Un Etat-stratège pour l’Enseignement supérieur et la recherche

Anticiper les besoins de demain, agir pour la

croissance par l’innovation  : voilà le rôle d’un

Etat stratège. En ce sens, l’investissement en

faveur des universités participe activement de

ces objectifs de long terme.

Nous, étudiants, militants progressistes, rap-

pelons notre attachement à un financement

national de l’Enseignement supérieur, à un sta-

tut national des personnels des Universités et

à un cadrage national des diplômes. L’Etat doit

garantir la cohésion de l’offre de formation sur

l’ensemble du territoire, en assurant l’équilibre

entre les différentes disciplines à forts ou faibles

effectifs, et permettre une programmation na-

tionale des grandes priorités de la recherche.

Il doit être capable d’anticiper les transfor-

mations de notre société et de proposer des

adaptations pertinentes du monde de l’Ensei-

gnement supérieur et de la recherche aux évo-

lutions économiques, sociales et sociétales.

Cela passe notamment par l’affirmation du

rôle de l’Enseignement Supérieur et de la Re-

cherche pour la compétitivité et l’attractivité

de notre territoire, et par un pilotage claire-

ment défini du ministère vis-à-vis des Universi-

tés, écoles, et organismes de recherches.

• Un préalable : donner les moyens à l’autonomie des Universités

La logique ultralibérale initiée par la LRU instau-

rée en 2008 a ouvert la voie à des dispositifs

favorisant le modèle de « l›excellence par la

compétition », avec en premier lieu les « Idex »,

conduisant à la course aux financements sur

projets, aux dérives autocratiques, à la mau-

vaise gestion des présidents, à l’explosion des

inégalités entre diplômes, filières et Universités

et au sous financement de filières jugées non

rentables. Or, ainsi que le souligne Jean-yves

Le Déault, il nous faut aujourd’hui dépasser ce

modèle pour construire celui de la « perfor-

mance par la coopération »6.

Le principe d’autonomie des établissements

doit aujourd’hui s’accompagner de garde-fous :

la collégialité et la démocratie dans toutes les

décisions et à tous les niveaux, des finance-

ments nationaux équitables entre les filières et

les Universités, un investissement général dans

l’Enseignement Supérieur par un plan plurian-

nuel d’un milliard d’euros supplémentaire par

an, la gestion de la masse salariale par l’état et

une sincérité budgétaire contrôlée pour éviter

les dérives gestionnaires.

• La recherche comme vecteur de compétitivité et d’attractivité du territoire

En France, la recherche scientifique, publique

et privée, ne représente que 2,11% du PIB soit

42,7 milliards d’euros (2009), contre 2,8% en Al-

lemagne, ou encore 3,5 à 4% aux USA ou dans

les pays nordiques. Notre modèle économique

s’essouffle en raison de la faiblesse de son in-

novation et de son fort taux de chômage.

De nouveaux dispositifs doivent être inventés,

notamment via un retour à un financement de

la recherche publique sur dotations des orga-

nismes publics éventuellement complété par

des appels à projets, afin de garantir une stabi-

lité dans le travail des chercheurs et supprimer

le caractère automatique de mise en concur-

rence, source d’instabilité et de précarité dans

le travail.

De plus, la diminution du Crédit Impôt Re-

cherche, et son recentrage vers des pôles de

recherche formés par des TPE et PME, serait

une avancée.

Pour développer la recherche française, il est

nécessaire de favoriser un environnement de

travail propice à l’innovation et à la reconnais-

sance des qualifications. L’amélioration des

conditions d’accueil des jeunes chercheurs

étrangers contribue à cet objectif. Si la suppres-

sion de la circulaire Guéant a été un premier

pas nécessaire, une nouvelle loi permettant

aux jeunes chercheurs d’effectuer leur thèse de

doctorat sur le territoire français et de s’installer

dignement est aujourd’hui urgente.

6 LE DEAULT Jean-yves, Rapport « Refonder l’Universi-té, dynamiser la recherche », 14 janvier 2013

Agir à tous les échelons de la décision : de la démocratie étudiante partout

• L’état, acteur régulateur de l’enseignement supérieur

En tant que syndicalistes, nous avons toujours

œuvré à la préservation de frais d’inscription

accessibles à tous, homogènes sur l’ensemble

du territoire, et dont la fixation est une des

compétences primordiales de l’état. En France,

les frais d’inscription sont fixés, en 2013, à 181

euros en licence et 250 euros en master7. En

parallèle, une tendance inquiétante s’accentue

dans le reste de l’Europe. En Angleterre les frais

d’inscription atteignent 10500 euros et ont été

triplés en un an, entraînant un mouvement étu-

diant d’importance. Pour l’UNEF, la marchandi-

sation de l’Enseignement supérieur reste une

ligne rouge qu’il faut combattre.

En tant qu’acteur régulateur de l’enseignement

supérieur, l’Etat est également le garant de l’ex-

cellence des universités françaises. Il doit créer

les conditions de la performance collective pour

se projeter dans le futur. Etre performant, c’est

avant tout rendre intelligible notre offre de for-

mation et lutter contre notre système universi-

taire morcelé : il existe 8 000 intitulés de licences

et de masters. L’état doit assumer ses responsa-

bilités de régulation, d’impulsion et de contrôle,

tout en respectant les spécificités territoriales en

matière de formation et de recherche.

C’est pourquoi, nous revendiquons un cadrage

national des intitulés de diplômes, afin de lut-

ter contre l’illisibilité de l’offre de formation et

faciliter l’identification des diplômes sur le mar-

ché du travail. Pour autant, un cadrage strict des

contenus de formation ne saurait être une so-

lution suffisante. En effet, si l’objectif d’imposer

des unités d’enseignements indispensables à la

formation choisie, ou encore d’intégrer des mo-

dules de droit du travail, ou d’aide à l’insertion

professionnelle, sont des bonnes solutions, il se-

rait illusoire de croire qu’un cadrage étroit des

enseignements et de leur durée, permettrait de

résoudre l’inégalité entre les formations et les

territoires. Laisser de la souplesse aux établisse-

ments tout en imposant des objectifs, voici le

défi d’un cadrage efficace des diplômes.

Pour finir, puisque l’Etat est le garant de l’offre

de formation, il est indispensable qu’il soit seul

7 2013. Source : MESR Taux des droits de scolarité dans les établissements publics d’enseignement supérieur pour l’année 2012-2013

31

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 32: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

apte à accréditer les diplômes et à réguler

l’offre de formation qui sera confiée aux fu-

tures communautés d’universités.

• Une nouvelle gouvernance : agir au sein des conseils d’administration, des « conseils académiques » et des communautés d’universités.

Dans son rapport parlementaire, Jean yves Le

Déaut propose une triple réforme de la gou-

vernance des universités afin qu’elle soit plus

efficace, démocratique, et collégiale. Nous

partageons cette proposition.

C’est pourquoi, au sein des conseils d’ad-

ministration des universités, le rôle des élus

étudiants doit être renforcé et la parité res-

pectée. La création d’un véritable statut de

l’élu étudiant (validation d’unité d’enseigne-

ment, décharges horaires, etc.) permettrait

d’atteindre cet objectif. En parallèle, la par-

ticipation des personnalités extérieures doit

être encadrée. En effet, si la participation de

représentants des collectivités, du monde

économique et de la société civile a du sens,

celle-ci doit être encadrée par la loi, notam-

ment en ce qui concerne les domaines dans

lesquels ils ont le droit de vote. Un représen-

tant du monde économique par Conseil nous

semble adéquat.

Aux cotés du conseil d’administration, les

instances pédagogiques doivent elles aus-

si être revues. L’actuel CEVU ne répond pas

aux enjeux majeurs dont il est pourtant le ga-

rant. Ce conseil consultatif, dénué d’un pou-

voir de décision, subit une certaine lourdeur

administrative et ne favorise pas la révolu-

tion pédagogique que nous appelons de nos

vœux. Ainsi, la création d’un «conseil aca-

démique » ou « conseil pédagogique », aux

compétences décisionnelles, avec une part

importante d’élus étudiants, permettrait de

réhabiliter les questions pédagogiques, alors

adossées à la recherche, au premier rang des

priorités universitaires. Pour affirmer ce rôle,

il faudra revendiquer la possibilité pour les

étudiants de déterminer partiellement l’ordre

du jour de ces conseils.

Enfin, la nouvelle loi cadre propose de rem-

placer les PRES, instances non démocratiques

créés en 2005, par des « communautés d’uni-

versités » aux compétences précisées et à la

composition démocratisée. Les objectifs sont

ambitieux : rassembler l’ensemble des établis-

sements d’un même territoire, coordonner la

politique de formation et de recherche, en-

courager les relations avec le monde socioé-

conomique, agir au niveau de l’attractivité in-

ternationale. Dans ces nouveaux ensembles

de décision, la part des élus étudiants devra

elle aussi être réaffirmée.

• Le rôle des collectivités locales : accompagner les réalités locales

Depuis quelques années, l’échelon régional

apparaît propice aux nécessaires imprégna-

tions locales des universités. Les collectivi-

tés locales investissent déjà : construction

de bibliothèques universitaires, subventions

d’emplois aidés associatifs, financement pour

le développement du numérique et pour les

dispositifs d’orientation, ou encore mise en

place de schémas régionaux de l’Enseigne-

ment Supérieur de la recherche et de l’inno-

vation (SRESI), qu’il faut rendre obligatoire.

De manière plus emblématique, l’implication

des régions en matière de santé démontre

leur souhait de s’investir dans la vie univer-

sitaire. Demain, cette implication se tradui-

ra aussi par la mise en place d’un véritable

service public de l’orientation organisé au

niveau des régions, et qui complétera leur

mission de formation professionnelle. Parce

qu’elles sont compétentes en matière de

développement économique, les régions

peuvent également travailler à la coordina-

tion des relations entre les universités et les

entreprises du territoire, réguler les partena-

riats public/privé, et se poser comme un ga-

rant stable et reconnu du tissu local.

La participation des représentants des Ré-

gions au sein des conseils d’administra-

tion des universités, et demain au sein des

conseils d’administration des communautés

d’universités, est un gage de leur implication

effective à la création de la future carte uni-

versitaire et aux orientations stratégiques ré-

gionales et nationales.

Reconnaître le rôle des collectivités locales

ne signifie pas amoindrir le nécessaire rôle

régulateur de l’Etat. Au contraire, il s’agit de

prendre conscience des réalités locales, de

se donner les moyens d’agir pour la réussite,

de bénéficier de tous les leviers favorisant

l’orientation et la qualité des diplômes. En

parallèle, les régions ont la possibilité de se

saisir des problématiques de la vie étudiante.

Il faudra pousser leur rôle plus loin sur la

question du logement étudiant.

Lutter contre l’université des « héritiers »

• Permettre la réussite pour tous : réformer les premiers cycles

Permettre la réussite et l’excellence pour tous

sont les leitmotivs de notre engagement à

l’UNEF. Or, le constat est douloureux : le plan de

réussite en licence (PRL) de 730 millions d’eu-

ros lancé en 2007 par Valérie Pécresse est un

échec  ; l’objectif central de 50% d’une classe

d’âge en licence est loin d’être atteint.

A la TRS, nous revendiquons l’utilité d’une pre-

mière année pluridisciplinaire dans des do-

maines de formations élargis. Aujourd’hui, le

système APB (Admission-Post-Bac) exige des ly-

céens de porter un projet universitaire et profes-

sionnel dès l’âge de 17 ans. Or, la plupart d’entre

eux hésitent et se retrouvent alors figés dans un

parcours qui leur est imposé.

Dans les premiers cycles, il est également né-

cessaire de permettre une pédagogie universi-

taire différenciée, adaptée aux publics les plus

éloignés du monde de l’enseignement supé-

rieur est indispensable en particulier envers les

bacheliers technologiques et professionnels.

Enfin, la « révolution numérique » devra per-

mettre d’améliorer les conditions de réussite

des étudiants salariés et favoriser la reprise

d’étude. Aujourd’hui, les résistances existent : la

plupart des universités se heurtent au coût de la

numérisation. Il faudra donc se battre dans les

conseils universitaires afin d’assurer un finance-

ment à la hauteur des besoins.

• Permettre l’excellence pour tous : lutter contre la concurrence déloyale des grandes écoles et agir sur la « sélection »

Permettre l’excellence pour tous, c’est avant tout

lutter contre la concurrence entre les établisse-

ments de l’enseignement supérieur. A la TRS,

nous militons pour une intégration des classes

préparatoires dans les parcours universitaires

pour faciliter les passerelles et la réorientation

en cas d’échec à l’entrée des grandes écoles.

L’objectif est de modifier en profondeur les par-

cours étudiants « préétablis », de diversifier « les

profils », et d’encourager les partenariats entre

plusieurs établissements.

De la même façon, il faudra aller plus loin dans

le rapprochement des grandes écoles et des

universités. Par exemple, le partage d’unités

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 33: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

d’enseignements aurait un impact positif.

Cela encouragerait les passerelles et la diver-

sification des publics. Les personnels éduca-

tifs pourraient eux aussi partager leurs cours,

et mutualiser leurs savoirs et connaissances.

De plus, l’excellence ne pourra s’accomplir

sans une réelle reconnaissance du doctorat.

En France, les doctorants sont dans l’obli-

gation de s’orienter principalement vers la

recherche et l’enseignement. L’UNEF doit

prendre en compte ces grands oubliés de

l’insertion professionnelle. Pour cela le syn-

dicat doit exiger rapidement l’intégration

des bac+8 dans les conventions collectives,

dans le secteur privé mais également dans la

fonction publique d’État et territoriale. Pro-

mouvoir des profils intellectuels venant des

universités, et plus seulement de l’ENA, ne

peut être que bénéfique pour nos administra-

tions et par conséquent pour nos politiques

publiques.

Enfin, la TRS appelle à un débat national sur

la question de la « sélection ». Comment di-

versifier les modes de sélection en grandes

écoles  ? Comment lutter contre la sélection

masquée en Master 2  ? Comment réguler

l’accès en Master 1 ? Ce sont de vrais chan-

tiers syndicaux pour l’excellence et la réussite

de tous.

l’insertion Professionnelle : le véritable accès à l’autonomie 

Si l’Enseignement Supérieur a vocation à être

un vecteur de diffusion de connaissances, il est

nécessaire de réaffirmer la seconde mission de

l’université : permettre à tous les étudiants de

s’insérer de manière efficace et pérenne sur le

marché de l’emploi. Refaire du diplôme un ba-

gage pour l’emploi s’impose plus que jamais à

l’heure où l’emploi des jeunes est marqué par

une grave crise qui touche à la fois les jeunes

non qualifiés, et même les jeunes diplômés.

Favoriser l’insertion professionnelle, c’est

permettre à chacun de trouver sa place dans

la société. Parce que l’accès au premier em-

ploi est l’aboutissement et la concrétisa-

tion d’un parcours universitaire que l’on sait

gangrené par les inégalités de capital social,

économique, et culturel mais aussi de dispa-

rités selon les situations, les diplômes, et les

établissements, il cristallise d’autant plus la re-

production des sorts.

Le défi à relever pour l’université de demain

est triple : en amont, elle devra s’attaquer à

l’orientation subie afin que tous les étudiants

puissent choisir leur filière sur la base d’armes

informationnelles égales. Les formations uni-

versitaires devront être un gage de profes-

sionnalisation, en s’inscrivant dans une straté-

gie nationale cohérente visant à favoriser les

secteurs à fort potentiel d’innovation.

Enfin, parce qu’il est nécessaire de donner à

tous une seconde chance d’acquérir un em-

ploi par la formation, l’université doit encoura-

ger la formation tout au long de la vie.

Informer pour mieux orienter : choisir des parcours fidèles aux aspirations

Le choix de la filière d’étude est une étape

capitale  ; elle sert de base à la structuration

du projet professionnel et renvoie chacun à

l’image de la place qu’il veut occuper dans la

société. Dès lors, une orientation subie a pour

effet d’enfermer l’étudiant dans un parcours

non choisi et amoindrit ses chances de réus-

site.

• Lutter contre l’orientation subie des étudiants

Mal informés sur les parcours et les diplômes

existants, souvent étrangers aux parcours

d’excellence peu promus dans les milieux

populaires mais surtout confrontés à des sté-

réotypes tenant à l’image de certaines filières

tantôt dénigrées, tantôt inaccessibles, de

nombreux étudiants sont livrés à eux-mêmes

pour choisir leur orientation. Pire, pour cer-

tains bacheliers accédant à l’enseignement

supérieur, le manque d’information entraîne

des désillusions sur le contenu des filières, et

débouche alors sur un abandon ou une réo-

rientation dès la première année.

Il convient donc d’agir dès le lycée sur la

formation des conseillers d’orientation pour

permettre une meilleure transparence de

l’offre de formation. Des séances obligatoires

d’entretiens personnalisés avec les conseillers

d’orientation, en nombre suffisant et mieux

formés, devront être instaurées. En parallèle,

il faut œuvrer à la création d’un véritable ser-

vice public de l’orientation pour promouvoir

une politique d’orientation active et non sé-

lective. Ce service public de l’orientation aura

vocation à être confié aux régions, déjà com-

pétentes en matière d’insertion profession-

nelle, ou aux « communautés d’universités ».

• Réhabiliter l’image des formations professionnelles : combattre la hiérarchisation sociale des diplômes

Aujourd’hui, les filières professionnelles font

l’objet d’un certain mépris : celles-ci sont

présentées par les institutions comme étant

des voies de seconde catégorie, dérogatoires

au droit commun que seraient les filières

générales. Parallèlement, certains secteurs

d’emplois dans l’artisanat ou les métiers dits

« manuels » font l’objet d’une vive stigmati-

sation.

Pour mettre fin à cette hiérarchisation so-

ciale des diplômes et des métiers, il convient

de redorer l’image des filières courtes car

elles témoignent d’un savoir-faire hautement

spécialisé et souvent révélateur de secteurs à

fort potentiel de recrutement mais souffrant

de postes non pourvus, faute de mauvaise vi-

sibilité des métiers.

• Perméabilité des parcours : encourager les passerelles

Chaque étudiant doit pouvoir progresser dans

un parcours global cohérent et conforme à

ses ambitions. Pour autant, il est indispen-

sable de ne pas enfermer les étudiants dans

des parcours trop rigides pour lutter contre

la fatalité des trajectoires.

A ce titre, nous revendiquons que des places

soient réservées en priorité dans les BTS, IUT,

IUP pour les étudiants issus des filières pro-

fessionnelles. De même, afin de démocrati-

ser les filières dites d’excellence et mettre fin

aux inégalités territoriales, il faut réserver des

places dans les CPGE (classes préparatoires

aux grandes écoles) à proportion des meil-

leurs élèves de chaque lycée.

Enfin, il est indispensable de favoriser les

passerelles entre les filières (favoriser la com-

plémentarité des diplômes notamment en fa-

vorisant les bi-diplômes), entre les parcours,

et entre établissements (pouvoir compléter

une formation universitaire par une formation

spécialisée en école sur un ou plusieurs se-

mestres).

33

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 34: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Ainsi, c’est en poursuivant une vision dyna-

mique de l’enseignement supérieur, en misant

sur l’adaptabilité et la cohérence des parcours,

que chaque étudiant pourra se construire un

chemin vers un emploi conforme à ses aspi-

rations.

Professionnaliser les cursus : optimiser l’entrée dans le monde du travail

Il est du devoir de l’université de donner à

chaque étudiant les mêmes armes pour pouvoir

s’insérer dans un monde professionnel de plus

en plus concurrentiel.

• Promouvoir, accompagner et encadrer la pratique des stages

Le principal grief à l’encontre des formations

universitaires est qu’elles sont souvent trop

théoriques et pas assez tournées vers le monde

professionnel. A ce titre, la généralisation des

stages intégrés dans les cursus et donnant droit

à des validations de crédits permettrait, non

seulement l’acquisition de savoir-faire pouvant

être valorisé lors de la recherche d’un premier

emploi, mais également de confirmer ou non les

vocations.

C’est pourquoi, nous revendiquons l’obligation,

pour chaque étudiant, d’accomplir un stage

dans chaque parcours de licence, et l’obligation

d’un deuxième voire troisième stage au cours

du master. Toutefois, parce qu’il est indéniable

que l’obtention d’un stage dépend du capital re-

lationnel dont disposent certains étudiants, nous

devrons œuvrer en parallèle à la création de bu-

reaux des stages opérationnels et d’une base de

donnée nationale en ligne qui devra accompa-

gner les étudiants dans la recherche et l’exécu-

tion de leur stage. Des ateliers de recherche de

stage et de coaching devront être mis en place

dans tous les cursus.

Enfin, pour éviter les pratiques abusives d’em-

ployeurs malhonnêtes, une nécessaire régle-

mentation des stages portant notamment sur

le niveau des gratifications en master devra être

instaurée.

• Promouvoir l’alternance, l’apprentissage et l’année de césure professionnelle

D’abord pratiquée dans les filières non géné-

rales, la formation en alternance s’étend peu à

peu dans le supérieur et touche désormais des

filières très sélectives. Fruit d’un compromis ga-

gnant-gagnant, l’alternance et l’apprentissage

constituent la voie royale permettant de conci-

lier enseignements théoriques et formation

professionnelle, de même qu’ils débouchent

souvent sur une embauche. Il est donc indispen-

sable de promouvoir ce dispositif et de l’étendre

à plus de filières. Par ailleurs, l’année de césure

professionnelle pratiquée dans les grandes

écoles permet de valoriser les enseignements

acquis au cours d’un cursus et constitue un

gage d’employabilité. Il faut l’encourager. Si elle

a vocation à être généralisée, elle doit cepen-

dant être strictement encadrée pour éviter tous

les contournements qui peuvent être effectués.

• Rapprocher le tissu universitaire du tissu économique

Pour permettre à l’université de rivaliser avec les

grandes écoles dans le cadre d’un marché du

travail de plus en plus concurrentiel, nous devons

encourager les ponts entre monde universitaire

et monde économique. Ainsi, il faut développer

l’intervention de représentants du monde pro-

fessionnel dans les formations, ou encore créer

dans toutes les filières des annuaires d’anciens

étudiants informant des possibilités d’insertion

professionnelle. Faciliter la recherche d’un stage

ou d’un premier emploi, c’est lutter contre les

inégalités face à l’expérience professionnelle.

Enfin, il est nécessaire de faire évoluer les ma-

quettes pédagogiques : il faudra œuvrer à la

généralisation des doubles diplômes permet-

tant une synergie et une complémentarité des

compétences, imposer dans toutes les filières

l’apprentissage de langues étrangères pour

favoriser la mobilité étudiante et renforcer

l’attractivité internationale des formations ou

encore proposer certaines matières utiles en

entreprise (notions de comptabilité, ressources

humaines, droit du travail, etc).

Un pont doit nécessairement être établi entre

l’université et les mutations du tissu économique,

industriel et technologique. Le parc universi-

taire doit pouvoir former les cadres et techni-

ciens dans des domaines hautement spécialisés

conformément au rôle qui lui était initialement

dévolu. Or, la formation de cadres spécialisés

est aujourd’hui une prérogative abandonnée aux

grandes écoles.

Quant à la recherche universitaire, elle doit

s’inscrire dans une cohérence globale, mais doit

aussi être mise en perspective avec les choix

macro-stratégiques arrêtés par les pouvoirs

publics en matière d’innovation sociale, tech-

nologique, industrielle. Les formations doivent

s’ouvrir à des secteurs porteurs, à fort potentiel

d’emplois (Economie Sociale et Solidaire, éner-

gies renouvelables et développement durable,

nouvelles technologies de l’information et de la

communication).

Encourager la formation tout au long de la vie

• Promouvoir une vision dynamique de l’enseignement supérieur

Alors que les étudiants en formation initiale

risquent d’être la première génération à vivre

moins bien que la précédente, il est urgent de

promouvoir une vision dynamique de l’Ensei-

gnement Supérieur, permettant de remédier à

cette situation. Notre modèle de société repose

sur des acquis datant de plus d’un siècle qu’il est

urgent de dépasser : depuis que nous subissons

la crise débutée en 2008 le triptyque « vingt ans

de formation, quarante ans de vie active puis

vingt ans de retraite » pour l’ensemble de la po-

pulation devient définitivement obsolète.

L’Enseignement Supérieur doit permettre à cha-

cun de se former, puis de se «  reformer » tout

au long de sa vie. Quelques dispositifs existent,

il faut les promouvoir et les améliorer : les Vali-

dations d’Acquis de l’Expérience et Validations

des Acquis Professionnels (VAE/VAP) doivent

être accessibles au plus grand nombre et per-

mettre de valoriser des compétences acquises

mais non reconnues. De même, les Diplômes

Universitaires accessibles aux actifs doivent être

promus afin de permettre à chacun d’avoir la

formation et le diplôme le plus en phase avec

son milieu professionnel.

• Un moyen de répondre à la crise de l’emploi

Diplômer toute une population au plus haut

niveau de qualification  : voici le défi que doit

relever l’Université pour remédier au chômage

de masse. Les pouvoirs publics ne doivent plus

seulement concentrer leurs efforts à l’égard de

la formation initiale. Une attention particulière

devra être accordée aux chômeurs de longue

durée. Ceux-ci doivent pouvoir retrouver les

bancs de l’Université ou suivre une formation

professionnalisante permettant de sécuriser leur

situation en leur donnant le bagage nécessaire à

l’emploi stable. De la même manière, le système

de cotisations actuel pour les retraites doit être

refondé : il devra servir à prendre une « année de

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 35: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

repos » repoussant l’âge final de départ et être

doté d’un volet dédié à la « reformation » pour

ceux qui souhaitent changer de métier.

en 2013 et aPrès, quel rôle Pour l’unef ?

Après l’alternance politique : réinventer notre rapport au pouvoir

Si le nouveau gouvernement tarde à faire sen-

tir les effets bénéfiques espérés de l’alternance

politique, une rupture importante dans la mé-

thode est à souligner : il n’y a désormais plus de

prise de décision importante sans consultation

des partenaires sociaux. Après dix ans de droite

au pouvoir, cette réaffirmation des principes

de la démocratie sociale par François Hollande

tranche avec l’étouffement précédent des corps

intermédiaires. Pour autant, elle appelle néces-

sairement à un investissement plus exigeant des

syndicats. Le risque de voir la responsabilité des

échecs éventuels rejetée sur les partenaires so-

ciaux est d’autant plus important lorsqu’ils sont

associés aux processus de décisions. L’UNEF

doit donc rapidement réinventer son rapport au

pouvoir et se servir des différents temps du quin-

quennat pour obtenir des avancées réelles pour

les étudiants. Après la loi cadre de l’Enseigne-

ment Supérieur et la réforme du système d’aides

sociales, l’acte III de la décentralisation devra

redéfinir le rôle des universités sur les territoires.

Mais au delà des événements législatifs et natio-

naux, les élections municipales et européennes

de 2014 seront l’occasion de créer de nouveaux

espaces revendicatifs.

• Construire des revendications locales pour peser aux municipales de 2014

Les élections municipales de 2014 seront l’oc-

casion pour les AGE de l’UNEF de produire des

revendications locales et renforcer les dispo-

sitifs pour améliorer la vie étudiante. Dès la

sortie de notre congrès, nos sections locales

devront préparer une démarche d’interpellation

d’ampleur à destination des futurs candidats

aux élections municipales. Qu’il s’agisse du do-

maine des transports pour lesquels les mairies

sont compétentes, ou en matière de logement

étudiant (par l’intermédiaire de leur présence au

sein des Conseils d’Administration des CROUS),

les communes sont la cellule de base des pré-

occupations locales des étudiants. Cependant,

l’action municipale en faveur de la vie étudiante

est extrêmement inégale. Ainsi, une démarche

d’interpellation de l’UNEF permettra notamment

de mettre à l’ordre du jour : le demi-tarif dans

les transports, l’exonération de la taxe d’habita-

tion, le développement des dispositifs d’accès à

la culture (Pass Culture), l’accès facilité au loge-

ment social, etc..

• Elections européennes de 2014 : un rendez-vous à ne pas manquer

Les élections européennes de 2014 seront un

événement historique. Alors que le budget eu-

ropéen est en baisse et qu’une Europe politique

et sociale peine à voir le jour, la responsabili-

té des acteurs progressistes est immense. Sur

27 Etats, 21 sont gouvernés par les libéraux et

les conservateurs. A la veille des prochaines

échéances électorales, le mouvement social

doit œuvrer à la définition du programme com-

mun de la gauche européenne, participer à la

victoire des forces progressistes, œuvrer au ren-

forcement des institutions européennes, avec

pour objectif la mise en place d’une véritable

politique européenne fédérale permettant de

redonner confiance aux peuples européens. Or

la situation actuelle ne permet pas la réussite des

politiques européennes. Les décisions politiques

importantes ne sont pas prises par le parlement

européen, seul organe démocratiquement élu,

mais par l’«Eurogroupe » ou par des concer-

tations multilatérales entre chefs d’Etats dans

le cadre du Conseil Européen. Cette situation,

en plus de donner le sentiment d’une Europe à

deux vitesses, encourage la défense égoïste des

intérêts nationaux au détriment du développe-

ment d’un réel espace de coopération et de so-

lidarité dans l’intérêt de l’Union.

En tant qu’acteur de la transformation sociale,

l’UNEF doit réaffirmer sa volonté de voir le par-

lement européen œuvrer à une harmonisation

par le haut des systèmes d’Enseignement Su-

périeur, pour ne plus uniquement débattre des

normes commerciales ou de concurrence, et

permettre à l’Europe de s’émanciper d’un rap-

port de force stérile entre Etats.

A la sortie de notre congrès, il faudra œuvrer

à une base revendicative commune avec l’en-

semble des syndicats étudiants européens.

Nous revendiquerons, en lien avec nos cama-

rades du pôle syndical de l’ESU, les principes

suivants : définir des orientations communes

pour la réussite des étudiants, permettre un

tournant syndical de l’ESU en favorisant la

constitution d’une coalition des syndicats contre

les alliances corporatistes, réaffirmer la volonté

de Services Publics de l’enseignement Supérieur

européens harmonisés, un nivellement par le

bas des frais d’inscription, une harmonisation

des systèmes d’aides sociales, et la création d’un

droit à la mobilité européenne en renforçant le

programme Erasmus au travers d’un plan plu-

riannuel d’investissements.

S’investir pour l’égalité des droits

En parallèle de la nécessité de trouver de nou-

velles cibles aux revendications de l’UNEF, l’élar-

gissement des champs d’actions syndicaux doit

rester une priorité. Il faudra notamment être

présents sur tous les fronts en termes de progrès

sociétal et faire en sorte que l’Enseignement Su-

périeur devienne accessible à ceux qui en sont

empêchés et aux étudiants étrangers.

• Les étudiants empêchés

Pour favoriser l’égalité réelle, l’action de notre

syndicat doit se tourner en priorité vers ceux qui

en ont le plus besoin. Parmi ceux-ci, les « étu-

diants empêchés » doivent faire l’objet d’une at-

tention toute particulière. Depuis notre dernier

congrès, l’UNEF a tissé des liens avec le GENEPI

(association d’étudiants offrant des cours en pri-

son) afin d’aider à la réinsertion des personnes

incarcérées. Au-delà de la dimension militante

d’une telle action, notre syndicat doit mettre les

pouvoirs publics devant leurs responsabilités en

termes de conditions de formation et de réinser-

tion en prison.

Ainsi, si la question des étudiants empêchés est

mentionnée dans la future loi cadre de l’Ensei-

gnement Supérieur, il faudra contraindre le gou-

vernement à aller plus loin que ses objectifs ini-

tiaux : chaque université se trouvant à proximité

d’un lieu de détention devra obligatoirement

créer une section des étudiants empêchés afin

de rendre le Service Public de l’Enseignement

Supérieur accessible au plus grand nombre.

• Les étudiants étrangers : une bataille à mener

L’abrogation de la circulaire Guéant que l’UNEF

a obtenue, aux côtés d’autres acteurs du mou-

vement social, ne signifie nullement la fin des

revendications pour l’égalité des droits entre

étudiants français et étudiants étrangers.

Nous revendiquons à cet égard  : la mise en

place d’un titre pluriannuel de séjour, la suppres-

sion de la somme exigée aux étudiants étrangers

35

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 36: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

pour l’obtention d’un titre de séjour, la possi-

bilité de bénéficier du système d’aides sociales

de droit commun lorsque l’étudiant ne peut

bénéficier de celui de son pays d’origine, et un

allongement de la période légale de travail après

l’obtention du diplôme.

• Prendre position sur les débats qui animent notre société

L’UNEF se doit de pousser toujours plus loin son

rôle de transformation sociale. Alors que le gou-

vernement fait preuve d’hésitations dans la mise

en œuvre d’un certain nombre de réformes, le

mouvement social doit servir de point d’appui

afin de légitimer certaines de ses actions. Ce fut

le cas lorsque l’UNEF prit position en faveur du

mariage, de l’adoption et de la PMA pour tous,

cela le sera demain lorsque nous participerons

aux actions en faveur du droit de vote des étran-

gers non communautaires aux élections locales.

De même, en période de crise et d’instabilité so-

ciale, notre syndicat devra lutter contre toutes les

formes de replis et donc continuer à faire de la

lutte contre l’extrême droite un des points cen-

traux de son action. Nous n’avons pas souhaité la

bienvenue au Front National à Paris-Dauphine et

à l’IEP d’Aix-en-Provence et dans les années qui

viennent, partout où l’extrême droite ira, elle de-

vra trouver les acteurs progressistes rassemblés

sur son chemin. N’ayons pas peur de renouer

pleinement avec le harcèlement démocratique,

seule méthode capable de rappeler que le Front

National ne sera jamais un interlocuteur poli-

tique comme les autres !

Pour rassembler : L’UNEF doit se réformer en interne

Il n’est pas de syndicat efficace sans que celui-ci

ne se livre à une remise en question permanente.

• Réinventer nos rythmes syndicaux. Réaffirmer le droit de tendance

Alors que le décalage de la date des élections

au CROUS au premier semestre universitaire

2012/2013, et l’annulation du scrutin du CNESER

ont bouleversé nos rythmes syndicaux, l’UNEF

doit être en capacité d’anticiper le nécessaire

dépassement du calendrier universitaire et

électoral. Nous devons cesser de nous conten-

ter d’un faible nombre de « militants profession-

nels » car bien que la méthode soit efficace, elle

ne peut pas être pérenne : les militants de l’UNEF

doivent ressembler à tous les autres étudiants et

ne pas avoir à choisir entre leurs études et leurs

activités syndicales.

Le fonctionnement en tendances représente

une des plus grandes forces de l’UNEF car il per-

met à chacun, en fonction de ses idées et sen-

sibilités, de trouver sa place dans l’organisation

et de pouvoir s’y exprimer, lorsqu’il est respecté

et encouragé. Ainsi, la Tendance Refondation

Syndicale continuera de marquer son attache-

ment au vote à bulletin secret dans l’organi-

sation. L’argument de l’héritage du vote ouvert

dans les assemblées générales ouvrières n’est

plus tenable pour justifier que nos adhérents

soient dans l’obligation de voter sur des listes

d’émargement : à l’époque, cette méthode per-

mettait au mouvement social d’identifier les cas-

seurs de grève dans les assemblées générales ;

il n’est pas tolérable de retrouver de telles pra-

tiques en interne d’un syndicat, ou chacun, avec

ses nuances, œuvre à la transformation sociale

et ne saurait être « démasqué » en fonction des

orientations qu’il choisit. Il n’y a pas d’ennemis

du mouvement social dans l’UNEF, il doit donc y

avoir le vote à bulletins secret !

• Encourager l’autonomie des AGE : Faire de l’UNEF un acteur incontournable

Nous vivons la fin d’un cycle qui appelle à un

renouvellement des ambitions de notre syndi-

cat: massifier l’organisation, investir des terrains

où nous sommes encore minoritaires (IFSI, IUT,

BTS, STAPS ou médecine) et faire de l’UNEF, le

lieu de rassemblement naturel des étudiants. Au

delà de ses campagnes nationales, l’UNEF doit

donc également pouvoir devenir « LE » référent

du quotidien des étudiants, un syndicat de ser-

vices qui encourage la solidarité sur les campus

et anime la vie étudiante.

En parallèle, il est urgent d’engager une ré-

flexion interne pour que chaque étudiant puisse

trouver sa place dans l’organisation et s’y in-

vestir à hauteur de ses envies et de ses dispo-

nibilités. Il nous faudra inventer de nouveaux

outils afin d’élargir l’influence de notre syndicat,

notamment en tissant plus de liens avec les

associations locales. Il doit pouvoir exister des

partenaires se situant « à côté » de l’UNEF sans

nécessairement être « contre » l’UNEF.

• Adapter l’UNEF au nouveau visage de l’Enseignement Supérieur

Pour répondre aux nouveaux échelons de dé-

cision de l’enseignement supérieur, l’UNEF doit

créer de nouveaux espaces de militantisme. A

ce titre, la création d’un échelon intermédiaire

entre le Bureau national et les statutaires d’AGE

est indispensable, d’abord pour délimiter clai-

rement les rôles des uns et des autres en ne

faisant pas reposer l’essentiel de l’activité syn-

dicale sur les membres du BN, mais aussi pour

être en phase avec la réforme de l’Enseignement

Supérieur : les Communautés d’Universités, en

lieu et place des PRES, seront des lieux de dé-

bats et de décisions dans lesquels interviendront

plusieurs AGE. Il nous suffit donc de remplacer

les Coordinations Militantes Régionales, ineffi-

caces à l’exception de la Région Parisienne par

des coordinations d’AGE membres d’une même

communauté d’université afin de rendre l’UNEF

totalement efficace dans les nouveaux échelons

de décisions de l’enseignement supérieur.

Voilà la vision que propose la tendance refonda-

tion syndicale  : une approche réformiste et ra-

dicale, ambitieuse, soucieuse d’être au plus près

des réalités étudiantes.

les 30 revendications de la tendance refondation syndicale

1. Donner les moyens à l’autonomie

des universités via un plan pluriannuel

d’investissement, lutter contre les logiques

compétitives d’appels à projets.

2. Instaurer une allocation d’études et de

formation pour tous les étudiants.

3. Faire du CROUS/CNOUS le guichet

« unique » de la vie étudiante : logement, aides

sociales et loisirs.

4. Construire 340 000 logements étudiants en 5

ans pour doubler le nombre de places en 2020,

selon des normes écologiques ambitieuses.

Réhabiliter les logements existants.

5. Réserver une partie des parcs HLM et ILM aux

étudiants en changeant les critères.

6. Créer une première année pluridisciplinaire

à l’Université. Permettre une spécialisation

progressive. Ouvrir un débat sur la sélection

masquée en Master.

7. Agir sur la formation des conseillers

pédagogiques pour lutter contre les

stéréotypes et rendre efficace et obligatoire les

entretiens personnalisés pour les lycéens pour

l’élaboration de leur projet personnel.

36

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 37: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

8. Généraliser les tutorats méthodologiques en

première année à l’Université.

9. Démocratie étudiante : renforcer le rôle

des élus au niveau des CA, des conseils

académiques et des communautés d’universités

via un véritable statut de l’élu étudiant.

10. Revaloriser l’image des filières courtes et

professionnelles.

11. Réserver des places pour les élèves issus des

filières professionnelles en BTS/IUT/IUP.

12. Réserver des places dans les Classes

préparatoires aux Grandes Ecoles pour les

meilleurs élèves de tous les lycées.

13. Encadrer les stages et renforcer

l’accompagnement des étudiants.

14. Intégrer des stages obligatoires dans TOUS

les cursus de licence.

15. Santé : Imposer la création d’un

chèque santé d’aide à l’acquisition d’une

complémentaire santé pour le plus grand

nombre d’étudiants.

16. Réclamer le retour au monopole du régime

étudiant de sécurité sociale.

17. Généraliser les « Pass Culture étudiant »

18. Inciter les collectivités à financer des

guichets culturels sur les sites universitaires.

19. Au niveau des régions : Créer un service

public de l’orientation tout au long de la vie.

20. Rendre obligatoire les Schémas régionaux

de l’Enseignement Supérieur de la recherche et

de l’innovation (SRESI)

21. Étudiants étrangers : mise en place d’un titre

pluriannuel de séjour, accès au système d’aides

sociales lorsque le pays d’origine n’aide pas,

suppression des sommes exigées sur le compte

bancaire des étudiants étrangers, allongement

de la durée légale du travail après l’obtention du

diplôme.

22. Elections municipales : revendiquer la

généralisation de l’exonération de la taxe

d’habitation pour les étudiants et l’obtention du

demi-tarif dans les transports.

23. Elections européennes : réclamer une

harmonisation par le bas des frais d’inscription

et un budget propre européen pour

l’enseignement supérieur et l’emploi des jeunes.

24. A l’ESU : Donner la majorité au pôle syndical

et dresser des revendications communes en

Europe.

25. Encourager la mobilité européenne et

internationale des étudiants par le renforcement

des programmes ERASMUS et SOCRATES.

26. Étudiants empêchés : Création d’une

section universitaire dans chaque ville

universitaire possédant un centre carcéral.

27. Lutte contre l’extrême droite : poursuivre

le harcèlement démocratique, refuser leur

présence sur les campus universitaires,

déconstruire le discours afin de convaincre les

électeurs.

28. Démocratie interne à l’UNEF : Rendre

obligatoire le vote à bulletin secret au sein de

notre syndicat

29. Créer des coordinations d’AGE au niveau

des communautés d’universités.

30. Renforcer les liens entre les AGE et les

associations étudiantes locales.

les signataires

ARDAKANI Chirinne, Bureau National déléguéCAMPOS ORIOLA Alexandre, Bureau National GAILLARD Amaury, Bureau National délégué GODET Violaine, Commission de ContrôleHAOUZI Julie, Bureau NationalABDERRHAIM GOULON Jossua, Président d’AGE de PoitiersBUGEAUD Julien, Président d’AGE de Limoges TORRES Diego, Président d’AGE de PauSAINTEMARIE Guillaume, Trésorier, Paris Dauphine PERROUAULT Marie-Laure, Secrétaire Générale-Adjointe, IEP de Paris. BAyLET Samuel, Paris 1, BERCAULT Florian, HEC BERTRAND Colin Lyon BOULADOUx Barthélémy, élu au CROUS, de Poitiers CACHIA Simon, Lille CAMBUS Alexandre, Toulouse CASTEL Guillaume, Brest, De CAZENOVE Pascal, Paris II CHAMBRAUD Jeremy, Paris IV CONZELMANN Hugo, Paris P12 DESILLE Sébastien, Aix-Marseille DUCOURNEAU Aurore, Avignon FAURE LANOE Elora, Paris 8 GAILLARD Raphaël, Bordeaux GAURON Alexandre, élu CROUS, Limoges HELLOCO Lori, Rennes LAGARRIGUE Robin, Nantes MATHURIN-SIVRy Arni, Paris 5 MAZOUE Damien, Clermont-Ferrand MESMIN Arthur, ENS Cachan MORALES Martin, Montpellier NAVARRO Mélissa, Nîmes NEURIS MOUFOUNA Carld, Grenoble PRIGENT Guillaume, ENS Ulm QUILLARD Pierre, élu CROUS, limoges QUILLERE Jérémy, élu au CEVU, Angers ROUAULT Etienne, élu au CROUS de Paris ROUx Laurine, Strasbourg VIARD Armand, élu au CROUS de Limoges VINAyAGAMOOORTHy Meenuka, Nanterre.

37

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 38: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »

Antonio Gramsci

Notre congrès s’ouvre dans un contexte inédit.

Nous vivons une crise économique, sociale et

écologique sans précédent. En France, dans

l’opposition depuis plus de 10 ans, et après un

quinquennat de sarkozysme, la gauche est re-

venue au pouvoir. Elle dispose, pour la première

fois dans la Ve République, de tous les pouvoirs

institutionnels.

L’élection de François Hollande a suscité un

important espoir de changement, notamment

chez les jeunes. Fruit d’une volonté de rupture

avec une droite de plus en plus autoritaire, xé-

nophobe et réactionnaire et avec ses politiques

libérales et austéritaires qui ont mené la France

et l’Europe dans l’impasse, c’est l’espoir d’une

autre répartition des richesses, d’un renouveau

démocratique et de politiques au service du

plus grand nombre qui s’est exprimé.

Cet espoir ne trouve que peu d’écho dans les

actes du gouvernement. Alors que la crise et

les contradictions du capitalisme atteignent

un paroxysme, le gouvernement en entérinant

le traité européen de stabilité financière se

contraint à perpétuer l’austérité. Si les premiers

mois du mandat ont permis des avancées qu’il

faut saluer (abrogation de la loi TEPA, encadre-

ment des loyers à la relocation…), la politique

sociale menée depuis est marquée par la conti-

nuité, voire par une austérité renforcée.

Le «  pacte compétitivité-emploi  » illustre ces

impasses : plutôt qu’un renforcement de l’inves-

tissement éducatif et de la protection sociale,

comme le réclament les organisations syndi-

cales dont l’UNEF, il fait de la réduction des co-

tisations sociales patronales et de la politique de

l’offre l’alpha et l’oméga de la relance. Concer-

nant le chômage des jeunes, il part du constat

erroné d’une inadaptation des qualifications des

jeunes au monde du travail, au risque d’une dé-

rive adéquationniste faisant porter aux universi-

tés la responsabilité du chômage.

Pourtant, nombreuses sont les voix, y compris

chez des économistes peu suspects de subver-

sivité comme Paul Krugman ou Joseph Stiglitz,

ou encore jusqu’à la très modérée Confédéra-

tion européenne des syndicats, qui appellent à

rompre avec l’austérité.

La situation de la France et de l’Europe appelle

un changement de cap urgent. La crise actuelle,

née de l’explosion de la bulle des subprimes, est

la dernière manifestation d’une crise civilisa-

tionnelle de grande ampleur.

Depuis une quarantaine d’années, les crises

de surproduction du système capitaliste ne

cessent de se multiplier. Pour autant, rien n’a

changé : la priorité ne cesse d’être donnée à la

finance plutôt qu’aux salaires et à la protection

sociale. La politique de la Banque centrale eu-

ropéenne et les plans « de relance » — en réa-

lité, de sauvetage des banques — n’ont fait que

renforcer le pouvoir des actionnaires et doper

la spéculation.

Les contradictions internes du capitalisme sont

apparentes : pour maintenir les taux de profits,

la classe dominante fait pression sur les salaires

et l’investissement public, grevant la consom-

mation et in fine la production de richesses. Elle

tente de la soutenir à grands coups d’emprunts,

y compris étudiants, alimentant la spéculation

et les crises… En Grèce, le PIB a reculé de plus

de 20% « grâce » à ce traitement.

2013 s’annonce comme une année charnière.

La France et l’Europe sont menacées de réces-

sion économique. Les destructions d’emploi et

la précarité explosent, les inégalités ne cessent

d’augmenter.

Ces politiques pèsent lourdement sur les condi-

tions d’études et de vie des étudiants. La situa-

tion budgétaire d’un grand nombre d’univer-

sités est critique  : situations de quasi-faillite,

non-paiement des vacataires, suppressions de

filières, dégradation des locaux… Les difficultés

croissantes à se loger, le développement du sa-

lariat étudiant et l’appauvrissement des familles

ont des conséquences lourdes sur la réussite

dans l’enseignement supérieur, et donc demain

sur l’emploi.

Il est grand temps d’inverser la logique et de re-

mettre les besoins sociaux au cœur, sans quoi le

pays s’enfoncera durablement dans la crise.

La responsabilité du mouvement social et de

l’UNEF est primordiale. Les conservateurs et

les libéraux sont à l’offensive pour installer un

rapport de force défavorable au progrès social.

Prétendant se poser en arbitre « neutre », à re-

bours du camp social qui a permis son élection,

le gouvernement pèse dans leur sens  : en té-

moigne l’accord minoritaire sur la « sécurisation

de l’emploi », qui touchera particulièrement les

jeunes.

L’enjeu pour le mouvement social, après le

changement de majorité, est de créer une nou-

velle dynamique de mobilisation pour obtenir un

changement réel pour les populations ; à l’op-

posé d’un retour en arrière sur l’indépendance

chèrement acquise face à la gauche de gouver-

nement.

Il nous faut donc assumer un désaccord gran-

dissant avec le gouvernement, parce que sa

politique économique social-libérale va à l’en-

Face à la crise, sortir de l’austérité pour construire l’université du XXIe siècle

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « POUR UNE MAJORITE D’ACTION SYNDICALE »

38

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 39: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

contre de notre projet et de nos revendications.

La mobilisation sur le mariage pour tous, re-

vendication historique de l’UNEF, a montré que

lorsque les progressistes maintiennent la pres-

sion, ils peuvent arracher des victoires, malgré

les tergiversations et les reculs du gouverne-

ment.

être syndicaliste à l’UNEF en 2013, c’est me-

ner conjointement bataille culturelle et bataille

syndicale, pour inverser durablement le rapport

de force social dans nos universités. C’est s’ap-

puyer sur un rapport de force qu’elle construit

en démontrant sa capacité à organiser son mi-

lieu et à le mettre en dynamique. C’est mener

des mobilisations pour gagner immédiatement

de nouveaux droits pour les étudiants et l’en-

semble de la jeunesse et les mettre en perspec-

tive dans un projet global qui les crédibilise et

prépare les combats de demain. Sauvegarder

les acquis, gagner de nouveaux droits, préparer

les victoires de demain, voilà la porte d’entrée

du syndicat dans la période.

Cela implique des changements dans l’orga-

nisation et les modes de militantisme de notre

syndicat. Son renforcement militant et électoral

montre qu’il peut être un outil essentiel au ser-

vice des étudiants. La nouvelle phase que re-

présente le changement de majorité doit s’ac-

compagner d’un nouveau souffle dans l’UNEF.

Notre mode de fonctionnement est pour l’es-

sentiel hérité d’une séquence politique (la

droite au pouvoir), syndicale (des forces corpo-

ratistes moins structurées) et sociale (avant la

crise de 2007) qui n’est plus celle d’aujourd’hui.

L’UNEF, pour être l’organisation de tous les étu-

diants, doit évoluer avec son milieu. Pour cela

un débat doit être engagé en son sein sur ses

objectifs et sur les moyens qu’elle se donne.

Cette discussion doit construire des accords

plutôt que chercher des clivages souvent ar-

tificiels nuisibles à son fonctionnement. Nous

sommes convaincus qu’il est temps et possible

d’avancer ensemble pour faire gagner toujours

plus de droits aux étudiants.

C’est pourquoi il faut revoir les rythmes de l’or-

ganisation, la façon dont elle structure et in-

tervient dans son milieu pour renforcer sa pré-

sence auprès des étudiants, la façon dont les

camarades peuvent se saisir des débats.

La démarche syndicale de l’UNEF, c’est :

• Un syndicalisme de transformation sociale,

qui assume de vouloir changer la société ac-

tuelle.

• Un syndicalisme qui compte d’abord sur le

rapport de force pour faire avancer ses reven-

dications, et donc sur le niveau de conscience

et la capacité de mobilisation des étudiants.

• Un syndicat indépendant des institutions, du

gouvernement et des partis, qui dans le cadre

d’une majorité de gauche ne se pose a priori

ni en ennemi, ni en partenaire mais intervient à

partir de son analyse de la situation et des exi-

gences des étudiants.

• Un syndicalisme qui s’appuie sur des reven-

dications d’urgence pour les étudiants et les

jeunes, qui les porte autant lors des élections

universitaires et aux CROUS et dans les mobi-

lisations, et les articule avec un projet global

pour l’enseignement supérieur et la société.

l’enseignement suPérieur et les étudiants fragilisés Par la crise

Les jeunes au cœur de la crise

Les jeunes sont frappés de plein fouet par la

crise. Loin de se cantonner à la sphère finan-

cière, elle frappe désormais toutes et tous.

Ainsi, si les jeunes ne font pas exception, leur

situation est d’autant plus grave qu’ils ne dis-

posent pas des protections sociales accessibles

au reste de la population.

• Précarisation des jeunes et des familles : de nouveaux enjeux pour l’UNEF

Dans les tourments économiques que nous

connaissons, nous, syndicalistes, sommes

confrontés à une situation nouvelle : d’une

part, une dégradation de la situation des jeunes

déjà étudiants ; d’autre part, l’arrivée de nou-

velles générations à l’université dont la situation

sociale sera d’autant plus précaire qu’ils auront

vécu des situations familiales marquées par la

précarité, les bas salaires et le chômage.

La précarisation des étudiants se traduira mé-

caniquement par une dégradation de la situa-

tion sociale et professionnelle des travailleurs

qu’ils deviendront. Cela rend plus indispensable

encore la mise en sécurité sociale des jeunes.

Socle nécessaire à la reconnaissance d’un sta-

tut social de la jeunesse, une sécurité sociale

des jeunes ne pourra se faire que pour et par

les jeunes.

• Le chômage des jeunes : unité et diversité

La période 2013-2014 s’annonce décisive. La

fuite en avant « rigoriste » des gouvernements

entraîne l’Europe dans une récession plus pro-

fonde encore qu’en 2009.

D’ores et déjà, la crise touche particulièrement

les jeunes. Selon le CEREQ, la génération sortie

du système scolaire en 2007 connaît un taux de

chômage de 18 % : quatre points de plus que la

génération 2004. Le taux de pauvreté des 18-

24 ans est passé de 17% en 2004 à 22,5% en

2010.

Tous les jeunes ne sont pas égaux face au chô-

mage. Les non-diplômés sont particulièrement

touchés : selon l’INJEP, en 2011, le taux de chô-

mage des 15-29 ans diplômés de l’enseigne-

ment supérieur était de 9%, contre 22% pour les

bacheliers et 46% pour les non-diplômés. Ce

fossé tend à se creuser avec la crise.

Un service public de l’enseignement supérieur au bord de l’implosion

Cette situation renforce l’exigence de démo-

cratisation de l’enseignement supérieur. Pour-

tant, le service public d’enseignement supérieur

connaît aujourd’hui une situation très difficile et

sa démocratisation recule. Cette situation est le

fruit de la rigueur, mais aussi de plusieurs dé-

cennies de politiques libérales.

Ces politiques ont conduit à un désengagement

politique de l’état et à une mise en concurrence

des universités, en cohérence avec les poli-

tiques européennes et notamment du proces-

sus de Bologne.

C’est notamment le cas de la réforme LMD, qui

a entraîné la fin du cadrage national des di-

plômes. De plus en plus de parcours sélectifs

ont été créés ; la carte des formations est deve-

nue illisible et les inégalités se sont aggravées.

L’autonomie des universités, avec la LRU, est

venue renforcer cette concurrence : pour ob-

tenir des rallonges budgétaires (IDEx…), elles

ont effectué une véritable course à la casse des

droits collectifs.

Le passage aux « responsabilités et compé-

tences élargies » a entraîné une fragilisation ex-

trême des universités, les poussant à se tourner

vers des financements privés via les fondations.

39

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 40: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

La mise en place des PRES et les processus de

fusion ont appauvri l’offre de formation et le

maillage territorial. Les grands établissements se

sont multipliés, comme à Dauphine ou à l’Uni-

versité de Lorraine, leur permettant de pratiquer

des frais d’inscription plus élevés et une sélec-

tion à l’entrée.

Les PRES ont remis en cause la place du CROUS,

notamment sur la question du logement étu-

diant, et ont éloigné les étudiants des lieux de

décision.

Dans le même temps, l’augmentation des frais

d’inscription par le gouvernement précédent a

accentué la sélection sociale à l’université. Pire

encore, les réformes potentiellement positives,

comme la généralisation du contrôle continu,

faute de moyens supplémentaires et dans un

contexte de développement du salariat étudiant,

n’ont en rien amélioré le taux d’échec.

L’austérité menace le service public d’enseignement supérieur et sa démocratisation

L’austérité a des conséquences profondes sur

le service public d’enseignement supérieur. Elle

porte en elle la récession comme le partage des

richesses la croissance. Les rentrées fiscales dimi-

nuant mécaniquement, le budget de l’enseigne-

ment supérieur, initialement annoncé comme

constant, sera finalement ponctionné de 250

millions. Par là même, elle hypothèque les condi-

tions d’études de chacun et la réussite de tous.

Près d’un quart des universités sont susceptibles

de faillite, tandis que plusieurs sont déjà placées

sous tutelle de l’état. Selon la Cour des comptes,

il manque 120 millions d’euros au budget de

l’enseignement supérieur ne serait-ce que pour

assurer la trésorerie des établissements.

Ce contexte de pénurie extrême conduit à un

recul du nombre d’heures d’enseignement et

de tutorat, à une précarisation et à un manque

criant de personnels, avec des conséquences

sur les pratiques pédagogiques, l’encadrement

et le suivi des étudiants.

Cette dégradation générale du service public

d’enseignement supérieur renforce les inégalités

sociales à l’université, puisqu’elle fait reposer la

réussite sur le capital culturel des étudiants.

L’UNEF affirme donc que l’austérité, loin de par-

ticiper au « redressement du pays», aura des

conséquences de long terme sur l’accentuation

des inégalités sociales, l’accroissement du chô-

mage de longue durée et crée les conditions

d’une crise durable et profonde. C’est donc en

tant que telle qu’il faut la contester, au-delà des

baisses budgétaires dans l’enseignement supé-

rieur.

Pour l’UNEF, la priorité est d’informer et de

mobiliser les étudiants, en donnant un cadre

national aux mobilisations sur les budgets, en

combinant bataille budgétaire et bataille contre

l’austérité. C’est ainsi que les étudiants, préoc-

cupés par leurs conditions d’études, pourront

se saisir de l’outil qu’est l’UNEF pour battre en

brèche le dogme de la réduction des dépenses

publiques.

l’unef à l’offensive Pour enclencher un cycle de victoires

Notre projet : l’égalité entre les étudiants, l’émancipation de toutes et tous

• Démocratiser l’enseignement supérieur

L’UNEF entend porter un véritable projet de so-

ciété, fondé sur une analyse de la crise.

Les progrès scientifiques et technologiques de

la fin du 20e siècle et la « révolution informa-

tionnelle » ouvrent des possibilités immenses de

progrès social, à condition de permettre une ap-

propriation démocratique des savoirs. Cela de-

mande de faire de l’élévation générale du niveau

de qualification un objectif central. La démocra-

tisation de l’enseignement supérieur est la ques-

tion centrale de notre combat. C’est la condition

d’un progrès économique et social partagé qui

permettra l’émancipation de toutes et tous.

La massification de l’enseignement supérieur

depuis les années 1970 ne s’est pas traduite par

sa démocratisation. La part des étudiants issus

des milieux populaires dans l’enseignement su-

périeur ne cesse de baisser. Les politiques qui y

sont menées, mais aussi la crise, ont accentué

ce phénomène.

L’université doit permettre la réussite de tous et

d’acquérir les qualifications qui les protégeront

dans le monde du travail. Le savoir ne doit pas

être soumis à des objectifs de rentabilité et aux

exigences du marché.

Nous ne pouvons nous résoudre à ce que seu-

lement 40% d’une classe d’âge accède à un di-

plôme de l’enseignement supérieur : c’est le fruit

d’inégalités causées par des déterminismes so-

ciaux. Un enseignement supérieur démocratisé

doit se fixer l’objectif de permettre à chacun de

construire librement son projet de vie, selon ses

aspirations, d’acquérir un haut niveau de forma-

tion et de qualification, d’accéder à un emploi

stable et bien rémunéré.

Cet objectif ne pourra être atteint que s’il est

possible à chacun d’accéder à la formation de

son choix. Les logiques de sélection se doivent

donc d’être écartées, à l’université, notamment

en M2, dans les DU, les doubles licences… et à

l’entrée de tous les établissements. L’UNEF ré-

affirme aussi l’objectif d’une gratuité totale de

l’enseignement supérieur.

• Une révolution pédagogique au service de la réussite de toutes et tous

Bien souvent prétexte à une sélection qui ne

dit pas son nom, les modalités de contrôle de

connaissances (MCC) sont aujourd’hui davan-

tage un moyen de sanction et de tri social. L’éva-

luation doit au contraire être formative et viser la

progression de l’étudiant : elle doit être conçue

comme un outil pédagogique et non comme un

couperet.

Les MCC doivent être revues pour faire face à

la diversité de profil des étudiants (étudiants sa-

lariés, chargés de familles…) en leur ouvrant di-

verses possibilités (contrôle terminal ou continu,

mix des deux…).

La pédagogie constitue un facteur décisif de la

réussite. Or, les enseignants sont la plupart du

temps livrés à eux-mêmes devant des cohortes

d’étudiants. Symptôme d’un système univer-

sitaire qui oublie trop souvent les étudiants, la

formation des enseignants-chercheurs n’intègre

pas l’enjeu pédagogique.

C’est une révolution pédagogique qu’il faut en-

gager en faisant de l’étudiant l’acteur de son ap-

prentissage, condition d’une appropriation des

savoirs et des savoir-faire. Nous organiserons

cette révolution autour de trois axes :

Les enseignements doivent se dérouler avec des

effectifs réduits, notamment en première année,

40

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 41: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

permettant un meilleur encadrement et un suivi

individualisé. Il faut rompre avec la logique CM-

TD en introduisant des niveaux intermédiaires

(séminaires).

Les méthodes d’enseignement doivent inclure

une pédagogie adaptée à tous les profils, fondée

sur une meilleure interactivité. La place des tra-

vaux de groupe doit être renforcée pour désin-

dividualiser le travail personnel.

L’accent en L1 doit être mis sur la propédeutique

afin que l’autonomie dans le travail ne soit pas

un préalable social à la réussite, mais bien l’objet

d’un apprentissage pour tous les étudiants.

• Lutter contre la sélection géographique, une université de proximité

L’UNEF s’oppose à la concentration démesurée

des établissements universitaires au sein des

grandes villes, qui contribue à l’accentuation

du déterminisme social par la sélection géo-

graphique. Les fusions d’université conduisent,

dans un contexte de rigueur, à renforcer ce phé-

nomène, avec des suppressions de formations

et de filières amenant la disparition d’une offre

équitable sur le territoire.

Dans le cadre d’un cadrage national des conte-

nus des formations, il est nécessaire de repenser

la carte universitaire afin de l’adapter aux besoins

actuels et d’assurer un véritable maillage territo-

rial et une répartition équitable des formations

sur le territoire. Loin de reléguer aux universités

de proximité les formations de premier cycle et

les cursus courts, une nouvelle carte universi-

taire doit articuler accès facilité à la formation

et nécessaire mobilité des étudiants. Permettre à

tous les étudiants de pouvoir suivre le cursus de

leur choix, c’est amener les formations au plus

près des lieux d’habitation des jeunes, mais éga-

lement permettre leur mobilité dans l’académie.

• Un même diplôme, un même niveau de financements

Le budget de l’enseignement supérieur doit être

considérablement augmenté pour répondre aux

besoins de formations. Il faut en finir avec le fi-

nancement par projet et revenir à une logique

de subvention récurrente, réduire par le haut les

inégalités entre établissements et formations  :

un étudiant en université représente un inves-

tissement de 4 000 € contre 11 000 € dans les

CPGE. L’inégalité entre filières est encore plus

criante si l’on regarde, au sein des établisse-

ments, les différences entre composantes.

L’UNEF se battra pour le retour à un financement

100% public des universités par l’état, selon des

critères objectifs de financement (entretien des

locaux, dotation par étudiant selon les forma-

tions quelle que soit leur localisation…).

• Repenser l’orientation

L’orientation est un enjeu essentiel pour la réus-

site de tous. Or les étudiants sont livrés à eux-

mêmes face à ce défi, sans aucune procédure

d’accompagnement.

En premier lieu, c’est le système Admission Post-

Bac qui doit être entièrement revu, tant il est la

caricature de cette absence d’accompagne-

ment. Mais l’orientation n’est pas uniquement

l’affaire des lycéens. Il faut permettre à tous les

étudiants de pouvoir se réorienter, de passer

d’une formation à l’autre en facilitant les passe-

relles entre les disciplines.

Or, on assiste à une fracture avec le lycée, qui

se traduit par une grande difficulté des étudiants

de première année à s’adapter aux rythmes et

aux méthodes de l’université. Le passage d’en-

seignements multiples à une monodisciplinarité

brutale est très souvent mal vécu par les étu-

diants. Sans pour autant tomber dans l’écueil des

parcours différenciés, il nous faut exiger des for-

mations transdisciplinaires par grands domaines

de formation, du moins en L1, pour cheminer

vers une spécialisation progressive qui limiterait

de fait les « erreurs » d’orientation et permettrait

à chacun que construire progressivement son

parcours universitaire.

• Donner toute sa place à la recherche

L’enjeu de la démocratisation concerne égale-

ment la recherche. Il est en effet primordial de

ne pas laisser aux mandarins et aux entreprises

le monopole de la parole légitime en matière

de recherche : les étudiants doivent être partie

prenante de la définition de la politique de re-

cherche des établissements.

La recherche ne doit plus faire l’objet d’une vi-

sion étriquée qui la réserverait au 3e cycle mais

doit être appropriée par les étudiants tout au

long de leur parcours universitaire. Moteur de

l’accroissement des connaissances, elle est au-

jourd’hui menacée par le sous-financement et

tend à être toujours davantage orientée vers des

objectifs de rentabilité. Nous voulons garantir

une autonomie scientifique aux chercheurs et

leur donner les moyens de mener à bien leurs

travaux. L’état doit réinvestir massivement dans

la recherche afin d’assurer aux laboratoires des

financements pérennes.

Renforcer et démocratiser la recherche passe

également par une augmentation du nombre

d’allocations de thèses et une sécurisation du

parcours des étudiants-chercheurs afin de lutter

contre la précarité dans laquelle ils sont enfer-

més pendant et après leur thèse.

• Mettre les jeunes en sécurité sociale

Si toutes les inégalités d’accès à la formation et

de réussite ne se résoudront pas par la seule re-

distribution pécuniaire, la précarité financière est

la première cause de renoncement aux études

et le salariat étudiant la première cause d’échec.

Sous-financé, donnant la primauté à la situa-

tion sociale de la famille, considéré comme un

outil de redistribution et non comme un outil

permettant l’accès de tous à la formation, notre

système d’aides sociales est à bout de souffle.

Ce système familialiste et daté souffre de trois

défauts : il n’est ni efficace, ni lisible, ni juste si

l’on met en regard les sommes mobilisées par

les bourses sur critères sociaux et l’exonération

de la demi-part fiscale. Il exclut par nature tou-

jours plus d’étudiants et ne reconnaît ni les si-

tuations d’indépendance existantes ni le droit à

l’autonomie.

Face aux effets de la crise, l’UNEF porte une ré-

orientation des crédits publics pour la création

d’un statut social des jeunes en formation dont

l’allocation d’autonomie est un des piliers.

Notre projet s’articule autour de trois enjeux :

la reconnaissance de l’aspiration à l’autonomie

de tous les jeunes ; la rupture avec la phase de

« bizutage social » qu’ils subissent, présentée

comme légitime parce qu’elle constituerait une

phase d’apprentissage ; la reconnaissance que

l’investissement dans l’éducation relève d’une

responsabilité de l’état en tant que bien public

d’intérêt national économique et politique. L’al-

location d’autonomie est la première étape vers

la création d’un présalaire étudiant, nouvelle

branche de la sécurité sociale.

Notre projet est fondamentalement incompa-

tible avec l’instauration d’un système de finan-

cement individuel de la formation basé sur des

prêts. Ce système induit en effet une relation in-

dividuelle avec l’accès à la formation, renforçant

l’autocensure face aux incertitudes financières ;

de plus, il conduit à l’endettement massif d’une

génération entière avant même qu’elle rentre

41

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 42: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

dans la vie active.

L’ouverture de ce nouveau transfert financier in-

tergénérationnel est le socle de notre projet. Il

doit s’accompagner d’un grand bond en avant

pour les droits étudiants : le droit au logement,

à la santé, aux transports et à la culture consti-

tuent des volets qu’il faut adjoindre à l’allocation

d’autonomie.

Les étudiants doivent également se saisir de leur

devenir une fois sortis de l’université. L’insertion

professionnelle fait partie de « l’âge de la forma-

tion » et doit ouvrir le droit à l’accès aux minimas

sociaux (RSA) mais également à des dispositifs

de protection sociale spécifiques comme le vo-

let « recherche du premier emploi » de l’alloca-

tion d’autonomie, et à une prise en compte des

années d’étude dans le calcul des annuités de

cotisation. Les politiques d’emploi spécifiques

qui font des jeunes une catégorie sous-qualifiée

de la population sont pour nous inacceptables.

L’UNEF se mobilisera, en lien avec les organisa-

tions professionnelles, notamment contre l’ac-

cord sur la flexibilité de l’emploi.

• Le CROUS, service public de référence de la vie étudiante

Les CROUS doivent redevenir les véritables opé-

rateurs des services étudiants. Ils sont les seuls

organismes publics qui permettent d’assurer une

continuité des aides sociales sur le territoire et

associent les étudiants aux décisions.

Loin de faire de l’opérateur historique un fétiche,

c’est bien parce que les CROUS sont l’organisme

dans lequel peuvent s’exprimer les étudiants et

la communauté universitaire qu’ils doivent être

replacés au centre de la gestion des aides so-

ciales et de la vie universitaire. En ce sens, l’UNEF

exige l’intégration des aides indirectes dans une

perspective d’autonomisation des étudiants, tel

le retour du ticket U à 2,5 € et le déploiement de

moyens visant à atteindre un minimum de 50%

d’étudiants en cité U au plus vite.

Trois défis fondamentaux à surmonter

• L’intransigeance de Bercy, le malheur de la rue Descartes

Force est de constater qu’aujourd’hui, c’est la

continuité qui prévaut tant pour l’enseignement

supérieur que pour les politiques d’aides sociales.

En faisant de la réduction de la dette le cri-

tère du « redressement », le gouvernement ne

rompt pas avec les politiques qui ont conduit

à la dégradation de l’enseignement supérieur.

Notre démarche syndicale ne peut s’affranchir

d’une bataille contre l’austérité, parce qu’elle

entre directement en conflit avec notre projet.

Il faut souligner la contradiction entre la priorité

affichée à la jeunesse et la réalité de la politique

du gouvernement. Nous affirmons qu’il n’y aura

pas de sortie de crise sans une augmentation

massive de l’investissement éducatif qui per-

mette d’en finir avec le coût social de la préca-

rité et du chômage.

L’UNEF refuse que la réforme des aides sociales

serve de prétexte à des économies supplémen-

taires sur le dos des étudiants et des familles.

• Une loi-cadre de continuité qui ne répond pas aux enjeux de l’enseignement supérieur

L’avant projet de loi-cadre sur l’enseignement

supérieur ne s’oriente pas vers une rupture

avec la logique de l’autonomie et la LRU. Il se

contente surtout de répondre à la marge aux

« incohérences » de cette dernière.

Si il comporte des avancées qu’il convient de

saluer, comme la modification du statut des

grands établissements ou la réintroduction du

principe d’un cadrage national des diplômes, il

présente des risques importants : fusion CEVU/

CS dans un conseil académique, droit de vote

des personnalités extérieures au CA, accrédita-

tions confiées aux communautés d’universités…

Mais surtout, l’avant-projet pêche par ses

manques.

Sur le cadrage national des diplômes, la fixation

des modalités d’accréditation par arrêté risque

de n’avoir aucune effectivité avec une procé-

dure d’accréditation qui ne prévoit qu’une éva-

luation a posteriori.

Sur la démocratie universitaire, la composition

proposée des conseils d’administration ne re-

vient pas sur les équilibres de la LRU. Pire, le

droit de vote donné aux personnalités exté-

rieures réduit le poids des représentants élus.

Le contrat pluriannuel unique par territoire obli-

gera les établissements isolés à se tourner vers

un regroupement ou une fusion. Les dotations

de l’état seront attribuées aux communautés

d’université qui les répartiront entre établisse-

ments. Dans le cadre budgétaire actuel, cela

ne peut que conduire à renforcer la mise en

concurrence et affaiblir le maillage territorial.

L’ajout dans les missions de l’ESR de la « com-

pétitivité » est pour nous inacceptable. Elle tend

à entériner une logique de compétition entre

territoires que nous refusons.

Si la conclusion de conventions entre CPGE et

universités va dans le bon sens, aucune mesure

concrète n’est prise en vue d’un rapproche-

ment entre écoles et universités.

La transformation de l’AERES en Haut conseil à

l’évaluation ne résout en rien le problème d’une

évaluation par des «  experts  » et non par des

instances démocratiques. Pire, la nouvelle pro-

cédure d’accréditation renforce le rôle de cette

instance.

Ce texte entérine un désengagement politique

dans la gestion du service public d’enseigne-

ment supérieur, qui nourrit la mise en concur-

rence des établissements.

• Mener la bataille d’idées pour défendre le projet d’autonomie

La rigueur n’est pas la seule difficulté que nous

rencontrons. Une frange de notre propre camp

social est convaincue que les jeunes ne doivent

être appréhendés qu’à l’aune de leur situation

familiale.

L’étau du modèle nataliste, familiariste, et à bien

des égards patriarcal de notre système social

doit être combattu. Nous devons faire valoir

que la protection sociale est un droit collectif,

qui correspond à la possibilité ouverte à tous

d’accéder à un service indispensable à la réali-

sation de son propre projet personnel et à son

émancipation.

Les perspectives syndicales pour l’UNEF

Notre démarche est celle du syndicalisme de

transformation sociale. Notre objectif est la

construction d’un rapport de forces, alliant vic-

toires locales et nationales et projet global pour

l’université et la société.

Pour l’UNEF, élections étudiantes et mobili-

sations sociales sont deux outils importants

de la construction du rapport de force. Si les

élections permettent d’établir des rapports de

force localisés ou nationaux et de toucher da-

vantage d’étudiants, les mobilisations sociales

sont le moment privilégié où se développent

42

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 43: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

la conscience et le niveau de revendication des

étudiants. Ces dernières devront être au cœur

de l’activité de l’UNEF à la rentrée prochaine

face aux pénuries budgétaires.

C’est cette démarche, fondée sur des reven-

dications concrètes et la construction per-

manente du rapport de force, qui doit nous

permettre de poser les bases de nos victoires

futures et de la concrétisation de notre projet

syndical.

• Rompre avec la mise en concurrence des universités

Le projet de loi-cadre n’est en l’état clairement

pas satisfaisant et ne rompt pas avec les lo-

giques qui ont prévalu jusqu’ici.

L’UNEF revendique un cadrage national des di-

plômes pour mettre un terme à la concurrence

entre universités et académies. Il devra com-

porter a minima les éléments suivants : intitulés,

volume horaire, répartition CM / TD, modalités

de contrôle de connaissances, contenu des en-

seignements.

L’accréditation des diplômes devra se faire a

priori et par un CNESER démocratisé et rendu

décisionnel. Un avis conforme du CNESER sera

nécessaire pour les actes du ministère.

L’UNEF est opposée à la création d’un conseil

unique regroupant CEVU et CS. Le CEVU doit

devenir décisionnel en matière de modalités

de contrôle de connaissances et se défaire une

fois pour toute de son statut de caution dé-

mocratique pour les orientations politiques de

l’université.

La démocratie universitaire est au cœur de

notre combat syndical. Les étudiants doivent

être représentés à tous les niveaux de l’univer-

sité en nombre suffisant pour que ceux pour qui

l’université existe la gouverne avec les person-

nels. En cohérence, nous nous opposons à la

présence et au droit de vote des personnalités

extérieures au conseil d’administration, bien

souvent issus du patronat local.

La loi prévoit la création de communautés

d’universités, censées remplacer les PRES. Si

les évolutions démographiques nécessitent

une refonte de la carte universitaire, c’est bien

le maintien d’une université de proximité qui

est en jeu. La cohérence du maillage territorial

ne peut être assurée que par une vision na-

tionale afin d’éviter la mise en concurrence de

pôles régionaux. Cela doit être mis au cœur

des travaux du CNESER dans les prochains

mois.

La gouvernance des communautés d’université

est particulièrement obscure, avec un nombre

considérable de personnalités nommées et non

élues. Les universités doivent être confiées aux

enseignants, aux personnels et aux étudiants.

L’UNEF demande à ce qu’une nouvelle loi bien

plus ambitieuse soit élaborée, qui rompe défini-

tivement avec la logique de la LRU.

Il faut revenir sur l’autonomie financière des

universités. Cela commence par la reprise en

main par l’état de la gestion des salaires.

La LRU a renforcé le statut et les pouvoirs du

président d’université. Nous demandons une

répartition en trois tiers entre enseignants, per-

sonnels et étudiants. Le CEVU et le CS doivent

voir leurs prérogatives augmenter au détriment

de celles du CA.

Il faut aussi mettre fin au diktat de l’AERES. Sans

légitimité aucune, elle impose aux universi-

tés des logiques comptables déconnectées

des besoins réels des formations. Il faut donc

la supprimer et redonner toute sa place à un

CNESER démocratisé.

Les diplômes universitaires doivent être réinté-

grés dans le droit commun car ils vont à l’en-

contre du cadrage national des diplômes et

font l’objet de frais d’inscription dérogatoires.

• Dès maintenant, s’engager dans la voie vers une allocation d’autonomie

Nous défendons une montée en charge pro-

gressive du statut social pour l’ensemble des

étudiants. L’ouverture des négociations avec le

gouvernement montre, au-delà des désaccords

en son sein, qu’il reste extrêmement frileux sur

la remise en cause du système familialiste. Plus

inquiétant encore, il n’envisage pas d’augmen-

ter les moyens consacrés aux aides sociales.

Pour l’UNEF, cette réforme ne peut se faire à

coût constant.

Notre démarche s’articulera en deux temps  :

obtenir des avancées sociales par le redéploie-

ment de la demi-part fiscale ; et arracher un

investissement qui permettra d’approfondir la

logique de défamilialisation.

Nous nous battrons pour obtenir une augmen-

tation immédiate des bourses de 50% et celle

du nombre de boursiers, pour atteindre 50%

de boursiers. La prise en compte des situations

d’indépendance financière des étudiants doit

donner lieu à l’obtention d’une première mou-

ture de l’allocation d’autonomie.

L’UNEF réaffirme la nécessité d’une dotation

financière pérenne du CROUS pour assurer le

versement des bourses à date fixe. Déjà insuf-

fisantes pour lutter contre la précarité des étu-

diants, leur versement sporadique aggrave leur

situation financière.

Nous défendrons une généralisation de la dé-

familialisation des étudiants. Un outil simple

existe  : rendre fiscalement indépendants les

jeunes rendrait caduque la demi-part fiscale

dont bénéficient certaines familles. Dès lors,

et à titre transitoire, le foyer fiscal d’origine de

l’étudiant peut déclarer verser à ce dernier une

pension alimentaire. Le montant de l’allocation

d’autonomie pourrait être basé ainsi sur l’en-

semble des revenus déclarés par cet étudiant.

Ainsi, ce dispositif entraînerait trois consé-

quences principales :

• allié à un taux de substitution adéquat, il ren-

dra inintéressant financièrement le salariat étu-

diant ;

• il permet d’ouvrir à tous l’accès à l’aide so-

ciale ;

• un bon ciblage du dispositif permettra de

rendre progressivement fiscalement peu inté-

ressant les transferts familiaux, rendant logique

et nécessaire la dotation pour tous les étudiants

d’une aide d’un montant « quasi similaire ».

• Redonner aux stages une véritable vocation pédagogique

Les stagiaires sont aujourd’hui bien souvent

des travailleurs « gratuits » et ultra-précaires.

L’UNEF exige un encadrement strict des stages,

qui doivent avoir un caractère pédagogique et

faire l’objet d’un suivi personnalisé à la fois par

l’établissement et dans l’entreprise. Les stages

hors cursus ou sans lien avec la formation

doivent être systématiquement interdits.

L’UNEF demande que les stagiaires soient ré-

munérés à 75% du SMIC et qu’ils disposent des

mêmes droits et protections que les travailleurs

en CDD. La lutte contre l’utilisation de stagiaires

pour remplacer des salariés — aujourd’hui illé-

gale — doit être renforcée.

43

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 44: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

• Donner une cohérence aux batailles budgétaires : défendre l’investissement éducatif

Notre projet syndical nécessite de mener une

bataille idéologique et matérielle pour défendre

un investissement éducatif massif.

L’UNEF exige un plan pluriannuel d’investisse-

ment dans l’enseignement supérieur. Il devra à la

fois : augmenter le niveau global de financement

de l’enseignement supérieur ; revoir les moda-

lités d’allocation des moyens (SyMPA) pour ré-

duire les écarts de dotation actuels et sortir des

logiques d’appel d’offre ; prévoir un nombre

important de recrutements de personnels ensei-

gnants et BIATSS.

Dans bien des universités, il existe des mobili-

sations et de très vives inquiétudes. L’UNEF dé-

veloppera et relayera ces mobilisations. Notre

responsabilité est de leur donner une visibilité

nationale, un cadre cohérent, en lien avec l’in-

tersyndicale de l’ESR, et imposer, au-delà de

problèmes locaux, un changement de cap éco-

nomique du pays.

• Un droit au logement pour toutes et tous

Ces dix dernières années, les politiques de loge-

ment à destination des étudiants ont été profon-

dément insuffisantes, les objectifs du Plan Anciaux

n’ayant été atteints. Les étudiants sont particuliè-

rement touchés par la crise du logement, parti-

culièrement dans les grandes agglomérations qui

concentrent la plupart des lieux d’études.

L’UNEF exige une revalorisation immédiate

des APL et leur indexation sur l’IRL, un plan de

construction de logements sociaux du CROUS,

un encadrement des loyers du parc privé ainsi

qu’un blocage immédiat des loyers des Cité U.

• Le droit à la culture, pilier de l’émancipation intellectuelle

L’accès à la culture est une condition de l’éman-

cipation intellectuelle. Or, les barrières finan-

cières qui restreignent l’accès à la culture pour

tous s’ajoutent aux barrières sociales et cultu-

relles. Les logiques de marchandisation de la

culture vont à rebours de sa démocratisation. La

culture étant un bien public, l’UNEF exige qu’il en

soit fait une gestion publique pour le bien com-

mun et de tendre à la gratuité de son accès.

La généralisation de l’accès à la culture doit

s’accompagner d’un travail sur les schèmes de

reproduction sociale qui conduisent à évincer

les classes populaires de la culture de la classe

dominante, pourtant la plus valorisée dans notre

cursus universitaire.

Régularisation et égalité pour les étudiants étrangers !

La situation des étudiants étrangers est parti-

culièrement alarmante : ils sont victimes d’une

grande précarité sur le plan administratif, péda-

gogique et financier.

Si la mobilisation a conduit au retrait de la cir-

culaire Guéant, la condition de ces étudiants

n’a pas réellement changé. Le gouvernement

n’a toujours pas opéré les ruptures néces-

saires avec les politiques qui pendant 5 ans ont

dégradé leurs conditions de vie et d’études.

L’UNEF exige donc la régularisation de tous les

étudiants sans-papiers.

Il est urgent d’abroger le décret du 6 sep-

tembre 2011 et d’ouvrir des négociations pour

une réécriture du CESEDA. Il est de surcroît né-

cessaire d’ouvrir le système d’aides sociales aux

étudiants étrangers et de mettre en place un

titre de séjour pluriannuel. Les inégalités entre

étudiants selon leur nationalité doivent cesser !

L’UNEF soutient les collectifs d’étudiants étran-

gers, et notamment sans-papiers, qui s’orga-

nisent pour défendre leurs droits. Elle s’en-

gage au quotidien pour défendre les intérêts

de ces étudiants, non pas à leur place mais à

leurs côtés. La mobilisation pour les droits des

étudiants étrangers est un élément du rapport

de force à construire pour de nouveaux droits

pour les étudiants : l’UNEF fait donc de cette

question un enjeu majeur.

faire de l’unef un acteur du front social

Offrir un destin commun à notre génération

En 2010, lors du mouvement sur les retraites,

étudiants et salariés manifestaient ensemble. Ce

mouvement prenait un sens tout particulier pour

les jeunes : qu’ils soient étudiants, précaires, sala-

riés, ils battaient ensemble le pavé pour leurs droits.

Les jeunes ont ainsi su apporter un démenti

à tous ceux qui cherchaient à les opposer. En

distinguant les jeunes des banlieues, les jeunes

issus des milieux populaires, les jeunes privilé-

giés…, les libéraux font des inégalités sociales

familiales préexistantes la justification d’une hé-

térogénéité des droits.

• Reconnaître l’hétérogénéité de la jeunesse, lui donner une dynamique commune

Cela nous invite donc à affiner notre analyse du

milieu étudiant et de la jeunesse.

La jeunesse n’est pas une entité homogène,

unie, parlant d’une seule voix. Les condition-

nements sociaux font de la jeunesse un groupe

unique mais hétérogène, mu par des processus

complexes. Affirmer cette réalité ne doit en au-

cun cas nous conduire à opposer des groupes

les uns aux autres. Car si les jeunes connaissent

effectivement des situations et des probléma-

tiques différentes en fonction de leur origine

sociale, de leur situation personnelle ou géogra-

phique, notre rôle est de faire émerger ce qui les

unit.

Ainsi, tenant compte d’une image non pas idéa-

lisée mais bien ancrée dans la réalité de ce qu’est

la «  jeunesse », nous affirmons qu’elle possède

un désir commun d’autonomie et d’émanci-

pation. Faire ses propres choix, construire son

propre parcours de vie, avoir la possibilité de

faire des études longues ou d’apprendre un mé-

tier en toute indépendance de ses parents et des

contraintes financières et géographiques, voilà

l’aspiration commune aux jeunes de notre so-

ciété.

En reconnaissant cette hétérogénéité de la jeu-

nesse, l’UNEF est ainsi pleinement en mesure

d’être le syndicat de toutes et tous et de se po-

sitionner comme un acteur incontournable sur

toutes les questions concernant la jeunesse, qu’il

s’agisse de l’emploi, de la formation, du statut

social ou encore de la santé.

On constate aujourd’hui une fracture dans la

jeunesse entre ceux qui ont les moyens de pour-

suivre des études supérieures longues d’un côté,

et ceux qui privilégient les cycles courts profes-

sionnalisants de l’autre. Pour autant, le fils ou

la fille de cadre tout autant que la fille ou le fils

d’ouvrier aspire à une réelle autonomie. L’UNEF a

ce rôle important d’unifier la jeunesse autour des

revendications qui répondent à cette aspiration

commune.

44

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 45: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

L’UNEF se distingue du corporatisme par sa dé-

marche ancrée résolument prospective et dy-

namique. Il est souvent d’usage de dire que le

syndicat défend les intérêts moraux et matériels

des étudiants ; il faut ajouter que nous défen-

dons non seulement les étudiants d’aujourd’hui,

mais également les étudiants de demain et des

jeunes qui sont aujourd’hui privés d’un droit à

l’éducation.

• Quelle place pour l’UNEF dans le mouvement social ?

L’université est un lieu où se côtoient étudiants,

personnels et enseignants, que les libéraux

tentent sans cesse d’opposer entre eux.

La défense du service public et d’un enseigne-

ment supérieur démocratisé sont des enjeux qui

concernent toutes ces catégories et au-delà.

C’est pourquoi nous nous mobilisons sans cesse

pour rassembler notre camp social et faire avan-

cer ses revendications.

L’UNEF cherche donc en permanence à

construire l’unité syndicale et les rassemble-

ments les plus larges possibles sur des objectifs

communs. À ce titre, elle est pleinement partie

prenante du mouvement social. Syndicat à part

entière, l’UNEF a vocation à s’exprimer plus lar-

gement que sur les questions universitaires,

parce que la vie d’un étudiant dépasse large-

ment ce cadre. Organisation altermondialiste,

elle s’inscrit dans l’objectif d’une coordination

de tous les mouvements sociaux.

• Combattre toutes les discriminations

Si les inégalités de revenus et de patrimoine

impactent directement l’accès à l’enseigne-

ment supérieur, elles ne constituent pas l’unique

forme de discrimination pour les jeunes.

Les discriminations liées au genre, à l’orienta-

tion sexuelle, à la couleur de peau… constituent

également des causes fragilisant la réussite des

parcours universitaires et de formation.

L’UNEF s’engage pour lutter contre ces discri-

minations dans les universités et dans la société.

Nous devons être intransigeants face aux pra-

tiques discriminatoires et créer des larges ras-

semblements pour s’y opposer.

Syndicat de transformation sociale, l’UNEF mène

le combat pour l’égalité et contre les discrimina-

tions au-delà des universités. Ainsi, le FECR qui

ne se déroule plus uniquement dans l’enceinte

des établissements, est un bon exemple du type

d’intervention qui doit être celle du syndicat

dans les deux prochaines années. L’UNEF s’im-

plique pleinement dans les initiatives militantes

et mobilisations pour l’égalité (mobilisation pour

le mariage pour tous, collectifs antiracistes…).

Face à la progression de l’extrême droite, y com-

pris dans les universités, l’UNEF s’investit plei-

nement dans la lutte antiraciste et antifasciste.

L’UNEF renforcera cette dimension importante

de son action syndicale dans les deux ans à venir.

• Un syndicat féministe

L’UNEF est une organisation féministe, détermi-

née à lutter contre la domination de genre et le

patriarcat.

Les pratiques sexistes restent monnaie cou-

rante à l’université : les affiches et les soirées

organisées par les corporations en sont un triste

exemple. L’enseignement supérieur aujourd’hui

reste profondément marqué par les inégalités

de genre et son fonctionnement entretient leur

reproduction : orientation genrée, moindre pré-

sence des femmes dans les niveaux master et

doctorat…

Notre action doit intégrer cette dimension et la

nécessité d’une bataille idéologique contre ces

processus de ségrégation. L’objectif d’égalité

doit être intégré dans nos réflexions et nos ba-

tailles sur l’orientation, les filières, les modalités

de contrôle des connaissances…

Notre engagement féministe doit également in-

terroger notre propre organisation. L’UNEF s’en-

gage à respecter strictement l’exigence de pa-

rité sur ses listes, à créer les cadres permettant

d’impliquer davantage les militantes (comme

par exemple l’expérimentation de réunions non-

mixtes), à travailler sur la répartition des tâches

et des responsabilités dans le syndicat…

Changer nos pratiques syndicales

• Un syndicat rassemblé dans la bataille syndicale

L’arrivée de la gauche au pouvoir et l’exacerba-

tion de la crise économique et sociale doivent

nous conduire à interroger nos pratiques et

notre positionnement syndicaux.

L’UNEF ne peut se satisfaire de fonctionner sur

la base des divergences syndicales qui sont le

fruit d’une période politique dépassée. Le risque

serait grand pour la vitalité démocratique de l’or-

ganisation et pour son orientation, que nos dé-

bats soient cristallisés par des tendances jouant

des rôles attribués et bien établis et dont nous

avons hérité.

Le mode de fonctionnement en tendance doit

permettre l’expression la plus large possible des

adhérents sur un projet syndical partagé, pour

permettre à l’UNEF d’être un véritable syndicat

de masse en tenant compte des divergences

d’analyse syndicale. Or, dans le fonctionnement

actuel, des militants de différentes tendances,

qui pourraient partager des positions com-

munes ne trouvent pas de cadres adéquats pour

les exprimer, et c’est au final la force de l’UNEF

dans son ensemble qui en pâtit.

Nous ne nous satisfaisons plus de cette situa-

tion. Bien loin de vouloir revivre les débats his-

toriques qui ont animé l’UNEF, nous souhaitons

construire de nouvelles expériences militantes,

les expérimenter et les faire mûrir.

Plusieurs chantiers nous semblent à ce titre in-

dispensables.

Une vraie révision de l’implantation

territoriale des structures syndicales :

Au cours des dernières années la carte universi-

taire s’est profondément modifiée. L’analyse des

résultats électoraux de l’organisation démontre

la nécessité d’une présence quotidienne sur

chaque site universitaire. Il nous faut donc réfor-

mer l’implantation et la coordination des AGE et

des CAS sur le territoire. C’est une vraie réflexion

collective entre militants et tendances qu’il faut

engager.

Une nouvelle organisation des CN :

Les collectifs nationaux sont des moments im-

portants pour la cohésion de l’organisation. Ils

répondent à des objectifs variés  : définition de

l’orientation syndicale, renouvellement des ins-

tances et formation des camarades. Le déve-

loppement des équipes militantes de l’UNEF au

cours des dernières années a induit une inadé-

quation de la forme actuelle des CN avec l’ob-

jectif d’une pleine appropriation des débats par

les camarades.

Les changements récents, notamment l’orga-

nisation de tables rondes thématiques sont une

bonne expérimentation mais ne répondent pas

à cette difficulté  : comment susciter la partici-

pation d’un maximum d’étudiants dans des ren-

contres à plus de 800, comment offrir aux ad-

hérents des formations et ateliers enrichissants

auxquels ils peuvent participent, et non à des

45

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 46: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

cours magistraux à la pédagogie infantilisante

? Il nous faut faire de ces événements de vrais

moments de décisions politiques et non pas uni-

quement d’explications des débats internes. Un

temps plus important doit être sanctuarisé pour

permettre au plus grand nombre de militants

d’intervenir, en tant qu’experts de leur milieu. Il

faut une mutualisation des expériences par la

participation collective.

Une nouvelle organisation des congrès :

Nous ne pensons pas que l’organisation des

congrès telle qu’elle est proposée aujourd’hui

par la Tendance Majorité Nationale soit à même

d’amplifier le rapport de force de l’organisation,

ce qui est habituellement le second objectif,

louable, de l’UNEF au moment de leur tenue. Les

statuts de l’UNEF doivent indiquer seule la prise

en compte égale des voix (une voix, un mandat)

est à même de garantir l’expression démocra-

tique des adhérents. Le mode électoral actuel

freine l’expression démocratique des tendances

et transforme les débats d’idées en guerre ou-

verte de territoires. Ces batailles stériles récur-

rentes accaparent une année militante sur deux

et empêchent de se consacrer aux priorités lo-

cales.

L’objectif est de dépasser les défauts du mode

de fonctionnement en tendance actuel en de-

venant des groupements de pratiques syndicales

capables de travailler en commun pour amélio-

rer la capacité d’analyse et d’action du syndicat.

• L’autonomie des AGE : l’expertise locale garante de notre efficacité

Structures souples qui permettent d’épouser

les réalités locales, les AGE sont le moyen pour

l’UNEF de coller à son milieu. La force de notre

syndicat est d’être présent à la fois localement

et nationalement, sans jamais opposer les deux

dimensions. L’UNEF se caractérise par ce double

mouvement : décliner une orientation nationale

à l’échelle locale, prendre en compte les réalités

locales dans l’élaboration de la ligne nationale.

En ce sens, se couper de la base locale revien-

drait à affaiblir la position nationale, et ignorer la

nécessité d’une cohérence nationale serait pré-

judiciable à l’action de chaque AGE.

Il est nécessaire de donner la possibilité à l’en-

semble des camarades, à travers la formation, de

s’approprier le fond de son activité, d’être capable

de créer son propre matériel (tract, affiches etc.),

d’organiser son planning militant en fonction à la

fois des campagnes nationales, mais également

des réalités locales. C’est la garantie d’avoir une

action qui se pérennise par une véritable trans-

mission d’expériences militantes permettant à la

fois d’être effectivement expert de notre milieu,

mais également de pouvoir stimuler les cama-

rades pour qu’ils ne se sentent plus dépossédés

de leur activité. Toutes les AGE doivent égale-

ment pouvoir se saisir des enjeux nationaux. La

communication entre AGE, toutes tendances

confondues, est également nécessaire. La créa-

tion des « communautés d’universités » l’impose

d’autant plus. Ceci permet également d’homo-

généiser davantage l’organisation et de favoriser

la formation des camarades.

• Un syndicat en phase avec son milieu

La légitimité du syndicat repose sur ses ad-

hérents et sa capacité à intégrer le plus grand

nombre dans son action. Quand une AGE est

présente sur le terrain, quand elle intervient dans

les débats universitaires, alors l’adhésion et l’en-

gagement ne sont plus uniquement l’expression

ponctuelle de l’indignation sociale au moment

de la rentrée mais bien un réflexe collectif tout

au long de l’année. « Un bon militant est un bon

étudiant » parce qu’il est justement en phase

avec son milieu.

Ainsi, les AGE se doivent de travailler au maxi-

mum à incarner l’action syndicale en permettant

de conscientiser les étudiants, de relayer leurs

aspirations et de les traduire syndicalement. En

d’autres termes, l’UNEF doit réussir à réellement

incarner les étudiants et sera ainsi plus efficace

pour faire évoluer l’état de conscience collective

dans les universités comme dans la société.

La massification de notre base militante est donc

un enjeu décisif. Or il est aujourd’hui évident que

notre mode de fonctionnement ne peut plus

permettre à un maximum d’étudiants de s’impli-

quer dans le syndicat. Dans un contexte de recul

de la démocratisation et de précarité, le risque

est grand de voir l’implication des adhérents se

replier sur un noyau dur de militants et donc in

fine de se couper de son milieu. Chacune de

nos actions doit donc tendre à la syndicalisation

toujours plus importante des étudiants, et ce sur

des bases qui permettent à tous les militants la

réappropriation de notre outil syndical.

Cela appelle une évolution de nos pratiques.

Si militer vient du latin militare, « être soldat »,

il convient de ne pas confondre étymologie et

pratique syndicale.

Reconnaître les évolutions du milieu implique de

changer ici et maintenant notre militantisme en

ouvrant l’activité du syndicat à tout un chacun.

Le développement de la précarité étudiante ne

permet plus de conserver un modèle de mili-

tantisme basé sur l’abnégation. Redoubler une

année signifie pour certains l’arrêt pur et simple

des études.

Cette redéfinition des pratiques militantes doit,

et c’est une priorité compte tenu de la structura-

tion des forces corporatistes, permettre à l’UNEF

de retrouver une véritable implantation sur l’en-

semble des sites universitaires, dans toutes les

filières et y compris dans les écoles.

• La formation tout au long de la vie : nouveaux étudiants, nouveaux défis pour l’UNEF

Si l’UNEF veut pouvoir concrétiser son ambition

d’être le syndicat de tous les étudiants, il nous

faut également prendre en considération leur

diversité. La formation tout au long de la vie et

les reprises d’études offrent autant de nouveaux

publics auxquels l’UNEF doit être en mesure

d’assurer une place aussi naturelle que ce qu’elle

offre aujourd’hui aux jeunes de 18-25 ans.

Conscients des enjeux spécifiques de la forma-

tion initiale sur les trajectoires de vie, nous ne

pouvons pour autant hypothéquer notre ambi-

tion d’unir dans l’UNEF l’ensemble des étudiants.

Nous ne pouvons que nous féliciter qu’ils soient

de tous les âges et de tous les profils. Si l’éman-

cipation passe par le savoir, il nous faut être à la

pointe du combat pour que tous y accèdent ;

non seulement par la formation initiale, mais

aussi à tous les âges de la vie.

Un syndicat internationaliste

Syndicat internationaliste, l’action de l’UNEF

n’est pas circonscrite à la France.

Les tenants de la rigueur enferment l’Europe

dans la récession. Ils remettent en cause l’en-

semble des protections collectives et portent un

projet pour l’enseignement supérieur unique-

ment tourné vers la réponse aux besoins immé-

diats des entreprises.

Il est plus que jamais nécessaire d’organiser la

contre-offensive. L’UNEF doit renforcer son ac-

tion dans l’ESU (malgré ses défauts) et donner

une vraie autonomie d’action au pôle syndical,

qui rassemble les organisations qui partagent

notre volonté de transformation sociale. L’UNEF

doit également renforcer ses liens avec la CES et

les organisations syndicales de salariés.

46

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 47: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Ces politiques ne sont pas circonscrites à l’Eu-

rope. Le printemps arabe, les mouvements étu-

diants au Québec ou au Chili ont montré que la

jeunesse est au cœur des transformations so-

ciales et politiques. L’UNEF soutient ces mou-

vements et tisse des liens avec les organisations

syndicales étudiantes de ces pays. Elle inter-

vient aussi pour donner son analyse des évé-

nements et ne pas laisser les libéraux donner

une grille de lecture néfaste pour nos propres

mobilisations.

Promouvoir un autre mode de fonctionnement de l’économie

• Promouvoir le droit à la santé, défendre le régime étudiant de sécurité sociale

Les décisions fiscales prises par le précédent

gouvernement mettent en péril les finances des

mutuelles étudiantes. L’absence d’investisse-

ment de l’état dans la prévention santé et une

remise de gestion inférieure au coût réel font

reposer sur les mutuelles étudiantes le poids du

désengagement de l’état.

Les déremboursements décidés par la droite

ont des conséquences dramatiques pour la

santé des étudiants, faisant des complémen-

taires santé la béquille de substitution au ré-

gime obligatoire, alors même que près d’un

cinquième des étudiants n’ont pas de mutuelle,

contre 6% pour l’ensemble des Français. Ces

mesures, de même que les franchises médi-

cales, doivent être abrogées.

L’UNEF demande que soit mis en place des

centres de santé universitaires à partir des

SIUMPPS, gérés par les CROUS, permettant aux

étudiants un accès gratuit à la médecine de

ville et préventive et de pouvoir bénéficier du

tiers payant. L’accès aux soins doit être rendu

possible par la mise en place d’un chèque santé

national.

Afin d’améliorer la qualité du service rendu aux

étudiants, il faut tendre à la réunification du

RESS autour de la LMDE. Si la mise en concur-

rence du RESS avait des motivations politiques,

la réunification de celui-ci doit permettre de

renforcer la légitimité du mutualisme étudiant

démocratiquement géré et d’améliorer la lisibi-

lité pour les étudiants.

L’UNEF continuera à s’investir pleinement dans

la gestion de la LMDE.

• Coopératisme : troisième pilier et pourtant parent pauvre du mouvement social

L’UNEF s’engage pour le coopératisme étudiant,

notamment à travers l’UCEF ou Solidarité étu-

diante, afin de défendre concrètement les étu-

diants au quotidien. Cela doit être une porte

d’entrée supplémentaire pour les militants et

ne doit plus être le parent pauvre de l’action de

l’UNEF.

Le coopératisme est une démonstration de l’uti-

lité du syndicat. Notre démarche allie défense

matérielle des étudiants et objectif de conscien-

tisation du milieu, à mille lieues de la démarche

commerciale et opportuniste des corporations.

Au-delà des nécessaires et traditionnelles

bourses aux livres, l’UNEF se doit de développer

de nouveaux services à travers l’UCEF. En dehors

des temps forts de la vie universitaire, la pré-

sence de l’UNEF au quotidien doit être caracté-

risée par ses services coopératistes, qui doivent

être universels.

Enfin, les coopératives doivent compléter le

service public, et non le remplacer. C’est pour-

quoi cette démarche doit s’articuler avec la re-

vendication d’un haut niveau de service public,

les coopératives ne devant pas durablement se

substituer aux carences du CROUS.

« Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On lui marche

dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête. » Victor Hugo

les signataires

BOURDELLON Jean-Baptsite, Commission de Contrôle, NancyDelaux Estelle, Bureau Nationa,l élue CA Université BourgognewITT Lauranne, Bureau National, élue CA Université De Lorraine NOUR Sonia, Bureau National, élue CEVU Angers MERBAH Lucile, Bureau National, élue CEVU AngersMOQUET Grégoire, Président d’AGE, AmiensTUTIN Baptiste, Secrétaire général, Amiens DEVRAIGNE Geoffrey, Trésorier, Amiens CORDIER Florian Président d’AGE, élu CA CROUS, AngersDUCHêNE Chloé, Secrétaire générale, AngersCOUSSEAU Vincent, trésorier, élu CEVU, AngersBOUDET François, élu CEVU Bordeaux 3BERNy Jean-Baptiste, IEP Bordeaux FERRET Florian, élu CEVU Bordeaux 4MARTINEZ Laura VPE CEVU Bordeaux 3BERTHAULT Emma élue CA Bordeaux 3 élue CROUSBOUVARD Sarah, Présidente d’AGE, ChambéryGOUGEON Romane, Secrétaire Générale, Chambery TRUCHET Mathieu, ChamberyCOUCHARD Aliaume, Président d’AGE, VPE, Clermont-Ferrand MAyET Alexis, Secrétaire Général, Clermont-FerrandGALISSOT Lucie, TrésorièreBAH Alpha, Président d’AGE, élu CEVU, DijionVANDAMNE Julie, Secrétaire Générale, élue CEVU, Dijon GENIN Florent, TrésorierHEUZE Alban, EHESSSONTBONNE Gaspard, EHESSSENEGATS Nicolas, ENS CachanAUBERT Valentine, IEPMATTKE Jan, IEPBÜRBAUMER Benjamin, IEPBA Mamadou, Secrétaire Général, élu CA, Le HavreLEHOUx Erwan, Commission de Contrôle, VPE, Le Havre DIAMPHy Jérémy, étudiant VPE, Lille 3 MARION Pierre, Président d’AGE, NancyGALLET Ariane, Secrétaire Générale, Nancy ASPERTTI Lucas, Trésorier, NancyALLEK Syphax, élus CROUS, NiceCRIVELLI Remi, Trésorier, NicePOIREL Alexandre, élu CROUS, MetzANTZERBERGER Bruno, Paris 1PEZIN Clément, Paris 1GEORGIN Alexis, Président d’AGE, Paris 5SALOMON Pauline, élu CA, Paris 5HEURTIER Lucie, Paris 6HERBAULT Florian, Paris 7VESCOSI Thomas, Paris 8BARON Thomas, Paris 10CHAVALIER Thomas, Paris 10BARREAU Elliot, Paris 10VINARNICK Nicolas, Paris 11MAURE Hugo, RennesREMOND-HELLO Anne-Zoé, RennesGOUTT Kaido, RennesFOURNy Maud, RennesDOUCET Germain, RennesHANNEZO Florian, RennesLAVALOU Jules, élu CEVU, RennesTABOURET Marion, élu CEVU, RennesTRICOIRE Florence, Strasbourg

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 48: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Le 84e congrès de l’UNEF se déroule dans

un contexte particulier pour l’Enseignement

supérieur. La crise budgétaire qui traverse les

universités est d’une ampleur sans précédent

et va probablement s’accroître. Le nombre

d’universités en déficit augmente d’année en

année, tout comme les plans de rigueur locaux

qui s’abattent sur les étudiants, les personnels

et les filières, mettant en cause l’existence

même du service public. Ces plans d’austérité

entraînent une dégradation brutale et rapide

des conditions d’études, remettant en cause

la qualité des formations de toute une géné-

ration, hypothéquant par la même son avenir.

Voilà la conséquence réelle des contre-ré-

formes que depuis des années nous avons

dénoncées et combattues. L’austérité à l’uni-

versité est devenue un problème concret et

quotidien et plus simplement une lutte idéolo-

gique. Elle doit être combattue pied à pied, TD

par TD, filière par filière, université par univer-

sité. C’est la première responsabilité de l’UNEF

dans cette période.

La crise que traversent les universités est le

miroir de l’approfondissement de la crise in-

ternationale du capitalisme.

Les classes dirigeantes sont à l’offensive pour

revenir sur les droits acquis par les luttes de-

puis le début du vingtième siècle. Cette of-

fensive est particulièrement importante en

Europe, qui apparaît comme le maillon faible

du capitalisme. L’Europe du sud est particuliè-

rement touchée par des politiques d’austérité

drastiques à tel point qu’en Grèce il existe des

risques de malnutrition et d’épidémies.

Mais des résistances existent. Ces deux der-

nières années ont été marquées par des luttes

de masses dans l’état espagnol, en Grèce, en

Bulgarie ainsi qu’au Québec où les étudiant ont

joué un rôle central. Dans les pays dominés,

les populations s’organisent et se révoltent.

Les processus révolutionnaires enclenchés en

Tunisie et en égypte sont loin d’être terminés.

Au fil des expériences de lutte, la conscience

politique des classes dominées de ces pays a

fortement progressé.

En France, la crise continue. Des usines fer-

ment, les licenciements pleuvent, des travail-

leurs se suicident ou s’immolent, de nouveaux

reculs sont votés attaquant le Code du travail,

les retraites, les chômeurs, l’éducation. Le

gouvernement Hollande-Ayrault s’inscrit dans

la droite ligne de son prédécesseur. Il applique

les mesures des patrons pour nous faire payer

la crise.

Mais les travailleurs victimes de licenciements

commencent à s’organiser pour lutter collec-

tivement et organiser une réelle convergence

des luttes. Car même sous un gouvernement

« de gauche », nous ne pouvons compter que

sur nos propres forces pour améliorer nos

conditions d’existence. L’UNEF doit donc être

une force motrice pour prendre des initiatives

de lutte contre les attaques sur les universités.

Or, ces dernières années, le syndicat n’a pas

été à la hauteur des enjeux. Ce congrès doit

être l’occasion de changer d’orientation en

nous opposant sans concession aux attaques

libérales contre l’Enseignement supérieur, d’où

qu’elles viennent. Le congrès doit permettre à

l’ensemble du syndicat de prendre des initia-

tives pour contrer l’austérité dans les universi-

tés et son institutionnalisation via la loi cadre.

L’UNEF doit donc chercher à entraîner le plus

grand nombre d’étudiants dans l’action, vers la

construction d’une mobilisation unitaire et dé-

mocratique, un mouvement d’ensemble pour

mettre un coup d’arrêt aux politiques d’austé-

rité dans les universités et dans la société.

leur Projet : attaquer nos études Pour casser notre avenir

Une situation de plus en plus précaire pour les étudiants

Les étudiants vivent dans des conditions de

plus en plus précaires. Une grande partie vit

sous le seuil de pauvreté et commence les

mois avec des difficultés. C’est souvent le

système D pour se nourrir, se vêtir et étudier.

L’arrêt ou l’échec des études en est la consé-

quence directe. Presque tous les étudiants

sont obligés de se salarier plus ou moins régu-

lièrement. Le système d’aides sociales actuel

est insuffisant et injuste.

Insuffisant car seuls 20 % des étudiants béné-

ficient de bourses sur critères sociaux et que

leurs montants ne sont pas assez élevés pour

vivre décemment. L’échelon le plus haut est de

460 euros par mois durant dix mois pour payer

son loyer, sa carte de transport, ses repas et

ses bouquins : c’est mission impossible ! Tous

les prix augmentent mais les bourses restent

insuffisantes.

Injuste car il n’est pas calculé en fonction de

la situation réelle de l’étudiant mais en fonc-

tion de celle des parents. Il faut mettre fin à un

système d’aides sociales qui laisse démunie de

ressources une frange significative d’étudiants

et attribue plus d’argent aux familles les plus

aisées via la demi-part fiscale (1900 millions

d’euros) qu’à celles qui en ont le plus besoin

(1700 millions d’euros).

Le service public des CROUS est menacé

parce qu’il est considéré comme peu rentable.

Comment tolérer qu’un secteur aussi intéres-

sant que la restauration de milliers d’étudiants

Mobiliser face à l’austérité, construire un syndicat combatif

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE « POUR UN SYNDICALISME COMBATIF »

48

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 49: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

soit géré par un organisme public qui ne fait

pas de profit ? Petit à petit l’état se désengage

de la restauration étudiante ou tente de la

rendre lucrative. Le prix du ticket RU augmente

chaque année, et il devient courant de devoir

payer en carte monéo (10  euros minimum).

Les prix dans les cafétérias n’ont parfois rien à

envier à ceux du privé.

De plus en plus d’étudiants sont obligés de se

loger dans le privé et de payer des loyers ex-

cessifs car il y a trop peu de logements étu-

diants. Seuls 7 % des étudiants ayant quitté leur

domicile ont accès à une chambre en cité U.

Le gouvernement avait annoncé qu’une ré-

forme des aides sociales aurait lieu pour mettre

en place l’allocation d’autonomie. Les négo-

ciations sont en cours et nous n’avons que peu

d’éléments sur ce qui en sortira. Mais pour lui,

il n’est pas question de mettre en place une

allocation d’autonomie qui permettrait à tous

les jeunes d’être autonomes, d’avoir un reve-

nu leur permettant d’être indépendant de leurs

familles.

L’austérité pour les universités, c’est maintenant !

Les universités font face à une crise budgé-

taire sans précédent. Plus de la moitié d’entre

elles connaissent des déficits s’élevant parfois

à plusieurs millions d’euros. 14 millions d’euros

manquent à Nantes, 4,4 millions à Angers, 20

millions à Strasbourg. Derrière ces chiffres, ce

sont partout des économies qui sont faites sur

le dos des étudiants et des personnels en di-

minuant le nombre de TD et de chargés de TD,

en fermant des bibliothèques... Les étudiants

en pâtissent et sont condamnés à étudier dans

des conditions scandaleuses à plus de 70 par

classe, dans des locaux qui tombent en ruine.

Les suppressions d’options et de filières se gé-

néralisent. La sélection directe à l’entrée de

la L1 s’accroît. Les modalités de contrôle des

connaissances (MCC) sont drastiquement im-

pactées avec des suppressions de secondes

sessions, voire de partiels de première session.

Cette situation est le produit de la casse du

service public. La politique menée par les

gouvernements depuis 2002 a consisté à res-

tructurer le système universitaire, créant des

facs d’élite et des facs de proximité limitées à

dispenser des licences. Les universités et les

étudiants sont mis en concurrence les uns

avec les autres. Les diplômes délivrés sont non

seulement différents d’une université à l’autre,

mais aussi d’un étudiant à l’autre.

Les dernières réformes (Pacte pour la recherche,

Opération campus, Plan réussite en licence, ar-

rêté licence de 2011...) ont été dans ce sens  :

l’offre de formations et l’organisation des univer-

sités sont soumises aux besoins des entreprises.

La loi Libertés et responsabilités des universités

(LRU) de 2007 a posé les jalons structurels de

cette concurrence en accordant l’autonomie

budgétaire aux universités. C’est la principale

cause de l’état désastreux de nos facs. Sa dan-

gerosité est aggravée par le désengagement fi-

nancier de l’état.

Le gouvernement Hollande poursuit la même

logique. Alors que toute la communauté uni-

versitaire attendait une rupture avec la LRU, la

nouvelle loi amplifie l’autonomie des universités.

Ils veulent faire de nous des précaires à vie !

La crise du système oblige la classe dominante

à se réorganiser et à réorganiser l’ensemble de

l’économie. Les attaques pleuvent sur notre

camp social : licenciements, austérité, attaques

sur les salaires…

Il s’agit de faire de la jeunesse une variable

d’ajustement sur le marché du travail. Elle oc-

cupe cette place avec des contrats précaires et

des bas salaires, qui en font une main d’œuvre

à bas coût et facile à licencier en cas de coup

dur. La jeunesse doit toujours faire face à des

contrats spécifiques comme les emplois-jeunes,

le CPE, les emplois d’avenir, etc.

Les attaques contre l’éducation répondent éga-

lement à cette logique. Il s’agit de baisser les

salaires, le « coût du travail », et de casser nos

contrats de travail, nos diplômes, nos conditions

d’études et en soumettant l’éducation aux be-

soins économiques.

La loi Fioraso : de graves dangers pour les étudiants et l’enseignement supérieur

La nouvelle loi cherche à aller plus loin dans

l’autonomie des universités, en la liant plus

fortement à l’économie. Le message est clair  :

l’Enseignement supérieur doit contribuer « à la

croissance et à la compétitivité de l’économie »

mais surtout « aux besoins des secteurs écono-

miques et à leur évolution prévisible ».

Masterisation : le gouvernement poursuit la casse de la formation des maîtres

La réforme de la « masterisation » de 2009 a

conduit à une casse de la formation des pro-

fesseurs. Les nouveaux masters en ont décou-

ragé plus d’un : en plus de devoir financer deux

années d’études supplémentaires, les étudiants

se sont retrouvés à mener de front épreuves

du concours, validation du master, rédaction

du mémoire, certificats de langue et d’infor-

matique et stage en établissement. Les candi-

dats malheureux, avec un master « métiers de

l’enseignement » dont la valeur dépendait es-

sentiellement de l’université qui le délivrait, se

voyaient offrir dans le meilleur des cas un poste

de contractuel, donc de précaire, dans l’éduca-

tion nationale. L’objectif de cette réforme était

de faire des économies en cassant le statut de

fonctionnaire et en supprimant les IUFM.

Le projet du gouvernement Hollande, loin de

revenir sur la masterisation, cherche à l’amé-

nager en faisant reposer la formation des en-

seignants de tous les degrés sur les universités

et sur de nouvelles structures remplaçant les

IUFM.

Les ESPE (écoles supérieures du professorat et

de l’éducation) accueilleront les étudiants des

master «  enseignement, éducation et forma-

tion » de différentes universités, mais aussi des

enseignants en formation continue. Une nou-

velle mouture du concours, avec des épreuves

« plus professionnelles » qui auront lieu en fin

de M1, sera proposée. Il n’est donc en aucun

cas question, dans ce projet, de renoncer à une

masterisation qui couple master et concours

et qui crée le problème des «  reçus collés  »

(étudiants ayant le concours et pas le master

ou inversement). Pire encore, les universités

seront subordonnées aux futures ESPE, gérées

par le rectorat. Elles décideront du contenu du

diplôme universitaire. Le peu de place laissé au

contenu disciplinaire dans le futur concours

contribuera à dévaloriser la formation et le mé-

tier d’enseignant. Et pour pallier le manque de

formation, Hollande a mis en place des « em-

plois d’avenir professeurs »  : le but est de re-

cruter des étudiants à bac +2 issus de milieux

modestes pour travailler à mi-temps comme

prof ou « aide-prof ». Autant dire que pour les

futurs profs, ce sera marche ou crève !

49

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 50: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

• Une accentuation de la casse de nos diplômes

L’une des conséquences de la future réforme

est la procédure permettant aux universités

d’être accréditées pour délivrer un diplôme.

L’accréditation d’un établissement pour la dé-

livrance d’une offre de formation passera par

un dossier comprenant l’offre de formation

qu’il souhaite pouvoir délivrer. Un établisse-

ment ainsi accrédité sera libre de faire évoluer,

au sein des grandes mentions définies na-

tionalement, le contenu précis des diplômes

sans aucun contrôle national. Autrement dit,

l’université accréditée aura le droit de délivrer

ses diplômes et de les modifier sans passer

au préalable par le ministère, sans qu’il n’y ait

aucun contrôle sur les changements. Le seul

cadre proposé est que 50 % des crédits ECTS

attribués soient en rapport avec la mention du

diplôme. C’est déjà léger, mais c’est immé-

diatement rendu caduc quand on sait que ce

contrôle se fera a posteriori, donc une fois que

le mal sera fait !

C’est un renforcement très important de l’au-

tonomie pédagogique des établissements.

C’est la possibilité de faire évoluer le conte-

nu des formations très rapidement, y com-

pris pourquoi pas d’un semestre sur l’autre

en fonction des évolutions économiques, des

stratégies budgétaires des universités, des ef-

fectifs ou d’autres critères encore plus opa-

ques. Une licence obtenue par un étudiant

aura beau être reconnue dans une nomencla-

ture nationale, sa qualité et son contenu, se-

ront encore plus marqués par l’établissement,

voire l’année dans laquelle elle aura été obte-

nue. Les diplômes seront encore plus indivi-

dualisés. Les parcours différenciés, qui avaient

été « écartés » de l’arrêté licence de 2011 re-

viendront par la fenêtre.

L’évolution des matières est conçue en lien

avec les besoins des entreprises du bassin

d’emploi local, en fonction de l’évolution des

métiers. Il s’agit d’une régionalisation impor-

tante de l’Enseignement supérieur par le biais

de l’offre de formation. L’accréditation d’un

établissement se fera aussi sur la cohérence de

l’offre de formation territoriale. En définitive,

pour constituer les dossiers d’accréditation,

les établissements devront décider au niveau

des futurs regroupements universitaires (voir

ci-dessous).

L’offre de formation d’un établissement devra

s’inscrire dans des stratégies de compétitivité

des sites. Pour être accrédité, un établissement

devra montrer un rapport étroit entre l’offre de

formation proposée et le contrat quinquennal

budgétaire. Le SGEN-CFDT explique ainsi que

«  l’établissement devra montrer le lien étroit

entre l’offre de formation qu’il propose et les

axes stratégiques de son contrat (quinquennal) :

cela peut par exemple permettre que l’état ac-

cepte le développement dans un secteur don-

né mais sous-entend que l’établissement s’en-

gage en conséquence à conduire des actions

en terme de recherche, affectation de postes,

structuration de composantes, etc. pour sou-

tenir cet axe stratégique dans le contrat à venir.

L’évaluation à postériori permettra notamment

de regarder si ces engagements ont été tenus. »

En d’autres termes  : il s’agit de promouvoir la

spécialisation dans certains domaines compé-

titifs et de leur affecter les moyens nécessaires

en conséquence au détriment d’autres secteurs

moins rentables et pour lesquels la cure d’aus-

térité sera la contrepartie. L’offre de formation

est donc intrinsèquement liée à l’autonomie

budgétaire et aux stratégies développées par

les établissements dans ce cadre.

• Création de trente regroupements universitaires ou comment démanteler le service public

Avec la création de trente pôles universitaires

en France, il s’agit de regrouper les universités

sur la base d’un bassin économique en fusion-

nant les universités ou en créant des commu-

nautés scientifiques. L’objectif est de spéciali-

ser chaque université en fonction des besoins

économiques du bassin industriel. Cela créera

des mastodontes universitaires qui recevront

des budgets de plusieurs centaines de millions

d’euros, qui seront pilotés pour la compétitivité.

La compétitivité pour certains domaines de

ces regroupements universitaires s’articulera

avec l’austérité pour d’autres filières, en fonc-

tion des schémas régionaux de l’Enseignement

supérieur. Certaines universités deviendront

des sortes d’IUT s’arrêtant à la licence, quand

d’autres recevront les moyens pour développer

la recherche et des formations de pointe.

Enfin, pour les personnels, la loi propose d’or-

ganiser la mobilité à l’intérieur de ces regrou-

pements universitaires. Quand on sait que les

zones géographiques ainsi recouvertes peuvent

être de plusieurs centaines de kilomètres, on

imagine aisément la dégradation des condi-

tions de travail que cela entraînera.

• Faire de la recherche une machine à profits !

En matière de recherche, la rentabilité devient le

maître mot. Avec la notion de transfert immé-

diat des activités de recherche vers l’économie,

il faudra que les sujets de recherche répondent

aux besoins des entreprises. Pourtant, la re-

cherche devrait être à but non lucratif, pour faire

progresser la société dans son ensemble. Alors

que le gouvernement se plaint de la fuite des

cerveaux, il met en place une réforme qui va ac-

centuer ce processus car les sujets seront limités

à la recherche du profit.

Cette réforme est une nouvelle attaque qui re-

met en cause nos conditions d’études et notre

avenir dans le monde du travail. Il faut donc net-

tement nous y opposer.

Emploi des jeunes : la variable d’ajustement...

60  000 licenciements en 2012 et d’autres qui

sont déjà prévus pour 2013, taux de chômage

important chez les jeunes... Dans une telle situa-

tion notre avenir est incertain.

Le gouvernement propose d’accentuer la pré-

carité. La généralisation du recours aux stages

dans les différents cursus ou encore les emplois

d’avenir sont des exemples frappants. Il s’agit

d’emplois pour les jeunes issus des « zones sen-

sibles », pouvant être signés comme des CDI ou

des CDD avec une aide de l’état pendant trois

ans à hauteur de 75 % du salaire (SMIC) pour le

secteur non marchand et 35 % pour le secteur

marchand. C’est un cadeau pour les entreprises :

trois ans d’emploi aidé, puis le licenciement car

les patrons pourront bénéficier d’un nouveau

salarié dont ils ne paieront pas l’entièreté du

salaire. Cela a déjà commencé avec le licencie-

ment de certains emplois d’avenir au mois de

décembre.

Les promesses à la jeunesse d’Ayrault le 21 fé-

vrier vont dans le même sens. Les jeunes au

chômage pourront toucher le RSA seulement

s’ils s’engagent à accepter le premier contrat

qu’on leur propose, peu importe qu’il soit pré-

caire, sans lien avec leur formation.

Il s’agit d’une offensive qui fait croire que les

jeunes sortis des études sont moins capables de

travailler, alors qu’ils fournissent exactement la

même quantité de travail.

Le nouvel accord national interprofessionnel

(ANI) donne la possibilité aux patrons de baisser

50

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 51: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

les salaires et/ou d’augmenter le temps de travail

pendant une certaine période. Les licenciements

seront facilités. L’entreprise pourra exiger d’un

salarié un déplacement géographique sur un

autre site ou un autre secteur de l’entreprise. Si

celui-ci refuse, il sera licencié pour « faute per-

sonnelle ». C’est une régression sans précédent

du droit du travail.

Pour les étudiants d’aujourd’hui, ça veut dire la

précarité à vie et sans droits demain ! Il est temps

de rejeter toutes ces contre-réformes et d’im-

poser une autre logique !

une stratégie syndicale combative contre l’austérité de « gauche »Un an après l’arrivée de Hollande, le bilan de sa

politique est clair : les seules promesses tenues

ont été celles en faveur des riches et du patro-

nat. Il poursuit la politique de la droite dans tous

les domaines. La crise allant en s’aggravant, les

exigences des classes dirigeantes se font de plus

en plus importantes.

Ceux qui juraient contre la «  TVA sociale  » de

Sarkozy ont accepté l’augmentation des taux

de TVA et l’économie de 10 milliards d’euros

supplémentaire sur les services publics ! Ils ont

accordé 20 milliards d’euros de crédits d’impôts

aux entreprises via le pacte de compétitivité.

Le crédit d’impôt recherche permet aux plus

grands licencieurs du moment (PSA, Sanofi…) de

bénéficier de 5 milliards d’euros pris directement

sur le budget de l’Enseignement supérieur, alors

que les universités subissent une cure d’austérité

drastique.

L’ANI est simplement retranscrit dans la loi

comme produit des prétendus bienfaits du dia-

logue social. C’est en s’appuyant sur une mé-

thode de concertation avec les directions syn-

dicales que le gouvernement fait accepter des

reculs sociaux majeurs. Pour les syndicats et le

mouvement social, il faut rompre avec l’accom-

pagnement des réformes et s’opposer à la poli-

tique du pouvoir qui vise à faire payer la crise aux

jeunes et aux salariés.

La politique raciste et sécuritaire menée sous

Sarkozy se poursuit. Valls, qui aurait pu figurer

dans le gouvernement précédent, se félicite

d’expulser plus de sans-papiers que la droite. Il

stigmatise les Rroms, démantèle les camps, et

tient également un discours islamophobe et ra-

ciste.

À ceux et celles qui remettent en cause sa po-

litique, des salariés en lutte contre les licen-

ciements aux écologistes à Notre Dames des

Landes, le gouvernement oppose la répression

judiciaire et policière. Le gouvernement du

changement aurait dû amnistier ceux qui ont lut-

té contre la politique de Sarkozy, il n’en est rien.

Le combat contre la répression du mouvement

social garde toute son actualité. L’enjeu est d’ad-

ditionner les forces, de faire converger les ini-

tiatives autour d’une mobilisation pour l’amnistie

de tout les militants du mouvement social. Dans

les universités, nous devons aussi lutter contre la

remise en cause des libertés syndicales, contre

la répression des syndicalistes étudiants.

Face à l’austérité de « gauche », il faut une orien-

tation combative pour inverser les rapports de

forces en faveur des étudiants et du monde du

travail. La simple interpellation ou la négociation

avec les différents ministères ne peuvent suf-

fire, surtout en période de crise économique.

La construction d’un rapport de forces suffisant

pour imposer nos revendications passe néces-

sairement par une mobilisation majoritaire des

étudiants, une grève nationale pour nous affron-

ter à l’austérité dans les universités. Notre stra-

tégie syndicale doit donc mettre en avant des

revendications claires pour la mise en action des

étudiants eux-mêmes.

S’opposer sans concession aux réformes libérales pour imposer nos revendications

L’UNEF doit agir avec pour seule boussole la

défense des intérêts matériels et moraux des

étudiants. Ce n’est pas la couleur politique du

gouvernement qui détermine a priori nos reven-

dications. L’UNEF s’oppose sans concession aux

réformes libérales de l’Enseignement supérieur et

de la recherche. Nous revendiquons donc l’abro-

gation des contre-réformes de l’ère Sarkozy, à

commencer par la LRU, loi structurelle qui a per-

mis la déréglementation aggravée du service pu-

blic. Nos revendications contre les fusions d’uni-

versités, contre la casse des diplômes, contre

les financements privés et les financements sur

appels à projets gardent toute leur actualité sous

le gouvernement Ayrault car il poursuit la même

politique. L’UNEF ne peut pas revendiquer moins

sous Hollande que sous Sarkozy !

Nous sommes opposés à l’autonomie des uni-

versités, tant sur le plan budgétaire que péda-

gogique. L’autonomie accentue la concurrence,

empêche la mise en place de diplômes natio-

naux reconnus sur le marché du travail, vise à

adapter l’Enseignement supérieur et la Re-

cherche aux besoins de l’économie. Combattre

l’austérité dans les universités veut dire com-

battre l’autonomie budgétaire et pédagogique

des universités.

La loi Fioraso vise à lier plus fortement l’univer-

sité à l’économie, à adapter l’offre de formation

à l’autonomie budgétaire, à articuler les logiques

de compétitivité et d’austérité dans l’Enseigne-

ment supérieur. Cette loi va donc aggraver la si-

tuation dans les universités et pour les étudiants.

L’UNEF cherche donc à construire une mobili-

sation victorieuse pour le retrait de ce projet de

loi et se bat pour imposer son projet syndical

alternatif autour de trois axes revendicatifs es-

sentiels :

1- défense du service public

2- des diplômes nationaux de qualité reconnus

sur le marché du travail

3- mise en protection social de la jeunesse

• Contre l’austérité sur les universités, défendons le service public

Les restrictions budgétaires poussent à intro-

duire de la sélection directe ou des capacités

d’accueil empêchant l’inscription d’étudiants

dans la filière de leur choix. L’Enseignement su-

périeur doit être ouvert à tous. Cela veut dire

l’absence de toute forme de sélection, donc la

fin du système pré-sélectif d’Admission post-

bac (APB) qui décourage un certains nombre de

lycéens de s’inscrire dans la filière ou l’université

de leur choix. Les étudiants étrangers doivent

pouvoir effectuer en toute tranquillité leurs

études. Une carte d’étudiant doit valoir un titre

de séjour.

Les suppressions d’options ou de filières re-

mettent en cause la qualité de l’enseignement,

de même que les suppressions de postes de

personnels. Au contraire, il faut renforcer un

encadrement pédagogique de qualité et des

conditions d’études décentes, au travers d’un

plan pluriannuel de recrutement de personnels

enseignants et BIATOSS en fonction des besoins.

Contre l’autonomie qui induit une répartition

inégalitaire des moyens, nous revendiquons un

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 52: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

fléchage national des budgets. Contre la régio-

nalisation de l’Enseignement supérieur, nous

exigeons la répartition égale des missions de

l’éducation sur l’ensemble du territoire.

Contre les financements privés, nous revendi-

quons un financement 100 % public de l’Ensei-

gnement supérieur. Défendre le service public,

c’est refuser la gestion de la pénurie à moyen

constant, c’est se prononcer pour un réenga-

gement budgétaire de l’état. Cela ne doit pas se

faire en fonction de critères de rentabilité (ob-

jectifs/résultats) mais en fonction des besoins

réels des étudiants et des universités.

Enfin le service public doit être géré démocra-

tiquement. Les premiers concernés (étudiants,

personnels) doivent prendre des décisions qui

puissent être souveraines et non plus consulta-

tives.

• Pour des diplômes nationaux, de qualité, reconnus sur le marché du travail

Ce qui est en jeu à travers la qualité de nos di-

plômes, c’est la possibilité d’avoir des garanties

sur le marché du travail en termes de salaires

et de conditions de travail. Il faut nous opposer

frontalement à ces politiques de déqualification

de la jeunesse qui ont cours depuis plusieurs an-

nées.

Le développement des formations en alternance

vise essentiellement à fournir une main d’œuvre

bon marché au patronat et à lui permettre de ne

pas embaucher sur des postes stables. Cela re-

met en cause la possibilité pour chaque jeune

de bénéficier d’une formation initiale de qualité.

La professionnalisation constitue depuis plu-

sieurs années l’axe principal de dégradation de

la qualité des diplômes. Elle s’organise autour

de deux axes : le développement des diplômes

professionnels qui sont directement adaptés au

besoin des entreprises (licences professionnelles

Danone ou Crédit mutuel) ; modifier le contenu

des diplômes généraux en remplaçant des UE

disciplinaires par des modules de profession-

nalisation comme des stages, la rédaction de

CV, etc. La professionnalisation vise à adapter

le contenu des formations aux besoins à court

terme des entreprises.

Mais les entreprises n’ont pas simplement besoin

d’une main d’œuvre spécialisée pour occuper

des postes très précis. Il leur faut aussi pouvoir

embaucher des salariés qui possèdent un en-

semble de compétences plus diversifiées, pour

être exploitables plus facilement dans la durée.

C’est le sens du développement de la pluridisci-

plinarité. Elle abaisse fortement l’enseignement

disciplinaire pour le remplacer par de multiples

enseignements parcellaires, sans cohérence

d’ensemble, mais facilement transposables en

compétences et savoir-faire sur le marché du

travail. Il s’agit d’une sorte de portefeuille de

compétences qui vient remplacer des forma-

tions disciplinaires de qualité. Il n’est plus rare

de voir des licences dont moins de la moitié des

enseignements de L1 voire de L2 est en rapport

avec la mention.

Le gouvernement mise sur une continuité bac -2

bac +3 pour en faire un cycle cohérent et ho-

mogène. La pluridisciplinarité fait que dans

certaines filières seule la L3 est une année de

spécialisation. Avec l’incitation à faire de la li-

cence un diplôme de fin d’études, d’insertion

sur le marché du travail, l’idée est de faire qu’une

masse d’étudiants s’arrêtent au bac +3 en ayant

six années d’enseignements le moins discipli-

naires possible pour les adapter facilement à

des besoins économiques très fluctuants avec

la crise. Des salariés kleenex, mais suffisamment

formés pour être exploitables !

La mise en place d’un cadrage national des di-

plômes est évidemment contradictoire avec

l’individualisation des formations. Les parcours

de formation différenciés en fonction du niveau

ou des orientations individuelles des étudiants

renforcent le développement de diplômes à la

carte, empêchant tout cadre national des di-

plômes de voir le jour. Ainsi, le renforcement

de l’autonomie pédagogique qui résultera de la

procédure d’accréditation de l’offre de forma-

tion de la future loi accentuera ce phénomène.

Les diplômes seront ainsi encore plus individua-

lisés qu’auparavant. Expliquer que la loi consti-

tue le cadrage national des diplômes est une

entourloupe. S’appuyer dessus pour donner une

appréciation positive de l’ensemble de la loi est

dramatique au vu des reculs qui vont s’opérer.

À l’opposée de ces logiques, il faut défendre

des diplômes de qualité : accessibles à tous, qui

donnent des connaissances disciplinaires, un

esprit critique réel. Il faut défendre une logique

d’acquisition de connaissances plutôt que d’ac-

cumulation de compétences, qui constituent

des savoir-faire parcellaires validés par une en-

treprise mais liés uniquement à l’exercice d’un

poste de travail. Pour que nos diplômes aient

une valeur reconnue partout dans la société,

il faut remettre en œuvre un cadrage national

des diplômes permettant que l’ensemble des

diplômes donnent accès à des qualifications

reconnues dans les conventions collectives.

Ces qualifications doivent garantir un niveau de

rémunération et des droits précis en termes de

conditions de travail.

• Contre la précarité et le salariat étudiant : un salaire socialisé d’autonomie pour mettre en sécurité sociale la jeunesse

Face à la précarité étudiante, nous revendiquons

la mise en sécurité sociale de la jeunesse. Cela

signifie pouvoir bénéficier d’un véritable statut

social en tant que jeunes travailleurs en forma-

tion.

Dans ce sens, nous revendiquons le création

d’une allocation d’autonomie conçue comme

un pré-salaire de la même manière que les re-

traites sont un salaire différé. Cette allocation

d’autonomie doit être universelle, pour garantir

à chaque jeune de pouvoir en bénéficier quelle

que soit sa situation, et à hauteur du SMIC car

c’est le minimum aujourd’hui pour vivre décem-

ment.

Pour financer cette allocation et la mise en

place d’un statut social, nous voulons la création

d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale,

la branche jeunesse, pour disposer d’une caisse

d’assurance sociale. Cette nouvelle caisse de la

Sécurité sociale serait financée intégralement

par des cotisations sociales. Cela suppose une

hausse des salaires actuels pour tous les salariés.

Notre combat est donc immédiatement lié à ce-

lui des salariés. Nous refusons que cette aide soit

individualisée de la même manière qu’il semble-

rait absurde à tout syndicaliste d’individualiser

les salaires en fonction de la situation propre de

chaque travailleur. Cela correspond également

à notre volonté d’émanciper les jeunes de leurs

familles.

Dans l’immédiat, nous combattons pour toutes

les mesures permettant d’améliorer la situation

des étudiants. Nous exigeons la revalorisation

et l’extension des bourses sur critères sociaux.

Nous voulons le retour à un financement pari-

taire du ticket de restauration universitaire entre

l’état et les étudiants pour en faire baisser le prix.

Il faut permettre l’accès à la culture et aux trans-

ports gratuits pour les étudiants.

Face à la pénurie de logement étudiant et à l’in-

salubrité de nombreuses cités universitaire, nous

voulons la rénovation des chambres en cité-U

avec gels des loyers et un plan de construction

de logements étudiants en fonction des besoins,

pour que chaque jeune ait accès à un logement.

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 53: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

Ces mesures nécessitent de changer radicale-

ment la répartition des richesses dans le pays.

Il faut prendre l’argent sur les profits qui ne

cessent de croître malgré la crise. La mise en

sécurité sociale de la jeunesse est une question

de rapport de forces face à ceux qui détiennent

les richesses.

Nous nous battons pour le maintien du régime

étudiant de sécurité sociale. Il constitue l’une

des bases matérielles de l’existence d’un statut

d’étudiant et participe en ce sens à la construc-

tion d’un véritable statut social. Nous refusons de

voir les assurances privées s’emparer d’un nou-

veau marché. Mais l’UNEF ne peut se contenter

de la situation actuelle, où une certaine opacité

se mêle à un problème de manque de moyens

importants, entraînant un retard dans une série

de prestations sociale.

L’UNEF affirme que la santé des étudiants n’est

pas une marchandise. Chacun doit être protégé

à la hauteur de ses besoins et accéder aux soins

gratuitement.

Être à l’initiative pour mobiliser les étudiants et construire le rapport de force

Les gouvernements se suivent et les attaques

contre nos diplômes et le service public d’En-

seignement supérieur se ressemblent. En dépit

des mobilisations qui ont pu se développer dans

un certain nombre d’universités et qui ont par-

fois pu arracher des victoires locales, la situation

d’ensemble des étudiants continue de se dégra-

der.

Nous ne pouvons pas laisser les droits des étu-

diants être détruits les uns après les autres sans

une réaction à la hauteur. Nous devons chercher

par tous les moyens à riposter et à imposer un

projet alternatif.

• Une stratégie syndicale pour gagner : des luttes quotidiennes à la construction d’un mouvement d’ensemble

Pour reconstruire largement la conscience de

la nécessité de s’organiser collectivement pour

agir, il n’y aura pas de raccourci. Il faudra des

démonstrations à grande échelle, des luttes

d’ampleur. Mais la première tâche est de faire la

démonstration de l’utilité de l’organisation col-

lective et du syndicat.

L’UNEF doit être en capacité d’agir au quotidien

pour la défense des droits des étudiants. Elle doit

peser sur la réalité en obtenant des victoires sur

les questions les plus concrètes et immédiates

(pouvoir d’achat en baisse, frais d’inscription qui

augmentent, suppressions de TD et de filières,

problèmes d’inscription, de bourse…). Ce n’est

que par la résolution la plus systématique des

problèmes que rencontrent l’ensemble des étu-

diants tout au long de l’année, que nous ferons

la démonstration dans la pratique que ce n’est

que par l’organisation et la lutte collective que

l’on peut défendre nos droits ou en gagner de

nouveaux (campagnes SOS examens, SOS ins-

criptions, problèmes de bourses, de logement...).

Nous devons construire pas à pas un rapport de

forces suffisant pour obtenir enfin des victoires

significatives. Nous devons chercher partout où

c’est possible à œuvrer à la convergence des

luttes, les unifier. C’est une condition pour réussir

à imposer nos revendications. Une lutte contre

l’austérité dans une seule fac ne peut pas ga-

gner d’amélioration significative. Pour atteindre

une force suffisante, il faut qu’elle se lie avec les

autres étudiants et personnels des autres uni-

versités, avec les autres secteurs qui se battent

contre la dégradation de leurs conditions. C’est

un principe de base du syndicalisme : à cent, on

est plus fort que seul.

Il faut nous appuyer sur toutes les initiatives qui

existent (journées d’action posées par les syndi-

cats, campagnes idéologiques, assemblées gé-

nérales, etc.), mais aussi en impulser dans nos

facs, y faire participer un maximum d’étudiants

en liant les revendications du monde du travail à

celles que l’on porte dans notre milieu. C’est ce

que nous essayons de faire actuellement en im-

pulsant des mobilisations étudiantes contre les

conséquences de la crise budgétaire et contre

la nouvelle loi.

Nous tentons de faire le pont entre ce qui se

passe dans les facs qui subissent l’austérité et la

loi cadre et les salariés qui eux aussi subissent

l’austérité avec les licenciements, les fermetures

de boites et l’ANI. Nos intérêts sont liés à ceux du

reste de la population, aux salariés. Pour changer

la donne et ne plus subir la crise et la rigueur, il

faut nous battre ensemble, et au même moment

pour arrêter la machine du quotidien.

Il n’y a pas de solution clé en main pour répondre

aux besoins de notre camp social, mais les expé-

riences du passé montrent que seule l’implica-

tion du plus grand nombre dans un mouvement

d’ensemble peut être à même d’inverser le rap-

port de forces en notre faveur. C’est seulement

quand il y a un arrêt commun du train-train

quotidien que les choses changent  ; quand les

grèves se généralisent à plusieurs secteurs qui

s’arrêtent et font grève en même temps, le sort

de tout le monde s’améliore, y compris celui des

étudiants. C’est cette perspective de la grève gé-

nérale que nous défendons pour changer notre

sort à nous, étudiants, mais surtout pour chan-

ger le sort de tout le monde. Nous nous lions

avec les travailleurs parce qu’ils ont la force de

bloquer l’économie.

Notre boussole est la défense des intérêts maté-

riels et moraux des étudiants en tant que jeunes

travailleurs intellectuels en formation ayant donc

les mêmes intérêts que l’ensemble de la classe

ouvrière, dont la meilleure arme pour construire

le rapport de forces est la grève.

• Notre politique dans les mobilisations

Il faut défendre des perspectives qui permettent

de gagner, car la victoire n’est pas automatique.

Nous cherchons à construire des mobilisations

de masse et majoritaires chez les étudiants.

Nous partons des questions les plus immédiates

pour expliquer la logique d’ensemble. Nous

cherchons en permanence l’unité la plus large.

Il faut, dès que possible, créer des liens entre

les questions concrètes pour montrer la logique

des attaques actuelles et la nécessité d’y ré-

pondre. Lorsque différentes universités sont en

lutte, nous devons expliquer à tous les étudiants

la logique des réformes, nous devons pous-

ser à ce que ces luttes s’unifient. Lorsque plu-

sieurs universités luttent, nous devons montrer

que leur lutte est commune. L’opposition entre

«  facs-poubelles » et « pôles d’excellence », la

sélection sociale sont des phénomènes large-

ment perçus par les étudiants. À nous de mon-

trer que cela passe par les réformes et qu’il faut

lutter contre pour construire une grève natio-

nale à même de renverser le rapport de forces.

Nous défendons et construisons l’auto-organi-

sation dans les mobilisations. Pour des raisons

tant démocratiques que d’efficacité, les pre-

miers concernés doivent décider et agir. Nous

poussons à la tenue d’assemblées générales qui

se structurent localement et nationalement en

coordination.

L’auto-organisation doit permettre à l’ensemble

des étudiants de se saisir des enjeux de la situa-

tion et de la mobilisation, ainsi que de pouvoir

décider tous ensemble de la totalité des ques-

tions relatives à la mobilisation. La massifica-

53

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 54: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

tion d’une mobilisation passe par la prise en

charge par la majorité des étudiants de leurs

propres affaires. Pour permettre aux étu-

diants d’écrire leurs propres tracts, de fixer

leurs propres rythmes, nous devons déve-

lopper des comités de mobilisation ouverts

à tous ceux qui veulent mener de l’activité.

Construire l’auto-organisation, cela ne veut

pas dire que le syndicat se dissout devant la

mobilisation, mais simplement qu’il respecte

les formes d’organisation dont elle se dote

(AG, coord…) et les mots d’ordre et rythmes

décidés par ces cadres.

Se doter d’un plan d’action pour mobiliser contre la loi Fioraso et l’austérité dans les universités

L’enjeu du congrès est de positionner le syn-

dicat pour préparer une riposte à la hauteur

des enjeux. Le semestre qui vient doit nous

permettre de partir des questions concrètes

(TD surchargés, filières fermées, suppressions

des rattrapages…) pour expliquer largement

aux étudiants les conséquences désastreuses

de la nouvelle réforme des universités.

Au niveau local, l’UNEF doit mener des ba-

tailles autour de revendications précises pour

améliorer la situation des étudiants  : réou-

verture des TD et des filières fermés, refus de

la sélection dans telle licence, maintien des

rattrapages… Ce serait un premier pas vers

un mouvement capable de contrer l’austérité

dans les universités.

Ces batailles locales peuvent aboutir à une vic-

toire dans une universités ou une filière mais

ne suffiront pas pour gagner nationalement.

L’UNEF doit donc impulser une campagne

nationale  : « Pas d’austérité à l’université  ! ».

Elle articulerait les questions de conditions

d’études et de budgets : arrêt de l’autonomie

financière, budget 100 % public à hauteur des

besoins, mise en place de diplômes nationaux

de qualité reconnus dans le monde du travail.

Cette campagne doit donc exiger le retrait de

la nouvelle réforme qui décuple l’autonomie

des universités et aggrave l’austérité. Pour

unifier les luttes locales, l’UNEF doit proposer

des perspectives autour de dates nationales

de mobilisation en lien avec les personnels

de l’Enseignement supérieur et de l’éducation

nationale, afin de poser les jalons d’un mou-

vement étudiant d’ampleur.

L’UNEF doit sortir un matériel pour permettre

à toutes les équipes militantes d’expliquer les

menaces liées à la réforme des universités  :

tracts, affiches et analyses. Cette campagne

doit porter les revendications de l’UNEF  : fin

de l’autonomie des universités, retrait du pro-

jet de loi Fioraso et abrogation de la LRU, ca-

drage national des diplômes pour qu’ils soient

reconnus sur le marché du travail, arrêt des

regroupements et des fusions universitaires,

un budget 100 % public en fonction des be-

soins de chaque université, un plan plurian-

nuel de recrutement de personnels.

construire le syndicat de tous les combats

Placer les étudiants dans le camp des travailleurs

La charte de Grenoble définit l’étudiant

comme «  un travailleur intellectuel en for-

mation  ». En tant qu’étudiants, nous avons

des intérêts spécifiques mais également aussi

communs à ceux des salariés.

L’UNEF se réclame donc du mouvement ou-

vrier et affirme que la défense des intérêts des

étudiants est en adéquation avec les intérêts

des salariés. La victoire d’ampleur contre le

CPE en 2006 a été rendue possible par la mo-

bilisation des premiers concernés, les jeunes,

mais surtout par celle des salariés.

Avec la crise, les conditions de vie tendent à

se dégrader pour tous et toutes. L’austérité

est une attaque envers l’ensemble de la classe

ouvrière. La dégradation des conditions de

vie et des conditions d’études est à mettre en

parallèle avec la fermeture des centres IVG

comme celui de l’hôpital Tenon à Paris ou le

refus de la part du gouvernement Ayrault de

nationaliser Arcelor-Mittal, ce qui aurait per-

mis la sauvegarde de milliers d’emplois. Les

restrictions budgétaires précarisent les étu-

diants qui font partie intégrante du camp des

travailleurs. Pour inverser le rapport de forces

il est nécessaire de lutter avec les autres sec-

teurs du monde du travail.

Un syndicat internationaliste, contre les guerres impérialistes

Forte de sa tradition internationaliste, fondée

dans l’opposition à la guerre d’Algérie et dans

le combat pour le droit à l’indépendance et

à l’autodétermination du peuple algérien,

l’UNEF conserve de nombreux liens inter-

nationaux. Il s’agit des syndicats étudiants

européens, mais aussi des mouvements qui

se battent dans les pays du Sud. Ces liens,

comme ceux entretenus avec l’Union géné-

rale des étudiants palestiniens (GUPS) sont

primordiaux  : ils nous permettent de com-

battre les méfaits de notre propre impéria-

lisme.

L’impérialisme se caractérise par l’interven-

tion d’une puissance étrangère hors de ses

frontières pour trouver de nouveaux débou-

chés, pour bénéficier de faibles prix sur les

matières premières ou pour contrôler des

lieux stratégiques. De telles exactions ont des

conséquences désastreuses sur les sociétés

et donc bien évidement sur les conditions de

vie et d’études des étudiants de ces pays.

Voilà le rôle des interventions armées et des

guerres déclenchées par l’OTAN ou ses al-

liés. Les puissances impérialistes n’engagent

pas des frais militaires considérables pour les

beaux yeux de la démocratie. Sinon, com-

ment expliquer le soutien inconditionnel aux

anciens régimes dictatoriaux tunisien, égyp-

tien, libyen ou encore syrien accordés des

décennies durant par les gouvernements

français  ? Les récentes guerres au Moyen-

Orient ont appauvri les populations locales

et renforcé la légitimité des forces réac-

tionnaires. être internationaliste, c’est être

convaincu que les luttes démocratiques et

féministes ne peuvent être menées que par

les peuples eux-mêmes et refuser toute in-

tervention armée.

C’est pour cela que l’UNEF doit s’opposer à

la guerre française au Mali. Les djihadistes

ont pu causer leurs ravages au nord Mali en

s’appuyant sur un situation où la population

vit dans la misère causée par les plans de

restructuration économique imposés par le

FMI dans les années 1980. Ils ont ravagé les

économies locales, brisé les coopératives de

coton et engendré un chômage de masse qui

a permis aux forces obscurantistes de s’im-

planter. Les intégristes se sont également ap-

puyés sur la répression que vit la population

touareg avec la complicité de la CDAO et de

l’état français. Ils se sont emparés des armes

laissées par Kadhafi suite à l’intervention de

l’OTAN en Libye. Il est illusoire de croire que

l’état français intervient pour promouvoir les

droits de l’homme quand on sait qu’il est à

54

Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 55: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

l’origine de la situation actuelle. S’il intervient,

c’est bien pour protéger les mines d’uranium

d’Areva au Niger et pour défendre les inté-

rêts des entreprises françaises installées au

Mali. Cette intervention pousse le conflit à

s’étendre dans la région.

Plutôt que d’investir des sommes folles pour

défendre les intérêts des actionnaires d’Are-

va, le gouvernement devrait placer cet argent

dans notre éducation.

Agir contre toutes les oppressions

• Mariage pour tous et toutes : tant que le PS recule, les réacs avancent !

Après des années de luttes des lesbiennes,

gays, bi, trans et intersexes (LGBTI), le parle-

ment a voté la loi donnant accès à l’adoption

et au mariage pour tous les couples. Si l’UNEF

a pris sa place dans cette mobilisation, il est

regrettable qu’elle n’ait pas cherché à faire le

lien avec sa campagne sur l’allocation d’auto-

nomie. L’indépendance financière permet de

faire ses propres choix de vie et de sexuali-

té. S’émanciper de sa famille signifie souvent

s’émanciper d’un cadre d’oppressions.

Alors que les pires propos homophobes dé-

ferlaient au parlement et dans toute la société,

Hollande a préféré faire un compromis avec

les réactionnaires en reculant sur la procréa-

tion médicalement assistée (PMA). Dans cette

brèche se sont engouffrés les Frigide Bardot

et autres homophobes et organisations d’ex-

trême droite. La lutte LGBTI ne s’arrête pas

au mariage. L’UNEF doit être à l’initiative pour

continuer à construire le rapport de forces,

seul moyen de combattre les réactionnaires

et d’imposer l’égalité réelle. En s’appuyant sur

les centaines de milliers de manifestants des-

cendus dans la rue pour l’égalité, l’UNEF doit

appeler aux nouvelles journées de manifesta-

tions qui auront lieu pour la PMA et contre les

réactionnaires qui veulent revenir sur le ma-

riage pour tous. Elle doit préparer activement

la Marche des fiertés.

• Mener le combat féministe

La crise frappe encore plus durement les

femmes. Au nom de la réduction du déficit

budgétaire, les services publics sont de plus

en plus mis à mal, obligeant les femmes,

notamment les plus précaires, à prendre en

main des tâches qu’elles effectuent gratuite-

ment (tâches ménagères, garde d’enfants...).

Dans les universités, cela se traduit par une

inégalité dans la poursuite des études. Si les

femmes sont légèrement majoritaires en li-

cence et master, la tendance s’inverse à partir

du doctorat. Elles sont aussi nettement plus

présentes dans des filières de lettres ou de

sciences humaines, de plus en plus menacées

par les restrictions budgétaires. Elles doivent

parfois cumuler vie familiale, professionnelle

et étudiante, les pénalisant de fait dans la

poursuite de leurs études. Mais l’oppression

des femmes ne s’arrête pas là. Chaque jour,

elles subissent des violences, des remarques

sexistes qui rappellent que la lutte féministe

est toujours d’actualité.

L’UNEF doit donc être à la pointe du combat

féministe dans les universités, en se saisis-

sant des dates qui existent déjà comme le 8

mars ou le 25 novembre (contre les violences

faites aux femmes), en organisant d’autres

événements sur ce sujet dans nos universités

(rassemblements, réunions publiques, confé-

rences...) ou encore en intégrant cette ques-

tion à nos différentes campagnes comme

celle sur les déficits budgétaires des facs.

Mais le syndicat doit également mener des

batailles pour l’ouverture de crèches dans

les facs, de centres d’accueil pour les étu-

diantes victimes de violences, d’accès gratuit

à la contraception dans les services médicaux

qui doivent systématiquement exister dans

chaque université.

• L’égalité des droits ne se divise pas

Les étudiants étrangers ont vu leur statut

se dégrader continuellement en dix ans de

droite raciste. Valls avance, comme le dit la

LDH, tel une «  pâle copie de la lignée Hor-

tefeux-Guéant  ». S’il a abrogé la circulaire

Guéant (réduisant la possibilité pour un étu-

diant étranger de passer du statut d’étudiant

à celui de salarié), il n’a ensuite rien fait pour

améliorer le statut des étudiants étrangers. Ils

doivent prouver qu’ils ont 7000 euros chaque

année pour pouvoir rester en France, dépen-

ser chaque année le double d’un étudiant

français pour s’inscrire et renouveler leurs

papiers, passer par une procédure discrimi-

nante (la DAP) pour s’inscrire en L1 et L2. Les

obligations de quitter le territoires français

(OQTF) continuent d’affluer et les expulsions

de sans-papiers, y compris d’étudiants, ont

augmenté de 14 % en 2012. Mener de vraies

batailles pour gagner des droits face à Valls

est d’autant plus nécessaire que sa politique

accentue le climat raciste et xénophobe dans

la société.

L’UNEF agit pour construire la mobilisation de

tous les étudiants autour de revendications

claires, tout en encourageant l’auto-organi-

sation des étudiants étrangers comme dans le

collectif récemment créé à Paris 8. Cela veut

dire que nous nous battons pour la régula-

risation de tous les sans-papiers et qu’une

carte d’étudiant donne directement accès à

un titre de séjour, mais aussi à tous les mêmes

droits que les étudiants français (logement,

sécurité sociale, aides sociales...).

construire le syndicat de tous les étudiants

Une certaine disponibilité à s’engager et à se

battre pour la justice sociale existe dans le

milieu étudiant. Mais le niveau d’organisation

collective y est très faible. Moins de 1 % des

étudiants sont syndiqués. L’immense majori-

té, y compris ceux qui se sont mobilisés ces

dernières années, ne sont pas à l’UNEF. On ne

peut se contenter de l’expliquer par le renou-

vellement générationnel permanent dans les

universités.

L’UNEF doit se pencher sur les raisons pro-

fondes de cette situation parce que notre ob-

jectif est de construire un syndicat de masse.

Il y a un lien direct entre l’orientation du syn-

dicat, sa pratique quotidienne et sa capacité à

organiser massivement le milieu étudiant.

Faire du syndicalisme, être utile au quotidien.

Notre première responsabilité est de faire

du syndicalisme de base sur les problèmes

les plus concrets des étudiants. Comment

convaincre un étudiant de se battre contre

telle ou telle réforme si l’on n’est pas capable

de résoudre son problème de bourse ou

d’examen ? Ce type de campagne permet de

s’adresser à l’ensemble des étudiants à partir

de leurs préoccupations immédiates et de ré-

soudre par l’action collective des problèmes

du quotidien.

Cela signifie qu’il faut expliquer en quoi le

manque de moyens dans une université à un

impact direct sur les conditions d’examens

ou d’études (plus de polycopié gratuit par

exemple). Souvent, les problèmes individuels

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

Page 56: Etudiants De France 311 83è congrès texte complet

sont liés à des enjeux plus généraux qui né-

cessitent un rapport de forces passant par

une mobilisation collective. La seule force du

syndicat ne suffit pas à gagner des avancées

sérieuses et durables.

Trop souvent, les campagnes du syndicat se

contentent d’être idéologiques, déconnec-

tées des réalités quotidiennes. La direction

actuelle de l’UNEF confond le syndicat et

le rapport de forces étudiant. Cela amène à

des campagnes monotones, centrées sur le

même type d’activité (4 pages, affiche, péti-

tions) qui n’entraînent aucun étudiant dans

l’action. Des franges d’étudiants parfois im-

portantes n’en voient d’ailleurs pas l’utilité

réelle et doutent donc de l’utilité de l’UNEF.

L’activité syndicale repose souvent sur un

rythme effréné, où seuls ceux qui peuvent

militer tout les jours, voire toutes les heures,

peuvent s’emparer réellement de l’activité.

Elle reste gérée par une poignée de cama-

rades localement. Militer à l’UNEF ne doit

pas être contradictoire avec le fait d’aller en

cours ! Sinon on ferme les portes de l’activité

syndicale au plus grand nombre et on entre-

tient la déconnexion entre les militants et des

adhérents passifs. S’il est normal que certains

s’investissent plus que d’autres et qu’une di-

rection d’AGE doive entraîner le reste de la

section syndicale, cela doit permettre à tous

de s’emparer de l’activité du syndicat.

Il faut faire des collectifs d’AGE des espaces

décisionnels d’élaboration collective de l’ac-

tivité, organiser des temps de formations syn-

dicales. Si la construction d’un syndicat de

masse ne se fera pas du jour au lendemain,

il faut en tout cas rompre avec les pratiques

syndicales actuelles de l’UNEF, où les mili-

tants fonctionnent en vase clos, séparés de la

majorité des étudiants.

Prendre ses responsabilités pour œuvrer à la réunification syndicale

Douze ans après le congrès de réunification

entre l’UNEF-ID et l’UNEF-SE, la diversité de

sensibilités regroupées au sein de l’UNEF s’est

amoindrie. Le syndicalisme étudiant ne peut

se payer le luxe de la division. L’unité est un

besoin fondamental : unité dans l’action mais

aussi d’organisation collective pour défendre

nos droits les plus élémentaires. Plus nom-

breux sont les syndicats, moins bien sont dé-

fendus les étudiants.

La fusion entre SUD-étudiant et la FSE pour

fonder Solidaires-étudiant-e-s est une bonne

nouvelle, que l’UNEF ne peut pas ignorer. Plus

largement, il existe des équipes syndicales ou

associatives au niveau national comme au ni-

veau local dont l’objectif est également la dé-

fense des étudiants. On ne peut se contenter

de dire que l’UNEF étant le syndicat majori-

taire, il appartiendrait aux autres courants de

la rejoindre.

En tant que principale organisation, l’UNEF

se doit d’être à l’initiative d’une reconstruc-

tion et d’une recomposition du syndicalisme

étudiant. En premier lieu, nous devons tendre

dès que cela est possible à l’unité d’action.

Dans toutes les universités, il faut chercher à

construire des cadres réguliers avec les autres

organisations, pour discuter d’abord d’activi-

tés concrètes et, pourquoi pas, ensuite, des

possibilités de se regrouper dans une même

organisation.

Construire un syndicat démocratique

Pour regrouper l’ensemble des courants du

milieu étudiant, l’UNEF ne pourra faire l’éco-

nomie d’une profonde rupture démocra-

tique. Le droit de tendance est une garantie

élémentaire de démocratie. Il ne peut néan-

moins suffire à lui seul si, dans la pratique, il

ne permet pas le débat et l’espace suffisant

à chacun, aussi bien localement que natio-

nalement.

Tout militant de l’UNEF doit pouvoir s’expri-

mer et peser sur l’orientation du syndicat. Les

tendances minoritaires du syndicat n’ayant

jamais accès au fichier des adhérents, leur

droit à s’adresser à l’ensemble du syndicat

n’est pas respecté. C’est à tous les militants

de mener l’activité du syndicat et pas seule-

ment à ceux de la majorité. Pour cela, l’accès

au local, l’organisation de collectifs d’AGE

hebdomadaires, le partage des fichiers sont

nécessaires.

Le fonctionnement du syndicat donne une

place démesurée à la tendance majoritaire.

Au niveau national, le calcul des temps d’in-

tervention est inéquitable. Les seuls textes sur

lesquelles peuvent voter les camarades sont

ceux de la direction. Chaque tendance devrait

pouvoir présenter et faire voter son orien-

tation lors des CN comme des congrès. De

même, le mode de calcul des mandats pour

le congrès doit être modifié pour garantir à

l’ensemble des adhérents l’égalité dans leur

vote. Comment justifier que dans une AGE de

600 cartes le vote d’un adhérent pèse plus

que dans une AGE de 200 cartes  ? Chaque

adhérent doit compter pour une voix et un

mandat.

Il n’existe pas de démocratie sans indépen-

dance du syndicat. L’indépendance syndi-

cale ne signifie pas l’absence de réflexion ou

d’engagement politique. Simplement, cela

implique que les choix d’orientation sont dé-

cidés démocratiquement dans les cadres de

l’organisation et uniquement dans ceux-ci.

conclusionLa crise économique et la situation drama-

tique de l’Enseignement supérieur donnent

des responsabilités importantes au syndica-

lisme étudiant. Le gouvernement développe

une politique d’austérité, pour faire payer la

crise aux classes populaires. Pourtant, face à

cette situation, l’UNEF n’a pas été à la hau-

teur. Il est temps de changer de stratégie syn-

dicale, de rompre avec une orientation qui

emmène le syndicat et les étudiants dans le

mur. Pour cela, il faut construire un syndicat,

c’est-à-dire un outil pour l’organisation col-

lective des étudiants, servant à défendre nos

droits tous les jours dans les universités. Cela

veut dire arrêter de confondre l’UNEF et le

rapport de forces.

Au contraire, l’UNEF doit prendre des initia-

tives pour entraîner les étudiants dans l’ac-

tion, dans des mobilisations permettant de

construire réellement le rapport de forces.

C’est ainsi que progressera la conscience de

la nécessité de l’organisation collective. C’est

ainsi également que nous pourrons inverser

le rapport de forces pour imposer nos re-

vendications contre ce gouvernement. Pour

cela, il faut construire des équipes syndicales

combatives, nombreuses et renforcées. Il faut

regrouper dans l’unité la plus large possible

les organisations et les étudiants au-delà des

seuls rangs de l’UNEF.

Enfin, l’UNEF doit être une organisation dé-

mocratique où chacun a la même possibilité

de peser dans les choix du syndicat. C’est cet

outil syndical, combatif, unitaire et démocra-

tique que la TSC propose de construire.

Voter pour la Tendance pour un syndicalisme

combatif (TSC) c’est voter pour :

• une UNEF qui se bat pied à pied contre

l’austérité dans les universités  : c’est par la

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Etudiants de France n°311 • Hors-Série • Mars-Avril 2013

Textes des tendances de l’UNEF

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mobilisation étudiante qu’il faut faire face aux

suppressions d’options et de filières, au déve-

loppement de la sélection, aux suppressions

et gels de postes, aux remises en cause des

MCC…

• une UNEF qui se donne les moyens d’ob-

tenir le retrait du projet de loi Fioraso par

un mouvement de grève majoritaire dans

les universités, permettant d’imposer le ca-

drage national des diplômes, un financement

100  % public en fonction des besoins, la fin

des regroupements universitaires vecteurs de

concurrence

• une UNEF qui développe une stratégie syn-

dicale combative, qui ne se contente pas

d’interpeller ou de négocier avec les pou-

voirs publics, mais qui construit le rapport de

forces par l’action collective des étudiants

face aux problèmes du quotidien comme

pour repousser les attaques libérales

• une UNEF unitaire et démocratique, qui agit

avec les étudiants et pas à leur place, dans

l’unité la plus large possible et qui range son

combat au côté de celui des salariés, qui

donne les moyens à chacun de militer quelles

que soient ses opinions et ses disponibilités

les signataires

KHALIL Mina, Nanterre, Bureau National SCALI Damien, Lille, Bureau NationalMONFORTE Dimitri, Nanterre, Bureau National LEFEBVRE François, Aix-Marseille, Commission AdministrativeGUBERT Thomas, Aix-MarseilleCOVOLAN Bénédicte, Aix-MarseilleBEAUVISAGE Julien, ArtoisLALLIER Benjamin, CaenLALOyER Camille, Le Mans, Président d’AGESAINTy Benjamin, Le Mans, Vice-président d’AGEMAy Orianne, Le Mans, Trésorière d’AGEDENOUEIx Quentin, Le Mans, Trésorier d’AGEFOUCAULT Chloé, Le Mans, Secrétaire Générale d’AGELECOMTE Adèle, Le Mans, Secrétaire Générale d’AGEDHELIN Mathias, LilleKERGOMARD Violaine, LilleGHESQUIERE Benoit, LilleTHéBAUD Adèle, NantesBURDO Tess, Reims, Secrétaire Générale d’AGEPOIx Romain, ReimsLAVEAUx Mimosa, RennesSOULARD Léa, RennesSTEINER Pierre, StrasbourgGHARZOULI Samuel, StrasbourgBERCHE Narymane, ToulouseCANTALOUBE Robin, ToulousePARRACHAUD Kévin, ToulouseMOLINA Anne-Laure, RouenGAQUEREL Chloé, RouenAUPIED Raphaël, Paris 1BEAUD Arthur, Paris 1, Commission AdministrativeDAGEVILLE Emma, Paris 1BRAIBANT Gael, Paris 1DOCEKAL Irène, Secrétaire Générale d’AGE, Paris 3, SAUTEREy Elena, Bureau d’AGE, Paris 3DJEMAI Hichem, Paris 4DIEN Matthieu, Paris 6BOUTTIER Léonard, Paris 7THéROND Lucien, Paris 7BEKHTARI Néva, Paris 8BACHIRI Aurélie, Paris 8MONFORTE Léa, Paris 10POIAGHI jean-Baptiste, Bureau d’AGE, Paris 10RAMAMONJISOA François, Paris 10RAHAULT Typhaine, Paris 10

Signatures de parrainage en soutien de la création de la tendance: M’ZAïDI Abdelkarim, Président d’AGE, LittoralDUPUy Mélanie, Président d’AGE, Perpignan

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