FLORILEGE ETUDIANTS 2020-2021

FLORILEGE ETUDIANTS 2020-2021

Table des matières HERAULT .................................................................................................................................................. 2

LATTES-LYCEE CHAMPOLLION ............................................................................................................. 2

Allan Delage, La rencontre inoubliable, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ................................... 2

Théo Carrico, Renaissance d’un pauvre gars, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola......................... 4

Zahra Bamghar, Les miracles ne sont que dans les romans, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola .. 8

Salah Eddine Foulous, La Rencontre, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola .................................... 10

Florian Klutsch, Mon Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola .................................................. 13

Orianne Manyri, Le témoignage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola .......................................... 15

Nicolas Delavena, Un Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ................................................ 16

Halad Mohamed, Un Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ................................................. 18

Mohamed El Basbasi, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ............................................................ 19

Assma Moussaoui, Nouveaux Horizons, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ............................... 20

Sadji Benseddik , BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola.................................................................... 22

Klutsch Lilian, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ......................................................................... 23

Bruno Jorge Semedo, Nonsense Century, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola ............................. 25

Foulous Salah Eddine , Devenir écrivain, BTSSP1. Enseignante : Marie Gola ................................ 26

Lorenzo Levicq, Autoroute pour l’Enfer, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola ................................ 28

Julien Lavallée, SCH: Liquide, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola ................................................. 29

Emma Solé, La vie avec toi, Hélène Ségara. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola .......................... 29

Clémence Garcia, La valse d’Amélie Poulain, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola ....................... 30

Roxane Petitjean, Who wants to know ?, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola ............................ 30

Sarah Rachad, Figures, Jessie Reyez. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola ..................................... 31

Christopher Verdeilhan, EMPTY CROWN – YAS, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola .................. 32

Carl Puzle, Version Original :Tom Jobim / Garota de Ipanema. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

....................................................................................................................................................... 33

DORDOGNE ........................................................................................................................................... 33

PERIGUEUX – LYCEE BERTRAND DE BORN ........................................................................................ 33

Cécile Jayr, Objectifs, 2ème prix du concours de nouvelles En premières lignes des classes

préparatoires littéraires. ............................................................................................................... 33

ILE DE FRANCE ....................................................................................................................................... 36

PARIS.................................................................................................................................................. 36

Cyrus Delerme, Machinallemand, LS1, Lycée Henri IV.1er prix CPGE concours de nouvelles 2021

des lycées parisiens ....................................................................................................................... 36


Yvan Cottardi, Boîte de conserve, HX3, Lycée Henri IV. 2ème prix CPGE du concours de nouvelles

des lycées parisiens ....................................................................................................................... 44

Estele Rodelle, Après, CP, Lycée Fénelon. 3ème prix CPGE concours de nouvelles 2021 des lycées

parisiens ........................................................................................................................................ 48

Anne-Laure Rivière, Péripéties métropolitaines, Université Paris 1 Sorbonne. Mention spéciale

Université du prix de poésie Matiah Eckhard 2021 ...................................................................... 51

Niklovens Fransaint, Le bruissement des petites pierres, Université Paris Saclay ......................... 52

NORD ..................................................................................................................................................... 53

LILLE – LYCEE FAIDHERBE .................................................................................................................. 53

Maya Van Nieuwenhove, Princesse, 3ème prix du concours de nouvelles En premières lignes des

classes préparatoires littéraires. ................................................................................................... 53

ERQUINGHEM-LE-SEC ........................................................................................................................ 56

Clémence Caulier, Ombre d’une bonne étoile, Mention spéciale Université du prix de poésie

Matiah Eckhard 2021..................................................................................................................... 56

RHONE ................................................................................................................................................... 57

LYON .................................................................................................................................................. 57

Clara Makhoul, Mon illumination, 1ère année de faculté de médecine. Premier prix Université

du concours Matiah Eckhard 2021 ................................................................................................ 57

SOMME .................................................................................................................................................. 58

Fontaine sur Somme ......................................................................................................................... 58

Margaux Gambier, Laissez-moi écrire encore, Mention spéciale Université du prix de poésie

Matiah Eckhard 2021..................................................................................................................... 58

VAL DE MARNE ...................................................................................................................................... 60

CHAMPIGNY SUR MARNE - LYCEE LANGEVIN-WALLON .................................................................... 60

Recueil collectif, « Notre plein covidien », Enseignant : Bernard Martial .................................... 60

HERAULT

LATTES-LYCEE CHAMPOLLION

Allan Delage, La rencontre inoubliable, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola


Aujourd’hui comme tous les jours, je pars à la conquête de la France, je descends le chemin

qui mène à l’axe principal de la route et je lève mon pouce vers le ciel. Au bout de quelques

minutes, une personne s’arrête pour me prendre en stop, il est grand brun cheveux bouclés,

plein d’une énergie débordante.

Où veux-tu aller ?

Partout sauf où je suis car je veux parcourir la France.

Je vais à Lyon, cela te va ?

Oui.

Sur la route il me parle de sa femme qu’il est pressé de revoir et de sa jolie famille. A peine

déposé sur le bord de la route, je lève mon pouce pour arrêter un nouveau véhicule, une

veille dame s’arrête et me prend dans sa voiture, elle n’a pas plus de 60 ans et m’amène

dans un village au sud de Nîmes appelé Uchaud. Arrivé à Uchaud, je cherche un logement

où dormir car il commence à faire nuit, je cherche encore et encore et c’est là que je me dis

que l’émission « Je viens dormir chez vous » devait être dure à produire ! Au bout de 3

heures, je trouve enfin un logement chez un jeune étudiant qui s’appelle Alan qui propose

de m’héberger.

Le lendemain matin, je pars de la maison et le remercie pour son aide. Je m’empresse de

trouver un véhicule, une jeune femme s’arrête, elle a une trentaine d’année elle est

tellement maigre qu’on dirait un fil de fer. Elle me dit qu’elle a 2 enfants, un de 13 ans et

l’autre de 5 ans.

Cela te dérange si je vais chercher mes enfant ils sont à côté ?

Pas de problème.

On a attendu les enfants et on est parti à Montpellier. Sur le trajet du retour les enfants

n’arrêtaient pas de pleurer et de dire :

C’est quand qu’on arrive

Trente minutes plus tard, on arrive à bon port et elle me dépose devant le lycée

Champollion. Je prends un ticket et ensuite le tram direction Lattes centre. Arrivé là-bas je

me remets à faire de l’autostop, une voiture ralentit, je crois qu’elle s’arrête pour moi, mais

non, elle redémarre. Un second véhicule s’arrête, cette fois c’est bien pour moi, un homme

avec une casquette et un masque chirurgical me prend dans son van.

Bonjour vous pouvez me déposer quelque part ?

Oui bien sûr, montez.


Je lui demande où il m’amène et il ne me répond pas alors je lui redemande et encore

aucune réponse. Au bout de quelques instants, le conducteur verrouille tout le véhicule alors

je lui demande pourquoi il fait cela et il me répond pas, il arrête le véhicule et il en sort, va à

la porte arrête. À ce moment-là je me dis qu’il faut que je m’enfuie, alors je me prépare à

courir quand soudain il me donne un coup de batte sur la tête. Quand je me réveille je ne

vois rien et mes mains sont attachées.

Mes liens aux mains ne sont pas totalement serrés.

Alors j’arrive à me détacher et à enlever le tissu qui cache mon visage, le véhicule s’arrête

dans une ferme. Quand la porte du van s’ouvre, je me précipite, le renverse et arrive à

m’enfuir, je regarde derrière moi pour voir s’il me suit sauf que, pas de chance, je me

prends une barrière au niveau du crâne et je tombe dans les pommes. Quand je me réveille

je suis dans une grange mais elle me dit quelque chose. Mon kidnappeur ouvre la porte,

enlève son masque et je découvre que c’est….mon beau père qui me dit :

Je t’ai kidnappé car ta femme va très mal, elle n’arrête pas de pleurer

Pourquoi me dites-vous cela ? elle est heureuse quand je rentre.

C’est normal elle ne veut pas montrer quelle est triste devant toi mais elle souffre

énormément.

D’accord ramenez-moi chez moi, j’arrête de voyager… pour ma femme

Une année plus tard, je vis avec ma femme Marie et mon enfant Augustin et j’ai arrêté de

voyager (pour l’instant)

Théo Carrico, Renaissance d’un pauvre gars, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Je m'appelle Soan, 21 ans , je n'ai même pas le bac, j’habite au quartier Saint-Denis avec mes

parents et je suis devenu un consommateur de drogues à 15 ans. Voilà mon profil s'il faut se

présenter.

Pendant mon enfance, je voulais faire soit footballeur, soit super-héros ou stars.

Mais, c’est quand je suis rentré au collège où mon point de vue a littéralement changé, et où

j’ai pris conscience du monde et de la vie de mon quartier pauvre où bagarre, drogue, vol et

autres conneries de ce genre font partie du quotidien. C’est là que j’ai commencé à tourner

du coté obscur du quartier, sortant en bande, fumant les peu de clopes qu’on pouvait voler.

J’ai commencé à arriver en retard au collège, peu de temps après, je séchais les cours, un

puis deux puis trois jusqu’à je ne revienne plus qu’une fois tous les deux semaines, en

choisissant les jours avec le moins d' heures de cours. J’ai quand même obtenu mon brevet,

non sans avoir préparé à l'avance une petit aide. Une antisèche ? Non, juste un petit bout de

papier rempli de caractères inutiles.


C’est pendant les vacances d’été que j’ai fait la plus grande connerie de ma vie.

- Venez, j’ai acheté le produit, me dit mon pote le plus proche, Enzo.

- J’arrive, mais vous êtes sûrs que vous voulez le faire ?>

- Oui ! répond le reste du groupe

- Tu commences, Soan ?

- si tu veux …

A partir de là, je me suis littéralement enfoncé, essayant toutes les drogues possibles,

piquant l’argent nécessaire pour l’achat à mes parents, qui devaient s'en douter mais les ai

toujours envoyé se faire ( je suis désolé mais ce mot a été censuré ). Puis le jour de la rentrée

pour ma première année de lycée est arrivé, c’était chiant à en crever sur place. Puis après,

je venais au moins une fois tous les deux, trois mois dans une classe remplie de personnes

inconnus. Ainsi et pendant environ deux ans, je suis devenu un toxico professionnel,

totalement défoncé, vivant de petits et moyens larcins avec en plus quelques boulots pas

très légaux afin de pouvoir me payer mon précieux, ma drogue.

Et paf, une overdose de drogue qui me saute à la figure. Ça devait arriver.

Je me suis retrouvé à hôpital avec des tuyaux sortant de la bouche et du nez version monstre

ou zombie handicapé voulant manger des cerveaux juteux.

Cloué sur place pendant un certain temps, un temps qui s’étirait à l’infini, j’avais l’impression

de me transformer en squelette ou en vampire dans son cercueil.

J’ai eu le temps de revivre tous ma vie avec ma naissance, mes erreurs, mes conneries, mes

regrets et la drogue que je n’aurai jamais dû toucher. J’ai hurlé de rage, je me suis mis à

détruire ce monde imaginaire copiant Godzilla.

Puis tous à coup, j’ai une révélation divine (ou pas ?) et je me suis promis que si je m’en

sortais, j’arrêterai la drogue et je me concentrerai sur mon futur avec mes parents et que

j’aiderai ceux qui avaient comme moi basculé dans le côté obscur, celui de la drogue.

Devinez quoi ? Je suis resté mort mais mentalement. Puis je me suis remis de cette overdose

avec une combativité et un esprit neuf et chargé à bloc tel un phénix qui renaît de ces

cendres. Aider les personnes dans la drogue, profiter de mes parents et de ma vie, voilà la

mission du Soan deux point zéro.

Quelques années ont passé, j’ai créé une association pour aider les personnes dépendantes

à la drogue, mener des actions de prévention. J’ai trouvé l’amour de ma vie et j'ai eu plein

d’enfants... comme dans les histoires de prince et princesse que je me tape tous les soirs

pendant une heure.


Quentin Sutter , Coupable malgré lui, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Je suis assis là le regard vide, j’observe au loin les contours de ce paysage magnifique. Il fait

beau, la température est idéale pour un mois d’avril. Il est 8h du matin j’embauche à la

centrale dans 30min. Alors que je me mets en route, je vois les enfants partir à l’école, les

chiens gambader dans les ruelles. La ville se réveille peu à peu, je me dirige vers ma petite

ZAZ c’est petite voiture dont notre gouvernement ne cesse de vanter les mérites. Notre

secrétaire d’état Gorbatchev a annoncer une nouvelle victoire américaine, ce qui ne manque

pas de porter un coup au moral du pays, mais vous savez, avoir 26ans et être déjà à la tête

de la sécurité d’un réacteur, ce n’est pas donné à tout le monde. Je savoure ma vie ici à

Pripiat.

-Ah ! Vous voilà enfin Diatlov, nous rencontrons un problème quant aux quotas que nous

devons atteindre.

-Cela pose un problème Mr Bryukanohv ? Les quotas sont excellents, nous approchons de la

fin du mois et je pense que nous pouvons affirmer que nous avons accompli les objectifs

fixés par la mère patrie.

-Malheureusement non, les usines n’ont pas atteint les objectifs, nous ne pouvons pas

effectuer le test initialement prévu. Je propose que nous le repoussions à ce soir, Nous

pourrons compléter les tests dans de meilleures conditions et assurer la réussite du test.

C’est évident, le test sera réalisé ce soir. Mais un problème surgit : l’équipe du jour qui

s’était préparée au préalable au test va devoir changer ses plans. Ce sera donc l’équipe de

nuit qui réalisera le test, une équipe qui n’est pas prête.

Je reçois un message : je travaillerai finalement le soir même, cela ne m’arrange pas mais

en Union Soviétique, on ne dit rien et on s’exécute. Du côté de la centrale les ordres sont

tombés, le réacteur descend à plus du trois quarts de sa puissance du jamais vu. Le jour

passe sur Pripiat alors que le crépuscule apparait, le ciel est magnifique une couleur rouge

enflammée embrase le cie, l la forêt laisse place à cette nature qui entoure cette ville. Les

enfants jouent dehors, les parents rentrent à la maison. Oui il faut bon vivre à Pripiat, il y a

comme un air de paix. C’est vrai nous ne manquons de rien ici : terrain de foot, fête foraine,

centre commerciaux usine. Tout est beau, tel que nos dirigeants le voudraient.

Quelques heures plus tard, la nuit tombe. Je n’aime pas conduire de nuit, heureusement

des navettes nous récupèrent et nos déposent directement à l’usine, je prends

connaissance de l’équipe et du travail à effectuer. Aucun membre n’est au courant du test,

de plus ils sortent fraichement de l’institut. Les consignes sont incompréhensibles et

l’ingénieur en chef n’est pas encore là. Soudain quelqu’un passe la porte c’est Diatlov, cet

homme est craint et n’inspire aucun amour, on dit qu’il est pourri jusqu’à la moelle.


-Alors ! Où en sommes-nous ? Préparez le réacteur au test, vous connaissez les directives,

nous n’avons pas toute la nuit, dépêchez-vous !

Je prends rapidement sous mon aile un petit nouveau Leonid, il est jeune et me rappelle

moi-même à mes débuts. Il ne connait pas les étapes et à vrai dire moi non plus, c’est

paradoxal, mais ce genre de test doit être fait avant l’ouverture de la centrale. Quelque

chose ne colle pas. Les instructions sont claires, j’explique rapidement la marche à suivre

tandis que Diatlov est parti fumer une cigarette.

-Bien messieurs, le test va se dérouler de la manière suivante : vous le savez les américains

ne sont pas dignes de confiance. Nous allons volontairement couper le réacteur du circuit

électrique, récupérer l’énergie accumulée pour relancer le circuit de refroidissement et ainsi

assurer la continuité de la sécurité de la centrale, le temps que le circuit de secours s’active.

Dimitri a pris les devants : il a déjà expliqué le déroulement. Je jette un coup d’œil sur

l’indicateur de puissance, 500M watt ce n’est pas assez. Mais je ne peux rien dire surtout

avec ce taré de Diatlov. Il ne va pas tarder, on devrait commencer maintenant.

-Démarrez ce foutu test, à moins que vous ne préfériez pointer au chômage dès demain !

Nous nous exécutons.

-J’abaisse la puissance ! S'exclame Leonid.

C’est parti, le test démarre finalement à 1h du matin. Nous sommes le 26 avril 1986. Le

réacteur est bloqué à 20M Watt, Diatlov ordonne de retirer les barres de contrôles. Ordre

que je conteste car il est écrit dans le règlement de la centrale nous ne devons retirer les

barres de contrôles sous aucun prétexte. Elles assurent la sécurité dans la centrale, sans

elles c’est la destruction assurée. Malgré ça, la puissance ne diminue pas, le fait de laisser un

réacteur à une trop basse puissance le fait caler, il est infesté de gaz et doit être coupé

pendant 24h. Mais pour Diatlov, c’est notre faute. Il prend les commandes et décide de

couper le circuit d’eau. C’est du suicide. Il lance le test, coupe le réacteur du réseau et utilise

les quelques mégawatts restants pour lancer les pompes. D'un seul coup, le réacteur passe

de 20 à 100, puis de 100 à 800. Leonid déclenche l’alerte.

-On a une surtension ! Le réacteur déraille !

-Mais bon dieu Akimov qu’avez-vous fait ! Coupez le réacteur immédiatement !

Je n’y comprends rien. Comment est-ce que cela peut être de ma faute alors qu’il m’en a

donné les ordres directement ? Le réacteur vient d’atteindre 10G watt, j’enclenche L’AZ-5,

le bouton d’arrêt d’urgence, tous les voyants et alarmes sont actifs, les 255 barres contrôles

redescendent, lorsque soudain…

La suite ? Eh bien, la suite vous la connaissez : le réacteur a explosé irradiant toute l’Europe

par le caprice de trois hommes. Je ne suis pas rentré dans les détails. Après tout je ne suis


qu’ Alexander Akimov ingénieur en sécurité de l’unité 4 de la centrale nucléaire de Lenin

plus connu sous le nom de Tchernobyl.

Alexander Akimov est mort le 11 mai 1986 des suites du syndrome de radiation aigüe.

Jusqu'en 2015, la Russie l’a considéré comme responsable de la catastrophe. Mais

finalement sa mort a permis de révéler un problème sur tous les RBMK. Mais de cela, il ne

pourra pas en parler.

Zahra Bamghar, Les miracles ne sont que dans les romans, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Des sanglots étouffés me sortent doucement de mon sommeil. Il est quatre heures du matin,

et mon fils, près de moi, pleure en silence, allongé à mes côtés dans une rue silencieuse,

couvert d’une petite couverture en plein hiver. Je le prends dans mes bras dans l’espoir

d’alléger sa peine. Et c’est un petit désolée que je lui chuchote à l’oreille. Voilà maintenant

dix-sept ans que je suis à la rue, et treize ans que j’ai eu mon fils. Chaque jour est un combat,

pour lui tout comme pour moi. J’essaie de relativiser pour mon fils, lui donner de l’espoir car

il n’y a que ça qui fait vivre. J’ai tout fait pour m’en sortir, mais rien n’y fait. Il y a des jours où

je vais mieux et d’autres où je suis prête à me donner la mort. Cela fait bien longtemps que

j’ai commencé à songer au suicide. Depuis le jour où j’ai su que j’étais enceinte. J’avais déjà

du mal à me nourrir seule, je ne pouvais pas nous nourrir tous les deux. Je croyais ne pas y

arriver, finalement nous sommes encore vivants. Encore vivants mais toujours aussi

démunis. Notre situation ne s’est pas améliorée malgré tant d’années.

« Madame, vous aurez une petite pièce s’il vous plaît ? » dis-je à une passante. Celle-ci fait

semblant de ne pas m’avoir entendue et continue son chemin. Je me sens tellement

inexistante dans ces moments. Après quatre heures à mendier, je vais au supermarché le

moins cher de la ville pour acheter quelques nécessités. Je vais pour passer à la caisse, mais

un homme me coupe le chemin. Il me regarde dans les yeux quelques secondes qui me

parurent très longues. Ses yeux sont cernés et très creusés, des sourcils plutôt fins et longs.

Seulement deux ou trois poils sur le crâne. Puis c’est avec une grosse voix qu’il me dit :

« Pour combien la nuit ? ».

A l’entente de ces paroles, mon regard s’assombrit encore plus qu’il ne l’était déjà. C’est

avec un regard de dégoût que je le regarde, puis le contourne pour continuer mon chemin.

Les hommes me répugnent de jour en jour. J’ai l’impression d’être un vieux chiffon qu’ils

s’autorisent à utiliser avant de le jeter. Tout à coup, je sens une main qui me serre le bras. «

Une nuit, une seule, et tu ne connaîtras plus la misère. » me dit-il. Toujours derrière moi, il

prend ma main pour y déposer une carte professionnelle. Puis il s’en va, sûr de lui. J’observe

la carte, son numéro y est inscrit ainsi que son nom. Arthur Miles.


Je me retourne d’un côté, puis de l’autre. Sur le dos, sur le ventre. Rien n’y fait, je ne

parviens pas à m’endormir. Je ne fais que penser à cette proposition. Et s’il ne mentait pas ?

Qu’on pouvait retrouver une vie normale. Noah retrouverait un peu de bonheur, les plaisirs

de la vie. Il pourrait enfin se faire des amis. Il le mérite. La vie ne lui a pas fait de cadeau. Né

d’un viol, il a vécu toute sa vie à la rue. Rien n’a été facile pour lui. Si, encore une fois, je

prends sur moi, une dernière fois, peut-être que ça lui permettrait de sortir de cette misère

qui est notre vie. Des larmes coulent le long de mes joues. Encore une fois je dois subir cette

atrocité. Mais pour mon fils, je me le dois. Sinon, il n’y aura que la mort pour nous sortir de

là.

Je sors de la téléboutique, mon forfait est rechargé. Je m’assois sur le trottoir, le regard fixé

sur mon téléphone. Je ne sais plus. Je suis hésitante. La nuit dernière était pourtant décisive.

Puis sans réfléchir, j’appelle.

- Allo ? , dit-il deux fois.

- Combien vous proposez ? »

- Pardon ? Je peux savoir qui vous êtes ?

- On s’est rencontré hier. Combien vous proposez ?

Il lâche un léger rire avant de dire :

- Je savais que vous appellerez, mais pas aussi rapidement.

- Ne me faites pas répéter.

- Combien vous voulez ?

- Trente mille, dis-je sans réfléchir.

- Très bien. On se retrouve dans trois jours à l’hôtel F**** à 23 heures»

Puis il raccroche sans que j’aie le temps de placer un mot.

Le regard vide vers la route en face de moi. C’est tout ? Trente mille. Il accepté la somme de

trente mille directement. J’ai un peu de mal à y croire.

Me voici comme convenu devant notre point de rendez-vous. Il est 22h56. J’ai peur, je

commence à regretter d’être venue. Et s’il mentait, s’il n’avait pas la somme ? Je vais quand

même m’enfermer dans une chambre avec un inconnu. Je vais encore une fois subir cette


atrocité. J’ai les mains qui tremblent légèrement et mes jambes qui ne souhaitent que faire

marche arrière. J’espère ne pas m’être trompée en venant ici. Le voilà. Dans un beau

costume gris, la tête haute, il diminue la distance entre nous. Arrivé à cinq mètres de moi, il

me fait signe de le suivre. Il garde une certaine distance entre nous. Sûrement pour ne pas

que les gens voient que nous sommes ensemble.

Je sors de cet hôtel, l’enveloppe en main. Il est 7h. Je marche pendant un moment. Puis tout

à coup mes jambes me lâchent. Je m’écroule sur le sol. Je ne vois plus rien, les larmes me

brouillent la vue. J’ai mal. J’ai si mal. Je n’en peux plus de cette souffrance qui me tue chaque

jour. Je regrette d’avoir dû faire ça pour m’en sortir. Mais après dix-sept ans, je vois enfin la

lumière au bout du tunnel. Je me relève serrant l’enveloppe dans ma main. Puis j’avance.

Pour mon fils, je continuerai à avancer et à faire des sacrifices car les miracles ne sont que

dans les romans.

Salah Eddine Foulous, La Rencontre, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Chaque départ a son retour et c'est l'heure du mien. Cela fait maintenant des années que

j'ai quitté ma famille sans jamais trouver la volonté de revenir. Jamais, jusqu'à ce moment.

Ce moment où quelque chose que l’on n’ose même pas imaginer devient une évidence

contre laquelle on ne peut rien faire, un élément qui vient bouleverser notre vie. C'est ce qui

m'est arrivé.

Comme tous les jeunes de mon âge j'ai voulu partir de chez moi, de là où j'ai grandi, où j'ai

connu mes premières joies et mes premières peines. Alors ce matin-là je suis parti.

J'abandonne tous ceux que je connais à commencer par ma famille et mes amis.

Je rassemble mes affaires pressé de découvrir le monde et je quitte la maison à l'aube de

cette nouvelle vie qui commence. Je n'ai presque pas d'argent et surtout aucune idée d'où je

compte aller. Je décide donc de faire confiance au destin et je vais rejoindre l'aéroport le

plus proche de chez moi. Je m'approche pour voir le tableau des destinations et le premier

pays que j'aperçois est l'Argentine. Je parle très peu espagnol et jusqu'à maintenant je n'ai

jamais quitté la France mais rien n'est dû au hasard et cette destination me réserve

sûrement des surprises. Je prends donc mon billet et me voilà prêt pour ces 9 heures de vol.

C'est la première fois que je prends l'avion et tout pour moi est une découverte. Les

consignes des hôtesses de l'air, le discours du commandant de bord. Mais cette journée déjà

très riche en émotions m'a épuisé et je m'endors quelques minutes après.

Tout à coup une violente secousse me réveille, encore endormi je me demande ce qui

m'arrive, je vois tout le monde s'agiter autour de moi sans que je ne puisse rien faire. Les

hôtesses essayent de nous rassurer mais l'avion est pris dans de fortes turbulences. C'est là


que je réalise ce que je vis, que je suis seul face à moi-même et à mes choix pour la première

fois de ma vie.

Jusqu'à cet instant j'étais trop occupé à réfléchir à ma destination, à ce que j’allais faire une

fois sur place. Mais ces questions n'ont aucune importance dans un moment pareil et je me

mets à penser à mes proches, comment vont-ils réagir s’ils apprennent l'accident ? Vont-ils

m'en vouloir ou s'en vouloir ? Toutes ces questions défilent tellement fort dans ma tête que

je ne me rends pas compte que les turbulences se sont calmées. Je peux continuer mon

aventure qui a failli ne jamais commencer. Je n'interprète pas ces turbulences comme un

signe qui doit me faire renoncer et rentrer chez moi mais plutôt comme un symbole de ce

qu'il se passe en moi, dans mon esprit et dans mon cœur.

Les heures qui suivent sont calmes et me voilà maintenant en Argentine. C'est ici que tout

commence. Nouvelle ville, nouvelle vie. Je me balade dans les rues du Buenos Aires quand

j'aperçois ce jeune homme au loin qui semble avoir mon âge ou peut être un peu plus. Il est

seul à se défendre contre trois autres hommes. En une fraction de seconde, il se retrouve à

terre pendant qu'ils s'enfuient. Je cours pour lui apporter mon aide. C'est à cet instant que

nos destins se sont lié. Je lui tends ma main pour qu'il se relève et c'est là que je réalise qu'il

parle également français.

''C'est dangereux ici, il faut qu'on parte''. Je ne comprends pas tout de suite comment il sait

que je ne parle pas sa langue mais je décide de lui faire confiance et je le suis. Sur le chemin

on ne parle pas beaucoup, j'arrive seulement à savoir qu'il n’emmène dans sa famille. Ça fait

près d'une heure que je marche avec lui. Plus le temps passe et plus on s’éloigne de la ville et

de tous ces immeubles. On arrive dans les barrios, ces quartiers argentins juste à côté de la

ville dans lesquels règnent souvent la misère et la violence. L'ambiance est pesante et je sens

bien que je ne suis pas à ma place. J'appréhende pendant un moment que ce soit là qu'il

m'emmène, après tout je fais confiance à un inconnu et il peut m'arriver n'importe quoi.

Mais nous continuons notre route pour quitter ce quartier et arriver dans une sorte de

village totalement différent de tout ce que je vois depuis mon arrivée. C'est un village coloré

avec un marché. Le changement d'ambiance est radical. ''Voilà c'est ici chez moi, je vais te

montrer ma maison maintenant''. C'est la première fois qu'il me parle depuis qu'on a quitté

la ville et je me demande encore qui il est. J'arrive chez lui, il me présente à sa mère et à son

petit frère qui n'ont pas l'air dérangés par ma présence. Sa maison est simple, bien loin de ce

qu'on possède tous en France mais pourtant il est tellement heureux de me la montrer. Je

pars me changer et lorsque je reviens je décide d'apprendre à le connaître. Il me raconte un

peu son enfance où très vite il a dû se battre pour vivre, chercher du travail pour nourrir sa

famille.

''Tu sais ici la majorité travaillent au quartier et se retrouvent dans des histoires qui les

dépassent. Ils gâchent leur avenir avant même d'avoir l'âge d'y penser, en servant les

intérêts des gérants du quartier. Ce sont eux qui font la loi, les dirigeants sont dépassés et

les problèmes ne seront jamais résolus car ceux qui nous gouvernent préfèrent tuer ceux qui


les posent. Mais beaucoup commencent à en prendre conscience et de plus en plus se

réunissent pour changer les choses, car si ils peuvent empêcher une émeute, ils peuvent

aussi en être à l'origine et la déclencher.'' ''Mais alors pourquoi tu ne pars pas d'ici ?'' ‘‘Parce

que je ne peux pas abandonner ma famille et malgré tout je suis heureux. J'ai un toit, de

quoi manger quasiment tous les jours et surtout une famille et des amis sur qui compter. Ici

c'est tout ce qui importe. Je me suffis de ce que donne la vie, au lieu de les mépriser j'ai

simplement arrêté d'envier les gens.''

Cela fait maintenant deux jours que je suis parti et il m'a vraiment fait ouvrir les yeux. J'ai

tout ce dont j'ai besoin chez moi, même plus et je ressens le besoin de partir, de tout quitter

alors que lui se contente de ce qu'il a. Je sais qu'en restant avec lui je prends la bonne

décision.

''Mais alors comment as-tu appris à parler français ?'' cette question m'intriguait depuis

notre rencontre. ''Grâce à ma grand-mère, elle avait appris plus jeune et c'est elle qui m'a

élevé quand j'étais petit.''

Et c'est là que ma nouvelle vie a commencé.

Plusieurs années ont passé et je suis toujours dans ce village. On essaye de trouver de

l'argent en travaillant pour des entreprises. Je sais que je pouvais compter sur lui et lui sur

moi.

J'apprends tous les jours à ses côtés, à apprécier le moment présent, à ne pas regretter mes

choix quoi qu'il arrive. Je ne suis pas rentré chez moi depuis mon départ et je ne pensais

jamais avoir à le faire.

Depuis un moment je sens qu'il est différent, son visage est fermé, il parle moins. Lui qui est

si optimiste, si souriant en temps normal, commence à changer. ''Je pars pour la journée je

ne vais pas travailler aujourd'hui''. Lorsqu'il me dit ça, je sais que quelque chose ne va pas.

Jamais il ne rate une seule journée de travail car il sait à quel point ce salaire est important

pour lui.

Je lui demande où il va mais il est déjà parti. Je décide alors de le retrouver pour essayer de

comprendre ce qu'il se passe. Après tout ce qu'il a fait pour moi depuis que je suis là, c'est

normal que je l'aide à mon tour. Je cherche partout dans le village mais impossible de le

trouver. Même si refuse de croire à cette possibilité, je ne vois pas d'autre endroit. Je pars

dans le quartier, ce quartier où tout a commencé, où j'ai fait sa rencontre.

Après une bonne dizaine de minutes de marche, j'arrive au centre. Je reprends à peine mon

souffle que j'entends un bruit venant de derrière le mur. A ce moment-là, je sais que rien ne

sera plus comme avant. Je me précipite à l'endroit d'où vient le bruit.


Je le vois se tenant l'épaule, on venait de lui tirer dessus. J'appelle directement les secours et

l'attente est interminable. ''Je vais m'en sortir ne t'inquiète pas mais je veux que tu me

promettes de rentrer voir ta famille. Que tu sois là pour eux comme tu l'as été pour moi.

Que tu continues de te battre. Je viendrai te voir dès que j'irais mieux et ça sera à ton tour

de me faire découvrir ta vie''.

Avant de le rencontrer, je fuyais ce que j'étais mais cette complicité a changé ma vie.

Après m'être assuré que son état est stabilisé je prends mon sac et retourne à l'aéroport, là

où tout a commencé.

J'arrive chez moi, et rien n'a changé. Tout est exactement comme je l'avais laissé.

Je suis heureux de rentrer et prêt à commencer une nouvelle histoire.

Florian Klutsch, Mon Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Hey ! Je m’appelle Gregory mais tout le monde m’appelle « Greg », plus court plus cool plus

tout quoi. Je suis né dans le sud de la France et j’ai toujours vécu dans un petit village du

nom de Soubès. Là-bas tout le monde se connaît les rumeurs vont vite. C’est comme ça que

j’ai rencontré mon meilleur pote Marc, il n’en loupait pas une à cette époque. Dans tout le

village on ne parlait que de lui, il avait créé une sarbacane, vous savez avec un stylo

effaceur, il avait envoyé tellement de papier mâché que le tableau d’ordinaire vert était

devenu entièrement blanc !

Moi j’ai toujours été, une personne calme, « pas de vague » comme j’aime dire.

Et un jour pendant une heure d’aide au devoir, Marc était venu pour une heure de colle

(probablement pour son exploit à la sarbacane) il s’est assis à côté de moi et notre amitié

avait commencé comme ça.

Plusieurs années après, nous avons 14 ans. Marc qui peut enfin conduire une moto avait

économisé et demandé de l’aide à toute sa famille pour s’acheter un beta RR track 50cc 10

000 km jantes rouges anodisées, débridées 98 km/h de pointe, un vrai petit bijou. Et voilà,

après que j’ai vu sa moto et son enthousiasme, Marc n’avait pas eu de grande difficulté pour

me convaincre moi aussi d’acheter un moto.

Mes parents m’ont acheté une rieju MRT pro Trophy neuve encore plus belle que la beta de

Marc qui en était devenue jaloux.

On partait souvent avec Marc juste pour faire un tour.


Mais ce jour-là, mon père me prévient d’un orage, grêle, vent, la totale !

- Ne pars pas au risque de te retrouver en plein milieu !

Évidement je ne prends pas ce genre de risque moi.

Pourtant une ou deux heures après le départ de mon père, Marc est venu avec une de ses «

idées révolutionnaires » :

- Partir faire un tour de moto sous la grêle, franchement si ça c’est pas une idée pour

se foutre en l’air !

Le parfait opposé de ce que mon père a dit. Mais à base de « on risque rien, c’est marrant »,

Marc a réussi à me convaincre.

J’étais avec lui dans la montagne en plein milieu de l’orage

Et ce qui devait arriver, arriva : une chute.

Je ne peux pas vraiment vous dire ce qui s’est passé, tout est allé si vite. Je me rappelle juste

de ce sursaut, le même sursaut de peur que quand tu te rends compte que tu marché sur

ton lacet, puis plus rien, le vide.

Je me suis réveillé dans une chambre, c’est un médecin qui est entré en premier il a d’abord

regardé que tout allait bien puis m’a annoncé la nouvelle d’un air bienveillant mais sérieux :

« Je suis désolé mais vous ne pourrez plus jamais utiliser votre bras droit »

« Plus jamais », deux mots qui ont résonné plusieurs fois dans ma tête.

Et je devais même subir une amputation de mon bras, ça n’avait pas été fait car mes parents

voulaient que je sois au courant et ne pas me réveiller avec un bras en moins.

J’ai piqué une crise en lui hurlant de partir. Moi manchot à 14 ans, non mais sérieux !

Mes parents étaient venus le plus vite possible après mon réveil. C’est pendent ce court

moment que je me suis rendu compte de la douleur que me procurait mon bras.

Avec mes parents, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en disant que je ne voulais pas

perdre mon bras, ils sont restés avec moi toute la journée. Pourtant la nuit a eu raison de

moi, impossible de dormir correctement, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit repensant à cette

opération

C’était décidé j’allais accepter l’opération.

Au final après avoir accepté la situation, je réalisais que la douleur allait s’effacer, le reste de

ce bras qui n’était plus le mien, tel un parasite accroché à mon corps, tout allait s’arrêter.

Je pouvais enfin penser à l’avenir, mon souhait le plus cher était de remonter à moto


Voir tout le monde ensemble pour m’aider à réaliser ce souhait est probablement le plus

beau souvenir de ma vie.

Marc avait remué ciel et terre pour pouvoir me trouver une prothèse sur mesure, tout le

monde avait participé.

Et avec mon père, ils avaient adapté la moto en déplaçant l’accélérateur et le frein sur la

main gauche.

Au final cet accident a été la chose la plus dure qui me soit arrivé mais m’a apporté les plus

beaux moments également

J’en suis ressorti encore plus proche de ma famille et mon amitié avec Marc n’a jamais été

aussi forte, je n’ai jamais osé lui demander ce qui c’était passé ce jour-là.

Je pense que je n’ai jamais réellement voulu savoir en vérité, tout ça était derrière moi.

Orianne Manyri, Le témoignage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Je viens d’une famille païenne. A ma naissance on m’a baptisé non par croyance mais plutôt

par tradition. Puis j’ai grandi sans forcément une éducation chrétienne ou quoi que ce soit.

Au collège on m’a demandé, tu es de quelle religion ? J’ai répondu : je suis chrétien mais pas

pratiquant. Malgré tout ça au fond de moi je crois beaucoup en Dieu, pour moi il y a

quelqu’un de puissant et bien plus puissant que les êtres humains. De temps en temps ça

m’arrive de prier sans avoir forcément les connaissances mais c’est important pour moi. Le

seigneur m’a fait réaliser il n’y a pas longtemps, c’est que j’ai toujours cherché Dieu.

J’ai 16 ans, je profitais beaucoup de la vie, comme certaines personnes peuvent le penser,

j’allais dans des soirées, je passais la nuit à boire. Je vivais dans les péchés. Je me disais ça y

est je suis grand c’est ça la vie que je veux mener, je continuais à m’amuser avec mes amis

qui m’entraînaient dans un chemin qui était mauvais pour moi mais j’étais aveuglé par ce

que la société d’aujourd’hui apporte, je ne me rendais pas compte du mal que je

commettais. Les années ont passée, je ne me sentais pas bien j’avais l’impression de partir à

la dérive. Plus rien n’allait, j’avais perdu un ami, c’était très dur, je n’arrivais pas à garder la

tête hors de l’eau. Je ne voulais pas inquiéter mes amis ni ma famille alors je gardais le

sourire, je devenais un professionnel pour cacher mes sentiments, on la connaît tous cette

sensation de douleur à l’intérieur qui est horrible.

Un jour, une voisine a emménagé à côté de chez moi, elle avait la vingtaine je crois. Et je l’ai

recroisée au parc en bas de chez nous, elle était assise sur ce banc, tête baissée obnubilée

par ce livre « La Bible ». Voulant faire connaissance avec elle, je me suis assise à côté d’elle,

et on a parlé pendant des heures de pleins de sujets différents mais quand elle m’a parlé de


sa religion j’ai vu dans ces yeux le bonheur que cela lui procurait. Cette personne vit

vraiment pour la grâce de Dieu.

Alors je rentre chez moi, je ferme ma chambre et je prie, je Lui parle, je fais part au Seigneur

de mes sentiments mes questionnements et les larmes me viennent sans aucune explication.

Je me dis que dois-je suivre ? Je mets mes écouteurs, j’écoute un cantique et je m’endors. Je

me vois dans mon rêve entrain de prier et louer Dieu dans une église. Puis il y a un frère que

je ne connaissais absolument pas qui me regarde avec un sourire et une joie indescriptible et

qui me dit, ça y est tu es prêt, et je vois une lumière. A ce moment-là je me réveille et je me

dis, est-ce Lui qui me parle ? Veut-il me guider ? Depuis ce jour-là je me considère comme

chrétien parce que Lui me considère déjà comme son enfant depuis toujours. Les jours qui

ont suivi, c’était quelque chose… une pluie de bénédictions, une joie en moi que je ne peux

décrire, plus de stress ni d’angoisse juste de l’amour. Je réalise que sans Dieu je ne peux pas

avancer, le Seigneur et là pour me guider. J’ai décidé de remettre ma vie à Dieu car je ne suis

rien sans Lui. Cela me procure à mon tour ce bonheur que je n’avais pas et que je ne

comprenais pas auparavant. Ma vie a complètement changé depuis cette révélation en moi.

Nicolas Delavena, Un Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

En 1965, vivait en Angleterre, un jeune homme du nom de Tom Hock, jeune anglais

de 21 ans, étudiant en art, né dans une famille aisée, habitant dans une très grande

maison. Il rentrait souvent tard le soir à cause de ses études mais cela ne posait pas de

problème à ses parent qui eux- mêmes rentraient tard, son père était un éminent homme

d’affaires et sa mère travaillait dans un des plus grands hôpitaux de Liverpool. C’était une

famille de la nuit car le reste du temps, ils ne se voyaient pas mais cela n’empêchait que

Tom d’aimer énormément son père et sa mère qui étaient des modèles pour lui.

Maintenant que le décor est planté, que va-t-il lui arriver ?, me direz-vous. Alors voyons la

suite de cette histoire…

Un soir d’hiver Tom rentrait comme tous les autres soirs d’une longue journée de cours, ce

soir-là il avait un mauvais pressentiment. Ses parents étaient déjà rentrés, c’est la première

fois que cela arrivait. Il entra et vit ses parents assez stressés. Il s’inquiéta également. Sa

mère essaya de le rassurer quand tout d’un coup quelqu’un tapa à la porte assez fort, la

mère de Tom lui ordonna de monter à l’étage dans sa chambre et de ne plus en sortir, il

s’exécuta sans poser de questions. Mais de nature curieuse, il ne put s’empêcher d’écouter

la conversation en bas de l’escalier, trois hommes parlaient à son père il ne percevait pas

distinctement la conversation qui dura une vingtaine de minutes, jusqu’au moment où l’un

des trois hommes se mit à s’énerver et à crier. Deux bruits sourds et explosifs retentirent. A


partir de cet instant, les secondes devinrent des minutes, le temps semblait s’être arrêté,

son cœur battait fort, il réalisa alors que ce bruit sourd et effrayant était celui d’un revolver.

Il se mit à paniquer, et en pleurs, il partit se cacher sans sa chambre; il entendit un des

hommes monter les escaliers. Un réflexe inattendu : il ouvrit la fenêtre et sauta dans la

neige. Il arriva au sol sans aucune égratignure grâce à la neige; puis se mit à courir sans

savoir où mais il allait, il voulait juste partir, sauver sa vie, s’éloigner de ces hommes, de ces

meurtriers, il courut toute la nuit sans s’arrêter. Au matin, il arriva en ville et partit

directement au commissariat pour raconter ce qui s’était passé. La police accompagna Tom

jusqu’à chez lui puis tout le groupe se rendit compte de l’horreur : le manoir des Hock avait

était brûlé et les corps calcinés des parents de Tom furent retrouvés au milieu des débris.

Tom abattu se mit à pleurer toutes les larmes de son corps en jurant se venger de ces

hommes qui avaient tué ses parents. La police avait conclu à un accident ; la nouvelle abattit

notre «héros ».

Alors, la vie de Tom changea du tout au tout : avant ce soir tragique, il vivait dans le confort

d’une grande maison avec des parents aimants. Maintenant il était seul, sans argent, sans

avenir, sans aucune raison de vivre sauf celle de venger ses parents. Avec le temps, il reprit

des forces. Et un nouveau but le conduisit à fréquenter le milieu : il évolua, acquit de

l’expérience, noua des contacts et finit par entrer dans une mafia. Il en fit son travail, dans

le seul et unique but de retrouver les hommes qui avaient détruit sa vie. Les années

passèrent, Tom était devenu un homme important de la mafia londonienne. Qui aurait dit

que des années en arrière, il préparait des études en art, avait peut-être un grand avenir de

peintre… ?

Bref, passons au moment le plus important de cette histoire : Tom retrouva les trois

hommes au bout de dix ans. Ils étaient devant lui sans défense, a sa merci, il avait entre ces

mains la vie ces hommes.

Allait-il se venger, les faire souffrir ? Personne à ce moment-là ne pouvait le savoir. D’une

voix calme et posée, il leur demanda qui avait tué les Hock. L’un des trois se mis à rire et

fièrement lui dit : « c’est moi qui ai tué cette merde de Hock ». Tom prit d’une colère folle

lui tira une balle dans la tête puis reprit son calme et reposa une nouvelle question : «

qu’avaient-ils fait pour mériter cela ? ». L’un des deux lui dit : « je ne sais pas, on m’a

demandé de les conduire là-bas, j’étais payé, alors je n’ai pas cherché à comprendre ».

L’autre homme lui dit : « il devait de l’argent, 100 000 livres pour être exact ». Tom tua le

deuxième homme et laissa partir le dernier en lui disant qu’il ne méritait pas la mort. Un

geste de clémence.

Un an plus tard Tom avait fini de réparer la maison de ses défunts parents. Il s’assit sur un

banc du jardin et regarda le ciel et s’adressa à ses parents : « j’ai enfin réussi à vous venger,

vous pouvez partir en paix, je viens vous rejoindre ». Et sur ce même banc, il mit fin à ses

jours.


Halad Mohamed, Un Orage, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola Un jour d’un soir une jeune fille qui s’appelle Miranda, elle avait à peu près une treizaine

d’années, jolie, rêveuse, et on n’oublie pas son énorme sourire sur son visage. Elle vivait au

jour le jour, elle n’hésitait pas à montrer ce qu’elle ressentait aux autres. Ah oui, elle avait

du charisme ! Malheureusement elle était pure vraiment pure. Elle venait tout droit du

village Verga nus.

Un bon matin, je la regardais, elle avait toujours son énorme sourire sur son visage. Je

voulais parler avec elle et avoir seulement une sensation mais elle était de plus en plus pure,

je n’arrive à l’oublier c’est elle qui me sauvera mais comment ? je ne suis pas comme elle.

Elle jouissait devant ses meilleurs amis, moi un simple spectateur même pas capable de se

payer une place, je regardais de très loin.

Un après-midi, vers 14heures, elle rentre chez elle comme prévu après une lourde

jouissance. Devant ses parents elle était pareille qu’à l’extérieur, toujours avec son énorme

sourire ! Je pouvais la reconnaitre de loin. Dans sa chambre elle raconte sa journée au

téléphone, on pouvait croire qu’elle était folle, son père l’entend au salon.

Le soir, mon père me demande d’aller acheter un Coca cola au Casino. Je me suis précipité

pour sortir dans ma chambre et d’un coup j’ai coupé mon téléphone, je suis sorti de chez

moi. C’est elle ! Qui ? ben Miranda. Je la vois, elle n’a pas changé. Marco, mon ami me

demande d’aller parler avec elle, j’ai pris mes couilles de taureaux et je suis allé la voir pour

dire ce que je ressentais pour elle. Je suis rentrée au Casino j’ai acheté ce qu’on mon père

m’a demandé et je suis sorti du Casino pour aller chez moi, j’ai deux personnes que je ne

connais pas me suivent derrière, d’un coup il y a un garçon qui avait à peu près une douzaine

d’année, il était vraiment moche le pire ! il vient me demander de sortir un jour avec lui.

Moi, Gregorio me faire recaler par une fille ! j’étais sous pression je ne ressentais plus, mon

cerveau il est devenu proactif, ce n’était pas mon intention mais il le fallait ! je ne pouvais

plus rester un spectateur, il faut que je fasse mon spectacle, la toucher! la sensation !

l’excitation ! je suis libéré c’est bon ! je vois la lumière ! j’ai réussi à terminer mon spectacle,

je rentre.

Je me suis réveillé dans le noir par terre, le Coca cola par terre. Cette nuit n’est pas

discutable. Je me sens sale à l’intérieur et aussi à l’extérieur, je ne ressentais plus, tout d’un

coup c’était vide, je n’arrive à verser de larmes sur mon visage, je suis différente. Je me suis

levé et ramassé le Coca cola, j’arrive chez moi je rends ce qu’on m’a demandé et je me suis

renfermé dans ma chambre.

Elle n’était pas naïve, elle était seulement une petite fille qui aimait sourire !


Mohamed El Basbasi, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

On était enfin arrivé, 11h40 de trajet.

Départ de Carcassonne. Ma mère nous avaient levé à 5h20 du matin. La conscience encore

dans le lit, les yeux plissés j’attendais mon tour dans la salle de bain. Le bruit de l’eau

frétillait sur le sol sonnant de la baignoire. Le sommeil disparaissait peu à peu. L’excitation

de la route qui nous attendait me fit oublier le réveil sec. Le vent était encore frais avant

qu’il ne laisse place à la chaleur humide. Je regardais mon père de la fenêtre charger la

voiture des dernières affaires. Les bagages faisaient comme une tétris dans le coffre de la

voiture et sur les sièges arrière. J’entendais le bruit de la corde se contracter au maximum.

La bâche, la bâche, détend la vers la droite, disait-il au voisin du haut qui était venue l’aider.

Je me précipitais pour voir le spectacle d’autant près. Des bagages même à nos pieds ! Il

avait recouvert le tout d’une couverture.

Voilà vous aurez un lit pour dormir. J’ai hurlé à ma mère que la place de derrière en solitaire

était pour moi. Maman était concentrée pour ne rien oublier. Elle a hoché la tête. Plus que

deux heures et on quitterait Carcassonne. Mes amis du quartier était venus dire au revoir.

Voilà, on est partis. A peine une heure de route et voilà que j’en ai déjà marre. Papa on

arrive dans combien de temps ? Pas de réponse. Je commence à avoir des bouffées de

chaleur. A force de rester assis mon genou droit s’atrophie. J’en abusais mais quelle douleur

quand je le détends. Ton pied sur ma tête ! Crie mon grand frère à moitié endormi, si tu

recommences, je te frappe. Une heure après, je dois le tendre à nouveau. Croyant que je

fais ça pour l’énerver, il se retourne, énervé, voulant sûrement abuser de son autorité

d’ainé, a armé la main me protègent des deux mains, tout en criant maman ! Le coup venait

de s’arrêter entre l’oreille et mon avant-bras protecteur. Et là mon père pris d’une colère de

couleur vif, arrêtez ! Ou je vais m’arrêter ! A peine sa voix noire sortit de sa bouche rouge

que je préférais me laisser frapper par mon ainé plutôt que d’affronter la colère de mon

père.

Quatre heures passent. J’entends le clignotant, le Renault espace ralentit. Enfin une pause.

On avait bien avancées sur le trajet et nous voilà à quelques minutes du bateau. Une foule

de voitures identiques les unes aux autres, pourtant de marques différentes, toutes des

monospaces, porte-bagage débordants et amortisseurs en souffrance. J’ai vu la queue, la

foule, j’ai commencé à râler. Après des minutes interminables notre tour est arrivé, on nous


fait signe de rentrer. Je n’arrive pas à croire que les voitures rentreraient toutes dans le

bateau. Une fois garés, je sens une odeur pas très forte d’essence et de caoutchouc qui

pourtant me donne le tournis. L’excitation d’être dans un bateau ! On était partis pour 36

heures. A peine à bord, le calvaire commence. Je sens mon cerveau bouger de droite à

gauche. Mes forces m’abandonnent, mon estomac remue. Je m’allonge et ça se calme. Voilà

la position dans laquelle j’allais passer les 35 prochaines heures.

On a une cabine. Avec chacun son lit, comme dans le Titanic. Je prends possession de mon

lit et là je m’endors. Dans la nuit, je me réveille. Je me lève, dans la cabine personne, ni

même ma mère ou ma petite sœur. Je sais que mes frères ont l’habitude de se faire des

relations dans le bateau. J’ai faim malgré la nausée, je dois manger quitte à tout régurgiter.

J’avance lentement, me tenant aux murs du couloir. Le silence toujours aussi fort. Les yeux

plissés à cause du tournis. J’avance, je sens de l’eau sur le tapis rouge, je continue à avancer,

une odeur de fer forte me prends au nez. Je sens que l’eau est dense et collante. J’avance

les yeux toujours plissés me demandant où tout le monde est passé, il n’y a pas de bruit.

Peut-être qu’ils dorment tous. Les yeux toujours plissés, les vertiges s’accentuent. Je vois

une forme allongée, je sais que certains ne prennent pas de cabines. Je réalise alors

doucement que ce corps, je le connais. Et à mes pieds du sang, que j’ai confondu avec le

rouge de la tapisserie. Je sais que je ne rêve pas. C’est mon ainé allongé, recouvert de sang.

Je cours vers lui, mes larmes montent. Maman maman t’es ou maman. Papa à l’aide. Je

supplie Dieu de le les rendre. Mon père est allongé sur le sol avec tout l’équipage. Je pleure

sans m’arrêter. Ils sont tous morts. Au loin des silhouettes. Le bateau avait été pris en

otages par des Ethiopiens. Eux aussi morts. Une femme me prend dans les bras. Elle me dit,

c’est fini. Je m’endors. Au réveil le lendemain, je cherche encore ma mère, mon frère, mon

père. Et je réalise peu à peu qu’ils sont tous partis. Je n’ai plus la force de pleurer. Je préfère

mourir dans mon chagrin que de faire face à cette réalité. Celle de les avoir perdus a tout

jamais.

Assma Moussaoui, Nouveaux Horizons, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

C’est aujourd’hui, le grand jour, un jour décisif pour mon avenir je m’apprête à changer de

vie, je quitte mon pays en guerre je quitte ma famille, mes amis. Un sentiment de culpabilité

m’envahit, la culpabilité de laisser les gens que j’aime dans un climat d’animosité, la

culpabilité d’être heureux. Jeune garçon de 15 ans, je me prénomme Thao, mon pays est en

guerre depuis un bon bout de temps, combien de temps? Je ne saurais vous dire car je ne

connais pas le sentiment de paix. La guerre fait partie de moi. Je suis en guerre avec moi,

tiraillé par la haine et l’amour des miens.

Je m’en vais, telle est ma décision.


«Je pars vivre une vie meilleure mais je ne vous oublie pas » mes parents m’enlacent, je vois

un sourire triste sur leurs visages, ils ont pris la décision de rester et d’aider ce qui reste de

leur pays.

Je ne serai pas seul durant ce voyage, Laurie m’accompagne, Laurie est une fille discrète et

silencieuse elle a perdu sa famille pendant la guerre.

Plusieurs jours sont passés depuis notre départ, j'essaie tant bien que mal de faire la

discussion à Laurie « Tu sais Laurie quand on sera à destination, j’espère pouvoir continuer

mes études ». Aucune réponse. Je réitère en espérant peut être une réponse de sa part. «Et

toi? Que voudras-tu faire Laurie? ». Laurie a un regard vide et ne me répond qu’après

plusieurs minutes : « Je voudrais arriver en vie ». Sa phrase est d’une telle froideur, son

attitude me déconcerte, elle a l’occasion de vivre une nouvelle vie mais n’en profite pas, sa

compagnie me paralyse. Le voyage sera long…Très long.

Cela fait maintenant des heures que nous marchons, nous sommes épuisés, Laurie ne laisse

rien transparaître, il m’arrive de l’observer, elle est si brisée, si belle.

Sur le chemin nous rencontrons un chien assoiffé, Laurie n’hésite pas à sortir sa gourde afin

de lui donner à boire. Finalement, elle a un cœur cette fille, elle me plaît bien.

Demain nous prendrons le bateau, je redoute ce moment de notre voyage. D’après ma mère

la traversée de la mer est très dangereuse et imprévisible.

Je pars vers de nouveaux horizons le cœur lourd plein de rêves. Laurie et moi embarquons

sur le bateau, nous ne sommes pas seuls, il y principalement des familles. Laurie daigne enfin

m’adresser la parole : « Thao? Tu penses qu’on va y arriver toi? ». Je lui réponds

sereinement : « Nous y sommes presque, une vie meilleure nous attend Laurie, une nouvelle

vie remplie de bonheur ». Elle se contente de pousser un soupir. La sentant faible, à bout, je

ne peux m’empêcher de lui tenir la main qu’elle ne repousse pas et qu’elle serre d’autant

plus. Tout le monde sur le bateau est inquiet. Les jours passent et Laurie tombe sévèrement

malade, elle sent la fin. Elle pose sa tête sur mon épaule. Je ne sens plus sa respiration, je

comprends rapidement qu’elle est déjà bien loin et a pris une autre route que la mienne.

Une larme commence à couler, notre relation était particulière, non, je n’étais pas

amoureux, mais je l’admirais, c’était une fille forte et courageuse. Tout compte fait le voyage

sera court… Très court.

Arrivé à destination je me sens vide comme Laurie au début de notre voyage, j’ai vu la mort

d’un être cher. J’avance d’un pas éreinté vers mon glorieux avenir, le pays est beau, il y a des

maisons, des marchés, des animaux, de la vie. Je me sens bien seul, que vais-je faire

maintenant? Je ne sais plus. Ou sont passés mes rêves? Je ne sais pas.


Sadji Benseddik , BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

C’est l’histoire de Pierre Dupont, un jeune homme de 20 ans qui habite dans le sud de la

France. Il vit encore chez ses parents avec son frère Martin. Les deux ont une relation très

fusionnelle mais Pierre a un rêve que son frère n’arrive pas à accepter. Il veut devenir

commando marine ce qui voudrait dire qu’il devrait être séparé de sa famille très longtemps.

Tous les jours, Martin essaye de dissuader son frère de faire le stage commando mais sans

succès.

Arrive le jour où Pierre va passer le test pour devenir commando marine. C’est un test qui

dure deux semaines, où leurs nerfs, leur mental et leur physique sont poussés à bout. Arrivés

vers la fin des deux semaines les 3/4 des candidats ont soit abandonnés soit été renvoyés car

trop faibles. Mais Pierre lui est encore là. Arrive la dernière épreuve déterminante de ce test

où les futurs commandos vont être isolés pendant 15h et se faire interroger avec différentes

techniques de tortures (noyade, coups de poing...), tout cela pour tester leur mental en

situation d’otages. Pierre réussit cet exercice haut la main et intègre donc les commandos

marines.

Ils appellent sa famille pour annoncer la bonne nouvelle mais son frère Martin qui lui veut

devenir journaliste s’effondre. Il prend cela comme une trahison de son frère et décide de ne

plus jamais lui parler.

Plusieurs années après, Pierre est un soldat expérimenté et son équipe est appelée à

intervenir dans un pays hostile pour la libération d’otages. Jusqu’à là rien d’anormal mais

quand le chef de section annonce le nom des otages, Pierre se décompose : Martin Dupont

son frère qui l'a renié fait partie des otages et il va devoir le sauver.

Martin était parti faire un reportage au Niger quand un groupe de terroristes l’avait

capturé.

Le jour de l’opération arrive, Pierre et ses amis décollent pour le Niger. Arrivés sur place,

ils vont sur un point sécurisé pour établir un plan et le mettre en action. Après l'avoir établi,

l’opération commence.


L’équipe de Pierre rejoint l’endroit où Martin est pris en otage. Il est bien là, accompagné

de deux hommes armés prêts à en découdre. Après plusieurs échanges de coups de feu,

l’équipe de commando arrive à neutraliser les deux hommes. Les croyant morts, Pierre

avance pour récupérer Martin qui ne sait toujours que Pierre est là. Il récupère son frère et

part. Mais tout à coup il entend un bruit derrière lui il se retourne et là, un homme s’est

relevé avec son arme. Martin étant à découvert, l’homme ouvre le feu sur lui mais Pierre se

met entre son frère et la balle qu'il prend en plein cœur pour sauver son frère et il meurt au

combat.

L’équipe de commando abat l’homme et récupère le corps de Pierre. Dans l’avion pour le

retour, Martin jette un coup d’œil à l’homme qui lui a sauvé la vie et découvre le corps de

son frère inanimé. Il comprend donc que c’est son frère Pierre qui s’est mis entre lui et la

balle, que maintenant qu'il il est mort, ils ne pourront jamais se réconcilier.

Klutsch Lilian, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Je suis Adan, je joue à un jeu du nom de « Fiesta », le jeu de combat le plus connu de ces

dernières années .

Je suis bon, même très bon !

Déjà 4 ans que je suis numéro 2 au classement mondial.

Une jolie place pas vrai ? Et pourtant ce chiffre qui me colle à la peau me laisse un goût

amer, chacune de mes défaites me relègue à la deuxième position et me rappelle les mots

fracassant de mon père « Tu seras bon, mais jamais le meilleur ! »

Comme chaque année, le tournoi pour le titre de champion est organisé et après quatre

2eme place, je compte bien faire mentir mon père cette fois !

Et comme d’habitude j’ai écrasé chacun de mes adversaires sans aucune difficulté.

Et là vous vous demandez comment, alors que je surclasse tout le monde, j’ai réussi à perdre

quatre fois consécutives face à la même personne ?

C’est simple ce type est une putain de légende sur ce jeu.

Son pseudo « Lazarus » est connu de tous, il est devenue célèbre grâce à sa technique de

déplacement unique le « Moonwalk ».


Vous l’avez compris son personnage se déplace dans le sens inverse de son animation.

Moi, les gens me surnomment « le roi argenté » par rapport au fait que depuis mon arrivée

dans la compétition je n’ai fait que des 2nd positions.

Un surnom qui ne manque pas de m’énerver tu vous l’aurez compris !

Et cette fois encore, il ne reste que lui à battre pour passer de l’argent à l’or.

Mais contrairement à avant où je jouais très défensif et préférais ralentir la cadence, j’ai

compris plusieurs choses.

Un : il a tendance à utiliser le moonwalk quand il panique.

Deux : sa technique a un point faible! Il l’utilise pour désorienter son adversaire, mais une

fois lancé son personnage ne pourra pas commencer une autre action avant d’avoir terminé

son moonwalk, en d’autres termes quand il utilise sa technique, il est facile de prévoir où il

va arriver et donc je pourrai le punir.

Je monte sur scène, prends ma manette et joue le plus sauvagement possible !

En prenant tous les risques !

Ce qui me permet de lui arracher en quelques minutes 2 vies sur les 3 nécessaires à la

victoire, ne manquant pas de perdre 1 vie à cause des risques que je prends.

2 vies en 2 minutes, moi qui ai l’habitude de faire des combats de près d’une heure contre

lui ; c’est un record !

Quoi qu’il en soit il me reste 2 vies en réserve contre une pour lui. Vous savez ce que ça veut

dire pas vrai ?

Il va utiliser son moonwalk si je lui mets la pression.

Je fais mine de courir vers lui et fait demi-tour immédiatement !

Ca y est ! Il a lancé à cause de la panique.

Je sais où son personnage va finir sa course, mon cœur accélère et pourtant je l’entends

battre au ralenti…

Je saute et mon genou s’envole en direction de son visage, c’est fini.

Mon genou vient s’écraser contre son visage et...l’animation se stoppe net !


Lazarus a mis le jeu sur pause, et a éclaté sa manette au sol !

Il n’y a plus aucun bruit, le légendaire Lazarus avait ragequit.

J’ai enfin réussi, la victoire me revient et ce n’est que la 1ère d’une longue série.

Je suis Adan et j’ai vaincu une légende,

Je suis une Légende !

Bruno Jorge Semedo, Nonsense Century, BTSSP 1. Enseignante : Marie Gola

Le 3 avril 1970, Kevin, 14 ans, met sa casquette à l’ envers, comme d’habitude, et s’enfuit 3

minutes avant la sonnerie de fin de classe : Il fait la course pour arriver en premier à sa base

secrète plus tôt que son groupe. Zoom ! Il part ! Sa prof n’essaie même pas de l’attraper

pour le mettre en punition dans la salle du directeur, en fait elle sourit, avec un doux plaisir

et une pointe de jalousie.

Et profite bien de cet été Kevin !, lance-t-elle à haute voix dans le couloir. Les autres

camarades de sa classe le regardent par la fenêtre sortir du collège avec 5 autres enfants

derrière lui, qui tentent de le suivre, malgré sa vitesse incroyable. Kevin sourit à la sortie,

heureux d’être le premier.

Fuiji, Marcus, Takeshi, Takeda et Noboru, suivent Kevin, chacun à son allure. Noboru, son

casque sur la tête, essayant de manger son sandwich en même temps, s’est positionné

derrière Kevin. Mais soudain, il laisse accidentellement son sandwich s’envoler à cause de la

vitesse. C’est bien la preuve de la difficulté de faire des actions en simultanée ! Mais, il ne

se laisse pas affaiblir par cet inconvénient et il se concentre pour dépasser Kevin. Takeshi,

derrière Noboru, à une vitesse modérée. Il attrape le sandwich au vol et ralentit en

regardant le sandwich au jambon de Noboru.

Sans réfléchir, il mange le sandwich mais malheureusement, Marcus le pousse et s’enfuit à

grande vitesse. Ha ha ha, dommage Takeshi. Takeshi s’arrête, regarde tristement le

sandwich tombé au sol et change rapidement d’expression. Au loin, Fuiji, fatigué par la

chaleur agressive de la grande boule en flammes dans le ciel bleu, entrevoit une silhouette

mystérieuse en position sumo, il ralentit sa couse et s’arrête. Il sent une forte aura de colère

dans l’air et reconnait Takeshi : le sandwich est dans le sol à côté de la silhouette.


Foulous Salah Eddine , Devenir écrivain, BTSSP1. Enseignante : Marie Gola

Chaque personne a sa propre définition de ce qu'est un écrivain. Pour moi être écrivain c'est tout d'abord quelqu'un qui met des mots sur ses émotions, qui se sert de son imagination pour faire voyager les autres grâce à ses textes et qui nous permet de continuer de rêver à tout âge.

C'est aussi cette personne qui se bat pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur, qui ose prendre la parole par peur de regretter de n'avoir rien dit car comme disait Victor Hugo ''on résiste à l'invasion des armées mais pas à l'invasion des idées''.

Il y a différentes façon d'être écrivain et nous le sommes tous à notre manière.

On peut devenir écrivain pour la liberté. La liberté d'expression qui est essentielle.

Lorsque l'on est écrivain les seules limites sont celles que l'on se fixe nous-mêmes. Il faut simplement un crayon et quelques feuilles et laisser nos pensées faire le reste. Il n'y a pas de contrainte de temps et chaque lieu peut être source d'inspiration. Le monde entier peut devenir notre bureau de travail. Très peu de métiers permettent cette liberté, il est impossible de s'ennuyer puisque chaque jour est différent, donne lieu à de nouvelles histoires. On dit souvent que la curiosité est un défaut mais en devenant écrivain cette curiosité devient utile pour nous et pour les autres. Il n'y a pas de codes, pas besoin d'avoir un style unique, de rentrer dans les cases que l'on nous impose depuis toujours. Être écrivain permet de mieux connaître ce qui nous entoure mais d'abord de mieux se connaître soi-même, se recentrer sur nous. Dans certaines situation il arrive que l'on soit surprit par la manière dont on a agi.

Il est important d'être en accord avec nous-même. On peut devenir notre meilleur allié comme notre pire ennemi. Comment reprocher aux autres de ne pas nous comprendre quand on ne se comprend pas soi-même.

C'est celui qui ne connaît pas ses faiblesses qui deviendra encore plus faible. Parce qu'il ne se connaît pas suffisamment et ne comprend pas quand il chute car il ne pourra jamais se soigner.

En effet il n'y a pas besoin de plaire, pas besoin de se donner une image et de se mentir. Il faut juste s'écouter, prendre le temps. Se rendre compte des moments que l'on vit car tout va trop vite et écrire permet de suspendre le temps, de ne plus rien voir autour.

Et plus nous serons sincère avec nous-mêmes, plus nous seront épanouis et cela se verra dans nos textes. Des textes sans filtres, avec de vraies significations.


Devenir écrivain peut être une forme de thérapie. Cela permet de libérer notre esprit, de mettre des mots sur des émotions qui nous empêchent de vivre. Souvent ces blessures du passé ont du mal à se refermer car on refuse d'en parler. On préfère fuir. Fuir l'enfant que l'on a été ou bien l'adulte que l'on est devenu. Mais même en partant au bout du monde on se retrouve toujours face à nous même. L'histoire s'écrit en tournant les pages et cela permet de transmettre ses peines et ses doutes sur cette feuille blanche jusqu'à la noircir pour repartir l'esprit libre.

Parfois cela prend la forme d'une lettre que l'on enverra après des années de doute, parfois elle prendra simplement la forme d'un texte pour nous, que l'on gardera au fond d'un tiroir et que l'on ouvrira plus jamais.

Personne n'est obligé de lire ce que l'on écrit. Être écrivain peut prendre différents sens c'est pour cela que l'on a tous une part d'écrivain en nous. L'important est de ne pas rester prisonnier de notre propre esprit.

C'est un métier qui permet de s'évader. De ne pas s'enfermer dans une spirale négative en voyant tout ce qui nous entoure. Cela permet de laisser place à notre imagination. De se créer une bulle pour rêver et pour certain c'est une échappatoire qui leur permet d'être heureux. C'est aussi vouloir transmettre. En écrivant on raconte une histoire mais il y a toujours une partie de soi dans les textes. C'est permettre de retrouver notre âme d'enfant en inventant des histoires fantastiques.

Devenir écrivain permet de redonner du sens à beaucoup de choses. Redonner du sens à notre vie, au monde comme une renaissance. C'est une redécouverte de chaque sensation comme lorsque l'on est enfant. Comme si des couleurs venaient illuminer une vie en noir et blanc. C'est se réapproprier les moments vécus, profiter de chaque instant. En étant écrivain chaque détail compte, et en y prêtant attention cela révèle la beauté des moments passés.

En devenant écrivain cela nous permet aussi d'être plus forts. En effet en faisant de l'écriture notre métier il faut accepter de ne pas avoir d'inspiration, d'avoir des doutes. La fameuse page blanche qui refuse de se remplir. C'est là que le mental se forge, en continuant d'avancer sans se décourager et lorsque le travail a été dur, la récompense de voir son livre finit n'est que plus belle.

Il ne faut pas avoir peur de l'échec. Parfois dans la vie il faut savoir tomber pour mieux se relever. Ce n'est pas parce que l'on échoue une fois que tout doit s'arrêter. Au contraire, il est important de savoir rebondir, de prendre conscience de nos erreurs et de nos faiblesses. Avoir des convictions est déjà une force et connaître ses faiblesses aussi. En devenant écrivain cela prend encore plus d'importance. Il faut réussir à transformer ces faiblesses pour en faire une force.


Cela permet aussi de vivre de sa passion. Être passionné est rare et lorsque c'est le cas il ne faut jamais perdre ce qui anime cette passion. L'écriture prends tellement de forme que ce soit les romans, les poèmes, les nouvelles ou bien les articles chacun peut trouver la forme d'écriture qui lui correspond pour apporter de la visibilité à des pensées qui nous tiennent à cœur, pouvoir s'aider sois même ou aider les autres. Cela apporte une sorte de reconnaissance car certaines personnes qui passent par des moments difficiles peuvent s'en sortir en partie grâce à ces écrits. Parce qu'ils traversent la même chose que nous si ces écrits sont autobiographiques ou bien s’ils s'évadent de leurs problèmes le temps d'une lecture que nous avons inventé. Beaucoup sous-estiment leur capacité à être utile aux autres, se questionnent sur leurs buts et en devenant écrivain cela leur permet de redonner du sens à leurs actes. Parfois c'est une personne différente entre celle qui a commencé l'écriture de son texte et celle qui l'a terminé. Parce qu'écrire nous apprend beaucoup plus que ce que l'on imagine, ça a le pouvoir de nous transformer.

On peut aussi être un écrivain anonyme et dans une société où tout est public.

Ainsi on peut exprimer ses sentiments ou ses pensées sans avoir peur du regard des autres, de ce qu'ils vont penser. Il est plus facile dans ce cas d'écrire que de parler, la timidité disparaît, c'est un moyen d'être vrai.

Peu importe la raison qui vous pousse à devenir écrivain ce sera forcément la bonne. C'est pour cela qu'il ne faut pas hésiter, se lancer et laisser libre court à ses idées.

Tout ne sera pas parfait dès le début mais c'est ce qui rend l'écriture aussi belle. Les imperfections feront toute la richesse des prochains textes que vous écrirez.

Lorenzo Levicq, Autoroute pour l’Enfer, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Chaque weekend, une sortie, c’était notre moment, une journée partis à 9h00 de la maison,

de retour à 18. Une enceinte sur le porte bagage, avec la même musique en boucle qui nous

raccrochait à la réalité, une musique qui nous rappelait qu’a la moindre folie, nous

emprunterions la « route de l’Enfer ».

Tu vois de quelle sortie je parle ? Celle ou nous montions sur nos engins à moteurs, cet engin

que tu m’as acheté alors que je n’avais que 12 ans. Toi sur ton quad, moi sur le mien, nous

roulions toute la journée, côte à côte avec une seule musique pour nous guider, on se

sentait si bien en l’écoutant, si puissant, si rapide et infatigable. Aujourd’hui même si ces

balades ce sont terminées, cette musique me fait vibrer, me rappelle de qui je tiens et d’où

je viens.


Pourquoi cette musique tu dois te dire ? Si papa, rappelle toi, c’était celle qui nous faisait

trembler, les ondes sonores mélangées aux grondements de nos moteurs, elle nous

rappelait que nous étions vivants, en pleine forêt dans notre campagne, avec une musique

Métal. Ce n’est donc pas incompatible ? La tranquillité de la campagne et des forêts

dérangée par deux forcenés vibrant pour deux styles de vie tellement différents, le cross et

la musique.

Ces chanteurs Britanniques et Australiens, avec une voix qui ne vous laisse pas indifférents,

qui vous attrape les tripes et ne les lâche plus jusqu'à la dernière note, une voix si puissante

que les foulent ne peuvent s’en contenter. Voilà comment tu m’as fait vivre ma jeunesse,

pleine d’adrénaline, de passion et de moments partagés entre un père et son fils résumés en

un titre et quatre lettres.

Une musique qui représente tout un symbole de liberté et de simplicité de vie que nous

avions compris. Nous étions comme ces paroles, sans panneau stop ni limitation de vitesse,

personne pour nous ralentir. Seul Satan pouvait nous freiner et réellement nous entraîner

nous et nos 4 lettres sur l’autoroute de la mort.

Highway To Hell,

AC-DC

Julien Lavallée, SCH: Liquide, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Cela peut vous paraître bizarre, mais je vais vous parler de mon accident de voiture car

malgré le fait que je ne me souvienne absolument pas de cet événement je me rappelle

exactement de la musique que j’écoutais à cet instant. Celle-ci s’intitule « Liquide » du

rappeur que l’on appelle SCH en collaboration avec un deuxième artiste français dont le

pseudonyme est Lacrim.

Cette musique et l’accident on en soit aucun rapport que ce soit dans les paroles ou la

mélodie, mais depuis ce jour bizarrement je l’écoute de moins en moins même si j’apprécie

particulièrement cette musique. Etant donné les paroles plutôt violentes de cette musique

on pourrait penser que j’étais énervé ce soir là mais absolument pas :

La seule responsable c’est apparemment cette flaque d’huile au milieu de la route.

Emma Solé, La vie avec toi, Hélène Ségara. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Aujourd’hui quand j’écoute cette musique je retombe dans mes souvenirs d’enfance, cette

enfance où on ne se souciait de rien, où la vie paraissait simple et où la musique qu’on

écoutait était celle des parents .


Je repense à ces longues périodes où la musique en question passait à la radio et elle nous

accompagnait pendant nos vacances d’été.

Je nous revois dans la voiture avec les fenêtres ouverte et nous entrain de chanter, crier

avec nos voix de crécelle et aussi quand on levait les mains en l’air pendant le refrain tous

ensemble.

Ce n’est pas une musique que je vais écouter aujourd’hui car j’ai grandi et que je me suis

créé mon propre style musical mais je pense que cette chanson me rendra quand même

joyeuse et que je l’écouterai seule ou avec les personnes présentes dans la voiture pour me

rappeler des bons souvenirs de nos vacances et surement rigoler de cette situation lointaine.

Je ne sais plus trop exactement quel est mon ressenti lorsquej’étais petite envers cette

chansons, mais je pense que cette musique me procurait de la joie car on savait qu’on

partait en direction des vacances, qu’on allait même pendant juste 2min s’amuser, rire tous

ensemble sur ce son.

Clémence Garcia, La valse d’Amélie Poulain, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Maman, en écoutant cette valse je vibre de souvenirs et d’émotions. En fermant les yeux je

te vois jouer ce morceau sur ce piano qui est à la fois ton métier et ta passion. Dans ce

souvenir, tu es si concentrée sur cette partition dans notre petit appartement haussmannien

qui vibre au rythme des crescendos. Je te fixe et je n’ai pas besoin d’écouter pour ressentir

la douceur et la puissance de notre duo.

Cette envie que tu avais de me transmettre l’art de la musique je la ressens dans cette valse,

même si ces moments étaient parcourus de conflits en note grave, dus à mon impatience,

et mon entêtement. Amour en note aigüe, je ne retiens que ces moments de partage quand

au bout d’un morceau sans faute ton regard fier, se pose sur moi.

Parmi les nombreux morceaux que tu as pu jouer celui-ci est le seul qui n’émeut à en

pleurer, le seul qui me rappelle à quel point on a pu être complice et fusionnelle, mais qui

aussi me fait énormément culpabiliser que ce ne soit plus ainsi aujourd’hui. Toi aussi ?

Notre bulle, nos musiques, nos morceaux classiques que tu m’as appris à aimer, qui ont

toujours été là comme indispensables. Maintenant sans toi auprès de moi tous les jours, ce

morceau en particulier me permet d’avancer et de faire en sorte de te rendre fière.

Roxane Petitjean, Who wants to know ?, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Combien de fois on l’a passée en boucle dans la voiture, les fenêtres grandes ouvertes, nos

rêves plein la tête, le sourire aux lèvres et en chantant nos joies, nos peines ? Combien de


fois je l’ai écoutée, enroulée dans mon plaid, pleurant à chaudes larmes quand on se

disputait ? Et toi alors ? A combien s’élève ton compteur ?

Tu sais de quel son je parle. Ce genre de mélodie qui s’écoute n’importe où et

n’importe quand, mais pas avec n’importe qui ; seulement avec toi. Cette musique, elle me

rend dingue, elle me rend folle de nostalgie. Je repense à avant, quand on était plus jeunes,

plus bêtes, si insouciants et sans soucis. Elle m’a accompagnée quand j’étais heureuse ou

quand je déprimais, parce que ce son, il te représente, il te remplace quand tu n’es pas là.

Comme la peluche d’un gamin, elle m’accompagne au quotidien, dans les hauts, dans les

bas, dans tes bras.

Ces paroles font vibrer mes sens. Claires et précises, elles frappent à l’essentiel. Sa

vibe apaisante digne d’une chanson d’amour m’a touchée en plein cœur. En effet, la voix du

chanteur m’attire et me captive. Son instrumental envouterait même le plus grand des

sorciers.

Ca me donne des frissons, ça me prend aux tripes, les larmes au même titre que les

souvenirs m’envahissent quand sa mélodie résonne en moi. A fond sous ma douche ou en la

chantonnant dans mon inconscient, ce son m’appartient. Je me perds dans ses paroles, elles

m’ensorcèlent et me réconfortent, noient parfois mes maux et me font voyager loin.

Loin… Je m’imagine marchant seule dans l’obscurité, mais je ne tremble pas, je ne

faillis pas et ne me retourne pas. Ma faiblesse s’en est allée et cette nuit là, tu m’as

consolée. Je marche vers cette berceuse, quasiment inaudible que j’entends au loin. Elle me

rend forte, presque invincible. Mes yeux se ferment doucement, je me sens m’en aller

lentement, la mélodie m’a eue.

Motel, Ash Kidd

Sarah Rachad, Figures, Jessie Reyez. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

On a tous ce besoin de se retrouver dans une bulle mais pas n’importe laquelle dans

la notre, celle de notre univers et c’est grâce à elle que j’y parviens. Elle, c’est cette chanson

dont les paroles nous montrent la réalité que l’on n’ose pas aborder ou plutôt celle dont j’ai

du mal à parler .Ce changement d’intensité dans sa voix qui permet de montrer ce contraste

de tristesse par rapport au début de la musique .Elle me permet de replonger dans quelque

chose de bien plus qu’une simple émotion mais plutôt un moment de ma vie où je me


sentais tellement seule et je pensais que personne ne pourrait comprendre ce que je

ressentais à ce moment. Et puis je l’ai écoutée, ses paroles sont des mots forts et appuyés

que j’aurais pu moi-même évoquer. Elle arrive à provoquer des sensations totalement

différentes ; en seulement 3 min je peux passer de la tristesse à la colère. Quand j’écoute

c’est pour extérioriser ce sentiment, c’est comme quand tu es malade, tu as besoin de vomir

pour te sentir mieux. Elle me permet aussi d’être heureuse en l’écoutant grâce à cet

instrumental à base de guitare électrique qui te donne l’envie de danser un slow et c’est une

sensation très étrange pour une chanson de base plutôt triste car c’est un peu comme avoir

le soleil et la lune en même temps. Ce qui est bien avec la musique c’est que l’on n’a pas

besoin de se demander pourquoi on ressent tout ça mais simplement se reconnaitre à

travers elle, écouter et apprécier.

Christopher Verdeilhan, EMPTY CROWN – YAS, BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

Cette musique me fait ressentir un calme profond.

Elle me permet de me détendre,

Comme si je me retrouvais sous un saule pleureur à attendre

Et observer l’eau d’un lac jusque dans ses tréfonds.

Le bruissement de l’eau

Et le souffle du vent dans les feuillages

Serait pour les oreilles un parfait mirage

De cette mélodie aux aspects si beaux

Cette mélodie raisonne dans ma tête

Comme cette voix qui espérait

Ne jamais être oubliée

Comme le sont loin là-haut les comètes.

Le soleil filtré à travers l’ombrage


Tente désespérément de ralentir la course du temps,

Se moment idyllique à travers les âges

Ne pourrait arrêter la Lune dans son élan

Cette mélodie loin d’être un requiem

Semble ne jamais s’essouffler dans mon cœur

Pour seulement conter que je l’aime

Simplement sans être un adulateur

Carl Puzle, Version Original :Tom Jobim / Garota de Ipanema. BTSSP 2. Enseignante : Marie Gola

La première fois que j’ai écouté cette musique cela remonte à plusieurs année en arrière,

mon père me la chantais en brésilien, je crois que j’avais 5-6 ans. C’est un souvenir très fort,

quand je la réécoute, je n’ai que de bons souvenirs car c’est une musique ni trop festive ni

trop douce, le juste milieu pour se sentir bien. Comme elle est chantés en brésilien, elle

me fait voyager. L’image quelle me donne, c’est la plage d’Ipanema à Rio de Janeiro. En

plus, Le langage portugais brésilien est beaucoup plus poétique que le portugais du Portugal.

Dans la musique on entend un piano qui guide les guitaristes et le chœur, les flutes qui

donnent le rythme à la chanson

Le rythme varie tout le long de la chanson, ce qui donne quelque chose de vraiment vivant.

DORDOGNE

PERIGUEUX – LYCEE BERTRAND DE BORN

Cécile Jayr, Objectifs, 2ème prix du concours de nouvelles En premières lignes des classes préparatoires littéraires.


La cravate noire entre. Le tablier blanc la salue. L’huissier jette un rapide coup d’œil dans

le bistrot : il est simple et vétuste mais propre et chaleureux. Autour des tables recouvertes

de nappes en vichy rouge les chaises sont vides… ou presque. À l’extérieur, un homme est

attablé avec pour seule compagnie son chien et la ruelle d’en face, compagnie peu loquace.

L’huissier veut en finir. La journée s’annonce longue. Ce bistrot doit fermer définitivement

sur l’ordre de la mairie et il fermera.

- Monsieur, je vous le répète, vous ne disposez plus que de quelques jours pour fermer votre

établissement. Les travaux du nouveau centre commercial vont bientôt débuter. Avec

l’honorable dédommagement qu’on vous offre, vous…

- Non, Monsieur l’huissier, ce n’est pas possible. J’ai bien réfléchi.

- Et pourquoi cela, je vous prie ?

- Parce que l’argent ne m’intéresse pas. Je ne serais pas resté enfermé dans mon bistrot si

j’avais voulu faire fortune, je serais de l’autre côté du comptoir à l’heure qu’il est. Et puis

surtout parce que les sentiments, de nos jours, se font rares. Trop rares. Vous ne pensez

qu’au fric, qu’au sale fric.

Sous ses binocles, l’huissier lève deux grosses prunelles vers le plafond du bistrot. Non

seulement cette mission le déshonore, mais en plus on lui a donné l’ordre d’être

diplomatique. Di-plo-ma-ti-que signifie patienter et écouter pour faire entendre à nouveau,

le plus poliment possible, sa première affirmation.

- Monsieur l’huissier, vous voyez cet homme à la table du trottoir ? C’est pour lui que je ne

peux pas fermer boutique, comme on dit. Tous les jours, sans faute, il ne manque pas son

rendez-vous de midi. Oh, un drôle de rendez-vous, un rendez-vous avec l’attente, un rendez-

vous interminable. Depuis vingt-cinq ans. C’était en 1995 qu’il est entré ici pour la première

fois, un béret basque vissé sur la tête. Il m’a demandé une table au soleil avec deux couverts

dressés face à face. Il m’a aussi demandé s’il restait des os en cuisine pour le chien. Il pensait

à tout le brave homme. Je n’avais pas d’os. Ils se sont assis : tel chien, tel maître. J’ai apporté

le pain et le vin en bon enfant de chœur. Mon drôle de prêtre ne pouvait dissimuler son

sourire, le sourire d’un homme heureux, un sourire franc et simple, un sourire d’amoureux.

Au-dessus de ce sourire luisait deux étincelles d’espoir, c’est comme si à défaut de pupille

il avait deux ancres dans les yeux…

- Abrégez, s’il vous plaît.

- Les heures passaient, les mouches volaient, moi j’enchaînais les services et personne ne

venait. À 18h (je ferme tous les soirs à 18h) je l’ai invité à payer l’addition et à prendre la

porte. J’ai eu du mal à le faire. Je ne suis pas un méchant homme. J’en ai eu du remords

toute la soirée. Après une mauvaise nuit de sommeil, j’ai repris ma routine de bistrot. Et

c’est alors que je l’ai revu, mon type au chien noir. Tout pareil, comme la veille. Toujours la


même attente. Toujours le même regard plein d’espoir. Depuis, les jours, les semaines, les

années se succèdent et c’est le même cinéma… à l’exception peut-être de son béret basque

troqué pour la casquette américaine. On a peu à peu échangé, en particulier au sujet de son

attente. Il aime une femme, Véronique. Elle lui a donné rendez-vous dans ce bistrot il y a

vingt-cinq ans, ce bistrot et pas un autre, mon bistrot. Elle n’est jamais venue…

Le tablier blanc baisse la voix :

- Dans le quartier on raconte que cette Véronique serait partie avec un Espagnol, elle aimait

le soleil. Mais ce n’est pas une raison, le soleil n’est pas qu’en Espagne, il y en a aussi sur le

trottoir de mon bistrot quand les rayons veulent bien se montrer. Héliophile, c’était une

véritable rose, paraît-il : elle en avait la beauté mais aussi les épines… Ce n’est pas fini,

monsieur l’huissier. Elle est peut-être partie, elle. Lui ne partira pas. Il me l’a dit. Attendre

est devenu son unique objectif. Il ne se passera pas un jour sans qu’il vienne au lieu de

rendez-vous. « Elle a sûrement des problèmes de calendrier, c’est une artiste vous savez !»,

m’a-t-il dit une fois. D’un jour je veux bien, mais de vingt-cinq ans… c’est une histoire de bon

sens, de réalité, artiste ou pas artiste. Dans cette affaire, le chien et moi sommes ses fidèles

témoins, on aimerait lui parler à Véronique… encore faut-il qu’elle se pointe ici. C’est pour

cela que le bistrot ne peut fermer. Le vieux en mourra. Il a eu trop de chagrin dans sa vie le

pauvre type. Attendre semble être un loisir pour lui, un drôle de loisir, j’en conviens, mais

un loisir que je ne peux lui retirer. Si je ne lui permettais pas d’attendre, si je n’étais pas

présent dans cette attente, si je lui modifiais d’un iota ses habitudes, j’aurais comme un

crime sur la conscience. C’est d’ailleurs pour lui que je ne change pas la disposition des

tables, la peinture du comptoir et des murs et le vichy des nappes, bien que tout ça fasse un

peu démodé, je vous l’accorde. Comme si depuis plus de vingt ans le temps s’était arrêté

dans mon bistrot, comme si lui et son chien ne vieillissaient pas. Je ne peux lui infliger une

peine en surplus de sa douleur amoureuse. Moi, le seul surplus que je donne, c’est le sucre

dans le café.

Chez la cravate noire, face de marbre et cœur de pierre sont solidement enracinés.

- Merci pour le plaidoyer. Je repasserai demain pour signer l’acte de vente définitif. D’ici là,

vous pourrez prévenir votre… client.

Salut bref. Dos tourné, l’huissier gagne la porte et se trouve sur le trottoir. Il est pressé. Il

est toujours pressé. Mais aujourd’hui l’exaspération s’est jointe à son empressement

habituel. Pour couronner le tout, le voilà qui se heurte à une femme. Des excuses sont

marmonnées. Et c’est reparti. Pas le temps, pas un regard. Pourtant, s’il avait daigné lever

les yeux, il aurait vu une rose dépouillée de ses épines et quelque peu fanée par une

cinquantaine d’années. La fleur aussi ne prête pas attention à l’huissier. Le soleil du trottoir,

fraîchement baptisé de pluie, l’attire.

Un appareil photo entre les mains, elle cherche à capturer un moment unique, doux et

mélancolique à la fois : celui de l’attente, le tableau vivant d’un homme face à une chaise


vide. Trop d’éléments, peut-être, en un seul objectif. Trop de contrastes : un vieux solitaire

face à un couple d’amants, « apparition prémonitoire », espère notre protagoniste ; sur la

table, le duel du vin et de l’eau, il faut pourtant choisir ; l’enseigne « depuis 1901 » menacée

par le camion de déménagement ; le passé qui refuse de léguer à l’avenir le flambeau de

Cronos, la page n’a pas été tournée depuis vingt-cinq ans. Trop d’émotions surtout. C’est

cela que l’appareil photo aime, c’est cela qu’il recherche. C’est dans l’objectif. Clic. Le chien

soudain se met à aboyer.

ILE DE FRANCE

PARIS

Cyrus Delerme, Machinallemand, LS1, Lycée Henri IV.1er prix CPGE concours de nouvelles 2021 des lycées parisiens

Un lundi soir d'octobre 185…, dans une petite ville de la Meuse, Annette Plessier, une

domestique, entra au service de Nicolas Macque, un vieil inventeur. Fait encore plus

étonnant : elle y resta.

Annette arriva devant la maison de son nouvel employeur juste avant 18 h.

La façade de la maison lui parut sinistre. Les murs sombres, les tuiles en ardoise, les fenêtres

teintées et surtout la forme-même de l'édifice, étrangement fine et tordue, ne lui inspiraient

pas confiance.

Une plaque en cuivre où l'on pouvait lire « Nicolas Macque, inventeur » surmontait la porte.

La cloche de l'église sonna 18 h. Annette s'avança pour frapper à la porte mais remarqua un

bouton de sonnette. Elle appuya. Rien. Elle ré-appuya. Toujours rien. Elle allait frapper à la

porte quand on ouvrit.


C'était un vieil homme aux cheveux blancs et l'air sévère. Il avait un tablier brun et des

lorgnons qu'il enleva pour mieux examiner Annette. On sentait de la rigidité naturelle dans

sa posture.

- Je vous ai entendu la première fois, pas besoin de s'acharner sur la sonnette. Vous êtes... ?

Sa voix avait des intonations mécaniques, comme le balancement d'un métronome.

La jeune femme se présenta comme la nouvelle servante. Elle lui montra sa lettre de

recommandation.

L'homme, ne daignant même pas un regard pour la lettre, sortit sa montre à gousset et dit :

- Vous êtes en retard.

Annette objecta que la cloche venait de sonner 18 h.

- Malheureusement, elle retarde de 2 minutes, et il ajouta : contrairement à ma montre.

Entrez.

L'intérieur était bien plus accueillant qu'Annette ne l'aurait cru. L'ordre régnait

impeccablement dans cette maison. Elle suivit l'homme jusqu'au salon. Il lui dit sur le

chemin :

- Celui qui blâme son erreur sur la machine est un sot ; la machine ne fait que suivre les

instructions.

Annette soupira intérieurement. Sa première impression était ratée pour de bon.

Une fois au salon, L'homme s’assit en disant :

- J'exigerai de vous la plus grande ponctualité à l'avenir. Pour que ce genre d'incident ne se

reproduise plus, je vous donnerai une montre qui sera à l'heure. Ne vous inquiétez pas, elle

ne sera pas retenue sur votre salaire. En attendant, vous vous baserez sur l'horloge du salon.


Une fois assis, l'homme se présenta :

- Je suis Nicolas Macque, inventeur spécialisé dans la construction de machines.

Apparemment, la rigidité de l'homme ne venait pas que de sa posture. Après avoir lu

brièvement la lettre, le visage de Nicolas prit un air soucieux.

Il borna l'entretien d'embauche à cette seule question :

- Savez-vous faire les œufs à la coque ?

Annette fut prise au dépourvu. Elle demanda des explications mais Nicolas ne répondit pas.

Il reposa la question avec le même ton monotone. Annette répondit oui, tout naturellement.

- Parfait. Ce sera la seule tâche que vous aurez à faire manuellement. Pour le reste, vous

n'aurez qu'à mettre les machines en marche.

Les machines ? Annette avait-elle bien entendu ? Pourquoi diable embaucher une servante

si des machines pouvaient la remplacer ? Et pourquoi parler d'œufs à la coque ?

Annette découvrit durant la soirée que son audition ne lui jouait pas de tour.

La maison avait deux étages et une cave où se trouvait l'atelier de Nicolas, défendu à

Annette. Ce qui faisait toute la singularité de l'intérieur, c'était l'omniprésence des machines.

Elles étaient partout, véritable système pensé dans ses moindres détails pour

que tout ou presque soit réalisable grâce à des boutons, manettes et autres leviers.

Toute cette nouveauté machinale éblouit Annette, littéralement. En s'installant dans sa

chambre, elle eut la mauvaise idée d'appuyer par curiosité sur un bouton de sa table de nuit

et elle reçut en pleine face la lumière de la lampe de chevet, un objet qui lui était

complètement inconnu au demeurant.


L'exemple le plus marquant de cette mécanisation de la vie domestique était la cuisine. Il y

avait un tapis roulant sur lequel on mettait les plats vides et toute une machinerie s'occupait

de verser ingrédients en quantité puis d'apporter les plats sur une gazinière pour la cuisson.

Le contenu était ensuite versé dans des assiettes et il ne restait plus qu'à passer à table.

Tout dans la maison était à l'image de la cuisine : un ascenseur à la place des escaliers, une

machine pour laver le linge et un lave-vaisselle, un éclairage et un chauffage à l'électricité,

des boutons pour ouvrir les armoires...

Et ainsi de suite et ainsi de suite.

Étrangement, l'objet le plus simple qu'elle trouva dans cette maison fut une petite boite à

musique sur la cheminée jouant « La Truite » de Schubert.

Annette mit du temps à se familiariser avec toute cette machinerie. Nicolas lui avait

pourtant donné un manuel d'utilisation rédigé spécialement pour l'occasion mais Annette ne

pensait pas comme l'inventeur, elle avait besoin de démonstrations pour comprendre. Cela

agaçait Nicolas mais il faisait les démonstrations et Annette observait attentivement.

Ce qu'elle comprit très vite par contre, c'est que la vie de Nicolas était calibrée avec une

précision qui ferait peur à une horloger suisse. Il était routinier à la minute près.

Il se levait à 7 h et descendait prendre son petit-déjeuner à 7 h 10. À 7 h 45, il descendait à

l'atelier pour travailler jusqu'à midi, heure du déjeuner. À 13 h, il passait dans la bibliothèque

pour y lire jusqu'à 15 h. Il retournait ensuite à l'atelier pour y travailler jusqu'à 18 h, heure du

souper. À 18 h 45, il partait jouer du piano pendant exactement 45 minutes et à 19 h 30, il

retournait à l'atelier. Puis à 21 h, il allait dans le salon pour boire une tisane avant de monter

20 minutes plus tard dans sa chambre au premier étage. Il était couché à 22 h.

Et le même programme se répétait chaque jour, machinalement.


Ses loisirs étaient tout aussi singuliers. Il lisait principalement de la philosophie avec une

préférence pour les Allemands, en langue originale. Quant au piano, son jeu était

mécanique. Il suivait scrupuleusement la partition, respectant les nuances et le tempo tel un

automate. Il ne jouait pas pour l'expression mais pour la rigueur.

Il ne sortait jamais de la maison, ce qui lui valait une réputation d'excentrique en ville. Tout

était livré, nourriture comme matériaux de construction. Annette savait que Nicolas recevait

des commandes mais elle en ignorait les détails car l'inventeur refusait qu'elle mette les

pieds dans l'atelier. Ses clients étaient peu nombreux mais ils le payaient généreusement

pour qu'il leur construise des machines, parfois particulières, parfois fantaisistes, toujours

originales.

Le rôle d'Annette dans cette vie réglée à la minute près était de s'occuper de la vie

domestique : repas, linge, ménage. Elle s'ennuyait ferme car la machinerie lui laissait

beaucoup de temps libre.

Nicolas étant avare en mots, le seul avec qui elle pouvait discuter était le livreur qui passait

chaque lundi. Elle finit par aller faire le marché du dimanche, plus par besoin de

conversation que de nourriture. Nicolas ne l'arrêta pas mais fit ce simple commentaire :

- Pourquoi perdre son temps là-bas alors qu'on peut se faire livrer ?

La tâche la plus importante de la jeune fille était de faire des œufs à la coque car

étrangement, Nicolas n'avait pas construit de machine pour en faire. A chaque petit-

déjeuner de l'inventeur, il devait y en avoir. C'était le seul moment de la journée où son

visage sévère s'adoucissait. Il mouillait méthodiquement les lichettes de pain et les avalait,

une expression de pur bonheur sur le visage.


Un événement amorça des changements dans cette vie machinale. C'était un

mercredi midi, passé de 4 minutes. Le repas était prêt mais Nicolas n'était toujours pas

remonté de l'atelier. C'était la première fois depuis qu'Annette était arrivée que le vieil

inventeur était en retard. Inquiète, elle décida de descendre pour voir ce qui retenait

Nicolas. En trouvant l'inventeur évanoui et du sang maculant sa table de travail, elle manqua

de défaillir.

Quand Nicolas revint à lui, il était dans son lit. Le docteur fut formel : cancer de l'estomac et

il était trop tard pour faire quoi que ce soit à ce stade. Il préconisa un repos absolu. Nicolas

se contenta de dire :

- J'ai la mécanique qui rouille et alors ?

Il voulut reprendre son travail mais Annette força le malade récalcitrant à garder le lit. Elle

ne pouvait pas supporter de voir le vieil inventeur se traîner péniblement jusqu'à la mort tel

une machine endommagée continuant sa course, indifférente à ses dysfonctionnements

internes.

Nicolas renonça à quitter le lit pour l'atelier mais il s'ennuyait ferme. Il demanda d'abord des

livres mais les renvoya après les avoir à peine touchés, maussade.

Annette essaya d'égayer les journées du vieil homme en lui faisant la conversation. Nicolas

fut d'abord agacé, lui demandant si elle n'avait pas quelque tâche ménagère à finir, puis se

maudissant d'avoir tout automatisé dans cette maison.

Il finit par craquer. D'abord à contrecœur, puis avec un enthousiasme certes inaudible dans

son ton toujours monotone mais qui ne trompait pas Annette, le vieil inventeur parla,

d'abord de ses machines, puis de lui.


Il était allemand de Rhénanie et avait émigré en France à vingt ans. Il avait francisé son nom,

Klaus Mach, par souci pratique. Même son accent avait disparu. Il avait acheté cette maison

et l'avait transformée pour en faire une grande machine où tout fonctionnerait selon le

principe d'automatisme, comme son esprit. La machine allemande c'était lui.

Un matin, en dégustant son œuf à la coque, Nicolas déclara :

- Mon seul échec, c'est les œufs à la coque. Je n'ai jamais réussi à construire une machine

capable de les cuire à la perfection. Si j'ai un regret dans ma vie, c'est bien celui-là. C'est

d'ailleurs pour ça que je t'ai engagée.

Annette proposa de profiter du temps qu'il lui restait pour réaliser ce rêve. Elle était prête à

aider. Nicolas hésita :

- Je n'ai pas de moteur assez précis.

- Si j'ai bien appris une chose à votre service, c'est que celui qui blâme son erreur sur la

machine est un sot.

- Je vois, dit Nicolas en souriant. Va me chercher le plan E-4 dans l'armoire en bas.

L'obstacle rencontré jusqu'ici était le découpage du haut de l’œuf. Le geste de la machine

était trop brut et l’œuf se brisait tout le temps.

Nicolas passa des jours à chercher une solution avec l'aide d'Annette. Elle faisait des

propositions, parfois franchement naïves, mais qui avaient l'air d'amuser Nicolas.

Vint le matin fatidique. Au lieu d’un œuf à la coque, Annette apporta la machine,

baptisée la Coquette par Nicolas.


Sous le regard anxieux de l'inventeur, Annette mit fébrilement un œuf sur le coquetier

intégré, referma le couvercle puis versa de l'eau dans un tube.

Un radiateur chauffait l'eau jusqu'à ébullition. Trois minutes plus tard, elle était vidée dans

un étage inférieur. Venait ensuite le moment crucial : le découpage. Une scie miniature

sortit et s'attaqua à la coquille dans un mouvement régulier et lent. Tel un petit miracle, le

haut de la coquille céda et tomba dans l'eau avec un « ploc ! » gratifiant.

Annette, tout sourire, se retourna vers Nicolas et fut étonnée de le voir essuyer

discrètement une larme.

- Je peux mourir heureux désormais, dit-il en mouillant sa lichette avec un sourire.

Il mourut un mois plus tard. Annette fut surprise de trouver son nom dans le testament du

vieil inventeur. Il lui léguait la Coquette et la maison. Dans cet ordre précis.


Yvan Cottardi, Boîte de conserve, HX3, Lycée Henri IV. 2ème prix CPGE du concours

de nouvelles des lycées parisiens

Comme toujours, Pierre était arrivé aux aurores à l'usine. L'apparence typique de la

quarantaine, le visage encore vierge de rides et la barbe grisonnante, c'était un homme

simple qui aimait son travail. Il s'installa à son poste, prit le temps de préparer ses outils, puis

il actionna un lot de leviers et de boutons en tout genre. Le silence était pesant en ces heures

matinales, uniquement rythmé par les sifflements réguliers des engins déjà allumés. Mais il

rendait presque onirique le spectacle offert par le lever de soleil qui déclinait ses sublimes

couleurs du rose au cyan dans la baie vitrée du bâtiment.

À la droite de Pierre, juste sur le poste de travail voisin, se situait son tout nouveau «

collègue ». Il avait commencé quelques jours auparavant et mettait du cœur à la tâche.

Ressemblant en tout point de l'extérieur à un homme de trente ans, il était pourtant

composé d'environ 20% de laiton, 40% d'acier inoxydable, 15% de circuits imprimés et 25%

de polymères et plastiques en tout genre scellant l'enveloppe. Pierre le salua timidement de

la main, et reçu une réponse similaire. Ces «travailleurs mécaniques», comme nommés avec

fierté par leurs créateurs, étaient des androïdes dernier cri créés il y a quelques années à

peine. Ils avaient commencé à remplacer les humains pour de nombreuses fonctions en

raison de leur polyvalence et de leur précision, mais leur coût élevé limitait leur usage. Pierre

les avait vu se multiplier depuis son arrivée dans l'entreprise et son patron lui avait d'ailleurs

expliqué à l'embauche qu'il était parmi les derniers employés humains à être engagé.

Cependant, s'il ne les détestait pas particulièrement, Pierre était un peu mal à l'aise


face à eux. Il évitait au maximum de les croiser et de leur adresser la parole. De plus, ceux-ci

n'avaient pas conscience de leur nature artificielle ; tous les employés étaient au courant de

qui était humain et qui ne l'était pas, mais les androïdes étaient conçus avec une intelligence

artificielle très poussée et anthropomorphique au possible, qui les rendait intimement

convaincus d'être organiques. Ce qui créait une certaine condescendance chez les humains

qui les fréquentaient, qui ne parlaient d'eux dans leurs dos que comme de vulgaires «boîtes

de conserves». Mais s'ils étaient mis face à la vérité, leur personnalité complexe subissait un

choc d'une violence extrême et ils cessaient de fonctionner. Ce qui nécessitait bien sûr une

réparation coûteuse. Aussi, les ouvriers se devaient de rester courtois en leur présence et

d'entretenir un secret professionnel solide. Et Pierre étant d'un naturel assez maladroit, il

faisait de son mieux pour esquiver le dialogue. Il préférait largement prendre ses pauses à

discuter de tout et de rien avec son ami Thierry, l'agent d'entretien des androïdes et

technicien de surface de l'usine.

C'est d'ailleurs ce qu'il décida de faire après deux heures de travail quand vint son

premier quart d'heure de liberté. Il posa son matériel pour essuyer le cambouis et la graisse

de ses outils, et alors qu'il éteignait son poste de travail, il fut surpris par un hurlement

déchirant à quelques mètres derrière lui. Il se retourna, et devint livide lorsqu'il vit sur le

poste à droite du sien son voisin pétrifié, fixant son bras gisant par terre en hurlant à la mort.

Certes rare sur un modèle aussi récent, ce n'était pourtant qu'un simple défaut de fabrication

: un joint mal serré, l'articulation avait cédé lors de la manipulation d'un objet lourd. Là où

auraient dû se trouver du sang, des muscles et des os, on voyait des câbles, des éclats de

cuivre acérés et des lambeaux de peau synthétique. Le tout pendait de son épaule, qu'il


soutenait avec son autre main en tremblant. Après dix secondes, ce qui s'apparentait à un cri

d'agonie finit par se taire. L'androïde se raidit et tomba sur le sol dans un bruit sourd. Pierre

était immobile, bouché bée. La scène lui avait glacé le sang tant le regard terrorisé qu'il avait

croisé semblait rempli d'une sincère douleur et d’incompréhension. Et alors que Thierry

accourait en catastrophe, Pierre s'assit en tenant sa tête qu'il sentait tourner, le teint pâle. Il

n'avait jamais assisté de ses yeux à ce genre d’événement. Les collègues des postes alentours

ayant également entendu et entraperçu ce qu'il s'était passé, des chuchotements paniqués

commencèrent à monter dans le bâtiment. Mais quelques minutes plus tard, après analyse

du problème, Thierry amena le corps dans son atelier pour pouvoir s'en occuper, et revint

rassurer les témoins de la scène. Aussi le calme revint dans l'usine et tous retournèrent à leur

travail après les quelques instants de flottement qu'avaient causé la situation, suivis par

Pierre dont la pause aura finalement surtout servi à calmer ses esprits.

La journée passa lentement pour Pierre. S'il parvint à retrouver sa concentration, la

vision macabre de la matinée le hanta un long moment. Il était profondément touché par la

réaction de ce qu'il prenait pour un simple morceau de métal à forme humaine, et il réalisa

qu'il n'en savait pas grand chose à force de se tenir éloigné d'eux. Mais le soir arriva, et il

commença donc machinalement à ranger ses affaires. Il éteignit son poste de travail et

rassembla ses outils quand la voix de Thierry résonna dans son dos :

– Alors mon Pierrot, la forme ? C'est quoi cette gueule d'enterrement ? lui demanda-t-

il, les sourcils froncés mais le sourire aux lèvres.

– Rien, c'est Luc tout à l'heure... soupira Pierre. Cette brave boîte de conserve m'a collé


une peur bleue, je te dis pas. Il est pas fichu au moins ? s'inquiéta-t-il.

– Ah, ouais je comprend. C'est sûr que c'était impressionnant, répondit Thierry en se

grattant la tête. T'en fais pas, je l'ai retapé toute l'après-midi, il sera sur pied demain. Léger

souci de fabrication, je te passe les détails ! rétorqua-t-il d'un ton rassurant.

– Tant mieux, tant mieux. J'ai quand même du mal à me dire que c'est que des

machines mine de rien. Ils ont l'air tellement... humains ? Je sais pas. Quand j'ai croisé son

regard tout à l'heure, j'avais l'impression qu'il souffrait vraiment, qu'il vivait vraiment ce

qui lui arrivait. Qu'il vivait tout court d'ailleurs. Il avait l'air... il avait l'air comme nous en

fait,. lui dit Pierre avec un regard pensif et inspiré.

Thierry perdit son sourire. Il semblait troublé et avait un regard triste.

– Ouais... comme nous, répondit-il, en regardant son ami.

– Bon il est déjà bien tard et je suis complètement crevé, donc sur ce je vais pas traîner.

Je te dis à demain ! poursuivit Pierre, tournant le dos à Thierry pour aller chercher ses

affaires.

– À demain, enchaîna Thierry.

Et alors que son ami ne le voyait pas, Thierry sortit de sa poche un petit boîtier de la

forme d'une télécommande avec une dizaine de boutons. Le regard désolé, il appuya sur l'un

d'entre eux. Aussitôt, Pierre se raidit et cessa de bouger. Ses pupilles rétrécirent, et ses bras

tombèrent le long de son corps. Thierry actionna un autre bouton et Pierre se dirigea

mécaniquement, le regard complètement vide et sans le moindre bruit, vers une sorte de

placard dans le mur, à une vingtaine de mètres de son poste de travail. Thierry le suivit, et

posa sur la tête de Pierre une sorte de casque relié à une prise électrique, qui permettait de


recharger sa batterie. Il grimaça en attachant les quelques sangles, car il s'était entaillé la

main en travaillant sur Luc, et un filet de sang coula le long de son bras. Avant de fermer le

placard et d'aller s'occuper des autres boîtes de conserve qui terminaient leur journée dans

le bâtiment, il se tourna une dernière fois vers son camarade. Sans parvenir à le regarder

dans les yeux, qui de toute façon n'étaient plus que deux caméras inactives. Il lui répéta alors

dans un soupir :

– À demain…

Estele Rodelle, Après, CP, Lycée Fénelon. 3ème prix CPGE concours de nouvelles 2021 des lycées parisiens

Tout était joyeux, Avant. Avant, Papa, Maman, et lui vivaient heureux. Il y avait quelqu’un

d’autre, aussi… Grande Sœur ? Ou Grand Frère ? C’était flou.

Et puis d’un coup, un vide immense, un vide profond à l’intérieur, un vide si grand qu’il allait

l’aspirer et que lui aussi allait disparaître, comme Maman et Grand Frère.

- Regarde ce que je t’ai apporté !

C’était Papa qui avait parlé. Il ne restait plus que Papa, maintenant. Papa lui parlait, et le

vide se remplissait un peu. Ça devenait moins effrayant, moins désert. Un peu mais pas

beaucoup.

- Regarde, Obe. Tu ne veux pas savoir ce que c’est ? Je l’ai réparée pour toi. Je l’avais

achetée il y a des années, quand j’ai rencontré ta mè… Peu importe. Ouvre, tu verras.

Papa attendait une réponse avec espoir, mais parler faisait trop peur. Parler avec sa voix

rappelait juste que les autres voix étaient parties et que plus jamais il ne les entendrait.

Maman avait une voix sûre et basse. Celle de Grand Frère (ou était-ce Grande Sœur ?) était

plus rapide, aiguë et excitée.

Devant son absence de réaction, Papa laissa le paquet sur le sol à côté et s’en fut après lui

avoir tapoté la tête. Il avait l’air triste. Avant, tous les deux, ils parlaient pendant des heures

et ils planifiaient plein de bêtises dans le dos de Maman. Le monde hors de la maison était si


mystérieux, et Papa semblait avoir tout vécu. Le soir avant de dormir, ses histoires étaient

plus réelles et plus passionnantes que des légendes. Avant, ils avaient prévu de partir à

l’aventure hors de la ville quand il serait grand, de voyager partout et de rencontrer plein de

gens bizarres. Et puis de bien rire, aussi. Avant ils riaient souvent, tous les deux, cachés sous

une couverture, en s’imaginant des vies de héros. Maintenant le monde avait perdu ses

couleurs et la maison paraissait même trop grande. Vide elle aussi. Comme son cœur et

comme le cœur de Papa.

*

Le paquet était resté longtemps par terre, des heures, des jours, des saisons. Des années.

On l’avait poussé dans un coin et on l’avait oublié. Enfin, peut-être que Papa n’y pensait plus,

mais lui le voyait toujours d’un œil, quand il était sur son lit. Une couche de poussière de

plus en plus épaisse le recouvrait.

Ce n’était pas vraiment que le paquet l’intriguait, car il ne se sentait plus capable d’être

intéressé par quoi que ce soit depuis le Départ. C’était ainsi qu’il appelait la disparition de

Maman, deux ans auparavant. Il y avait Avant, le Départ, et Après. Papa et lui n’évoquaient

pas le sujet.

Ah, oui, parce qu’il reparlait avec Papa. C’était les bébés qui boudaient, et lui était un grand,

maintenant. Il avait décidé cela un beau matin, après s’être cogné le petit orteil contre le

coin du paquet. Papa avait semblé content de le voir s’exprimer, même si c’était pour hurler

et crier contre le méchant paquet stupide qui avait subi toute sa colère enfouie, tout son

chagrin et son incompréhension. Le paquet était responsable de son malheur, tout était de

sa faute ! C’était injuste et il avait mal.

Il avait pleuré dessus, puis l’avait poussé jusque sous son lit pour ne plus le voir.

La parole était restée, un peu pour faire sourire Papa mais surtout parce que c’est quand

même plus pratique que les grognements passifs quand on veut quelque chose.

Le paquet était consigné sous le lit ; pourtant il ne sortait plus de sa tête. Le matin, juste

avant l’aube, quand il ne dormait plus, Obe le tirait à la lumière et restait longuement assis

devant, en tripotant l’emballage. Petit à petit, celui-ci s’effritait ; un jour, un trou apparut. Il

colla son œil dessus pour voir, mais l’intérieur était trop sombre. Puis les rayons de lumière

firent apparaître un éclat métallique.

Il se passa une semaine avant qu’il ne se décide à agrandir le trou. La peur qu’il avait enfouie

au fond de lui ressortait par bouffées, comme si elle cherchait à s’enfuir. Et s’il s’attachait à

cet objet, et qu’ensuite il était détruit ? Et si c’était mieux d’oublier tout ça ? Et si ça lui

faisait encore mal ? Le matin, il entendait parfois Papa pleurer dans sa chambre avant de

venir le réveiller. Ce matin, Papa ne pleura pas. Obe décida de sortir l’objet de sa boîte et le


cassa presque en le lâchant aussitôt. Il l’avait reconnue immédiatement, pour l’avoir vue

souvent sur le bureau de sa mère. Avant.

Ses émotions se mélangeaient à tel point qu’il ne savait plus quoi ressentir. C’était

exactement pour cela qu’il avait arrêté de penser, parce que penser ramenait tout une

cargaison de sentiments qu’il préférait oublier dans un recoin de son cœur.

La machine avait tout ruiné en un grincement de métal.

C’était une splendide machine à écrire, sans une trace de rouille. Les touches étaient

brillantes, patinées par endroits par des doigts qui avaient rédigé de nombreuses lettres. Le

métal sombre semblait poli à la perfection : Obe y vit son reflet terrifié, déformé par la pièce

arrondie. Cela eut le mérite de le sortir de son choc. Perturbé, il passa doucement un doigt le

long des gravures sur le côté droit, suivant le contour de lettres qu’il ne savait pas lire. Les

arêtes de la machine étaient ornées d’un alliage plus travaillé, sculpté en forme de flammes

qui venaient lécher le support pour le papier.

Fasciné, il ne s’étonna même pas de sentir son tourbillon intérieur se calmer. La machine

voulait le rassurer, comme si elle l’avait attendu tout ce temps. Le vide absurde qu’il lui

semblait avoir toujours porté ne lui paraissait soudain plus si béant.

Il l’étudia sous toutes les coutures, suivit chaque courbe épurée, testa chaque touche et

savoura le bruit métallique que produisait le mécanisme. Les rouages ajourés jouaient dans

un concert joyeux.

Le paquet contenait également une boîte de rangement en bois précieux, ornée des mêmes

symboles attirants, de l’encre plus noire que la nuit et un paquet de feuilles douces. Il les

feuilleta tranquillement, plus présent qu’il ne l’avait été pendant deux ans. C’est pourquoi il

remarqua la petite note qui s’échappa en voletant et glissa sous le lit avec tous les monstres

de ses cauchemars.

Le courage lui vint assez facilement, maintenant que le mur qu’il avait érigé au Départ était

en partie abattu. Il faisait complètement jour à présent, or les monstres de lit ne sont

dangereux que la nuit, c’est bien connu.

La feuille n’était pas blanche, réalisa-t-il en l’attrapant du bout des doigts. Elle sentait

l’encre. La même encre que celle de la machine, remarqua-t-il après avoir reniflé le pot.

Obe ne savait pas lire. Avant, il était trop jeune, et Après, il avait montré si peu de volonté

dans ses leçons que son père avait fini par abandonner. Pourtant, en cet instant, il aurait

bien voulu pouvoir déchiffrer les mystères des mots inscrits sur ce papier.

La machine tenait parfaitement dans la boîte ; il y avait même un emplacement pour les

feuilles et l’encre. Il la contempla un instant, hésita, puis prit sa première décision de l’Après.

Il s’appliqua pour tout ranger à sa place, sauf le mot, ferma le couvercle tout en regardant le


plus longtemps possible son reflet sur le métal et tourna la petite clef dans la serrure

centrale. Il s’assura que l’ensemble n’allait pas s’ouvrir de façon intempestive, puis, satisfait,

se muni de toute sa force de petit garçon pour transporter la boîte et son contenu dans la

pièce où se trouvait Papa.

- Obe ? Tout va bien ?

Il ne répondit pas, tout son effort étant concentré sur le poids démesuré de la machine à

écrire. Lorsqu’il eut repris son souffle, peu habitué à l’effort à force de rester enfermé, il vit

dans les yeux nostalgiques de Papa que celui-ci avait reconnu l’objet. Ils ne dirent rien

pendant un long moment, mais le silence n’était plus aussi étouffant qu’il l’avait été entre

eux. Ce fut lui qui prit la parole le premier.

Il voulait lire le mot, bien sûr, qui était dissimulé dans la poche arrière de son pantalon, mais

ce n’était pas que cela, il s’en rendait compte à présent. Ce n’était qu’une étape. Il avait

l’impression d’avoir repris possession de son corps après s’être absenté pendant longtemps,

or il y avait du ménage à faire. Son esprit tournait aussi efficacement que le mécanisme de la

machine et ses pensées s’imprimaient plus fort que sur le papier. Il vivait pour la première

fois depuis longtemps, et il voulait rattraper toutes ces heures passées dans le vide. Il voulait

parler avec Papa de ses histoires comme Avant, il voulait en vivre d’autres et les raconter

ensuite. Il voulait dire ce qu’il avait tu parce qu’il ne savait pas alors comment l’exprimer.

Il ouvrit le coffret de bois et regarda brièvement la machine. Obe n’avait jamais été plus sûr

d’une chose dans toute sa vie.

- Je veux apprendre à écrire.

Anne-Laure Rivière, Péripéties métropolitaines, Université Paris 1 Sorbonne. Mention spéciale Université du prix de poésie Matiah Eckhard 2021

Claac ! Me voilà propulsée dans un autre monde Propice à la furtive rêverie, vagabonde. A travers la vitre du wagon, l'évasion ! Les yeux rivés dans la profonde obscurité D'inédites aventures me font imaginer Toutefois ponctuées par l'annonce des diverses stations. Do, mi, sol, mi, do, le métro s'emplit de nouveau Et ma suave chimère me ressaisit aussitôt. Le voyage physique et cérébral continue Do, mi, sol, mi, do, les gens davantage se muent. Me voici ainsi, contre la fenêtre embuée, la joue glacée, A contempler mes imaginatives élucubrations entrelacées.


Do, mi, sol, mi, do, la rame, peu à peu, ralentit, Dessinant alors la prochaine station, dans un sifflement aigu inouï. Abruptement arrachée à mes distrayantes billevesées, Je n’ai de choix que cette humaine nuée en gare de discerner. Soudain, comme un spittant choc électrique parcourt ma pupille, Mon fébrile cœur frétille, mes mains vacillent, En apercevant cette sublime silhouette au loin qui scintille. Nos regards se croisent, et se percutent encore, foudroyante aimantation, De joyeux sourires s’esquissent, fabuleuse attraction, Un rougissement empourpré se peint, étonnante communion, Une commune ardeur secoue nos êtres, spirituelle lévitation. Do, mi, sol, mi, do, le temps, un délicieux instant, s’était arrêté, Do, mi, sol, mi, do, en un battement de cils, la silhouette s’est dissipée, Do, mi, sol, mi, do, mes pensées doivent cesser Afin de, sur le quai, m'éclipser. Ecoutez : Attention à la marche en descendant du train ! Eh bien, cela n'est rien, je reviendrai demain !

Niklovens Fransaint, Le bruissement des petites pierres, Université Paris Saclay Mes yeux se noient dans la soie de l'horizon La vie tangue de travers Mes rêves Des verglas aux pétales de sable Sont des graffitis vertigineux sur le revers d'un miroir à relief Dans la quiétude du temps, je m’érige un espace Pour me dissuader du penchant des ruines de cœur et de sourire Mon sang engrange l'orage et l’éclair Prend acte du feu et de l’étoile Tonne comme l’encre Brûle les larmes de la fêlure de l'ennui J'habite un instant de brûlure d'aube Las Las de tout Un jour je m'en irai Je partirai loin loin de ce paysage de malheur De tous ces regards de glaise Cette pluie de nécropole Je partirai dans les yeux d'un oiseau à me perdre Dans l'étonnement d'un arbre Dans l'ivresse d'une brise à m'enivrer Des couleurs d'automne Dans le sable des grèves à me fondre dans l’intensité de l’océan Sans hésiter ni résister


Je me laisserai faufiler dans le chant de la neige Dans l’élan des phalènes Dans la vapeur du goudron Dans le vent, le bruissement des petites pierres Dans le frisson d’un poème Dans le moindre soupçon de clarté ou de rire Dans l’étreinte du fleuve qui gèle l’intérieur Je me fondrai alors dans toutes ces choses Que nous jugeons insignifiantes Dans les traits des pépiements Dans les vibrations des promesses Dans l’envol de la lumière au-dessus des ombres Entre les colonnes des couleurs de l’arc-en-ciel Car il suffit d’un rien, d’un tout petit rien Pour goûter à la sève de la liberté

NORD

LILLE – LYCEE FAIDHERBE

Maya Van Nieuwenhove, Princesse, 3ème prix du concours de nouvelles En

premières lignes des classes préparatoires littéraires.

Depuis là où je suis aujourd’hui, il m’arrive encore de me sentir coupable. Grandir vite,

regarder ailleurs, avancer, s’éloigner à toute vitesse de l’enfance. Restent quelques clichés,

une attirance irraisonnée pour la mer et une ou deux questions : quand un bateau dérive au

large, est-ce la force du vent ou la puissance des courants qui l'entraîne ? Est-ce qu’il finit

toujours brisé sur les récifs ? Où es-tu aujourd’hui ?

Aujourd’hui c’est mon tour de voir défiler les jours sans pouvoir rien retenir. Je n’ai pas le

temps d’aller chercher les enfants à l’école. C’est Éric qui s’en charge. C’est un type bien tu

sais ; tu aurais aimé le connaître. Il est rassurant. Quand je rentre, souvent tard, sa présence

paisible, ronronnante, m’émeut. Il est assis derrière son écran, concentré. Il porte une

affreuse paire de lunettes réparée avec un sparadrap au milieu. La maison semble endormie,

emplie de bruits feutrés. Les pas des enfants en chaussettes sur le palier de l’étage, qui

guettent le moment où je vais monter les embrasser, le bourdonnement du lave-vaisselle, la

télé allumée au volume réglé sur le minimum.


Éric me regarde. Il sourit. Il a cette aura enveloppante qui chaque fois me fait monter des

larmes que je retiens. En moi la femme aimée et l’enfant dont la joue cherche en vain la

caresse se font face un instant. J’ai tant attendu de toi cet accueil. Mais c’était autre chose

qui m’attendait en passant la porte de notre maison. Selon que ton humeur était à

l’euphorie ou au contraire obscure, mon univers prenait des couleurs d’arc en ciel ou celles

d’une sombre nuit.

Il t’arrivait de déclarer « en route pour le grand Nord », comme ça sans préambule, tu

m’embarquais dans une escapade. Tu savais que j’adorais la mer. Tu me faisais croire que

notre virée était une épopée fantastique au bout du monde. Avec ton « grand Nord » tu me

faisais rêver. Je crois que mon goût du voyage vient un peu de là, je voulais savoir ce qui se

cachait de si fascinant au bout de cette route. En réalité, on roulait jusque-là plage la plus

proche dans ta voiture essoufflée dont une seule portière s’ouvrait encore. Je me sentais

grande et libre, j’avais même le droit de monter à l’avant, River sur mes genoux. Tu mettais

un CD dans l’autoradio et tu te prenais pour Bon Scott. Tu lâchais insolemment le volant

pendant les solos de guitare de Angus Young. River en profitait pour aboyer joyeusement,

mais alors, tu le grondais furieusement et lui hurlais dessus. Ton visage se crispait. Tout à

coup, l’incroyable vent d’euphorie, de rock’n roll et de liberté se métamorphosait en une

pluie rageuse. Tu éructais des ordres et saisissait brutalement son museau pour lui imposer

le silence. Tu coinçais fermement sa tête contre ton torse malgré ses gémissements et, si tu

lâchais à nouveau le volant, cette fois, c’était pour le corriger nerveusement. Après quelques

minutes plombées de silence, tu reprenais le cours de ton concert virtuel pendant que River

se réfugiait à mes pieds. Je m’enfonçais un peu plus dans mon siège, le souffle court, une

main sur la tête du chien qui se recroquevillait en tremblant. Je passais le reste du trajet à

fixer un point sur le pare-brise, ta voix fatiguée se faisait lointaine. Je ne prêtais plus

attention ni aux vrombissements saccadés du vieux moteur de ta Passat d’un autre siècle, ni

à l’odeur âcre des tissus usés, imprégnés des relents de tabac froid et de chien mouillé. Je

m'évadais déjà. Ta groupie imaginaire devenait, le temps de quelques kilomètres, une

étrangère.

Éric voulait que nous ayons un chien. On a emmené les enfants dans un refuge proche de

chez nous, à l’automne dernier. Sur le trajet, Oscaro a inventé une comptine où il faisait

rimer les noms que proposait son frère, pour notre futur animal de compagnie, avec des

objets absurdes. Tous les deux riaient aux larmes. Dans le rétroviseur j’ai vu les pupilles d’Eli

s’obscurcir soudainement. Les poings et la mâchoire serrés, je trouve qu’il te ressemble. J’ai

détourné le regard et fixé mon attention sur les restes d’un moustique collé sur le pare-

brise. Oscaro mesure vingt centimètres de plus que son cadet. Il a maîtrisé sans mal la volée

de coups qui s’abattait sur lui. Éric a arrêté la voiture sur le bas-côté. Il a pris cette voix

profonde qui ne souffre pas d’opposition. Il a dit lentement : « Eli, soit tu te calmes tout de

suite, soit on rentre ». Je n’ai rien dit.


A l’entrée du refuge, dans un box grillagé exiguë dont l’odeur nauséabonde contrastait avec

l’impression de propreté du béton récuré à la perfection, j’ai croisé le regard de «

Tennessee- barbet français - 4 ans - chien mordeur ». Sa détresse familière, mélange

d’inquiétude et d’impuissance, bien plus que les similitudes de leurs allures, m’a balancé un

uppercut à l’estomac. J’ai revu River dans les dunes, assis à tes côtés, entravé et muselé, le

regard suppliant. L’air était si doux baigné de la blondeur du sable et du bleu, léger comme

un voile, du ciel du Nord. Tu prenais place dans ce décor, pastel et apaisant, qui jurait avec la

présence imposante d’un blockhaus entièrement tagué dont un gros bloc de béton s’était

détaché. De longues ferrures rouillées en émergeaient sur lesquelles tu accrochais tes

vêtements pour qu’ils ne trainent pas dans le sable. Ta musculature nerveuse au milieu de

ces drapeaux improvisés. Je te voyais comme un Apache en train d’installer son campement

loin des regards de cowboys malveillants, prêts à envahir ta « terre libre ». J’observais ton

étrange rituel en ramassant des couteaux qui, alignés et enfoncés dans le sable, serviraient

de frontière à notre territoire. Tu posais et lissais ta serviette, sortait, de ta sacoche en cuir

épais, ton téléphone et ton enceinte, ton grinder, ton tabac, tes feuilles, une canette de

Duvel, veillant scrupuleusement à éviter à ton petit nécessaire de voyage tout contact avec

le sable. Ce manège bien orchestré me fascinait. Un ordre des choses existait donc dans ce

chaos que tu portais. L’ordinaire avait quelque chose de rassurant. Après avoir lancé un

album de Lofofora, volume au maximum, que tu reprenais d’une voix caverneuse, décapsulé

ta bière et rallumé un mégot sorti d’un morceau de cellophane, tu t’attelais à assembler ton

appareil argentique avec minutie.

Je me disais que tu n’avais sans doute pas emporté de pique-nique, il n’y a que maman qui

pensait à ces choses-là. Je n’avais pas faim. La caresse mêlée de la brise et du soleil timide se

faisait consolante et ma gorge se dénouait. Je m’en remettais aux éléments comme à des

gardiens protecteurs. Je me confiais à eux tournée vers l’horizon pour que tu ne vois pas mes

lèvres bouger. Je promettais d’être sage en échange de la certitude que tout irait bien. Puis

des histoires peuplées de sirènes et de princes surgissaient de mon imagination et

m’entrainaient au bord des vagues.

Je te regardais du coin de l’œil. Au loin, tu pointais ton appareil vers moi. Est-ce que toi tu

me voyais, papa, à travers cet objectif ? Qu’essayais-tu de fixer sur la pellicule ? Ce présent

qui t’échappait ou une certaine idée de ta vie ?

Quand enfin tu libérais River, il me rejoignait. Il était un ravisseur et moi une princesse.

J’essayais de lui échapper en faisant des allers retours jusqu’à la mer. Quand la marée était

basse, je m'éloignais tant que tu disparaissais. J’avais le sentiment que River et moi étions

seuls au monde. Comme si tout était neuf, tout était à imaginer. Et c’était un sentiment si

enivrant que j’en éprouvais un puissant vertige. Je tournais sur moi-même jusqu’à ne plus

tenir debout et c’est la plage, les cris des mouettes, les nuages qui, alors, tourbillonnaient

autour de moi.

Princesse, c’était le nom que tu me donnais.


Quand enfin, je remontais jusqu’à notre royaume éphémère, bien souvent, tu t’étais

endormi. Je prenais délicatement ton appareil et je faisais semblant de photographier les

pies huitrières les plus téméraires qui s’approchaient de nous. Je restais, de longues minutes,

immobile jusqu’à ce que l’une d’elles entre dans le champ de l’objectif. Si j’appuyais sur le

déclencheur, tu te réveillais en grognant « Pose ça, princesse. »

En te redressant tu constatais souvent que tu avais faim. Il y a eu cette fois où tu as décrété

« je t’invite au resto Princesse ». C’était en avril, juste avant mon anniversaire, le dernier que

nous ayons fêté ensemble. Nous avons plié soigneusement le campement. Tu as remis ton

polaire et la surveste multipoches que tu portais aussi pour bricoler. J’ai attrapé ta casquette

bleue juste avant qu’elle ne soit emportée par une bourrasque. Il faisait plus frais à présent.

En arrivant sur la digue tu me l’as sèchement reprise des mains en soufflant. Tu n’aimais pas

laisser deviner ton âge que révélait ta chevelure clairsemée. Ton pas s’est accéléré et les

muscles de ta nuque se sont épaissis, alors que tu marchais devant moi, River à ton talon,

obéissant au mantra autoritaire que tu lui psalmodiais. J’ai pensé que je voulais rentrer à la

maison maintenant.

Tu as choisi une terrasse sans me regarder et commandé aussitôt un verre de vin. Tu as

ajouté en t’adressant un serveur « vous avez de la glace ? C’est pour la princesse ». Comme

tu fouillais fiévreusement tes poches, j’ai décroché ton appareil suspendu au dossier de la

chaise. Le serveur s’est approché pour t’apporter la carte et mettre le couvert. Tu l’as

renvoyé, prétextant que tu avais changé d’avis. Moi je savais que tu n’avais pas de quoi

payer autre chose. Tu t’es mis à parler à River. Désignant un camion de déménagement, tu

lui disais que ça serait bien de partir, d’aller vivre au soleil. Tu lui demandais ce qu’il en

pensait. C’est à ce moment-là que j’ai appuyé involontairement sur le déclencheur. Un petit

bruit sec, suivi d’un bourdonnement court puis d’un claquement.

Je n’ai pas cherché à esquiver ta main que j’avais pourtant vu s’élever comme au ralenti.

« Putain Princesse, tu comprends rien. Touche pas à ça. »

ERQUINGHEM-LE-SEC

Clémence Caulier, Ombre d’une bonne étoile, Mention spéciale Université du prix

de poésie Matiah Eckhard 2021

Laisse-moi m’enfuir du gouffre béant, J’ai la lueur au bout des doigts. Je l’effleure le jour du trépas...

Pourquoi je ne me libère pas maintenant?

Tournent autour de moi les lumières


Blanches d’astres inhospitaliers Qui défilent sous mes yeux crevés,

Désastre médicinal échoué.

Petites mains quel dur labeur D’éradiquer de mes entrailles

Le glas devant sonner mon heure, Car certains trains de vie déraillent.

La faille ouverte est recousue Du fil rouge d’un cœur fendu.

Fin d’une vie à l’avance ensevelie.

L’éphémère au creux des paupières. En me réveillant dans ce second lit,

J’endors le cauchemar d’hier.

RHONE

LYON

Clara Makhoul, Mon illumination, 1ère année de faculté de médecine. Premier

prix Université du concours Matiah Eckhard 2021

J’écris sur le papier, l’infini de mes pensées, J’illumine, par les mots, l’obscurité de mes maux, Je rêve, lettre par lettre, d’ôter la douleur de mes sanglots, Et je révèle, avec ma plume, la tristesse de mes nuits étoilées. Enfant de la lune, mon esprit ne cesse de scintiller dans les cieux, Effleurée par la brume, mon regard plonge dans l’âme ensoleillée de ses yeux, Cette lueur, douce, mélodieuse et suave panse le chagrin de mon cœur, Par son éclat qui traverse les nuages, s’éteignent mes craintes, mes peines et mes peurs. Les astres, à chaque instant, me murmurent tous les secrets de l’univers, Dès lors, mon corps abandonné, nos ressources dans une galaxie imaginaire. La Voie lactée me sourit et ma peau frissonne de cette étreinte, Ainsi, le cosmos s’est adouci et la lumière efface mes pleurs et mes plaintes. Déjà, la volupté de la vie, en mon âme vibrante s’est recueillie, Comme une histoire fleurie, les cicatrices pesantes ont guéri. Soudain, bouleversée par le monde, je contemple la nature éperdue, Et même quand l’orage gronde, le bonheur demeure à jamais suspendu.


Infiniment seule face à la pureté et la lucidité du firmament, j’entends, au loin, raisonner le rire du soleil, innocemment, Cette mélodie harmonieuse, tendre et touchante, apaise l’agonie de mon être Car dans ce cri désespéré, muet et poignant, ce sont des ailes que les constellations me font naître. Désormais, les larmes, tel un soupir ineffable, dans les étoiles se meurent, Déjà le nouvel ange, des traces ineffaçables, crée l’esquisse d’une fleur, Alors, un teint vermeil, poétique et brillant éclot aux yeux de l’univers, De ce secret, comme la lune, luisant, est engendrée, éternellement, la plus belle des lumières.

SOMME

Fontaine sur Somme

Margaux Gambier, Laissez-moi écrire encore, Mention spéciale Université du prix de

poésie Matiah Eckhard 2021

Laissez-moi écrire encore, Rien qu'un mot. Un mot pour les larmes dérobées, Et un autre pour les sourires volés, Pour les masques qui tombent, Lorsque la douleur succombe. Pour les danses enflammées des soirs d'été, Les notes qui résonnent entre les hommes, La musique du cœur qui se joue du bonheur, Le rêve qui abdique, le passé fantomatique, Et les spleens despotiques. L'imagination qui vibre, Le désir ivre, D'une envie infinie, Où l'amour s'épanouit. Laissez-moi écrire les regrets et les soupirs, Les cris et les rires, Les trahisons et les vengeances, La force des émotions et la magie des sens. Un mot pour les naufragés, Sur le radeau malmené, Pour la houle qui menace,


Et la perfidie du temps qui passe. Un mot pour les mains qui se tendent, Et les espoirs qui se vendent, Les montagnes qui se soulèvent, Et la force des rêves. Un mot pour les fous et les sages, Pour les conteurs de tous âges, Pour les passeurs de bonté, Et les créateurs passionnés. Un mot pour toi, un mot pour moi, Pour cet inconnu que je ne connais pas. Pour les évidences et les souffrances, Pour la beauté et le dégoût, l'éphémère de l'instant, Et la flamme de nos souvenirs d'antan. Les murmures de la mémoire, La solitude du soir. Les trains qui passent et que rien ne retient, Les amitiés que l'on étreint. Je veux écrire jusqu'à l'épuisement, Suivre mes vers errants, emportée sur le chemin de ma prose, Cueillir chaque ortie et chaque rose. Je veux douter et croire, Je veux goûter l'échec et la victoire. Je veux l'entêtement et la tolérance, La persévérance et l'abattement. Laissez-moi écrire encore un mot, Rien qu'un mot, Et s'il s'envole dans l'oubli, Laissez-moi recommencer sans répit, Rien ne sera changé, ni choix ni regrets, Puisqu'il faut bien tout essayer. Laissez-moi encore écrire, Rien qu'un mot, Le vil comme le beau, Le temps d'un rire ou d'un soupir, Je veux tout vivre...


VAL DE MARNE

CHAMPIGNY SUR MARNE - LYCEE LANGEVIN-WALLON

Recueil collectif, « Notre plein covidien », Enseignant : Bernard Martial

Le Covid et le Renard

Face à l’épidémie aux contours invisibles

Il faut être rusé, comme un certain Renard,

Pour lui faire lâcher sa proie de charognard,

En trompant son orgueil, qu’il se trompe de cible.

La Fable ne dit pas de quel oiseau nuisible

Est né ce noir Corbeau, amateur de brancards,

Mais il a envahi, de son air goguenard,

Les poumons des humains d’une façon terrible.

Mais comme La Fontaine, pour qu’il ouvre son bec,

Les médecins adoptent le discours du fennec

Et lui donnent à gober son dangereux fromage.

C’est en laboratoire que se joue le moral

De notre humanité, sur un ton doctoral,

Et à tous ces savants nous devons cet hommage.

Chakib Ouaddah, BTS1 Electrotechnique


7 en 20

Tu sèmes la terreur, sans aucune pitié,

Saigneur Covid, ici, sur ton champ de bataille,

Tu plumes les poumons, telle simple volaille,

Et tous les prisonniers trépassent, châtiés.

Tu sèmes le désordre, avec inimitié,

Seigneur du Vide, ainsi, dans la grande pagaille,

Et ton rire sardonique nous nargue en représailles,

La Terre contaminée se confine en quartiers.

Mais nous rêvons pourtant d’un heureux épilogue,

Implorant les soignants d’inscrire au catalogue

Une autre solution pour triompher du mal,

Car l’homme est un roseau, faible dans la nature,

Mais il a son génie sous forme de culture,

Et son futur vaccin sera fondamental.

David Hoffmann, BTS1 Electrotechnique

Lettre au Covid

Mon Chair Covid honni, j’ai des pensées turpides


Que je n’ose avouer dans ta dénonciation

Je vais pourtant te dire que ton apparition

A arrêté la course de ce monde stupide.

Nous vivions jusqu’alors une course rapide,

Où la terre saturée, au bord de l’explosion

Commençait à frôler son jour de péremption.

Au cou de ce mustang, tu as passé la bride.

Par ta seule présence, on s’est tous confinés

Et on a médité sur ce temps laminé

Dans nos maisons bouclées, en forme d’ermitages,

Et si, demain, triomphe la vaccination

Espérons qu’on retienne ce temps de réflexion

Et qu’on soit justement devenus bien plus sages.

Kader Bouhali, BTS1 Electrotechnique

Triple acrostiche

Nonobstant le moment où tu seras bien là

Avant de ressentir ce Printemps ici-bas

Regarde ce message que t’envoie l’acrostiche

J’y ai mis ton sourire à chaque hémistiche

Il est le chaud soleil qui éclaire l’ennui


Sans lui mes jours seraient synonymes de nuit

Souviens-toi de mes maux que tu sais tant guérir

Et sois ma thérapie pour toujours m’attendrir.

Nulle autre dans ma vie me fait sentir le vide

A la foule je crie que le monde est sordide

Rien que par ton absence mon principe vital

Je ne vois plus personne dans ce désert total

Il paraît que je hante les couloirs en fantôme

Sur un coussin moelleux en des gestes économes

Soucieux d’un autre cœur qui irrigue mon sang

Et survivant encore à cet organe absent.

Ne crois pas que le manque se soigne par l’oubli

Au loin tu es plus près que tous les gens d’ici

Ressens mes sentiments qui courent sous la terre

Je jurerais qu’ils sont comme un coup de tonnerre

Ils sont comme un séisme et la foudre unis

Sauve par ton retour ce profond tsunami

Secouant mon destin et qui marque ces strophes

Et sois le beau principe qui me fait philosophe.

Meftah Gherbia, BTS1 Electrotechnique


Quotidien maladif

Me voilà enfermé, triste, seul, oublié ;

Personne à qui parler. Belle vie parisienne

Bafouée. Où est-elle la belle vie ancienne ?

Corps sans âme, dans mon quatre mètres carrés.

Assis devant l’écran, mal au corps, déjà mort ;

Et d’écrans en écrans : voici mon court voyage.

Dehors, terrible calme. On attend un présage

Divin et scientifique ; espérons meilleur sort.

A l’extérieur, des hommes et des femmes masqués,

A l’hôpital, des hommes et des femmes marqués

Par les coups incessants, brutaux, de la fatigue.

Me voilà écrasé par des poids accablants !

J’espère que demain sera enfin clément,

Car sur les eaux de Peur au hasard je navigue.

Gabriel Pereira, Paris II, Panthéon-Sorbonne

FLORILEGE ETUDIANTS 2020-2021

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