Etude par spectrophotométrie du seuil de floculation de ... · V.A.M., Mansoori. G. A. and...
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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE D’ORAN, ES-SENIA
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE CHIMIE
MEMOIRE
Présenté Par
Melle KEZADRI Fatima Zohra
Pour obtenir
LE DIPLOME DE MAGISTER
Spécialité : Chimie Physique
Option: Physico- Chimie
Intitulé:
Soutenu le 25/11/2007 devant les membres du jury:
A. KRALLAFA Professeur à l’université d’Oran, Es-Sénia (Président)
A.TAYEB Maitre de conférence à l’université d’Oran, Es-Sénia (Examinateur)
M. BELHAKEM Professeur à l’université de Mostaganem (Examinateur)
D. BENDEDOUCH Professeur à l’université d’Oran, Es-Sénia (Rapporteur)
Y. BOUHADDA Docteur à l’université de Chlef (Co-Rapporteur)
A.TADJER Professeur à l’université de Sidi Bel Abbes (Invité)
Etude par spectrophotométrie du seuil de floculation de
solutions asphalténiques
Remerciements
Je tiens avant tout à remercier chaleureusement Madame le
Professeur BENDEDOUCH Dalila, ma directrice de thèse, et Monsieur
BOUHADDA Youcef, mon co-rapporteur. Je leur suis tout d'abord
reconnaissante d'avoir accepté de diriger et suivre ce travail avec assiduité.
Non seulement je n'aurais pas pu réaliser ce travail de thèse sans leurs
conseils, mais je leur suis surtout reconnaissante de m'avoir montré une
approche de la recherche audacieuse, intègre, critique et enthousiaste. Je
tiens à préciser qu'il est difficile d'exprimer en quelques mots ma gratitude
pour tout ce que j'ai appris à leurs côtés tant d'un point de vue scientifique
qu'humain.
Je remercie sincèrement Mr. le Professeur KRALLAFA
Abdelghani, de me faire l’honneur de présider ce jury et de porter un intérêt
à mon travail.
Je tiens également à remercier Mr. le Professeur TADJER.A
et Mr. le Professeur BELHAKEM Mostafa, d’avoir accepter de juger ce
travail malgré leurs nombreuses charges scientifiques et administratives.
Le travail de recherche n'est possible que s’il y a échange d'idées,
je tiens donc à remercier tous les membres du Laboratoire de Chimie
Physique Macromoléculaire pour leur disponibilité à m’aider chaque fois que
je les sollicitais, en particulier: Melle MENNAS Naima, FASLA Asmahene,
BELARBI Hayet.
Dédicace
• A mes très chers parents qui m’ont tant soutenu et
encouragé durant toute mon existence.
• A ma sœur, mes frères et à toute ma famille.
• A tous mes amis (es) et à tous ceux qui ont contribué
de prés ou de loin à mon éducation et ma réussite.
TABLE DES MATIERES Introduction générale …………………………………………………….…..1
Références ……………………………………….………………………………….........2
CHAPITRE I
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE I. Introduction …………………………………………………………………………3
II. Problèmes liés aux asphaltènes ……………………………………………………..5
III. Définition des asphaltènes ………………………………………………………….5
IV. Composition Chimique ……………………………………………………………..8
V. Masse moléculaire des asphaltènes ………………………………………………....9
VI. Facteurs liés à la précipitation des asphaltènes …………………………………..10
1. Réversibilité ………………………………………………………………....10
2. Rôle des résines …………………………………………………………......10
3. Effets de la température et de la pression …………………………….........11
4. Effets de la longueur de chaîne du floculant n-alcane ………………………11
VII. Structure des asphaltènes …………………………………………………………12
1. Modèle de Yen ………………………………………………………………12
2. Modèle de Pfeiffer et Saal …………………………………………………15
3.Rétrospective ………………………………………………………………….17
VIII. Agrégation des asphaltènes ………………………………………………….…..19
1. Micellisation des asphaltènes ……………………………………………….….19
2. Floculation des asphaltènes ……………………………………………………22
Références ………………………………………………………………………….25
CHAPITRE II
METHODES D’INVESTIGATION
I. Phénomènes Lumineux …………………………………………………….…….……32
1. Introduction …………………………………………………………………………32
2. Absorption de la lumière (loi de Beer-Lambert) …………………………………….32
3. Diffusion de la lumière ……………………………………………………………..34
II. Techniques Expérimentales ……………………………………………………………36
1. Spectrophotométrie proche infra rouge (PIR) ……………………………………….36
2. Détection de la floculation par la mesure de l’absorbance …………………………..37
3. Turbidimétrie et néphélométrie ……………………………………………………..38
4. Simulation des spectres expérimentaux (Modèle de Hotier) ………………………..39
Références …………………………………………………………………........................42
CHAPITRE III
PARTIE EXPERIMENTALE
I. Aspect expérimental ……………………………………………………..................43
A. Appareillage ……………………………………………………………………….43
B. Extraction des asphaltènes ………………………………………………………….43
C. Echantillons …………………………………………………………………………44
D. Choix de la longueur d’onde ……………………………………………………….44
II. Résultats et Analyse …………………………………………………..……………….46
A. Micellisation ………………………………………………………………………46
1- Spectrophotométrie ………………………………………………………….46
2- Turbidimétrie ………………………………………………………………..48
B. Floculation ………………………………………………………………………..49
1- Solution asphalténique à 1% en poids ………………………………………..49
2- Solution asphalténique à 0,1% en poids …………………………………….52
- Spectrophotométrie ………………………………………………………..52
-Turbidimétrie ………………………………………………………………53
III. Discussion des résultats expérimentaux ……………………………………………….56
IV. Simulation des spectres expérimentaux selon le modèle de Hotier……………………...58
Références bibliographiques ……………………………………………………………..61
CONCLUSION GENERALE ………………………………………………………………..62
INTRODUCTION GENERALE
L’industrie pétrolière est confrontée depuis quelques années à des problèmes épineux
liés à l’exploitation et à la production des pétroles bruts. En effet la formation d’un dépôt de
matières organiques cause des problèmes de fonctionnement majeurs lors des processus de
production, transport et raffinage du pétrole brut. Cette déposition affecte l’économie du
pétrole en causant dans la plupart des cas le colmatage du réservoir pétrolier, la formation
d’un dépôt dans les canalisations et la baisse de la qualité du pétrole.
Le dépôt est régi par les composants lourds du pétrole brut qui s’auto-associent [1,2],
floculent, précipitent ou même polymérisent à certaines températures et pressions [3]. Parmi
les composants lourds du pétrole, les asphaltènes représentent la fraction principale
responsable de la floculation et de la précipitation, en raison de leur forte tendance à
l’auto-association et agrégation dans le pétrole. Tous ces problèmes peuvent avoir comme
conséquence des arrêts et des pertes de production, et probablement des dommages
irréparables dans les installations industrielles.
Les compagnies pétrolières ont donc été amenées à mettre au point différentes techniques afin de limiter les dysfonctionnements occasionnés par le dépôt des asphaltènes, tels que :
� Le raclage régulier des pipes et du fond des réservoirs de stockage de pétrole brut,
c’est un moyen très utilisé mais qui reste souvent insuffisant. De plus c’est un moyen
curatif qui demande un arrêt systématique de la production et qui augmente donc son
coût.
� L’utilisation de produits chimiques organiques qui dispersent les asphaltènes dans le
pétrole. C’est une technique très simple, efficace et relativement économique mais
l’efficacité de ces additifs est souvent aléatoire.
Ces deux techniques présentent des inconvénients tels que la fermeture du puits et le coût
élevé des solvants utilisés. Pour fournir des solutions aux problèmes posés par la floculation
et la précipitation de ces composés, il est impératif de connaître quand, comment et pourquoi
les asphaltènes floculent et précipitent.
Il est difficile de caractériser le pétrole brut parce qu’il constitue un mélange complexe de
différentes molécules, en particulier la fraction asphalténique qui elle-même est complexe en
raison de sa masse moléculaire élevée et de sa polarité.
De nombreuses études ont cependant été menées afin d’identifier la structure des
asphaltènes, et de mieux comprendre leurs propriétés associatives, en particulier le mécanisme
de micellisation ainsi que le phénomène de floculation des particules agrégées d’asphaltènes
[4-6].
C’est dans ce contexte général que les travaux présentés dans ce mémoire ont pour
objectif d’étudier l’agrégation d’asphaltènes du pétrole d’un puits de Hassi-Messaoud. Ces
travaux s’insèrent également dans le cadre des activités de recherche du laboratoire de Chimie
Physique Macromoléculaire (Université d’Oran) sur le thème de la caractérisation physico-
chimique et structurale des asphaltènes de Hassi-Messaoud [7,8].
Le mémoire est organisé en trois volets.
Dans le premier chapitre, une étude bibliographique et des généralités sur le sujet sont
présentés. L’accent est mis sur la compréhension actuelle des phénomènes de micellisation et
de floculation des asphaltènes.
Le deuxième chapitre expose les principes de la spectrophotométrie proche infra-rouge et
son application aux asphaltènes, afin de poser les bases de l’interprétation des résultats
expérimentaux .
Le troisième chapitre est consacré à la partie expérimentale et renferme les résultats et
leur analyse pour décrire les phénomènes de floculation et de micellisation des asphaltènes
étudiés. La spectrophotométrie proche infra-rouge et la turbidimétrie sont utilisées afin de
déterminer le seuil de floculation et la concentration micellaire critique des asphaltènes.
Références: 1- Speight, J. G., Long, R. B. and Trowbridge, T. D., Am. Chem. Soc. Div. Fuel Chem.
Preprints 1982, 27, 268.
2- Sheu, E. Y., de Tar, M. M., Strom, D. A. and Decanio, S. J., Fuel 1992, 71, 299.
3- Janardhan, A. S. and Mansoori, G. A., J. Pet. Sci. Eng. 1993, 9, 17.
4- Sheu, E. Y., Strom, D. A. and de Tar, M. M., J. Non-cryst.solids 1991, 341, 131-133.
5- Strom, D. A. and Sheu, E. Y., Fuel 1993, 72, 233.
6- Branco. V.A.M., Mansoori. G. A. and Manafi.H., Journal of Petroleum Science and
Engineering 2001, 32, 217– 230.
7- Bouhadda, Y., Thése de magister, Université d’Oran 2000.
8- Daaou, M., Thése de magister, Université d’Oran 2001.
I. Introduction :
Le pétrole brut est un mélange extrêmement complexe de molécules d’hydrocarbures à
chaînes linéaires, ramifiés ou cycliques. Il renferme aussi en petite quantité des composés
inorganiques soufrés, oxygénés et azotés ainsi que des métaux chimiquement liés à des
molécules organiques [1,2]. La figure I.1 montre les différentes étapes du fractionnement du
pétrole par précipitation en présence d’un n-alcane [3,4] pour obtenir les asphaltènes et les
maltènes, suivie d’une séparation par chromatographie liquide sur gel de silice [5] pour
séparer plus en avant les maltènes en composés saturés, aromatiques et résines, selon leur
solubilité dans des solvants choisis pour leur polarité et aromaticité différentes : n-heptane,
toluène et un mélange 50/50 de toluène et de méthanol [6]. Quatre fractions de produits de
différents poids moléculaires et polarités sont identifiés: les saturés, les composés
aromatiques, les résines et les asphaltènes.
Les saturés sont des hydrocarbures aliphatiques non polaires, sous forme d’alcanes à
chaînes linéaires ou cycliques, et représentent la fraction la plus légère du pétrole. La fraction
aromatique est composée de produits aromatiques (benzène et ses dérivés), d’hétéroatomes
avec différentes fonctions chimiques et des substituants alkyles. Les résines se composent de
molécules polaires contenant souvent des hétéroatomes tels que l’azote, l’oxygène et le
soufre ; elles sont définies comme étant la fraction pétrolière soluble dans les alcanes légers
tels que le pentane et l’heptane et insoluble dans le propane liquide [1,7,8]. Elles ont des
structures similaires à celles des asphaltènes, mais avec des poids moléculaires plus faibles.
Elles sont moins aromatiques que les asphaltènes, en raison du rapport H/C (rapport atomique
de l’hydrogéne par rapport au carbone) qui est plus élevé [8]. Enfin, la fraction d'asphaltène
représente la fraction la plus lourde et la plus polaire du pétrole brut. Les asphaltènes peuvent
précipiter en raison de changements de pression [9-12], température [13,14] ou composition
[15 -17]. Ces molécules ont une grande influence sur la qualité du pétrole et sont considérées
comme un facteur important entravant nombre d'opérations de production, de transport et de
raffinage du pétrole. La déposition des asphaltènes dans les puits et les canalisations peut de
manière significative augmenter les coûts d’opérations de production et de transport.
La minimisation de ce dépôt est donc d’un grand intérêt pour l’industrie pétrolière.
Cependant, ce n'est pas une tâche facile à cause de la complexité de ces molécules.
n-heptane
Figure I.1 : Représentation schématique de l’extraction des asphaltènes [18].
pétrole brut
Maltènes
résines saturés aromatiques asphaltènes
Chromatographie
Adsorption sur silice
n-heptane toluène toluène/méthanol (50/50)
précipité solution
II. Problèmes liés aux asphaltènes :
Il est possible de classer les problèmes associés aux asphaltènes suivant les opérations
d’extraction, de transport, de raffinage et de production du pétrole [19,20]. En ce qui concerne
l'extraction, les asphaltènes ont une grande capacité de blocage des espaces poreux du
gisement, provoquant une réduction de la perméabilité et une remarquable diminution du flux
de sortie du brut [20-22]. Le pétrole étant transporté dans des canalisations et des équipements
métalliques en général, ces composés peuvent précipiter en présence d’ions ferriques
combinés à des conditions acides, bloquant et obstruant l'écoulement libre du brut [23,24].
Quand ce genre de problème se développe, des solvants, tels que le toluène et le xylène sont
introduits afin de dissoudre ces dépôts solides. Ce processus augmente les coûts de production
et produit des résidus d'un degré élevé de toxicité.
Concernant les bénéfices économiques liés à l'exploitation du brut, ils dépendent de sa
composition chimique. Ainsi le brut ayant une teneur élevée en asphaltènes (18-22%) est
considéré comme un produit lourd et de mauvaise qualité, puisque cela représente des
difficultés d’extraction et de raffinage supplémentaires et diminue le bénéfice économique
[25].
III. Définition des asphaltènes:
Les asphaltènes sont des dérivés de sources carbonées, telles que le pétrole, le
charbon, le schiste pétrolifère ou le sable bitumeux [ 26, 27]. Les asphaltènes sont des solides
friables de couleur marron foncée ou noire et n’ont pas de point de fusion bien défini mais se
décomposent entre 300 et 400°C pour donner des composés carbonés et des gaz [13,14].
La définition classique des asphaltènes est attribuée à J.B. Boussingault [28], qui a
décrit en 1837 les constituants de quelques bitumes (asphaltes) trouvés en France et au Pérou.
Il a appelé le constituant volatil, huileux et soluble dans l’éther pétrole, le constituant
insoluble dans l’alcool essence, et le constituant restant à la fin de la distillation sous forme
d’un résidu solide asphaltène.
En 1945, Marcusson [29] a classé les asphaltènes et les résines de la manière suivante:
1- les résines sont définies comme la fraction insoluble dans les alcalis et les acides ;
2- les asphaltenes sont définis comme la fraction insoluble dans l’éther de pétrole ;
3- l'acide asphaltogénique est défini comme la fraction soluble dans les solutions
alcalines et dans le benzène.
En 1950, Pfeiffer [30] a défini les asphaltènes comme une fraction insoluble dans un solvant à
bas point d'ébullition tel que le n-heptane mais soluble dans le toluène.
Finalement, les asphaltènes sont généralement définis comme une partie du pétrole
brut insoluble dans les n-alcanes tels que le n-heptane ou le n-pentane et soluble dans le
benzène ou le toluène [31,32]. La définition des asphaltènes la plus communément retenue est
celle de la norme pétrolière AFNOR NF T60.115 : c’est la fraction du brut insoluble dans le
n-heptane et soluble dans le benzène chaud (à sa température d’ébullition) [33]. Cette norme
est équivalente à la norme anglaise IP-143/84 et à la norme américaine ASTM 893-69.
En fait, les asphaltènes dépendent de la nature de l’agent précipitant, la figure I.2
montre la variation de la quantité d'asphaltènes précipités en fonction du volume de
précipitant ajouté, soit le n - heptane soit le n – pentane, selon la norme IP 143/84 [34]. Selon
la figure I.2, on observe que la fraction d’asphaltène insoluble dans le n-pentane est plus
importante que celle insoluble dans le n-heptane quelque soit le volume de précipitant ajouté
et contient donc un éventail plus large de molécules, y compris la fraction d’asphaltène qui est
soluble dans le n-heptane ; elle est désignée parfois sous le nom de résine à cause de sa plus
grande solubilité dans le n-heptane. La fraction d’asphaltène insoluble dans le n-heptane est
constituée à plus de 95% par des asphaltènes, alors que la fraction d’asphaltène insoluble dans
le n-pentane est concentrée en résines [35]. Les poids moléculaires moyens de ces fractions
asphalténiques diffèrent de manière significative, la fraction d’asphaltène insoluble dans le n-
heptane ayant par exemple une valeur de 5430 ±270 g/ mole et la fraction insoluble dans le n-
pentane une valeur de 3250 ±150 g/ mole d’asphaltène [36,37].
Figure I.2 : Quantité d’asphaltène précipitée (insoluble dans le n-pentane ou le n-heptane) en
fonction de l’addition d’un volume de précipitant [35].
n-pentane n-heptane
Volume de précipitant (ml)
Volume de précipitant (ml)
n-pentane n-heptane
0 10 20 30 40
IV. Composition Chimique:
Quelque soit la source de l’asphaltène, la teneur pondérale en carbone se situe au
voisinage de 80-85%, celle de l’hydrogène de 7 à 10% et le rapport atomique H/C varie de 0,5
à 1,5. La teneur en hétéroatomes varie pour l'oxygène de 0,1 à 5 %; le soufre de 0,1 à 10,5 %;
et l’azote de 0,5 à 3,5 %. La proportion des métaux tels que le vanadium et le nickel varie de
150 à 1200 ppm [38,39]. Le tableau I.1 montre la composition élémentaire des asphalténes de
pétroles bruts de diverses origines: Maya (Mexique), Khafji (Arabie Saoudite), Iranian Light
(Iran) et Hassi-Messaoud (Algérie) [40,41].
Origine
Mexique[40]
Maya
Arabie Saoudite[40]
Khafji
Iran[40]
Iranian Light
Algérie[41]
Hassi-Messaoud
Composition
(%poids)
C
H
S
N
O
H/C
Métaux (ppm)
Ni
V
Densité (g/cm3)
82
7,5
7,1
1,3
1,2
1,10
390
1800
1,1767
82,2
7,6
7,6
0,9
1,1
1,11
200
550
1,1683
83,2
6,8
5,9
1,4
1,5
0,98
390
1200
1,1669
83,16
8,42
8,42
1,20
99,50
82,80
1,094
Tableau I.1 : Analyse élémentaire d’asphaltènes de différentes origines.
D’après le tableau I.1, on constate que l’asphaltène de Maya est le plus dense et contient
une quantité plus importante de métaux que les autres asphaltènes. Le rapport atomique H/C
de l’asphaltène de Hassi-Messaoud est le plus élevé, et ceci peut être lié à une faible
aromaticité c.à.d. que cet asphalténe est considérablement plus aliphatique que celui d’Iran.
L’étude par la spectroscopie de rayons X (XANES) des asphaltènes pétroliers a permis
de déterminer la nature chimique des hétéroatomes. Le soufre se trouve sous forme de
composés thiophéniques comme le benzothiophène et le dibenzothiophène [42-49] ou sous
d'autres formes telles que les ponts sulfures. L'azote est sous forme d’amides, d’amines
aliphatiques et aromatiques et existe généralement sous forme de pyrrole plutôt que de
pyridine [50]. L’oxygène est sous forme d’acides carboxyliques, de phénols et de cétones [43,
51-55]. Les métaux nickel et vanadium forment des complexes de type porphyrine avec les
pyroles [56-60].
V. Masse moléculaire des asphaltènes :
La masse moléculaire moyenne des asphaltènes est relativement élevé ; elle s'étend
généralement de quelques centaines d’uma (unité de masse atomique) à plusieurs millions
d’uma. Elle change considérablement en fonction de l’origine du brut, de la méthode et des
conditions de mesures expérimentales à cause des phénomènes d’auto-association des
asphaltènes [45,61]. Par exemple, les mesures par la méthode FIMS « field ionization mass
spectrometry » ou spectrométrie de masse par champ d’ionisation indique une masse
moléculaire moyenne autour de 700 uma [62-63]. Tandis que pour le même asphaltène
l’osmométrie à pression de vapeur (OPV) suggère que la masse moléculaire est d’environ
4000 uma [62]. Cette dernière valeur élevée de la masse moléculaire est attribuée à
l'agrégation des asphaltènes à ces concentrations expérimentales nécessairement élevées.
Récemment, la spectrométrie de masse par désorption de champ a permis de mettre en
évidence des masses moléculaires dans un intervalle de 200 à 1200 uma [64,65] et la
spectroscopie de fluorescence a prouvé que la masse moléculaire des asphaltènes de
Californie est de 750 uma [66,67]; cette technique est capable de mesurer directement la
masse moléculaire des asphaltènes dans des solutions très diluées. Ainsi, elle n'est pas
soumise au problème de l'agrégation à des concentrations plus élevées comme c’est le cas
avec d'autres techniques.
VI. Facteurs liés à la précipitation des asphaltènes :
Bien que les asphaltènes et leur comportement en solution ont été intensivement
étudiés pendant les cinq dernières décennies, quelques aspects importants de ce secteur ont
été seulement partiellement compris [68].
1. Réversibilité:
La réversibilité de la précipitation d'asphaltène a été étudiée par Leontaritis et al. [69];
ils ont traité cette précipitation comme un processus irréversible puisque dans leur cas les
asphaltènes précipités ne peuvent pas être dissous. Ces chercheurs concluent que la
polycondensation irréversible se produit une fois que les asphaltènes précipitent. Récemment,
Abedi et al. [70] ont rapporté que la précipitation d'asphaltène est irréversible à des
températures et à des pressions élevées (500-720 K et 3-7 MPa). A températures élevées, ou
avec quelques catalyseurs, les asphaltènes peuvent précipiter en raison de réactions chimiques
irréversibles. D'autres chercheurs ont étudié la réversibilité de la précipitation d'asphaltène
due aux changements de température, pression et composition [9,71-72]. Rassamdana [71] et
Chung [72] ont observé que la partie de l'asphaltène précipitée est dissoute dans la solution et
ont conclu que la précipitation d'asphaltène est partiellement réversible. Ramos [73] a vérifié
que la précipitation d'asphaltène et le processus de la dissolution dans un état liquide est
réversible quand des ultrasons sont employés pour le mélange. Il a également observé la
redissolution de l'asphaltène précipité dans un mélange de pétrole/n-heptane par addition du
toluène. A haute pression, la réversibilité de la précipitation d'asphaltène a lieu avec des
changements de pression ou composition [74].
2. Rôle des résines:
Le rôle des résines dans la précipitation d'asphaltène est lié à la réversibilité de la
dissolution du dépôt d'asphaltène [75]. Mansoori, Park et Leontaritis [69,76] arguent que la
précipitation d'asphaltène est irréversible et que les résines jouent un rôle prépondérant dans
la stabilisation des solutions asphalténiques et sont présentes à l'interface entre les micelles de
l'asphaltène et du pétrole brut. Tandis que d'autres chercheurs [9,77,78] montrent que la
précipitation d’asphaltène est réversible, et que la présence de résine n'est pas une condition
nécessaire pour stabiliser les micelles d'asphaltène.
Ces dernières conclusions sont basées sur les résultats expérimentaux de l’osmométrie
de pression de vapeur (OPV) et sur les études de diffusion de RX [68] qui semblent confirmer
que les asphaltènes s'associent spontanément dans des solvants organiques pour former des
micelles.
3. Effets de la température et de la pression:
Différentes tendances ont été rapportées au sujet des effets de la température et de la
pression sur la précipitation d'asphaltène [74,79,80]. Pour les solvants n-alcanes avec un
nombre de carbone supérieur à 5, la quantité précipitée diminue avec l'augmentation de la
température [13,14]. Les effets de la température sur la précipitation d'asphaltène ont été
expliqués qualitativement par le changement du paramètre de solubilité avec la température
[81,82]. Cette dernière a un effet moins prononcé sur l'agrégation des asphaltènes que la
composition du pétrole brut et la pression, mais une augmentation de la température affecte
généralement l'agrégation des asphaltènes en diminuant la puissance de solvatation du pétrole
brut [83]. Cependant certains auteurs ont rapporté que la taille des agrégats d'asphaltène
diminue avec l'augmentation de la température [84], alors que d'autres déclarent que la
précipitation des asphaltènes augmente avec la température [1].
En ce qui concerne l'effet de pression, généralement, une pression élevée augmente la
solubilité des asphaltènes dans le pétrole brut. Des effets de la pression sur la précipitation
d'asphaltène ont été également expliqués qualitativement par les changements de la force du
solvant avec la pression [81,82]. Une augmentation de pression affecte la densité de liquide à
condition qu’il n'y ait aucun changement en composition d’huile. Ainsi, à température
constante et à composition constante en huile, une augmentation de pression augmente la
solubilité des asphaltènes.
4. Effets de la longueur de chaîne du floculant n-alcane:
L'étude de la précipitation des asphaltènes par l'addition d’un n-alcane au pétrole brut
a été souvent employée pour la compréhension du phénomène de précipitation. L’addition de
composés paraffiniques modifie la solubilité des asphaltènes dans l'huile parce que sa
puissance dissolvante affecte les interactions entre les asphaltènes et les résines quand elles
sont présentes. Les composés paraffiniques sont de bons solvants pour les résines mais pas
pour les asphaltènes, le volume de solvant augmente l'interaction entre les résines et les
asphaltènes et la capacité de stabiliser les molécules d'asphaltène en tant que petits agrégats
faibles, entraînant la précipitation des asphaltènes. Hirschberg [9] et Chung [72] ont rapporté
une série d’expériences de titration d’échantillons d'asphaltène avec les alcanes liquides (n-C5,
n-C7, n-C9, n-C12) comme solvants pour déterminer le début de précipitation, la quantité du
matériau précipité, et les propriétés de solubilité des asphaltènes.
Kokal et ses collaborateurs [74] ont étudié la quantité d'asphaltène précipitée quand
des huiles pétrolières avec une teneur élevée en asphaltène (13 et 21% en poids) ont été titrés
avec divers solvants paraffiniques (n-pentane à n-heptane). Ils ont observé une diminution de
la quantité d'asphaltène précipitée quand le nombre de carbone de l'alcane augmente comme
indiqué sur la figure I.3. Le même résultat a été observé par Rassamdana et Sahimi [71] qui
ont mesuré la quantité précipitée d’asphaltène d'un pétrole brut iranien en utilisant les n-
alcanes avec un nombre de carbone s'étendant de 5 à 10, à 25°C et à pression atmosphérique.
Ces chercheurs ont aussi observé que la précipitation complète est obtenue au-dessus d'une
certaine valeur du rapport solvant/huile (typiquement entre 10 et 30 cm3/g).
Figure I.3 : Quantité d’asphaltène précipitée en fonction du nombre de carbone du
précipitant parrafinique [85].
VII. Structure des asphaltènes :
La structure des asphaltènes est encore mal connue. Les modèles proposés jusqu’à
présent concernent des structures moyennes qui sont élaborées à partir de mesures effectuées
soit sur des asphaltènes solides isolés soit sur des asphaltènes en solution dans les pétroles
bruts.
1. Modèle de Yen :
C’est le modèle le plus souvent utilisé car il permet de rendre compte des facteurs
structuraux déterminés par diverses méthodes physico-chimiques réalisées sur des asphaltènes
séparés et à l’état solide. En 1961, Yen [58] proposa à partir de résultats de diffraction de
rayons X (RX) un modèle structural dans lequel les asphaltènes sont décrits comme étant des
particules bi ou tridimensionnelles qui résultent de la superposition de feuillets aromatiques
portant des chaînes hydrocarbonées. Il a défini ainsi à partir des expériences de diffraction RX
des paramètres structuraux qui décrivent l’asphlaltène comme on peut le voir sur la figure I.4
et a introduit également l’idée qu’il peut exister sous quatre différentes entités:
- un feuillet aromatique qui représente la structure de base des asphaltènes et est
constitué par une partie centrale polyaromatique condensée sur laquelle des chaînes
aliphatiques ou des noyaux naphténiques sont greffés;
- une particule constituée par l’association de plusieurs feuillets ;
- une micelle formée par l’association des particules en solution ;
- un agrégat ou agglomérat d’asphaltène formé par l’agrégation des micelles.
La figure I.5 schématise ces différentes formes d’asphaltène décrites par Yen [58] dans leur
milieu naturel. Dans cette représentation, l'association moléculaire des asphaltènes aboutie à
quelques feuillets aromatiques empilés de façon à avoir leurs disques polyaromatiques
centraux parallèles. Les liaisons π donneur / π accepteur des plans polyaromatiques
maintiennent stable l’empilement des feuillets, comme schématisé sur la figure I.6. La
cohésion des feuillets pourrait être également due en partie à des liaisons hydrogène et des
liaisons entre les chaînes aliphatiques (par exemple par l’intermédiaire d’atomes de soufre
pontants).
Figure I.4: Forme moléculaire d'asphaltène proposé par Yen [86].
Les lignes en zig-zag représentent des feuillets saturés ou des anneaux
naphténiques ; les lignes droites représentent les bords des feuillets plans
des noyaux aromatiques condensés.
A empilement B paquet de chaîne C particule
D micelle E liaisons faibles F trou
G intracluster H intercluster I résines
J mono couche K porphyrine L métal
Figure I.5: Représentation de la macrostructure des asphaltènes dans le pétrole selon le
modèle de Yen [58].
Figure I.6: Empilement de feuillets aromatiques d’une particule d’asphaltène selon le modèle
de Yen [86].
2. Modèle de Pfeiffer et Saal :
Pfeiffer et Saal [87] ont été les premiers à proposer un modèle structural pour les
asphaltènes dans le pétrole. Ils décrivent l’asphaltène dans le pétrole comme étant une
dispersion colloïdale dont la partie intérieure des particules est exclusivement occupée par les
molécules d’asphaltènes à l’état solide et autour de laquelle se dresse une couche formée de
produits aromatiques et de résines. En effet, lors des analyses de dépôts d’asphaltènes
récupérés des puits, on trouve toujours des résines et des molécules aromatiques en
proportions notables. Ce fait poussa ces auteurs à développer l’idée que les asphaltènes en
solution sont toujours associés aux résines, ce qui est généralement le cas mais pas toujours.
Le schéma de la figure I.7 illustre bien ce modèle.
(a) (b)
(a) asphaltènes peptisés (solubilisés) (b) asphaltènes floculés Asphaltènes Résines Aromatiques Aliphatiques et naphteno- aliphatiques Figure I.7: Représentation des asphaltènes dans le pétrole selon Pfeiffer et Saal [71].
Il a été longtemps admis que les structures des composants lourds, asphaltènes, résines
et autres constituants des huiles dans différents pétroles étaient similaires, mais la réalité est
toute autre. Chaque source de pétrole génère ses propres substances, ce qui rend encore plus
difficile la connaissance du moyen par lequel une résine d’un brut donné peut disperser ou
solubiliser les asphaltènes de ce même brut. En effet, il est possible de disperser les
asphaltènes dans leur fraction correspondante d’huile rien qu’en ajoutant des résines.
L’explication généralement admise est que le degré d’aromaticité et la proportion en
hétéroatomes dans les résines jouent un rôle important dans la capacité de ces matières à
favoriser la solubilisation des asphaltènes dans une huile. Ainsi, si les résines ajoutées sont
moins aromatiques que les résines originales, les asphaltènes ne se dispersent pas. Par contre,
les résines d’égale aromaticité et pourvues d’une haute teneur en hétéroatomes ont des
propriétés dispersantes supérieures. Les résines sont supposées s’associer aux asphaltènes par
l’intermédiaire d’interactions de type donneur-accepteur. Les sites d’interactions pourraient
être les sites structuraux similaires dans les résines et les asphaltènes d’un même brut. Ceci
explique pourquoi souvent on ne peut pas disperser les asphaltènes d’un brut donné par des
résines récupérées d’un autre brut [88].
3. Rétrospective
A travers les études de caractérisation entreprises au moyen de différentes méthodes,
les modèles de Pfeiffer et de Yen se sont indirectement disputés la validité ; les conclusions
tirées des études plus récentes ont tendance à pencher en faveur du modèle de Yen sans pour
autant discréditer d’une manière définitive le premier modèle.
En général, les asphaltènes de pétrole présentent une structure moléculaire
extrêmement complexe et qui peut changer d’une source à une autre. Un modèle suggéré par
Speight et Moschopedis [89] pour un asphaltène de Californie et schématisé sur la figure I.8
représente une structure aromatique condensée liée à des chaînes alkyles. En comparaison, le
modèle de Strausz [90] et Murginch [91] (figure I.9) considère les asphaltènes comme un
ensemble de petites unités aromatiques et hétérocycliques liées par des chaînes aliphatiques
de 4 à 8 atomes de carbone [21,23]. Les atomes d’azote, de soufre et d'oxygène sont
incorporés dans la structure en tant que constituants internes et groupements fonctionnels
[92].
Figure I.8 : Structure moléculaire d’asphaltène Californien proposée par Speight et
Moschopedis [89].
Figure I.9 : Structure moléculaire d’asphaltène du pétrole Athabasca proposée par Strausz et
Murginch [91].
VIII. Agrégation des asphaltènes :
L’association des asphaltènes est la source de controverses concernant la masse
moléculaire, et a été discutée dans de nombreuses études [93,94]. L'origine géographique, le
contenu en hétéroatomes et le poids moléculaire influent sur la structure des asphaltènes.
Les asphaltènes dans le pétrole ont été considérés comme des particules colloïdales
associées principalement par l’intermédiaire d’interaction π-π [76]. Ces particules, comme
mentionné précédemment, sont stabilisées stériquement par des molécules de résines
adsorbées sur leur surface et peuvent demeurer ainsi en suspension dans le mélange pétrolier.
On peut supposer que les forces répulsives entre les molécules de résine en solution et celles
qui sont adsorbées sur la surface de la particule d’asphaltène stabilisent l’agrégation des
particules d’asphaltène. L’introduction d’un solvant miscible dans le mélange pétrolier
entraîne un changement de concentration en résine. Une diminution de la concentration peut
être suivie par la désorption des molécules de résines de la surface des particules
asphalténiques et favorise l’augmentation de la taille des agrégats d’asphaltène et par la suite,
leur précipitation éventuelle. C’est le modèle d’agrégation par stabilisation stérique développé
par Leontaritis et Mansoori [76,95] qui est basé sur les travaux de Nellenteyn et ses
collaborateurs [87,96,97]. Un autre modèle de la stabilisation des asphaltènes est désignée
sous le nom de modèle thermodynamique et a été rapporté par Hirschberg et al. [9]. Dans
cette approche, les résines ne sont pas considérées explicitement, mais sont traitées comme
une partie intégrante du solvant. Cette conception implique que les monomères et les agrégats
d'asphaltène sont en équilibre thermodynamique et sont solvatés par le milieu environnant.
Ainsi, la distinction critique entre les modèles thermodynamique et de stabilisation stérique se
situe dans le fait de considérer les colloïdes d'asphaltène comme étant soit solvatés soit
suspendus dans le milieu hydrocarboné [7].
1. Micellisation des asphaltènes : Le phénomène de précipitation des asphaltènes est principalement lié à la formation
des agrégats d’asphaltène dans une solution d'hydrocarbure. Une étape préliminaire dans la
formation des particules d'asphaltène précipitées concerne l'auto-association d’unités
élémentaires d’asphaltène pour former des agrégats solubles ou des pseudo-micelles [ 98-
101].
D'une manière générale, la micellisation est un phénomène dû au processus d'auto-
association de molécules amphiphiles dans une solution aqueuse. Ces matériaux sont connus
sous le nom d'agents tensio-actifs, ils tendent à s’assembler dans des formes géométriques
(disques, sphères, cylindres) et sont suspendus dans la solution. Ce phénomène se produit
seulement lorsque la concentration excède le seuil de solubilité du composé et est connu sous
le nom de concentration micellaire critique (cmc) dont la valeur dépend de facteurs physico-
chimiques et thermodynamiques [100-103 ].
Plusieurs investigations ont prouvé que les asphaltènes de pétrole peuvent former des
entités micellaires en présence d’hydrocarbures aromatiques [7,95,104]. Ainsi, par analogie
avec les systèmes micéllaires classiques de tensioactifs, des courbes de variation de la tension
superficielle de solutions d'asphaltène du pétrole de Hassi -Messaoud dans le toluène (voir
figure I.10) ont été interprétées de la manière suivante : en dessous de la cmc, les asphaltènes
se trouvent dans un état moléculaire solvaté tandis qu'au-dessus de la cmc, l’agrégation des
molécules d’asphaltène peut se produire pour former des micelles d'asphaltène [105,41].
Les molécules d'asphaltène peuvent avoir un diamètre moléculaire moyen autour de 5
nm et la taille moyenne des micelles d'asphaltène varie entre 10 et 25 nm [104] en fonction de
la source d’asphaltène et du solvant [105]. Quelques résultats expérimentaux semblent
indiquer que les micelles d'asphaltène peuvent être présentes sous différentes formes
(sphérique, cylindrique ou disque) [104] comme cela est schématisé sur la figure I.11.
L'association des asphaltènes a été le sujet de nombreuses études, basées
fondamentalement sur la notion de micellisation [15]. Diverses techniques physico-chimiques
ont été utilisées afin de déterminer la concentration micellaire critique telles que la
calorimétrie [106], la mesure de la tension superficielle [107,41] et interfaciale [100,105,108],
la viscosimétrie [109,110], la diffusion de neutron aux petits angles (SANS) [111], la
diffraction des rayons X [112,113], fluorescence optique [67,114] et l’absorption UV-
Visible [114-116]. Malgré tout cette notion reste controversée [8].
-3,0 -2,5 -2,0 -1,5 -1,0 -0,526,0
26,5
27,0
27,5
28,0
28,5
cmc
données expérimentales régression linéaire
Ten
sion
de
surf
ace
(dyn
e/cm
)
ln C
Figure I.10: Tension de surface en fonction de la concentration d’asphaltène de Hassi-
Messaoud dans le toluène [41].
asphaltène
Figure I.11: Formation de micelles d'asphaltène de différentes formes en présence
d’hydrocarbures aromatiques [100].
aromatiques
ou ou
disque cylindre ½ sphère
2. Floculation des asphaltènes
La floculation et la précipitation qui s’en suit des molécules d'asphaltène ont fait
l’objet de nombreuses études ces dernières années [71,81,117,118]. Les particules
d'asphaltène de petite taille peuvent être dissoutes dans un fluide de pétrole, tandis que les
particules d'asphaltène relativement grandes peuvent floculer et former des agrégats aléatoires
lors de l’addition d’une certaine quantité d'un hydrocarbure paraffinique (n- alcane) contenu
dans le pétrole, comme cela a déjà été mentionné.
En raison de leur grande taille et de leur faculté d'adsorption à la surface d’un solide,
les flocons d’asphaltène sont la cause de dépôts tout à fait stables. L'utilisation de solvants
aromatiques qui peuvent dissoudre ces dépôts [119-120] permet de remédier à ce problème.
La présence de résines dans le pétrole peut également empêcher la précipitation des
asphaltènes par la formation d’un colloïde stérique avec les asphaltènes. Un colloïde stérique
est formé quand une grande particule non-soluble (asphaltène floculé) est stabilisée dans la
solution par l'adsorption à sa surface de molécules de résines [121] comme indiqué sur la
figure I.7.
La stabilité des asphaltènes en fonction des conditions extérieures (température,
pression et composition chimique du solvant) a été largement étudiée ces dernières années
[88,122]. Comme nous l’avons déjà souligné, l’une des principales motivations de l’étude des
asphaltènes est la compréhension de leur capacité à floculer. La floculation des asphaltènes
conduit à la formation d’agrégats asphalténiques de plus grandes tailles qui précipitent. La
détermination et la prévision du seuil de floculation ou quantité minimale de floculant
nécessaire au début de floculation des asphaltènes sont des préoccupations majeures de
l’industrie pétrolière [123].
Un certain nombre de méthodes physico-chimiques ont été développées pour
déterminer le début de la floculation des asphaltènes : conductivimétrie [124], indice de
réfraction [125,126] tensiométrie [127], viscosimétrie [128] et microscopie optique [129-130].
Des mesures par diffusion de rayons X aux petits angles (SAXS, Small Angle X-ray
Scattering) et de neutrons (SANS, Small Angle Neutron Scattering) [131] ont permis de
caractériser l’évolution de la structure des asphaltènes en fonction de la qualité du solvant.
Fenistein et ses collaborateurs [131] constatent que la floculation correspond à l’apparition de
structures denses de grandes tailles. La proportion d’asphaltène dans la phase floculée
augmente avec l’ajout d’heptane (agent floculant). Des expériences consistant à suivre
l’évolution de la viscosité spécifique en fonction du volume de floculant ajouté au pétrole brut
afin de repérer le point où la viscosité augmente brusquement ont permis la détermination du
seuil de floculation des asphaltènes du pétrole Maya et Isthmus [128]. Pour le pétrole de
Brookhaven, la méthode tensiométrique [127] basée sur la variation de la tension interfaciale
en fonction de la proportion de n-heptane a été utilisée. La spectroscopie d’absorption UV-
Visible est un outil répandu pour la détermination du seuil de floculation des asphaltènes.
Andersen [132] a choisi une longueur d'onde de 740 nm tandis que Reichert [133] a utilisé
une longueur d'onde de 800 nm pour détecter le début de la floculation. La spectroscopie
proche infrarouge s’est avérée une technique efficace et précise pour la détection du seuil de
floculation [134,135]. Hotier et Robin [136] utilisent une longueur d'onde de 900 nm et
Kyeongseok [85] a étudié l’absorption à 1600 nm. La mesure de l’absorbance d’un asphaltène
du pétrole du champ du Rangely dans le nord-ouest du Colorado en fonction du volume de n-
heptane ajouté est illustrée sur la figure I.12. Les valeurs de l'absorbance diminuent au départ
en raison de l’effet de la dilution puis après l'addition d’une certaine quantité d’heptane (40
ml), l'absorbance augmente brutalement suite à la floculation des asphaltènes [85]. M.Daaou
[137] a pu déterminer le seuil de floculation d’un asphaltène de Hassi- Messaoud avec la
même méthode, les résultats sont reportés sur la figure I.13.
Figure I.12: Variation de l’absorbance à 1600 nm en fonction du volume de n-heptane ajouté
au pétrole brut du Rangely [85].
Volume du n -heptane (ml)
-
Seuil de floculation
0 1 2 3 4 5 60
5
10
15
20
25
Seuil de floculation
tran
smita
nce
volume de n-heptane (ml)
Figure I.13 : Variation de la transmittance en fonction du volume de floculant pour un pétrole
de Hassi-Messaoud [137].
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I. Phénomènes Lumineux
1. Introduction : L'étude des propriétés optiques des solutions a contribué à décrire et interpréter
quantitativement et qualitativement des processus tels que la diffusion, le mouvement
brownien, la sédimentation et la coagulation. En effet, quand un système est irradié par un
faisceau de lumière monochromatique, on peut observer les phénomènes suivants [1]:
- simple passage de la lumière à travers le système ou transmission;
- réfraction ;
- réflexion ;
- dispersion (diffusion);
- absorption avec conversion de l’énergie lumineuse en énergie thermique.
Le passage de la lumière sans perturbation est caractéristique des systèmes transparents
ayant un certain degré de dispersion moléculaire ou ionique comme par exemple les gaz, la
plupart des liquides et les systèmes amorphes et cristallins. La réfraction et la réflexion de la
lumière sont toujours observées dans les systèmes micro-hétérogènes comme une opacité.
Enfin, dans les systèmes colloïdaux la dispersion et l’absorption de la lumière sont les
principales caractéristiques. Un rayonnement incident sur un échantillon subit deux
mécanismes distincts qui contribuent à atténuer le rayonnement transmis : absorption
électronique par les différentes molécules, et dispersion (diffusion) de la lumière par les
particules ou agrégats [2-4].
2. Absorption de la lumière (loi de Beer-Lambert) :
En 1760, J. Lambert et P. Bougeur [1] ont étudié l’absorption d’une radiation
monochromatique par une substance en solution dans un liquide ou dispersé dans un milieu
adéquat. L’intensité d’un faisceau lumineux monochromatique est conditionnée par le nombre
de quanta qui, par unité de temps, tombent sur une unité de surface perpendiculaire à la
direction de propagation du faisceau. En traversant une épaisseur donnée d’un milieu
absorbant homogène, une partie des photons est absorbée et cette absorption est directement
proportionnelle au nombre de molécules absorbantes contenues dans ce milieu par unité
d’épaisseur. Cela signifie que l’intensité I du faisceau lumineux diminue toujours d’une même
valeur constante dI pour chaque épaisseur dl traversée.
Figure II.1 : Absorption de la lumière traversant un milieu homogène
On peut donc poser :
IdldI ε−= (II.1)
ou encore
l
t eII ε−= 0 (II.2)
avec I0 : intensité du faisceau incident monochromatique ;
It : intensité de la lumière après passage à travers une épaisseur l du milieu (ou intensité
transmise) ;
ε : coefficient d’absorption caractéristique du milieu et de la longueur d'onde considérés;
l : longueur du chemin parcouru par la lumière dans le milieu.
Ainsi, selon la loi de Bougeur-Lambert, si l'épaisseur du milieu s’accroît, l'intensité de la
lumière transmise diminue. Quant à Beer, il a établi que l’absorption dépend du nombre de
molécules présentes dans l’épaisseur traversée par le faisceau lumineux [5], c’est-à-dire que le
coefficient d'absorption d’une solution ou dispersion est proportionnel à sa concentration
molaire C (ou pondérale) :
Cαε = (II.3)
α est le coefficient d'absorption molaire (ou spécifique) de la substance qui dépend de la
longueur d’onde de la lumière, de la température et de la nature du corps dissous et du
solvant. En général, α ne dépend pas de la concentration de la solution, mais il peut y avoir
des exceptions dues aux changements dans les propriétés chimiques du système comme
l’hydrolyse ou l’auto-association moléculaire.
En introduisant la relation (II.3) dans l'équation (II.2), on obtient la loi de Beer-
Lambert selon l’équation suivante :
Cl
t eII α−= 0 (II.4)
En introduisant le logarithme, on obtient la densité optique ou l’absorbance de la solution
selon l’expression suivante :
clkClClI
IA a
t
σα ≡===303,2
1log 0
10 (II.5)
avec k=α / 2.303 et c le nombre de particules par unité de volume. Quelques autres définitions
sont également utilisées :
- transmission: T= It / I 0
- absorption : Abs=1-T
- opacité: O= I0 / It .
La loi de Lambert est toujours vérifiée, celle de Beer n’est valable que pour des systèmes peu
concentrés. Le coefficient d’absorption k est équivalent à une « section efficace » ou
probabilité d’absorption (σa).
3. Diffusion de la lumière :
Suivant la théorie d’Einstein [6] et de Won Smoluchowsky [7], la diffusion de la
lumière par un liquide peut être attribuée à des fluctuations de la densité liées à l’agitation
thermique. Dans une solution, la concentration de la substance en suspension varie d’un point
à l’autre, provoquant des variations locales de l’indice de réfraction ; ces fluctuations dues aux
mouvements Brownien des molécules rendent le milieu optiquement hétérogène au niveau
moléculaire. Il en résulte un certain trouble de la solution.
La lumière est dispersée seulement quand la longueur d'onde de la lumière est plus
grande que la taille des particules de la phase dispersée. Par contre, si la longueur d'onde est
bien plus petite que le diamètre des particules, la lumière est réfléchie, phénomène
généralement visible.
La lumière est diffusée dans toutes les directions de l’espace et son intensité diffère
selon l’angle de diffusion. Par exemple, si les particules sont largement plus petites que la
longueur d'onde, la lumière est diffusée aux plus grands angles par rapport à la direction
incidente. Si les particules sont comparativement grandes (mais toutefois plus petite que la
longueur d'onde), la plus grande quantité de la lumière est diffusée dans la direction incidente.
La diffusion de la lumière est un mode de transmission des ondes électromagnétiques par les
atomes. On parle souvent de diffusion élastique, car cela se fait sans variation d'énergie des
photons (l'onde conserve la même longueur d'onde). L'onde électromagnétique peut être
décrite comme un champ électrique oscillant couplé à un champ magnétique oscillant à la
même fréquence. Ce champ électrique va déformer le nuage électronique des atomes, le
barycentre des charges négatives oscille ainsi par rapport au noyau (charge positive). Le
dipôle ainsi créé rayonne d’après la théorie éléctromagnétique, c'est ce rayonnement induit
qui constitue la diffusion comme le montre schématiquement la figure II.2.
Figure II.2 : Diffusion élastique : l'atome excité par l'onde électromagnétique incidente
se comporte comme un dipôle oscillant source de l’onde diffusée.
La théorie la plus simple qui traite de la diffusion lumineuse est celle de Lord
Rayleigh qui considère les particules diffusantes comme des dipôles de Hertz capables de
transmettre la vibration incidente (onde électromagnétique) sans changement de longueur
d’onde ni transfert d’énergie. Rayleigh [7,8] traite la lumière comme une vibration mécanique
onde sphérique électromagnétique diffusée
onde électromagnétique incidente plane
et dérive pour des particules sphériques l’équation suivante qui relie I0 avec Id, l’intensité de la
lumière diffusée par unité de volume du système:
θλ
πθ 204
2
20
21
20
213 sin24)( I
cv
nn
nnI d
+−
= (II.6)
ou
θσθλ
πθ 20
202
2
4
65
7
sinsin2
1
3
2)( cIcI
n
nrI dd =
+−= (II.7)
avec
n =n1/n0, indice de réfraction relatif ; n1 et n0 sont les indices de réfraction de la phase
dispersée et du milieu dispersif, respectivement ;
λ : longueur d’onde de la lumière ;
ν : volume d’une particule ;
r : rayon d’une particule ;
θ : angle de diffusion entre les directions incidente et de diffusion ;
σd : section efficace (ou probabilité) de diffusion.
L'équation de Rayleigh est valable pour les particules dont la taille est de l’ordre de
10% de la longueur d’onde de la lumière. Les conclusions suivantes peuvent être tirées de
l'équation (II.6):
1- pour des particules d'une taille donnée, l'intensité de la lumière dispersée est
directement proportionnelle à la concentration ;
2- l'intensité de la lumière dispersée est proportionnelle au carré du volume des particules
(pour les particules sphériques, à la sixième puissance de leur rayon).
II. Techniques Expérimentales
1. Spectrophotométrie proche infra rouge (PIR) :
Au cours des 30 dernières années la spectrophotométrie proche infrarouge a été de
plus en plus employée en tant qu’outil analytique [9] à cause de son efficacité, de sa
simplicité d’utilisation et de la non consommation des échantillons. Les spectres PIR
contiennent des informations sur la composition chimique et certaines propriétés physiques de
l'échantillon [10]. Ceci permet non seulement l'identification des composés, mais également la
caractérisation des échantillons.
Un des avantages principaux de la spectroscopie proche infrarouge quand on travaille
avec les systèmes colloïdaux comme les pétroles bruts, est que cette technique a la capacité
d'obtenir des informations sur l'état physique du système. En plus de l'absorption, des spectres
PIR montreront une altitude de ligne de base en raison de la diffusion de la lumière par des
agrégats ou des particules en solution, qui dépend de la taille et du nombre de particules [11].
La diffusion de la lumière dans la région proche infrarouge est décrite en détail par Mullins
[12] et Kerker [13].
Dans la limite de Rayleigh (r/λ ≤ 0,1), l'extinction de la lumière dans la direction incidente
peut être considérée comme la somme de l'absorption et de la diffusion [12], la section
efficace totale de la particule est ainsi donnée par:
adtot σσσ += (II.8)
et l’intensité de la lumière transmise :
).exp(0 clII tott σ−= (II.9)
L'effet de la diffusion multiple n'est pas pris en compte dans cette équation. En cas de
dispersion multiple, pour des concentrations élevées la dispersion et l'absorption ne peuvent
pas être traitées séparément.
2. Détection de la floculation par la mesure de l’absorbance :
Hotier et Robin [14] ont été les premiers à adapter la diffusion de la lumière dans le
proche infra rouge pour l’étude du phénomène de la floculation des asphaltènes. En effet, ils
ont observé grâce à la microscopie optique que juste avant la floculation, les asphaltènes sont
sous forme d’agglomérats de taille de l’ordre de 6 nm et qu’au cours de la floculation les
agglomérats s’accolent pour donner des sphéroïdes de rayons r de l’ordre de 2 à 3 µm. Ces
conditions qui obéissent aux contraintes de la loi de Rayleigh (r/λ<0,1) permettent d’utiliser la
diffusion de la lumière pour l’étude du phénomène d’agrégation d’autant plus que dans la
région du proche infrarouge n’intervient aucune transition électronique pour le type de
chromophores attribuables aux asphaltènes. Ceci implique que l’absorbance observée d’un
système floculé devrait être idéalement entièrement attribuable à la diffusion du rayonnement
ou en autres termes σtot≅ σd. Ils définissent le seuil de floculation comme la quantité minimale
d’un solvant paraffinique qui provoque la floculation et qui est repérée par l’existence d’un
minimum dans la variation de l’absorbance en fonction de l’ajout d’un solvant paraffinique
(heptane) pour λ=900 nm (voir figure II.3). La diminution initiale de l'absorbance est due à la
simple dilution du mélange asphalténique suite à l'addition d'heptane. L’augmentation rapide
observée à partir d’environ 48 ml d’heptane ajouté est due à la formation de particules
agrégées de plus grandes dimensions qui diffusent et absorbent la lumière. Le minimum de la
courbe d'absorbance correspond ainsi au début de la floculation. En effet, au seuil de la
floculation le rayonnement électromagnétique devrait être obstrué par l'agrégat formé de plus
grande taille que les espèces non agrégées de départ et par conséquent l'intensité de la lumière
transmise diminuera, ou inversement l'absorbance augmentera [14]. Cette méthode a
également été ensuite largement utilisée en particulier par Fuhr et al. [15] et Kyeongseok
[16,17] avec des longueurs d’onde de 900 et 1600 nm, respectivement. Ils ont observé des
courbes de mêmes allures que celles de Hotier et Robin en terme de présence de minimum
d'absorbance.
0 10 20 30 40 50 60 700,6
0,8
1,0
1,2
1,4
1,6
1,8
2,0
Abs
orba
nce
Volume d'heptane (ml)
Figure II.3: Variation de l’absorbance d’une solution d’asphaltène dans le toluène en
fonction du volume d’heptane ajouté [14].
3. Turbidimétrie et néphélométrie :
La turbidité (ou trouble) provient de la présence de diverses matières en suspension et
de matières colloïdales. En effet, les particules présentes sont responsables de la dispersion de
la lumière en dehors de la direction incidente du faisceau et par suite l’intensité transmise est
réduite d’une manière similaire à celle de la loi de Beer-Lambert :
)exp(0 lII t τ−= (II.10)
τ la turbidité, dépend de la quantité totale de la lumière dispersée dans les différentes
directions de l’espace excepté l’incidente. Ainsi, τ est proportionnelle aussi bien à la
concentration qu’au volume des particules. La turbidité n’est donc pas une mesure directe des
matières en suspension dans la solution, mais plutôt une mesure de l’effet de diffusion de la
lumière par ces particules. La turbidité est formellement définie comme suit :
tI
I
l0ln
1=τ (II.11)
La turbidité est toutefois généralement déterminée en mesurant la lumière diffusée par
des particules en solution sous un angle de 90° par rapport au rayon incident. La méthode de
choix actuellement en usage pour mesurer la turbidité est la méthode néphélométrique
actuellement normalisée [18-19]. Les turbidimètres néphélométriques mesurent en principe
l’intensité de la lumière diffusée à un angle de 90° par rapport à la lumière incidente. Certains
appareils comparent la lumière diffusée à 90° à la lumière transmise pour tenir compte des
matières qui diffusent peu la lumière en corrigeant les effets de l’absorption proprement dite.
Les turbidités trouvées sont exprimées en NTU :
Nephelometric Turbidity Unit t
NTU I
I 90)( =τ (II.12)
Ce type de mesures demande des précautions particulières : éviter les bulles d'air et procéder
à des dilutions pour les fortes turbidités. En effet, la diffusion de la lumière augmente lorsque
la concentration des particules augmente, la lumière diffusée frappant un nombre toujours
grandissant de particules, il se crée un effet de diffusion multiple, qui accroît l’absorption
apparente de la lumière.
4. Simulation des spectres expérimentaux (Modèle de Hotier) :
Hotier [14] a pu exprimer l’intensité lumineuse transmise en fonction du volume de
diluant injecté à l’aide de différents paramètres caractéristiques des échantillons suivant une
loi équivalente à celle de Beer-Lambert :
lCkCkCkI
IA
iii
.VV
V
VV
V)1(
VV
Vlog
0
023
0
022
0
011
0
++
+−+
+== γγ (II.13)
C1 : concentration de composé non floculable ;
C2 : concentration initiale en produit susceptible de floculer ;
γ : fraction de composé floculable effectivement floculé à l’instant considéré ;
k1 : coefficient d’extinction du composé non floculable ;
k2 : coefficient d’extinction du composé floculable lorsqu’il est encore en solution ou à
l’état solubilisé;
k3 : coefficient d’extinction du composé floculable à l’état de flocons ;
V0 : volume initial de la solution ;
Vi : volume de floculant injecté.
La fraction γ en produit effectivement précipitée dépend du volume de floculant ajouté et est
supposée respecter la loi suivante :
γ= 0 si Vi<VF
(II.14)
− =
iF
R
VV
Vexpγ si Vi≥VF
VF : volume de floculant injecté au seuil de floculation ;
VR : constante homogène à un volume.
L’équation (II.13) peut facilement se comprendre si l’on prend en considération les
éléments suivants. En absence de tout phénomène physico-chimique additionnel les
molécules asphalténiques devraient subir un processus de dilution classique pour lequel la loi
de Beer Lambert devrait être respectée. Dans ce cas l'absorbance pour un chemin optique de
1cm s'écrit sous la forme :
+=
i0
001 VV
VkA C (II.15)
C0: concentration totale initiale.
Afin de donner un contenu plus général aux résultats, on considère que deux types
d'asphaltènes coexistent, un susceptible de floculer (2) et l'autre non (1). En supposant qu’au
début de la dilution, la floculation est négligeable alors :
++=
i0
0211 VV
V)( CCkA (II.16)
avec C0=C1+C2. Si en plus on considère que l’asphaltène floculant et le non floculant
réagissent différemment vis à vis de la lumière, alors leurs constantes d'absorption respectives
diffèreront et l'équation (II.16) devient :
++
+=
i0
022
i0
011 VV
V
VV
VCkCkA (II.17)
Toutefois, à un moment donné un troisième produit (3) (les flocons) peut apparaître, il
faut alors recorriger l'équation (II.17). De plus si ce nouveau produit dérive de l'un seulement
des deux produits en présence, la correction doit également mettre en évidence cette
spécificité et l'équation (II.17) devient celle proposée par Hotier (équation (II.13)), γ est le
taux de conversion du produit 2 en produit 3.
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La détermination et la prévision du seuil de floculation et de la concentration
micellaire critique des asphaltènes sont une préoccupation majeure de l’industrie pétrolière
[1]. La compréhension des phénomènes d’agrégation et de floculation permettra de prévoir le
comportement de ces systèmes pétroliers complexes en présence ou en absence de substance
floculante.
Le travail présenté ici concerne la détermination, d’une part du seuil de floculation et
d’autre part de la concentration micellaire critique d’un asphaltène provenant d’un puit
pétrolier de Hassi Messaoud, en solution dans le toluène, par spectroscopie d’absorption
proche infra-rouge et turbidimétrie.
I. Aspect expérimental :
A. Appareillage:
Les spectres d'absorption sont obtenus en utilisant un spectrophotomètre UV-Visible
« Spectronic Gynesis 5 » dont le domaine des longueurs d’onde varie de 200 à 1100 nm. Les
échantillons liquides sont placés dans une cellule de mesure en quartz dont le chemin optique
est de 1 cm et hermétiquement fermée par un bouchon en téflon.
Les mesures de turbidité ont été réalisées en utilisant un turbidimètre« 2100p HACH »
fonctionnant sur le principe de la méthode néphélométrique qui mesure l’intensité de la
lumière diffusée à un angle de 90° par rapport à la lumière transmise sur une gamme de
turbidité de 0,01 à 1000 NTU (Nephelometric Turbidity Unit). L’appareil est doté d’un signal
optique unique qui permet à la lumière d’être focalisée en un faisceau étroit dirigé vers
l'échantillon. Le détecteur de dispersion placé à 90° de la direction incidente reçoit la lumière
dispersée ou diffusée par les particules de l'échantillon, et le détecteur de la lumière transmise
reçoit la lumière qui traverse l'échantillon sans déviation.
B. Extraction des asphaltènes:
Une quantité donnée de résidu provenant d’un puits pétrolier de Hassi- Messaoud a été
dissoute dans du n-heptane dans un rapport de 1g pour 40 ml de solvant selon la norme
AFNOR NFT 60-115 [2], la solution ainsi préparée est laissée sous agitation à l’abri de la
lumière pendant 24 heures. La matière insoluble est récupérée par filtration du mélange au
moyen d’une membrane de filtration dont la porosité est de 0,45 µm de diamètre. Dans un
premier temps, le précipité déposé sur la membrane est séché dans une étuve à une
température de 110°C, puis dissout dans du chloroforme. Cette dernière solution est à son tour
séchée à l’aide d’un rotavapeur pour isoler l’asphaltène. Finalement, l’asphaltène est récupéré
par grattage du ballon et placé dans l’étuve réglée à 110°C pour chasser les solvants résiduels.
Pour s’assurer de l’évaporation complète des solvants, l’échantillon est régulièrement pesé
jusqu’à obtention d’une masse constante.
C. Echantillons :
Les solutions de départ ont été préparées par solubilisation d’une quantité appropriée
d’asphaltène dans un volume donné de toluène. Les mesures du seuil de floculation et de la
concentration micellaire critique ont été effectuées en procédant à l’addition contrôlée de
floculant (n-heptane) ou de dispersant (toluène) à la solution toluénique de départ,
respectivement. Ces mesures ont été effectuées à température ambiante.
Les pétroles algériens contenant en moyenne des quantités faibles d’asphaltène, de
l’ordre de 0,1 % en poids [3], il nous a semblé intéressant d’étudier le comportement d’une
solution d’asphaltène dans le toluène vis à vis de la floculation à cette concentration. Par
ailleurs, d’autres pétroles [3,4] contiennent des proportions plus importantes d’asphaltènes de
l’ordre de 1 à 17 % en poids, ce qui nous a conduit à entreprendre également des mesures
pour une teneur en asphaltène de 1% en poids et analyser ainsi en partie l’effet de la
concentration.
D. Choix de la longueur d’onde :
Pour une même concentration de départ, nous avons cherché à déterminer le seuil de
floculation de l’asphaltène à trois longueurs d’ondes (800, 900 et 1000 nm) avec le souci de
mettre en évidence un effet éventuel de la valeur de la longueur d’onde dans ce domaine.
La figure III.1 montre le changement de l’absorbance à ces trois longueurs d’ondes de
10 ml d’une solution asphalténique de départ à 1% en poids en fonction de l’ajout du n-
heptane. Ces courbes ont la même allure quelque soit la longueur d’onde utilisée : une
diminution de l’absorbance lorsque la quantité de floculant augmente suivie d’une hausse en
passant par un minimum qui correspond au début de la floculation. Cette courbe a la même
allure que celles trouvées par Hotier avec une longueur d’onde de 900nm [5] et par
Kyeongseok Oh à 1600 nm [6,7]. Pour les trois courbes en question le minimum est observé
au voisinage de V=12,5 ml ce qui indique immédiatement que sa détection parait insensible à
la valeur de la longueur d’onde choisie dans ce domaine de longueurs d’onde. Pour conclure
définitivement que la valeur de la longueur d’onde n’a pas d’effet notable sur la détermination
du seuil de floculation dans cette région du proche infra-rouge, la figure III.2 est proposée
dans laquelle les données sont normalisées de manière à faire coïncider les trois courbes en un
seul point, en l’occurrence le minimum.
0 5 1 0 1 5 2 0 2 5 3 0 3 5 4 0
1
2
3
4
v o lu m e d 'h e p ta n e (m l )
abso
rban
ce λ = 8 0 0 n m λ = 9 0 0 n m λ = 1 0 0 0 n m
Figure III.1 : Variations de l’absorbance en fonction du volume d’heptane ajouté à 10 ml de
la solution d’asphaltène de départ à 1% en poids dans le toluène pour
différentes λ.
D’après la figure III.2, les variations de l’absorbance en fonction du volume d’heptane ajouté
à la solution d’asphaltène de départ présente des allures similaires mais surtout un minimum
commun ( aux erreurs expérimentales prés) quelque soit la longueur d’onde utilisée. C’est la
raison pour laquelle, toutes les analyses entreprises ultérieurement ont été menées pour une
seule longueur d’onde λ = 800 nm, valeur choisie arbitrairement.
0 5 1 0 1 5 2 0 2 5 3 0 3 5 4 0
2
3
4
λ = 8 0 0 n m λ = 9 0 0 n m λ = 1 0 0 0 n m
v o lu m e d 'h e p t a n e ( m l)
abso
rban
ce
Figure III.2 : Variations normalisées au point minimum des données de la figure III.1
II. Résultats et Analyse:
A. Micellisation:
1- Spectrophotométrie
L’étude des solutions d'asphaltène dans un solvant aromatique, en particulier le
toluène, est entreprise afin de déterminer la concentration à laquelle l'auto-association des
molécules d’asphaltène commence. Dans ce travail, nous utilisons les mesures de l'absorption
dans la région du proche infra-rouge et de la turbidité pour étudier l'agrégation « pseudo-
micellaire » des solutions asphalténiques à de faibles concentrations. Se basant sur les travaux
de tensiométrie de Bouhadda Y. et al. [8] qui ont montré un comportement comparable à celui
des tensioactifs, il a été admis que les asphaltènes en-dessous de la cmc sont dans un état
moléculaire ou peu associé (pré-micellaire), tandis qu'au-dessus de la cmc la formation
d’agrégats ou de micelles d'asphaltène se produit de manière coopérative.
La figure III.3 montre le changement de l’absorbance en fonction du volume de
toluène ajouté à 20 ml de la solution d’asphaltène de départ à 0,1 % en poids. On observe une
diminution de l’absorbance provoquée par l’ajout du solvant solubilisant (toluène) mais qui
s’effectue selon deux taux successifs différents, le deuxième étant plus lent.
0 5 0 1 0 0 1 5 0 2 0 0 2 5 0 3 0 0 3 5 0 4 0 0 4 5 0
0 , 0 0
0 , 0 5
0 , 1 0
0 , 1 5
0 , 2 0
v o l u m e d e t o l u è n e ( m l )
abso
rban
ce
Figure III.3 : Variation de l’absorbance en fonction du volume de toluène ajouté à 20 ml de
la solution d’asphaltène de départ à 0,1 % en poids dans le toluène.
La figure III.4 reprend les mêmes données que celle de la figure III.3 mais en montrant la
variation de l'absorbance en fonction maintenant de la concentration de l’asphaltène dans le
toluène. On peut y observer un comportement linéaire qui semble suivre globalement et en
première approximation la loi de Beer-Lambert avec un coefficient d’absorption moyen
kmoyen=0,51cm2/mg. Toutefois, afin de déterminer la cmc, la représentation des données
expérimentales selon la figure III.4 n’est pas adéquate puisqu’il n’y est observé aucune
singularité. Pour mettre en évidence la micellisation à travers le brusque changement de
comportement du coefficient d’absorption en fonction de la concentration des solutions
d'asphaltène dans le toluène comme cela est présenté sur la figure III.5, il faut recourir à
l’équation (II.5). Une augmentation linéaire du coefficient d’absorption avec la concentration
y est toujours observée mais accompagnée d’un changement brusque du taux de croissance.
Ce passage observé d'une croissance rapide à une croissance plus lente du coefficient
d’absorption avec une concentration croissante d'asphaltène peut être attribué à un processus
d'agrégation moléculaire de l'espèce asphalténique, en accord avec d’autres études
d'absorption optique [9-12]. Ainsi, on peut en conclure que les premières micelles
d’asphaltène apparaissent à partir de (0,10 ±0,02) g/l, valeur de la cmc de l’asphaltène dans le
toluène à température ambiante.
0 ,0 0 ,2 0 ,4
0 ,0
0 ,1
0 ,2
k m o y e n= 0 ,5 1 c m2 /m gabso
rban
ce
c o n c e n t r a t io n ( g / l )
Figure III.4 : Variation de l’absorbance (d’après la figure III.3) en fonction de la
concentration d’asphaltène dans le toluène. La droite est un ajustement linéaire.
0,0 0,2 0,40,25
0,30
0,35
0,40
0,45
0,50
données expérimentales
regréssions linéaires
pré-m ice llisa tion
m ice llisa tion
C M C =(0,10±0,02) g /l
coef
ficie
nt d
'abs
orpt
ion
( cm
2 / m
g )
concentra tion(g /l)
Figure III.5: Variation du coefficient d’absorption en fonction de la concentration
d’asphaltène dans le toluène.
2- Turbidimétrie
La turbidimétrie est une autre technique de détection de la diffusion lumineuse qui
devrait permettre de confirmer que l’augmentation en densité optique observée n’est pas
entièrement attribuable au phénomène d’absorption moléculaire mais que la diffusion de la
lumière par les particules de grandes tailles présentes y contribue.
La figure III.6 montre la variation de la turbidité en fonction de la concentration
d’asphaltène dans le toluène et présente deux parties linéaires distinctes, le changement
s’observant à une concentration bien définie, en l’occurrence la cmc, à l’intersection des deux
droites représentant des ajustements linéaires. Les valeurs de la turbidité augmentent
rapidement avec la concentration jusqu’au point de la cassure et la concentration à partir de
laquelle les monomères s’agrégent est égale à (0,12±0,02) g/l. Cette valeur est en bon accord
avec celle déterminée précédemment à partir de la figure III.5. L’augmentation de la turbidité
au delà de la cmc reflète la formation progressive des agrégats en solution.
Ainsi, la combinaison des expériences de turbidimétrie et de spectrophotométrie
semble être un outil valable pour détecter l'association des asphaltènes dans un domaine de
concentrations proches de la cmc.
0 ,0 0 ,2 0 ,4 0 ,61 ,5
2 ,0
2 ,5
3 ,0
3 ,5
p ré -m ic e llis a tio n
m ic e llis a tio n
données expérim entales
regréssions linéaires
C M C = (0 ,12 ±0 ,02 ) g /l
turb
idité
(N
TU
)
c o n c e n tra tio n (g /l)
Figure III.6: Variation de la turbidité de la solution asphalténique dans le toluène en
fonction de la concentration.
B. Floculation :
1- Solution asphalténique à 1% en poids
La figure III.7 montre la variation de l’absorbance en fonction du volume de floculant
n-heptane ajouté à 10 ml d’une solution asphalténique dans le toluène de concentration
initiale égale à 1% en poids. Au départ, le n-heptane ajouté joue le rôle de diluant et entraîne
une diminution de l’absorbance jusqu’à un minimum à partir duquel l’effet de dilution cède la
place à un effet d’agrégation. Ce point de déviation correspond au début du processus de
floculation induit par l’ajout du n-heptane et qui est observé lorsqu’un volume V≈12,5 ml de
n-heptane est ajouté. On définit le seuil de floculation des asphaltènes comme la quantité
minimale d’un solvant (n-heptane) qu’il faut ajouter à une quantité déterminée de produit
pétrolier pour provoquer le début de la floculation de ces molécules. En ce point qui
représente le seuil de floculation, l’absorbance augmente subitement à cause de l’apparition
d’agrégats de plus grandes tailles dans le milieu.
En effet, les particules asphalténiques de grandes tailles diffusent beaucoup plus la
lumière, ce qui augmente l’absorbance [13]. Au-delà du seuil de floculation, la proportion
d’asphaltène floculé croît jusqu'à une valeur maximale à partir de laquelle la variation de
l’absorbance en fonction de l’augmentation de la quantité d'heptane tend à diminuer
légèrement. Cela est expliqué par le fait que les particules qui se développent en
s’agglomèrant tendent à sédimenter et diminuent ainsi l’absorbance au fur et à mesure de
l’ajout de l’heptane [6].
0 5 1 0 1 5 2 0 2 5 3 0 3 5 4 0
2 ,0
2 ,5
3 ,0
3 ,5
4 ,0
abso
rban
ce
v o lum e d 'hep tan e (m l)
Figure III.7 : Variation de l’absorbance en fonction du volume d’heptane ajouté à 10 ml de la
solution d’asphaltène de départ à 1% en poids dans le toluène.
L’évaluation du seuil de floculation obtenue à partir de la figure III.7 peut être améliorée
en précision en utilisant la figure III.8 [5,7] qui représente la variation de l’absorbance en
fonction de la concentration d’asphaltène dans le mélange toluène/n-heptane à différents
rapports volumiques correspondants à la figure III.7. Cette courbe (figure III.8) présente un
minimum : la diminution linéaire de l’absorbance observée à partir de la concentration initiale
la plus élevée (car correspondant à la solution de départ dans le toluène pur) tient à l’effet de
dilution par l’ajout du floculant et obéît simplement à la loi de Beer-Lambert ; l’augmentation
de l’absorbance dans les solutions de plus en plus diluées est provoquée quant à elle par une
augmentation de la taille des particules d’asphaltène due à leur floculation. Finalement,
V≈12,5 ml
l’absorbance baisse de nouveau avec la concentration pour les mélanges contenant les plus
fortes proportions d’heptane en raison de la sédimentation des flocons de plus en plus
volumineux comme cela a déjà été mentionné.
Dans cette approche, le minimum de la figure III.8 représente donc la concentration
critique à la floculation (CF) qui est identifié comme le point d’intersection des droites qui
représentent des ajustements linéaires pré et post-floculation et est égale à (3,65±0,08) g/l
correspondant à un rapport volumique ou seuil de floculation SF égal à 0,57 (volume de
floculant sur volume total) ou encore VF=13,0 ml. Ce rapport est plus élevé que ceux
rapportés dans la littérature qui varient entre 0,34 et 0,52 [14,15] pour des asphaltènes de
diverses origines, ce qui semble indiquer que le caractère aromatique de l'asphaltène étudié est
relativement plus faible.
1 2 3 4 5 6 7 8 9
2,0
2 ,5
3 ,0
3 ,5
4 ,0
S F=0,57
C F= (3 ,65±0,08) g /l
floculation pré-floculation
données expérim enta les regréss ions linéa ires
abso
rban
ce
concen tra tion (g /l)
Figure III.8 : Variation de l’absorbance en fonction de la concentration d’asphaltène dans
les mélanges toluène/n-heptane correspondants à la figure III.7.
Une autre procédure équivalente pour la détermination du seuil de floculation [9-17]
consiste à tracer la variation du coefficient d’absorption (déduit de la loi de Beer-Lambert) en
fonction de la concentration d’asphaltène dans le mélange toluène-heptane comme on peut le
voir sur la figure III.9. La variation du coefficient d’absorption est négligeable seulement pour
les concentrations élevées c.à.d avant la floculation, la déviation à ce comportement pour les
faibles concentrations est attribuée à l’agrégation progressive des asphaltènes [18] entraînant
une variation apparemment linéaire du coefficient d’absorbtion. La variation de k avec la
concentration après le seuil de floculation est rapide car le coefficient d’absorption dépend
maintenant des produits floculés lesquels non seulement absorbent mais également diffusent
largement le rayonnement en relation avec l’accroissement de la taille des particules. Ainsi, à
partir des ajustements linéaires effectués avant et après floculation sur la figure III.9, on
retrouve la valeur de la concentration à la floculation déterminée précédemment.
1 2 3 4 5 6 7 8 90,4
0,8
1,2
floculation
pré-floculation
CF= 3,65 g/l ; SF=0,57
données expérimentales regréssions linéaires
coef
ficie
nt d
'abs
orpt
ion
k (c
m2 / mg)
concentration (g/l)
Figure III.9: Evolution du coefficient d’absorption en fonction de la concentration
d’asphaltène dans les mélanges toluène/n-heptane correspondant à la figure
III.7.
2- Solution asphalténique à 0,1% en poids
Spectrophotométrie
La figure III.10 représente l’absorbance d’une solution toluénique d’asphalténe de
départ à 0,1 % en poids en fonction du volume de n-heptane ajouté et exhibe un minimum peu
accentué par rapport à celui observé pour la solution de départ à 1% (voir figureIII.7).
0 1 0 2 0 30 4 0 5 0
0 ,2
0 ,3
0 ,4
0 ,5
abso
rban
ce
vo lum e d 'hep tane (m l)
Figure III.10: Variation de l’absorbance en fonction du volume d’heptane ajouté à 20 ml de
la solution d’asphaltène de départ à 0,1% en poids dans le toluène.
Comme nous l’avons vu précédemment, le seuil de floculation est déterminé à partir de
la figure III.11 sur laquelle l’absorbance est décrite en fonction de la concentration
d’asphaltène dans les mélanges toluène/heptane, à l’aide des ajustements linéaires pré et post-
floculation et correspond à un rapport volumique SF=0,59 ou une concentration à la
floculation CF= (0,35±0,02) g/1. En comparaison avec la figure III.8, l’allure des graphes est
similaire sauf en ce qui concerne le comportement aux faibles concentrations respectives
attribué à la sédimentation pour la solution à 1 %. La diminution de l’absorbance dans ce
domaine de proportions élevées en agent floculant n’est pas observée pour la solution à 0,1 %,
ce qui traduit peut être le fait que la sédimentation n’est pas observable ou n’a pas lieu dans ce
cas. Cette valeur de CF est retrouvée par l’analyse de la figure III.12 qui représente la
variation du coefficient d’absorption en fonction de la concentration en asphaltène dans les
mélanges toluène/n-heptane comme nous l’avons déjà signalé.
0 ,2 0 ,3 0 ,4 0 ,5 0 ,6 0 ,7 0 ,8 0 ,9
0 ,2 0
0 ,2 5
0 ,3 0
0 ,3 5
0 ,4 0
0 ,4 5
0 ,5 0
p ré -flocu la tionflocu la tion
données expérim en ta les
regréssions linéa ires
CF= (0 ,3 5 ±0 ,0 2 ) g /l , S
F= 0 ,5 9
abso
rban
ce
c o n ce n tra tio n (g /l)
Figure III.11 : Variation de l’absorbance en fonction de la concentration d’asphaltène dans
les mélanges toluène/n-heptane correspondant à la figure III.10.
0 ,2 0,3 0 ,4 0 ,5 0 ,6 0 ,7 0 ,8 0,90 ,4
0 ,8
1 ,2
flocu la tion pré-flocula tion
regréssions linéaires données expérimentales
C F= 0 ,35 g /l ; S F=0 ,59
coef
ficie
nt d
'abs
orpt
ion
k (c
m2 /m
g)
concentra tion (g /l)
Figure III.12: Variation du coefficient d’absorption en fonction de la concentration
d’asphaltène dans les mélanges toluène/n-heptane correspondant à la figure
III.10.
Turbidimétrie :
La figure III.13 montre le changement de la turbidité en fonction du volume de
floculant n-heptane ajouté à 20 ml d’une solution asphalténique dans le toluène de
concentration initiale égale à 0,1% en poids. Il est facile d’y distinguer deux domaines de
variation.
0 1 0 2 0 3 0 4 0 5 0
3
4
5
6
7
8
9
1 0
Tur
bidi
té (
NT
U)
v o lu m e d 'h e p t a n e ( m l )
Figure III.13: Evolution de la turbidité de 20 ml de la solution asphalténique de départ à
0,1% en poids dans le toluène en fonction de l’ajout de n-heptane.
L’évolution de la turbidité exprimée en fonction de la concentration d’asphaltène dans
les mélanges toluène-heptane correspondant aux données de la figure III.13 permet de
déterminer de manière indépendante le seuil de floculation. La figure III.14 correspondant à
cette dernière représentation se compose de deux parties linéaires distinctes. Au début de
l’expérimentation, les valeurs de la turbidité augmentent très lentement en fonction de la
diminution de la concentration d’asphalténe (suite à l’ajout d’heptane) jusqu'à un point à
partir duquel l’augmentation de la turbidité est rapide. Ce point est assimilé au début de la
floculation. Tant que l’on n’a pas atteint le seuil de floculation, la turbidité varie peu, la
dilution provoquant une augmentation de transmission presque exactement compensée par la
diminution du nombre de particules par unité de volume [5]. La déviation s’observe à une
concentration égale à (0,34±0,02) g/l c.à.d. SF=0,60.
Ces résultats confirment ceux obtenus par spectrophotométrie et en particulier le fait
que la déviation de l’absorbance au delà du seuil de floculation (c.à.d dans le domaine de la
floculation) observée sur les figures III.8 et III.11 est due à une contribution accrue de la
diffusion de la lumière engendrée par la formation d’agrégats de plus grandes tailles que
celles des espèces asphalténiques de départ.
0 ,2 0 ,3 0 ,4 0 ,5 0 ,6 0 ,7 0 ,8 0 ,90
5
1 0
1 5
2 0
2 5
re g ré s s io n s l in é a ire s d o n n é e s e x p é r im e n ta le s
f lo c u la t io n
p ré - f lo c u la t io n
C F = 0 ,3 4 g / l; S F = 0 ,6 0
Tur
bidi
té (
NT
U)
c o n c e n t ra t io n ( g / l)
Figure III.14: Evolution de la turbidité de la solution asphalténique de départ à 0,1% en
poids dans le toluène en fonction de la concentration dans les mélanges
toluène/n-heptane correspondant à la figure III.13.
III. Discussion des résultats expérimentaux : Il est possible de procéder maintenant à une analyse comparative des différents
résultats. Ainsi, il apparaît à partir des figures III.9 et III.12, représentant le coefficient
d’absorption en fonction de la concentration d’asphaltène dans les mélanges toluène/ n-
heptane pour une solution toluènique de départ respectivement à 1% et 0,1% en poids
d’asphaltène, que les caractéristiques du domaine de pré-floculation sont comparables. En
effet, non seulement les pentes des ajustements linéaires sont dans les deux cas proches de
zéro, mais également les valeurs extrapolées de k à C=0 sont très proches : 0,51 cm2/mg pour
la figure III.9 et 0,60 cm2/mg pour la figure III.12. En ce qui concerne le domaine où la
floculation a lieu, une remarque importante concerne l’ordre de grandeur des k qui est le
même malgré des concentrations correspondantes qui diffèrent d’un facteur 10 d’une figure à
l’autre. Par ailleurs, les seuils de floculation (SF) des solutions asphalténiques dans le toluène
à 1 % et 0,1 % sont respectivement de 57 et de 59 % en volume du solvant floculant, le
n-heptane. Ainsi un facteur 10 de changement de concentration entraîne une faible variation
(environ 3 %) de la valeur du seuil de floculation. Ces résultats peuvent s’interpréter comme
l’évidence d’une insensibilité du processus de floculation à la concentration en
asphaltène dans le domaine de concentrations étudiées; le phénomène serait plutôt tributaire
du rapport volumique floculant/dispersant c.à.d. en particulier du caractère plus ou moins
polaire du milieu environnant [15]. Cette conclusion est très importante car elle suggère que
la floculation des asphaltènes ne dépend pas de leur teneur de départ dans le brut, ce qui induit
qu’un pétrole pauvre en asphaltène ne sera pas automatiquement épargné par le phénomène de
déposition et qu’un autre plus riche en asphaltène n’en sera pas affecté automatiquement en
accord avec la littérature [17].
La comparaison des figures III.5 et III.12, qui représentent l’évolution de k en fonction
de C (concentation de l’asphaltène) dans le toluène et dans les mélanges toluène/n-heptane
respectivement, pour une solution de départ à 0,1% en poids, permet de noter la similitude de
comportement entre la région micellaire (figure III.5) et celle de la pré-floculation (figure
III.12). Ainsi, dans les deux cas les pentes des ajustements linéaires sont faibles, proches de
zéro, et les valeurs de k caractéristiques (c.à.d k pour C=0) sont relativement assez proches et
respectivement égales à 0,41 et 0,60.
Ces remarques sont renforcées par l’examen des figures III.6 et III.14, qui représentent
les variations de la turbidité dans les mêmes conditions que celles respectivement des figures
III.5 et III.12 : le régime micellaire (figure III.6) est comparable du point de vue non
seulement de la valeur de la turbidité à dilution infinie (τ ≈3,0 NTU), mais également de celui
de son faible taux de variation avec le domaine de pré-floculation (figure III.14) pour lequel
τ ≈3,4 NTU à concentration nulle avec un taux de variation également faible. L’intérêt de ces
derniers commentaires est de suggérer l’existence d’un processus de micellisation qui
précéderait celui de la floculation. En d’autres termes la floculation interviendrait sur des
espèces asphalténiques préalablement micellisées ; en fait, les flocons seraient des micelles
asphalténiques agrégées.
IV. Simulation des spectres expérimentaux selon le modèle de Hotier :
En adoptant la procédure de Hotier exposé dans le chapitre II, il est possible de
simuler, au moyen des équations (II.13) et (II.14) la variation de l’absorbance en fonction du
volume de floculant injecté. Pour cela il suffit d’attribuer aux différents paramètres k1, k2, k3,
C1, C2, VR et VF des valeurs issues des résultats expérimentaux ou bien ajustées de manière à
faire concorder les courbes théoriques avec celles obtenues expérimentalement.
La figure III.15 montre la variation de l’absorbance en fonction de la concentration
d’asphaltène dans les mélanges toluène/ n-heptane, ainsi que les prévisions théoriques selon
d’une part le modèle de Hotier [5], et d’autre part la loi de Beer-Lambert ne tenant pas compte
de la floculation (équation II.15). Ce dernier cas est représenté par une droite dont la pente est
égale à 0,51 cm2/mg, valeur du coefficient d’absorption déterminée à partir du domaine de
pré-floculation de la courbe expérimentale de la figure III.9.
Quant au modèle de Hotier (équations (II.13) et (II.14)) et afin de limiter le nombre de
paramètres d’ajustement, il a fallu recourir à quelques hypothèses supplémentaires cohérentes
avec les résultats expérimentaux. La concentration initiale totale en asphaltène est une donnée
expérimentale et est égale à 8,40 g/l (correspondant à 1 % en poids). En supposant que
seulement 10% des asphaltènes de départ sont susceptibles de floculer (c.à.d. C2=0,84 g/l), un
ajustement acceptable des données de la figure III.8 est obtenu comme on peut le voir sur la
figure III.15 avec :
k1= 0,56 cm2/mg ;
k2= 0,13 cm2/mg ;
k3= 13,72 cm2/mg ;
VR= 12 ml ;
et VF= 10 ml.
1 2 3 4 5 6 7 8 9
1
2
3
4
Abs
orba
nce
Concentration (g/l)
données experimentales Modèle de Hotier Loi de Beer-Lambert
Figure III.15: Evolution de l’absorbance en fonction de la concentration d’asphaltène selon le modèle de Hotier et la loi de Beer Lambert pour l’asphlatène dans les
mélanges toluène/ n-heptane.
Cette valeur de VF bien que très proche de la valeur expérimentale (13,0 ml de n-
heptane ajouté à 10 ml de solution de départ) n’en est pas moins différente. Ce léger
désaccord pourrait s’expliquer à travers la contribution du paramètre γ représentant la fraction
du composé floculable effectivement floculé pour une valeur donnée du volume de floculant
injecté (Vi). En effet, par inspection de la figure III.16 (γ en fonction de Vi), il apparaît que la
valeur de γ devient significative seulement à partir de Vi≈13,0 ml en accord avec la valeur
expérimentale déterminée à partir de la figure III.8. Ainsi, la modélisation de γ (équation
II.14) joue un rôle important dans cette simulation.
0 10 20 30 40
0,0
0,2
0,4
0,6
γ
volume de n-heptane (Vi)
Figure III.16: Variation de γ avec le volume de floculant injecté. Etant donné le nombre important de paramètres d’ajustement et d’hypothèses de
départ, il parait raisonnable de ne pas accorder trop de crédibilité aux valeurs de k1, k2 et k3
trouvées. Par contre, ce modèle de Hotier a permis de reproduire l’allure générale de la courbe
expérimentale, y compris aux faibles concentrations que nous avions attribuée à une
éventuelle déposition (précipitation) des asphaltènes floculés.
Enfin, il est évident que la loi de Beer-Lambert ne prévoyant pas de phénomène de
floculation, l’évolution de sa courbe représentative reste monotone au-delà du seuil,
l’ajustement avec les données expérimentales n’étant bon que dans le domaine de pré-
floculation.
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CONCLUSION GENERALE Une étude physico-chimique a été réalisée à l’aide de deux techniques
complémentaires (spectroscopie proche infrarouge et turbidimétrie) sur un asphaltène
provenant du champ de Hassi- Messaoud pour déterminer le seuil de floculation et la
concentration micellaire critique de ces molécules.
L’utilisation conjointe de la spectrophotométrie proche I.R et de la turbidimétrie
permet sous certaines conditions la détection du seuil de floculation et de la concentration
micéllaire critique des asphaltènes en dissociant les effets de la dilution et de la floculation.
Les résultats obtenus mettent en évidence la présence d’un phénomène d’auto-association
d’espèces asphalténiques élémentaires dans un milieu pourtant dispersif (toluène) et la
présence d’un phénomène d’agrégation ou floculation dans un milieu floculant (n-heptane).
La valeur obtenue du seuil de floculation des asphaltènes objet de cette étude est
considérablement supérieure à celles rapportées dans la littérature pour des asphaltènes
d’autres origines [1,2] et indique que le caractère aromatique de l’asphaltène en question est
moins prononcé. La valeur de la cmc est par contre du même ordre de grandeur que celles
obtenues par d’autres méthodes telles que la tensiométrie et la spectroscopie de fluorescence
pour des asphaltènes d’autres origines [3, 4,5].
Ces derniers résultats permettront à termes de choisir les meilleurs solvants dispersifs
et les meilleurs additifs pour inhiber le phénomène de précipitation.
En perspective, la méthode de Hotier parait prometteuse sous réserve de pouvoir
abaisser le nombre de paramètres d’ajustement en déterminant par exemple de manière
indépendante quelques uns d’entre eux.
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