Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études...

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ROYAUME DU MAROC *-*-*-* HAUT COMMISSARIAT AU PLAN *-*-*-*-*-*-*-* INSTITUT NATIONAL DE STATISTIQUE ET D'ECONOMIE APPLIQUEE Projet de Fin d’Etudes Préparé par : M. Ali ELGUELLAB Sous la direction de : M. M’hammed TAHRAOUI (INSEA) M. Ali EL AKKAOUI (INAC) Soutenu publiquement comme exigence partielle en vue de l’obtention du Diplôme d’Ingénieur d’Etat Option: ECONOMIE APPLIQUEE Devant le jury composé de : M. M’hammed TAHRAOUI (INSEA) M. Jelloul EL MABROUK (INSEA) M. Ali. EL AKKAOUI (INAC) Juin 2007 Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

description

Un modèle quasi-comptable a été construit et testé pour l'économie marocaine. il a été par la suite utilisé pour évaluer la "réponse" macroéconomique de cette économie dans le cas de quelques chocs exogènes (chocs agricoles, de demande étrangère) et quelques politiques économiques (politiques fiscale et budgétaire).

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ROYAUME DU MAROC *-*-*-*

HAUT COMMISSARIAT AU PLAN *-*-*-*-*-*-*-*

INSTITUT NATIONAL DE STATISTIQUE ET D'ECONOMIE APPLIQUEE

Projet de Fin d’Etudes

Préparé par : M. Ali ELGUELLAB

Sous la direction de : M. M’hammed TAHRAOUI (INSEA) M. Ali EL AKKAOUI (INAC)

Soutenu publiquement comme exigence partielle en vue de l’obtention du

Diplôme d’Ingénieur d’Etat

Option: ECONOMIE APPLIQUEE Devant le jury composé de :

M. M’hammed TAHRAOUI (INSEA) M. Jelloul EL MABROUK (INSEA) M. Ali. EL AKKAOUI (INAC)

Juin 2007

Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie

marocaine pour les études d’impact

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R é s u m é

Le présent rapport fait le point sur un essai de construction d’un modèle de type quasi-comptable pour l’économie marocaine. Le modèle élaboré porte sur la sphère réelle (hors prix), laquelle est désagrégée en 12 secteurs. En plus des équations comptables qui représentent la grande partie des équations du modèle, ce dernier intègre une fonction de consommation keynésienne (introduisant le multiplicateur) et une fonction d’accumulation du capital selon la théorie de l’accélérateur flexible. Ainsi, le modèle est doublement bouclé : le premier bouclage lie la demande à l’offre dans un premier temps, et cette dernière au revenu dans un deuxième temps ; le deuxième met en relation l’investissement et la production. Par la suite, quelques chocs ont été simulés sur ce modèle. Il s’agit d’un choc agricole défavorable, d’un choc de la demande étrangère adressée au Maroc, d’une hausse de la dépense publique (investissement et fonctionnement), et enfin, d’une diminution du taux de l’impôt sur le revenu. Avant ceci, une analyse des structures productives de l’économie marocaine a été abordée dans la première partie de ce travail. L’objectif recherché est de mieux les connaître, ce qui permettrait aussi par la suite de mieux comprendre les résultats des simulations du modèle. En outre, nous avons traité la question de ces structures en recourant au calcul des coûts cumulés et des multiplicateurs.

Mots clés : Modèle quasi-comptable, modèle de Leontief, analyse input-output, coûts cumulés, multiplicateur de production, tableau des ressources et des emplois, comptabilité nationale.

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Aux âmes chères

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R e m e r c i e m e n t s

Au terme de ce travail, je tiens à exprimer ma profonde gratitude pour M. M’hammed TAHRAOUI, mon encadrant interne et professeur l’INSEA, pour d’une part son encadrement, ses conseils qu’il m’a donné tout au long de la période du stage et, d’autre part, pour le grand intérêt qu’il a porté à mon travail et ses multiples encouragements. Sans ces éléments, ce travail ne saurait être achevé. Je tiens par ailleurs à adresser mes profonds et sincères remerciements à M. Ali El AKKAOUI, mon encadrent externe et directeur de INAC, pour l’encadrement, l’aide et l’intérêt apportés à ce travail. Ce dernier est redevable aussi aux conditions de stage, très adéquates, mises pour mon profit tout au long de cette période. Qu’il trouve ici l’expression de ma forte reconnaissance et de ma profonde gratitude. Je tiens à remercier M. J. EL MABROUK, professeur à l’INSEA, en tant que membre de jury, pour son temps consacré à la lecture de mon rapport et à la critique de mon travail. Ma reconnaissance est aussi forte à l’égard de M. M. C. TAHIRI, chef de la division des comptes sectoriels à la Direction de la Comptabilité Nationale, et pour ses éclaircissements et ses remarques pertinentes sur les aspects comptables de ce travail. Je le remercie aussi pour sa sympathie et sa serviabilité habituelles. Mes remerciements vont également à tous les membres de l’équipe de l’INAC, qui ont contribué, de près ou de loin, à l’aboutissement de ce travail. Avec leur état d’esprit, je me sentais, comme d’habitude d’ailleurs, au sein d’une famille. Je présente en particulier mes vifs remerciements à Mme L. TAZI, Mme A. MANSOURI, M. H. DOUALI pour leurs conseils, leurs remarques et leurs corrections. Dans ce cadre, je suis aussi très reconnaissant aux efforts de M. A. AKHMIM en matière de logistique. Il va de soit, certes, que ma responsabilité est totale pour toute carence ou toute insuffisance qui peuvent être relevées dans ce rapport. Je remercie aussi tous mes amis de longue durée et de long combat, pour leur affection et leurs remarques pédagogiques, sommes toutes très pragmatiques. Je tiens particulièrement à présenter ma reconnaissance à M. I. E. BELBEKRI pour son aide précieuse pour l’impression de ce rapport. Et enfin, je n’en oublierai pas d’adresser de profondes reconnaissances à ma grande famille, et surtout à ma mère et à mon père, pour leurs conseils et soutiens permanents.

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T a b l e d e s m a t i è r e s

Résumé et mots clés.............................................................................................I Dédicace............................................................................................................. II Remerciements.................................................................................................. III Table des matières.............................................................................................IV Liste des abréviations..................................................................................... VIII Liste des tableaux........................................................................................... VIII Liste des figures ................................................................................................IX Liste des graphiques..........................................................................................IX Présentation de l'INAC ...................................................................................... X Introduction générale.......................................................................1

Objet du rapport.......................................................................................... 2 Organisation du rapport .............................................................................. 4

Chapitre préliminaire : Tableau des ressources et des emplois : Concepts et architecture .................................................................6

Introduction................................................................................................. 6 1. Structure et composantes des TRE ......................................................... 6

1.1. Tableaux des ressources ................................................................ 7 1.2. Tableau des emplois....................................................................... 8 1.3. Tableau des valeurs ajoutées ....................................................... 10 1.4. Autres spécificités......................................................................... 10

2. Différents concepts d’évaluation des TRE ........................................... 11 2.1. Transactions entre unités résidentes............................................ 11 2.2. Transactions entre unité non résidente et unité résidente ........... 11

3. Comparaison entre concept intérieur et concept national dans les TRE................................................................................................ 12

4. Équilibres dans les TRE et calculs du PIB ........................................... 13 4.1. Equilibres dans les TRE............................................................... 13 4.2. Calcul du PIB dans les TRE......................................................... 14

Conclusion ................................................................................................ 15

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Première partie : ANALYSE INPUT-OUTPUT

ET STRUCTURES PRODUCTIVES DE L’ECONOMIE NATIONALE Introduction de la partie ...............................................................17 Chapitre 2 : Modèles de Leontief.......................................................................18

Introduction............................................................................................... 18 1. Hypothèses de base............................................................................... 18 2. Modèle fermé........................................................................................ 19 3. Modèle ouvert....................................................................................... 20 4. Modèle avec prix endogènes ................................................................ 22 5. Modèle dynamique ............................................................................... 24 Conclusion ................................................................................................ 25

Chapitre 3 : La théorie des coûts cumulés de base...........................................26

Introduction............................................................................................... 26 1. Structure du TRE agrégé et notations................................................... 27 2. Cohérence d’ensemble.......................................................................... 29 3. Production cumulée .............................................................................. 30 4. Matrice cumulée des facteurs ............................................................... 31 5. Matrice cumulée de l’emploi ................................................................ 32 6. Multiplicateurs...................................................................................... 33 Conclusion ............................................................................................... 34

Chapitre 4 : Structures productives de l’économie marocaine : quelques analyses...........................................................................................36

Introduction............................................................................................... 36 1. Indicateurs directs................................................................................. 37 2. Productions cumulées ........................................................................... 39 3. Coûts cumulés....................................................................................... 42 4. Multiplicateurs de revenu et d’emploi.................................................. 44 Conclusion ................................................................................................ 47

Conclusion de la partie..................................................................48

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Deuxième partie : CONSTRUCTION D’UN MODELE QUASI-COMPTABLE

POUR LA SIMULATION DE VARIANTES Introduction de la partie ...............................................................50 Chapitre 5 : La modélisation macroéconomique .............................................51

Introduction............................................................................................... 51 1. Histoire de la modélisation macroéconomique .................................... 52 2. Typologie des variables et des relations d’un modèle.......................... 52 3. Etapes de construction d’un modèle..................................................... 53 Conclusion ................................................................................................ 55

Chapitre 6 : Les modèles quasi-comptables......................................................56

Introduction............................................................................................... 56 1. Architecture générale des modèles quasi-comptables .......................... 56

1.1. Noyau dur..................................................................................... 56 1.2. Composantes de la demande........................................................ 57 1.3. Equilibre du modèle ..................................................................... 58 1.4. Autres blocs.................................................................................. 58

2. Utilisations d’un modèle....................................................................... 59 2.1. Réalisation des prévisions............................................................ 59 2.2. Analyse variantielle ..................................................................... 59

3. Revue de quelques cas de modèles quasi-comptables.......................... 60 3.1. Modèle TABLO : le plus célèbre.................................................. 60 3.2. Modèle FuturCanada® ............................................................... 62 5.3. Modèle MEGA ............................................................................. 62 5.4. Modèle RDTG ............................................................................. 63

Conclusion ................................................................................................ 65 Chapitre 7 : Construction du modèle ................................................................67

Introduction............................................................................................... 67 1. Architecture globale du modèle............................................................ 67 2. Offre dans le modèle............................................................................. 70

2.1. Production et marges ................................................................... 70 2.2. Importations ................................................................................. 72

3. Demande dans le modèle ...................................................................... 73 3.1. Demande intermédiaire................................................................ 73 3.2. Consommation finale des ménages .............................................. 73 3.3. Formation brut du capital fixe ..................................................... 77

4. Secteur non marchand........................................................................... 79 5. Secteur agricole : modélisation ad hoc................................................. 79

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6. Branches « conventionnelles » ............................................................. 81 7. Cohérence et équilibre du modèle ........................................................ 83 Conclusion ................................................................................................ 84

Chapitre 8 : Etude d’impact : quelques résultats.............................................86

Introduction............................................................................................... 86 1. Agriculture : un choc d’offre ................................................................ 87 2. Effets de la demande étrangère............................................................. 91 3. Politique budgétaire .............................................................................. 94

3.1. Dépenses de fonctionnement........................................................ 94 3.2. Investissement public ................................................................... 96

4. Politique fiscale : Impôt sur le revenu .................................................. 98 Conclusion .............................................................................................. 100

Conclusion de la partie................................................................102 Conclusion générale ....................................................................103 Bibliographie................................................................................106 Appendice

Filtre de Hodrick-Prescott ...................................................................... 110 Annexes :

Annexe 1: Nomenclature des secteurs et des branches ........................ 113 Annexe 2: Tableau des ressources et des emplois de l’économie

marocaine en 1998 .............................................................. 115 Annexe 3: Résultats détaillés du calcul des coûts cumulés de base ....... 118 Annexe 4 : Equations et variables du modèle........................................ 122 Annexe 5 : Estimations économétriques du modèle.............................. 132

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L i s t e d e s a b r é v i a t i o n s CN : Comptabilité Nationale SCN : Système de la comptabilité nationale TRE : Tableau des ressources et des emplois TES : Tableau ressources-emplois TEI : Tableau des échanges interindustriels TEE : Tableau économique d’ensemble TOF : Tableau des opérations financières FAB : Franco à bord CAF : Coût, assurance et fret EBE : Excédent brut d’exploitation ISBL : Institutions sans but lucratif PBI : Production bancaire imputée TVA : Taxe sur la valeur ajoutée DTI : Droits et taxes sur les importations FBCF : Formation brut de capital fixe INAC : Institut National d'Analyse de la Conjoncture PIB : Produit Intérieur Brut ICV : Indice de coût de la vie VAR : Modèles autorégressifs vectoriels MQC : Modèles quasi-comptables MEGC : Modèles d’équilibre général calculable

L i s t e d e s t a b l e a u x Tableau 1.1 : Equilibre ressources emplois de la branche « correction territoriale »

pour l’année 1998 ...................................................................................10 Tableau 1.2 : Transposition du concept intérieur en concept national ........................13 Tableau 1.3 : Composition du PIB selon les trois optiques pour l’année 1998 ...........14 Tableau 4.1: Indicateurs directs par secteur (en 1998) ................................................38 Tableau 4.2: multiplicateurs de revenu et d’emploi.....................................................45 Tableau 7.1 : Compte du revenu des ménages pour 1998 ...........................................75 Tableau 7.2 : Structure de la consommation finale des ménages en % et élasticités-

dépenses estimées ...................................................................................76 Tableau 7.3 : Structure de la FBCF hors agriculture en % et élasticités estimées.......79 Tableau 8.1 : Résultats d’une baisse de la production agricole de -20%.....................89 Tableau 8.2 : Résultats d’une hausse de la demande étrangère en produits industriels

de +10% ..................................................................................................93 Tableau 8.3 : Résultats d’une hausse de la demande étrangère en produits miniers de

+10%.......................................................................................................93 Tableau 8.4 : Résultats d’une hausse de la consommation finale des administrations

publiques de 10%...................................................................................95 Tableau 8.5 : Résultats d’une hausse l’investissement public de 10%........................97 Tableau 8.6 : Résultats de la baisse du taux de l’impôt sur le revenu .......................100

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L i s t e d e s f i g u r e s Figure 1.1 : Structure générale du TRE .........................................................................7 Figure 3.1 : Composantes du TRE agrégé ...................................................................27 Figure 7.1 : Schéma global de fonctionnement du modèle..........................................69 Figure 7.2 : Schéma de modélisation de la branche « correction territoriale » ...........82 Figure 8.1 : Circuit des effets d’un choc agricole défavorable ....................................88 Figure 8.2 : Circuit des effets d’un choc favorable de la demande étrangère..............92 Figure 8.3 : Circuit des effets d’un choc positif de la consommation finale des

administrations publiques .......................................................................95 Figure 8.4 : Circuit des effets d’un choc favorable de l’investissement public...........96 Figure 8.5 : Circuit des effets d’un choc positif du le taux de l’impôt sur le revenu...99

L i s t e d e s g r a p h i q u e s Graphique 4.1 : Les multiplicateurs de la production..................................................39 Graphique 4.2 : Les multiplicateurs de la production par composante de la demande

finale .......................................................................................................41 Graphique 4.3 : Les productions cumulées selon leur origine.....................................42 Graphique 4.4 : Le partage entre valeur ajoutée et consommations intermédiaires

importées.................................................................................................43 Graphique 4.5 : Structure des importations intermédiaires importées selon les secteurs

et les produits .........................................................................................44 Graphique 4.6 : Les multiplicateurs de revenu par composante de la demande

finale .......................................................................................................46 Graphique 4.7 : Les multiplicateurs de l’emploi par composante de la

demande finale ........................................................................................46 Graphique 7.1 : Ajustement de la consommation finale des ménages ........................74 Graphique 7.2 : Ajustement de la FBCF hors produits agricoles ................................78 Graphique 7.3 : Ajustement de la production agricole ................................................80 Graphique 8.1 : Effets dynamiques du choc agricole .................................................91 Graphique 8.2 : Effets dynamiques du choc de l’investissement budgétaire .............98

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Présentation de l'Institut National d'Analyse de la Conjoncture

L'Institut National d'Analyse de la Conjoncture (INAC) a été créé par le décret n° 2- 95-148 du 4 chaabane 1416 (26 décembre 1995). Le suivi de la conjoncture était entrepris, auparavant, par la Direction de la Statistique relevant du même département. Les besoins de développement de cette activité ont incité à la création de cette entité spécialisée. Les analyses de conjoncture sont devenues plus impérieuses. Les fluctuations qui caractérisent les économies contemporaines incitent à accorder davantage d'attention aux analyses de court terme. Cette orientation est renforcée par la vulnérabilité de l'économie marocaine face aux fluctuations externes et ce, à travers son insertion, de plus en plus large dans l'économie mondiale. De plus, les possibilités de régulation par les pouvoirs publics se sont amoindries à la suite des mesures entreprises en matière de privatisation et de libéralisation de l'économie et, par conséquent, au désengagement de l'Etat au profit du privé. Les facteurs de fluctuations, issus d'un environnement international instable, sont amplifiés par les effets d'une agriculture encore largement tributaire des aléas climatiques. L'INAC a pour mission le suivi de la conjoncture économique. A cet effet, il est chargé de: Collecter et analyser l'information économique, sociale et financière relative à la

conjoncture; Etablir les prévisions à caractère conjoncturel des principaux indicateurs de

l'activité économique, sociale et financière et procéder à l'élaboration des études en matière de conjoncture;

Fournir aux tiers institutionnels, privés ou publics, les services d'experts en études et analyses de conjoncture économique;

Mener des investigations spécifiques de conjoncture dans les différents domaines d'activités économique, sociale et financière;

Assurer la publication et la diffusion des résultats des travaux que l'institut aura réalisé;

Coopérer avec les institutions à caractère similaire et participer aux manifestations traitant de la conjoncture économique.

L'activité, durant cette première période de constitution, est axée sur la formation d'une équipe de conjoncturistes, sur le développement des outils d'analyse et sur l'identification des réseaux de collectes d'informations de conjoncture.

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XI

Les recherches entreprises, au sein de l'INAC, visent l'appréhension des phénomènes conjoncturels et ce, à travers une étude du passé récent, une estimation de la situation présente et des prévisions à court terme. L'information statistique infra-annuelle, constituant la principale base des études de conjoncture, est encore peu développée. Les données, actuellement traitées, sont tirées des statistiques sous-produites et des enquêtes de conjoncture. L'analyse de la conjoncture, telle que définie plus haut, nécessite un travail colossal exigeant la continuité et la rapidité dans l'exécution et le suivi périodique des différentes tâches et une coordination des différents intervenants et une équipe spécialisée. Elle concerne d'abord, la définition du cadre conceptuel et des indicateurs qui revêtent le plus d'intérêt, la recherche et l'identification des sources et des circuits d'information, la collecte des données, la saisie, le contrôle, le traitement informatique, moyennant des logiciels statistiques spécifiques, la définition des outils d'analyse et de prévision, enfin l'analyse et la publication des résultats. Pour ce faire, et pour mener à bien sa mission, l'équipe de l'INAC s'est organisée en quatre services: le service de l'information socio-économique; le service de l'information monétaire et financière ; le service de la synthèse et de la prévision; et le service de la documentation et des bases des données.

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I N T R O D U C T I O N G E N E R A L E

Depuis les années trente, les techniques de modélisation économique n’ont cessé d’évoluer et notamment de se diversifier. Deux raisons essentielles, au demeurant liées, peuvent expliquer cette situation. D’une part, la théorie économique n’a pas cessé de connaître des mutations, avec l’apparition de nouvelles théories qui impliquent soit des améliorations soit carrément des rejets des théories déjà sur le marché. D’autre part, les événements (surtout les moins flatteurs) qu’a connus l’économie mondiale durant cette période, ont fait émerger des débats sur des questions nouvelles et, par conséquent, d’autres besoins en la matière. Il faut aussi noter que la multitude des modèles qui existent n’était pas un objectif en soi, mais a été dictée par des objectifs fixés par les modélisateurs et des contraintes qu’impose la réalité des choses. En substance, ce dilemme objectifs/contraintes est quasiment présent dans l’élaboration de tout modèle. Sur le plan des objectifs, les modèles économiques peuvent être distingués selon leur milieu de « naissance ». Ainsi, nous ferons la différence entre la sphère académique, où l’on recherche notamment la confrontation des théories économiques, et la sphère « pratique », dont la prévision et la simulation de politique économique sont les principaux centres d’intérêt. Une autre classification est généralement faite dans ce sens et se réfère aux soubassements théoriques. Ainsi, on met en vis-à-vis les modèles macroéconomiques, qui nécessitent des a priori théoriques pour leur construction, et les modèles purement empiriques (modèles VAR), qui se basent sur l’idée selon laquelle cet empirisme n’est en réalité qu’une forme réduite du phénomène étudié. Des tentatives de concilier ces deux approches existent toutefois1. Par ailleurs, ces classifications ont été élaborées sur des modèles qui se limitent, dans la plupart des cas, au circuit économique. La sphère sociale, et tout ce qui trait aux questions de pauvreté et de transferts (secondaires) de revenus, a été introduite dans les modèles économiques par le biais des modèles d’équilibre général calculable. Il s’agit de modèles calibrés, contrairement aux premiers, qui eux, se basent, dans des proportions différentes, sur les estimations économétriques. 1 Il s’agit notamment des modèles VAR dits structurels, qui intègrent des contraintes d’ordre économique

sur les paramètres. L’objectif est d’avoir des fonctions de réponses ayant un sens économique (en réalité imposées a priori).

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La principale contrainte posée au modélisateur, lors de la construction d’un modèle, est étroitement liée à la disponibilité des données statistiques. Par ailleurs, il faut noter ici que ce problème se pose de manière plus prononcée dans les pays en développement que dans les pays développés. D’ailleurs, la technique de modélisation économique n’a été l’apanage de ces pays que grâce, en partie, au développement de leurs appareils statistiques. Indépendamment de ces classifications que l’on pourrait faire, toute modélisation cherche à approcher une réalité économique. Etant donnée que celle-ci est en règle générale très complexe à saisir, le modélisateur fait appel à des hypothèses ad hoc mais vraisemblables. Ces dernières peuvent relever du cadre théorique, comme elles peuvent porter sur des éléments empiriques. 1. Objet du rapport Une des variantes des modèles macroéconomiques est celle de la modélisation dite quasi-comptable. Il s’agit d’une technique qui se base, essentiellement, sur les tableaux de la comptabilité nationale de type ressources-emplois. Les modèles de ce genre sont généralement désagrégés, modulaires et sont constitués, comme on peut s’y attendre, d’une grande partie d’équations comptables, augmentées par quelques comportements estimés empiriquement. L’émergence de ce type de modèle n’est pas fortuite. Elle est dictée par un concours de circonstance : d’une part, les besoins grandissant des pays en développement en matière de modèles macroéconomiques intégrés et, d’autre part, l’absence ou la qualité médiocre des séries statistiques. Si ces facteurs ont été à la base de la naissance de ce genre de modélisation, il n’en demeure pas moins que ces modèles se sont propagés très rapidement notamment dans les pays d’Afrique. Ces modèles ne partagent pas une même architecture, mais au contraire, ils se caractérisent par leur flexibilité. Cela se comprend aisément si on prend en considération l’hétérogénéité des économies pour lesquelles ils sont construits. En effet, le comportement des économies en développement ne suit pas un schéma unique, contrairement à la majorité des pays industrialisés. Les utilisations faites de ces modèles ne sont pas uniques également, même si celles-ci n’échappent pas aux utilisations standard d’un modèle économique (prévision et simulation). Ainsi, ils peuvent être utilisés pour élaborer des comptes nationaux provisoires ; pour la réalisation de projections économiques ; pour les travaux de planification (connaître les aspirations et les besoins qui vont avec) ; et, dans un dernier lieu, pour les études d’impact. Il faut noter que ce dernier point est le plus courant, en raison de la richesse des résultats de ces modèles sur ce plan. Le projet que nous comptons développer dans ce rapport s’inscrit dans cette lignée de la modélisation économique. En particulier, l’objectif recherché, dans un premier temps, est la construction d’un modèle quasi-comptable, désagrégé et en volume, pour l’économie nationale sur la base des nouveaux comptes de la comptabilité nationale.

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Dans un second temps, ce modèle sera utilisé pour étudier les effets et les impacts de quelques chocs exogènes et quelques politiques économiques. La situation du Maroc en matière de disponibilité des données statistiques est relativement plus satisfaisante comparée à celle des pays en développement déjà signalée. Mais, la publication des nouveaux comptes de la nation par la Direction de la Comptabilité Nationale, qui remontent à l’année 1998, pose des problèmes de ce genre. En effet, dans l’attente des résultats de raccordement de cette base à l’ancienne (1980), disposer de séries longues et homogènes risque de durer encore longtemps. Face aux besoins urgents de ces données, deux solutions sont possibles en matière de modélisation. La première est de faire ces raccordements soi-même, en supposant que les différentes variables ont évolué rétrospectivement selon les mêmes trajectoires dans les deux bases. La deuxième solution, qui nous amène à notre sujet, est de recourir à un modèle qui ne soit pas très gourmant en séries longues. Les modèles quasi-comptables font partie de ce cadre et se basent justement sur l’hypothèse fondamentale (celle de Leontief d’ailleurs) de la stabilité des structures (de la production et de la demande parfois). Si ces considérations de données statistiques peuvent expliquer le choix de ce thème, d’autres objectifs sont assignés à ce travail. Le premier objectif est précisément de construire une « maquette » intégrée et cohérente capable de mettre en jeu un ensemble de mécanismes économiques (comportement, technologie, entre autres). De la sorte, ces enchaînements seront mis en application lors d’un choc exogène ou d’une politique économique. Nous aurions souhaité intégrer a priori tous les comportements économiques qui relèvent de la théorie macroéconomique (effet nominaux, effets financiers en plus des effets des volumes), mais il s’agit d’un travail qui demande plus de temps que la période réservée d’habitude aux projets de fin d’étude dans notre Institut. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de nous limiter à l’élaboration d’un noyau central qui traite des volumes. Ceci aura comme corollaire la non prise en considération des phénomènes de prix (à la fois au niveau de leurs réponses et de leurs causalités sur les volumes). Un autre rôle est aussi assigné à ce modèle et ce, avec l’aval de l’organisme d’accueil. La vocation d’analyse conjoncturelle de ce dernier exige d’avoir une certaine cohérence et une intégrité dans ses résultats quant à l’évolution de l’économie nationale. Cela est approché certes par d’autres outils développés pas ses équipes, mais le modèle décrit dans ce rapport peut faciliter la mise en cohérence des « prévisions sectorielles », d’autant plus que le modèle est désagrégé selon la nomenclature déjà adoptée et qui fait presque l’unanimité des prévisionnistes sur le marché. Cependant, pour atteindre cet objectif, le modèle doit subir quelques changements, essentiellement en matière de bouclage, de telle sorte qu’il puisse prendre en considération ces « prévisions exogènes ». Entre temps, nous avons essayé d’exploiter les recettes de l’analyse input-output pour avoir quelques résultats quant aux multiplicateurs de production, de revenu et de l’emploi. Ce faisant, nous aurons déjà une idée sur l’ampleur des réponses du tissu productif, une composante clé dans le circuit économique, qui se manifeste par ailleurs

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par son degré d’interdépendance. L’élaboration de cette partie du travail nous permettra, nous semble-il, une connaissance moins « primaire » des composantes de l’offre nationale, et va nous préparer, en quelque sorte, le terrain pour les études des variantes simulées sur le modèle. 2. Organisation du rapport Ce rapport est organisé en deux parties. Mais avant, nous avons voulu présenter et analyser, dans un chapitre préliminaire, le tableau des ressources et des emplois (TRE), qui, lui, constitue l’instrument comptable de base de la modélisation quasi-comptable. Ce chapitre visera donc à définir d’une façon synthétique les différentes composantes et les principes (équilibres et valorisations) qui gouvernent ce tableau. Dans la mesure où les modèles quasi-comptables sont au fond une des applications de l’analyse input-output, nous lui avons donc consacré la première partie de ce rapport. Dans ce cadre, le premier chapitre de cette partie traitera des modèles de Leontief. En effet, il n’en existe pas un seul mais plusieurs, en raison notamment des améliorations que la première version a dû subir pour coller beaucoup plus à la réalité économique. Une des utilisations « directes » du modèle de Leontief est l’étude des structures productives d’une économie d’une part et, d’autre part, des effets des variations de la demande finale sur les productions des branches. Cela passe par le biais de la théorie des coûts cumulés de base que nous allons développer dans le troisième chapitre. Dans le chapitre suivant nous avons mis à profit les outils de cette théorie pour faire une analyse des structures du système productif national. Nous aborderons cette analyse essentiellement par le calcul de quelques indicateurs pertinents dans un premier temps et par le biais des multiplicateurs (de production et de revenu) dans un deuxième temps. La deuxième partie sera l’occasion de faire le point sur les étapes de construction de notre modèle et de sa mise en application pour l’analyse des variantes. Mais avant cela, un survol de la technique de modélisation est nécessaire. Nous le ferons dans les deux premiers chapitres de cette partie (5 et 6). Le cinquième chapitre est une ébauche rapide de la technique de la modélisation macroéconomique, qui constitue le cas général de la modélisation quasi-comptable. Cette dernière est présentée dans le chapitre suivant. L’approche adoptée se basera sur une présentation du cadre global de ce genre de modèles, ainsi que les différents blocs et modélisations économiques généralement pris en compte. Aussi, nous appuierons notre discours par une revue de travaux qui s’inscrivent dans la même direction, dont notamment le modèle le plus célèbre de sa catégorie, en l’occurrence le modèle Tablo. Dans le septième chapitre, nous essayerons de répondre au premier objectif de ce travail. Nous allons effectivement dresser les différentes étapes de construction de notre modèle. Cette présentation sera faite selon une logique qui suit les blocs du TRE marocain. Afin de ne pas alourdir le texte, nous avons choisi de ne donner dans ce chapitre que les principales équations, alors que l’ensemble de celles-ci et des variables seront données en intégralité dans les annexes. Ce choix est dicté par notre souhait de

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faire valoir un schéma directeur cohérent, qui a été d’ailleurs adopté tout au long de ce travail. Le modèle, ainsi construit, n’est évidemment pas une fin en soi. Poursuivant donc nos objectifs, nous le simulerons en retenant des chocs exogènes et des variantes de politique économique. Les résultats de ces simulations seront analysés dans le dernier chapitre de ce rapport. Ces résultats sont importants à la fois pour leurs intensités comme pour leur direction. Ce chapitre sera l’occasion d’étudier, dans un premier temps, leur conformité au schéma logique et économique intégré au modèle a priori et, dans un deuxième temps, l’ampleur des réponses de l’économie marocaine face aux chocs que nous lui avons fait subir.

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Chapitre

préliminaire Tableau des Ressources

et des Emplois : Concepts et architecture

Introduction Le tableau des ressources et des emplois (TRE), désigné dans l’ancien système de comptabilité nationale par le tableau entrées-sorties (TES), constitue une description de l’appareil productif de l’économie nationale. Le premier tableau de ce type remonte aux travaux de W. Leontief en 1939 sur la structure de l’appareil productif des Etats-Unis. Les TRE sont des matrices fournissant une description détaillée des processus de production intérieure et des transactions en produits de l’économie nationale par branche d’activité et par groupe de produits. Ce faisant, ils permettent de donner un aperçu sur:

– la structure des coûts de production; – le revenu généré par le processus de production; – les flux de biens et services produits dans l’économie nationale; – les flux de biens et services avec l’étranger.

Ayant une architecture à double entrée, les TRE constitue une imbrication des comptes de production et des comptes d’exploitation des branches d’une part, et d’autre part, des équilibres des ressources et emplois par produit. Cette présence simultanée de produit et de branche, sans qu’il y ait de relation équivoque, implique la co-existence de plusieurs concepts et évaluations dans le TRE. Ce chapitre se consacrera donc à la présentation plus au moins détaillée du TRE. 1. Structure et composantes des TRE La structure du TRE se caractérise par une architecture composée de tableaux juxtaposés. Au total, il est contient six tableaux (la structure globale du TRE, comme elle ressort des publications de la comptabilité nationale, est donnée par la figure 1 ci-après1). Une autre caractéristique, de taille aussi, est que ces différents tableaux répondent à la définition selon laquelle les produits sont inscrits en lignes (groupe de produits), alors

1 L’exemple chiffré, relatif à l’exercice 1998, est donné dans l’annexe 2.

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qu’en colonnes, sont inscrites les branches d’activité (ou secteurs selon l’agrégation retenue).

Figure 1.1 : Structure générale du TRE

Branche "j"

Ressources offre Matrice de production Importations des produits A B C Produit "i"

Consommations intermédiaires

Emplois finals

Emplois des produits D E Comptes Eléments de valeur ajoutée d'exploitation des branches F

Source : Comptabilité nationale. Les ressources d’une économie se décomposent selon leurs origines en deux parties : la production et les importations. Les emplois, par contre, détaille les emplois de biens et services par produit et par type : consommation intermédiaire, consommation finale, investissement et exportations. Le tableau des emplois contient en outre, par branche d’activité, les composantes de la valeur ajoutée, à savoir la rémunération des salariés, autres impôts moins les subventions sur la production et l’excédent brut d’exploitation ou le revenu mixte2. 1.1. Tableaux des ressources Dans le TRE, ces ressources sont données en trois tableaux : le tableau A de l’offre globale, le tableau B de la production, et le dernier (C) qui dressent les importations. Le tableau A transcrit l’offre totale par produit. Il comprend, en plus de la production et les importations, les marges ainsi que les impôts et les subventions sur les produits.

2 Ces revenus mixtes concernent les entreprises individuelles qui font partie du secteur des ménages.

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Les importations de biens et de services, inscrites sur le tableau C, consistent en des flux de biens et services de non résidents vers les résidents. Elles sont reprises dans les TRE conformément au concept intérieur3. Elles sont exprimées au prix CAF. Une autre colonne est intégrée à ce tableau pour permettre l’ajustement FAB/CAF de ces flux par produit. Malheureusement cette dernière est vide par manque d’information, ce qui pousse les comptables nationaux à se contenter d’un ajustement sur le total des importations4. Le tableau B dresse la « matrice de production ». Celle-ci affiche la production par produit et par branche. Le total des lignes retrace la production distribuée par branche et la somme des colonnes indique la production effective par produit. Cette distinction provient du fait de la non correspondance parfaite entre branche et produit. Ainsi, la production effective correspond au produit (qui peut être produit éventuellement par plusieurs branches) alors que la production distribuée est relative à la branche (qui peut produire éventuellement plusieurs produits). En outre, cette dernière est à la base du calcul de la valeur ajoutée. La différence entre les deux productions est désignée par transfert, dont la somme est nulle par construction. Il est à noter que les productions de cette matrice sont évaluées au prix de base. La partie droite du tableau A est une somme des deux précédents tableaux, ce qui fournit les offres totales par produit au prix de base. Ce tableau donne également toutes les composantes qui permettent le passage entre des prix de base vers les prix de marché. Il s’agit des marges, des impôts et des subventions. Au niveau des marges, on distingue deux types : les marges commerciales et les marges de transport. Les marges commerciales représentent la différence entre le prix de vente réalisé et le prix d’achat des biens destinés à la revente et constituent la production de l’activité commerciale d’une entreprise. La totalité de ces marges de commerce sont déduite de la production (prix de marché) de la branche « commerce et réparation ». La raison derrière est pour éviter les doubles comptages dans les ressources totales, puisque les marges sont déjà reprises dans les ressources (demandes exprimées au prix de marché). Les marges de transport correspondent aux coûts, compris dans le prix d’achat, que l’acquéreur d’un bien paie pour son le transport une fois acheté. La somme de ces marges de transport est déduite de la production de deux branches : « transports » et « activités financières et assurances »5. La raison en est la même que pour les marges commerciales. Les impôts sont des prélèvements sur les produits. Le tableau A fait la distinction entre quatre types d’impôt. Il s’agit tout d’abord de la TVA non déductible (qui ne touche in fine que la consommation finale), les impôts sur les importations, les impôts sur les exportations (nuls dans le cas du Maroc) et les autres taxes sur les produits. Les subventions sur les produits sont des transferts reçus par unité produite ou traitée d’un bien ou d’un service (sont inscrites avec un signe négatif). Dans le cas de notre

3 Cf. paragraphe 3 de ce chapitre. 4 Cf. paragraphe 1.2.2 du même chapitre pour plus de détails sur cette question. 5 Ces marges de transports intègrent aussi des frais d’assurance.

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économie, ces subventions concernent seulement deux produits : les produits alimentaires et les produits de l’énergie. 1.2. Tableau des emplois Le tableau des emplois comprend la consommation intérieure totale de biens et des services, répartie entre les différentes catégories de dépenses : la consommation intermédiaire dans le tableau D, les emplois finals (demande finale) dans le tableau E, lesquels sont décomposés en dépenses de consommation finale, formation brute de capital, variations de stocks et exportations de biens et de services. Comme la matrice de production, la consommation intermédiaire est ventilée par branche d’activité et par groupe de produits. La consommation intermédiaire comprend les achats de biens et de services utilisés comme inputs dans un processus de production (comme les matières premières, l’énergie, les services de télécommunication, etc.). Le tableau des emplois comprend également une branche d’activité fictive reprenant la valeur de la production bancaire imputée (PBI). Celle-ci représente la partie de la production d’intermédiation financière obtenue en effectuant la différence entre les revenus de la propriété réalisés par les intermédiaires financiers (hors revenus réalisés grâce aux fonds propres) et les intérêts qu’ils paient. Étant donné que la PBI représente une partie de la production totale, elle doit figurer du côté des dépenses dans les TRE. Par convention, cette production est imputée comme consommation intermédiaire à une branche d’activité fictive qui ne produit pas de biens ou de services. Les dépenses de consommation finale sont des dépenses réalisées sur les biens et services destinés à la satisfaction directe des besoins individuels ou collectifs. Elles sont reprises dans les TRE selon le concept intérieur. Les TRE fournissent en général une ventilation des dépenses de consommation finale en fonction du secteur institutionnel qui effectue les dépenses :

– les dépenses de consommation finale des ménages, de loin les plus importantes avec environ 78% dans le total de la consommation finale (année 1998);

– les dépenses de consommation finale des institutions sans but lucratif (ISBL) : il s’agit principalement de la production des associations sans but lucratif qui produisent un bien ou un service dans l’intérêt général des ménages ;

– les dépenses de consommation des administrations publiques : elles comprennent, d’une part, la valeur des biens et services produits par les administrations publiques (par exemple l’enseignement) et, d’autre part, les achats par les administrations publiques des biens et services produits par d’autres producteurs, qui sont fournis aux ménages sous forme de prestations sociales en nature (par exemple des services médicaux).

L’investissement est la somme, d’une part, de la formation brute de capital en actifs fixes (FBCF) et, d’autre part, des variations de stocks. La FBCF est ainsi ventilée par produit, mais ne concerne que cinq produits (selon l’agrégation retenue) : les produits agricoles, les produits industriels, le bâtiment, les services et une infime partie pour le commerce. Les stocks ne concernent pas les services puisque ils ne sont pas stockables et cumulables par définition.

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Les exportations de biens et de services consistent en flux de biens et de services des résidents vers des non-résidents. Tout comme les importations, elles suivent le concept intérieur. 1.3. Tableau des valeurs ajoutées Le tableau des valeurs ajoutées donne les composantes de la valeur ajoutée par branche d’activité, à savoir la rémunération des salariés, les impôts moins les subventions sur la production et l’excédent brut d’exploitation ou le revenu mixte brut. Les valeurs ajoutées sont calculées au prix de base. La rémunération des salariés comprend la rémunération totale (en espèces ou en nature) qu’un employeur doit à un salarié pour le travail qu’il a effectué. Outre le salaire que perçoit le salarié, la rémunération des salariés comprend également toutes les cotisations sociales versées par l’employeur aux institutions de sécurité sociale, indépendamment du fait qu’il s’agisse d’institutions collectives ou privées. Les autres impôts et subventions sur la production sont prélevés ou attribués aux entreprises pour leur activité de production, indépendamment du volume ou de la valeur des biens ou services produits. L’excédent brut d’exploitation ou le revenu mixte bruts sont calculés par :

Valeur ajoutée brute - Rémunération des salariés - Autres impôts moins subventions sur la production = Excédent brut d’exploitation / Revenu mixte

1.4. Autres spécificités En plus de branche fictive, qui consomme la production imputée des services bancaires (d’une façon intermédiaire), le TRE marocain contient une autre branche ad hoc. Il s’agit de la branche de la correction territoriale (ou activités extraterritoriales). Elle est nécessaire pour deux raisons : réaliser le passage entre les prix FAB et CAF des importations, et calculer les agrégats selon le critère de l’intérieur (PIB et ses composantes)6. Les montants inscrits dans cette branche sont conséquents pour notre économie. Cela traduit en réalité le poids du tourisme et de nos importations. L’équilibre ressources emplois de cette activité pour l’année 1998 est donné dans le tableau ci-après.

Tableau 1.1 : Equilibre ressources emplois de la branche « correction territoriale » pour l’année 1998 (en millions de dh)

Ressources Emplois

Importation 4 089 Exportations 17 016

(3,8) (18,1)

Marges de transport 7 793 Consommation des ménages 13 312

(63,8) (5,7) Entre parenthèses sont donnés les pourcentages respectifs dans l’agrégat total correspondant ; Source : TRE 1998.

6 Cf. paragraphe 3.

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2. Différents concepts d’évaluation des TRE Lors de l’établissement des TRE, un concept d’évaluation pertinent est utilisé pour chaque transaction selon la qualité des unités qui sont impliquées dans la transaction (par exemple producteur ou consommateur). De ce fait, un concept d’évaluation différent peut être utilisé pour la comptabilisation d’une seule et même transaction. En outre, il est important de savoir s’il s’agit d’une transaction entre deux unités résidentes ou entre une unité résidente et une unité non résidente. 2.1. Transactions entre unités résidentes La valeur des biens ou services qu’une unité produise n’est pas toujours équivalente au prix que paie l’utilisateur de ces biens ou services en aval. En effet, l’utilisateur paye en plus toutes sortes de coûts (comme la TVA et les marges sur les produits) qui n’ont pourtant aucun rapport avec la valeur des biens et des services pour le producteur. Pour tenir compte de cette différence, deux concepts d’évaluation sont utilisés lors de l’établissement des TRE, à savoir le prix de base et le prix d’acquisition. Les prix de base constituent le concept d’évaluation pertinent pour les producteurs de biens et de services. Ils reflètent la valeur réelle de la production pour un producteur. De ce fait, la production est évaluée dans le tableau des ressources aux prix de base. Par ailleurs, les prix d’acquisition constituent le concept pertinent pour les transactions de dépenses. Ils reflètent ce qu’un utilisateur des biens et services doit réellement payer pour l’acquisition de ces biens et services. En effet, outre la valeur «intrinsèque» de biens et services (le prix de base), le prix comprend souvent également la TVA, autres impôts sur la production et les marges, et dans des cas, des subventions sur produits. C’est pourquoi les dépenses intérieures sont évaluées aux prix d’acquisition dans le tableau des emplois. Le rapport entre le prix de base et le prix d’achat est le suivant :

Prix d’acquisition = Prix de base + Impôts moins les subventions sur les produits + Marges commerciales et de transport

2.2. Transactions entre unité non résidente et unité résidente Dans le cas de transactions transfrontalières (importations ou exportations), le nouveau système prévoit des concepts d’évaluation distincts. Le total des importations et le total des exportations doivent être évalués en fonction de leur valeur «franco à bord» (FAB) à la frontière du pays exportateur. La valeur FAB des exportations est calculée de la manière suivante :

Prix de base + Coûts de transport et de distribution jusqu’à la frontière du pays exportateur + Solde des impôts et subventions sur les biens exportés

= valeur FAB Bien que le total des importations soit évalué en fonction de la valeur FAB, le SCN93 stipule que les importations réparties par groupe de produits (comme reprises dans les

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TRE) doivent être évaluées en fonction de leur valeur «coût-assurance-fret» (CAF). La valeur CAF est équivalente au prix d’un bien à la frontière du pays importateur, avant le paiement des droits sur les importations ou autres impôts, et marges commerciales et de transport non comprises. Comme les impôts sur les produits et les marges ne sont pas compris dans la valeur CAF, l’évaluation des importations est cohérente avec celle de la production. Afin de transposer l’évaluation des importations CAF en FAB (comme requis pour les importations totales), une correction relative aux coûts de transport et de services d’assurance entre les frontières du pays exportateur et du pays importateur doit être opérée. De la sorte, on évite un double comptage entre la production et les importations (si le transport et les assurances sont pris en charge par des entreprises résidentes) ou entre les importations de biens et les importations de services (si le transport et les assurances sont pris en charge par des entreprises non-résidentes). Par manque d’information, cette correction «CAF / FAB» n’est pas estimée. Le total des importations est donc évalué sur une base FAB tant dans les TRE que dans les comptes des secteurs. Dans le cas marocain, on peut vérifier cela directement par :

Importation FAB (108020) =

Importation CAF (115813) - frais de transport et assurance (7793) 3. Comparaison entre concept intérieur et concept

national dans les TRE Les TRE sont établis selon le concept intérieur, à la différence des comptes des secteurs qui sont établis selon le concept national. La différence entre ces deux concepts est liée au traitement, d’une part, des dépenses de consommation finale des marocains à l’étranger et, d’autre part, des dépenses de consommation des étrangers au Maroc. Le concept intérieur comprend toutes les dépenses de consommation, effectuées par les résidents et les non-résidents, sur le territoire d’un pays, alors que le concept national comprend toutes les dépenses de consommation des résidents d’un pays, indépendamment du fait qu’ils se trouvent sur le territoire de ce pays ou à l’étranger. La transposition du concept intérieur dans les TRE est faite selon des considérations pratiques. Le total des dépenses de consommation des marocains à l’étranger et des dépenses de consommation finale des étrangers au Maroc provient de la balance des paiements. Si ces montants étaient repris dans les TRE, ils devraient être répartis entre les différents groupes de produits auxquels ils correspondent. Ces informations ne sont cependant pas disponibles et la répartition n’est donc pas possible. Lorsque les comptes des secteurs sont comparés aux TRE, il convient également de transposer le concept intérieur en concept national pour les dépenses de consommation, les importations et les exportations. Le tableau ci-aprés illustre la manière dont cette transposition est effectuée.

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Tableau 1.2 : Transposition du concept intérieur en concept national (année 1998, en millions de dh)

Dépenses de consommation finale des ménages

Dépenses totales de consommation selon le concept intérieur 234 380

Dépenses de consommation finale des marocains à l’étranger 3 704

Dépenses de consommation finale des étrangers au Maroc 17 016

Dépenses totales de consommation selon le concept national 221 068

Importations de biens et de services

Importations totales selon le concept intérieur 108 020

Dépenses de consommation finale des marocains à l’étranger 3704

Importations totales en fonction du concept national 111 724

Exportations de biens et de services

Exportations totales selon le concept intérieur 93 814

Dépenses de consommation finale des étrangers au Maroc 17 016

Exportations totales selon le concept national 76 798Source : CN.

4. Équilibres dans les TRE et calcul du PIB 4.1. Equilibres dans les TRE Les TRE constituent un système fermé. Une écriture dans les ressources implique une contrepartie dans les emplois. De ce fait, il existe deux équilibres fondamentaux dans les TRE qui doivent toujours être respectés, à savoir :

– un équilibre par branche d’activité; – un équilibre par groupe de produits.

L’équilibre par branche d’activité implique que l’équation suivante soit respectée pour chaque branche d’activité :

Production distribuée au prix de base = Consommation intermédiaire au prix d'acquisition+Valeur ajoutée au prix de base

L’équilibre par groupe de produits indique que le total des ressources par groupe de produits doit être égal au total des emplois de ce même groupe de produits. Dès lors, l’égalité suivante doit toujours être respectée par groupe de produits :

Ressources au prix de base (Production + Importations) + Marges + Impôts moins les subventions sur les produits =

Emplois au prix d’acquisition (Consommation intermédiaire + Dépenses de consommation + Formation brute de capital + Exportations)

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4.2. Les trois optiques du PIB dans les TRE Le PIB peut être évalué selon trois optiques :

– l’optique de la production; – l’optique des dépenses; – l’optique des revenus.

Selon l’optique de la production, le PIB est évalué comme la somme de la valeur ajoutée de toutes les branches d’activité, où celle-ci est obtenue en faisant la différence entre la production et la consommation intermédiaire. Étant donné que la production dans les comptes nationaux est évaluée aux prix de base et la consommation intermédiaire aux prix d’acquisition, la valeur ajoutée est évaluée aux prix de base. Le PIB est cependant évalué aux prix d’acquisition. Cela signifie que le total des impôts moins les subventions sur les produits doit être ajouté à la somme des valeurs ajoutées par branche d’activité pour obtenir le PIB (cf. tableau 1.3 pour le cas de l’économie marocaine). L’optique des dépenses évalue le PIB en sommant de toutes les catégories de dépenses (excepté la consommation intermédiaire) diminuées des importations. L’optique des revenus , enfin, implique que le PIB est obtenue en additionnant les composantes de la valeur ajoutée, à savoir la rémunération des salariés, autres impôts moins les subventions sur la production et l’excédent brut d’exploitation (ou le revenu mixte brut). Étant donné que la valeur ajoutée doit être évaluée aux prix de base, tout comme pour l’optique de la production, les impôts moins les subventions sur les produits sont ajoutés pour obtenir le PIB aux prix d’acquisition.

Tableau 1.3 : Composition du PIB selon les trois optiques pour l’année 1998 (aux prix d’acquisition, en millions de dh)

PIB selon l’optique de la production

Production (aux prix de base) 627 244- Consommation intermédiaire (aux prix d’acquisition) 286 464= Valeur ajoutée (aux prix de base) 340 780+ Impôts moins les subventions sur les produits 43 605= Produit intérieur brut selon l’optique de la production 384 385

PIB selon l’optique des dépenses

Consommation finale 298 670+ FBCF 89 905+ Variations des stocks 10 016+ Exportations 93 814- Importations 108 020= Produit intérieur brut selon l’optique des dépenses 384 385

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PIB selon l’optique des revenus

Rémunération des salariés 116 083+ Autres impôts moins subventions sur la production 4 295+ Excédent brut d’exploitation 220 402= Valeur ajoutée brute 340 780+ Impôts moins subventions sur les produits 43 605= Produit intérieur brut selon l’optique des revenus 384 385Source : TRE 1998.

Conclusion Le Tableau des ressources et des emplois constitue une mine d’information très riche et très pertinente, présentée selon une logique comptable ad hoc. Il met en évidence les interactions qui existent entre les différentes composantes d’une économie, lesquelles sont très sollicitées lors des travaux d’analyse des systèmes productifs, de projection, de planification entre autres. En plus, les équilibres entre ressources et emplois sont respectés par produits. Se manifeste alors, comme on peut s’y attendre, l’autre côté de la médaille. En effet, la richesse de cet outil pose le problème de son élaboration et de son coût. En réalité, sa mise en ouvre nécessite la disponibilité de plusieurs sources de données (administration publique, balances des paiement, …), et notamment la réalisation d’enquêtes statistiques très lourdes. Une fois cette information disponible, sa mise en cohérence est une tache délicate à mettre en œuvre. Les comptables nationaux recourent dans ce cadre à des méthodes ad hoc, pour traiter ces informations tout d’abord, et ensuite pour assurer les équilibres ressources-emplois par produit.

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Analyse input-output

et structures productives

de l’économie nationale

P R E M I E R E P A R T I E

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Introduction de la première partie

Toute modélisation quasi-comptable s’inspire profondément des intuitions du modèle de Leontief. En particulier, la technologie de production à facteurs complémentaires, qui implique la constance des structures à prix fixe. Par ailleurs, il existe plusieurs versions de ce modèle. Le premier chapitre de cette partie a fait leur inventaire. En attendant de traiter de la modélisation quasi-comptable dans la partie suivante, nous aborderons l’analyse input-output, qui constitue une mise en application plus au moins directe de la philosophie de Leontief. Dans ce sens de cette approche, tout se passe dans le cadre de la relation causale qui lie la demande finale à l’offre locale. De cette façon, nous pouvons appréhender les effets d’un éventuel changement de cette demande sur le tissu productif (chapitre 3). Nous allons aussi transposer les recettes de cette analyse sur l’appareil productif national, dans le but de dégager ses principaux traits caractéristiques (chapitre 4).

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Chapitre

2 Modèles de Leontief

Introduction Le modèle de Leontief remonte aux années 30, lorsque ce dernier publia son livre intitulé "la structure de l’économie américaine (1914-1936)". Pour y analyser la structure de l’économie des Etats-Unis, l’auteur s’est basé sur les interdépendances qui existent entre les composantes du système productif, et qui sont mises en évidence, et pour l’occasion, dans un tableau qui retrace tous les flux entre ces composantes. Cependant, cette idée d’interdépendance remonte assez loin dans l’histoire de la littérature économique. En effet, le premier travail sur la circulation de la richesse est l’œuvre de F. Quesnay, avec la publication en 1758 de son tableau économique d’ensemble (TEE) qui a quantifié pour la première fois les flux de ces richesses qui circulent entre les différentes classes sociales. Il en déduise, à juste titre, que la seule source de richesse est la terre. Il est à noter aussi que le modèle de Leontief s’est longuement inspiré de la théorie de l’équilibre général de Walras, mais contrairement à celui-ci qui est théorique, le modèle Leontief est empirique en substance. Il existe plusieurs modèles de Leontief. Cela est le fruit des développements que le modèle initial a dû subir pour y intégrer d’autres composantes de l’activité économique, et pour le rendre plus proche d’elle. Ce chapitre essayera de présenter ces modèles dans un ordre pédagogique et d’une façon peu ou prou succincte. Nous commençons avant cela par la mise en exergue des hypothèses fondamentales qui fondent tout l’analyse input-output. 1. Hypothèses de base Le système économique étant complexe et difficile à cerner dans tous ces détails, tout essai de modélisation ou de formalisation empiriques de cette réalité se doit de faire appel à des simplifications ad hoc. Ceci permet en fait de passer d’un cadre théorique souvent rigoureux vers un cadre pratique qui ne soit pas si loin du soubassement

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théorique. Certes, ces simplifications et hypothèses doivent être vraisemblables, et pas trop utopiques. Le modèle de Leontief se base sur trois hypothèses fondamentales. La première est l’homogénéité des agents économiques pris en considération. Dans ce cadre, le modèle suppose que les unités de production sont classées dans une même branche produisent un seul et même bien. La deuxième hypothèse renvoie à l’additivité des inputs intermédiaires et primaires. Ceci signifie qu’il n’existerait pas d’économie ou déséconomie externes. Sur le plan comportemental, cela implique des fonctions de production à facteurs complémentaires. La troisième hypothèse rejoint la précédente. Il s’agit de la proportionnalité des facteurs de production. Ainsi, la quantité de ces derniers (y compris les consommations intermédiaires) n’est fonction que du niveau d’output. Ceci donne naissance à un concept fondamentale dans le modèle de Leontief, à savoir les coefficients techniques. Celui-ci se définit comme étant le rapport entre la quantité d’un intrant et la quantité de l’output. Formellement, le coefficient technique de la consommation intermédiaire de la branche « j » en produit « i » se définit alors par :

j

ijij X

Xa = (1)

Avec : ijX la consommation intermédiaire de la branche « j » en produit « i » ;

jX la production de la branche. Notons que les aij sont en volume (quantité physique). De même, les coefficients techniques des inputs primaires sont défini par :

j

ljlj X

Ff = (2)

Avec : ljF la demande de la branche « j » en en input primaire « l ». 2. Modèle fermé Il s’agit de la première version du modèle, appelé souvent modèle de base, développée par Leontief. Selon cette version, deux types de secteurs sont pris en compte :

- Secteurs productifs ; - Secteurs de la demande finale.

Ainsi, la production totale d’un secteur "i" est ventilée au prorata des besoins des autres secteurs. (Équilibre ressources-emplois). inii XXX ++= L1 (3)

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En y intégrant l’hypothèse de proportionnalité, ceci donne : ninii XaXaX ++= L11 (4) Ce qui équivaut en écriture matricielle : XAX *= (5)

Avec :

)1*(

1

.

.

nnX

X

; [ ] nnaijA *=

Ce qui veut dire que : 0*)( =− XAI (6) Pour que ce système soit vérifié, il faut que le déterminant de la matrice (I-A) soit nul. Pour cela, la matrice A doit vérifier à son tour :

∀=

∀≥

∑i

ij

ij

ja

jia

1

,0 (7)

Or par construction, ces deux propriétés sont vérifiées. Leontief constate par ailleurs que le système n’a pas de solution unique car tous les outputs sont expliqués par le système. Celui-ci est donc un système fermé. La solution doit par conséquent passer par une « exogénéisation » d’un certain nombre d’output. Le choix des secteurs à faire sortir du système a porté sur les secteurs de la demande finale, d’autant plus qu’il n’y a pas de raisons fortes à ce que le comportement de ceux-ci soit lié proportionnellement à l’offre globale. En particulier, la demande des ménages dépend entre autres des goûts des personnes et des prix, des éléments qui ne sont pas pris en considération dans ce modèle de base. Ce faisant, le système sera dit système ouvert. 3. Modèle ouvert Dans le modèle ouvert, l’offre globale, somme de la production et des importations, est destinée à satisfaire les demandes des branches en intrants intermédiaires et les autres agents en demande finale. C’est l’équilibre ressources-emplois, qui s’écrit par : Mi + Xi = CIi + Yi ∀ i (5)

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Avec Mi : importations; Xi : production; Yi : demande finale CIi : Consommation intermédiaire en produit " i ". Sachant que : CIi = ∑

jijCI = iXa j

jij ∀∑

L’équilibre devient donc: Xi = ∑

jjij Xa + Yi -Mi (6)

Sous forme matricielle:

X = AX + Y – M Ou : X = (I-A)-1(Y-M) (7) La solution (inverse de la matrice I-A) existe et elle est unique, puisque la matrice A de Leontief vérifie (par construction) les propriétés dites de Minkowski-Leontief :

∀≤

∀≥

∑i

ij

ij

ja

jia

1

,0

La première condition est une évidence et la deuxième tient au fait que chaque branche utilise en plus des consommations intermédiaires des facteurs primaires, et ce, d’une façon inévitable. D’un autre côté, la solution du système mesure les niveaux des productions requis pour un niveau de demande finale donné. C’est une solution significative (positive) puisque la demande finale est positive et la matrice (I-A) l’est aussi. La matrice R = (I-A)-1 est d’une grande importance dans l’analyse input-output. Par ailleurs, elle a plusieurs appellations : inverse de la matrice de Leontief, matrice des coefficients intermédiaires directes et indirectes. Par contre sa signification est unique : l’élément (i,j) de cette matrice s’interprète comme étant la quantité du produit "i" directement et indirectement nécessaire pour permettre à la satisfaction d’une unité de la demande finale en produit "j". Le système (7) peut s’écrire de la façon suivante :

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∑ −=j

jjiji MYrX )( (8)

De cette façon, rij mesure aussi l’effet total de la variation de la demande finale de chaque produit sur la production de chaque produit (branche), car, de (8), on peut déduire : ∆X = R*∆(Y-M) (9) En outre, les éléments de cette matrice vérifient les deux propriétés suivantes :

• rij ≥aij qui provient du fait que les effets indirects sont positifs. • rjj ≥ 1 qui s’explique par le fait que la jéme branche doit produire une unité de " j

" à la demande finale (effort direct) et les inputs nécessaires aux différentes autres branches afin de permettre à cette branche de disposer d’inputs dont elle a besoin.

4. Modèle avec prix endogènes L’introduction des prix dans le modèle de Leontief est faite au niveau des comptes de production et d’exploitation des branches. L’idée de base est que le prix de la production est une "moyenne pondérée" des prix des intrants qui ont contribué à sa réalisation. En effet, on a : Xj =∑

iijX ∑+

lljF (10)

En y introduisant les prix, on obtient : Pj = ∑

iiij Pa ∑+

lljl fv (11)

Avec Pi : Prix du produit i vl : rémunération du facteur l

En posant .1

=

nP

PP et .

1

=

Lv

vV

On obtient finalement :

(I-A') P = f 'V Ou: P =(I-A’)-1f 'V = R' f' V (12)

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Ainsi, en substance, les prix des produits sont "indexés" sur les prix des facteurs et donc sur les coûts de production. Par analogie, la relation (12) peut capter, en y intégrant des variations, les effets sur les prix des produits suite à la variation du prix d’un facteur. Dans le cas, généralement observé, de la présence de trois facteurs primaires de production, à savoir le travail, le capital et les impôts nets des subventions, cette analyse peut être affinée plus. Dans ce sens, l’excèdent brut d’exploitation (EBE), comme rémunération du capital, est une fonction de la production de la branche :

)(* jjjj XpEBE π= Donc :

jjkjk pfV π= Les impôts nets des subventions impliquent de même que :

jjtjt ptfV = . Il s’agit donc de rémunérations "spécifiques" aux branches. Par contre, le facteur travail est rémunéré avec le même prix (taux de salaire) indépendamment de la branche :

sjj fwRS *=

En posant les matrices suivantes :

π 0

0

ˆ1

;

=

nt

tT

0

0

ˆ1

;

=

ns

s

s

f

ff

1

On obtient :

P = A’P + PΠ̂ + PT̂ + Wfs D’où : swfTAIP 1)ˆˆ( −−Π−′−= (13) On en déduit que tout est finalement le résultat du taux de salaire dans l’économie. Si ce dernier est endogène, alors le système est à (n+1) inconnus et seulement à n équations. Dans ce cas, seulement les rapports des prix peuvent être déterminés.

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5. Modèle dynamique Toutes les versions du modèle de Leontief vues jusqu’à présent font abstraction du temps, et de la sorte, se réduisent à la statistique comparative. Or les phénomènes économiques intègrent des phénomènes de retards, d’anticipations et des ajustements intertemporels. Le modèle dynamique de Leontief fut publié par ce dernier en 1953. Cette dynamique est captée par l’introduction des effets intertemporels de l’investissement. Ainsi, si on note Uit l’investissement effectué au temps t dans la branche i, alors celui-ci peut s’exprimer par :

tikitkitkiit XfFFU ,,1, *∆=−= + (14) Avec fki : inverse de la productivité moyenne du capital. Notons par Iij,t : l’investissement de la branche j en produit i. On définit dès lors le coefficient lié à cet investissement :

tjtijij UI ,, /=η (15) L’investissement total en produit i se déduit par :

jkiij

j

tjj

ijtijj

ti

Xf

II

∆×=

==

∑∑)(

,,,

η

µη

tjij

jti XbI ,, ∆=∑

(16)

Où B = kf̂*η ; avec

=

nn

n

n η

η

η

ηη

1

1

11

et

=

kn

k

k

f

ff

0

0

ˆ1

L’équilibre ressources-emplois devient donc :

',, ijj

ijtij

ijti DFXbXaX +∆+= ∑∑

Avec : DFi’ = DFi-Ii

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Sous la forme matricielle, ceci est équivalent à : ')( 11

1 tttt DFBXAIBXX −−+ −−+= (17)

Les éléments de la matrice B traduit la quantité du produit i directement et indirectement nécessaire pour satisfaire une unité de l’investissement dans la branche j. En résumé, cette théorie ressemble beaucoup à la théorie de l’accélérateur flexible, selon laquelle, l’investissement n’est fonction in fine que de la variation de la production (équation 16). Conclusion Il est clair que les hypothèses du modèle de Leontief sont tenables dans un horizon pas très lointain. En effet, la constance des proportions des intrants intermédiaires est très compréhensible du moment que le niveau technologique de la production ne change pas d’une façon significative. Toutefois, la relation univoque entre branche et produit n’est plus de mise avec la venue du nouveau système de la comptabilité nationale. Il existe ainsi éventuellement plusieurs productions pour la même branche et vice-versa. Pour se ramener aux demandes du modèle, on peut penser que les comptables nationaux peuvent remodeler le TRE pour répondre à une telle envie (essentiellement par l’intégration des transferts de production). Mais, une autre solution consiste à prendre en compte la matrice de production que fournit le TRE sous l’hypothèse de la stabilité de la structure de ces transferts. Cette approche (que nous avons retenue par la suite de ce rapport) est, nous semble-il, conforme à la philosophie de Leontief.

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Chapitre

3 Théorie des coûts cumulés de base

Introduction Un des moyens privilégiés pour étudier de manière détaillée la structure d’une économie est le tableau des ressources et des emplois (TRE ou jadis TES). Cet outil est particulièrement intéressant pour l’analyse du système productif, de sa structure de coûts ainsi que de sa productivité. Pour ce faire, une approche dite « cumulée » (ou théorie des coûts cumulés) a été développée. Elle consiste à remonter la chaîne de production d’une branche, afin de considérer tous les intrants directs et indirects nécessaires à la production d’un produit donné. In fine, cela débouche sur des renseignements très pertinents quant au degré d’interdépendance des composantes du système productif et aux valeurs des multiplicateurs. Par ailleurs, et afin de cerner les interrelations et les modifications de la demande au sein du seul appareil de production national, il est de coutume de limiter l’analyse des TRE au sous-tableau de la production intérieure, qui se limite aux flux sur les produits locaux (consommations intermédiaires et demandes finales satisfaites en biens et services produits localement). Ce chapitre s’efforcera donc, après une présentation du TRE au premier chapitre et des modèles de Leontief au second, de donner les différentes formules qui sous-bassent le calcul des coûts cumulés et des multiplicateurs. Il est à signaler que les changements apportés par le nouveau système en matière de TRE ont eu des effets manifestes sur ces formulations et sur leurs interprétations. Ceci est dû à l’existence simultanée dans le TRE de deux prix, en l’occurrence le prix du marché et le prix de base. Le premier est pris en compte dans l’équilibre entre l’offre et la demande (par ligne), alors que le second est intégré dans les comptes de production et d’exploitation des branches (colonnes). Le passage entre les deux équilibres est assuré à

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la fois par le biais des marges1, et par la relation non équivoque entre le produit et la branche (matrice de production). 1. Structure du TRE agrégé et notations Ce paragraphe ne vise pas à reprendre tous les concepts du TRE, puisque cela a déjà été effectué dans le premier chapitre. Le but recherché, étant donné le formalisme que nécessite ce chapitre, est de formuler des notations claires dans un TRE agrégé. Ce dernier, ainsi que les notations de ses composantes, sont donnés ci-dessous.

Figure 3.1 : Composantes du TRE agrégé

Produits locaux

bijq b

iq img aiq dX dF

jq

Produits importés m mX mF

VA Y

Les significations de ces notations sont les suivantes :

dX : le sous-tableau des échanges intermédiaires d’origine intérieure (n produits ou branches) ;

dF : le sous-tableau de la demande finale d’origine intérieure (k composantes de la demande finale) ;

Y : le sous-tableau des entrées primaires (compte d’exploitation, avec p composantes d’inputs primaires) ;

m : le vecteur des importations par groupe de produits ; mX : le sous-tableau de la demande intermédiaire de produits importés, mF : le sous-tableau de la demande finale de produits importés;

biq : le vecteur de la production par groupe de produits au prix de base ; aiq : le vecteur de la production par groupe de produits au prix d’acquisition ;

1 Le terme marge est utilisé ici pour désigner l’ensemble des éléments qui permettent le passage entre le

prix d’acquisition et le prix de base (cf. chapitre 1).

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bijq : la matrice des productions par groupe de produits et par branche au prix de

base ; bjq : le vecteur de la production par branche au prix de base ;

img : la colonne des marges et des impôts nets des subventions par groupe de produits.

Pour des besoins ultérieurs, on définit aussi :

i : vecteur unité (n*1) ; X : le sous-tableau des échanges intermédiaires (= md XX + ) ;

df : le vecteur de la demande finale d’origine intérieure par groupe de produits (= iF d * );

mf : le vecteur de la demande finale importée par groupe de produits (= iF m * );

f : le vecteur de la demande finale par groupe de produits (= md ff + ). L’existence de deux modes de valorisation dans le TRE (prix de base et prix d’acquisition) nécessite la formulation de relations supplémentaires. Celles-ci doivent en principe permettre le passage entre ces deux modes. Ainsi, la relation entre la production au prix de base et la production au prix d’acquisition peut être formulée selon un schéma multiplicatif par … : b

iai qtIq *)ˆ( += (1)

… ou, selon un schéma additif, par :

i

bi

ai mgqq += (1’)

Avec t̂ : la matrice correspondant au vecteur des taux de marges2. Un autre passage essentiel est celui relatif aux différences que recèle le TRE en matière de produits et de branches. Ce passage est obtenu par le produit matriciel suivant3 : b

ij qPq '*' 1= (2) Avec

= b

i

bij

qq

P1

2 Il s’agit d’une transcription du vecteur des taux de marge sur la diagonale de la matrice, les éléments

non diagonaux sont nuls. Cette règle sera utilisée dans le reste du chapitre pour les autres matrices si nécessaire.

3 Le choix de diviser par les productions des branches (P2) ou par les productions par produits (P1) ne change par les calculs, puisque, ce faisant, les deux matrices issues de ces deux alternatives sont liées par la matrice identité, soit : IPP =21 '* .

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2. Cohérence d’ensemble D’une manière globale et intuitive, l’ensemble des achats de biens et services par les différents agents économiques (Entreprises, Ménages, Etat et Reste Du Monde) doit correspondre aux ressources disponibles. Ces ressources sont constituées de la production nationale et des importations. Seulement, il faut nuancer lorsqu’il s’agit du prix d’évaluation de la production nationale. D’un point de vue macro-économique, le total de la demande finale (consommation des ménages et administrations, investissements et variations de stocks, exportations) est équivalent à la somme des valeurs ajoutées issues de la production nationale, des importations et des marges sur les produits locaux. Ceci est dû au fait que les valeurs ajoutées sont évaluées au prix du producteur (de base). Deux sortes d’équilibre régissent le TRE : le premier est donné par produits (ligne) subdivisé lui aussi selon l’origine du produit, soient : dda

i fiXq += * (3) mm fiXm += * (4) Le deuxième concerne les branches (colonnes) et dresse les comptes de production et d’exploitation de ces dernières, soit : md

j XiXiYiq '*'*'* ++= (5) Ainsi, le total des dépenses au prix d’acquisition correspond à l’identité suivante (somme des relations 3 et 4) : fiiXiqmi a

i '**'*)'*( +=+ (6) et le total des ressources à l’identité : iYiiXifiiXiqmi mm

j '*'*'*'*'**'*)''*( +++=+ (7) En l’exprimant au prix d’acquisition et au prix de base (introduction des relations (1’) et (2), celle-ci devient : iYiiXifiiXimgqPmi mm

iai '*'*'*'*'**'*))'*('*( 1 +++=−+ (8)

Sachant que ''' 1 iPi = , alors : iYiiXifiiXimgiqmi mm

iai '*'*'*'*'**'*'*)'*( ++++=+ (9)

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En égalant les dépenses (6) et les ressources (9) on obtient alors l’équation4 : i

mm mgiiYifiiXifi '*'*'*)'**'*('* +++= (10) Il en ressort, en toute logique de surcroît, que la demande finale totale est égale à la somme des valeurs ajoutées, des importations (intermédiaires et finales) et des marges prélevées sur le marché. En déduisant mfi'* de part et d’autre de la dernière équation, on obtient finalement l’équation… :

i

md mgiiYiiXifi '*'*'**'*'* ++= (11) … d’où l’on peut déduire que la demande finale adressée à la production nationale est égale à la somme des valeurs ajoutées, des importations intermédiaires et des marges5. Cet état de fait peut être mieux compris en se rendant compte du mécanisme suivant : Au départ, la production se décompose principalement entre la consommation intermédiaire, d’origine intérieure ou importée, et la valeur ajoutée. Chaque intrant produit localement implique une autre valeur ajoutée (par une autre branche) et ainsi de suite. Au total, la production d’une branche ne sera plus qu’essentiellement composée de valeur ajoutée, générée directement par la branche ou indirectement au travers de la consommation intermédiaire intérieure dans l’ensemble de l’économie, et d’importations intermédiaires. 3. Production cumulée Pour définir les production et les coûts cumulés, on aura besoin de définir les structures de l‘appareil productif, et ce, par le biais des coefficients techniques. Ces derniers sont relatifs aux différents inputs (consommations intermédiaires et facteurs primaires) et peuvent être calculés par :

1ˆ* −= j

dd qXA (12)

1ˆ* −= j

mm qXA (12’)

1ˆ* −= jqYV (12’’)

L’équilibre ressources emplois peut donc s’écrire sous la forme matricielle suivante :

d

jda

i fqAq += * (13)

4 Sachant que : iXiiXi *'*'*'* = 5 Ceci est vérifiable d’ailleurs directement sur le TRE de l’économie nationale relatif à l’année 1998 (cf.

annexe 2 pour les chiffres) : 440 886 = 77 201 + 340 780 + 22 905

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Après substitution par les relations de passage, on obtient :

db

idb

i fqPAqtI +=+ '***)ˆ( 1 (14) Ce qui donne finalement les productions pour les produits (au prix de base) :

ddb

i fPAtIq *)'*ˆ( 11

−−+= (15) Et au prix d’acquisition :

dda

i fPAtItIq *)'*ˆ(*)ˆ( 11

−−++= (16) La production des branches sera donnée par :

dd

j fPAtIPq *)'*ˆ'*( 111

−−+= (17) Ainsi, la matrice 1

1 )'*ˆ( −−+ PAtI d constitue le cœur du système. Son élément (i,j) donne la production cumulée (directe et indirecte) du produit i (au prix de base) qui est nécessaire pour satisfaire une unité de la demande finale du produit j. Sa multiplication par les taux de marge )ˆ( tI + donne cette production au prix de marché. Quant à la matrice 1

11 )'*ˆ'*( −−+ PAtIP d , elle fournit la production cumulée (directe et indirecte) de la branche i (au prix de base) qui est nécessaire pour satisfaire une unité de la demande finale du produit j. La matrice de production cumulée est directement obtenue en multipliant par la demande finale, soit :

dd fPAtItI ˆ*)'*ˆ(*)ˆ( 1

1−−++ (18)

L’élément (i,j) de cette matrice donne la production cumulée (directe et indirecte) de produit i qui est nécessaire pour assurer la demande finale d’origine intérieure du produit j.

4. Matrice cumulée des facteurs Etant donné que les facteurs primaires sont déduits de la valeur ajoutée, qui, elle, est définie par branche, et déduite de la production de ladite branche, la matrice des inputs primaires par composantes sera obtenue par la multiplication de la matrice de la production cumulée avec la matrice des coefficients des facteurs primaires, soit :

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dd fPAtIPV ˆ*)'*ˆ'*(* 1

11−−+ (19)

Les colonnes de cette matrice donnent, ainsi, les effets cumulés (directs et indirects) sur les rémunérations de différents facteurs de production (salaires, excédents bruts d’exploitation,...) qui entrent en ligne de compte pour satisfaire la demande finale produite localement des différents produits. Le total des inputs primaires cumulés par produit de la demande finale d’origine intérieure s’obtient, par conséquent, par :

dd fPAtIPVi ˆ*)'*ˆ'*(*'* 1

11−−+ (20)

Le même raisonnement est reconduit pour les importations intermédiaires. Leur matrice cumulée est donnés par :

ddm fPAtIPA ˆ*)'*ˆ'*(* 1

11−−+ (21)

L’élément (i,j) de cette matrice traduit les importations intermédiaires cumulées pour la branche i nécessaires pour satisfaire la demande finale d’origine intérieure du produit j. 5. Matrice cumulée de l’emploi De la même façon que l’on a construit les matrices cumulées d’inputs primaires et des importations intermédiaires, il est possible de construire une matrice d’emplois cumulés. La question posée sera alors de combien d’emplois faudrait-il mettre en oeuvre dans toutes les branches, pour satisfaire la demande finale d’un bien déterminé. Pour ce faire, on a recours à des coefficients d’emploi par produit. Ceux-ci sont définis comme le rapport entre l’emploi observé dans une branche et le montant de la production de cette branche, soit :

Lql j *ˆ 1−= (22) avec : L : le vecteur de l’emploi observé par branche. L’emploi cumulé par produit est alors calculé par le produit matriciel suivant :

dd fPAtIPl ˆ*)'*ˆ'*(* 1

11−−+ (23)

L’élément j de ce vecteur est égal au total des emplois qui sont nécessaires dans chaque branche, pour satisfaire la demande finale d’origine intérieure du produit j.

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6. Multiplicateurs Les multiplicateurs reflètent également les effets cumulés d’une modification de la demande finale sur la production, les inputs primaires ou l’emploi; mais en tant que ratio par rapport à l’effet direct6. Ceci traduit ipso facto le caractère relatif du concept et, par conséquent, tout son intérêt en matière d’interprétation. Dans ce sens, les multiplicateurs de la production sont définis comme le ratio entre l’effet cumulé et l’effet direct sur la production au niveau local qu’engendre un changement unitaire de la demande finale d’un produit particulier. La production totale cumulée engendrée par la demande finale d’origine intérieure de chaque produit est donnée dans le système input-output par :

dd fPAtItIi *)'*ˆ(*)ˆ'*( 1

1−−++ (24)

L’élément j de ce vecteur est égal à l’output total cumulé (de chaque produit) engendré par la demande finale d’origine intérieure du produit j. Par ailleurs, l’effet direct sur la production intérieure est donné par la demande finale d’origine intérieure elle-même. Les multiplicateurs de production par produit sont donc déduits par le vecteur :

=−++ −− 111 )ˆ(*ˆ*)'*ˆ(*)ˆ'*( ddd ffPAtItIi 1

1 )'*ˆ(*)ˆ'*( −−++ PAtItIi d (25)

Le multiplicateur définit la production intérieure totale qui résulte d’une unité additionnelle de demande finale adressée à l’économie nationale pour chaque produit. Les multiplicateurs de revenu sont par analogie définis comme le ratio entre l’effet cumulé et l’effet direct qu’engendre une modification de la demande finale d’origine intérieure sur les inputs primaires par produit. Les inputs primaires cumulés par produit de la demande finale d’origine intérieure sont déjà donnés par l’équation (20) ci-dessus. Les inputs primaires directs restent limités à un effet dans la branche du produit correspondant. Cela équivaut à une multiplication de la demande finale par le taux de la valeur ajouté (considérée au niveau producteur), soit : dftIPVi ˆ*)ˆ'*(*'* 1

1−+ (26)

Ce qui donne les multiplicateurs du revenu par le biais de : 1

111

11 )'*)ˆ(*ˆ'*(*)'*ˆ'*(*'* −−− +−+ PtIViPAtIPVi d (27)

6 Ces multiplicateurs peuvent etre calculés par ailleurs pour tous les postes de cette demande finale de la

même façon.

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Les multiplicateurs d’emploi sont définis par division de l’effet cumulé par l’effet direct engendré par la demande finale d’origine intérieure sur l’emploi, qui, ce dernier, est défini, selon la même logique que précédemment, soit : dftIPli ˆ*)ˆ'*(*ˆ'* 1

1−+ (28)

La formulation est la même que celle des multiplicateurs de revenu, ce qui implique les formulations ci-après pour le calcul des multiplicateurs de l’emploi : 1

111

11 )'*)ˆ(*ˆ'*(*)'*ˆ'*(*ˆ'* −−− +−+ PtIliPAtIPli d (29) Conclusion Ce chapitre met le point sur une des utilisations directes du système de Leontief : c’est la théorie des coûts cumulés de base, qui vise in fine à dresser les réponses du tissu productif à des chocs de demandes. L’analyse de ces réponses est un exercice très intéressant dans la mesure où elle permet de mieux « connaître » le tissu productif. Le premier résultat qui est très utile à voir est le degré d’interdépendance de ce tissu, car, c’est celle-ci qui est à la base des multiplicateurs. Ils sont d’autant plus forts que cette interconnexion du système national de production est grande. Dans un deuxième temps, on peut s’intéresser au profil des secteurs : les plus importants et les plus contribuant à la dynamique d’ensemble et inversement. Analyser les fuites vers l’extérieur, selon l’importance et l’origine, est aussi un exercice pertinent. Les effets sur l’emploi sont aussi très importants à considérer, et il semble que cette théorie constitue un des moyens privilégiés, en raison notamment de la possibilité de donner des résultats par branche ou secteur. Cette approche est aussi utilisée dans les travaux de planification, notamment lorsque on s’intéresse à évaluer les impacts d’une décision donnée des pouvoirs publics. En dépit de ces avantages d’utilisation, un bémol reste tout de même faire. Sur le plan économique, deux éléments pousse à prendre les résultats de l’analyse inputs-outputs avec précaution. Il s’agit du fait que les comportements des agents économiques (notamment les ménages et les entreprises) ne sont pas pris en compte dans le calcul des effets directs et indirects (et donc des multiplicateurs). Ce faisant, les modèles de Leontief n’intègrent pas les effets de retour de l’offre sur la demande. Cette intégration ne se fait que sur la base d’estimations empiriques de ces comportements, et d’un traitement plus fin des secteurs d’activité (notamment dans le sens de la distinction entre secteur d’offre et secteur de demande). De la sorte, on aura fait un grand pas vers la modélisation quasi-comptable.

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Le deuxième élément, très important aussi, est que ces analyses fournissent des effets et des impacts abstraction faite du calendrier de leurs réalisations. La dynamique étant absente, tout ce que l’on obtient après ces simulations est la nouvelle situation d’équilibre. Le processus qui y mène ainsi que sa longueur restent indéterminés.

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Chapitre

4 Structures productives de

l’économie marocaine : quelques analyses

Introduction Le chapitre suivant est une application directe du précédent, et a donc comme objectif de fournir des commentaires plus au moins rapides sur les structures du système productif de l’économie nationale. Comme l'a montré le chapitre précédent, relatif à la théorie des coûts cumulés de base, la demande finale d'un bien adressée à l'appareil nationale de production, peut se résumer en la création de valeurs ajoutées (qui contribuent à former le PIB) et le recours à des importations intermédiaires de biens et services, auxquelles il faut ajouter les marges qui grèvent les produits. Mais avant de recourir à la théorie des coûts cumulés de base, nous suggérons de faire tout d’abord un survol sur un certain nombre d’indicateurs économiques pertinents, qui peuvent être déduits plus au moins directement du TRE. Nous pensons que c’est un exercice intéressant, car il peut enrichir notre appréhension de l’appareil productif national, que se soit au niveau de ses faiblesses ou au niveau de ses performances. Par la suite, nous enchaînerons avec les résultats obtenus quant à la production cumulée, les coûts cumulés, les revenus et les emplois cumulés (les multiplicateurs respectifs sont donnés en parallèle). Par ailleurs, les calculs de ce chapitre ont été élaborés sur la base du TRE de l’année de base (1998) du nouveau système de la comptabilité nationale. Nous avons retenu comme nomenclature celle donnée par cette source pour les branches, soient 39 au total, et dix secteurs d’activité1 :

1. Agriculture et pêche 2. Commerce 3. Mines 4. Services marchands 5. Energies 6. Transport

1 Non compris les deux branches « unité fictive » et « correction territoriale ». Le même principe est

reconduit au niveau des secteurs. Cf. l’annexe 1 pour le détail des branches et des secteurs.

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7. Industrie 8. Communication 9. Bâtiment et travaux publics 10. Administration publique

1. Indicateurs directs Par le biais de quelques indicateurs (cf. tableau 4.1 pour les secteurs et l’annexe 3 pour le détail des branches), nous avons essayé dans ce paragraphe d’approcher:

• La structure des coûts (en %), par la part de la valeur ajoutée dans la production (VA/P).

• L’efficacité des branches, par la productivité du travail (production et valeur ajoutée par personne, en dirham).

• Le degré d’exposition des produits à la concurrence étrangère par leur taux d’exportation (exportation/production en %)

• La pénétration des produits étrangers sur le territoire national (importation/consommation apparente2 en %) ou encore par le solde commercial (en millions de dirham).

La part de la valeur ajoutée dans la production indique la partie de la production consacrée pour la rémunération des facteurs de production. Pour l’économie nationale, elle s’élève à 54% en moyenne. Les secteurs qui manifestent un taux élevé sont les secteurs tertiaires, où par définition la production est généralement le résultat du capital humain. Dans ce cadre, on trouve le secteur de communication, des services, et de l’administration publique. Le secteur agricole présente lui aussi un taux élevé, de l’ordre de 72%, résultat direct de la faible utilisation des intrants intermédiaires. De l’autre côté, le taux plus faible est réalisé par le secteur industriel (29%), où l’on trouve des branches avec des taux encore plus bas (en particulier l’industrie d’équipement, de bois et l’industrie alimentaire3), et du bâtiment en deuxième lieu, avec un taux de 35%. La raison de cette situation est que ces deux secteurs font appel à l’approvisionnement de la production nationale ou des importations. Les indicateurs de productivité de la main d’œuvre indiquent qu’au niveau national, une personne produise en moyenne 69 mille dh de production et prés de 37 mille dh de valeur ajoutée. La plus forte productivité est enregistrée dans le secteur de l’énergie, notamment dans le raffinage de pétrole. Arrive par la suite les industries extractives et le secteur des communications. Tous ces secteurs se caractérisent en effet par des intensités capitalistiques fortes. Les plus faibles niveaux de productivité sont l’apanage des secteurs agricole, du bâtiment, de l’industrie (par rapport à la valeur ajoutée). Les fonctionnaires des administrations publiques manifestent, relativement aux autres secteurs, de faibles productivités (en matière de valeur ajoutée ou de production). C’est

2 Elle est défini par : importation/(production – exportation +importation). 3 Il s’agit de branches qui se caractérisent, entre autres, par la faible qualification de la main d’œuvre qui

y travaille.

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un résultat attendu, vu les caractéristiques de notre administration, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle fait figure de sureffectif4. Quant au comportement du tissu productif face à son environnement international, on note que l’effort à l’export demeure encore faible, puisque il ne dépasse pas les 15% de la production pour l’ensemble de l’économie nationale. En parallèle, ce faible taux indique aussi que celle-ci n’est pas très exposée aux fluctuations internationales que dans une moindre mesure.

Tableau 4.1: Indicateurs directs par secteur (en 1998)

VA/P P/L VA/L taux d'exportation

Solde commercial

Couverture par

l’importationAgriculture 72,0 43 645,9 31 433,3 7,1 -3 843,0 10,3Mines 66,0 270 966,9 178 940,4 41,9 -2 196,0 50,0Energies 55,0 570 211,9 313 352,0 3,4 -1 736,0 7,7Industrie 29,0 139 844,9 40 570,6 21,6 -36 683,0 31,6BTP 34,9 92 236,1 32 196,4 0,0 0,0 0,0Services 81,3 80 060,2 65 128,3 2,7 -3 104,0 6,0Transport 61,5 92 813,2 57 048,7 27,2 -1 120,0 32,0Communication 89,1 167 065,9 148 926,4 12,6 464,0 7,6Administration 79,2 55 371,5 43 877,3 0,0 0,0 0,0Moyenne 54,3 68 973,6 37 473,2 14,4 -34 906,0 18,8Calculs de l’auteur.

Orientées de nature vers l’extérieur, les industries extractives enregistrent le taux le plus élevé, soit prés de 42%. Le secteur industriel expédie prés de 22% de sa production vers l’étranger. Toutefois, ce niveau moyen dissimule de grandes disparités. Alors que les branches « industrie de l’habillement et de fourrure », « fabrication d'équipements de radio, télévision » et « fabrication d'instruments médicaux, de précision » sont orientées à hauteur de plus de 66% vers l’extérieur, d’autres manifestent des taux très faibles (industrie de papier, de plastique, de matériel de transport ou de fabrication de machines). Dans ces cas, la faible compétitivité du label « made in morocco » peut constituer une raison très plausible. Le déficit de la balance commerciale marocaine s’est inscrit au terme de l’année 1998 à prés de 35 milliards de dh, dont environ deux tiers ont concerné les produits de textile et les biens d’équipement. En outre, la lecture de ces soldes commerciaux par produits renvoie clairement à la vocation de notre économie, à savoir déficitaire structurellement (car seuls les produits de communication enregistrent un excèdent commercial).

4 Il faut prendre de constat avec précaution, car la production de ce secteur est conventionnellement

mesurée par la dépense de ces administrations, contrairement aux autres secteurs, où la production est mesurée d’une façon directe.

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La couverture de la consommation par l’importation s’élève en moyenne à 19% pour l’économie nationale. Le taux le plus élevé est enregistré pour les produits miniers, qui, malgré leur effort important à l’export, font appel à l’étranger à hauteur de la moitié, soit plus que la moyenne nationale. Les importations de pétrole brut expliquent largement ce taux. Le secteur industriel importe environ le tiers de la consommation totale de ses produits. Dans ce cadre, on trouve des secteurs largement dépendant de leurs importations (notamment ceux de la fabrication de machines ou d’équipements) et des secteurs qui sont orientés en grande partie sur le marché local : il s’agit des secteurs de l’énergie (raffinage, eau et électricité qui sont quasiment produits surplace), des services non marchands et des télécommunications. 2. Productions cumulées La production cumulée est la somme de la production directe et indirecte nécessaires pour satisfaire une modification de la demande finale d’origine locale. Les multiplicateurs de production rapportent ces effets directs et indirects d’une modification unitaire de la demande finale d’un bien ou d’un service, sur la production observée. Cette production cumulée s’obtient directement en sommant les lignes de la matrice inverse Leontief, obtenue par la formule 18 du chapitre précédent. Durant ce chapitre, nous optons pour les multiplicateurs de la production plutôt que les niveaux absolus de la production cumulée, puisque nous jugeons que les rapports sont plus parlants que les niveaux5. Les graphiques ci-après donnent une synthèse des résultats. La totalité de ces derniers sont donnés dans l’annexe 3.

Graphique 4.1 : Les multiplicateurs de la production

a) Niveau secteur

1,30

1,35

1,09

1,45

1,77

1,23

1,79

1,13

1,26

1,43

1 2

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

BTP

Services

Transport

Communication

Administration

Ensemble

5 Les niveaux sont effectivement utiles lorsque l’on s’intéresse aussi à la taille des composantes.

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b) Niveau branche : les top

c) Niveau branche : les flop

1,761,751,74

1,641,49

1,451,441,43

1,411,41

1 2

D15I01F45H55D20D21D26TotC02D24

1,161,15

1,121,121,121,10

1,071,051,04

1,01

1 2

D29E00I02

K00D33MND16D32D23D30

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur. Ainsi, pour l’économie nationale, le multiplicateur de la production s’élève à 1.4, ce qui veut dire que pour produire un dirham supplémentaire de demande finale en produits locaux, il faut en plus de cette production directe, 43 centimes de production supplémentaire, sous forme de consommations intermédiaires des autres branches, pour pouvoir y arriver. Globalement, l’appareil productif de notre économie nationale jouit d’un niveau d’interdépendance à l’image de son développement6. Le niveau de son multiplicateur est plus faible que celui affiché par les économies européennes7, qui, lui est compris entre 1.5 et 1.7. Cet état de fait dénote du poids des fuites par les importations. Il faut toutefois signaler que le niveau du multiplicateur dépend aussi de la part de la valeur ajoutée dans la production8. Par secteur, le multiplicateur de production varie sensiblement. Alors que l’énergie manifeste un multiplicateur proche de l’unité (notamment pour le raffinage de pétrole), des secteurs comme le transport et le bâtiment font figure d’une présence marquée des effets indirects (avec des multiplicateurs avoisinant 1.8). Dans le premier cas, il s’agit d’un secteur à forte intensité capitalistique, important une bonne partie de ces intrants. Pour le deuxième cas, les secteurs en question font le plus appel au tissu productif local pour mener à bien sa production. Le secteur industriel affiche un multiplicateur proche de la moyenne nationale. La situation de ce secteur est le résultat d’un double effet : des demandes intermédiaires importantes conjuguées à des fuites vers l’extérieur non négligeables. A l’intérieur de ce secteur, une grande disparité existe entre ses branches. Les industries alimentaires se distinguent avec le multiplicateur le plus élevé (1.76). Les plus bas (à peine dépassant l’unité) sont enregistré dans les branches telles « fabrication d'équipements de radio, télévision », « fabrication de machines de bureau » et « industrie du tabac ».

6 On entend par développement ici la possibilité et la capacité de cet appareil à répondre à toutes les

demandes. 7 On a cherché en vain si des travaux de même nature existent pour des pays à développement égal à celui

du Maroc (on pense notamment à la Tunisie). La seule étude à notre disposition porte justement sur quelques pays européens.

8 Tant que cette part est grande, la demande en intrants intermédiaires est moins présente, d’où la faiblesse du multiplicateur.

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Les secteurs tertiaires (hors transport) enregistrent des multiplicateurs faibles. Il faut dire que ces activités reposent largement plus sur le capital physique et humain plutôt que sur les intrants intermédiaires. Dans le même cadre, il faut tout de même noter le comportement différent des activités de la restauration et de l’hôtellerie, puisqu’elles enregistrent un multiplicateur de 1,649. Sur un autre registre, le multiplicateur de la production est plus fort lorsqu’il s’agit des investissements (soit 1.6 ; cf. graphique 4.2). L’élément explicatif de ce résultat est que ces investissements sont dominés par les produits industriels et de la construction, qui, eux, correspondent à des multiplicateurs de production élevés (surtout pour le bâtiment). Le multiplicateur de production de la consommation finale des ménages est quasiment identique au multiplicateur global. Le poids élevé de cette consommation explique cette situation. Les autres postes de la demande finale affichent des multiplicateurs inférieurs à la moyenne nationale. Le plus faible est enregistré par la dépense publique (1.26), qui est exactement identique au multiplicateur des services non marchands10. Les exportations ont un multiplicateur de l’ordre de 1.35, en raison de la dominance des produits industriels, et des produits inhérents au secteur primaire.

Graphique 4.2 : Les multiplicateurs de la production par composante de la demande finale

1,35

1,44

1,26

1,63

1,43

1,0

1,5

2,0

Exportation Consommation Administration Investissement Total

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur.

L’analyse de ces productions cumulées selon leur origine intérieure (cf. graphique 4.3) permet de distinguer entre deux types de secteurs. Les secteurs où les effets directs l’emporte largement, et donc ceux qui ne font appel aux autres secteurs qu’à faible part. par conséquent, il s’agit de secteurs avec des effets d’entraînement limités. Les secteurs qui font partie de ce cas de figure sont essentiellement le secteur énergétique, le secteur 9 Ce multiplicateur enchanterait certainement ceux qui considèrent ce secteur comme une composante

importante au développement de l’économie nationale. 10 On retrouve ici la convention comptable selon laquelle le secteur des administrations consomme sa

propre production (non marchande).

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des télécommunications. Dans une moindre mesure, on peut citer aussi dans ce cadre le secteur primaire et celui des services.

Graphique 4.3 : Les productions cumulées selon leur origine

0% 100%

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

BTP

Services

Transp

communication

administration

Propre secteurAgricultureMinesEnergiesIndustrieBTPServicesTranspcommunicationadministration

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur. Le deuxième type intègre des secteurs qui font figure d’effets d’entraînements tout aussi importants que les effets directs. Il s’agit notamment du secteur de la construction et du secteur des transports. Le premier s’avère être un grand demandeur en intrants industriels11 (55 centimes des 77 qui constituent le total des effets indirects), et le deuxième est un secteur tout naturellement consommateur de l’énergie, mais aussi des produits de services. Entre ces deux extrêmes, le secteur industriel tient sa place du milieu, à côté du secteur minier et celui des administrations publiques. A noter aussi qu’une bonne partie de l’effet multiplicateur du premier est liée au secteur primaire (agriculture et pêche). Ceci est dû au poids de l’agroalimentaire. Pour le secteur minier, hormis les effets propres, le restant du multiplicateur se partage entre les produits industriels et les produits de l’énergie. 3. Coûts cumulés Nous nous contentons dans ce paragraphe d’analyser les répercussions d’une modification de la demande finale en produits locaux sur la valeur ajoutée et consommations intermédiaires importées, et ce, tant pour les niveaux que pour les répartitions. Deux raisons à cela : notre objectif, déclaré auparavant, et ensuite le caractère technique des transferts de production, car, selon l’hypothèse faite dans le chapitre précédent, ils sont régis par des coefficients stables. Quant aux marges, elles sont en relation fonctionnelle avec les niveaux de la production, sauf pour les secteurs de commerce, de transport et des services, où des considérations comptables s’ajoutent.

11 Au Maroc, on dit souvent que si le bâtiment marche tout marche.

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Ainsi, au niveau de l’économie national, on peut affirmer d’emblé qu’une modification de la demande finale en produits locaux est favorable pour l’économie nationale, dans la mesure où la part des fuites vers l’extérieur tend à diminuer. Celle-ci passe de 21% à prés de 18%. Ceci s’explique par le fait que la valeur ajoutée additionnelle issue de cette modification est plus importante que les accroissements en inputs importés. Cela peut être aussi vu comme une différence de multiplicateurs : en effet, le multiplicateur de revenu (et donc de valeur ajoutée) est de 1.47, alors que celui des importations intermédiaires se limite à 1.25. L’analyse par secteur nous indique que cette tendance moyenne n’est enregistrée que dans le secteur industriel d’une part (mais d’une façon plus prononcée, puisque la part des importations intermédiaires baisse de 48% à 38%), et d’autre part par le secteur énergétique (avec une baisse de prés de 2 points). Le reste du tissu productif s’inscrit dans le sens inverse, dont l’ampleur des variations avoisine celle enregistrée au niveau national. Le secteur du bâtiment se distingue largement dans ce cadre, car l’appel aux importations et plus net (une part qui passe de 9% à 21%).

Graphique 4.4 : Le partage entre valeur ajoutée et consommations intermédiaires importées

a) approche cumulée

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

BTP

Commerce

Services

Transp

communication

administration

Total

Importations cumulées inputs cumulés

b) approche directe

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

BTP

Commerce

Services

Transp

communication

administration

Total

importations directes inputs directs

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur.

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L’analyse des importations intermédiaires selon leur nature (cf. graphique 4.5) dénote d’une forte présence des produits industriels (prés des trois quarts au niveau global). Cette tendance moyenne est partagée par deux secteurs importants : ceux de l’industrie et de la construction. Le deuxième produit à l’import est constitué par les ressources de la terre, en l’occurrence les produits miniers et le pétrole brut. Comme on peut s’y attendre, le secteur énergétique importe environ 80% en ces produits. Les produits de l’agriculture sont importés à hauteur de 11%, largement au dessus de celle des produits miniers. Les trois autres produits restants se partagent 5% du montant total des importations. On note dans ce cadre les parts insignifiantes des produits transformés de l’énergie et du transport (moins de 1%). Côté services, on importe prés de 3% du total.

Graphique 4.5 : Structure des importations intermédiaires importées selon les secteurs et les produits

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

BTP

Services

Transp

communication

administration

Total

sect

eur

Produits

Agriculture

Mines

Energies

Industrie

Services

Transp

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur. 4. Multiplicateurs du revenu et de l’emploi Le multiplicateur du revenu est le rapport entre la valeur ajoutée cumulée (qui intègre l’ensemble des effets directs et indirects) et la valeur ajoutée directe. Pour l’économie nationale, ce multiplicateur se situe à 1.4, un niveau similaire à celui du multiplicateur de la production (cf. tableau 4.2). Par secteur, les niveaux les plus élevés sont enregistrés par les secteurs de l’industrie et de la construction, avec un niveau qui approche 2 (soit un effet indirect quasiment égal à l’effet direct). De même, ces multiplicateurs sont nettement différents de ceux de la production, en raison de la part relativement faible de la valeur ajoutée dans la production qui caractérise ces secteurs (entre 30% et 35%12). Par contre, les

12 Cf. tableau 4.1 de ce même chapitre.

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multiplicateurs les plus faibles au niveau sectoriel sont enregistrés par les secteurs des énergies, des communications et des services marchands, avec des niveaux se situant entre 1.1 et 1.2. Affichant des multiplicateurs de revenu similaires à ceux de la production, les secteurs agricole et non marchand confirment leur position de secteurs « médiane », où l’effet indirect représente prés du quart de la valeur ajoutée créée directement. Sur un niveau plus désagrégé13, deux branches se distinguent par des multiplicateurs de revenu très élevés (dépassant 2). Il s’agit de l’industrie alimentaire et de l’industrie de bois, dont les valeurs respectives remontent à 2.3 et à 3. Ces branches se caractérisent en parallèle par la faible part de la valeur ajoutée dans la production, ce qui limite ainsi ces effets au niveau global14.

Tableau 4.2: multiplicateurs de revenu et d’emploi

Valeur ajoutée

cumulée

Valeur ajoutée directe

Multipli-cateur de

revenu

Emploi cumulé

Emploi direct

Multipli-cateur de l’emploi

Multipli-cateur de

productionAgriculture 46 745 37 178 1,26 1 454 899 1 185 129 1,23 1,30

Mines 4 430 3 420 1,30 36 385 19 440 1,87 1,35

Energies 5 058 4 440 1,14 40 405 30 665 1,32 1,09

Industrie 81 962 43 511 1,88 2 085 911 1 119 653 1,86 1,45

BTP 28 074 14 809 1,90 737 530 454 875 1,62 1,77

Services 43 788 37 588 1,16 731 873 603 286 1,21 1,23

Transport 16 625 11 029 1,51 304 772 198 272 1,54 1,79

Communication 4 296 3 917 1,10 35 515 28 937 1,23 1,13

Administration 71 738 56 455 1,27 1 733 917 1 289 405 1,34 1,26

Total 342 750 238 987 1,43 8 854 403 6 182 295 1,43 1,43Valeurs ajoutées en millions de dh. Emplois en personne. Les multiplicateurs de production sont ajoutés pour mémoire. Calculs de l’auteur.

Les branches ayant les multiplicateurs les plus faibles (entre 1.1 et 1.2) sont : les branches de services marchands (hors restauration) ; les télécommunications ; les branches énergétiques (eau et électricité et raffinage de pétrole). Les « branches administratives » affichent des effets indirects différents quant à leur intensité : quasiment nuls (car leurs multiplicateurs de revenu ne dépassent l’unité que très légèrement) pour l’éducation et la santé, et relativement consistent pour l’administration publique générale et la sécurité (un multiplicateur de l’ordre de 1.4). Par type de demande finale (cf. graphique 4.6), les investissements se distinguent nettement par leur multiplicateur qui s’élève à 1.7. La forte présence des produits 13 Cf. tableau C de l’annexe 3. 14 D’ailleurs, le niveau de ce multiplicateur est inversement proportionnel au taux de la valeur ajoutée.

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industriels et de construction explique largement cette situation, qui, eux affichent, comme cela a été déjà signalé, des niveaux élevés de multiplicateur de revenu. Avec un multiplicateur avoisinant 1.6, les exportations arrivent en deuxième position en la matière. La consommation finale (avec ses deux composantes) enregistre un niveau inférieur à la moyenne nationale, tirée essentiellement par le faible multiplicateur de l’administration publique, ce qui trouve son origine dans le niveau élevé du taux de la valeur ajoutée dans la production de ce secteur.

Graphique 4.6 : Les multiplicateurs de revenu

par composante de la demande finale

Graphique 4.7 : Les multiplicateurs de l’emploi

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1,41

1,27

1,71

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Exportation Consommation Administration Investissement Total

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Exportation Consommation Administration Investissement Total

Source : TRE 1998 ; calculs de l’auteur. Le niveau du multiplicateur de l’emploi au niveau national est identique à celui du multiplicateur de revenu, soit 1.4. Cependant, le profil de ce multiplicateur, par composantes de la demande finale, est différent (cf. graphique 4.7). Ainsi, les exportations semblent avoir plus d’effet sur l’emploi, avec un multiplicateur aux environs de 1.6. Cela traduit en réalité l’intensité en main d’œuvre, relativement forte, de nos exportations. Les investissements ont aussi un multiplicateur supérieur à la moyenne nationale, tandis que la consommation finale tire le multiplicateur global vers le bas. La structure de ces multiplicateurs par secteur indique que les secteurs minier et industriel disposent du multiplicateur les plus élevés (avec respectivement 1.9 et 1.8). La réponse du secteur industriel reste toutefois la plus significative, car son multiplicateur signifie en terme absolu la création de prés d’un million d’emplois supplémentaires (alors que dans le cas des mines, l’effet multiplicateur équivaut à prés de 15 mille nouveaux emplois). Par branches, des effets indirects importants sont enregistrés par les branches suivantes15 : industrie alimentaire (avec un multiplicateur de 5) ; industrie chimique ; industrie du papier ; industrie de tabac. Les plus faibles multiplicateurs de l’emploi sont quasiment du ressort des branches déjà signalées pour le multiplicateur de revenu.

15 Cf. annexe 3 pour les détails.

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Conclusion Globalement, les quelques analyses développées lors de ce chapitre nous permettent de conclure à plusieurs points. Primo, le degré d’interdépendance ainsi que l’intensité des fuites vers l’extérieur (sous forme d’importations intermédiaires)16, font que le multiplicateur de production de notre appareil productif se situe aux alentours de 1.4. Cela veut dire que, pour satisfaire un dirham de demande finale supplémentaire, cet appareil se doit de créer, en plus de dirham, 40 centimes de production (sous forme de consommation intermédiaire) pour répondre à ce supplément de demande finale. Les multiplicateurs de revenu et d’emploi s’aligne quasiment sur ce lui de la production. Secundo, les composantes de la demande finale ayant le plus d’impact, telles qu’elles ressortent de nos calculs, sont les investissements et les exportations. Les premières ont un effet le plus important en matière de création de richesse (valeur ajoutée) et les deuxièmes en matière de création d’emploi. Il faut tout de même remarquer que les multiplicateurs de ces composantes ne sont pas très divergents. Tertio, le profil des secteurs (ou produits) fait apparaître trois groupes, selon l’ampleur de leurs effets d’entraînements. Le premier groupe est constitué des secteurs de transport et du bâtiment (avec des effets indirects estimés à prés de 80% de l’effet direct). Le premier attire avec lui les secteurs des énergies et des services marchands, alors que le deuxième s’avère être un grand consommateur des produits de l’industrie. Dans l’autre extrême, on trouve des secteurs avec de faibles multiplicateurs (entre 1.1 et 1.2), dont leur spécialisation affichée explique la faiblesse de leurs effets induits. Entre ces deux groupes, les secteurs primaires (agriculture et mines) enregistrent un multiplicateur proche de 1.3, et l’industrie affiche un multiplicateur aux environs de la moyenne nationale17 (dans ce dernier cas, il est intéressant de noter la part significative de la demande intermédiaire de ce secteur en produits agricoles). Par ailleurs, les analyses développées dans ce chapitre peuvent l’être davantage, mais ce n’est pas notre objectif. Une étude dynamique est particulièrement intéressante à entamer, car elle dépasserait la vision de la statique comparative vers une vision plus globale, qui se focaliserait sur les mutations et les changements structurels du tissu productif réellement observés durant ces dernières années. Une autre amélioration peut provenir d’une désagrégation plus poussée.

16 Tels qu’ils ont été décrit pas les statistiques pour 1998. 17 Ce qui traduit en fait l’effet de la moyenne.

Page 61: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Conclusion de la première partie

Indépendamment des critiques que l’on peut adresser au modèle de Leontief, et par conséquent à la théorie des coûts cumulés de base (notamment les effets nominaux non pris en compte et les changements éventuels de technologie), il n’en reste pas moins que ce modèle dispose d’une logique cohérente et très soutenable à court terme. Celle-ci se base sur le fait que la demande affectionne les évolutions de la production (offre). Cette demande est répartie en une partie exogène (demande finale) et une partie (consommation intermédiaire) qui a un comportement « technique », puisque elle dépend mécaniquement de la production. L’étude des structures productives reste un exercice pertinent qui est approché généralement (le mieux aussi) par la théorie des coûts cumulés de base. La désagrégation plus au moins suffisante du tableau des ressources et des emplois d’une part, et les imbrications entre les composantes de l’appareil productif qu’il permet d’autre part, constituent, en effet, des atouts majeurs de cette analyse. Comme cela a été expliqué au moment opportun, notre objectif n’est pas de faire des analyses « poussées » dans ce sens, car sinon, cela nécessiterait un travail à part entière. Au contraire, nous essayons d’améliorer notre perception du tissu productif, ce qui nous préparera, en principe, d’une meilleure manière pour la compréhension des résultats des simulations dans la dernière étape de ce travail.

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Construction d’un modèle quasi-comptable pour la simulation de variantes

D E U X I E M E P A R T I E

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Introduction de la deuxième partie

Avec cette partie, nous essayons de répondre à nos deux principaux objectifs que nous nous sommes fixés au départ, à savoir la construction d’un modèle quasi-comptable pour la sphère réelle de l’économie nationale et son exploitation pour la simulation de variantes. Les étapes de construction de notre modèle sont exposées dans le septième chapitre de ce rapport. Étant donné que l’élaboration d’un modèle nécessite le traitement de plusieurs éléments ou blocs (parfois interdépendants) d’une façon simultanée, nous avons voulu faire cet exposée d’une façon claire, selon une logique et un schéma directeur qui nous semble respecter le contenu de notre modèle et les spécificités de ses composantes. Le chapitre suivant dresse et analyse en même temps les résultats des simulations que nous avons fait subir au modèle. Pour ne pas encombrer le texte, nous avons laissé les détails pour la fin, sous forme d’annexes. Avant de présenter ce travail de construction et de simulation, nous avons opté pour une description de la technique utilisée. Ainsi, le premier chapitre de cette partie est une ébauche synthétique de la modélisation macroéconomique. Celle-ci nous permet en effet de se situer par rapport à la technique de base. Les fondements et les règles de la modélisation quasi-comptable seront abordés par la suite dans le sixième chapitre. Nous y présentons également quelques exemples de modèle du même genre, notamment le modèle Tablo, qui a fait émerger ce genre de modélisation.

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Chapitre

5 Modélisation

macroéconomique

Introduction D’une façon globale, la notion de modèle fait référence à une représentation simplifiée du phénomène étudié. Elle est simplifiée car la réalité ne peut, étant donné sa grande complexité, être approchée d'une façon parfaite. Dans ce sens, Malinvaud donne la définition suivante : « un modèle consiste en la représentation formelle d’idées ou de connaissances relatives à un phénomène. Son but est d’explorer les conséquences logiques des hypothèses retenues, de les compléter avec les résultats de l’expérience pour ainsi arriver à mieux connaître la réalité et à agir plus efficacement sur elle ». Si on peut faire un certain parallélisme avec l'estimation d'une équation (comportement) donné, ses variables exogènes constituent la partie la plus importante et dont on a la conviction de sa maîtrise, et le terme résiduel, souvent négligé, constitue la partie de la réalité dont on ignore le fonctionnement. Le caractère macroéconomique du modèle permet de tracer son champ : il s’agit de tous les phénomènes économiques à l'échelle d'un pays. Donc, on s'intéressera aux spécificités importantes de l'économie de ce pays, laissant de coté tout ce qui semble secondaire. En outre, ce modèle sera dit « appliqué » car il est confectionné pour décrire une économie, laquelle n'est pas abstraite mais peut être vue sous forme d'un ensemble de chiffres. Il existe plusieurs types de modèles macroéconomiques. Tout d'abord, les modèles macroéconométiques, les modèles vectoriels autorégressifs (VAR). Ces deux premiers types ont en commun le caractère économétrique, c-à-d qu’ils sont estimés empiriquement, mais se différencient du fait que les premiers supposent des a priori théoriques alors que les deuxièmes s'en passent1. On distingue aussi des modèles dits calibrés : les modèles d'équilibre général calculable (MEGC), qui cherchent à conceptualiser explicitement les comportements en dépit parfois d'une faible pertinence

1 Les VAR structurels se positionnent entre les deux car on y ajoute en aval des considérations d'ordre

économique.

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empirique. Ce chapitre s’attellera succinctement à la présentation de quelques aspects des modèles macroéconomiques. 1. Histoire de la modélisation macroéconomique La genèse de la modélisation macroéconomique a eu lieu en Europe vers la fin des années 30, avec le modèle développé par Tinbergen pour l'économie des Pays-Bas (en 1936 précisément). L'objectif recherché par l'auteur était de savoir si dans une conjoncture internationale défavorable, on peut relancer l'activité interne du pays sans dégrader sa position extérieure. Le développement de cette activité se fera par contre aux Etats-Unis. Celui-ci commença avec le modèle de Klein-Goldberg (1955), considéré comme l'ancêtre de la plupart des modèles construits par la suite dans ce pays. Durant les années suivantes (notamment années 60), la modélisation macroéconomique s'est largement diversifiée, sans pour autant présenter des différences marquées. En effet, les sept modèles développés à cette époque, recensé par Nervlove2, se ressemblent par une taille modérée ; un caractère trimestriel; et une structure keynésienne, mettant en lumière le poids central de la demande dans l'explication de l'activité. De la jusqu'aux années 80, le processus de modélisation a connu une véritable accélération, avec des modèles de taille plus grande, et un regard plus attentifs aux phénomènes nominaux (car il coïncide avec un contexte caractérisé par l'importance de ces phénomènes et par les critiques des monétaristes à l'égard des keynésiens) et aux mécanismes de dynamiques (on distingue désormais les anticipations, les accumulations et les ajustements). 2. Typologie des variables et des relations d’un modèle Un modèle peut être considéré, comme le note Brillet3, "comme un ensemble de relations interdépendantes permettant d'associer à un ensemble donné d'hypothèses les valeurs numériques d'un certain nombre de concepts". Cette définition met en évidence un autre aspect des modèles. En effet, ces derniers peuvent être vus comme étant une imbrication d’un ensemble de variables et un ensemble de relations. Ces éléments peuvent être de diverses natures. Concernant les variables, une première et importante distinction est à faire entre variable endogène et variable exogène. On appelle variable endogène une variable dont la valeur est calculée par le modèle. Les variables exogènes sont déterminées « à l’extérieur » du modèle. Pour ces dernières, il est utile de distinguer entre les variables instrumentales de politique économique et les variables non contrôlées. Les premières traduisent des décisions de politique économique, alors que les secondes, au contraire, échappent totalement au contrôle des autorités (environnement extérieur par exemple).

2 Source : Artus (1986). 3 Source : Brillet (1994).

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Le temps induit une autre distinction. Il existe dans ce cadre des variables de stock, qui mesure, à un instant donné, des encours et des stocks (de biens, de créances, de capital,...). Aussi, une variable de flux mesure, au cours d’une période, les réalisations d’un agrégat. Les flux représentent donc la variation du montant des stocks au cours de la période. Une autre distinction importante pour l’analyse économique concerne les valeurs ex-ante et ex-post des variables. La réalisation des prévisions macro-économiques s’appuient par exemple sur des données d’enquêtes réalisées auprès des entreprises ou des ménages (perspectives d’investissement des entreprises, intentions d’achat des ménages, niveau des carnets de commande des entreprises,...) qui n’assurent pas nécessairement une projection cohérente de l’activité économique globale. Sur le registre des relations et des équations du modèle, on énumère quatre types : les relations comptables, les relations de définition, les relations institutionnelles et les relations de comportement. Les relations comptables permettent d’assurer la cohérence comptable du modèle (équilibre ressources emplois par exemple). Les relations de définitions ou d’identité résultent quant à elles de la définition même des variables (partage du revenu entre consommation et épargne). Les relations institutionnelles traduisent les règles administratives propres à un pays (concernent principalement les barèmes fiscaux) et permettent de dégager des taux apparents. Les relations de comportement sont les plus importantes et plus délicates à formuler. Elles décrivent la manière dont se fondent les décisions des agents économiques (ménages, entreprises ...). Ces relations constituent le véritable coeur des modèles. Ces relations sont obtenues en se basant premièrement sur une théorie sous-jacente (pour les explications du comportement) et deuxièmement sur les techniques de l’économétrie (pour l’estimation). 3. Etapes de construction d’un modèle Le commencement naturel de la construction d'un modèle macroéconomique est la constitution des données historiques nécessaires, constituées généralement par des séries chronologiques. Les besoins en la matière sont définit en quasi totalité au départ, même si le déroulement des étapes peut amener à d'autres demandes en données statistiques. Les informations ainsi rassemblées doivent se conformer avec la périodicité du modèle (ce qui n'est pas toujours le cas, et dans cette situation on est amené à construire des variables4) et couvrir la même période. Un modèle macroéconomique traduit avant tout une théorie économique ayant l’aval de ses constructeurs. Partant de là, il est possible d'écrire analytiquement les équations du modèle (y compris les équations comptables), ce qui définie un squelette du modèle. A ce niveau on doit s'assurer de la cohérence d'ensemble du modèle, à la fois sur le plan théorique (pas de divergence de comportements), ou sur le plan statistique (même désagrégation et même variables exogènes pour tous les blocs).

4 L'exemple le plus connu est la trimestrialisation.

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Il n'est pas dit pour autant que cette écriture a priori est unique, mais elle peut admettre plusieurs variantes, soit d'une façon intrinsèque (équations qui n'appartiennent pas au cœur central du modèle), soit à cause de l'impossibilité d'application d’un aspect particulier d'une théorie. Le dialogue entre théorie et économétrie n'est vraisemblablement pas à sens unique. L'estimation fait appel à des techniques et logiciels économétriques, et se base dans la plupart des cas sur la méthode des moindres carrés ordinaires5 et d’une façon isolée, ignorant ce faisant les problèmes posés par l'existence de simultanéités à l'intérieur du modèle. Par ailleurs, on prend soin de l'autocorrélation des résidus (par des techniques ad hoc), ce qui se traduit par l’introduction des retards, lesquels représentent le plus souvent des anticipations ou des rigidités. Une fois la phase de l'estimation terminée, les modélisateurs passent à la résolution du modèle. Celle-ci signifie la recherche d'une solution de ce dernier, écrit le plus souvent sous sa forme déterministe et sous forme résolue (c-à-d par rapport à chacune des variables endogènes). Après ces étapes, la validation du modèle est l’étape suivante. Notons qu'une forme de validation (ex ante) est déjà mise en œuvre au niveau de l'estimation du modèle, notamment dans l'utilisation des techniques économétriques. A ce stade, il s'agit plus de validation ex post. Les simulations ex post sont effectuées sur l'ensemble de la période d'estimation. En principe, tant que cette simulation donne de bons résultats, tant que le modèle est meilleur. En distinguera dans ce sens : • Les simulations statiques, qui prennent en compte, à chaque période, pour les

variables retardées, leurs valeurs historiques. Il s'agit en réalité d'une suite de projections indépendantes à horizon d'une période.

• Les simulations dynamiques, qui utilisent les résultats de simulation de périodes précédentes.

Après ces simulations on recourt à des méthodes dont l'objectif est plutôt de vérifier les propriétés théoriques (la conformité de ses propriétés à la théorie économique qui a été à la base de sa construction), d'un modèle. Dans ce cadre on retrouve l'analyse variantielle essentiellement. Le principe de l’analyse variantielle est de simuler le modèle avec un choc exogène à une date donnée. Par la suite, on s’intéresse à la réponse des variables endogènes donnée par le modèle, qu’on dénomme couramment variante analytique. La présentation d’une variante consiste à comparer le résultat d’une simulation après avoir introduit le choc, avec une simulation sans ce choc. Cette dernière simulation est appelée « compte central » ou variante de référence. Sur le passé, elle peut être constituée de données historiques, tandis que pour des dates futures, elle peut de même correspondre à une projection.

5 Les estimations à base des modèles à correction d’erreurs se sont répandues actuellement, et ce pour

faire face au problème de la racine unitaire.

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Conclusion Il est impossible de parler du sujet objet de ce chapitre sans faire appel à la principale critique adressée aux modèles macroéconomiques. Désignée par la « critique de Lucas », elle remet en cause l’hypothèse de stabilité des comportements des agents économiques, sous-jacente à ces modèles, en raison des anticipations rationnelles que fassent ces agents. On retrouve aussi cette critique lorsque le modèle est utilisé en variantes, et traduit la séparabilité supposée entre le compte central et la variante analytique. En effet, la séparabilité supposée entre le compte central et la variante n’est pas toujours de mise, puisque le comportement des agents économiques, représenté par les coefficients structurels du modèle, peut changer à la suite d’une mesure de politique économique. Cela implique que l’utilisation des modèles économétriques en variantes doit se faire en principe, pour chaque variante, avec une nouvelle estimation de ces coefficients structurels, ce qui est impossible en pratique. Mais il n’en demeure pas moins qu’en s’efforçant de dépasser ce problème, une analyse des anticipations des agents économiques, eu égard ces mesures de politique économique, est suggérée, mais dont la plupart des tests empiriques ne confirment pas. Face à ces faiblesses supposées, la modélisation macroéconomique reste un outil qui permet une description d'ensemble et simultanée de l'économie et une analyse cohérente des effets des politiques économiques. Elle revêt aussi un intérêt au niveau de la sphère académique, en proposant un cadre de confrontation des théories économiques.

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Chapitre

6 Modélisation

quasi-comptable Introduction La modélisation quasi-comptable est une modélisation qui se base essentiellement sur les tableaux des ressources et des emplois (tableaux des échanges interindustriels (TEI), tableaux entrées-sorties (TES) ou TRE selon les développements de la comptabilité nationale). Elle est largement répandue dans les pays en développement, là où les modèles macroéconomiques, ne peuvent pas être construits selon la tradition occidentale. Deux raisons à cela : la principale est liée au manque des séries longues et pertinentes sur les agrégats économiques, tandis que la deuxième est en relation avec les rigidités qui caractérisent ces économies. Les modèles quasi-comptables sont des modèles généralement modulaires et désagrégés, ce qui les oppose nettement aux autres modèles macroéconomiques. En réalité, ce sont là deux avantages de ce genre de modélisation, puisque ils induisent d’une part une facilité (relative) et une flexibilité de leur construction, et d’autre part, la richesse de leurs résultats et conclusions. Ces modèles sont utilisés tant pour la prévision que pour les études d’impacts. Il faut toutefois noter que la tendance est orientée plus vers les utilisations variantielles. Ils constituent en effet des instruments privilégiés pour la simulation de politiques économiques et pour la planification. Sur le registre des prévisions, leurs résultats concernent essentiellement le court terme, en raison de l’hypothèse sous-jacente de la stabilité des structures de l’économie. 1. Architecture générale des modèles quasi-comptables 1.1. Noyau dur Les modèles quasi-comptables (MQC) sont fondés sur un TRE où s’opère le « cœur » de la projection macroéconomique en volume et en valeur. Le TRE est relié aux différentes variables-clés utilisées habituellement pour le pilotage de la politique économique et qui sont représentées dans d'autres modules : le Tableau Economique d’Ensemble (TEE), le Tableau des Opérations Financières (TOF), la balance des paiements, la situation monétaire, les comptes économiques, etc.

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Le TRE est intégré dans un MQC sous forme agrégée et adaptée aux besoins de modélisation. Ainsi, les branches ou les secteurs sont choisis en fonction de leur importance (création de la valeur ajoutée, les exportations ou les finances publiques) et selon les objectifs de la modélisation de départ. Dans un modèle quasi-comptable, l'équilibre entre l'offre et la demande des biens et services est réalisé en valeur et/ou en volume, successivement pour chaque année de projection, au sein des TRE. La méthode de projection est simple et largement diffusée On peut la décomposer en une projection en volume (sous l’hypothèse de coefficients techniques stables) et une projection en valeur (en multipliant chaque ligne par le prix correspondant). Au cours de ce processus, les consommations intermédiaires sont calculées ainsi que les différentes composantes de la valeur ajoutée (salaires, bénéfices, impôts indirects, etc.). 1.2. Composantes de la demande En ce qui concerne la demande finale, la consommation publique ainsi que l'investissement public sont généralement considérés comme des variables-instruments dans le MQC, c'est-à-dire que ces variables peuvent être manipulées par l'utilisateur. Cette manipulation doit tenir en compte que, parfois, ces dépenses publiques comprennent une partie importante de charges récurrentes peu flexibles. L'investissement privé est souvent exogène ou projeté économétriquement à partir des relations qui le lient avec d'autres variables pertinentes, telles que l'évolution du PIB, de la valeur ajoutée ou le chiffre d'affaires dans certains secteurs d'activités, du crédit à l’économie, etc. Dans la plupart des cas, toutefois, en raison de la base statistique, trop étroite pour établir de véritables relations économétriques, ces projections n'ont d'autre but que de fournir une indication à l'utilisateur sur le sens et l'ampleur probable de l'évolution à venir. Les exportations sont habituellement considérées comme des variables exogènes ou, cas moins fréquent, déterminées à partir des hypothèses émises sur l'évolution des variables prix et quantités au sein de sous-modules basés sur les spécificités du marché mondial des principaux biens exportés. Les variations des stocks constituent aussi des données exogènes, à l'exception parfois des stocks du secteur élevage et des produits vivriers (notamment des céréales dans les pays sahéliens) ou certains biens d'exportation. Quoiqu’il soit possible de déterminer la consommation des ménages par solde, la plupart des MQC utilisés en pratique ajoutent une relation entre le revenu disponible des ménages et leur consommation finale. En général, le calcul reproduit la structure de la consommation de l’année précédente, mais il est tout à fait possible de modifier cette répartition, si l'on veut tester d'autres hypothèses (par exemple pour simuler un phénomène de substitution).

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1.3. Equilibre du modèle Les modèles quasi-comptables obéissent en grande partie à la logique keynésienne de la demande. En effet, celle-ci influence la production qui, à son tour génère des revenus qui se transforme, a leur tour, en demande. Cette procédure ne doit toutefois pas être appliquée d'une manière mécanique. Il existe, notamment dans les pays en développement, des secteurs qui échappent à cette logique. C'est le cas en particulier pour la production du secteur primaire, qui représente souvent une part importante du PIB, et dont la croissance dépendant plutôt des conditions climatiques. Il est de même pour certaines branches exportatrices, où l'offre est souvent incapable de répondre à court terme à la demande mondiale. Le calcul des variables se fait de façon itérative jusqu’à l’obtention de l’équilibre, parce que chaque modification de la production entraîne un changement des revenus (salaires et profits), qui à son tour modifie les niveaux de la demande finale, et donc des productions liées à la demande, et ainsi de suite. Le MQC recalcule les différentes relations jusqu’à ce qu’il atteigne un double équilibre en valeur et en volume, les variations d’une itération à l’autre étant de plus en plus petites. En valeur le solde se fait généralement sur l'Excédent Brut d'Exploitation (EBE), alors qu’en volume celui-ci se fait sur la production (secteurs de demande) ou sur un poste adéquat de la demande finale (secteurs d’offre). Au cours de ce processus, les consommations intermédiaires, locales et importées sont calculées ainsi que les différents éléments de la valeur ajoutée (salaires et EBE essentiellement). 1.4. Autres blocs Outre le bloc « équilibre ressources-emplois » dont le fonctionnement est décrit ci-dessus, un MQC comprend en général un certain nombre d'autres blocs/modules spécialisés et plus ou moins étoffés. Ces ajouts dépendent en large partie des besoins et de la disponibilité de l’information. Par exemple, il est possible d’ajouter des estimations économétriques de certaines composantes de la demande finale. Il est également possible de modifier le modèle pour rendre endogène la détermination de certains prix. Cela passe en général par la règle de mark-up, selon laquelle les prix sont indexés sur les coûts de production1. Par ailleurs, les ajouts les plus fréquents concernent des modules spécialisés (à titre d’illustration : module de projection de la dette publique, module de calcul de l’emploi par branche et par qualification, projection détaillée des dépenses en personnel de l’administration publique par catégorie). La nécessite d’un module spécifique pour provenir de l’existence de branche clés dans l’économie, qui est généralement le cas dans les pays en développement. On y trouve dans ce sens des branches liées aux activités agricoles ou aux matières premières (notamment le pétrole).

1 Cf. l’endogéniéisation des prix dans le modèle de Leontief au deuxième chapitre.

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Aussi, rien n’empêche dans un modèle MQC de décrire un équilibre de marché. Cette démarche serait très utile dans le cas d’un produit particulier qui jouit d’une grande importance dans le circuit économie. La situation du marché de ce produit affecte en règle générale son prix, et un module supplémentaire peut être ajouté pour modéliser ces mécanismes. 2. Utilisations d’un modèle En général, les modèles macroéconomiques, et a fortiori les modèles quasi-comptables, donnent lieu essentiellement à deux types d’application : d’une part, l’élaboration de prévisions économiques, et d’autre part, la réalisation de variantes destinées à estimer les conséquences macroéconomiques d’une mesure ou d’un ensemble de mesures de politique économique2. 6.1. Réalisation des prévisions La réalisation des prévisions à l’aide d’un modèle est loin d’être une tache purement automatique. L’amener à bien nécessite en règle générale des profils assez diversifiés (analyste économique, conjoncturiste). L’exercice de prévision passe par plusieurs étapes :

• Analyse des erreurs commises par le modèle lors de la dernière prévision ; • Projection des variables exogènes (environnement international, politique

économique dévoilée) ; • Projection des variables d’écart (erreur entre les réalisations et les estimations du

modèle). C’est un moyen en effet d’introduire des phénomènes récents non encore pris en considération.

Ainsi, les résultats obtenus en prévisions dépendent des hypothèses faites sur l’évolution des variables exogènes et les variables d’écart. De plus, un retour sur ces hypothèses n’est pas exclus, et ce pour assurer la cohérence des prévisions. 6.2. Analyse variantielle Les modèles macroéconomiques, et les modèles quasi-comptables en particulier, constituent un outil privilégié pour les analyses d’impact et des politiques économiques. Par ailleurs, l'utilisation d'un modèle pour l'analyse des variantes est utile pour tester les propriétés de celui-ci en, car elle constitue un examen logique de ses mécanismes mis en œuvre (la conformité de ses propriétés à la théorie économique qui a été à la base de sa construction). Le principe de l’analyse variantielle consiste à simuler le modèle avec un choc exogène à une date donnée. On s’intéresse, par la suite, à la réponse des variables endogènes donnée par le modèle, qu’on dénomme couramment variante analytique. La présentation d’une variante consiste à comparer le résultat d’une simulation après avoir introduit le 2 Il en existe une troisième, moins connue, appelée « cliométrie », qui consiste à la relecture du passé en

essayant de mesurer les impacts dans le passé d’un facteur donné.

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choc, avec une simulation sans ce choc. Cette dernière simulation est appelée « compte central » ou variante de référence. Sur le passé, elle peut être constituée de données historiques, tandis que pour des dates futures, elle correspond à une projection ou prévision standard. Selon le type de choc effectué, on distingue trois types de variantes : les variantes à choc entretenu, où la modification est prolongée indéfiniment ; les variantes à choc ponctuel, où le changement disparaît dès la deuxième période ; et enfin les variantes en escalier, où le choc est amplifié à chaque période d’une amplitude identique. L’interprétation des résultats du dernier type est souvent difficile, alors que le premier présente un avantage descriptif, dans le sens où les graphiques qui lui sont associés permettent mieux de distinguer les évolutions. Par ailleurs, pour les variantes à choc ponctuel, il est difficile à faire cette distinction en raison du retour rapide des variations vers zéro. 3. Revue de quelques cas de modèles quasi-comptables 3.1. Modèle TABLO : le plus célèbre Le modèle TABLO3 a été développé à partir de 1987 par le Service des Etudes Economiques de la Caisse Française de Développement. Le seul bouclage économique du modèle passe par une relation revenu-consommation qui reflète une structure de type « keynésien élémentaire ». Le fonctionnement de TABLO est purement statique. Il se limite à projeter un cadre de cohérence comptable définit conjointement à partir d’un Tableau Entrées-Sorties (TES) qui décrit les relations interindustrielles et les équilibres ressources-emplois par produits ; un Tableau Economique d’Ensemble (TEE) qui présente une synthèse des comptes des agents ; un Tableau des Opérations Financières (TOF) qui retrace les opérations financières et un module de la dette extérieure. Le modèle ne comporte aucun mécanisme de retour du secteur financier ver le secteur réel. Le fonctionnement du modèle consiste à projeter ces tableaux, à partir des hypothèses exogènes qui sont postulées en amant, généralement synonymes de structure identique à celle de l’année de base. Le système productif dans ce modèle est réparti en trois sortes de secteurs :

• un secteur d’offre où la production est fixée à court terme de manière exogène. Ce secteur regroupe, selon les cas, l’agriculture traditionnelle, l’agriculture d’exportation, le bois, le pétrole et les mines.

• un secteur de demande qui, en raison de l’existence de capacités excédentaires de production et d’une main d’oeuvre immédiatement disponible, peut ajuster sa production à la demande. La production dans ce secteur est calculée selon un schéma keynésien traditionnel (boucle production-demande). Ce secteur est constitué par les BTP, les transports, les services et le commerce.

3 Abréviation tirée des noms des constructeurs du modèle : Daniel Tommasi, Jean-Joël Aerts, Blaise

Leenhardt et Gaston Olive.

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• un secteur intermédiaire dont le traitement dépend des capacités de production disponibles. Ainsi, il est assimilé à un secteur de demande tant que la production est inférieure aux capacités de production, et à un secteur d’offre dans le cas contraire. Ce secteur comprend diverses branches industrielles.

Quant à l’autre composante de l’offre, en l’occurrence les importations, elles sont calculées à partir des contenus en importations des demandes finale et intermédiaire. La consommation finale des ménages est proportionnelle au revenu disponible. C’est sur cette variable que s’effectue le bouclage volume-valeur du TES. La structure de cette consommation est supposée constante, comme d’ailleurs pour les autres composantes de la demande finale. En plus, celle-ci est considérée, hormis la consommation des ménages, comme exogène. Les prix sont exogènes sauf pour les besoins de la prévision à moyen terme (4-5 ans) où est introduit un mécanisme de répercussion automatique des coûts sur les prix. Cette structure relativement simple du modèle TABLO impose un certain nombre de limites à son utilisation. Ce sont tout d’abord les limites inhérentes à tout modèle de type quasi-comptable : d’une part, ce modèle ne permet pas de vérifier la pertinence des hypothèses qui sont postulées puisqu’on ne peut procéder à leur validation sur le passé comme pour un modèle économétrique ; d’autre part, les modèles comptables reposent sur des relations de proportionnalité, c’est à dire que les paramètres sont des propensions moyennes, ce qui peut poser des problèmes dans l’utilisation « en variante » du modèle. Il arrive en effet fréquemment que la propension marginale diffère de la propension moyenne par une constante qui peut conduire à sous-estimer l’effet réel si la propension moyenne est inférieure à la marginale et à le surestimer dans le cas contraire »4. Par ailleurs, la structure essentiellement linéaire du modèle TABLO caractérisée par des fonctions de production à coefficients fixes, la rigidité de la demande finale et l’absence de relations de comportement ne permet pas d’appréhender les effets des variations des prix relatifs sur les structures économiques. Le modèle TABLO se contente en fait de projeter des structures identiques et de retracer les répercussions mécaniques d’un choc sur l’appareil productif. De ce fait, il est d’un intérêt limité pour l’analyse des politiques d’ajustement structurel où les incitations par les prix sont l’instrument principal de réallocation des ressources. Seules les politiques de restriction de la demande finale peuvent être correctement appréhendées. En dépit de ces objections il faut reconnaître que le modèle TABLO constitue un outil d’analyse parfaitement adapté à l’élaboration des projections macro-économiques et financières à court-terme. Il fournit en effet un cadre de cohérence comptable suffisamment détaillé aux perspectives budgétaires tout en permettant de simuler la croissance économique. Son intérêt pour l’élaboration des prévisions économiques et l’établissement des budgets économiques est indéniable. 4 Cf. Muet (1987).

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3.2. Modèle FuturCanada® Le modèle FuturCanada® est un modèle macroéconomique détaillé interrégional de grande taille. Il intègre 10 provinces canadiennes, les trois territoires et l’ensemble des activités extérieures du Canada. Il retient aussi une nomenclature de 43 catégories de biens et services et 38 secteurs productifs. Ce modèle se caractérise par ailleurs par son fonctionnement basé sur de sous-modèles (quatorze sous-modèles au total). L’objectif derrière la construction de ce modèle est de permettre l’analyse et la simulation d’un grand nombre de politiques et de chocs économiques. Il faut dire que l’aspect privé et commercial de ses constructeurs explique ce penchant. Ces impacts sont captés, pour un horizon de 2021, tant au niveau régional et territorial qu’au niveau national agrégé, et ce, en se basant sur un scénario de base neutre (le plus vraisemblable) et les hypothèses de la variante. Ce modèle peut être vue aussi comme une interaction de plusieurs blocs, faite par le biais des flux de variables que contient (entre autres : les structures industrielles, les systèmes de prix, l’évolution démographique, les comportements des consommateurs, finances publiques, commerce extérieur). Tous les sous-modèles sont liés ensemble par leurs échanges économiques entre régions. Chaque province et territoire a sa propre structure de coefficients d’inputs par secteur et ses propres coefficients de part de marché pour les biens et services produits par chaque secteur dans chaque économie régionale. Le cœur du modèle est construit autour des tableaux interindustriels pour chaque province et territoire. Le cadre analytique général est complété par une demande finale très détaillée (46 catégories), particulièrement en ce qui a trait aux flux d’échanges entre toutes les provinces, les territoires et les autres pays. La consommation des ménages subit un traitement micro-économique. Le modèle distingue 13 catégories de ménages, définies en fonction de l’âge du chef, plus une autre catégorie réunissant toutes les personnes vivant en institution. Des élasticités-prix directes et croisées pour les différentes catégories de dépenses et des élasticités-revenus pour chaque catégorie de ménages sont donc calculées. Il est à noter aussi que le modèle utilise toutes les variables nécessaires pour déterminer la population (taux de natalité, mortalité, immigration et émigration etc.). Les revenus et les dépenses des gouvernements son endogènes dans le modèle. Pour les prix, seulement leurs conséquences ont été prises en compte. Les dépenses d’investissement ont été reliées aux évolutions de la productivité. 3.3. Modèle MEGA Le modèle MEGA est un modèle quasi-comptable construit pour l’économie gabonaise. En étant une économie sous développée, Celle-ci se caractérise notamment par le poids du secteur des hedrocarbures de son circuit économique. Le modèle MEGA comporte 135 équations (autant de variables endogènes), dont 52 relations de comportement. Sur ces 52 équations, trois seulement s'apparentent à des relations économétriques : il s'agit

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essentiellement des relations qui font intervenir des aspects dynamiques et par conséquent des délais d'ajustement : la fonction de consommation, la fonction d'investissement et la fonction d'emploi du secteur privé non pétrolier. Toutes les autres relations du modèle sont des relations de comportement "quasi-comptable". Concernant le noyau du modèle, en l’occurrence le bloc Production-Demande-Revenus, ce dernier distingue le secteur pétrolier hors raffinage et l'ensemble des autres secteurs, y compris le secteur non marchand et les autres secteurs exportateurs. Dans le secteur pétrolier, la production en volume est exogène. Son équilibre détermine les exportations par solde, en retranchant à la production la consommation intermédiaire pour le raffinage et les variations de stocks. Dans le secteur non-pétrolier, la production est déterminée par la demande, le partage importations-production résultant d'une fonction d'importation. Le bouclage keynésien se limite dans le modèle au secteur non pétrolier. L'équilibre des biens et services hors produits pétroliers détermine la production en valeur de ce secteur. Les composantes exogènes de la demande sont essentiellement les exportations, les variations de stocks et, dans la version du modèle à dépenses publiques exogènes, les dépenses publiques (consommation et investissement). L'emploi du secteur pétrolier est exogène. Dans le secteur non pétrolier, le volume de l’emploi dépend du volume de la production selon une relation traditionnelle traduisant la viscosité de l'ajustement de l'emploi à la production (cycle de productivité). Les taux de salaires des deux secteurs et des administrations sont exogènes. Le revenu disponible des Ménages est la somme de la masse salariale et des intérêts et dividendes reçus par les ménages, diminuée de l'impôt sur le revenu. La consommation s'ajuste au revenu avec une propension à consommer constante à long terme et des délais d'ajustement assez courts. L'investissement du secteur pétrolier est exogène et celui du secteur non pétrolier hors déterminé par un accélérateur flexible. Les impôts indirects nets de subventions des deux secteurs sont proportionnels à la production. L'impôt sur les sociétés est proportionnel à l'excédent brut d'exploitation de l'année précédente. L'impôt sur le revenu est proportionnel à la masse salariale. Les intérêts et dividendes versés par les entreprises sont calculés à partir des besoins de financement (BFE) des trois dernières années, le coefficient de proportionnalité dépendant du taux d'intérêt. Le modèle intègre aussi un module plus au moins étoffé qui traite de la dette. 3.4. Modèle RDTG Le modèle RDTG5 est un modèle qui reste extrêmement proche des modèles du type TABLO. L’objectif premier qui lui a été assigné est d'étudier les effets d'un certain nombre de chocs exogènes. Le coeur du modèle consiste en la projection en volume du TES de l'année N à l'année N+1. L’hypothèse fondamentale est que le TES projeté a la même structure que celui de

5 Pour Reprise Développée du TES Guyane.

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départ. Ensuite, les prix par produits (endogènes et exogènes) sont ajoutés pour la projection du TES en valeur. Enfin, la transition entre valeur et volume est assurée avec une fonction de consommation keynésienne pure. Dans ce modèle, les branches ne sont pas traitées de la même manière. Des distinctions ont été faites entre :

• Les branches d'offre : Entrent dans cette catégorie les activités primaires (la production est déterminée de façon exogène par les moyens de production et les conditions naturelles) et le transport spatial (indépendant de l'évolution économique de la Guyane).

• Les branches de demande : Entrent dans cette catégorie l'ensemble des activités secondaires ainsi que le tertiaire marchand (à part les assurances et le secteur financier). L'hypothèse faite est typiquement keynésienne : il y a une masse de moyens de production inutilisée suffisante pour que l'on puisse considérer à moyen terme qu'il n'y a pas de limites à la capacité de production. Le capital est toujours disponible et mobilisable sans difficulté et il est toujours possible de trouver les travailleurs que l'on cherche sur le marché du travail sans y créer de déséquilibre (essentiellement sans augmenter les salaires).

• Les branches particulières : il s’agit de la branche fictive et la branche non marchande. Pour la première, elle est considérée exogène, quant à la deuxième, la masse de la consommation intermédiaire et les autres frais liés à la production sont considérés comme exogènes.

Cette projection du TES en volume recourt à plusieurs hypothèses :

• Les coefficients techniques de production sont constants (hypothèse habituelle de l’analyse input-output).

• La structure de la consommation en valeur est constante. • La structure en volume de la formation brute de capital fixe est constante. • Pour ces trois hypothèses, on considère que les biens locaux et les biens

importés ne sont pas substituables. • La variation des stocks de chaque produit est proportionnelle à la production (ou

à l'importation) de chaque produit. • Les exportations sont exogènes. • Le compte d’exploitation des branches est supposé à structure constante, ce qui

implique que tous ses éléments soient calculés avec des taux apparents. L’introduction des prix dans ce modèle est faite par produit (hors commerce), et en taux de croissance des prix de l’année précédente. Il est supposé que les prix des importations ne varient pas comme ceux des biens locaux (car non substituables). Par ailleurs, le modèle fait la distinction entre :

• Les prix des secteurs à prix exogènes : Les secteurs concernés sont le secteur primaire (Agriculture, Sylviculture et Pêche), les secteurs en position quasi-monopolistique (Transport spatial entre autres) et les secteurs pour lesquels il est difficile de déterminer le niveau des prix (réparation et commerce d'automobiles, assurances entre autres).

• Le prix des importations : ils sont indexés directement sur les prix étrangers. • Le prix des secteurs à prix endogènes : où un comportement de murk-up est

retenu pour ces secteurs.

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Le bouclage entre les volumes et les valeurs est assuré par la consommation des ménages. Celle-ci est calculée sur la base de leurs revenus, en supposant que la propension à consommer est constante. Le revenu des ménages est calculé selon une logique comptable avec la détermination séparée de ses composantes :

• Les salaires sont obtenus en sommant l'ensemble de ceux versés par les branches.

• L'EBE des ménages est proportionnel à l'EBE de l'ensemble des branches. • Les revenus de la propriété et de l'entreprise sont essentiellement calculés sur la

base de l’EBE des entreprises (coté ressources) et sur la base du stock de la dette des ménages.

• Les cotisations et les prestations sociales évoluent respectivement comme les salaires et la consommation.

• Les autres transferts courants suivent les fluctuations des salaires • Les transferts en capital sont liés à l’évolution de la FBCF

Le modèle ainsi décrit présente des limites, au demeurant liées aux hypothèses de travail retenues. Tout d’abord, le modèle n’intègre pas des effets de retour des valeurs, et donc des prix, sur les volumes, ni des phénomènes de substitution entre les produits locaux et les importations. Les prix, pour la partie endogène, sont indexés sur les coûts de production, et donc ne traduisent pas l’existence éventuelle de tensions sur les marchés. Par contre, le modèle semble atteindre ses objectifs de départ. Son constructeur le mentionne d’ailleurs en disant que « c'est une modélisation essentiellement adaptée à l'étude du tissu productif (et donc à la planification) mais affinée de manière à prendre en compte les problèmes liés à la demande des ménages et les effets d'une inflation par les coûts sur celle-ci. Il ne faut pas croire qu'elle peut avoir des ambitions supérieures, mais il ne faut pas non plus sous-estimer celles qu'elle a ». Conclusion Comme toute modélisation, la modélisation quasi-comptable présente des avantages et souffre d’inconvénients. Ces derniers sont liés essentiellement à l’hypothèse de base de ces modèles, à savoir le maintien des structures fixes. Ainsi, les résultats variantiels modèles de ces modèles ne seraient pas très pertinents en présence de grands projets ou de branches à croissance rapide. En outre, les prévisions fournies par ces modèles pour le moyen terme sont à prendre avec précaution. Par contre, il faut reconnaître que ces modèles présentent plusieurs avantages, et sont encore largement utilisés. Le premier avantage est lié à la structure modulaire de ces modèles, ce qui leurs confère une grande flexibilité. Cette situation est palpable à la fois au niveau des nomenclatures (produits, branches, agents) qui ne sont pas figée a priori, et au niveau des l’estimation des comportements macroéconomiques des agents (on peut utiliser des estimations économétriques sur des agrégats agrégés, ou des modules de simulation microéconomique). Les exemples cités dans ce chapitre, même si leur nombre est réduit, confirment cette flexibilité et cette structure modulaire.

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Le deuxième avantage, lié au demeurant au précédent, est relative à la diversité des utilisations de ces outils. Ainsi, on recourt à ces derniers pour la prévision proprement dite, comme pour l’élaboration des comptes nationaux provisoires. Mais c’est au niveau des analyses contrefactuelles que ces outils sont mieux adaptés. Pour raison, leur structure désagrégée qui intègre en aval les effets et les interactions qui existent entre toutes les composantes d’une économie.

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Chapitre

7 Construction du

modèle Introduction Comme c’est mentionné dans le chapitre précédent, la modélisation quasi-comptable est essentiellement une technique qui vise à la « projection » d’un cadre à la fois désagrégé et cohérent d’une économie. Ce cadre n’est autre que le tableau des ressources et des emplois (TRE) dans ce cas. Le modèle construit vise à décrire le fonctionnement de l’économie nationale (dans un cadre cohérent) en volume. Ceci veut dire que le modèle n’intègre pas les prix et, par conséquent, les effets nominaux. L’objectif principal que nous recherchons est une modélisation de l’équilibre ressources-emplois en volume et par groupes de produits. Par ailleurs, le modèle adopte le nouveau système de la comptabilité nationale comme base de travail, et ipso facto, toutes ses définitions et règles, dont le premier chapitre en a fait une synthèse. La première étape consiste donc à calibrer le modèle pour l’année de base (1998). Ceci veut dire appliquer l’ensemble des équations aux données de cette année, pour s’assurer de sa cohérence et surtout de la reproduction des équilibres de départ. Le reste du travail sera de transposer cette structure aux années ultérieures avec les équilibres statiques et les enchaînements dynamiques adoptés a priori. La présentation, durant ce chapitre, des travaux de construction du modèle en question se ferait selon une double logique : tout d’abord, du global vers le détail, et deuxièmement, suivant les blocs du TRE. De la sorte, nous présenterons premièrement la structure et le fonctionnement du modèle d’une façon globale. Ensuite, nous enchaînerons par une description plus détaillée des différents blocs du TRE. Par ailleurs, les notations de l’ensemble des variables du modèle sont données en annexe 4, ainsi que la totalité des équations du modèle. 1. Architecture globale du modèle Le modèle retient une nomenclature en dix secteurs. Celle-ci est à la fois dictée par les besoins d’analyse et est conforme avec les nomenclatures retenues par les comptables nationaux et les centres de prévision au niveau national. En plus, les dix secteurs

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permettent largement un degré de détail satisfaisant, et ce, à moindre coût. Pour des considérations comptables, nous avons retenu aussi en parallèle deux autres branches, dites conventionnelles : la branche fictive et la branche de la correction territorial. Le fonctionnement global du modèle est d’inspiration keynésienne1. Il répond à la logique de la demande. En effet, c’est cette dernière qui conditionne à court terme le niveau de l’offre. Une partie de cette offre est satisfaite par la production locale, alors que l’autre partie provient de l’extérieur par le biais des importations (ce qui constitue des fuites). La production locale génère des revenus, qui, à leur tour créent de la demande, et ainsi de suite. Le mécanisme décrit précédemment s’apparente avec celui du multiplicateur keynésien :

Demande => production => revenu => demande Un autre mécanisme, celui de l’accélérateur flexible, est mis aussi en œuvre dans le modèle. Selon ce mécanisme, la demande en capital (investissement) est en relation avec les accroissements de la production. Ces logiques ne sont pas cependant transposées sur l’ensemble des secteurs. Le tissu productif (les dix secteurs) est subdivisé en trois types de secteurs. Le secteur de l’agriculture et de la pêche représente le premier type. Ce dernier est considéré comme un secteur d’offre, ce qui veut dire que sa production n’est aucunement liée aux évolutions de la demande en ces produits, mais au contraire, elle dépend des facteurs externes (conditions climatiques, préparatifs de l’année agricole, etc.). Le deuxième secteur traité à part est celui des administrations publiques. Il s’agit d’un secteur qui est considéré généralement comme exogène, et traduit en outre la politique de l’Etat. Sur le plan comptable, il est régi par des traitements ad hoc, en raison principalement du fait que sa production qui ne peut pas être répartie selon ses utilisateurs2. Le dernier type englobe les secteurs dits de demande. La raison en est que ceux-ci suivent la logique de la demande, qui détermine en aval le niveau de leur production3. Les secteurs qui sont considérés ainsi sont :

1. Mines 2. Energie 3. Industrie 4. Bâtiment et travaux publics 5. Commerce 6. Services marchands 7. Transport 8. Communication

1 Cf. figure 7.1 pour une mise en cohérence de l’ensemble des enchaînements du modèle. 2 In fine, la production du secteur est indexée sur la consommation finale du même secteur

(principalement en services non marchands) 3 Avec toutefois l’hypothèse des capacités productives suffisantes à court terme pour répondre à tout

changement de la demande.

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Par ailleurs, le modèle, comme tous les modèles de même nature, se base en parallèle sur la reproduction des structures. Il s’agit dans ce cadre des consommations intermédiaires (calculées sur la base des coefficients techniques de Leontief), des marges et impôts net des subventions (calculés sur la base des taux apparents), et des importations (calculées sur la base d’un partage entre les produits locaux et importés). En définitive, le modèle intègre deux bouclages : le premier par le biais de la fonction de la consommation, et le deuxième par le biais de l’investissement. Sur le plan technique et informatique, cela veut dire que les variables du modèle sont calculés d’une façon itérative jusqu’au respect d’un seuil de convergence. L’équilibre du modèle est ainsi atteint.

Figure 7.1 : Schéma global de fonctionnement du modèle

Equilibre

Production

Agriculture

Secteurs demande

Administ.

Cons. Ménages

Cons. Non march.

Exportations

Importations

Revenu des ménages

Investissement

Dem

ande finale

Pluviométrie

Demande intermédiaire

Investissement. budgétaire

Dem

ande globale

Offre globale

V. stocks

Légende : Variable endogène Variable exogène

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2. Offre dans le modèle 2.1. Production et marges Suivant la structure du TRE, on distingue la production selon deux critères : le mode de valorisation et les différences entre branches et produits. Le premier critère pousse à distinguer entre la production au prix de base et la production au prix d’acquisition, toutes les deux par produits. Le deuxième fait la différence entre la production de la branche (exprimée par définition au prix de base) et la production du produit. Pour les secteurs de demande4, l’équilibre ressources emplois implique que la production au prix d’acquisition est déterminée par la demande finale en produits locaux, soit5 : l

il

ia

i DIDFP += (1) La production au prix de base sera déduite de celle-ci en y soustrayant l’ensemble des marges et des impôts nets des subventions. En effet, les deux types de productions sont liées par la relation comptable : iiiii

ai

bi TTVASUBMTMCPP −−−−−= (2)

Les marges de commerce et de transport (incluant celles d’assurance) sont calculées sur la base de leurs taux apparents6, relativement à la production au prix de base (producteur).

b

iMCii PMC *µ= (3)

bi

MTi

li PMT l *µ= (4)

Sont à exclure de cette règle le secteur du commerce, du transport et des services marchands, puisque, sur le plan comptable, les montants respectifs de ces marges sont déduits des branches concernées (de telle sorte à ce que la somme de ces marges soit nulle). Ainsi, on a:

−=commercei

icommerce MCMC (5)

−=+servicestranspi

iservicestransports MTMTMT, (6)

4 On a réservé deux paragraphes aux secteurs de l’agriculture et des administrations publiques, vu leurs

spécificités en matière de modélisation. 5 Les mnémoniques des variables et leurs significations sont donnés dans l’annexe 4. 6 Tous ces taux sont calés sur les données de l'année de base.

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Dans ce dernier cas, une clé de répartition est nécessaire pour répartir ces marges de transport entre les deux branches en question. Cette répartition est calée sur les valeurs de l'année de base. Les subventions sur les produits sont déduites selon leurs taux apparents, lesquels, sont calculés sur la production au prix de base. Cela concerne seulement deux branches: "industrie alimentaire" et "raffinage de pétrole et autres produits d'énergie" (secteurs de l'industrie et de l'énergie). Les équations de calcul sont:

b

iSUBii PSUB *µ= (7)

Au niveau des impôts, il faut distinguer entre les « autres taxes sur les produits » et la « TVA non déductible ». Les premières sont indexées sur la production au prix de base alors que le second sur la consommation finale des ménages7. Soit: b

iTii PT *µ= (8)

et iTVAii CmTVA *µ= (9)

La production par produit doit être déterminée dans le modèle avant le calcul de ces marges. Ainsi, hormis les secteurs de commerce, du transport et des services, celle-ci est donnée par8:

)

1( T

iSUBi

MTi

MCi

ia

ibi

TVAPP

µµµµ ++++−

= (10)

Pour les secteurs exclus, leur production est calculée respectivement par:

)1

( Tcommerce

SUBcommerce

commercecommercea

ibcommerce

TVAMCPP

µµ ++−−

= (10′)

)1

( Tservices

SUBservices

servicesservicesa

ibservices

TVAMTPP

µµ ++−−

= (10′′)

)1

( Ttransport

SUBtransport

transporttransporta

ibtransport

TVAMTPP

µµ ++

−−= (10′′′)

A ce stade, on peut calculer les productions des secteurs selon les divers produits, lesquelles sont nécessaires pour la construction les comptes de production et d'exploitation des secteurs. La méthode retenue se base sur l'hypothèse, similaire à celle de Leontief, du profil constant de la structure de production. En d'autres termes, cela

7 Excepté le BTP, où la consommation des ménages en ce produit du bâtiment est considéré comme de la

formation du capital. Cette raison nous a poussé à indexer la TVA non déductible de ce produit sur sa FBCF.

8 On considère tous les taux apparents indépendamment du fait que leurs valeurs soient nulles ou pas.

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signifie que les proportions de productions en produits secondaires sont constantes puisque elles dépendent de la technique de la production retenue dans le modèle (à facteurs complémentaires). De cette façon, on détermine ces productions par:

b

iijb

ij PP *σ= (11) En les sommant par ligne, on obtient les productions (au prix de base) pour les différents secteurs. Soit:

∑=

i

bij

bj PP

(12) Enfin, d'après ce qui précède, on boucle le bloc de la production, dans la mesure où toutes les composantes de la production nationale sont déterminées. 2.2. Importations Les importations dans le modèle sont évaluées selon le principe du contenu de la demande en produits importés. Cela étant, on obtient leur encours (au prix d'acquisition) par:

mi

mi

ai DIDFM += (13)

Il faut noter dans ce cadre que cette répartition de la demande finale et intermédiaire n'est permise que sur la base d'une matrice des importations, qui décline tous les postes de la demande en produits d'origine extérieure. Cette matrice, confectionnée par les comptables nationaux seulement pour l'année de base, est évaluée au prix de marché. Par ailleurs, le passage des importations au prix de marché aux importations au prix de base ne relève que de la colonne des impôts sur les importations qui figure dans le TRE marocain9. Ces impôts sur les importations sont considérés de la même façon que pour la production. Ils sont indexés directement sur les importations au prix de base, lesquelles sont déterminées a priori: )1/( DTI

iai

bi MM µ+= (14)

bi

DTIii MDTI *µ= (15)

Ce schéma ne concerne pas les importations de tous les secteurs. En effet, la branche de la correction territoriale doit être approchée d'une autre façon. Comme cela a été déjà traité dans le premier chapitre, le total des importations doit être évalué au prix FAB10 (par le biais des marges de transport et d'assurance). 9 On comprend facilement que les importations vont subir des marges et des impôts autres que les DTI

lorsque elles rentrent dans le circuit économique, mais ici, les considérations comptables nous ont guidé plus pour formuler nos équations pour ce bloc. Après discussion avec les comptables nationaux, il paraît donc que cette colonne intègre déjà tous ces éléments.

10 Cf. le sixième paragraphe de ce chapitre consacré, entre autres, à ce point.

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3. Demande dans le modèle Le caractère keynésien de notre modèle confère à la demande une importance capitale. En outre, c’est à ce niveau que des comportements macroéconomiques, estimés économétriquement au demeurant, se manifestent,. Il faut distinguer dans ce cadre deux types de demandes : une qui rentre directement dans l’outil productif (consommations intermédiaires) et l’autre qui « consomme » d’une façon définitive l’output ainsi produit (demandes finales). 3.1. Demande intermédiaire Les demandes intermédiaires sont déterminées selon les hypothèses habituelles du modèle de Leontief, ce qui implique que la technologie de production retenue pour les secteurs est à facteurs complémentaires. Il faut ajouter à cela que ces consommations sont éclatées selon leur origine (locale ou importée), en considérant la répartition de l’année de base (1998). Les équations ci-après permettent de calculer les différentes consommations intermédiaires :

jijij PaCI *= (16)

ijCIij

l CICIij

*ρ= (16’)

ijCIij

m CICIij

*)1( ρ−= (16’’)

3.2. Consommation finale des ménages C’est de loin la composante la plus importante dans une modélisation économique, en raison à la fois de son poids dans la demande finale, et de l’importance de ce comportement dans le circuit économique. Il existe plusieurs théories qui expliquent le comportement de cet agrégat sur le plan macroéconomique. Toutes s’accordent à dire, qu’en définitive, la consommation finale des ménages dépend de leurs revenus et des évolutions des prix. Les différences qui existent entre ces théories sont relatives à la caractérisation de ces variables explicatives (notamment le revenu). Dans notre cas, nous retenons une modélisation à la keynésienne, qui fait dépendre la consommation finale réelle des ménages au pouvoir d’achat de leurs revenus (revenu des ménages déflaté par l’indice du coût de la vie). Les estimations économétriques ont débouché, en aval, sur une élasticité-revenu qui s’approche de l’unité (=0,96).

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L’équation de consommation finale des ménages retenue ainsi dans le modèle est donnée ci-après11 : LOG(CFMR) = 0.96*LOG(RVM/ICV) - 0.05*I01 + 1.38 (17) (27.5) (-2.34) (3.5) Sur le plan économétrique, les paramètres de l’équation sont validés par le test de Student12 (entre parenthèses). Avec un R² de 98%, l’ajustement semble satisfaisant. Le graphique suivant fait la juxtaposition entre les observations et les estimations issues de cette équation.

Graphique 7.1 : Ajustement de la consommation finale des ménages (en millions de dh)

120000

160000

200000

240000

280000

320000

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

CFMR CFMR_ESTIMEE

Le revenu des ménages qui a servit pour les estimations de leur consommation finale est tiré du TEE, qui donne la succession des comptes nécessaires pour obtenir ce revenu. Notons aussi que, suite aux ajouts du nouveau système de la comptabilité nationale, nous avons retenu le revenu disponible brut des ménages en non le revenu ajusté (qui intègre en sus les transferts sociaux en nature), en raison du fait que la consommation finale intégrée dans le PIB est effective (sans les transferts en nature). 11 Les détails sont donnés en annexe 5. Notons aussi que les variables sont prises en logarithmes en règle

générale, et ce pour deux raisons que nous jugeons essentielles : la possibilité d’interpréter les coefficients en terme d’élasticités, et la possibilité de comparer ces coefficients entre eux (une sorte de standardisation pour lire directement le poids des variables exogènes).

12 On a ajouté une variable indicatrice pour corriger l’estimation de l’année 2001. Cette variable prend la valeur 1 en cette année et 0 sinon. On a opté pour ce choix pour corriger l’estimation de ce point aberrant. C’est le cas aussi pour les équations qui seront présentées après.

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Ainsi, dans le modèle, un compte revenu est construit pour les ménages dont une partie est exogène, et l’autre est endogène et est liée aux éléments des comptes d’exploitation des secteurs. La structure de ce compte est donnée ci après (pour l’année 1998). Il est composé en ressource de :

• Salaires versés par le système productif, qui sont calculés par une fraction de la valeur ajoutée globale :

VAtRS RS *= (18)

• Excédent brut d’exploitation (ou revenus mixtes) : relatif aux entreprises individuelles qui font partie du secteur des ménages. Elle constitue donc une partie de l’EBE global, d’où sa détermination par une fraction de la valeur ajoutée.

VAtEBE EBE *= (19)

• Prestations, transferts et revenus de la propriété, qui sont considérés comme exogènes

Les emplois de ce compte contiennent deux éléments :

• Les impôts directs calculés par un taux apparent sur le revenu :

mID RtID *= (20)

• Les cotisations sociales indexées sur les salaires des ménages :

RStCS CS *= (21) En définitive, le revenu des ménages est donnée par l’équation :

CSIDTRPREBERSR mm −−+++= (22)

Tableau 7.1 : Compte du revenu des ménages pour 1998 (chiffres en millions de dh)

Impôts directs 14 720 Salaires 116 083Cotisations sociales 17 380 EBE 140 321 Prestations sociales 16 324 Transferts sociaux nets 25 411 Revenus propres 4 667

Solde : revenu disponible brut 270 706

Source : TRE 1998.

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Il s’agit jusqu'à maintenant de la consommation finale des ménages agrégée selon le concept de l’intérieur. Dans le TRE marocain, celle-ci est décomposée en deux parties : la différence de consommation entre les étrangers au Maroc et les marocains à l’étranger, et puis la consommation finale selon le concept national13 L’autre partie peut être considérée « à structures égales »14. Cependant, au vu des résultats de la comptabilité nationale (cf. tableau 7.2), les structures selon les produits subissent tout de même des variations.

Tableau 7.2 : Structure de la consommation finale des ménages en % et élasticités-dépenses estimées

Produits 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 moyenne Elasticité-dépenses

Agriculture 18,3 17,8 16,2 16,2 16,3 18,0 17,0 17,1 0,95 Mines 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 2,19 Energies 6,1 6,2 6,0 6,6 6,2 6,7 5,8 6,2 1,05 Industrie 45,6 45,3 44,6 44,7 44,6 43,1 43,7 44,5 0,82 BTP 0,7 0,7 0,7 0,7 0,7 0,8 0,8 0,7 1,35 Commerce 1,6 1,3 1,2 1,1 1,0 0,9 1,0 1,2 - Services 17,8 17,8 18,7 18,5 19,3 18,5 19,1 18,5 1,22 Transport 4,7 4,7 4,6 3,8 3,7 3,6 3,9 4,1 - Communication 1,8 2,5 4,0 4,3 4,4 4,7 5,1 3,8 2,01 Services non marchands 3,4 3,7 3,8 3,9 3,8 3,6 3,5 3,7 0,93

Total 100 100 100 100 100 100 100 100 1 Source : CN ; calculs de l’auteur Pour cette raison, nous avons opté pour une modélisation de la structure de la consommation. pour se faire, nous recourons à un calage des consommations par produits sur la consommation finale totale selon le schéma suivant : iCmACm ii

α*= (23) Cette méthode permet de dégager en plus des élasticités de dépense des différents groupes de produits retenus dans le modèle15. Deux exceptions ont été retenues dans ce cadre : tout d’abord on a ajouté un trend pour le calage de la consommation finale en produits du commerce pour capter une tendance baissière observée pour ces produits ; et deuxièmement, nous avons opté pour un calcul par différence de la consommation

13 Cf. tableau 1.3 du premier chapitre pour les valeurs et le sixième paragraphe du même chapitre pour la

modélisation de cette branche. 14 Ce qui est coutume dans ce cadre. 15 Nous avons cherché ces élasticités-dépenses dans les résultats publiés de l’enquête nationale sue le

niveau de vie des ménages, mais en raison de différences entre la nomenclature que nous avons adoptée et celle de cette enquête, nous avons délaissé cette approche.

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finale des produits des transports16 (en raison de la faible corrélation qui existe entre la consommation totale et ce poste). 3.3. Formation brut du capital fixe Nul doute que le processus de formation de capital est fondamental tant à court terme qu’à long terme. Pour appréhender cet agrégat, nous avons opté pour deux options : le considérer comme variable exogène ou l’approcher par une estimation économétrique. Dans le cadre de la dernière option, nous avons retenu une modélisation qui s’inspire de la théorie de l’accélérateur flexible, selon laquelle la demande en capital évolue en fonction de l’accroissement de la production. D’autres considérations ont été prises en compte ici. En effet, nous avons fait la distinction entre la FBCF en produits agricoles, qui traduit en réalité des effets directs (notamment en bétail) de l’année agricole, ce qui diffère à notre sens plus au moins de la logique de l’investissement fondée sur les anticipations17. Le reste de la FBCF (hors produits agricoles) est modélisé en tant qu’agrégat global en valeur, faute de l’indisponibilité du déflateur correspondant18. Cet agrégat19, est répartit, selon la nomenclature marocaine, en quatre produits : bâtiment (y compris les travaux publics), les biens industriels, les services, et marginalement les produits de commerce. Par ailleurs, la FBCF hors produits agricoles retenue pour l’estimation n’est pas réparti selon les agents économiques, ce qui devrait être utile pour rendre compte d’un agent très important de ce domaine qui est l’Etat. Pour distinguer le comportement exogène de cet agent dans notre modèle, et en raison de l’indisponibilité de la série de la FBCF correspondante, nous avons utilisé une variable proxy20, en l’occurrence l’investissement budgétaire. En définitive, les différentes tentatives d’estimation ont débouché, pour la FBCF hors produits agricoles, sur l’équation suivante: D(LOG(FBCF_NA)) = 0.56*LOG(PROD_MNA/PROD_MNA(-1)) (24) (2,17)

+ 0.26*D(LOG(INV_BUD)) + 0.029 - 0.09*I92 (4,83) (1,40) (-1,96)

16 Ceci peut créer des problèmes d’interprétation dans la mesure où cette consommation déduite par

différence peut être négative. Cependant, au vu des structures de la consommation finale des ménages et des élasticités-dépenses, plus que la moitié évolue avec un rythme inférieur à celui du total.

17 Cette différentiation rejoint une autre plus globale relative au secteur agricole en entier. 18 Cette estimation en volume, alors que le modèle est estimé en volume, nous a motivé à prendre les

deux versions du modèle. 19 Sa série longue a été reconstituée en raccordant les deux variables relatives aux deux bases de la

comptabilité nationale (1980 et 1998), et ce, en recourant aux taux de croissance. La série issue de ces calculs est ainsi exprimée selon la base récente. L’idée de base à ce traitement est que les différences observées entre les deux bases sont relatives aux niveaux des agrégats et non à leurs évolutions (on procède généralement avant à des comparaisons visuelles pour s’assurer de cette hypothèse).

20 Deux raisons font de cette variable une variable-proxy : tout d’abord la composition du secteur des administrations publiques, et la différence qui existe entre la comptabilité publique et la comptabilité nationale.

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L’équation est estimée sur des séries en différence. Le niveau d’explication remonte à 63%, et les coefficients sont significatifs selon le test de Student. Notons que la variable retenue pour la production est relative à la production totale hors secteurs de l’agriculture et des administrations publiques.

Graphique 7.2 : Ajustement de la FBCF hors produits agricoles (en million de dh)

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FBCF_NA FBCF_NA_ESTIMEE

L’agrégat de la FBCF hors produits agricoles est décomposé, dans la nouvelle comptabilité nationale, en 4 produits, dont un, celui du commerce, est résiduel (ne dépassant pas 0.2%21). Les trois autres produits sont les produits industriels, les produits de la construction et les services. Quant à la modélisation de l’évolution de ces composantes, nous pouvons retenir l’hypothèse, faite souvent dans ce genre de modèles, de la conservation des structures. Sauf que l’examen de ces structures durant la période retenue nous suggère de procéder autrement. Nous avons donc opté pour une différentiation des évolutions de ces composantes à l’image de ce qui a été fait pour les composantes de la consommation des ménages. La FBCF en services marchands est déterminée par différences selon les mêmes considérations retenues pour la consommation finale des ménages en produits de transport.

21 C’est en raison de sa part insignifiante et de sa quasi invariabilité durant la période retenue que nous

l’avons retenu comme exogène.

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Tableau 7.3 : Structure de la FBCF hors agriculture en % et élasticités estimées pour ses composantes

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Moyenne Elasticité

Industrie 42,1 46,0 45,9 39,6 41,2 42,9 43,3 43,0 0,96

Construction 50,7 47,2 47,7 54,3 52,6 51,7 51,5 50,8 1,14

Commerce 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0

Services 7,0 6,6 6,3 6,0 6,0 5,2 5,1 6,0 -

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 1 Source : CN ; calculs de l’auteur

4. Secteur non marchand Il s’agit d’un secteur qui demeure prépondérant dans l’économie marocaine. En effet, l’administration marocaine reste un grand « employeur », même si la tendance actuelle est à la relève du secteur privé. Sur le plan comptable, la convention veut que la production de services non marchands de l’administration soit égale à sa production. Cependant la production du secteur des administrations publiques n’est pas uniquement non marchande. Le principe adopté pour ce secteur dans le modèle consiste à prendre comme exogène sa consommation finale, et à déterminer les autres éléments sous forme de fraction fixes de cette demande22. En effet, la consommation finale de ce secteur est largement fonction des dépenses de fonctionnement (salaires distribués en grande partie), et par conséquent, elle traduit la politique publique dans ce sens. La répartition à la fois entre types de produits et entre leur origine (locale ou importée) est supposée fixe. Les consommations intermédiaires (marginale au reste) en services non marchands suivent le même principe de Leontief (déterminées par les secteurs demandeurs). La production de service sera donc déduite directement par la somme de la demande finale des services non marchands (celle des ménages et des administrations) et des consommations intermédiaires des autres secteurs. 5. Secteur agricole : modélisation ad hoc Dire que le secteur agricole est très important pour l’économie marocaine est une évidence. Cependant, c’est un fait qu’il faut prendre en considération et avec le soin qu’il faut dans tout travail de modélisation macroéconomique d’ensemble. Comme cela a été déjà mentionné, le secteur agricole est considéré comme un secteur d’offre. Dans ce sens, sa production ne dépend aucunement de la demande qui proviendrait des différents agents économiques. Par contre, il est en relation quasi 22 Une analyse de ces structures entre 1998 et 2004 montre, en effet, l’absence de changements

caractérisés de ces structures. En plus, nous n’avons pas voulu rentrer dans des détails qui peuvent in fine ne pas apporter de modifications pertinentes.

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fonctionnelle des caprices de la nature. Nous avons donc retenu, dans un premier temps, comme variable explicative la pluviométrie, la superficie semée (qui peut indiquer sur les préparatifs de l’année agricole)23, et une tendance de la variable endogène elle-même24. Après plusieurs tentatives, l’équation retenue intègre la pluviométrie et la tendance du secteur comme variable ayant un pouvoir explicatif significatif25. Le résultat des estimations est donné par l’équation ci-après : LOG(PROD_AGR)) = 0.33*LOG(PLUV) + 0.99*LOG(TREND))

(6,93) (21,6) - 0.16*I97 - 1.89 (25) (-2,67) (-3,17)

Le taux d’explication de cette équation remonte à 97%. Les paramètres sont significatifs au sens du test de Student. Le graphique ci-après montre l’ajustement des estimations avec les observations.

Graphique 7.3 : Ajustement de la production agricole (en million de dh)

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PROD_AGR PROD_AGR_ESTIMEE

Les diverses demandes sur les produits du secteur agricole sont déterminées selon des procédés différents. Les consommations intermédiaires sont fonctions des besoins des secteurs. La consommation des ménages en ces produits est une fraction du total. Les exportations sont considérées exogènes. La FBCF est calée sur la production du 23 Il est important de noter ici que les performances agricoles dépendent aussi de la variabilité de cette

pluviométrie et de sa répartition géographique. En tout cas, la production du secteur peut être estimée dans un bloc indépendant du modèle.

24 Cette tendance est extraite en recourant au filtre Hodrick-Prescott. L’appendice de ce rapport donne une description synthétique de la logique et du fonctionnement de ce filtre.

25 Nous avons ajouté une indicatrice pour les mêmes raisons que pour l’équation précédente.

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secteur26, avec une régression simple qui lie cette FBCF à la variation de la production du secteur : bPaFBCF b

agragr +∆= * (26) De la sorte, le bouclage (ou l’équilibre) se fait par la variation des stocks. Toutefois, ce bouclage sur les stocks ne doit pas être fait indéfiniment (pour ne pas avoir de stockage ou déstockage aberrants), car en cas d’insuffisance de la production locale, la demande doit être satisfaite par les importations. La solution que nous avons adoptée consiste à fixer des limites à ces variations de stocks27. Dans le cas d’un dépassement de la limite inférieure, le surplus de la demande sera transférer directement aux importations. Pour la limite supérieure, la logique du bouclage veut que l’ajustement se fasse directement sur la production, car les autres éléments de la ligne du produit sont exogènes ou déterminées ailleurs. 6. Branches « conventionnelles » Pour faire le tour complet des équations du modèle, on cherche à traiter dans ce paragraphe les ajustements faits à l’encontre des branches qui sont qualifiées de conventionnelles, puisque elles sont introduites pour régler des problèmes d’ordre comptable. Cela étant dit, cette classification ne signifie pas que leur rôle n’est pas important, mais au contraire, on ne peut pas se conformer au schéma comptable sans avoir pris la conscience de ces branches. Les branches concernées sont la branche fictive et la branche de la correction territoriale. Leurs utilités sont déjà mentionnées auparavant. S’agissant de l’unité fictive, la seule variable qui y fait référence dans le TRE est la production bancaire imputée, qui est inscrite comme consommation intermédiaire de cette branche. Son calcul doit être donc différent des autres consommations intermédiaires puisque cette branche ne jouit d’aucune production. La solution adoptée est de « calibrer » cette production bancaire imputée sur l’offre globale au prix d’acquisition (ou de la demande totale sous un autre angle). Notre intuition dans ce cadre est de dire que, étant donnée qu’il s’agit de services bancaires, ils devraient vraisemblablement être en relation avec le niveau d’activité, puisque c’est ce dernier qui génère essentiellement les disponibilités financières. L’équation retenue est par ailleurs de type régression simple, et est similaire à l’équation (26). La branche de la correction territoriale implique par contre plus qu’une variable. En outre, on y distingue deux parties : une partie concerne l’équilibre en produits locaux et une autre en produits importés. Les colonnes concernées par ces variables sont : la

26 Vu le comportement nettement différent de cette variable selon les deux bases de la comptabilité

nationale, nous avons jugé que le raccordement basé sur les taux de croissance ne donnerait pas de résultats convaincants.

27 Ces limites sont tirées des observations des années 1998-2004 en retenant le minimum et le maximum des stocks observés.

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consommation finale des ménages, les exportations, les importations et les marges de transport. Dans la première colonne, sont inscrites les deux consommations qui permettent le passage entre le critère intérieur et le critère national, à savoir les dépenses de consommation finale des marocains à l’étranger (considérées comme des importations) et les dépenses de consommation finale des étrangers au Maroc (considérées comme des exportations). Ces deux éléments sont pris d’une façon exogène dans notre modèle. Le montant total des marges de transport et d’assurance est inscrit au croisement de leur colonne et de la ligne de cette branche. Ce montant est nécessaire pour évaluer les importations au prix FAB (cf. chapitre 1). Etant donné que ce sont des charges qui grèvent les importations, nous les avons calées sur le volume global des importations au prix d’acquisition (de la même façon que l’équation 26). En définitive, les différentes variables de ladite branche sont déterminées. Le schéma de la figure ci-après montre le schéma de modélisation de cette branche. Les importations aux prix de base (qui tient compte de la correction FAB) se déduit par28 : ma

CTbCT MTMM −= (27)

Figure 7.2 : Schéma de modélisation de la branche « correction territoriale »

28 Cette façon implique pour le bloc de la production que la somme des marges de transport n'est plus

nulle, mais égale exactement aux mêmes marges qui grèvent les importations (avec le signe opposé).

Dépenses de consommation finale des marocains à l’étranger

Dépenses de consommation finale des étrangers au Maroc

Exportation de la branche (prix d’acquisition)

Importations de la branche (prix d’acquisition)

Importations totales au prix d’acquisition

Importations de la branche (prix de base)

Marges de transport et d’assurance

-

=

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7. Cohérence et équilibre du modèle Nous entamons avec ce paragraphe une question très cruciale et une étape très importante dans la construction d’un quelconque modèle. Il s’agit de l’existence de l’équilibre du modèle. Sur le plan mathématique, cela équivaut à se poser la question de l’existence de la « solution » du modèle, qui n’est autre finalement qu’un ensemble d’équations simultanées. Sur le plan économétrique, cela revoie à la question de l’identification du modèle. Notre approche pour cette question de l’existence de la solution est assez simple. Elle consiste à affecter pour toute variable, une fois considérée comme endogène, une équation qui la calcule. In fine, seules les variables exogènes du modèle resterons indéterminées, et qu’il faut importer d’ailleurs. Dans ce sens, et d’après tout ce qui a été exposé jusqu’à maintenant durant ce chapitre, et au vu de la récapitulation faite dans l’annexe 4, le modèle contient 1109 équations29, autant de variables endogènes évidement, et 22 variables exogènes. Par conséquent, la solution du modèle existe, et donc son équilibre, car il est exactement identifiable. Comme on peut s’y attendre, la majeure partie des équations du modèle est de nature comptable ou calculée sur la base de coefficients techniques ou de taux apparents. Les comportements « macroéconomiques » des agents passent par la fonction de la consommation finale et par l’investissement30. Par ailleurs, si le modèle était entièrement linéaire, on pourrait à ce moment là calculer la forme réduite du modèle, par une simple inversion de la matrice de ses paramètres. Mais ce cas ne se présente pas habituellement, puisque le modèle contient des formes de non linéarité (des logarithmes essentiellement). La solution sera obtenue dans ce cas de figure en recourant à des programmes de calcul numérique (implantés éventuellement sur des logiciels mathématiques de type GAMS, Mathlab, etc.), dont le principe général consiste à rechercher la solution, après une initialisation, d’une manière itérative jusqu’à l’obtention de différences négligeables, et qui respecte une contrainte de convergence définie a priori. Notre modèle respecte donc cette logique mathématique. Son implantation est faite par contre sur le tableur Excel. Le seuil de convergence qui lui a été défini est de 0,001, avec un nombre d’itérations qui ne doit pas dépasser les 100. L’architecture des calculs et des formulations sont organisées, au sein du même fichier, selon des feuilles indexées : la première contient tous les paramètres déduits de l’année de base (coefficient techniques, taux apparents et structures), la deuxième englobe tous les éléments exogènes ainsi que les paramètres des relations estimées. La feuille suivante constitue le cœur du modèle, car les différents calculs du modèle sont programmés à ce 29 Il s’agit d’un calcul direct qui ne tient pas compte les définitions des variables (des cellules vides ou

nulle), mais dont l’objectif est de s’assurer de la cohérence du modèle. Le nombre de ces variables indéfinies ou nulles s’élève à 574. En conséquence, il serait plus pertinent de soutenir que notre modèle est composé de 535 équations.

30 Même si on peut postuler que les consommations intermédiaires résultent d’un comportement macroéconomique, puisque il s’agit bien d’une technique de production.

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niveau. Une dernière feuille est ajoutée pour comparer les résultats des estimations (solution ou équilibre du modèle) avec les chiffres observés de la comptabilité nationale. Sur un autre plan, et vu que le modèle intègre quelques éléments de la dynamique (au niveau de la FBCF), les retards, ainsi nécessaires, sont contenus dans la feuille des exogènes. Conclusion Le modèle ainsi construit est, à notre sens, assez désagrégé pour décrire notre économie nationale, et ce, tant au niveau des agents économiques qu’au niveau des secteurs qui composent le tissu productif. L’ossature globale de ce modèle est comptable, augmentée de quelques comportements macroéconomiques : une fonction de consommation et une fonction d’investissement. En définitive, on est bien en présence d’un modèle keynésien, où la demande gouverne les fluctuations économiques à court terme (hors secteur agricole). Par conséquent, la structure de notre modèle est plus au moins conforme avec celle qui est généralement adoptée dans ce genre de modélisation. Les estimations intégrées dans ce modèle sont de deux genres. Le premier fait appel aux techniques économétriques (méthode des moindres carrés), et vise à déterminer les comportements en question sur des bases empiriques. Celles-ci donnent, par ailleurs, déjà d’une façon sommaire les réponses des agents économiques que doit traduire le modèle en principe dans les exercices de variantes. Le second type est dicté par des considérations comptables plus que macroéconomiques. Mais ce n’est pas pour autant que ces estimations ne traduisent pas, comme cela a été expliqué au moment opportun, des intuitions d’ordre économique. En parallèle, il faut reconnaître que le recourt à cette approche est motivé essentiellement par le manque de séries longues et homogènes pour les variables concernées. En outre, tout au long de ce chapitre, on a qualifié ces estimations de calage ou calibrage31, puisque il s’agit plus d’une mise en relation des variables (des élasticités et des paramètres d’échelle). Les erreurs du modèle pour l’année de base (1998) sont évidemment nulles, car le modèle a été calibré sur les structures de cette année. Pour les deux années suivantes (1999 et 2000), les erreurs remontent respectivement à 3.6% et 6% pour le PIB global. Certes, le modèle ne prétend pas pouvoir donner des prévisions à l’état actuel de sa construction, mais nous donnons ces chiffres dans le but de faire une idée sur la part des fluctuations expliquée par notre modèle32. Il est important de remarquer deux éléments à ce niveau : primo, ces erreurs sont issues d’une simulation dynamique, et secundo, l’horizon du modèle semble conforme à deux années33.

31 Il ne s’agit pas toutefois de calibrage au sens des modèles d’équilibre général calculable, car ici la

dynamique est prise en considération. 32 On peut donc affirmer que, sur la base de ces erreurs, les phénomènes réels expliquent

significativement les évolutions de la sphère réelle de notre économie. 33 Au cas où il serait utilisé en prévision.

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Par ailleurs, le modèle estimé souffre de quelques insuffisances. Les premières sont relatives à ce genre de modélisation dans son ensemble (absence de validation empirique pour les équations de structure, prise en compte des propensions moyennes), alors que les secondes lui sont propre. Les plus apparentes concernent la non prise en compte des prix, et le caractère « automatique » des importations (absence de substitution). Ces limites seraient certainement des sources de son amélioration.

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Chapitre

8 Etude d’impact : quelques résultats

Introduction Avec ce dernier chapitre, nous entamons une des utilisations d’un modèle, en l’occurrence, les études d’impact. Il faut rappeler que la construction de tout modèle n’est pas une fin en soi, mais elle est faite justement pour satisfaire d’autres demandes. Comme cela a été dit dans le sixième chapitre, les analyses variantielles sont menées pour un double objectif : tester les propriétés théoriques du modèle en question et pour les résultats de ces analyses proprement dit. Dans ce chapitre, nous essayons de simuler plusieurs chocs exogènes et de politiques économiques. Evidemment, le choix de ces derniers n’est pas libre de toute contrainte. Il dépend de la structure et du bouclage mêmes du modèle. Ainsi, pour notre modèle, on ne peut pas analyser, avec grand regret d’ailleurs, un choc nominal (prix du pétrole par exemple), puisque les prix, ou les mécanismes de formation des prix, n’y sont pas modélisés. Notre choix de simulation à exécuter sur le modèle est fonction donc des variables prises d’une façon exogène. Dans ce cadre, nous proposons d’analyser les répercussions d’un choc agricole sur l’ensemble de l’économie. Il s’agit là d’un choc de type offre. Des chocs de demande sont également simulés : une variation de la demande étrangère adressée au Maroc d’une part, et d’autre part, des éléments de la politique budgétaire (dépenses de fonctionnement et dépenses d’investissement). La politique fiscale n’en est pas en reste, puisque nous avons essayé de simuler des baisses sur le taux d’imposition de l’impôt sur le revenu. La lecture des résultats est limitée aux variables les plus importantes. Il va de soi que le PIB et ses composantes seront interprétées. On leur ajoute quelques éléments sur le revenu des ménages, leur consommation finale par principaux produits. L’offre intérieure sera elle aussi lue selon les principaux postes. Pour faciliter ces interprétations, tous les chocs et tous les résultats sont exprimés en pourcentage du scénario de référence (sans chocs), et ce, pour chaque agrégat. On pourra même déduire dans ce cas des élasticités.

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1. Agriculture : une année de sécheresse Pour l’économie marocaine, le secteur agricole joue un rôle important dans ses circuits. On peut même s’autoriser de dire qu’elle reste encore à vocation agricole. En effet, les évolutions de ce secteur, qui dépendent des conditions climatiques, gouvernent assez largement les performances de l’économie du Maroc. Mais on peut opposé à ce constat un autre raisonnement. Est-il possible que la production de céréales, dont la valeur totale sur le marché extérieur ne vaut que prés de 8 milliards de dh en moyenne, soit 1% du PIB1,2 de l’économie marocaine, puisse avoir tous ces effets sur celle-ci. En considérant que cette question est légitime à poser, nous voyons, par contre, que son raisonnement s’inspire a priori d’une mécanique arithmétique. En voulant y voir plus claire, dans un sens ou dans un autre, nous essayons dans ce paragraphe d’approcher les effets d’un choc agricole, non seulement sur le PIB, mais sur tout le fonctionnement de l’économie nationale. Pour ce faire, et étant donné que nous somme déjà au cours d’une année médiocre sur le plan agricole, nous simulons un choc défavorable de la production agricole similaire à celui de cette année, soit -20%3. Cela proviendrait notamment d’une insuffisance de la pluviométrie, ou de sa mauvaise répartition à l’intérieur de la saison. Sur le plan intuitif, ce choc négatif est tout d’abord un choc de l’offre, ce qui implique que la valeur ajoutée du secteur va baisser (presque d’autant en raison de la proportionnalité), et comme corollaire direct, les salaires et les profits distribués vont rétrécir. Ainsi dans un premier temps, le revenu des ménages va être amputé de cette différence. C’est à ce niveau que ce choc d’offre se transforme et devient un choc de demande, puisque la consommation finale des ménages, principale composante du PIB, va décélérer et entraînerait avec elle la réponse négative des autres secteurs productifs de l’économie nationale. La baisse de la production (de l’offre une deuxième fois) déclencherait de nouveau des baisses des salaires et des profits, et donc des revenus et ainsi de suite. Les investissements vont aussi connaître des baisses du fait du mécanisme de l’accélérateur. Ces deux boucles se répéteront donc jusqu’à atteindre la nouvelle situation d’équilibre (cf. figure 8.1). Etant donné que l’offre nationale insuffisante dans ce cas en produits agricoles, la demande intérieure sur ces mêmes produits doit être satisfaite autrement. Dans ce sens deux options sont possibles : soit le déstockage, soit les importations. Par conséquent, les impacts sur ces deux agrégats (sur cette ligne) dépendrait du niveau initial (avant choc) des stocks en produits agricoles.

1 Ces valeurs sont relatives à l’année 2006 (considérée comme moyenne avec ses 60 millions de quintaux

de céréales). La valeur de la récole en céréale est calculée en recourant aux cours sur les marchés internationaux (en dollar, puis transformés en dirham), et à la composition de cette récolte selon le type de céréale produite cette année. Le PIB considéré ici est en valeur, et est tiré des estimations de l’INAC.

2 Nous donnons ces valeurs à titre indicatif, car il s’agit bien d’une production comparée à une somme de valeurs ajoutées. Cependant, la conclusion de cette comparaison conforte plus notre idée de base.

3 Ce choix est basé sur les prévisions conjoncturelles pour l’année 2007 qui tablent sur une dégradation de la production agricole autour de 20%.

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C’est pour cette raison que ces effets dépendent de l’année où ce choc est appliqué, en raison de l’inégalité introduite an niveau des stocks des produits agricoles. Cette inégalité fait ainsi dépendre les effets en aval en fonction de la situation des stocks avant ledit choc. Tant que cette situation est proche de la limite, tant que les réponses vont différer (déstockage ou importation) selon l’ampleur du choc. Cet état des faits nous a poussé à présenter les résultats en terme d’intervalle (avec moyenne évidemment), dont les bornes sont le minimum et le maximum des réponses que donne le modèle pour les quatre années où le choc a été simulé4. Au passage, cela nous permet de vérifier la sensibilité du modèle et de ses comportements à l’utilisation. Il est clair qu’une sensibilité exagérée affecterait les résultats du modèle, que ce soit en prévision qu’en simulation. Il faut aussi remarquer que les chocs importants (grands écarts) déboucheraient in fine sur des écarts, pas de même ampleur, mais substantiels tout de même. Ce que nous aspirons donc ne peut être qu’une sensibilité faible de notre modèle.

Figure 8.1 : Circuit des effets d’un choc agricole défavorable

Source : auteur.

4 C’est la règle que nous adoptons aussi pour les résultats des autres chocs.

Choc agricole (-20%)

Production

Revenus

Consommation des ménages

Importations

Stocks

Production agricole

PIB

FBCF agricole

FBCF non agricole

-

+

-

--

--

--

-

-

-

-

-

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En matière chiffrée, la version « accélérateur » du modèle indique que ce choc agricole se traduit, sur le plan de la performance globale de l’économie, par une détérioration du PIB à hauteur de 4.8%, en moyenne, soit une fourchette entre 5.2% et 4.5% (cf. tableau 8.1). Ce résultat constitue la conjonction de plusieurs effets que nous décrirons ci-après. Tout d’abord, les ménages vont consommer moins (-4.6% en moyenne, avec un écart de 0.7 point entre maximum et minimum), suite directe de la baisse de leur revenu, qui, elle, se situe aux alentours de -4.7%. Ensuite, l’investissement global enregistrait un recul de 2% environ. Les effets sur les importations sont divers et antinomiques. Il sont positifs, comme c’est déjà cité, lorsqu’il s’agit des produits du secteur primaire, en raison d’une insuffisance de l’offre, et sont négatifs pour les autres produits, en raison d’une demande en moins. Le résultat donné par le modèle pour total sur les importations est aux environs de 5% d’accroissement. A l’intérieur de ce résultat, on note que les achats des produits agricoles de l’extérieur varient fortement. Leur augmentation va de 59% à 111%, soit en moyenne 85%. Les autres importations enregistrent une baisse de l’ordre de 3% en moyenne, suite à la dégradation de la demande globale.

Tableau 8.1 : Résultats d’une baisse de la production agricole de -20%

Version du modèle FBCF endogène FBCF exogène

min max moyenne min max moyenne

PIB -5,2 -4,5 -4,8 -5,7 -4,3 -4,8Consommation finale -3,9 -3,3 -3,5 -4,2 -3,2 -3,6Investissement -2,3 -1,9 -2,1 -0,1 -0,1 -0,1

Dont FBCF -2,2 -1,8 -2,0 0,0 0,0 0,0Importations, dont : 4,7 5,9 5,3 6,2 7,7 6,8

Agricoles 58,8 110,6 85,2 84,5 119,1 98,3Autres -3,2 -2,7 -2,9 -2,9 -2,2 -2,5

Compte des ménages Revenu -5,2 -4,5 -4,7 -5,8 -4,3 -4,8Consommation finale, dont : -4,9 -4,2 -4,5 -5,4 -4,1 -4,6

Biens agricoles -4,3 -3,9 -4,0 -5,0 -3,8 -4,1Biens industriels -4,0 -3,4 -3,6 -4,3 -3,2 -3,6Services marchands -5,7 -4,5 -4,9 -5,8 -4,3 -5,0

Impôts et subventions Impôts sur le revenu -5,2 -4,5 -4,7 -5,8 -4,3 -4,8TVA non déductible -4,4 -3,6 -3,8 -4,1 -3,0 -3,4Subventions sur les produits -3,0 -2,5 -2,7 -2,9 -2,2 -2,4Autres taxes sur les produits -3,7 -3,2 -3,3 -3,8 -2,9 -3,2Impôts sur les importations 12,8 16,7 14,9 16,1 19,7 17,8

Min et max renvoient aux valeurs maximales et minimales des impacts signalés par le modèle durant les années où le choc en question a été simulé. Nous donnons aussi la moyenne de ces réponses5.

Calculs de l’auteur.

5 Cette légende sera conservée dans tous les tableaux de ce chapitre. Ces valeurs maximales et minimales

peuvent être interprétées comme des bornes pour les intervalles des impacts, et permettent d’avoir des indications sur la sensibilité du modèle aux divers chocs.

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Sur le plan sectoriel, les secteurs les plus touchés, après la baisse quasi automatique de la valeur ajoutée du secteur concerné, sont le secteur de commerce et des télécommunications6 (-6% environ). En deuxième lieu, des baisses de régime de l’ordre de 4% touchent les secteurs des services et de l’énergie. Les secteurs de l’industrie et de la construction reste moins touchés, avec -2.5% en moyenne7. Les recettes fiscales relatives aux impôts intégrés dans le modèle s’inscrivent, hormis les impôts sur les importations, dans une évolution négative. Ainsi, l’impôt sur le revenu des ménages générerait moins de 4.7% de recettes ; les autres impôts, dont la TVA non déductible, connaîtraient des baisses quasi similaire (entre 3% et 4%). Par contre, l’Etat devrait payer moins de subventions. Le modèle estime ce différentiel à 2.7% en moyenne. Les impôts sur les importations vont en toute logique s’améliorer, en se hissant de prés de 15%. La version du modèle qui retient la FBCF comme variable exogène donne des résultats qui ne s’éloignent pas trop de l’autre version. En plus, pour les effets sur les agrégats globaux, notamment le PIB, leurs résultats sont quasi identiques. Les différences notables concernent essentiellement les importations des produits agricoles (environ le double pour cette version), et comme corollaire, les impôts sur celles-ci (près de 18% de hausse). Il faut aussi signaler que la sensibilité de ces résultats est relativement supérieure à celle de la première version. Sur un autre registre, la nature dynamique combinée à l’ampleur de ce choc agricole fait ressortit des effets au cours des années suivantes. Le principal mécanisme mis à contribution pour avoir ce genre d’impact est celui de l’accélérateur de l’investissement. Le raisonnement derrière veut dire que la baisse de la production en une année donnée, implique mécaniquement, ceteris paribus, un accroissement de la production l’année suivante par rapport à l’équilibre initial. Dans le cas du secteur agricole, les impacts durant les années suivantes concernent essentiellement les variations de cheptel. Les deux graphiques ci-après montrent d’ailleurs que les effets dynamiques d’une année agricole sèche sont quasiment nuls lorsqu’il s’agit des agrégats globaux (exemple du PIB). Le seul effet perceptible par le modèle passe par la FBCF en produits agricoles. Cet effet n’est pas cependant pas important8.

6 Ce secteur se caractérise en effet par une demande des ménages dont l’élasticité-dépense est au

voisinage de 2 (cf. chapitre précédent). Ceci explique en réalité le degré de réponse de ce secteur aux différents chocs. Ce résultat est à atténuer car cette élasticité est estimée sur une période qui a enregistré un engouement des ménages pour les produits de communication.

7 Le comportement du secteur industriel, dans le modèle (considéré comme un secteur de demande) n’est pas en mesure de capter les contraintes d’offre auxquelles ce secteur doit fait face lors d’une mauvaise année agricole.

8 Cet effet traduit en réalité un « effet mécanique » plus qu’un comportement, et est dû au changement de l’année de base, qui est utilisée pour le calcul de la variation de la production agricole.

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Graphique 8.1 : Effets dynamiques du choc agricole

a) sur le PIB b) sur la FBCF agricole

-10

-8

-6

-4

-2

0

2

0 1 2 3 4 5

retards

(en

%)

199819992000

Année de choc :

-4

-3,5

-3

-2,5

-2

-1,5

-1

-0,5

0

0,5

1

0 1 2 3 4 5

retards

(en

%)

199819992000

Année de choc :

Calculs de l’auteur.

2. Effets de la demande étrangère Dans ce paragraphe, nous allons voir les réponses de l’économie nationale face à un choc de la demande étrangère. Cela passe dans notre modèle par une modification des exportations de l’appareil productif. On peut éventuellement prendre un changement sur les exportations totales, mais pour plus de pertinence, on a opté pour des chocs ciblés sur des produits stratégiques ou de spécialisation. Malheureusement, le niveau de désagrégation retenue ne permet pas de considérer plus finement ces aspects. En définitive, on a choisi deux groupes de produits : les produits industriels et les produits miniers. Les premiers génèrent plus de 70% des exportations totales, et englobe des branches où le Maroc est spécialiste, et qui sont en même temps à forte orientation à l’étranger (cf. chapitre 4). Le secteur minier, en dépit de sa faible contribution dans le volume total des exportations et dans la croissance de l’économie marocaine, il reste un secteur dont la production répond, à hauteur d’un quart à la demande extérieure9. ce qui fait de lui un secteur essentiellement orienté vers l’export. Dans un premier temps, nous avons supposé un accroissement de 10% de la demande étrangère adressée en produits de l’industrie. Deuxièmement, les exportations du secteur minier vont subir à leur tour un choc positif d’ampleur égale. Dans le cas qui se présente dans ce paragraphe, le choc externe se traduit directement par une amélioration de la production locale des produits concernés10. Ces additionnels

9 Cette part cache en réalité le fait que les commandes intermédiaires satisfaites en ces produits vont-

elles en grande partie vers l’export. 10 On a supposé dans ce sens que les capacités de productions des secteurs sont suffisantes pour

satisfaire un tel accroissement de la demande. Si ce n’est pas le cas, on doit attendre à un accroissement des importations en cas de défaut de l’offre nationale.

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de production vont générer des revenus supplémentaires, et par conséquent une demande supplémentaire, qui, elle, va à son tour impliquer d’autres hausses de l’offre locale, et ainsi de suite. C’est le mécanisme du multiplicateur qui est en marche. Les accroissements de production vont, d’autre part, jouer favorablement sur la demande par le biais de l’investissement. Le nouvel équilibre est atteint après ces bouclages.

Figure 8.2 : Circuit des effets d’un choc favorable de la demande étrangère

Source : auteur.

D’une façon globale, l’accroissement de 10% de la demande étrangère adressée à nos produits industriels se traduit à terme par un additionnel moyen de croissance de 1.7% sur le PIB (un peu moins que pour la version exogène). Par composante, on relève une appréciation de la consommation finale des ménages de 1.3% environ, un investissement plus soutenu de 1.6%. Pour satisfaire cette demande supplémentaire, les importations vont tout de même enregistrer une hausse de prés de 3%. Le revenu des ménages s’inscrit lui aussi en hausse de 1.3%, profitant du dynamisme créé des secteurs d’activités (ce qui implique la distribution de plus de salaires et plus de bénéfices à ces ménages). Parmi les plus dynamiques, on trouve certes le même secteur avec un accroissement de sa valeur ajoutée de près de 3.5% en moyenne, mais aussi des secteurs comme le commerce (+2.7%), les télécommunications (+2%) ou encore le bâtiment (+1.7%).

Choc de demande étrangère (10%)

Production Revenus Consommation

des ménages

Importations

PIB

FBCF

-

+

++

+

+ +

+

+ +

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Tableau 8.2 : Résultats d’une hausse de la demande étrangère en produits industriels de +10%

Version du modèle FBCF endogène FBCF exogène

min max moyenne min max moyenne

PIB 1,6 1,8 1,7 1,3 1,4 1,4Consommation finale 0,9 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8Investissement 1,5 1,6 1,6 0,2 0,2 0,2Importations 3,2 3,2 3,2 2,6 2,7 2,7Compte des ménages

Revenu 1,2 1,4 1,3 1,0 1,1 1,1Consommation finale 1,2 1,3 1,3 1,0 1,1 1,0

Impôts et subventions Impôts sur le revenu 1,2 1,4 1,3 1,0 1,1 1,1TVA non déductible 1,2 1,4 1,3 0,7 0,8 0,8Subventions sur les produits 3,3 3,4 3,4 3,0 3,1 3,0Autres taxes sur les produits 2,2 2,3 2,3 1,9 2,0 2,0Impôts sur les importations 4,4 4,8 4,7 4,0 4,4 4,2

Calculs de l’auteur. Lorsque on parle du secteur des mines, on est sur un registre moins important relativement au secteur industriel. D’ailleurs, les effets du choc considéré ne dépasse guère 0.2% d’augmentation sur les agrégats macroéconomiques (PIB, consommation finale, investissement, importations). Sur le plan des performances sectorielles, force est de constater l’appréciation du secteur en question, puisque il signe une hausse de prés de 3.7%. Comme cela a été déjà signalé auparavant, ce résultat confirme le degré d’ouverture de ce secteur sur le marché extérieur d’un côté et, de l’autre coté, sa faible contribution à la croissance de l’économie marocaine.

Tableau 8.3 : Résultats d’une hausse de la demande étrangère en produits miniers de +10%

Version du modèle FBCF endogène FBCF exogène

min max moyenne min max moyenne

PIB 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2Consommation finale 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1Investissement 0,1 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0Importations 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,1Compte des ménages

Revenu 0,1 0,2 0,2 0,1 0,2 0,1Consommation finale 0,1 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1

Impôts et subventions Impôts sur le revenu 0,1 0,2 0,2 0,1 0,2 0,1TVA non déductible 0,1 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1Subventions sur les produits 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1Autres taxes sur les produits 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2Impôts sur les importations 0,2 0,3 0,3 0,2 0,2 0,2

Calculs de l’auteur.

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3. Politique budgétaire Avec l’avènement de Keynes, l’Etat et sa politique budgétaire jouissent d’une bonne place dans le circuit économique et notamment dans la relance de l’activité. Comme il le préconise d’ailleurs, le rôle de l’Etat doit aller, en cas de crise économique, dans le sens de la construction de grands chantiers. En outre, la politique budgétaire ne comporte pas que cette composante. Le train de vie de l’Etat est aussi un moyen pour cet agent pour soutenir la demande. L’action de l’Etat sur ce registre est d’autant plus importante que son poids est grand. Cette situation est généralement observée dans les pays en développement. C’est la cas du Maroc, puisque le secteur public s’accapare 20% de la consommation finale, 10% de la production totale, et emploi environ 15% de la population active occupé11. Dans ce sens, on a opté, pour voir les effets du secteur public sur l’activité économique, pour deux chocs: un choc sur la consommation finale des administrations publiques, ce qui s’apparente à un choc sur leurs dépenses de fonctionnement (essentiellement composés de salaires des fonctionnaires) ; le deuxième consiste en un effort supplémentaire d’investissement de la part des pouvoirs publics. 3.1. Dépenses de fonctionnement Le choc considéré ici se manifeste par une hausse de 10% de la consommation finale des administrations publiques. Comme le montre le schéma de la figure 8.3, cet accroissement agit directement et indirectement sur la demande finale : directement parce que cette consommation en fait partie, et indirectement en raison des salaires supplémentaires payés par l’Etat, qui vont déclencher une autre demande finale. Cette dernière va se propager et toucher tout le reste du tissu productif, et ce, jusqu’à l’atteint de la nouvelle situation d’équilibre. Les importations, et étant donnée qu’elles sont indexées sur la demande, vont subir la même évolution que l’offre locale, mais dans une moindre mesure. Ainsi, comme le montre le tableau 8.4, l’augmentation de la consommation finale des administrations à hauteur de 10% ce traduit en moyenne, au terme de ses effets, par un supplément de 2.5% au niveau du PIB. A la base de ce résultat, on trouve un accroissement de la consommation finale des ménages de l’ordre 2%, qui fait suite à l’augmentation de 2.1% de leurs revenus. On trouve aussi un accroissement de presque 1% au niveau de l’investissement (pour la version accélérateur du modèle). Les importations enregistrent elles aussi une amélioration moyenne de 2%. 11 Selon le TRE de 1998.

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Figure 8.3 : Circuit des effets d’un choc positif de la consommation finale des administrations publiques

Source : auteur.

Tableau 8.4 : Résultats d’une hausse de la consommation finale des administrations publiques de 10%

Version du modèle FBCF endogène FBCF exogène

min max moyenne min max moyenne

PIB 2,5 2,6 2,5 2,3 2,4 2,4Consommation finale 3,7 3,8 3,8 3,7 3,7 3,7Investissement 0,8 0,9 0,8 0,0 0,0 0,0Importations 2,0 2,1 2,0 1,7 1,8 1,7 Compte des ménages

Revenu 2,0 2,2 2,1 1,9 2,1 2,0Consommation finale 2,0 2,1 2,0 1,8 2,0 1,9

Impôts et subventions

Impôts sur le revenu 2,0 2,2 2,1 1,9 2,1 2,0TVA non déductible 1,6 1,9 1,7 1,3 1,5 1,4Subventions sur les produits 1,1 1,2 1,2 1,0 1,0 1,0Autres taxes sur les produits 1,6 1,8 1,7 1,5 1,6 1,5Impôts sur les importations 2,7 3,1 2,9 2,4 2,6 2,5

Calculs de l’auteur.

Choc de consommation finale de l’Etat (10%)

Production Revenus Consommation des ménages

Importations

PIB

FBCF

+ +

++ +

+

++

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3.2. Investissement public L’investissement des administrations publiques est introduit par le biais d’une variable proxy, en l’occurrence l’investissement budgétaire. Tel qu’il est relevé dans les statistiques du Trésor, il indique les investissement de l’administration centrale, qui sont certes les plus importants, et les plus à même de véhiculer la politique budgétaire de l’Etat, mais ne font pas malheureusement le tour complet sur cet agrégat au niveau de l’Etat au sens de la comptabilité nationale. Nous choisissons de choquer cette variable à hauteur de 10%. Il est clair que la version du modèle qui servira de base de calcul est celle qui intègre l’estimation de l’investissement. Cette hausse de l’investissement public va avoir un effet direct dans un premier temps sur la demande (par le biais de demande en produits d’investissement). L’offre locale et les importations doivent ainsi répondre à cette évolution favorable de la demande. La production locale va générer des revenus additionnels, ce qui enclenche le mécanisme du multiplicateur. La hausse de la production va augmenter la demande des entreprises en capital, ce qui traduira par d’autres améliorations de l’investissement. Les besoins que la production locale ne pourra pas satisfaire vont s’orienter directement vers le marché extérieur, ce qui implique une appréciation du volume des importations, et donc moins de croissance du PIB.

Figure 8.4 : Circuit des effets d’un choc favorable de l’investissement public

Source : auteur.

L’effort supplémentaire de l’investissement de l’Etat considéré plus haut affecte en conséquence le PIB à hauteur de 1% en moyenne. Il faut remarquer dans ce cadre que la

Choc de l’investissement public (10%)

Production Revenus Consommation des ménages

Importations

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part de l’investissement budgétaire dans le PIB ne dépasse pas les 5%, ce qui explique le degré de ces effets. L’investissement global est la variable la plus affectée, en raison certes de l’effet direct. Le total des effets remonte à 3% d’augmentation. Le revenu et la consommation des ménages s’apprécie de 0.5%. Les importations s’améliorent de 1.3% en moyenne. Au plan des secteurs, le secteur de la construction semble le plus bénéficiaire de cet accroissement de l’investissement étatique. La valeur ajoutée de ce secteur s’inscrit ainsi en hausse de 3%12. Hormis les secteurs de l’agriculture et des services non marchands qui ne bougent pas significativement (logiquement d’aileurs), le reste du tissu productif enregistre une évolution similaire à celle du PIB globale.

Tableau 8.5 : Résultats d’une hausse l’investissement public de 10%

Version du modèle FBCF endogène

min max moyenne

PIB 0,7 0,7 0,7 Consommation finale 0,4 0,4 0,4 Investissement 2,9 3,1 3,0

Dont FBCF 2,9 3,1 3,0 Importations, dont : 1,2 1,3 1,3 Compte des ménages

Revenu 0,5 0,5 0,5 Consommation finale, dont : 0,5 0,5 0,5

Impôts et subventions

Impôts sur le revenu 0,5 0,5 0,5 TVA non déductible 1,1 1,3 1,2 Subventions sur les produits 0,8 0,8 0,8 Autres taxes sur les produits 0,7 0,7 0,7 Impôts sur les importations 1,6 1,8 1,7

Calculs de l’auteur. La dynamique du modèle telle qu’elle a été mise en œuvre fait que les effets d’un tel choc n’ont que des impacts sur la même année. Au contraire, les effets de ce choc se propagent par le mécanisme de l’accélérateur. Comme le montre les graphiques ci-après, les effets de l’investissement sont entretenus presque avec la même ampleur que celle enregistrée durant l’année du choc. Ainsi, les impacts sur le PIB et sur la FBCF totale se situent aux alentours de 0.7% et 3% respectivement. Cela implique par ailleurs que le schéma décrit pour l’année du choc reste grosso modo identique pour les années suivantes.

12 C’est la conséquence directe de ce qui observée durant la période 1998-2003, à savoir une tendance

plus soutenue à l’investissement dans la construction relativement aux autres secteurs.

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Graphique 8.2 : Effets dynamiques du choc de l’investissement budgétaire

a) sur le PIB b) sur la FBCF

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0,1

0,2

0,3

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0,6

0,7

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0 1 2 3 4 5

retards

(en

%)

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Année de choc :

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1,5

2

2,5

3

3,5

0 1 2 3 4 5

retards

(en

%)

199819992000

Année de choc :

Calculs de l’auteur.

4. Politique fiscale : Impôt sur le revenu La fiscalité directe constitue une des principales sources de revenu de l’Etat marocain, mais en contre partie, elles reste un des points importants désignés souvent comme frein au développement du secteur privé, et donc une contrainte sur la croissance économique. De même, le taux de l’imposition directe est un critère qui influence l’attractivité d’une économie vis-à-vis des investissements étrangers. Conscient de l’importance de la question, le Maroc a entamé des gestations depuis longtemps, et sous la pression et recommandations des institutions internationales, en vue stimuler l’activité par une baisse de l’imposition. Après plusieurs promesses et tergiversations, notre pays se décide enfin de baisser le taux de l’impôt général sur le revenu13. Dans le cadre de cette réforme, le taux marginal de cet impôt a été ramené de 44% à 42%, avec un remodelage de ses tranches. Pour transposer cette modification sur le modèle, la tâche n’est pas aussi directe. En effet, dans le modèle, le taux de l’impôt direct est indexé sur le montant global du revenu des ménages, avec tous les transferts qu’il contient14. Ensuite, la baisse du taux marginal ne se traduit pas pour autant sur le taux (moyen) de cet impôt. Après une recherche sur le sujet, des estimations indiquent que la moins-value relative à cette réforme s’élèverait à 2.5 milliards de dh. En l’absence de toute indication sur le revenu des ménages en 2006 et en 2007, on ne peut pas calculer directement la différence de taux inhérente à cet impôt. La méthode que nous avons donc retenu est similaire à celle retenue auparavant, à savoir un choc 13 Il devient pour l’occasion l’impôt sur le revenu tout court. 14 Il faut noter ici que l’indexation de cet impôt sur les revenus d’activité (salaires et EBE seulement) ne

change pas trop le taux de cet impôt. L’écart est de l’ordre de 1 point.

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d’ampleur fixée a priori. Nous avons considéré dans ce sens une baisse de 2 points sur ce taux (ceci équivaux à une baisse de 35% dans les recettes globales de cet impôt). Il est à noter ici que la nature du choc à considérer est différente des précédents. Effectivement, lorsque on change une réglementation, c’est pour les années à venir, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Cela nous indique à prendre donc un choc entretenu. La baisse du taux de l’impôt sur le revenu implique directement plus de revenu pour les ménages (cf. figure 8.5). Cela se traduirait majoritairement en consommation finale, ce qui augmenterait la demande adressée au tissu productif et au marché extérieur. Plus de production implique à son tour plus de revenu et plus de consommation d’une part, et d’autre part, plus d’investissement de la part des entreprises. Ce raisonnement se répètera jusqu’à atteindre la nouvelle situation d’équilibre. Une partie de ces demandes supplémentaires sera satisfaite par les importations, ce qui constitue des fuites à déduire du résultat global.

Figure 8.5 : Circuit des effets d’un choc positif du le taux de l’impôt sur le revenu

Source : auteur.

Tout calcul fait, la baisse de 2 points dans le taux de l’impôt général sur le revenu se traduit par une baisse, in fine, par un supplément moyen de 1.1% du PIB de notre économie. A l’origine de ce résultat, une appréciation de la consommation des ménages de 2.7%, qui fait suite à l’additionnel de leur revenu qui augmente de 2.9%. Les importations vont suivre cette tendance positive de la demande, en s’élevant elles aussi de près de 2%. Le montant total des impôts que le modèle intègre va connaître une diminution (aux alentours de 6%). En effet, les augmentations qu’enregistrons les autres impôts (de

Baisse taux de l’impôt sur le revenu

Production Revenus Consommation des ménages

Importations

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l’ordre de 2% en moyenne) ne compensent pas la chute des recettes de l’impôt sur le revenu (-35%).

Tableau 8.6 : Résultats de la baisse du taux de l’impôt sur le revenu

Version du modèle FBCF endogène FBCF exogène

min max moyenne min max moyenne

PIB 1,2 1,3 1,2 1,0 1,1 1,1Consommation finale 2,1 2,2 2,1 2,0 2,1 2,0Investissement 0,8 0,8 0,8 0,0 0,0 0,0Importations 2,0 2,2 2,1 1,7 1,8 1,8Compte des ménages

Revenu 2,8 2,9 2,9 2,7 2,8 2,7Consommation finale, dont : 2,7 2,8 2,7 2,5 2,7 2,6

Biens agricoles 2,4 2,5 2,5 2,3 2,4 2,3Biens industriels 2,1 2,2 2,1 2,0 2,1 2,0Services marchands 2,9 3,2 2,9 2,7 3,0 2,8

Impôts et subventions Impôts sur le revenu -35,0 -35,0 -35,0 -35,1 -35,0 -35,1TVA non déductible 2,1 2,4 2,2 1,9 2,0 1,9Subventions sur les produits 1,2 1,2 1,2 1,0 1,0 1,0Autres taxes sur les produits 1,3 1,4 1,4 1,2 1,3 1,2Impôts sur les importations 2,9 3,3 3,2 2,5 2,9 2,8

Calculs de l’auteur. Les effets de cette baisse ne s’amplifient pas dans le temps, en toute logique d’ailleurs. Les impacts sur l’activité économique sont assez stables en raison de la quasi-absence des effets induits dans le temps. On gagnerait ainsi presque le même différentiel de PIB sur les années suivant le chocs. Par ailleurs, et en revenant à la réforme de l’impôt sur le revenu telle qu’elle a été amorcée par les pouvoirs publics en 2007, nous pouvons affirmer que son impact ne dépasserait pas 0.5% sur le PIB global. Deux raisons militent vers cette affirmation : premièrement la forme quasi-linéaire du modèle, et deuxièmement le chocs que nous avons simulé correspond à une baisse de 5 à 7 milliards de dh sur le montant total de cet impôt en terme absolue selon les années, ce qui constitue plus du double du montant inhérent à cette réforme. Conclusion Tout au long de ce chapitre, nous avons essayé d’analyser, quantitativement et qualitativement, les réponses de l’économie nationale, via le modèle élaboré dans le précédent chapitre, à quelques chocs exogènes et quelques variantes de politique budgétaire de l’Etat.

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Globalement, il ressort des effets mis en évidence par le modèle que le secteur agricole et celui des administrations publiques exercent de grandes pressions (positives ou négatives selon la conjoncture) sur les performances économique de notre pays. Nous y attendons comme conclusion, en raison des poids importants respectifs de ces deux secteurs (effets directs), et de la présence des effets multiplicateurs. En particulier, et par rapport à la question soulevée au premier paragraphe de ce chapitre, un choc agricole semble avoir des effets beaucoup plus importants que ceux qu’indique le simple calcul direct15. Ainsi, une baisse de 20% de la production agricole, suite à une année de sécheresse, se traduirait selon le modèle par une perte de croissance du PIB d’environ 5%. Pour les autres variantes simulées, le modèle indique une élasticité moyenne du PIB moyenne de l’ordre de 0.2 vis-à-vis de la demande étrangère adressée au secteur industriel local. Cette élasticité est encore plus faible (0.02) lorsqu’il s’agit du secteur minier. La dépense publique, hors investissement, présente un effet non négligeable. Une variation unitaire de celle-ci implique un changement positif du PIB de l’ordre de 0.25% en moyenne. Quant il s’agit de l’investissement des administrations publiques, son impact est beaucoup moins important (l’élasticité du PIB à cet agrégat se limite à 0.1%). Cependant, le choc sur l’investissement a des effets dynamiques qui se manifestent durant les années suivantes, avec quasiment la même intensité que la première année, contrairement à la variation de la consommation finale publique. La réforme fiscale, avec les modalités que l’Etat marocain avait adopté au début de cette année se limiterait à une amélioration 0.5% du PIB au maximum. Cependant, les effets déduits de la simulation du modèle sont à prendre tout de même avec attention. C’est le cas notamment lors d’un choc agricole. Deux éléments au moins militent pour ce constat : tout d’abord les effets sur les prix qui ne sont considérés par le modèle, et qui, en cas de baisse de la production, jouent un effet d’ajustement16. Le deuxième élément tient au fait que le secteur public ne reste pas les bras croisés dans cette conjoncture morose, puisque durant les années précédentes, les pouvoirs publics ont lancé des programmes de lutte contre la sécheresse, qui, eux, ont comme corollaire l’atténuation de la dégradation de la demande. Dans le même sens, mais avec moins de poids, les droits et taxes sur les importations de blé sont généralement abaissés durant les compagnes agricoles moroses.

15 On peut citer comme raison à cela le poids de la population rurale, dont les activités agricoles

constituent son gain de pain unique dans la quasi-totalité des cas. 16 Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut s’attendre à des bouleversements dans les résultats en volume.

A titre de comparaison, le modèle macroéconomique de l’INAC donne un impact de –3.8% du PIB pour le même choc agricole (soit 1 point de différence).

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Conclusion de la deuxième partie

La deuxième partie de ce rapport était l’occasion de présenter notre travail de construction d’un modèle de type quasi-comptable pour l’économie nationale et de la simulation de quelques chocs exogènes sur celui-ci. En plus de son ossature comptable, le modèle construit est enrichi de deux comportements macroéconomiques : une fonction de consommation keynésienne et une accumulation de capital de type accélérateur flexible. La demande s’adjuge une place importante dans ce modèle, car c’est elle qui gouverne à court terme les fluctuations de l’offre (locale et importation) hors secteur agricole. Cette offre exerce, elle aussi, des effets de retour sur la demande par le biais des revenus distribués. Comme tout modèle, les travaux de construction de notre modèle ont nécessité le recours à quelques « hypothèses de travail », à la fois pour dépasser les contraintes de disponibilité de données et de temps principalement, ou pour essayer de représenter le plus fidèlement possible le cadre comptable. Les résultats de simulation confirment le poids du secteur agricole dans l’économie marocaine. Il serait de même pour l’administration publique, notamment dans ce qui se réfère à son train de vie. Nous nous sommes intéressés aussi dans ce cadre aux répercussions d’une baisse du taux de l’impôt sur le revenu.

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C O N C L U S I O N G E N E R A L E

L’exercice de modélisation est, à notre sens, un exercice à la fois difficile et passionnant. Difficile tout d’abord car il demande d’être au courant plus au moins dans les détails dans plusieurs domaines. On peut donc le qualifier, sans trop de crainte, de travail pluridisciplinaire. Le modèle élaboré dans le cadre de ce projet demande en effet des connaissances approfondies de la comptabilité nationale, surtout en matière de tableau des ressources et des emplois, de la théorie macroéconomique, du cadre institutionnel et de l’outil informatique. La multitude de ces terrains à éclairer rend en parallèle ce travail passionnant, car à chaque instant, on se trouve sous la pression du résultat, lequel présente en plus des aspects très techniques qui posent parfois des problèmes dont l’origine est difficile à décortiquer et la solution à trouver. Si la construction d’un modèle macroéconomique exige autant de demandes, elle est aussi gourmande en disponibilités de temps1. Ce facteur joue en effet sur deux niveaux : un niveau direct, qui signifie que lors de cette construction, ses différentes étapes demandent du temps pour leur accomplissement. La manipulation de grandes masses d’information statistique, la recherche d’estimations économétriques adéquates pour les comportements macro-économiques à prendre en considération, et aussi la résolution de problèmes techniques, sont les plus importantes dans ce sens. Le deuxième niveau nous renvoie au fait que les contraintes temporelles forcent les arbitrages. Cependant, elles ne devraient pas constituer pour autant des raisons pour procéder à des considérations farfelues, en dehors de toute logique (économique et/ou comptable dans notre cas). Un des premiers choix, que nous avons pris au cours de ce projet, est de limiter notre champ d’application. Le temps ne jouerait pas effectivement dans notre sens si on avait opté pour la confection d’un modèle qui intègre toutes les composantes et tous les modules possibles. Nous nous sommes contenté, en conséquence, pour l’élaboration d’un modèle, certes désagrégé et d’ensemble, pour la sphère réelle seulement. Néanmoins, la modélisation de cette sphère constitue en règle générale la première étape, et, en quelque sorte, le noyau central de tout modèle. Dans le cas de la modélisation quasi-comptable, objet de ce travail, les autres modules (comme un TEE ou une balance de paiements) ne posent pas de problèmes particuliers. Même les prix, l’une des composantes importantes (puisque ils traduisent les phénomènes nominaux), ne sont pris qu’avec un comportement de marges (de la part des producteurs2). Ce choix étant fait, nous avons entamé nos investigations et nos travaux. Ceux-ci ont débouché sur un modèle intégré et désagrégé, qui retrace les phénomènes réels dans un

1 Indépendamment aussi des disponibilités en ressources humaines, mais dans notre cas, on a opté au

départ, et en connaissance de causes, pour entreprendre cette entreprise. 2 C’est une caractéristique qui est généralement commune aux modèles de ce type. Elle traduit par contre

le manque des ajustements des prix, en présence de tensions sur les marchés.

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cadre cohérent, qui est celui du TRE marocain, tel qu’il est a été construit et publié pas les comptables nationaux. La désagrégation retenue est conforme à celle retenue habituellement par les prévisionnistes ou les conjoncturistes. En outre, elle est suffisante, de l’avis des spécialistes, pour décrire le système productif. Le modèle ainsi construit s’est efforcé de donner une schématisation de l’activité économique, tout en prenant en compte les considérations comptables qui sont à la base de la confection du TRE. Sur le plan macroéconomique, notre modèle est d’inspiration keynésienne. Il intègre les deux mécanismes chers à cette théorie, à savoir le mécanisme du multiplicateur et celui de l’accélérateur. Il en découle donc que ce modèle attribue à la demande un rôle capital, puisque elle façonne les fluctuations de l’offre à court terme. Par ailleurs, et vu ses spécificités, le secteur agricole a été approché par un raisonnement différent, en le considérant comme un secteur d’offre. En parallèle à ces éléments théoriques, le modèle élaboré se base en grande partie sur l’analyse input-output pour expliquer le comportement d’un bon nombre de variables qu’il contient. L’hypothèse fondamentale de cette analyse, à savoir la stabilité des structures et des technologies de production, est par conséquent très présente. Elle confirme en même temps le caractère « court-termiste » du modèle, car cette hypothèse est difficilement tenable dans un horizon plus au moins lointain. En matière de résultats, le modèle a plus au moins réussi à mettre en cohérence un ensemble de mécanismes qui régissent notre économie, tels qu’ils sont rapportés par les comptables nationaux (dans le cadre du tableau des ressources et des emplois). Ainsi, l’équilibre entre les agents économiques est assuré pour chaque type de produit. En outre, deux bouclages ont été intégré dans le modèle : le premier fait référence à la relation entre l’offre et la demande alors que le deuxième est lié à l’effet de la production sur la demande de capital. Selon une nomenclature désagrégée, ces enchaînements sont décrits par un nombre plus au moins consistant de variables, puisque le modèle en manipule environ 530, avec seulement une vingtaine de variables déterminée d’une façon exogène. Par ailleurs, les simulations effectuées sur le modèle ne font pas apparaître de grands problèmes, du moins, en matière de logique économique et des sens des impacts. Il s’avérerait donc que ces résultats peuvent être taxés de résultats intelligibles. Il faut remarquer à ce niveau que les résultats de ces simulations transmettent en réalité les enchaînements économiques et comptables qui nous ont guidé dans la construction du modèle (ce qui nous tranquillise a posteriori). Certes, l’ampleur des réponses du modèle face à ces différents chocs peuvent être discutés, ne se serait ce qu’en raison du champ couvert par celui-ci, qui se limite aux fluctuations de la sphère réelle. Par contre, si on considère que les prix ont des effets non négligeables mais non conséquent3, on pourrait dire que les conclusions de ces simulations nous permettent un « ordre de grandeur », très utile pour situer le poids ou le rôle d’un quelconque indicateur ou secteur économiques.

3 Notamment avec le régime de « basse inflation » que le Maroc connaît de puis les années 90 (qui a pris

place à l’inflation à deux chiffres qui prévalait avant).

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Dans ce sens, le modèle confirme l’importance du secteur agricole dans l’économie nationale, de même que le poids de l’administration marocaine. Le PIB marocain aurait en moyenne une élasticité de prés de 0.25 par rapport à la production agricole et à la consommation des administrations publiques. De même, la variation unitaire de la demande étrangère adressée aux produits industriels locaux impacte positivement notre PIB de 0.2% environ. L’effet qui transite par les produits miniers est par contre négligeable. En outre nous avons simulé une baisse du taux de l’imposition sur le revenu et il semblerait, selon les résultats du modèle, que le niveau de l’activité s’améliorerait de prés de 0.5% conséquemment à une réduction de ce taux de un point. En dépit des acquis que permet notre travail, nous sommes convaincu qu’il présente encore quelques lacunes. Celles-ci se décomposent en deux types. Les premières dépassent notre modèle et concernent la modélisation quasi-comptable dans son ensemble. On peut citer principalement dans ce cadre le manque de validation empirique dont souffre ce genre de modèle, ainsi que le caractère « discrétionnaire » de leurs prévisions. Les deuxièmes sont par contre propres à notre modèle. La plus percutante reste la non prise en compte des prix. A ceci s’ajoute l’absence des phénomènes de substitution entre les produits locaux et les produits importés. De même, nous pensons que l’ajustement de la consommation finale des ménages est un peu plus mécanique que d’habitude à court terme (une élasticité-revenu presque unitaire). Nous considérons aussi que, sur le plan économétrique, des efforts supplémentaires peuvent conduire à l’amélioration de la qualité des différents paramètres de comportement du modèle. Nous pensons particulièrement à la théorie de la cointégration (notamment pour résoudre le problème de la racine unitaire). Les recommandations que nous pouvons formuler pour l’amélioration du modèle s’inspirent très naturellement de ses faiblesses. Tout d’abord, il va de soi que rechercher à remédier aux lacunes soulevées est une première piste. En matière de blocs, celui des prix serait le premier sur la liste des blocs pertinents à ajouter. On peut aussi procéder, selon les besoins, à la modélisation d’un TEE, d’un TOF ou d’une balance des paiements. Si des secteurs s’avèrent exercer des effets importants sur l’activité économique d’ensemble, leur traitement à part peut être plus approprié. La recherche d’une convergence entre le travail accompli et l’analyse conjoncturelle est une piste d’amélioration très intéressante pour l’INAC, l’organisme qui a accueilli cette recherche. De même, l’intégration de ce modèle dans le circuit des analyses de court terme renforcerait le caractère pratique de notre travail. Ainsi, le modèle construit peut constituer un moyen pour la mise en cohérence des analyses sectorielles. Ceci ne peut être fait directement sur le modèle avec son état actuel, mais, à l’aide de quelques changements dans ses bouclages, cette utilisation est très possible. En définitive, le point que nous retenons comme important au terme de notre travail, et que nous sommes en présence d’un travail à compléter, même s’il répond aux objectifs que nous nous sommes fixés au départ. Evidemment, son amélioration ne se fera qu’à la suite d’autres objectifs plus vastes et plus ambitieux éventuellement. Si l’occasion se présente, nous sommes prêt à entamer ces nouvelles taches avec les mêmes motivations et dévouements, qui étaient d’ailleurs les nôtres tout au long de ce travail. ■

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Meier R. (1989), Elaboration d'un modèle macro-économique de prévision à court terme pour le Rwanda, Statéco, n° 58-59.

Meier R. et Raffinot M. (2000), Faut-il continuer à élaborer en Afrique des modèles quasi-comptables centrés sur les tableaux ressources-emplois, Statéco, n° 95-96-97.

Muet P.-A. (1986), Un modèle macroéconomique intégrant les comptes nationaux, le budget, l'endettement et la balance des paiements : le modèle "MEGA" de l’économie gabonaise, Statéco n°48.

Page 121: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Bib

lio

gra

ph

ie

108

Olive G. (1993), Les modèles quasi-comptables utilisés dans les pays en développement : l’exemple de Tablo, dans « les stratégies du développement régional et national » sous la direction de M. Bijaad, G. Benhayoun, et M. Catin, Ministère chargé de la population.

Pichot A. (1988), Comptabilité nationale et modèles économiques, collection "Économie", PUF.

Notes de cours :

Tahiri (1995), Cours de comptabilité nationale, INSEA.

Dinia F. et Tazi L. encadré par A. Allalat, (1997), Tablo, un exemple de modèle quasi-comptable pour pays en développement (le cas marocain), exposé en cours de techniques de planification, INSEA.

Afkir M. (1998), Cours de techniques de planification, INSEA.

Zoujal N. (2006), Cours de techniques de planification, INSEA.

Page 122: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Filtre de Hodrick-Prescott

A P P E N D I C E

Page 123: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Ap

pen

dic

e

110

Appendice : Filtre de Hodrick-Prescott

A/ Composantes d’une série chronologique Lorsqu’il s’agit d’énumérer les composantes d’une série chronologique, un certain consensus se dégage. En effet, celle-ci est habituellement décomposée de quatre parties :

La tendance (ou trend): il s'agit du sentier de croissance de la série qui retrace son évolution sur longue période. Cette composante est supposée déterminée par des facteurs structurels.

Le cycle: c'est une composante stationnaire qui fluctue autour de la tendance. Elle est le résultat de différents chocs, non de nature structurelle, qui affecte la variable.

La composante saisonnière: se sont des variations infra-annuelles dues à l'effet de la saison. Elle est présente dans la quasi-totalité des variables économiques de périodicité inférieure à l'année, mais ne constitue pas un phénomène intéressant dans l'étude des fluctuations économiques.

La composante irrégulière ou aléatoire: elle intègre tout ce qui échappe aux trois composantes précédentes.

Comme d’autres filtres, le filtre de Hodrick-Prescott vise à extraire ces composantes. Par contre, ce dernier se distingue par son approche récursive de calcul. En plus, le filtre HP décompose la série en seulement deux composantes : une de long terme ou tendance et deuxième de court terme qui intègre la partie irrégulière à la composante cyclique1. Ainsi, l’appellation de composante cyclique est un abus de langage, mais généralement adoptée par contre2. B/ Construction du filtre On observe une série yt qui possède une tendance et fluctue autour de cette dernière. On voudrait pouvoir isoler une tendance « lisse », notée gt , et une composante cyclique ct qui fait fluctuer yt autour de sa tendance. En d’autres termes, on cherche à décomposer yt sous la forme:

yt = gt + ct L’idée est alors de minimiser la somme des carrées des déviations de yt par rapport à sa tendance gt, tout en gardant une tendance lisse, c'est-à-dire qu’on va imposer que gt ne 1 La saisonnalité est éliminée généralement ex ante en raison de son caractère « extraéconomique ». 2 Pour remédier à ce problème, et si on s’intéresse plus à cette composante, on peut appliquer le filtre HP

passe-bande (c’est le même filtre mais exécuté en deux temps).

Page 124: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Ap

pen

dic

e

111

varie pas trop entre deux périodes successives. Ce dernier aspect est introduit comme une contrainte, et le problème consiste alors à de calculer gt comme solution du problème :

( ) ( )[ ]

≤−−−∑∑

−+ Kggggcst

tttt

ttg c

t

21

21

2

..

min

On écrit ensuite le Lagrangien de ce problème. Cependant, on n’a aucun guide pour choisir K . le choix de cette constante va se transformer en un choix du multiplicateur lagrangien λ, associé au problème précédent. On calculera donc gt comme solution de :

( ) ( )( )[ ]∑−

=−+ −−−+−

1

2

21

21

2)(T

tttttttg

gggggynmit

λ

Le multiplicateur λ s’interprète alors comme le poids qu’on attribue au fait d’avoir une tendance lisse. Plus λ est élevé, plus on donne de l’importance à la contrainte, et plus on obtient une tendance lisse. Des valeurs standard existent pour ce paramètre, même si elles sont calculées sur la base de données américaines. La condition du premier ordre de ce programme donne le filtre qui permet de soustraire la tendance3 :

( ) tt yL

Lg

−−+=

22 1111 λ

Par différence, la composante cyclique ct du filtre Hodrick-Prescott correspond donc à appliquer à la série de départ le filtre bilatéral infini suivant :

( )

( )

−−+

−−

=2

2

22

1111

111)(

LL

LL

LHP

λ

λ

3 L désigne l'opérateur retard: L(y(t))=y(t-1)

Page 125: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

A N N E X E S

Annexe 1: Nomenclature des secteurs et des branches ........................ 113 Annexe 2: Tableau des ressources et des emplois de l’économie

marocaine en 1998 .............................................................. 115 Annexe 3: Résultats détaillés du calcul des coûts cumulés de base ..... 118

A/ Indicateurs directs .................................................................. 118 B/ Productions cumulées............................................................. 119 C/ Multiplicateurs de revenu....................................................... 120 D/ Multiplicateurs de l’emploi .................................................... 121

Annexe 4 : Equations et variables du modèle........................................ 122

A/ Equations ................................................................................ 122 B/ Variables................................................................................. 128

Annexe 5 : Estimations économétriques du modèle.............................. 132

A/ Consommation finale des ménages......................................... 132 B/ FBCF non agricole ................................................................. 133 C/ Production agricole................................................................ 135 D/ Calage des consommations par produits ............................... 137 E/ Calage de la FBCF désagrégée par produits......................... 139 F/ Calage de la production bancaire imputée ............................ 140 G/ Calage des marges de transport sur les importations............ 140 H/ Graphiques des ajustements................................................... 141

Page 126: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 113

Annexe 1: Nomenclature des secteurs et des branches

Code des branches Dénomination des secteurs et des branches

Agriculture et pêche A00 Agriculture, sylviculture, chasse, exploitation B05 Pêche, aquaculture

Mines C01 Extraction de houille, de lignite, de tourbe C02 Extraction de minerais métalliques C03 Autres extractions de minerais

Industrie D15 Industrie alimentaire D16 Industrie du tabac D17 Industrie textile D18 Industrie de l'habillement et des fourrures D19 Industrie du cuir et de la chaussure D20 Travail du bois et fabrication d'articles en bois D21 Industrie du papier et du carton D22 Edition, imprimerie et reproduction D24 Industrie chimique D25 Industrie du caoutchouc et des plastiques D26 Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques D27 Métallurgie D28 Travail des métaux D29 Fabrication de machines et équipements D30 Fabrication de machines de bureau et de matériel informatique D31 Fabrication de machines et appareils électriques D32 Fabrication d'équipements de radio, télévision D33 Fabrication d'instruments médicaux, de précision D34 Industrie automobile D35 Fabrication d'autres matériels de transport D36 Fabrication de meubles. Industries diverses D37 Récupération

Energie D23 Raffinage de pétrole et autres produits d'énergie E00 Production et distribution d'électricité, d'eau

Bâtiment et travaux publics F45 Construction

Commerce G00 Commerce et réparation

Page 127: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 114

Services (marchands) H55 Hôtels et restaurants J00 Activités financières et assurances K00 Immobilier, location et services rendus aux entreprises OP0 Autres services non financiers

Transport I01 Transports

Communication I02 Postes et télécommunications

Administrations publiques L75 Administration publique générale et sécurité

MN0 Education, santé et action sociale

Secteurs/branches conventionnelles TR0 Correction territoriale UF0 Branche fictive

Source : Comptabilité Nationale.

Page 128: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 115

Annexe 2 : TRE agrégé de l’année 1998 (valeur en millions de dh)

Prix de base Prix acquisition Tableau de l’offre globale (ressources)

Production importation ressources Marges de commerce

Marges de transport

TVA non déductible

Subventions sur les produits

Autres taxes sur les produits

Impôts sur les exportations

Impôts sur les importations ressources

Agriculture 92 762 9 045 101 807 12 850 763 39 2 253 117 712

Mines 12 338 7 721 20 059 584 682 35 190 21 550

Energie 23 936 2 985 26 921 3 621 1 888 -529 8 695 258 40 854

Industrie 203 965 80 911 284 876 36 358 2 971 7 881 -5 306 6 025 10 204 343 009

BTP 42 066 42 066 4 596 46 662

Commerce 59 861 59 861 -53 413 324 6 772

Services 86 107 5 347 91 454 -156 2 583 2 359 2 96 242

Transport 26 921 5 330 32 251 -12 053 1 175 21 373

Communication 7 696 770 8 466 666 9 132

Administration 71 592 71 592 267 71 859

Correction territoriale -4 089 -4 089 7 793 3 704

Unité fictive

Total 627 244 108 020 735 264 19 454 -5 835 17 079 12 907 778 869

Tableau de la demande finale Consommation finale Investissement

Exportation

Ménages Adm. ISBL Total FBCF VS TotalDemande

finale Demande totale

Agriculture 7 501 45 237 799 46 036 3 948 4 812 8 760 62 297 117 712

Mines 5 715 142 142 -85 -85 5 772 21 550

Energie 1 298 15 093 15 093 -1 561 -1 561 14 830 40 854

Industrie 54 386 112 825 429 113 254 36 210 6 157 42 367 210 007 343 009

BTP 1 787 1 787 43 571 693 44 264 46 051 46 662

Commerce 4 004 4 004 178 178 4 182 6 772

Services 2 492 44 157 44 157 5 998 5 998 52 647 96 242

Transport 4 330 11 560 11 560 15 890 21 373

Communication 1 076 4 418 4 418 5 494 9 132

Administration 8 469 63 062 71 531 71 531 71 859

Correction territoriale 17 016 -13 312 -13 312 3 704 3 704

Unité fictive

Total 93 814 234 380 64 290 298 670 89 905 10 016 99 921 492 405 778 869

Page 129: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 116

Comptes d’exploitations des secteurs 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Total

Production effective (produit) 92 762 12 338 23 936 203 965 42 066 59 861 86 107 26 921 7 696 71 592 627 244 Production distribuée (secteur) 95 693 12 720 22 630 203 139 41 995 61 794 78 688 27 420 7 672 75 493 627 244 Valeur ajoutée brute /PIB 68 917 8 400 12 436 58 933 14 659 46 211 64 012 16 854 6 839 59 822 -16 303 340 780 Rémunération des salariés 5 878 2 139 3 411 21 130 5 155 8 074 11 446 5 292 1 600 51 958 116 083 Salaires bruts 5 561 1 803 2 946 18 278 4 556 6 967 10 073 4 613 1 473 47 688 103 958 Contributions sociales effectives 259 152 145 2 426 581 1 035 1 286 354 97 3 634 9 969 Contributions sociales imputées 58 184 320 426 18 72 87 325 30 636 2 156 Impôts sur la production 47 423 160 1 345 150 814 1 025 425 333 81 4 803 Subventions sur la production -16 -20 -459 -13 -508 Excédent brut d'exploitation / revenu mixte 62 992 5 854 8 865 36 478 9 354 37 323 52 000 11 150 4 906 7 783 -16 303 220 402

Effectifs employés par secteur 2 192 47 40 1 453 455 2 219 983 295 46 1 363 9 094

Consommation intermédiaire des branches 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Total

Agriculture 15 426 33 38 946 7 42 744 27 190 55 415 Mines 2 442 6 918 5 616 2 380 90 4 52 274 15 778 Energie 3 085 1 299 2 110 7 323 1 339 2 424 1 145 3 422 95 3 782 26 024 Industrie 6 904 1 539 618 84 577 21 626 6 201 5 378 1 103 202 4 854 133 002 BTP 10 86 45 187 283 611 Commerce 76 29 1 538 5 105 837 2 590 Services 732 362 486 5 896 1 597 3 583 6 301 4 344 302 3 689 16 303 43 595 Transport 347 533 14 1 336 98 902 212 1 331 84 626 5 483 Communication 31 26 48 483 244 803 602 182 150 1 069 3 638 Administration 163 98 67 328 Correction territoriale Unité fictive

Total 26 776 4 320 10 194 144 206 27 336 15 583 14 676 10 566 833 15 671 16 303 286 464

Page 130: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 117

Matrice de production

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Total

Agriculture 91 509 546 545 2 26 134 92 762 Mines 12 180 55 87 10 6 12 338 Energie 874 22 074 39 949 23 936 Industrie 2 698 14 135 197 092 117 3 330 316 68 16 179 203 965 BTP 323 64 113 98 41 017 54 7 186 3 201 42 066 Commerce 158 34 198 2 762 716 55 410 218 349 2 14 59 861 Services 131 428 55 2 501 145 882 77 982 247 167 3 569 86 107 Transport 331 63 26 527 26 921 Communication 130 80 7 484 2 7 696 Administration 14 153 14 17 71 394 71 592 Correction territoriale Unité fictive

Total 95 693 12 720 22 630 203 139 41 995 61 794 78 688 27 420 7 672 75 493 627 244 Source : Comptabilité Nationale.

Page 131: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 118

Annexe 3 : Résultats détaillés du calcul des coûts cumulés de base

A/ Indicateurs directs Branches VA/P P/L VA/L taux

d'exportationsolde

commercial couverture

A00 72,1 42 140,5 30 387,6 5,9 -3 859,0 10,0 B05 70,8 83 273,1 58 959,1 38,0 2 315,0 1,2 C01 0,0 0,0 0,0 0,0 -6 315,0 95,3 C02 52,2 288 271,8 150 529,8 75,1 742,0 27,0 C03 68,0 268 682,6 182 690,7 44,7 3 567,0 17,8 D15 19,6 446 701,3 87 473,1 10,5 1 944,0 8,1 D16 64,0 701 303,5 448 789,6 0,2 -430,0 20,3 D17 35,6 39 182,2 13 966,8 30,2 -10 449,0 64,3 D18 33,4 84 261,8 28 105,5 78,8 20 594,0 22,1 D19 33,2 90 590,7 30 082,3 47,3 1 119,0 28,2 D20 19,6 15 125,3 2 960,7 13,1 -1 199,0 37,2 D21 29,1 418 454,9 121 657,3 7,4 -1 467,0 27,4 D22 41,6 151 856,5 63 218,0 1,7 -443,0 20,9 D23 24,0 1 707 813,8 410 432,3 12,2 -1 276,0 23,2 D24 32,3 607 862,1 196 448,7 38,0 -2 477,0 44,0 D25 23,3 156 964,2 36 542,1 8,5 -2 159,0 42,3 D26 47,5 177 140,6 84 061,8 5,3 -496,0 9,9 D27 41,4 950 195,2 393 598,8 25,8 -3 755,0 54,3 D28 33,7 77 368,5 26 034,9 2,2 -3 265,0 28,2 D29 38,0 168 122,1 63 861,7 5,0 -9 478,0 77,0 D30 71,4 76 923,1 54 945,1 75,0 -1 419,0 99,6 D31 25,4 218 751,3 55 468,8 28,5 -1 533,0 44,0 D32 10,7 710 270,1 75 691,0 84,8 -1 880,0 89,2 D33 34,2 112 582,8 38 493,4 148,6 -1 065,0 111,5 D34 28,1 493 455,9 138 561,4 5,8 -4 873,0 56,6 D35 53,0 181 448,9 96 140,8 62,5 -2 770,0 94,0 D36 60,6 66 624,3 40 365,8 4,7 -1 024,0 22,4 D37 82,6 12 188,7 10 068,9 0,0 0,0 0,0 E00 72,6 413 247,3 299 957,0 1,4 -411,0 4,0 F45 34,9 92 236,1 32 196,4 0,0 0,0 0,0 G00 74,8 27 843,4 20 821,9 0,0 0,0 0,0 H55 55,4 62 157,7 34 434,1 0,8 -1 138,0 8,3 I01 61,5 92 813,2 57 048,7 16,1 -1 000,0 19,1 I02 89,1 167 065,9 148 926,4 14,0 306,0 10,4 J00 79,9 314 109,1 251 078,9 0,5 -112,0 1,0 K00 92,8 270 816,9 251 298,9 5,6 -1 533,0 9,1 L75 71,3 46 761,8 33 347,8 0,0 0,0 0,0 MN0 91,5 77 494,6 70 933,6 0,0 0,0 0,0 OP0 79,4 12 367,4 9 816,9 0,1 -72,0 0,9

Moyenne 54,3 68 973,6 37 473,2 15,0 -14 206,0 16,8

Mêmes unités déjà adoptées dans le chapitre 4. Calculs de l’auteur.

Page 132: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 119

B/ Productions cumulées

Branches Production directe

Production cumulée Multiplicateur

A00 54 064 70 436 1,30 B05 5 319 6 709 1,26 C01 - 385 - 502 1,30 C02 900 1 272 1,41 C03 5 236 6 931 1,32 D15 66 774 117 280 1,76 D16 7 574 8 127 1,07 D17 6 215 8 678 1,40 D18 31 207 39 838 1,28 D19 5 164 6 985 1,35 D20 984 1 466 1,49 D21 1 278 1 855 1,45 D22 1 226 1 559 1,27 D23 6 572 6 817 1,04 D24 19 372 27 307 1,41 D25 722 925 1,28 D26 989 1 425 1,44 D27 1 474 1 848 1,25 D28 5 735 7 290 1,27 D29 5 049 5 832 1,16 D30 585 593 1,01 D31 3 941 5 302 1,35 D32 5 420 5 674 1,05 D33 509 568 1,12 D34 5 050 6 295 1,25 D35 837 971 1,16 D36 6 161 7 446 1,21 D37 - - 0,00 E00 5 885 6 769 1,15 F45 46 051 80 076 1,74 G00 4 182 17 599 4,21 H55 13 192 21 639 1,64 I01 10 577 18 515 1,75 I02 4 882 5 482 1,12 J00 2 596 3 175 1,22 K00 26 110 29 178 1,12 L75 41 731 56 318 1,35 MN0 29 800 32 899 1,10 OP0 7 908 9 631 1,22 Total 440 886 630 207 1,43 Production en millions de dh. Calculs de l’auteur.

Page 133: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 120

C/ Multiplicateurs de revenu

Branches Valeur ajoutée cumulée

Valeur ajoutée directe Multiplicateur

A00 43 131 34 036 1,27 B05 3 681 3 060 1,20 C01 - 291 - 233 1,25 C02 596 407 1,46 C03 4 038 3 201 1,26 D15 39 192 13 000 3,01 D16 1 444 1 098 1,32 D17 3 064 1 888 1,62 D18 12 988 9 244 1,41 D19 1 913 1 241 1,54 D20 373 164 2,28 D21 593 341 1,74 D22 559 426 1,31 D23 966 780 1,24 D24 9 273 5 256 1,76 D25 231 135 1,71 D26 570 386 1,48 D27 691 538 1,28 D28 2 177 1 522 1,43 D29 1 684 1 185 1,42 D30 18 14 1,31 D31 1 624 992 1,64 D32 636 469 1,36 D33 154 119 1,29 D34 1 342 903 1,49 D35 328 260 1,26 D36 2 866 2 309 1,24 D37 - - 0,00 E00 4 462 4 073 1,10 F45 28 479 14 823 1,92 G00 39 726 26 691 1,49 H55 10 464 6 918 1,51 I01 16 188 11 029 1,47 I02 4 292 3 905 1,10 J00 2 406 2 012 1,20 K00 23 656 21 693 1,09 L75 42 786 29 761 1,44 MN0 28 833 26 938 1,07 OP0 6 836 5 621 1,22 Total 341 971 236 207 1,45 Valeurs ajoutées en millions de dh. Calculs de l’auteur.

Page 134: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 121

D/ Multiplicateurs de l’emploi

Branches Emploi cumulé Emploi direct Multiplicateur

A00 1 382 777 1 126 210 1,23 B05 60 934 52 123 1,17 C01 - 2 367 - 1 309 1,81 C02 5 443 2 695 2,02 C03 32 844 17 816 1,84 D15 920 474 184 208 5,00 D16 16 079 5 666 2,84 D17 167 244 130 564 1,28 D18 463 277 330 675 1,40 D19 58 278 42 054 1,39 D20 61 964 49 026 1,26 D21 6 695 2 995 2,24 D22 8 726 7 091 1,23 D23 15 797 11 461 1,38 D24 98 948 45 255 2,19 D25 5 203 3 625 1,44 D26 8 150 5 084 1,60 D27 5 919 3 018 1,96 D28 64 181 54 610 1,18 D29 51 761 38 553 1,34 D30 562 444 1,27 D31 40 303 25 910 1,56 D32 8 940 6 389 1,40 D33 5 109 4 379 1,17 D34 14 939 8 064 1,85 D35 5 766 4 315 1,34 D36 85 645 65 379 1,31 D37 - - 0,00 E00 28 398 20 650 1,38 F45 746 409 456 460 1,64 G00 1 659 118 1 251 186 1,33 H55 283 966 208 099 1,36 I01 278 158 200 628 1,39 I02 35 096 29 292 1,20 J00 12 567 8 379 1,50 K00 172 860 131 028 1,32 L75 1 274 850 892 366 1,43 MN0 415 251 387 257 1,07 OP0 514 783 487 482 1,06 Total 9 015 048 6 299 127 1,43 Emplois en personne. Calculs de l’auteur.

Page 135: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 122

Annexe 4 : Equations et variables du modèle1

A/ Equations Nombre 1. Demande/emplois: Consommation des ménages: 38

)/()/)(( ICVRmfICVCmCm tCTt =− 1

,

,,,)(*

∑≠

−−=

≠−=

transportiiCTttransport

CTii

CmCmCmCm

UFCTtransportiCmCmACm iα

10

CTiCmCm iCmi

li ≠= ,*ρ 10

CTiCmCm iCmi

mi ≠−= ,*)1( ρ 10

0== kUFUF CmCm ; k=l et m 3

CTlCT XCm −= 2

∑=i

li

l CmCm 1

∑=i

mi

m CmCm 1

Consommation publique : 38

CgCg ii *θ= 12

iCgi

li CgCg *ρ= 12

CgCg Cgi

mi *)1( ρ−= 12

∑=i

li

l CgCg 1

∑=i

mi

m CgCg 1

1 Légende :

I : produit ou ligne J : secteur Cas particulier :

G : secteur non marchand UF : unité fictive CT : correction territoriale

Page 136: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 123

FBCF : 39

))),(( budgadmagrtagrt INVPPPfFBCFFBCFt

−−∆=− 1

))(( agragr PfFBCFt

∆= 1

agriFBCFFBCFAFBCF iagrtii ≠−= α)(* 11

iFBCFi

li FBCFFBCF *ρ= 12

FBCFFBCF FBCFi

mi *)1( ρ−= 12

∑=i

li

l FBCFFBCF 1

∑=i

mi

m FBCFFBCF 1

Variation de stocks : 39

≥∆=∆=∆≥=∆

≤∆≤=∆

maxmaxminmin

maxmin*

ii

ii

ia

iii

SsiSeagriculturiSsiS

SsiPS η 1

eagriculturiPS aiii ≠=∆ *η 11

iS

ili SS ∆=∆ ∆ *ρ 12

iS

imi SS ∆−=∆ ∆ *)1( ρ 12

∑∆=∆i

li

l SS 1

∑∆=∆i

mi

m SS 1

∑∆=∆i

iSS 1

Investissement : 39

li

li

l SFBCFINVi

∆+= 12 mi

mi

m SFBCFINVi

∆+= 12

∑=i

li

l INVINV 1

∑=i

mi

m INVINV 1

mi

li INVINVINV

i+= 12

∑=i

iINVINV 1

Page 137: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 124

Demande finale agrégée : 39

ili

li

li

l XCgINVCmDFi

+++= 12 mi

mi

mi

m CgINVCmDFi

++= 12 m

il

i DFDFDFi+= 12

∑=i

li

l DFDF 1

∑=i

mi

m DFDF 1

∑=i

iDFDF 1

Demande intermédiaire : 507

==

)(*

,a

UFservice

jijij

OfCIPaCI

144

∑=j

iji CICI 12

∑=i

ijj CICI 12

∑∑=j i

ijCICI 1

==

UFservicel

UFservice

ijCIij

lij

CICICICI

,,

*ρ 144

∑=j

lij

li CICI 12

∑=i

lij

lij CICI 12

∑∑=j i

lij

l CICI 1

=−=

0*)1(

,l

UFservice

ijCIij

mij

CICICI ρ

144

∑=j

mij

mi CICI 12

∑=i

mij

mij CICI 12

∑∑=j i

mij

m CICI 1

Page 138: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 125

2. Offre/Ressources Production : 182

li

li

ai DIDFP += 11

)1(* Tagr

TVAagr

MTagr

MCagr

bagr

aagr PP µµµµ ++++= 1

∑=i

ai

a PP 1

)( pluvfP aagr = 1

transportservicescommerceagriTVAP

P Ti

SUBi

MTi

MCi

ia

ibi ,,,)

1( ≠

++++−

=µµµµ

8

)1

( Tcommerce

SUBcommerce

commercecommercea

ibcommerce

TVAMCPP

µµ ++−−

= 1

)1

( Tservices

SUBservices

servicesservicesa

ibservices

TVAMTPP

µµ ++−−

= 1

)1

( Ttransport

SUBtransport

transporttransporta

ibtransport

TVAMTPP

µµ ++

−−=

1

∑=i

bi

b PP 1

biij

bij PP *σ= 144

∑=i

bij

bj PP 12

Valeur ajoutée : 15

jbjj CIPVA −= 12

∑=j

jVAVA 1

VAtRS RS *= 1

VAtEBE EBE *= 1 Passage prix base/prix d’acquisition : 104

−==

∑≠commercei

icommerce

bi

MCii

MCMCPMC *µ

; )0(== ∑i

iMCMC 13

bi

MTi

li PMT l *µ= 10

∑≠

+−=servicestranspi

mCT

li

ltransports MTMTMT

,

)(*τ 1

Page 139: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 126

)(*)1(,

mCT

servicestranspi

liservices

l MTMTMT +−−= ∑≠

τ 1

)( mCT

i

li

l MTMCMT −== ∑ 1

≠==

CTiMTMfMT

mi

ai

mCT

0)(

; ∑=i

mi

m MTMT 13

mi

lii MTMTMT += 12

)0(== ∑i

iMTMT 1

bi

SUBii PSUB *µ= ; ∑=

iiSUBSUB 13

==

BTPTVAiBTP

iTVAii

FBCFTVACmTVA*

µ ; ∑=

iiTVATVA 13

bi

Tii PT *µ= ; ∑=

iiTT 13

CAFi

DTIii MDTI *µ= ; ∑=

iiDTIDTI 13

Importation : 39

mi

mi

ai DIDFM += 12

∑= ai

a MM 1

)1/( DTIi

aCAFii

MM µ−= 12

∑= CAFi

CAF MM 1

mi

CAFb MTMMii

−= 12

∑= bi

b MM 1

Offre agrégée 26 ai

ai

ai MPO += 12

aaa MPO += 1 bi

bi

bi MPO += 12

bbb MPO += 1

Page 140: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 127

Revenu des ménages : 4

CSIDTRPREBERSR mm −−+++= 1 EBEEBEm *λ= 1

mID RtID *= 1 RStCS CS *= 1

Total des équations : 1109

Page 141: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 128

B/ Variables Variable Signification Cardinal

DEMANDE FINALE 247 Cm Consommation finale totale des ménages 1

iCm Consommation finale des ménages par produit 12 liCm Consommation finale des ménages par produits locaux 12

lCm Consommation finale locale des ménages 1

miCm Consommation finale des ménages par produits importés 12

mCm Consommation finale importée des ménages 1

Cg Consommation finale totale des administrations 1

iCg Consommation finale des ménages par produit 12 liCg Consommation finale des administrations par produits locaux 12

lCg Consommation finale locale des administrations 1

miCg Consommation finale des administrations par produits importés 12

mCg Consommation finale importée des administrations 1

FBCF FBCF totale 1

iFBCF FBCF par produit 12 l

iFBCF FBCF par produits locaux 12 m

iFBCF FBCF par produits importés 12 lFBCF FBCF totale locale 1

mFBCF FBCF totale importée 1

S∆ Variation totale de stocks 1

iS∆ Variation de stocks par produit 12 liS∆ Variation de stocks par produits locaux 12

miS∆ Variation de stocks par produit importés 12

lS∆ Variation de stocks totale locale 1

mS∆ Variation de stocks totale importée 1

INV Investissement total 1

iINV Investissement par produit 12 l

iINV Investissement par produits locaux 12

Page 142: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 129

mi

INV Investissement par produits importés 12

lINV Investissement total local 1

mINV Investissement total importé 1

X Exportation totale 1

iX Exportation par produit 12

DF Demande finale totale 1

iDF Demande finale par produit 12 l

iDF Demande finale par produits locaux 12

mi

DF Demande finale par produits importés 12

lDF Demande finale totale locale 1

mDF Demande finale importée 1

DEMANDE INTERMEDIAIRE 507 CI Demande intermédiaire totale 1

iCI Demande intermédiaire totale par produit 12

jCI Demande intermédiaire totale par branche 12

ijCI Demande intermédiaire du produit i par la branche j 144

lij

CI Demande intermédiaire du produit local i par la branche j 144

mij

CI Demande intermédiaire du produit importé i par la branche j 144

li

CI Demande intermédiaire totale par produits locaux 12

miCI Demande intermédiaire totale par produits importés 12

lCI Demande intermédiaire totale locale 1

mCI Demande intermédiaire totale importée 1

lj

CI Demande intermédiaire totale locale par branche 12

mjCI Demande intermédiaire totale importée par branche 12

OFFRE 247 bP Production total au prix de base 1

biP Production par produit au prix de base 12 bjP Production des branches au prix de base (distribuée) 12

bijP Production de la branche j en produit i au prix de base 144

aP Production total au prix d’acquisition 1

Page 143: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 130

aiP Production par produit au prix d’acquisition 12

bM Importation total au prix de base 1

biM Importation par produit au prix de base 12

aM Importation total au prix d’acquisition 1

aiM Importation par produit au prix d’acquisition 12 CAFM Importation total au prix CAF 1

CAFiM Importation par produit au prix CAF 12

bO Offre totale au prix de base 1

biO Offre par produit au prix de base 12

aO Offre totale au prix d’acquisition 1

aiO Offre par produit au prix d’acquisition 12

PASSAGE PRIX BASE/PRIX ACQUISITION 104 MC Marge totale de commerce (nulle) 1

iMC Marge de commerce par produit 12

MT Marge totale de transport (nulle) 1

iMT Marge de transport par produit 12 lMT Marge totale de transport sur produits locaux 1

li

MT Marge de transport par produits locaux 12

mMT Marge totale de transport sur produits importés 1

mi

MT Marge de transport par produits importés 12

TVA TVA totale 1

iTVA TVA par produit 12

SUB Subvention totale 1

iSUB Subvention par produit 12

T Taxe totale 1

iT Taxe par produit 12

DTI DTI totale 1

iDTI DTI par produits 12

COMPTE D’EXPLOITATION 39 VA Valeur ajoutée totale 1

jVA Valeur ajoutée par branche 12

RS Rémunération totale des salaires 1

Page 144: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexe 131

EBE EBE totale 1 REVENU DES MENAGES 7

mR Revenu des ménages 1

mEBE EBE des ménages 1

PR Prestations sociales 1 TR Transferts nets 1 RP Revenus de la propriété 1 ID Impôt direct 1 CS Cotisations sociales 1 AUTRES 4 ICV Indice de coût de la vie 1 PLUV Pluviométrie 1 TREND Tendance de la production agricole 1 INV_BUD Investissement budgétaire 1

Total 1131

Page 145: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 132

Annexe 5 : Estimations économétriques du modèle

A/ Consommation finale des ménages : Estimation économétrique :

Dependent Variable: LOG(CFMR) Method: Least Squares Sample (adjusted): 1985 2003 Included observations: 19 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(RVM/ICV) 0.960330 0.034869 27.54096 0.0000 I01 -0.054528 0.023331 -2.337116 0.0328 C 1.378464 0.394966 3.490081 0.0030

R-squared 0.980708 Mean dependent var 12.26388 Adjusted R-squared 0.978296 S.D. dependent var 0.145077 S.E. of regression 0.021373 Akaike info criterion -4.709425 Sum squared resid 0.007309 Schwarz criterion -4.560303 Log likelihood 47.73954 F-statistic 406.6707 Durbin-Watson stat 2.140588 Prob(F-statistic) 0.000000

Ajustement et résidus :

-.04

-.02

.00

.02

.04

11.8

12.0

12.2

12.4

12.6

86 88 90 92 94 96 98 00 02

Residual Actual Fitted

Page 146: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 133

Test des résidus :

Sample: 1985 2003 Included observations: 19

Autocorrelation Partial Corrélation AC PAC Q-Stat Prob

. *| . | . *| . | 1 -0.114 -0.114 0.2886 0.591 . |* . | . | . | 2 0.074 0.062 0.4175 0.812 . *| . | . *| . | 3 -0.072 -0.058 0.5474 0.908 . | . | . | . | 4 -0.034 -0.053 0.5781 0.965 . | . | . | . | 5 -0.010 -0.011 0.5809 0.989 . *| . | . *| . | 6 -0.086 -0.089 0.8069 0.992 . *| . | . *| . | 7 -0.090 -0.117 1.0752 0.994 . | . | . | . | 8 -0.017 -0.034 1.0855 0.998 . | . | . | . | 9 0.046 0.041 1.1710 0.999 . *| . | . *| . | 10 -0.164 -0.183 2.3650 0.993 . *| . | . *| . | 11 -0.098 -0.171 2.8412 0.993 . *| . | . *| . | 12 -0.091 -0.125 3.3112 0.993

B/ FBCF non agricole : Estimation économétrique :

Dependent Variable: D(LOG(FBCF_NA)) Method: Least Squares Sample (adjusted): 1982 2004 Included observations: 23 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(PROD_MNA/PROD_MNA(-1)) 0.560699 0.258563 2.168521 0.0430D(LOG(INV_BUD)) 0.258720 0.053599 4.826991 0.0001

C 0.029220 0.020876 1.399661 0.1777I92 -0.090751 0.046235 -1.962810 0.0645

R-squared 0.629531 Mean dependent var 0.074247Adjusted R-squared 0.571036 S.D. dependent var 0.068480S.E. of regression 0.044851 Akaike info criterion -3.214172Sum squared resid 0.038221 Schwarz criterion -3.016695Log likelihood 40.96298 F-statistic 10.76212Durbin-Watson stat 1.373047 Prob(F-statistic) 0.000236

Page 147: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 134

Ajustement et résidus :

-.08

-.04

.00

.04

.08

.12

-.1

.0

.1

.2

.3

82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

Residual Actual Fitted

Test des résidus :

Sample: 1982 2004 Included observations: 23

Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob

. |**. | . |**. | 1 0.205 0.205 1.0948 0.295 .**| . | .**| . | 2 -0.230 -0.284 2.5439 0.280 .**| . | . *| . | 3 -0.238 -0.135 4.1668 0.244 ***| . | ***| . | 4 -0.395 -0.430 8.8963 0.064 ***| . | ***| . | 5 -0.351 -0.412 12.831 0.025 . |* . | . *| . | 6 0.158 -0.060 13.674 0.033 . |**** | . |**. | 7 0.540 0.269 24.164 0.001 . |**. | . *| . | 8 0.210 -0.071 25.849 0.001 . *| . | .**| . | 9 -0.126 -0.264 26.499 0.002 . *| . | . | . | 10 -0.073 0.023 26.733 0.003 .**| . | . *| . | 11 -0.294 -0.061 30.863 0.001 .**| . | . | . | 12 -0.292 -0.047 35.324 0.000

Page 148: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 135

C/ Production agricole : Estimation économétrique :

Dependent Variable: LOG(PROD_AGR) Method: Least Squares Sample (adjusted): 1985 2004 Included observations: 20 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(PLUV) 0.335211 0.048388 6.927607 0.0000 LOG(TREND) 0.989127 0.045749 21.62065 0.0000

I97 -0.163640 0.061270 -2.670830 0.0167 C -1.868119 0.589453 -3.169242 0.0059

R-squared 0.969918 Mean dependent var 11.14558 Adjusted R-squared 0.964277 S.D. dependent var 0.298205 S.E. of regression 0.056362 Akaike info criterion -2.737182 Sum squared resid 0.050827 Schwarz criterion -2.538036 Log likelihood 31.37182 F-statistic 171.9579 Durbin-Watson stat 2.695750 Prob(F-statistic) 0.000000

Ajustement et résidus :

-.08

-.04

.00

.04

.08

.12

10.4

10.6

10.8

11.0

11.2

11.4

11.6

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

Residual Actual Fitted

Page 149: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 136

Test des résidus :

Sample: 1985 2004 Included observations: 20

Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob

***| . | ***| . | 1 -0.349 -0.349 2.8269 0.093 . *| . | ***| . | 2 -0.164 -0.326 3.4881 0.175 . |*** | . |* . | 3 0.341 0.192 6.4992 0.090 .**| . | . *| . | 4 -0.259 -0.125 8.3481 0.080 . |**. | . |**. | 5 0.208 0.244 9.6211 0.087 .**| . | .**| . | 6 -0.215 -0.303 11.073 0.086 . *| . | . *| . | 7 -0.103 -0.105 11.429 0.121 . |**. | . *| . | 8 0.251 -0.079 13.744 0.089 .**| . | . *| . | 9 -0.304 -0.120 17.435 0.042 . |* . | . *| . | 10 0.081 -0.064 17.722 0.060 . | . | .**| . | 11 -0.030 -0.190 17.766 0.087 .**| . | .**| . | 12 -0.197 -0.256 19.895 0.069

Page 150: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 137

D/ Calage des consommations par produits :

Agriculture

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 0.946196 0.242188 3.906868 0.0113 C -1.092017 3.032305 -0.360128 0.7335

R-squared 0.753252 Mean dependent var 10.75449 Adjusted R-squared 0.703903 S.D. dependent var 0.105747 S.E. of regression 0.057542 Akaike info criterion -2.637644 Sum squared resid 0.016555 Schwarz criterion -2.653098 Log likelihood 11.23175 F-statistic 15.26362 Durbin-Watson stat 1.409342 Prob(F-statistic) 0.011331

Mines

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 2.185610 0.619430 3.528420 0.0168 C -22.01868 7.755559 -2.839084 0.0363

R-squared 0.713463 Mean dependent var 5.345483 Adjusted R-squared 0.656155 S.D. dependent var 0.250983 S.E. of regression 0.147172 Akaike info criterion -0.759470 Sum squared resid 0.108298 Schwarz criterion -0.774925 Log likelihood 4.658146 F-statistic 12.44975 Durbin-Watson stat 1.811613 Prob(F-statistic) 0.016768

Energie

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 1.050006 0.245041 4.285026 0.0078 C -3.405508 3.068027 -1.110000 0.3175

R-squared 0.785972 Mean dependent var 9.740727 Adjusted R-squared 0.743167 S.D. dependent var 0.114880 S.E. of regression 0.058220 Akaike info criterion -2.614221 Sum squared resid 0.016948 Schwarz criterion -2.629675 Log likelihood 11.14977 F-statistic 18.36144 Durbin-Watson stat 2.676834 Prob(F-statistic) 0.007826

Industrie

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 0.822944 0.037345 22.03639 0.0000 C 1.407349 0.467574 3.009896 0.0298

R-squared 0.989808 Mean dependent var 11.71073

Page 151: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 138

Adjusted R-squared 0.987770 S.D. dependent var 0.080233 S.E. of regression 0.008873 Akaike info criterion -6.376685 Sum squared resid 0.000394 Schwarz criterion -6.392140 Log likelihood 24.31840 F-statistic 485.6025 Durbin-Watson stat 2.737700 Prob(F-statistic) 0.000004

Commerce

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 3.127396 1.162029 2.691324 0.0546 T -0.181282 0.052176 -3.474425 0.0255 C -30.39163 14.34527 -2.118582 0.1015

R-squared 0.847048 Mean dependent var 8.038706 Adjusted R-squared 0.770572 S.D. dependent var 0.126734 S.E. of regression 0.060704 Akaike info criterion -2.468088 Sum squared resid 0.014740 Schwarz criterion -2.491270 Log likelihood 11.63831 F-statistic 11.07598 Durbin-Watson stat 2.873312 Prob(F-statistic) 0.023394

Bâtiment

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 1.353577 0.116072 11.66156 0.0001 C -9.334791 1.453273 -6.423290 0.0014

R-squared 0.964537 Mean dependent var 7.612194 Adjusted R-squared 0.957444 S.D. dependent var 0.133685 S.E. of regression 0.027578 Akaike info criterion -4.108654 Sum squared resid 0.003803 Schwarz criterion -4.124108 Log likelihood 16.38029 F-statistic 135.9919 Durbin-Watson stat 1.560919 Prob(F-statistic) 0.000081

Services

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 1.224715 0.105688 11.58804 0.0001 C -4.500008 1.323262 -3.400694 0.0192

R-squared 0.964102 Mean dependent var 10.83361 Adjusted R-squared 0.956922 S.D. dependent var 0.120985 S.E. of regression 0.025111 Akaike info criterion -4.296091 Sum squared resid 0.003153 Schwarz criterion -4.311545 Log likelihood 17.03632 F-statistic 134.2827 Durbin-Watson stat 2.629078 Prob(F-statistic) 0.000084

Administration

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

Page 152: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 139

LOG(CONS) 0.931634 0.208474 4.468828 0.0066 C -2.450483 2.610190 -0.938814 0.3909

R-squared 0.799763 Mean dependent var 9.213707 Adjusted R-squared 0.759716 S.D. dependent var 0.101047 S.E. of regression 0.049532 Akaike info criterion -2.937444 Sum squared resid 0.012267 Schwarz criterion -2.952898 Log likelihood 12.28105 F-statistic 19.97042 Durbin-Watson stat 0.979587 Prob(F-statistic) 0.006586

Communication

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(CONS) 2.010845 0.113775 17.67389 0.0004 C -15.79931 1.429024 -11.05601 0.0016

R-squared 0.990487 Mean dependent var 9.456638 Adjusted R-squared 0.987316 S.D. dependent var 0.171558 S.E. of regression 0.019321 Akaike info criterion -4.766054 Sum squared resid 0.001120 Schwarz criterion -4.922279 Log likelihood 13.91514 F-statistic 312.3663 Durbin-Watson stat 2.571553 Prob(F-statistic) 0.000395

E/ Calage de la FBCF désagrégée par produits :

Industrie

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(FBCF_NA) 0.961242 0.177514 5.415010 0.0029 C -0.397391 2.050972 -0.193757 0.8540

R-squared 0.854322 Mean dependent var 10.70797 Adjusted R-squared 0.825187 S.D. dependent var 0.142719 S.E. of regression 0.059672 Akaike info criterion -2.564956 Sum squared resid 0.017804 Schwarz criterion -2.580410 Log likelihood 10.97734 F-statistic 29.32233 Durbin-Watson stat 1.930587 Prob(F-statistic) 0.002907

Bâtiment

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

LOG(FBCF_NA) 1.138570 0.154326 7.377701 0.0007 C -2.278922 1.783055 -1.278100 0.2573

R-squared 0.915868 Mean dependent var 10.87513 Adjusted R-squared 0.899042 S.D. dependent var 0.163269

Page 153: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 140

S.E. of regression 0.051877 Akaike info criterion -2.844928 Sum squared resid 0.013456 Schwarz criterion -2.860382 Log likelihood 11.95725 F-statistic 54.43047 Durbin-Watson stat 1.974167 Prob(F-statistic) 0.000719

Agriculture

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

D(LOG(P_AGR)) 0.359009 0.110934 3.236246 0.0837 I02 -0.137543 0.023237 -5.919277 0.0274 C 8.064871 0.011779 684.6691 0.0000

R-squared 0.961789 Mean dependent var 8.054034 Adjusted R-squared 0.923578 S.D. dependent var 0.074723 S.E. of regression 0.020657 Akaike info criterion -4.637820 Sum squared resid 0.000853 Schwarz criterion -4.872157 Log likelihood 14.59455 F-statistic 25.17034 Durbin-Watson stat 0.830144 Prob(F-statistic) 0.038211

F/ Calage de la production bancaire imputée :

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

OFFRE 0.016949 0.001493 11.35271 0.0001 C 3219.796 1325.416 2.429272 0.0594

R-squared 0.962654 Mean dependent var 18201.00 Adjusted R-squared 0.955185 S.D. dependent var 1548.176 S.E. of regression 327.7416 Akaike info criterion 14.65728 Sum squared resid 537072.7 Schwarz criterion 14.64183 Log likelihood -49.30049 F-statistic 128.8841 Durbin-Watson stat 1.931691 Prob(F-statistic) 0.000093

G/ Calage des marges de transport sur les importations :

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

M 0.063013 0.007285 8.649719 0.0003 C 20.58043 1163.297 0.017691 0.9866

R-squared 0.937357 Mean dependent var 9997.571 Adjusted R-squared 0.924829 S.D. dependent var 1457.719 S.E. of regression 399.6685 Akaike info criterion 15.05410 Sum squared resid 798674.6 Schwarz criterion 15.03865 Log likelihood -50.68937 F-statistic 74.81764 Durbin-Watson stat 1.676935 Prob(F-statistic) 0.000341

Page 154: Essai de construction d’un modèle quasi-comptable de l’économie marocaine pour les études d’impact

Annexes 141

H/ Graphiques des ajustements

CM-Agriculture CM-Mines CM-Energie

-.08

-.04

.00

.04

.08

10.6

10.7

10.8

10.9

11.0

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.2

-.1

.0

.1

.2

.3

4.8

5.0

5.2

5.4

5.6

5.8

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.08

-.04

.00

.04

.089.6

9.7

9.8

9.9

10.0

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

CM-Industrie CM-BTP CM-Commerce

-.015

-.010

-.005

.000

.005

.010

11.60

11.65

11.70

11.75

11.80

11.85

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.06

-.04

-.02

.00

.02

.04

7.4

7.5

7.6

7.7

7.8

7.9

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.12

-.08

-.04

.00

.04

.087.9

8.0

8.1

8.2

8.3

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

CM-Services CM-Communication FBCF-Industrie

-.04

-.02

.00

.02

.04

10.6

10.7

10.8

10.9

11.0

11.1

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.03

-.02

-.01

.00

.01

.02

9.2

9.3

9.4

9.5

9.6

9.7

2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-.12

-.08

-.04

.00

.04

.08

10.410.510.610.710.810.911.0

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

FBCF-BTP Marges de transport PBI

-.08

-.04

.00

.04

.08

10.6

10.7

10.8

10.9

11.0

11.1

11.2

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-800

-400

0

400

800

7000

8000

9000

10000

11000

12000

13000

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted

-600

-400

-200

0

200

40016000

17000

18000

19000

20000

21000

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Residual Actual Fitted