Environnement Des plantes - USJ

4
Des plantes pour se soigner S i nos grands-mères avaient le secret de guérir nos bobos survenus à minuit sans aller réveiller le pharmacien du coin, c’est parce qu’elles disposaient dans leur cuisine de ce qu’il fallait pour rendre jaloux les plus grands druides. Elles avaient la nature de leur côté ! Elles ont su apprendre de leurs aïeuls et garder silencieusement ce qu’aujourd’hui les grandes firmes pharmaceutiques payent très cher pour acquérir : la connaissance des plantes ayant le pouvoir de guérir ou soulager les maux humains. En effet, au cours de leur évolution, les plantes se sont dotées d’un arsenal très diversifié de molécules leur per- mettant de faire face aux contraintes environ- nementales vivantes (herbivores, parasites…) et non vivantes (froid, sécheresse…). Ces molécules s’avèrent être d’un grand intérêt dans la pharmacopée humaine. L’être humain qui vivait jadis bien en harmonie avec la nature a su mettre à profit ces molécules. Des remèdes d’hier pour demain Le stress vous tenaille ? Prenez un peu de ginseng. Vous êtes inquiet et déprimé ? Le millepertuis devrait vous requinquer… De nos jours, le recours aux plantes revient « dans l’air du temps », et le développement de leur emploi pourrait évoluer favorablement dans les années à venir, d’autant que : « La promotion de l’usage des plantes médicinales et leur intégration dans le système de santé fait partie des priorités de l’Organisation mondiale de Une grande variété de plantes médicinales poussent au Liban. Un patrimoine naturel à conserver. La biodiversité, c’est la vie ! L’année 2010 a été déclarée par l’Unesco Année internationale de la biodiversité. Au fil des mois, Junior vous présentera des articles sur la biodiversité du Liban et les activités pour la célébrer. Des étudiants en Sciences de la Vie et de la terre de la Faculté des sciences de l’Université Saint Joseph troqueront leur blouses blanches contre une panoplie de reporter pour nous rapporter la richesse de la biodiver- sité au Liban. Des belles fleurs sauvages aux plantes comestibles, médicinales et cosmétiques, aux animaux en danger, aux mesures de conservation… Soyez au rendez-vous ! E nvironnement La sauge, Salvia libanotica Cette plante est antispasmodique, diuré- tique, cholérétique, antiseptique, vermi- fuge. Elle jouit d’une réputation univer- selle qui en fait une véritable panacée. Elle aurait également une activité hypo- glycémique (réduction du taux du sucre libre dans le sang). Au laboratoire « Jouzour Loubnan » de la FS. 24 25

Transcript of Environnement Des plantes - USJ

Page 1: Environnement Des plantes - USJ

Des plantespour se soigner

S i nos grands-mères avaient le secret de guérir nos bobos survenus à minuit sans

aller réveiller le pharmacien du coin, c’est parce qu’elles disposaient dans leur cuisine de ce qu’il fallait pour rendre jaloux les plus grands druides. Elles avaient la nature de leur côté ! Elles ont su apprendre de leurs aïeuls et garder silencieusement ce qu’aujourd’hui les grandes firmes pharmaceutiques payent très cher pour acquérir : la connaissance des plantes ayant le pouvoir de guérir ou soulager les maux humains. En effet, au cours de leur évolution, les plantes se sont dotées d’un arsenal très diversifié de molécules leur per-mettant de faire face aux contraintes environ-nementales vivantes (herbivores, parasites…) et non vivantes (froid, sécheresse…). Ces molécules s’avèrent être d’un grand intérêt dans la pharmacopée humaine. L’être humain qui vivait jadis bien en harmonie avec la nature a su mettre à profit ces molécules.

Des remèdes d’hier pour demain

Le stress vous tenaille ? Prenez un peu de ginseng. Vous êtes inquiet et déprimé ? Le millepertuis devrait vous requinquer… De nos jours, le recours aux plantes revient « dans l’air du temps », et le développement de leur emploi pourrait évoluer favorablement dans les années à venir, d’autant que : « La promotion de l’usage des plantes médicinales et leur intégration dans le système de santé fait partie des priorités de l’Organisation mondiale de

Une grande variété de plantes médicinales poussent au Liban. Un patrimoine naturel à conserver.

La biodiversité, c’est la vie !

L’année 2010 a été déclarée par l’Unesco Année internationale de la biodiversité. Au fil des mois, Junior vous présentera des articles sur la biodiversité du Liban et les activités pour la célébrer. Des étudiants en Sciences de la Vie et de la terre de la Faculté des sciences de l’Université Saint Joseph troqueront leur blouses blanches contre une panoplie de reporter pour nous rapporter la richesse de la biodiver-sité au Liban. Des belles fleurs sauvages aux plantes comestibles, médicinales et cosmétiques, aux animaux en danger, aux mesures de conservation… Soyez au rendez-vous !

Environnement

La sauge, Salvia libanotica

Cette plante est antispasmodique, diuré-tique, cholérétique, antiseptique, vermi-fuge. Elle jouit d’une réputation univer-selle qui en fait une véritable panacée. Elle aurait également une activité hypo-glycémique (réduction du taux du sucre libre dans le sang).

Au laboratoire « Jouzour Loubnan » de la FS.

24 25

Page 2: Environnement Des plantes - USJ

Environnement

la santé ». Il ne faut pas oublier toutefois que les plantes n’ont pas uniquement un intérêt thérapeutique, certaines possèdent des effets toxiques. La consommation abusive pourrait être dangereuse. La prudence reste donc de mise.

Les plantes médicinales libanaises

La phyto-pharmacopée du Liban est très diversifiée suivant les régions et les différents climats qui se côtoient dans notre si petit, et cependant si étonnant, pays. Ainsi, 236 plan-tes sont répertoriées actuellement au Liban pour avoir des activités médicinales intéres-santes pour les humains. Et les recherches dans ce domaine n’en sont qu’à leurs balbu-tiements ! L’Institut de recherches agronomi-ques libanais (IRAL) ainsi que d’autres centres de recherche universitaires se penchent sur l’étude des activités médicinales des plantes

libanaises. Une partie importante des ces plantes sont endémiques du Liban, c’est-à-dire confinées à notre territoire et ne poussent à l’état naturel nulle part ailleurs. Ceci consti-tue un héritage que nous avons le devoir de valoriser en profitant du savoir de nos aïeuls et de le conserver en le protégeant des divers dangers qui le guettent : surexploitation, sur-pâturage, dégradation de sols, etc.

Ferula hermonis La plus célèbre des plantes médicina-les. Elle est connue comme remède hors pair pour guérir l’impuissance et la frigidité. L’efficacité infaillible des racines de cette plante contre l’impuissance l’a ren-due très convoitée. La décision ministérielle 177/1 publiée en 1998 interdit la récolte et l’export de plantes et de racines de Ferula hermonis.

RhubarbeLes racines et la tige de la rhubarbe, Rheum ribes, aurait une activité antivirale et antibacté-rienne en plus de ces activités anti-oxydantes.

Pistachier sauvageAppelé aus-si Pistacia palaestina. Il possède des activités anti-tu-morale, et anti-inflam-matoire.

Mauve ou Malva sylvestris

Elle est traditionnellement utilisée pour son action sédative dans les affections bronchi-ques, dans le traitement de la constipation et des colites spasmodiques. Elle est émol-liente, adoucissante et calmante. Elle aurait également une action immunostimulante.

Quelques plantes médicinales« Les plantes médicinales sont définies d’après l’Organisation mondiale de la santé comme

étant “ toute plante, sauvage ou cultivée, utilisée pour des fins médicinales ”. Les parties des

plantes contenant les principes actifs sont diverses : feuilles,

racines, fleurs… »

Réglementer la cueillette

La divulgation de l’intérêt d’une plante pour-rait lui porter préjudice aujourd’hui. La cueillet-te dans la nature n’étant pas réglementée, un prélèvement excessif supérieur au rythme de régénération naturelle de la plante pourrait la précipiter vers l’extinction. Le gouvernement libanais travaille actuellement sur la réglemen-

tation de ce marché en pleine expansion. La biodiversité assure ainsi un réservoir de

remèdes pour des maux existants ou futurs. Sa conservation est un gage et un espoir de survie dans un monde qui évolue vite.

Tony HABER, Rémi PETIT sous la direction de

Dr Magda BOU DAGHER KHARRAT

Un vétéran expliquant l’intérêt de chaque partie de l’Astragalus lusitanicus.

Phot

os D

r Mag

da D

aghe

r Kha

rrat

26 27

Page 3: Environnement Des plantes - USJ

Environnement

Les tortues marines du Liban

Le littoral libanais constitue un lieu de repro-duction important pour les tortues marines.

L’année 1998 a enregistré leur retour sur les côtes du Sud-Liban. Deux des 5 espèces mé-diterranéennes la Caouanne, Caretta caretta, et la Tortue verte, Chelonia mydas visitent les côtes libanaises. La Tortue verte dite également tortue franche est relativement fréquente en Méditerra-née orientale où elle se reproduit. La Caouanne est plus fréquente du côté occidental de la Mé-diterranée. Les recensements se basent sur les observations, captures accidentelles et échoua-ges. Les tortues marines sont très importantes pour l’équilibre écologique des côtes. Elles se nourrissent de méduses. Ce régime particu-lier les conduit à avaler des sacs en plastique qu’elles confondent avec les méduses. Des occlusions intestinales provoquées par les sacs en plastique ont été diagnostiquées au cours de plusieurs autopsies.

Élan de patriotisme

Les tortues reviennent pondre sur les côtes où elles sont nées ! Ce sont donc bien des tor-tues libanaises expatriées qui reviennent chaque année à leur Terre natale pour donner la vie. Les conditions pour l’éclosion des œufs y sont remplies. En effet, d’une part la température constamment élevée de la zone facilite leur incu-bation* et d’autre part, le nombre peu important de prédateurs contribue à assurer un nombre correct de descendants. Cette zone de ponte se situe à El-Mansouri, plage située à environ 15 km au sud de la ville de Sour et dans les limites de Qaliye. La plage fait 1,4 km de long et son extrémité sud se situe au sein d’une zone détenue par les forces des nations unies de la FINUL dans le cadre de sa mission de paix. L’île

des Palmiers est un autre site de ponte. La lon-gueur totale des plages disponibles pour toute la saison de nidification s’élève à peine à 1 km. À titre comparatif, cette surface dépasse les 45 km dans la seule région d’Antalya en Turquie ! Préserver ces zones libanaises pour que nos tortues reviennent est donc primordial !

Danger pour les tortues

Malheureusement, la protection des tor-tues marines est de plus en plus difficile car la fréquentation des plages libanaises atteint son apogée à la période même où ces tortues se reproduisent. Plusieurs problèmes se posent alors :

La pollution qui nuit à la qualité des plages, le passage sur les plages d’engins tels que les véhicules tout terrain qui peuvent écraser les œufs ou rendre impossible le raid des petites tortues dès leur éclosion vers l’eau, l’occupation des plages par l’homme qui effraie les tortues. Les tortues sont victime en plein mer des engins de pêche (chaluts, filets maillants, palangres, etc.). Les œufs des tortues sont considérés à tort comme aphrodisiaques pour l’homme et paient à cet effet un lourd tribut.

Actuellement, toutes les espèces de Tortues

marines sont classées « menacées» ou « vulné-rables » et toutes les populations sont concer-nées dans le Monde. Les Tortues marines sont inscrites sur l’Annexe I de la C.I.T.E.S. (Conven-tion on International Trade in Endangered Spe-cies of Wild Fauna and Flora, dite également Convention de Washington).

Il est nécessaire de mettre en œuvre une campagne nationale de sensibilisation du public sur les tortues marines et également sur les menaces qui touchent à la biodiversité et à l’environnement. Il est particulièrement impor-tant d’informer les pêcheurs de l’impact de leur activité sur la biodiversité marine.

Il faut non seulement des actions et des lois de la part du gouvernement mais aussi une prise de conscience des Libanais que la mort de la mer Méditerranée signifie la mort des êtres humains qui la côtoient.

La biodiversité, c’est la vie !

L’année 2010 a été déclarée Année inter-nationale de la biodiversité par l’Unesco. Au fil des mois, Junior vous présentera des articles sur la biodiversité du Liban et les activités pour la célébrer rédigés par Dr Magda Bou Dagher-Kharrat, professeur associé à la Faculté des sciences de l’Uni-versité Saint-Joseph.

Les eaux territoriales libanaises regorgent de plus de 218 espèces marines de poissons. Parmi elles, les

tortues marines libanaises. À découvrir !

Dossier rédigé par Mahdi AJAMI sous la direction de Dr Magda BOU DAGHER KHARRAT

28 29

Page 4: Environnement Des plantes - USJ

Un projet pour les tortues marines

P ourrait-on attirer à nouveau les tortues marines sur les plages de Chekka ?

Le défi est de taille car bien des choses ont changé depuis 40 ans quand les tor-tues marines venaient pondre leurs œufs. L’étude financée par la Cimenterie nationale et menée par Dr Manal Nader membre du comité de la réserve de l’île des Palmiers et de son équipe montre que les conditions ne sont plus favorables : les plages de sable surexploitées ont fait place à des plages de galets. Les complexes balnéaires lumineux et bruyants éloignent les tortues.

Protéger les tortues

Et pourtant plusieurs tortues marines ont été trouvées au large de Chekka. Pour les attirer, il faudrait réhabiliter les plages : enfoncer sur les plages des planches de bois pour accumuler le sable rejeté par la mer.

Mais il faudrait aussi sensibiliser la popu-lation. La Cimenterie nationale a mené des campagnes auprès des jeunes pour leur faire découvrir la vie des tortues marines, leur importance pour la biodiversité et comment ils pourraient agir pour les protéger. Des rencon-tres ont été organisées avec la municipalité et l’association des pêcheurs pour qu’elles sou-tiennent le projet de protection des tortues. Les pêcheurs considèrent les tortues comme des ennemis car elles font fuir le poisson et détruisent leurs filets. Ils les tuent et vendent leur chair.

« Les tortues marines attirent de nombreux touristes dans le monde venus les obser-ver durant la période de ponte. Les tortues marines pourraient devenir une attraction touristique à Chekka et contribuer au dévelop-pement durable de la région. »

Favoriser le retour des tortues marines sur les plages de Chekka Herri,

une initiative de la Cimenterie nationale.

Environnement

En collaboration avec :

Reproduction des tortues marines

La femelle n’a pas besoin de s’accoupler toutes les années. Elle fait des réserves de spermatozoïdes, lui permettant de pondre des œufs fécondés 4 ans après son dernier contact avec un mâle. Quand elle atteint la maturité sexuelle (entre 8 et 15 ans), elle pond tous les 3 ans sur la plage où elle a vu le jour. La tortue creuse un puits de ponte à l’aide de ses pattes arrière où elle loge entre 20 et 250 œufs. Elle referme ce trou et retourne dans la mer. À ce moment, elle peut être désorientée par l’éclairage artificiel d’une plage et repartir en direction opposée à la mer. Les nouveau-nés sont également victimes de la même désorientation lorsqu’ils émergent du nid et doivent se glisser dans la mer pour la première fois.

Une seule tortue de la famille Caretta Caretta probablement née au Liban s’est hissée sur la plage à Chekka en 2006 mais elle est repartie sans pondre ses œufs.

30 31