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des gestionnaires d’actifs Novembre 2017 / 17 LE COURT-TERMISME EST AUSSI RÉEL aujourd’hui qu’il y a dix ans. À la différence que la faiblesse persistante des taux d’intérêt suscite des attentes désormais plus exacerbées face aux catégories d’actif et qu’elle alimente une recherche de rendement mettant la performance à l’avant-plan. S’y greffent des conditions économiques favorisant la prise de risque. «Le rendement escompté de base par catégorie d’actif est inférieur à ce qu’il était dans le passé. Cela pousse les gestionnaires de caisse de retraite à élargir leurs horizons pour obtenir des rendements similaires à ce qu’ils étaient habitués d’avoir», résume Richard Beaulieu, vice-président, économiste principal à Addenda Capital. Il explique que chaque cycle économique s’étendant dans la durée entraîne une baisse graduelle de la perception du risque. «C’est comme si les investisseurs deviennent immunisés contre la peur du risque. Il en résulte une prise de risque accrue, dans de plus en plus de catégories d’actif. Et cela engendre une évaluation du marché déséquilibrée.» suite à la page 24 Le court-termisme des marchés est solidement ancré. Pour échapper à ce diktat sans trop sacrifier le rendement, les caisses de retraite sont condamnées à jongler entre volatilité et risque de liquidité. Par Gérard Bérubé volatilité risque Entre et liquidité de

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des gestionnaires d’actifs

• Novembre 2017 / 17

LE COURT-TERMISME EST AUSSI RÉEL aujourd’hui qu’il y a dix ans. À la différence que la faiblesse persistante des taux d’intérêt suscite des attentes désormais plus exacerbées face aux catégories d’actif et qu’elle alimente une recherche de rendement mettant la performance à l’avant-plan. S’y greffent des conditions économiques favorisant la prise de risque. «Le rendement escompté de base par catégorie d’actif est inférieur à ce qu’il était dans le passé. Cela pousse les gestionnaires de caisse de retraite à élargir leurs horizons pour obtenir des rendements similaires à ce qu’ils étaient habitués d’avoir », résume Richard Beaulieu, vice-président, économiste principal à Addenda Capital.

Il explique que chaque cycle économique s’étendant dans la durée entraîne une baisse graduelle de la perception du risque. «C’est comme si les investisseurs deviennent immunisés contre la peur du risque. Il en résulte une prise de risque accrue, dans de plus en plus de catégories d’actif. Et cela engendre une évaluation du marché déséquilibrée.»

suite à la page 24

Le court-termisme des marchés est solidement

ancré. Pour échapper à ce diktat sans trop sacrifier le rendement, les caisses

de retraite sont condamnées à jongler

entre volatilité et risque de liquidité.

Par Gérard Bérubé

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Entre

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20 / Novembre 2017 •

des gestionnaires d’actifs

2017 2016 GESTIONNAIRE Actifs (M$) des caisses de retraite 2017

Actifs (M$) des caisses de retraite 2016

Variation (%)

Actifs totaux canadiens (M$)

2017

1 1 Gestion de placements TD 94 349,9 $ 95 825,4 $ -1,5 283 987,5 $

2 2 Gestion d’actifs BlackRock Canada 87 812,3 $ 83 036,0 $ 5,8 163 372,6 $

3 3 Phillips, Hager & North gestion de placements

63 507,5 $ 57 935,0 $ 9,6 296 024,1 $

4 6 Corporation Fiera Capital 30 786,7 $ 28 187,4 $ 9,2 77 565,6 $

5 5 Beutel, Goodman & Company 28 861,5 $ 29 704,0 $ -2,8 39 062,0 $

6 7 Connor, Clark & Lunn Financial Group 28 369,4 $ 28 107,2 $ 0,9 65 428,1 $

7 8 State Street Global Advisors 28 330,5 $ 24 273,4 $ 16,7 52 725,2 $

8 10 Brookfield Asset Management 26 625,0 $ 21 427,0 $ 24,3 83 835,0 $

9 9 Gestion d’actifs CIBC 26 043,5 $ 22 150,1 $ 17,6 156 899,9 $

10 4 Gestion d’actifs Manuvie 23 182,0 $ 19 257,5 $ 20,4 118 339,0 $

11 13 Placements institutionnels Fidelity Canada 22 937,6 $ 20 557,0 $ 11,6 133 000,8 $

12 12 GLC Asset Management Group 21 626,0 $ 20 891,4 $ 3,5 52 263,0 $

13 14 J.P. Morgan Asset Management (Canada) 20 437,0 $ 20 373,9 $ 0,3 25 041,0 $

14 11 Greystone Managed Investments 20 366,6 $ 20 964,7 $ -2,9 31 186,8 $

15 25 Goldman Sachs Asset Management1 17 931,0 $ 9 696,8 $ 84,9 25 990,8 $

16 19 BNY Mellon Asset Management 17 516,0 $ 14 648,0 $ 19,6 26 206,0 $

17 18 Wellington Management Group 17 138,0 $ 14 653,0 $ 17,0 22 819,0 $

18 15 Letko, Brosseau & Associates 17 102,9 $ 17 022,6 $ 0,5 28 546,3 $

19 16 MFS Gestion de placements Canada 16 774,6 $ 16 500,9 $ 1,7 28 202,8 $

20 21 Jarislowsky Fraser 16 118,8 $ 16302,0 $ -1,1 36 937,0 $

21 20 Gestion institutionnelle Franklin Templeton 15 323,0 $ 13 488,7 $ 13,6 46 812,0 $

22 17 PIMCO Canada 15 304,0 $ 15 538,0 $ -1,5 34 251,0 $

23 28 Mercer Gestion mondiale d’investissements Canada2

13 929,0 $ 8 389,5 $ 66,0 16 020,0 $

24 23 Placements mondiaux Sun Life 11 912,4 $ 10 472,7 $ 13,7 18 904,7 $

25 22 Leith Wheeler Investment Counsel Ltd. 11 885,6 $ 11 527,0 $ 3,1 18 537,3 $

26 27 Gestion d’actifs Burgundy 10 141,7 $ 9 369,6 $ 8,2 23 801,2 $

27 26 Gestion de placements Mawer 10 132,7 $ 9 515,0 $ 6,5 42 957,2 $

28 24 Addenda Capital 9 920,3 $ 9 862,0 $ 0,6 28 303,1 $

29 30 Industrielle Alliance, Gestion de placements3

9 349,9 $ 7 925,8 $ 18,0 88 156,8 $

30 31 Baillie Gifford Overseas 8 515,0 $ 7 427,7 $ 14,6 14 912,7 $

31 35 Alliance Bernstein Canada Institutional Investments

8 473,3 $ 7 210,3 $ 17,5 16 532,0 $

32 34 Hexavest 7 566,0 $ 6 419,4 $ 17,9 8 709,0 $

33 29 Morguard Investments 7 543,7 $ 7 970,6 $ -5,4 12 950,7 $

34 32 Aberdeen Asset Management (une filiale de la Standard Life)

7 300,4 $ 7 088,3 $ 3,0 11 549,1 $

35 33 Guardian Capital 6 773,6 $ 7 048,7 $ -3,9 23 444,7 $

36 36 Canso Investment Counsel 6 355,4 $ 6 311,4 $ 0,7 21 469,7 $

37 s.o. Acadian Asset Management 6 105,3 $ 4 888,6 $ 24,9 7 314,7 $

38 37 Invesco Canada 6 021,0 $ 5 779,6 $ 4,2 36 659,0 $

39 39 Bentall Kennedy (Canada) 5 447,0 $ 5 372,0 $ 1,4 21 072,0 $

40 s.o. Foyston, Gordon & Payne 4 903,0 $ 5 221,0 $ -6,1 12 623,0 $

TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40Total du Top 402017

Total du Top 40 2016

748 332,2 M$

808 718,3 M$

8,1 %Variation

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• Novembre 2017 / 21

des gestionnaires d’actifs

2017 2016 GESTIONNAIRE Actifs (M$) des caisses de retraite 2017

Actifs (M$) des caisses de retraite 2016

Variation (%)

Actifs totaux canadiens (M$)

2017

1 1 Gestion de placements TD 94 349,9 $ 95 825,4 $ -1,5 283 987,5 $

2 2 Gestion d’actifs BlackRock Canada 87 812,3 $ 83 036,0 $ 5,8 163 372,6 $

3 3 Phillips, Hager & North gestion de placements

63 507,5 $ 57 935,0 $ 9,6 296 024,1 $

4 6 Corporation Fiera Capital 30 786,7 $ 28 187,4 $ 9,2 77 565,6 $

5 5 Beutel, Goodman & Company 28 861,5 $ 29 704,0 $ -2,8 39 062,0 $

6 7 Connor, Clark & Lunn Financial Group 28 369,4 $ 28 107,2 $ 0,9 65 428,1 $

7 8 State Street Global Advisors 28 330,5 $ 24 273,4 $ 16,7 52 725,2 $

8 10 Brookfield Asset Management 26 625,0 $ 21 427,0 $ 24,3 83 835,0 $

9 9 Gestion d’actifs CIBC 26 043,5 $ 22 150,1 $ 17,6 156 899,9 $

10 4 Gestion d’actifs Manuvie 23 182,0 $ 19 257,5 $ 20,4 118 339,0 $

11 13 Placements institutionnels Fidelity Canada 22 937,6 $ 20 557,0 $ 11,6 133 000,8 $

12 12 GLC Asset Management Group 21 626,0 $ 20 891,4 $ 3,5 52 263,0 $

13 14 J.P. Morgan Asset Management (Canada) 20 437,0 $ 20 373,9 $ 0,3 25 041,0 $

14 11 Greystone Managed Investments 20 366,6 $ 20 964,7 $ -2,9 31 186,8 $

15 25 Goldman Sachs Asset Management1 17 931,0 $ 9 696,8 $ 84,9 25 990,8 $

16 19 BNY Mellon Asset Management 17 516,0 $ 14 648,0 $ 19,6 26 206,0 $

17 18 Wellington Management Group 17 138,0 $ 14 653,0 $ 17,0 22 819,0 $

18 15 Letko, Brosseau & Associates 17 102,9 $ 17 022,6 $ 0,5 28 546,3 $

19 16 MFS Gestion de placements Canada 16 774,6 $ 16 500,9 $ 1,7 28 202,8 $

20 21 Jarislowsky Fraser 16 118,8 $ 16302,0 $ -1,1 36 937,0 $

21 20 Gestion institutionnelle Franklin Templeton 15 323,0 $ 13 488,7 $ 13,6 46 812,0 $

22 17 PIMCO Canada 15 304,0 $ 15 538,0 $ -1,5 34 251,0 $

23 28 Mercer Gestion mondiale d’investissements Canada2

13 929,0 $ 8 389,5 $ 66,0 16 020,0 $

24 23 Placements mondiaux Sun Life 11 912,4 $ 10 472,7 $ 13,7 18 904,7 $

25 22 Leith Wheeler Investment Counsel Ltd. 11 885,6 $ 11 527,0 $ 3,1 18 537,3 $

26 27 Gestion d’actifs Burgundy 10 141,7 $ 9 369,6 $ 8,2 23 801,2 $

27 26 Gestion de placements Mawer 10 132,7 $ 9 515,0 $ 6,5 42 957,2 $

28 24 Addenda Capital 9 920,3 $ 9 862,0 $ 0,6 28 303,1 $

29 30 Industrielle Alliance, Gestion de placements3

9 349,9 $ 7 925,8 $ 18,0 88 156,8 $

30 31 Baillie Gifford Overseas 8 515,0 $ 7 427,7 $ 14,6 14 912,7 $

31 35 Alliance Bernstein Canada Institutional Investments

8 473,3 $ 7 210,3 $ 17,5 16 532,0 $

32 34 Hexavest 7 566,0 $ 6 419,4 $ 17,9 8 709,0 $

33 29 Morguard Investments 7 543,7 $ 7 970,6 $ -5,4 12 950,7 $

34 32 Aberdeen Asset Management (une filiale de la Standard Life)

7 300,4 $ 7 088,3 $ 3,0 11 549,1 $

35 33 Guardian Capital 6 773,6 $ 7 048,7 $ -3,9 23 444,7 $

36 36 Canso Investment Counsel 6 355,4 $ 6 311,4 $ 0,7 21 469,7 $

37 s.o. Acadian Asset Management 6 105,3 $ 4 888,6 $ 24,9 7 314,7 $

38 37 Invesco Canada 6 021,0 $ 5 779,6 $ 4,2 36 659,0 $

39 39 Bentall Kennedy (Canada) 5 447,0 $ 5 372,0 $ 1,4 21 072,0 $

40 s.o. Foyston, Gordon & Payne 4 903,0 $ 5 221,0 $ -6,1 12 623,0 $

Notes 1 En 2017, Goldman Sachs Asset Management a acheté

une partie de la division de services d’impartition en

investissements de Verus Investors.2 La croissance est principalement due à la forte croissance

des ventes.3 Anciennement Groupe Industrielle Alliance.

*Les données de 2016 ont été révisées.

Source : Les tableaux sont basés sur les réponses fournies

par les participants au sondage Top 40 des gestionnaires

d’actifs au Canada du Canadian Institutional Investment

Network, printemps 2017. Avantages n’assume aucune

responsabilité quant à la fiabilité des données.

Les totaux peuvent varier en raison des arrondis.

TOP 10 DES GESTIONNAIRES D’ACTIFS DE RÉGIMES DE CAPITALISATION

Gestionnaire Actifs (M$) gérés en date du 30 juin 2017

1 Gestion d’actifs BlackRock Canada 30 844,2 $

2 GLC Asset Management Group 19 814,0 $

3 Gestion de placements TD 12 718,5 $

4 Placements mondiaux Sun Life 11 912,4 $

5 Beutel, Goodman & Company 11 886,4 $

6 MFS Gestion de placements Canada 9 568,9 $

7 Placements institutionnels Fidelity Canada 8 350,3 $

8 Connor, Clark & Lunn Financial Group 6 926,2 $

9 Phillips, Hager & North gestion de placements 6 442,7 $

10 Industrielle Alliance, Gestion de placements3 6 226,5 $

Total 124 690,1 $

TOP 10 DES GESTIONNAIRES D’ACTIFS DE RÉGIMES PD

Gestionnaire Actifs (M$) gérés en date du 30 juin 2017

1 Gestion de placements TD 81 631,4 $

2 Phillips, Hager & North gestion de placements 57 064,8 $

3 Gestion d’actifs BlackRock Canada 49 715,9 $

4 Brookfield Asset Management 26 625,0 $

5 Corporation Fiera Capital 26 138,3 $

6 Gestion d’actifs CIBC 25 457,1 $

7 State Street Global Advisors 25 232,3 $

8 Connor, Clark & Lunn Financial Group 21 443,2 $

9 J.P. Morgan Asset Management (Canada) 20 437,0 $

10 Goldman Sachs Asset Management 17 931,0 $

Total 351 676,0 $

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24 / Novembre 2017 •

«« On ne gère plus pour le 31 décembre de chaque année. »

- Sylvain Gareau, régime de rentes des employés du Mouvement Desjardins

des gestionnaires d’actifsTOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40

Cette plus grande prise de risque emprunte deux grands axes. La gestion devient active, plus dynamique. Et à l’intérieur d’une catégorie d’actif, le gestionnaire va s’étendre hors de la zone de confort des émetteurs de première qualité. Dans le segment à revenu fixe par exemple, il va glisser vers les titres émis par les gouvernements provinciaux, les villes, les grandes sociétés et les obligations à haut rendement, ajoutant un risque de crédit à son portefeuille.

Richard Beaulieu ajoute à l’équation expliquant la prédominance du court terme que « la volatilité macroéconomique a diminué. L’inflation est plus basse, plus stable, et l’intervention des banques centrales a injecté beaucoup de liquidité dans le système, qu’il faut bien utiliser». Mais à l’échelle micro, sur les marchés, « le moindre recul devient une occasion d’acheter». Sans compter le jeu des fonds dits alternatifs, des investisseurs activistes, du day trading et des transactions à haute fréquence qui, en exploitant le momentum, vient accentuer les mouvements.

Et ce diktat du court terme va se nourrir de l’influence qu’il exerce sur la rémunération des dirigeants d’entreprise en les incitant à exercer une répartition du capital visant la performance immédiate.

Risque de longévitéCette réalité «peut desservir les grandes caisses de retraite, ceux qui font face à des engagements répartis dans le temps, qui ont une mission de produire des rendements à long terme en appui à leur passif à long terme», souligne Christian Robert, vice-président Solutions d’investissement et investissement guidé par le passif, également du cabinet Addenda.

Sylvain Gareau est du nombre. Le vice-président, responsable du régime de rentes des employés du Mouvement Desjardins, précise que le court-termisme se vit différemment selon que le régime est à cotisation déterminée (CD) ou à prestations

ZOOM SURLES CHIFFRESLes actifs de caisses de retraite des 40  plus

importants gestionnaires au pays se sont appréciés de 8,1% en 12  mois pour atteindre

808,7 milliards de dollars en date du 30 juin 2017. Les gains cette année ont été supérieurs au 1,7 % réalisé en 2016,  mais en dessous de ceux des trois années précédentes.

Trois gestionnaires demeurent en haut du classement réalisé par le Canadian Institutional Investment Network: Gestion de placements TD (qui gère 94,3G$ d’actifs de caisses de retraite canadiennes), Gestion d’actifs BlackRock Canada (87,8G$) et Phillips, Hager & North gestion de placements (63,5G$). Au quatrième rang se situe le premier gestionnaire québécois, Corporation Fiera Capital.

La période de 12 mois qui s’est achevée le 30  juin dernier aura été mouvementée pour les gestionnaires de fonds, alors que seuls 7  des 40  sur le palmarès occupent le même rang qu’en 2016. C’est Goldman Sachs (15e  rang) qui aura connu le taux de croissance le plus élevé, soit 84,9%, suivi de Mercer, Gestion mondiale d’investissements Canada (23e rang) avec 66%. À l’autre bout du spectre, dix gestionnaires du classement ont enregistré une baisse de leur actif depuis un an.

Pour ce qui est du type de régime de retraite, BlackRock domine la liste des gestionnaires d’actifs de régimes de capitalisation alors que TD est au sommet des régimes à prestations déterminées.

Quant aux catégories, les obligations canadiennes sont sans grande surprise les plus présentes dans les portefeuilles, représentant 19% des actifs, suivies des actions mondiales et canadiennes, à 13% et 10% respectivement. Les obligations et actions américaines en constituent 9 % et 5 %. – La rédaction

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déterminées (PD). Le régime de l’institution québécoise, avec ses 12 milliards d’actif sous gestion lui conférant le 7e  rang dans la liste des caisses privées au Canada, fait partie du deuxième groupe. «Nous devons gérer un risque de longévité. Notre horizon est donc de long terme.»

Le spécialiste ajoute qu’avant la crise de 2008, il était pratique généralisée de viser le premier quartile. «Aujourd’hui, ce court terme est de moins en moins un enjeu pour des régimes comme le nôtre. Nous sommes évalués sur des rendements de cinq ans. Cela nous amène à nous engager davantage dans les catégories d’actif tels les infrastructures et l’immobilier. On peut s’y investir pour 15 à 20 ans et on y obtient du 6 à 9 % par année à long terme. Ce sont deux catégories sensibles aux taux d’intérêt, mais le rendement courant est fixe et connu.»

Sylvain Gareau reconnaît cependant que ces éléments d’actif ajoutent un risque de liquidité au portefeuille. « Il ne faudrait pas se retrouver dans une crise comme celle de 2008 ! » lance-t-il. Un risque qu’un régime affichant un excédent de cotisations sur les rentes à payer peut absorber, ajoute-t-il. Ce qui n’est pas le cas pour tous, renchérit Christian Robert. «De plus en plus de régimes PD ont atteint une certaine maturité les forçant à rechercher davantage de rendement et à réduire le risque associé à leur passif. »

Changements réglementairesLe gestionnaire de Desjardins précise que l’influence de l’immédiat se faisait davantage ressentir avant l’important changement, apporté par le gouvernement du Québec en 2016, aux règles de capitalisation des régimes. Sur la question de la solvabilité, « l’analyse actuarielle demeure, mais on ne gère plus pour le 31 décembre de chaque année », explique Sylvain Gareau. Cette souplesse réglementaire s’en trouve toutefois atténuée par les nouvelles normes internationales sur les informations financières destinées à standardiser la présentation des données comptables échangées à l’échelle internationale, et résumées sous l’acronyme IFRS (pour International Financial Reporting Standards). « On s’est fait imposer la comptabilité d’entreprise », ajoute M.  Gareau, ce qui a notamment pour conséquence d’ajouter à la liste des considérants la minimisation de la volatilité comptable des taux d’intérêt d’entreprise.

Aussi, les règles de solvabilité ne sont pas similaires d’une province à l’autre. « La réglementation poussant les caisses de retraite vers le court terme est encore présente dans d’autres provinces », martèle Christian Robert. En parallèle, les régimes CD sont en forte croissance dans l’univers des régimes complémentaires de retraite. « Le profil de risque d’un régime CD est très différent du nôtre. Ces régimes mettent l’accent sur le rendement élevé. À l’instar de tous ces gestionnaires qui ne gèrent que l’actif, ils doivent battre des indices et performer. Pour nombre d’entre eux, il importe d’être des premiers de classe, un comportement que l’on peut également vérifier chez certains grands gestionnaires de régimes PD », soutient Sylvain Gareau. Bref, le court-termisme reste bien ancré dans la réalité, admet-il.

VolatilitéBenoit Hudon, chef mondial, régimes à prestations déterminées chez Mercer, évoque également la volatilité induite par le règne du court terme. « Les dirigeants d’entreprise ont les yeux rivés sur le prochain trimestre, pour donner des résultats à l’actionnaire.» Paradoxalement, plus l’horizon de placement est à long terme, plus les caisses peuvent se permettre de la volatilité, mais ce n’est pas ce qu’elles visent. Elles vont s’en prémunir par la diversification. Et celles gérant un passif vont davantage rechercher à minimiser l’écart entre ce passif et l’actif. « Si le passif fluctue selon les taux d’intérêt, on voudra que l’actif en fasse autant.»

Et dans une conjoncture de rendements obligataires encore minimalistes, les caisses vont s’en remettre à des catégories d’actif proposant un rendement plus stable, plus élevé, avec moins de volatilité que le marché des actions. On peut penser à l’immobilier et aux infrastructures, qui permettent d’échapper aux fluctuations de trimestre en trimestre. «Ce n’est pas le meilleur des deux mondes, ces éléments d’actif étant moins liquides », met cependant en exergue le spécialiste du cabinet Mercer.

Est-ce donc cela, du court-termisme ? demande Christian Robert. « Recourir aux placements privés, intégrer les facteurs ESG (environnement, social et de gouvernance) dans sa politique de placement ou favoriser l’investissement avec impact, tout cela vient mitiger l’influence du court terme au sein de portefeuilles. »

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des gestionnaires d’actifs

« C’est comme si les investisseurs deviennent immunisés contre la peur du risque. »- Richard Beaulieu, Addenda Capital

Page 6: Entre volatilité risque liquidité · 18 15 Letko, Brosseau & Associates 17 102,9 $ 17 022,6 $ 0,5 28 546,3 $ 19 16 MFS Gestion de placements Canada 16 774,6 $ 16 500,9 $ 1,7 28

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des gestionnaires d’actifsTOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40TOP 40Plus de risqueDonc cela veut dire moins de volatilité mais plus de risque, de crédit et de liquidité ? « En fait, les portefeuilles n’ont pas une répartition d’actif nécessairement plus risquée qu’auparavant. Ce qui a changé est l’accès à plus de catégories d’actif, nombre d’entre elles se voulant moins liquides », répond Christian Robert. Il pointe en direction des placements privés, des terres agricoles, de l’immobilier, qui offrent un profil de risque semblable au triple A et aux titres de première qualité. Il ajoute à la liste le risque de crédit accru dans les portefeuilles de titres à revenu fixe pouvant aujourd’hui s’étendre aux hypothèques commerciales.

« Avant, les caisses de retraite n’avaient pas besoin de déborder aux obligations d’entreprises et aux hypothèques avec un rendement de 6 % sur les obligations de première qualité. Mais aujourd’hui…» Le spécialiste d’Addenda donne l’exemple de l’obligation univers affichant un rendement de 2,2 % avec une durée de sept ans, alors qu’une hypothèque commerciale se voulant moins sensible aux aléas des taux d’intérêt propose un rendement de 3 % et une durée de 2,5 à 3 ans.

Il en ressort de tout ce qui précède que les régimes de retraite ne sont ni des victimes ni des acteurs du court-termisme. «Les caisses de retraite ne l’alimentent pas, insiste Benoit Hudon.

Cependant, elles pourraient être plus proactives plutôt que de subir la volatilité.» Le spécialiste de Mercer

donne des chiffres. Le marché mondial des caisses de retraite à prestations

déterminées est de plus de 10 000  milliards de dollars canadiens. Les trois principaux pays étant les

États-Unis (3 750 G$ CA d’actif géré), le Royaume-Uni (3  334 G$ CA) et le Canada (1  500 G$ CA). « Elles ont une influence, par l’exercice de leur droit de vote, sur la façon dont les dirigeants d’entreprise jouent leur rôle. Or, si nombre des caisses à forte taille le font depuis quelques années, ce n’est pas le cas pour la très grande majorité », déplore Benoit Hudon.

« Les caisses de retraite pourraient être plus proactives plutôt que de subir la volatilité. »- Benoit Hudon, Mercer