La Tribune 16-02-16.PDF

5
ENTREPRISES GEANTS PHARMACEUTIQUES: CE QU'IL FAUT RETENIR DE LEUR ANNEE 2015 JEAN-YVES PAILLE Marchés émergents moins profitables que prévus, revenus touchés par les effets de change,recentrage des activités, partenariats avec Google et autres IBM... Les géants pharmaceutiques ont vécu une année 2015 mouvementée. Les principaux laboratoires pharmaceutiques ont publié leurs résultats annuels 2015 avec des chiffres faramineux à première vue. Le top 5 des industries pharmaceutiques a enregistré plus de 200 milliards d'euros de revenus en 2015, et plus de 47 milliards de bénéfices. Néanmoins, les pâtissent d'une croissance inférieure à la moyenne du marché du médicament et les investisseurs font de moins en moins confiance à ces dernières. Les cours des actions des plus grands groupes pharmaceutiques ont chuté de plus de 10% sur un an, une tendance baissière plus forte que celle des indices boursiers ou très proche (le titre Sanofi a chuté de 24% sur un an, contre 12,5% pour le Cac 40, l'action de Merck a perdu 16% contre 19% pour le NYSE). L'action des biotechs, à l'image de l'indice Nasdaq Biotechnology (+10%) a continué à grimper en 2015 pour atteindre des valeurs records. Pour les géant pharmaceutiques, l'année 2015 est celle des transactionnelles pour recentrer leurs activités et de nouveaux partenariats pour que les géants pharmaceutiques mettent en place une stratégie payante sur le Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70 SURFACE : 242 % PERIODICITE : Quotidien RUBRIQUE : Entreprises DIFFUSION : 192749 JOURNALISTE : Jean-Yves Paille 16 février 2016 - N°5900

Transcript of La Tribune 16-02-16.PDF

Page 1: La Tribune 16-02-16.PDF

ENTREPRISES

GEANTS PHARMACEUTIQUES: CE QU'IL FAUTRETENIR DE LEUR ANNEE 2015JEAN-YVES PAILLE

Marchés émergents moins profitables que prévus, revenus touchés par les effets dechange,recentrage des activités, partenariats avec Google et autres IBM... Les géantspharmaceutiques ont vécu une année 2015 mouvementée.

Les principaux laboratoires pharmaceutiques ont publié leurs résultats annuels 2015 avec deschiffres faramineux à première vue. Le top 5 des industries pharmaceutiques a enregistré plus de200 milliards d'euros de revenus en 2015, et plus de 47 milliards de bénéfices.

Néanmoins, les pâtissent d'une croissance inférieure à la moyenne du marché dumédicament et les investisseurs font de moins en moins confiance à ces dernières. Les cours desactions des plus grands groupes pharmaceutiques ont chuté de plus de 10% sur un an, unetendance baissière plus forte que celle des indices boursiers ou très proche (le titre Sanofi a chutéde 24% sur un an, contre 12,5% pour le Cac 40, l'action de Merck a perdu 16% contre 19% pour leNYSE). L'action des biotechs, à l'image de l'indice Nasdaq Biotechnology (+10%) a continuéà grimper en 2015 pour atteindre des valeurs records. Pour les géant pharmaceutiques, l'année2015 est celle des manœuvres transactionnelles pour recentrer leurs activités et de nouveauxpartenariats pour que les géants pharmaceutiques mettent en place une stratégie payante sur le

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70SURFACE : 242 %PERIODICITE : Quotidien

RUBRIQUE : EntreprisesDIFFUSION : 192749JOURNALISTE : Jean-Yves Paille

16 février 2016 - N°5900

Page 2: La Tribune 16-02-16.PDF

long terme. Revue de détail des éléments marquant de l'année 2015 des cinq principauxlaboratoires pharmaceutiques.

1) DES CHIFFRES D'AFFAIRES ET DES PROFITSMINÉS PAR LE DOLLAR FORT

Les deux principales big pharmas américaines et les deux plus gros laboratoires pharmaceutiquessuisses ont souffert de la montée du dollar et de celle franc suisse. Pour rappel, au 1er janvier 2015un euro valait 1,20 dollar ; à la fin de l'année, il grimpait à 1,128 dollar . En outre, 1 euros valait 1,20franc suisse au 1er janvier ; il en valait 1,089 à la fin de l'année. Ces géants pharmaceutiques seretrouvent avec des chiffres d'affaires en baisse en raison des effets de change. Les bénéfices deRoche et Pfizer ont également été pénalisés par les devises, et s'inscrivent à la baisse.

Au contraire, le français Sanofi a tiré profit de l'euro faible. Son chiffre d'affaires, en hausse de9,9%, ne progresserait que de 2,2% à taux de change constants. Même son de cloche pour lebénéfice net: grâce à l'effet de change positif, il a augmenté de 7,7%. Sans compter les effets dechange, il serait en recul de 0,9%.

A noter un cas particulier: les profits de Novartis ont augmenté de 73%, à 16,1 milliards d'euros,grâce aux gains réalisés sur les cessions des activités abandonnées, notamment celles liées à sesvaccins antigrippaux.

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70SURFACE : 242 %PERIODICITE : Quotidien

RUBRIQUE : EntreprisesDIFFUSION : 192749JOURNALISTE : Jean-Yves Paille

16 février 2016 - N°5900

Page 3: La Tribune 16-02-16.PDF

Les dollars et francs suisses ont été convertis en euros, selon les cours en vigueur lors dela publication des résultats.

2) LES MARCHÉS ÉMERGENTS RAPPORTENTMAIS DÉÇOIVENT

En 2015, d'espoirs ont été fondés sur la Chine et le Brésil. Les BRICS ont été un relaisde croissance moins important que ce que les laboratoires pharmaceutiques avaient jugeVincent Genet, directeur associé du cabinet de conseil Alcimed. Au Brésil, certaines big pharmasenregistrent une croissance à deux chiffres en dépit des importantes difficultés économiques dupays, dont Roche (+10%). Mais en Chine, pays qui souffre d'un ralentissement de sa croissance ,on est loin de la croissance à deux chiffres attendue. Le marché subit une pression sur les prixrésultant d'un accès plus large de la population aux soins médicaux . Au deuxième trimestre aucundes gros laboratoires n'a enregistré une progression à deux chiffres de ses ventes en Chine,mentionnait déjà en août une analyse réalisée par Deutsche Bank.

A la fin de l'année, le résultat est tout autant mitigé. Le chiffre d'affaires de Novartis a baissé de 5%à change constant (les résultats avec effets de change ne sont pas donnés) en Asie et en Russie, àcause ralentissement significatif du marché et de faibles performances en Chine en Inde et enAsie du Roche enregistre quant à lui seulement 4% de croissance annuelle en Chine.Merck fait mieux avec 8% de croissance sur ce marché qui représente 1/10 de son chiffre affaires,mais au quatrième trimestre la croissance est tombée à 2%.

Une satisfaction à retenir cependant, selon Vincent Genet. L'accélération dans de nouvelleséconomies émergentes a permis de compenser le de certains BRICS. Parmi, celles-ci, il désigne Pologne, le Venezuela, le Mexique et les

3) LES PLUS GROS LABORATOIRESPHARMACEUTIQUES PERFORMANTS DANS

L'ONCOLOGIE, MOINS DANS LE DIABÈTE

domaines thérapeutiques en croissance dynamique restent le diabète, l'oncologie,l'ensemble des traitement ayant trait à la médecine de spécialités, les maladies

estime Vincent Genet.

Mais ces domaines-là n'ont pas toujours étaient des moteurs de croissance pour les membres dutop 5 mondial.

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70SURFACE : 242 %PERIODICITE : Quotidien

RUBRIQUE : EntreprisesDIFFUSION : 192749JOURNALISTE : Jean-Yves Paille

16 février 2016 - N°5900

Page 4: La Tribune 16-02-16.PDF

L'oncologie a été l'activité la plus profitable des géants pharmaceutiques. Malgré un bénéfice enbaisse, Pfizer a dépassé les attentes en 2015, grâce à de bonnes ventes de ses vaccins (+ 44% derevenus) et d'anti-cancéreux (+33%) . Roche , numéro 1 dans l'oncologie a profité des ventes del'Herceptin, de l'Avastin et du Perjeta, des anti-cancéreux dont le chiffre d'affaires a grimpé de 8%,contre un chiffre d'affaires général en hausse de 5% hors effets de change .

Concernant le marché du diabète, les laboratoires du Top 5 n'ont pas réussi à capter le potentiel dumarché. L'activité diabète de Sanofi a reculé (-6,8% à 7 58 milliard de dollars) en raison de la chutedes ventes du Lantus, son produit phare (10,8% à 6,39 milliards de dollars). Merck a fait état d'unebaisse inattendue des ventes de l'antidiabétique vedette Januvia, dont les ventes ont stagné à 6,01milliards de dollars. D'après les derniers résultats publiés, c'est le laboratoire pharmaceutique NovoNordisk (85% de ses activités dédiées à la lutte contre le diabète et l'obésité) qui s'en est le mieuxsorti avec un chiffre d'affaires en hausse de 22% et des profits records.

4) PARTENARIATS AVEC LES GÉANTS DE LATECH AU PLUS HAUT

Il y a eu en 2014 accélération de la mise en place de partenariats, entre acteurs du secteurmédicaments et société technologiques. C'est le plus grand nombre de partenariats de ce

enregistrée en une année, note Vincent Genet. Et ce la perspective de développer desapproches encore plus globales de prises en charge de L'autre objectif étantd'accélérer dans le big data.

Ces partenariats concernent principalement des dispositifs de lutte contre le diabète. Ainsi, enseptembre, Sanofi notamment s'est associé à la division Sciences de la vie de Google pouraméliorer la prise en charge des patients diabètiques. Ou encore, en décembre, Novo Nordisk aannoncé sa collaboration avec IBM pour de nombreuses informations sur la façon dontses patients gèrent leur diabète pour trouver des méthodes plus efficaces de lutte contre lamaladie

5) LES LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES SERECENTRENT

Par ailleurs, les acteurs du top 5-10 se sont orientés vers recentrage stratégique sur desdomaines avec des médicaments d'innovation à haute valeur ajoutée. Cela s'est traduit par desdésinvestissements dans certains souligne Vincent Genet. Les laboratoirespharmaceutiques se séparent de certaines activités pour se concentrer sur les plus porteuses,notamment l'oncologie, le diabète et les thérapies des maladies auto-immunes. L'année 2015 a

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70SURFACE : 242 %PERIODICITE : Quotidien

RUBRIQUE : EntreprisesDIFFUSION : 192749JOURNALISTE : Jean-Yves Paille

16 février 2016 - N°5900

Page 5: La Tribune 16-02-16.PDF

donné lieu à plusieurs désinvestissements importants ou échanges de portefeuilles. Le britanniqueGSK a choisi de consolider son activité vaccin et a cédé son activité oncologie pour 16 milliards dedollars en mars dernier à Novartis qui conforte ainsi sa position de numéro 2 sur ce marché.

Sanofi a quant à lui passé un accord avec l'allemand Boehringer Ingelheim pour lui céder sadivision de santé animale du groupe pharmaceutique, Merial. En échange, la société françaiseacquiert l'activité santé grand public (médicaments sans ordonnance). Sanofi envisage d'autreséchanges à l'avenir; Le groupe compte se renforcer dans l'immunologie et la sclérose en plaques,ainsi que l'oncologie pour pallier la croissance en baisse de son activité diabète.

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 67,68,69,70SURFACE : 242 %PERIODICITE : Quotidien

RUBRIQUE : EntreprisesDIFFUSION : 192749JOURNALISTE : Jean-Yves Paille

16 février 2016 - N°5900