En pratique, l’aquaculture, c’est quoi - Site de la ... · de reproduction où l’on produit...

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En pratique , l’aquaculture, c’est quoi ? L ’aquaculture est un art, celui d’utiliser le milieu aquatique pour une production végétale et animale. Les fermes aquacoles peuvent être installées en pleine mer, en bord de rivière, sur un lac ou un étang, ou encore à terre. Sont entre autres concernées les productions de poissons (pisciculture), de coquillages (conchyliculture), de crustacés (pénéiculture) ou d’algues (algoculture). L’aquaculture fournit 60 % des poissons d’eau douce, 40% des mollusques, 30 % des crevettes et 5 % des poissons d’eau de mer consommés par l’homme. L’aquaculture mondiale en chiffres C’est le secteur alimentaire qui, selon la Fao -Food Administration Organisation- a le plus progressé au cours des cinquante dernières années. Elle est passée de moins d’un million de tonnes en 1950 à plus de 54 millions de tonnes estimées en 2008, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 8,8% contre 2,8% pour l’élevage terrestre et 1,2% pour la pêche. Actuellement, plus de 50% du poisson consommé à travers le monde est issu de l’aquaculture ; cette proportion atteint 40% pour les coquillages, crustacées, algues, etc. Une activité d’avenir Si l’aquaculture est une activité très ancienne, elle n’est reconnue que depuis quelques décennies. La pêche et l’aquaculture bénéficient d’une attention croissante en raison de l’importante source de moyens de subsistance et de nourriture qu’elles constituent, mais aussi de notre meilleure compréhension des écosystèmes aquatiques. De nombreux stocks de poissons sont actuellement surexploités et la nature internationale de cette ressource rend sa gestion difficile. Si l’on considère que l’aquaculture fournit déjà près de la moitié de notre consommation, on peut légitimement attendre une augmentation sensible de cette part dans les années futures. Le Maroc, un potentiel à développer Curieusement, malgré plus de 3500 kilomètres de côtes, un littoral à double façade donnant à la fois sur l’Atlantique et la Méditerranée, le Maroc ne possède pas de véritable secteur aquacole. Il présente pourtant des avantages naturels certains, une position géographique clef, une expérience importante dans la recherche et un marché porteur, tant au niveau national qu’à l’export. Devant à un tel potentiel, une politique volontariste en faveur d’une ressource durable a été engagée à travers le Plan Halieutis pour entrainer l’essor de la production nationale. Au sein du Plan Halieutis, l’aquaculture a le vent en poupe ! Actuellement, l’aquaculture représente 1% de la production halieutique totale du Royaume, mais un des volets du plan Halieutis consiste à faire de l’aquaculture un moteur essentiel de croissance. Avec la diminution des captures de poisson blanc provenant de la pêche nationale, l’aquaculture permettra de générer un chiffre d’affaire d’environ 5 milliards de dirhams et de créer un peu plus de 40 000 emplois directs. Dans cet objectif, la création attendue de l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture offrira des mesures incitatives et un accompagnement des projets. Des experts au service de l’aquaculture Aquabiotop, que j’ai créée en 2008, est basée à Rabat et se fixe pour objectifs le conseil et l’ingénierie dans le domaine de l’aquaculture marine et continentale. Ce bureau d’étude se propose d’accompagner les entreprises ou personnes souhaitant investir dans le secteur de l’aquaculture au Maroc. Mais aussi de délivrer son expertise à des entreprises déjà existantes au Maroc et désireuses d’optimiser leur production, leur méthodologie, etc. Aquabiotop vise avant tout à satisfaire les attentes de ses clients tout s’engageant délibérément en faveur d’une aquaculture durable. Une telle philosophie implique de : • mettre sur le marché des produits aquacoles peu onéreux et de très haute qualité ; • prendre en compte le bien-être animal par des méthodes de production adaptées ; • protéger l’environnement par un retraitement efficace des déchets produits, • concevoir des installations de production adaptées aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, • proposer aux clients des solutions économiquement et écologiquement éprouvées. Ainsi, Aquabiotop fonde sa métho- dologie d’intervention sur les valeurs suivantes, clefs essentielles de réussite pour développer et transmettre une aquaculture durable : Il devient désormais impératif que les experts, les professionnels et les institutions s’allient pour soulager certains blocages et créent une réelle impulsion pour développer la filière. Céline Paul Aquaculture durable Respect de l’environnement Prise en compte des enjeux actuels et futurs Recherche du bien être animal Produits bon marché de trés haute qualité Comment une ferme piscicole fonctionne-t-elle ? L’élevage commence dans des unités de reproduction où l’on produit les œufs et les larves à partir d’individus reproducteurs. Durant les premiers mois, les organismes sont nourris avec des organismes vivants, dans des cuves ou bassins. Ensuite, ils séjournent dans diverses installations de grossissement : des cages flottantes en mer, des bassins en béton, des viviers à terre où ils sont nourris. Avec quoi nourrit-on les poissons d’aquaculture ? L’alimentation des poissons d’élevage est strictement encadrée et fait l’objet de nombreuses avancées. Ainsi, elle incorpore des farines et des huiles de poisson, ce qui permet de valoriser des espèces non consommées par l’homme. Une alternative bénéfique dans la mesure où les pêcheries sont limitées par quota pour ne pas appauvrir la ressource. Néanmoins, pour assurer la durabilité de l’élevage des poissons, plusieurs programmes de recherche sont en cours. Ils visent à remplacer partiellement ces farines et ces huiles de poisson par des matières premières végétales, tout en maintenant les qualités nutritionnelles et organoleptiques des poissons d’aquaculture. Aquaculture expertise expertise VuesurMer 56 VuesurMer 57 De haut en bas : culture d’huîtres en poches à Ria de Alvor (Portugal) ; et pré-grossissement semi intensif de soles chez Aqualvor, à Ria de Alvor (Portugal). De haut en bas : l tri d’alevins de loup au stade juvénile, à l’écloserie marine de Gravelines (France) ; l expérimentation en centre de recherche sur le sevrage et l’élevage larvaire de soles, chez CCMAR à Faro (Portugal); l échantillonnage de civelles avant sevrage et mise en élevage chez Nounemaroc, à Kénitra (Maroc). photos RZ photos Céline Paul

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En pratique, l’aquaculture, c’est quoi ?

L’aquaculture est un art, celui d’utiliser le milieu aquatique pour une production végétale et

animale. Les fermes aquacoles peuvent être installées en pleine mer, en bord de rivière, sur un lac ou un étang, ou encore à terre. Sont entre autres concernées les productions de poissons (pisciculture), de coquillages (conchyliculture), de crustacés (pénéiculture) ou d’algues (algoculture). L’aquaculture fournit 60 % des poissons d’eau douce, 40% des mollusques, 30 % des crevettes et 5 % des poissons d’eau de mer consommés par l’homme. L’aquaculture mondiale en chiffresC’est le secteur alimentaire qui, selon la Fao -Food Administration Organisation- a le plus progressé au cours des cinquante dernières années. Elle est passée de moins d’un million de tonnes en 1950 à plus de 54 millions de tonnes estimées en 2008, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 8,8% contre 2,8% pour l’élevage terrestre et 1,2% pour la pêche.

Actuellement, plus de 50% du poisson consommé à travers le monde est issu de l’aquaculture ; cette proportion atteint 40% pour les coquillages, crustacées, algues, etc.

Une activité d’avenirSi l’aquaculture est une activité très ancienne, elle n’est reconnue que depuis quelques décennies.

La pêche et l’aquaculture bénéficient d’une attention croissante en raison de l’importante source de moyens de subsistance et de nourriture qu’elles constituent, mais aussi de notre meilleure compréhension des écosystèmes aquatiques.

De nombreux stocks de poissons sont actuellement surexploités et la nature internationale de cette ressource rend sa gestion difficile.

Si l’on considère que l’aquaculture fournit déjà près de la moitié de notre consommation, on peut légitimement attendre une augmentation sensible de cette part dans les années futures.

Le Maroc, un potentiel à développer Curieusement, malgré plus de 3500 kilomètres de côtes, un littoral à double façade donnant à la fois sur l’Atlantique et la Méditerranée, le Maroc ne possède pas de véritable secteur aquacole.

Il présente pourtant des avantages naturels certains, une position géographique clef, une expérience importante dans la recherche et un marché porteur, tant au niveau national qu’à l’export.

Devant à un tel potentiel, une politique volontariste en faveur d’une ressource durable a été engagée à travers le Plan Halieutis pour entrainer l’essor de la production nationale.

Au sein du Plan Halieutis,l’aquaculture a le vent en poupe !Actuellement, l’aquaculture représente 1% de la production halieutique totale du Royaume, mais un des volets du plan Halieutis consiste à faire de l’aquaculture un moteur essentiel de croissance. Avec la diminution des captures de poisson blanc provenant de la pêche nationale, l’aquaculture permettra de générer un chiffre d’affaire d’environ 5 milliards de dirhams et de créer un peu plus de 40 000 emplois directs. Dans cet objectif, la création attendue de l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture offrira des mesures incitatives et un accompagnement des projets.

Des experts au service de l’aquacultureAquabiotop, que j’ai créée en 2008, est basée à Rabat et se fixe pour objectifs le conseil et l’ingénierie dans le domaine de l’aquaculture marine et continentale. Ce bureau d’étude se propose d’accompagner les entreprises ou personnes souhaitant investir dans le secteur de l’aquaculture au Maroc. Mais aussi de délivrer son expertise à des entreprises déjà existantes au Maroc et désireuses d’optimiser leur production, leur méthodologie, etc.Aquabiotop vise avant tout à satisfaire les attentes de ses clients tout s’engageant délibérément en faveur d’une aquaculture durable. Une telle philosophie implique de :• mettre sur le marché des produits aquacoles peu onéreux et de très haute qualité ;• prendre en compte le bien-être animal par des méthodes de production adaptées ;

• protéger l’environnement par un retraitement efficace des déchets produits,• concevoir des installations de production adaptées aux enjeux d’aujourd’hui et de demain,• proposer aux clients des solutions économiquement et écologiquement éprouvées.

Ainsi, Aquabiotop fonde sa métho-dologie d’intervention sur les valeurs suivantes, clefs essentielles de réussite pour développer et transmettre une aquaculture durable :

Il devient désormais impératif que les experts, les professionnels et les institutions s’allient pour soulager certains blocages et créent une réelle impulsion pour développer la filière.

Céline Paul

Aquaculture durable

Respect del’environnement

Prise en compte des

enjeux actuelset futurs

Recherche du bien

être animal

Produits bonmarché de tréshaute qualité

Comment une ferme piscicole fonctionne-t-elle ?

L’élevage commence dans des unités de reproduction où l’on produit les œufs et les larves à partir d’individus reproducteurs. Durant les premiers mois, les organismes sont nourris avec des organismes vivants, dans des cuves ou bassins. Ensuite, ils séjournent dans diverses installations de grossissement : des cages flottantes en mer, des bassins en béton, des viviers à terre où ils sont nourris.

Avec quoi nourrit-onles poissons d’aquaculture ?

L’alimentation des poissons d’élevage est strictement encadrée et fait l’objet de nombreuses avancées. Ainsi, elle incorpore des farines et des huiles de poisson, ce qui permet de valoriser des espèces non consommées par l’homme. Une alternative bénéfique dans la mesure où les pêcheries sont limitées par quota pour ne pas appauvrir la ressource. Néanmoins, pour assurer la durabilité de l’élevage des poissons, plusieurs programmes de recherche sont en cours. Ils visent à remplacer partiellement ces farines et ces huiles de poisson par des matières premières végétales, tout en maintenant les qualités nutritionnelles et organoleptiques des poissons d’aquaculture.

Aquacultureexpertise

expertise

VuesurMer56 VuesurMer 57

De haut en bas : culture d’huîtres en poches à Ria de Alvor (Portugal) ; et pré-grossissement semi intensif de soles chez Aqualvor, à Ria de Alvor (Portugal).

De haut en bas : l tri d’alevins de loup au stade

juvénile, à l’écloserie marine de Gravelines (France) ;

l expérimentation en centre de recherche sur le sevrage et

l’élevage larvaire de soles, chez CCMAR à Faro (Portugal); l échantillonnage de civelles

avant sevrage et mise en élevage chez Nounemaroc,

à Kénitra (Maroc).

photos RZ

photos Céline Paul