En Bleu Adorable

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En bleu adorable

Friedrich HlderlinTraduction Andr du Bouchetin uvres, Bibliothque de la Pliade, 1977

En bleu adorableEn bleu adorable fleuritLe toit de mtal du clocher. AlentourPlane un cri dhirondelles, autourStend le bleu le plus touchant. Le soleilAu-dessus va trs haut et colore la tle,Mais silencieuse, l-haut, dans le vent,Crie la girouette. Quand quelquunDescend au-dessous de la cloche, les marches, alorsLe silence est vie; car,Lorsque le corps tel point se dtache,Une figure sitt ressort de lhomme.Les fentres do tintent les cloches sontComme des portes, par vertu de leur beaut. Oui,Les portes encore tant de la nature, ellesSont limage des arbres de la fort. Mais la puretEst, elle, beaut aussi.Du dpart, au-dedans, nat un Esprit svre;Si simples, sont les images, si saintes,Que parfois on a peur, en vrit,Elles, ici, de les dcrire. Mais les Clestes,Qui sont toujours bons, du tout, comme riches,Ont telle retenue, et la joie. LhommeEn cela peut les imiter.Un homme, quand la vie nest que fatigue, un hommePeut-il regarder en haut, et dire: telAussi voudrais-je tre? Oui. Tant que dans son curDure la bienveillance, toujours pure,Lhomme peut aller avec le Divin se mesurerNon sans bonheur. Dieu est-il inconnu?Est-il, comme le ciel, vident? Je le croiraisPlutt. Telle est la mesure de lhomme.Riche en mrites, mais potiquement toujours,Sur terre habite lhomme. Mais lombreDe la nuit avec les toiles nest pas plus pure,Si jose le dire, queLhomme, quil faut appeler une image de Dieu.Est-il sur la terre une mesure? Il nen estAucune. Jamais mondeDu Crateur na suspendu le cours du tonnerre.Elle-mme, une fleur est belle, parce quelleFleurit sous le soleil. Souvent, lilTrouve en cette vie des craturesQuil serait plus beau de nommer encore,Que les fleurs. Oh! comme je le sais! Car saigner de son corps, et au cur mme, de ntre plusEntier, Dieu a-t-il plaisir?Mais lme doitDemeurer, je le crois, pure, sinon, de la Toute-Puissance avec ses ailesapprocheLaigle, avec la louange de son chantEt la voix de tant doiseaux. CestLessence, cest le corps de ltre.Joli ruisseau, oui, tu as lair touchantCependant que tu roules, clair commeLil de la Divinit par la Voie Lacte,Comme je te connais! des larmes, pourtant,Sourdent de lil. Une vie allgre, je la vois dans les corps mmesDe la cration alentour de moi fleurir, carJe la compare sans erreur ces colombes seulesParmi les tombes. Le rire,On le dirait, mafflige pourtant, des hommesCar jai un cur.Voudrais-je tre une comte? je le crois. Parce quelles ontLa rapidit de loiseau; elles fleurissent de feu,Et sont dans leur puret pareilles lenfant. Souhaiter un bien plusgrand,La nature de lhomme ne peut en prsumer.Lallgresse de telle retenue mrite elle aussi dtre louePar lEsprit svre qui, entreLes trois colonnes souffle, du jardin.La belle fille doit couronner son frontDe fleur de myrthe, parce quelle est simplePar essence, et, de sentiments.Mais les myrthes sont en Grce.Que quelquun voie dans le miroir, un homme,Voie son image alors, comme peinte, elle ressemble cet homme. Limage de lhomme a des yeux, maisLa lune, elle, de la lumire. Le roi dipe a unil en trop, peut-tre. Ces douleurs, etDun homme tel, ont lair indescriptibles,Inexprimables, indicibles. Quand le drameProduit mme la douleur, du coup la voil. MaisDe moi, maintenant, quadvient-il, que je songe toi?Comme des ruisseaux memporte la fin de quelque chose, l,Et qui se dploie telle lAsie. Cette douleur,Naturellement, dipe la connat. Pour cela, oui, naturellement.Hercule a-t-il aussi souffert, lui?Certes. Les Dioscures dans leur amiti nont-ils pas,Eux, support aussi une douleur? Oui,Lutter, comme Hercule, avec Dieu, cest l une douleur. Maistre de ce qui ne meurt pas, et que la vie jalouse,Est aussi une douleur.Douleur aussi, cependant, lorsque ltUn homme est couvert de rousseurs tre couvert des pieds la tte de maintes taches! TelEst le travail du beau soleil; carIl appelle toute chose sa fin. Jeunes, il claire la route aux vivants,Du charme de ses rayons comme avec des roses.Telles douleurs, elles paraissent, qudipe a supportes,Dun homme, le pauvre, qui se plaint de quelque chose.Fils de Laius, pauvre tranger en Grce!Vivre est une mort, et la mort est aussi une vie.