Em-Swedenborg LES DELICES DE LA SAGESSE SUR L'AMOUR CONJUGAL-4sur5-LeBoysDesGuays 1887

8/14/2019 Em-Swedenborg LES DELICES DE LA SAGESSE SUR L'AMOUR CONJUGAL-4sur5-LeBoysDesGuays 1887

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LES

DÉLICES DE LA SAG

SUR

L'AMOUR CONJA la suite sont placées

LES VOLUPTÉS DE LA F

SUR

L'AMOUH. SCOItTATPAR

EM.MANUEL SWEDENBO

traduit du latin

PAR J.-F.-E. LE BOYS DES

Sor l'MllloD prlDceps (AmSltrdam. 17GS)

DEUXIÈIIE ÉDITION

Revue par C. H.



LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE

SUR

L'AMOUR SCORTATOIRE

DE L'OPPOSITION DE L'AMOUR SCORTATOIRE ET DE L'AMOUR

CONJUGAL.

423. "A l'entrée de ce sujel, il faul d'abord déclarer ce qui,

" dan!'> ce Chapitre, esl enlendu par l'Amour Scorlaloire :" Par l'Arnoul' Scorlatoire il n'csl pas entendu l'Amour fomi1 catoire qui précède le mariage, ni celui qui le suiL après la« morl de l'un des ùeux époux; ni le Concubinage qui a lieu

" par des causes légilimes, jusles el con!'>ciencieules ; i l n'est• pas entendu non plus les genres légers d'AdulLère, ni les(1 genres graves, dont l'homme se repenll'éellemenl, car ceux• ci nedeviennenl pas opposés à l'Amour Conjugal, el ceux« là n'y sonL pas opposés j qu'ils n'y soienl pas opposés on le« verra dans la suile, où il sera traiLé de chacun de ces gen·" l'es, Mais, par l'Amour Soortaloire opposé à l'Amour Conju" gal il esl enlendu ici l'Amour de l'Adullère, lorsqu'il est

" Lei, qu'il esl oonsidéré, non comn:e péché, ni comme mlll« el action déshonnêle cOlllre la ('aison, mais comme permis« avec raison. Cel Amour Scorlaloire fail non-seulement l'A·

1 mour Conjugal scmblaLle à lui, mais même i l le renversc,I( le détruit, et enfin le prend en dégoût. Diln!'> ce Chapitro,« il s'agit de l'opposition de cel IIIDOUt' conlre l'amour eon« jugal; qu'il ne soiL pas question d'un aulI'c amOUI', on peul" le voir d'après les Chapitres suivants sur la Fornicalion,

• le Concubinage illies divers geures d'Adultère. » Mais afin

que celle Opposition soil mise en évideuce devanl la vue ra.



464 LES VOLUPTI!:S DB LA FOLlE N° /123.

lionnelle, elle fa être démontrée dans cette série: I. On nesait pas quel est l'Amour scortatoire, à moins qu'on ne sachequel est l'Amour conjugal. II . L'Amour scO/'tatoire est opposé à

{'Amour con.iugal. III. L'A mour scortatoire est oppose à l'A·mour conjugal, comme l'homme naturel, considèreen lui· même,est oppose à l'homme spirituel. IV, f} Amour sco..tatuire estopposé à t'Amour con}ugal, comme la connexion (connubium)

du mal et du {aux est opposée a U ' m ~ l ' i ( l g e du bien et du vrai.V. De là l'Amour scortatoire est opposé à l'ArnoUl' con:fugalcomme l'Enfer est oppose au Ciel. VI. l : ~ m p u r e t è de l'En{ervient de l'Amour seO/'tatoire. et la pureÛ du Ciel vient de l'A-mour coniugal. VII. Pareillement, dans l'Égliole, l'impuretiJ etla purete. VIII. L'Amow' scortatoire fait de plus en plusl'homme (homo) non homme (homo) et non homme (vir), etl'AmoUl' conjugal {ait l'homme de plus en plus homme (homo)

ct homme (vir), IX. Tl Y a une Sphère de l'amour scortatoireet une Sphère de l'amoUi' conjugal. X. La Spltèl'e de l'amow'seortatoire monte de l'En{er, et la Sphère de l'amour conju-gal descend du Ciel. XI. Ces deux Sphères se rencontrentl'une l'autre dans l'un et l'autre Monde, mais ne se conjoignentpoint. XII. Entre ces deux Sphères il y a un equilibre, etl'homme est dans cet équilibre. XIII. L'homme peut se loU/'ne/'vers celle qui lui plaU, mais autant il se tourne vers l'une,au-tant il .le détourne de l'autre. XIV. L'une ct l'autre Sphèreporte avec elle des T,laisirs. XV. Les plaisirs de l'amo),r scor-tatoire commencent par la chair, et aplJ(L1'tiennent à la chair,

même dans l'esprit .. mais les plaisirs de l'amour conjugalcommencent dans l'esprit, et appartiennent à l'esp"it, mlmedans la chair. XVI. Les plaisirs de l'amour scortatoire sont les

voluptés de la {olie, mais les pl(IÙÙ'S de l'amour conjugal sontl e . ~ délices de la sagesse. Suit maintenant l'Explication des

Articles.

424. 1. On ne SCtit pas quel est l'Amour scortatoire, à moinsqu'on ne sache quel est l'Amour conjugal. Par Amour SCOl'ta-

toire il est entendu l'Amourde l'adullère qui détruit l'Amour

conjugal, comme ci-dessus, N° 423. Qu'on ne sache pas quel

est l'Amour scortatoil'e, à moins qu'on ne s/lche quel est

l'Amour conjugal, cela n'a pas besoin d'être démontré; il



No 424. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 465

surfit de l'illustrer par des 'comparaisons; par exemple : 9 ~ peut connaître ce que c'est. que Je mal et le faux, s'il .ne sait

pas ce que c'est que le bien et le vrai? Qui peut connatlre co

que c'est que l'incbaste, le déshonnête, l'indécent et le laid,s'il ne sait pas ce que c'est que le ehaslc, l'honnête, le décent

et le beau? Et qui peut discerner les folies" si ce n'est celui

qui est sage, ou celui qui sail ce que, c'est que la sagesse?

Puis aussi, qui peut percevoir avec justesse les sons ~ é s h a ~ -monieux, si ce n'est c.elui qui est bien vcrsé dans )ascieTWo et

l'étude des nombres harmonieux? Pareille'ment, qui .peut

clairement discerner quel est l'adul lère, s'il n'a pas clairement

discerné quel est le mariage? et qui pout présenler au juge

ment l'impureté des voluplés cie l'amour scorlatoire, si cen'est celui qui d'abord a présenté à son jugement la pureté

de l'amour conjugal? Mainlcnant, commc j'ai terminé le

Traité des Délices de la sagesse sur l'Amour conjugal, je puis,

d'après l'intelligencc acquise par là, décrire les Voluptés de

la folie sur l'Amour scortatoire.

425. II. L'ArnoUl- scol'tatoire est oppose il l'Amour conjugal.

II n'y a pas dans l'Univers une seule chose qui n'ait son op

posé, ct les opposés sont, l'un il. l'égard dc l'au Ire, non des

relatifs, mais des contraires; les relatifs existent entre le

maximum et le minimum d'une même chose, mais Jes con

traires viennent de l'opposé contre eux, et ceux-ci, les uns à

l'égard des autres, sont des relatifs, de même que ceux-là;

les relalions aussi sont donc elles-mômes opposées. Que

Ioules cboses, en général et en particulier, aient leurs oppo

sés, cela est évident d'après la lumière, la chaleur, les temps

du monde, les affections, les 'perceptions, les s e n s a t i o n ~ , ' et

beaucoup d'aulres choses; J'opposé de la lumière est l'obscurité, l'opposé de la chaleur eslle fro.id ; les opposés dës temps

du mondc sont Jr.jour et la nui t, l'été et l'hiver.; les oppo

sés des affections sonl les joies el les affliction», les allégres

ses et les tristesses; les opposés des perceptions sont les biens

et les maux, les vrais et les faux; et les opposés des sensa

tions sonl les plaisirs et les déplaisirs,: de là on pent con

clure, en toute évidence, que l'amour conjugal a son opposé,;

que cel opposé soil l'adultère, chacun, s'il le veut, peut le



466 LES VOLUPTÉS DB LA FOLIE No 425.

voir d'après tous les enseignements d'unn sa ine r:lÏson ; dites,si vous le pouvez, quelle autre chose en esl l'opposé; il Y aplus, c ' e ~ t que, comme la saine raison a pu par sa propre lu

mière voir clairement cela, elle a établi des lois, qui sont IIp-pelées lois civil ..s de la just ice, en faveur des mariagtls etcontre lesadultères. Pour qu'il devienneencore plus manifesteque le mariaKe et "adullère sonl des opposés, il m'est permisde rapporter ce que j'ai vu très-souvent dans le Monde spiriluel : Quand ceux qui, dans le Monde nalurel, ont étéadultères d'après un principe confir;lIé, perçoivent la sphèrede l'amour conjugal découlant du Ciel, à l'in.stanl ils s'enfuient dans des cavernes el s'y cachent, ou, s'ils s'opini!trent

contre elle, ils sont transportés de fureur etdeviennent commedes furies; s'il en est ainsi, c'est parce que dans le Mondespirituel tout l'agréable et III désagréable des affections estperçu, et parfois aussi clairement que l'odeur est perçue parl'odoral, car on n'y a pas un corps matériel qui absorbe cessorles de choses. Mais si l'opposition de l'amour scorlatoireet de l'amour conjugal esl.ignorée de beaucoup de personnes'dans le Monde naturel, cela esl dû aux plaisirs de la chai rqui imiten t, en apparence, les plaisirs de l'Amour conjugaldans les extrêmes, et ceux qui sont dans les plaisirs seulement ne savent rien de celle opposition; et je peux assurerque si tu rlisais que c h ~ q u e chose a son opposé, et que lu enconclusses que l'Amour conjugal a aussi le sien , les adul·

tères. répondraient que cet Amour n' a point d'opposli, parceque l'Amour scortatoire ne s'en distingue en aucun sens;

dl! là i l est encore évident que celui qui ne sait pas quel est"amour conjugal ne sait pas que) est l'amour scortatoire ; et

il.y a plus, d'après l'amour scortatoire on ne sail pas quelest l'amour conjugal, mais d'après l'amour conjugal on Mitquel est l'amour scortaloire ; personne d' après le mal ne

connaît le bien, mais d'après le bien on cnnnatt le mal;

car le mal est dans l'obscurité, mais le bien est dans la lumière.

426. III, L'Amour scortaloire est opposé à /'AmOtI1' conjugal,

eomme l'homme naturel, considéré en lui-mème, est opposé il,

l'homm, spirituel. Que l'hommo na1urel el l'homme spirill;el



No 426. SOl\ L'AMOUR IICORTATOIRE. 467

soient opposés l'un li. l'autre, au poiut que l'un ne veut pasce l'lue l'au Ire veul, et que même ils comballenl l'un contrel'nuire, cela est connu dans l'Église, mais n'a pas cependant'

élé expliqué; il va dùnc êlre dit ce qui divise l'homme spi.rituel et l'homme nalurel, et excile celui-ci eonlre celui·là.;L'homme nalurel esl celui dans lequel chacun, en grandissanl,esl d'abord introduit, ce qui se fait par les sciences etles con·

naissances, et par les ralionnels de l'enlendement; waisl'homme spirituol est celui dans lequel on est iutroJuit parl'amour de Caire des usages, 3 mour qui est aussi appelé charilé ; c'esl pourquoi, aulant qvclqu'un est dans la charité,autanl il est spirituel, mais autant on n'est pas dans la cha·

rité, aulant on esl naturel, lors même qu'on aurait un génieperspicace et un jugemenl sage. Que cet homme qui est ap-

pelé naturel, séparé de l'llomme spirituel, quelle que soit sonélévalion dans la lumière de la raison, se melLe néanmoins

sous h direction de ses désirs libidineux et s'y line, on le voitclairement d'après son penchi1nt seul, en ce qu'il manque decharité; et celui-là qui manque de chari lé s'abandonne à

Il loutes les lascireLés de l'amour scortatoire; c'est pourquoi, si

on lui dit que cet Amour libidineux est opposé au chasteArnoul' conjugal, et qu'ou le prie de consulter sa lueur rationnelle, i l ne consulte néanmoins ceLLe lueur qu'en coujonction avec le plaisir du mal insité par naissance danal'homme Nalurel, ce qui le faiL conclure que 5..1 raison ne voit'rien de contraire aux doux attraits sensitiCs de son corps j etarrès qu'il s'y est confirmé, sa raison s'étonne de toutes ceschoses douces qui sont dites de l'Amour Ilonjupl ; bien plus,il comhat contre elles, comme il a été dit ci-dessus, et il en

triomphe; et, de même qu'un v11 inqueur après le carnage, i loelruil depuis les extrêmes jusqu'aux intimes le camp del'Amour conjugal chez lui: voilà ce que Cait l'IlOmlOe natureld'après son Amour scortaloil'e. Ceci esl dit pour qu'on sached'où vienl I:opposition de ces deux amours; car, ainsi qu'ila déjà élé monlré en beaucoup d'endroits, l'Amour conju-

gal considéré en lui-même est un Am,our spirituel, et l'A.mour scorlaloire consi{1éré en lui-même est un Amour naturel.



468 LES VOLUPTÉS DE LA F'OLIE No 427.

427. IV. L'AmquT S,col'thtoire est opposé à l'Arnoul' conju-'gal, c,omme la cOPl1lexion (connùbium) du mal et du faux eMo p p o s ~ e au ma7'Îagc du bien et du vrai, Que l'origine' 'de l'a.mour conjugal vienne du mariage du bien el du vrai, cela a

,6lé démontré dans son propre Ghapilre, Nos 83 à 102 j il suilde là , que l'origine de l'amour scol'taloire vient de la connexion (connubium) du mal el du faux, el que pal' suite cesdeux amours sont opposés, comme le mal eslopposé au bien,el le faux du mal au vraidu bien; ce sont les plaisirs de l'unel de l'aulre lilllour, ,qui sonl ainsi opposés, car un AmoursIlns ses plaisirs n'est rien, Que ces plaisirs soienl ainsi oppos6s les uns aux aulres, on ne le voil nullemenl ; si on ne le

voil pas, c'esl parce que le plaisir de l'Amour du mal dansles externes ressemble au plaisir de l'Amour du bien; maisdans les internes' le plaisir de l'amour ùu mal eonsisle en depures convoitises du mal, le mal lui-même est la masse conglobée ou l'aggloméralion de ces convoiti ses; au contraire,10 plaisir de l'amour du Lien consisle en d'innomblables affections du bien, le oien lui-mêmeosl comme le faisceau co-unide ces ancctions ; ce faisceau ct celle agglomération ne sonlsentis par l'homme que comme un seu) plaisir i et puisque

.le plaisir du mal dans les externes ressemble au plaisir dubiell, ainsi qu'il a olé dil, c'est pOUl' cela aussi que le plaisirde l'adultère ressemble au plaisir du Dlal'iage j mais après lamort, lorsque chacun dépose les externes, et que les internessont mb à nu, il est sensiblemenl manifeste que le mal del'adultère astl'agg loméra tion des cOIHoitises du mal, et quele lJien du mariage esl le faisceau des affections ùu bien,qu'ainsi ils sont absolument opposés'l'un à l'autre.

128, Quant à cc qui concerne la connexion (conllub:um)

m ê ~ o d u mal ct du faux, il faut qu'on sache que le malaime le faux, el vcul qu'i l soil un avec lui, et mêale ils seconjoigllelll; que p a r ~ i l l e l l l e l l l le Lien aime le vrai el veutqu'il soil un aycc lui, et même ils se conjoignent; de là il estévident que, comme l'origine spiriLueHc du mariage est lemari&ge du bien et du vrai, de même l'origine spirituelle deradulLère ost Ilf connexion (collnttbium). du mal et du faul.;c'est de IlL que Celle connexion est entendue, dans le sens

•



N. 428. IUR L'AMOUR SCORTATOmE. 4 ~ spirituel de la Parole, par les adultères, les scorlalions et lesprostitutions, voir l'ApOC1LYPSE RÉVBLÉE, .No 134. C'est f;i'aprèsce principe que celui qui est dans le mal et épouse le faux,ou qui est dans le faux et admet le mal en partlige dtl son liL,

confirme l'adultère par l'alliance qu'il a conlracLée, et le commet autant qu'.il l'ose el le peut i i l le confirme d'après lemal par le faux, et il le commel d'après le faux par le mal j

el qu'aussi, vice versâ, celui qui esl dans le bien et épouse levrai, ou qui esl dans le vrai el admet le bien en communaulé de lit avec lui, 'se confirme contre l'adullère, eten faveur du mariage, et embrasse l'heureuse vie conjugale.

429. V. De là l'Amour scortaloire esto p p o s ~ dl '

AmoUl'CIIR

jugal comme l'Enter est oppolé au Ciel. Tous ceux qui sonldans l'Enfer sont dans le connubium du mal et du flloUX, ellous ceux qui sonl dans le Ciel sonl dans le mariage du bienetdu vrai; el comme le connubium du mal el du faux esl aussil'adullère, ainsi qu'il vienl d/êlre monlré, No' 427, 428, l'enfer esl aussi ce connubium i de là vienl Que tous y sont d 8 ~ s le désir libidineux, la lascivelé eL l'impudiciLé de l'amourscorlaloire, el qu'ils fuienL el ont en horreur les choses chas

les el pudiques de l'amour conjugal, voir ci-dessus, No 428.D'après ces cousidérations, on peul voir que ces deuxamours, le scortatoire el le conjugal, sont opposés l'unà l'auIre, comme. l'enfer· esl o.pposé au ciel, et le çiel à l'lm·fer.

430. VI. L'impureté de l'Enfer vient de f4mour scortatoire,et ta p u r ~ t é du Ciel vient de l'A.mour çonjt4gal.'.l'out l'enlerregorge d' impurelés, el leur origine univ-erseUe est l'impudique et obscène Amour scorlaloire j en de telles impureÎ.él

lont changés ses plaisirs: qUl est-ce qui peUL croire que,dans le Monde spirituel, louL plaisir de l'amour se présenteà la vue sous diverses apparences, à l'odoral sous diverst'Iodeurs, et aux regards sous diverses formes de hèles el d'oi·seaux? Les Apparences sous lesquelles, dans l'enfer, les plai·sirs hsciIs de l'Amour scortaloire se présentenl à la vue,sonl de i fumierl et dei fanges i les Odeurs, par lesquellesils s'y font sentir , sonl des puanleurs el dos infections; et

J. 27



470 LES VOLUP'l'ÉS DE LA FOLlE N.430.

les Formes de bêtes et d'oiseaux, sous lesquelles ils s'y pré-sentenl aUI regards, sont des pourceaux, des serpents, eldes oiseaux appelés Ochim el Tziim. C'eat le contraire ausujel des chastes plaisirs de l'Amour conjugal dani le Ciel;les Apparences, 10US lesquelles ils s'y présentent à la vue,sont des jardins et des plaines fleuries j les Odeurs, par les-quelles ils s'y font sentir, sont de doux parfums de fruits etde suaves exhalaisons de fleurs; et les Formes d'animaux,souslesquelles i1S8'y présentent aux regards, sont des agneaux,des ebevreaux, des tourterelles et dei oiseaux de paradis.Que les plaisirs des amours soient changés en de telles et desemblables formes, c'esl parce que loutes les cboses qui

existent dans le Monde spirituel sont des correspondances;les internes des mentais des habitants sont changês en ceséorrespondances, quand ils se lransportent et devienl1entexternes devant les sens. Mais il faut qu'on sacbe qu'il y ades variétés innombrablea d'impuretés, dàns lesquelles sontchangées les lascivetés des scortatIons, quand elles passentdans leura .correspondances i et les variélés sont selon lesgenres cl les espèces de lll.scivetés, qu'on peut voir dans les''Arlicles suivants, où il est lrailé des Adultères el de leurs

degrés; toulerois, de telles impuretés ne sorlent pas des plai-1 . '

1 sirs de l'amour de ceux qui s'en sont repentis, parce quedans le Monde ils en ont été lavés.

431. VII. Pareillement, dans l'Église, l'impureté et lapureuJ.La raison de cela, c'est que l'Église est le RoyaumE! du Sei-gneur dans les terres, correspondant à son Royaume dansl'es Cieux; el aUllsi le Seigneur conjoint ces royaujIles, atinqu'ils fassent un; il dislingue même ceux qui sont dans l'É-glise, conlme il dislingue le Ciel et l'Eufer, el il les distingue

1 selon les amours; ceux qui sont dans les plaisirs impudiquesel obscènes de l'amour scortatoire aUirent à eux de sembla-bles llsprils de l'Enfer; mais ceul: qui sont dans les pudi-ques el chas tei plai8irs de l'amour coujugal sont associéspar le Seigneur à de semblables anges du Ciel: quand' cesanges chez l'homme sc tiennent près des adultères par contir·ni'alion ct de propos n é l e r m i n ~ , ils sp.nlent ces puanleurs,UOlit i l vieul ù'être !Jarié, l'\" 430, ct ils se relire nt un peu.



J'{o 43t. lua L'AMOUR SCORTATOIRE. 47i

C'està cause de la correspondance des amours impurs avecles fumiers et les fanges, qu'il avait été commandé aux m.

d'Israël « de po/'ler avec eux un pic pour eoullrir leurs exc/'é-

ments,de

peur que Jéhol'ah Dieu, en marchant au milieude

leur camp, ne vît la nudité de la chose, et ne s'en retour-

nât. » - Deutér. XXIII, 14, t5 i - cela a été commandé,parce que le camp des fils d'Israël représentait l'Église, el

que ces impuretés corre3pondaiont aux lascivetés des scorta-tions i et par Jéhovah Oieu, marchant au milieu de leur

camp, était signifiée sa présence avec les a n ~ e s i s'ils les cou-vraient, c'était parce que dans l'enfer tous les lieux où habi-

tentles troupils de tels esprilsontélé couverts el fermés, c'est

pourquQi il est di t aussi" de peur qu'il ne vit la nudité de lachose; 1 que tous les lieux dans r ERfer soient fermés, il m'aété donné de le voir; et même quand ils étaient ouverts, cequi arrivaillorsqu'un nouveau démon y entrail, il s'en exha-lait une telle puanteur. qu'elle me causait au ventre unepesanteur douloureuse i et, cequi eslélonnanl, ceB puanteurs

sonl pour les habitants aussi a ~ r é a b l e s que le sont des fu-miers pour les pourceaux. O'aprèsces considérations on voitcommenl il faut entendre que danll l'Église l'impureté vient

de l'amour scortatoire, et que la purelé vient dc l'amour

conjugal.432, VIII. L'Amour scortatoire fait de plus enplus l'homme

(homo) non homme (homo) et l'homme (vil') non homme (vir),et l'Amour conjugal/ait l'homme (bomo) de plus en plus

homme (humo) et homme (vil'). Que l'Amour conjugal fassel'homme. c'est ce .qu'illuslrent et conlirrnentloules les chosesqui ont été démontrélls avec lumière devant la raison dans

la Première Partie de ce Traité sur l'Amour et les déllces desa Sagesse; par exemple; toQue celui qui est dans l'Amourvraimenl conjugal devieE-t de plus eu plus spirituel, et plusquelqu'un esL spil'Huel, plus il est homme (homo). 20 Qu'ildevient de plus en plus sage, et plus quelqu'un est sage, plusi l est homme (homo). 30 Que chez lui sont de plus en plusouverts les intérieurs cl u menlal, tellemenl qu'il voil ou rc .

connait in tuitivement le Seigneur, et plus quelqu'un est dans

celle vue ou dans celte roconnaissance, plus il est homme. 4°



472 LES VOLUPTtS DE LA FOLIE No 432,

Qu'il devienl de plus en plus moral el civil, parce qu'il y aune âme spirituelle dans sa moralilé el dans sa civilité, elplus quelqu'un esl moralement civil, plus il est homme. 50

Qu'il devient aussi Ange du ciel aprêsla mort; et l'Ange paressence el par forme esl homme, et auui l'humain réel brilledans sa face d'après son langage elles mŒurs: d'après celaon voil que l'Amour conjugal fllill'homme (homo) de plus enplus homme (homo). Que ce soiL le contraire pour les adul·

tères, l'opposition même de l'adultère el du mariage, dont ila été trailé dans ce ChapiLre, el donl il est encore traité, leprouve clairement; par exemple: i 0 En ce que les a d u l l è r e ~ ne sonl point spiriluell, mais sonl extrêmement naturels;

or, l'homme naturel, séparé de l'homme spirituel, est seule·ment homme quant à l'entendcment, mais non quant à )a

volonté; il la plonge dans le corps et dans les convoiLises dela chair, et à l'instanl même l'entendement l'accompagne;

qu'il ne soiL qu'un demi-homme (homo), lui-même d'après laraison de son entendement, s'il l'élève, peut le voir. 20 Queles adultères ne sonl sages que dans leurs discours et leursgestes, quand ils sonl en société avec des penounes éminente . en d i K n i t ~ , célèbres par l'érudition, et de mœurs exem

plaires; ruais que seuls chez eux ils soient insensél, regardant comme rien les choses Divines el les choses Saintes del'Église, et souillant les principes moraux de la vie par deschoses impudiques el inchastes, c'est ce qui sera prouvé d a n ~ le Chapitre sur les Adultè res; qui est-ce qui ne voit que delels bale lburssonl hommes seulement quantàla figure externe,el non hommes quanl à la forme inlerne? 30 Que les adul-

tères deviennenl de ~ I u s en plus non bommes, c'est ce que

j'ai vu moi-même de mes propres yeux, dans l'enfer, ce quia été pour moi une confirmation évidenle j car là il Y a desdémons qui, lorsqu'ils sont vus dans la lumière du ciel, appa.

raissaient comme ayant la face COUTerte de pustules, le corpsvo'O.té, la voix rauque, et des gestes de bateleurs. « Mais i l» faut qu'on sache que tels sont les adultères do propos dé.

» terminé et par confirmation, mliis non les adultères sans)l délibération; car il y I l CJualre geures d'adultèl'es, dOllt il» sera trait6 dans leChapilre concernant les adullères el leu 1'1



lf1l 632. aua L'ANOUIl ICORTATOIU. 613

» degrés; les adultères de propos déterminé sont ceux qui»lll sont d'après le désir libidineux de la volonté; les adul» lères par conlirmalion, ceux qui le sont d'après la persua» sion de l'entendement; les adullères par délibération, ceux» qui le sont d'après les amorces des sens; et les adullères» sans délibération, ceux qui n'ont paa lafaculté, ou n'ont pas» la liberté de cOllsuller l'entendement. Les deux premiersl i genres d ' a d u H è r e ~ sont ceux qui deviennent de plus enli plus nonhommes; mais les deux derniers genres devien>1 nent hommes, à mesure qu'ils se retirent de leurs el'reurs ;Il etdans la suite ils deviennenl sages. •. 433. Que l'Amour eonjugal falle l'homme (homo) de plus

en plus homme (vi,,), cela aussi est illustré par lea chosesqui ont été rapportées dans la Partie précédente sur l'Amourconjugal et sur les délices, à savoir: 1° Que la faculLé el laTartu, qui est appelée virile, accompagne la sagesse, selonque cellll-ci est aDimée par les spirituels de l'Église, et quepar suite elle réside dans l'Amour conjugal i et que la sa·gesse de cet amour ouvre une veiDe dèlt sa source dansl'Ame, et ainsi donne de la vigueur à la vie intellectuelle,qui est la vie masculine mêwe, et la rend continuellement

heureuse. 20 Que c'est de I l quo les Anges du Ciel sont éternellement dana cette facuHé, selon leura propres parolelt,dans le MÉMORABLE, Nos 355, 356; que les Très-Anciens,dans les siècles d'or et d'argenl, aient aussi été dans celleperpétuelle efficacité, parce qu'ils aimaient les caresses de

leurs époulies, et avaisnt en horreur les caresses des prostituées, je l'ai appris de leur propre bouche, voir le. MÉMOlU

BLEI, Ne. 75, 76. Que celle suffisance spirituelle soit aussidans le naturel, et 'iu'elle ne mlnquerait pas aujourd'hui kceux qui s'adreuent au Seigneur, et qui onl en abominationles adulLères comme infernaux, cela m'a été dit du Ciel.

Mais le contraire arrive aux Adultères de propolO délerminé,el aux Adullères par confirmation, dont il vient d'être parlél la fin du No 432; que chez eux la faculté 'el 1. verLu, quiest appelée virile, perde sa vigueur jusqu'à devenir nulle, el,qu'après elle, commence la froideur même pour le sex., el

que celle froideur Boil lubie d'une sorLe de dédain qui ap



474 us VOLUPTÉS DE LA FOLIE N· 433.

proche du dégoOt" cela est connu, quoique peu divulgué. QUI

tels soient ces Adullères dans l'enfer, c'est ce que j'ai entendu dire de loin par des sirènes, qui sont des désirs libidineux d'un amour uSé,'et au.si, lA, par des débauché•• D.ces explications il résulta que l'Amour scortatoire faitl'homme (homo) de plus en plus non homme (homo) et nonhomme (vir), et que l'Amour conjugal fait l'homme (homo)

de plus en plus homme (homo) et homme (vir).

434. IX. I l Y a une Sphère de l'amour scortatoire, et une

Sphère de l'amour conjugal. Cc qui est entendu par Sphères,et qu'il y en ail un grand nombre, et que celles qui appartiennent à l'Amour et à la Sagesse procèdent du Seigneur,

descendent par les Cieux Angéliques dans le Monde, et ypénètrent jusqu'à ses derniers, cela a été montré ci-dessus,N°s 222 à 225. et Nos 386 à 397. Que dans l'Univers il n'yait aucune chose qui n'ait son opposé, on le voil ci-dessus,No 425; il suit de là que, comme il y Il une Sphère de l'amour conjugal, il y Il aussi une Sphère opposée, qui est appelée la Sphère de l'amour scortaloire : en effet, ces Sphèressont oppolées l'une à l'autre, comme l'amour de l ' a d u l l ~ r e est opposé à l'amour du mariage; il a été Iraité de cette op

position dans le préliminaire de ce Chapitre.435. X. La Sphère de l'amour scortatoire monte de t'Enfer,

et la Sphère de l'amour conjugal descend du Ciel. Que laSphère de l'amour cO'ljugal descende du Ciel, c'est ce qui aété montré dans les endroits qui vilmnent d'être cités,No 434. Mais si la Sphère de l'amour scortatoire monte de

l'enfer, c'est parce que cet amour vient de l'enfel', N° 429.Cette sphère s'en élève diS impuretés clans lesquelles sontchangés Ics plaisirs de l'adultère de ceux de l'un et de l'autresexo qui sont danll l'enfer; sur ces impuretéll, voir ci-dessus,Nos 430, 431,

-136. XI. Ces deux Sphères se reflcolltrent l'une l'autre dans

l'un et l'autre Monde, mais ne se conjoignent point. Par l'unel l'autre Monde, il est entendu le Monde spirituel 'et leMonde naturel; dans le Monde spirituel ces Sphères se rencontrent dans le Monde des esprits, parce que ce mondetient le milieu entre te Ciel et l'ERrer; mais dans le Monde



N° 4.36. 8UR L'AMOUR eCORTATOII\!. 475

naturel elles se rencontrent chez l'bomme dans le Plan ra

tioonel 'lui aussi lient le milieu enlre le Ciel el l'Enfel'; cardans ce plan intll\e d'en haut le mariage du bien et du vrai,ot influe d'pn bas le mariage du mal et du faux, celui-ci i n nue pal' le Monde, et celui-là par le Ciel: de là vient que le

Rationnel humain peut se tourner de l'un ou de l'aulre cOté,

et recevoir l'influx; si l'homme se tourne vers le bien, il re-,

çoit l'influx d'en haul, et alors son Rationnel est formé de

plus en plus pour la réception du Ciel; mais s'il se tournevers le 'mal, il reçoit cct influx d'eu bas, et alors lion Ration

nel eit formé de plus en plus pour la réception do l'Enfer.Si ces deux Sphères ne se conjoignent point, c'est parctt

qu'elles sont opposées, et que deux opposés n'agissent enlreeux que comme des ennemis, dont l'un brl1lant d'une hainemortelle attaque l'autre avec fureur, tandis 'lue l'autre n'est

dans aUcune haine, mais est seulement animé de zèle pourse 'défendre: d'après' ces considérations, il est éTident que

ces deux Sphères se rencontrent seulement, 'mais ne s conjoignent point. L'interstice mitoyen qu'elles font existe d'une

part d'après le mal du nou-faux et le faux du non-mal, et·de

l'autre part d'après le bien du non-vrai et le vrai .du non·

bien, qui tous deux peuvent, il est vrai, s'atteindre, mai.non cependant se conjoindre.

437. XII. Entre ce. deux Sphères il y a un équilibre, et

l'homme est dans cet équilibre. L'équilibre entre elles est unéquilibre spirituel, parce qu'il est entre le bien et le mal;

d'après cet équilibre l'homme a le libre arbitre; dans ce

libre et au moyen de ce libre l'homme pense et veut, et parsuile parle et agit comme par lui-mêmé ; son Rationnel est

dane l'option el le choix, soit qu'il veuille recevoir le bien,soil qu'il veuille recevoir le mal, par conséquent soit qu;il

veuille rationnellement d'après le libre se disposer p1lur l'a

mour conjugal, soit qu'il veuille ralionnellement d'après le

libre se disposer pour "amour scortatoire; si 'c'est pour ce-

lui-ci, il tourne l'ucciput el le dos au Seigneur; si c'est pour

celui-là, il tourne le front et la poitrine vers le Seigneur;

s'il se LOUl'De vers le Seigl\6ur, sa rationalité et sa liberté

sont dirigées par le Seigneur; mais s'il tourne le dos /tu



.76 LES VOLUPTÉS DB LA FOLIE N· 487.

Seigneur, sa ralionalilé et sa liberté sont dirigées parl'enfer.

438. XIII. L'homme peut se tourner vers la S p h ~ r e qui lui

plaît, mtlis autant il se tourne vers l'une, autanti l

se détournede l'autre. L'homme a été créé ann que, d'après le libre selonla raison, et absolument comme par lui-même, il fasse cequ'il fait; sans le libre et sans la raison, i l ne serait pas un

homme, mais il serait une bête; car il ne recevrait aucunechose infiuant du Ciel vers lui, et De s'en approprierail l IU-

cune comme sienne, et par conséquent aucune chose de la

vie éternelle ne pourrait être inscrile en lui; car pour qu'ellesoil sienne, une chose doit être inscrite en lui comme lui

appartenant; et puisqu'il n'existe aucun libre pOUf un côlé,li. moins qu'il n'en existe aussi un semblable pour l'autrecÔté, comme il n'y a pas de balance à moins que les pla-

teaux ne puiss'ent de part et d'autre sortir de l'équilibre, demême si l'homme n 'a pas le libre d'après la raison d'accéderaussi liU mal, d'aller ainsi de droilc à gauche et de gaucbeli. droite, pareillement vcrs la Sphère infernale, qui est lasphère dé l'adullère, comme vers 'là Sphère cfileste qui estcelle du mariage.

439. XIV. L'une et l'autre Sphère porte avec elle des plai-lirs; c'est-à-dire, que l'une et l'autre Sphère, celle de J'amour scOI't.a.loire, qui· monte de l'Enfer, et celle de l'amourconjugal, qui descend du Ciel, affectent de plàisil's l'homme

(homo) qui reçoit. Cela résulte de ce que le dernier plan,dans lequel les plaisirs de l'un et de l'autre amour se lerminent, et où ils se remplissent et se complètent, et qui lesprésente à son propre sens, est le même: de là vient que les

caresses scorlatoires et les caresses conjugales sont perçuessemblables dans les extrêmes, quoiqu'elles soient absolument dissemblables ~ a n s les inlernes; que par suile ellessoient dissemhlables aussi dans les extrêmes, c'est un pointnon décidé d'après un sens de différence; car les dissem·blances provenant des différences 'dans 'les extrêmes ne sontsenties que par ceux qui sont dans l'amour vraiment conjugal ; en effet, le mal est connu d'après le bien, mais le bienlI'est flas connu d'après le mal,de même qu'une odeur douce



439. SUR. L'AMOUR SCORTÂTOIllB. i77

n'esl pas discernée par une narine à laquelle s'es t allachéeune· odeur désagréable. J 'ai entendu dire par des angesqu'ils discernent dans les extrêmes le lascif du non-lascif,oomme on discerne un feu de fienle ou de corne brûlée, d'a

près sa puanleur, d'avec un feu d'aromates ou de cinnamome,d'après son odeur agréable; et que cela vient de la différencelies plaisirs internes qui entrent dans les plaisirs externeset les composent.ua. XV. Les plaisirs de l'amour scortatoire commencent

par la chair, et appartiennent à la chair, mArne dans l'esprit;

mais leI plaisirs de l'amour conjugal commencent dans l'es-

prit, et appartiennent à l'esprit, mtme dans la chair. Si lesplaisirs de l'amour scortlitoire commencent par la chair,

c'est parce que les ardeurs de la chair en sont les commencemenls; si ces plaisirs infectent l'esprit, et appartiennent àla ohair, même dans l'esprit, c'est parce que la chair ne senlpas les choses qui surviennent dans la chair, mais c'est l'ellprit qui les sent; il en est de ce sens comme de tous lesautres, ainsi ce n'est pas l'œil qui voit et qui discerne lesdiverses choses dans les objets, mais c'estl 'es lJrit; CP n'estpas non plus l'oreille qui entend et qui discerne l'harmonie

des modulations dans le chant, et lea concordances de l'articulation des sons dans le langage, mais c'est l'esprit ; etl'esprit sent tout selon son élévation dans la sagesse; l'espritqui n'a poinl été élevé au-dessus des sensuels du corps, etqui par conséquenl y reste attaché, ne senl d'autres plaisirsque ceux qui influent de la-ehair et du monde par le. sensdu corps, il les saisit, i l s'en délecte et les fait siens. Or,comme les commencements de l'amour scortatoire ne sontque des ardeurs et dAs prurits de la chair, il est évident que,

dans l'esprit, ce sont de sales amorcos qui excilent et em·brasent à mesure qu'elles montent et descendenl, et agissenttour à lour. En général, les cupidités de la cbair , considérées en elles-mêmes, ne sont que les convoitises aggloméréesdu mal el du faux i de là vient ce vrai dans l'Eglise, que la

chair convoite contre l'esprit, c'est-à-dire, contre l'bommespiriluel; i l s'ensuit dUllc que les plaiairs de la chair, quantlUX plililin u.e l'amour Ilcortl1tuire, ne lont que dei etIervea

.. ~ Z



(78 LEB VOLUPTÉS DE LA FOLl! No 440.

cences de désirs libidineux, qui, dans l'esprit, 'deviennentdes bouillonnements d'impudicités.

44.1. Mais les plaisirs de l'ilmour conjugal n'ont. rien decommun avec les plaisirs fangeux de l'amour scortatoire;

ceux-ci, il est vrai, sonl dans la chair de chaque homme,mais ils sont séparés et éloignés, à mesure que l'esprit del'homme est élevé au-dessus des sensuels du corps, et quede celle hauteur il voit leurs apparenoes et leurs illusions en

bas; pareillemenl alors i l perçoit les plaisirs charnels d'a-

bord comme des plaisirs apparents et trompeurs , puis commedes plaisirs libidineux et lascifs qu'il faut fuir, et successivement comme dangereux et nuisibles à l'âme, et enfin illes sent comme désagréables, hideux et dégoÛ.lants ; et dans

.ce degré où i l peFçoit el senl ainsi ces plaisirs, il perçoit1 aussi dans le même degré les plaisirs de l'amour conjugal

comme innooents et chastes, et enfin comme délicieux etheureux. Si les plaisirs de l'amour conjugal deviennent aussides plaisirs de l'esprit dans la chair, c'est parce que, aprèsque les plaisirs de l'amour scorlaloire ont élé éloignés,comme il vient d 'êlre dit, l'esprit qui en est délivré entrechasle dans le corps, el remplit des délices de sa béatitude

la poitrine, et aussi d'après la poilrine les derniers de cetamour dans le corps; par suite l'espril avec eux, ct eUI avecl'esprit, agissenl plus lard en pleine communion.

44.2. XV1. Les plaisirs de l'amou1' scortatoire sont les vo-

luptés de la folie, mais les plaisirs de l'amour conjugal sont

les délices de la sagesse. Si les plaisirs de l'amour scorlatoiresont les voluptés de la folie, c'est parce qu'il n'y a que leshommes naturals qui soient dans cet amour, et que l'homme

naturel esl insensé dans les choses spirituelles, car i l est

conlre elles, et par cela même il embrasse seulement lesplaisirs naturels, sensuels et corporels: il est dit qu'i! embrasse les plaisirs naturels, sensuels et corporels, parce que1e Naturel esl dislingué en Irois degrés; dans le suprême degrésont les hommes naturels qui d'après la vue rationnelle voientles folies, el sont néanmoins entrainés par les plaisirs de cesfolies, comme· une barque par le cours d'un fieuve ; dans ledegré inférieur sonL les hommes naturels qui seulement



N° 44? sun L'AMOUR SCORTATOmE. 479

voient el jugent d'après les sens du corps, et !jlli l U é l J r i s ~ n t et rejettcnt comme rien les rationnels contraires aux apparences el aux illusions; danlle degré infime sont les hommesnaturels, qui sans jugement sont emportés par les ardeurl

séductrices de leur corps; ce sont ceux-ci qui sont appelésnaturels-corporeli, les précédenLi lout appelés naturels-sen.luels, et lei premiers sont appelés naturels. L'Amour scoI'laLoire, ses folies eL ses voluptés, chez eux, appartiennen.t à do

semblables degrés.443. Si Jes plaisirs de l'amour conjugal sont les délices de

la sagesse, c'est parce qu'il n'y a que les hommes spirituelsqui soient daRs cet amour, et que l'homme spirituel est dUl)s

la sagesse, et par suite n'embrasse d'autres plaisirs que ceuxqui concordent avec la sagesse spirituelle. Quels sont lesplaisirs de l'amour scortatoire, et quels sont les plaisirs d,e

l'amour conjugal, on peut le faire voir par comparaison avep

des maisons; les plaisirs de l'amour scortatoire, avec unemaison dont les .murailles brillent à l'extérieur comme des

coquillages de mer, ou comme des pierre1itransparcntes appelées sélénites, d'une fausse couleur d'or, tandis que dansles appartements au dedans des murailles il y a des o r d u r ~ s

et des !aletéi de toute espèce; mais les plaisirs de l'amourconjugal peuvent être assimilés à une maison dont les murailles brillent comme de l'or fin, et dont les appartementsen dedans resplendissent commi des casseltes remplies de

diverses çierres précieuses.

• * * * *

/144. A ce qui précède sera ajouté ce MÉMORADLE. Quandj'eus terminé les méditations sur l'Amour conjugal, et quej'eus commencé les méditations sur l'Amour scortatoire,soudain deux Anges se présentèrent, et dirent: « Nous avonsperçu et compris les choses que lu as d'abord méditées, maisquant à celles que tu médites mainlenanl, elles nous éebappent, el nous ue les percevons point; meLs-les ùonc de côté,car elles ue sont d'aucune importance. ». Mais je répondi6 :



480 LBS VOLUPTtS DI LA FOLII!l N" 444.

(' Cet amour, sur lequel je médite maintenant, n'est point

de nulle'importance, car il existe. » Mais ils dirent: Il Com

ment peut-il exister un Amour qui n soit pas de création?

L'Amour conjugal n'est-il pas de création? Cet amour n'exiale

t-i1 pas entre deux qui peuvent devenir un? Comment peuti! :r avoir un amour qui divise et sépare? Quel jeune hommepeut aimer une autre vierge que celle qui lui rend amour

pour amoUr? Est-ce que l'amour de l'un ne doit pas con

naUre lit reconnatlre l'amour de l'autre? Dès qu'ils se rcn

contrent, ces deux amours ne se conjoignent-ils pas d'eux

mêmes? Qui est-ce qui peut aimer le non-amour? L'amour

conjugal n'est-il pas le seul amour mutuel et réciproque?

S'il n'est pas réciproque, est-ce qu'il ne rebondi! pas, et nedevient pas nul? » Après avoir entendu ces paroles, je

demandai aux' dllux Anges de quelle Société du Ciel ils

étaient; et ils dirent: "Nous l o m m e ~ du Ciel d. l'Inno

cence; nous sommes venus enfants dans ce Monde céleste,

et avons été élelés sous l'auspice du Seigneur, et aprèll que

je fus devenu jeune homme, et que mon épouse, qui est ici

avec moi, fut devenue jeune fille nubile, nous avons été

fiancés, et sommes tombés d'accord, et nous nous sommes

unis sous les premiùres impressions favorables; lit commenous n'avons pas eu connaissance d'un amour autre que

l'amour vraiment nuptial et conjugal, c'est pour cela que

quand les idées de ta pensée sur un amour étranger, com

plètement opposé à not.re amour, nous ont été communi

quées, nous n'nona rien compris; c'est pourlJuoi nous

sommes descendus, afin de te demander pourquoi tu médites

sur des choses non-percept,ibles. Dis-nous donc comment

un amour, qui non-seulemllnt n'est point de création, mais

qui est même contraire à la création, peut f\xister. Nous,

nous regardons les choses opposées à la création comme des

objets dont on ne doit tenir aucun compte. » Lorsqu'ils

eurent ainsi parlé, je ressentis de la joie dans le cœur de ce

qu'il m'étilit don né de m'entretenir avec des Anges d'une

telle innocence, qui ignoraient entièrement ce que c'était

que la scortation ; c'est pourquoi je pris la parole et les ins

truisis, en disanl: Il Ne saveZ-VOUt pa l qu'il ya l e bien el

roi



N" U4. !Ull, L'AMOUR SCORTATOra• • {Bi

le mal, et que le bi.n est de créat ion, mais non le mal, et

que cependant le mal, considérê en lui-même, n'esl pas

rien, quoiqu'il ne soit rien du bien? Par création existe le

bien, et aussi le bien dans le degré le plus grnd el dans le

d e ~ r é le plus peLil, et quand ce plus petil devient rien, dede l'autre côté surgit le mal; il n'existe donc ni relation ni

progression du bien au mal; mais il y a relation etprogres

aion du 9i8n à un plus grand età un moindre bien,et du mal

à un plub grand el à un moindre mal, car ils sont opposés

en toules choses en général et en par ticulier; et parce que

le bien et le mal sont opposés, il y a un intermédiaire, et là

un équilibre, dans lequ'el le mal agit conlre le bien; mais

comme i l ne pré,aut pas, il resle en effort; toul homme est

élevé dans cet équilibre, qui, parce qu'il exiale entre le bien

et le mal, ou, ce qui esl la même chose, entre le Ciel et

l'Enfer, est un équilibre spiriluel, Jequel, chez ceux qui y

sont, produit le Libre; d'après oel équilibre le Seigneur

altire lous les hommes vers Lui, et il relire du mal dans le

bien, el ainsi daDa le Ciel, l'homme qui Le suil d'après le

libre: il en est de même de l'amour, principalement de

l'amour conjugal, el dl' l'amour scorlaloire, cel amour-ci est

le mal, el celui-là esl le bien; toul homme qui écoute lavoÏl: du Seigneur, el d'après le libre la suit, est introduit

par le Seigneur dans l'amour conjugal, el dans Lous ses plai

sirs el toutes ses félicilés ; mais celui qui n'écoute pas et Resuit pas s'inlroduit lu i·même dans l'amour scortatoire, et

d'abord dans ses plaisirs, ensuite dans ses déplaisirs, et enfin

dans ses infél icités.» Après que j'eus parlé ainsi, ces deux

Anges firent celle question: « Commenl le mal a-l-il pu

exisler, puisque par création il n'a existé que le bien? Pour

qu'une chose existe, i l faut qu'elle ait une origine; le bienn'a pu être l'origine du mal, parce que le mal n'eat rien du

bien, car i l esl le privatif et le destructif du bien; toulefois,

cependant, puisqu'il eJis le et est aenli, ce n'est pas rien,

mais c'est quelque chose; dis-nous donc d'où ce quelque

chose a exislé aprèb rien." A cela je répondis: (1 Cel Arcane

ne peut êlre ou'ert, à moins qu'on ne sacbe que nul n'esl

bon que Dieu Seul, el qu'il .n'y li aucun bien qui.en lu·i"



482 LI:S VOLUPTÉS DE LA FOLDII No 444.

même soit le bien, si ce n'est d'après Dieu; c'est pourquoi,celui qui porte ses regards Vlrs Dieu, et veut être conduitpar Dieu, est dans.Je bien; mais celui qui se détourne deDieu, el veul êlre conduit par soi-même, n'esl pas dans le

bien, car le bien qu'il fait est, ou pour lui-même, ou pourle monue, par conséquenL ou méritoire, ou simulé, ou hypocrite; de là il esL évident que l'bomme lui-même est l'origine du mal, non pas que ceLLe origine ait été implantéedans l'bomme par création, maia lui-même se l'est implantée en se détournant de Dieu pour se toumer vers soi. Celleorigine du mal n'a été ni dans Adam ni dans son épouse;

mais quand le serpent a diL, au jour que vous mangerez de

l'arbre de la science du bien et du mal, vous serez comme

Dieu, - Gen. III, 5, - el qu'alors ils se délournèrent deDieu el se lournèrent vers eux-mêmes comme vers un dieu,ils firent en eux l'origine du mal; manger de cet arbre

signifiait croire qu'on sait le bien et le mal et qu'on est sage

par soi-même, et non d'après Dieu. » Mais alors les deuxAnges dirent: « Comment l'homme a-t-il pu se détournerde Dieu, et se tourner vers lu i-même, lorsque cependantl'homme ne peut rien vouloir, rien penser, ni pal' suite rien

faire que d'après Dieu? Pourquoi Dieu a·l-il permiscela?

•Naii je répondis: • L'homme a élé créé de manière quetout ce qu'il veul, pense el fait, lui apparaisse comme en

lui, et ainsi comme venanl de lui; l'homme, sans ceLLe

apparence, ne serait pas homme, car il ne pourrait recevoir,relenir, ni pour ainsi dire s'approprier, aucune chose du

, bien et du vrai, ou de l'amour et de la sagesse, d'où il suit,( que, sans celle apparence comme vive, i l n'y aurait paa pour

l'homme de conjonclion avec Dieu, ni par conséquent de

vie éternelle: mais si d'après celle apparence il introduit enlui la croyance qu'il veul, qu'il penie, et que par suite il faiL

le bien par lui-même, et non d'après le Seigneur, quoiquece soiL en toule apparence comme par lui-même, il changechez lui le bien en mal, et ainsi il fait en lui l'origine dumal: ce fut là le péché d'Adam. Mais je vais exposer cesujet uu peu plus clairement: Le Seigneur regarde cbaquebomme au front, et te regard passe dans l'occiput; sous le



NoU4. SUR L'AMOUI\ SCORTATOlRE. i83

front est le Cerveau, et sous l'occiput le Cervelet, celui-ci a

~ t destiné à l'amour et aux biens de l'amour, et c e l u i ~ l à aélé destiné à la sagesse et aux vrais de la sagesse; ,c'est

pourquoi, celui qui de face regarde le Seigneur reçoit de Lui

la sagesse, et par elle l'amour; mais celui qui regarde enarrière du Seigneur reçoit l'amour el non la sagesse, el

l'amour sans la sagesse est l'amo.lr qui vient de l'homme

et non du Seigneur ; et cet amour, parce qu'il se conjoint

avec les faux, ne reconnaît pas Dieu, mais se reconnatt pour

dieu, et il confirme cela tacitement par la fnculLé de corn·

prendre et de devenir snge comme par lui-même implantée

en lui par création; c'est pourquoi cet amour est l'ori

gine du mal. Qu'il en soit ainsi, c'est ce qui peut être

démontré à l'œil : Je vais appeler ici quelque mauvaisE ~ p r i l , qui s'est détourné de Dieu, et je lui parlerai par

derrière ou à l'occiput, et tu verras que les choses qui sont

dites se changent en choses contraires. » Et j'appelai un

mauvais Esprit; il se présenta, et je lui parlai par derrière,

en disant: « Sais-tu quelque chose concernant l'Enfer, la

damnation et les lourments infernaux?» Et aussitôt, quand

il se fut tourné vers moi, je lui demandai ce qu'il avait

enlendu; il répondit: « J'ai entendu ces mots: Sais-tu

quelque chose concernant le Ciel, la Salvation et la Félicité

céleste. Il El ensuite, quand celle p h r a ~ e - c i lui eut été dite par

derrière, il dit qu'il &lait entendu la phrase précédente.

Puis, c ~ paroles lui furent dites par derrière: « Ne sais-tu

pas que ceux qui sont dans l 'Enfer sont fous d'après les

faux?» El quesLionné par moi sur ce qu'il avait entendu,

il dit: « J'ai cntendu: Ne sais-tu pas que ceux qui sont

dans le Ciel sont sages d'après les vrais?» EL quand ces

paroles-ci lui eurenl élé dites, il dit qu'il avait entendu: «Nesais-lu pas que cellx qui 80nt dans l'Enfer sonl fous d'après

les faux?» Et ainsi du reste. D'après ce! expériences il est

bien évident que, quand le menlal se détourne du Seigneur,

il se tourne vers lui-même, et qu'alors il perçoit les con

traires. « C'est là, comme vous le savez, la raison pour

laquelle dans ce Monde spirituel il n'esl permis à qui que

' ~ t l soit de se tenir derrière un autre, el de lui parler i Car



484 LB. VOLUPTt!l nB LA. FOLIB M· t 4 ' i ~ de celte manière il lui eRt inspiré un Amour auquel, à cause

de son plaisir, la propre intelligence est favorable et obéil;mais comme cet amour vient de l'homme et non de Dieu,c'est l'amour du mal ou l'amour du faux. Outre cela je vous

rapporterai quelque chose de semblable, à savoir que parfoisj'ai entendu des biens el des vrais lomber du Ciel dansl'Enfer, et que dans la descente ils avaient été progressivément changés en opposés, le bien en mal et le vrai en faux ;la raison de ce changement est la même, c'est parce quetoul,ceux qui sonl dans l'Enfer se détournent du Seigneur. IlAprès avoir entendu ces choses, ces deux Anf:(es me remercièrent, et dirent: • Puisque mainlimant tu médites et écris

sur un amour opposé à notre Amour conjogal, el que ce qui

est opposé à -cet amour altriste nos mentais, nous nous -enirons. • Et quand ils m'eurent dit: « Paix à tOi, » je lespriai de ne point parler de cet Amour à leurs frères ot 'à

lours sœurs dans le Ciel, parce qu'il blesserait leul' Innocence. Que ceux qui meurent Enfants grandissent dans leCiel, et qUi, quand ils oot alleint Iii. stature, dans laquellesont les jeunes gens de dix-huit ans et les jeunes filles dequinze ans dans notre Monde, ils restent dans cette stature,et qu'alors il soit pourvu par 10 Seigneur à des mariagespour eux; puis aussi, que tant avanl qu'après le mariageils ignorent complètement ce que c'est que la scortaLÏon.el qu'elle peut exister, c'est ce que je puis positivementaffirmer.

DE LA FORNICATION.

444 (bis), Par Fornicationi l

est entendu l'acte libidineuxd'u n adolescent ou d'on jeune homme avec une femmeprostituée, avant 10 mariage; mais l'acte ,libidineux avec unefemme non prostituée, c'est-à-dire, a'cc one l'ierge 00 avecl'épouse d'autrui, n'est point une fornication; avec unevierge, c'est un acte de corruption (stuprum),. avec l'époused'autrui, c'ostno adultère. Comment ces 'deux actes diffèren\

do la forniciltion, nul homme raUonnol ne peut 10 voir" i



485. 444 (bis). IIUft L'AMOUIl ICORTATOIRK.

moins qu'il n'examine avec perspicacité l'amour du Sexe

.dans ses degrés et dans ses diversités, et d'une part les

choses chastes de cel amour, el de l'au lre ses choses in-'

cbasles, et qu'il ne divise l 'une et l'autre part en genres et

en espèces, et ainsi ne les distingue; autrtlment, dans l'idéede chacun il ne peut y avoir de difl'érence entre le plus et

le moins cbasle, ni entre le plus et le moins inchaste, et

sans ces distinctions toute relalion périt, et avec elle la

perspicacilé dans les cboses de jugement, el l'entendement

est enveloppé d'une telle ombre, qu'il ne sait pas distinguer

la !,'ornification d'avec l'Adultère, 'ni à plus forte raison les

espèces légères de Fornication d'avec celles qui sont grayes ;

pareillement pour l'Adullère; ainsii l mêle'les

maux, el dedi'ers maux i l fail une seule sauce, el de divers biens une

leule pâte. Afin donc que l'Amour du sexe soil distincte-

tilent connu, quant à celle parlie par laquelle i l incline et

s'avance vel'l l'amour scortlltoire entièrement ,opposé il

l'a'mour conjugal, il convient d'en examiner le commence-

ment, qui es t la Fornication, ce qui sera fait dans cetle

série: 1. La Fornication 41Jpartient à l'amour du sexe.

II. Cet amour prend naiuance quand un jèUne homme com-

mence à penser et à agir d'après son propre entendement, elque le son de sa voix commence à devenir mâle. III. La For-

nication appartient à l'homme naturel.' IV. La Fornication

est un désir libidineux (libido), mais non le ddsir libidineux

de l'adultère. V. Chez quelques,ulls l'amour du sexe ne peut pas

sam dommages etre totalement e m p ~ c h é de se produire en {or-

nication. VI. C'est pour cela que dans les cités populeuses

des lieux de prostitution lont tolérés. VII. Le désir libidineux

de {orniquer est Uger, en tant qu'il a une tendance li l'amour

conjugal, et qu'il pré{ère cet amOUr. VIII. Le désir libidineuxde {orniquer est grave, en tant qu'il a UlM teltdanbe à l'adul·

tère. IX. Le désir libidineux de {orniquer est plus grave, selon

qu'il se tourne vers le désir ardent des variétés, et vers le désir

ardent de la défloratùm. X. La sphère du désir libidineux de

forniquer, telle qu'elle est dans le commencement, tient le

milieu entre la sphère de l'amour scortatoire et la sphb'e de

t'amour conjugal, et {aft équilibre. XI. Il {aut veiller avec



1

1i

1

1ji111

\ ~ I \

486 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE N· 444 (bis).

soin à ce que l'amour conjugal ne se perde pas par des {orni-cations désordonnées et immodérées. XII. Puisque le C O l ~ i u g a l d'un mari avec une épouse est le Trésor de la vie kun'aine, et'

le Réservoir de la religion chrétienne. XIII. Chez ceux qui,

pour diverses causes, ne peuvent pas encore contracter ma-riage, et qui pour cause de lubricité (de tempérament) nepeuvent modérer les désirs libidineux, ce conjugal peut êtreconservé, si l'amour vague du sexe est re$lreint à urie seulemaftresse. XIV. Le Pellicat (commerce avec une nailresse)est pré{érable à un vague dé.lir libidineux, pourvu qu'il nesoit pas formé avec plusieurs, ni avec une vierge ou filleintacte, ni avec une femme mariée, et qu'il soit tenu séparéde l'amour conjugal. Suit maintenant l'explication de ces

Articles.445. I. La Fornication appartient à l'amour du sexe. Il est

dit que la fornication appartient à l'amour du sexe, parceque la fornication n'esl pas l'amour du sexe, mais vient decel amour; l'amour du sexe esl comme une source d'oùpeuvent être dérivés el l'amour conjugal et l'amour scorla·toire, et ces amours peuvent être dérivés par li\ fornication,el ils peuvent l'être sans elle; car l'amour du sexe est danscbaque homme, el ou i l se produit, ou il ne se produit pas;

s'il se produit avec une prosliluée avant le mariage, il estappelé fornication; s'il ne se produit pas avanl que ce soitavec l'épouse, Il est appelé mariage; si c'esl avec une autrefomme après le mariage i l esl appelé adultère; c'est pourquoi, ainsi qu'il a élé dit, l'amour du sexe est comme unesource d'où il peul découler tant l'amour cbaste que l'amourlnchaste; mais aTec quelle précaution et quelle prudencel'amour chaste conjugal peut procéder par la fornicalion, et

d'après quelle im prudence procède par la forOicalioD l'amourinc!Jaste ou scorlatoire, ,cela sera exposé dans ce qui suit.Qui est-ce qui peut conclure, que celui qui a forniqué n'estplus capable d'être chaste dans le mariage?

H6. II. L'Amour du sexe, d'où vient la fornication, prendnaissance quand un jeune homme commence à penser et à agird'après son propre entendement, et que le s6n de sa voix com-mence à devenir m4le. Ceci est ajouté, afin que l'on con""



- -

No 446. SUR L'AMOU!l lSCOl\TATOIRE. 487

llàisse l'origine de l'amour du sexe, et par suite l'origine de

la fornication, à savoir, que celle o r i ~ i n e a lieu quand l'en·

tendement commence à devenir de lui-même ralionnel, ou

à discerner el à prévoir d ' a p r è ~ la propre raison les choses

qui sont avanlageuses et utiles; à cela alol's ~ e r L de plan cequi dans la mémoire vient des parents et des maîLres: i l se

fail à celle époque un renversement dans le mental; il ne

pensail auparavant que d'II près les choses introduites dans

la mémoire, les méditant et y obéissant; depuis, il pense

sur elle'! d'après la raison: et alors, sous la direction de

l'amour, i l dis!,ose dans un nouvel ordre les choses placées

~ a n s la mémoire, et i l commence une propre vie d'une ma

nière convenable à cet ordre, et successivement de plus en

plus i l pense selon sa raison et veut d'après son libre. Quel'amour du sexe suive l'initiation du propre entendement,

et progresse selon sa vigueur, cela est notoire; c'est une

preuve que cet amour monte selon que l'entendement monte,

el qu'il descend selon que l'entendement descend; par mon

ter il est entendu monter dans la sagesse, et par descendre

il est enlendu descendre dans la folie; et la sagesbe consiste

à restreindre l'amour du sexe, et la folie à le laisser s'éten

dre; s'il se produit dans la fornication, qui est le commen

cement de son activité, il doit être modéré par les principes

d'honnêteté et de moralité qui ont élé implantés dans la

mémoire el de là dans la raison, el qui sont à implanter

plus tard dans la raison et de là dans la mémoire. Si en

mêm'e temps que commence le propre entendement, la voix

aussi commence Il devenir mâle, c'est parce que l'entende

ment pense, et qu'il parle par la pensée(ce qui prouve que

l'entendement fail l'homme (vir), el en fail aussi le principe

màle; que, par conséquent, de même que son entendementest élevé, de même il devient homme-homme (homo vir), el

aU'ssi homme mâle (masculus vir) " voir ci-dessus, NOl 432,

433.

447. III. La fornication apparlient à l'homme naturel; de

la même manière que l'amour du sexe, qui, s'il devient actif

avant le mariage, est appelé fornication. Tout homme nan

corporel, devient sensuel, ensuite naturel, et successivement

1. ~ " ' ; ; .

Il,



1 J

(88 Ln V O L U P T ~ ! DB LA FOLlB If · 447.

rationnel, el si alors il ne s'arrête pas, i l devient spiriluel ;

s'il s'uance ~ i n s i , c'est alln que soient formés les Plans, sur

lesquels s'appuient les supérieurs, comme un palais sur ses

fO'ndalions; le dernier plan, avec les plans dressés desllus,

peut être comparé aussi à un humus, ..tan. lequel, quand ila été préparé, sont jetées de nobles sém.ncel. Quant à ce

qui concerne spécialemenl l'Amour du sexe, il est aussi,

lui, d'abord corporel, car il commence par la chair, ensuite

il devient sensuel, Cilr les cinq lens troUVlJnt leurs délices

dans son principe commun, puis i l devient naturel, sem..

blable au même amour chez les animaux, parce que c'est

l'amour vague du sexe; mais comme l'homme est né pour

devenir spirituel, cet amour ensuite devient naturel-ration

nel, et de naturel-rationnel il devient spirituel, et enfin

spirituel-naturel, et alors cet amour devenu spirituel influe

et agit dans l'amour ralionnel, et par lui dans l'amour sen

luel, et par celui-ci enlln dans cet amour qui est dans le

corps et ..tans la chail'; et comme celle-ci est son dernier

plan, il y agit spirituellement, et en même temps rationnel

lement et sensue\lement; et il influe el agiL ainsi successive

ment lorsque l'homme est en méditation à son égard, mais

simul tanément lorsqu'il est dans son dernie r. Si la 'fornica..tion appartient à l'homme naturel, c'est parce qu'elle ,pro

Cède très-prochainement de l'amour naturel du sexe i el elle

pèut être naturelle-ralionnelle, mais non spirituelle; parce

que l'amour du sexe ne peut devenir spirituel avant de de

venir conjuga l; et l'amour du sexe de naturel qu'il 'était de

vient spiriluel, lorsque l'homme 8e relire d'un vague désir

libidineul, et s'attache à une seule épouse, à l'âme de la

quelle il unit son âme,

448. IV. La fornication est un désir libidineux (libido),mais non le déSIr libidineux de l'adultere. Que la foruication

soit un désir l ibidineux, ·en voici les raisons: t o Parce qu'elle

vient de l'homme naturel, et que dans tout ce qui vient de

lui il y a cônvoitise el désir libidineux, car l'homme natu

rel n'est absdlument que le domicile et le réceptacle des

convoitises el des désirs libidineux, car \.ous leti .penchants

"ioieul. b6ril6s dei parents y résiaent, 20 Parce ql)e te forni·



ffo 448. IV . L'.NOVR lICORTATOIRli. 489

cateur porte nguement et indistinctement ses regards ver91e

sexe, et non encore vers une seule personne du liexe, e t tant

qu'il est dans cet état, le désir libidineux l'excite à faire ce

qu'il fait; mais à mesure qu'il porle ses regards sur une seule,

et qu'il aime à conjoindre sa vie avec la vie de celle-là, laconvoitise devient une affection chaste, et le désir libidineux

devient un amour humain.

449. Que le désir libidineux de la fornication ne soit pas

le désir libidineus de l'adultère, chacun le voit cla irement

d'après la commune perception i quelle est la loi, el quel est

le juge, qui impute au fornicateur un semblal1le crime qu'à

l'adultère? Si cela est vu d'aprèb la commune perception,

c'est parce que la fornication n'est point opposée à l'amour

conjugal, comme l'est l'adultère: l'amour conjugal peut-être

intér ieurement enfermé dans la fornication, de même que

le spirituel peut l'être dans le naturel; bien plus, le spi rituel

est aussi en aCLualité dégagé du naturel, et quand il a été

dégagé, alors le naturel l'entoure, comme le liber entoure

le boili, et comme le fourreau entoure l'épée, et il sert aussi

au spiri tuel de défense contre les violenees. D'après ces

considérations, il est évident que l'amour naturel, qui est

l'amour pour le sexe, précède l'amour spirituel qui estl'amour pour une seule du sexe; or, si la fornication se

produit d'aprèl l'amour naturel du sexe, elle peut même être

effacée, pourvu que l'amour conjugal soil regardé, désiré el

cherché comme principal bien. Il en est tout autrement de

l'amour libidineux et obscène de l'adultère, qui est opposé à

l'amour conjugal et qui en est le destructeur, ainsi qu'il a

été montré dans le Chapitre précédent SUI' l'opposition de

l'amour scortaloire et de l'amour conjugal; c'est pourquoi,

si un adultère de propos déterminé ou par confirmation entrepour diverses causes dans le lit coujugal,.l'inverse a lieu; le

naturel, avec ses lascivetés et ses olJcéuilés, est caché iuté

rieurement, el l'apparence spirituelle le voile extérieurement;

d'après cela, la raison peut voir que le désir libidineux

d'une fornication limitée est, par l'appol't au désir libidineux

de l'adultère, comme est la première chaleur relativement au

froid du milieu de l'hi ver dans les conlrées du nord.

1



1'1'1

Il

490 LIS VOLUPTtS DE LA FOLIE No 450.,

450. V. Chez, quelques-uns l'amour du sexe ne peut pas sans

dommages etre totalement empecM de se produire en fornica-tion. Il est inutile d'énumérer les dommages qu'une trop

grande retenue de l'amour du sexe peut causer et opérer

chez ceux qui par surabondance sont tourmentés d'effervescence; de là chez eux l'origine de certaines maladies du

corps, el de certains désordres du mental, sans parler de

maux inconnus qui ne doivent pas être nommés; i l en est

autrement chez ceux pour qui l'amour du sexe est si faible,

qu'ils peuvent résfster aux efforts de son désir libidineux;

pareillement chez ceux à qui dans leur jeunesse, sans pré-

judice pour leur fortune mondaine, ainsi sous les premiers

auspices favorables, i l est permis de contracter un l ~ g i t i m e mariage. Comme c'es t là ce qui arrive dans le ciel aux en-

fants, quand ils sont parvenus à l'âge conjugal, c'est pour

cela que là on ignore ce que c'est que la fornication; mais

i l n'en est pas de mêllle sur la terre , où les mariages de peu

vent être contractés que lorsque le temps de la jeunesse est

passé, ce qui a lieu pour plusieurs dans les gouvernements

où Il faut du temps pour mériter les emplois, et acquérir les

faculLés nécessaires pour soutenir une maison et une famille,

et alors seulement rechercher en mariage une épouse quipuisse convenir.

451. VI. C'est "our cela que dans les cités populeuses deslieux de prostitution sont tolérés. Ceci est rapporté commo

confirmation de l'Article précédent: qu'ils soient tolérés

par les Rois, les Magistrats, et par c;u Ite par les juges, les

inquisiteurs et par le peuple, à Londres, à Amsterdam, à

Paris, à Vienne, à Venise, à Naples, et aussi à Rome, et en

outre dans beaucoup d'autres endroits, cela est notoire;

parmi les causes pour lesquelles on les tolère sont aussicelles mentionnées·ci-dessus.

452. VII. Le désir libidineux de forniquer est léger, en tantqu'il a une tendance à t'amou,' conjugal et q ~ ' i l préfère cet

amour. Il ya des degrés de qualités du mal, de même qu'il

ya des degrés dc qualités du bien; c'cst pourquoi Chlfj1l6

mal est plus légel' et plus grave, de même que chaque bien

est meilleur et plus excellent: il en est de même de la lor

,.,




nicalion, qui, parce qll'elle esl un désir libidineux, eL

qu'elle appartenl il l'homme nalureL nOIl encore purifié, esL

un maL i mais comme loul homme peuL être purifié, c'esl

pour cela que ce ln!!.1 devient plll5 léger en lanl qu'il approche

de l'état purifié, car il s'elface en proporlion j ainsi, en lan Lque la fornicalion approche de l'amour conjugal, qui esL

l'élal purifié de l'amour du sexe; que le mal de la fomica

Lion soil plus grave, en lanl qu'il appr'oche de l'amour de

l'adullère, on le verra dans l'Article suivant. Si la fornica

tion est légère en la nI qu'elle a une lendance à l'amourconjugal, c'est parce qu'alors l'homme, de l'éLal inchast8

dans lequel i l esL, porle ses regards vers l'étal chaste; elqu'aulant il préfèl'e celui-ci, autant il y est aussi quant à l'enlondemenl, el qu'aulanl non-seulemenl i l le p r ~ r è r e , maisencore i l l'aime de prédilection, aulan! il y est aussi quanL

à la volonlé, ainsi quant à l'homme inlerne; el alors lafornication, si néanmoins il y persisle, esl pour lui une né

cessité, donL il examine bien cbez lui les causes. Il y a deux

raisons qui fonl que la fornication, chez ceux qui préfèrenLeL aimenl de prédileelion l'élal conjugal, esllégère; la pre

mière, c'esl que pour eux la vie conjugale esl le dessein,

l'inlenlion ou la fin i la seconde, c'esL que chez eux ils sé-parenl le mal d'avec le bien. Quant au PREMIER P O I ~ T , que

pour eux la vie conjugale esl le dessein, l'intenlion ou la fin:C'esl parce que l'homme esl homme leI qu'il l'esl dans sondessein, son inlention ou sa fin, el leI i l esl aussi devanl leSeigneur el devanl lell anges, eL méme leI il esl considéré

par les sages dans le monde; car l'inlenlion esl l'âmo deloules les aClions, el fait daus le monde les inculpations eL

les excuses, el après la morlles impulalions. Quant au SE-

COND POINT, que ceux qui préfèrenl l'amliur conjugal audésir libidineux de la fornication, séparent Ir. mal (l'avec

le bien: C'esl parce qu'ainsi i 1 séparenl l'inchasle d'avec [e

chasle; el ceux qui les séparent par la perceplion et parl'intenlion, avanl d'êlre dans le hien ou le chasle, sonl aussiséparés cl purifiés du mal de CP, désir libidineux, lorsqu'ils viennent dans l'état conjugal. Qu'il n'en soil pas de

même pour ceux qlli, dans la fornicalion, onl une len



1

,'11 1

492 US VOLUPTés DE LA FOLlI! No 452.

dance à ('adullère, on va le voir dans l'Article suivant.

453. VIII. Le désir libidineux de forniquer est grave, en

tant qu'il y a une tendance à l'adultère. Tous ceux qui ne

ne croient pas que les adultères sont des péchés, et qui pen

sent à l'égard dei mariages les mêmes choses qU'à l'égarddes adultères, avec la seule différenc"du licite el ..le l'illicite,

onl une tendance à l'adultère dans le désir libidineux de la

fornication; ceux-ci aussi font de tous les maux uo seul

mal, et ils les mêlent ensemble, comme des ordures avee le

manger dans un même plal, et comme de la lie avec le vin

dans une même coupe, et ils mangent et boivent ainsi; ils

en agissent de même avec l'amour du sexe, avec la fornica

tion,avec le pellical,avec l'adultère moins grave,grave, el plus

grave, et même avec l'action de déshonorer une jeune fille oula défloration; qu'on ajoute à cela que, non-seulement i l ,

mêlent ensemble toutes ces choses, mais qu'ils les mêlent

aussi avec les mariages, et souillent ceux-ci par une sem

blable notion; mais à ceux-là, qtli ne font pas même de

différence entre ces choses et les mariages, après des habi

tudes v a ~ u e s avec le sexe i l survienl des froideurs, des ré -

pugnances el des dégoûts, d'abord pour le conjoint, ensuite

pour les autres, et enfin pour le sexe. Il est bien évident

que chez eux il n'y a pas de dessein, ni d'in tention ou tin

du bien ou du chaste, pour qu'ils soient excusés, ni de sé

paration du mal d'avec le bien, ou de l'inchaste d'avec le

chaste, pour qu'ils soient purifiés, comme i l y en l i chez

ceux qui ont, par la fornicalion, une tendance à l'amour

conjugal et le préfèrent, et dont il a été parlé dans l'Article

précédenl, N" 452. Il m'est permis de confi rmer ce qui pré

cèLle par ceUe nouvelle inrormation du Ciel: J'ai rencon

tré plusieurs eliprits qui, dans le Monde, avaient vécu dansles externes de même que d'autres, en s'habillant avec IUle,

se nourrissant avec recherche, trafiquant comme d 'autres

avec profiL, fréquentanL les spectacles, plaisantant sur des

sujets amoureux comme d'après un désir libidineux, el fai

sanl plusieurs autres acliooi semblables, et cependant les

Anges considéraient chez les uns ces actions comme maux

de péché, et chez les autres ils ne les considéraient pal



N. 453. sua L'AMOUR IlCOn'l'ATOIRI. 493

comme des maux, et déclaraient ceux-ci innocents, et ceux

là coupables; inlerrogés pourquoi ils décidaienl ainsi pu i.

que les aClions étaient pareilles, ils répondaient qu'ils les

examinent tous d'après le dessein, l'intenlion ou la fin, el

par là les diltinguent ; et que c'est pour cela qu'eux-même.

excusenl ou condamnentceux que la fin excuse ou condamne,

parce que la fin du bien est chez Lous dans le Ciel, el la

fin du mal chez loui dans l'Enfer; et que c'elt cola, et non

autre chose, qui est entendu par les paroles du Seigneur:

te Ne jugez point, afin que vous "ne soyer. point condamnis, )l

- Matlh. VII. i .454. IX. Le Msir libidineux de {orniquer est plus grave, se-

lon qu'il se tourne ver.' le désir ardent des varittés, et vers ledtsir ardent de la défloration. La raison de cela, c'est que

ces den x désirs ardents sonl des accessoires de l'aaullère;

ainsi ils le rendenl plus grave; en effet, il y a des adul

tères peu graves, des adullères g r a v ~ s , et des adultères

plus graves, el chacun de cos adultères el t considéré selon

l'opposition à l'amour conjugal, et par suite selon la des

truction de cet amour; que le désir ardent des variélés et

le désir ardent do la défloration, renforcés par des aClualités,

ravagenl l'amour conjugal, el le plongent comme au fondde la mer, on le verra qùand i l sera traité de cel deux

sujets.

455. X. La sphère du dtsir libidineux de forniquer, telle

qu'elle est dans le commencement, tient le milieu entre la

spMre de l'amour scortatoire et la sphcl'e de l'amour con-

jugal, et {ait équilibre. Dans le Chapilre précédent, il a

été lraité de CdS deux sphères, celle de l'Amour scorlaloi re

el celle de L'Amour conjugal, el il Il été monlré que la

sphère de l'amour scorlaloire monte de l' !';nfer, el que la

sphère de l'amour conjugal descend du Ciel, No 435; que

ces deu% sphères se rencontrent l'une l'aulre dans l'un el

dans l'autre Monde, mais ne se conjoignent point, N0 436;

qu'enlre ces deux sphères il y n UD équilibre, et que l'bomme

esl dans cel équilibre, N° 437; qne l'homme peut se lourner

vers la spbère qui lui plaH, mais qu'autant il se tourne vers

l'une, autant i l se délourne de l'autre, N0 438; puis, ce qui

L



494 LES V O L U P T ~ S DE LA FOLIE No 455.

est entendu par sphères, N0 434, et d'après les passages qui

y sont cités. Si la sphère du désir libidineux de forniquer

tient le milieu entre ces doux sphères, et fail équilibre, c'est

parce que, lorsqu'on est dans cclie sphère, on peut se lourDer vers la sphère de l'amour cODjugal, c'est -à-dire, vel'l

cet amour, et aussi vers la sphère de l'amour de l'lldultère,

c·est·à dire, vers l'amour de l'adultère; mais si c'est vers

l'amour conjugal, on sc tourne vers le Ciel, et si c'est vers

l'amour de l'adultère, on se tourne vers l'Enfer; l'un et

l'autre est à l'arbitre, au gré et à la volonté de l'homme,

afin qu'il puisse agir libremcnt selon la raison, et non par

instinct j par conséquent, afin qu'il soit un homme et s'ap

proprie l'influx, et non une bête qui ne s'en approprie rien.I l est dit, le désir libidineux de la fornication tel qu'il est dans

'le commencement, parce qu'alors il est dans un état qui lient

le milieu: qui est-ce qui ne sait que tout ce que l'homme fait

dans le commencement vient d'une convoitise, parce que

cela vient de l'homme naturel? et qui est-ce qui ne· sail que

cellc convoitise n'est point imputée, quand de naturel elle

devient spirituelle? ile'1 est de même du désir libidineux

de la fornication, quand l 'amour de. l'homme devient conju

gal.

456. XI. Il faut veiller avec soin à ce que l'amour conjugal

ne se perde pas par des fornications immodérées et désordon-

nées. Par les fornications immodérées et désordonnées, par

lesquelles se perd l'amour conjugal, il est entendu des for

nications par lesquelles non-seulement sont énervées les

Jorces, mais aussi sont enlevées toules les délicatesses de

l'amour conj ugal ; car de leur licence effrénée naissent non-

seulement les débilités et par suite le manque de puissance,mais aussi les impuretés et los impudicités, d'après lesquelles

l'amour conjugal ne peut être ni perçu ni senti dans 'la pu

reté et dans sa chasteté, ni par conséquent dans sa douceur

et dans les délices de sa fieurj sans parler des dommages

pour le corps et pour le mental, et des amorces illicites qui

Don-seulement dépouillent l'amour conjugal de ses plaisirs

délicieux, mais aussi l'enlèvent et le cbangent en froideur,

et ainsi en dégoût: de telles fornications sont de violentl

495SUft L'AMOUR SCORTATOln.



·456.

excès par lesquels les jeux conjugaux sont tournés en scènes

tragiques: en effet, les fornications i m m o d é r é e ~ et désor

données sont comme'des incendies, qui ~ ' é l è v e n t des exlrêmes, et brûlent le corps, torréfient les fibres, corrompent le

sang, et vicient les rationnels du mental; car elles s'élancentcomme un feu qui sort des fondemenls d'une maison et la

consume Lout enlière. Les parenls doivent pourvoir .It ce que

cela n'arrive point, parce qu'un jeune homme, poussé par

le désir libidineux, ne peut pas encore par sa rllison l"im

poser à lui-même un frein.457. XII. Puisque le conjugal d'u'! mari avec une ~ ' P o u s e

est le Trésor de la vie humaine, et le Réservoir de la religionchrétienne. Ce sont là deux choses qui ont été démontrées

universellement et singulièrement, dans Ioule la Partie précédente sur l'Amour conjugal et sur les Délices de sa sagesse. Que ce soit le Trésor de la vie humaine, o'est parce

que la vie de l'homme est Lelle qu'est chez lui cet amour,car il fail l'intime de sa vie; en effet, il est la vie de la sa

gesse cohabitant avec son amour, el de l'amour cohahilant

avec sa sagesse, et par suile il esl la vie des délices de l'un

et de l'autre; en un mot, l'homme est une âme vivante pal'cet amour; de là vient que le conjugal d'un mari avec une

épouse est appelé le Trésor de la vie humaine. Ceci e..1COll-

firmé par les propositions ci-dessus, qu'avec une seule

épouse il y a amitié vraiment conjugale, contiance, puissance,parce qu'il y a union des mentaIs, N°s 333, 334; que dans

ce conjugal et d'après ce conjugal il y Il les béatitudes cé-

lestes, le8 bonheurs spirituels; et par suile les plaisirs nalu

. reis auxquels il a été pourvu dès le commencement pour·

ceui qui sont dans l'amour vraiment conjugal, No 335; flue

oet amour est l'amour fondamental de lous les amours célestes el spirituels, et par conséquent de tous les amours

naturels, et qu'en lui ont été l'assemblées tontes les joies,et toutes les allégresses, depuis les premières jusqu'aux der

nières, No' 65 à 69; et que, considéré dans son origine, ilsoille jeu de la sagesse et'de l'amour, c'est ce qui a été plei

nement démontré dans LES DéLICES DE L! S!GESSE SUR r:AMOUR

CONJUGAL, qui f o r m e ~ l l a Première Partie de cet Ouvrage.

496 LES VOLUPTBS DI LA FOLII No 45S



tlil

f.il'1

458. Que cet Amour soit le Réservoir de la religion chré-

lienne, c'est parce que cette religion fail un et cohabile aveccet amour; en effet, il a été montré que dans cet amour ne

viennent et ne peuvent êlre .que ceux qui s'adressenl au

Seigneur, el quiaimenlles

vrais de son Église et en pra-tiquent les biens, Nos 70, 71 ; que cet amour vienl du Sei-gneur seul, et par conséquent il exisle chez ceux qui sonlde la Religion Chrétienne, Ne' 131, 335, 336; que cet amour

esl selon l'éta t de l'Église, parce qu'il esl selon l'état de lalagesse chez l'homme, No 130. Que ces choses· soient ainsi,cela a été confirmé dans tout le Chapitre su r la Corre5pon-dance de cel amour avec le Mariage du Seigneur el del'Église, Ne 116 à 131; el dans le Chapitre sur l'Origine de

oet amour d'après le Mariage du bien el du vrai, Ne 83 à102.459. XIII. Chez ceux qui, pour diverses causes, ne peu-

vent pas encore contracter mariage, et qui pour cause de lubri-cité (de tempérament) ne peuvent modérer les désirs libidi-neux, ce conjugal peut être conservé, si l'amour vague du sellJe

est restreint à une seule maUresse. Que le désir libidineux

immodéré et désordonné ne poisse être retenu par ceux qui

lonl lubrîques, la raison le voit, et l'expérience l'enseigne;

afin donc que ce désir immodéré et désordonné soil réfrénéchez ceux qui sont tourmentés d'effervescence, et qui pour

plusieurs oauses ne peuvenl précipiter el avancer leur ma-

riage, et afin qu'il soit ramené à une certaine mod6ration et

dans un certain ordre, il ne se présente d'autre refuge, et

pour ainsi dire d'autre asile, ·que l'attachement pour unefemme, qui en français esl appelée maitresse. Que dans lesroyaumes, où les formes du gouvernement sont multipliées,

beaucoup de jeunes gens ne puissent contracler mariage quequand leur jeunesse est passée, parce qu'il faut d'abord méri-1er des emplois cl acquérirdes facultés pour soutenir une mai-

son et une famille, et alors seulement rechercher lins épousequi soit convenable, c'est une chose connue; et cepp.ndanl,dans l'âge qui précède, la source dê verlu virile ne peut quechez un bien petil nombre être tenue fermée et réservéepour l'épouse; il importe, i l est vrai, qu'elle soit réservée;



No 459. SUR L'AMOUR SCORTATOIRF.. 497

mais si, à' cause de la violence effrénée 'du désir libidillllUI,

elle ne peut l'être , on demande un moyen terme, afin de

pouvoir pendant ce tewps-Ià empêcher que l'amour con.

jugal ne périsse. Que ce soil le Pellicat (commerce avec uue

mattl'esse), les considérations 8uiunl.6zJ le persuadent: I. Par

le Pellicat les fornications indist inctement désordonnée,

sont réfrénées et limitées, et ainsi s'introduit un état plull

contraint, qui est moins éloigné de la vie conjugale.' Il,

L'ardeur vénérienne, dans le commencement bouillonJ)ante

et comme brûlante, est apaisée et adoucie, et ainsi le lascif

de lubrieilé de tempérament, qui est hideux, est modéré par

quelque chose qui est comme l 'analogue du mariage. ITI.

Par le Pellicat les forces ne sont point prodiguées, eti l

n'es:tpoint contracté d'affaiblissements, comme par les satyriasis

vagues et illimitées. IV. Par lui, aussi, les maladies conta

gieuses du corps et les frénésies du mental sont évitées,. V.

Par lui, pareillement, on se ~ a r d e des adultères qui sont le

commerce charnel avec les épouses, et des corruptionll qui

sont les viols des filles j sans parler des actes criminels

qu'on ne doit pas nommer: en elIet, un jeune garçon, lors

qu'il est dans l'âge de puberté, ne pense pas que les adultères

et les actes de corruplion soient aut re chose que des fornica.tions, par conséquent il pense que l'un est la même chose

que l'autre; i l ne sait pas n9n plus réllister par sa raison aux

agaceries de certaines personnes du sexe, qui ont étudié alec

soin les artifices des courtisanes; mais dans le pellicat, qui

ei t une fornication moins désordonnée et moins nuisible à

la santé, il peut apprendre et voir les différences. VI. Par le,

pellicat il n'y a pas non plus accès aux quatre genres de dé

sirs libidineux qui sont au suprême degré destructifs de

l'amour conjugal, lesquels sont, le désir libidineux de la défloration, le désir Iibidineul des variétés, le désir libidineux

du 'iol, le désir libidineux de séduire les innocences, désirs

dont il sllra parlé dans la suHe. Mais ce qui vient d'être

dit n'est poinl pour ceux qui peuvent modérer l'ardeur du

désir libidineux j ni pour ceux qui, dès qu' ils onl atlc inl la

jeunesse, peuvent contracter m:lfiage, et offrir à leur é!Jouse

eL employer avec eUe les prémices de leur force.

.



'98 LE8 VOLUPTI!:S DE LA FOLIE No 460.

460. XIV. Le Pel/icat est préférable () un vague désir libidi-

neux, pourvu qu'il ne soit pas lormé avec plusieurs maUreslesni avec une vierge ou fille intacte, ni avec une femme mariée,

et qu'il soit tenu séparé de l'amou1' conjugal. Quand el chezqui le Pellicat 'est préférable à un ngue désir libidineux,o'est ce qui vient d'être montré au doigt. I. Que le' Pellicalne doive avoir lieu qu'avec une seule personne, c'est parceqU'Hec plusieurs i l y a une polygamie qui met l'homme

dans l'état entièrement naturel, et le précipite dans l'élat

sensuel, au point qu'il ne peut pas être élevé dans l'étatspirituel, où doit être l'amour conjugal; voir Ne. 338, 339.

II. Qu'il ne dOive pas avoir lieu IIvec une vierge ou fille in-

tacte, c'est parce que l'amour conjugal chez les femmes faitun avec leur 'firginité; de là vient la chasteté, la pureté, et

la sainteté de cet amour; e'est pourquoi promellre et livrer un homme celle virginité, c'est donner un certificat qu'on

l'aimera éternellement; une jeune fille ne peul donc l'accor-der par aucun consenlement rationnel, à moins que ce ne

soit avec promesse d'alliance conjugale; celle virginité estaussi la couronne de son honneur; c'est pourquoi ravir celte

'firginité sans l'alliance du m a r i a ~ e , et ensuile abandonner

celle jeuDe fille, c'est d'une jeune fille, qui peut devenir unefiancée et une chaste épouse, faire une prostiluée, ou priver

un autre homme de ses droits; et l'un et l'autre est perni-cieux: c'est pourquoi, celui qui prend une jeune Olle pour

maîtresse peut, i l est vrai, cohabiter avec elle, et.ainsi l'Ini-tier dans l'amitié de 'l'amour, mais cependant avec l'inlen-

lion conslante qu'elle soit ou devienne son épouse, si elle

ne se livre pas à d'autres. III. Que le Pellicat ne doive pas

&Toir lieu avec une femme mariée, parce que c'est un adul-tère, cela ~ s évident. IV. Que l'amour du pellicat doive êtretenu séparé de l'amour conjugal, c'est parce que ces amours

lont distincts, el ne doivent pa3 par conséquent être mêlés

ensemble; en efTet, l'amour du pellicat est un amour inchaste,naturel et elterne; mais l'amour du mariage est chast!',&pirituel et inleme : l'amour du pellicat distingue les âmes

des deux, et conjoint seulement les sensuels du corps; maisl'amour du _mariage unit les âmes, et aussi d'après l'union



N° 460. SUR L'AMOUR llCORTATOIRE. 499

des ânles les sensuels du corps, au point que de deux ils deviennent comme un, c'est-à-dire, une seule chair. V.

L'amour du pellicat enlre seulement dans l'entendement, et

dans les cboses qui dépendent de l'entendement; mais l'amour

du mariage entre aussi dans la volonté et dans les chose squi dépendent de la volonté, par conséquent dans toutes et

dans chacune des choses de l'homme; c'est pourquoi si

1amour du pellicat devient l'amour cl u mariage, l'homme ne

peut, par aucun droit, se retirer sans violation de l'union

conjugale; et s'il se retire et prend une autre femme, l'amour

conjugal périt dans sa rupture. Il faut qu'on s!\Ch& que

l'amour du pollicat est tenu séparé de l'amour conjugal, par

cela que l'homme ne promet pas mariage à sa maUresse,et ne l'induit dans aucune espérance de mariage. Il vautmieux cependant allumer d'abord le nambeau de l'amour du

sexe avec une épouse.

• .. If. * *

461. A ce qui précède sera ajouté ce MÉMORABLE. Un jour

je conversais avec un Esprit novice qui, lorsqu'il était dans

le Monde, avail beaucoup médité sur le Ciel et sur l'Enfer;par Esprits novices sont entendus les hommes nouvellement

décédés, qui, parce qu'ils sont alors hommes spiriLuels, sont

appelés Esprits. Celui-ci, dès IJu'il fut entré dans le Mondespirituel, commença à méditer, comme auparavant, sur le

Ciel et sur l'Enfer; et il se sentait dans l'allégresse, quandc'était sur le Ciel, et dans la tristesse quand c'était sur l'Enfer.

Lorsqu'il eut remarqué qu'il était dans le Monde spirituel,

il demanda aussitôl où était le Ciel et où était l'Enfer, etaussi ce que c'était que le Ciel et l'Enfer, et quel était l'un et

l'autre; et on lui répondit: « Le Ciel est au-dessus de ta Tête,

et l'Enfer est sous tes pieds; car maintenanl lu es dans le

Monde des esprits, qui lient le milieu entre le Ciel el l'Enfer;

mais ce que c'est que le Ciel et quel il ~ s t , el ce que c'estque l'Enfer et quel il est, nous ne pouvons te le dire en peu

de mots. )) El alors, comme il brûlait du désir de connaître,

i l se jeta à genoux, et pria Dieu avec ferveur, afin d'être ins

500 LE ! VOLUPT&S DE LA FOLIE N° 461.



truit; et Toici, un Ange apparut à sa droite, le releva et lui

ltit: «Tu as supplié afin d'être instruit sur le Ciel et sur l'Enfer;

CHERCHE ET APPRENDS CE QUE C'EST QUE U"PLAISIR, ET TU CON

N.4.1TR.4.S, » Et, après avoir ainsi parlé, l'Ange fut enlevé. Alors

l'Esprit novice dit en lui-même: « Que signifient ces paroles:Cherche el apprends ce que c'esl que le plaisir, et tu COllna1.lral

ce que c'est que le Ciel, el ce que c'est que l'Enfer, dt quels ils

sont? » Peu après, quittant ce lieu, il alla de tous côtés; et,

s'adressant à ceux qu'il rencontrait , il leur disa it: « Dites

moi, je vous prie, s'il ,ous plaîl, ce que c'est que le Plaisir .•

Et les uns disaient: « Quelle question nous fais-tu là? Qui

ignore ce que c'est que le Plaisir? N'est-ce pas I.a joie et

1allégresse? Un plaisir est donc un plaisir, l'un aussi bien

que l'autre, nous ne connaissons point de différence. »

D'autres disaient : «Le Plaisir est le rire du mental,car lorsque

le mental rit, la face est gaie, le lan,gage joyeux, le geste

plaisanl, et l'homme tout entier dans le plaisir.» Mais

d'autres disaient: « Le Plaisir n'est autre chose que d'être

en festin, et de manger des mets délicats, de boire et de

s'enivrer avec un vin généreux, et alors de causer de choses

diverses, el surtout des jeux de Vénus el Cupidon. » Après

avoir enlendu ces paroles, l'Esprit novice indigné se dit enlui-même: « Ces réponses sont grossières et inciviles; ces

plaisirs ne sont ni le Ciel ni l'Enfer,. que ne puis-je trou

ver dei sages! » Et i l quitta ces Esprits, et alla à la recher

che d'Esprits sages; et alors i l fut vu par un Esprit angéli

que, qui lui dit: Il Je perçois que tu es enflammé du désir

de savoir ce qui est l'Universel du Ciel et l'Universel de

l'Enfer; et comme cela esl le PLAISIR, je te conduirai sur

une Colline, où s 'assemblent chaque jour ceux qui scrutent

les effets, ceux qui recherchenl les Causes, et ceux qui examinent les Fins; il y a irois Assemblées, et ceux qui scru

tent les Effels sonl appelés les Esprits des sciences, et abs

tractivement les Sciences; ceux qui recherchent les Causes

sont appelés les Esprits de l'intelligence, et abslractivement

les Intelligences, el ceux qui examinent les Fins sont appe

lés les Esprits de la sagesse, et abstracli vement lesSagesses;

dirictemenl au-dessus d'eux. dans le Ciel, i l y a dei Anges

N° 46t. 8URL 'AMOUR SCORTATOIRI!:. 50!



qui d'après les fins voient les causes, et d'après les causesles effels; c'esl d'après ces Anges que ces lrois Assembléesont l'illuslration. » Alors, .prenant l'Espril novice par lamain, il le conduisit sur la Colline, el vers l'Assembléecomposée de ceux qui examinent les Fins, et sont appelésles Sagesses. L'Esprit novice leur dit: If Pardonnez-moi d'êtremonté vers vous; en voici la raison: Dès ma jeunesse ,j'aimédité sur le Ciel et sur l'Enfer, et je suis venu depuis peudans ce Monde; et quelques-uns, qui alors me furent aslO·ciés, m'ont di t qu'ici le Ciel est au-dessus tie ma tête, etl'Enfer sous mes pieds; mais ils ne m'ont pas dit ce quec'est que le Ciel ct l'Enfer, ni quels ils sont; c'est pourquoi,étant devenu inquiet par suite de ma pensée constante sur

ce sujet, j'ai prié Dieu; et alors un Ange s'est présenté etm'a dit: CHERCHE ET APPRENDS CE QUE C'EST QUE LE PLAISIR, ETTU CONNAiTRAS; j'ai chercbé, mais en vain jusqu'à présent;je demande donc que vous m'appreniez, si cela vous platt.ce que c'est que le Plaisir. » A celle demande les Bagessesrépondirent: « Le Plaisir est le tout de la vie pour tous dansle Ciel, et le tout de la vie pour tous dans l'Enfer; pour ceuxqui sont dans le Ciel, c'est le Plaisir du bien et du vrai,mais pour ceux qui sont dans l'Enfer, c'est le Plaisir dl!

mal et du faux; car tout Plaisir appart ient à l'amour, ell'Amour est l'Êt re de la vie de l'bomme; c'est pourquoi, demême que l'homme est homme selon la qualité de sonAmour, de même il est bomme selon la qualité de son Plaisir; l'activité de l'amour fait le sens du plaisir; son activitédans le Ciel est !lvec la sagesse, et son aclivilé dans l'Enferest avec la folie, l'une et l'autre fixe le Plaisir dans Bes su-

jets; or, le . Cieux et les Enfers sont dans des Plaisirs oppo

sés, parce qu'i ls sont dans des Amours opposés, les Cieuxdans l'Amour et par suite dans le Plaisir de bien faire, etles Enfers dans l'A mour et par suite dans le Plaisir de malfaire; si donc tu connais ce que c'est que le Plaisir, lu connailras ce que c'est que le Ciel et l'Enfer, el quel est l'un etl'au tre. Mais cherche et apprends encore ce que c'est que lePlaisir par ceux qui recherchent les Causes, et qui sontappelés les Intelligences; ils sont ici sur la droite. » EL il st'

502 LBS VOLUPTI!JS DB LA FOLIE No 461.



relira, el il y alla, el il dit la cause de son arrivée, et il les

pria de lui apprendre. ce que c'est que le plaisir i et eux,

ravis de sa queslion, lui dirent: « C'est une vérité que ce

lui qui connaît le Plaisir connall ce que c'est que le Ciel et

l'Enfer, et quel est l'un et l'au Ire ; la volonté, d'après laquelle l'homme est homme, n'est pas même excilée un seul

instanl, si ce n'est par le Plaisir; car la Volonlé, considérée

en elle-même, n'est a u ~ r e chose que l'affection et l'effet de

quelque amour, ainsi d'un plaisir, pnisque ce qui fait vouloir

est quelque chose qui platl, qui est agréable et qui ravil; et

comme la Volonlé pousse l'Entendement à penser, il n'existe

pas la plus petite chose de l'idée d'une pensée, si ce n'est

par l'influx du plaisir de la volonté j s'il en esl ainsi, c'cst.

parce que le Seigneur met en action par Lui·même IlU

moyen de son influx toules les choses de l'âme, et loules

celles du mental chez les Anges, chez les Esprits, et chez les

hommes; et il les met en aclion par l'Intlux de l'amour et

de la llagesse, et cel influx est l'activité mème, d'où procède

tout plaisir, qui dans son origine est appelé béalilude,

bonheur et félicilé, et dans sa dérivation, plaisir, charme et

agrément, et dans un sens universel, BIEN. Mais" les Esprits

de l'Enfer changent chez eux Ioules choses, par conséquent

aussi le Bien en Mal, et le Vrai en Faux, le Plaisir persis

tant continuellement i car sans la permanence du Plaisir ils

n'auraient point de Volonté, ni de Sensalion, ainsi point de

vie; par là on voil clairement co quc c'est que le plaisir de

('Enfer, quel il est et d'où il vient, et ce que c'est que le

Plaisir du Ciel, quel il est et d'où il vienl. » Après avoir en

tendu ces explications, il fut conduit vers la Iroisième Assem-

blée, où élaient ceux qui scrulent les Effels, et qui sont

appelés les Sciences; ceux-ci lui dirent: « Descends sur laTerre inférieure, et monte sur la Terre supérieure, lu perce

vras el senliras dans celle-ci les plaisirs des BAges du Ciel,

et dans celle-là les plaisirs des esprits de l'Rnfer. » Mais

voici qu'alors, à une certaine dis lance d'euI, s'ouvrit le Sol,

et par l'ouverture montèrenl Irois diables qui paraissaient

en feu d'après le plaisir de leur amour; et comme ceux qui

étaient consociés avec l'Ellprit novice percevaient que ces

No 461. 8UR L'AMOUR l'll::ORTATOIRE. 503



trois diables étaient monlés de l'Enfer d'après une Prévision

ils leur crièrenl : " N'approchez pas plus près; mais du lieu

où vous êtes, raconlez-nous quelque chose de vos Plaisirs. »

El ils répondirent: "Sachez que chacun, qu'i1 soit bon ou

méchant, est dans son Plaisir; le Bon, dans le plaisir deson hien ; et le Méchant, dans le plaisir de son mal. » Et on

leur demanda: Qu'est-ce que votre Plaisir? » Ils dirent que

c'était le Plaisirs de commell re scortal ion, de se venger, de

voler, de blasphémer; et l'on demanda de nouveau: « Quels

~ o n t ces Plaisirs? • Ils dirent: « Ils sont senlis par les autres

comme des puanteurs d'excréments, et comme des infeclions

de cadavres, el comme des odeurs d'urines croupies.» Et

l'on demanda: (c Ce sont donc là des cboses agréables pour

vous ? " Ils répondirent: « Très agréables. ,,>, Et on

leur dit: « Alors vous êtes comme les bêtes immondes qui

vivent dans de pareilles ordures. » Et ils répondirent: « Si

nous le sommes, nous le sommes; mais ces odeurs sont les

délices de nos narines. » Elon leur demanda: « Qu'avez

vous encore à raconter?» Ils dirent: « Il est permis à

chacun de nous d'être dans son Plaisi r, même le plus im-

monde, ainsi qu'on l'appelle, pourvu qu'il n'infeste ni les

bons Esprits ni les Anges; mais comme d'après notre plailir

nous n'avons pu faire aUlrement que de les infester , nous

avons été jetés dans des cachols, où nous soufIrons cruelle

ment; être privé el retiré de nos plaisirs dans ces cacbots,

c'esl ce qui esl appelé le lourmenl de l'Enfer; c'esl aussi une

douleur intérieure. li Alors on leur demanda: Cl Pourquoi

avez-vous infesté les bons? D Ils direnl : " Nous n'avons pu

faire autrement; c'esl comme une fureur qui s'empare de

nous, quand nous voyons un Ange, el que nous sentons la

Sphère Divine aulour de lui. »A

celle réponse on leur dit:(c Ainsi, vous êtes aussi comme des bêtes féroces. D Et peu

après, quand ces diables virent l'Esprit novice avec le i

Anges, ils furenl saisis d'une fureur qui apparut comme un

feu de h ~ i n e ; c'est pourquoi, de peur qu'ils ne causassent

du dommage, ils furent replongés dans l'Enfer. Ensuite

apparurent des Anges qui d'après les fins voyaient les cau

ses, et par les causes les effetll, et qui ~ t a i e u t dans le Ciel

504 LES VOLUPTÉS DE LA ~ ' O L I E No 461.



il.au-dessus de ces lrois Assemblées, el ils furent vus dans unelumière éclatanle qui, se développanl par des sinuosités enspirale, porta avec elle une Guirlande de fleurs en formeronde, et la posa sur la Tête de l'Esprit novice; el alors deceLLe

lumièresorLil

unevoix

qui lui dit:«

Cette Couronnede Laurier t'est donnée, parce que tu as, dès ta jeunesse,médité sur le Ciel et sur l'Enfer. »

Du CONCUBINAGB.

462. Dans le Chapitre précédent, où il a été traité de laFornication, il a aussi été traité du Pellicat, et par ce terme

il a été entendu la conjonction contractée entre un hommecélibcltaire et une femme; mais ici par Concubinage il estentendu la conjonction pareillement contractée entre unhomme marié et une fomme: ceux qui ne distinguent pas

-les genres se servent indistinctement de ces deux termes,.comme ayant la même portée, et par conséquent la mêmesignification j mais puisque ce sont daux genres, et que leterme de Pellicat confient au premier, parce qu'une maîlresse(peliez) est une courtisane, et le terme Concubinage au se ·

cond, parce qu'une concubine est une compagne de lit parsubstitution, c'est pour cela que, pour cause de distinction ,

. l'accord anténupt ial avec une femme est signifié par Pellicat,et l'accord postnuptial par Concubinage. Il est traité ici duConcubinage à cause de l'ordre; car d'après l'ordre on dé·couvre quel est. d'une part le Mariage, et quel est de l'au tre

-l'Adultère. Que le Mariage et l'Adultère soient opposés, c'estce dont il a d'abord élé traité dans le Chapitre sur leur

:opposilion ; et combien ils sont opposés, et de quelle ma·nière ils.le sont, c'est ce qui ne peut être montré que d'aprèsles iuterOlédiaires (lui interviennent, au uombre desquels estaussi le Concubinage; mais comme il y a deux genres deConcuLinage, et qu'ils doifent être absolument distingués,c'est pour cllia que cetLe Section, comme les précédentes,l'cm d i v i ~ é e eo Articles, ce qui aura lieu dans cet ordre: 1.

Il Y a deux genres de Concubinage, q l ~ i diflërent beaucoup

N 462. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 505



entre eux .. l'un conjointement avec l'époUJe, l'autre .çépal'é-

ment d'avec l'épouse. II. Le Concubinage conjointement avec

l'épouse n'est nullement permis aux Chrétiens, dt i l est déles·lable. I l l. C'esl une Polygamie qui a élé condamnée, el doit ltre

condamnée par le monde Chrétien. IV. C'est une Sco/·tation,par laquelle le Conjugal, qui est le plus précieux Joyau de la

t,ie Chrétienne, est détruit. V. Le Concubinage séparément

d'avec l'épouse, quand i l a lieu pOUl' des causes ltJgitimes,jUJteset vraiment consciencieuses, n'est point illiâte. VI. Les causes

légitimes de ce Concubinage sont les causes légitimes du divorce,quand l'épouse néanmoins est retenue à la maison. VII. Les

causes justes de ce Concubinage sont ies causes Justes de la sé-paration de lit. VIII. Les causes consciencieuses de ce Concubi-

nage sont réelles ou non réelles. IX. Les causes consC'tencieusesréelles sont celles qui sont (ondées sur le juste. X. Jlfais les

causes consciencieuses non réelles sont celles qui ne sont pas

fondées sur le juste, bien qu'elles le soient sur l'apparence dujuste. XI. Ceux qui sont dans ce Concubinage par des causes

légitimes, justes et consciencieuses réelles, peuvent ltre en

r n ~ m e temps dan.ç l'amour conjugal. XII. Tant que ce Concubi-

nage continue, la conjonction actuelle avec l'épouse n'est point

permise. Suit mainlenant l'Explication de ces Al'licles.463. I. Il Y a deux genres de Concubinage, qui diffèrentbeaucoup entre eux .. l'un conjointement avec l'épouse, l'autreséparément d'avec· l'épouse. Qu'il y nit deux genres de Concu

binage qui diffèrent beaucoup entre eux; que l'un de ces

genres comiste à adjoindre par substilution une compagne

de lit, et à Tivre conjointement et en même t e m p ~ avec elle

et avec l'épouse; que l'aulre genre consiste, après IIne légi

time el juste séparation d'avec l'épouse, à prendre en sa

place une femme pour compagne de lit; et que CdS deuxgenres de Concubinage diffèrent autant l'un de l'/Iutre, qu'un

linge sale diffère d'un linge lavé, c 'est ce que peuvent voir

ceux qui examinent Jes choses clairemenl et distinctement,

mais non ceux qui les voient confusément et indis tincte

ment; el même ceux qui sont dans l'amour conjugal peu

vent le voir, mais non ceux qui sont dans l'amour de l'adul·

tère; ceux-ci sont dans la nuit à l'égard de touLes les déri

1. 29

506 tFS VOLUPTÉS DE LA FOLlE N.463.



valions de l'amour du sexe, mais ceux.là sont dans le jour à

l'égard de çes dérivations: néanmoins, ceux qui sont dans

l'adultère peuvent voir ces dérivations et leurs dilférencés,

non pas, il est vrai, en eux d'après eux, mais d'après les

autres quand ils en entendent parler , car la faculté d'éleverson entendement existe chez l'adultère, semblable à celle

qu'il y a chez l'époux chaste; mais l'adultère, après avoir

reconnu les différences dont il a ontendu parler par les au

tres, les efface toujours de son souvenir, lorsqu'il plonge

son entendement dans son impure volupté; en effet, le

chaste et l'incbaste, ce qui est sensé et ce qui est insensé,

ne peuvent être ensemble; mais ils peuvent être distingués

par l'entendement séparé. Un jour, dans le Monde Spiri-

tuel, .ie demandais à ceux qui n'avaient pas considéré lesadultères comme des péchés, s'ils connaissaient une diffé

rence entre la fornication, le pellicat, les deux genres de

concubinage, et les degrés d'adultère; ils répondirent qu'ils

étaient l'un comme l'autre; je leur demandai aussi s'il en

étai t de même du mariage; ils regardèrent autour d'eux

Il'il n'y avail paR quelque membre du Clergé, ei n'en ayant

point vu, ils dirent, que le mariage, considéré en lui-même,

l'ltait pareil. Il en fut autrement de ceux qui, dans les idées

de leur pensée, avaient considéré les adultères comme des

péchés; ceux-ci dirent que dans les idées intérieures, qui

appartiennent à la perception, ils avaient· vu les différences,

mais qu'ils ne s'étaient pas encore appliqués à les discer

ner, et à en faire la distinction: je peux affirmer que ces

différences, jusqu'aux plus minutieuses, sont perçues par

les Anges du Ciel. Afin donc qu'il soit bien manifeste qu'i l

ya deux genres de Concubinage opposés entre eux, l'un par

lequel est délruit l'amour conjugal, l'autre par lequel iln'est point détruit, le genre damnable va d'abord être dé

crit, et ensuile l'autre, qui n'est point nuisible.

464. II. Le Concubinage conjointement avec l'épouse n'est

nullement permis aux Chrétien" et il est détestable. S'i!

n'est point permis, c'est parce qU'i!- est contre l'alliance

c o n j u ~ a l e ; et, s'il est détestable, c'est parce qu'il est contl'e

'l a religion; et ce qui est contre la religion, et en même

}(o 464. SUR LIAMOUl'l SCOt\TA'l'OIRE. 507



temps contre l'alliance conjugale, es t contre le Beigneur j

c'est pourquoi, dès que quelqu'un, sans cause consciencieuseréelle, adjoint une concubine à l'épouse, le Ciel lui estfermé, et il n'est plus compté par les Anges au nombre desCbrétiens: dès cet instant aussi, il méprise les cboses quiapparliennent à l'Église et à la Religion, et dans la suite ilne lève pas la face au-dessus de la nature, mais il se tourne~ e r s elle, comme vers une Déité, qui est favorable à son dési r libidineux, et de son influx ensuite son espri t reçoitranimation: la CaUse intérieure de celle apostasie est dévoilée dans ce qui 8uit. Que ce Concubinage soit détestable,cet bomme lui-même ne le voit pas, parce qu'apl'ès que le

Oiel lui a été fermé,il

est devenu folie spirituelle; mais une. épouse cbaste le l'olt clairement, parce qu'elle est amour

conjugal, et que cet amour a en dégoût un tel concubinage j

c'est pourquoi aussi, plusieurs d'entre celles·ci refusent en

suite la oonjonction actuelle avec leurs maris, comme unechose qui souillel'aitleur chasteté pal' la contagion Idu désir

. libidineux adbérent aux maris d'après les courtisanes.465. III. C'ell une Polygamie qui lS éU condamnl!e, el doit

~ t r e condamnl!e par le monde Chrl!tien. Que le Concubinage

simultané ou conjoint avec l'épouse soit une Polygamie,quoique Don reconnue pal'ce qu'elle n'est ni déclarée ni parconséquent nommée ainsi par aucune loi, cbacun le voil,même celui qui n'a pas de perspicacité j car une femmed'emprunt et participant à la coucbe conjugale es t commeune épouse: que la polygamie ait été condamnée 8t doiveêtre condamnée dan!' le mondo Cbrétien, c'est ce qui aéré

démontré dans le Cbapitre sur la Polygamie, spécialementdans ces Articles: il n'est permis Il un Cbrétien de se marierqu'à une seule épouse, No 338; si un Cbrétien se marie àplusieurs épouses, il oommat non-seulement un adultèrenaturel, mais aussi un adultère spirituel, No 339 j cela a étépermis à la nation Isral!lite, parce que cbez elle i l n'y avaitpas Ëglise Cbrétienne, No 340. D!après ces explications, i lest évident qu'adjoindre une concubine à l'épouse, et partager son Iii avec l'one et avec l'autre, est une inCâme polygamie.

508 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE No 466.



466. IV. C'est une Scortation, par laquelle le Conjugal, -lui

est le plus précieux Joyau de la vie Chrétienne, est détruit.

Que ce soil une scorlation plus opposée à l'amour conjugal,

que la scorlalion commune, qui est appelée simple adultère,

et qu'elle prive absolument de toule faculté et de Ioule in -clination à la vie conjugale, qui est dans les Chréliens par

naissance, c'est ce qui peut êlre prouvé par de s o l i d ~ s a r -g u m e ~ t 8 devant la raison de l'homme sage. Quant au pre-

mier P O I ~ T , que le concubinage s imultané ou conjoint aveo

l'épouse, est une scorlalion plus opposée à l'amour conjo

gal que la scortation commune, qui est appelée simple adol

1ère, on peut le voir d'après ces considérations; que dans

la scorlation commune, ou adultère simple, i l n'y a pas un

amour analogue à l'amour conjug'il, car c'est seulement une

ardeur de la chai r, qui se refroidit aussilôt, et parfois ne

laisse pas après elle de vestige d'amour pour la femme;

c'es t pourquoi, si cetle lasciveté effervescente n'a pas lieu

par propos déterminé, ou par confirmation, et ~ l'adultère

s'en repent, elle ne diminue que très-peu l'amour conjugal:

i l en esllout aulrement de la scortation polygamique, i l y

a en elle un amour analogue à l'amour conjugal, car i l Ile

se l'efroidit pas, il ne se dissipe pas, et ne se réduit pas àrien après l'effervescence, comme le précédent; mais i lresle, il se rnnouvelle et s'affermil, et il enlève auLant de

l'amour dû à l'épouse, et à la place de cet amour il intro.

duit de la froideur pour elle; en effet, l'homme alors con·

sidère comme aimable la concubine à cause du libre de la

volonté, en ce qu'il peut, s'il lui plaît, se retirer, ce qui est

inné dans l'homme nalurel, et cela étan t par suite agréable

soulient cet amour; et de plus, par les amorces il y a avec

la concubine une union plus proche qu'avec l'épouse; et,vice vel'sâ, il ne regarde pas l'épouse comme aimable à

cause de l'obligation où i l esl de cohabiter avec elle par

suite d'une alliance contractée pour la vie, ce qu'il perçoiL

alors comme plus contraint en raison du libre où il est à

l'égard de l'autre: que ['amour pour l'épouse se refroidisse,

et qu'elle-même devienne un objet vil, dans le même degré

que l'amour pour une courtisane s'échauffe et gue celle-ci

Noi66. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 509

eal en estime, cela est évident. Quant au second POINT, que



le concubinage simultané ou conjoint avec l'épouse prive le

mari de toute faculLé et dc toute inclination à la vie conju

gale, qui est dans les Chrétiens par naissance, on peut le

voir d'après ces considéralions; que, aulant l'amour pour

l'épouse est transcrit en amour pour la concubine, autaut

i l est reliré, épuisé et mis à néant pour l'épouse, comme il

vient d'être montré ci-dessus; que cela se fasse l'al' la fer

melure des intér ieurs du mental naturel du mari, el par

l'ouverture des inférieurs de ce menlal, on peut Je voir

d'après le siège de l'inclination chez les Chrétiens à lIimer

une seule personne du sexe, en ce que celle inclination esl

danl) les intimes du mental, et que ce siège peut être ferlllé,

mals non êlre extirpé: si l'inclination à aimer une seulepersonne du sexe, et aussi la faculté de recevoir cet amour ,

ont été implllntées dans Jes Chrétiens par naissance, c'est

parce que cel amour vienl du Seigneur seul, et esl devenu

chose de religion; or, dans le Christianisme, le Divin du

Seigneur est reconnu et adoré,et la religion esl fondée sur la

Parole du Seigneur; de là vient que cet amour est greffé

et aussi lJ'anspJanlé de génération en génération: il a él6

djt que ce Conjugal Chrétien périt par la scortation polyga·

mique, mais il est entendu que cbez le pQlygame cbrél ienil est fermé et intercepté, mais néanmoins susceptible de

ressusciter dans ses descJndants, commo il arl'ive pour la

ressemblance de l'aïeul et du bisaïeul !le reproduisant dans

le petit-tils et l'arrière-pet it-fils : de là vient que ce Conju

gal est appelé le plus précieux Joyau de la vie Chrétienne,

et ci-dessus, N°s 457, 458, le Trésor de la vie humaine et le

Réservoir de la religion chrétienne. Que ce Conjl)gal soit

détruit par III scortal ion polygamique chez le Chrétien qui

s'y livre, on le voit manifestemenl en ce que le Chrétien ne

peut pas, de la même manière que le vo1ygame mahométan,

aimer la concubine et l'épouse; mais que, autant i l aime la

concubine, ou s'échauffe pour elle, aulant il n'aime pas

l'épouse, ou se refroidit pour elle; et, ce qui esl plus détes

table, autant aussi i l reconnatl de cœur le Seigneur seule

ment comme homme naturel et Fi ls de Marie, et non en

N9 4 6 6 ~ :10 LES VOLUPTéS DE LA FOLIE

même temps comme fils de Dieu, et aulant encore i l re



garde comme rien la religion. Mais i l faut qu'on sache bien

que cela arrive à ceux qui ajoutent une concubine à l'épouse,et se conjoignent en actualité aveo l'une ct avec l'autre, elnullement à ceux qui, pour des causes léKitimes, justes el

vraimenl consciencieuses, se séparent, et quant à l'amouractuel se disjoignent de l'épouse, et prennent une femmed'emprunt; c'est de cc gonre de Concubinage qu'il va maintenant être lrailé.

467. V. Le Concubinage séparément d'avec l'époUofe, quand

il a lieu pour des causes légitimes, iustas et v r a i m e ~ t cons-ciencieuses, n'est point illicite. Quelles causes sont entenduespar légilimes, quelles par justes, et quelles par vraimenl

consciencieuses, c'est ce qui va être dit en ordre; il est failici d'avance une simple mention des oauses, afin que ce

Concubinage, dont il est question dans ce qui suit, soit dis

tingué du Concubinage précédent.468. VL Les causes légitimes de ce Concubinage sont les(:ausl's légitimes du divorce, quand l'épouse néanmoins est re·tenue à la maison. Par divorce i l est entendu l'annulalionde l'alliance conjugale, et par suite la séparation complète,et après celle séparation l'entière liberté de prendre une a u lre épouse; l'unique cause de ceLLe lotale séparation ou dudivorce esl la scorlation, selon le précepte du Seigneur, MaLLh. XIX. 9. - A cette même cause se rMèrent aussi lesobscénités manifestes qui Otent toute pudeur, et qui remplissent et infestent la maison d'intrigues criminelles,d'après lesquel!es s'élablit une impudioité soortaloire quirend lout le ment.al dissolu. A ces ohoses peut se joindreune malicieuse désertion, qui enveloppe une soortalion, etfail que l'épouse oommet adullère, et par oonséquent estrépudiée, - Mallh. V. 32.-Ces trois oaUles, paroe qu'ellessont des causes l é ~ i l i m e s de divoroe, la première et la troisième devanlle juge public, et ia seoonde devant le marijuge, sont aussi des causes iégitimes du ooncubinage, maisquand l'épouse adullère est relenue à la maison. Si la scortalion est l'unique cause de divoroe, o'est parce qu'elleest diamétralement opposée à la vie de l'amour conju

No 468. sUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 5B

gal, et la détruit jusqu'à exLinction ; voù· ci·dessus, N° 255.



469. Que néanmoins nombre de maris retiennent à la

maison leur épouse adullère, les causes sont ce lles-ci : t.

Le mari craint d'engager un procès avec l'épouse, de l'ac

cUler d'adultère, et ainsi de manifelter en public son crime;

car si des témoignages oculaires ou des preuves semblables

à ces témoignages n'établissaient pas la conviction, il serait

couvert de sarcasmes indirectement dans les réunions

d'hommes, et ouvertement dans les réunions de femmes. 2.

Tl craint aussi les astucieuses justifications de celle adultère,

et même son patronage de la part des juges, et par consé

quent la diffamation de son nom. 3. Outre cela, les usages

domesliques offrent des avantages qui dissuadent de faire sé

paration de maison; par exemple, s'il y a des enfants enversqui l'amour, même d'une femme adultère, est un amour

maternel ; si des devoirs mutuels, qui ne peuvent être

divisés, interviennent et conjoignent; si, du côté paternel et

du côté maternel, l'épouse a des parents et des protecteurs,

et qu'il puisse en être espéré de la fortune; si, dans le com

mencement, il a entretenu avec elle d'agréables intimités;

et si elle, après être devenue adullère, sait adroitement, par

un caressant enjouement el par de feintes civilités, apaiser le

mari, afin de n'être point inculpée; oulre d'autres motifsqui,étant en eUll-mêmes des causes légitimes de divorce,sont

aussi des causes légitimes de concubinage; car les causes qui

font relenir 1'6pouse à la maison n'enlèvent point la cause

de divorce, quand celle-ci a commis scortation; quel est

l'homme, à moins qu'il ne soil vil, qui puisse conserver les

droits du li t conjugal et partager sa couche avec une épouse

adultère? Si cela a lieu ici et là, aucune conclusion n'en

peUL être lirée.

470. VII. Les causes justes de ce Concubinage sont leI cau-

ses justes de la ~ é p a r a t i o n de lit. Il Y a des causes légitimel

de séparation, et 11 y a des causes justes; les causes légitimes

sont établies par les décisions des juges, et les causes justes

par <les décisions que le mari seul prononce: les causes de

séparalion de lit, et aussi de séparation de maison, tant légi

times qué justel, ont été énumérées en' abrégé, cl-dessuI,

512 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE Ne 470.

Nos 252,253 ; parmi elles, les VICES nu CORPS; ce sont les



maladies par lesquelles tout le corps est tellement infecté quela contagion peut être fatale; telles sont les Fièvres maligneset pestilentielles, les Lèpres, les Manx v(lnériens, les Cancers:puis, les Maladics par lesquelles tout le corps I l été tellementaffaissé, qu'il ne peut plus exisler de consociabilité, et d'aprèslesquelles sont exhalées des effiuves préjudiciables et desvapeurs nuisibles,soït de la surface du corps,soil de ses partiesintérieures, spécblement de l'Estomac et du Poumon; de lasurface du corps, les Varioles maliglles, les Verrues, les Pus-tules, la Phthisie scorbutique, les Dartres virulentes, surtoutsi la face en a été souillée; de l'Eslomac, les Rapports cons-tamment infecles, puanls et dégolÎlants; du Poumon, les

Haleines fétides et putrides provenant d'aposlèmes, d'ulcèresou d'abcès, ou d'un vice du :;ang ou du sérum. Outre cesMaladies, il en est d'aulres de différents noms, comme laLipotbymil', qui ellt une complète langueur du corps, et unmanque de forces; la Paralysie, qui est une résolution et unrelâchement des membranes et des ligaments qui servent aumouvement; l'Épilepsie; l'infirmité perlllancnte provenantde l'Apoplexie; certaines Maladies chroniques; Ill. Passioniliaque, la HeroiA, outre d'aulres maladics, que la PalhologiefaiL connaÎlrc. Les VICES DU MENTAL, qui sont des causesjustes de séparation de lit el de maison, sonl, par cxemple, laManic, la Frénésie, le Transport furieux, la Folie actuelle etl'Irnbécillhé, la perte de la mémoire, et autres semblables,Que ces Cil uses soient des causes justes de Concubinage,parce qu'elles sont des causes justes de séparation, la raisonle voit sans l'aide d'un juge.

471. VIII, Les causes consciencteuses de ce Concubinage sont

réelles ou non 1'éelles. Puisque, oulre les causes justes, quisont de jusles causes de séparation, et qui par suite devien-nent de justes causes de concubinage, il ya aussi des causcsconsciencieuses ql,li dépendent du jugement el de la justicechez le mari, il doit aussi par conséquent en Ôtre fait men-tion; mais eom!lle les jugemonts de jU,licc peuvent êtrepervertis, Clt être changés par rios confirmations cn des appa-rencell du jUlte, c'est pour cela que ces causes sont disLin-

N. 474. SUR L'AMOUR SCO RTATOIRE. 513

guées en causes consciencie uses réelles et en causes oonsciencieuses non réelles , e l qu 'e lles



sonl décriles séparém en t.472. IX. Les causes consciencieuse&réelles sont celles quisont

{ondées sur le juste. Pourconna lt re le,; causes qui sontdes cau-ses consciencieuses réelles, il suffit d 'cn énum érer que lquesunes; par exemple le manque de Blorge, et par conséquentl 'apath ie envers les enfants; l ' in lem pérance , l'i vrognerie , lam alp roprelé , l' impudicilé; le désir im m odéré de divulguerle s secrets de la maison, de d ispu te r, de baUre, tle se "en-ger, de faire le mal, de vo let, de tromper; une dissemblanoeinterne d'où résulle l'antipalhie ; uno im puden te exig encedu devoir conju gal, ::)/lr la quell e le mari devient (roid com mela p ierre j l 'a pplication à des actes de magie et à des p restiges ; une exce

ssive Impiété; et autres vices semblables.473. Il Y a aussi des causes moins graves, qui Bont descauses consc iencieuses réelle s, e l qui séparenl du \i l, malsnon cependant de la maison; la cessalio n de prolific alio nchez l'é pouse en raison de son Age avancé; el par suile dela répugnance et la tergiversation pour l 'a m our ac tue l,l 'ardeur chez 10' m ari persis tanl lou jours; outr e des cas sem blables, dans lesquels le jugement ra tionnel voillo ju sle , etqui ne ble ssent pas la conscience.

474. X. Les consciencieuses non réelles sont cellesqui ne sont pas d e sur le ju ste, bien qu'elles le soient surl'apparence du juste. Ces causes sonl connues d 'ap rès lescauses consc iencieuses réeltes el- dessus énumérée:>, e l, s ielles ne son l pas bien examinées, elle s peuvent apparaHl'ecomme justes, el cependanl sonl in jusle s j par exem ple, lestemps d 'a hstinence requis après les couches, le s in disposilio ns lransi to ir es des épouses, le préjudic e qui en résultepour le prolifique, le s polygamie s permises aux Israélites

,e t d 'a ulret' causes semblables qui, d 'après la ju stic e , ne sonld 'aucune valeu r; celles ·c i so nt imaginées parles m aris aprèsdes fro ideurs contr acté es, lorsque des désirs lib idineux in chasle s les on t privés de l 'a m our conjugal, el le s onl infalu és de l'illée de la ressemblance de cet am our avec l 'am ourscorla to ire: ceux-c i, pour se m ettre à l 'abri de la d iffamation quand ils en lren l en concubinage, donnen t pour légi

.. 29

514 LES VOLUPTé!! DE LA FOLIB N · ~ 4 . limes et réelles ces oauses bâtardes et cap lieuses, et même ,ordinairement ils répandent au sujet de l'épouse des men



songes, qui même selon la faveur obtiennent l'assentiment

el l'approbation des concitoyens amis.475. XI. Ceux qui sont dans ce Concubinage par des causes

légitimes, justes et consciencieuses réelles, peuvent ~ t r e enmême temps dans l'amour conjugal. Il est dit qu'ils peuventêtre en même lem ps dans l'amour conjugal, el il est entenduqu'ils peuvent tenir cet amour renfoncé chez eux j car dansle sujet, dans lequel il est, cet amour ne périt pas, mais i lrepose. Si l'amour conjugal chez ceux qui préfèrent le mariage au concubinage, et qui entrent dans le concubinage

d'après les causes' ci-dessus mentionnées, est conservé, envoici les raisons: C'est que ce concubinage ne répugne pointà l'amour conjugal; qu'il n'est pas une séparation d'avea

cet amour; qu'il est seulement un voile qui le couvre; etque ce voile est ôté après la morl: r. Ce concubinage ne ré-

pugne point à l'amour conjugal. C'est la conséquence de cequi a été ci-dessus démontré, que ce concubinage, quand i la lieu pour des causes légitimes, justes et consciencieusesréelles, n'est point illicite, Nos ,467 à 473. Il. Ce concubinagen'est pas une séparation d'avec l'amour conjugal. En effet,

quand des causes légitimes, ou justes, ou consciencieusesréelles, surviennent, persuadent, contraignent, l'amour conjugal n'est pas séparé avec le mariage,mais il est seulement interrompu,etl'amour interrompu et non séparé reste dans le sujet; il en esl de,cela commed'uu homme qui exerce un emploiqu'il aime, et qui en est détourné par les sociétés, ou par lesspectacles, ou par les voyages; l'amour de son emploi n'estpas néanmoins perdu: ou, comme d'un homme qui aime unvin généreux; quand il en boit de moins bon, il ne perd pas

pour cela son goût pour le vin généreux. III. Ce concubinageest seulement un voile qui couvre l'amow' conjugal. C'llst

parce que l'amour du concubinage est naturel, et l'amour dumariage, spirituel; et que l'amour naturel voile l'amour spirituel quand celui-ci est intercepté; qu'il en soiL ainsi, celuiqui aime ne le sail pas, parce que l'amour spirituel est senti

n Q n d ' a p r è ~ ' l u i - m é m e , mais par l'amour naturel, et il est senti

l ...

515o 475. BOR L'AMOUR SCORTATOIRE.

comme un plaisir dans lequel est une béatitude qui vient duCiel; mais ['amour nalurel est senli par lui-mêmeseulemenl



comme un plaisir. IV. Ce voile est ~ t a p r ~ s la mort. C'aslparce qu'alors de naturel l'homme devienl spirituel, et qu'nu

lieu d'un corps malériel i l jouil d'un corps subslanliel, dans

lequel le plaisir nalurel d'après le spirituel est senti dans saprééminence: qu'il en soiL ainsi, c'est ce 'lue j'ai apprispar la commu nicalion avec quelques-uns dans le Monde Spi

rituel, el même là par des Rois qui dans le Monde avaienlété dan. le Concubinage par des causes consciencieusesréelles.

476. XlI. Tant que ce Concubinage continue, la conjonctionactuelle avec l'tJpouse n'est point permise. C'esl parce qu'alors

l'Amour conjugal, qui en lui·même est spirituel, chaste, pur-et saint, àevient naturel, est souillé, n'a plus de vigueur, etainsi périt; c'est pourquoi, afin que cet amour soit conservé,i l est utile que le concubinage d'après des causes consciencieuses réelles, No' 472,473, ail lieu avec une seule, et non

avec deux en même temps.

Il .. • ." .."

477. A ce qui précède sera ajoulé ce MÉMORABLE. J'entendis un ccrlain Esprit, un jeune homme, récemment venudu monde, se vantant de ses scorlations, et cherchanl à acquérir des louanges, de ce qu'il surpassait les autres en puissance virile; au milieu de ses vanteries insolentes, il tenait

aussi ces propos: " Quoi de plus tris le que d'emprisonnerson amour, et de vivre seul avec une seule femme? et quoi

de plus délicieux que de ..lonner toule liberlé à l'amour? Qui

est-Cf! qui ne se lasse pas d'une seule, el n'est pas remis envigueur par plusieurs? Quoi de plus agréable que la Iiberlesans réserve, la varililé, les déflorations, les lours joués aUI

maris, et les hypocrisies scortatoires ? Est-ce que les chosesqui sont obtenues par des ast.uces, des tromperies et des larcins ne réjouissent pas les intimes du mental? " En entendantces propos ceux qui étaient présents disaient: " Ne parle pas

ainsi j lu ne sais pas où tu es, ni avec qui tu es j tu lie fai.

516 LES VOLUPTtS DE LA FOLIE N' 477.

que d'arriver ici; il Ya sous tes pieds l'Enfer, el au-dessus

de ta têle le Ciel; lu es maintenanl dans un Monde, qui



lienlle milieu e n l r ~ le Ciel el l'Enfer, el qui esl appelé MonJe

des Esprils; ici arrivent, el ici sonl recueillis tous ceUI qui

sorlenl du IT.onde; ils sonl examinés quanl à leur qualilé, el

ils sonlpréparés, les mécbanls pour l'Enfer, el les bons pourle Ciel; peul.êlre te rappnlles-tu encore avoir entendu dire,

dans le Monde, par des prêtres, que les scorlateurs et les prostituées sont précipités da os l'Enfer, cl que les époux chaslessont élevés au Ciel. « A ces mols, cel esprit novicc se mit à

rire, en di,sant: « Qu'est-ce que le Ciel, et' qu'est-ce que

l'Enfer? Le Ciel, n'esl-ce pas où chacun est libre, cl n'esl

il pas libre celui Il qui il est permis d'aimer aulanl de femmes

qu'H lui plaîl ?Etl'Enfer, n'est-co pas où chacun esl esclave,

et n'esl-il pas esclave celui qui ost obligé d'êlre alll\ché Il une

~ e u l e ? » Mais un certaitl Ange, r e ~ a r d a n l du Ciel en bas,

enlendit ce qu'il disait, el l'inlerrompit de peur qu'il n'allâl

plus avant pour profaner les mariages; et il lui dit: « Monleici, el je le montrerai' au vif ce que c'esl que le Ciel, et cequo c'esl que l'ELlfer, et quel est l'enfer pour les scorlaleurs

confirmés. » El il lui montra le chemin, el celui-ci monla;

et, après qu'il eut élé admis, il fut d'abord conduit dans un

Jardin paradisiallue, où claienl Jes arbres à l'ruila el desfleurs, donl la beaulé, le chnrme et l'odeur r e m p l i s s a i e n t l e ~ menlaIs (animi) des délices dc la vie; dèa qu'il Ics vil, il fu t

saisi d'une grande admiration j mais il élait alors dans la vue

externe, telle qu'il J'avait dans le monde, quand il voyait de

pareillos choses, el dans celle vue i l élait rat:onnel; mais

dans la vue inlernc, dans laquelle la scorlalion étaille principal et occupai! chaque point de la pensée, il n ' ~ l a i t pas

rationnel; c'est pourquoi la vue externe fut fermée, et la vue

interne fuI ouverte; dès qu'elle fuI ouverle, il dit: « Qu'estce quo je vois m ~ i n l e n a n t ? n'esl-ce pas de la paille et du bois

sec? El qu'est-ce quo je sens mainlenanl ? n'est-ce pas de III

puanteur? 011 sont donc ces objets paradisiaques?" El ['Anie

dil: « Ils sonl tout près el présents, mais ils n'apparaissent

poinl devant la vue inlerne, qui esl scorlaloire ; car celte vue

cbange les choses célesles en infernales, el no voil que les

517· 477. sua L'AMOUR SCORTATOtRK.

opposés: il y a dans chaque homme un mf\ntal interne et un

mental externe, pa r conséquent une vue interne et une vue



externe; cbez les méchants le mental internc est insensé, et

le mental externe est sage; mais cbez les bons le menlal

interne est sage, et aussi d'après lui le mental externe j el de

même qi/es t le mental, de même l'homme dans le MondeSpiriluel voilles objets. » Après cela l'Ange, par la puissance

qui lui fut donnée, lui ferma la vue interne et ouvrill'externe,

et il le conduisit par de6 portes vers le point central des babi

talions; et cet esprit vit de magnifiques palais d'albAtrc, de

marbre et de diverses pierres précieuses, et près de ces palais

des portiques, et des colonnes à l'entour, superposées et cbar-

géesd'ornementsetde décorations admirables j lorsqu'il les vit,

i l fut dans un grand étonnement, et il dit: « Qu'est-ce que

je vois? Je vois des objets magnifiques dans leur magnificence

même, et des ouvrages d'architecture dans leur ar t même. »

Mais alors l'Ange lui ferma de nouveau la vue externe, et lui

ouvrit l'inte rne, qui était mauvaise parce qu'elle était salement

scortatoi.re; aussilôt cet esprit s'écria, en disant: cc Qu'est

ce lJueje vois IDaintenant? Où suis-je ?OÙ sont donc ces palais

et ces objets magnifiques? Je vois des ruines, des décombres

et des lieux pleins de cavernes. » Mais peu après il fut remis

dans l'externe, et introduit dans l'un de ces palais; etil

villes décorations des portes, des fenêtres, des 'muraillcs et des

plafonds, principalement des meubles, sur lesquels et autour

desquels étaient des formes célestes en or et en pierres p r é ~ cieuses, qui ne peuvent être décriles par aucun langage, ni

dessinées par aucun art, car elles étaient au-dessus des idées

du langage et au-dessus des notions de l'arl. En voyant ces

cboses, il s'écria de nouveau, disant: cc Ce sont là des objets

merveilleux que jamais œil n'a vus. » Mais alors sa vue inlerne

fut ouverte, la vue oxteme ayant él.é fermée, comme auparavant; et il lui fut demandé ce qu'il voyait en ce moment; et

il répondit qu'il ne voyait que des masures, ici en joncs, là

en paille, et là en lisons. Puis il fut encore remis dans l'état

externe du mental, et devant lui furent amenées des Vierges,

qui étaient des beautés, parce qu'elles étaient des imagllB de

,l'affection céleste i el celles-ci, avec la douce voix de leur

518 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE N' 477.

afl'eclion, lui adressèrent la parole; el alors, d'après ce qu'ilvil el cntendit, sa face fut changée, et il revint de lui-même



dans ses internes, qui étaient scortll.toires; et comme ces internes ne souliennent rien de l'amour céleste, et que vice versa

ils ne sont pas non plus soulenus par l'amour céleste, il en résulla que de parl et d'autres ils disparurent, - l e s vierges de laprésence de l'homme, et l'homme de la présence des vierges.- Après cela, l'Ange lui apprit d'où provenaient les changements d'état de ses vues, en lui disant: • Je perçois que dans

le Mo·nde, d'où tu viens, tu as été double, autre dans les in -

ternes, el autre dans les externes; que dans les externes lu a! élé un homme civil, moral et rationnel, maisque dans les internes tu n'as été ni civil, ni moral, ni

rationnel, parce qUIl tu étais scortateur et adultère; or,de telles personnes, quand il leur est permis de monterdans le Ciel, et qu'elles y sont tenues dans leurs externes,peuvent y voir les choses célestes, mais quand leurs inlernessont ouverts, au lieu de choses céiestes elles voient des choses infernales. Cependant, sache qu'ici, chez chacun, successi,ement sont fermés les exlernes et ouverts les inlernes,et qu'on est préparé ainsi pour le Ciel ou pour l'Enfer; etcomme le mal de la scortation souille plus que tout autre malles internes du meutal, il esl impossible qu'il ne soit pas portévers les choses impures de son amour, el ces choses sont dans

les enfers, où les cavernes répandent des odeurs d'excréments. Qui est-ce qui ne peut, d'après la raison, savoir quedans le Monde spirituel l'inchaste et le lascif sont impurs et

immondes, et qu'ainsi rien ne corrompt et ne souille davantage l'homme, et n'introduit davantage en lui l'infernal. Gardetoi donc de te glorifier dorénavant de ta scortation, en ceque tu es en eIle plus mâle que les autres; je te prédis quetu deviendras faible, au point de savoir à peine où est ta forcemàle; un tel sorl allend ceux qui se glorifient de leur puissance scortatoire. » Après qu'il eut entendu ces paroles, ildescendit el revint dans le M.onde des Esprits et vers ses premiers compagnons, et i l conversa avec eux avec modestie etchasteté, mais ce ne fut pas pour longtemps.

NP-478. 8U1\ L'AMOUa SCORT4TOIRJ:. 519

DES ADULTÈRES, DE LEURS GENRES BT DE LEURS DtGRts.



478. Quiconque ne juge de l'Adullère que par les exlerne!,

ne peul pas savoir qu'il a quelque mal dans cel acte, car dans

les externes i l esl semblable au Mariage; ces juges externesquand on leur parle des Inlernes, et qu'on leur dit que les

Externes lirent des Internes , leur bien et leur mal, di

sent en eux-mêmes: « Qu'est-ce que les Internes 7 Qui

les voil? N'est -ce pas là s'élever au-dessus de la sphère

d'intelligence de Qui que ce soit ? n Ceux-ci ressem

blent à ceux qui acceptent tout prétendu bien pour un bien réel

volontaire, et qui décident de la sagesse d'un homme d'après

l'élégance de sa conversation, ou qui jugent de l'homme

lui-même d'après la richesse de ses habits et la magni

ficence de ses équipages, et non d'après sa disposition inte rne

qui appar tient au jugemenl provenanl de l'affection du bien;

celte manière de juger ressemble encore au jugemenl-qu'on

porlerait sur le fruit d'un arbre,!et sur quelques mets, seule

ment d'après la vue et le loucher, el non sur sa bonté d'a-

près la saveur et la connaissance: ainsi font ceux qui ne veu

lent rien percevoir des internes de l'homme: de là celle folie

de beaucoup d'hommes aujourd 'hui, qu'ils ne voit'nt riende mal dans les adullères, et que même ils conjoignent dans

la même couche les mariages avec les adultères, c'est-à-dire,

les fonl -absolument semblables ; el cela, seulement à cause

de l'apparence de similitude dans les externes. Qu'il en soil

ainsi, j'en ai acquis la conviction par celle preuve de l'ex

périence: Un jour, des Anges convoquèrent quelquel cenlaines

d'esprits d'en tre ceux qui avaient été renommés en l'Europe

par leur génie, leur érudition et leur sagesse; on les interrogea

sur la différence entre le M a r i a ~ e el l 'Adultère, el on les invita

à examiner les raisons que leur entendement présenterait;

et,après examen, tous, à l'exception de dix, répondirent que

la loi civile seule établit une différence en vue d'un certain -,1r .

intérêt , difl'érence qu'on peut, i l est vrai, connatlre, mais

néanmoins accommodcr au moyen de la prudence civile:

ensuile on leur demanda s'Hi! voyaient qnelque bien dans le

:L - .

520 LE I V O L U P T ~ S DE LA. FOLIE K. q78.·.

mariage, et quelque mal dans l'adulLère; ils répondirent qu'ils

n'y voyaient ni mal rationnel ni bien rationnel. On leur fit

celle queslion : « Y voyez-vous quelque péché?" Ils dirent:



« Où serait-il, ce péché? Le fail n'est-il pas le même?)) Les

Anges furenl étonnés de ces réponses,et ils s'écrièrent: « Oh 1

quelle est la slupidilé du siècle, et combien elle est grande' ))En entendant cette exclamation, ces centaines de sages se

tournèrent et dirent entre eux en riant: « Est-ce là de la slu

pidilé? y a-t-il quelque sagesse 'lui puisse convaincre qu'ai.

mer l'épouse d'un autre mérite la damnation étcrnelle?))

Maia que l'Adultère soit un mal spiriluel, et par suile un mal

moral el un mal civil, el diamétralement contraire à la sagesse

de la raison; puis aussi, que l'amour de l'adultère vienne de

l'enfer et y relourne, et que l'amour du mariage vienne dll

ciel et y retourne, c'est ce quia été démontré dans le Premier

Chapitre de cetta Partie, concernant l'Opposition de l'amour

scortatoire et de l'amour conjugal. Mais comme tous les maux.,

de même que tous les biens, ont do la latitude et de l'allitudo,

et que leurs genres sont selon la lalilude, et leurs degrés

selon l'altitude, c'est pourquoi, afin que les adultères soient

conhUS quant à l'une et à l'autre dimeusivn, ils seront divisés

d'abord en leurs genres, et ensuitc en leurs degrés, ce qui

aura lieu dans celle Série: 1. Il Y a trois Genres d'adultères,le Simple, le Double et le Triple. Il. L'Adultère simple est celuid'un homme célibataire avec l'épouse d'un autre, ou d'unefemme non mariée avec le mari d'une autre. III. L'Adultère

double eRt celui d'un mari avec l'épouse d'un autre, ou d'uneépouse avec lemari d'une autre. IV, L'A.dullère triple est avec

les consan.guins. V • Il Y a pour les adultères quatre Degrés,

selon lesquels se font leurs dénominalions, leurs inculpntions,et après la mort leurs imputations. VI. Les Adultères du pre-

mier degré sont tes adultères d'ignorance, lesquels sont commispar ceux qui ne peuvent pas encore ou qui ne peuvent pas du

tout consulter l'entendement, ni par conséquent les réprimer.VII. Les Adultères commis pm' eux .SOllt légers.VIII. Lef Adtt/-tères d l .second degré sont IrJs adutteres de désir libidineux,

lesquels sont commis par ceux qui, i l est vrai, l'euvent con-

Itdlel' l'entendement, mais qui par des causes contingentes ne.

N· 4.78. sun L'AMOUR BCORTATOIRE. 5 2 le peuvent pas dans ces moments. IX. Les AdulUres commispar eux .ont imp"tatoi1'es, selon que dans la suite l'enten



dement les favorise ou np. (es favorise point. X. Les Adultères du

troisième degré sont les adultères de la mison, lesquels sont com.mis par ceux qui confirment par l'entendement qu, ce ne sontpoint des maux de péché. XI. Les Adultères commis par eux sontgr;wes, et sont imputés selon les confirmations. XII. Les .4dul-tèl'es du quatrilime degré sont les adultères de la volonté, les-

quels sont commis par ceux qui les considèrent comme liciteset agréables, et qui ne les croient pas d'une telle impol·tancequOon doive à leur égard consulter l'entendement. XIII. Les Adul·teres commis par eu.'!: sont trts-graves, et leur bont imputéscomme maux de propos détermine, et restent en eux comme

délits. XIV. Les Adulféres du troisitme et du quatrième degrésont :les mau.'!: de pécM, Mlon la quantité et la qualité de l'en.tendement et de la volonté en eux, .çoit qu'ils soient eommis enacte, ou qu'ils ne soient pas commis en acte. XV. Les Adultère.'Par propos déterminé de la volonté, et les adultères l,aI' con·firmation de l'entendement,1'endent les hommes naturels, sen·sltels et corporels. XVI. C'est au point, qu'enfin ils rejettentloin d'eux toutes les choses de l'Égliu et de la Religion. XVII.

Cependant ils jouissent toujours de la rationalité humaine

comme les autres. XVIII. Mais ils se servent de cette :rationaliléquand ils sont dans les externes, et ils en abu.ent quand il ,

sont dans les internes. Suit mainlenant l'Explication de ces

Articles.479. I. Il Y a trois Genres d'adultères, le Simp;e, le Double

et le Triple. Taules 01 chacune des choses que le Créaleur del'univers a créées, il les a distinguées en genres, el chaque

genre en espèces, et il Jl divisé chaque espèce, et pareillementchRfJ.ue

division, et ainsi de suite;et

cela, afin que dans1avariété perpétuelle des qualilés il ex.isle une image de l'Infini:

ainsi le Créateur de l'univers a distingué les biens et leurs

vrais, et pareillement les maux et leurs faux après qu'ils eu.

q reot pris naissance. Qu'il ait distingué en genres, espèces eldifférences loutes et chacune des choses dans le Monde spiri-

lUol, et qu'il ail rassemblé "ans le Ciel tous les biens el lous

les vrais, et dans l'Enfer tous les mallll: et tOUIl lea faux, el

522 LEB V O L U P T ~ S DE LA FOLIE No 479.

qu'Il ait disposé ceux-ci diamétralement contre ceux-là, on'

peul le voir d'après ce qui a élé monlré dans le Trailé DU CIEL

ET DI! L'ENFER publié à Londres en 1758. Que de même aussi,



dans le Monde nalurel, i l ait distingué el qu'il distingue les

biens et les vrais, les maux et les faux chez les hommes, ainsi

les hommes eux-mêmes, cela peut êlre connu par leur sorlaprès la mort, en ce que le ciel est pour les bons, el l'enfer

pour les méchants. Or, puisque toutes les choses qui appar

tiennent au bien, el loutes celles qui apparliennent au mal,

ont été distinguées en genres, espèces, et ainsi de suite, c'esl

pour cela que les Mariages onl élé dislingués tle la même ma

nière, el pareil lemenlleurs opposés, qui sonl les Adullères.

480. II . L'Adultère simple est celui d'un homme crJtibatatre

avec l'êpouse d'un autre,ou

d'une femme ·non mariée avec lemari d'une autre. Ici, et dans ce qui Suil, par ['Adullère ilest entendu une scortalion opposée au mariage; il est opposé,

parce qu'il viole l'alliance de vie conlraclée entre les époux,

il met en pièces leur amour, il le souille, et i l arrêle l'union

commencée au temps des fiançailles et affermie au com

mencement [du mariage; car l'Amour conjugal du mari

avec une seule épouse unit les âmes après l'engagemenl et

l'alliance; l'adultère ne rompt pas celle union, parce qu'elle

ne peut pas être rompue, mais i l l'arrêle, comme celui quibouche une fontaine à sa source, et ainsi le courant, el

remplit d'eaux sales et puantes la citerne; de même l'amour

conjugal, dont l'origiue est l'union des âmes, est couvert de

fange el fermé par l'adultère; et, quand il a été couverl de

fange, d'en bas s'élève l'amour de l'adultère, qui, à mesure

qu'il croît, devient charnel, et cel amour s'insurge contre

l'amour conjugal et le détruit: de là ['opposilion de l'adul

tère et du mariage.

481. Afin que de nouveau l'on connaisse quelle est la

Slupidité de ce siècle, en cela que ses sages no voient aucun

péché dans l'Adultère, ainsi qu'il a élé découvert par les

Anges, ci-dessus, No 478, j'ajouterai ici ce M ~ M O R A B L E : " Il Y

avail certains Esprits qui, par une habilude contractée dans

1) la vie du corps, m'infeslaienl avec une adresse particulière,

• et oela par un influx très-doux presqu'ondoyant, tel qu'a

523

JI, coutume d'être l'influx des esprits probes i mais je perçus

» qu'il y avait en eux des astuces et autres choses semblables,

»dans le but de séduire et de tromper: eulin j'adressai la,

N' "13i. SUR L'AMOUR SCORTATOIl\B.



» parole à l'un deux, qui, ainsi qu'il me fut dit, avait élé

)1 Général d'armée quand il vivait dans le Monùe : et comme

» je perçus qu'il y aTail du lascif dans les idées de sa pensée,_je Im'entretins avec lui dans le langage spirituel avec

_. représentatifs, langage qui exprime pleinement ce que l'on

)) sent; eL plusieurs choses en un moment: il me dit que dans

D la vie du corps, dans le Monde précédent, il avait regardé,

Il comme rien les Adultères: mais il)me fut donné de lui dire

» que les Adultères sont abominables, quoiqu'aux yeux de

» ceux qui les commellenl il semble, par suite du plaisir

» qll'ils y trouvent et du persuasif qui en provient, qu'ils ne

l) sont pas tels, et qu'ils sont même licites; qu'il pouvait

I l aussi le savoir, en ce que les Mariages sonL les Pépinières

» du Genre humain, et par cela même les Pépinières du

» Royaume céleste, et qu'en conséquence ils doivent ne

JI pas être violés, mais êLre regardés comme saints; puis, en

Il ce qu'il doilsavoir , puisqu'il est dans le Monde spirituel

» et dans l'état de perception, que 1'Amour conjugal delcenri

>l, du SlIigneur par le ciel, el que de cet amour, comme d'un

» père, dérive l'amour mutuel qui est le fondement du Ciel;» et en ce que les Adultères, pour peu qu'il approchent des

» Sociétés céleste,}, sentent l'odeur infecte qui est en eux, et

» se précipitent de là vers l'Enfer; que du moins il aurait

• pu savoir que violer les mariages, c'est agir contre les

» lois Divines, contre les lois civiles de tous les royaumes,

» et aussi contre la lueur réelle de la raison, et ainsi contre

» le droit des gens, parce que c'est agir non-seulement con

» tre l'Ordre Divin, mais encore contre l'ordre humain; je

" lui dis en oulre beaucoup d'autres choses. Mais il me ré

» pondit qu'il n'avait pas pensé à ces choses dans la vie pré

" cédente : il "oulait par des raisonnements euminer s'il en

" était ainsi; mais il lui fut dit que la vérité n'admet pas les

l) raisonnements, car ils prennent la défense des plaisil'8 de

» la chair contre les plaisirs de l'esprit, et la chair ignore

• quels sont les plaisjrs de l'esprit i et qu'il devait d'abord

524 LES V O L U P T ~ S DE LA FOLIE No 4 8 t ~ " porter sa pensée sur Jes choses qui viennent d'être dites,

» parce qu'elles sont vraies; ou sur ce principe, très-connu

" clans le Monde, que personne ne cloit faire à autrui ce qu'il



1

D ne veut pas qu'un autre lui fasse: et ainsi, si quelqu'un

» etît séduit de cette manière son épouse, qu'il aurait aimée,

1 comme cela a lieu au commencement de tout mariage,» alors quand il aurait été à ce sujet dans un élat d'empor

» tement, n'nurait-i1 pas, s'il eûl parlé d'après cet état, eu

" aussi lui-même les adultères en abomination, et alors puis

» qu'il jouit d'une granrle capaci:é, ne se serait-il pas, plus

» que tout autre, confirmé contre ces actions jusqu'au point

» de les condamner comme infernales; et comme Général

» d'armée, et vivant avec des braves, n'aurait-il pas, afin que

» cela ne fût point pour lui un opprobre, ou tu61'adultère,

" ou cbassé de sa maison l'épouse prostituée? »

j

482. III. L'Adultère double est celui d'un mari avec l'épouse

d'un autre, ou d'une épouse avec le mari d'une autre. Cet,Adultère est appelé double, parce qu'il est commis par deux,

et que des deux côtés l'alliance du mariage est violée; c'est

pourquoi il est deux fois plus grave que le précédent. Il a été

dit ci-dessus, N" 480, que l'Amour conjugal d'un mari avec une

scule épouse unit les âmes après l'engagement et l'alliance,

et que celte union est cet Amour lui-même dans son origine,et qu'el le est fermée et bouchée par l'adullère, comme la

s'Jurce ct le courant d'une fontaine: que les âmes des deux

s'unissent, quand l'amour pour le sexe est restreint à une

seule ou Il un seul d'un autre sexe, ce qui a lieu quand une

jeune fille se donne lout entière à un jeune homme par une

alliance,et que réciproquement par celte alliance le jeuni

homme se donne laut enlier à la jeune fille, c'est ce qui est

bien évident en ce que les vies de l'un et de l'aulre s'unissent,

par conséquent les âmes, puisque celles-ci sont les principes

de la vie: celle union des âmes est possible seulement· dans

les Mariages monogamiques, ou d'un seul mari avec une

seule épouse, mals non dans les Mariages polygamiques, ou

d'un mari avec plusieurs épouses, parce lu e dans ceux-ci

l'Amour est divisé, et que dans ceux-là il est uni: si dans

ce siège suprême l'Amour conjugal est apiriLuel, saint et pur,

·No 482. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 525

c'esl que par sou origine l'âme de chaque homme est céleste,uussi racoil-elle du Seigneur immédialemenll'infiux, car ellerecoH de Lui le mariage de l'amour el de la sagesse, ou du



bien ct du vrai, el cel influx le fail homme el le dislinguedes bêles. De celle union des âmes, l'Amour conjugal, quiesl là dans sa sainleté el dans sa purelé spiriluelles, découledans la vie de loul le corps, et la remplit de plaisirs délicieux, aussi longlemps que sa veine rcsle ouverle, ce qui alieu chez ceux qui par le Seigneur deviennenl spiriluels.Qu'il n'y ail rien aulre chose que l'adu1Lùrc, qui ferme elbouche ce siège de l'amour conjugal, celte origine ou fonlaine, el sa veine, cela esl évidenl par les paroles du Sei-gneùr, que c'esl seulement pour cause d'adultère qu'il esl

permis de répudier l'époUSE>, ct d'en prendre une aulre,-Malh. XIX. 4 à 9 ; - puis, par celles-ci, que celui qui se

marie à une répuùiée commel adultère, - Vers. 9. - Lors

donc que celle pure el sainte fonlaine esl bouchée, elleesl, comme i l a élé dil ci-dessus, cnlourée de salelés,comme une pierre précieuse onlourée de fumior, ou commedu pain entouré de vomissement, sa:etés qui sonl enlière

.menl opposées à la purelé el à la s:iÏnlelé de celte fonlaineou de l'Amour conjugal; de celte opposilion résulte la froi

deur conjugale, el selon celle froideur existe l'agrémenllascif de l'amour scorlaloire, qui se consume de lui-même:que ce soil là un mal de péché, ~ ' e s l parce que le uint eslcouvcrl, el ainsi sa veine dans le corps esl obslruée, el à sa

place succède le profane, el sa veine dans le corps eslouverle; par suHe,·de célesle l'homme devient infernal.

483. A ce qui précède j'ajoulerai quelques particularitésdu Mondc spirituel, qui sonl dignes d'êlre rapporlées : « J'y

» ai enlendu dire que quelques hommes mariés sonl embra)l sée du désir libidineux de commetlre scorlalion avec des

» femmes inlacles ou vierges; d'aulres, avec des femmes

») déflorées ou prosliluées ; d'aulres, avec des femmes mariées» ou épouses; d'autres, avec d e s f e m ~ e s de noble race; d'au» lres, avec des femmes de basse eXlraClion : qu'i! en soiL

" ainsi, j'en ai eu la confirmalion dans ce Monde d'lIprèsIl . plusieurs esprils de divers royaumes. Comme je méditais

526 LES VOLUPTtS DI': LA FOLlE N· 483.

» su r la variété de ces dé;irs libidineux, je demandai s'il y» en a qui trouvent toulleur plaisir avec les épouses des au -



» Lres sans en éprouver aucun avec les femmes qui ne sont pas

" mariées; afin donc que je connusse qu'il y en a, il m'en

» fuI. amené d'un certain royaume plusieurs qui furent con,) trainls de parler selon leur désir libidineux. Ceux-ci dirent

» que leur unique volupté elleur unique plaisir était, et es t

» encore, de commellre adullèra avec les épouses des autres;

» qu'ils jetaient leurs yeux su r de belles femmes, et les ache-

» taient à grand prix selon leur opulence, et que pour l'or-

» dinaire ils traitaient du prix avec elles. Je leur demandai

» pourquoi ils n'achetaient pas des femmes no n mariées ; ils

» répondirent qu'ils regardaient cela comme une chose c()m

" mune, vile en elle-même, ne procurant aucun plaisir. J'6» leur demandai aussi si ces épouses retournaient ensuita

,) vers leurs maris et vivaient avec eux; ils répondirent

» qu'elles n'y retournaient pas, ou qu'elles vivaient froide

» menl avec eux, parce qu'elles étaient devenues prostituées .

" Ensuite je leur demlllldai sérieusement, s'ils avaient jamais

" pensé, ou s'ils pensaient à présent que cela est un dOUbl'1l

" adultère, parce qu'ils le commellent étant eux-mêmes ma

» fiés, et qu'un tel adultère dépouille l'homme de tout bien

» spirituel; mais à ces mots la plupart de caux qui étaient

" présenls se mirent à rire, disant: Qu'est-ce que c'est que

" le bien spirituel? Cependant j'insistai, en disant: Quoi de

" plus détestable que de. mêler son âme avec l'âme do mari

» dans son épouse! Ne savez-vous pas que dans la semence

" il Ya l'âme de l'homme? Alors ils se détoornèrent et dirent

» h a en 're eux: Quel préjudice cela y cause-t-i1 ? Enfin je

» dis: Quoiquc vous nc craigniez pas les lois Divines, ne

» craignez-vous pas les lois civiles? Ils répondirent: Non·;" nous crail(nons seulement certains membres de l' ordre

» ecclésiastique, mais devant eux nous cachons cela, et si

» nous ne pouvons pas le cacher, nous agÎ!>sons poliment

• avec eux. Ensuite je les vis divisés en (roupes, et d'entre

" celles-ci quelquf's-uns jetés dans l'enfer. »

484. IV. L'Adultère triple est avec les consanguins. Cet adul

tère 'est appelé triple, parce qu'il eattrois fois plosgrave que

N0 484. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 527

les deux précédents. Quelles sont les Consanguinités, oilles

Restes de la chair , vers lesquelles Il ne faut point approcher, on le voit énuméré, - Lé,it. XVIII. 6 à 17. - Les



raisons, pour lesquelles ces Adultères sont trois fois plus gra·

ves que les deux ci-dessus mentionnés, sont inle rnes el ex

ternes; les raisons inlernes procèdent de la correspondancede ces adultères avec la violation du mariage spil'iluel, qu iest celui du Seigneur el de l'Église. et par conséquent dubien et du vrai; les raisons extemes sonl qu'il fau t veiller àce que l'homme ne devienne pas une bêle: ml}.is ce n'est pasici le moment de dévoiler davantage ces raisons.

485. V.Il y a pour les adUltèl'es quatre Degrés, selon les-

quels se font leurs dénIJminations, leurs inculpations, et aprê.

la mort leurs imputaUons. Ces degrés ne sont point des genres, m ~ i s ils enlrent dans chaque genre, et ils en constituentles différences entre un plus grand et un moindre mal, ouun plus grand et un moindre bien ; ici, par exemple, sil'Adultère de cbaque genre, en raison des circonstances et

des contingences, doit être réputé plus léger ou plus grave:que les circonstances. et lescontingenoes varient chaquechose, cela est notoire. Mais néanmoins aut rement sont considérées les choses par l'homme d'après sa lueur rationnelle,

autrement par le juge d'après la 101, et autrement par leSeigneur d'après l'état du mental Je l 'homme; c'est pourcela qu'il est dit, dénominations, inculpations, et après lamort imputations; car par l'homme selon sa lueur rationnelle

se font les dénominations, par le juge selon la loi se fonl lesinculpations, et par le Seigneur selon l'état du menlal del'homme se ront les imputations; que ces lrois choses dif ·fèrent beaucou p entre elles, on peu t le voir sans une exposition : en elfet, l'homme d'après la conviction rationnelleselon les circonstances et les conlingences, peut absoudrequelqu'un que le juge, assis sur son siège, ne peut absoudred'après la loi; et le juge aussi peut absoudre quelqu'un, quiaprès la mort est condamné j et cela. parce que le juge élablit sa sentence selon les faits, mais que cbacun après lamort est jugé selon les intentions de la volonté et de l'enlendement qui résulte de la volonté, et 1610n le i confirmatiOés

528 LE ! VOLUPTÉS DE LA FOLlE No 485.

de l'entendement et de la volonté qui résulle de l'entendeOlent ; ces intentions et ces confirmations, le juge ne les voiL

pas; mais néanmoins l'un et l'aulre jugemellt est juste, l'un



en raison du bien de la société civile, l'au tre en raison dubien dù la société céleste.

486. VI. l.es AdulMres du premier degré sont les adultèresd'ignorance, lesquels sont commis par ceux qui ne peuvent pas

encore ou qui ne peuvent pas du tout consulter l'entendement

ni par conséquent les réprimer. Tvus les maux, pareonséquent

aussi les Adu!tères, considérés en eux-même.!, apparliennent

en même temps à l'homme Interne et à l'homme Exlerne j

l'homme Interne les a en inlention, et l'homme Externe lesfait; tel est donc l'homme interne dans les actes qui sont

faiLs

par l'homme externe, tels sont les actes considérésen

eux-mêmes: mais comme l'homme in tome ne se manifestepas avec son intention devant l'homme, chacun doit êtrejugé au tribunal des hommes d'après les faiLs et les parolesselon la loi établie et selon les prévoyances de cette loi; lesens inlérieur de la loi doit aussi êt re pesé mûremeot

par le jllge. MaiH des exemples vont illustrer ce sujet:

Si par aventure l'adultère est commis par un adoloscent. qui ne sail pas encore que l'adullère est un mal plus

grand que la fornication: si, pareillement, il est commis parun homme d'une extrême simplicité: s'il l'est par un hommequ'une maladie a pl'ivé de la péné trat ion du jugement; oupar un homme qui, ainsi qu'il arrive à quelques-uns, es t

parfois dans le délire, et est alors dans l'état où se trouventceux qui sont dans un délire réel: puis aussi, s'il l'est daosuo e ivresse qui Lienno de la folie, et ainsi du reste; qu'alorsl'homme interne, ou le mental, n soit présen t dans l'homme

externe à peine autrement qu'il ne l'est dans un homme

irrationnel, cela est évident: les adullères de ceux-là sont

dénommés par l'homme rationnc1 solon ces circonstances;

néanmoins par ce même homme rationnel, comme juge,celui qui a commis l'adultère est inculpé et puni d'après la

loi; mais après la mort ces adultères sont imputés d'après laprésence, la qualité et la faculté de l'entendement dans laTolonté de ceux qui les Qnl commis.

520o 487. 9un L'AMOUR SCORTATOll\È.

487. VII. Les A d u l t ~ l ' e s commis par eux sont légers. D'aprèsce qui Il été dit ci-dessus, N° 486, on le voil sanll confirmationultérieure; en effet, on sail que la lIulllitéde loule action, en



g6néral la qualité de toule cbose,dépend des circonslances,el

que colles-ci mitigent ou aggravenl : mais les adultères de cedegl'é &onllégers dans les premiers temps qu'ils sonl commis;et aussi ils restent légers en tant que, düns le cours suivantcie sa vie,celui ou celle qui les a commill s'en abstienl pour ces

mOlifs,qu'ils sont des maux contre Dieu ,ou qu'ils sont des maux

contre le prûchain, ou qu'ils sonl des maux contre le biende la cilé, el, d'après l'un ou l'autre de ces motifs, parce qu'il.80nt des maux contre la raison; au contraire, ils sont misaussi au ntlmbre des adultères graves, si l'on ne s'en abstientpas pour l'un de ces motifs mentionnés: ainsi, cela est conforme à la Loi })jvine, - Ézéch. XVIII. 2 ~ 22, 24, et ailleurs.- Mais ces aclultèrcs ne peuvent être excusés et inculpés, ou

être dénommés et jugés par l'bomml', comme légers ou ~ r a v e s , d'après ces c'irconstances, parce qu'elles ne ie manifestentpoint devant lu'i, el même ne sont point de la compélence de

son jugement; c'est pourquoi il est entendu, que c'est aprèsla mort qu'ils sonl ainsi réputés ct imputés.

4813. VIII. Les Adultères du second degré sont les adultèresde désir libidineux, lesquels sont commis par ceux qui, i l est

vrai, peuvent consulter l'entendement, mais qui par des causes

contingentes ne le peuvent pas dans ces moments. Chez

l'homme, qui de nalurel devient spirituel, il y a dans le

commencement deux cboses qui combattent l'une contrel'autre, lesquelles communément sont appeléeR l'esprit et la

chair; et comme l'amour du mariage appartient il l'espril, etque l'amour de l'adullère apparlientà la cbair, il se [ail aussi

alors un combat entre ces deux amours; si l'amour dumariage est vainqueur, il dompte et subjugue l'amour de

l'ad uUère, ce qui a lieu par un éloignement; mais s'il arriveque le désir libidineux de la cbair soit excité à une ardeurau-delà de ce que l'esprit peut réprimer par la raison, i l enrésulte que l'état est renversé, et que l'ardeur du désir libidinoux rélland des amorces dans l'esprit, au point qu'il n'estplus martre de sa raison, ni de lui-même; cela est entendu

L 00


!par les adù!lères du second dègré, lesquels sont commis par

ceux qui, il est vrai, peuvent. consulLer l'entendement, mais

qui par des causes conlingenles ne le ppuvenl pas dans ces



moments. Soienl des exemples pour i llustralion : Si une

.\

épouse prostituée captive par astuce le mental (animus) d'un

homme, l'alti ranl au lil, el l'enflammanl au poinl qu'il nesoit plus matlra de son jugemenl ; et plus encore, si même

alors elle lui expose la honle qui en résulterait , s'il ne con1 \ senlait pas: pareillemenl, si une épouse pro&lituée emploie

des prestiges, ou par des stimuLants enflamme un homme au

point que l'ardeur de la chair enlève à l'enlendement le libre1 l'de la raison: de même, si un homme par de séduisllOtesi ,1 sollicitations amène l " ~ p o u s e d'un autre au point que sa vo-

1 llonté embrasée ne soit plus mallresse d'elle-même; outre

1 d'autres cas semblables. Que ces contingences et d'autres de

même genre allénuent la gravilé de l'adultère, et tournenl

vers un célé plus doux les dénominalions de blâme contre

L'homme séduit ou la femme séduite, la raison esl favorable

à ce senliment el y acquiesce. L'impulation de ce degré

d'Adullère esl trailé dans ce qui sui!.

489. IX. Les Adultères commis par eux sont imputatoires,

selon que dans la suite l'entendement les {avorise ou ne les

{avorise point. Autanll'entendement favorise les maux, aulantl'homme se les a'pproprie elles fail siens; la faveur est le con

sentement, et le consentement introduit dans le mentaL l'étal

d'amour pour eux; i l en est de même des adulLères qui dans

le commencement or.t été fails sans le consentemenl de

l'entendement, et qui sont favorisés; le contraire arrive,

si dans la suite ils ne sont point favorisés: la raison de

cela, c'esl que les maux ou les adultères, qui sont l'ails

dans l'aveu!Z!ement de l'entendement , sont faits d'après la

convoitise du corps; ils ressemblent à peu près aux inslincls,

tels que ceux-ci sont chez les bêles: chez l'homme, il est vrai,

l'entendement est présent lorsqu'ils sont faits, mais i l est

dans une force passive ou morte, et non dans une force active

ou vive: de ces explications il résulte évidemment, que de

tels adultères ne sont imputés qu'en tant que dans la suite

ils sont favorisés ou ne-sont point favorisés. Par imputalion

N° 489. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE, 531

il est entendu ici l'accosation (incusatio) après la mort, et

par suite le jUl;ement (judicalio), qui se fait selon l'état de

l'esprit de l'homme; mais il n'est pas entendu l'inculpation



par l'homme devant le juge, celle-ci a lieu non pas selon

l'état de l'esprit de l'homme, mais selon l'état du corps dans

l'action; s'il n'y avait pas une différence, après la mort se

raient absous ceux qui sont absous dans le Monde, et se·

raient condamnés ceux qui y som condamnés, et ainsi il n'y

aurait pour ceux-ci aucune espérance de salut.

490. X. Les Adulleres du tl·oi.lième degré sont les adultères

de la raison, lesquels sont commis pm' ceux qui confirment

par l'enlendement que ce ne sont 'Point des maux de péché.

Chaque homme sait qu'il existe une volonté et un enten-

dement ; car, lorqu'il parle, il dit : « Je véux cela; II e t:« Je comprends cela; Il toutefois,cependant, i l ne fait pas de

distinction, mais il fait l'un la même chose que l 'autre; et

cela, parce qu'il réfléchit seulement sur les choses qui appar-

tiennent à la pensée d'après l'entendement, et non à celles

qui appartiennent à l'amour ù'après la volonté, car celles-ci

ne se présentent pas dans la lumière comme celles-là. Cepen

dant, celui qui ne fait pas de distinction entre la Volonté et

l'Entendement, ne peut pas faire de distinction entre les

maux et les biens, et par suite ne peut absolument riensavoir sur la coulpe du péché. Mais qui est-ce qui ne sait que

10 bien et le vrai sont deux choses distinctes, comme l'amour

et la sagesse? el qui est-ce qui, lorsqu'il esl dans la lueur

rationnelle, ne peut conclure de là qu'il y a dans l'homme

deux choses qui les reçoivent distinctement et se les appli

quent, et que l'uné est la Volonté et l'aut re l'Entendement,

par la raison que ce que la Volonlé reçoit et reproduit est

appelé Bien, et que ce que l'Entendement reçoit est appelé

Vrai, car ce que la Volonté aime 'et fait est appelé Bien, et

ce que l'Entendement perçoit et pense est appelé Vrai? Main

tenant, comme il a été traité du Mariage du bien et du vrai

dans la première Partie de cet Ouvrage, et qu'il y a été rap-

porté sur la Volonté et l'Entendement, et sur divers attributs

et prédicats de l'un et de l'autre, un grand nombre de choses

qui, ainsi que je le présume, sont perçues même par oeux qui

532 LES VOLUPTÉS DE LA FOLlE N° {gO,

n'avaient pensé distinctement aucune chose sur l'entendement et la volonté;- car la raison humaine est telle, qu'ellecompreud les vrais d'après leur lumière, quoiqu'aupara



vant elle ne les ait pas distingués; - c'est pourquoi, pourque les différences de l'entendement el de la volonté soien 1

plus clairement perçues, je présenterai ici quelques particu·larités, afin qu'on sacbc quels sont les Adultèrcs de la raisonou de l'entendement, ct ensuite quels sont les Adultères de

la volonté; que les propositions suivantes scrvent de connaissance sur ce sujet: 1. La Volonté seule ne rait ricn d'ellemême, mais 10UI ce qu'elle fait, elle le fait par l'entcndement.II. De l'autre côté aussi. l'Entendement seul Ile fail rien de

lui-même, mais tout ce qu'il fait, il le fait d'après la volonté.

III. La Volonté influe dans l'entendement, et l'Entendementn'innue pas dans la volonté; mais l'entendement enseignece que c'est que le bien et le mal, et consulte la volonté afinde choisir entre ces deux et faire ce qui lui platl. IV. Aprèscela il se fail une double conjonction, l'une dans laquelle lavolonlé agit en dedans et l'entendement en dehors: l'autredans laqudle l'entendement agit en dedans et la volonté en

dehors: ainsi les Adullères de la raison, dont il s'agit ici,sont distingués des Adultères de la volonté,dont il est question

plus loin: ils 80nt distingués, parce que l'un esl plus graveque l'autre; car l'Adultère de la raison est moins grave que

l'Adultère de la volonté; et cela, parce que dans l'adultère de

la raison l'cntendement agit cn dedans ct la volonté en dehors,tandis que dans l'adultère de la volon lé, la volonlé agit en

dedans etl'entendcment en dehors; or la volonté est l'hommelui·même, et l'entendement est l'homme d'après la volonté;et ce qui agit en dedans clomine sur ce qui agit en dehors.

491. XI. Les Aduliè1'es commi.s par eux sont graves, et sont

impuUs selon les confirmations. L'entendement seul confirme,et quand i l coufirme, il aUire la volonté dans son parti, et illa place autour de lui, et ainsi la contraint à la condescendance: les confirmation.s se font par des raisonnements que

le Mental s'efforce de tircr soit de sa région supérieure, soitde sa région inférieure; si c'est de la région supérieure,qui commllnique uvec le Ciel, il confirme les mariagcs et

N° 491. SUR L'AMOUR SCORTATOIRS. 5 ~ condamne les adultères; mais si c'est de la région infé-rieure, qui communique avec le 1\londe, il confirme les

adulLères et méprise les mariages. Chacun peut confir-



mer le mal de même que le bien, pareillement. le faux

et 1" vrai, et III confirmation du mal est perçue avec plus dedélices que la confirmation dn bien, el la COllfirmnlion du faux

apparatl avec plus de lucidiLé que la confirmaLion ciu vrai;

la raison de cela, c'est que la confirmation du mal et du faux

Lire ses raisonnements des plaisirs, des voluptés, des appa-

rences el des illusions des sens du corps, tandis que la con-

firmation du bien et du vrai tire ses raisons de la région au-

dessus des sensuels du corps. Maintenant, puisque les mauxet les faux peuvent être confirmés de méme que les biens et

les vrais, et puisque l'entendement qui confirme entralne lavolonté dans son parti, et que la volonté avec l'entendementforme le mental, il s'ensuit que la forme du mental humain

esl selon les confirmations, tournée vers le ciel si ses confirma-

tions sont pOllr les mariages, mais t'lUrnée vers l'on fer si ellessont pour les adultères; et telle est la forme du mental de

l'homme, tel est l'esprit de l'homme, par conséquent tel est

l'homme. D'après ces explications on volt donc que les Adul·

tères dece

degré sont imputés après la mort selon les con-firmaLions.

492. XII. Les Adultères du quatrième 'degr/! sont les adul-

tères de la volontIJ, lesquels sont commir par ('eux qui les con-

sidèrent comme licites et agréJ.bles, et qui ne les croient pas

d'tme telle importance qu'on doive à leur /!gard consulter l'en-

tendement. Ces Adultères sont distingués des précédents parleurs origines; l'origine de ces adultères vient de la volonté

dépravée née nvec l'homme, ou du mal hérédiLaire auquel

l'homme, après être entré en possèssion de son jugement, aohéi aveuglémenl, en ne jugeant. nullemenl à leur sujet s'ilsétaient ou n'étaient pa, des maux, aussi est·il dit qu'il ne les

croit pas d'une telle importance qu'ûn doive à leur égllrd

consulter l'entendemenl. Quant à l'origine des adultères, quisont appelés adultères de la raison, ils viennont d ~ u n enten-

dement perverti, et sont commis par CCliX qui confirment

que ces adultères ne sont point des maux de péché; ohez

30'

534 LES V O L U P T ~ S DE LA FOLIE No'492.

ceux-ci, o'est l'Entendement qui lient le premier rang; chez

ceux-là, c'est la Volonté. Ces deux différences ne se manifes

tent à aucun homme dans le Monde naturel, mais elles sont

clairement vues par les Anges dans le monde spirituel; dans



----

ce Monde spiriluel, tous sont en général distingués selon les

maux qui jaillissent originairement de la volonté ou de l'en·

tendement, et qui sont acceptés et appropriés; ils sont aussi

séparés selon ces maux dans l 'enfer; là, ceux qui sont mé-

chanls d'après l'entendement, habitent la partie antérieure,

et sont appelés Satans, mais ceux qui sont méchants d'après

la volonté, habitent la partie postérieure, et sont appelés

Diables; c'cst en raison de celle différence universelle, que

dans la Parole il est fail mention de Satan et du Diable.

Chez ces méchants, et aussi chez les adultères, qui sontappelés satans, l' er.tendement tient le premier rang, et chez

celrx: qui sont appelé5 diahles, la volonté tient le premier

rang. Mais exposer ces difl'érences au point que l'entende-

ment les voie, cela n'est pas possible, à moins qu'on ne con-

naisse auparavant les différences de la volonté et de l'enten-

dement, et aussi à moins qu'il ne soit fait une description de

la formation du mental c1'après la volonté par l'entende

ment, et de sa formation ' d'après l'entendement par la vo

lonté ; la connaissance de ces sujets donnera de la lumièrepour que les différences susmentionnées soient vues par la

raison; mais c'est là un travail qui formerait un volume.

493. XIII. Les Adultères commis pm' eux sont très-graves,

et leur s o ' ~ t imputés comme maux de propos détel'miné, et res

tent en eux comme délits. S'ils sont très-graves, et plus gra·

ves qU6 les précédents, c'est parce qu'en eux la volonté tient

le premier rang, tandis que l'entendement le tient dans les

précédents, et parce que la vie de l'homme apparlient essen

tiellement à sa volonté, et formellement à son entendement;

la raison de cela, c'est que la volonté fait un avec l'amour,

et que l'amour est l'essence de la vie de l'homme, et se

forme dans l'entendement par des choses qui concordent;

aussi l'entendement, considéré en lui.même, n'est-il autre

chose que la forme de la volonté j et comme l'amour appar

tient à la volonté, et que la sagesse appartient 11 l'entende

-.,......- .


ment, c'est pour cela que la sagesse n ' e ~ t autre chose que la

forme de l'amour, et que. pal'eillement le vrai n'est aut re

chose que la forme du bien. Ce qui découle de l'essence



même de la vie de l'homme, ainsi ce qui découle de sa vo-

lonté ou de son amour, est principalement appelé proposdéterminé (propositum) .. mais ce qui découle de la forme de

sa vie, ainsi ce 'lui découle de l'entendement el de la pensée

de l'entendement, est appelé intention: le délit (reatus)

aussi se dit principalement de la volonté; de là il est dit que le

reatus du mal chez chacun vient de l'hér itage, mais, que le

mal vient de l'homme. C'est de là que ces adultères du qua

trième degré sont imputés comme maux de propos déterminé,

et restent comme délits.

494. XIV. Les Adultères du troisième et du quatrième degrdsont des maux de pdchtJ, selon la quantitd et la qualitd de l'en·tendement et de la volontd en eux, soit qu'ils soient commis en

acte, ou qu'ils ne soient pas commi.Y en acte. Que les adultères

de la raison ou de l'entendllmenl, qui sont du troisième de

gré, et les adultères de la volonté, qui sonl du qualrième de

gré, soient graves, et par conséquent des maux de péché,

selon la qualité de l'entendement et de la volonté en eux,

o'est ce qu'on peut voir par le commentaire qui en a été failci-dessus, N°s 490 à 493 ; cela vient de ce que l'homme est

homme d'après la Volonté et l'Entendement; car d'après ces

deux existent non-seu lement toules les choses qui se fonl

dans le Mental, mais encore loutes celles qui se font dans le

Corps; qUI est-ce qui ne sait pas que le corps n'agit pas de

lui-même, mais que la volonté agit par le corps; puis aussi,

que la bouche ne parle pas d'elle-même, mais que la pensée

parle par la bouche.? c'est pourquoi, si la volonlé était en.

levée, à l'instant s'arrêterait l 'action; et si la pensée étaitenlevée, à l'instant s'arrêtera il le langage de la bouche: de

là il esl bien évidenl que les adultères, qui sont commis en

actes, sont graves selon la quanlité. et la qualité de l'enten- .

dement et de la volonté en eux; qu'ils soicnt pareillement

graves, s'ils ne sonl pas commis en acle, on le voit par ce'!!

paroles du Seigneur: Il a dté dit par les anciens: Tu ne cam.

mettras point adultère, Mail Moi, je vous dis' q W M ~ q,u6lgu'Ufl ,

536 LEI! VOLUPTÉS DE LA FOLIE No 494.

regarde la femme d'un autre pour la convoiter, il a déjà com-

mis a d u l ~ r e a v e c elle dans son cœur. » - MaUb. V. 27, 28 j

- commellre adultère par le cœur, c'est par la volonté. I l ya p l u ~ i e u r 5 causes qui font qu'un adultère n'est point adullère



en acte, et que néanmoins il l'est par la volonté et par l'entendement ; en effet, il yen a qui s'abstiennent des adultèresquant à l'acte, par crainte de la loi civile etdes peines qu'eHeinfiige ; par orainle de la perte de la réputation, et par conséquent de l'bonneur; par crainte des maladies qui enrésultent; par crain le de quereHes à la maison de la partde l'épouse, et par conséquent de la perle de la t l ' a n q u i l ~ i t é de la vie; par crainte de la vengeance du mari ou de quelque parent, par conséquent aussi par crainte d'êlre battus

par des valets; par indigence ou par avarice; par faiblesseprovenant ou de malui.ie, ou d'abus, ou d'âge, ou d'Impuissance, et par conséquent par bonle; si quelqu'un par cesmotifs et par d'autres semblablcs, s ' a b s l i ~ n l des adultères enacte, et que cl!pendant pal' la volonté et par l'entendement il

soit pour eux, il n'en est pas moins adultère; car il ne croitpas moins qu'il!! ne sonl poinl dos péchés, el il lcs renJ de·vant Dieu non illicites dans son esprit, et ainsi en esprit il

les commel, quoique non de corps dans le Monde j c'est

pourquoi après la mOrl, quand il devient esprit, il parleouvertement en leur fiiveur.

495. xv. Les Adultères par propos déterminé de la volonté,

et les a d u l ~ r e s par confirmation de l'entendement, rendent les

hommes naturels, sensuels et corporels. L'bomme est homme,el est distingué de la bêle, par cela que son men lai a été distingué en trois régions, aUlant qu'il y a de Cieux, el qu'ilpeut êtrt'élevé de la région infime dans la supérieure, ct

aussi de celle·ci dans la suprême, et ainsi devenir Ange d'unCiel, et même du Troisième: c'est pour celle fin, qu'li a étédonné à l'homme la faculté ù'éleverl'entendement jusque-là;mais si l'amour desa 1'010nté n'est pas élevé en même temps,il ne devient point spirituel, mais il demeure nalurel ; néanmoins i l retient la facullé d'élever l'entendement: la raisonpour laquelle il retient celle faculté, c'est afin qu'il puisseêtre réformé, aar il est réformé au moyon de l'entendement,

537UR L'AMOUll SCORTATOIRE.N° 495.

ce qni a lieu par les connaissances du bien et du -vrai, etpar une intuition rationnelle d'après ces connaissances .. s'illes examine ralionnellement, et qu'il yconformesa vie, alorsl'amour de la volonté est en même temps élevé, et dans ce



degré l'humain esl perfectionné, et l'homme devient de plus

en plus homme. Il en est autrement, s'il ne vit pas selon lesconn lissances du bien et du vrai, alors l'amour de sa volontéresle naturel, et son entendement pllr aliernatives devientspirituel: cu il s'élève de temps à autre, comme un aigle,et regarde en bas ce qui esl au-dessous de son amonr; quandil le voit, il y vole en s'ahaissant et s'y conjoint; si donc lesconvoitises de la chair appartiennen t à son amour, il s'élancede sa hauteur vers elles, et dans la conjonction avec elles iltrouve son plaisir dans 10 leur; et de nouveau dans la re-

cherche de la renommée afin d'être cru sage, i l s'élève enhaut, et ainsi par bonds de temps à autre , comme il vient d'être dit. Si les adultères du troisième et du quatrième degré,c'es t-à-d ire, ceux qui se sont faits adultères par propos déterminé de la volonté et par confirmation de l'entendement,sont complètement natul'els, et deviennent progressivementsensuels et corporels, c'est parce qu'ils ont plongé l'amourde leur VOlOltlé et en même temps leur entendement dans

les impuretés de l'amour scortaloire,et qu'ils s'en sontd6lectés, de même que les oiseaux et les Mtes immondes se délectent de puanteurs et d'excréments comme de choses délicates et friandes; car les effluves qui s'élèvent de leur chair

remplissent ùe leurs lies l'habitacle du mental,et font que lavolonté ne ~ e n t rien de plus délicieux ni de plus désirable:

ce sonl eux qui, après la mort, deviennent des espri ts corporels, el c'est d'eux que jaillissent les impuretés de l'Enfer etde l'Église, dont il a été parlé ci-dessus, Nos 430, 431.

496. Il Y a Irois Degrés de l'homme nature l; dans le Premier senl ceux qui seulement aiment le Monde, en plaçantleur cœur dans les richesses; ceux-ci sont proprdment entendus par les Naturels: dans le Second degré sont ceux quiseulement aiment les plaisirs des sens, cn plaçanl leur cœur

ùans les luxures el dans les voluptés de tout genre; ceux-ci sont

proprement entendus par les Sensuels: dans le Troisièmedegré

538 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE N° 496.

sont ceux qui seulement s'aimenl eux-mêmes, en plaçanl"leurcœur dans la recherche de l'honneur; ceux-ci sont proprement enlendus par les Corporel,;; la raison de cela, c'est qu'ilsplongent·dans le corps loules les choses de la volonté el par



conséquent de l'entendemenl, el qu'en arrière des aulres, ils

se regardent eux-mêmes el aiment seulemenl leurs propres;mais les Sensuels plongent taules les c,hoses de la volonlé etpar conséquenlde l'entendement dans les amorces et dans lesillusions des sens, en s'abandonnant à elles seules; et lesNaturels répandenl dans le Monde Ioules les choses de lavolonlé et de l'entendemenl, acquéranl des l'ichesses avecavarice et fraude, et ne voyant en elles et d'après elles d'au lreusage que celui de la possession. Les Adultères ci·dessus nommés font tomber les hommes dans ces degrés dégénérés, l'un

dans celui-ci, l'autre dans celui-là, chacun selon l'agrémentqui lui platl, dont se forme son génie parliculier.

497. XVI. C'est au point, qu'enfin ils l'ejettent loin d'euxtoutes les choses de l'Église et de la Religion. Si les Adultèrespar propos déterminé el par confirmationrejeLlent loin d'euxtoules les choses de l'Eglise et de la Religion, c'est parce quel'amour du mariage et l'amour de l'adultère sont opposés,No425, el que l'amour du mariage fail un avec l'Église el avec la

Religion, voir No 1.30, et ailleurs çà el là dans la PremièrePartie; de là, l'amour de l'adultère, comme étant opposé, faitun avec les choses qui sonl contre l'Église. Si ces Adullèresrejettent loin d'eux toutes les choses de l'Église et de la Reli-

gion, c'esl parce que l'amour du mariage est opposé à l'amourde l'adultère comme· le mariage du bien et du vrai est opposéli la connexion (connubium) du mal et du· faux, Nos 427, 428;et le mariage du bien el du vrai esl l'Église, au lieu que leconnubium du mal et du faux esl l'Anli-Église. Si ces Adul

tères rejettent loin d'eux toules les choses de l'Église el de laReligion, c'esl pal'ce que l'amour du mariage et l'amour del'adultère sonl opposés comme le Ciel et l'Enfer, N° 429 ; eldans le Ciel esl l'amour de toutes les choses de l'Église, aulieu que dans l'Enfer esl la haine oonlre loules les choses del'Église. Si ces Adullères rejettent loin d'eux taules les chosesde l'Église et de la Religion, c'est aussi parce que leurs plaisirs

ND 497. SU R L'AMOUR SCORTATOIRF.. 539

commencent pal' la chair, el qu'ils appartiennenl à la chRirmêm6 dans l'esprit, Nos 440,441 ; el la chair est contre l'es

pril, c'esl-à-dire, contre les spirituels de l'Église; de là aussile s plaisirs de l'amour scortatoire sont appelés Voluptés de



la folie. Si vous en désirez des uémonstrations, adressez-vous,

je vous prie, à ceux que vous savez êlre de tels adullères, eldemandez-leur en secret ce qu'ils penscnt de Dieu, dc l'Église,et de la vie éternelle, et vous entendrez. La vérilable cause,

c'est que, de même que l'amour conjugal ouvre les intérieurs

du mental, et ainsi les 61ève au-dessus des sensuels du corpsjusque dans la lumière et la chaleur du Ciel, de même del'aulre côté l'amour de l'adultère ferme les inlérieurs du men

tal, et plonge le mental lui-même, quant à sa volonté, dans

le corps jusque dans loutes les convoitises de sa chair; etplus il l'y plonge profondémcnl, plus Il le détourne et l'é

loigne du Ciel.

4 ~ 8 . XVII. Cependant ils jouissent toujours de la rationa-

lité.humaine comme les autres. Que l'homme naturel, le sen

suel et le corporel, soient rationnels quanL à l'entendement

de même que l'homme spirituel, c'est ce dont j'ai eu la preuved'après des satans et des diables, qui élaient montés de l'Enfer

pa r permission, et s'enLretcnaienlavec des esprils angéliques

dans le Monde des esprits, voi/' çà el là dans Jes MÉMORABLES;

mai5 comme l'amour de la volonté faiL l'homme, el que cet

amour entra!ne l'en1.endement il consenlir, c'est pour celaque ceux qui sont lels ne sont rationnels que dans un élat

éloigné de l'amour de la volonté; mais quand ils relournent

de nouveau dans cet amour, ils deviennent plus insensés que

des bêtes féroces. D'ailleurs, sans la facullé d'élever l'enlen-'demenl au-dessus de l'amour de la volonlé, l'homme ne se.

railpoint un

homme,il serail une bête, car la bêle ne

jouit

point de celle faculLé; conséquemmenl il n'aurait pu rien

choisir, ni faire d'après le choix ce qui est bien el ce qui estavantageux, et ainsi il n'aurail pu êlre réformé, ni êlre conduit au Ciel, ni vivre éternellemenl. D là vient que Jes Adul.tères par propos déterminé et par confirmation, quoiqu'ilssoient entièrement naturels, sensuels el corporels, jouissent

cependant, comme les autres, de la faculté de comprendre,

540 LES VOLUPTÉS DR LA FOLl!!: No 498.

OU de la rationalité i mais quand ils sont dans le désir libidineux de l'adullère, el que d'après cc désir ils y pensent eten parlent., ils ne jouissent point de celle ralionalité, parcequ'alors la chair agit contre l'esprit, el non l'espril contre la



chair. Mais il faul qu'on sacbe que ceux-ci enfin a p r ~ s la

mort, deviennenl stupidos, non pas que la facullé d'êl resage leur soit ôtée, mais Ils ne vculenl pas êlre sages, parcequela sagesse leur c a u ~ e du déplaisir.

499. XVIII. Mais ils se se,'l'ent de celle rationalité quand

ils SO,lt dans les externes, et ils en abmenl quand ils sont dans

leurs internes. Ils sonl dans les exlernes, quand ils parlenthors de chez eux el. dans une réun ion, mais ils sont dans l e u r ~ internes quand ils sont à la maison ou avec eux-mêmes: situ veux en faire l'expérience,empare-loi de quelqu'un de leI,par exemple, de quel1lu'un de l'ordre des Jésuites, llt faisqu'il parle dans une Réunion, ou qu'il prêche dans un Temple

sur Dieu, sur les choses sainles de l'Église, et sur le Ciel el

l'Enfer; et en l'entendant lu le lrouveras rempli de zèle ralionnel l,lus que loul aulre ; peul-êlre même le portara-l-i1 àpousser des gémissements et il verser des larmes au sujet dusalul: mais prends-le dans la maison, élève-le au-dessus desautres Ordres, appelle-If le Père de la sagesse, et faiS-l'en

un ami, au poinl qu'il l'ouvre son cœur, et tu .. entendras cequ'alors il le dira sur Dieu, sur les choses saintes de l'Église,el su r le Ciel el l'Enfer, à savoit', que ce sont des fanlaisieset des chimères, el par conséquent des liens inventés pourles âmes, par lesquels grands et petils, riches el pauvres,sonl pris el garrottés, et sont lenus sous le joug de leur do

. minalion. Que cela suffise pour ilIuslration de ce qui estenlendu quand il est dillfue les hommes naturels, jusqu'auxhommes cOI'l)Orels, jouissenl delarationatitéhumaine comme

les àUlres, mais qu'ils s'en servenl quand ils sonl dans lesexlernes, et en abusent quand ils sont dans leurs inlernes.La conclusion à lirel' de là, c'esl qu'il faul non pas juger

d'une personne d'après la sagesse de sa bouche, mais en

juger en même temps d'après la sngesse de sa vie.

-ç

N0 500. SUR L 'A M O UR S CO RT AT OIR E , 541

* * III • *

500. A ce qui précède j'ajoutel'a i èe MÉMoRABLE. Un jo ur,dan s le Monde des Esprits, j'entendis un gl'and tum u lte :c' élaient des millier s d'esprils rassemblés qui criaient:



QU'ILS sOIENT PUNIS 1 QU'ILS SOIENT l'UNIS 1 Je m' ap prochaiplus près, et je demandai ce qu e c'é ta it . Un esp rit , se paré

de celte grande Assemblée, me dit : " Ils so nt dans l'e mportem ent de la colère co ntre trois Prê tres , qu i vont çà et là., etpra chent partout contre les adultè re s, en disllnt que le iadultè re s ne recpnnai ss ent pas D ie u; que le Ciel leur a étéferm é, et l'Enfer ouvert; et que dans l'E nfe r, ce sont desdiables imms>ndes, parce qu 'ils y appa ra issenl de loin commedes pourceaux se vautranl dans la fange, et que les Anges

du Ciel les ont en abomina tion . • Je demandai où éla ientces Prélres, et pou rqu oi l'on poussa it à ce sujet de si gran dscris . Il ré.pon dit: " Ces trois Prê tres so nt au milieu d'euxsous la garde de sat el lites, et ceux qui sont assemblés sontde ceux qui cro ient que les adu ltèr es ne son t point des péchés , el qui di sent que les ad uhères reconnaissent Dieu, demême que ceux qui" s'a ttachent à leurs épouses; tous ceux" 111 viennent du Monde Chrétien j el des Anges ont été vûirco mbien i l Y en avait parm i eux qui croya ie

nt que les adultères sont des péchés, et SUI' mille il ne s'en esl pas trou véce nt, » Alors il me dit que ces neuf ce nts par lent ainsi desadultè res: 1 Qui est-ce qui ne suit pas que le pluisit' del'adullè re est bien au-des sus du pla is ir du mariage; que lesadu llèr es so nt da ns une chaleur perpétuelle, et pal' suitedans une gaité, une habileté et une vie active, bien plus queceux qui vivent avec une seule fem m e; qu 'au contra irel'amou r avec une épouse se refroidi t, et parfo is au poin t

qu 'enfin à. peine si un seul mot de conversation et de sa ciélé avec elle a de la vie, tundis qu'il en est autrement avecles courtisanes j que l'éta t languissant de la vic avec uneépouse, état qui résu lte du manque de puissance, est rép aréet ranim é par les scorlations ? et ce qui répa re et ran im e nevau t-il pas mieux que ce qui rend languis sant? Qu'est-ceque le mariage, sinon une scorliltion perm is e? Qui est-cequi y connaît une dillër en ce? Esl-cC que l'amour peut êl re

L

M

h,


contraint? et cependant l'amour avec une épouse est contraint par une alliance et par les lois. L'amour avec le conjoint n'est-il pas l'amour du sexe? et Cllt amour est si universel, qu'il est même chez les oiseaux et chez les bêtes.



Qu'est-ce que l'amour conjugal, sinon l'amour du sexe? etl'amour du sexe esl libre avec toute femme. Si les lois civilessont contre les adullères', c'est parce que les législaleurs ontcru que le bien public l'exigeait; et cependant ces législateurs et les juges commellent quelquefois l'adullère, et disententre eux: Que celui qui est sans péché jelte la premièrepierre. Il n'y a que les simples et les hommes religieux quicroient que les adultères sont des péchés, el i l n'en est pas demême des hommes intelligents qui considèrent, comme nous,

les adullères d'après la lumièrede

la nature. Esl-ce qu'il nenaît pasdes enfants Jes adullères de même que des m a r i a ~ e s ? Est-ce que les bâtards ne sont pas habiles et propres àremplir

des charges et des emplois de même que les lég itimes? El,en outre, il est pourvu à des familles, qui autrement seraientstériles; n'est-ce pas là un avanlage et non un préjudice?En quoi esl-i1 nuisible à une épouse d'admellre plusieurs ri -vaux? el en quoi cela est-il nuisible au mari? S'il J adéshonneur pour le mari, c'est une opinion frivole fondée

sur une pure fantaisie. Si l'adul lère esl contre les lois el lesslatuts de l'Église, c'esl d'après l'Ordre Ecclésiastique à causedu pouvoir, mais qu'est-ce que la théologie et le spirituelont de commun avec un délice purement corporel el charnel ? N'y a-t-i l pas des prêtres el des moines qui sont adultères "l Esl-ce que pour cela ils ne peu vent ni reconna!lre niadorer Dieu? Pourquoi donc ces trois Prêtres prêchent-i lsque les adultères ne reconnaissent poinl Dieu? Nous ne pouvons lolérer de lels blasphèmes; qu'ils soient donc jugés et

punis. Après cela je vis qu'ils appelaient des Juges, auxl

quels ils demandèrent que des peines fussent prononcéescontre eux ;mais les Juges dirent; « Ceci n'est point de noIrecompélence; car il s'agit de la reconnaissance de Dieu, etdu péché, el par conséquent de la salvalion et de la damnalion; la sentence sur de lels sujets viendra du Cicl : maisnous vous donnerons un conseil SUr la manière <le savoir si

N° 500. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 543

ceR trois Prêtres ont prêché des vérités: Il y a trois LIEUX,

que nous, Juges, nous connaissons, où de tels sujets sont

examinés et révélés d'une manière singulière: Le PREMIER

c'esl où est ouvert à tous un chemin pour le Ciel; mais quand



on arrivè dans le Ciel, on perçoit soi-même quel on estqnant à la Reconnaissance de Dieu: le SECOND lieu, c'est où

esl aussi ouvert un chemin pour le Ciel; mais nul ne peut

entrer dans ce chemin, que celui qui Il en soi le Ciel: el leT R O I S I È ~ I E lieu, c'est où il y a un chemin pour l'Enfer,et ceuxqui aiment les c h o ~ e s infernales entrent dans ce cheminspontanément, parce que c'est d'après leur plaisir: nous,

Juges, nous envoyons vers ces lieux tous ceux qui réclament

de nous un jugement au sujet du Ciel et de l'Enfer. " Après

avoir entendu ces paroles, ceux qui s'étaient assemblés dirent : « Allons vers ces Lieux. " Et quand ils arrivèrent au

l'REIIIIER, où est ouvert à tous un chemin pour le Ciel, aussilôl i l y eut obscurité; c'est pourquoi quelques-uns d'eux

allumèrent des torches, et les portèrent devant; les jugesqui étaient avee eux leur dirent: « Ceci arrive à tous ceux'lui vont vers le Premier lieu, mais à mesure qu'ils appro

chent, le feu des torches devient plus faible, et dans le lieumême il est éteint par la lumière du Ciel qui influe, ce quiest un signe qu'on y est arrivé; cela vient de ce que d'abord

le Ciel pour eux est fermé, et qu'ensuite il est ouvert." Et

ils arrivèrent dans ce lieu, el les torches s'étant éteintesd'elles-mêmes, ils virent un cheminse dirigeant obliquement

en haut vers le Ciel; ceux qui étaient dans l'emportement

de la colère contre les trois Prêtres y entrèrent; parmi les

premiers étaient les Adultères par propos déterminé, après

eux les Adultères par confirmation; et en montant les pre

miers criaient: « Suivez-nous.» EtceuJ. qui suivaient criaient:• Hâlez-vous. » Et il les pressaient. Après une petite heure,

comme ils étaient Lous en dedans d'une Société céleste, ilapparut un abtme entre eux et les Anges, et la Lumière du

Ciel influant au-dessus de cet abîme dans leurs yeux ouvriL

les intérieurs de leur menlal, ce qlo1i les força de parler comme

ils pl'nsaient intérieurement; et alors il leur fut demandé

par les Anges s'ils reconnaissaient qu'il y a UB Dieu. Les

544 LitS VOLUPTÉS DE LA FOLIE N·500.

premiers, qui étaient des Adultères par propos déterminé dela volOhlé, répondirent: « Qu'est-ce que Dieu? II Et ils 116

regardèrt'nt les uns les autres, et dirent: « Qui de voua l'a

vu ? II Les seconds, qui étaient des Adultères par c o n f i r m a ~



tion de l'entendement, dirent: « 'Est-ce que tout n'appartientpas à la nature? Qu'y a-t-il au-dessus d'elle, si ce n'est leSoleil? II Et alors les Anges leur dirent: « Retirez-vousd'avec nous; mllintenant, vous percevez vous-mêmes qu'iln'y a point en vous reconnaissance de Dieu j quand vousdescendrez, les intérieurs de votre menlal se fermeront, etles extérieurs s'ouvriront, et alors vous pourrez parler c o n ~ tre les intérieurs, et dire (IU'il y Il un Dieu; soyez assurésque, dès qu'un homme devient en actualité adultère, le Ciel

lui est fermé, et le Ciel élant fermé, Dieu n'est point reconnu;

apprenez-en la Clluse : Tout ce qui est immonde dans l'en-

fer vient des adultères, et cela pue dans le Ciel comme lafange pourrie des rues . • Après qu'ils eurent enlendu ceschosell, ils sc retournèrent, et descendirent par trois che-

mins; et quand ils furent en bas, les premiers et les seconds, s'entretenant ensemble, dill::lient: « Là, les Prêtresout vaincu; mais nous savons que nous, de même qu'eux,nous pouvons parler de Dieu; et quand nous disons qu'ilexiste, est-ce que nous ne le reconnaissons pas? Les Inté-

rieurs et les Extérieurs du mental, dont les Anges ont parlé,sont des inventions. Mais allons vers le second Lieu désignépar les Juges, où le chemin pour 16 Ciel cst ouvert à ceuxqui ont le Ciel en eux, ainsi à CAUX qui doivent aller au Ciel..Et quand ils en approchèrent, il sort it de ce Ciel une voix.« Fermez les portes; des Adultères sont près d'ici. » El aussitôt les portes furent fermées j et des gardes, ayant des hâlons

à la main, les chassèrent j ot ils délivrèrent d'entre les mainsde ceux qui les gardaient les trois Prêtres, contre lesquels letumulte avail été excité, et ils les introduisirent dans le Ciel'et à l'instant où la Porte fut ouverte pour les Prêtres, l plaisir du mariage s'exhala du Ciel sur les rebelles i et ceplaisir, étant chaste et pur, les priva presque de la r e s p i r a ~ lion; craignant donc de tomber en défaillance par suffocation, ils se hâtèrent d'aller vers le troisième Lieu, au sujet

545

duquel les Juges avaient dit, que de là parlai\ un cheminvers l 'Enfer; et alors de 111. s'exhalaille plaisir de l'adultère,ce qui fit que ceux qui étaient adullères par propos déterminé, et ceux qui l'étaient par confirmation, furent tellementvivifiés, qu'ils descendirent presqu'en sautant, et se plon

N.500. SUR L'AMOUR SCORTATOIRI!.



gèrent là dans la fangc comme des pourceaux.

D u DÉSIR LIIlIDINRUX DE DÉFLORATION.

501. Les Désirs libid ineux dont i l s'agit dans les quatreChapitres qui suivent sont non-seulement des désirs libidineux d'adultère , mais sont plus graves qu'eux, puisqu'ils

n'existent que d'après les adultères, car on en est sllisi lorsqu'on s'est dégoûté des adultères; ainsi, le Désir libidineuxde déOoration, dont il s'agit d'abord, lequel 06 peut pascommencer auparavant chez quelqu'un; pareillement le Désir libidineux de variétés, le Désir libidineux de viol, et leDésir libidineux de séduire les innocences, dont i l est en-suite traité. Ils sont appelés Désirs libidineux, parce que au-

tant et tel est le Désir libidineux pour ces actes, autant ettelle estl'approprlalion qui en est faite. Quant 11. ce qui con

cerne spécialement le Désir libidineux de déOoration, afinqu'il y ait conviction évidente que c'est une infamie, celava être manifesté en orùre dans les Articles suivants: I. De

l'état de vierge Oll de femme intacte avant le mariage et

a p r ~ s le mariage. II . La Virginité est la couronne de la chas-

teté, et le gage de l'amour coniugal. III. La défloration sans

but de mariage est unè infamie de brigand. IV. Le sort de

ceux qui ont confirmé chez, eux que le désir libidineux de dé-

floration n'est point U l mal de péché est dur a p r ~ s la mort.

Buit l'Explication des Articles.502. I. De l'état de vierge ou de femme intacte avant le ma-

riage et a p r ~ s le mariage. Quel est l'état d'une vierge avantqu'elle ai t été instruite ùes diverses particularités du Oambeau conjugal, c'est ce qui m'a été manifesté dans le Mondespirituel par des épouses, qui étaient sorties du Monde naturel dan. leur enfance, et avaient reçu leur éducation dans

546 LES VOLUPTtS DE LA FOLIB Ne 502

le Ciel. Elles m'ont dit que, dès qu'elles étaient parvenues il.

l'éta t nubile, elles avaient, en voyant des oouples d'époux,commencé il. aimer la vie conjugale, mais dans le seul butd'être appelées épouses, et de vivre en société d'amitié et deconfiance a,('\c un seul homme, et aussi de devenir maîtresses



d'elles-mêmes en quillant la maison d'obéissance; ellesm'ont dit aussi, qu'au sujet du mariage elles avaient penséseulement à la béatitude de l'amit.ié et de la confiance mutuelles avec un homme qui partagerait leur sorl, et nulle-

ment aux délices d'aucune flamme; mais Clue leur état virginal avait été changé,après les noces, en un nouvel état , dontelles n'avaient rien su auparavant; et eiles ont déclaré quecet état é!aÎt l'état d'expansion de toutes les choses de la viede leur corps, depuis les premiers jusqu'aux derniers, pour

recevoir les dons de leur mari, et pour les unir à leur vie,afin de devenir aimi amour du mari el épouse; que cet étalavait commencé au moment de la défloration, et qu'aprèscetl('\déllomtion la flamme de l'amour avait brûlé pour le mariseul, et qu'eiles avaient senti les délices célestes de celleexpansion; et que, comm('\ cbaque épouse a été introduitedans cet éfat par son mari, et que cet état vient de lui, etpar conséquent est il. lui dans eile, elle ne peut absolumentaimer que lui seul. Par ces déclarations il a été manifesté

quel est l'état des vierges dans le Ciel avant le mariage etaprès le mariage: que sur la terre il y ail un semblable état

pour les vierges et les épouses qui sont unies par de premiersliens heureux, cela n'est point inconnu; quelle vierge peutconnaflre ce nouvel état avant que d'y être? Demandez, etvous l'entendrez: il en est autrement chez celles qui avant lemal"Ïage rechercbent par suite d'ins truction les attrai ts du

plaisir.

503. II. La Virginité est la couronne de la chasteté, et le gagede l'amour conjugal. La Virginité est appelée couronne dechasteté, parce qu'elle couronne la cbasteté du mariage, etqu'elle est aussi la marque de la chasteté, c'est pourquoi la

fiancée porte dans les noces une couronne sur sa tête: elle estaussi la marque de la sainteté du mariage; car la fiancée,après la fleur virginale, se donne et se consacre tout enlière

547o- 503. 9U1\ L'AMOUR SCORTATOIRE.

au fiancé alors mari, et le mari à son tour se donne et se

consacre tout enlier à la fiancée alors épouse. La Virginité est

aussi appelée gage de l'amour conjugal, parce qu'elle appar

tient à l'alliance, et qu'il)' a alliance pour que l'amour les

unisse en un seul homme, ou en une seule chair. Les maris



eux-mêmes avant les noces regardent aussi la virginité de lafiancée comme la couronne de Sil chasteté, et comme le

gage de l 'amour conjugal, et enfin comme l'objet désirable

même d'après lequel doivent commencer et se perpétuer les

délices de cet amour. D'après ces considérations et les choses

qui précèdent, on voit qu'après que la ceinture a été ôtée, et

la virginité sacrifiée, la vierge devient épouse, et que si elle

ne devient point épouse, elle devient prostituée; car le nou

vel étal, dans lequel elle est alors inlroduite, est l'état de

l'amour pour son mari, et si ce n'est pas pour son mari,

o'est un état de désir libidineux.

504. m. La défloration sans but de mariage est une infamie

de brigan.:t. Certains adultères ont un ardent désir de défio-

rel' des vierges, et pa r suite aussi des petites filles dans leur

âge d'innocence: ils les attirent à de tels actes, ou par les

persuasions d'entremetteuses, ou par les cadeaux qu'ils leur

font, ou par des promesses de mariage; et ces hommes après

la défioration les abandonnent, et en cherchent d'autres etencore d'autres: qu'on ajoute à cela, qu'ils trouvent leurs

plaisirs, non pas avec les anciennes, mais avec de nouvelles

continuellement; et que ce désir libidineux s'accrolt jusqu'à

devenir le principal plaisir de leur chail'. Ils y joignent en

core cette scélératesse, c'ast que, par divers artifices, ils sol-

licitent des jeunes filles su r le point d'être a:ariées, ou aus-

sitôt après les noces, à leur offrir les prémices du mariage,

que même de celle manière ils souillent salement. J'ai en

tendu dire aussi que,qiland cette ardeur avec sa puissance leu r

manque, ils se glorifient du nombr"e de virginités comme

d'autant de toisons d'or de Jason. Cetle infamie, qui est le

crime de corruption (stuprum), ayant commencé dans l'âge

de la force, et étant ensuite corroborée pa r des vanteries,

reste r.nracinée, et par conséquent insilée après la mort.

Quelle est cette infamie, on le voit d'après ce qui a été di t

548 LES VOLUPTÉS DE LAFOLIE N·50•.

ci-dessus, que la virginité est la couronne de la chasteté, legage du futur amour conjugal, et que la vierge consacre soname et sa vic à celui à qui elle consacre ~ virginité; c'estaussi sur elle que sont fondées l'amitié conjugale ct l'assurance de celle amilié ; et de plus, la femme déflorée par de



lels hommes,après que celle porte de l'amour conjugal a étébrisée, dépose toute pudeur et devient une prostituée, etc'est aussi ce brigand qui en est la cause. Si, après s'êtrelivrés à ces satyriasis et à ces profanations de chastetés, cesbrigands eux-mêmes tournent leurs idées vers le mariage,ils ne roulent dans leur mental autre chose que la virginitéde leur future épouse; ct, quand ils l'ont prise, ils dédaignent le lit et la chambre à coucher; bien plus encore,

excepté les jeunes filles, ils méprisent tout le sexe féminin iet comme de tels hommes sont violateurs du mariage, et

contempteurs du sexe féminin, et par conséquent voleursspirituels, il est évident que la Némésis Divine les pourliuil.

505. IV. Le sort de ceux qui ont confirmé chez eltX que le

désir libidineux de défloration n'est point un malde péché ést

dUl'ltprü la mort. Leur sort est celui-ci: Après qu'ils ont passédans le Monde dos esprits le premier tempa, qni est un tempsde modestie et de moralité, parce qu'ils sont en compagnie

d'esprits angéliques, ils sont aussitôt, de leurs externes, introduits dans leurs internes, et alors dans les convoilises qui lesavaient séduits dans le Monde; et ils sont introduits dansleurs convoitises, afin qu'il apparaisse dans (IUel degré ils yavaient été; et, si c'est à un faible degré, afin qu'ils en sortent après)' avoir été introduits, et qu'ils en rougissent. Mais

ceux qui avaient été dans ce pernicieux désir libidineux, au

point d'y trouver un suprême délice, ct qui se sont glorifiésde ces vols comme de dépouilles opimes, ne s'en laissllDt pointdétourner; c'est pourquoi ils sont abandonnés à leurs libre,ct aussitôt ils errent de tout côté et cherchent des lieux de

prootitution, et dès qu'on leur en indique, ils y entrent; ces

lieux sont sur les côtés de l'enfcr ; mais, comme ils n'y rencontrent que des prostituées, ils s'en vont, et s'enquièrentoù il y a des vierges j et alors ils sont conduits vers des couriïsanea qui, par une fantaisie, peuvent se donner une beaulé

l(é 505. SUR L'AMOUR 5 00 RTATO IRE. 549

suréminente et l'éclat fleuri de la jeunesse, et prétendre être

vierges, auprès desquelles ils brûlent de désir de la même ma

nière que dans le Monde; en conséquence ils font un marché

avec ellel; mais lorsqu'ils sont sur le point de mettre à exécu

tion le marché, la fantaisie introduite d'après le Ciel est en



levée, et alors ces vierges apparaissent Lians leur difformité,mon&trueuses et basanées ; cependant ils sont forcés de s'at

tacber à elles pendant une petile heure; ces courtisanes sont

appelées Sirènes. Mais si par de telles fascinations ils ne se

laissent point détourner de cet extravagant désir libidineux,

ils sont jetés dans un Enfer qui est aux limites du midi et de

l'occident sous l'Enfer des prostituées les plus astucieuses, et

là ils sont associés à leurs semblables. Il m'a été donné de

de les voir dans cet Enfer, et li m'a été dit qu'il y avait là

beaucoup de gens de noble extraction et des plus opulents j

mais comme ils avaient été tels dans le Monde, tout ~ o u v e n i r de leur extraction et des dignités qu'lis tenaient de Icur

opulence leur est enlevé, et il s'introduit en eux une persua

sion d'avoir été de vils esclaves, et indignes par conséquent

de tout bonneur. Entre eux, il est vrai, ils apparaissent

comme des hommes, mais aux yeux de oeux à qui il est per

mis de regarder dans cet enfer, ils apparaissent comme des

Singes, avec une face affreuse au lieu d'une face a ~ r é a b l e , etun air bideux au lieu d'un air gai " ils marchent les reins

contractés, et par conséquent ils sont ctlurbés, la parlie su

périeure penchée en avant comme s'ils allaient tomber, et ils

sentent mauvais : ils dédaignent le sexe et se détournent de

celles qu'ils voient, c&r ils n'ont aucun désir pour elles. 'fels

ils apparaissent de près, mais de loin ils apparaissent comme

des Cbiens de complaisance ou de petits Chiens de délices,

et l'on entend aussi comme une sorte d'aboiement dans le

son de leur-langage.

Du DÉSIR LIBIDINEUX DE VARIÉTÉS.

506. Par le Désir libidineux de variétés, Jont il s'agit ici,'

il n'est pas entendu le Désir' libidineux de fornication don'

1. 3i ·

550 L ~ VOLUPTÉS OZ LA FOLl. No 506.

i l a été traité dans un Chapitre particulier; celui-ci, quoiqu'il

ait coutume d'êlre confus et vague, n'amène pas cependant

le désir libidineux rie variétés, à moins qu'il ne d é p a ~ . e les

bornes, et que le fornicateur ne considère le nombre, et ne



.'en vante d'après la cupidité; celte idée fait le 'commencemenl de ce désir libidineux, mais quel il devient dans sa

progression, on ne peul le percevoir distinclement que dans

une certaine série, comme celle qui va suivre: I. Par le Désir

libidineux de variétés i l est entendu le d ~ s i r libidinelAx d'une

seortation lout à (ait dissolue. H. Ce Désir libidineux est un

amour et en même temps un dédain pour le sexe. III. Ce Délir

libidineux anéantit entitrement l'amour conjugal cher. soi. IV.Le sort de ceux qui s'abandonnent à ce désir lilidineux est

misé/'able après la mort, parce qu'en eux i l n'y a pas l' intime dela vie. L'explication de ces Arlicles Ta suine.

507. I. Par le Désir libitlineux de variétés i l est entendu le

désir libidineux d'une seol·tation tout ct (ait dissolue. Ce Désir

libidineux s'insinue chez ceux qui dans la jeunesse ont relâ

cM les liens de la pudicilé, et qui ont eu à leur disposilion

une foule de femmes débaucbées, surtout si l'opulence pour

subvenir aux demandes d'argent n'a pas manqué: ils sèment

el enracinenl en eux ce désir libidineux par des scortations

désordonnées et illimitées, par des pensées de nulle pudeur

lu r l'Amour du sexe féminin, et par des confirmations que les

Adultères ne sont p,llinl des maux, el ne sonl nullement des

péch6s. Ce Désir libidineux chez eux, dans sa progression,

s'accrort au point qu'ils oonvoitenl les f e m m e ~ du Monde en ·

lier, et 'lu'ils en veulenl par troupes, et cbaquejour une nou

velle. Comme ce désir libidineux s'élance bors du commun

amour du sexe, implanlé dans chaque bomml, et entièrement

hors de l'amour d'une ieule personne du sexe,qui est l'amourconjugal, et se jette dans les extérieurs du cœur comme

un délice d'amour séparé de ces deux amours, el cependant

déri.é d'eux, c'est pour cela qu'il s'enracine dans les cuticules

li profondément, qu'il resle dans le toucber, après que les for

ces se sont affaiblies. Ceux-ci oonsidèrent comme rien les

adultères; c'est pourquoi, dans leurs pensées, ils regardent

~ G u t le sexe féminin oomme une proillituée 'commune, et le

551No 507. SUB L'AMOUR BCORTATOIRE.

mariage comme une prostilution commune, cl ainsi ils m ~ lenl l'impudicité à la pudicilé, el d'après cc mélange ils de

viennenl insensés. Par ces explicalions on voil clairemenl ce

qui esl entendu par le Désir libidineux de variélés, à savoir,

que o'eslle Désir libidineux d'une scorlalion toulà fait dissolue.



508. II. Ce Désir tibidineux est un amour et en même temps

un dédain pour le sexe. Il ya en eux un amour pour le sexe,

parce que c'est du sexe que vienl la variélé, et i l y a un

dédain pour le sexe, parce qu'après la jouissance ils rejeUentla femme et porlenl leur désir sur d'au Ires : cel obscène

désir libidineux s'embrase pour une femme nou velle, el après

l'ardeur il se refroidil pour elle; el le froid esl un dédain..

Que ce désir libidineux soit un amour el en même Lemps un

dédain pour le sexe, c'esl ce qui peul êlre illustré de celtemanière: Qu'on suppose à gauche nombre de femmes donl ilsonl joui, et à droite nombre de femme& donl ils n'ont pas

joui, est-ce qu'ils ne regarderonl pas celles-ci avec amour,

el celles-là avec dédain? el cependanlles unes el les aulres

sont du sexe.509. III. Ce Désir libidineux anéantit entièrement l'amour

conjugal chez, soi. C'esl parce que ce désir libidineux est

enlièrement opposé à l'amour conjugal, el lellemenl opposé,

que non-seulemenl il le met en pièncs, mais même le réduilpour ainsi dire en pOUltre, el ainsi l'anéanli l; car l'amour

conjugal esl pour une seule du sexe, tandis que ce désir libidineux ne s'arrêle pas chez une seulll , mals après une heure

ou un jour, i l y a pour elle autant de froideur qu'il yavail

d'ardeur auparavanl ; et comme la froideur esl un dédain, cedédain par une cohabitation el un séjour contrainls augmenle

jusqu'à exciter le dégoul, el ainsi l'amour conjual esl consumé au poinl qu'il n'en reste pas la moindre chose. D'après

cela on peul voir que oe désir libidineux esl morlel pour

l'amour conjugal; el que, comme l'amour oonjugal faiL l'in

time de la vie chez l'homme, i l esl morlel pour la vie de

l'homme; el que ce désir libidineux par les interceptions

elles fermel ures succossives des inlérieurs du menlal,devienl

enfin cUlané, el ainsi entièremenl séduisanl, la facullé de

comprendre ou la ralionalité restanl loujours.

552 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIIl N.510.

510. IV. Le sort de ceux (qui s'abandonnent à ce désir libi·

dineux) estmisémble après la mort, parce qu'en eux i l n'y a

pas l'intime .le la vie. Chacun possède l'excellence de la vie

selon son amour conjugal, car celle excellence se conjoint

avec la vie de l'épouse, et s'e1alle par la conjonction j mais

il



comme chez ceux dont est question il ne reste rien del'aillour conjugal, ni par suite rien de l'intime de la vie, c'est

pour cela que leur sort après la mort est misérable. Après

la période de temps passée dans leurs externes, dans lesquels

ils parlent rationnellement et agissent civilement, ceux-ci

sont mis dans leurs internes, et alors dans un semblable

désir libidineux et dans ses plaisirs, au même degré qu'ils y

avaient été dans le Monde; car chacun après la mort est

introduit dans le même état de vie qu'il s'était approprié,

afin qu'il en sail détourné; en efi'et, personne ne peut êtredétourné de son mal, à moins qu'auparavant il n'y ail été

introduit; autrement le mal se renfermerait, souillerait It:s

intérieurs du mental et se répandrait comme une peste, et

ensuile i l romprait les barrières, et ravagerait les externes

qui appartiennent au corps. C'est pour cette raison qu'il leur

est ouvert, sur le côté de l'enfer, des lieux de débauche, où

sont des prostituées avec lesquelles ils ont la faculté de varier

leurs désirs libidineux, mais cela leur est accordé avec une

seule par jour, et leur est interdit, sous une certaine peine,

avec plusieurs le même jour. Ensuite, quand après cxamell

il a été reconnu que cc désir libidineux a été tellement enra-

ciné, qu'HI! ne peuvent en être détournés, ils sont conduits

vers un certain lieu, situé immédiatement au-dessus de l'En

fer qui leur Il. été destiné,et alors ils apparaissent à eux-mêmes

comme s'ils tombaient en défaillance, et aux autres comme

s'ils s'enfonçaient avec le lisage tourné en haut; et le sol

s'ouvre réellemenl aussi sous leur dos, et ils sont engloutisct tombent dans l'Enfer où sont leurs semblables; ainsi ils

sont recueillis vers les leurs. Il m'a été donné de les y voir,

et aussi de parler avec eux; ils apparaissent entre eux comme

des hommei, ce qui leur est donné, afin qu'il s ne soient

point pour leurs compagnons des objets. de terreur, mais à

une certaine distance ils sont vus la face constamment blan-:

No 510. sua L'AMOUR SCORT!TOIRIl. 555

che, comme s'il n'y avait que de la peau; et cela, parce qu'en.eux i l n'y a pas la vie spil'Ïtuelle que chacun possèdeselon le conjugal insité en lui. Leur langage est sec, glapissant et triste; quand ils ont faim, ils se lamenlent, etleurs lamentations sont entendues comme le frémissement

d'un particulier:



son ils ont leurs vêlpmenls déchirés, etleurs haut-de-chausses retirés au-dessus du ventre autour dela poitrine, parce qu'ils n'ont point de lombes, mais à la région du bas-ventre commencent les talons de leurs pieds j

cela vient de ce que les lombes chez les hommes correspondent à l'amour conjugal, et que cet amour n'est point chezde tels hommes. Ils disaient qu'ils dédaignaient le sexe,parce qu'ils n'ont aucune puissance, Cependant entre eux ilspeuvent raisonner sur diveri sujets comme d'après la rationalité i mais, parce qu'ils sont cutanés, ils raisollnent d'apl'ès les illusions des sens. Cet Enfer est dans la plage occideutale du côté du septentrion. Or, ces mèmes hommes, vusde loin, apparaissent non comme des hommes, ni commedes monstres, mais comme de la ~ é l a t i n e . Toutefois, i l fautqu'on sache que tels deviennent ceux qui se sont imbus dece désir libidineux, à un tel degré qu'ils ont mis en pièceset anéanti chez eux le Conjugal humain.

Du DÉSIR LlBIDIN·EUX DE VIOL.

511. Par le Désir libidineux de viol il n'est pas entendule Désir libidineux de défloration i ce désir-ci est un viol devirginités, et non de vierges, quand la défloration a lieu avecconsentement; mais le Désir libidineux de viol, dont i l s'agitici, s'amor tit devant le consentement,et s'enflamme par le re ·

fus; et c'est une ardeur de violer les femmes ,quelles qu'ellessoient, qui refusent absolument et qui résistent impétueusement, soit qu'elles soient vierges, ou veuves, ou épouses; dEi

tels hommes sont comme des brigands et des pirates, qui trouvent leur plaisir dans les choses ravies et pillées, et non danscelles qui sont données ou justement acquises j ils sont aussicomme dei malfaiteurs qui désirent avidement ce qui est ilU·

554 LIS VOLUPTÉS DE LA FOLIE 1'(e 5H.

~ i t e et défendu, et méprïaent ce qui est liclle et permis: cesviolatcurs ont absolument en aversion le consentl1ment, etsont e n t l a m m é ~ par la résistance,et s'ils s'aperçoiveut qu'ellen'est pas interne , aus,itô t J'ardeur de leur désir libid ioeuxs'éteint, comme le feu quand on jelle de l'eau dessus. Il est



bien connu, que les épouses ne se soumettent pas spontanément à la disposition de leurs maris quant aux derniers effetsde l'amour, et que par prudence elles résistent comme elles résisteratent à des viols,dans le but d'ôter aux maris le froid quivient du commun en ce que la chose est toujours permise, etqui vient aussi de l'idée de lasciveté de leur part: et ces rés i s l a n c ~ s , quoiqu'elles enUamment, ne sont pas pourtant lescauses de ce désir libidineux, mais elles en sont les commencements: la cause de ce désir, c'est qu'après que l'amour

conjugal, et aussi l'amour scortatoire, se sont usés par lesexercices, ils veuleut, pour qu'ils soient réparés, être enflammés par des résistances absolues: ce désir libidineux,ainsi commencé, s'accroît dans la suite; et, à mesure qu'ils'accrotl, il méprise et rompt toutes les bornes de l'amour dusexe, et s'extermine lui-même; et de lascif, corporel etcharnel l'amour devient cartilagineux et osseux, et alors d'après les périostes, qui jouissent d'une sensibilité aiguê, i ldevient aigu. Néanmoins ce désir libidineux est rare, parcequ'il n'existe que chez ceux qui sorit entrés dans le mariage,et le sont alors livrés à des scortations jusqu'au point qu'ellessont devenues insipides: outre cette cause naturelle dece désir libidineux, il y a aussi une cause spirituelle, donti l sera dit quelque chose dans la suite.

512. Leur sort après la mort est celui-ci: Alors ces violateun se séparent sponlanément de ceux qui sont dansl'amour limité du sexe, et tout à fait de ceux qui sont dans

l'amour conjugal, par conséquent ils se séparent du Ciel:ensuite ils sont envoyés vers de très-astucieuses prostituées,qui non-seulement par persuasion, mais même par une parfaite imitation, telle qu'est celle des actrices, peuvent feindroet représenter comme si elles étaient des chastetés mêmes;ces prostituées distinguent très-bien ceux qui sont dans cedésir libidiJleux j devant eux elles parlent de la chasteté et

N.512. sua L'AMOUR SCORTATOIR1!:. 555

de 80n grand prix j et quanrl le violateur s'approche et lestouche, elles s'emportent et fuient, comme de terreur, dansun cabinet où il y a une couchettc el un i i i, et clics fermentlégèrement la porte après elles, et se reposent; et ensuitepar leur ar t elles inspirent au violateur un désir effréné de

secouer la porte, de s'élancer dlln!l le cabinet et de les as



saillir; quand cela arrive, la prostituée se dressant sur sespieds commence contre III violateur à combllttre des mainset des ongles, lui égratignant le visage, lui déchirant les habits, criant d'une voix furibonde aux prostituées ses compagnes, comme à des servantes pOUl' a'fOir du secours, etouvrant la fenêtre en s'écriant: Au voleur 1 au brigand 1 kl'assusin 1 et quand le violateur est en disposition, elle se lamente et verse des larme:; ; et après le viol, elle se jelle par

terre, pousse des hurlements, et cl'ie à l'in famie ; ct alorsd'un ton grave elle le menace de travailler à. le perdre, s'iln'expie pas son viol pal' une grande récompense. Quand ilssont dans ces scènes de Vénus, ils apparaissent de loincomme des chats qui, avant l'accouplem'ent, combattentpresque de la même manière, courant çà et là et jetant descris perçants. Après quelques combats ùu même genre dans

des mauvais lieux, ils sont· retirés de-là, et transférés dana

une caverne, où ils sont contraints à quelque travail j maiscomme ils senlent mauvais, parce qu'ils ont mis en pièces le

Conjugal qui est le plus précieux Joyau cie la vie humaine,ils sont relégués dans les confins de la Plage Occidentale,où, à une certaine distance, ils apparaissent maigres commes'il n'avaient que la peau sur les os, mais de loin commedes panthères. Quand il me fut donné de les voir de plusprès, je fus étonné de ce que, quelques-uns d'eux tenaientdes livres dans leurs mains et lisaient; et il me fut dit que

c'était parce que, dans le Monde, ils avaient parlé de diver-,ses cholles concernant les spirituels de l'Église, et cependantles avaient souillés par des adultères portés jusqu 'à ces extrémités, et que telle étai! la correspondance dc ce dési r libidineux avec la violation du Mariage spirituel. Mais il est àremarquer qu'il en est peu qui soient dans ce désir libi.dineux. Il est certain que les femmes, parce qu'il ne eon-

556 LES V O L U P T ~ S DE LA FOLlE Ne 5t2.

vient pas qu'elles prostituent l'amour, résistent de temps ert

temps, et que la résistance donne de la vigueur j néanmoins

cela ne vient d'aucun désir libidineux de viol.

Du DÉSIR LIBIDINEUX DE SÉDUIRE DES INNOCENCES.



513. Le Désir libidineux de séduire des Innocenoes n'est

point le Désir libidineux de détlol'ation, ni le Désir libidineux

de viol, maisll est particulier et singulier par lui-même; il

existe principalement chez les fourbes. Les femmes qui leur

paraissent comme des innocences sont celles qui considèrent

le mal de la scortalion comme un péché énorme, et qui parconséquent s'appliquent à la chasteté et en même temps à la

piété; ils s'enflamment pour elles: dans les contrées où rè

gne la Religion Catholique-Romaine, il y a des vierges vouées

à la vie monastique; comme ils les croient, plus que toutes

les autres, des innocences pieuses, ils les regardent comme

les objets friands et délicats de leur désir libidineux. Pourséduire celles-ci ou celles- là, comme ils sont fourbes, ils in-'

ventent d'abord des artifices; et ,ensuite, après qu'ils en on timbu leur génie, ils les exercent sans s'écarter de la pudeur,'

oomme si elle leur était naturelle; ces artifices sont principaiement les feintes d'innocence, d'amour, de chasteté et de

piété; par ces feintes et par d'autres astuces ils entrent dans

leur amitié intérieure, et ensuite dans leur amour, e.t par di

verses persuasions, et en même temps par diverses insinua

tions, de ~ p i r i t u e l ils le tournent en amour naturel, et e suite en amour charnel par des irritations dans le corporel,

et alors ils les possèdent à leur gré; ql1and ils ont atteint

leur but, ils se réjouissent de tout cœur, et se moquent de

celles qu'ils ont violées.514. Le sort de ces séducteurs après la mort est triste,

puisque celte séduction est non-seulement une impiété, maill

aussi une malignité: après qu'ill ont passé la première pé

riode, qut est dans les externes dans lesquels, plus que beau

coup d'autres, ils sont de mœurs élégantes e d'une conversa·

tion agréable, ils sont amenés dans la seconde période de'

N.514. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 557

leur vie, qui est dans les internes, dans lesquels leur désir

libidineux est mis en liberté et commence son jeu; et alors

ils sont d'abord envoyés vers des femmes qui onl fait VŒU de

chastelé; el près d'elles il est examiné jusqu'à quel point leur

convoitise est maligne, afin qu'ils ne soient pas jugés sans

être convaincus; quand ils sentent la chasteté de ces femmes,

leur fourberie commence à agir, et à machiner ses ruses j



mais comme c'est en vain, ils s'éloignent d'elles. Ensuite

ils sont introduits auprès de femmes d'une innocence réelle;

comme ils s'efforcent pareillement de les lromper, ils sont

fortement punis d'après une puissance donnée à ces femmes,

car elles leur causent aux mains el aux pieds une pesanteur

d'engourdissement, de même au cou, el enfin elles font qu'ils

sentent comme une défaillance; qu'and ils ont épl'Ouvé ces

lourments, ils s'enfuient loin d'elles. Après cela, il leur eslouvert un chemin vers une certa ine troupe de prostituées,

qui avaient appris à feindre habilement l'innocence; et

d'abord celles-ci se moquent d'eux entre elles, et enfin a p r ~ s diverses promesses elles se laissent violer. Après quelques

scènes semblables survient la troisième période, qui est celle

du jugemen l ; et alors convaincus, ils sont engloutis, et réu

nis à leurs semblables dans l'Enfer, qui est dans la Plage Sep

tentrionale, el ils y apparaissent de loin comme des belettes:

mais s'ils onl été remplis de fourberie, ils'Sont transportés de

là vers l'Enfer des fourbes, qui est dans la Plage Occidentale

profondément en arrière; ils y apparaissent de loin comme

des serpents de diverses espèces, et les plus fourbes comme

des vipères j mais dans cet Enfer même, dans lequel il m'a

élé donné de regarder, ils m'ont paru blêmes, avec une face

de chaux; et comme ce sont de pures Convoitises, ils n'aiment

point à parler j et, s'ils parlent, ils chuchotent et marmollent

seulement diverses choses, qui ne sont entendues que parleurs compagnons à côté d'eux; mais bientôt, soit assis, soil

debout, ils se rendent invisibles, et voltigent dans la caverne

cornille des fantômes; car alors ils sont en fantaisie, et la

fantaisie apparail voler: après le vol ils se reposent ; et

alors, ce qui est étonnant, ils ne se reconnaissent pas l'un

l'autre; cela vient de ce qu'ils sonl dans la fourberie, et que

,1

558 LES VOLUPTÉS DE LA FOLIE N° 514,

la fourberie ne se fie point à un autre, et ainsi se soustrait.Quand ceux-ci sentent quelque chose de l'Amour conjugal,ils s'enfuient dans des souterrains et se cachent; ils sontaussi sans l'amour du sexe, et ils sont les impuissancesmêmes; ils sont appelés Génies infernaux,



DE LA CORRESPONDANCE DES SCORTATIONS AVBC LA VIO-

LATION DU MARIAGE SPIRITUEL.

515. Je devrais, avanttoul,parler ici de la Correspondance,dire ce que c'est; mais ce sujet n'appartient pas proprementà cet Ouvrage. 01', quant à ce que c'est que la Correspondance, ont le TOit sommairement ci-dessus, N° 76 et N° 342 ;

et pleinemen t dan. l'ApOCALYPSE RÉVÉLÉE, depuis le commencement jusqu'à la lin, à savoir, qu'il y a correspondanceentre le sens Daturel et le sens spirituel de la Parole. Quedans la Parole i l y ait un sens naturel et UB sens spirituel,et entre eux correspondance, cela a été démontré dans laDOCTRINE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM SUR L'ÉCRITURE SAINTE,et spécialement, Nos 5 à 26.

516. Par le Mariage spirituel il est entendu le Mariage duSeigneur et de l'Église, dont il a été parlé ci-dessus, Nos 116à 131 ; eL par suite le Mariage du bien et du vrai, voir aussici-dessus, No s 83 à !OZ ; et puisque le Mariage spirituel estle Mariage du Seigneur et de l'Église, et que par suite leMarial(e du bien et du vrai est dans toutes et dans cbacunedes choses de la Parole, c'est la violation de la Parole quiest enLendue ici par la violation du Mariage spi rituel ; carl'Église existe d'après la Parole, et la Parole est le Seigneur;le Seigneur est la Parole, parce qu'il y est le Divin Bien et

le Divin Vrai. Que la Parole soit ce Mariage, on le voitplAinement confirmé dans la DOCTRINE DE LA NOUVELLE JÉRU-SALEM rUR L'ÉCRITURE SAINTE, Nos 80 à 90.

517. Puis donc que la violation du mariage spirituel est la,iolation de la Parole, il est évident que cette violation estl'adultération du bien eL la falsification du vrai; car le mariage spirituel est le mariage du bien et du vrai, comme il a

559·517. 8Uft L'AMOUR 8CORTATOIRE.

élé dit; il suit de là que, quand le bien de la Parole est

adulléré, el que le vrai en est falsifié, ce Mariage est violé.D'après ce qui va suivre on peut entrevoir comment et parqui se fait celle violat:on.

518. P l u ~ baul, quand il a ~ t Iraité du Mariage du Seigneur et de l'Église, No. 1-16 et suiv., et du Mariage du bienet du vrai, N°. 83 et suiv., il a été démontré que ce Mal'iage



correspond aUI Mariages dans les terres, d'où i l suit que laviolation de ce Mariage correspond aux scol'talions et auxadultères: qu'il en soit ainsi, cela est bien manifeste d'aprèsla Parole elle-même, en ce que par les scortalions et par lesadullères il y est signifié les falsificatious du vrai et les adultérations du bien, comme on peut le voir avec évidence parles nombreux passages de la Parole rapportéli dans l'ApOCA

LYPSE RÉVÉLÉE, N.134.519, La violation de la Parole se fail par ceux qui en adul

tèrent les biens et les vrais dans l'Église Chrélienne, et ceuxqui agissent ainsi sont ceux qui séparent le vrai d'a,ec lebien et le bien d'avec le vrai, puis ceux qui prennent et confirment les apparences du vrai et les illusions pour des nais

réels, comme aussi ceux qui sannt les vrais de la doctrined'après la Parole et vilent mal, outre d'aulres de même

genre. Ces Violations de la Parole et de l'ÉglisE' correspon

dent aux Degrés prohibés, énumérés dans le Lévilique, Chap.XVIII.

520. Comme le Naturel el le Spirituel chez chaque homme

sont en cohérenee comme l'Ame et le corps, car l'homme,sans le spirituel qui influe dans son naturel et le vivifie, n'estpas homme, il s'ensuit que celui qui est dans le Mariagespirituel esl aussi daos un Mariage naturel beureux ; et que,de l'autre côté, celui qui est dans l'Adullère spirituel estaussi dans J'Adullèl'e nalurel, et vice versâ. Or, comme tousceux qui sont dans l'Enfer sont dans la Connexion (Connu-

bium) du mal et du faux, et que c'est là l'Adultère Spir iluellui-même, et comme tous c e ~ x qui sonl dans le Ciel sontdans le Mariage du bien et nu vrai, et que c'est là le Ma

riage lui-même, c'est pour cela que l'Enfer tout enlier estappelé Adultère, et que le Ciel tout entier est appelé Mariage.

560 LES V O L U P T ~ S DE LA FOLIE No 521.

'" '" * * ..

l ' 521. A. ee qui pt'écède sera ajouté ce MÉi\IOR.l.nLE, L'œil mefut ouvert, et je vis une Forêt épaisse, et là une troupe deSatyres; les Satyres quant 11. leur poitrine étaient velus, etquant aux pieds les uns comme des Veaux, d'autres commedes Panthères, et d'autres comme des Loups; et, au lieu de



doigts aUl: plantes des pieds, ils avaient des griffes de b<'tes

sauvages; ils couraient de tous cOtés comme des bêles féroces, en criant: « Où sonl les femmes? JI et alors apparurentdes Prostituées qui les attendaient; celles-ci aussi élaienl dediverses conformations monstrueuses: les Satyres accouraient,If et s'en emparaient, les entratnant dans uneCavernequi étaitprofondément sous terre au milieu de la forêt; et nutour de

la caverne su r la terre étnit étendu un grand Serpent rouléen spirale, qui soufflait son venin dans la caverne; sur lesbranches dala forêt, au-dessus du serpent, croassaient et llurlaient ùe sinistres oiseaux de nuit. Mais les Satyres et lesProstituées ne voyaient pas ces choses, parce qu'elles étaientdes correspondances de leurs lascivetés, et ainsi des appa-

rences qui ordinairement sont Tues de loin. Ensuite ilssortirent de la caverne, et entrèrent dans une cabanebasse, qui était un lieu de prostitution; et alors, séparés des

prostituées, ils eurent entre eux des conversations, auxquellesje prêtai allentivementl'oreille ; car, dans le Monde spirituel,le langage peut être entendu à distance comme si l'on étaitprésent , puisque l'étendue de l'espace y est seulement uneapparence; ils parlaient des Mariages, de la Nature et de laReligion. Ceux qui apparaissaient quant aux pieds comme desveaux parlaient des MAnUGES,et disaient: « Qu'esl-ce que lesMariages, sinon des Adultères permis? et quoi de plus doux

que des hypocrisies scortaloirell, et des tours joués aux maris?A ces mots les autres éolataient de rire en applaudissant desmains. Les Satyres qui apparaissaient quant aux pieds commedes panthères parlaient de la N.l.TURE, et disaient: « Qu'y at-il autre chose que la nature? Quelle différence existe-toi!entre l'homme et la bête, excepté que l'homme peut parlerd'une manière articulée, et la bête d'une manière sonore?

_

N0 521. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 561

N'est-ce pas d. la chaleur que vienl la vie, el de la lumière

que vient l'entendemenl chez l'un el chez l'autre, la nature

opérant? » A ces paroles les autres s'écriaient: « Bien! vous

parlez avec jugement. " Ceux qui apparaissaienl quanl aux

pieds comme des loups, parlaient de la ReLIGION, disanl:

« Qu'est-ce que Dieu ou le Divin, sinon l'inlime de la nature

opéranl ? Qu'est-ce que la Religion, sinon une invention pour



lromper el lier le vulgaire? » LIt-dessus les aulres criaienl :

Cl Bravo 1» Quelques momenls après, ils sortirenl précipitam

ment; el , en s'élançanl dehors, ils virent que de loin je les

regardais avec des yeux altenlifs j irrités de cela,ils sorlirent

de la forêt en couranl,el ils accéléraienlleur course vers moi

avec un air meBaçanl ; ils me dirent: " Pourquoi le Iiens

lu là, el écoules-tu oe que nous disons loul bas? » El je

répondis: « Pourquoi non? Qui m'ene m p ~ c h e

? C'élail en-lre vous du babil. » El je rapporlai ce que j'en avais en -

lendu ; aussitôt leurs menlals (animi) s'apaisèrent; c'élail

par crainle que ce qu'ils venaienl de dire ne fût divulgué;

et alors ils se mirenl à parler avec modeslie,el agir avec pu-

deur ; je connus par là qu'ils n'avaienl pas appartenu à la

basse classe du peuple, maisqu 'ils avaienl élé d'une naissance

plus distinguée; el alors je leur raconlai que je les avais vus

dans la Forêl comme Satyres j vingl, comme des Salyres

Veaux; six, comme Salyres··Panlhères ; el qualre, commeSalyres-Loups : ils étaient au nombre de trente: cela les

étonna,car eux-mêmes ne s'y étaienl vus que comII).e hommes,

do même qu'ils se voyaient alors près de moi; el je leur appris

qu'ils avaienlapparu ainsi de loin d'après le désir libidineux

de la scortalion, et que celte forme de satyre étail la forme

de l'adultère dissolu, el non la forme de la personne j je

leur donnai celte raison, que chaque convoitise mauvaise

présenlc une ressemblance d'elle-même dans une certaine

forme, qui esl aperçue no n pas par ceux qui sonl dans celle

convoitise, mais par ceux qui se tiennenl à distance; el je

dis : « Pour que vous en soyez oonvaincus, envoyez quelques

uns des vôtres dans celle Forêl ; cl vous, r e ~ l e z ioi, el re

gardez. » El ils le firenl, el ils envoyèrent deux des leurs ;

~ près de la Cabane, qui était un lieu de proslilution, ils les

562 LES V O LU P TÉ ! DE LA FOLIE No 521.

Tirent absolum ent comme des Sat yres ;. et quand ils revin rent, ils les saluèren t du nom de Satyres, et ils dirent: «Oh 1 quelles cho ses pla isantes 1 » Comme je les voya is ri re ,·je badin ai avec eux SU l' diven ; sujets, et je leu r ra conta i quej'a va is vu auss i des' Adultè re s com m e pourceaux; et alo rs

je me rappela i la Fab le d'Ulysse et de Circé; que celle -ciavait répandu sur les com pagnons et les se rviteurs d'U lysse



du j l iS d'b erbes vénéneuse s e tl es avail to ucbés de baguellemagique, et changés en pourceaux, sans doute en adultères,car elle ne pou vai t par aucun ar ti fice cban ger quelq u 'un enpourceau . Quand ils eurent beaucoup ri de ces pro pos etautr es de cc genre , je leu r dem andai s'il s sa vaient de quelsRoyaum es ils avaie nt été dans le Monde; ils dir ent qu'i lsavaien t appartenu à divers Royaumes, et ils n om m è ren t

l' lla li e , la Pologne, l'A llem agne , l'A ngle te rre, la Suède; etje dem andai si parmi eux ils voyaient quelqu 'un de la Hollande, et ils dirent: « Personne. » Après oe la, je to urnai laconver sa tion vers les cbos es séri euse s, et je le ur dem andais'i ls avaie nt jam ais pensé que l'Adultèr e fût un pécbé; Ilsrépondirent: • Qu'es t-ce qu'un péché? ,. NOUlo ne sav ons pasce que c 'e st. » Je leu r dem andai s 'i ls s 'é ta ie nt ja m ais sou

Il, venu quo l'Adullè re fût conlrair e au sixième pré eepte du Dé-calogue; ils répondirent: « Q u'e st-ce que le

D éca lo gue?N 'es t- ce pas le C até cbism e? Qu'a vons-nous à faire, nousbommes,avec ce petit livre d'enfants?» Je le ur demandai s 'i lsavaient ja m ais pen sé quelque chose au sujet de l'Enfer; ilsrépondirent: « Qui en est rem onté et en I l donné des nouvelles? i, Je le ur dem andai si dans le Monde il s avaie nt penséquelque cbose au sujet de la vie aprè s la mort; ils dirent:l« La m ême chose que ce qu 'o n pense des bêt es , et parfois lamême chose que ce qu 'on pense des fantôm es, qui, s'ils s 'ex

halent des cadav res, s 'é vanou is sen t; » enfin , je leu r dem andai s 'i ls n 'a va ien t pas entendu des prê tr es dir e quelq ue chosesur ces div "rs sujets; ils répondirent: « Nous avons seulem ent fail atte n tio n au son de leur la ugage, e t non au su-je t j et, qu 'e st-ce que cela?» Éto nné de ces réponses, jele u r dis : « Tournez la face; et portez vos regards vers lemilieu de la fo rê t, où es t la Caverne , dans la quell e vous

(" J ..

No 524. SU R L'AMOUR SCORTATOIR!. 563

alez été . • Et ils se retournèrent,et ils ,ireutce grand Serpentroulé en spirale autour de la caverne, et soufflant ion venin,et aussi les oiseaux sinistres au-dessus de lui dans les bran-

ches ; eL je leur dis: « Que voyez-vous? " Mais, frappés de

terreur, ils ne répondirenL rien; et je dis: « N'avez-vous pasvu quelque chose d'horrible? sachez que c'est là III repré-

sentaLif de l'adultère dans l'infamie de son déiir libidineux••

Alors touL à coup se présenta un Ange; c'était un prêtre;



eL i l ouvrit dans la Plage occidentale un Enfer, dans lequelsont enfin rassemblés ceux qui sonL tels; et il diL : « Regardez en ceL endroit-là. » EL ils ,irent un ÉLang comme defeu; et ils y reconnurent quelques-uns de leurs amis duMonde, qui les invitaient à venir vers eux. AyanL vu eL en-

tendu ces choses, ils se détournèrenL, et ils se retirèrent dema présence et s'éloignèrent de la Forêl; mais j'observaisleur marche, et je vis qu'ils feignaient de se relirer, maisqu'au moyen de détours ils retournaienL dans la Forêt.

522. Après cela, je revins à la maison, eL le jour suivant,m'éLant souvenu de ces Lristes scènes, je portai mes regards,ers la même Forêt, et je vis qu'elle avaiL disparu, eL qu'à

sa place il y uai t une Plaine sablonneuse, au milieu de laquelle était un Étang, où se trouvaient quelques serpentsrouges. Mais quelques semaines aprèi, lorsque j'y portai de

nouveau mes regards, je ,is à son côté droit une Lerre enjachère, el sur elle quelques Cultivateurs; eL de nouveau,après quelques semaines, je vis que celle Jachère étaiL devenue une Terre labourée entourée d'arbusLes j eL j'entendisalors une voix du Ciel: • Entre dans ta Chambre à coucher,·eL ferme la porte, et applique-toi à l'ouvrage commencé surl'Apocalypse; et mène-le à fin en deux ans. »

DE L'IMPUTATIOl( DE L'UN ET DE L'AUTRE AMOUR, LE

SCORTATOIRE ET LE CONJUGAL

523. Le Seigneur dit: NE JUGEZ POINT, AP1N QUE VOUS NE SOYEZ

P O I ~ T C O ~ D A M : ' I É S . - Matth. VII. i ; - par ces paroles il n'estnuliemenL entendu 10 jugement sur la vie morale el civile de

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564 LES VOLUPTÉS DE LA .'OLIIl No 523.

quelqu'un dans le Monde, mais le jugemenl SUI' sa Yie spi

riluelle et célesle : qui esl-ce qui ne vail que s'il n'élait paspermis de juger de la vie morale de ceui avec qui l'on habiledans le Monde, la société lomberail? Que deviendrail lasociété, s'il n'y avail pas de jugemenls publics, el s'il n'étai t

pas permis à chacun de juger d'un aUlre? Mais juger quoiest son mental inlérieur ou son âme, ainsi quel esl son élal



1

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11,1

spirituel, el par suile son sarl après la mort, cela n'esl poinlpermis, parce que cela est connu du Seigneur seul; el leSeigneur ne le révèle qu'après le décès de l'homme, afin quechacun fasse d'après le libre ce qu'il fail, cl afin que par celibre le bien ou le mal sail de lui el ainsi en lui, el que par

suHe il vive élanl à soi el sien à élernilé : si les inlérieurs dumental, cachés dans le Monde, sonl révélés après la mort ,

c'esl parce que cela est imporlanl el avantageux .pour lessociétés dans lesquelles alors l'homme vienl, car tous dans

ces sociétés sonl spirituels; qu'ils soienl alors révélés, on levoil clairement par ces paroles du Seignour : « Il n'est riende COlwert qui ne doive être révélé, ni rien de caché qui ne doive

être connu; toutes les choses donc que vous aurez, dites dans

les ltnèbres seront entendues dans la lumière; et ce dont

vous aurez, parlé à l'ol'eille dans les cabinets sera publié sur

les toits. )l - LUC, XII. 2,3. - Un jugemenl commun, leique celui-ci: « Si tu es dans les inlernes lei que lu te mon lresdans les externes, lu seras sauvé j ou bien, tu seras condamné, )l est permis; mais un jugemenl singulier, leI quecelui-ci: « 'l'u es leI dans les internes, donc tu seras sauvé;

ou bien, donc lu seras condamné,) l n'esl point permis. Lejugement SUI' la vie spirituelle de l'homme, ou sur la vie interne de l'âme, esl enlendu par l'imputation donl il s'agit ici.Quel homme cannait celui qui esl Scortateur de cœur, cl·

celui qui esl Époux de cœur? El cependant les choses quel'on pense dans le cœur, qui sont celles que se propose lavolonlé, jugent chacun. Mais ce sujel va être développédans cel ordre: 1. A chacun, après la mort, est imputd le

mal dans lequel il est; pareillement le bien, II. La t1'ans-

cription du bien d'une personne dans une autre est impos-

sible. Ill. L'Imputation, si par elle on entend une teliB

No 523. SUR L'AMOUR SCORl'ATOIRE. 565

t l ' a n . ~ c r i p l i o n , est tin vain mot. IV. Le mal est impute à chacunselon la qualité de sa 'Volonté, et selon la qualilé de son mtln-

dement ; pareill6ment le bien. V, Ainsi Ct chacun est imputél'Amour scortatoire. VI. Pa/'eillement t'Amour conjugal. Suitmaintenant l'explication de ces Articles.

524. I. A chacun, apl'ès la mort, est imputé le mal dan.s le-

quel i l est; pareillement le bien. Pour que cet ArLicle soitprésenté avec quelque évidence, sera examiné par subdi·



ilvision dans cet ordre: 10 Chacun a IIne vie qui.lui est pro-pre. 20 Après la mort, la vie de chacun lui reste. 30 Alorsau Méchant est imputé le mal de sa vie, et au Bon es t im-puté le bien de sa vie. PlIEi'dIÈREMENT: Chacun a une vie quilui est propre, par cOQséquent dislincte de la vie d'un autre;

cela est connu; il existe, en effet, une variété perpétuelle, et iln'y a aucune chose qui soilla même qu'une aulre; de là , cha-cun a son propre; c'est ce qu'on voil clai rement d'après lesfaces des hommes, il n'existe pas de face qui soit absolumentsemblable à une autre face, et il ue peut pas y en avoir danstoute l'éternilé; et cela, parce qu'il n'y a pas dellx mentais

(animi) semblables, el que les faces dépendent des menlals(am'mi) ; en effet, la face est, comme on dit, le type du men-tal, et le mental (animus) tire de la vie son or,igine et saforme. Si l'homme n'avait pas une vie qui lui fût propre,comme il a un mental (animus) et une face qui lui sont pro-p r e ~ , il n'aurait pas après la mort une vie distincte de lavie d'un autre; et même, il n'y aurait pas non plus de Ciel,car le Ciel consiste en de perpétuelles variétés (ex aliis per-petuis) ; sa forme est uniquement composée de variélésd'âmes et de mentali disposées dans un tel ordre qu'ellesfont un, el elles font un d'ap rès l'Un, dont la vie est danstoutes et dans chacune des variétés, comme l'âme est dans

l 'homme; si CAla n'était pas ainsi, le Ciel serait dissipé,parce que la forme serait dissoule. L'Un d'après Lequel lavie est dans toutes et dans chacune des vadélés, et d'aprèsLequel la forme a de la cohérence, esl le Seigneur. En géné-rai, toute forme est composée de choses variées, et est tellequ'est la coordination harmonique de ces choses, et leur dis-position à être un j telle est la forme humaine j de là vient

J. 32

560 LBS VOLUPTÉS DE LA FOLI! No 524.

que l'bomme, qui est composé de tant de membres, do viscères et d'organes, ne sent quelque chose en lui et de luique comme étant un. SECONDEMENT: Après la mort, la vie de

de chacun lui T,sie. Cela est connu dans l'Êglïse d'après la

Parole, et d'après ces passages dans lu Parole: "Le Fils de

l'homme doit venir, et alors il rendra à chacun selon ses œu-

vres. ,) - Mallb. XVI. 27. - « Je vis des livres ouverts, et

tous (urent iugés selon leurs œuvres, » - Apoc. XX. 12, 13.



« Au jour dit jugement, Dieu rendra à chacun selon ses œu-

VI·es. Il - Rom. Il . 6. II Corinth. V. iD. - Les œuvres, selon lesquelles il sera rendu il. chacun, sout la vie, parce quec'est la vie qui les fait, et qu'elles sont selon la vie. Commei l m'a été donné pendant plusieurs années, d'être de compagnie avec les Auges, et de parler (dans le Monde spirituel)

avec ceux qui arrivent du Monde, je puis attestcr avec cer-titude que chacun y est examiné' sur la qualité de sa vie, etque la vie qu'il a contractée dans le Monde lui reste à éternité; j'ai parlé avec ceux qui avaient vécu i l y a des Siècles,et dont la vie m'était connue pllr .l'Histoire, et j'ai reconnuqu'Hs avaient u.ne vie semblable il. la description historique;

j'ai appris aussi pal' les Anges, que la vie de qui que ce soitne peut être changée avrès la mort, pllree qu'dIe a été organisée selon son amour, et par Ilonséquent selon los œuvrr.s;

et que si elle était c h a n ~ é e , l'organisalion serail dissoute, cequi ne peut jam:üs arriver; puis aussi, que le changementd'organisation a lieu uniquement dans le corps matériel, etn'est nullement possible dans le corps spirituel a p r è ~ ljue lecorps matériel a été rejeté. TROISIÈMEMENT: Alors au Méchant

est imputè le mal de sa vie, et au Bon est imputé le bien de

sa vie. L'Imputation du mal n'est ni une accusation, ni uublâme, ni une inculpation, ni un jugement , comme uans le

Monde; mais le mal lui·même fait cela; en effet, les méchants d'après leur tibre se séparent u'avec les bOIlS, parcequ'ils ne peuvent point êtrc ensl::mble; les plaisirs de l'amoul'du mal ont en aversiClo le , jJlf.i,irs Je l'amour du bien, e t l e ~ plaisirs s'exhalent ue chacun, cornille les odeurs s'exhalen tde tout végétal sur la terre; car ils ne soot ni aLsorbés ni

cachés par le c o r p ~ rnatél'iel comme auparavant, mais ils

N° 524. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 557

effluent librement de leurs amours dans l'atmosphère spIrItuelle (aura) ; et comme le mal y 95t senti comme dans sonodeur, c'est ce mal qui accuse, blâme, inculpe et jUfl;e, non

devant un juge, mais devant quiconque est dans 19 hien; et

c'est là ce qui est enlendu par Imputation: en oulre, le Mé-

chant choisit des compagnons avec qui il puisse vivre daus

son plaisir; et comme il a en aversion le plaisir du bien, ilse rend de lui-même vers les siens dans l'enfer. L'Imputation



du bien se fait de la même manière; cela a lieu pour ceuxqui, dans le Monde, ont reconnu' que tout bien en eux vientdu Seigneur, et que rien du bien n6 vient d'eux; après queceux-ci ont été préparés, ils ~ o n t envoyés dans les plaisirsintérieurs de leur bien, et alors i l leur est ouvert un cheminpour le Ciel vers la Société où les plaisirs sont homogènesavec les leurs; cela est fait par le Seigneur.

525. II. La transcription du bien d'une personne dans u n aU"'e est impossible. L'évidence de cet Article peut allssi êtrevuc d'après des subdivisions dans cet ordre : ~ Chaque hommenait dans le mal. 20 Il est introduH dans le bien par le Seigneur au moyen de la régénéralion. 30 Cela est fait au moyende la vic selon les préceptes du Seigneur. 4° C'est pourquoi le bien, quand i l a été ainsi implanté, ne peut être

transorit. P R E ~ l I È R E ~ l E N T : Chaque homme naU dans le mal.

Cela est connu dans l'Église. On dit que ce mal vient d'Adampar hérilage ; mais il vieut des parents; c'est de ses parentsque chacun tire un caractère qui est l'inclination; que cesoit ainsi, la raison et l'expérience en donnent la conviction;car i l existe, quant aux faces, aux génies et aux mœurs, desr e s s e m b l a n c ~ s entre les parents et leurs enfants immédiats etles deso}endants ue ceux-ci; par là plusieurs personnes re

connaissent les familles, et jugent aussi de leurs mentais(animi) ; o'est pourquoi, les maux !julles parents eux-mêmes

onl contractés, el qu'ils ont introduits pM transmission dansleurs descendants, sontoeux dans lesquels les hommes naissent: si l'on croit que Je délit d'Adam a été inscrit dans toutle genre humain, c'est parce qu'il en est peu qui réfléchissent chez eux su r quelque mal, et qui par suite le connaissent; c'est pourquoi ils présument qu'il est si profondément

568 LES VOLUPTtS DF. LA FOLIE No 525.

caché, qu'il n'apparaî l que devant Dieu. SECONDE)IENT:

L'homme est introduit dans le bien par le Seigneur au moyen

de la régénb·atiol1. Qu'il y ait une Régénération, ct que personne ne puisse enlrer dans le Ciel à moins d'êlre régénéré,on le voit clairemllut par les paroles du Seigneur dans Jean,- III. 3. 5 ; - que la Régénération soit la purification des

maux, ct ainsi la rénovation de la vie, c'est ce qui ne peotêtre inconnu nans le Monde Chrétien, car la raison le voit



aussi lorsqu'el le reconnat! que chacun naU dans le mal, etque le mal ne peut êlre ni lavé ni effacé, comme une tache,par le savon et par l'eau, mais qu'il l'est par la résipiscence.TROISIÈME)IENT : L'homme est introduit dans le bien par le Sei-

gneur ail moyen de la vie selon les préceptes du Seigneur. I l ya cinq préceptes de la régénéraLHm, on l e voit expliqués

ci-dessus, No 82 ; au nombre de ces préceptes sont ceux-ci:Qu'il faut fuir les maux, parce qu'ils sont du diable et viennenl du diable; qu'il faul faire les biens, parce qu'il sont deDieu et viennent de Dieu; et qu'il faut s'adresser au Seigneur,pour qu'il nous porte à les faire: que chacun se consulle etexamine si le bien peul venir à l'homme d'autre part; et sile bien ne lui vient pas, il n'y a pas pour lui de salut. QUA-

TRIÈftlE)IENT : Le bien, qttand il i l été ainsi implanté, ne peut

~ t r e transf:rit,. par transcription l i est entendu la transcrip

tion du bien de l'un Jans l'autre. De ce qui vient d'ê tre dit,il suit que l'homme par la régénération esl entièrement renouvelé quant à l'esprit, et que cela se fait par la vie selonles préceples du Seigneur. Qui ne voil que cette rénovationne peut se faire que pH succession de temps? A peine eu

est-il autrement que d'un arbre qui par la semence s'enra

cine, croit el parvienl à sa perfection successivement; ceux.

qui perçoivent aulrement la régénération ne savent rien sur

l'état de l'homme, ni rien sur le mal elle bien; ils ignorentque le bien et le mal sonl absolument opposés, et que lebien ne peut être impla nté qu'aulanl que le mal a été éloigné; ils ne savent pas nou plus, que tanl que quelqu'un estdans le mal, il a en aversion le bien qui en soi est le bien;

si dong le bien de l'un était transféré dans quelqu'un qui est

dans le mal, ce serail comme si un agneau élait jeté devant


un loup, ou comme si une perle étal! atlachée aux narlDes

d'un pourceau; d'après ces considérations, il est évident que

la transcription est impossible.

526. Ill. I/lmputat'ion, si par elle on entend une telle tran-

scription, est un vain mot. Que le mal, dans lequel chacun

esl, lui soit imputé après la mort, et pareillement le bien,c'est ce qui a été démontré ci-dessus, N° 524 ; de là on voit



ce qui est entendu par imputation j mais si par l'imputa

tion, on entend la transcription du bien en quelqu'un qui est

dans le mal, c'est un vain mot, parce que cette imputation

est impossible, commt) il a aussi été démontré ci-dessus, No

525. Dans le Monde, les mérites peuvent être comme trans

criti par les hommes, c'est-à-dire qu'on peut. faire du bien

aux enfants à cause de leurs parents, ou aux amis de quel

qu'un en considération de celui-ci; mais le bien du mérite

ne peut pas être inscrit dans leurs âmes, il peut seulement

être adjoint exiérieurement. Semblable chose ue peut pali

avoir lieu chez les hommes quant à leur vie spiriluelle; celle

ci, comme il 11 slé montré plus haut, doit être implantée, et

si elle n'est pas implantée par une vie selon les préceptes du

Seigneur, ci-dessus rapportés, l'homme reste dans le mal

dans lequel il est né; avant que cela ail élé fail, aucun bien

ne peut atteindre cet homme; s'il l'atteint, aussilM il estrépercuté et rebondit comme une balle élastique qui lombe

sur la pierre, ou i l est englouti comme un diamant jeté

dans un marais. L'homme non réformé quant à l'eipril est

comme une panthère, ou comme un hibou, et peut être com

paré au buisson épineux et à l'ortie; mais l'homme régé

néré est comme une brebis ou comme une colombe, et peut

être comparé à l'olivier et au cep de vigne; pensez, je vous

prie, s'il vous plail, comment il est possible qu'un homme.

panthère soil converti en homme-brebis, ou un hibou encolombe, ou le buisson épineux en oliTier, ou l'ortie en cep

de vigne, par quelque imputa tion, si par imputation on en

tend une transcription; pour que la conTersion se fasse, ne

faut-il pas qu'auparavant la férocité de la panthère et du

hibou, ou le nuisible du buisson épineux et de l'ortie, soient

enlevés, et qu'ains i le vraiment humain el le non nuisible

J. 32'

570 LE!! VOLUPTÉS DE LA FOLlE No 526.

soient implantés? Quanl à la manière dont cela se fait, leSeigneur l'enseigne anssi d,ms Jl'an, - xv. f à 7.

527. IV. Le met[ Olt le bien est imputé à chacun selof! la qua-

lité de sa volonté, et selon la qualité de son entendement. On

sait qu'il y a deux choses qui font la vie de l'homme, la Vo-

lonté et l'Entendement, et que toutes les choses qui sontfailes par l'homme sont railes par sa volonté et par son en

tendement, et que sane ces deux agents l'homme n'aurait



pas d'action ni de langage aut rement qn'une machine; delà il Ht évident que tels sont la volonté et l'entendement del'homme, tel est l 'homme; puis aussi, que l'action del'homme est en elle-même telle qu'est l'affection de savolonté qui produit cette action, et que le langage del'homme est en lui-même tel qu'est la pensée de son en

tendement qui produit ce langage; c'est pourquoi plusieurs hommes peuvent agir et parler de la même manière,et cepèndant ils agissent et parlent d'une mallière différente,l'un d'après une volonté et une pensée mauvaises, l'autre,

d'après une volonté et une pensée honnes. On voit par làoe qui est entendu par les Actions ou les OEuvres, selonlesquelles chacun sera jugé, à savoir, que c'est la volonté et

l'entendement,que par conséquent par les œuvrell mauvaisessont entendues les œuvres d'une volonté mauvaise, de quelque manière qu'elles se soient présentées dans les externes,et que par les œuvres b'mnes sont entendues les œuvresd'une volonté bonne, quoique dans les externes elles sesoient présentées s e m b l a b l e ~ aux œuvres de l'homme mau

vais. Toutes les choses qui sont faites par la volonté intérieu're de l'homme, sont faites de propos déterminé, puisquecelle volonté se propose oe qu'elle fait par son intention; el

toutes les chose& qui sonl faites par l'entendement sonl failes

par confirmation, puisque l'entendement confirme: d'aprèsoela, on peut voir que le mal ou le bien est imputé à chacun

selon la qualité de sa volonté en eux, el selon la qualité deIon entendement à leur sujel. Je puis confirmer cela par larelation suivante: Dans le Monde spirituel j'ai rencontréplusieurs Esprits qui, dans le Monde nalurel, avaient vécu dem ~ m i que d'autres, s'habillan t avec luxe, Be nourrissant aTeo

No 527. SUR L'AMOUR SCORTATOIRE. 57!

recherche, trafiquant comme d'autres avec profit, fréquentant les spectacles, plaisantant sur des sujets amoureux

comme d'après un désir libidineux, et faisant plusiaurs autres actions semblables; et cependant les Anges considé

raient cbez les uns ces actions comme maux de péché, etchez les autres ils ne les imputaient pas comme maux, etils d6claraient ceux-ci innocents, et ceux-là coupables:

interrogés pourquoi ils décidaient ainsi, puisque les actions



étaient pareilles, ils répondaient qu'ils les examinent tousd'après le propos déterminé, l'intention ou la fin, et par là

les distinguent; et que c'est pour cela qu'eux-mêmes excu

sent ou condamnent ceux que la fin excuse ou condamne,

parce que la fin du bien est chez tous dans le Ciel, et lafin du mal chez tous tians l'Enfer.

528. Aux explica tions qui précèden t il sera ajouté cetteobservation: Il est dit dans l'Église que personne ne peutaccomplir la loi, et que cela est d'autant l'lus impossiLleque celui qui prévarique contre un seul des préceptes du

Décalogue prévarique contre tous; mais cette formule delangage ne signifie pas ce qu'elle semble signifier, car voicicomment elle doit être entendue: Celui qui par propos déterminé ou par confirmation agit contre un seul précepte agitcontre tous les autres, parce que agir par propos déterminé

ou par confirmation, c'est nier absolument que ce soit unpéché d'agir ainsi, et celui qui nie que ce soit un péché,

considère comme de peu d'importance d'agir contre tousles autres préceptes: qui ne sait que celui qui est adultère,

n'est pas pour cela homicide, voleur, faux-témoin, ni ne

veut l'être? mais celui qui est adultère par propos déterminé

et par confirmation considère comme de ]leu d'imporlance

tout ce qui est défendu par la religion, ainsi les homicides,

les vols et les faux-témoignages; et, s'il s'en abstient, ce n'estpas parce que ce sont des péchés, mais c'est parce qu'ilcraint la loi et le déshonneur: que les adultères pa r proposdéterminé et par confirmation regardent comme rien les

choses saintes de l'Église et de la Religion, on le voit ci

dessus, No 490 à 493, et dans les deux MÉMORABLES, No 500et N° 52!, 522 : il eu est de même si quelqu'un par propos

572 LES VOLUPTtS DI!: LA FOLIE N0 528.

déterminé ou par confirmalion agit contre un autre préûeptedu Décalogue, il agit aussi contre tous les autres, parcequ'il ne considère aucune chose comme péché.

529. Il en est de même chez ceux qui sont dans le bienpar le Seigneur: si ceux-ci pal' la volonté et l'entendement,

ou par propos déterminé et pal' confirmation, s'absliennentd'un selll mal, parce que c'est un lJéché, ils s'abstiennentde tous, et à plus forte raison s'ils s'abstiennent de plusieurs



maux: en effet, d ~ qu'un homme, par propos déterminéou par confirmation, s'abstient de quelque mal, parce quec'est un péché, i l est tenu par le Seigneur dans le proposdéterminé de s'allstenir de tous les autres; c'est pourquoi,si par ignorance, ou parce que quelque convoitise du corpsa le dessus, il fait le mal, ce mal néanmoins ne lui est point

imputé, parce qu'il ne se l'est point proposé, et qu'il ne leconfirme pas chez lui. L'homme vient dans ce propos déterminé, ~ ' i l s'examine une ou dcux fois par an, ct s'il se repent du mal qu'il découvre chez lui; il en est tout autrementde celui qui ne s'examine jamais. D'après ces explications,on voit clairement quel est celui il. qui le péché n'est pas imputé, et quel est celui il. qui il est imputé.

530. V. Ain8i à chacun est imputé l'amour scortatoire, à

savoir, non selon les faits tels qu'ils se présentent dans lesexternes devant les hommes, ni méme tels qu'ils se présenlent devant le juge, mais tcls qu'ils se présentent dans lesinternes devant le Seigneur, et d'après le Seigneur devantlei Anges, c'est-il-dire, selon la qualité de la volonté et laqualité de l'entendement de l'homme dans ces fails. Il y adans le Monde diverses circonstances qui mitigent et excusent les crimes,et il y en a qui les aggravent et les mellent àla charge de celui qui les oommet ; mais toutefois les impu

tations après la mort se font, non pas selon les circonstancesqui sont des circonstances externes du fait, mais selon lescirconstances internes du mental j et celles-ci sont considérées selon l'état de l'Êglîse chez chacun j soiL, pourexemple, un homme impie par volonté et par entendement,c'est-à-dire, qui n'a ni crainte de Dieu, ni amour du pro-

chain, ni par conséquent de respect pour aucune sainteté de

573o 530. se R r : A ~ I O U n SCORTATOIRE.

l'Eglise; cet homme après la morl devient coupable dc lous

les crimes qu 'il a commis de corps, et il n'y a aucun souvenir

de ses bonnes actions, puisque son cœur, d'où ces chose.

ont découlé comme d'une source, avait en aversion le Ciel

et était lourné vers l'Enfer , et. que les actes découlent du

lieu d'habilation du cœur de cbacun; pour que cela soit

c o m p r i ~ , je rapporterai un arcane: Le Ciel est distingué en

d'innombrables S o c i ~ t é s ; pareillement l'Enfer d'après l'op·

posé j et le Mental de chaque homme,selon sa volonté et par



conséquenl selon son entendement habile en actualité dans

une de ces Sociétés, et il se propose et pense les mêmes choa

ses que ceux qui composent celle société i si le Menlal est

dans quelque sociétédu Giel,i1 se propose et pensealors les mê-

mes chose>! que ceux de cette société; s'il est dans quelque so-

ciété de l'Enfer,il se propose et pense aussi les mêmes chosesque ceux qui composent celle société; mais aussi longtemps

que l'homme vil dans le Monde, il passe d'une Société dans

une autre selon les changements des affections de sa volonté

et par conséquent des pensées de son menlal ; mais après la

mort ses pérégrinations sont réunies, el d'après leur réunion

en un il lui est désigné un lieu, s'il est mécbant, dans ['En·

fer; s'il est bon, dans le Ciel. Or, comme chez tous dans

l'Enfer il y a la volonté du mal, c'est d'après elle que tous

y sont considérés, et comme chez tous dans le Ciel il y a lavolonté du bien, c'est d'après elle que tous y sont consi-

dérés ; c'est pour cela qu'après la mort les imputations se

font selon la qualité de la volonté et de l'ent endement de

ch:lCun. Il en est de même des Scortalions, soil qu'elles

soient des Forn ications, ou des Pellicats, ou des Concubi-

nages, ou des Adullilres, puisqu'elles sont imputées à chacun,

non pas selon les fails, mais selon l'état du mental dans les

fails ; car les faits sui,ent le Corps dans le tombeau, mais le

Mental ressuscile.

531. VI. Ainsi à chacun est imputé l'amour conjugal. Il y a

des Mariages où l'amour conjugal ne se monlre pas, et il y

est cependant; el il y a des Mariages où l'amour conjugal

se montre, et cependant i l n'y esl point. Il y a pOUl' l'un et

l'autre cas plusieurs causes, qu'on peut connallre en partie

574 LBS VOLUPTÉS DE LA FOLIZ N· 531.

d'après ce qui a été rapporté sur l'Amour vraiment conjugal,No 57 à 73 ; puis, sur les Causes des Froideurs et des séparations, Nos 234. Il 260 ; et sur les Causes d'amour apparent etd'amitié apparente dans les mariages, Nos 271 à 292 ; maisles apparences d a n ~ les externes ne concluent rien à l'égardde \'lmpulalion: l'unique chose qui conclul, c'est le Con

jugal, en ce qu'il s'établil dRUS la volonté de quelqu'un, et yest conservé, dans quelque état du mariage que soitl'homme; ce Conjugal est comme une balance avec laquelle



cel amour esl pesé; car le Conjugal d'un mari avec uneépouse est le Trésor de la vie humaine, et le Réservoir dela Religion Chrétienne, comme il a été montré ci-dessus, N°'

457, 458: et puisqu'il en est ainsi, cel Amour peut êtrecbez l'un d e deux épouJ( et non en même temps chezl'Illlirc ; et cet Amour peut être caché trop profondément,

pour que l'homme lui-même en découvre quelque chose;il peut aussi être inscl'Îl dans un progrès successif de la vie;et cela, parce que cet Amour dans sa marche accompagnela Religion, el que la Religion, parce qu'elle est le Mariagedu Seigneur et de rÉglise, est ['initiation et l'inoculation decet amour j c'est pour cela que l'Amour conjugal est imputéà chacun, après la mort, selon sa vie spirituelle-rationnelle,et que pour celui il. qui cet Amour est imputé, il est pourvuaprès son décès à un Mariage dans le Ciel, quel qu'ait étépour lui le m a ~ i a g e dans le Monde. De ces considérationsrésulte donc cette observation finale, qu'il ne faut pas,d'après les apparences des ma\'Ïages, ni d'après les apparences des scortations, conclure de qui que ce soit quel'Amour conjugal cst en lui, ou qu'il n'est pas en lui j c'estpourquoi,ll Ne jugez. point, afin que vous ne soyez. point con-

damnés. l l= Malt. VII. 1.

• * * * *

532. A ce qui p r é c è d ~ j'njouterai ce M ~ M O R A B L E . Un jour,je fus élevé quant il mon esprit dans le Ciel Angélique, etlà introduit dans une Société; el alors quelques-uns desSages de cetle 'iociété s'approchèrent de moi, et me dirent:

« Qu'y a-t-il de Nouveau de la terre? " Je leur dis: « Il y

, _ H - .. -


a cela de Nouveau, que le Seigneur a révélé des Arcanes qui,en excellence, surpassenl les Arcanes révélés depuis lecommencemenl de l'Église jusqu'à présent. » Ils deman-

rlèrent quels élaienl ces Arcanes j je dis: « Les voici: I .Dans la Parole il y a dans toules el dans chacune Je seli

choses un Sens spirituel correspondant au Sens nature l, etpar ce Sens il y a conjonction de;; hommes de l'Église avecle Seigneur. et aussi consociation avec les A n ~ e s ; el la



sainteté de la Parole réside dans ce Sens. II. Les Correspondances, donl est composé le Sens spirituel de la Parole, onl

été découvertes. » Les Anges demandèrenl si le!! habilanlsdu Globe savaienl auparavant quelque chose des Correspondance!!. Je dis q u ' i 1 ~ n'en savaienl absolument rien, etqu'elles étaienl restées cachées depuis des millier!> d'années,

à savoir, depuis le temps de Job; et que chez ceux qui onL

vécu dans ce Lemps, el auparavanl, la Science des Correspondances élail la Science d e scieuces, d'où leur venait las a ~ e s s e , parce que c'éta il la Connaissance des choses Spiriluelles qui appartiennent au Ciel el pal' suite à l'Église j

mais que celle Science, ayant été changée en IdOlâtrie, futohlitérée el perd ne, d'après la Divine Providence du Seigneur,au poinl que personne u'en voyail aucune lrace : mais quecependant elle vienl d'êlre dévoilée par le Seigneur, afinQu'il se t'asse une conjonction des hommes de l'Église avecJ,ui-Même, el une consocial ion avec les Anj:(es j et elles sefont par là Parole, dans laquelle toutes el chacune des chosessont des Corrllspondances. L.es Anges furent ravis de joie dece qu'il avait plu au Seigneur de révéler ce grand Arcane,Iii profondément caché pendant des milliers d'années; et ilsdiront que cela avail été t'ail, afin que l'Église ChréLienue,qui est. fondée sur la Parole, el. qui est maintenaul à Bit fiu,

,'evive de nouveau, el lire son esprit du Seigneui' par l c'iel. Ils s'informbrenL si par celle Science il a élé dévoiléIllljourd'hui ce que signifie le Baptême, el ce que signifie la

Sainte Cène, sur lesquels jusqu'à présenl ou a vensé deschoses si rliverses ; el je répondis que cela a été dévoilé. nI.Ensuile je dis qu'auj0urd'hui il a été fait des révélations parle Seigneur sur la Vie dei hommes après la morl. Les Anges

576 LES VOLUVTÉS DE LA FOLIE No 532.

dirent: « Quelles révélations sur la Vie après 1& mort? Qui

ne sait que l'homme vit après la mort? » Je répondis; « On

le sait, et on ne le sait pas; on dit que c'est, non pas

l'homme, mais l'Ame de l'homme, et que celle-ci vit esprit;

et de l'esprit on s'est formé une idée comme du vent ou de

l'éther, ct l'on croit qu'elle ne vi t homme qu'après le jour

du Jugement Dernier, et qu'alors leB choses corporelles,

qu'on Il laissées dans le Monde, quoique rongées par les "ers,

les rats et les poissons, seront rassemblées et de nouveau

rétablies en forme de corps, et que les hommes ressusci



teront ainsi. » Les Anges dirent: « Comment donc? Qui est-

ce qui ne sait pas que l'homme vit homme après la mort,

avec cette seule différence, qu'alors il vit homme spirituel,

et que l'homme spirituel voit l'homme spirituel comme

l'homme matériel voit l'homme matériel, et qu'on n'y con·

nait pas une seule différence, excepté qu'on est dans un étatplus parfait. "IV. Les Anges firent celle question: " Que

sail-on sur notre Monde, et sur le Ciel et l'Enfer? D Je ré-

pondis qu'on ne savaii rien; mais qu'aujourd'hui i l a été

dévoilé par le Seigneur quel est le Monde dans lequel les Auges

et los Esprits vivont,ainsi quel est le Ciel et quel e'st l'Enfer j

puis aussi, que les Anges et les Esprits sont en conjonction

avec les hommes, outre plusieurs Merveilles sur ces sujets.

Les Anges se réjouirent de ce qu'il a plu au Seigneur de faire

ces révélations, afin que l'homme ne soit plus par ignorance

dans l'incertitude sur son Immortalité. V. De plus, je leur

dis: « Il il été révélé aujourd'hui par le Seigneur, que dans

votre Monde il y a un autre Soleil que dans le nOtre j que

le Soleil de votre Monde est pur Amour, et le Soleil de no

tre Monde pur feu; que c'est pour cela que tout ce qui pro-

cède de votre Soleil, puisqu'il est pur Amour, tient de la

Vie, et que tout ce qui procède du nôtre, puisqu'il est pur

feu, ne tien t rien de la vie; et que deIll.

vient la différenceentre le Spirituel et le Naturel , différence qui, jusqu'à pré-

sent inconnue, a été aussi dévoilée. Ces révélations ont faiL

connaltre d'où vient la Lumière qui éolaire de sagesse l'en-

tendement humain, et d'où vient la Chaleur qui embrase

d'amour la volonté humaine. VI. ED outre, il a été dévoilé

~ . - .... =-0lI

v

N° 532. sun L'AMOUR SCORTATOIRE, 577

qu'il y i l 'l'l'ois Degrés de la vie, ct. que par suite il y alrois Cieux; que le Menlal humain a élé d s i en ces lroisDegrés el !lue par suile l'homme eorrespond aux IroisCieux. » Les Anges diren l: « Est-ce qu'on ne savail pascela al1paravanl ?)l Je répondis qu'on avail connaissancedes Degrés cnlre le plus et le moins, mais qu'on ne savaii rien des Degrés

enlre l'antérieur el le poslél'ieur. VII.Les Anges llemandèrenl s'il avail élé révélé plusieurs choses oulre celles-lit. Je répondis qu'il en avait élé révélé plusieurs, à savoir :Sur le Jugement Derniel' ; sur le



Seigneur,qu'il eslle Dieu du Ciel el de la Terre, qu'il n'y a qu'unseul Dieu el en Personne et en Essence, en qui est la DivineTrinilé, el que ce Diel: esl le Se igneur; puis, sur la Nou-velle Église qui doil être inslaurée pal' Lui, el sur la Doc-lr ine de celle Église; sur la Sainteté de l'Écrilure Sainte;

que l'Apocalypse aussi a élé révélée, laquelle n'a pu l' êlre,même quanl à un seul pet il versel, que par le Seigneu r;el de plus sur les Habitants des P a è el sur lei Terresdans l'U nivers; outre beaucoup de rehtions Mémorables etMerveilleuses du Monde spirituel, par lesquelles plusieurschoses qui appartiennenl à la sagesse ont élé dé,oilées duCiel.

533. Les Anges étaienl très-réjouis de toul ce qu'ils ve-naienl d'en lendre, mais ils percevaienl de la tristesse enmoi; el ils me demandèrenl d'où me venail celle tris tesse;je leur dis: « De ce que ces Arcanes aujout'd'hui révéléspal ' le Seigneur, quoiqu'en excellence el en dignité ils surpassenlles Connaissances divulguées jusqu'à ce jour, sontnéanmoins regardés sur la Terre comme n'ayant aucuneimportance, " Les Anges en furenl élonnés, et ils deman

au Seigoeur qu'il leur fûl permis de porler leurs regards SUl' le Monde; el ils les y portèrent, el voici, il n'yavait

que e

elil

leur fUl dit d'éerire ces Arcanessur un Papier, el que le Papier serait jelé sur la Terre, elqu'ils verraient un prodige ; el i l ful fail ainsi, el voici, lePapier sur lequel ces Arcanes avaienl élé écrils fuI jelé duCiel, el dans sa marche, pendanl qu'il était r dans leMonde spir iluel, il brillait comme une éloile ; mais lorsqu'il

1. 33

578 u s vOLUPTÉs DE U FOLIE No 533

pénélrait dans 1. Monde nalurel, la lumière disparaissail; et, à mesure qu'il tombait, elle s'obscurcissait: el,quand il eut élé envoyé par les A.nges dans des Assemblées où étaienl des savants et des érudiLs d'enlre les Ecclésiastiques el les Laïques, il fut entendu de la parl de plu

sieurs un murmure au milieu duquel on distinguait cesmots: « Qu'esl-ce que cela? esl-ce quelque chose? Que nousimporle que nous sachions ces choses, 011 que nous ne lessacbions pas? Ne sont-ce pas des productions .lu cer



veau? " El il semblait que quelques-uns prenaienl le Papier, et le pliaienl, le roulaient elle déroulaienl enlre leursdoiglS pour effacer l'Écriture j et aussi, il semblait que d'aulres le déchiraient, et que d'aulres voulaient le fouler auxpieds; mais ils étaient empêchés par le Seigneur de com

mettre celle action coupable, el il fUl ordonné aux Anges de retirer ce Papier el de le liarder; et comme les Anges élaienl devenus tristes, et pensaienl: u Jusques àquand cela durllra-l-il? II il leur fut dit: « Jusqu'à un

temps, et des temps, et la mottié d'un temps. " - Apoc.

XII. H.534. Ensuite je dis aux Anges qu'il avait encore été révélé

ouelque chose dans le Monde par le Seigneur; ils demandèrent ce que c'étail; je répondis que c'élait sur l'Amourvraiment Conjugal, et. sur ses Délices célestes; les Anges

dirent: "Qui ne sait que les délices de l'Amour conjugal surpassenlles délices de lous les amours? el qni ne peul voir

que dans un cerlain amour onl élé rassemblés toules lesbéalitudes, toules les félicités el Lous les plaisirs qui puissent jamais êlre donnés par le Seigneur, el que le réceptaclede ces cho,es esl l'Amour vraimenl Conjugal, qui peut enun sens plein les recevoir el les per(;evoir ? " Je répondis:

" te s hommes ne savenl pas cela,paree qu'ils ne se sonl pa3adressés au Seignenr, el n'ont poinl vécu selon Iles préceptesen fuyant les maux comme péchés, et en faisanl les biens;or l'Amour vraimenl Conjugal avec ses délices vienl uniquemenl du Seigneur, cl esl donné à ceux qui vivenl selon sesprécepteil ; ainili il est donné à ceUI qui sont re.çus dans la

No 534. IU R L;A1dOUR SCORTATOIRE. 579

Nouvelle Église du Seigneur, entendue dans l'Apocalypsepar la Nouvelle Jérusalem. » A cela j'ajouta i: • Je douteque dans le Monde aujourd'hui on veuille croire que cetAmour en lui, même soit un Amour spirituel, et que par suitei l vienne de la Religion j et cela, parce qu'on ne conserve

de lui qu'une idée corporelle j » alors ~ I me dirent: « Écrissur cet amour, et suis la révélation; et ensuite le Livreécrit'sur cet amour sera envoyé du Ciel par nous, et nous



verroUl si les choses qu'il contiendra seront rcçues, ct en

même temps si l'on veut reconnaître qne cet Amour estselon la Religion chez l'homme, spirituel chez les spirituels,natùrel chez les natu reis, et entièrement chamel chez les

adultères. »

535. Après cela, j'entendis sorLir des lieux inférieurs unmurmure hostile, et en même temps ces paroles :' « Fais des

Miracles et nous croirons. » Et je demandai si cc n'élait paslà des Miracles; el il fut répondu: « Non, ce n'est pas là des

Miracles, » Et je leur dis: « Quels Mimcles voulez-vousdonc? » El ils direnl: « Manifeste et révèle les choses à venir,et nous y aurons foi. » Ptfais je répondis: » De lelles révé

lations ne sont pas données dll ciel, parce qu'autant l'hommeconnaill'avenir, autant sa raison et son entendement, avec

la prudence et la sagesse, tombent dans l'inaction, s'engourdissent et se détruisent. » Et j'adressai celle autre question:« Quels autres Miracles ferai-je? » Et alors on cria: « Faisen de semblables à ceux de Moïse en Égypte, » El je répondis: « PeUL-être, en les voyant, endurciriez-vous vos cœurscomme Pharaon et les Egyptiens?» Et il fut l'épondu :ceNon. n Mais de nouveau je dis: «Assurez-moi que vous nedanserez pas autour du Veau d'or,et ne l'adorerez pas, commeles descendants de Jacob le firent,un mois après avoir YU toute

la montagne de Sinaï en feu, et avoir entendu Jéhovah LuiMêmo parler du milieu du feu j ainsi, après le Miracle quiétait le plus gl'and de tous. " - Le Veau d'or dans le sensspirituel est la Volupté de la chair. - Et il fut l'épandu deslieux inférieul's : « Nous l'\e serons pas comme los descendanls de Jacob, » Mais alors j'entendis qu'il leur fut dit du

580 LES VOLUPTÉS DE LA FoLiE No 535

Uiel : Il Si vous ne croyez pas Moïse el les P l ' o p h è l e s . c ' e 5 ~ · à . dire, la Parole du Seigneur, vous ne croirez pas d'après les

Miracles plus que les fils .de Jaeob dans le déserl, ni plus

qu'ils n'onl cru, lorsqu'ils ont vu de leurs pl'oprell yeux les

Miracles rails par le Seigneur Lui-Même, lluand il élai t dans

le Monde.



FIN.

Em-Swedenborg LES DELICES DE LA SAGESSE SUR L'AMOUR CONJUGAL-4sur5-LeBoysDesGuays 1887

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