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Test : ampli intégré Sugden Masterclass IA-4

Une valeur sûre pour la musique !

Par Antoine Gresland

Prix : 4 990 euros

Durée du test : trois semaines

Date de parution : janvier 2012

Voici deux ans déjà, je testais le Sugden A21SE, le petit surdoué d’un constructeur réputépour ses amplificateurs en classe A. Un mode de fonctionnement qui privilégie clairementl’absence de distorsion, et donc la musique, à la puissance, puisque cet élégant petitchâssis ne propose « que » 30 watts par canal… Oui, mais quels watts ! Je reste encoreétonné des qualités musicales et du sens de la mélodie qu’il a su insuffler à toutes lesenceintes auxquelles je l’ai branché. Mon ami Emmanuel Finot, qui l’utilise tous les jours avec une paire de Pro Ac Response D2, n’en revient toujours pas de l’énergie qu’il est capable de mettre au service du signal et de ses qualités de timbres tellement attachantes.

Tout ça, c’est très bien, mais que doit-on faire si l’on a envie d’aller plus loin en termes de transparence et de contrôle, sans pour autant s’attaquer au monument en éléments séparés de

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la gamme Masterclass ? La réponse, sibylline, pourrait sembler évidente, puisque la gamme Masterclass est aussi dotée d’unintégré, l’IA-4. En abordant la fiche technique, on se pose pourtant des questions : voici unappareil presque deux fois plus gros que son petit frère qui n’offre pourtant que… 3 wattssupplémentaires ! À 4 990 euros, ça fait cher les 10 % ! Évidemment, les choses sontmoins simples qu’elles n’y paraissent, et si le Masterclass IA-4 ne joue pas sur ses musclesapparents pour convaincre, son coffret contient de quoi faire la différence, et pas seulementaux mesures…

Une évolution qualitative pour aller plus loin vers la transparence

Une face avant toute simple, avec un gros bouton poussoir pour la mise sous tension, deux onctueux potentiomètres, crantés pour la sélection des sources et analogique pour le

volume, et deux poussoirs pour activer la sortie monitoring et celle de l’enregistrement. Le reste est un voyant de mise sous tension (à gauche)

et le capteur infrarouge de la télécommande.

Comme disait Pirelli voici quelques années en parlant de ses derniers pneus de haut degamme : « Sans maîtrise, la puissance n’est rien ! » Ce slogan pourra paraîtresuperfétatoire dans le cas d’un amplificateur, et pourtant, ceux qui fréquentent la haute-fidélité depuis longtemps savent bien que tous les watts n’ont pas la même énergie,lorsqu’il s’agit de contrôler des enceintes un peu difficiles. Dans ces conditions, il ne s’agitpas tant de puissance pure que de courant. Malgré sa puissance quasi identique, l’IA-4n’utilise pas exactement le même schéma de base que son petit frère. Il s’agit en fait d’unesection préamplificatrice extrapolée de celle de l’élément séparé LA-4 (lire le test) offrantune entrée phono MM, une entrée symétrique XLR et trois entrées asymétriques RCA.Entièrement symétrique, ce montage cascode offre une plus grande transparence que celuide l’intégré A21SE et attaque directement un étage de puissance classique chez Sugden :des transistors bipolaires « contre-réactionnés » en courant et polarisés en classe A. Uneconfiguration simple, mais qui doit être cuisinée aux petits oignons pour donner sa pleinemesure… et s’adosser à une alimentation confortable. Pour l’IA-4, les ingénieursbritanniques utilisent un transformateur torique à faible perte bobiné spécialement pourSugden qui sert, via deux enroulements secondaires, une configuration double monosérieusement redressée et filtrée par des condensateurs sélectionnés. La qualité defabrication, irréprochable, rappelle aussi que malgré sa fabrication britannique etl’augmentation considérable du prix de l’aluminium et surtout du cuivre, l’IA-4 n’a paschangé de prix depuis sa sortie.

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En plus de ses entrées asymétriques et de son entrée XLR, le préampli du Sugden est également équipé d’une sortie fixe pour l’enregistrement et d’une seconde, variable, pour piloter un bloc de puissance. Les borniers HP sont des modèles plaqués or qui acceptent

aussi bien le fil nu que les fourches ou les bananes.

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Test : ampli intégré Sugden Masterclass IA-4

Un merveilleux compagnon musical aux reins plus solide qu’il n’y paraît.

Le Sugden IA-4 fait partie de ces appareils qui rentrent naturellement dans la vie d’unmélomane. Pas de temps d’adaptation : directement branché sur nos Linn Akurate 242, cegrand costaud au cœur vaillant ne bougera pratiquement plus de mon meuble pendant troissemaines ! Comme son petit frère, le Sugden Masterclass IA-4 est un ampli profondémentsensuel. Oubliez toute notion de puissance ou de rapport signal/bruit et laissez-vousemporter par la musique sans vous poser de question. On est ici dans le plaisir simpled’écouter de la musique, sans chichis, sans faux-semblant.

Un exemple ? Il est trois heures du matin, je viens de finir un article et j’ai envie d’écouter

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un morceau oublié par les pontes de la hi-fi sur mesure. Un morceau simple d’Elton John« sacrifice » issu de l’album Two Rooms, interprété par Sinéad O’connor. Devant moi, unepetite paire d’Harbeth P3ESR (lien sur le banc d’essai) au rendement plus que moyen de84 dB. J’appelle le morceau depuis l’application propriétaire de Naim et je tombelittéralement amoureux de la voix qui s’échappe avec une vérité confondante des enceintes.Les réverbérations un peu outrancières ajoutées au mixage sont d’une évidence rare, la

scène sonore apparaît un peu disproportionnée, mais çan’a pas vraiment d’importance. Le Sugden me metdirectement en contact avec l’émotion.

Le Sugden IA-4, c’est une version totalement épanouiede son petit frère ! Un amplificateur qui parvient à semontrer honnête tout en offrant l’essence même de lamusicalité. Un petit bout de paradis qui se caractérisepar une douceur extrême dans le haut du spectre etune homogénéité de tous les instants et sur tout genrede musique. Sa faible puissance ? Oubliez-la, car elleest toute relative ! D’abord parce que l’IA-4 démontreune réserve de courant peu commune sur sa largebande passante, ensuite parce qu’au niveau usuelauquel nous sommes tenus dans un appartement, cettelimite n’est pas si évidente, tant le Sugden se montreidentique à lui-même à bas comme à fort niveau. Sacapacité à rendre le grain et le timbre des voix sur unfilet de gaz est un vrai bonheur ! D’autant qu’il y alargement assez d’énergie pour faire face à la

dynamique. Bien entendu, sur une paire d’enceintes colonnes au rendement moyen de87 dB telles que nos Linn Akurate 242, l’IA-4 ne démontre pas autant de fougue que lesblocs mono Masterclass testés dans les mêmes conditions l’année dernière. Mais sur ledernier album de Camille Ilo Veyou je retrouve cette impression d’avoir affaire à unsystème de haut de gamme. À peine plus chaleureux que nature, le Sugden parvient àprendre le meilleur de la classe A sans tomber dans la caricature, et si vous le mariez à unesource de haut de gamme, il démontrera sa transparence en reconstituant un espacesonore grandeur nature qui ne semble bordé d’aucune contrainte. Liquide et contrasté à lafois, le signal apparaît analogique dans son meilleur sens.

L’IA-4, c’est un univers de douceur qui met de l’air partout où il passe. Oubliez le basmédium gentiment boursouflé de certains amplis en classe A. La matière qu’il insuffle à lamusique vient de cette capacité à répondre sans la moindre crispation à toute demande dusignal. On ne se pose pas vraiment la question de savoir s’il est lent ou rapide… Sonsens du rythme prouve qu’il est tout à fait dans les temps ! C’est même l’une de sesqualités majeures. Si l’IA-4 n’est pas un ampli nerveux, voire teigneux, comme pourraientl’être un ampli numérique ou certains montages totalement dénués de contre-réaction, ilparvient à reproduire d’une manière exceptionnelle l’intention des musiciens.

Je suis un grand amateur de l’A21SE, dont j’ai eu l’occasion de vanter ici les nombreuxmérites, et je comprends que certains puissent s’interroger comme je l’ai fait moi-mêmesur l’intérêt de dépenser 2 000 euros de plus pour obtenir trois watts supplémentaires. Maisaprès avoir vécu plusieurs semaines en sa compagnie, j’ai compris que les compétences del’IA-4 étaient beaucoup plus étendues que celles de son petit frère. L’intégré Masterclassest plus transparent. On entend plus de choses et l’ouverture sonore qu’il propose est dignede bien des éléments séparés plus onéreux que lui. Ce sentiment d’avoir affaire à unappareil de haut de gamme tient aussi à ce délicat équilibre, cette bande passante d’uneremarquable homogénéité et d’une extension supérieure sur les enceintes un peu difficiles.Il y a plus de « couple », plus d’énergie disponible, c’est clair !

Bien sûr, l’IA-4 ne remplacera pas un couple d’éléments séparés deux fois plus cher que lui dans une grande pièce. Confronté à un système trop imposant, il ne pourra pas démontrer son incroyable justesse de timbres et cette fluidité magique qui en font un intégré exceptionnel. En revanche, je connais pas mal d’amplificateurs plus puissants et plus chers qui ne savent pas communiquer l'émotion comme l’IA-4, que ce soit sur le délicat assemblage d’un opéra de Haendel ou les mélopées sauvages de PJ Harvey. Sur l'album To Bring You My Love de la chanteuse britannique, le Sugden délivre toute la tension sombre de « Dancer », le grain si particulier de la guitare élecrtrique à la fois mat et légèrement saturé, avec un naturel confondant qui donne le frisson. Avec un grave aussi bien dessiné et intégré que celui que l’IA-4 prodigue, une bande passante et une qualité de timbres dignes d’un montage à tubes au mieux de sa forme, le mélomane comme l’audiophile se fait plaisir sans limitation subjective.

Objectivement, on peut descendre encore plus bas en fréquence et accélérer plus fort sur les forte avec une cinquantaine de watts de plus sur une paire d’ATC SCM40 au rendement de 85 dB, mais la frustration ne guettera pas l’amateur de musique, disons, roborative, à moins qu’on ait décidé d’en faire profiter le voisinage ! La sensation de libertéqui se dégage de l’écoute, l’impression d’avoir affaire à de vrais instruments acoustiquessont un plaisir sur le dernier disque de Peter Gabriel « New Blood » comme sur une viole degambe. Dans les deux cas de figure, le Sugden sait parfaitement faire le tri entre les prises

To Bring You My Love | PJ Harvey

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de son, prouvant son appartenance au monde des audiophiles, mais sans se départir decette sensibilité indispensable à ceux qui veulent simplement écouter de la musiquegrandeur nature !

En conclusion

C’est vrai, le Sugden IA-4 n’est pas l’appareil le plus polyvalent de sa génération. Il n’a nientrées numériques ni connexion iPod et n’aligne pas des centaines de watts comme à laparade, mais Dieu qu’il sait faire de la musique ! Avec une transparence et une sensibilitéexceptionnelle, il libère l’émotion contenue dans chaque morceau en démontrant desqualités de modulation et une justesse de timbres de très grande classe. Sa puissancelimitée dans l’absolu ne le destine pas a priori aux enceintes trop gourmandes, mais sescapacités en courant suffisent pourtant à faire chanter une belle colonne de rendementmoyen avec une facilité déconcertante. Musical, raffiné, doté d’un sens du rythmeétonnant, cet intégré Masterclass est capable de constituer le cœur d’un système quicomblera les mélomanes comme les audiophiles. Un must.

Fiche technique :

Dimensions : 430 x 440 x 165 mm Poids : 20 kg Consommation : 297 W Puissance maximale : 2 × 33 W en classe A (8 Ω) Entrées : 3 × RCA, 1 phono MM, 1 magnétophone, 1 symétrique XLR Sorties : 1 tape out fixe, 1 stéréo variable pre out Sensibilité : 125 mV entrée ligne – 2 mV entrée phono MM Réponse en fréquence : 14 Hz – 200 kHz ± 1 dB Rapport signal/bruit : > 100 dB (entrée ligne)

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Système d'écoute : sources : drive C.E.C TL51 Van Medevoort, enregistreur Nagra VI (utilisé en tant que convertisseur N/A et lecteur de fichier), convertisseur Hegel H20, lecteur réseau Linn Akurate DSII ; Naim NDX & ND5 XS ; amplificateur intégré Sugden Masterclass IA-4 ; préamplificateurs : Brinkmann Marconi ; amplificateur : Brinkmann Mono ; enceintes : ATC SCM40, ProAc Response D2, Linn Akurate 242 ; câbles de modulation : Cardas Golden Cross asymétrique, Esprit Eterna Linn Silver Interconnect symétrique ; câble numérique : Esprit Eterna AES-EBU, MPC Audio Absolute coaxial ; câble HP : Fa Dièse Alto, Linn K20 ; accessoires : pieds HRS Nimbus et Millennium M-Puck et plaquettes amortissantes HRS Damping Plate MK II, barrette et câbles secteurs : Neodio PW1 et PCO, Fa Dièse Soprano et Mélodie II,

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22/03/2012http://www.evmag.fr/site.php?page=audio255