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Module 2 Economie et sociologie du développement Les inégalités de développement (partie 1) Objectifs La convergence ou la divergence des évolutions des économies conduit à s’interroger sur les inégalités de développement et sur leurs origines. Après avoir décrit les formes prises par ces inégalités dans le monde contemporain, il conviendra de s’interroger sur la pérennisation et la soutenabilité du développement dans un monde aux ressources finies. Dans ce cadre, comme dans celui du développement en général, on mobilisera les travaux économiques et sociologiques sur le rôle des institutions, notamment le marché et l’Etat. 2.3.1 Les inégalités de développement 2.3.2 Stratégies et soutenabilité du développement 2.3.3 Economie et sociologie des institutions et du développement Commentaires On étudiera les inégalités de développement en montrant qu’elles sont évaluées à l’aune d’un modèle, celui des pays capitalistes avancés, et à travers de nombreux indicateurs. On montrera que leur appréhension n’est pas exemple de références axiologiques et qu’elle est dépendante des instruments de mesure. On montrera que ces inégalités existent entre les pays et au sein des pays. On étudiera la notion de développement en s’interrogeant sur les stratégies qu’il est possible de mettre en œuvre. On montrera que, face aux échecs de certaines stratégies et face à certaines tentatives d’imposition d’un modèle unique, l’éclatement du tiers-monde pose la question de l’homogénéité du développement et renouvelle l’économie du développement. On étudiera la manière dont des contraintes nouvelles en termes d’écologie et de soutenabilité pèsent de plus en plus sur le développement de l’ensemble du monde. On réfléchira aux conditions d’un développement durable, cette soutenabilité du développement nécessitant des stratégies de coopération à l’échelle régionale et mondiale. On étudiera enfin le rôle des marchés et d’autres institutions, comme l’Etat, dans l’émergence du développement. On montrera que marché et Etat sont des constructions sociales qui ont eu, et ont encore, un rôle dans le développement des pays, mais qui ne peuvent être déconnectées de leurs conditions sociales d’émergence. 1. Qu’est-ce que le développement ? 1.1 Développement et sous-développement Document 1 Le mot « développement » en est venu à incarner le modèle de croissance économique dont les pays occidentaux ont été les pionniers, depuis la révolution scientifique du XVII ième siècle et à plus forte raison depuis la révolution industrielle du XVIII ième siècle. La notion de développement a une source biologique (évolution caractérisée par une croissance, extension, augmentation) au sens où l’embryon débouche sur l’animal ou 1

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Module 2Economie et sociologie du développement

Les inégalités de développement (partie 1)

ObjectifsLa convergence ou la divergence des évolutions des économies conduit à s’interroger sur les inégalités de développement et sur leurs origines. Après avoir décrit les formes prises par ces inégalités dans le monde contemporain, il conviendra de s’interroger sur la pérennisation et la soutenabilité du développement dans un monde aux ressources finies. Dans ce cadre, comme dans celui du développement en général, on mobilisera les travaux économiques et sociologiques sur le rôle des institutions, notamment le marché et l’Etat. 2.3.1 Les inégalités de développement2.3.2 Stratégies et soutenabilité du développement2.3.3 Economie et sociologie des institutions et du développementCommentairesOn étudiera les inégalités de développement en montrant qu’elles sont évaluées à l’aune d’un modèle, celui des pays capitalistes avancés, et à travers de nombreux indicateurs. On montrera que leur appréhension n’est pas exemple de références axiologiques et qu’elle est dépendante des instruments de mesure. On montrera que ces inégalités existent entre les pays et au sein des pays. On étudiera la notion de développement en s’interrogeant sur les stratégies qu’il est possible de mettre en œuvre. On montrera que, face aux échecs de certaines stratégies et face à certaines tentatives d’imposition d’un modèle unique, l’éclatement du tiers-monde pose la question de l’homogénéité du développement et renouvelle l’économie du développement. On étudiera la manière dont des contraintes nouvelles en termes d’écologie et de soutenabilité pèsent de plus en plus sur le développement de l’ensemble du monde. On réfléchira aux conditions d’un développement durable, cette soutenabilité du développement nécessitant des stratégies de coopération à l’échelle régionale et mondiale. On étudiera enfin le rôle des marchés et d’autres institutions, comme l’Etat, dans l’émergence du développement. On montrera que marché et Etat sont des constructions sociales qui ont eu, et ont encore, un rôle dans le développement des pays, mais qui ne peuvent être déconnectées de leurs conditions sociales d’émergence.

1. Qu’est-ce que le développement ?

1.1 Développement et sous-développement

Document 1Le mot « développement » en est venu à incarner le modèle de croissance économique dont les pays occidentaux ont été les pionniers, depuis la révolution scientifique du XVIIième siècle et à plus forte raison depuis la révolution industrielle du XVIIIième siècle. La notion de développement a une source biologique (évolution caractérisée par une croissance, extension, augmentation) au sens où l’embryon débouche sur l’animal ou l’homme comme la chrysalide sur le papillon, et cette source a elle-même irrigué les interprétations et dérivations historiques de l’évolution humaine (technique, économiques, philosophiques) jusqu’à passer pour la clé de l’évolution des cultures et des civilisations : la marche irrépressible vers le mieux. Comme l’a montré Jean-Jacques Salomon dans sa critique de l’impérialisme du progrès, « il s’agit toujours d’un trajet et même d’une trajectoire qui doit mener d’un état de moins à un état de plus : la notion de développement est à ce point rattachée à toute l’histoire de l’Occident qu’il est difficile, voire impossible, de la dissocier de la notion de progrès. La notion de développement apparaît plus neutre que celle de progrès, elle est tout autant messianique au sens où l’on sort des limbes vers la civilisation, ou encore où l’on tourne le dos aux primitifs et aux sauvages pour accéder aux sociétés où règnent le droit, la raison ainsi que les vertus de la démocratie. C’est pourtant ainsi que la notion de progrès a pollué la notion du développement : l’impérialisme de la notion a imposé sa marque (…) », et elle a pollué, science aidant, en particulier celle des statistiques, en la présentant comme une réalité mesurable et mesurée : le développement, long chemin qui mène de la tradition à la modernité, des origines de l’humanité à toutes les étapes ultérieures de son évolution, se mesure en fait la croissance du PIB, par quoi les organisations internationales et les instituts nationaux quantifient la manière dont les uns progressent et les autres stagnent ou régressent. De ce point de vue, nous sommes tout à fait fondés à dénoncer la logique économico-technique qui imprègne de part en part la notion de développement. On le voit bien dans la distinction entre pays développés et pays sous-développés : comme chacun sait, cette formule a eu si mauvaise presse qu’on parle plutôt aujourd’hui de pays en voie de développement, ce qui montre bien que, dans

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le trajet qui mène au « niveau » où nous en sommes arrivés, nous autres les pays industrialisés et donc développés, ils sont, eux engagés sur un chemin ou une pente qui n’est qu’un ou deux premiers pas vers « le développement ». (…) Désormais, cependant, l’enjeu véritable n’est pas tant de « dépasser » le développement que de prendre acte de tout ce qui le rend précisément durable ni soutenable sous peine de catastrophe collective. Et cette prise conscience commence bien entendu par une réflexion critique sur l’impérialisme de la notion de progrès en termes vulgairement scientifique, en particulier sur les limites des comparaisons que fonde la mesure du PIB.

Source : Jean-Paul Deléage in « Croissance, emploi et développement. Vol.I », La découverte, 2007, p.107

Document 2La crise des années 1930, puis le contexte économique et politique de l’après-guerre, ont engendré des réflexions sur la capacité de tous les pays du monde à atteindre les niveaux de vie occidentaux, qui ont débouché sur la constitution d’une économie du développement. Cette dernière notion se différencie de celle de croissance : elle désigne un processus plus qualitatif qui implique des transformations à la fois économiques, sociales et politiques. Pour François Perroux l’un des économistes français les plus influents de l’après-guerre, tandis que la croissance est « l’augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux qui rendent la notion apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit global réel » (Perroux, 1961). Dès 1949, Harry Truman distingue les pays « développés » des pays « sous-développés ». Sous l’impulsion des Etats-Unis, des programmes d’aide au développement sont élaborés, afin qu’à long terme, les pays pauvres puissent «  rattraper » les pays riches. Il s’agit de mettre en place dans les pays du Sud, avec l’aide du Nord, des infrastructures productives « modernes », à savoir des pôles industriels. (…) Tout au long des trente glorieuses, le développement est essentiellement pensé dans les pays occidentaux comme un processus linéaire et déterministe, dans lequel ces derniers bénéficieraient d’une longueur d’avance. Telle est la vision – très controversée par la suite – se dégageant des travaux de W.W.Rostow (1963) qui décrivent le développement comme un enchaînement de cinq étapes et analysent la pauvreté de certains pays comme un « retard ». (…) Dès la fin des années 1960, le programme de travail des économistes va être confronté au maintien des écarts de développement, à la crise de l’environnement, et à l’émergence de nouvelles valeurs et préoccupations (les valeurs « post-industrielles »). Dans le monde des idées, on peut déceler à la fin des années 1960 un basculement, se traduisant en l’occurrence par une critique de la croissance économique et du développement qui apparaissent comme des vecteurs de domination de l’Occident sur le tiers-monde. (…) Hors du champ de la science économique, des critiques émanent de la philosophie et de la sociologie, avec l’analyse des ressorts de la société de consommation. La science économique va également être en butte aux résultats d’autres sciences sociales, en particulier de l’anthropologie, qui étudie les sociétés non occidentales. Marshall Sahlins (1972) a montré que, là l’où on voyait grossièrement, depuis l’Occident, malnutrition et pauvreté, il existait en fait des « sociétés d’abondance ». La redistribution l’emporte comme principe d’organisation sociale sur l’accumulation, ce qui procure une croissance économique faible ou nulle au sens des économistes, mais crée néanmoins du bien-être. Dans le même temps, les préoccupations environnementales deviennent l’objet des mobilisations politiques.

Source : Christophe Demazière in « Développement et environnement », Cahiers Français n°337, 2007, p. 5-8Questions sur les documents 1 et 2 :

1) qu’est-ce que l’ethnocentrisme ?2) que cherche à décrire la notion de développement chez F.Perroux ? 3) pourquoi associer développement et progrès ? 4) quelle est la particularité des pays sous-développés par rapport aux pays développés ? 5) quelle critique peut-on faire à la notion de développement ?

Document 3 : les caractéristiques du sous-développementMême si on a pu assister à une divergence forte entre PED au cours des quarante dernières années, certains caractéristiques sont propres au sous-développement. Ces pays sont en premier lieu composés de populations pauvres. (…) même si la pauvreté est une caractéristique importante du sous-développement, les inégalités sont également fortes dans ces pays. Une partie des ressources a souvent été accaparée par une élite au détriment de la majorité de la population. c’est le cas de la propriété terrienne dans un pays émergent comme le Brésil où les latifundia (propriétés de 1000 hectares et plus) représentent plus de 40% des surfaces cultivées pour moins de 1% des exploitations agricoles. (…) Par ailleurs, les PED présentent une structure dualiste de leur économie opposant un secteur traditionnel et un secteur moderne. La tradition, en particulier dans le monde rural, conduit à une activité économique « encastrée » au sens où il s’agit d’une économie de subsistance ne visant pas l’accumulation du capital et qui reste organisée de manière artisanale. Inversement, le secteur moderne s’inscrit dans une dynamique d’accumulation capitaliste. Et si ces deux secteurs coexistent, leur rencontre a pu donner naissance à un secteur informel important. Celui-ci correspond aux activités économiques peu capitalistiques,

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généralement urbaines, qui ne sont pas déclarées. C’est le cas des vendeurs de brochettes ou des cireurs de chaussure (…). Selon une étude de l’OCDE, 60% de l’emploi était informel dans les PVD en 2009, et 75% en afrique subsaharienne. Enfin le sous développement a souvent été associé à une démographique galopante. Il semble cependant que la transition démographique ait débuté dan un grand nombre de PVD, et qu’elle soit terminée dans certains d’entre eux, en premier lieu la Chine.

Source : Manuel « Economie, sociologie et histoire du monde contemporain », A.Colin Questions :

1) en quoi les PVD se distinguent-ils des Pays développés ? 2) quelles devraient être les conséquences du développement de ces pays ?

1.2 De la notion de développement à celle de développement durable

Document 4 : les piliers du développement durableTout d’abord, comment définit-on plus précisément la soutenabilité et le développement durable ? La notion n’est pas nouvelle. Dès les années 1970, dans un contexte qui était déjà un contexte de critique du PIB, Nordhaus et Tobin avaient proposé la construction d’un produit intérieur net corrigé visant à mesurer le niveau maximum de bien-être pouvant être indéfiniment reproduit d’une année sur l’autre par l’économie américaine. La définition proposée en 1987 par le rapport Brundtland fait écho à cette tentative. (…) Le développement durable est celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre celui des générations futures à satisfaire les leurs. Chaque terme de la définition est important. Il s’agit d’une notion dynamique. Elle compare implicitement un niveau de bien être courant et des niveaux de bien-être futur. Elle ne se limite pas a priori aux aspects environnementaux  : la durabilité du développement suppose évidemment la préservation de l’environnement, mais également de l’ensemble des facteurs de production ou des institutions nécessaires à assurer les besoins des générations futures. C’est l’approche dite des trois piliers, mettant en parallèle les dimensions économique, sociale et environnementale du développement. L’initiative de Nordhaus et Tobin, et le rapport Brundtland sont les deux principales racines à partir desquelles se sont développées les nombreuses tentatives de quantification de la durabilité du développement.

Source : Didier Blanchet in revue Regards croisés sur l’économie, « Les économistes peuvent-ils sauver la planète ? », La découverte, p. 88

Questions : 1) quelle est la définition du développement durable ?2) quels sont les trois piliers du développement ?

1.3 Comment mesurer le développement ? 1.3.1 Les limites de l’utilisation du PIB

Document 5 : la mesure du bien-êtreLe fait que dans certains pays (tels que les États- Unis) le PIB soit revenu au niveau d'avant la crise ne rend compte en aucune manière de la perte de bien-être qui a résulté de celle-ci. Avec près d'un Américain sur six exclu de l’emploi à temps plein – le reste étant confronté à l’angoisse de perdre sa maison ou son salaire – et les coupes sombres annoncées dans les dépenses publiques et sociales de base, la perte de bien-être est en réalité considérable. La situation en Espagne est encore pire, avec un taux de chômage supérieur à 20 % en moyenne et presque un jeune sur deux privé d’emploi. Les événements tragiques survenus au Japon cette année peuvent être considérés comme une métaphore de nos problèmes de mesure. Certains suggèrent que, bien que dans le court terme le PIB japonais décline, dans le long terme, il se relèvera suite aux efforts de reconstruction du pays. La catastrophe nucléaire a non seulement angoissé la population, mais elle pourrait bien avoir des effets significatifs sur la santé d’un grand nombre de Japonais. Là aussi, les dépenses nécessaires pour répondre à cette menace pour- raient augmenter le PIB, peut-être même assez pour sortir le Japon de sa lancinante langueur économique. Mais nul ne prétendra que le Japon est en meilleur état après la catastrophe de Fukushima. Il faudrait une énorme augmentation du PIB pour compenser la destruction de capital, de tous les types d'actifs, que l'événement a causée, et pour atténuer l’angoisse face à l’avenir que tant de Japonais ressentent. Or nous ne sommes pas bien équipés – nos indicateurs ne sont pas correctement adaptés – pour mesurer la valeur des actifs perdus ou détruits.

Source : Jean-Paul Fitoussi et Joseph E. Stiglitz, Revue de l’OFCE / Débats et politiques – 120 (2011), p. 312-313

Question :1) pourquoi l’évolution du PIB ne permet-elle pas de rendre compte de l’évolution du bien être d’une

société ?

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1.3.2 Quels indicateurs pour le développement ? Du PIB à l’IDH (et ses variantes)

Document 6 : le revenu moyen par habitant de la Banque mondialeLa Banque Mondiale classe les pays en fonction du revenu moyen par habitant (rapport Revenu national brut/population). Le revenu national brut correspond à la somme entre le PIB et le solde des flux de revenus primaires avec le reste du monde. Ce choix méthodologique récent est important, en particulier pour les pays en développement qui peuvent recevoir des ressources de leurs citoyens expatriés et voir des revenus quitter le territoire. Ainsi pour la Banque Mondiale, 70 économies ont un revenu élevé, mais on trouve dans ce groupe des pays qui pour certains sont considérés en développement ou émergents. Généralement, les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire sont qualifiées d’économies en développement. Cependant, si on considère le revenu par tête de l’ensemble des pays pour chaque tranche, les écarts restent très élevés : 510$ pour les économies à revenus faibles, 3 764$ pour les économies à revenu intermédiaires et 38 658 $ pour les économies à revenu élevé. Classification Revenu national brut annule par

habitant (RNB/H) en $Nombre de pays

Economies à faible revenu RNB/h < 1025$ 36ex : Madagascar

Economies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure

1026$ < RNB/h < 4 035$ 54ex : Inde

Economies à revenu intermédiaire de la transche supérieure

4036$ < RNB/h < 12 475$ 54ex : Chine

Economies à revenu élevé RNB/h < 12 476 $ 70ex : Arabie Saoudite

Question :1) quel est le critère de classement de la banque mondiale ?

Source : Manuel « Economie, sociologie et histoire du monde contemporain », A.Colin

Document 7 : la pauvreté

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete?page=show

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Document 8: l’IDH du PNUDL’indicateur de développement humain est un indicateur synthétique développé par la Programme des Nations-Unies pour le Développement (le PNUD).

Questions :1) quel économiste est à l’origine de l’élaboration de l’IDH ? 2) quels sont les éléments pris en compte dans la mesure de l’IDH ? 3) en quoi cet indicateur se distingue-t-il du RNB/Habitant ? 4) pourquoi rajouter le qualificatif « d’humain » à cet indicateur ?

Document 9: du PIB à l’IDH

Question :1) quelles différences apparaissent lorsque l’on compare la France et les Etats-Unis avec le PIB ou avec

l’IDH ?

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Document 10

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete?page=showQuestions :

1) quel est le poids de chaque indicateur dans la mesure de l’IDH ? 2) observez vous des écarts entre niveau de RNB et niveau de scolarisation ?

Document 11 : l’indice de Gini (sur le revenu)

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete?page=showQuestions :

1) rappelez la définition de l’indice de Gini ;

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2) quels sont les pays où les inégalités sont les plus élevées ?

Document 12 : l’IDHI

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete?page=showQuestions :

1) qu’est-ce que l’IDH ajusté des inégalités ? 2) quelles différences apparaissent entre classement par IDH et classement par IDHI ?

1.3.3 Du développement au développement durable

Document 13 : les indicateurs de bien être courant et futurUn autre message clef, en même temps qu’un thème unificateur du rapport, est qu’il est temps que notre système statistique mette davantage l’accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la production économique, et qu’il convient de surcroît que ces mesures du bien-être soient resituées dans un contexte de soutenabilité. En dépit des déficiences de nos outils de mesure de la production, nous en savons davantage sur la production que sur le bien-être. Déplacer l’accent ne signifie pas désavouer les mesures du PIB et de la production. Issues de préoccupations sur la production marchande et l’emploi, elles continuent d’apporter des réponses à nombre de questions importantes comme celle de la gestion de l’activité économique. Il importe cependant de mettre l’accent sur le bien-être car il existe un écart croissant entre les informations véhiculées par les données agrégées du PIB et celles qui importent vraiment pour le bien-être des individus. Il faut, en d’autres termes, s’attacher à élaborer un système statistique qui complète les mesures de l’activité marchande par des données relatives au bien-être des personnes et des mesures de la soutenabilité.

Source : Rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure des performances économiques et du progrès social, 2009Document 14

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Source : D.Blanchet, Revue de l’OFCE / Débats et politiques – 120 (2011), p. 292Document 15 : les dimensions de la notion de bien être (Commission Striglitz-Sen-Fitoussi)

Pour cerner la notion de bien-être, il est nécessaire de recourir à une définition pluridimensionnelle. À partir des travaux de recherche existants et de l’étude de nombreuses initiatives concrètes prises dans le monde, la Commission a répertorié les principales dimensions qu’il convient de prendre en considération. En principe au moins, ces dimensions devraient être appréhendées simultanément :

i. les conditions de vie matérielles (revenu, consommation et richesse) ; ii. la santé ;iii. l’éducation ; iv. les activités personnelles, dont le travail ;v. la participation à la vie politique et la gouvernance ; vi. les liens et rapports sociaux ; vii. l’environnement (état présent et à venir) ;viii. l’insécurité, tant économique que physique.

Toutes ces dimensions modèlent le bien-être de chacun ; pourtant, bon nombre d’entre elles sont ignorées par les outils traditionnels de mesure des revenus. »

Source : Rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi, p.16Questions sur documents 14 et 15 :

1) quel est l’objectif de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi (2009) ? 2) quelles différences faites vous entre RNB, IDH et les propositions de la commission Stiglitz, Sen et

Fitoussi ?

2 Les inégalités de développement 

2.1 La diversité du tiers-monde Document 16

Parler du tiers-monde ou des PED en général est assez problématique au regard de la diversité des niveaux de développement. Qu’il s’agisse des niveaux de revenu ou des niveaux de développement humain, les écarts peuvent être importants. A la suite du Japon, certains pays d’Asie de l’Est ont entamé dès les années 1960 un rattrapage industriel rapide. Il s’agit des « Dragons » (Corée du sud, Taiwan, Singapour, Honk Kong) également qualifiés de nouveaux pays industrialisés d’Asie (NPIA). Ils sont aujourd’hui classés par la Banque Mondiale parmi les économies à revenu élevé. De manière plus générale, un certain nombre de PED dynamique s’enrichissent rapidement. A l’inverse, certains pays semblent toujours enfermés dans le sous-développement. Il s’agit des 49 pays les moins avancés (PMA) selon la classification de l’ONU. 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Leur revenu annuel moyen par personne est faible, ils ont accumulé peu de capital humain (problèmes de nutrition et de santé, faible niveau d’éducation) et ils sont vulnérables en raison d’une grande exposition aux différents chocs pouvant déstabiliser une économie (catastrophes naturelles), d’autant qu’il s’agit souvent d’économies de petite taille, géographiquement isolées. Entre ces deux catégories, certains pays peuvent être qualifiés de rentiers, à l’image de la Russie (gaz) ou du Nigéria (pétrole). Ces pays tirent leurs ressources de

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l’exploitation d’une matière première, parfois au profit principal d’une minorité, sans que les retombées de cette manne permettent de mettre en œuvre une véritable stratégie de développement économique. Ce manque de diversification sectorielle est connu par les économistes comme « la maladie hollandaise » en référence aux conséquences de la découverte et l’exploitation de gisements de pétrole en Mer du nord par ce pays. Le secteur rentier attire l’élite du pays dont les ressources s’accroissent, et cette élite consomme principalement des produits importés empêchant toute industrialisation nationale. (…) Les inégalités de développement semblent s’être accrue entre PED, particulièrement entre pays émergent et les PMA.

Source : Manuel « Economie, sociologie et histoire du monde contemporain », A.Colin Question :

1) quelle différence peut-on faire entre PVD, PMA, pays émergents ?

2.2 L’évolution des inégalités

Document 17 :mesurer les inégalités mondialesL’inégalité mondiale se définit comme l’inégalité entre tous les citoyens du monde. Peu discutée en tant que telle, elle combine de façon assez complexe l’inégalité entre nations et l’inégalité au sein des nations. Trois questions doivent être posées lorsque l’on parle d’inégalité : l’inégalité « de quoi », « chez qui » et « combien ». S’agissant de la première question, on peut parler d’inégalité de revenu, de patrimoine, de dépense de consommation ou, plus généralement, de bien être économique. Dans une perspective mondiale, on s’intéressera ici aux « niveaux de vie », la moyenne dans un pays étant définie par le revenu national par habitant de ce pays, souvent très proche du PIB par tête, et sa distribution dans la population étant celle que l’on observe auprès des ménages (ce choix peut être critiqué. Le PIB par habitant est un indicateur très imparfait du bien être économique des citoyens d’une nation. Il est cependant pratique et significatif pour des comparaisons internationales, une fois prises en considération les différences de prix entre pays). En ce qui concerne la deuxième question, on s’intéressera à l’inégalité entre les citoyens de cette planète, en distinguant l’inégalité « entre pays » (ou internationale), qui décrit l’inégalité que l’on observerait dans le monde si les niveaux de vie étaient identiques au sein des pays, et l’inégalité « mondiale », qui intègre les disparités nationales de niveaux de vie. En fin de compte, pour mesurer l’inégalité, nous utiliserons trois indicateurs : la part des plus riches (les 1%, 5%, 10% les plus riches), l’écart relatif des niveaux de vie moyens des déciles extrêmes (les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres) et le coefficient de Gini. Une dernière question de définition doit être abordée : celle de la différence entre inégalité et pauvreté. On peut objecter aux mesures précédentes qu’elles sont essentiellement relatives. Que les 10% les plus pauvres aient un niveau de vie égal au 1/10 des 10% les plus riches n’a pas pourtant la même signification en Inde et au Luxembourg. (…) Il est donc important d’introduire une norme absolue dans l’évaluation de l’inégalité mondiale. Une façon commode est de définir un seuil absolu de pauvreté et de compter le nombre de personnes en dessous de ce seuil. Le seuil le plus couramment utilisé aujourd’hui est celui de 1,25 dollar par jour et par tête, soit à peu près 1 euro, à pouvoir d’achat international constant (au prix de 2005).

Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La république des idées, 2012, p.11-12

2.2.1 Le recul de l’inégalité mondiale depuis la fin du XXième siècle

Document 18 : l’évolution de l’inégalité entre pays L’évolution de l’inégalité entre pays reflète essentiellement la logique de croissance de l’économie mondiale, et son processus de diffusion démographique. Au début du 19ième siècle, la révolution industrielle entraîne le décollage des pays d’Europe occidentale, puis celui de leurs ex-colonies dans le Nouveau Monde à commencer par les Etats-Unis. Pendant un siècle et demi, la croissance économique mondiale est presque exclusivement concentrée dans ces pays qui comptent 1/5ième de la population mondiale. L’écart de croissance tend à s’amenuiser après la seconde guerre mondiale, et la croissance de l’inégalité entre pays ralentit, voire s’arrête. A la suite du Japon, qui décolle dès l’entre-deux-guerres, les « dragons asiatiques » connaissent à leur tour une forte croissance. Durant la seconde guerre mondiale, la croissance s’était accélérée en Amérique latine à la suite d’une politique vigoureuse de substitution aux importations. Elle devient aussi plus rapide dans les colonies européennes qui accèdent à l’indépendance. Finalement l’écart entre les rythmes de croissance des pays développés et des pays en développement s’inverse au tournant du 21 ième siècle. Depuis, maintenant une vingtaine d’années, un processus de rattrapage s’est engagé. Il a d’abord concerné des pays asiatiques, notamment les géants indiens et chinois, puis il s’est étendu à la plus grande partie du monde en développement, y compris récemment à l’Afrique subsaharienne. (…) On peut penser que le monde en développement, pris de manière globale, est entré dans un processus soutenu de rattrapage des pays riches. La mondialisation explique en partie le renversement de tendance. L’accès aux marchés et aux technologies des pays du Nord a en effet joué un rôle dans l’accélération de la croissance

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dans les pays émergents du Sud. Bien sûr ce raisonnement ne signifie pas que tous les pays en développement connaissent un processus durable de croissance. (…) De façon générale, cependant, on peut penser que la hausse séculaire de l’inégalité entre pays, qui a marqué le 19ième siècle et une bonne partie du 20ième siècle, s’est arrêtée.

Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La république des idées, 2012, p.24-25Question :

1) quelles sont les grandes étapes de l’évolution de l’inégalité entre pays ?

Document 19 : l’évolution de l’inégalité mondialeLes avis sur l’évolution de l’inégalité mondiale des niveaux de vie divergent. Il est fréquent d’entendre dire que « les inégalités ne cessent de s’accroître ». (…) Mais on entend également dire que le formidable développement de la Chine, et plus généralement des pays émergents, contribue à une réduction spectaculaire de l’inégalité et de la pauvreté mondiales. Qu’en est-il effectivement ? Si l’on s’en tient à la définition usuelle de l’inégalité (entre les niveaux de vie des individus qui composent la population), alors son évolution ne fait aucun doute. Ce retournement a eu lieu il y a plus d’une vingtaine d’années. Deux faits majeurs sont observables sur cette figure. Le premier est l’explosion de l’inégalité mondiale tout au long du 19ième siècle et de la plus grande partie du 20ième siècle. La révolution industrielle, au début du 19 ième

siècle, marque « le décollage » des grandes économies d’Europe occidentale et l’apparition de disparités accrues dans un monde, où jusque-là, l’inégalité existait essentiellement au sein des espaces nationaux. L’augmentation est continue jusqu’au dernier quart du 20ième siècle, à l’exception d’une légère égalisation au lendemain de la seconde guerre mondiale, principalement due à la mise en place dans plusieurs pays de politiques redistributives (auxquelles il faut ajouter les effets de la révolution chinoise et l’intégration de l’Europe centrale et orientale au bloc soviétique). La hausse est impressionnante. De 1820 à 1980, l’écart entre les 10% les plus riches du monde et les 10% les plus pauvres a été multiplié par 3. (…) Le second fait marquant est la décrue observée à partir de 1989. (…) En vingt ans, le coefficient de Gini ou encore l’écart relatif entre les 10% extrêmes ont diminué presque autant qu’ils avaient augmenté depuis 1900. Le tournant du millénaire marque un retournement historique de l’inégalité dans le monde. On observe un renversement analogue en matière de pauvreté absolue. La croissance économique a entraîné une baisse continue de la proportion de personnes en situation de pauvreté dans le monde. (…) Conjuguée à la croissance démographique, il n’est pas certain cependant que cette baisse de la proportion de pauvres ait été suffisante pour empêcher l’augmentation de leur nombre absolu. La population en situation de pauvreté extrême comptait environ 1,4 milliard de personnes en 1929, juste au début de la grande crise. Elle en comptait 2 milliards vers 1980, malgré la baisse de la proportion de pauvres dans le monde. Elle est aujourd’hui à nouveau proche de 1,4 milliard. On pourrait donc conclure que le nombre de pauvres dans le monde n’a pratiquement pas changé depuis un siècle et douter des vertus du développement économique. la grande différence, cependant, est que nous nous trouvons depuis une vingtaine d’années dans une phase de diminution rapide, après une hausse séculaire qui paraissait inexorable. Depuis les années 1990, le nombre de pauvres a baissé de 500 millions d’individus. Pour la première fois depuis la révolution industrielle, il y a deux siècles, le progrès économique domine la croissance démographique. Le retournement est là aussi spectaculaire.

Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La république des idées, 2012, p.11-12Question :

1) quelles sont les étapes de l’évolution de l’inégalité des niveaux de vie dans le monde ?

Document 20 :

Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La république des idées, 2012, p.19

Document 21 : une situation paradoxale

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Paradoxalement, alors que l’inégalité mondiale est en train de baisser, la différence entre les extrémités de l’échelle des revenus nationaux continue d’augmenter. Sans pondération par les populations, les 15 pays les plus riches avaient un niveau de vie moyen 40 fois supérieur à celui des quinze pays les plus pauvres en 1989. Ce rapport était supérieur à 60 en 2006. La croissance exponentielle des pays asiatiques et les performances plutôt médiocres de plusieurs pays africains au cours des 20 ou 30 dernières années expliquent cette apparente contradiction. (…) De fait, il est remarquable que la composition des pays les plus pauvres se soit radicalement modifiée au cours du temps. Parmi les quinze pays les plus pauvres, environ la moitié (dont plusieurs pays asiatiques) ont quitté ce groupe au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, on y trouve principalement des pays africains, dont plusieurs (Rwanda, Sierra-Léone, Libéria, Madagascar) sont entrés en décroissance à la suite de conflits intérieurs. Que faut-il alors penser ? Quelle définition retenir ? en fait, les deux sont importants. Si l’on veut avoir une perspective mondiale et considérer l’ensemble des citoyens du monde, on ne peut faire abstraction du poids démographiques des divers pays, et c’est la courbe d’inégalité mondiale qu’il faut privilégier. On peut alors dire que, après deux siècles de croissance continue, l’inégalité mondiale a amorcé un reflux notable depuis 20 ans. Mais ceci ne doit pas masquer le fait qu’un petit nombre de pays, moins peuplés, ont pris un retard important sur le reste du monde. Pire, les pays les plus pauvres aujourd’hui sont plus pauvres que leurs homologues d’il y a vingt ans. En d’autres termes, certains pays n’ont pas profité de l’enrichissement mondial et se sont éloignés un peu plus du sommet ou même de la partie médiane de la distribution. La diminution de l’inégalité mondiale ne doit pas cacher ces aspects préoccupants, relatifs à quelques pays.

Source : Manuel « Economie, sociologie et histoire du monde contemporain », A.Colin Question :1) quelle est le paradoxe derrière le recul de l’inégalité mondiale des niveaux de vie ? comment l’expliquer ?

2.2.2 L’augmentation des inégalités intranationales

Document 22Pays Années Gini Années

2007Gini Variation Pib/hab

1992, $Pib/hab2008, $

Brésil 1990 0,595 2008 0,553 4800 6429Mexique 1995 0,509 2003-07 0,467 6333 7979Chine 1992 0,392 2005 0,485 2132 6725Pologne 2000 0,312 2005 0,363 4842 10160Afrique du sud

1993 0,544 2005 0,595 3566 4793

Inde 1992 0,370 2004 0,410 1345 2975Allemagne 1990 0,266 2008 0,296 16891 20801USA 1990 0,348 2008 0,378 23298 31178France 1990-95 0,284 2008 0,293 17994 22223

Source : Morrison et Murtin « Inégalités interne des revenus et inégalité mondiale », Ferdi, 2011Questions :

1) remplir la colonne variation de l’indice de Gini (soustraction) ; 2) que constatez-vous ?

Document 23Un mouvement opposé est apparu à l’intérieur de chaque nation : les inégalités internes semblent s’accroître, dans les pays en développement comme dans les pays développés. Pour ce qui concerne les grands émergents d’Asie que sont la Chine et l’Inde, la pauvreté absolue a bien diminué, mais les inégalités se sont accrues. (…) Pour la Chine, cet accroissement s’explique en premier lieu par l’abandon progressif des principes égalitaires et de la propriété collective imposés par le régime jusqu’aux réformes de la fin des années 1980. Il s’explique également par l’insertion dans l’économie mondiale, en particulier dans des secteurs intensifs en capital ou /et en qualifications (services informatiques en Inde, produits manufacturés en Chine) qui donnent lieu à de la distribution de revenus plus élevés. Il convient de noter que les pays d’Amérique latine ont connu à l’inverse une réduction de leur coefficient de Gini, même si celui-ci reste à des niveaux élevés.

Source : Manuel « Economie, sociologie et histoire du monde contemporain », A.Colin Question :

1) comment expliquer l’essor des inégalités intranationales ?

Document 24Initialement élevée, l’inégalité interne aux pays a légèrement augmenté au cours du 19 ième siècle. Elle a ensuite décliné de façon très sensible entre la fin de la première guerre mondiale et l’après seconde guerre mondiale, au début des années 1950. La mise en place de puissants systèmes de redistribution a fortement réduit l’inégalité dans la plupart des pays développés. Mais la baisse de l’inégalité moyenne au sein des pays doit aussi à

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l’égalitarisme imposé sur leurs territoires par les révolutions russes et chinoises, ainsi qu’à la formation du bloc soviétique après 1945. Après cette baisse, on observe un palier jusqu'au tournant des années 1980. Depuis, l’inégalité a recommencé, lentement mais sûrement à croître. (…) L’inversion de la tendance est très nette, elle est même en voie d’accélération. (…) Si cette tendance se confirme cela signifie que l’évolution de l’inégalité mondiale est en train de prendre un tour radicalement différent. Le développement plus rapide des pays émergents et, dans une moindre mesure, des pays en développement contribue à diminuer l’inégalité des niveaux de vie entre habitants de la planète. Mais la hausse des inégalités dans les territoires nationaux tend au contraire à l’augmenter. Aujourd’hui, le premier mouvement domine le second et l’inégalité totale diminue. Mais on peut craindre que cette évolution ait des limites et que l’augmentation de l’inégalité à l’intérieur des pays s’accélère et remplace progressivement l’inégalité entre pays. On entrerait ainsi dans un processus d’internalisation de l’inégalité mondiale au sein des communautés nationales, l’inégalité entre américains et chinois se voyant progressivement remplacée par l’inégalité entre riches et pauvres américains et riches et pauvres chinois.

Source : François Bourguignon « La mondialisation de l’inégalité », La république des idées, 2012, p.26-27Question :

1) quelles sont les grandes étapes de l’évolution des inégalités intranationales ?

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