Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la...

4
REVUE WELEDA 127 18 Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE Le problème de base de l’éco- logie est la motivation. Qu’est- ce qui nous pousse à faire des efforts pour sauver la planète ? Au-delà des nécessités et des mots d’ordre, il faut recréer le lien avec la nature. TEXTE : JEAN-MICHEL FLORIN PHOTOS : ALEKSANDER PILAT, ODILON DIMIER ET CIARAN GRIFFIN C onsidérons le déroulement classi- que de notre journée. combien de temps, à quels moments sommes- nous en relation avec la nature ? au cours des dernières décennies, notre vie quo- tidienne a changé de manière radicale. nous passons la majeure partie de notre temps à l’intérieur, dans un univers hyper mécanisé : écrans, véhicules et autres machines élec- troménagères ou industrielles. une grande Hêtre en Forêt Noire. Dessin à la plume d’Henri Ulrich. Paru dans BAUMGESTALTEN, Editions Urachhaus, Stuttgart, 1984.

Transcript of Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la...

Page 1: Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la revue de l’agriculture, du jardinage et de l’alimentation bio-dynamique en France,

REvuE WElEda 12718

Ecologie

Recréons notre LiEN avec la NATURELe problème de base de l’éco-logie est la motivation. qu’est-ce qui nous pousse à faire des efforts pour sauver la planète ? au-delà des nécessités et des mots d’ordre, il faut recréer le lien avec la nature.

TExTE : JEaN-MIChEl FloRIN

PhoToS : alEkSaNdER PIlaT, odIloN dIMIER ET CIaRaN gRIFFIN

c onsidérons le déroulement classi-

que de notre journée. combien de

temps, à quels moments sommes-

nous en relation avec la nature ? au

cours des dernières décennies, notre vie quo-

tidienne a changé de manière radicale. nous

passons la majeure partie de notre temps à

l’intérieur, dans un univers hyper mécanisé :

écrans, véhicules et autres machines élec-

troménagères ou industrielles. une grande

Hêtre en forêt noire. dessin à la plume d’Henri ulrich. Paru dans bAuMgesTALTen, editions urachhaus, stuttgart, 1984.

Page 2: Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la revue de l’agriculture, du jardinage et de l’alimentation bio-dynamique en France,

REvuE WElEda 12720 REvuE WElEda 127 21

Ecologie

partie des matériaux qui nous entourent sont

synthétiques : du faux bois, des arômes, des

odeurs, des couleurs artificielles ... et pour

nous promener, nous munissons nos sens

de « prothèses » : appareil photo, jumelles

et lecteur mp3, au cas où le chant des oiseaux

serait trop monotone …

que nous arrive-t-il ? avons-nous encore les

pieds sur terre ou vivons-nous dans une bulle

virtuelle ? comment nous réapproprier notre

expérience du monde ?

Les conséquences de cette situation sont

plus importantes qu’on le pense. d’une part,

nous avons tendance à appliquer à la nature les

règles issues du monde des machines, d’autre

part la difficulté à entrer en relation avec la

nature est devenue un tel problème que l’on

parle déjà de « syndrôme de déficit de nature »

aux etats-unis.

Les allergies croissantes à toutes sortes de

substances naturelles, au soleil, à l’eau, etc.,

constituent un autre symptôme de notre

éloignement de la nature. quand mon corps

réagit de façon exagérée à une substance issue

de la nature, c’est qu’il ne parvient pas à la

« reconnaître ». ainsi, il existe des bébés qui

ne supportent plus la moindre alimentation

naturelle, si bien qu’il faut les nourrir avec des

aliments totalement artificiels, comme des

cosmonautes ! rendons-nous compte de ce

que cela veut dire : à peine né, un être humain

ne supporte aucun élément de cette terre sur

laquelle il vient d’arriver et qui est le substrat

de toute vie …

La nature n’est pas une marchandise

aujourd’hui, il est courant d’opposer l’hom-

me et la nature comme s’il s’agissait de deux

choses différentes. ce point de vue occidental

est assez récent dans l’histoire de l’humanité.

L’ethnologue Philippe descola montre que

nombre de peuples d’amazonie considèrent

les plantes et les animaux comme des frères de

l’homme sans différence fondamentale.

Nature Deficit Disorder :une génération en manque de nature

dans son livre ThE laST ChIld IN ThE WoodS*, le journaliste et éditorialiste américain Richard louv fait un trou-blant constat : de nombreux enfants, trop peu en contact avec la nature, souffriraient du « nature-deficit dis-order », autrement dit d’un trouble déficitaire lié à une carence en nature. Études scientifiques et interviews de parents et d’environnementalistes à l’appui, il démontre les vertus du simple fait d’être dehors. Son livre est un vibrant plaidoyer pour un contact régulier et durable avec la nature. Pour en savoir plus : www.espaces.qc.ca/espaces/html/rencontres/rencontres38.shtml

*Paru en américain chez aLGONquIN BOOKS OF CHaPeL, en 2006.

cette séparation de l’homme et de la nature,

qui a essentiellement débuté à la renaissance

avec l’évolution des sciences, est allée de pair

avec une réification ou chosification de la

nature, c’est-à-dire la réduction des êtres vivants

à de simples objets. déjà descartes, au xviie

siècle, considérait les animaux comme des

machines. cette conception a abouti à ce qu’on

appelle la marchandisation : tout est devenu

marchandise. tout est à vendre : la terre, l’eau,

l’air, la lumière, les plantes, les animaux, à tel

point que l’on cherche aujourd’hui à évaluer le

prix de la nature pour la protéger car ce qui n’a

pas de prix n’a pas de valeur.

cependant, c’est en se détachant de la nature

que l’être humain a pu s’individualiser. s’étant

progressivement, au cours des générations,

affranchis de la nature, puis de leur clan, de leur

famille, voire de leur peuple, nos ancêtres se

sont mis en quête de liberté individuelle. Profi-

tant de ces acquis, chacun d’entre nous est, dans

une certaine mesure, séparé du reste du monde,

mais il bénéficie de la liberté de créer les liens

qu’il choisit avec les hommes et la nature. Les

mouvements d’émancipation de l’être humain

(féminisme, antiracisme, anticolonialisme,

etc.), issus de ce processus d’individualisation,

se sont finalement étendus à des mouvements

de protection de la nature. L’être humain a

extrapolé l’exigence du respect des droits de

l’homme à ceux des autres êtres vivants que

sont les plantes et les animaux. aujourd’hui,

nous naissons sans ce lien instinctif à la nature

qu’avaient nos lointains ancêtres. elle nous est

étrangère, surtout à nous, habitants des villes.

Pour retrouver ce lien et le cultiver, il nous faut

le vouloir consciemment.

on ne protège que ce qu’on aime

de plus en plus de personnes, généralement

regroupées dans des associations de protection

de la nature, s’engagent de façon délibérée

à préserver des biotopes, des plantes et des

animaux. ce phénomène a débuté il y a environ

un siècle. cette aspiration s’exprime aussi à

travers l’actuelle profusion de magazines, films,

séjours nature, etc. Le bio est très à la mode, et

pourtant, la destruction de la nature continue.

où est le problème ?

un premier constat : les résultats d’enquêtes

sur l’effet des politiques d’éducation à l’environ-

nement, débutées il y a une trentaine d’années,

ont montré qu’il ne suffit pas d’expliquer aux

citoyens, à grand renfort de vulgarisation

scientifique, à quel point la nature est complexe,

fragile, et qu’il faut la protéger. c’est-à-dire qu’il

ne suffit pas de savoir pour vouloir changer

son comportement. chacun d’entre nous, s’il

est honnête avec lui-même, sait très bien ce

qu’il faudrait faire pour améliorer la situation

écologique sur la planète. mais, cherchons en

nous-mêmes : qu’est-ce qui nous incite vraiment

à changer de manière d’être et d’agir ? en général,

l’élément déclencheur est un événement qui

nous a touché au fond du coeur, la rencontre

inopinée avec un être vivant, plante ou animal,

avec lequel nous avons su entrer en contact.

il peut arriver que l’on se soucie beaucoup réapprenons cette faculté essentielle : l’étonnement.

Page 3: Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la revue de l’agriculture, du jardinage et de l’alimentation bio-dynamique en France,

REvuE WElEda 12722 REvuE WElEda 127 23

bIodyNaMIS, la revue de l’agriculture, du jardinage et de l’alimentation bio-dynamique en France, a consacré son hors-série n°5 à l’observation du vivant selon la méthode de goethe. Elle s’applique aussi bien à la botanique et la zoologie qu’à la géologie et la météorologie, comme l’évoquent les auteurs de cet ouvrage. au sommaire :

• goeffroy Saint-hilaire et goethe - la naissance de l’idée de l’évolution des espèces ;

• l’approche goethéenne – vers un partenariat avec les êtres de la nature ;

• Quelle importance a, pour nous, la terre ?

• la lune, cet astre si contradictoire ;

• la météorologie et les 7 processus de vie ;

• Introduction à l’approche de la nature selon goethe ;

• les animaux domestiques – une autre façon de les regarder

• l’évolution des animaux

• le développement de l’enfant et l’évolution du règne végétal…

des contributions originales et non conformistes, qui élargissent notre champ de vision sur cette nature qui est le substrat de notre vie. Pour les passionnés de nature et les curieux de nature.

OBSeRveR Le v IvaNT, 80 pages, peut être commandé sur la boutique en ligne de www.bio-dynamie.org ou par courrier au Mouvement de Culture Bio-dynamique (cf adresse page 24).

Son prix : 5 € + 3 € de frais de port.

Ecologie

plus d’une simple plante d’appartement avec

laquelle on a tissé un lien que des nombreuses

autres plantes de la forêt tropicale, que l’on sait

menacées, mais que l’on ne connaît pas.

réapprendre à créer des liens avec la nature,

telle est la condition d’une réelle attitude éco-

citoyenne, librement choisie. il ne suffit pas

de comprendre avec la tête , il faut aussi sentir

avec le cœur. st exupéry n’a-t-il pas dit : « on

ne voit bien qu’avec le coeur » ?

eco-attitude : prise de conscience individuelle ou règles imposées ?

je veux évoquer ici une nouvelle tendance,

que l’on appelle l’éco-attitude. bien entendu,

plus il y aura de consommateurs responsables

et respectueux de la planète dans leurs gestes

et attitudes au quotidien et mieux notre terre

s’en portera. bien entendu, il est bon d’être

informé sur les bonnes habitudes à prendre.

c’est ainsi qu’au nom de l’éco-attitude, on voit

fleurir une multitude de conseils et de directives

en tout genre, partant généralement d’une

bonne intention : éteignez la lumière, baissez

le chauffage, faites ceci, faites cela. mais quelle

image de l’homme se cache finalement derrière

cela ? faut-il que nous soyons littéralement

dressés pour devenir éco-responsables ? Les

actes éco-citoyens doivent-ils être imposés

par des lois, des règles, ou choisis librement ?

de nos jours, la tendance forte de l’éducation

à l’environnement est le ton de l’autorité, du

commandement. même si l’information et

certaines obligations sont utiles et nécessaires,

en allant jusqu’au « dressage », on rabaisse

l’humain à l’animal. ne l’oublions pas : dans

« éco-responsable », il y a responsable.

il nous faut donc trouver une méthode

nous permettant de nous relier activement à la

nature pour que, peu à peu, nous nous sentions

responsable d’elle.

Auprès de mon arbre…

choisissez un grand arbre et mettez-vous à

l’observer. en étant honnête avec soi-même, on

se rend compte que seul devant son arbre, on ne

sait pas vraiment comment établir un lien. La

Observer la nature comme Goethe : partir des phénomènes

au cours des 5 derniers siècles, en mar-ge du courant dominant de la science matérialiste, un courant de penseurs s’est attaché à l’étude du vivant selon une approche non réductionniste. l’un des grands noms de cette mouvance est goethe, qui, au xvIIIe siècle, développa une méthode d’observation phéno-ménologique fine et différenciée : partant des phénomènes, il observait une roche, une plante ou un animal selon des approches différentes, et sans jamais projeter dessus un modèle scientifique préétabli. une plante ne se réduit pas à un mécanisme capable de produire de la chlorophylle à partir de la lumière solaire. Pour découvrir ce qu’elle est réellement, il faut observer comment elle déploie la richesse de ses formes à travers tous les stades de son développement. Elle ne se révèle que dans la durée, comme une partition musicale.

Cette approche du vivant a été déve-loppée par tout un courant de pensée aux xvIIIe et xIxe siècles. En alle-magne, on peut citer herder, C. g. Carus, Novalis et tout le courant de la « Naturphilosophie » ; aux Pays-bas, louis bolk ; dans les pays nordiques, Steffens. En France, certains auteurs romantiques comme Rousseau et geor-ges Sand ou des scientifiques comme geoffroy St hilaire se sont rapprochés de cette recherche. aux Etats-unis, des philosophes et naturalistes de la même lignée ont fondé le groupe des transcendantalistes, avec notamment Emerson et Thoreau, qui ont écrit des pages splendides sur la nature.

a la fin du xIxe siècle, Rudolf Steiner se consacra à l’étude des travaux scien-tifiques de goethe, pour en expliciter la méthode, ce qui fit l’objet de publi-cations comme par exemple « la méta-morphose des plantes »*, aujourd’hui, des scientifiques comme les anglais Rupert Sheldrake et henri bortoft et l’allemand Wolfgang Schad s’inspirent de la méthode goethéenne pour élargir leur champ d’investigation au-delà des méthodes analytiques.

* editions Triades, Paris

nature ne nous parle plus directement comme

c’était encore le cas pour Paracelse, qui lisait

le « langage de la nature ». Le grand écrivain

allemand hermann hesse décrit ce fait dans un

très beau texte en hommage à goethe : « d’autres

époques, des époques anciennes à la conquête

de la terre par la technique et l’industrie, ont

été sensibles à la merveilleuse langue des

signes de la nature, l’ont comprise et ont su

la lire plus simplement et plus innocemment

que nous. cette sensibilité n’était absolument

pas sentimentale. Le rapport sentimental de

l’homme à la nature est relativement nouveau ;

peut-être n’est-il né que de notre mauvaise

conscience vis-à-vis d’elle … » 1

alors, comment faire ? devant mon arbre,

un certain nombre d’idées toutes faites me

viennent à l’esprit, selon mon niveau de for-

mation scientifique et mon intérêt personnel :

son nom, le fait que ses feuilles servent à la

photosynthèse, des schémas de molécules,

etc. mais tout cela ne m’aide guère à me relier

à l’arbre concret qui est devant moi, ici et

maintenant. Pour véritablement « rencontrer »

la nature, il me faut d’abord me libérer de tous

les modèles intellectuels qui encombrent ma

tête. je dois créer un espace ouvert en moi pour

accueillir ce que « dit » cet arbre à mes sens. et

il me faut réapprendre cette faculté essentielle :

l’étonnement. Laissons à nouveau la parole à

Observer le vivant en élargissant notre champ de vision

Page 4: Ecologie Recréons notre LiEN avec la NATURE...22 REvuE WElEda 127 R Evu l da 127 23 bIodyNaMIS, la revue de l’agriculture, du jardinage et de l’alimentation bio-dynamique en France,

REvuE WElEda 12724 REvuE WElEda 127 25

Ecologie

hermann hesse : « les choses commencent

avec l’étonnement et finissent aussi avec lui,

et pourtant le chemin parcouru n’est pas vain…

chaque fois que j’appréhende par le regard

ou un autre sens une fraction de la nature,

qu’elle m’attire ou m’envoûte, qu’un instant

j’en découvre l’existence, qu’elle se révèle à

moi, … je ne fais rien d’autre que m’étonner

à la manière de goethe … » 1

ainsi, tous mes sens en éveil, je découvre

de multiples aspects de l’arbre observé : la

compacité du tronc, sa densité, la rugosité de

l’écorce, le mode de ramification des branches,

l’épaisseur des rameaux, l’implantation des

feuilles, leur forme, leur couleur …

dans un deuxième temps, je peux essayer

de recréer intérieurement l’image de l’arbre

en me remémorant toutes mes perceptions.

en répétant régulièrement ces observations

au fil des saisons et même au fil des années, je

ferai l’expérience concrète de la croissance de

l’arbre. et, pas à pas, je me lierai toujours plus

intimement à cet arbre ; j’aurai l’impression

d’avoir fait connaissance avec un être qui vit,

et plus seulement une chose. je commencerai à

le saisir de l’intérieur, à comprendre sa nature

profonde … ainsi, au lieu de se dissoudre dans

un univers cérébral et froid, fait de représenta-

tions, de définitions, et de formules chimiques,

mon arbre prendra toujours plus de relief, de

texture, de couleurs, en bref, de vie …

et finalement, si je poursuis ces observations

régulièrement, comme le Petit Prince de saint

exupéry avec sa rose, je me sentirai lié à cet arbre

que j’aurai « apprivoisé » et je m’en sentirai

responsable. Pour véritablement respecter la

nature, il faut recréer des liens avec elle ; des

mots d’ordre et des lois n’y peuvent suffire.

se régénérer par la rencontre avec la nature

ce faisant, on se rend compte que cette

rencontre active, sensible, avec la nature ap-

porte de multiples bénéfices : elle renforce le

sentiment d’exister sur terre, nourrit et vivifie

nos organes des sens hypersollicités, sacrifiés

par la civilisation moderne .

cultiver sa faculté d’étonnement et d’émer-

veillement enrichit notre vie intérieure, et

elle est bénéfique pour notre équilibre psy-

chique. on se « pose », on s’apaise : c’est ici et

maintenant, on prend le temps, on goûte au

moment présent, intensément. on cesse pour

un moment de courir après le temps perdu …

en redécouvrant les rythmes de la nature,

du cycle des saisons, on se ressource et l’on

percevoit la réalité du temps qui s’écoule avec

ses multiples nuances.

avec le temps, il arrive qu’une telle démar-

che éveille de nouvelles sensations, un écho

intérieur : je sens que ce que je perçois dans

la nature « extérieure » a quelque chose à voir

avec ma nature « intérieure ». comme le dit si

bien le philosophe anglais samuel coleridge :

« en regardant les objets de la nature, il semble

que je cherche, que je demande en quelque

sorte un langage symbolique pour quelque

chose en moi qui existe déjà et pour toujours

plutôt que d’observer quoi que ce soit de

nouveau. »2. ainsi je me sens moins coupé du

monde avec lequel je crée des liens. Le chant

printanier de la mésange, le bleu intense du

bleuet, l’évanescence des petits nuages blancs

commencent à me parler.

je découvre que la nature se dévoile comme

un être qui se développe dans le temps.

1. Hesse Hermann, Brèves nouvelles de mon jardin. Calmann-lévy 2005

2. Samuel Coleridge, Carnets Belin 1987.

des sTAges d’iniTiATion Pour vous initier à cette méthode d’observation sensible de la nature, vous pouvez aussi suivre l’un des stages qu’anime Jean-Michel Florin, conférencier et Rédacteur en chef de la revue biodynamis.Pour toute information complé-mentaire : MOuveMeNT de CuLTuRe BIO-dyNaMIque - 5, Place de la Gare - F 68000 COLMaR - Tél : 03 89 23 35 49 - Fax : 03 89 24 27 41 www.bio-dynamie.org [email protected]

Sorties Nature : comment observer ?voici quelques idées pour se relier à la nature seul, en

famille ou entre amis, issues des stages et activités pédagogiques

de Jean-Michel Florin.

 • un coin de nATurechoisissez un endroit près de chez

vous pour pouvoir y retourner réguliè-

rement. cela peut être ce que vous voyez

de votre fenêtre. observez ce même

lieu pendant une demi-heure chaque

mois. Pour cela, oubliez tout ce que

vous savez, abandonnez tout préjugé,

regardez d’un œil neuf les formes et les

couleurs, comme si vous contempliez un

tableau impressionniste. contemplez

la richesse des couleurs, les différentes

nuances de vert …

un moyen très simple est de dessiner

ce paysage : avec de l’aquarelle, des

crayons, des pastels … cela oblige à mieux

regarder. une simple esquisse suffit. Pas

doué ? cela n’a pas d’importance, c’est ce

qui se passe en vous qui importe.

rafraîchissez votre vue : de temps

à autre, fermez les yeux, faites l’effort

de vous rappeler ce que vous avez vu

pendant quelques instants, puis regardez

à nouveau. au bout d’une année, vous

regarderez votre coin de nature d’une

toute autre manière.

 • LA croissAnce d’une PLAnTechoisissez une plante sauvage au

début du printemps : dans un coin du

jardin ou même dans une jardinière (si

vous vivez en ville). observez-la réguliè-

rement, chaque semaine, en l’esquissant

et surtout en faisant l’effort de vous

souvenir à chaque fois de son aspect

au stade précédent. vous serez étonné :

tiens, la croissance s’accélère, tiens elle

s’arrête de pousser, que se passe-t-il ?

un bouton. que va-t-il en sortir ? en

griffonnant des notes dans votre carnet

de croquis, sur le temps qu’il fait, l’état

du terrain, les plantes compagnes de

celle que vous observez, vous créerez

le journal de votre plante, que peu à peu

vous apprivoiserez.

des croquis pour suivre l’évolution du paysage au fil des saisons.

« L’on va dans les étoiles mais on ne sait toujours pas ce qui se passe au bord du talus » Jean Giono