DANS CE NUMÉRO : DOSSIER LES COOPÉRA-TIVES D’ÉNERGIE VERTE CONSTRUIRE AVEC DES MATÉRIAUX NATURELS LE DÉFI DU SIÈCLE SELON HANS BRUYNINCKX PLACE-MENTS DURABLES UN MAGASIN DE JOUETS HORS DU COMMUN

UNE PUBLICATION DE LA BANQUE TRIODOS - NUMÉRO 127 - HIVER 2015 WWW.TRIODOS.BE

COULEURL’ARGENT

LA

DE

COOPÉRATIVES D’ÉNERGIE

VERTELA

COULEURDE

L’ARGENTNO.127

13 À quoi sert votre argent ?

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‘Le défi du siècle’17

Soutenez une maman

Construire naturellement14

COOPÉRATIVES D’ÉNERGIE

VERTELA

COULEURDE

L’ARGENTNO.127

1 MILLIARD DE CRÉDITSAvant-propos d’Olivier Marquet, directeur de la Banque Triodos.

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ÉOLIEN PARTICIPATIFQuel rôle jouent les coopératives citoyennes dans la transition vers les énergies renouvelables ?

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CONSTRUIRE NATURELLEMENTLa plus-value des matériaux de construction écologiques, selon le pionnier Eurabo.

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LE DÉFI DU SIÈCLEHans Bruyninckx analyse les objectifs de la politique envi-ronnementale de l’Europe : une existence agréable pour tous, res-pectant les limites de la planète.

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INVESTISSEMENT DURABLEL’un de nos fonds de placement durables en faits et chiffres.

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BIEN PLUS QUE DES JOUETSEn visite chez Casse-Noisettes, un magasin de jouets hors du commun à Bruxelles.

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22TRIODOS ET MOI Épargner, investir et emprunter durablement.

LA COULEUR DE L’ARGENTest une publication de la Banque Triodos,envoyée gratuitement aux clients et relationspour les informer des activités de la banque.

À QUOI SERT VOTRE ARGENT ?En images, 4 projets financéspar la Banque Triodos.

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sommaire

4ÉDITO ACTUALITÉ DURABLE

TRIODOS PARMI

LES BONS ÉLÈVES

Ma banque est-elle fortement endettée ? Spécule-t-elle beaucoup ou, au contraire, contribue-t-elle fortement à l’économie réelle ? C’est sur la base de ce type de critères que le site Internet ‘Les 7 Péchés Capitaux des banques’ a établi un classement des banques actives en Belgique. La Banque Triodos, la Banque Van Breda et Delta Lloyd occupent le haut du classement, Deutsche Bank et BNP Paribas les plus mauvaises places. Cette initiative des eurodéputés Philippe Lamberts (Ecolo, en photo) et Bart Staes (Groen) a fait l’objet d’une mise à jour récente sur base des chiffres annuels 2013. Un nouveau critère a, par ailleurs, été ajouté : ma banque est-elle subsidiée ou non ? Plus d’informations générales, de chiffres et de graphiques édifiants sur :WWW.PECHESBANCAIRES.EU

Durant le premier semestre 2014, la Banque Triodos a réalisé une étude de faisabilité concernant le lancement d’un compte à vue pour particuliers en Belgique. Il en ressort que les frais élevés de Bancontact, l’unique système de paiement par carte de débit communément accepté dans l’ensemble du pays, représentent un trop grand risque dans la situation actuelle du marché. Le lancement est donc reporté dans l’attente d’un environnement plus propice.Olivier Marquet, directeur : “Nous comprenons la déception ressentie par une partie de notre clientèle. Proposer à terme un compte à vue et des cartes de paiement en Belgique reste notre objectif stratégique. Nous ne pourrons toutefois le concrétiser que lorsque les coûts qui y sont associés ne compromettront pas notre rentabilité.” “Dans le même temps, notre priorité reste la conversion de l’épargne en crédits accordés à des projets durables dans les secteurs culturel, social et environnemental. C’est là notre raison d’être.”

COMPTE À VUE POSTPOSÉ

1 MILLIARDDE CRÉDITS

La fin de l’année est traditionnellement le moment où l’on se pose des questions. Avons-nous atteint nos objectifs annuels ? Qu’avons-nous mené à bien, que faut-il améliorer, quelles sont les leçons à tirer pour l’année nouvelle ?Les statuts de la Banque Triodos nous assignent comme mission de soutenir, en tant qu’institution financière, le renouveau sociétal. Nous remplissons cet objectif en tenant compte des conséquences de chacun de nos financements sur le plan de l’environnement, de la culture et de la société, et au regard des besoins des générations futures.Dans ce contexte, je suis fier d’annoncer que nos crédits ont franchi le cap du milliard d’euros en Belgique à la fin 2014, un résultat qui dépasse notre objectif. Il s’agit d’un signal fort, démontrant que nous contribuons de plus en plus au développement de secteurs durables, tournés vers le futur, tels que les énergies renouvelables, la construction durable et les soins de santé.En 2015, nous mettrons davantage encore l’accent sur le financement de projets qui ne créent pas seulement de la valeur sur le plan économique, mais également dans les domaines social et environnemental. Nous approfondirons, par ailleurs, le dialogue avec vous, clients de la banque, et donnerons une plus grande visibilité à la Banque Triodos en tant qu’instrument permettant d’utiliser durablement son argent.Ceci n’est possible que grâce à vous, qui partagez et soutenez notre mission de banque innovante et qui nous confiez à cette fin votre épargne. Chacun de vous permet de concrétiser de plus en plus de changements positifs. Nous vous en remercions chaleureusement !

Olivier MarquetDirecteur

5 ACTUALITÉ DURABLE

HABITAT DURABLE

ACCESSIBLE À ROULERS

À Roulers, à distance de marche de la gare et du centre-ville, Matexi construit le quartier Het Laere, qui compte 188 appartements et 11 habitations familiales. L’ensemble du quartier est piétonnier et un parc existant a vu sa superficie agrandie d’un tiers. Het Laere est relié au réseau de chauffage urbain de Roulers, qui part de l’incinérateur de déchets et est étendu jusqu’au centre-ville via ce nouveau quartier. Grâce à leur raccordement au réseau de chaleur, les logements auront un niveau E compris entre 33 et 63.Ce projet illustre l’intérêt croissant de Matexi pour le (re)développement de quartiers entiers afin qu’ils soient à la fois durables et financièrement accessibles. Une attention particulière est accordée à la vision d’ensemble, mais aussi aux infrastructures communes, aux espaces verts, à la proximité des écoles ou des crèches, à la mobilité. L’achèvement des travaux est prévu pour 2019. La première phase du projet est partiellement financée par un crédit de la Banque Triodos.WWW.MATEXI.BE

09/05/2015ASSEMBLÉE DESDÉTENTEURS DE CERTIFICATSDE LA BANQUE TRIODOSBruxellesChaque année, nous invitons les détenteurs de certificats de la banque pour une pré-sentation des résultats de l’exercice écoulé et des projets futurs. Cette assemblée leur permet également de dialoguer avec les membres de la direc-tion et les collabora-teurs de la banque, ainsi qu’avec les membres de la SAAT (Stichting Administra-tiekantoor Aandelen Triodos Bank). Tous les détenteurs de certi-ficats recevront une invitation personnelle, avec tous les détails pratiques.

SOUTENEZ UNE MAMAN. A Kinshasa, les enfants vivent souvent dans des conditions effroyables. SOS Villages d’Enfants s’est engagé dans un programme de renforcement de la famille, qui soutient les mamans durant trois ans dans les domaines de la nutrition, des soins médicaux, du logement et de l’éducation.

Vous épargnez 1.000 euros avant le 28 février 2015 et nous offrons 10 euros par participant à SOS Villages d’Enfants. Plus d’infos : www.triodos.be

ACTION ANNUELLE

SURVIVREAU TEMPSQUI PASSE

RESTAURATIONÀ LOUVAINL’International Platform for Art Research and Conservation (IPARC) propose des services de restauration et de conserva-tion. Son équipe participe actuellement à l’importante restauration intérieure de l’église Saint-Pierre à Louvain, un édifice gothique du 15e siècle. Une approche multidisciplinaire est indispensable pour que les sculptures, les peintures et les autels survivent au temps qui passe. IPARC dispose d’une équipe de res-taurateurs qualifiés, experts dans leur spécialité : bois, polychromie, pierre ou peintures. La Banque Triodos a accordé un crédit de caisse à IPARC, ainsi qu’une garantie dans le cadre de commandes publiques. WWW.IPARC.EU

(Photo : Lisa Develtere)

À QUOI SERT VOTRE ARGENT

ÉOLIEN PARTICIPATIF : LES CONSOMMATEURS ENTRENT EN SCÈNE. Au travers des coopératives citoyennes, les consommateurs deviennent producteurs et même parfois fournisseurs d’énergie. Ils imposent ainsi un nouveau modèle économique inspiré des circuits courts. La Belgique compte à ce jour une vingtaine de coopératives citoyennes dans le domaine de l’énergie éolienne. Plusieurs d’entre elles sont financées par la Banque Triodos.

texte CHANTAL SAMSON photos GUSTAVE ELOY, BÉNÉDICTE MAINDIAUX, OLIVIER PAPEGNIES

ÉOLIEN PARTICIPATIF

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9 COOPÉRATIVES CITOYENNES

La Belgique importe plus de 95% de son énergie primaire (énergie disponible dans la nature, telle que le pétrole brut, le gaz naturel, le rayonnement solaire, etc.) et la plupart de nos infrastructures éner-gétiques sont détenues par des capitaux étrangers. En réponse à cette situation, certains consommateurs font le choix de devenir eux-mêmes producteurs d’éner-gie, principalement au travers de sociétés coopératives. Ils deviennent ainsi à la fois les bénéficiaires et les acteurs de la transi-tion énergétique. En étant non seulement producteurs mais aussi, parfois, fournis-seurs d’énergie, les coopératives citoyennes réinstaurent des circuits courts : l’électricité est livrée directement du producteur au consommateur. Trois coopératives disposent à ce jour d’une licence de fourniture d’électricité : Ecopower, Energie 2030 et COCITER, une coopé-rative récemment mise sur pied par six coopératives wallonnes.

L’Allemagne et le Danemark pionniers en Europe

REScoop.eu, la fédération européenne des groupes et coopératives de citoyens actifs dans les énergies renouvelables, recense quelque 2.400 initiatives de ce type à travers l’Europe, mais souligne que la collecte de l’information reste difficile. Pionnière en Europe, l’Allemagne compte plus de 800 coopératives énergétiques : 1kWh renouvelable sur 2 y est désormais produit par une coopérative énergétique ou une autre forme d’initiative citoyenne. L’autre bon élève de la classe européenne est le Danemark, avec plus de 650 coopé-ratives citoyennes.Le mouvement citoyen s’est également enclenché en Belgique, qui compte à ce jour une vingtaine de coopératives citoyennes, principalement actives dans l’énergie éolienne. En Wallonie, l’éolien participatif représentait, à la mi-2014,

une puissance installée de 59,58 MW, soit 4,57% de la puissance installée totale. Ces chiffrent doublent si on y ajoute les projets participatifs communaux et intercommu-naux (117,82 MW, soit 9,03% de la puis-sance installée totale). L’un des acteurs les plus populaires dans le sud du pays est la coopérative à finalité sociale Allons en vent, propriétaire de ‘l’éolienne des enfants’ de Mesnil-Eglise – une initia-tive de l’asbl Vents d’Houyet. Mais bien d’autres coopératives ont essaimé en Wallonie : Energie 2030, Alert Sassouffl, Courant d’Air, Vents du Sud, Lucéole, Basséole, Champ d’Energie, Les Moulins du Haut Pays, etc. Aucune d’elle n’atteint toutefois la dimension de la coopérative flamande Ecopower, qui livre de l’électri-cité verte à près de 48.000 coopérateurs !

Avec ou sans les pouvoirs publics ?Les pouvoirs locaux peuvent investir, aux côtés des citoyens, dans l’éolien participatif, ce qui a politiquement et/ou financièrement du sens. Selon l’APERe, 10 communes et 7 intercommunales wal-lonnes avaient franchi le pas à la mi-2014. « Ce double mouvement existe également en Flandre », épingle Bart Bode, Executive Director d’ODE (Organisatie Duurzame Energie). « Vous avez, d’un côté, des initia-tives qui émanent de la population et, de l’autre, des autorités qui examinent com-ment ils peuvent impliquer les citoyens

dans ce type de projets. La province de Flandre Orientale a pris des initiatives en ce sens : elle a déterminé des zones spé-cifiques pour le développement de parcs éoliens, puis imposé aux porteurs de pro-jets une participation citoyenne à hauteur de 20%. Pour moi, plusieurs approches sont intéressantes. »On voit ainsi apparaître différentes confi-gurations d’éolien participatif. L’entre-prise Storm, par exemple, permet aux rive-rains d’investir, au travers d’une société coopérative, dans ses différents parcs éoliens (Wielsbeke, Westerlo, Wachte-beke, Geel, Maasmechelen). La Banque Triodos a financé ces multiples projets. En Wallonie, la banque finance le parc éolien Windfarm Sankt-Vith, dont la ville de Saint-Vith – propriétaire des terrains - est actionnaire à hauteur de 8%. Ce type de partenariat s’étend parfois aux communes concernées : on parle alors de partenariat public-privé-citoyen. Le premier partena-riat de ce type fut EnerCity, associant la commune de Villers-le-Bouillet, quelque 6.000 habitants du cru (20% du capital) et des invests locaux.

La Banque Triodos, partenaire de la première heure

La Banque Triodos dispose d’une longue expérience dans le financement des parcs éoliens, son premier dossier remontant à 1999. Au départ de la Belgique, la banque a

SOUTENIR L’IN-VESTISSEMENT « Bien que la ten-dance actuelle soit une hausse du prix de l’électricité, il me semblerait logique, au contraire, que son prix diminue puisque, dans le cas de l’énergie éolienne ou solaire, le coût du combustible est nul », constate Bart Bode, Executive Director d’ODE (Organisatie Duurzame Energie). « Lorsque vous avez de moins en moins de coûts opérationnels, ce sont les coûts du capital qui aug-mentent. Le monde politique réfléchit actuellement à la pos-sibilité de moins sou-tenir la production, ce qu’il fait au travers du mécanisme des certificats verts, et de soutenir davantage les investissements. Il n’est pas toujours évident dans la logique économique actuelle de réfléchir à long terme. Or, il s’agit bien ici d’inves-tissements à réaliser pour les générations futures. » Pour Guirec Halflants (Vents du Sud), il est important, dans ce cas, de « sou-tenir l’investissement par des subsides bien adaptés aux porteurs de projets et la prise en charge de certaines extensions de réseaux visant à connecter les parcs ».

« Le financement des coopératives citoyennes est particulièrement important à nos yeux car nous

partageons la même mission et les mêmes valeurs. »

François Basso, Banque Triodos

Depuis le financement d’une première éolienne en 1999, la Banque Triodos

Belgique a financé 234 éoliennes. Le montant total des crédits au secteur de

l’énergie éolienne s’élève à 248 millions d’euros. Ce montant

grimpe à 402 millions d’euros pour l’ensemble du secteur des énergies

renouvelables (au 5/1/2015). La Banque Triodos encourage le développement

d’un modèle énergétique décentralisé, ancré socialement dans les villes,

les entreprises et les communautés locales, avec différents modèles de

propriété. L’engagement citoyen est au cœur de cette approche.

Le Paquet Énergie-Climat 2030 de l’Union européenne fixe à 27% la part des énergies renouvelables en 2030, avec un réexamen prévu d’ici à 2020

pour porter cet objectif à 30%.

27%

234

10COOPÉRATIVES CITOYENNES

financé jusqu’ici pas moins de 234 éoliennes. Parmi ces projets, on trouve sept coopératives citoyennes belges et deux françaises, soit une capacité totale installée de près de 32 MW (corres-pondant à la consommation annuelle de 20.000 ménages). « Notre rôle de banquier est d’encourager la transition énergétique afin de tendre vers une société plus durable. Le financement des coopératives citoyennes est parti-culièrement important à nos yeux car nous partageons la même mission et les mêmes valeurs. Notre plus-value consiste à accompagner de manière personnalisée ces citoyens qui doivent tout découvrir en matière de développement, de finance-ment et de construction d’un parc éolien. Nous délivrons les services adéquats au regard de leur situation et, si nécessaire, nous faisons appel à des spécialistes externes pour nous épauler sur des questions précises », explique François Basso, un des cinq spécialistes crédits de la Banque Triodos dans le domaine des énergies renouvelables.Le financement des parcs éoliens court habituellement sur une durée de 10 à 15 ans, mais il arrive que les crédits soient remboursés anticipativement. C’est ce qu’a fait notamment la coopérative Beauvent, qui a bénéficié d’un des tous premiers crédits de la Banque Triodos en faveur de l’éolien participatif. « C’était une dimension importante pour nous aussi », souligne Guirec Halflants, président de Vents du Sud (lire encadré). « Notre projet représente un investissement de 3,6 millions d’euros, financé pour moitié sur fonds propres et pour moitié par emprunts bancaires. » « Cela répond à un besoin de flexibilité », commente François Basso. « Il est, par ailleurs, important de protéger les intérêts de la banque. On nous reproche parfois nos exigences en matière de garanties et de nantissement de contrats. S’agissant de projets industriels complexes, engageant des capitaux importants, aucun élément ne peut être traité à la légère. »

Manque de vision politiqueEn Wallonie, le paysage éolien s’est comme figé dans la glace suite à l’incroyable ‘plantage’ des autorités régionales. « La visibilité des intentions politiques sur le long terme est égale à zéro », estime Guirec Halflants. L’hostilité d’une partie de la population wallonne face à l’énergie éolienne a paralysé la classe politique, qui n’ose plus rien faire. Je ne m’explique pas comment l’on a pu faire accepter le nucléaire aux citoyens et pas une énergie propre et renouvelable… »En Flandre, la problématique est toute différente. « La population y est très majoritairement favorable aux énergies renouvelables, mais c’est le cadre légal qui pose problème. Celui-ci contraint les porteurs de projets éoliens à s’implanter à proximité des zones habitées », commente Bart Bode, dont l’association plaide, entre autres, en faveur d’un développement de l’éolien autour des zones industrielles. « Un autre obstacle au développement de l’éolien en Flandre est la présence d’aéroports, Brussels Airport mais aussi les aéroports militaires dans le Limbourg. Des solutions informatiques simples permettraient de résoudre ce problème. Mais s’y ajoute encore l’absence de réseaux de distribution en certains endroits. Tous ces éléments mis ensemble expliquent que le développement de l’énergie éolienne est difficile dans le nord du pays. »L’Union européenne impose un objectif contraignant en matière d’énergies renou-velables : produire au moins 27% de sa consommation énergétique au départ de sources d’énergie renouvelables à l’horizon 2030. Les spécialistes s’accordent à dire que celui-ci ne pourra pas être atteint sans l’implication des citoyens et des autorités locales. Ce qui suppose un cadre règle-mentaire stable et une vision à long terme.WWW.EOLIEN.BEWWW.EDORA.BEWWW.ODE.BEWWW.RESCOOPV.BE WWW.RESCOOPW.BE WWW.RESCOOP.EUWWW.EWEA.ORG

VENTS DU SUD VISE L’ENGAGE-MENT CITOYEN C’est en 2012 que 33 citoyens du Sud-Luxembourg ont fondé la coopérative à finalité sociale Vents du Sud. Après trois ans d’efforts, leur éolienne citoyenne d’une capacité de 2 MW entrera en acti-vité début 2015. Elle côtoie cinq éoliennes appartenant au secteur privé dans le parc éolien de Honde-lange-Autelbas, près d’Arlon. « Soutenir la transition énergé-tique est évidemment au cœur de notre démarche, mais nous voulons dépasser cette dimension stric-tement environne-mentale et privilégier aussi l’engagement citoyen, le dévelop-pement économique local et un soutien social à ceux qui vivent dans la préca-rité énergétique », souligne Guirec Halflants, président de Vents du Sud.Quelque 320 coopé-rateurs ont adhéré jusqu’ici à Vents du Sud, chaque part valant 100 euros pour permettre l’accès au plus grand nombre. La Banque Triodos a apporté la moitié du financement du projet, accordant, en outre, à la coopérative un crédit long terme, un crédit court terme, ainsi qu’une garantie bancaire.WWW.VENTSDUSUD.BE

La progression de la production d’énergie éolienne s’est poursuivie en 2014, particuliè-rement en Flandre où 59 nouvelles turbines ont été installées durant l’année écoulée. Ceci porte la puissance éolienne installée dans le nord du pays à 603 MW à la fin 2014, la Flandre comblant ainsi progressivement son retard par rapport à la Wallonie.Sources : APERe et VWEA-ODE

C’est la puissance éolienne installée dans l’UE durant l’année 2013, la moitié de celle-ci étant imputable à l’Allemagne et à la Grande-Bretagne. La puissance cumulée des pays de l’Union équivaut à 117.730 MW à la fin 2013. Source : Baromètre éolien d’EurObserv’ER, février 2014.

11,3 GW

PUISSANCE ÉOLIENNE INSTALLÉE EN BELGIQUE

(AU 1/1/2014)

480 MW

618 MW

625 MW

WALLONIE FLANDRE TERRITOIRE MARITIME FÉDÉRAL

Bart Bode, ODE VlaanderenGuirec Halflants, Vents du Sud François Basso, Banque Triodos

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11 COOPÉRATIVES CITOYENNES

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LES MOULINS DU HAUT PAYSUn des parcs éoliens les plus importants du pays est situé entre les communes de Dour et de Quiévrain. Il compte actuellement 14 éoliennes et passera bientôt à 18. Les riverains peuvent investir directement dans deux des tur-bines du parc, qui appartiennent à la coopérative citoyenne Emissions Zéro qui elle-même a fondé la coopérative Les Moulins du Haut Pays. Celui qui investit dans ces éoliennes citoyennes en devient copropriétaire, perçoit un dividende et dispose d’un droit de vote à l’assemblée générale. Les communes de Dour et de Quiévrain ont également investi dans le projet, les bénéfices profitant ainsi à la commu-nauté locale.Les deux éoliennes de la coopérative, opérationnelles depuis 2010, ont une puissance cumulée de 4,6 MW, soit un volume d’énergie verte permettant de couvrir la consom-mation annuelle d’environ 2.000 ménages. La Banque Triodos a financé Les Moulins du Haut Pays.

VENTS DU SUDÀ Hondelange-Autelbas, non

loin d’Arlon, la coopérative citoyenne Vents du Sud a construit une éolienne de

2 MW. Elle a bénéficié d’un financement de la Banque

Triodos. Ci-contre, la construction des

fondations du mât.

12

« S’il est bien utilisé, l’argent sert de levier pour un changement positif. » « Même lorsqu’il n’est pas utilisé, vous pouvez faire de grandes choses avec votre argent. » « Vous voulez un monde meilleur ? Choisissez une meilleure banque ! » Voici quelques-unes des propositions formulées au monde entier, via les réseaux sociaux, par les banquiers durables le 23 octobre dernier. Il s’agissait de la première campagne collective de la Global Alliance for Banking on Values (GABV). Son but : donner un vrai visage à la banque axée sur les valeurs et promouvoir les alternatives positives au système financier actuel. La Banque Triodos est l’un des fondateurs de la GABV, un réseau mondial de 25 institutions financières durables de premier plan, au service de 20 millions de clients. Sur la photo : Petra Graatsma, responsable des produits d’épargne, Marie Murenzi, collaboratrice en charge des crédits habitation, et Lieve Schreurs, directrice de la communication.WWW.GABV.ORG

Côte-à-Côte, un habitat groupé adapté pour de jeunes adultes présentant un handicap moteur, a été inauguré à Louvain-la-Neuve le 21 octobre 2014. Ces personnes y bénéficient du soutien nécessaire pour vivre de la manière la plus autonome possible. L’immeuble compte cinq chambres et trois studios destinés aux résidents avec un handicap, deux chambres destinées à des étudiants handicapés ou non, ainsi que deux appartements pour les accompagnants, qui les aident notamment pour les actes de la vie journalière. Des espaces de vie communs favorisent les contacts mutuels. Cet immeuble est non seulement adapté au handicap, mais aussi passif, ce qui lui a valu d’être désigné comme bâtiment exemplaire de la Wallonie dans le cadre du concours BATEX.Ce sont les efforts conjoints d’un groupe de parents, qui avaient dessiné les premiers plans il y a dix ans déjà, qui ont permis la concrétisation du projet. Ils ont réuni l’ensemble des moyens financiers nécessaires. Ceux-ci proviennent de dons et de moyens propres pour une grande part, auxquels s’ajoutent de modestes subsides. La Banque Triodos a accordé un crédit pour financer le solde, tout comme la Fondation Delacroix, qui s’engage en faveur des personnes avec un handicap.WWW.COTEACOTE.INFO

LES 24 HEURESDE LA BANQUE

DURABLE DE JEUNES ADULTES AVEC UN HANDICAP

ONT LEUR PROPRE MAISON

PASSIVE

32 ASSOCIATIONS

HÉBERGÉES PARMUNDO-J

Mundo-J fonctionne depuis la mi-2014 au cœur du quartier européen à Bruxelles. Ce centre héberge une trentaine d’associations actives dans les domaines de la jeunesse, de l’éducation, de la coopération nord-sud et de la santé. Parmi elles, SOS Villages d’Enfants, Alter Vision ou encore la Fondation pour les Générations Futures. Doté d’une superficie de bureaux de 3.200 m2, l’immeuble a été rénové par le promoteur immobilier durable Ethical Property. La Banque Triodos, qui est l’un des partenaires financiers d’Ethical Property, avait déjà financé précédemment la rénovation de Mundo-B à Bruxelles et de Mundo-Namur, le premier immeuble de bureaux à avoir fait l’objet d’une rénovation passive en Wallonie. Dans chacun de ces trois immeubles, les associations et ONG partagent les services informatiques, la réception, l’espace cafétéria et les salles de réunion, une formule qui favorise la collaboration et les échanges mutuels. Entretemps, le quatrième projet d’Ethical Property a démarré à Anvers : une fois terminé, Mundo-A sera un immeuble de bureaux bio-écologique et passif.WWW.MUNDO-J.ORGWWW.ETHICALPROPERTY.EU

LES TOURNESOLS est une école libre protestante d’Anderlecht. Plus de 320 élèves ayant une trentaine de nationalités différentes y poursuivent leur scolarité dans les sections maternelle, primaire et secondaire (1er et 2ème degrés).

Le CENTRE D’ACTION SOCIALE LIMBURG dispense une aide et un soutien à des personnes en difficulté, parmi lesquelles des sans-abri et des personnes vivant dans la pauvreté, victimes de conflits personnels ou de violence domestique.

THOMAS & PIRON est un important constructeur de logements individuels traditionnels, notamment des habitations basse énergie, passives et à ossature bois. Son siège social à Our-Paliseul est chauffé aux pellets et équipé de 4.600 m2 de panneaux photovoltaïques. Un autre immeuble de bureaux du groupe est entièrement passif.

LA FROMAGERIE DU GROS CHÊNE, constituée en coopérative, est l’entreprise familiale de Daniel et Michèle Cloots. Daniel a 35 ans d’expérience dans la fabrication artisanale de fromages. Epaulé par six collaborateurs, il produit une trentaine de fromages différents, à base de lait de chèvre, de brebis et de vache, élevées biologiquement.

triodos.beÀ quoi sert votre argentLa Banque Triodos s’engage à la transparence. Via notre site Internet, vous êtes informé(e) à tout moment des projets dans lesquels nous investissons votre épargne : des entreprises et organisations durables, porteuses d’avenir.

14INNOVATION DURABLE

texte et photos LISA DEVELTERE

Lors de sa création à Renaix en 1997, Eurabo était un atelier de rabotage de bois certifié FSC. À l’époque déjà, l’entreprise jouait résolument la carte du durable. Depuis, Eurabo est devenu un grossiste spécialisé en matériaux écologiques de construction, de boiserie et d’isolation. Des matériaux qui gagnent en popularité, mais restent toujours sous-exploités, si l’on en croit son patron, Peter Suys.

« Nous constatons depuis quelque temps que la popularité des matériaux de construction durables grandit », explique Peter Suys, adminis-trateur délégué et cofondateur d’Eurabo. « Notre chiffre d’affaires augmente, et la presse et les salons accordent une attention croissante aux matériaux durables. D’ailleurs, la concurrence s’intensifie elle aussi. » Peter Suys voit, en effet, apparaître de plus en plus de produits écologiques dans les commerces de matériaux traditionnels et de bois. « Les matières premières renouvelables restent pourtant sous-exploitées. Ainsi, il n’y a aucune raison de continuer à utiliser les plastiques en tant qu’isolants de toitures. Ce qui ne signifie pas pour autant que les plastiques n’ont plus leur place dans la construction. En sous-sol, par exemple, il est plus difficile d’utiliser des matériaux renouvelables puisqu’ils sont biolo-giques et donc sujets aux moisissures. »

Le temps d’une vie d’homme Eurabo compte aujourd’hui 18 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires compris entre cinq et six millions d’euros. Le bois certifié par le Forest Stewardship Council (FSC) représente toujours

NATURELLEMENTCONSTRUIRE

15

DIFFÉRENCES DE PRIX ET COÛTS ENVIRONNE-MENTAUXPourquoi les maté-riaux de construc-tion renouvelables sont-ils souvent plus coûteux que les matières synthé-tiques ? « Il faut des moyens matériels et humains supplé-mentaires pour gérer des bois durables certifiés FSC. Pour obtenir de tels bois, il

faut, en outre, com-mencer par planter des arbres ! La production chimique ou les exploitations minérales donnent lieu, quant à elles, à des frais occultes comme les coûts environnementaux. Et ceux-là, on ne les chiffre actuellement pas. »

rité croissante, les matériaux de construction renouvelables n’ont pas encore convaincu tout le monde, constate Peter Suys : « Ils se heurtent encore à pas mal de préjugés parce qu’il s’agit d’un concept neuf. Il ne suffit pas toujours de faire valoir des certificats. Certains imaginent que des produits bio-écologiques risquent de pourrir, mais ce n’est pas vrai. Bien sûr, chaque produit a ses propres applications. Il n’est pas question, par exemple, d’utiliser un bois tendre pour couvrir une façade, alors que cela ne pose aucun problème avec des bois durs. Certains produits durables offrent aussi, outre leur qualité esthétique, des avantages sur le plan technique. C’est ainsi que nous travaillons depuis des années avec des sous-toitures en fibre de bois. Il y a quinze ans, nous nous heurtions à beaucoup de résistance sur ce plan, mais des études menées par le CSTC (Centre Scientifique et Technique de la Construc-tion, qui est l’institut de recherche des entreprises belges de construction, ndlr) ont démontré que les sous-toitures en fibres de bois figurent parmi les plus performantes. »

La disparition des primesQui dit construction durable dit bonne isolation. « Parallèlement aux matériaux renouvelables, nous avons toujours misé sur l’isolation, bien avant l’engouement pour l’efficacité énergétique et toutes les primes qui y étaient liées. Il fallait mettre un terme à ces primes car il s’agissait trop souvent d’optimisation des coûts. Pour quelle raison accorderait-on des primes sur des produits qui sont déjà économiques par nature ? Les primes doivent servir à encourager des efforts permettant de franchir de nouvelles étapes. » Y aura-t-il aussi des directives et des labels européens pour les matériaux écologiques comme c’est actuellement le cas pour l’efficacité énergétique ? « Les autorités publiques ne se sont pas encore beaucoup préoccupées du choix des matériaux. La bataille est à peine engagée sur la question de savoir quels matériaux sont durables et lesquels ne le sont pas. Les fabricants commencent à opérer des pressions dans ce sens. Les années à venir s’annoncent donc intéressantes (il rit). »

la part la plus importante de son offre. « Les produits en bois peuvent durer des dizaines d’années si on les utilise correctement, c’est-à-dire si on exploite le bois approprié d’une manière adéquate pour une application donnée. Au moment où il sera nécessaire de le remplacer, on aura eu le temps d’en faire pousser du nouveau. En moins d’une vie d’homme. Outre sa valeur économique, l’usine à bois que constitue la forêt assure d’autres fonctions importantes : elle est un lieu de détente ou de biodiversité, par exemple. On ne peut pas en dire autant d’une mine ou d’une usine de produits chimiques ! La gestion durable de la forêt revêt une importance capitale et c’est pour cela que nous optons pour le bois certifié FSC. » Eurabo est depuis longtemps client de la Banque Triodos. C’est elle qui a financé notamment les frais de démarrage du siège social gantois. Eurabo s’adresse surtout à des particuliers, mais trois quarts de son chiffre d’affaires proviennent de la vente à des entre-preneurs et à des commerces de matériaux de construction et de bois. Malgré leur popula-

RENCONTRE 16

En 2050, nous aurons une existence agréable, respectant les limites de la planète. C’est du moins l’objectif que s’est assigné l’Union européenne au travers de sa politique environnementale. Comment allons-nous y parvenir ? Pour Hans Bruyninckx, directeur de l’Agence européenne pour l’environnement, c’est là le principal défi du 21e siècle.

L’Union européenne s’est fixé trois objectifs majeurs, explique Hans Bruyninckx : « Nous voulons, tout d’abord, vivre dans une société exempte de carbone. Ensuite, nous devons évoluer vers une économie circulaire et verte. En troisième lieu, il importe de protéger le capital naturel de l’Union. Ces trois objectifs sont évidemment liés. »« Les grandes évolutions que cela va imposer se situent au niveau de notre système éner-gétique, des transports et de la mobilité, de notre système agricole et alimentaire, mais aussi au niveau de l’urbanisation. En Europe, la plupart des gens vivent dans les villes, alors que l’organisation au sein de celles-ci ne répond pas aux défis du futur. »« À Bruxelles, par exemple, la présence de l’automobile est insensée. Une ville comme Copenhague démontre pourtant qu’il est possible de poser d’autres choix. Plus de 40% du trafic urbain s’y fait à vélo ou à pied. Les transports publics représentent 40% également, ce qui laisse un faible pourcen-tage à la voiture. »

À qui la faute ? Selon un récent rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, il faut que nous changions fondamentalement notre façon de consommer et de produire. « Nous ne pouvons pas considérer la pro-duction et la consommation comme des notions séparées, mais bien comme un tout. On accorde actuellement trop d’impor-tance au rôle du consommateur en tant qu’individu. En soi, il est plutôt positif que les gens prennent conscience de l’influence qu’ils exercent en tant que consommateurs,

mais cela comporte un danger. On fait ainsi endosser la responsabilité à l’individu et on considère la personne comme un consom-mateur plutôt que comme un citoyen. » « L’incitation des chefs-coqs que l’on voit à la télévision ou des mouvements alterna-tifs à opter davantage pour des aliments sains illustre bien cette situation. Je me demande de quel côté se situe la responsa-bilité du choix lorsqu’on se trouve face à un système alimentaire industriel qui ajoute systématiquement aux produits des sucres, des graisses et du sel. Cette responsabilité incombe-t-elle au consommateur indivi-duel ou au producteur qui a opté pour ces préparations non durables ? Nous devons nous montrer très prudents quand on nous affirme que le système va se modifier si le consommateur reçoit suffisamment d’informations. »

Une autre image du monde Pour Hans Bruyninckx, la politique peut jouer un rôle important en aidant les consommateurs à faire les choix corrects, tout en incitant les producteurs à adopter la bonne voie. « Prenons la cafétéria de l’Agence européenne pour l’environnement. Nous avons été très clairs lors de l’adjudica-tion publique : nous voulions des aliments qui soient bénéfiques tant à nous-mêmes qu’à la planète. Tous ceux qui viennent à la cantine pour la première fois sont impres-sionnés. Les aliments sont produits sur place, en ligne avec les saisons, et préparés simplement. On y sert peu de viande et de poisson, et ce que l’on propose est durable. Si tous les organismes publics, les écoles et

les hôpitaux organisaient leur cantine sur ce modèle, cela créerait un énorme marché et les consommateurs prendraient conscience des possibilités. »Hans Bruyninckx s’étonne qu’un grand nombre de politiciens pense encore que la législation environnementale va à l’encontre de la performance économique et de la compétitivité. « Les pays qui ont investi le plus dans l’éco-innovation figurent parmi les plus compétitifs au monde. Je pense que cette réticence des politiciens leur vient de leurs idéologies, qui datent du 20e siècle. Que l’on choisisse le libéralisme, le socia-lisme ou la démocratie chrétienne, aucune de ces idéologies ne défend l’idée qu’il faut tenir compte des limites de notre planète. Cela n’appartient tout simplement pas à leur propre image du monde. Comment faire en sorte que chacun vive bien, compte tenu des limites que nous impose notre planète ? C’est, à mon avis, le principal défi de notre siècle. Un défi qui exige un glissement total des paradigmes, une nouvelle image du monde. » WWW.EEA.EUROPA.EU

« LE DÉFI DU SIÈCLE »

texte et photo LISA DEVELTERE

« Les pays qui ont investi le plus dans l’éco-innovation figurent parmi les plus compétitifs au monde. »Hans Bruyninckx, directeur de l’Agence européenne pour l’environnement

HANS BRUYNINCKXLe Professeur Hans Bruyninckx a été nommé, fin 2012, directeur de l’Agence européenne pour l’environnement, dont le siège se trouve à Copenhague. Ce centre de connais-sances rassemble des données sur l’environnement et conseille les pays de l’UE en matière de politique environne-mentale. Il dirigeait auparavant l’Institut de Recherche pour le Travail et la Société de la KU Leuven (Onderzoeksinsti-tuut voor Arbeid en Samenleving - HIVA) et présidait le Bond Beter Leefmilieu. En tant que professeur à la KU Leuven, il s’est spécialisé en relations internatio-nales et en politique internationale de l’environnement.

ACTUALITÉ TRIODOS 18

La Banque Triodos finance des organisations actives dans le secteur des logements sociaux et des crédits hypothécaires sociaux. Elle a accordé au total 46 millions

d’euros de crédits aux trois principales sociétés publiques de logements sociaux : la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen, le Fonds du Logement de la Région

de Bruxelles-Capitale et le Fonds du Logement wallon.

Pour soutenir la croissance de ses activités, la Banque Triodos

continue d’embaucher de nouveaux collaborateurs. À la fin 2014, nous avons franchi le cap des 1.000 collaborateurs,

totalisant 115 personnes en Belgique, 486 aux Pays-Bas, 246 en Espagne, 117 au

Royaume-Uni, 47 en Allemagne et 4 en France où nous sommes

présents au travers d’un bureau de représentation à Paris.

Vous êtes un épargnant régulier ou vous commencez à épargner ? Dans un cas comme dans l’autre, notre nouveau compte d’épargne réglementé vous offre un avantage intéressant : vous épargnez mensuellement un montant fixe (500 euros maximum) et vous bénéficiez d’un taux de base de 0,25% et d’une prime de fidélité de 0,55% sur base annuelle. Vous gérez votre compte sans aucun frais via Internet Banking et pouvez retirer votre argent quand vous le souhaitez. Vous êtes intéressé(e) par l’Épargne Mensuelle Triodos ? (*) Surfez sur WWW.TRIODOS.BE.

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peuvent être modifiés à tout moment. La

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mobilier : 15% (exonération 2015 : 1.880 euros). Avant

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MILLIONS D’EUROSPOUR DES LOGEMENTSSOCIAUX46

FAITS & CHIFFRES

PLACEMENTS DURABLES. Grâce au fonds de placement mixte proposé par la Banque Triodos en sa qualité de distributeur, vous avez l’opportunité d’investir dans de grandes entreprises qui affichent les meilleures performances environnementales et sociales dans leur secteur. Détails, rendements et conditions : www.triodos.be.

19

44% DE FEMMES

6% DE MOINS DE 30 ANS

MONTANT INVESTI. Le montant médian que les investisseurs particuliers ont placé dans les fonds de placement de la Banque Triodos.

VOLUME DU FONDS MIXTE. Le volume total que les clients de la Banque Triodos ont placé dans le Triodos Sustainable Mixed Fund(*) a augmenté régulièrement ces dernières années.

2.039 particuliers ayant investi dans les fonds de la Banque Triodos sont des femmes et 266 ont moins de 30 ans.

(*) Les informations clés pour l’investisseur en français, le prospectus et les rapports périodiques en anglais sont disponibles gratuitement auprès du prestataire de services financiers, la Banque Triodos.Coûts pour l’investisseur : frais d’entrée de maximum 3% selon la grille tarifaire du distributeur, frais de sortie de 0%. Taxe boursière de 1,32% à la sortie d’actions de capitalisation, avec un maximum de 2.000 EUR par transaction. Précompte mobilier sur les plus-values et les dividendes : 25%.Les valeurs nettes d’inventaire actuelles sont disponibles sur www.triodos.be. Elles sont également publiées dans les journaux financiers L’Echo et La Libre.(**) Les frais courants ainsi que le réinvestissement des dividendes sont inclus dans le calcul des performances passées ; les frais d’entrée et de sortie en sont exclus.

Au 31/10/2014, le portefeuille du Triodos Sustainable Mixed Fund(*) se composait

de 45,4% d’actions. Le pourcentage d’actions fluctue entre 30% et 60% afin

de tirer le meilleur parti des évolutions du marché.

La sélection des entreprises cotées en Bourse repose sur une septantaine de critères de durabilité sur le plan environnemental, social ou de la gouvernance. Seules les entreprises dont les prestations sont supérieures à la moyenne entrent en ligne de compte pour la sélection. Elles peuvent néanmoins en être exclues par la suite sur la base de diverses exigences minimales telles que le commerce des armes, la violation des droits de l’homme, les délits environnementaux ou la corruption.

FIN 2012 FIN 2013 NOVEMBRE2014

9 MILLIONS D’EUROS

23 MILLIONS D’EUROS

45 MILLIONS D’EUROS

45,4%D’ACTIONS

5.681EUROS

RENDEMENTS ANNUELS DU FONDS MIXTE AU 31/12/2013. Le Triodos Sustainable Mixed Fund(*) est un com-partiment de Triodos Sicav I, une sicav de droit luxembourgeois qui investit essentiellement dans des actions de sociétés à forte capitalisation, cotées sur les marchés boursiers du monde entier, des obliga-tions de sociétés, des obligations (semi-)souveraines libellées en euros qui sont conformes à la stratégie d’investissement durable et offrent une bonne perspective d’investissement. Le compartiment peut également investir en organismes de placement collectif qui offrent la possibilité de renforcer le profil durable. Les rendements obtenus par le passé ne constituent pas une indication fiable des performan-ces futures et peuvent être trompeurs. Le document ‘Informations clés pour l’investisseur’ vous informe sur le produit, les frais et les risques. Veuillez l’exiger et le lire avant de souscrire (**).

2004-20

-10

0

10

20

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

TRIODOS SUSTAINABLE MIXED FUND (R-DIS)

1.4%5.0% 8.8% 4.8%

-15.4%

17.4% 8.2% 1.5% 9.8% 7.1%

70CRITÈRES

20

Au n°76 de la chaussée d’Alsemberg, à Bruxelles, le visiteur qui pousse la porte de Casse-Noisettes ne trouvera pas que des jouets. Ici, on « vend » aussi du temps et de l’écoute, on partage des découvertes et des convictions.

texte HIPPOLYTE BERTRAND photos JOHANNA DE TESSIÈRES, LISA DEVELTERE

DES JEUX ET DES HOMMES

À QUOI SERT VOTRE ARGENT21

UNE PASSATION EN DOUCEUR Après avoir convaincu le maître des lieux de leur capacité à perpétuer l’âme de Casse-Noisettes, Astrid et Bika ont dû faire preuve d’opiniâ-treté pour lever les réticences du monde bancaire. Aucune des démarches enta-mées au printemps 2013 n’ayant abouti, elles ont refusé de baisser les bras et se sont plongées dans « le chaos et la folie » de la haute saison du jouet (de novembre à décembre) en compagnie de Pascal Deru. Une épreuve du feu au bilan positif, qui a permis de débloquer leur situation. « Là, nous avons eu le choix et nous nous sommes tournées vers la Banque Triodos. Elle n’offrait pas forcé-ment les meilleures conditions, mais c’est la seule à s’être intéressée vraiment à notre projet et dont un représentant est venu nous voir ici. Nous partageons un état d’esprit et un attachement à certaines valeurs. » Gestionnaire de ce dossier à la Banque Triodos, Cédric Dorcimont a, de son côté, été séduit par le jusqu’au-boutisme des deux jeunes femmes, mais aussi par la confiance et le soutien manifestés par le fondateur de Casse-Noisettes envers ses deux « héritières ».

La vitrine de la boutique ne paie pas de mine, mais ses coffres sont remplis de trésors. L’aventure a débuté en 1983, ra-conte Pascal Deru, le fondateur de Casse- Noisettes : « J’ai commencé par fabriquer des jouets en bois, puis, petit à petit, j’ai pris goût aux jeux de société pour adultes et aux jeux coopératifs. À mes yeux, ils favorisent notre épanouissement. »Au fil du temps, le magasin a ainsi déve-loppé ses propres créations, vendues à plusieurs milliers d’exemplaires. Toujours en recherche de nouvelles découvertes, il propose aussi une offre plus classique. Mais avant de rejoindre les étagères de cette maison de ville transformée en labyrinthe ludique, chaque modèle de jouet a été préalablement testé, avec une attention particulière portée à sa qualité et à sa pro-venance. Les produits moins en phase avec ces principes ne sont pas boycottés, mais ils servent en quelque sorte de « portes d’entrée ». « Quand la personne arrive, on peut ouvrir sa curiosité en lui proposant des alternatives », glisse notre interlocuteur d’un air malicieux. Cette ligne de conduite se traduit égale-ment dans l’accueil réservé au client. « Les personnes viennent avec leurs sou-cis, leur questionnement sur l’éducation, etc. Prendre le temps d’enlever le papier cellophane, de sortir le matériel et d’expli-quer les règles, tout cela a du sens car c’est en étant à leur écoute que l’on pourra leur ouvrir des champs neufs dans la relation avec leurs enfants », explique encore cet anthropologue de formation.

Deux « héritières » Mais le temps a passé et, à 62 ans, Pascal Deru a décidé que le moment était venu de transmettre « son bébé » pour se consacrer à l’autre pan de ses activités, qui consiste à animer des formations et des confé-rences sur la place du jeu dans les relations sociales. Ce genre de passation, « c’est un peu une forme de deuil », reconnaît-il. « Il faut lâcher prise et faire confiance. La seule chose qui m’intéressait était de trouver des candidats qui perpétuent la dimension humaniste de Casse-Noisettes. Et qui aient une fibre de joueur, forcément. »Puis, le hasard, ou presque, a jeté les dés. L’enthousiasme et la persévérance d’Astrid Goubin et Bika Gemis Van Enckevort l’ont convaincu que ces deux jeunes femmes étaient les bonnes personnes pour perpé-tuer l’esprit de la maison et lui apporter un nouveau souffle. Avec son aide, l’ancienne juriste et l’ex-graphiste se sont initiées à la gestion de ce navire toujours en mouve-ment. « Tout ici nous correspond, c’est un choix de vie fantastique », sourit Astrid.Aux commandes depuis quelques mois, toutes deux souhaitent œuvrer dans la continuité de Casse-Noisettes, tout en y insufflant leurs propres envies, tournées notamment vers une offre étoffée de livres pour enfants et des ateliers créatifs. « On ne ressent aucune peur, on fera tout ce que l’on se sentira capables de faire », annoncent-elles en chœur. La recette, c’est la passion.

« Ce qui nous intéresse c’est le bonheur et la joie de la famille à la recherche d’un jouet. Ce n’est pas simplement un objet que l’on vend pour être consommé ».Pascal Deru, Casse-Noisettes

>Cédric Dorcimont, spécialiste crédits de la Banque Triodos

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LA COULEUR DE L’ARGENT est une publication de la Banque Triodos, envoyée gratuitement aux clients et relations pour les informer des activités de la banque.

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ÉDITEUR RESPONSABLE Olivier Marquet, Rue Haute 139/3, 1000 Bruxelles, Belgique

RÉALISATIONDonna De Coeyere Veerle Lauwers Lieve Schreurs Joris Smeets

RÉDACTION Hippolyte BertrandLisa DeveltereChantal SamsonLieve SchreursJoris Smeets

CONCEPT & DESIGNStudio Roomwww.studioroom.nl

LAY-OUTHead Officewww.headoffice.be

PHOTOSJohanna De TessièresLisa DeveltereBénédicte MaindiauxOlivier Papegnies

IMPRIMEUR Manufast

LA COULEUR DE L’ARGENT est imprimée sur du papier 100% recyclé et avec des encres végétales.

BANQUE TRIODOSRue Haute 139/3, 1000 Bruxelles T 02 548 28 28 F 02 548 28 29 info@triodos.bewww.triodos.be TVA BE 0450.507.887 RPM BruxellesSuccursale belge de Triodos Bank NV (Pays-Bas) Informations & Conseils : 02 548 28 52 Crédits : 02 548 28 10

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J’emprunte pour un projet qui concilie la création de valeur ajoutée sociale, culturelle ou environnementale et un plan financier réaliste.

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13 À quoi sert votre argent ?

6 Survivre au temps qui passe

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L’ARGENTNO.127

8 Éolien participatif

Des jeux et des hommes20

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