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Les 4 saisons 26 MARS - 27 NOVEMBRE 2011 EXPOSITION Jardinier du Musée des Traditions et Arts Normands Château de Martainville JARDINS SECRETS EN SEINE-MARITIME 76116 Martainville-Epreville Tél. : 02.35.23.44.70 Plein tarif : 3e - Tarif réduit : 1,50e plus d’info sur : www.seinemaritime.net

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Les 4 saisons

26 mars - 27 novembre 2011

e x p o s i t i o n

Jardinierdu

Musée des Traditions et Arts NormandsChâteau de martainville

Jardins seCretse n s e i n e - m a r i t i m e

76116 Martainville-Epreville Tél. : 02.35.23.44.70Plein tarif : 3e - Tarif réduit : 1,50e

plus d’info sur : www.seinemaritime.net

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{ Guillaume pellerinCréateur d’un extraordinaire jardin botanique dans la Manche, à Vauville, il est aussi un collectionneur passionné qui, depuis plus de quarante ans, collecte et collectionne les outils utilisés par les jardiniers d’autrefois. Pour mieux comprendre l’évolution des outils et des techniques horticoles au fil des siècles, il s’est également doté d’une exceptionnelle documentation sur le sujet, constituant ainsi la collection la plus complète sur ce thème. L’histoire des outils de jardin est indissociable de l’évolution de l’art du jardinage. Ainsi, la première partie de l’exposition consacrée aux travaux du jardinier au fil des saisons, est complétée par un second volet consacré à l’évolution de l’art du jardinage et de ses techniques.

EditoAvec cette exposition « Les quatre saisons du jardinier » inscrite dans le festival « Jardins Secrets » qui déploie ses multiples couleurs en Seine-Maritime, le temps du jardin vient imposer une pause salutaire contrastant avec le rythme trépidant de la vie quotidienne. Prendre le temps d’apprécier l’apparente fixité du jardin, marqué toutefois par d’imperceptibles modifications qui le transforment jour après jour, c’est s’offrir un moment bénéfique de respiration et d’évasion.

Ecole de patience, le jardin procure des satisfactions et gratifications qui vont au delà de la récolte immédiate des plantes, fruits et légumes ou de la contemplation des massifs de fleurs. Le potager soigneusement entretenu autour du pavillon de banlieue, le jardin d’agrément de la maison de campagne, mais aussi la culture des plantes aromatiques ou des fleurs décoratives en pots sur les balcons des immeubles témoignent d’un profond attachement au monde végétal, partagé par tous.

Aussi, chacun pourra trouver dans « Les quatre saisons du jardinier » des éléments familiers et découvrir, grâce à la surprenante collection d’outils de jardin qui y est présentée, comment l’inventivité humaine a contribué au fil des siècles à améliorer progressivement cet art subtil qu’est le jardinage, permettant de domestiquer la nature pour assurer sa propre subsistance et celle de ses proches et de s’aménager un cadre de vie plus agréable. Bonne visite !

Didier MariePrésident du Département

de Seine-Maritime

Les travaux du Jardinier au fiL des saisons

LE froid est là et les journées sont courtes, l’hiver est la saison du repos pour le jardin. Mais ce n’est pas pour autant que le jardinier délaisse ses parterres et son potager.

Au fil des siècles, les jardiniers ont développé des techniques pour protéger leur culture du froid et du redoutable gel (serres, chassis, jardins d’hiver, paillage). Grâce à ces procédés, le jardinier peut s’assurer une plantation et une récolte précoce de carottes, laitues, poireaux et choux. Il doit ainsi veiller en hiver à chauffer ses serres et couvrir les plantes fragiles avec des paillassons et des voiles d’hivernage.

La taille des arbres est une activité hivernale pour le jardinier. Il dispose pour ce travail d’outils divers et tranchants comme l’échenilloir, l’ébranchoir, la scie, le croissant, la cisaille, la serpe, la serpette et le sécateur. L’échenilloir sert à détruire les nids de chenilles, ôter le houx ou couper les hautes branches. Certains sont munis d’une cordelette pour actionner le mécanisme depuis le bas de la perche.

le sécateur la serpette

Dans le potager du roi, de La Quintinie met au point des systèmes de serre pour protéger les plantes en hiver.

Le séCateur a de multiples usages : couper de petites branches, tailler la vigne ou les arbres fruitiers. Ce ciseau à ressort est un ingénieux système dont l’invention est attribuée au marquis de Molleville qui le mit au point vers 1807. Il faudra plus de cinquante ans pour qu’il s’impose parmi l’outillage du jardinier. Il existe des sécateurs adaptés aux mains des femmes, des sécateurs pour les fleurs, pour couper les roses, ciseler les grappes de raisins ou pour transformer les arbustes en topiaires.

La serpette a longtemps été l’outil indispensable à toutes les opérations de taille et de coupe avant l’invention du sécateur. Son manche taillé à l’origine dans un morceau de bois brut, devient incurvé pour assurer une meilleure prise en main. Les lames repliables, progrès fondamental en matière de sécurité, font leur apparition au 17ème siècle.

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Au printEMps, tout renaît, la nature se réveille doucement et au jardin, il est temps de préparer les sols et les semis. Mais attention, comme le dit le pro-verbe, « en avril ne te découvre pas d’un fil », le froid est encore là et les jeunes plantes ont encore besoin d’être protégées des éventuelles gelées matinales.

Cordeaux, niveaux et autres instruments de mesure entrent en scène pour délimiter les par-celles, tracer les routes et les allées du jardin. Début mars, dès que des tem-pératures clémentes le permettent, il faut retour-ner la terre à l’aide d’une bêche ou d’une charrue. Fourches, houes et pioches sont égale-ment utilisées pour

travailler le sol. Le râteau sert à casser les mottes de terre et procéder aux finitions afin d’obtenir une granulométrie (taille des éléments terreux) plus fine. Les cribles en fil de fer tressé et les tamis grillagés servent à tamiser la terre et à en éliminer pierres et cailloux.

La bêChe est un instrument à usages multiples. Elle sert à retourner la terre, à casser les mottes, à creuser des rigoles et à planter les arbres. Certaines bêches sont munies d’un marchepied pour préserver les chaussures du jardinier. Parfois la lame est ajourée pour diminuer le poids de l’outil ou laisser s’écouler l’eau. A l’origine, elle était entièrement en bois, puis son tranchant fut renforcé par du métal

Il est maintenant temps de semer les graines, patiemment conservées depuis la saison dernière dans des boîtes en fer, des tubes en verre achetés par correspon-dance, ou dans de jolis petits sachets en papier richement illustrés, trouvés chez le grainetier. C’est également le moment de replanter les bulbes, tubercules et jeunes plants directement dans des pots en terre cuite, sous serre ou en terre. Le plantoir, la truelle et le cordeau sont les outils indispensables à cette opération.

Le pot en terre Cuite existe depuis l’Antiquité. Sa forme toute simple est dérivée du gobelet et c’est traditionnellement le potier du village qui le fabrique. Son bord toujours plus épais permet de faciliter l’empilage. Le goût prononcé au 19ème siècle pour les plantes d’in-térieur a conduit à soigner la décoration des pots. La grande variété des systèmes de racines des plantes a conditionné la diversité des formes des pots.

Le pLantoir permet de creuser le trou destiné à recevoir le jeune plant. Les plus anciens modèles sont fabriqués dans une simple branche avec une pointe durcie à la flamme ou dans un morceau de

corne ou d’os. Au 16ème siècle, ils sont renforcés par un morceau de fer ou de cuivre. Au début du 19ème siècle, une grande variété de formes nouvelles de plantoir voit le jour. Pourtant après la Seconde Guerre Mondiale, le catalogue Truffaut ne propose plus que trois modèles de plantoirs différents. La standardisation et la production de masse des outils a fait disparaitre la créativité et la diversité des formes fabriquées artisanalement.

La volonté de « forcer » la pousse des végétaux et de produire en avance a encou-ragé les jardiniers à mettre au point des systèmes de protection et d’abri comme les serres et cloches en verre (spécialité française), les chassis ouvrant (chassis nantais). Il existe des cloches en bois, en paille de seigle, en osier et en terre cuite. Les cloches en verre sont citées pour la première fois dans les traités de jardinage en 1630 et seront fabri-quées pendant plus de trois siècles dans de petites usines de l’Est de la France. Elles peuvent parfois atteindre un diamètre de 60 cm. Au 19ème siècle, cer-tains maraichers emploient jusqu’à dix mille cloches. Les cloches s’adaptent à la forme du légume qu’elles protègent : longue et étroite pour les concombres, basses pour les melons. Les cloches resteront très po-pulaires dans les jardins jusque dans les années 40. Les cloches en terre cuite percées de petits trous d’aé-ration servaient à blanchir les salades (les salades blanches étant plus faciles à vendre).

Bien que la lutte contre les nuisibles et les ma-ladies soit un combat de tous les instants pour le jardinier, c’est en hiver comme au printemps qu’il prête une attention toute particulière au traitement du verger. Avant la découverte des produits chimiques, le jardinier devait se conten-ter de quelques méthodes anciennes comme en-

duire le tronc des arbres d’un mélange de soufre et de poix ou de cendre et de jus de citron. Il pouvait également fixer des plaques de zinc ou de plomb autour des arbres. A la fin du 19ème siècle, la bouillie bordelaise (mélange à base de sulfate de cuivre) vaporisée à l’aide d’un pulvérisateur en cuivre que le jardinier porte sur ses épaules, devient un allié puissant pour lutter contre les champignons sur les arbres fruitiers et sur la vigne.

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Le CueiLLe-fruit fait sont apparition vers 1750. Cet outil a la forme d’un vase ou d’un petit panier avec des bords crénelés permettant de saisir la queue du fruit et de la sé-parer de la branche. En bois, en fil de fer épais, en tôle ou munis d’un sac de toile, ils sont souvent ornés de motifs floraux ou végétaux. Il est fixé au bout d’une perche pour atteindre les fruits les plus hauts.

En été, le jardinier doit lutter contre des prédateurs gourmands. Oiseaux, insectes, rongeurs se délectent des fruits et légumes gorgés de sucre. Le jardinier rivalise alors d’ingéniosité pour protéger sa récolte (gaze ou sachet pour protéger les fruits, épouvantails) et invente des pièges pour se débarrasser des nuisibles.

Désherber, tondre, couper, tailler, entretenir sont les tâches quotidiennes du jardinier en été. Les grandes étendues d’herbe sont coupées à la faux, les bordures à la faucille et les endroits difficiles à atteindre au ciseau. Ces outils sont aiguisés plusieurs fois par jour à l’aide d’une enclumette portative ou d’une pierre à aiguiser coincée dans

un coffin avec de la paille ou du foin. Ces pratiques ancestrales du fauchage sont améliorées avec l’invention en 1830 par l’anglais Edwin Budding de la tondeuse à gazon. Cette invention est à la fois un gain de temps et une économie de fatigue pour le jardinier. En 1870, les tondeuses à vapeur font leur apparition et en 1902, la firme Ransome produit une tondeuse à moteur à essence. L’entretien des haies et des arbustes est réalisé à l’aide de cisailles.

En été, les beaux jours et le soleil sont de retour. Le jardinier redouble d’effort pour entretenir son jardin et surveiller le fruit du travail des mois précédents.

A L’AutoMnE, les fruits sont arrivés à maturité et il est temps de les récolter. Les fruits du verger vont regagner les fruitiers pour se conserver tout l’hiver.

Les pommes et poires sont cueillies manuellement ou à l’aide d’un cueille-fruit. Une fois cueillis et triés, ces fruits sont disposés sur des claies aménagées dans des fruitiers frais et bien ventilés. Ce mode de conservation permet de savourer les pommes jusqu’à la fin de l’hiver.

La CisaiLLe à haie : il en existe de plusieurs tailles et de plusieurs formes. Les lames des cisailles sont souvent ornées de cœurs, d’étoiles ou de feuilles et portent parfois les initiales

du jardinier ou la marque du forgeron. Une vis au centre permet de resserrer ou écarter les lames ou de les désolidariser pour les réparer.

L’arrosoir : Le transport et la distribution de l’eau restent les préoccupations majeures pour le jardinier en cette saison. L’eau de pluie étant une denrée très aléatoire, le jardinier crée des bassins pour récupérer l’eau et invente des instruments capables d’imiter la pluie. L’arrosoir, aussi appelé « vaisseau de jardin » est en terre, en métal, en cuivre, en zinc, en fer ou en tôle galvanisée. Il a évolué au fil des siècles parallèlement à l’évolution de la maîtrise du métal. Il prend sa forme ovoïde, que nous lui connaissons, par souci de confort pour épargner les mollets du jardinier. Les arrosoirs avec un long bec verseur sont utilisés pour arroser dans les serres les plantes difficiles à atteindre. Ceux avec un bec encore plus long appelé système Raveneau servaient à atteindre le milieu des massifs. L’apparition vers 1830, du tuyau métallique, celle du tuyau en caoutchouc puis celle des « pluviettes » (système d’arrosage automatique) vont révolutionner l’arrosage dans les jardins.

L’automne est aussi la période de la greffe. Cette pratique était très en vogue au 19ème siècle. C’est l’assemblage d’une plante ou partie de plante, appelée greffon, sur une plante enracinée, appelée le porte-greffe, qui devient alors la plante nourricière. Il existe plusieurs types de greffe : la greffe en fente, la greffe en couronne, en écusson, ou en approche. La greffe requiert une grande précision, beaucoup de savoir-faire et de dextérité, seuls les jardiniers les plus habiles la réussissaient.

La greffeLe greffoir

La greffe en écusson : la greffe en écusson consiste à faire une entaille en forme de T sur le porte-greffe puis à y insérer un greffon. Les manches des greffoirs sont en bois lisse, en corne ou en ivoire. La matière du manche doit assurer une bonne préhension de l’outil pour permettre la précision de la coupe. La lame des greffoirs sert à inciser tandis que la pointe du manche permet de soulever l’écorce.

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histoire de L’art du JardinaGe et des outiLs

Les jardins sont les témoins des progrès technologiques et scientifiques accomplis au cours des siècles. D’abord par nécessité de se nourrir, puis par envie d’embellir les demeures ; les scientifiques, intellectuels, naturalistes et autres savants se sont intéressés et ont fait progresser les connaissances et les techniques de l’art du jardinage en perfectionnant toujours plus les outils. Les premiers outils de jardin sont en bois, en os ou en pierre.

La renaissance est un moment de synthèse des savoirs anciens, hérités des savants de l’Antiquité et des jardins des monastères du Moyen Age, dans une période de bouillonnement des connaissances botaniques.

Les naturalistes de la Renaissance, grâce à leurs observations menées sur le terrain, cherchent à mieux identifier et classer les plantes déjà connues et celles découvertes lors des croisades puis des grandes expéditions transocéaniques du 15ème siècle. L’illustration prend une place nouvelle dans cette littérature botanique naissante. Elle se doit d’être rigoureuse et soignée. Grâce à l’imprimerie et notamment à la technique de la gravure sur bois, les plantes sont représentées en regard du texte les décrivant.

Lors des croisades entreprises en Terres saintes et des expéditions vers l’Empire Ottoman, les chevaliers rapportent des fleurs nouvelles comme le dahlia, le crocus, la jacinthe ou la tulipe. Vers l’Ouest, traversant l’océan, les Espagnols et les Portugais découvrent de nouvelles plantes potagères comme la tomate, le maïs, la pomme de terre, le haricot ou le piment. Cette vague d’apport de nouvelles espèces marque un nouvel élan dans la science botanique et trans-forme considérablement le potentiel du jardinage ornemental et vivrier. Les plantes ne sont plus cultivées uniquement pour leur valeur nutritive ou médicinale mais aussi pour leur valeur esthétique.

Androuet du Cerceau (1515-1585), graveur et architecte, a laissé un exceptionnel témoignage sur les progrès de l’art du jardinage à la Renaissance dans son ouvrage paru à partir de 1576, Les plus excellents bâtiments de France. Parmi ces nombreuses planches, celle du château de Gaillon atteste de la vitalité architecturale de la Normandie au 16ème siècle. Dans les jardins de la demeure du duc d’Amboise, on retrouve tous les préceptes de l’art du jardinage de la Renaissance qui privilégient le tracé, les perspectives, l’équilibre et la symétrie.

Les tracés rigoureux de ces vastes jardins géométriques constitués d’immenses perspectives et de parterres symétriques imposent l’utilisation d’instruments de précision pour mesurer, tracer et maîtriser parfaitement les pentes et les niveaux des terrains. Compas, boussoles, mètres, rapporteurs, niveaux, utilisés à cette époque par le jardinier, dérivent directement des instruments de navigation. Les jardins des cours princières et des grandes demeures nobiliaires exigent une grande précision et perfection dans l’exécution du travail, c’est pour cette raison que dès la seconde moitié du 16ème siècle, on cherche à fabriquer des outils de jardinage qui permettent d’économiser du temps et de la fatigue tout en améliorant la qualité du travail. On fabrique également des outils plus légers et plus raffinés pour les femmes qui se chargent du jardin pendant que les hommes sont au champ ou à la guerre.

En 1544, Matthiolus, médecin siennois, publie un ouvrage comprenant plus de 500 gravures, dans lequel il compile toutes ses connaissances sur les plantes médicinales.

Le maïs est une espèce originaire du Mexique, elle est introduite en Europe au 16ème siècle. Extrait de l’ouvrage de Caspari Bavhini. Theatri botanici. 1558.

En 1506, les travaux des jardins au Château de Gaillon commencèrent à la demande du Cardinal d’Amboise. Le jardin du haut constituait le jardin d’agrément alors que le potager était dans celui du bas. Extrait de l’ouvrage d’Androuet du Cerceau.

Les ciseaux quittent la boîte à couture des femmes pour s’adapter aux besoins du jardin.

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L’Europe des 17ème et 18ème siècles se passionne pour les jardins dessinés et les collections de plantes plus ou moins exotiques, rapportées par les voyages d’exploration scientifique. Les outils de jardinage se multiplient et sont désormais conçus pour des tâches spécifiques comme la trousse de pollinisation destinée à féconder les plantes.

De la nécessité de transporter ces plantes exotiques vont naître différents systèmes d’acclimata-tion et de protection comme la caisse de Ward ou les premières serres portatives. Ces systèmes seront ensuite réutilisés dans les jardins botaniques qui naissent à cette époque un peu partout en France. Les jardiniers rivalisent d’in-géniosité pour comprendre et appri-voiser ces nouvelles plantes et met-

tent ainsi au point des techniques comme la greffe, le marcottage, l’hybridation et la taille. De nouveaux outils plus adaptés sont mis au point comme les couteaux à fougères, les pots à orchidées, les serres à ananas.

Autant de techniques nouvelles, qui seront largement diffusées par la littérature scientifique et botanique de l’époque. Olivier de Serre, Dezallier d’Argenville, l’abbé Schabol, Linné font partie de ces scientifiques qui ont permis grâce à leurs ouvrages la diffusion et la vulgarisation des savoirs.

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L’élément central des jardins du 17ème siècle dits « à la française » reste le parterre composé de broderies de buis. La taille des buis et arbustes devient un art : l’art topiaire. Il s’agit de trans-former les arbustes en cônes, boules, spirales, pyramides aux contours parfaits. Les Français transmettent le goût pour cet art à toute l’Europe en traçant des jardins aux massifs et par-terres géométriques aux motifs très sophistiqués conçus pour être admirés du premier étage de la demeure. Les jardins s’or-nent également de fontaines grâce à la maîtrise de l’hydro-plasie (l’art de projeter des fi-gures géométriques régulières

à l’aide de jets d’eau).A partir du 18ème siècle, les jardiniers sont souvent mobiles. Il existe donc deux types d’outils : ceux qui restent attachés aux lieux comme les brouettes, les échelles, les réservoirs d’eau et ceux que le jardinier conserve avec lui comme les greffoirs, les serpettes...

Pour transporter des plantes vivantes pendant un voyage de plusieurs mois, M. Ward a imaginé une petite serre.

A la fin du 18ème siècle, la 12ème édition du Bon Jardinier est agrémentée de 67 planches en couleurs montrant la grande diversité des outils et la maîtrise des techniques.

Jean-Baptiste de La Quintinie, est nommé par Louis XIV en 1670 « directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales ». En 1678, il entreprend la création du nouveau potager du roi à Versailles qui sera achevé cinq ans plus tard en 1683. Extrait de l’ouvrage de J.B de La Quintinie, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers.

Dans ce contexte, une véritable révolution s’opère dans l’art du jardinage. On la doit à quelques dynasties de jardiniers qui élèvent l’art des jardins au rang de la perfection. Les Mollet, les Le Nôtre imposèrent leur style à Vaux-le-Vicomte et à Versailles. Jean-Baptiste de La Quintinie s’imposa quant à lui à partir de 1670 par la conception originale du Potager du Roi.

Ces deux magnifiques plats montrent l’intérêt croissant porté aux jardins à la fin du 18ème siècle. Représentant les principaux outils du jardinier (arrosoir, cordeau, râteau…), on peut penser qu’ils ont été commandés par les jardiniers eux-mêmes puisque leur nom, la date et leur profession figurent sur le plat.

Planches extraites de l’ouvrage de Boitard, L’art de composer et décorer les jardins.

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Peugeot à Saint-Etienne. Cette production en série permet à la fois de diminuer le coût de revient mais aussi de produire des outils plus légers grâce à une meilleure maîtrise des techniques de façonnage du fer.

Jusqu’à la fin du 18ème siècle, le commerce des graines était peu développé et les jardins fonctionnaient en circuit fermé, conservant les graines récoltées de l’année précédente. C’est au 19ème siècle que le marché des plantes et des graines prend tout son essor. On compte alors le plus grand nombre de variétés de plantes tant pour le potager que pour le jardin d’agrément. Les catalogues de vente par correspondance, finement illustrés, nous en apportent la preuve. Les grands pépiniéristes Vilmorin, Croux, Noisette, proposent un large choix de plantes et de graines dans des catalogues abondamment illustrés pour satisfaire une clientèle rurale qui ne maîtrise pas toujours les rudiments de la lecture.

Le 19ème siècle se caractérise par la diffusion des connaissances dans le domaine de la botanique et du jardinage grâce au développement des publications, de leur distribution, et des axes d’échanges routiers comme à l’amélioration du maillage ferroviaire. La révolution industrielle donne aussi une nouvelle impulsion à l’art et aux techniques des instruments de jardinage.

Avant la révolution industrielle, les outils de jardin étaient des biens précieux. Le fer étant rare et cher, il était courant que le maréchal-ferrant ou le forgeron, qui fabriquaient les outils du jardinier, refondent les anciens outils pour en confectionner de nouveaux. Les outils de jardin étaient conçus à la demande et suivant la morphologie du jardinier. Deux impératifs régissent la fabrication de ces outils : la sécurité et l’efficacité. La sécurité est primordiale, l’outil doit avoir une bonne prise en main, c’est pour cette raison que certains manches d’outils comme des serpettes sont en os ou en bois de cervidé strié. L’efficacité de l’outil est garantie par une bonne maîtrise du façonnage du métal qui assure un tranchant fiable aux outils de taille. Enfin, l’esthétisme n’est pas négligeable, la finesse et le décor des outils reflètent le statut social de leur propriétaire. Les outils étaient parfois personnalisés avec les initiales du propriétaire, décorés de motifs floraux et parfois de devises. Le jardinier en prend soin, les répare, les entretient. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, les outils sont produits en série et sont vendus par correspondance afin de faire face à une demande croissante de la classe moyenne pour qui le jardinage est devenu un passe-temps. Deux grandes manufactures se distinguent dans la production d’outils de jardinage : Goldenberg et la manufacture

Catalogue général de graines Vilmorin 1894. Les catalogues de vente par correspondance commencent à proliférer dans les années 1850. Ils permettaient aux personnes vivant loin des centres urbains de s’informer et de se procurer les dernières innovations en matière d’outils et les dernières variétés de graines mises en vente.

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Catalogue de matériel horticole Tissot à Paris. 1910.

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un exempLe de Jardin à La française : Les Jardins du Château de martainviLLe

Quel écrin de verdure pouvait entourer le château de Martainville, construit à la fin du 15ème siècle par Jacques Lepelletier, armateur rouennais ? Il est délicat de répondre avec certitude à cette question, la documentation sur le sujet étant assez lacunaire.

Jacques Lepelletier choisit de faire édifier une « maison des champs » certainement consacrée aux réceptions, au repos et à l’agrément. A cette époque, le jardin prend une toute nouvelle place au sein du domaine seigneurial et en devient une composante majeure. Il existe alors une véritable interaction entre la maison et le jardin. Martainville est à ce titre le premier exemple en Normandie d’un accès direct entre le logis et le jardin grâce à une porte ménagée dans la tour de l’escalier sur la façade est du château.

Le domaine de Martainville s’étend sur 25 hectares et se compose d’un jardin d’agrément pour le plaisir des yeux, d’un potager qui assure l’approvisionnement en légumes qui garnissent la table du seigneur, de plusieurs vergers et d’un bosquet pour la promenade et pour alimenter le château en bois de chauffage.

Les jardins sont des créations éphémères par nature et n’ont souvent laissé que des traces ténues sur le terrain en changeant au gré des modes ou des occupants. Ainsi, les archives concernant le château de Martainville ne permettent pas d’attester la présence d’un jardin avant 1708. Date à laquelle Thomas Corneille dans son Dictionnaire universel géographique et historique cite le château de Martainville en ces termes « le château très bien bâti, est flanqué de 5 grosses et hautes tours avec des fossez remplis d’eau, des jardins, un grand parc fermé et des avenues d’arbres ». Même si l’implantation et le souci de modernité de la construction incite à penser que Jacques Lepelletier ou ses successeurs

directs ont certainement voulu profiter d’un espace de verdure domestiqué et raffiné à l’image de leur demeure, on ne peut affirmer la présence d’un jardin avant le début du 18ème siècle.

Pour l’étude des jardins du château de Martainville, nous pouvons nous appuyer sur trois plans terriers datant de 1739, 1750 et 1787. Ces documents administratifs peuvent être confrontés à deux miniatures, datant de 1787 et représentant le château vu de l’est et de l’ouest. La comparaison de ces documents permet une bonne lecture et une interprétation de ce que furent les jardins au 18ème siècle.

Le plan terrier de 1739, en vue cavalière, présente une telle précision dans la représentation qui permet de faire des hypothèses sur les plantations. Le premier ensemble se compose de deux jardins à l’est du château. Un premier dans l’alignement direct des fenêtres est consti-tué de deux parterres de broderie séparés par une large allée. Ils sont bordés d’une double ligne de buis ponctuée d’ifs taillés en cône, le tout encadré par deux allées de tilleuls en port libre. Plus loin, jusqu’au mur d’enceinte se développe un vaste potager en six planches

rectangulaires et deux polygonales. Le second ensemble est axé vers le sud. Il se compose de trois zones délimitées par des allées. Il comprend au centre un large parterre rectangu-laire en herbe, bordé d’une ligne de grands arbres en port libre. Au sud, un bosquet carré planté en verger et au nord un autre bosquet parfaitement carré recoupé par deux allées diagonales. A leur intersection, se trouve une clairière circulaire.

Le plan terrier de 1750 ne montre pas de grande modification dans l’implantation des jardins. Remarquons que les traits du dessin sont plus précis et plus colorés que celui de 1739 et permettent donc de distinguer plus de détails et de confirmer la présence d’un vaste verger au sud.

Le plan terrier de 1787 renvoie à des notes qui permettent d’identifier les différentes parcelles de terre bâties ou non bâties du domaine :

Ce plan terrier montre l’évolution du parc. Dans le jardin, les parterres de broderies ont disparu. Les deux allées de tilleuls en port libre ont grandi et sont maintenant taillées en tunnel de verdure. Le tracé du potager a été simplifié, traité en quatre quadrilatères à bordures taillées, un bassin rond occupe l’intersection des allées. Au sud, en revanche l’im-plantation des bosquets reste inchangée. L’inter-prétation de ce plan est en partie corroborée par deux miniatures datant de la fin du 18ème siècle, re-présentant le château de Martainville vu de l’est et de l’ouest. Cette représentation des jardins atteste la présence des deux allées de tilleuls ou charmille taillées en tunnel de verdure.

Miniature datant de la fin du 18ème siècle, représentant le jardin à l’Est (Coll. privée).

1739 1750 1787

Plan terrier de 1787 :- jardin (8) - la basse-cour où se trouve un « colombier à pied, écurie, remises,

étables, granges, pressoir et autres bâtiments avec un puits au milieu de la dite cour » (9).

- un herbage planté d’arbres fruitiers et de plusieurs rangées de

chênes (10). - un herbage (11)- une parcelle de « gazon » (12) - un « bosquet orné de statues et de hayes en charmilles et différentes

avenues plantées d’arbres de hautes futaies » (13) - un herbage planté d’arbres fruitiers (14 et 15).

Miniature datant de la fin du 18ème siècle, façade Est du château. Sur cette représentation des jardins, la margelle placée au centre du potager sur le plan terrier, est représentée au pied d’un escalier montant du jardin potager vers le jardin dit d’agrément. On distingue aussi très nettement un escalier et un talus qui n’apparaissent pas sur le plan terrier.

Page 9: e x p o s i t i o n Les 4 saisons Jardinier du · 2018-05-24 · Les 4 saisons 26 mars - 27 novembre 2011 e x p o s i t i o n Jardinierdu Musée des Traditions et Arts Normands Château

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Musée des traditions et des Arts normandsChâteau de Martainville76116 Martainville-Eprevilletél. 02 35 23 44 70

Horaires d’ouverture au public : tous les jours sauf mardi et dimanche matinde 10h à 12h30 et de 14h à 18h (17h du 1er octobre au 31 mars)Le dimanche de 14h à 18h30 (17h30 du 1er octobre au 31 mars)Entrée au musée : 3€ / Tarif réduit : 1,50€

Entrée gratuite : moins de 18 ans, scolaires, étudiants et demandeurs d’emploi

prix de vente 2e

9 782902 093793

rédaction du guide : Mylène Doré

Commissariat d’exposition : Mylène Doré, Caroline Louet, Guillaume Pellerin

installation de l’exposition : Dominique Delamare et Christiane Grognet

assistés par l’équipe du musée.

photographie : Yohann DeslandesL’ensemble des documents reproduits

provient de la collection de Guillaume Pellerin..Conception et réalisation : Imprimerie Département de Seine-Maritime.

tout au long de l’exposition,de nombreuses animations sont organisées

pour les établissements scolaires et le grand public. renseignements au 02 35 15 69 22 (du lundi au vendredi).