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e bimensuel ro , e aire parti communiste international (programme communiste)' l'intérêt national ses laquais Ce qui distingue notre Parti: La revendication de la ligne qui va du cc Manifeste communiste» Correspondance: Abonnements: 12" ANNEE - 166 i à la révolution d'Octobre et à la fondation de l'Internationale communiste; la lutte contre 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 15 F (150 FB) la dégénérescence de Moscou, le refus des Fronts populaires et des blocs de la Résistance; B.P. 266 - 13211 Marseille Cédex 1 6 mois 8 F ( 80 FB) 11 au 24 février 1974 Versements: pli fermé: 27 F et 14 F la tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaire, en liaison Chèque bancaire ou cc programme eemmanlste » LE NUMERO: 0,80 F avec la classe ouvrière, contre la politique personnelle et parlementariste. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an : 15 F (150 FB) A bas et Vive la PROLETAIRES, CAMARADES! Après plusieurs dizaines d'an- nées de propagande mensongère, voilà que s'écroulent les mythes de la « société du bien-être », du « progrès des peuples », de la « coopération internationale », dont le capitalisme s'était servi, avec l'appui des partis nationaux- communistes et socialistes, pour duper le prolétariat mondial, capter sa confiance et obtenir sa collaboration. Sur votre avenir planent à nouveau les menaces que vous a viez cru éloignées pour tou- jours: le chômage (4 millions de sans-travail prévus pour l'Europe industrielle en 1974, plus d'un million et demi en Angleterre en l'espace de quelques semaines), la chute du pouvoir d'achat des salaires et la baisse du niveau de vie, l'incertitude du lende- main, la misère, la faim. L'infla- tion galopante, la soi-disant crise énergétique, la hausse ver- tigineuse des prix des matières premières et des produits ali- mentaires, suffisent à ruiner les théories du développement capi- taliste sans' crise: dans la réalité quotidienne, c'est la crise sans développement. Chaque' Etat abandonne sans regret ses alliés de la veille (voir le chantage exercé par les USA sur l'Eu- rope ), passe l'éponge sur des « divergences idéologiques » que des dizaines d'années de propa- gande présentaient comme insur- montables (voir les rapproche- ments entre les USA et la Chine, les USA et Cuba), conclut des accords .avec des ennemis sécu- laires (cf. la nouvelle amitié sino- japonaise); chacun espère ainsi - en vain - échapper à une crise qui, contrairement à ce que voudraient vous faire croire la bourgeoisie, les syndicats et les soi-disant partis ouvriers, ne dé- pend ni de l'avidité des émirs arabes, ni de la voracité des monstrueuses « sociétés multina- tionales », ni de l'incapacité des ministres et des gouvernements ou de la myopie des « experts », mais DES LOIS INELUCTABLES ET IMPERSONNELLES DU CA- PITAL: ne pouvant vivre sans profit, celui-ci crée un excédent de marchandises et de capitaux qui ne trouvent pas de débouchés sur les marchés mondiaux, et con- traint ainsi les puissances impé- rialistes à la guerre commerciale d'abord, puis à la guerre mili- taire pour s'accaparer ces mar- chés - et dans cette guerre, c'est VOUS qui serez appelés à combattre. II y a bientôt 30 ans, c'était au nom de la « reconstruction de la patrie » que vos maîtres et leurs partis politiques, au premier rang desquels se trouvaient ceux qui prétendent vous représenter, vous avaient demandé de nou- veaux sacrifices - après tous 1 guerre de classe 1 ceux que vous avaient imposés la faim, la misère, la guerre - en vous faisant croire à un avenir meil!eur. Aujourd'hui comme hier, devant la crise qui s'abat à nouveau sur un système qui ne repose que sur votre exploitation, les syndicats et les faux partis ouvriers se serrent dans chaque pays autour de leur bourgeoi- sie, implorent des mesures im- possibles comme le « contrôle des prix » ou la « garantie de l'emploi », réclament un « nou- veau type de développement », proposent toutes sortes de « ré- formes de structures » mirobolan- tes, d'cc investissements produc- tifs» et de « nationalisations dé- mocratiques » dans le seul espoir de sauver l'ECONOMIE NA- TIONALE, qu'ils veulent faire passer pour un bien commun aux exploités et aux exploiteurs. En fait, aujourd'hui comme hier, les seules mesures que le capitalisme soit capable de pren- dre aux premiers signes de réces- sion, ce sont celles dont la classe ouvrière fait les frais: licencie- ments, accélération des cadences pour augmenter la productivité et rendre les marchandises plus compétitives, augmentation de la durée du travail par des heu- res supplémentaires, blocage des salaires, autrement dit aggrava- tion de l'exploitation. PROLETAIRES, CAMARADES! Aujourd'hui plus que jamais il faut briser le joug qui vous opprime, serrer les rangs et lut- ter ensemble pour la défense de vos conditions de vic et de tra- vail, en revendiquant : - De fortes augmentations de salaires pour combattre la hausse considérable du coût de la vie et vous défendre contre les heu- res supplémentaires auxquelles sont obligées de se soumettre des couches de plus en plus vastes de travailleurs; -- Le salaire intégral pour les chômeurs et les ouvriers licen- ciés, exclus de la production non pas « parce qu'ils n'ont pas en- vie de travailler », mais parce que le capital l'impose; - Le salaire intégral pour les retraités, pressurés jusqu'à la dernière goutte par le capitalis- me, condamnés maintenant à vi- vre dans des conditions miséra- bles; - La réduction draconienne du temps de travail à salaire égal. Ce sont des conquêtes contingentes, et tant que le pro- létariat ne s'est pas emparé du pouvoir politique, elles sont des- tinées à être balayées un jour ou l'autre par le capitalisme. Mais ce n'est qu'en luttant pour ces revendications que la classe ou- vrière pourra éviter de se laisser écraser en silence et en courbant l'échine, et pourra retrouver cette solidarité entre tous les exploités sans laquelle il est im- possible de dépasser la pure lutte de défense économique, pour passer à la lutte politique, c'est-à-dire la lutte pour la des- truction révolutionnaire du ré- gime du travail salarié. PROLETAIRES, CAMARADES! La trahison renouvelée des syndicats et des faux partis ou- vriers, qui prodiguent des con- seils pour sortir de la crise et invitent le gouvernement - le gouvernement de la bourgeoisie! - à défendre l'intérêt national, prouve une fois de plus que ces infâmes renégats ont enterré le cri de guerre du prolétaria t ré- volutionnaire : LES OUVRIERS N'ONT PAS DE PATRIE! LES PROLETAIRES N'ONT RIEN A PERDRE QUE LEURS CHAINES, ILS ONT UN MONDE A GAGNER! La crise sociale du capitalisme est internationale: le prolétariat doit y répondre internationale- ment. Les chômeurs et les sala- riés de tous les pays, qu'ils soient français, allemands ou portu- gais, anglais, japonais ou algé- riens, sont unis par les mêmes intérêts de classe et partagent .le sort de leurs camarades du monde entier: ILS N'ONT AU- CUN INTERET LOCAL OU NA- TIONAL A DEFENDRE. LUTTER POUR LA DESTRUC- TION DU CAPITALISME, OU PERIR DANS SES CONTRADIC- TIONS: il n'y a pas d'autre issue. Le prolétariat mondial doit re- conquérir ses traditions, son programme, et reconstituer l'ar- me de son émancipation: LE PARTI COMMUNISTE IN- TERNATIONAL. C'est quand la vague de la crise submerge les illusions du capital et les mensonges de la démocratie que les positions qu'ont toujours défendues les vrais militants communistes trouvent leur plus éclatante confirma tion : CUERRE DE CLASSE! REVOLUTION ET DICTATU- RE REVOLUTIONNAIRE IN- TERNATIONALE DU PROLETA- RIAT! TRANSFORMATION REVOLU- TIONNAIRE DE LA SOCIETE! PARTI COMMUNISTE INTERNATIONAL. JUSTICE ET TERREUR Le récent procès de policiers poursuivrs pour avoir exercé, en marge d'une manifestation, des violences sur des jeunes gens, a donné une fois de plus l'occasion à tous les bons et vrais démocrates de voler au se- cours de l'Etat bourgeois en faisant semblant de l'attaquer. Qu'il s'agisse de tortures en Algérie, de massacres au Chili, de fusillade chez Peugeot ou de simples brutalités policières rue Mademoiselle, leur méthode est toujours la même: ils dénoncent ces agissements comme « contraires à la mission» de l'armée ou de la police, et en appellent à l'Etat et à la Justice (au besoin à la Justice des Nations) pour châtier les coupables. Même présentée de façon virulente contre l'Etat, cette exigence contribue en réalité à le défendre contre la seule force capable de faire reculer la terreur blanche: le prolétariat D'abord, il n'est pas vrai que le rôle de la police soit d'aider les enfants à traverser les rues, et celui de l'armée de protéger «la nation» contre les autres nations. Le rôle de la force armée de l'Etat, du garde-champêtre à l'armée en passant par la police et la gendar- merie, c'est avant tout de mainte- nir un certain ordre social. L'ordre bourgeois en l'occurrence, l'ensem- ble des règles et des rapports so- ciaux qui correspondent aux exi- sont codifiés, et les infractions sont tarifées, comme dans un catalo- gue: - vol simple: 18 mois; - même modèle avec effraction: 3 ans; - supplément pour coups et bles- sures: 1 à 2 ans, etc., etc _ Par ce petit jeu, la Justice, c'est-à- dire l'Etat, se' pose en arbitre dès rapports sociaux, arbitre impartial chargé, sinon de « récompenser les bons », du moins de « punir les méchants ». de les faire payer au prorata cie leur faute. Et, grâce à l'hypocrite séparation des pou- voirs, cette Justice peut se pren- dre pour Dieu le Père ou La Mo- rale incarnée, et oublier que tout son appareil, du dernier indicateur aux juges suprêmes, de la cellule du commissariat aux centrales et à la guillotine, n'est qu'un énorme instrument d'intimidation, une for- midable force de dissuasion avant même d'être un instrument de ré- pression actif. Or, si en temps «normal» cette force suffit à contenir dans des limites acceptables les infractions à l'ordre bourgeois, il n'en est plus de même lorsque les crises et les antagonismes sociaux éclatent vio- lemment. Lorsqu'au lieu d'un petit cambrioleur ce sont des milliers de grévistes qui menacent la sainte propriété, lorsqu'au lieu d'un ivro- (Su.ite page 2.) DANS CE NUMERO: Contre l'indifférentisme dans la question nationale. - Réunion générale du Parti. genees du mode capitaliste de pro- duction, mais que la bourgeoisie présente comme les règles univer- selles et naturelles de toute vie sociale. Dans les périodes de relative sta- bilité sociale et de paix entre les classes, quand le prolétariat subit sans trop rechigner son oppression et son exploitation, les manque- ments à l'ordre bourgeois sont re- lativement rares. Ces infractions individuelles, l'Etat bourgeois se donne le chic de les réprimer en Juge - impartial - au - dessus - de - la - mêlée. Les rapports sociaux IMPÉRIALISTE PAIX Il Ya un an, sous le signe de la « détente internationale", la fin de la guerre du Vietnam était proclamée à grand renfort de publicité. La longue lutte des masses populaires vietnamiennes sur le front anti-impérialiste (contre les Japonais et les Français d'abord, les Américains ensuite) et sur le front anti-féodal au sens large, qui avait réussi à tenir contre le gendarme mondial, les USA, avait subir la pression contre-révolutionnaire convergente des accords russo-américains et de l'entente sino-américaine. Les brigands impérialistes et leurs valets fêtaient cette « paix» comme l'aube de la « concorde nationale» et le prélude à la « re- construction ». La Russie, la Chine et tous les partis opportunistes saluaient comme une « victoire» le maintien de la chape de plomb du statu-quo internationaL Aujourd'hui, nous dit Le Figaro du 30-1, la guerre - bien que « limitée» et sans offensives généralisées - fait rage avec plus de 50.000 morts en un an. Le Monde du même jour annonce que Saigon reconnaît, dans ses seuls rangs, près de 14.000 morts, 60.000 blessés et 4.000 disparus. Côté GRP, on annonce 312_000 violations du cessez-le-teu. Sur une population totale de 18 millions d'habitants, l'impé- rialisme US maintient matériellement et financièrement une armée contre-révolutionnaire de plus d'un million d'hommes, dans un pays la dégradation économique est vertigineuse, la décom- position sur place de la vieille société atteint des niveaux qui, sans l'intervention de l'impérialisme, auraient mené depuis long- temps à la victoire de la révolution démocratique. Le poids contre-révolutionnaire que l'impérialisme exerce avec plus ou moins de succès sur les peuples mûrs pour les transfor- mations nationales - révolutionnaires dans les aires arriérées ne peut pas ne pas provoquer réciproquement la constitution d'immen- ses réserves d'énergie potentielle qui, dans l'avenir, se transforme- ront en énergie cinétique avec d'autant plus de violence qu'elles auront été comprimées plus lonqternps. Plus forts seront les coups portés par le prolétariat révolu- tionnaire contre sa propre bourgeoisie dans les métropoles, plus grands seront les craquements de la domination impérialiste, et plus puissante sera la 1 ibération de cette énergie révolutionnaire dans les aires « impures »; plus forte sera cette libération, plus elle pourra contribuer - en présence du mouvement communiste international reconstitué - à la révolution prolétarienne mondiale et à la destruction définitive du capltallsme. ~ ~- -----------------~_ ..."

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ro,e •aire

parti communiste international (programme communiste)'

l'intérêt nationalses laquais

Ce qui distingue notre Parti: La revendication de la ligne qui va du cc Manifeste communiste» Correspondance: Abonnements: 12" ANNEE - N° 166 ià la révolution d'Octobre et à la fondation de l'Internationale communiste; la lutte contre 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 15 F (150 FB)la dégénérescence de Moscou, le refus des Fronts populaires et des blocs de la Résistance; B.P. 266 - 13211 Marseille Cédex 1 6 mois 8 F ( 80 FB) 11 au 24 février 1974

Versements: pli fermé: 27 F et 14 Fla tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaire, en liaison Chèque bancaire ou cc programme eemmanlste » LE NUMERO: 0,80 Favec la classe ouvrière, contre la politique personnelle et parlementariste. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an : 15 F (150 FB)

A baset

Vive laPROLETAIRES, CAMARADES!

Après plusieurs dizaines d'an-nées de propagande mensongère,voilà que s'écroulent les mythesde la « société du bien-être », du« progrès des peuples », de la« coopération internationale »,dont le capitalisme s'était servi,avec l'appui des partis nationaux-communistes et socialistes, pourduper le prolétariat mondial,capter sa confiance et obtenirsa collaboration.

Sur votre avenir planent ànouveau les menaces que vousaviez cru éloignées pour tou-jours: le chômage (4 millions desans-travail prévus pour l'Europeindustrielle en 1974, plus d'unmillion et demi en Angleterre enl'espace de quelques semaines),la chute du pouvoir d'achat dessalaires et la baisse du niveaude vie, l'incertitude du lende-main, la misère, la faim. L'infla-tion galopante, la soi-disantcrise énergétique, la hausse ver-tigineuse des prix des matièrespremières et des produits ali-mentaires, suffisent à ruiner lesthéories du développement capi-taliste sans' crise: dans la réalitéquotidienne, c'est la crise sansdéveloppement. Chaque' Etatabandonne sans regret ses alliésde la veille (voir le chantageexercé par les USA sur l'Eu-rope ), passe l'éponge sur des« divergences idéologiques » quedes dizaines d'années de propa-gande présentaient comme insur-montables (voir les rapproche-ments entre les USA et la Chine,les USA et Cuba), conclut desaccords .avec des ennemis sécu-laires (cf. la nouvelle amitié sino-japonaise); chacun espère ainsi- en vain - échapper à unecrise qui, contrairement à ce quevoudraient vous faire croire labourgeoisie, les syndicats et lessoi-disant partis ouvriers, ne dé-pend ni de l'avidité des émirsarabes, ni de la voracité desmonstrueuses « sociétés multina-tionales », ni de l'incapacité desministres et des gouvernementsou de la myopie des « experts »,mais DES LOIS INELUCTABLESET IMPERSONNELLES DU CA-PITAL: ne pouvant vivre sansprofit, celui-ci crée un excédentde marchandises et de capitauxqui ne trouvent pas de débouchéssur les marchés mondiaux, et con-traint ainsi les puissances impé-rialistes à la guerre commercialed'abord, puis à la guerre mili-taire pour s'accaparer ces mar-chés - et dans cette guerre,c'est VOUS qui serez appelés àcombattre.

II y a bientôt 30 ans, c'était aunom de la « reconstruction de lapatrie » que vos maîtres et leurspartis politiques, au premier rangdesquels se trouvaient ceux quiprétendent vous représenter,vous avaient demandé de nou-veaux sacrifices - après tous

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guerre de classe 1•ceux que vous avaient imposés lafaim, la misère, la guerre - envous faisant croire à un avenirmeil!eur. Aujourd'hui commehier, devant la crise qui s'abat ànouveau sur un système qui nerepose que sur votre exploitation,les syndicats et les faux partisouvriers se serrent dans chaquepays autour de leur bourgeoi-sie, implorent des mesures im-possibles comme le « contrôledes prix » ou la « garantie del'emploi », réclament un « nou-veau type de développement »,proposent toutes sortes de « ré-formes de structures » mirobolan-tes, d'cc investissements produc-tifs» et de « nationalisations dé-mocratiques » dans le seul espoirde sauver l'ECONOMIE NA-TIONALE, qu'ils veulent fairepasser pour un bien communaux exploités et aux exploiteurs.

En fait, aujourd'hui commehier, les seules mesures que lecapitalisme soit capable de pren-dre aux premiers signes de réces-sion, ce sont celles dont la classeouvrière fait les frais: licencie-ments, accélération des cadencespour augmenter la productivitéet rendre les marchandises pluscompétitives, augmentation de ladurée du travail par des heu-res supplémentaires, blocage dessalaires, autrement dit aggrava-tion de l'exploitation.

PROLETAIRES, CAMARADES!

Aujourd'hui plus que jamaisil faut briser le joug qui vousopprime, serrer les rangs et lut-ter ensemble pour la défense devos conditions de vic et de tra-vail, en revendiquant :

- De fortes augmentations desalaires pour combattre la hausseconsidérable du coût de la vieet vous défendre contre les heu-res supplémentaires auxquellessont obligées de se soumettre descouches de plus en plus vastes detravailleurs;

-- Le salaire intégral pour leschômeurs et les ouvriers licen-ciés, exclus de la production nonpas « parce qu'ils n'ont pas en-vie de travailler », mais parceque le capital l'impose;

- Le salaire intégral pour lesretraités, pressurés jusqu'à ladernière goutte par le capitalis-me, condamnés maintenant à vi-vre dans des conditions miséra-bles;

- La réduction draconiennedu temps de travail à salaireégal.

Ce sont là des conquêtescontingentes, et tant que le pro-létariat ne s'est pas emparé dupouvoir politique, elles sont des-tinées à être balayées un jour oul'autre par le capitalisme. Maisce n'est qu'en luttant pour ces

revendications que la classe ou-vrière pourra éviter de se laisserécraser en silence et en courbantl'échine, et pourra retrouvercette solidarité entre tous lesexploités sans laquelle il est im-possible de dépasser la purelutte de défense économique,pour passer à la lutte politique,c'est-à-dire la lutte pour la des-truction révolutionnaire du ré-gime du travail salarié.

PROLETAIRES, CAMARADES!

La trahison renouvelée dessyndicats et des faux partis ou-vriers, qui prodiguent des con-seils pour sortir de la crise etinvitent le gouvernement - legouvernement de la bourgeoisie!- à défendre l'intérêt national,prouve une fois de plus que cesinfâmes renégats ont enterré lecri de guerre du prolétaria t ré-volutionnaire :

LES OUVRIERS N'ONT PAS DEPATRIE!

LES PROLETAIRES N'ONTRIEN A PERDRE QUE LEURSCHAINES, ILS ONT UN MONDEA GAGNER!

La crise sociale du capitalismeest internationale: le prolétariatdoit y répondre internationale-ment. Les chômeurs et les sala-riés de tous les pays, qu'ils soientfrançais, allemands ou portu-gais, anglais, japonais ou algé-riens, sont unis par les mêmesintérêts de classe et partagent

.le sort de leurs camarades dumonde entier: ILS N'ONT AU-CUN INTERET LOCAL OU NA-TIONAL A DEFENDRE.

LUTTER POUR LA DESTRUC-TION DU CAPITALISME, OUPERIR DANS SES CONTRADIC-TIONS: il n'y a pas d'autreissue.

Le prolétariat mondial doit re-conquérir ses traditions, sonprogramme, et reconstituer l'ar-me de son émancipation:

LE PARTI COMMUNISTE IN-TERNATIONAL.

C'est quand la vague de lacrise submerge les illusions ducapital et les mensonges de ladémocratie que les positionsqu'ont toujours défendues lesvrais militants communistestrouvent leur plus éclatanteconfirma tion :

CUERRE DE CLASSE!

REVOLUTION ET DICTATU-RE REVOLUTIONNAIRE IN-TERNATIONALE DU PROLETA-RIAT!

TRANSFORMATION REVOLU-TIONNAIRE DE LA SOCIETE!

PARTI COMMUNISTEINTERNATIONAL.

JUSTICE ET TERREURLe récent procès de policiers poursuivrs pour avoir exercé, en marge

d'une manifestation, des violences sur des jeunes gens, a donné une foisde plus l'occasion à tous les bons et vrais démocrates de voler au se-cours de l'Etat bourgeois en faisant semblant de l'attaquer. Qu'ils'agisse de tortures en Algérie, de massacres au Chili, de fusillade chezPeugeot ou de simples brutalités policières rue Mademoiselle, leurméthode est toujours la même: ils dénoncent ces agissements comme« contraires à la mission» de l'armée ou de la police, et en appellent àl'Etat et à la Justice (au besoin à la Justice des Nations) pour châtierles coupables. Même présentée de façon virulente contre l'Etat, cetteexigence contribue en réalité à le défendre contre la seule force capablede faire reculer la terreur blanche: le prolétariat

D'abord, il n'est pas vrai que lerôle de la police soit d'aider lesenfants à traverser les rues, etcelui de l'armée de protéger «lanation» contre les autres nations.Le rôle de la force armée de l'Etat,du garde-champêtre à l'armée enpassant par la police et la gendar-merie, c'est avant tout de mainte-nir un certain ordre social. L'ordrebourgeois en l'occurrence, l'ensem-ble des règles et des rapports so-ciaux qui correspondent aux exi-

sont codifiés, et les infractions sonttarifées, comme dans un catalo-gue:

- vol simple: 18 mois;- même modèle avec effraction:

3 ans;- supplément pour coups et bles-

sures: 1 à 2 ans, etc., etc _

Par ce petit jeu, la Justice, c'est-à-dire l'Etat, se' pose en arbitre dèsrapports sociaux, arbitre impartialchargé, sinon de « récompenser lesbons », du moins de « punir lesméchants ». de les faire payer auprorata cie leur faute. Et, grâce àl'hypocrite séparation des pou-voirs, cette Justice peut se pren-dre pour Dieu le Père ou La Mo-rale incarnée, et oublier que toutson appareil, du dernier indicateuraux juges suprêmes, de la celluledu commissariat aux centrales età la guillotine, n'est qu'un énormeinstrument d'intimidation, une for-midable force de dissuasion avantmême d'être un instrument de ré-pression actif.

Or, si en temps «normal» cetteforce suffit à contenir dans deslimites acceptables les infractions àl'ordre bourgeois, il n'en est plusde même lorsque les crises et lesantagonismes sociaux éclatent vio-lemment. Lorsqu'au lieu d'un petitcambrioleur ce sont des milliersde grévistes qui menacent la saintepropriété, lorsqu'au lieu d'un ivro-

(Su.ite page 2.)

DANS CE NUMERO:

Contre l'indifférentisme dansla question nationale.

- Réunion générale du Parti.

genees du mode capitaliste de pro-duction, mais que la bourgeoisieprésente comme les règles univer-selles et naturelles de toute viesociale.

Dans les périodes de relative sta-bilité sociale et de paix entre lesclasses, quand le prolétariat subitsans trop rechigner son oppressionet son exploitation, les manque-ments à l'ordre bourgeois sont re-lativement rares. Ces infractionsindividuelles, l'Etat bourgeois sedonne le chic de les réprimer enJuge - impartial - au - dessus - de -la - mêlée. Les rapports sociaux

IMPÉRIALISTEPAIXIl Y a un an, sous le signe de la « détente internationale",

la fin de la guerre du Vietnam était proclamée à grand renfort depublicité. La longue lutte des masses populaires vietnamiennessur le front anti-impérialiste (contre les Japonais et les Françaisd'abord, les Américains ensuite) et sur le front anti-féodal au senslarge, qui avait réussi à tenir contre le gendarme mondial, lesUSA, avait dû subir la pression contre-révolutionnaire convergentedes accords russo-américains et de l'entente sino-américaine.

Les brigands impérialistes et leurs valets fêtaient cette « paix»comme l'aube de la « concorde nationale» et le prélude à la « re-construction ». La Russie, la Chine et tous les partis opportunistessaluaient comme une « victoire» le maintien de la chape de plombdu statu-quo internationaL

Aujourd'hui, nous dit Le Figaro du 30-1, la guerre - bien que« limitée» et sans offensives généralisées - fait rage avec plusde 50.000 morts en un an. Le Monde du même jour annonce queSaigon reconnaît, dans ses seuls rangs, près de 14.000 morts,60.000 blessés et 4.000 disparus. Côté GRP, on annonce 312_000violations du cessez-le-teu.

Sur une population totale de 18 millions d'habitants, l'impé-rialisme US maintient matériellement et financièrement une arméecontre-révolutionnaire de plus d'un million d'hommes, dans unpays où la dégradation économique est vertigineuse, où la décom-position sur place de la vieille société atteint des niveaux qui,sans l'intervention de l'impérialisme, auraient mené depuis long-temps à la victoire de la révolution démocratique.

Le poids contre-révolutionnaire que l'impérialisme exerce avecplus ou moins de succès sur les peuples mûrs pour les transfor-mations nationales - révolutionnaires dans les aires arriérées nepeut pas ne pas provoquer réciproquement la constitution d'immen-ses réserves d'énergie potentielle qui, dans l'avenir, se transforme-ront en énergie cinétique avec d'autant plus de violence qu'ellesauront été comprimées plus lonqternps.

Plus forts seront les coups portés par le prolétariat révolu-tionnaire contre sa propre bourgeoisie dans les métropoles, plusgrands seront les craquements de la domination impérialiste, etplus puissante sera la 1 ibération de cette énergie révolutionnairedans les aires « impures »; plus forte sera cette libération, pluselle pourra contribuer - en présence du mouvement communisteinternational reconstitué - à la révolution prolétarienne mondialeet à la destruction définitive du capltallsme.

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-- 2 LE PROLETAIRE

La première partie de ce compterendu a paru dans Le ProlétairenO 165.)

A ce point de l'exposé, le rappor-teur a mis en parallèle le diagnosticde Trotsky et celui que contenaitun bref article paru quelques moisavant dans Rassegna Comunista,organe théorique du Parti Commu-niste d'Italie pour montrer une foisde plus que, lorsqu'on parle dubolchevisme et de notre courant, ilne s'agit pas de deux phénomènes;distincts qui, par on ne sait quelle'heureuse conjonction des astres, se.seraient miraculeusement rencon-'trés au firmament de l'histoire,'mais de deux aspects d'une seuleet même dérivation et applicationdans la continuité du patrimoineinvariant de la doctrine marxiste.Dans cet article, avant tout, on n'hé-site pas à déclarer que les pers-pectives révolutionnaires se sonttemporairement assombries; maison n'en déduit ni que la condamna-tion historique du mode de produc-tion capitaliste et de la domina-tion bourgeoise ait été démentie, nila lâche justification d'un repli surune position de légalisme servile.En second lieu, on met clairementen évidence le fait que la férocité dela classe déclinante (faite d'astuceconsommée et d'une expérience sé-culaire dans l'art de gouverner etde tromper), cette férocité barbareCroît en raison inverse de la dé-composition du mode de produc-tion et d'appropriation des pro-duits; le fait que l'impérialisme si-gnifie non pas un phénomène nou-veau et différent du capitalisme telqu'il est né, «.suant le sang et la bouepar tous ses pores », mais l'exacer-bation de ses caractères d'oppres-sion et d'exploitation brutales, et.de l'usage alternatif et simultané dela matraque et de l'arme plus voi-lée et subtile du mensonge démo-,cratique.

Il n'y a pas de contradiction entreces deux « visages» du capitalismeagonisant, pas plus qu'il n'y a decontradiction entre l'agonie d'uncorps miné par les années et satenace et rageuse résistance à lamort - raison de plus pour oppo-ser à un monstre aussi extraordi-nairement vivace, même au momentoù l'histoire le rend vulnérable, laforce organisée et armée de laclasse dont la mission est de l'abat-tre et de l'enterrer à jamais.

La convergence entre les pointsde vue apparaît encore plus claire-ment si l'on considère les

RÉUNION GÉNÉRALE DU. PARTIdéductions que Trotsky - et aveclui Lénine, Zinoviev, Radek, Bou-kharine, c'est-à-dire toute la vieillegarde bolchévique - tire de l'ana-lyse de la situation mondiale et deses développements apparemmentcontradictoires, contre la légèreté etla démagogie de la fausse gauche,et la lâche résignation de la vieilledroite.

L'avertissement sévère qui ressortdu premier grand discours deTrotsky au Ille Congrès n'est pas(comme l'ont répété jusqu'à la nau-sée ceux qui avaient besoin d'unalibi pour déserter le combat com-muniste, et qui osaient accuser Lénine et Trotsky de .., passage à ladroite) l'avertissement de quelqu'unqui, parce qu'il voit les perspecti-ves de la longue bataille évoluerdans un sens moins favorable qu'onne le prévoyait un an auparavant,jette les armes et se rend - et serendre n'aurait pu signifier quejeter un nouveau pont entre le com-munisme et la social-démocratie etle centrisme, dans la panique du« sauve-qui-peut »: Au contraire!La guerre sainte des prolétairescontre les bourgeois a subi un coupd'arrêt; la victoire, qui semblaitproche, s'est éloignée dans le temps.Soit. Ce n'est pas une raison pouroue l'armée mondiale du commu-nisme capitule devant qui que cesoit, pas plus que l'Armée Rougen'avait de raisons de s'incliner de-vant la force momentanément supé-rieure de l'ennemi pendant troisans de fulgurante épopée.

La guerre a ses moments d'atta-que et de repli, d'offensive et dedéfensive, inévitables les uns commeles autres, féconds les uns et lesautres dans la perspective de lavictoire finale. Qui nie l'offensivepar principe est un traître, déclareTrotsky, et Lénine lui fera échoimmédiatement après; mais qui nejure que par l'offensive à tout mo-ment, à tout prix, à tout degré depréparation, est un pauvre d'esprit.De la tribune du Ille congrès mon-dial, par la bouche de l'homme queles jeunes militants occidentaux,enthousiastes mais inexpérimentés,étaient venus admirer « l'épée à lamain », on entendit affirmer quel'épée ne servait à rien, et particu-lièrement à la tête d'une armée enguerre, si l'on oubliait les chaus-

sures, les capotes et les gamellesdes soldats, si l'on n'étudiait pasavec une froideur égale à la pas-sion les rapports de force entrel'ennemi et nous; si l'on n'organi-sait pas les arrières avec la mêmeminutie que l'on déploie les pre-mières lignes; si, avant tout, onne se préoccupe pas d'obtenir pourles bataillons en armes l'appui, lasympathie, l'enthousiasme des non-combattants.

C'est la préparation révolution-naire qui urge, et celle-ci a pourpremière condition l'expulsion denos propres rangs des propagan-distes et des théoriciens de la ca-pitulation et de la défaite: réfor-mistes, centristes et leurs parti-sans; mais cette épuration, pourne pas tourner au sport commode,doit avoir pour inévitable et né-cessaire prolongement la conquêted'une influence toujours plus largeparmi les ouvriers et les paysanspauvres encore soumis par inertiehistorique à l'action de frein et desabotage de ces propagandistes etde ces théoriciens. La défensiveaussi - pourvu qu'elle ne soit pasérigée en idéal, mais comprise etmise en valeur comme un momentde la contre-attaque finale - a saforce: une force essentiellementmorale, qu'il s'agit de mettre àprofit pour gagner à soi, au partide la révolution, les masses ouvriè-res.

Juillet 1917 en Russie avait étéune tentative prématurée, une« action de mars » avant la lettre;la grandeur du parti bolcheviquefut de le transformer en une ten-tative victorieuse à peu de mois dedistance. Interprètes non des inté-rêts de ({leur» révolution, mais dela révolution mondiale sans laquellela révolution russe était destinée àpérir, les bolcheviks avertirent lesreprésentants d'une Europe centraleet occidentale qui, dans les troisannées d'après-guerre, avait subiune hémorragie héroïque mais fu-neste: nous ne voulons plus d'au-tres Juillet, nous voulons enfin unOctobre!

C'est là le sens de l'avertissement,dur comme il doit toujours l'êtredans le style des communistes, quiressortait du Ille congrès: vousn'êtes pas encore complètement dé-barrassés du poids centriste et so-

cial-démocrate, jetez-en les derniersrestes: mais apprenez dès aujour-d'hui comment on prépare lesconditions de la victoire finale, du-rement, dans la vie de tous lesjours, dans des tâches qui n'ontrien d'héroïque ni de romantique,mais qui font la véritable force desarmées en lutte contre tout autrechose que le moulin à vent classi-que; ne croupissez pas dans lesdélices de Capoue des paladins dela « défensive coûte que coûte »,mais ne vous épuisez pas non plusdans le Donquichottisme des pala-dins de « l'offensive à tout prix ».La force du parti révolutionnairede classe es t dans la fermeture deses barrières théoriques, program-matiques et organisatives, mais c'estune force qui se transforme en fai-blesse si elle n'est pas employéepour conquérir la plus large in-fluence sur des masses qui ne se-ront cependant avec nous, dans nosrangs, qu'après la révolution.

Qu'avions-nous écrit d'autre, pré-cisément pour préparer le IlleCongrès et en polémique presquetrop ouverte avec les déviationsdans le parti allemand, dans notretexte Parti et action de classe?Que faisait d'autre le Parti italien,dans la lutte dont il ne cachaitpourtant pas la nature défensive,contre les fascistes et les forces del'ordre de l'Etat démocratique?dans le combat contre leurs laquaissocial-démocrates? et dans cetteautre lutte, plus lente, moins en-thousiasmante, moins « héroïque »,mais tout aussi vi tale, pour la dé-fense des conditions de vie et detravail des ouvriers, pour l'unitésyndicale, pour le front unique entant que tactique qui, loin d'ex-clure une délimitation rigide parrapport à toutes les autres forma-tions dites ouvrières, est la condi-tion sine qua non de notre victoiresur elles et de la destruction deleur mortelle influence léthargiqueet conciliatrice sur les masses.

Les historiens qui, forts de l'igno-rance générale et de leur impu-nité particulière, se délectent dufameux étrillage de Terracini parLénine pendant les séances du IlleCongrès, devraient au moins, neserait-ce que pour leur gouvernepersonnelle, lire non seulement nosdéclarations officielles d'alors - ce

serait encore peu - mais le livreouvert de l'activité développée parle Parti Communiste d'Italie dirigépar notre courant sur le triple frontde la défense économique, de ladéfense armée et de la bataille anti-centriste et antÏ-réformiste; ilspourraient constater, avec millepreuves à l'appui, que nous con-damnions le putschisme exactementcomme le condamnaient les bolche-viks; que nous n'érigions jamais enprincipe la stupide théorie de l'atta-que permanente, mais ne donnionsjamais non plus notre aval à latrahison que représente la théorieopposée, selon laquelle la défenseexclut l'offensive, au lieu de ten-dre, en dernière analyse, à la ren-dre possible dans les meilleuresconditions et sur l'échelle la plusvaste; ils y verraient aussi lapreuve que nous n'avions pas dé-duit de notre défiance pour la for-mule de la conquête de la « majo-rité de la classe ouvrière », avecses relents démocratiques, la stu-pide théorie que le parti, qui esttoujours une minorité de la classe,doit s'enfermer dans une tourd'ivoire qui le voue à devenir .,. levaincu de la révolution, et avec luila classe ouvrière qu'il prétend dé-fendre. La dernière partie du rap-port a illustré, en partant d'un casnettement moins important et dé-cisif que celui de l'Allemagne, à sa-voir les vicissitudes du parti fran-çais, notre bataille tenace, sous ledrapeau de l'Internationale, pourdéfendre justement les points pra-tiques et de principe du Illecongrès: cette bataille a été miseen relief par le discours de notrereprésentant au 1er Congrès duP,C. français (Marseille, décembre1921), où Moscou l'avait envoyéavec le Polonais Walecki, et avecles comptes rendus d'une réuniontenue à huis-clos pour imposer auparti français les deux principescardinaux du front unique (déli-mité avec une clarté plus grandeque le Komintern lui-même nesemblait l'avoir fait) et de la cen-tralisation organisative.

Cet aspect que nous nous conten-tons d'évoquer ici, mais qui a étédéveloppé dans le rapport avec delarges citations, devra être appro-fondi et complété dans les prochai-nes réunions générales du parti,auxquelles l'organisation a déjà étémise partiellement en état de sepréparer à travers des indicationsbibliographiques et le recueil detextes et d'extraits utilisés ou à uti-liser par la suite.

JUSTICEgne braillard ce sont des dizaines.de milliers de manifestants qui oc-.cupent la rue, la balance de préci-.sion de Thémis se trouve coincée.L'appareil judiciaire laisse tomber.son visage moral et assume celuiide la terreur. La police cesse d'être.« judiciaire» et de chercher le« vrai coupable », elle cherche ou-vertement à intimider, à faire peur,'à terroriser par tous les moyens,pour· sauver l'Ordre.

Alors, l'Etat se moque ouverte-ment de la savante comptabilitédes responsabilités et des peines.Qu'importe que le matraquage soitproportionnel à la manifestation ounon; qu'importe que la grenadetombe sur un militant ou sur unbadaud; qu'importe que la balle ti-rée dans la foule frappe un révo-lutionnaire ou un enfant: c'est lamasse qu'il s'agit de terroriser! Eton y parvient aussi bien en frap-pant des « innocents » que des({ coupables »,

Un exemple historique de cettefonction a été donné par le sainthomme qui dirigeait la Croisadecontre les Albigeois. Devant uneéglise où des hérétiques et des bonscatholiques s'étaient réfugiés pêle-mêle, il n'a pas hésité: «Tuez-lestous, Dieu reconnaîtra les siens l ».

Celui-là savait et avouait qu'iln'était pas là pour récompenser lesbons et punir les méchants, maispour terroriser. Et si, comme l'af-firment nos démocrates, lors desmanifestations de mai 68 les CRScognaient sur d'innocents prome-neurs et tiraient des grenades la-crymogènes dans de paisibles cafés,ils accomplissaient bel et bien leurvéritable fonction. Tout commel'accomplissaient ceux qui, dansles commissariats ou ailleurs, bru-talisaient leurs prisonniers au mé-

ET TERREUR(Suite de la page 1)

pris des « droits démocratiques »,et au lieu de respecter leur « dignitéhumaine » essayaient de l'écraseravec leurs matraques. Car un desaspects de leur fonction c'est, pré-cisémen t: faire peur!

** *Même si cela semble paradoxal,

les clameurs outrées des démocra-tes contribuent à assurer cette fonc-tion. Car ce qui ressort générale-ment de ces clameurs, ce n'est pasl'indignation, la haine, la volonté derendre coup pour coup, mais unetrouille intense. Et l'étalage com-plaisant, la description tremblantedes brutalités, des viols, torturesou massacres, ne vise pas à pro-voquer la riposte, elle tend. à ré-pandre et généraliser cette trouille.Mais lorsque notre démocrate neparvient pas à faire partager sapeur, il n'en reste pas là.

L'indignation, la colère, la haine,la volonté de vengeance suscitéesdans les masses par cette terreurbourgeoise, il tend à la détournerde son véritable objectif, l'Etatbourgeois avec toutes ses institu-tions, pour la dériver sur des sous-fifres. Non content de revendiquerla « vraie police )}, la « vraie ar-mée », les « vrais CRS » (instituéssous Thorez!) au service de la na-tion, de la démocratie et des liber-tés, au moment même où se ma-nifeste leur fonction terroriste, ilen appelle à l'Etat bourgeois lui-même pour punir ce qu'il consi-dère comme des «abus» ou des« excès », Il cache le rôle terro-riste de l'Etat et de la Justice, enleur demandant de juger et dechâtier l'action terroriste de leursexécutants.

Lorsque cela est possible, l'Etat

ne demande pas mieux que de re-mettre le masque du Juge-au-des-sus-des-classes, du défenseur impar-tial du Droit. Mais il ne le peutpas toujours, de crainte de ramol-lir le bâton qu'il doit encore bran-dir pour tenir les prolétaires enrespect. Dans ces cas, à la stupeurdu démocrate, les procureurs nepoursuivent pas, les juges ne con-damnent pas, les préfets de policeet les ministres ne sanctionnentpas les « excès de la police », par-don, « de' certains policiers quidéshonorent ... leur noble fonction. »

Alors, le démocrate ne se sentplus, et montre tout ce dont il estcapable. Il fulmine, il vitupère, iltonne. Contre l'Etat et sa Justice,contre la domination bourgeoise?Dieu garde! Il fulmine contre telleforme de la domination bourgeoise,pour mieux mettre cette domina-tion elle-même hors de cause. Ilvitupère contre les magistrats, pourmieux mettre la Justice hors decause. Il tonne contre le gouverne-ment, pour mettre l'Etat hors decause, pour placer l'Etat et saJustice au-dessus des classes, pourles préserver de la haine et descoups de la classe opprimée.

Dans l'immédiat, d'ailleurs, mêmes'il a parfois des difficultés pourmaintenir l'Ordre, l'Etat bourgeoisn'est pas vraiment menacé par leprolétariat. Mais nos démocrates netravaillent pas seulement pour l'im-médiat. Comme nous, ils préparentl'avenir, mais dans un sens opposé.Nous, communistes, nous expli-quons que le prolétariat ne peuts'émanciper, détruire les rapportscapitalistes de production et ins-taurer la société sans classes, qu'endétruisant tout l'appareil d'Etatbourgeois. Car cet Etat est le rem-part qui protège le capital et ses

rapports sociaux, et plie le proléta-riat sous l'exploitation. Mais s'il estnécessaire de détruire cet Etat vé-néré par les démocrates, cela nesuffit pas. Le prolétariat devraimposer à la bourgeoisie et auxclasses moyennes l'abolition desrapports mercantiles et du sala-riat. Et il ne pourra vaincre, bri-ser leur résistance inévitable,qu'en leur dictant sa loi, en lesterrorisant!

Nous revendiquons la Terreur ré-volutionnaire contre la bourgeoisieet ses alliés. La Terreur Rouge,qui n'est liée par aucun Droit niaucune Justice soi-disant au-dessusdes classes, mais qui exprime la vo-lonté et l'action révolutionnaires duprolétariat devenu classe domi-nante, sa lutte pour détruire malgréleurs défenseurs les rapports deproduction qui sont à la base del'existence et de l'antagonisme desclasses.

Or, en condamnant la terreurbourgeoise au nom de la Démo-cratie, de la Justice, etc., c'est no-tre terreur de demain que les démo-crates condamnent et combattentd'avance! Alors que l'Etat enchaîneles prolétaires par la force, lesdémocrates veulent les enchaînerpar le droit, non seulement aujour-d'hui mais aussi demain.

Face à la terreur blanche, la re-vendication démocratique est défai-tiste, pour l'immédiat comme pourl'avenir. La légitime fureur susci-tée par cette terreur bourgeoise, leprolétariat doit la tourner contreson véritable organe, l'Etat capi-taliste. Il doit lui répondre par sahaine et par sa lutte de classe et,comme Marx à ses juges, lancerà la face de l'Etat bourgeois, deses sbires et de ses laquais démo-crates: Nous ne vous demandonsni Justice, ni pitié; n'en attendezpas non plus de nous demain!

Les larbinsau travail

Nous avons rapporté dans LeProlétaire no 164 une interven-tion de nos camarades dans unsupermarché de la banlieue lil-loise lors de la grève du 6 dé-cembre. Depuis, les bonzes de laCGT, de la CFDT et du « syndi-cat maison » n'ont pas été enreste pour donner au patron tou-tes les garanties pOSSibles deleur « loyauté ».

Ces larbins n'ont pas levé lepetit doigt p'our défendre les ou-vriers licenc1és à la suite de lagrève. Ils ont donné leur béné-diction à l'exigence du patron detravailler le samedi et le dimem-che pour l'inventaire de find'année, et l'un de ces « délé-gués ouvriers » est allé jusqu'àcouvrir honteusement l'exploita-tion capitaliste en garantissantau patron qu'il était possibled'utiliser un monte-charge sanssécurité, et en rendant les tra-vailleurs responsables d'éven-tuels accidents.

Le comble de la servilité a étéatteint quand le patron, en réac-tion au tract diffusé par noscamarades, a invité les « délé-gués » à faire une intense pro-pagande contre le tract et à in-former les travailleurs qu'unerécompense était promise à tousceux qui donneraient des rensei-gnements sur Le Prolétaire: ceslaquais ont en effet répondu fa-vorablement à cette offre dedélation, et. ont participé eux-mêmes à ce travail de police!

Gageons que le moment venu,ces gens-là seront traités par'es travailleurs comme ils le mé-ritent!

LE PROLETAIRE 3 --

Contre l'indifférentisme dansnationale et colonialela question

surtout les artisans et les intellec-tuels dans les villes luttent aux cô-tés de la bourgeoisie contre l'An-cien Régime dans la révolution libé-rale-nationale, et tant que ce cyclehistorique n'est pas achevé, le pro-létariat naissant doit entrer danscette lutte avec toute son énergierévolutionnaire, pour en projeterl'épilogue vers sa victoire de classe:c'est ce que Marx affirme dans leManifeste, à un moment où le pro-létariat est en train de jeter lesbases de sa doctrine et de sonorganisation politique, et c'est ceque le prolétariat a essayé de réa-liser en Europe en 1848, et enFrance en 1870.

La révolution russe doit être ex-pliquée en tant que révolutiond'abord bourgeoise et « populaire »,c'est-à-dire en tant que révolutiondu bloc plus ou moins informede ces classes infra-bourgeoises. Lapénétration de la forme économi-que industrielle et de l'impérialismemoderne lui-même à l'intérieur dela Russie tsariste ôte à la bour-geoisie son caractère hégémoniquedans la révolution populaire etoblige le prolétariat à le prendreà sa place. Ce difficile cycle his-torique n'a pas pu, en Russie, arri-ver à son terme, et l'histoire nenous en a pas fourni d'autres exem-ples, précisément parce que le liende la révolution internationale, celien indispensable pour qu'une for-me de classe pure, fondée sur leséconomies développées de l'Europecentrale et occidentale, pût con-duire la Russie au socialisme, a étébrisé.

victoire, de développer des for-mes économiques non plus mercan-tiles ni fondées sur l'entreprise,mais tendant progressivement aucommunisme intégral, et en mêmetemps il aurait accéléré le passage,en Russie, des formes pré-bour-geoises aux formes capitalistes (fût-ce de capitalisme d'Etat) en évi-tant le suicide de la révolution pro-létarienne, qui a eu son expressionla plus désastreuse quand on a dé-fini comme « socialiste » une struc-ture qui n'avait pas pu sortir deslimites mercantiles et monétaires.Il est évident que seule la forcedu parti international aurait pu évi-ter une telle aberration, qui s'estsoldée par la ruine de la théorie etde l'organisation communistes.Alors on aurait appelé par leurnom (capitalisme privé, capitalismed'Etat) certaines formes russes, eton aurait correctement défini com-me socialistes les premiers secteursde gestion sociale sans marchan-dise, valeur ni échange qui, pourêtre réalisés dans un pays comme

l'Allemagne ou comme l'Angleterre,ne demandent que des conditionsde force politique et non plus destructure économique, même dansl'hypothèse abstraite où peu depays, et peut-être même un seul,mais à structure complètement in-dustrielle, auraient été attirés dansJe cercle de la révolution, et tou-jours dans le feu de la lutte de larévolution internationale, de l'inter-vention directe dans la lutte declasses armée des autres pays, enrépudiant toute paix, émulation oucoexistence, que les premières dé-chirures dans le réseau du mar-ché mondial rendront d'ailleurs im-possibles.

Le blasphème du stalinismeconsiste donc à affirmer que lesocialisme économique a été réaliséen Russie et qu'on pouvait, dansla seule Russie féodale, en s'isolantdes pays capitalistes avancés, c'est-à-dire de leurs partis prolétariensrévolutionnaires, faire autre choseque de passer de la structure féo-dale à la structure capitaliste.

Ce bref mais dense résumé de la réunion générale de Turin deJUin 1958 complète utilement les textes publiés dans les numéros164 et 165 du Prolétaire pour donner un aperçu du travail de restaurationdes positions marxistes accompli par notre parti dans la question natio-nale et coloniale. Paru à un moment où aux explosions révolutionnairesde l'Orient «arriéré» contre l'impérialisme et les pouvoirs réactionnai-res locaux répondait, dans les métropoles, le silence et même l'hostilitédes partis opportunistes, dans une situation générale de passivité prolé-tarienne, le texte montre de façon particulièrement nette et tranchanteque, loin de constituer une réponse à la trahison du stalinisme, l'indiffé-rentisme des groupes qui se disent proches de nous, mais nient demanière absolue que la bourgeoisie et les couches infra-bourgeoises puis-sent avoir encore dans certaines parties du monde une fonction révolu-tionnaire, se rattache à une incompréhension du matérialisme historique etde la perspective marxiste de la révolution double; cette incompréhensionleur interdit de tirer les leçons de la contre-révolution, de comprendre leréveil des peuples coloniaux, et de préparer la reconstitution du parti mon-dial du prolétariat. Ouvriériste et antidéterministe en doctrine, l'indiffé-rentisme converge en politique avec le racisme, le stalinisme et lebas-trotskysme, qu'il croyait pourtant combattre.

L'ERREUR DE PRINCIPEbien plus, il considérait que la révo-lution pourrait prendre appui surtes luttes d'indépendance de labourgeoisie libérale en Europe cen-trale, luttes auxquelles 1848 n'avaitpas donné de conclusion histori-que; et ccci n'était nullement encontradiction avec le fait et la doc-trine de la lutte de classe du pro-létariat contre la bourgeoisie in-dustrielle, et du caractère interna-tional de cette lutte également dupoint de vue de l'organisation enparti. Cette phase se termina, pourcette aire géographique, avec laCommune de Paris; mais pour laRussie elle était encore ouverte en1917, tandis que pour l'Asie et lespeuples de couleur elle est encoreouverte aujourd'hui.Il ne s'agit pas seulement de

la fonction historique révolution-naire de la bourgeoisie, mais aussides classes qui. n'étant pas une.force autonome: sont remorquéespar elle et lui font cortège.Les paysans dans les campagnes et

Cette erreur consiste à nier demanière absolue ct anti-historiqueque la bourgeoisie puisse encoreavoir une fonction révolutionnairedans certaines parties du monde,et que cette révolution de classepuisse être une étape nécessairevers le socialisme prolétarien. Ilne s'agit absolument pas d'unequestion d'appréciation des situa-tions, mais d'une question de prin-cipe. La doctrine marxiste du dé-terminisme économique s'appliqueà toutes les classes sociales, dont lasuccession se fait selon un rythmedifférent dans les divers continentset chez les différents peuples. Nierceci ne serait pas le fait d'un inter-nationalisme conséquent, mais d'uneincompréhension de la dialectiquehistorique. Marx a expliqué dansdes textes indiscutables que de véri-tables luttes de classes se dévelop-paient dans tous les pays colo-niaux contre les formes précapita-listes, et que le prolétariat blancdevait les soutenir et les utiliser;

L'ORIENT CONTEMPORAINVenons-en maintenant à la période

contemporaine, dans les pays d'Asie,d'Orient et d'Afrique où la révolu-lion an ti-féodale et son cycle po-pulaire sont à l'ordre du jour. Ici,en ce qui concerne la tâche de laclasse bourgeoise et de la classeprolétarienne à peine née, s'ajouteJe problème des luttes contre lesimpérialismes blancs, qui veulent yimporter à la fois la structure in-dustrielle et la domination politi-que coloniale des métropoles. A plusforte raison encore que dans l'Eu-rope du XIXe siècle, la lutte nepeut qu'être dirigée contre la féoda-lité despotique traditionnelle à l'in-térieur, et contre l'étranger blanc,et il est inévitable que cette pola-rité cie classe parcoure la voie qui,suivant des formes complexes, mènede la révolution populaire et natio-nale à la révolution prolétarienneet de classe, cette voie que les évé-nements d'Europe (Amériques, Aus-tralie, etc.) non seulement n'ont pasabrégée, mais n'auraient pas totale-ment éliminée même si le prolétariatavait vaincu clans quelques métro-poles, au lieu d'être endormi etdésarmé comme il l'est, avec lapolitique hypnotique de la Russie.

A la réunion de Florence (1), ona clairement montré la cécité deceux qui, lorsqu'ils font un « tourd'horizon » - comme disent stupi-dement les bourgeois - ne par-viennent pas à expliquer le dyna-misme qui se manifeste chez lespeuples de couleur, contrairementà la soumission de classe manifes-tée dans les pays de race blanchepar le prolétariat, qui ne s'est pasencore réveillé du long sommeil pro-voqué par la piqûre atroce de lamouche tsé-tsé du plus infâmeopportunisme, ct qui traverse en-core cette phase aussi bien là oùMoscou arrive à transplanter lamaudite infection, que là où elle n'yarrive pas. Comment expliquer cephénomène en matérialistes histori-ques sinon en admettant - fût-ce àla honte cie nos partis ouvriers de-puis le premier après-guerre - quele potentiel révolutionnaire se dé-veloppe pleinement dans les classesexistant en Orient (bourgeoisie, pe-tite-bourgeoisie, et prolétariat àpeine formé), tandis qu'il est ab-sent dans les métropoles en tantque lutte de la classe ouvrière in-dustrielle contre le capitalisme?Chez nous, le prolétariat ne bougepas et tourne le dos à la révolutionet à la seule voie révolutionnaire,celle de l'internationalisme histo-rique: est-ce un remède de nier

(nous ne disons évidemment pas:de tenter d'arrêter) l'irruptiondes masses de couleur, sous le pré-texte scolastique et philistin qu'ellesne devraient se mettre en mouve-ment que pour lutter contre lecapi talisme, sans passer par la re-vendication populaire et nationale?Là-bas, cette revendication est à saplace, et elle est révolutionnaire;ici au contraire, du fait de la tra-hison russe, on nous la fait avalerjustement dans l'aire ct dans le cy-cle historique où il est possible dela dépasser et de revendiquer ladictature intégrale du seul projeta-riat.

L'erreur de ces déplorables ama-teurs avec lesquels nous devonsrompre définitivement pue à la foisle racisme, le stalinisme, et le bas-trotskysme. Elle équivaut à situerla série historique des modes deproduction chez un unique peupleélu, l'européen de race blanche, quiarrive au socialisme en se fichantdu reste du monde, où le socialismedevrait ensuite (si nous y compre-nons quelque chose) être injectépar un impérialisme socialiste. Enoutre, elle réduit l'involution de laRussie à de simples erreurs de ma-nœuvre dans la politique et la con-duite de l'Etat, ce qui est uneconstruction totalement anti-déter-ministe, au lieu de l'expliquer pardes raisons relevant de la structuresociale. Et précisément parce qu'ellene veut voir partout que deux clas-ses opposées dans un antagonismefrontal et balaye toutes les autres,elle voit forcément en Russie unenouvelle classe et une nouvelleforme de production, celle de labureaucratie d'Etat qui exploite lesprolétaires.

Pour sortir de ces ténèbres, nousdevons utiliser tout notre matérielde ces dernières années, y compristout le travail sur la Russie (réu-nions de Trieste, Bologne, Naples,Gênes) (2), et ces armes doiventêtre utilisées par tous les camara-des.

Il faut bien distinguer la ques-tion politique de la question écono-mique. Ainsi le développement (parexemple en Allemagne) des formesindustrielles pouvait permettre àla dictature prolétarienne, après la

La grève des Houillèresl'arme des ouvriers résistant àj'exploitation, mais qu'il faudraitlui substituer la négociation oùl'on discute avec le patron dupoint d'intersection exact del'offre et de la demande. C'estainsi que les 10.000mineurs deLorraine n'étaient en grève, auxdires des syndicats, que « pourfaire respecter leur droit »,uniquement pour se faire payerles jours de lock-out, le toutenrobé des litanies patriotardessur la « revalorisation de la pro-fession », C'est ainsi qu'aprèsavoir fait des pieds et desmains pour faire reprendre letravail aux mineurs cheminotssous le prétexte de « solidaritéavec les mineurs lockoutés », ilfallut que les 10.000mineurs re-prennent le travail une fois quel'on était « revenu au point dedépart ». Mais, s'indigne L'Hu-manité du 28-1-74« quinze joursde production (600.000tonnes decharbon) perdues pour rien!Quel gâchis ! »

Ce qui a été passé sous .si-lence, c'est que parallèlementà cette grève, mais sans que lessyndicats l'utilisent comme le-vier, se déroulaient aux Char-bonnages des négociations sala-riales initialement prévues pourle 23 mais repoussées au 25pour avoir plus de calme.

Voilà le résultat désastreuxde la politique de collaborationde classe: gaspiller les énergiesprolétariennes, châtrer la classede sa seule force, l'union et lasolidarité dans la lutte contrele capital.

Les énergies et la combativitéouvrières ne peuvent servir d'ar-me efficace de résistance au ca-pital sans un combat résolucontre l'orientation réformisteet opportuniste, pour être misesau service de l'émancipation dujoug du capital.

gner la seconde bataille ducharbon, comme ils ont rem-porté la première au lendemainde la libération. Mais il fautau préalable que le gouverne-ment renonce à sa politique deliquidation, qu'il embauche dejeunes mineurs et que, pourcela, il revalorise du tout autout notre profession » (cf. LeMonde du 24-1-74).

Est-il possible de faire sasale besogne de larbin avec plusde cynisme? C'est un fait queles mines de Lorraine sont loind'être un paradis pour les travailleurs : malgré l'augmenta-tion du rythme et de l'intensitédu travail, le rend.ement pla-fonne à moins de 3 tonnes parjour et par mineur pour la bon-ne raison que les veines sont deplus en plus difficiles à exploi-ter. Le résultat est que, del'aveu même du bonze Brücq,«en 1972, il y a eu 15 % d'acci-dents de plus qu'en 1971». Cequ'il faut par conséquent, c'est ...remplacer les vieux mineursusés qui sont moins produc-tifs par des jeunes prolétairesencore frais, et qui, par lesmalheurs de la concurrence, sontcondamnés à aller travailler enAllemagne où les salaires sontplus élevés, au lieu de se fairetanner la peau dans les mines« nationales » et, qui plus est,« nationalisées »!Il faut donc « revaloriser la

profession » des mineurs, etmême augmenter les salairespuisque les mines ont besoin debras. Bref, la meilleure « ga-rantie » contre le capital acessé d'être l'organisation et lasolidarité prolétariennes qui vi-sent à surmonter la concurrenceentre les travailleurs; ce serait ...la loi de l'offre et de la de-mande!

C'est aussi la raison pour la-quelle la grève ne serait plus

Pour la bourgeoisie, le « bien-être » des ouvriers devrait dé-couler des progrès de la pro-duction. Feignant d'oublier qu'enrégime capitaliste, « progrès dela production » signifie ren-forcement de l'exploitation,despotisme de fabrique accen-tué, les directions syndicales,tout comme les partis soi-disantouvriers qui les inspirent, pré-tendent marier les intérêts de laproduction nationale, « l'intérêtnational» et les intérêts des pro-létaires. La récente grève desHouillères de Lorraine confir-me une fois de plus à quel de-gré d'abjection sont tombés lestenants de cette politique decollaboration de classe.

La grève des 500 cheminots-mineurs ainsi que celle des10.000 mineurs lockoutés pen-dant la grève des précédents etdont elle a pris le relais, -répondant en écho au mouve-ment des mineurs anglais con-tre lesquels le gouvernementHeath appelle à livrer une se-conde « bataille d'Angleterre »- sont autant de signes de ladétermination des gueules noi-res de ne pas subir sans bron-cher l'effort « national » ques'apprête à leur imposer la bour-geoisie au moment où s'aiguisela concurrence et grandissentles disputes avec les autres bri-gands capitalistes, grands et pe-tits. Et c'est précisément à cemoment que le responsable CGT,Gérard Brücq, se sent obligé de

.rassurer la bourgeoisie en don-nant la garantie que l'opportu-nisme est à son poste, c'est-à-dire prêt à tenter de plier lesprolétaires aux exigences de la« compétitivité » et aux néces-sités de « l'indépendance énergé-tique» :

« Si la France le leur deman-de, les mineurs sont prêts à ga-

(1) 26-27 janvier 1958. Voir Les lut-tes de classes et d'Etats chezles peuples de couleur, champhistorique vital pour la critiquerévolutionnaire marxiste, Il Pro-gramma Comunista n-o 3, 4, 5,6, de 1958.

(2) Voir les textes intitulés Fac-teurs de race et de nation, Rus-sie et révolution dans la théo-rie marxiste, et structure éco-nomique et sociale de la Russied'aujourd'hui, dans Il Program-ma Comunista de 1954, 1955,1956 et 1957.

Vient de paraître :

PROGRAMME COMMUNISTE NO 61Sommaire:

La question de l'autodétermination dans les classiques du marxis-me.Cours mondial de l'impérialisme.Note de lecture: les lauriers de la social-démocratie autrichienne.

Le numéro: 3 F. Commandes au « Prolétaire ».