UNION COMMUNISTE (trotskyste) Face aux démagogues …

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Le journal d’Arlette Laguiller ISSN 0024-7650 Prolétaires de tous les pays, unissons-nous ! UNION COMMUNISTE (trotskyste) Hebdomadaire Paraît le vendredi N° 2441 15 mai 2015 1,20 € • DOM : 1,80 € Les 23, 24 et 25 mai à Presles, la Fête de Lutte Ouvrière pages 7, 8, 9 et 10 L 15290 - 2441 - F: 1,20 Immigrés et Français, une même classe ouvrière Face aux démagogues racistes et xénophobes LO

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Le journal

d’Arlette Laguiller

ISS

N 0

024-

7650 Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

UNION COMMUNISTE ( t rotskyste)

HebdomadaireParaît le vendredi N° 2441 15 mai 2015 1,20 € • DOM : 1,80 €

Les 23, 24 et 25 mai à Presles,la Fête de Lutte Ouvrière

pages 7, 8, 9 et 10

L 152

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F: 1,

20 €

Immigrés et Français, une même classe ouvrière

Face aux démagogues racistes et xénophobes

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ÉDITORIAL

2 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

Lutte Ouvrière dans les kiosques

Notre journal est disponible chez les marchands de journaux, distribué par les Messageries lyon-naises de presse (MLP).

Les idées que nous défendons doivent pouvoir entrer en contact avec un plus large public. C’est pourquoi nous comptons sur tous nos amis, mili-tants et sympathisants ou lecteurs occasionnels. Ils peuvent intervenir auprès des marchands de jour-naux qu’ils connaissent, pour que ceux-ci affichent notre journal, et les en remercier, non seulement en leur achetant Lutte Ouvrière mais en les privilégiant pour leurs autres achats de presse. Ils peuvent aussi nous signaler les points de vente où Lutte Ouvrière n’apparaît pas, mais où ils pensent que ce serait souhaitable. Sur le site Internet de Lutte Ouvrière (ru-brique «dans les kiosques») on peut trouver la liste des points de vente où notre journal est disponible.

Merci à tous nos lecteurs de faire mieux connaître Lutte Ouvrière.

Au sommaire

Éditorial des bulletins d’entreprise du 11 mai

Non aux démagogues racistes et xénophobes !

Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers, s’est vanté d’avoir compté les élèves musulmans de sa commune à partir des prénoms des enfants scolarisés, quand bien même la loi l’interdit. Face aux menaces judicaires, il nie désormais avoir fiché les enfants. Mais alors, comment est-il parvenu au nombre de 64,6 % ?

Ce comptage nous renvoie aux pratiques du régime de Pétain. Il n’était alors pas question d’enfants musulmans, c’étaient les enfants juifs qui étaient comptés et forcés de porter l’étoile jaune, et on sait que cela a mené aux camps de concentration et à la mort.

Affirmer qu’il suffit d’un prénom pour déduire la religion, l’origine, la nationalité d’une personne et sa supposée dange-rosité – puisque c’est de cela dont il s’agit – relève du racisme primaire. Et dire que ces enfants nés en France, et dont la plupart des parents sont eux-mêmes français, représentent un « problème », c’est distiller le poison mortel de la xéno-phobie.

Les provocations de Ménard et sa politique discrimina-toire donnent une idée du danger que représenterait un gou-vernement d’extrême droite.

Il ne s’agit pas d’un dérapage individuel. Ménard a reçu le soutien inconditionnel du Front national et il profite, comme tous ceux de son espèce, d’un climat politique de plus en plus malsain.

Au lendemain des attentats de janvier, toute la classe poli-tique s’était répandue en discours de tolérance. Il ne fallait pas avoir peur, ne pas tomber dans la provocation commu-nautariste tendue par les terroristes. Aujourd’hui, les diri-geants du FN et de l’UMP s’adonnent aux amalgames, riva-lisent en attaques contre les immigrés et en insinuations contre les musulmans, pour capter les faveurs de l’électorat le plus raciste et le plus réactionnaire

Quand le député-maire UMP de Nice, Estrosi, déclare qu’il y a en France des « cinquièmes colonnes » islamistes et qu’une « troisième guerre mondiale » est déclarée à « la civilisation judéo-chrétienne », il reprend le discours du FN.

Sous prétexte de défendre la laïcité, l’UMP et le FN veulent chasser de l’espace public les signes religieux… musulmans. Car il n’est bien entendu jamais question des cathédrales et des églises, à l’ombre desquelles les villes et les villages du pays se sont construits. Habitudes alimentaires, vêtements,

ils se saisissent de toutes les différences pour les exagérer et les transformer en dangers. Ils voudraient rallumer les guerres de religion qu’ils ne s’y prendraient pas autrement !

L’UMP et le FN mettent en avant la laïcité, c’est-à-dire un principe progressiste selon lequel la religion n’a pas à régen-ter la vie sociale. Mais ce n’est pas pour favoriser le « vivre-ensemble », comme ils disent hypocritement, mais pour flat-ter les préjugés xénophobes, pour diviser les travailleurs et exclure.

Leurs professions de foi « républicaines » jouent le même rôle. En rebaptisant l’UMP Les Républicains, Sarkozy s’ap-prête à nous refaire le coup de l’« identité nationale », alors que l’identité de la France est justement d’être un vieux pays d’immigration, un pays où une personne sur quatre a des parents ou des grands-parents italiens, portugais, polonais, algériens, marocains, tunisiens, maliens, sénégalais...

L’extrême droite et la droite cherchent à exciter les haines et les peurs, elles sont les responsables directes de la mon-tée xénophobe à laquelle on assiste et qui rend l’air de plus en plus irrespirable. Mais, dans un autre genre, les appels à l’unité nationale chers au gouvernement socialiste repré-sentent un piège aussi dangereux pour les travailleurs. C’est celui de l’alignement derrière les intérêts de nos propres ex-ploiteurs.

Qu’y a-t-il de commun entre un ouvrier de Peugeot qui n’arrive pas à boucler ses fins de mois et son ex-PDG, Varin, qui s’est octroyé un complément de retraite de 300 000 euros par an ? Qu’y a-t-il de commun entre les 2 200 salariés de Mory Global licenciés et les actionnaires qui se sont enrichis sur leur dos ?

Contre les tentatives de la droite de diviser les travailleurs et contre la politique de soumission au patronat prêchée par Hollande, les travailleurs doivent réaffirmer qu’il y a deux classes, celle des exploités et celle des exploiteurs ; qu’il faut que le camp des travailleurs reste uni contre les exploiteurs.

Aux mots creux de « république » et « d’unité nationale », les travailleurs ont à opposer leurs valeurs ouvrières, celles de la solidarité et de la lutte contre l’exploitation capitaliste, pour l’émancipation de tous. À l’identité nationale, les tra-vailleurs, français ou étrangers ont à opposer leur identité de travailleurs exploités, leur conscience de classe et l’inter-nationalisme.

LEUR SOCIÉTÉ

Accueil des migrants, droit d’asile peau de chagrin 3

Loi sur le “dialogue social” 3

Compagnies pétrolières 3

Reprise ou pas les licenciements continuent 4

Crédit d’impôt recherche 4

Airbus A400M 4

Hollande aux Antilles 5

À propos du Memorial ACTe 5

DANS LE MONDE

Cuba : Hollande aux affaires 6

Allemagne : grèves 6

Grande-Bretagne : Cameron réélu 16

Russie : parfum de guerre froide et de contrats 16

FÊTE DE LUTTE OUVRIÈRE

Le programme 7, 8, 9 10

IL Y A 70 ANS

8 mai 1945 : le soulèvement et la répression à Sétif 11

ENSEIGNEMENT

Réforme du collège 12

Bobigny : manifestation 12

École Ampère – Oullins 12

ENTREPRISES

Les 35 heures à l’AP-HP 13

Hôpital de la Pitié-Salpétrière 13

Sanofi-Aramon 13

Technicolor-Rennes 14

Fonderie Castmétal 14

Areva 14

Varin et sa retraite-chapeau 14

Renault-Flins 14

Aéroport de Roissy 15

Taxe Chirac 15

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Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 3

LEUR SOCIÉTÉ

Accueil des migrants : droit d’asile peau de chagrinLe projet de loi sur la réforme du droit d’asile, adopté par les députés en décembre 2014, est en discussion depuis lundi 11 mai au Sénat. La majorité sénatoriale, de droite, a annoncé la couleur : elle veut durcir le texte du gouvernement, accusé d’aboutir à grossir le flux des demandeurs d’asile et le nombre des immigrés clandestins.

Pourtant, le sort des demandeurs d’asi le non seulement risque de ne pas s’améliorer, mais il pour-rait même s’aggraver avec la réforme du gouverne-ment, même sans les amen-dements des sénateurs.

Le gouvernement veut ramener le délai de trai-tement des dossiers de de-mande d’asile de deux ans actuellement à neuf mois en 2017, grâce à la simpli-f icat ion des démarches et au « désengorgement des institutions ». Ce dé-lai pourrait même être réduit à trois mois quand l’étranger vient d’un pays dit sûr, c’est-à-dire consi-déré par l’administration comme démocratique et respectueux des droits de

l’homme. Enfin, le projet de réforme déclare vou-loir améliorer les condi-tions d’accueil des deman-deurs d’asile. Aujourd’hui, un tiers d’entre eux sont logés dans des centres d’hébergement d’urgence, dans des conditions inac-ceptables, un autre tiers devant se loger par ses propres moyens.

Les associations d’aide aux demandeurs d’asile, si elles reconnaissent pru-demment au projet de ré-forme certaines avancées, en pointent surtout les reculs pour ceux qu’il est censé mieux protéger.

Ainsi, fait remarquer la Cimade, « la mise en œuvre de ces dispositions dépend l a rgement des moyen s

f inanciers qui seront al-loués pour les préfectures, l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), etc. et pour ga-rantir un hébergement et une allocation à tous les demandeurs. » Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a promis la construction de 5 000 hé-bergements, alors qu’il en faudrait au moins 20 000 : on est loin du compte !

En outre, la réduction des délais de traite-ment des dossiers s e r a o b t e nu e grâce à la créa-t i o n d e p r o -cédures accé -lér é e s . M a i s , « p o u r b i e n juger ces dos-siers fragiles, il faut du temps... Derrière l’idée d’une amélioration, se cache un faux semblant », c om me nte l a présidente d ’ u ne de c e s associations, q u i y voit un

danger car « accéléré rime avec expéditif ».

En outre, si le gouver-nement justifie sa réforme par la constatation que « le dispositif français est au-jourd’hui inefficace », c’est aussi parce qu’« il crée une incitation au détournement de la procédure d’asile à des fins migratoires ». Et c’est là que le bât blesse. « Le gou-vernement est aveu-glé par le

contrôle des f lux d’immi-gration », constate un avo-cat spécialisé dans l’aide aux migrants. Rien à voir donc avec la protection des demandeurs d’asi le, au contraire : pour ces der-niers, tout cela n’augure rien de bon. Hollande, sur ce plan là aussi, ne vaut pas mieux que Sarkozy.

Jean-Jacques Lamy

Compagnies pétrolières : les prix baissent, les profits montent

« Raffinage : les marges en Europe atteignent des sommets », a titré le jour-nal économique Les Échos. Alors que les compagnies pétrol ières avaient pris l’habitude de pleurer sur la faible rentabilité de leurs raffineries, que Total en avait profité pour mettre sur pied un plan de désen-gagement avec l icencie-ments à la clé, on apprend donc maintenant que les compagnies pétrolières ont en moyenne doublé leurs marges en un an.

Chez Total c’est encore mieux. Le résultat opéra-tionnel de l’activité raffi-nage, qui correspond à peu

près au profit généré par celle-ci, a atteint 1,1 mil-liard, soit trois fois plus que le résultat enregistré il y a un an.

Le paradoxe est q ue cette envolée de la renta-bilité et des profits du raf-finage, c’est-à-dire la trans-formation du pétrole en essence ou gazole, corres-pond au moment où les prix du pétrole se sont effon-drés, en moyenne divisés par deux. Faire f lamber les profits avec des prix de la matière première à la baisse est simple : il suffit de ne pas répercuter cette baisse des prix

En clair, la baisse du prix

du pétrole est une opportu-nité pour les compagnies, qui rackettent encore plus qu’en d’autres périodes les automobilistes, en conti-nuant à leur faire payer le même prix, si ce n’est une toute petite baisse.

Quant à l’avenir, on peut être rassuré pour les com-pagnies. Dès qu’une simple probabilité de hausse du pétrole pointera le bout de son nez, elles se précipite-ront, en pleurant misère, pour augmenter leurs prix de vente, et continuer leur racket sur un autre air.

Paul Sorel

Loi sur le « dialogue social » : et l’égalité hommes-femmes ?En plus de s’attaquer à la représentation syndicale des salariés, le projet de loi dit « de réforme du dialogue social » présenté par le ministre dit « socialiste » du Travail s’en prend aux rares mesures qui vont, un peu, dans le sens de l’égalité entre hommes et femmes au sein de l’entreprise.

Ce sont des organisa-tions féministes et Yvette Roudy, ancienne ministre déléguée aux Droits des femmes sous Mitterrand, qui ont levé le lièvre.

Depuis 1983, depuis la loi Roudy, les entreprises de plus de 300 sa lar iés doivent rendre chaque an-née un Rapport de situation

comparée, encore dit RSC. Celui-ci relève les diffé-rences de rémunération entre hommes et femmes et aussi les différences concer-nant le ty pe de contrat signé, les formations pro-posées, les promotions… Quant aux entreprises de moins de 300 salariés, elles établissent un « diagnostic »

allant dans le même sens. Ce sont ce RSC et ce diagnos-tic que le projet de loi du ministre du Travail envi-sage de supprimer, en sup-primant purement et sim-plement les deux articles de loi qui les définissent. Tout un symbole de la servilité du gouvernement envers le patronat.

C e r te s , de pu i s p l u s de trente ans que la loi a été votée, les femmes sont loin d’avoir conquis l’éga-lité professionnelle avec les hommes dans l’entreprise. Comme le dit en ouverture

la pétition mise en ligne pour protester contre ce projet : « En France, en 2015, les femmes touchent 27 % de salaire en moins que les hommes. Une sur trois tra-vaille à temps partiel, elles sont majoritaires dans les métiers les moins bien rému-nérés, aucune femme n’est à la tête d’une entreprise du CAC 40, elles touchent 40 % de retraite en moins et une sur cinq est victime de harcè-lement sexuel en entreprise. »

Cer tes, la loi n’a pas suffi, ne suffira pas et ne peut pas suffire à réaliser

l’égalité entre hommes et femmes, que ce soit dans l’entreprise ou dans tout autre secteur de la vie. Elle a cependant permis, çà et là dans des entreprises, de dénoncer quelques abus outranciers et de remédier à certains.

Finalement, après les re-mous provoqués dans son propre camp, Rebsamen promet qu’il va revoir sa copie. Voire… Et quoiqu’il en soit, comme l’ont dit des initiatrices du projet « Le compte n’y est pas ! »

Sophie Gargan

Nathalie Arthaud dans les médiasNotre camarade Nathalie Arthaud sera invitée lors des émissions suivantes dans les jours qui viennent :

jeudi 14 mai à 7 h 50 – RTL, Invitée de Jean-Michel ApathieVendredi 15 mai à 8 h 15 – I-télé Invitée de Bruce Toussaint

Samedi 16 mai à 8 h 20 La revue de presse de LCI,Jeudi 21 mai à 22 h 30 - LCI, Invitée du journalVendredi 22 mai à 8 h 30 – France Bleu Île-de-France 107.1 Invitée politiqueLundi 25 mai à 7 h 40 – France 2 Invitée des 4 VéritésAttention, ces horaires peuvent être modifiés au dernier moment.

AGENDA

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4 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

LEUR SOCIÉTÉ

Airbus A400M : quatre morts pour le profit ?Samedi 9 mai, lors d’un

vol d’essai, un avion mili-taire gros porteur Airbus A400M s’est écrasé près de Séville, en Espagne, pour des raisons encore incon-nues. Dès le lundi, alors

que les salariés du groupe Airbus observaient dans toute l’Europe une minute de silence à la mémoire de leurs collègues morts dans l’accident, les dirigeants du groupe annonçaient la

poursuite des vols d’essai et de la production. Mais, du côté des gouvernements eu r op é e n s c om m a nd i -taires, la plupart ont dû se résoudre à suspendre tem-porairement l’utilisation de ce type d’avion.

Les autorités françaises, elles, n’ont pas renoncé à servir de vitrine publici-taire, même si le ministre de la Défense Le Drian a quand même dû l imiter les vols au x opérat ions prioritaires.

Le soutien des gouver-nements européens à ce programme militaire n’a jamais cessé. Présenté par Le Drian comme un bijou technolog iq ue, l ’A400M était annoncé à l’origine

comme le futur couteau suisse du transport aérien militaire, pouvant embar-quer des chars, larguer du matériel et ravitailler des hél icoptères en vol , et même atterrir sur du sable. Pas grand-chose ne marche encore à ce jour. Même les appareils livrés, avec quatre ans de retard, sont pleins de problèmes com me en témoi g ne le seul l ivré à l’armée alle-mande, sur les 53 comman-dés. Après inspection, i l aurait été relevé à son bord 875 défauts, dont l’absence de gaine isolante sur des câbles électriques.

M a i s q ue l l e i m p or -tance  ! Avec 170 av ions com ma ndés , l a ma n ne

des dépenses mi l itaires des États promet de conti-nuer à couler, malgré des coûts de plus en plus astro-nomiques. Avec un tarif par appareil de l’ordre de 130 mi l l ions d’euros, le budget initial déjà exorbi-tant de 20 milliards d’eu-ros dépasse désormais les 31 milliards.

L’action Airbus a bais-sé sur les marchés suite à l’accident, en raison de l’in-quiétude des spéculateurs de voir les profits d’Airbus diminuer. Mais en atten-dant, les milliards d’euros d’argent public dépensés n’auront pas été perdus pour les actionnaires du groupe.

Gilles Boti

Reprise ou pas : les licenciements continuent

Crédit impôt recherche : la martingale pour les entreprisesLe cadeau fiscal représenté par le crédit impôt recherche va dépasser les cinq milliards d’euros en 2015. Censé favoriser les dépenses des sociétés privées dans la recherche et le développement (R&D), il favorise aussi beaucoup leur recherche de profits.

Sur les 15 000 entre -prises bénéficiant du CIR, celles de plus de 500 sala-riés s’accaparent les deux tiers du total, ce qui ne les empêche pas de réduire les effectifs et de diminuer les dépenses. Ainsi le géant pharmaceut iq ue Sanof i touche 130 millions d’euros par an de CIR depuis 2008. Mais dans le même temps, d’après les syndicats, il a « supprimé 2 000 emplois dans son secteur de R&D et plus de 70 projets de re-cherche ont été arrêtés ». De même, Renault reçoit 150 millions d’euros de CIR par an depuis 2011 ; sur la

même période, i l a dimi-nué son budget de R&D de 15 % et ses effectifs de cher-cheurs de 20 %.

Le collectif Sciences en marche est ime que, sur un total de 15 mil l iards d’euros versés par l’État en CIR depuis 2007, au moins 6 milliards « n’ont pas été utilisés pour accroître les dépenses de recherche ». La fraude peut consister en « la requalification d’emplois administratifs en poste de chercheurs », pour toucher plus de CIR.

U n e a u t r e a s t u c e consiste à multiplier les fi-liales. L’État a en effet fixé

un plafond de 100 millions d’euros par entité. Mais i l ne s’applique pas aux groupes, qui peuvent donc vent i ler leurs dépenses de R&D dans des fi l iales distinctes. Ainsi Renault, encore lui, a créé trois fi-liales qui n’emploient au-cun salarié. Dans une réu-nion de 2009 la direction a reconnu : « L’objet de ces filiales n’est absolument pas d’accueillir du personnel, il est de récupérer du cré-dit impôt recherche. Cette société n’a pas de business, elle n’a pas de clients. […] Il n’y a rien de déshonorant d’être une pompe à fric. » Ces trois filiales ont empoché 47 millions d’euros de CIR en 2013.

Une b oî te v i de , q u i sert juste à récupérer du fric versé par l’État qui se montre généreux avec l’argent public.

Camille Lulle

D’après l’Insee, la pro-duction manufacturière a augmenté de 0,3 % en mars, et de 0,8 % sur l’ensemble du premier trimestre 2015. C’est une bien faible aug-mentation et rien ne dit qu’elle sera durable. Mais, même si c’était le cas, ce ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour les travai l leurs, ni pour l’emploi.

Car dans le même temps les annonces de plans de licenciements se succèdent dans l’industrie : Areva (5 à 6 000 emplois), Renault Trucks (600), Dim (265), Vallourec (900), Total (180), Gefco (500), MoryGlobal (2 150)...

Comment s’en étonner ?

L’économie capitaliste n’a pas pour but de créer des emplois, ni d’améliorer le niveau de vie de la popu-lation, mais de créer des profits. Les entreprises qui, actuellement, augmentent leur production le font en exploitant davantage les travailleurs, en augmen-tant les cadences, tout en embauchant le moins pos-sible, la plupart du temps avec des contrats précaires.

La Grande -Bretag ne, dont tous les commenta-teurs vantent la réussite économique, connaît une croissance élevée, mais les salaires y ont diminué de 10 % depuis le début de la crise, les contrats zéro heu re concer nent près

d’un million de personnes, embauchées par un em-ployeur qui n’est pas obli-gé de leur fournir chaque mois du travail, ni un sa-laire. Et environ un million de personnes ont recours aux banques alimentaires pour se nourrir, au lieu de 130 000 en 2012.

Le gouvernement af-firme que seule la reprise pourra réduire le chômage. Mais, même si el le était réelle et durable, rien n’est moins sûr, car elle ne met-trait pas fin à l’aggravation de l’exploitation que les pa-trons imposent depuis des années. Ce sont les travail-leurs qui devront y mettre un coup d’arrêt.

Hélène Comte

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Varin touche le jack pot

Ph i l ippe Va r i n , e x-PDG de PSA , touc hera une « retraite-chapeau » de 299 000 euros par an, qui s’ajoutera à ses autres revenus, dont celui d’ac-tuel président d’Areva. Le groupe PSA aurait provi-sionné une quinzaine de millions d’euros pour ce petit cadeau.

Bien sûr, c’est moins que les 21 millions pré-vus en 2013. À l’époque, devant la polémique sus-citée, Varin avait annon-cé renoncer « aux dispo-sitions actuelles » de son droit à la retraite. Il avait été alors fél icité par le gouvernement, tandis que Montebourg avait décla-ré que « le gouvernement avait fait plier M. Varin ». De la part des uns et des autres, c’était de la mise

en scène.Pour bénéficier d’une

retraite-chapeau, il fallait avoir cinq ans d’ancienne-té dans le groupe. Varin ne les ayant pas, qu’à cela ne tienne, PSA lui a mitonné un CDD de quelques mois, histoire d’arriver aux cinq années nécessaires.

Deux jours plus tard, après que Varin eut me-nacé de démissionner de son poste à Areva si on lui prenait sa cagnotte, le ministre de l’Économie, Macron, annonçait que le gouvernement lui mainte-nait sa « confiance » et que le montant de sa retraite était « bien conforme aux engagements pris par ce-lui-ci en 2014 ».

Ben voyons…Jacques Le Gall

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Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 5

LEUR SOCIÉTÉ

À propos du Mémorial ACTe : trois siècles de traite des Noirs

Hollande aux Antilles françaises : entre commémoration et poudre aux yeux

En visite du 8 au 10 mai dans les quatre î les des Antilles françaises, Saint-Barthélémy, Saint-Martin, la Martinique et la Guade-loupe, Hollande est venu faire illusion avec quelques annonces. Puis il a terminé son séjour en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, par l’inau-g u rat ion du Mémor i a l ACTe, majestueux lieu de

mémoire de la traite et de l’esclavage des Noirs, avant sa visite aux grandes An-tilles, à Cuba puis en Haïti.

Le scénario était bien préparé. Il y en avait un peu pour chaque île, sans que jamais aucune mesure réelle ne soit abordée pour régler les vrais problèmes, cruciaux et urgents de la population.

L’inauguration du Mé-morial ACTe à Pointe-à-Pitre fut le point d’orgue de sa visite avec, autour de lui, plusieurs chefs d’État d’Afrique et de la Caraïbe ainsi que plusieurs mi-nistres français.

À l’inauguration, Hol-lande a rappelé les horreurs de l’esclavage des Noirs et critiqué les «  négriers

d’aujourd’hui  » qui sont responsables de la mort de milliers de migrants en Méditerranée. Mais, se gar-dant d’aller jusqu’au bout, il a oublié de dire qu’alors les nouveaux esclavagistes qui profitent de la main-d’œuvre que leur livrent les passeurs sont les capita-listes industriels et finan-ciers, français notamment,

dont il se fait gloire d’être le représentant. À ce titre, il est chargé de faire accep-ter aux esclaves modernes que sont les travailleurs, les licenciements, les bas salaires, la pauvreté ; aux migrants, la mort ; et à tous l’exploitation féroce impo-sée par la bourgeoisie et les classes aisées.

Pierre Jean-Christophe

Le châtiment des quatre piquets, peinture de Marcel Verdier refusée au salon du Louvre de 1843, de crainte qu’elle « ne soulève la haine contre l’esclavage ».

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Article de Combat Ouvrier, organisation communiste révolutionnaire des Antilles (UCI).

Le Mémorial ACTe est un grand et très beau bâtiment érigé à Pointe-à-Pitre dans le quartier dit du Carénage, face à la mer. I l sera un centre caribéen d’expres-sion de la mémoire de la traite et de l’esclavage. Il rappellera à tous que des mil l ions d’Africains ont été jetés dans les cales des navires négriers pendant près de trois siècles, puis vendus sur les marchés d’esclaves des États-Unis, des Antilles, de l’Amérique latine, en particulier du Brésil. Ces esclaves sont les ancêtres des peuples noirs des Amériques, de toutes les Amériques.

(…) Depuis plusieurs mois, on assiste à des polé-miques interminables au-tour de ce bâtiment, venant de la droite locale mais aussi d’un certain nombre d’orga-nisations et de personna-lités, nationalistes ou pas. Le bâtiment aurait coûté trop cher (83 millions d’eu-ros), son entretien devrait aussi coûter trop cher, c’est ce qu’à dit Marie-Luce Pen-chard, ex-ministre UMP de

l’Outre-mer. Certaines per-sonnes enfourchent aussi ce même cheval de bataille. D’autres personnalités cri-tiquent par jalousie, tout simplement parce qu’elles n’ont pas été contactées ni associées au projet. Toutes ces critiques sont stupides. Pour une fois qu’un grand projet est associé à l’histoire de la traite et de l’esclavage des Noirs, elles sont bien mal venues. (…) Reinette et le CIPN (Comité interna-tional des peuples noirs) et d’autres nationalistes refusent de participer à l’inauguration parce que le président du conseil régio-nal de Guadeloupe, Victorin Lurel, s’oppose aux répa-rations réclamées pour les peuples issus de l’histoire esclavagiste.

Mais la question des ré-parations est un autre pro-blème ! À Combat Ouvrier, nous n’y sommes pas favo-rables ! D’une part, parce que le coût de ces répara-tions est incommensurable. D’autre part, parce que c’est la lutte des exploités noirs et de toutes couleurs, pour

une autre société débarras-sée du capitalisme, qui per-mettra de récupérer tout ce qui a été volé, pillé par les classes dominantes, en par-ticulier la bourgeoisie. Et les travailleurs, ces esclaves modernes, devront récupé-rer toutes les richesses accu-mulées sur leur sang et leur sueur au profit d’une mino-rité d’exploiteurs. Une fois récupérées, ces richesses seront utilisées pour satis-faire les besoins de la majo-rité de l’humanité.

Certes, les chefs d’État africains ou de la Caraïbe, Lurel lu i-même et Hol-lande, qui seront tous là pour l’inauguration, sont les défenseurs d’un système social et politique capita-l iste qui dans le passé a organisé l’esclavage pour son accumulation primi-t ive de richesses. I ls ne sont certes pas les mieux placés, loin s’en faut, pour incarner le souvenir et l’his-toire de l’esclavage. Mais il faut dissocier le Mémo-rial ACTe de ce que sont ces dirigeants. Trois siècles de traite et d’esclavage, des

millions d’hommes dépor-tés d’Afrique vers les Amé-riques, des millions d’autres victimes d’un véritable gé-nocide, victimes du système esclavagiste et ses horreurs, méritent bien enfin ce mé-morial. Comme le mérite la formidable révolution victorieuse des esclaves d’Haïti, qui ont vaincu les meilleures armées napoléo-niennes, ont arraché leur indépendance et éradiqué l’esclavage.

Si ce monument peut servir à éclairer les géné-rations présentes et futures sur ce qu’a été l’esclavage des Noirs, c’est une bonne chose. Et qu’on ne nous dise pas que l’on parle trop de l’esclavage. On n’en parle pas assez au contraire. On ne connaît pas suffisam-ment son histoire, cel le des révoltes incessantes par exemple. Elle n’est pas suffisamment enseignée à l’école. Des épisodes d’une importance considérable ne sont pas connus de la popu-lation, comme les grandes révoltes des esclaves de Martinique, de Guadeloupe,

d’Haïti. Le pouvoir colonial a toujours voulu masquer voire interdire l’histoire de l’esclavage. Et le colonia-lisme a tellement bien réussi à aliéner les esprits que pas plus tard qu’il y a deux ans, en Guadeloupe, une provi-seure de lycée, noire, guade-loupéenne, interdisait aux élèves d’aller voir le film 12 years a slave, sous pré-texte que cela pourrait en-traîner des violences contre les Blancs ! Aujourd’hui, la traite et l’esclavage ne sont pratiquement pas enseignés à l’école et au lycée.

Il ne s’agit pas là de don-ner dans un quelconque do-lorisme masochiste éternel, mais d’enrichir la connais-sance de l’histoire pour mieux comprendre le pré-sent, les mœurs et la psycho-logie des peuples africains et antillais d’aujourd’hui. Quel qu’ait été le coût du Mémorial ACTe il est im-portant qu’un tel lieu existe et rayonne à travers la Ca-raïbe, l’Afrique et le monde.

Combat Ouvrier (Antilles – UCI)

Lisez la revue Lutte de classeRevue mensuelle de l’Union communiste internationaliste

Au sommaire du numéro 168 - mai-juin 2015•  L’offensive du gouvernement

contre les droits des travailleurs•  Où va le Front national ?•  Quand le gouvernement mobilise

l’école derrière les valeurs de la bourgeoisie

•  Martinique : les partis nationalistes et la future collectivité territoriale

•  Corée du Sud : la main de fer de la « démocratie » des chaebols

•  États-Unis : la situation politique et sociale en 2015

Prix : 2 euros – Envoi contre cinq timbres à 0,66 euro

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6 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

DANS LE MONDE

Cuba : Hollande flaire les affairesAprès les Antilles, François Hollande s’est rendu à Cuba, pays où un président français n’avait pas mis les pieds depuis un siècle. Maintenant que les États-Unis révisent leurs relations avec un peuple qui pendant cinquante-cinq ans leur a tenu tête et qu’une ouverture économique se profile, l’impérialisme français estime avoir le feu vert de Washington pour y proposer ses produits, un retour d’ascenseur pour ses bons et loyaux services en Afrique et au Moyen-Orient. Cinq ministres et vingt patrons accompagnaient donc le président.

La lutte du peuple cu-bain pour s’affranchir de la tutelle de l’impérialisme américain, qui avait trans-formé La Havane en une sorte de lupanar où régnait la mafia, a toujours laissé indifférents les dirigeants français, le Part i socia-liste comme de Gaulle. En 1959, quand la révolution

cubaine l’emporta, la puis-sance coloniale française cherchait surtout à sortir au mieux du bourbier de la guerre d’Algérie.

Ensuite, les dirigeants français ont laissé faire les États-Unis, qui ont mené la vie dure à Cuba, mena-çant la vie des dirigeants c a s t r i s te s , tent a nt d ’ y

reprendre la main par la force, ou imposant un blo-cus, aggravé après 1989 par la fin du partenariat Cuba-URSS qui en atténuait les effets. Aujourd’hui encore, la vie quotidienne des Cu-bains est difficile du fait des multiples pénuries.

Les entreprises fran-çaises étaient un peu moins i nd i f férentes . En 1993, le groupe Pernod-Ricard a mis un pied sur l’île en rachetant le fabricant de rhum Havana Club. Et la BNP a été mise à l’amende par Washington pour avoir violé l’embargo, dont les entreprises françaises at-tendent maintenant la le-vée. Lundi 11 mai devant la jeunesse cubaine, Hol-lande s’est donc fait leur

porte-parole en réclamant sa fin.

Même si la population cubaine reste défiante vis-à-vis des États-Unis, el le espère que la fin du blo-cus et l’ouverture seront bénéfiques. Mais elle pour-rait être déçue. Le monde capitaliste ne s’intéresse pas aux progrès dus à la révolution, par exemple au fait que Cuba dépense le sixième de ses ressources annuel les pour l’éduca-tion. Les entreprises fran-çaises, comme d’autres, entendent prendre « toute leur place dans le développe-ment économique de l’île ». Et c’est bien le problème. L’ouverture aux prédateurs impérialistes pourrait se révéler désastreuse pour la

population.Pour atténuer les cri-

tiques de ceux qui pour-raient lui reprocher d’éta-bl i r des relat ions avec un pays accusé de ne pas respec ter les d roit s de l ’hom me – mais q u i les respecte ? – Hollande a fait commandeur de la Légion d’honneur le cardinal Orte-ga qui, avec le pape, a servi d’intermédiaire entre Cuba et Washington, mais aussi entre le régime et les pri-sonniers politiques de l’île. Ce n’est pas en Arabie saou-dite, pays connu pour son mépris des droits humains, que Hollande a visité une semaine auparavant, qu’il aurait osé faire un tel geste vis-à-vis des opposants.

Jacques Fontenoy

Allemagne : grèves pour les salairesCes derniers mois, les mouvements de grève se multiplient en Allemagne, souvent pour des augmentations de salaire, touchant tour à tour différents secteurs. Il y a eu Amazon, puis la métallurgie, la banque postale et la fonction publique. Actuellement, des grèves remarquées mobilisent des milliers de travailleurs dans trois secteurs : les chemins de fer (Deutsche Bahn), la poste (Deutsche Post), sans oublier les travailleurs sociaux.

Ces grèves, impulsées ou au moins soutenues par un syndicat, ont en commun de déborder net tement, en durée, par le nombre de grévistes et dans une certaine mesure par leur imprévisibilité, les grèves d’avertissement classiques en Allemagne lors des né-gociations salariales.

Des cheminots et postiers…

Les cheminots, emme-nés par le sy ndicat des conducteurs de locomo-tives GDL, ont été massive-ment en grève la première semaine de mai pour les salaires, pour des ampli-t udes de t ravai l moi ns importantes, et contre un projet de loi visant à res-treindre encore le droit de grève, déjà très encadré. Selon cette loi, un seul syn-dicat par entreprise serait considéré comme repré-sentatif et ayant le droit de négocier avec le patronat, tandis que les autres syndi-cats, parfois plus combatifs comme justement le GDL, n’auraient tout simplement plus le droit d’appeler à la grève.

Cette loi , que le gou-vernement de coal it ion (droite et sociaux-démo-crates) s’apprête à impo-ser contre l’ensemble des salariés, viendrait à point

nommé pour les dirigeants des chemins de fer, qui fulminent, impuissants et rageurs, à chaque nouvelle grève appelée par GDL. Cer-taines centrales syndicales approuvent la future loi, mues par le calcul à courte vue que cela écartera une concurrence parfois incon-fortable. Pour l’instant, les cheminots n’ont rien ob-tenu mais, en s’opposant à une loi ant igrève, i l s luttent pour l’ensemble du monde du travail et, mal-gré la campagne menée contre eux, ils récoltent des marques de sympathie.

La poste, elle, a créé une filiale pour la distribution de colis, et veut transférer dans cette filiale tous ses salariés en CDD, qui se-raient payés 20 % de moins qu’auparavant. Ils seraient en effet écartés des accords salariaux de la Deutsche Post, plus avantageux, pour être payés selon la conven-tion collective du secteur logistique. La direction ne fait pas dans le détail, leur expliquant carrément que c’est cela ou la porte. Ce à quoi elle ne s’attendait sans doute pas, et qui fait la force du mouvement, c’est que plusieurs milliers de postiers en CDI, auxquels elle s’échine à faire croire qu’il n’y aura aucune consé-quence pour eux, se sont

mis en grève avec les CDD. Ils savent que, lorsqu’une at t aq ue au s s i m a s s ive passe contre une partie des ouvriers, les autres seront également touchés avant longtemps.

… aux travailleurs communaux

L’a u t r e m o u v e m e n t concerne des travailleurs communaux : ce sont envi-ron 240 000 personnes dans le pays, essentiellement des femmes travaillant comme éducatrices, aides-mater-nelles, assistantes sociales etc., dans les structures de garde telles que les crèches, ha ltes -garder ies et jar-dins d’enfants, les écoles, les foyers de jeunes mais aussi dans les ateliers pour travail leurs handicapés. Les communes sont sou-vent surendettées, mais ces travailleuses ne se laissent plus impressionner par le chantage et osent récla-mer 10 % d’augmentation de salaire, tout de suite.

Il faut dire que, même à temps plein, les salaires sont bas et la majorité sont à temps partiel, entre 20 et 30 heu res hebdoma-daires, et passent souvent d’un CDD à l’autre. Ces der-nières années le gouver-nement, pas avare de pro-pos sur l’importance qu’il accorde à l’éducat ion, a créé de nombreuses places en crèche, mais sans créer de nouvelles structures ni embaucher le personnel nécessaire.

Depuis des mois, ces tra-vailleurs ont déjà fait plu-sieurs journées de grève très suivies. Mais les muni-cipalités n’ont pas cédé la moindre augmentation. La ministre de la Famille leur a fait un discours expri-mant la grande estime dans laquelle elle les tient, ajou-tant que leur revendication salariale est fondamentale-ment juste... mais pas réa-l isable maintenant. Cela semble leur avoir plutôt donné envie de continuer

et d’amplifier leur mouve-ment : pour croire à l’es-time de la ministre, mieux vaut la voir matérialisée sur un compte en banque ! Le mouvement est entré dans une nouvelle phase : plus de 75 % des syndiqués de Ver.di (services publics) se sont prononcés pour une grève illimitée, qui a dé-buté le 9 mai et durera au moins jusqu’au week-end de la Pentecôte.

Par-delà des situations différentes, les revendi-cations des grévistes de ces secteurs ne sont pas que défensives, et el les concernent au fond tous les travailleurs. Après des mois de discours officiels sur la reprise économique et le faible niveau de chô-mage en Al lemagne, ces mouvements expriment sans doute, chacun à leur manière, combien les tra-vailleurs en ont assez de voir que la richesse ne leur profite jamais.

Alice Morgen

Cheminots du syndicat GDL en grève.

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Page 7: UNION COMMUNISTE (trotskyste) Face aux démagogues …

Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 7

les 23, 24 et 25 mai à Presles (Val-d’Oise)

Cartes d’entrée et bons d’achat à prix réduit

Les cartes d’entrée, valables trois jours, sont ven-dues 15 euros à l’avance, et 20 euros si vous les prenez à l’entrée. L’entrée est gratuite pour les enfants de moins de 14 ans accompagnés.

Des bons d’achat – d’un pouvoir d’achat de cinq euros, mais vendus quatre euros avant la Fête – sont également disponibles. Vous pouvez vous procurer cartes et bons d’achat, soit auprès de nos camarades, soit en écrivant à : Lutte Ouvrière BP 233 – 75865 Paris Cedex 18

Indiquez dans votre courrier le nombre de cartes et de bons d’achat demandés, en joignant un chèque à l’ordre de Lutte Ouvrière, sans omettre d’indiquer l’adresse d’expédition et un numéro de téléphone. Envoi franco.

Pour venir à la Fête• Le train : 38 minutes depuis la gare du Nord jusqu’à la

gare de Presles- Courcelles (direction Persan via Mont-soult), puis trajet à pied de 900 mètres pour rejoindre la Fête. Le pass Navigo, dézoné pendant les trois jours de la Pentecôte, permet de se rendre à la Fête gratuitement. Sinon, le prix de l’aller plein tarif est de 5,80 €.

• Les autocars gratuits : navette entre le métro Saint-De-nis-Université (terminus de la ligne 13) et l’entrée de la Fête. Départ toutes les 20 minutes environ. Retour assuré.

• La voiture, attention ! Presles est un petit village, et le stationnement y est très difficile.

À partir de nombreuses villes, départs collectifs en car ou en train. Renseignez-vous auprès de nos camarades, ou en consultant les pages régionales du site de Lutte Ouvrière.

La Fête sera ouverte du samedi 23 mai à 11 heures jusqu’au soir à 23 heures,

puis sans interruption du dimanche matin 9 heures au lundi 25 mai à 20 heures.

fete.lutte-ouvriere.org Le programme de la fête

Meeting avec Nathalie Arthaud

à 15 heures dimanche et lundi

Au Grand PodiumSamedi14 h PAUL EXPLOIT, chansons de gouttière pour rêver et résister16 h 30 EL GATO NEGRO, cumbia latino cubaine 20 h 30 ARCHIMEDE groupe de rock français

Dimanche14 h 15 NATALIA DOCO, Chanteuse argentine pop15 h 45 HAKAMOB16 h 00 LES BLEROTS DE R.A.V.E.L «Happy End Tour», chansons françaises à l’énergie cuivrée18 h 15 STEPHANE RICHEZ, chanson française20 h 45 R.I.C. (ROOTS INTENTION CREW) World music détonante, flamenco, gipsy, hip-hop

Lundi13 h 30 Compagnie JOLIE MOME, «Paroles de mutins», chansons contestataires théâtralisées 16 h 30 MARTYMUSICSHOW, musique festive indépendante

Au Théâtre de VerdureSamedi15 h 30 LA RABIA, chants de lutte, rock de classe17h 45 Le rendez-vous du 18 mars pièce de théâtre par les AMIES ET AMIS DE LA COMMUNE DE PARIS 187118 h 45 Cabaret lyrique par la CIE SOLEIL DE NUIT21 h SAM SOUL, reprises des années 70Dimanche11 h 30 Le Marécage des cygnes opéra déjanté, par LES MOYENS DU BORD,

13 h 30 URBAIN LAMBERT, blues country francophone16 h 15 Élise ou la vraie vie d’après le roman de Claire ETCHERELLI, pièce de théâtre adaptée, mise en scène et jouée par Eva CASTRO18 h 30 JEF SICARD (sax), C. BARTHÉLEMY et P. SEDOC (guitares) P. MANGEARD (drums), M. BERAUER (contrebasse) hommage au Colossus Sonny Rollins, jazz

21 h 30 THE MOONLIGHT SWAMPERS, standards rockLundi11 h 30 LE CHAÎNON MANQUÉ, chansons françaises13 h 30 RUE DE NANCY, rock16 h 15 Le Marécage des cygnes opéra déjanté, par LES MOYENS DU BORD17 h 45 BLUES NON STOP, blues

Certains artistes dédicaceront leurs CD et DVD au stand Disques situé à proximité du Grand Podium. Ils ne peuvent être réglés en bons d’achat, mais seulement en espèces ou en chèques.

La Fête de Lutte Ouvrière, les samedi 23, dimanche 24 et lundi 25 mai, donnera largement la place à l’internationalisme. Alors que, chaque jour, des milliers de personnes traversent les mers pour fuir leurs pays ravagés par la misère et la guerre, ceux qui en définitive décident de leur sort, les dirigeants impérialistes de la planète, se satisfont bruyamment d’avoir conclu des contrats de vente d’engins de mort, ou de mener leurs manœuvres sur l’échiquier du Moyen-Orient, afin de maintenir les positions de leurs compagnies pétrolières.Il faut opposer à cette société capitaliste l’unité de la classe ouvrière à l’échelle mondiale. Seule sa force, appuyée sur la conscience de ses intérêts communs, peut ouvrir une perspective de changement, celle d’une société qui ne soit plus basée sur la recherche du profit, mais sur la solidarité entre les hommes.Et ces trois jours de fête, de débats, de spectacles, de détente dans une ambiance fraternelle seront aussi un petit avant-goût de la société vraiment humaine qu’il faut construire

À la guinguetteSamedi12 h 30 Blues Non Stop • 17 h Cositas Buenas, musique Latino • 18 h GARL, rock • 19 h 30 Jean-Claude Gombault, variétés et musette • 21 h Gumbo Combo, rockabilly

Dimanche 9 h 30 Musique classique piano/violoncelle • 13 h Pervin, chansons turques et kurdes • 14h Auber Babel, chorale : chants du monde • 16 h Tout Sourire, rock-ska-roots • 17 h Les amis de Tsuica, musique des Balkans • 18 h 30

Bonnets M, Boy Band Disco • 20 h Jean-Claude Gombault, bal musetteLundi9 h 30 Musique classique piano/violoncelle • 12 h Flying Goose Band, standard de jazz • 13 h 30 Rouge Java chansons populaires

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Dimanche, 4 marionnettes géantes africaines, Les Mamas 

LO

La Fête de Lutte Ouvrière

Page 8: UNION COMMUNISTE (trotskyste) Face aux démagogues …

8 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 9

142

Tous les standsPlace de l’Églantine1 Badge avenue (badges

politiques et fantaisie)2 Cartes postales (EDF)3 Kiosque de l’Églantine4 Sous les pavés… les

pages (livres d’occasion)5 Le ballon de la Fête

Allée de la Diane6 Mini golf7 Bowling8 Tir à plomb9 Tiràl’arc(Sanofi

Vitry-sur-Seine)10 Halle aux jeux11 The Spark (USA)12 Old West Diner13 Orienthé-vous (Allier)14 Podium Broadway

Music Hall

Place du Grand Podium15 Lesmotsfléchés(La

Poste Paris 17)16 Le serpent à lumière17 Accueil Nord18 Chorba, thé, gâteaux

(PSA Poissy Saint-Ouen)19 Aux moules-frites20 Disques21 Le manège enfantin22 Arbalètes23 La mare aux canards24 Marionnettes25 L’actualité vue par les

dessinateurs de presse26 Expo photos : regards

croisés sur le monde ouvrier

27 Halle aux jeux du cèdre28 À vos pinceaux ! (Metz)29 Quiches et tartes

lorraines (Sovab Renault )

30 BRAsserie + BRA-Bund Revolutionärer Arbeiter (Allemagne UCI)

31 Accueil Est32 Accueil Bourgogne33 La fondue34 Aux mollets d’acier35 Barbe à papa36 Jus de fruits

- milk-shakes37 Escargots38 Crêpes canadiennes39 Bonbons40 Harengs de la Baltique41 Fraternithé à la menthe42 Flammekueche

(Strasbourg)

Place Karl Marx43 Gaufres de Liège et

bières belges fruitées44 Dédicaces45 Au partage des profruits46 La Dolina (Solystic

Bagneux)47 Accueil des tout-petits47 bis Gargote des

tout-petits48 Seiche and’ouillette

(Snecma Gennevilliers)49 Brin de fantaisie50 Lutte Ouvrière

Hôpitaux51 Accueil Le Mans,

Chartres 52 Sardines grillées

Esplanade du château53 Maffé54 UATCI-Union

Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (Afrique-UCI)

55 Sinif Mücadelesi (Turquie-UCI)

56 Café turc57 P’tit déjeuner du port

(Breakfast)58 Pizza, aïoli59 Soupe aux choux60 Accueil Sud-Est61 L’Internazionale

(Italie-UCI)62 OTR-Organisation

des Travailleurs Révolutionnaires (Haïti-UCI)

63 Marmite haïtienne64 Combat Ouvrier

(Antilles-UCI)65 Menus d’Isles

Place de la Guinguette66 Mur d’escalade67 Le cageot fol68 L’arbre aux singes69 Indoustand (RATP)70 Île de la Réunion71 La Guinguette72 Café de la Guinguette

(CAF)73 Barbouille74 Couscous75 Échec et Marx ! (échecs,

go, jeux de stratégie)76 Préhistoire77 Le bas-fourneau78 Tir à la patate (Banque

de France )79 Annoncez la couleur

(RATP)80 Minéraux81 La coupe est pleine82 Accueil Champagne

- Ardenne83 Ici… on bulle

Allée de la libération des femmes84 Tipi85 Fléchettes86 Accueil Centre (Orléans,

Montargis, Bourges, Vierzon, Nevers, Limoges)

87 Jambon du Morvan88 Le monde à la carte

(Aulnay-sous-Bois)

89 Accueil Tours - Angers - Poitiers - Cholet

90 Dolce Vita91 Déco LO (CHU Rouen)92 Café Pâtisserie « le

grain de folie » (Limoges)

93 Le frondeur du Poitou94 Salades gourmandes

(Orléans)95 Gaufres picardes

(Amiens)96 Accueil Bretagne

- Normandie97 Tea break98 Workers’ Fight (Grande

Bretagne-UCI)99 Brochettes grecques

(Air France)100 Voz Obrera

(Espagne-UCI)

101 Puce Rouge

Esplanade des Sciences102Expresscafé(Sanofi)103 Charlottes (La Poste

Paris)104 Billard105 Bowling (La Poste Paris

14)

106 Le temps des fraises (Services Financiers de la Poste Paris Île de France)

107 Karaoké (Creil)108Confitsocial109 Brick à l’oeuf110 Accueil Angoulême -

Bordeaux - Perpignan - Toulouse

111 Cafétéria du chapiteau scientifique

Cité politique112 Gruppe Arbeitermacht -

Allemagne 113 Socialist Fight - Grande-

Bretagne 114 Tendance Marxiste

Internationale - Section française

115 Tendance bolchévique Internationale

116 Liva Opozitsya (Opposition de Gauche) - Ukraine

117 Rabotchaïa Platforma (Plate-forme Ouvrière) - Russie

118 OKDE (Organisation des communistes internationalistes de Grèce)

119 Courant International Socialisme ou Barbarie

120 Prospettiva Marxista - Italie

121 FT-QI (Fraction trotskyste-Quatrième Internationale)

122 Alliance for Workers’Liberty - Grande-Bretagne

123LivresPathfinder124 EEK (Parti Ouvrier

Révolutionnaire) - Grèce125DevrimciIşçi

Partisi (DIP – Parti Révolutionnaire des Travailleurs) - Turquie

126 Fraction l’Étincelle

127 CERMTRI (Centre d’études et de recherches sur les mouvements trotskystes et révolutionnaires internationaux)

128 Initiative Communiste Ouvrière

129 Démocratie Communiste (luxemburgiste)

130 Mouvement Communiste

131 RESF (Réseau Éducation Sans Frontières)

132 CNT133 NPA134 Les Amies et Amis de la

Commune de Paris 1871135 ARS - Combat

136 Librairie Toutes les

publications de Lutte Ouvrière

Place du 7e art137 Palet des jeux138 L’entracte (accueil

cinémas)139 Crêperie bretonne

(Technicolor Rennes)140 L’huître ouvrière141 Tapas y sangria 142 Churros y chocolate

(Air France le Bourget et ADP Orly)

143 Sepia y tortilla (tapas)144 Paella valencianaCité des arts145 Mosaïques146 Studio 2147 Pagode sculpture148 Petit salon149 Atelier de sculpture150 Atelier de peinture151 Studio 1

Place Octobre 17152 La boule maboule 153 Spécialités

lyonnaises 154 Fromages d’Auvergne 155 Accueil

Clermont-Ferrand156 Crottin chaud157Crêperie(Sanofi)158Glacesetprofiteroles159 Accueil Rhône-Alpes160 Le petit atelier161 C’est la cata

Village médiéval162 Petit salé aux

lentilles 163 Forge164 Forge médiévale

(Alstom Belfort)165 Rôtisserie de sire

Renault 166 Taverne de maître

Taillevent 167 Galette saucisse168 Boissons médiévales

(Montbéliard)169 Animation brasserie170 Vannerie/Travail du

bois (Peugeot Sochaux)171 Calligraphie172 La poterie173 Four à pain

Pour camperIl n’y a pas de camping aménagé à proximité de la Fête, et le camping sauvage est interdit.Nous avons prévu un emplacement à l’intérieur de la Fête mais attention : nous ne pouvons offrir qu’un nombre de places très limité, et des conditions de confort très précaires. Dans la mesure du possible, nous souhaitons réserver ces places à ceux qui viennent de loin.

Échec et MarxDimanche 16 h, Jean-Philippe Karr, maître international d’échecs, jouera une partie simultanée contre 20 joueurs

Exposition photosRegards croisés sur le monde ouvrierPhotographies des Archives nationales du monde du travail de Roubaix

La Cité des ArtsL’art sous toutes ses formes de façon abordable et ludique avec spectacles-conférences et ateliers : l’opéra - le groupe Octobre de Prévert - le théâtre de Shakespeare, avec comédiens et chanteurs lyriques - la technique vocale - la danse moderne - le dessin et la peinture sur toile - le modelage et la sculpture de gargouille médiévale - la musique contemporaine - les cathédrales gothiques - les films d’animation - la perspective en peinture - la fabrication des couleurs - la vie et l’œuvre de Rembrandt, de Rodin...

Pour les enfants, tout est prévuUne « carte orange » gratuite leur permet de ne rater aucun des nombreux jeux.Mais les parents doivent pouvoir se distraire aussi, en laissant leurs enfants s’amuser dans deux espaces protégés :

• La Cité des jeunesC’est une belle aire de pelouse et de sous-bois où les enfants trouvent tout pour être heureux : animations, dessins animés, contes,jeux,souslasurveillancepermanented’adultesqualifiés.Le seul problème à la Cité des jeunes est de convaincre les enfants de la quitter !

• La GarderieLes bébés (au-dessus de trois mois) y sont accueillis par des camarades compétents et attentifs.

Les librairies. La grande Librairie

du château: plus de 1 500 titres différents, livres de poche, documents, témoignages, histoire du mouvement ouvrier, romans

. La cité du Roman : des romans, récents ou classiques, par thème ou par pays

. La librairie de la cité des Sciences

. La librairie de la Cité politique : toutes les publications de LO

. Les livres d’occasion : Sous les pavés, les pages

. Les librairies des stands de nos camarades des Antilles, d’Afrique, d’Haïti et d’ailleurs...

Feu d’artificedevant le château

dimanche 24 mai

à la nuit tombée

Au Village médiévalSur les planches du théâtre, Le procès du cochon, et une nouvelle pièce, La farce du cuvier : un homme au bord de la crise de nerfs, une femme et sa mère en pleine ébullition, un cuvier… Devinez la suite.Et puis, les artisans, les jongleurs, les démonstrations d’escrime, le spectacle des Voleurs de feu, son bal folk. Et pour clôturer la fête, le concert des Derniers Trouvères.

Nouvelles parutionsDeux témoignages écrits par des camarades de Lutte Ouvrière et de The Spark (USA)La catastrophe d’AZF : Total coupable Un sinistré «sans fenêtre» raconte de Jean-François GrelierDe l’Alabama à Los Angeles et à Detroit Toute ma vie j’ai lutté de Sam Johnson

Page 9: UNION COMMUNISTE (trotskyste) Face aux démagogues …

10 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

Parmi les forums de Lutte Ouvrière ou présentés par les groupes de l’UCI

Avec des militants Lutte Ouvrière de l’automobileDimanche à 11 h 30 au chapiteau Karl Marx : la politique antiouvrière du gouvernement et des patrons de l’automobileDes forums sur le Front national, la Grèce de Syriza, l’impérialisme en Afrique, l’islamisme politique, l’Ukraine, les révoltes ouvrières dans la Caraïbe des années 1930, le 50e anniversaire de la mort de Malcolm X…

débat LO-NPA dimanche à 18h à la Cité politique

Au chapiteau Karl MarxSamedi15 h - Henriette Asséo et Idit Bloch : Les Tziganes, les Roms, une destinée européenne16 h - Marie Cécile Plà (RESF) : Les papiers, le com-bat de la dignité17 h - Désirée et Alain Frappier : Le choix (d’avoir un enfant ou pas) : histoire d’un combat en BD19 h - Marc Peschanski, biologiste : L’industrie pharmaceutique20 h - Jean-François Gre-lier : auteur de Catastrophe AZF : Total coupable

Dimanche13 h - Pierre Lemaitre, auteur d’Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013)14 h - Nathalie Ferré, GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) : les non-droits des étrangers16 h - Judith Carpenter, éditrice du témoignage du militant trotskyste améri-cain Sam Johnson Toute ma vie, j’ai lutté17 h - Judith Magre, comé-dienne, lira des extraits de

Toute ma vie, j’ai lutté19 h - Serge Deruette pour son livre Jean Meslier, curé athée, matérialiste, com-muniste et révolutionnaire (1664-1729)20 h - Emmanuel Blanchard (GISTI) : la guerre aux migrants.

Lundi11 h - Marie-Laure Dufresne-Castets (avocate) et Pascal Moussy (juriste du travail) : les reculs conti-nus dans le droit du travail12 h - Alain Carré, de l’as-sociation Santé et médecine du travail : menaces sur la prévention des risques13 h - Annie Thébaud-Mo-ny, de l’association Henri Pezerat Travail-Santé-En-vironnement et auteure du livre La science asservie14 h - Daniel Kupferstein, réalisateur du documen-taire Les balles du 14 juillet 1953 et Maurice Rajsfus, auteur du livre 1953 : un 14 juillet sanglant16 h - William Blanc et Christophe Naudin, auteurs de Charles Martel et la bataille de Poitiers

Au chapiteau Friedrich EngelsSamedi14 h - Film Du fer à la finance, l’empire de Wendel • 15 h 30 - débat avec les réalisateurs Marlène et Patrick Benquet 16 h - Film Les Insoumis de M. Donskoï • 17 h 30 - débat avec Valérie Pozner • 18h 30 - Film PSA : Les mots de la fin de F. Raymond et L. Fossard • 19 h 30 - débat avec des travail-leurs de PSA.

Dimanche10h 30 - Film La guerre de l’ombre au Sahara de B. Cohen et E. Nadler • 11h 30 - débat avec les militants de l’U.A.T.C.I. • 12 h 30 - Film Miners Shot down de R. Desai (massacre des mineurs de Marikana) suivi d’un débat • 16 h - Film Salut et Fraternité, des images selon René Vautier de O. Brun Mo-shetti • 17 h - débat avec Louisette Fareniaux • 18 h - Débat avec Thomas Lilti, réalisateur du film Hippocrate • 19 h 45 - Débat avec Laurent Colantonio, historien, à propos du film Jimmy‘s Hall • 20h 30 - Film 14/18 des armes et des mots de J. Peter • 21h 30 - débat avec Rémi AdamLundi 14h - Débat avec Mireille Le Van Ho, auteure de Des Viet-namiens dans la grande guerre – 50 000 recrues dans les usines françaises

À la Cité des SciencesLes débats

Samedi13 h 30 - Annick Jacq (biologiste) : la biologie de synthèse • 15 h - Hubert Krivine (physicien) : de l’atome imaginé à l’atome découvert • 16 h 30 - Fanny Rybak (biologiste) : comment les animaux communiquent • 18 h - Fabienne Malagnac (microbiologiste) : les champignons • 19 h 30- Sylvain Chaty (astrophysicien) : balade dans l’Univers • 21 h - Francis Hallé (botaniste) : l’histoire des dernières forêts primaires précédée du film Il était une forêt.

Dimanche11 h 30 - André Langaney (généticien) : l’espèce humaine, 1 000 siècles d’immigration clandestine • 13h 30 - Allan Sacha Brun (astrophysicien) : notre mystérieuse étoile, le Soleil • 16 h - Étienne Klein (physicien) : Univers, les grandes questions • 18 h - Franck Perez (biologiste) : voyage dans nos cellules vivantes • 19 h30 - Jean-Philippe Uzan (astrophysicien) : faut-il changer notre représenta-tion de l’Univers ? • 21 h - Marc Peschanski (biologiste) : les thérapies géniques.

Lundi18 h 30 - George Teutsch (chimiste) et André Ulmann (mé-decin) : les tribulations de la découverte de la pillule abor-tive • 12 h - Aziz Ballouche (géographe) : l’Homme, artisan des paysages • 16 h - Thierry Foglizzo (astrophysicien) : naissance et explosion d’étoiles.

Parmi les miniconférencesL’évolution de l’évolution • Le chaos ce n’est pas

l’anarchie, c’est révolutionnaire • Comment se déplacer dans l’Espace • Rosetta, Philae, Tchoury, un voyage dans l’espace et dans le temps • 1834: l’ordinateur inventé un siècle avant son heure • Quand je vais sur Internet, à quel moment suis-je surveillé • L’accélérateur du CERN investigue la matière • Féminin-masculin, quel genre de différences • Le plastique c’est fantastique • La géothermie est-elle une ressource d’énergie renouvelable • Dessiner en perspective • Du chou-fleur à la côte bretonne, les fractales • Magnétisme : la science face aux charlatans • La loi des grands nombres est dure, mais c’est la loi • Coïncidences et probabilités : les mathématiques contre le paranormal • Faut-il avoir peur des vaccinations...

La Roulotte de la ScienceAnimations scientifiques itinérantes

Nos amis les chiens

Pour des raisons de sécurité et de propreté, les chiens ne sont pas admis dans l’enceinte de la fête

CinémasDeux jours, une nuit (J.-P. et L. Dardenne) - Samba (É. Toledano et O. Nakache) - Leviathan (A. Zvyagnit-sev) - Le procès de Viviane Amsalem (S. et R. Elkabetz) - Black coal (Yi Nan Diao) - Discount (L.-J. Petit) - ’71 (Y. Demange) - Les combat-tants (T. Cailley) - La famille Bélier (É. Lartigau) -The Cut (F. Akın) - L’Enquête (V. Garenq) - Jimmy’s hall (K. Loach) - Hippocrate (T. Lilti) - Timbuktu (A. Sis-sako) - Les balles du 14 juillet 1953 (D. Kupferstein) - Les messagers (H. Crouzillat et L. Tura)Cinéma de nuit : Sacco et Vanzetti (G. Montaldo)

Le Parcours dans les arbresUn parcours aérien d’arbre en arbre, homologué, pour se faire peur en toute sécu-rité. Sous la surveillance de moniteurs diplômés. Ty-roliennes, ponts de singe, échelles, filets... Émotions garanties.Access i ble sou s cond i -tions d’âge (13 ans mini-mum) et de taille (1,50 m), Tarif : 4 euros.

Arboretum• Quatre promenades commentées de 50 minutes dans

un sentier aux 110 espèces d’arbres : L’arbre, quel être étonnant ! - Les arbres voyageurs - Reconnaître un arbre avec ses cinq sens - L’arbre des poètes et des conteurs.

• Expositions : Arbres remarquables d’ici et d’ailleurs - Collection de bois des forestiers de Grignon

• Conférences de Francis Hallé, botaniste, spécialiste des arbres et de l’écologie des forêts et de Georges Feterman président de l’association A.R.B.R.E.S (arbres remarquables).

Au temps de la PréhistoirePour voyager sur les traces de nos origines• Un chantier de fouille grandeur nature• Un bas fourneau en fonctionnement• Une exposition commentée : L’histoire de nos origines• Des conférences : Jean-Luc Piel Desruisseaux (préhisto-

rien) : Sur les traces des « premiers Parisiens » – Lounes Chikhi (généticien) : Retracer notre histoire grâce à la génétique, de Néandertal aux premiers agriculteurs

• Des ateliers : allumer le feu – tailler le silex – s’habiller en homme préhistorique

Expositions...• I l y a 120 ans, quand la

CGT était révolutionnaire• La longue lutte des Noirs

américains• Grèce : la population re-

fuse l’austérité• Les interventions fran-

çaises en Afrique• I ra k : l a ba rba r ie des

dji had istes et cel le de l’impérialisme

• Des ex posit ions h i s to -riques sur les luttes du mouvement ouvrier

• Sur la situation sociale dans les pays où nos cama-rades interviennent

• L’actualité vue par les des-sinateurs de presse

Le Carrousel de la connaissance :« L’humanité à la conquête de l’espace »Des premiers astronomes et de leurs cartes du ciel, aux sondes qui aujourd’hui explorent l’univers, le Carrousel de la connaissance entraîne les visiteurs derrière les ex-ploits des découvreurs « à la conquête de l’espace », pour un voyage audiovisuel de 45 minutes.

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Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 11

IL Y A 70 ANS

Algérie – 8 mai 1945 : soulèvement et répression à Sétif

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Le 8 mai 1945, alors même qu’en France on fêtait la victoire contre l’Allemagne, des manifestations avaient lieu en Algérie pour dénoncer la colonisation et réclamer l’indépendance. Le soulèvement qui suivit fut férocement réprimé par le gouvernement français de l’époque, gouvernement d’union nationale à la tête duquel se trouvait de Gaulle et qui, en plus de ministres socialistes, comprenait pour la première fois des ministres du PCF.

La défaite militaire de juin 1940 avait ébranlé l’autorité du pouvoir colo-nial de la France parmi les populations algériennes et l’idée de la fin du colo-nialisme se répandait lar-gement. Un instituteur de Bougie (Béjaïa aujourd’hui) pouvait témoigner que sa phrase écrite au tableau « je suis français, la France est ma patrie » était trans-formée par la main de ses élèves en un « je suis algé-rien, l’Algérie est ma pa-trie ». Et alors que la fin de la guerre approchait, diri-geants américains, anglais et même français avaient plusieurs fois parlé du droit des nations à dispo-ser d’elles-mêmes, faisant encore monter d’un cran les espoirs d’indépendance.

La concentrat ion des meilleures terres dans un tout petit nombre de mains de très riches colons avait créé un « immense proléta-riat agricole dont les condi-tions de vie étaient difficiles et précaires », avouait le mi-nistre de l’Intérieur de De Gaulle, Adrien Tixier. Les réquisitions de récoltes du temps de guerre avaient ag-gravé la situation des plus pauvres et de nombreuses régions étaient frappées par la famine.

Le Manifeste du peuple algérien

En février 1943, un di-rigeant nationaliste algé-rien modéré, Ferhat Abbas, publ ia un Manifeste du peuple algérien, réclamant « un État algérien fédéré à la France ». Le même Ferhat Abbas créa, un an après, le mouvement des Amis du Manifeste et de la liberté (AML), dont le succès fut fulgurant  : 500  000 Algé-r ien s y ad hérèrent en quelques semaines.

L’AML fut en réalité uti-l isée comme couverture par un par t i défendant clairement l’indépendance, le Parti du peuple algérien (PPA), qui avait été inter-dit et dont le leader, Mes-sali Hadj, était emprisonné depuis 1937. Comme une

grande partie des militants algériens les plus radicaux, Messali Hadj avait été lié au Parti communiste, à ses ori-gines anticolonialiste. Le PPA, très implanté dans la classe ouvrière algérienne en France, resta un parti nationaliste, et lorsque le PC français s’engagea dans la politique des Fronts po-pulaires et de la défense de l’impérialisme français, ce fut la rupture.

Le Par t i communiste a lgér ien ( PC A) reg rou-pait des militants dont la grande majorité se sentait profondément du côté du peuple algérien. Mais son refus de parler d’indépen-dance pour l’Algérie le met-tait au bout du compte à la remorque du gouverne-ment colonial français et le faisait passer complète-ment à côté des sentiments des A l gér ien s les plu s pauvres. Lors d’un mee-ting du PCA à Sétif en avril 1945, quelques semaines avant les manifestations du 8 mai, l’orateur avait conclu son discours en appelant à « l’union de tous pour la lutte contre le fascisme et l’hitlérisme » sans dire un mot de l’indépendance.

Au début de l ’a n née 1945, le mouvement de l’AML prenait de plus en plus d’ampleur. Paral lè-lement, l’agitation du PPA s’intensifiait sous forme de tracts clandestins, lus dans des réunions secrètes. Un tract non signé int i-tulé « La colonisation est un fléau – Mort à la coloni-sation » circulait dans les campagnes. On pouvait y lire : « La colonisation s’est établie par les massacres et par la destruction. Elle se maintient par l’oppres-sion et par l’injustice. Nul ne pourra dire le contraire. Seul le colon nie cette vé-rité. Les colons, qui s’enri-chissent de l’expropriation des Algériens musulmans et que le travail des Algériens engraisse, n’accepteraient jamais que les Musulmans partagent avec eux les ri-chesses de ce pays (...) La co-lonisation est l’exploitation

de l’homme par l’homme (...) Les colons d’Algérie (...) sont pour le racisme et contre la fraternité, pour les pri-vilèges contre les droits de l’Homme. Cette colonisation n’est qu’une forme collective de l’esclavage individuel du Moyen Âge. (...) Elle ne relève d’aucune justice et tous les hommes libres doivent en poursuivre la destruction. »

Les manifestations des 1er et 8 mai

Lorsque le gouverne-ment autorisa les manifes-tations du 1er mai 1945, le PPA décida d’y participer en organisant, partout où il le pouvait des cortèges, séparés de la CGT et du PCA. Dans de nombreuses villes, des milliers et des dizaines de m i l l iers d’A lgér iens scandèrent des s logans politiques comme «  Libé-rez Messali », « Vive l’Algé-rie libre et indépendante », « Vive la démocratie », « À bas le colonialisme », « À bas l’impérialisme ».

À Alger, les manifestants se heurtèrent à un barrage de police qui tira dans la foule, faisant deux morts et des dizaines de blessés. De nombreuses arrestations eurent lieu les jours sui-vants partout dans le pays. Le PPA décida d’amplifier la mobilisation et d’utili-ser pour cela les manifesta-tions pour la signature de l’armistice prévue le 8 mai. C’est en Kabylie et dans le Constantinois qu’el les furent les plus massives.

À Sétif, le 8 mai était un jour de marché et la popu l at ion de l a v i l le décuplait . Le PPA avait prév u de mani fester le matin alors que la mani-festation des Européens de-vait avoir lieu l’après-midi.

10 000 personnes, peut-être plus, se rassemblèrent dès 7 h 30. Des pancartes et des banderoles avaient été pré-parées avec les mêmes slo-gans que pour le 1er mai. Un jeune scout algérien, Saal Bouzid, portait le drapeau du PPA, qui allait devenir le drapeau algérien.

Subitement, pancartes et d rapeau x f urent dé -

ployés et après avoir récu-péré leurs ordres auprès de la préfecture, les policiers tentèrent d’arracher le dra-peau de Saal Bouzid, l’un d’entre eux tira et celui-ci fut tué. En riposte aux pro-vocations des policiers, la colère de la foule explosa. Des milliers de manifes-tants se répandirent dans les rues, se vengeant sur ce qui tombait entre leurs mains. Le cortège tenta de se reformer une seconde fois et subit à nouveau des t i rs des gendarmes. La police, la gendarmerie et l’armée finirent par venir à bout de l’émeute, mais le lendemain mat in 4 à 5 000 personnes tentèrent à nouveau un rassemble-ment, qui fut encore dis-persé sous les coups de feu.

À Guelma, c’est le sous-préfet Achiary qui arrêta la manifestation en tirant en l’air mais en incitant les policiers à tirer, eux, dans la foule.

Une répression sanglante

À Sétif comme à Guelma, l’administration organisa la répression en armant des mil ices d’Européens qui se défoulèrent sur tous les Algériens qu’i ls ren-contraient. Le journaliste communiste Michel Rouzé, rédacteur en chef du jour-nal Alger-Républicain, put

écrire  : «  La loi martiale est proclamée. On distribue les armes aux Européens. Tout Arabe non porteur d’un brassard [d istr i bué par les autorités] est abattu. » Un journaliste américain résuma la situat ion par la formule : « It was open season », qui signifie « La chasse est ouverte ». Dans de nombreuses autres villes du Constant i nois et du reste de l’Algérie, d’autres manifestations eurent lieu ce 8 mai, la plupart sans affrontement.

À l a nou ve l le de l a répression et de son am-pleur, des soulèvements se déclenchèrent dans les campagnes du Constanti-nois. Dans la nuit du 8 au 9 mai, plusieurs milliers de paysans pauvres s’or-ganisèrent pour assiéger puis attaquer la petite ville de Kherrata. Ailleurs, des fermes, des casernes et aus-si des bâtiments adminis-tratifs furent attaqués.

L’État français mit alors en œuvre des moyens mili-taires d’ampleur. L’aviation et la marine bombardèrent des villages entiers, faisant des dizaines de mil l iers de victimes. Les exactions des mi l ices et des mi l i-taires durèrent près d’un mois. Des légionnaires ai-maient montrer leurs bras couverts de bracelets de femmes, témoignages de tous leurs meurtres.

Le gouvernement fran-çais de De Gaulle espérait ainsi noyer dans le sang les espoirs d’indépendance de la population algérienne. Tous les dirigeants des par-tis associés au pouvoir lui emboîtèrent le pas sans la moindre hésitation, des po-liticiens de droite jusqu’au PCF, en passant par les so-cialistes. L’Humanité rendit compte des massacres le 11 mai par l’intermédiaire du communiqué gouverne-mental reproduit sans au-cun commentaire : « À Sétif, attentats fascistes le jour de la victoire. Des éléments troubles, d’inspiration hit-lérienne, se sont livrés à Sé-tif à une agression à main armée contre la population qui fêtait la capitulation hit-lérienne. La police, aidée de l’armée, maintient l’ordre. »

Mais la répression ne tua pas le mouvement. À peine neuf ans plus tard, en novembre 1954, une vague d’attentats donna le signal du dépar t de la g uer re d’indépendance.

Pierre Royan

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12 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

DANS L’ENSEIGNEMENT

Bobigny : parents et enseignants manifestentMardi 5 mai, parents et enseignants de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, se sont à nouveau retrouvés pour manifester leur colère au sujet de l’éducation des enfants de cette ville populaire. Après déjà plusieurs jours de grève et de blocages d’établissements, c’est à plus d’une centaine qu’ils ont manifesté à travers les rues de la ville aux cris de « On veut des moyens », rejoints ensuite par d’autres pour un pique-nique festif.

La manifestation a été précédée d’une opération « école déserte », les parents d’élèves étant appelés à ne pas envoyer leurs enfants à l’école en signe de protes-tation. Dans les quatre col-lèges de la ville, entre 90 et 95 % des élèves ne sont pas venus et , parmi les écoles maternelles et élé-mentaires, plusieurs n’ont vu arriver que 50  % des enfants.

Parents et enseignants sont inquiets et aussi en co-lère, car à Bobigny l’échec scolaire est une réalité mas-sive. Le gouvernement, en dépit de ses beaux discours, retire l’an prochain d’im-portants moyens humains à différents établissements de la vil le et refuse d’en attribuer là où le nombre d’enfants augmentera. La population et le nombre d’enfants augmentent sur toute la ville. Mais l’admi-nistration préfère ne rien anticiper, pour ne pas avoir à allouer de moyens.

Au- de l à des moyen s

humains, i l faudrait aus-si ouvrir des établ isse -ments supplémentaires  : des écoles ont désormais 300 élèves, un collège at-teint 700 élèves, beaucoup trop pour accueil l ir cor-rectement les élèves et en particulier désamorcer les violences. Un lycée prévu pour 800 élèves a besoin de nouveaux locaux, car il en accueillera 1100 à la rentrée !

Tout cela est dû essen-tiellement aux économies imposées par le gouverne-ment à l’Éducation natio-nale et aux col lectivités locales. Mais parents et enseignants, quand ils pro-testent, sont pris de haut par des responsables qui pour rien au monde ne sco-lariseraient leurs enfants à Bobigny.

Parents et enseignants sont en tout cas opposés à cette politique d’écono-mies, et beaucoup sont déci-dés à ne pas la laisser pas-ser sans réagir.

Correspondant LO

École Ampère – Oullins  : donner un toit aux enfants

L’école Ampère d’Oul-lins, dans le Rhône, est oc-cupée depuis début avril, pour permettre à trois fa-milles d’origine kosovare et albanaise de ne pas dor-mir à la rue avec leurs sept enfants, dont quatre sont scolarisés là.

Il y a plus d’un an, ces fa-milles, avec de nombreuses autres, étaient installées sous un pont près de la gare de Lyon Perrache. Puis cer-taines, dont deux héber-gées la nuit dans l’école, avaient été logées dans un foyer à Oullins, mais seu-lement jusqu’à la f in du « plan froid » prolongé.

Maintenant, une tren-taine de parents et mili-tants assoc iat i fs se re -laient pour venir tous les soirs à 18  h  30 accueil l ir

les familles, préparer des repas et dormir à l’école. Et tout le monde repart à 7 h 15, après le petit-déjeu-ner, sauf les enfants scolari-sés. L’occupation s’est pour-suivie pendant les vacances scolaires et les week-ends.

Les parents et militants qui entourent ces familles demandent pour el les le droit au logement. Ils se sont adressés d’abord au maire UMP d’Oullins, qui a pro-mis de régler le problème et n’a rien fait. Ils s’adressent maintenant au préfet, orga-nisent des rassemblements et manifestations.

L’école Ampère n’est pas la seule à accueillir des en-fants scolarisés dormant dans la rue. De décembre à mars, le collectif Jamais sans toit avait organisé

une dizaine d’occupations d’écoles. Depuis le 26 avril, l’école Mazenod, à Lyon, est elle aussi occupée. Avec la multiplication des expul-sions récentes de camps et de squats, la scolarisation de ces enfants va encore se compliquer.

La situation de ces fa-mil les, et de ces enfants tout spécialement, est in-humaine, comme celle de tous ceux qui perdent leur logement faute de pouvoir le payer. Avec tous les loge-ments et locaux vides, le problème ne serait pour-tant pas bien difficile à ré-gler, si le gouvernement et les autorités en avaient la volonté.

Correspondant LO

Réforme du collège : dégradation en perspectiveLes syndicats enseignants appellent le 19 mai à la grève contre la réforme du collège annoncée par la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci justifie les changements qu’elle veut apporter par le constat que « les élèves s’ennuient au collège ». Mais, comme toujours à l’Éducation nationale, derrière les arguments pédagogiques se cachent des mesures qui, au bout du compte, permettront de réduire les formations.

Les horaires de chaque d i sc ipl i ne, le f rança i s , les mathématiques, l’his-toire-géographie ou autres, seraient d iminués pour faire place à trois heures hebdomadaires d’ensei-gnement « pratiques inter-disciplinaires » (EPI). Les enseignants de plusieurs matières y feraient travail-ler ensemble les élèves sur un projet. Des professeurs de dessin, d’histoire et de mathématiques pourraient par exemple étudier les pyramides.

Ces c ha n gement s se faisant sans enseignants

supplémentaires, personne ne peut croire que l’on ré-soudra ainsi le problème des nombreux élèves qui sor tent du col lège sans savoir véritablement lire, écrire ou compter. I l est par contre certain que cela posera de multiples pro-blèmes d’orga n i sat ion , dans des établissements déjà au bord de l’explo-sion, en termes d’emploi du temps comme en ce qui concerne les locaux. Les enseignants s’inquiètent éga lement de la marge laissée aux chefs d’établis-sement dans le choix des

projets, l’expérience prou-vant qu’en la matière sou-plesse rime bien souvent avec al ignement sur les moyens que l’Inspection académique veut bien al-louer aux établissements.

La réforme supprime d’autre part l’option latin, suivie actuel lement par 18 % des élèves, soit deux heures par semaine en 5e et trois heures en 4e et 3e. Il en va de même pour le grec, enseigné dans cer-ta i n s éta bl i ssement s à raison de trois heures en 3e. L’étude de ces langues anciennes serait rempla-cée par un EPI « langues et culture de l’Antiquité », qui a toutes les chances de se résumer à un verni de culture classique. Les classes bilangues, où 15 % des élèves apprenaient deu x lang ues v ivantes , disparaissent également. La seconde langue vivante sera par contre étudiée à

partir de la 5e au lieu de la 4e. La ministre a justi-fié ces choix en disant que les options de langues an-ciennes comme les classes b i l a n g ue s s e r v a ie nt à créer à l’intérieur du col-lège des filières regroupant u ne pet ite él ite, q uand elles ne permettaient pas de contourner la carte sco-laire. Mais, dans ce cas, la meilleure solution dans l’intérêt des élèves aurait été de généraliser la pos-sibilité de suivre ces en-seignements, et non de les supprimer.

La réforme du collège est accompag née d’u ne mo d i f ic at ion de s pr o -grammes qui sera soumise à la consultation des en-seignants jusqu’au 12 juin. Cette refonte est destinée à adapter les programmes à la diminution des horaires de chaque discipline. Cer-tains thèmes seront obli-gatoires, d’autres laissés

au choix de l’enseignant. Celui-ci devra bien réduire ce qu’il enseignait jusque-là aux élèves, s’il veut réus-sir à le faire tenir dans le cadre des horaires allégés de sa discipline.

I l y a t rois mois , les enseignants des col lèges découvraient quels faibles moyens leur étaient alloués pour la rentrée de sep-tembre 2015. Certains éta-blissements se mettaient en grève et dénonçaient le grand écart du gouverne-ment entre sa prétendue priorité pour l’éducation et la réalité. Aujourd’hui, au l ieu des postes récla-més, la ministre sort de ses cartons une réforme visant à diminuer à partir de septembre 2016 l’offre de formation. Alors, oui, enseig nants et parents ont toutes les raisons de se mobiliser

Daniel Mescla

LO

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Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 13

DANS LES ENTREPRISES

Les 35 heures à l’AP-HP : une attaque qui vise tous les travailleurs hospitaliers

Sanofi-Aramon : La grève continueLes travailleurs du site

de Sanofi à Aramon dans le Gard, qui fabr iquent des éléments chimiques à la base de médicaments, cont i nuent la g rève de deux heures par jour dé-butée le 20 mars dernier. I l s n’acceptent pas q ue leurs salaires soient blo-qués depuis deux ans.

Ils sont en colère contre la direction qui leur a pro-posé, dans le cadre des

négociat ions annuel les, une vingtaine d’euros par mois seulement, alors que le groupe Sanofi est le pre-mier groupe pharmaceu-tique européen : en 2014, i l a affiché 6,8 milliards d’euros de bénéfices dont 3,7 milliards d’euros ver-sés aux actionnaires, sans pa rler de 125 m i l l ion s d’euros de crédit d’impôt recherche q u’i l a reçus de l’État. Seul le syndicat

CFE-CGC avait signé cet accord.

Puis, jeudi 7 mai, après des semaines de grève de deux heures par jour, la direction s’est dite prête à verser une prime excep-tionnelle pour 2015 ; mais elle ne donne aucune ga-rantie et les grévistes ne sont pas prêts à la croire sur parole.

L a C G T e t l a C F D T continuent d’appeler à la

grève n’acceptant pas de cautionner ce blocage des sa la i res . Plusieurs ras-semblements ont été orga-nisés devant l’usine. Ces trois dernières semaines, les grévistes ont distribué des tracts au rond-point proche de l’usine, chaque fois bien compris et sou-tenus par les personnes rencontrées.

Les grév istes étaient a u s s i p r é s e n t s a u x

manifestations du 1er mai de Beaucaire et d’Avignon.

Le mouvement se pour-suit car les grévistes sont décidés à obtenir une aug-mentation de la part fixe de leur pr ime de trans-port de 237 à 650 euros et l’amélioration de leurs conditions de travail, no-tamment par l’embauche de CDD en CDI

Correspondant LO

Hôpital de la Pitié-Salpétrière : le plan Hirsch ne passe pas !

À l’hôpital de la Salpê-trière, à Paris, l’annonce du plan Hirsch sur la sup-pression de jours de RTT est très mal passée auprès du personnel. En effet tout le monde subit le manque d’ef fect i fs quot idien, et beaucoup de salariés font des heures en plus. Celles-ci sont difficilement récu-pérables, alors supprimer des jours de repos est res-senti comme une véritable attaque. L’intersyndicale a appelé à une assemblée générale mardi 5 mai, où

200 personnes étaient pré-sentes, tous métiers confon-dus. Beaucoup venaient aux nouvelles et posaient des questions.

Une nouvelle assemblée générale a eu l ieu deux jours après, qui a réuni cette fois 500 personnes. Toutes se sont rendues à la direction pour crier qu’elles ne veulent pas du plan du directeur général. Deux représentants de la direc-tion sont sortis et ont pro-posé une rencontre. Il leur a été répondu : « D’accord

mais tout de suite »… mais ils n’avaient rien à dire et sont repartis. Puis des slo-gans ont fusé : « On ne lâche rien » et « Touchez pas à nos RTT et embauchez ». Enfin il a été décidé de faire un tour dans l’hôpital, pour se faire entendre.

Les syndicats ont décidé une nouvel le assemblée générale le 12 mai. Il s’agi-ra d’être encore plus nom-breux afin de préparer la journée de manifestation et de grève du 21 mai.

Correspondant LO

RUE

89

Des travailleurs hospitaliers lors d’une grève.

Martin Hirsch, le nouveau directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) nommé par le gouvernement, a déclenché une offensive en règle contre les 75 000 salariés des 37 hôpitaux qu’il a sous sa tutelle. Il s’agit de reprendre au personnel tout ou partie des jours de congés qui ont accompagné en 2002 la mise en place des 35 heures à l’AP-HP.

L’affaire a été ronde-ment menée. Le 19 mars dans u ne i nter v iew au journal Les Échos, Martin Hirsch annonçait sa volon-té de remettre en cause l’or-ganisation des 35  heures à l’hôpital , organisation qui d’après lui générait de mauvaises conditions de travail. Le personnel qui travaille par cycle, 7 h 36 ou 7 h 50 en moyenne par jour pour la plupart, bénéficie en échange de jours dits de RTT, 18 ou 20 jours dans l’année. Hirsch veut rame-ner la journée de travail à 7 h 30. Cela ferait perdre, d’après les syndicats, 4 à 10 jours de RTT. Quant au personnel qui ne travaille pas le week-end, comme c’est le cas de la plupart des administratifs ou des ou-vriers, il verrait la journée ramenée à 7 h en moyenne. C’est-à-dire que l’ensemble de ses RTT seraient suppri-mées, et en fait il devrait faire le même travail en moins de temps.

Une réduction du temps de travail fictive

Dès le 23 avril Hirsch transmettait aux organisa-tions syndicales un docu-ment nommé : « Organisa-tion du temps de travail. Dia log ue soc ia l sur les modalités d’organisation du travail à l’AP-HP » qui reprenait ses annonces ini-tiales. Il remettait en cause, sans se soucier de la légalité de la chose, tous les accords conclus sur l’application des 35 heures en 2002. Un calendrier de rencontres était fixé, avec la première le 6 mai, une conclusion

définitive le 18 juin et une entrée en vigueur fixée au 1er janvier 2016. Et que les syndicats soient d’accord ou pas d’accord, Hirsch annonçait qu’il déciderait. Difficile de faire plus pro-vocateur, et d’oser appeler tout cela « négociation ».

La diminution du temps de travail envisagée serait fictive, car elle se ferait, comme dans certains hôpi-taux, en ne comptant plus comme du temps travail-lé le temps de passage de consignes entre les équipes de soignants. Comme ces transmissions continue-ront à se faire par nécessité, cela reviendra à travailler gratuitement. Hirsch envi-sage d’ailleurs de reconsi-dérer l’ensemble de ce qui était assimilé jusqu’ici à du temps de travail : habillage et pauses repas…

La première annonce dans la presse avait déjà provoqué fin mars-début avri l des réactions dans certains hôpitaux, en par-t icul ier à Saint-Antoine et Tenon. En réponse à la dernière provocation de Hirsch, la majorité des syn-dicats appelle l’ensemble des hôpitaux de l’AP-HP à une manifestation devant son siège le 21 mai pro-chain. Le 6 mai, lors de la première réunion, deux syndicats, la CGT et FO, ont claqué la porte et annoncé refuser de se réunir pour discuter de ce projet qui n’était «  ni amendable, ni discutable ». Quant à Sud, sa position a été plus ambiguë, puisqu’en annonçant son absence le 6 mai et son op-position, le syndicat annon-çait sa volonté de participer

aux négociations… à partir du 28 mai.

Cependant entre le 5 et le 7 mai des assemblées gé-nérales de protestation ont eu lieu.

Des économies que le personnel n’a pas à payer

Pour f inancer ses ca-deaux aux entreprises et entre autres ses dégrève-ments de cotisations so-ciales, le gouvernement veut é conom i s e r t r oi s milliards sur les hôpitaux publics. Plus de 60 % des dépenses des hôpitaux sont

des frais de personnel, c’est donc là que porte son at-taque, et cette mesure est un de ses outils.

Le personnel, qui subit déjà tous les jours la chasse aux économies, avec la dé-gradation des conditions de travail, liée au sous-effectif permanent et au manque de matériel de base (ther-momètres, tensiomètres, chariots…), se sent vérita-blement agressé par cette attaque en règle. Derrière l’offensive déclenchée par Hirsch, c’est le sort de tous les travailleurs hospitaliers du pays qui est en jeu. En

s’en prenant aux hôpitaux parisiens, le gouvernement veut faire sauter un ver-rou et imposer sa réforme à tous les hôpitaux du pays et à leurs dirigeants, dont beaucoup ju sq u’à pré -sent n’ont pas osé mener l’offensive.

Tout dépend ra de la réaction des travailleurs, en particulier lors de la journée du 21 mai, où l’en-semble du personnel des hôpitaux de l’AP-HP pourra faire entendre son refus d’un projet inacceptable en tous points.

Paul Sorel

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14 n Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015

DANS LES ENTREPRISES

Areva : l’État patron massacre l’emploiLe groupe Areva, spé-

cialisé dans le nucléaire, a confirmé aux syndicats jeudi 7 mai qu’il va réduire de 18 % ce qu’il appelle avec mépris « ses frais de per-sonnel ». Pour cela, il veut supprimer pas moins de 6 000 emplois en France et dans le monde et s’attaquer aux conditions de travail en gelant les salaires, en augmentant le temps de travail et le forfait jours pour les cadres.

Le chef d’orchestre de cette sale opération est le gouvernement, puisque l’État est le principal et presque seul actionnaire d’Areva. Se voulant rassu-rant, le Premier ministre Valls a déclaré : « La France est f ière […] des salariés d’Areva, que l’on ne lais-sera pas tomber. » Un dis-cours déjà tenu à de nom-breux travailleurs, comme ceux d’Arcelor. Et en atten-dant Areva a commencé à

licencier 180 travailleurs su r les 225 de la m i ne d’uranium d’Imouraren au Niger.

Ces attaques sont d’au-tant plus scandaleuses que les carnets de commande sont pleins et représentent si x années d’act iv ité et plus de 46 milliards d’eu-ros. Pour justifier ces sales coups, la direction prétexte des difficultés financières et annonce 4,9 milliards de déficit pour 2014.

Mais, quand bien même les chi f fres avancés se-raient réels, ce n’est pas aux travailleurs de payer cette dette avec leur peau, car ils n’en sont pas responsables pour un seul centime. Ce n’est pas eux qui ont acheté pour 1,6 milliard d’euros des mines d’uranium dont la valeur était estimée à six fois moins ; pas eux qui ont pris la décision de se lancer dans la construction des centrales nucléaires dites

EPR, qui s’avèrent être des gouffres financiers, pour le plus grand profit de groupes capitalistes privés comme Bouygues ou Alstom.

Les travailleurs savent qu’ils n’ont aucun cadeau à attendre de Hollande et Val ls, qui se comportent comme n’importe quel pa-tron. Un patron face auquel i ls ne pourront compter que sur leur capacité à se mobiliser.

Arnaud Louvet

Castmetal : à bas l’arbitraire patronal !Le patron de l’usine de fonderie Castmetal, à Colombier-Fontaine dans le Doubs, qui fait partie du groupe international Safe Metal, est en train de licencier cinq ouvriers, en moyenne avec quinze ans d’ancienneté, qui dénoncent les conditions de travail et les accidents de travail à répétition, notamment des mains écrasées.

Dans cette usine de plus de 180 personnes, 80 % des ouv r iers sont d’or ig i ne turque. Depuis des années, les intérimaires se voient refuser l’embauche, soi-di-sant parce qu’ils ne parlent pas français. Mais quand il s’agit de tenir deux postes à la fois, dans ce cas, pas be-soin de parler le français. Le travail, parachèvement

de pièces lourdes après la sortie des fours, est pénible et épuisant. Les ouvriers malades ou âgés sont pous-sés sans ménagement vers la sortie.

Le seul syndicat, CFDT, dans l’usine temporise de-puis des années, ne rend pas de comptes aux tra-vailleurs, et a même signé un accord qui autorise le

t ravai l du samed i . Plu-sieurs dizaines d’ouvriers ont donc décidé récemment de créer une section syndi-cale CGT, et c’est intolérable pour la direction.

Lundi 20 avril, cinq ou-vriers syndiqués CGT ont donc été convoqués à un entretien préalable au li-cenciement. Il leur est re-proché de faire « du harcè-lement ». Une trentaine de travailleurs se sont aussitôt mis en grève. Depuis, les grévistes se relaient devant l’entrée de l’usine. La CFDT continue, pour le moment, de ref user son sout ien. Seule l’union locale CGT

soutient les grévistes. Mais la grève continue depuis maintenant plus de trois semaines.

Aujourd’hui, ce sont cinq travailleurs que le patron veut licencier. Mais c’est en permanence, tout au long

de l’année, que le risque de perdre son gagne-pain menace tous les ouvriers. Dans cette situation, c’est de l’intérêt de tous de se retrouver dans la grève, au coude-à-coude.

Correspondant LO

Renault – Flins : tondre les pelouses, pas les ouvriers

La direction de l’usine Renau lt de F l i n s v ient d’annoncer qu’el le al lait embaucher… trente et un moutons pour tondre les pelouses qui entourent les bâtiments.

La société proposant ce mode d’entretien des es-paces verts, qui aurait déjà des contrats avec d’autres s i tes Renau lt , ga ra nt i t les ovins qu’elle fournit, de la race des moutons

d’Ouessant, connus pour leur r ust ic ité. Four n is -sant peu de viande, peu de laine, i ls peuvent en revanche rapporter à la d irect ion : la tonte ani-male des pelouses repré-senterait , selon ses pro-moteurs, une économie de 20 % par rapport à la tonte mécanique, sans compter la suppression d’emplois de jardiniers occasionnée et peut-être, de surcroît,

une possibil ité de crédit d’impôt dans le cadre du développement durable…

Faisant écho à une cer-taine mode sur les procé-dés écologiques, Renault a en tout cas l ’occasion de diversi f ier son chep-tel : après les actionnaires rapaces, les ovins brou-teurs. Avant les ouvriers enragés ?

Correspondant LO

Technicolor – Rennes : débrayages pour les salairesAu centre Technicolor de Rennes, où travaillent 500 personnes, principalement des ingénieurs, la direction a annoncé fin avril qu’elle reconduisait le quasi-blocage des salaires. Seule une enveloppe de 1 % de la masse salariale sera entièrement répartie individuellement, sauf pour une partie du personnel non-cadre, soit 10 % de l’effectif, à qui la direction garantit 47 euros mensuels.

Cet te pol it iq ue n’est pas nouvelle, puisque les salaires ne progressent pratiquement plus depuis plusieurs années. Ce qui l’est en revanche, c’est que cette année la direction

se félicite de la rentabilité retrouvée de l’entreprise et de ses excellents résul-tats. Les années passées, elle justifiait sa politique sa lar ia le en invoquant les difficultés financières

de l’entreprise. Cette fois, e l le met en avant l ’ i n-f lat ion, soi- d isant t rès faible.

De leur côté, les tra-vailleurs ont réagi. Deux débrayages ont eu l ieu mardi 27 avr i l et jeudi 6 mai. À chaque fois, une soixantaine de salariés se sont rassemblés, allant en cortège à travers les bu-reaux, entraînant au pas-sage plusieurs collègues pour se rendre à la salle où la direction réunit les représentants syndicaux

pour les négociations an-nuel les obl igatoires sur les salaires, puis faisant sur place une assemblée générale. Les représen-tants syndicaux sont sor-tis pour faire un point sur ce qui s’était dit dans la réunion, et la date de la mobi l isation suivante a été discutée et décidée.

L a d i r e c t ion , q u i a bien du mal à justifier sa polit ique, a déjà fait un geste en annonçant, lors de la dernière réunion, une prime de 600 euros

brut pour les deux tiers le s moi n s bie n payé s . Peut-être cherche-t-elle à désamorcer une mobil i-sation qui pourrait n’en être qu’à son début, car le mécontentement es t profond.

Rendez-vous a été pris pour un nouveau rassem-blement, le 19 mai. Et d’ici là, tous les jours à 16 h, il est prévu de se retrouver à la cafétéria pour discu-ter de la mobi l isation à construire.

Correspondant LO

TWIT

TER

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Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 15Lutte Ouvrière n° 2441 n 15 mai 2015 n 15

DANS LES ENTREPRISES

Bulletin d’abonnementJe souhaite m’abonner à Lutte Ouvrière Lutte de classeNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code Postal . . . . . . . . . . . . . . .Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ci-joint la somme de : Chèque à l’ordre de Lutte Ouvrière ou virement postal : CCP 26 274 60 R Paris à adresser à LUTTE OUVRIÈRE, BP 233, 75865 PARIS Cedex 18

QUI SOMMES-NOUS ?

Lutte OuvrièreUnion communiste (trotskyste),

membre de l’Union communiste internationaliste

Lutte Ouvrière c/o Éditions d’Avron, 6, rue Florian - 93500 Pantin. Lutte Ouvrière (Île-de-France) c/o Éditions d’Avron, 155, avenue Jean-Lolive - 93500 Pantin. Téléphone : 01 48 10 86 20 – Télécopie : 01 48 10 86 26

Lutte Ouvrière est éditée par la société Éditions d’Avron – 6, rue Florian 93500 Pantin – Téléphone : 01 48 10 86 20 - SARL au capital de 7 622,45 euros, durée cin-quante ans à partir du 1er janvier 1970 – Gérant : Michel Rodinson. Associés : René Marmaros, Isaac Szmulewicz, Jean-Claude Hamon. Directeur de la publication et responsable de la rédaction : Michel Rodinson. – Tirage : 12 000 exemplaires. Impres-sion : Rotos-Presse Numeris, 36, boulevard Robert-Schumann 93190 Livry-Gargan. – Commission paritaire des publications n° 1019 C 85576 – ISSN 0024-7650 – Dis-tribué par les MLP (Messageries lyonnaises de presse) – Dépôt légal mai 2015.

Versez à la souscription de Lutte OuvrièrePour financer ses activités dans la période qui vient, Lutte Ouvrière ne peut compter que sur ses militants, ses sympathisants, sur tous ceux qui partagent avec nous la conviction qu’il faut mettre fin à l’organisation sociale actuelle basée sur l’exploi-tation, le profit privé et la concur-rence. C’est à eux que nous faisons appel aujourd’hui pour verser à notre souscription.Merci d’adresser vos dons par chèque libellé à l’ordre de : Associa-tion de financement du parti Lutte Ouvrière, en les envoyant à l’adresse

suivante : Lutte Ouvrière, BP 233, 75865 Paris Cedex 18.Merci aussi de nous indiquer lisible-ment vos nom, prénom et adresse pour nous permettre l’envoi du reçu fiscal auquel ce don donnera droit.En effet, les dons à un parti poli-tique, plafonnés par la loi à 7 500 € par an, donnent droit à une réduc-tion d’impôt par la proportion de 66 % de ce don et dans la limite de 20 % du revenu imposable. Ainsi un don de 300 € donnera droit à une réduction d’impôt de 200 €, à

condition que l’impôt sur le revenu dépasse cette somme.L’association de financement du parti Lutte Ouvrière a été agréée le 30 novembre 2009. Elle est seule habilitée à recueillir les dons de personnes identifiées. Les dons d’une personne physique à un parti politique sont plafonnés à 7 500 € par an. Tout don supérieur à 150 € doit être versée par chèque. Seuls les dons versés par chèque ouvrent droit à la réduction fiscale prévue par la loi.

L’Union Communiste trotskyste qui publie Lutte Ouvrière, sous le nom duquel elle est connue en tant qu’organisation politique, regroupe des militants pour qui communisme et socialisme sont le seul avenir pour l’humanité. Celle-ci est menacée par les crises, l’épuisement des matières premières et des milieux naturels et les guerres dus à l’anarchie de la société actuelle, dont la divi-sion en classes sociales repose sur la concurrence économique et l’égoïsme individuel.Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent rempla-cer le capitalisme par une société libre, fraternelle et humaine car ils constituent la majorité de la population et n’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société. Pour cela ils devront remplacer l’État de la bourgeoisie pour créer un régime où les masses populaires exerceront elles-mêmes le pouvoir en assurant un contrôle démocratique sur tous les rouages du pou-voir économique et politique. Nous disons aussi que les travail-leurs n’ont pas de patrie et qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre.Les militants qui animent ce journal s’affirment trotskystes, du nom du compagnon et continuateur de Lénine, qui a combattu le stalinisme dès son origine et a péri assassiné pour n’avoir jamais cédé.

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Taxe Chirac : Air France ne veut plus payer

Les d i r i gea nt s d’A i r France ont demandé au gouvernement un mora-toire concernant la taxe de solidarité sur les billets d’avion, dite taxe Chirac.

Cette taxe, allant de 1 à 45 euros selon la classe de voyage, avait été instau-rée en 2005 à l’initiative de Chirac et du président brésilien Lula et représen-tait 1,48 milliard de dol-lars fin 2014. Elle finance en grande partie Unitaid, sorte de centrale d’achat mondiale dont le but est d’acheter au prix de gros aux laboratoires pharma-ceutiques des médicaments destinés aux victimes des grandes pandémies telles que le sida ou le paludisme. Lancée à grand renfort de d iscours humanitaires , elle avait été présentée à l’époque comme une sorte de taxe Tobin.

Dix ans plus tard, seuls neuf pays, sur les trente qui avaient accepté sa mise en place, l’appliquent. Hormis la France, tous sont des pays

en développement. C’est dire le peu de cas que font les grandes puissances de la lutte contre les grandes pandémies. La France, elle, a réduit sa contribution en décembre dernier, passant de 110 millions d’euros à 85 millions sur les 200 mil-lions collectés, l’État fran-çais gardant dans sa poche la différence.

Aujourd’hui , les diri-geants d’A ir France de-mandent la suspension de cette taxe, au nom de la concurrence. Comble de l’hypocrisie, ils se jus-t i f ient en rema r q u a nt qu’Unitaid, compte tenu de sa réserve financière, « pourrait poursuivre ses actions humanitaires (…) pendant cinq ans sans col-lecte supplémentaire ».

Même une petite taxe, pourtant bien dérisoire vu les besoins, c ’est encore trop pour ces gens-là, sur-tout si elle doit servir à soi-gner des pauvres.

Jacques Le Gall

Aéroport de Roissy : les patrons volentÀ l’aéroport de Roissy, les patrons ont inventé un nouveau mode de licenciement : on « oublie » les salariés, puis on liquide et on s’en va ! Même si c’est scandaleux, inhumain et totalement illégal…

C’est ce qui est arrivé aux salariés d’AMS, une soc ié té q u i r épa r e les containers des avions pour le compte des compagnies aériennes. Leur activité avait été transférée en sep-tembre à une autre entre-prise, mais le repreneur n’a pas repris les salariés, sous prétexte que leur conven-tion collective n’était pas la même. Ces travailleurs se sont retrouvés en dehors de tout. Ils sont restés ainsi, dans leur locaux, sans voir ni chef ni patron, jusqu’à ce que celui-ci, six mois après, annonce la mise en cessa-tion de paiement des enti-tés d’Orly et de Roissy.

La mise en liquidation a é té prononcée début avril, ce qui permettra à ce patron de faire payer par la collectivité les sa-laires dus et les primes de licenciement. Il n’a cherché aucune solution pour ses salariés, alors que ceux-ci découvrent maintenant

que leur patron prolonge son activité, la même, sur le fret 4, mais sous un autre nom, Birdy !

Plu s récem ment , les s a l a r iés de S er i s , u ne entreprise de sécurité et de sûreté du Terminal 1, dont le travail consistait à vérifier et contrôler les titres d’embarquement des passagers, se sont retrou-vés « sans affectation » le 1er mai. Leur entreprise a été remplacée par Mahola, entreprise qui fait essen-tiellement de l’accueil pas-sagers. Mais tout ce que Mahola a proposé aux sala-riés de Séris, tous en CDI et avec de l’ancienneté, c’est de les reprendre en CDD avec période d’essai !

Le patron de Séris a dis-paru, les salariés sont à la maison sans nouvelles de personne, ne sachant pas qui paiera les salaires.

Dans le premier cas, c ’est A ir France le don-neur d’ordres, dans l’autre c’est ADP, mais l’un comme l’autre laisse faire pour baisser ses coûts. Quant au préfet de Roissy, au procu-reur et à l’Inspection du travail, ils savent que ces petites entreprises opèrent à l’aéroport, mais rien ne se passe pour interdire ces brochettes de magouil-leurs . Mais les t ravai l -leurs de Roissy ne peuvent accepter cette précarité scandaleuse.

Correspondant LO

DR

LO

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Lutte Ouvrière n Directeur de publication : Michel Rodinson n Commission paritaire n° 1019 C 85576

DANS LE MONDE

Grande-Bretagne : Cameron reconduit sans gloireDavid Cameron est sorti vainqueur des élections du 7 mai, et en apparence il en sort même renforcé. Avec 36,9 % (+ 0,8 %) et 331 sièges (+ 24), il obtient la majorité absolue des 650 sièges du Parlement britannique. Cette fois, il n’aura donc pas à former de gouvernement de coalition.

De son côté, le Parti tra-vail l iste n’a pas réussi à mobiliser son électorat et ne progresse que dans les plus grandes aggloméra-tions. Avec 30,4 % (+1,5 %) des voix et 232 sièges (-26), il n’a pas de quoi pavoiser. Et la démission peu glo-rieuse de son leader au len-demain du scrutin n’aidera sûrement pas à redorer son blason.

Tout cela s’inscrit dans le système du bipartisme britannique où la position des deux grands partis est un jeu de chaises musicales, réglé par le scrutin uni-nominal à un tour qui les favorise outrageusement. D’ailleurs, le parti libéral-démocrate, troisième lar-ron du bipartisme que l’on ne sort de l’armoire qu’en cas de besoin, a fait les frais de ce système électoral. Dis-crédité par la caution qu’il a apportée à Cameron au pouvoir contre les senti-ments d’une partie de son

électorat, il s’est effondré, perdant les deux tiers de ses voix et 49 de ses 57 sièges.

La progression du SNP et de UKIP

En revanche, deux faits inhabituels auront marqué cette élection.

D’abord, il y a eu le raz-de-marée du Parti national écossais (SNP). Sa campagne alliait un nationalisme étri-qué à un langage populiste visant à s’appuyer sur le mécontentement de l’élec-torat populaire face à l’aus-térité et sur son rejet des grands partis. Elle lui aura permis d’obtenir 50 % des suffrages en Écosse (+30 %) et de rafler 56 des 59 sièges (+50), ne laissant au Parti travailliste qu’un seul des 41 députés écossais qu’i l avait.

Le deuxième fait mar-q uant a été le score de 12 ,6  % (3,9 m i l l ions de voix) du parti anti-immi-grés et anti-européen UKIP

(Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni), même s ’ i l n’a empor té q u’u n seul siège du fait du sys-tème électoral. On peut se faire une idée, au moins partielle, de son électorat à partir des 125 circons-criptions où il obtient ses mei l leurs scores. Sur le total, 79 sont des circons-criptions conservatrices provinciales, où une par-tie de l’électorat conser-vateur semble avoir voté UKIP. Mais les 49 autres sont des circonscriptions travaillistes touchées par la crise, où UKIP semble avoir capté les voix d’électeurs travai l l istes des classes populaires. C’est le cas en particulier dans plusieurs circonscriptions ouvrières de l’est de Londres.

Quelles perspectives ?Ces scores traduisent

une désorientation face à la crise dont la veulerie des appareils réformistes est tout aussi responsable que la démagogie xénophobe des grands partis. À force de n’offrir d’autre perspec-tive à la classe ouvrière que celle de subir passive-ment les attaques du pa-tronat, ou de cautionner la

politique anti-ouvrière du Parti travailliste, les direc-tions syndicales ont pré-paré le terrain à des déma-gogues réactionnaires tels que ceux de UKIP, dont le fonds de commerce est de désigner des boucs émis-saires, en l’occurrence les travailleurs immigrés. Et cela constitue un danger pour l’avenir.

Cela étant, malgré les manchettes triomphantes de la presse, la « victoire » de Cameron reste très rela-tive. D’abord parce qu’avec une participation de 66,1 %, moins d’un quart des élec-teurs inscrits auront voté conservateur, ce que Came-ron ne peut guère faire pas-ser pour un mandat popu-laire. Ensuite parce qu’il se retrouve avec une majorité parlementaire de tout juste six voix, ce qui l’expose aux « révoltes » d’une aile droite dont les positions politiques sont proches de celles de UKIP. Et, sur ce plan, les voix de celui-ci risquent de peser dans la vie politique.

Il est vrai que Cameron a cherché à anticiper le problème avec son référen-dum sur l’appartenance à l’Union prévu pour 2017,

coupant ainsi l’herbe sous le pied aux anti-européens. Mais déjà, quelques jours à peine après cette élec-tion, toute une campagne de presse exige de Came-ron qu’il se montre « intrai-table  » face aux «  diktats de Bruxelles  ». Cameron, lui, fera ce que lui disent les milieux d’affaires qui ne veulent pas d’une sortie de l’Union. En revanche, il cherchera sans doute à calmer son aile droite par des mesures réactionnaires contre les travailleurs et en particulier les immigrés.

Car toutes les factions de son parti s’accordent au moins sur le fait de faire payer à la population labo-rieuse les frais d’une crise qui, malgré les rodomon-tades officielles, n’en finit pas de se faire sentir. Et pour la classe ouvrière bri-tannique, la grand-messe électorale terminée, c’est là le véritable combat qui doit continuer, celui pour la défense de ses intérêts face aux attaques du patronat et de ses politiciens – avec les seules armes efficaces dont elle dispose, celles de la lutte de classe.

François Rouleau

Russie : parfum de guerre froide… et de contrats ?Tradition de l’URSS stalinienne oblige, c’est le 9 mai que les autorités russes commémorent la fin de la Deuxième Guerre mondiale, sous le nom de Victoire dans la guerre patriotique contre le nazisme. Une défaite de l’Allemagne dans laquelle l’Union soviétique, sa population et son armée ont joué un rôle décisif : elles l’ont payé d’un prix énorme en destructions et pertes humaines, avec au moins 20 millions de morts, soit plus de la moitié de tous ceux recensés en Europe.

Déluge de déclarations off iciel les, d’ar t ic les de presse, affichages géants dans les v i l les , gadgets commémoratifs partout en vente… Depuis des mois, personne ne pouvait igno-rer q ue les d i r i gea nt s russes voulaient donner un éclat particulier à ce 70e an-niversaire. Il s’agissait de montrer au monde entier que la Russie est redeve-nue une puissance avec la-quelle il faut compter.

C’est ce qu’affichaient la parade militaire impo-sante organisée le 9 mai sur la place Rouge à Mos-cou. Outre 16 000 soldats, les autorités avaient mobi-lisé là 140 avions, des mis-siles intercontinentaux de 50 tonnes, les nouveaux chars A r mata T14 , q ue l’on dit les plus puissants du monde. Sans oublier la

population conviée – sans qu’elle ait le choix, s’agis-sant du personnel des orga-nismes publics de la capi-tale  – à démontrer sur le parcours son patriotisme et son adhésion à la politique de Poutine.

Seu le ombre à ce ta-bleau : si y figuraient les chefs d’État ou de gouver-nement chinois, indien, égyptien, cubain, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, les chefs des puis-sances impérialistes bril-laient par leur absence. Obama, Hollande, Came-ron et autres n’avaient pas répondu à l’appel, faisant savoir que, sur fond de guerre en Ukraine et d’an-nexion de la Crimée, leur présence aurait cautionné la politique agressive de Moscou.

Venant de représentants

d’États q u i mènent des guerres en permanence, leurs reproches à Poutine valent avis d’experts. Ils pourraient même faire sou-rire, si les interventions m i l ita i res occ identa les n’étendaient leurs ravages de l’Afghanistan à l’Afrique et au Moyen-Orient. Sans oublier non plus le poids d e l e u r s m a n i g a n c e s dans la déstabilisation de

l’Ukraine, dont ils accusent le K remlin, a lors qu’i ls partagent largement la res-ponsabilité du drame qui ensanglante cette partie de l’Europe.

Mais le c y n isme des uns et des autres, leur mé-pris commun des peuples n’empêchent pas, qu’au m i l ieu d’ i nvec t ives au parfum de guerre froide, les affaires gardent leurs

droits. Hollande n’était pas à Moscou, mais il y avait en-voyé Fabius, son ministre des Affaires étrangères. Quant à Merkel, absente le 9 mai, elle a rencontré Pou-tine dès le lendemain. Et on peut parier qu’ils n’ont pas parlé seu lement de l’Ukraine, mais de contrats gaziers, pétroliers, voire militaires…

Pierre Laffitte

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