ÉDUCATION, EXPÉRIENCE ET SALAIRE · 2015. 1. 10. · Dominique GOUX (Insee) Fric MAURIN (Dares)...
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Direction de l’Animation de la Recherche,des Etudes et des Statistiques
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ÉDUCATION,EXPÉRIENCEET SALAIRE
Tendances récenteset évolution
de long terme
Dominique GOUX (Insee)
Fric MAURIN (Dares)
N° 4Novembre 1994
Les documents d’études sont des documents de travail; à ce titre, ils n’engagent que leurs auteurs et ne représentent pas la position de la DARES.
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A partir d’un panel d’enquêtes Emploi (1990—1994), l’étude cherche à mesurerles disparités de salaires liées à l’expérience professionnelle et aux diplômes, enneutralisant les biais liés à l’endogénéité de caractéristiques non observées desindividus, ainsi que ceux liés à l’endogénéité des pratiques salariales spécifiquesdes employeurs. Sur la base d’un pseudo—panel d’enquêtes sur la formation et laqualification professionnelle (FQP), on évalue par ailleurs l’évolution durendement salarial des diplômes entre 1970 et 1993, en neutralisant les biais ditsaux effets de sélection du chômage.
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Education, expérience et salaireTendances récentes et évolution de lon terme
1. Introduction
Quel lien existe-t-il entre la scolarité initiale, l’expérience professionnelle et le salaire
perçu 7 Cette question fait depuis longtemps l’intérêt des économistes. Un volume
considérable de travaux empiriques et théoriques lui est consacré. Dans ce domaine, lune
des théories économiques les plus simples et les plus achevées est sans doute celle du
capital humain’. Hypothèse de base le salaire rémunère les capacités productives des
individus, lesquelles sont liées, avant tout, aux connaissances acquises à l’école.
Poursuivre ses études implique efforts et sacrifices ils sont consentis dans la mesure où
l’impact anticipé sur les salaires futurs est suffisant. Au bout du compte. suivant leurs
aptitudes. les individus “choisissent” à la fois leur niveau de formation et leurs salaires
ultérieurs. Une hypothèse complémentaire est traditionnellement adjointe à ce modèle de
base : l’expérience professionnelle enrichit elle aussi le capital humain et à ce titre.
s’accompagne elle aussi d’augmentations de salaire réel. Celles-ci seront sans doute plus
fortes en début de carrière la retraite approchant. les investissements de formation (et de
remise à niveau) auront un horizon de rentabilisation plus court et par conséquent. seront
de plus en plus rarement entrepris (encadré 2).
Cette théorie a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment pour la vision strictement
économique qu’elle retient des arbitrages individuels, ou pour l’efficacité qu’elle suppose
aux années de scolarité formelle. Il est possible de développer une analyse concurrente
où l’école a pour rôle essentiel de sélectionner et “signaler” les individus selon leurs
aptitudes2. En elle-même, la scolarité n’améliorerait guère la capacité productive des
futurs salariés. Son rôle se bornerait à certifier les capacités individuelles et à classer les
individus. Autre limite importante. la théorie du capital humain explique mal la diversité
des pratiques salariales d’une entreprise à l’autre. Elle n’intègre pas le rôle des institutions
et des conventions encadrant le marché du travail.
Pour notre part. nous allons partir d’une relation empirique simple. telle que pourrait la
justifier la théorie du capital humain dans sa version la moins élaborée pour
l’explication des différences de salaires, seules sont prises en compte la durée de la
scolarité et l’expérience professionnelle totale (section 3).
Progressivement, nous chercherons à tester la robustesse et la pertinence de cette relation
en introduisant quelques mécanismes concurrents, puis en enrichissant les spécifications
du capital humain. Ainsi, en premier lieu, nous évaluerons l’effet des ressources
individuelles non mesurées par le capital scolaire ou l’expérience professionnelle (section
Voir Becker [1964], Mincer [1974] ou Willis [1986].2 Voir Arrow [1973], Spence [1974], Riley [1979].
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4) puis celui des pratiques salariales spécifiques des différents employeurs (section 5).
Dans un second temps. nous chercherons â prendre en compte hétérogénéité du capita)
humain, qu’il s’agisse des années de scolarité plus ou moins réussies (section 5) ou de
l’expérience professionnelle, plus ou moins transférable d’une entreprise à l’autre
(sectIons 6 et 7).
Disposant d’une évaluation raisonnable des différents mécanismes. nous retracerons
l’é\ olution du rendement salarial des diplômes suivant l’époque où ils ont été obtenus
(sections 8 et 9).
2. Les données
Comme les précédentes. la dernière version de l’enquête Formation et Qualification
Professionnelle (FQP 1993) contient un descriptif précis du niveau de formation des
individus et de leurs carrières scolaires3.
Comparée aux sources administratives ou aux enquêtes menées auprès des entreprises.
cette source présente aussi l’intérêt de couvrir l’ensemble de la population salariée
(public, privé, sans restriction de taille pour les employeurs). Menée auprès de l’ensemble
des actifs (qu’ils aient ou non un emploi), elle donne les moyens de neutraliser certains
biais, liés à la sélectivité du chômage.
L’enquête renseigne également sur le temps écoulé depuis le premier emploi. On dispose
ainsi d’une approximation de l’expériene professionnelle des individus. La qualité de
cette approximation est évidemment meilleure pour les hommes que pour les femmes.
lesquelles sont encore nombreuses à avoir interrompu durablement leur carrière. C’est
pourquoi, sans que cela soit toujours précisé, les estimations porteront uniquement sur la
population masculine4.
Plus précisément. on travaillera, dans l’enquête FQP 1993, sur un échantillon de 5302
hommes, âgés de 20 à 64 ans, avant exercé une activité salariée â temps complet en 1992.
actifs en 1993.
La continuité du protocole des enquêtes FQP permet par ailleurs de construire des
pseudo-panels et d’établir des comparaisons robustes sur le moyen-long terme5, Quatre
enquêtes ont été mobilisées, celles de 1970, 1977, 1985 et 1993. L’échantillon étudié sera
Voir par exemple Riboud [1978], ou Jarousse-Mingat [1986] pour des études menées sur lesprécédentes versions de l’enquète.
Cette remarque souligne le caractère endogène de l’expérience. A âge et diplôme égaux, la duréede l’expérience professionnelle n’est pas la même pour tous : les moins diplômés sont plus souventet ‘ou plus longtemps au chômage, les femmes sont susceptibles d’interrompre leur carrière.L’approximation â laquelle la nature des données nous contraints pour évaluer l’expérience élude ceproblème d’exogénéité. Pour une étude sur ce point, voir Bingley et Westergard-Nielsen [1994].D Sur ce type d’utilisation voir Baudelot-Glaude [19881.
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constitué de 48 542 individus, hommes âgés de 20 à 64 ans. ayant exercé une activité
salariée uniquement a temps complet l’année precédant l’enquète.
Fait important. l’enquête ‘FQP 1993” identifie les entreprises rémunerant les salariés. ce
que ne faisaient pas les précédentes \ersions de l’enquête6. Il est ainsi possible de
distinguer les différences de remuneranons réellement dues aux écarts de formation et
d’expérience d’une part et celles dues aux pratiques salariales spécifiques des entreprises
d’autre part. Ce rpe d’information permet d’approfondir les recherches menées a partir
d’enquêtes FQP plus anciennes, où seules pouvaient être neutralisées les disparités
sectorielles de rémunérations7
Les enquêtes FQP ont ainsi de nombreux atouts empiriques. Elles n’offrent toutefois pas
la possibilité de suivre les individus (et leurs salaires) au cours du temps l’effet de
l’expérience professionnelle sur les rémunerations ne peut pas être mesuré directement.
Pour compléter l’étude, nous aons donc eu recours à l’enquête Emploi d’une année sur
l’autre, un tiers seulement de l’échantillon est renouvelé, ce qui permet de sui’re une
partie des carrières salariales. Plus précisément, de 1990 et 1994, il est possible de
reconstituer deux années complètes de carrière salariale pour 16 234 hommes salariés à
temps complet. Ainsi constitué. l’échantillon comporte 48 702 observations8.
La scolarité et le diplôme des individus sont moins bien mesurés dans l’enquête Emploi
que dans l’enquête FQP. Mais depuis 1990, les responsables de la source ont
considérablement amélioré la qualité des informations sur les salaires.
3. Scolarité, expérience professionnelle et salaire : un modèle de référence
Pour une première illustration des relations de base, il est éclairant d’analyser la
dispersion des salaires à une date donnée (1993), selon les critères de capital humain
observés (par le statisticien), au premier rang desquels la durée de scolarité et
l’expérience professionnelle des individus.
Soit y es le logarithme du salaire de l’individu j et x le vecteur représentant le capital
humain observé, on postule que:
(1) y=x’b+u
6 On a pu identifier precisement l’entreprise dans laquelle travaillent 4 713 des 5 302 individus denotre échantillon d’étude (par son identifiant SIRET). Ces 4 713 personnes travaillent dans 3 676
entreprises différentes. Ces entreprises se répartissent ainsi : 3 311 ont un seul salarié représenté
dans notre échantillon. 220 en ont deux, 126 en ont entre trois et neuf et 19 ont dix salaries ou plus
interrogés.Voir Plassart-Tahart [19901.De même que dans l’enquête FQP. les enquêtes Emploi postérieures à 1990 identifient
l’employeur par son numero SIRET. Cependant. cette indication ne constitue qu’un intermédiairepermettant la connaissance des caractéristiques de l’entreprise et n’est donc pas systématiquement
renseignée. Le sous-panel identifiant les entreprises comporte 43 859 observations.
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où u sont des résidus supposés i.i.d.
Un tel modèle peut être estimé de façon standard. par les moindres carrés ordinaires
(tableau la). Les résultats sont conformes aux pré\ isions théoriques et es ordres de
grandeurs comparables à ceux obtenus sur données plus anciennes en première
approximation. entre deux individus du même âge. avant achevé leur scolarité entre 1 6 et
22 ans. une différence d’un an dans la durée des études correspond à un écart de salaire
compris entre 7% et 9%. Les premières années de scolarité post-obligatoire semblent
ainsi particulièrement fondamentales pour les rémunérations futures. Au-delà, le
rendement semble décroître vers 25 ans. une année d’étude supplémentaire correspond à
des écarts de salaire qui ne dépassent plus 4%. A partir de 2S ans. âge auquel la quasi-
totalité des jeunes ont quitté l’école. les différences de salaires liées à la durée des études
ne sont plus perceptibles.
Ces écarts de salaires entre personnes de formations différentes apparaissent légèrement
plus importants au sein des générations anciennes. Il s’agit d’un premier indice du déclin
de la rentabilité scolaire au cours du temps. Toutefois pour étayer réellement ce type de
diagnostic, il sera nécessaire de comparer les salaires des différentes générations au
même âge, ce que ne permettent évidemment pas les données d’une enquête ponctuelle.
Le salaire varie aussi avec l’expérience professionnelle. En début de carrière, l’écart de
rémunération entre deux salariés dont l’un a une année d’ancienneté de plus que l’autre est
d’environ 4%. En terme de capital humain, les premières années de carrière seraient ainsi
équivalentes à un mi-temps de pure formation scolaire. En milieu de carrière, les
différences de rémunérations liées à l’expérience deviennent plus faibles (1,6%). En fin
de carrière, elles s’annulent. De nouveau, ces résultats sont conformes aux estimations
menées antérieurement sur le même type de données.
Fondées sur des comparaisons de salaires entre individus de générations différentes, ces
estimations ne constituent toutefois qu’une approche indirecte et imparfaite du lien entre
l’expérience professionnelle d’un individu et l’évolution de son salaire.
Supposons qu’il n’existe en réalité aucune relation entre expérience et salaire. Imaginons
en revanche que les salaires d’embauche déclinent au cours du temps et que chaque
individu perçoit un salaire constant tout au long de sa carrière. A chaque instant, les
salariés les plus expérimentés seront mieux payés que les plus récents l’expérience ne
les aura pas rendus plus productifs, simplement ils seront entrés sur le marché du travail
à un moment où la concurrence pour les postes les mieux rémunérés était moins forte.
Autrement dit, telle que nous l’observons, à une date donnée, l’augmentation des salaires
avec l’expérience pourrait être le résultat d’un déclin des salaires d’embauche des
générations successives plutôt que d’un réel effet positif de l’ancienneté sur les capacités
productives.
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4. Les déterminants individuels du salaire
Lne mise en évidence satisfaisante du lien entre expérience et salaire demande donc de
suivre les salaires individLlels au cours du temps. Pour traiter ce problème. il est bien sûr
nécessaire de disposer d’observations répétées sur les mêmes individus. Les enquêtes
FQP ne fournissant pas ce type d’information individuelle-temporelle, nous avons utilisé
l’enquête Emploi. Son protocole permet de constituer d’importants panels de salariés.
Dans notre cas. chacun a été interrogé à trois reprises entre 1990 et 1994. lors des
différentes carnpanes de l’enquête9.
Dans ce cadre. il devient possible de modéliser le salaire réel de chaque individu en une
partie fixe et une partie évoluant au fil de la carrière. Cette décomposition permet d’isoler
ce qui revient en propre à l’accumulation de capital humain en cours de carrière d’une
part et ce qui est fixe d’autre part. c’est-à-dire lié à des différences “structurelles” entre les
individus (différences de formation. de génération. de ressources familiales ou
intellectuelles).
Soit Yit le logarithme du salaire de l’individu i à la date t et x1 le capital humain observé.
L’effet spécifique individuel sera noté a.. Le modèle s’écrit sous une forme à erreurs
composées
(Il) y, = x, b +a +
où les perturbations ci.. et sont supposées aléatoires, non corrélées, de variance
et
Avant d’estimer un tel modèle, il est important de s’interroger sur l’existence des effets
individuels ctet sur leur exogénéité. La convergence de l’estimateur standard (MCO)
n’est en effet assurée que dans le cas où les effets spécifiques sont indépendants du
capital humain observé.
Sur les données utilisées, un test de Fisher permet de repousser l’hypothèse (o 0): les
aptitudes et ressources individuelles non mesurées ont un impact bien réel sur la
hiérarchie des salaires perçus. Par ailleurs, un test d’Hausman repousse l’hypothèse
d’indépendance de ces effets fixes individuels : capital humain observé et aptitudes
individuelles non mesurées sont corrélés entre eux (tableau 2b). L’estimation brutale du
modèle (II) par les moindres carrés serait donc affectée d’un biais, du fait de l’oubli de
déterminants endogènes du salaire.
‘? La qualité de l’information sur les salaires ne permet pas de remonter plus avant dans le tempssans un long travail préalable de mise en forme des données. D’une part les enquêtes Emploiantérieures à 1990 précisent seulement la tranche de salaire perçu. D’autre part, les salariés quirefusent de déclarer leur salaire ne font pas l’objet de redressement spécifique.
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Pour estimer correctement l’effet de l’expérience sur le salaire. il apparaît ainsi bel et bien
nécessaire de disposer d’une information individuelle-temporelle et de mobiliser la
ariance temporelle de cette information (estirnateur “intra”).
Dans le cas présent. une estimation convergente de (11) conduit à réévaluer de plus de
20Y0 le rendement marginal de l’expérience professionnelle (tableau 2a). Le biais
affectant l’estimation standard s’interprète facilement : les individus disposeraient d’atouts
individuels (non mesurés) d’autant plus importants qu’ils sont expérimentés. On peut
songer au capital humain familial les générations récentes ont grandi dans des familles
en mo enne plus cultivées que les générations anciennes10.
Pour le reste. sur les cinq années d’observation, les salaires individuels évoluent selon des
trajectoires très cohérentes avec celles qu’il est possible de reconstituer à partir
d’observations transversales, et conformes à ce qui pourrait ètre une accumulation
rationnelle du capital humain (forte en début de carrière, puis de plus en plus réduite).
A cette interprétation “structurelle’, on pourrait opposer une lecture plus conjoncturelle
au début des années 1990, les augmentations générales de salaires ont ralenti et c’est ce
phénomène (qui n’a rien à voir avec l’accumulation de capital humain) que captent nos
estimations longitudinales. En introduisant des indicatrices annuelles il est possible de
neutraliser complètement le profil des évolutions générales : dans ce cadre le lien entre
expérience individuelle et salaire réel garde une concavité conforme aux précédentes
estimations (tableau 2c). Une simple lecture conjoncturelle ne peut donc pas expliquer la
robustesse de la relation dynamique exitant entre expérience et rémunération.
Il faut toutefois souligner que l’acquisition d’expérience n’explique à elle seule qu’une très
faible partie de la variété des carrières individuelles’’. Autrement dit, au-delà du lien réel
entre expérience et salaire, subsiste une très forte hétérogénéité des carrières salariales
individuelles. Le peu d’observations temporelles disponibles dans le panel Enquête
Emploi ne permet pas d’approfondir la description de cette hétérogénéité’2.
5. Les pratiques salariales spécifiques des entreprises
Pour éclairantes qu’elles soient, les estimations précédentes doivent elles-aussi être prises
avec prudence. Les pratiques d’embauche et de rémunération peuvent être très différentes
d’un secteur à l’autre, et au sein de chaque secteur, elles peuvent varier d’une entreprise à
° Voir Goux-Maurin [19941.2% seulement de la variance intertemporelle des salaires individuels est expliquée par
l’augmentation de l’expérience. Nous verrons que la prise en compte d’un capital humain spécifique
à l’entreprise n’améliore pas cette variance expliquée.12 Pour une étude dans ce sens, voir le travail de Lollivieret Payeri [1990].
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l’autre. Négliger la diversité des employeurs peut conduire à fausser l’appréhension du
lien réel entre capital humain et salaire.
Sur données américaines. Krueger et Summers (1988 mettent ainsi en évidence des
différentiels de salaires entre firmes que n’explique le capital humain observé.
L’explication de ce type d’écart peut renvoyer à des théories comme celle du salaire
d’efficience chaque firme adapte ses rémunérations aux problèmes incitatifs qui lui sont
propres. liés à sa plus ou moins grande capacité à contrôler le travail de ses employés’3.
L’enquête FQP 1993 permet de traiter ce type de problème de façon un peu plus
rigoureuse que les précédentes. Elle fournit en effet un identifiant de l’entreprise où
travaille chacune des personnes interrogées. L’échantillon de salariés est suffisamment
vaste pour que l’on dispose d’informations répétées sur plusieurs centaines
d’employeurs’4.Il est ainsi possible de décomposer les salaires individuels en une partie
“entreprise” (dépendant uniquement de l’employeur, c’est-à-dire identique pour tous les
salariés travaillant pour lui) et une partie dépendant du capital humain.
Soit y le logarithme du salaire de l’individu i quand il travaille dans l’entreprise j. Lapartie de son salaire dépendant uniquement de son employeur j est notée
.
Le modèle
s’écrit, avec les notations habituelles
(III) y = x’ b+ + u
où Ujj et sont supposés i.i.d..
Les tests de Fisher et de Hausman confirment l’existence et l’endogénéité des pratiques
salariales spécifiques des entreprises (tableau lb). En d’autres termes, sur données en
coupe transversale, une estimation standard par les moindres carrés est affectée de biais
elle néglige le lien existant entre le capital scolaire des salariés et les pratiques salariales
des employeurs.
Dans le cas présent, l’utilisation d’estimateurs convergents (intra) conduit à sensiblement
réévaluer les scolarités longues dès l’instant où l’on ne s’intéresse qu’aux différences de
salaires entre personnes de même entreprise, le rendement d’une année de scolarité
supplémentaire ne décroît plus au fur et à mesure qu’on avance dans le cursus, il reste
compris entre 7% et 8% (graphique I). Lorsqu’on compare le rendement de l’école aux
alentours du bac, avec son rendement cinq ans plus tard, il parait ainsi particulièrement
important de ne pas négliger la diversité des employeurs : les individus auraient en effet
3 Pour une présentation détaillée et argumentée des principales approches théoriques du salaired’efficience, voir Akerlof [1984].‘ Quand on se restreint aux seuls salariés masculins, cela correspond à près de 1450 observationssur environ 400 entreprises.
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tendance à travailler pour des organismes d’autant moins bons rémunérateurs” qu’ils
poursuivent des études longues (on peut songer aux instituts de recherche et
d’enseignernent) 5.
Par ailleurs, toujours dans le cas où l’on neutralise la diversité des pratiques salariales, le
profil des salaires suivant l’expérience devient un peu moins abrupt en début de carrière.
l’écart de rémunérations par année d’ancienneté supplémentaire n’est que de 4%. contre
5% dans le modèle sans effets fixes (graphique 2). Par définition, ce dernier modèle ne
neutralise pas l’effet des changements d’entreprise : en début de vie active ces
mouvements auraient donc tendance à se faire des employeurs moins “bons”
rémunérateurs vers ceux qui payent mieux.
Ce dernier résultat petit étre retrouvé à laide du panel de l’enquète Emploi (tableau 2a).
Dune part. nous l’avons vu. cette source permet de suivre l’évolution des salaires au
niveau individuel et d’avoir une appréhension directe du lien entre expérience et
rémunération. Cette source permet aussi, tout comme FQP, d’identifier les entreprises
employeuses.
Il est ainsi possible de modéliser le salaire reçu à l’instant t par l’individu j dans
l’entreprise j comme combinaison d’un effet fixe mixte (v) et d’une composante évoluant
avec l’expérience professionnelle de l’individu i.
(IV) y, = x,b t +
avec les hypothèses habituelles sur les résidus v et E.
Un test de Fisher confirme l’existence de l’effet fixe v1. En revanche, un test de Hausman
ne permet pas de repousser l’hypothèse de son exogénéité. Pour bien interpréter ce
résultat, il faut rappeler ceux obtenus précédemment, lorsqu’une seule source
d’hétérogénéité était contrôlée : d’une part le capital humain non mesuré est plutôt plus
faible chez les salariés les plus expérimentés (modèle (II)); d’autre part ces mêmes
salariés expérimentés travaillent plutôt pour des employeurs “bons” rémunérateurs
(modèle (III)). L’exogénéité de l’effet fixe dans le modèle (IV) suggère que ces deux
sources de biais se neutralisent.
15 Deux salariés de notre échantillon ont évidemment d’autant plus de chance de travailler pour le
même employeur, que cet employeur est de grande taille. Analyser la diversité des rémunérations
entre salariés de même entreprise revient ainsi mécaniquement à privilégier ‘étude des grandes
entreprises. Du coup, on peut se demander si la réévaluation des scolarités longues à laquelle mène
ce type d’analyse ne tient pas tout simplement au fait que (toutes choses égales par ailleurs) les
petites entreprises paient plutôt mieux que les grandes, mais emploient moins de diplômés “longs”
Cela ne semble pas le cas : menée sur les seules entreprises “multi-employeuses” de notre
échantillon, une analyse qui ne neutralise pas les effets fixes conduit elle aussi à diagnostiquer un
déclin du rendement scolaire après 25 ans. La spécificité des rémunérations des différentes firmes
ne peut pas s’analyser en des termes aussi simples que l’opposition grande entreprise/petite
entreprise.
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Le modèle (1V) a l’avantage d’être très simple à estimer, il suffit de raisonner en écart aux
moyennes des salaires reçu par les individus dans chacune des entreprises pour lesquelles,
tour à tour, ils travaillent. II présente toutefois l’inconvénient de ne pas distinguer
explicitement les deux sources structurelles d’hétérogénéité salariale, celles liés aux capital
humain non observés d’une part; aux pratiques salariales spécifiques des employeurs
d’autre part. Leurs contributions respectives à la formation des salaires ne peuvent être
identifiées.
Pour aller plus loin dans ce domaine, il est intéressant de se représenter les salaires selon un
modèle à double effet fixe.(‘1) = + y1 + w. +
où les résidus y., w et suivent des processus aléatoires non corrélés.
L’estimation de ce modèle est loin d’être aussi directe que celle du modèle (IV). La matrice
de variance des résidus ne s’écrit pas sous une forme permettant l’utilisation des méthodes
précédentes. Pour contourner ce problème, nous avons supposé certain l’effet fixe w et
introduit dans le modèle autant d’indicatrices que d’entreprises. Pour pallier le problème
informatique d’inversion de matrices de grande taille (lié au très grand nombre de variables
indicatrices introduites), nous nous sommes restreints à un sous—échantillon de 2 500
observations.
Dans ce cadre, l’hétérogénéité des entreprises apparaît avoir un effet significatif, mais
marginal dans la formation des salaires. Ce résultat, obtenu sur un petit échantillon, est
évidemment à considérer avec prudence. Cependant, des études récentes confirment la
prépondérance de l’hétérogénéité salariale interindividuelle sur l’hétérogénéité interfirme16.
6. L’effet de certification des diplômes
La durée de la scolarité est un indicateur évidemment très fruste du niveau et de la qualité
de la formation reçue par un individu. Le temps de la scolarité n’est pas homogène: d’une
part toutes les filières n’ont pas forcément la même efficacité, toutes ne sont pas également
adaptées aux besoins futurs des entreprises. D’autre part, indépendamment de sa durée, une
scolarité peut être plus ou moins réussie.
Ainsi peut—on attendre que les années redoublées n’aient pas le même impact sur le salaire
que les autres. De même les années de scolarité n’ayant pas abouti, n’ayant débouché sur
aucun certificat, seront a priori moins payantes que les années efficaces, sanctionnées par
un diplôme.
16 Voir Abowd, Kramartz et Margolis [1994].
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Pour tester ces phénomènes. l’enquête FQP permet de distinguer, au sein dune scolarité,
les trois types d’années pertinents les années redoublées. les années “certifiées’
(nécessaires à i’obtention des diplômes) et les années ‘non certifiées’. c’est-à-dire toutes
celles que n’expliquent ni les redoublements ni le niveau de diplôme de l’individu. Dans
les modèles (I) et (III) présentés plus haut. les caractéristiques x détaillent la nature des
années scolaires (tableau la. modèle 2).
Les résultats sont assez clairs
- deux scolarités avant abouti au même niveau de diplôme. mais avec un nombre de
redoublements différent, conduisent à des salaires équivalents. L’n redoublement
manifeste pourtant. a priori, des aptitudes plus faibles et devrait en toute logique
conduire à des salaires moins élevés. Cette absence de relation entre redoublements et
salaire peut sans doute être interprétée comme un indice du pouvoir de certification du
diplôme à la limite, peu importe les aptitudes réelles du salarié, seul compte son
diplôme.
- les années non certifiées impliquent des écarts de rémunération significatifs (-r3,2% par
année), mais deux à trois fois plus faibles que les années certifiées. C’est un nouvel
indice de l’effet de certification et, surtout, de sélection joué par le diplôme.
Neutraliser l’hétérogénéité des employeurs conduit par ailleurs à réévaluer le rendement
salarial des années non certifiées : les scolarités n’ayant pas complètement abouti seraient
plutôt concentrées dans les entreprises à salaires faibles. En revanche, toujours dans
l’hypothèse où l’on neutralise l’effet des pratiques salariales spécifiques, les années
certifiées apparaissent un peu moins rentables les scolarités sans “déchets” seraient
ainsi plutôt concentrées dans les entreprises â fort niveau de salaires.
Pour affiner l’analyse, il est possible de prendre explicitement en compte les diplômes,
plutôt que la durée de la scolarité certifiée. Les salaires auxquels ils conduisent
s’échelonnent suivant une hiérarchie évidemment très proche de celle des nombres
d’années nécessaires à leur obtention (tableau 3). Néanmoins quelques exceptions
subsistent, assez éclairantes : ainsi un BTS est-il plus rentable qu’un DEUG. pour une
durée d’étude sensiblement équivalente. De même, toutes choses égales, un diplôme
d’école d’ingénieur conduit à des salaires 25% plus élevés qu’un diplôme de deuxième
cycle universitaire pour des durées de scolarité là encore comparables. De façon
générale. les diplômes sanctionnant l’achèvement d’un cursus impliquent des salaires en
définitive plus élevés que ceux d’un cursus inachevé.
7. Compétences spécifiques et compétences transférables
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De même que les années d’études ne peuvent toutes être mises sur le même plan.
expérience professionnelle constitue un capital qu’il est simplificateur de considérer en
bloc. Depuis les travaux fondateurs de Becer [1964]. il est d’usage de distinguer les
compétences “générales” d’une part, susceptibles d’être rentabilisées dans n’importe
quelle entreprise, et les compétences spécifiques d’autre part. propres à la firme dans
laquelle on travaille. Ces dernières s’accumulent en même temps que grandit l’ancienneté
dans l’entreprise : à chaque changement d’entreprise, la partie du salaire qui les rémunère
disparaît. En revanche, la rémunération de l’expérience générale reste insensible au
changement d’employeur.
Une première estimation des écarts de rémunérations entre salariés d’expérience et
d’ancienneté spécifiques différentes peut être obtenue à partir de l’enquête FQP 93
(tableau 4):
- entre deux personnes de même formation et génération, l’une ayant un an d’ancienneté
de plus dans son entreprise que l’autre, l’écart de rémunération est d’environ O.5%. Pour
des salariés de même âge et formation, une différence d’un an d’ancienneté spécifique
implique donc un écart de salaire significatif. même s’il reste quatre fois moins important
qu’une simple différence d’âge d’un an.
- l’effet de l’ancienneté spécifique ne décroît pas au fur et à mesure qu’elle grandit’7.Pour
des salariés en fin de carrière, il semble ainsi particulièrement pénalisant de devoir
changer d’employeur: pour eux, seule continuerait à jouer l’expérience particulière qu’ils
accumulent de leur dernier milieu professionnel.
Au total, ainsi estimés en coupe transversale à partir de l’enquête FQP’8, les gains de
salaire liés au capital spécifique semblent significatifs, mais plus faibles que ceux liés au
capital transférable. L’écart se réduirait toutefois au fur et à mesure que la carrière
avance.
Les estimations précédentes reposent sur des comparaisons de rémunérations entre
individus différents : elles ne neutralisent pas l’effet sur les salaires de hétérogénéité des
salariés et de leurs emplois. Selon une logique déjà exposée, pour appréhender plus
directement l’effet de l’ancienneté, il est nécessaire de suivre les mêmes individus au
cours du temps. Le panel Emploi permet de se livrer à cet exercice (tableau 2a. modèle
2).
De fait, quand on raisonne sur les carrières individuelles, les relations changent
d’intensité : prendre un an d’ancienneté dans son entreprise reste associé à un changement
17 D’un point de vue théorique ce résultat n’est pas surprenant : les compétences spécifiquess’acquièrent en travaillant, elles n’impliquent aucun des sacrifices professionnels qui sont à la base
des investissements visant à l’acquisition de compétences générales.L’utilisation du panel Emploi en coupe conduit au même type de résultat.
13
-
significatif de salaire. Mais les gains de salaire dus à cette ancienneté spécifique
apparaissent désormais près de quinze fois plus faibles que ceux liés à expérience totale.
Autrement dit, contrairement à ce que peut laisser penser une photoraphie des salaires à
un instant donné. ce n’est pas seulement parce qu’ils sont plus anciens dans leur
entreprise que certains salariés sont mieux pavés. La causalité serait en grande partie
inverse : certains salariés ont des aptitudes particulières, ou occupent des emplois
particuliers, et c’est pour cette raison qu’ils sont à la fois mieux pavés et plus anciens dans
leur entreprise.
i.e panel Emploi permet daller plus loin dans l’analyse du lien subsistant entre ancienneté
spécifique et salaire. Une question demeure en effet posée : la légère supériorité des
rémunérations perçues par les salariés anciens doit-elle être attribuée à un capital
spécifique qu’ils auraient accumulé ou ne fait-elle que refléter les pratiques salariales
incitatives des entreprises qui les emploient (et dont tous leurs collègues bénéficient.
quelle que soit leur ancienneté)?
Pour répondre à cette question, il est de nouveau intéressant de modéliser le salaire d’un
individu i dans une entreprise j comme produit d’une composante fixe (v) et d’une
composante évoluant avec l’expérience totale et l’ancienneté spécifique de cet individu
dans un modèle formellement équivalent au modèle (5).
Dans ce cadre, l’effet de l’ancienneté spécifique sur le salaire disparaît complètement,
seul subsiste l’effet de l’expérience totale (avec une intensité et une concavité identiques à
celles décrites section 5). Autrement dit l’effet résiduel apparent du capital spécifique sur
les salaires serait essentiellement lié à hétérogénéité des entreprises et de leurs pratiques
salariales.
8. Evolution du salaire des diplômés d’une génération à l’autre
La théorie du capital humain permet de comprendre de façon assez satisfaisante
l’évolution des salaires au cours d’une carrière ou les différences de salaire entre
personnes d’une même génération. En revanche, elle ne permet sans doute pas de
comprendre à elle seule les écarts de rémunération entre générations. Ceux-ci reflètent
des évolutions exogènes en partie indépendantes des phénomènes d’accumulation du
capital humain. D’une part, les mécanismes de sélection scolaire changent: en France,
depuis la fin de la deuxième guerre, l’école s’est progressivement ouverte à des milieux
qui en étaient quasiment exclus19. D’autre part, la demande de travail évolue selon des
lois en partie indépendantes de la qualité des personnes arrivant sur le marché du travail.
19 Voir Goux-Maurin [1994].
14
-
Il en résulte d’une génération à l’autre une concurrence plus ou moins intense pour les
emplois les mieux rémunérés.
Ces deux phénomènes. démocratisation de l’école et concurrence accrue pour les
carrières les mieux payées. tendent mécaniquement à modifier le rendement de l’école
d’une génération à l’autre.
Les informations issues du panel Emploi permettent de comparer au même moment de
leur carrière les salaires reçus par des diplômés nés à trois années de distance. Les écarts
sont faibles. mais significatifs : les salaires réels augmentent au fil des générations. mais
l’augmentation est plutôt moins rapide pour les individus axant suivi les formations les
plus longues. En d’autres termes. les écarts de salaire liés à la formation auraient
tendance à être moins importants au sein des générations les plus récentes. Pour
simplifier, le rendement marginal d’une scolarité d’un an plus longue diminuerait en
moyenne de 0.15 point entre deux générations successives, soit un point toutes les sept
générations.
Il est possible de se livrer à un même type d’analyse sur une période beaucoup plus
étendue, à partir des quatre enquêtes FQP utilisées en pseudo-panel. Cette source permet
d’analyser et de comparer les carrières d’un plus grand nombre de générations. Les
résultats obtenus dans ce cadre sont toutefois comparables à ceux dérivés des récentes
enquêtes Emploi. Le rendement marginal de la scolarité, évalué au même moment de la
carrière. a tendance à décroître, d’environ I point toutes les dix générations. En d’autres
termes, le gain de salaire apporté par une année d’études supplémentaire varie entre 9 et
10% pour les générations nées pendant la seconde guerre. Ce supplément de
rémunération ne dépasse pas 8 à 9% pour celles nées au début des années cinquante
(tableau 5, modèles 2’ et 3’).
D’une certaine façon, ce résultat n’est pas surprenant : les scolarités étant de plus en plus
longues pour tout le monde, un écart d’un an n’a plus la même signification aujourd’hui
qu’il y a vingt ans, moins encore qu’il y a quarante. Pour vraiment évaluer l’évolution de
la rentabilité scolaire au fil des générations, il est sans doute plus pertinent de raisonner
sur le classement scolaire des individus. Nous avons donc introduit dans l’analyse la
position relative de chaque personne dans le nuage de sa génération20.Par convention.
les personnes dont la scolarité correspond à la moyenne de leur génération ont une
scolarité relative nulle. Celles qui ont une scolarité parmi les 2.5% les plus longues
20 Plus précisement, nous avons défini la scolarité relative d’une personne comme la différenceentre la durée de sa scolarité et la durée moyenne de scolarisation des actifs de sa génération.
rapportée à l’écart-type de la distribution des durées de scolarisation de toute la génération. Cetteméthode revient à classer chaque individu par rapport aux autres actifs du même âge selon unehiérarchie semblable quel que soit l’effectif de la génération.
15
-
auront, selon notre définition, une scolarité relative supérieure ou égale à 2 (celles parmi
les 2.5% les plus courtes inférieure ou égale à -2).
Ainsi mesurée. l’influence du “rang relatif de sortie du système de formation” a tendance
à diminuer au fil des générations. Ce rendement marginal diminue plutôt lentement pour
les générations nées autour de la guerre et la diminution s’accélère pour les générations
les plus récentes (tableau 5. modèles 2 et 3)21.
L’analyse par type de diplôme précise ce résultat (tableau 6). Au delà du baccalauréat, la
hiérarchie des salaires selon le diplôme est restée stable. La rentabilité relative des
diplômes universitaires, technologiques ou généraux, des diplômes d’ingénieurs et des
baccalauréats ne s’est pas modifiée. Par exemple. les salaires d’embauche des ingénieurs
sont d’environ 50% plus élevés que ceux des simples bacheliers, pour les générations
nées au début des années cinquante comme pour celles nées au début des années
soixante-dix.
Le resserrement des salaires s’explique essentiellement par la relative réévaluation des
diplômes les moins élevés. A son entrée dans la vie active, le salaire d’un bachelier est
aujourd’hui plus proche de celui d’un titulaire de CAP ou BEP qu’il y a vingt ans.
9. L’effet de sélection du chômage
Comment interpréter cette baisse du rendement apparent des diplômes? Première
explication : face à des entreprises plus flexibles, réclamant des aptitudes de moins en
moins standard, l’école perd progressivement son efficacité, elle ne dote plus les élèves
des mêmes atouts.
Avant d’arrêter un tel diagnostic, il faut se souvenir que les dernières décennies ont été
marquées par une hausse particulièrement sélective du chômage : les pertes d’emplois ont
surtout été massives dans l’industrie. De même elles ont concerné les emplois plutôt peu
qualifiés et les salariés les moins bien insérés dans l’entreprise (jeunes non diplômés,
étrangers récemment arrivés en France, par exemple).
Résultat, beaucoup d’actifs peu diplômés sont aujourd’hui au chômage: le problème est
de savoir si le salaire de ceux qui ont encore un emploi est représentatif de leur capital
humain ou s’il reflète le destin particulier de ceux qui évitent le chômage.
Supposons par exemple que les personnes sans diplôme ayant la chance, ou les capacités
nécessaires pour éviter le chômage soient aussi celles dont les ressources et les aptitudes
21 Ces résultats complètent ceux obtenus par Baudelot-Glaude [1989] à partir des enquêtes FQP1970. 1977 et 1985. A cette date, la baisse du rendement relatif de l’école n’était pas encoresensible.
16
-
personnelles (capital humain “non observé”) sont les plus fortes. Dans ce cas, parmi les
sans diplôme. seuls seraient encore salariés ceux dont le capital humain global est le plus
éle\é. Les comparaisons de salaires qui négligeraient cette sélection conduirait à
surestimer la dévalorisation de l’école et des diplômes.
Pour traiter ce type de problème. il est pertinent de considérer qu’une variable a été
omise. explïquant simultanément la présence dans l’emploi et le salaire. Moyennant
quelques hypothèses simples sur les mécanismes du chômage. cette variable peut être
calculée explicitement (ratio de Mills)22. La théorie du capital humain permet
d’interpréter cette variable omise comme le capital humain ‘non observé” avant permis de
surmonter les aléas et les exigences du marché du travail23.
Appliqué aux données qui nous intéressent, ce type de redressement ne conduit pas à
réévaluer la baisse du rendement absolu d’une année de scolarité supplémentaire. En
revanche, il permet de nuancer l’idée selon laquelle le rendement des classements
scolaires et des diplômes aurait lui aussi fortement diminué. Ainsi l’écart de rémunération
entre bachelier et sans diplôme (en début de vie active) ne s’avère finalement avoir décru
que d’environ 25% entre 1970 et 1993. et non pas de plus de 40% comme l’aurait laissé
penser une analyse qui néglige la sélectivité du chômage et les distorsions qu’elle induit.
Conclusion
Au cours de ce travail, le lien entre formation, expérience et salaire s’est montré d’une
grande robustesse et d’un pouvoir explicatif non négligeable : de ce point vue, il semble
difficile d’exclure l’importance et l’efficacité des efforts que tout un chacun peut réaliser
pour se former ou se remettre à niveau.
Cependant. l’analyse suggère l’importance de mécanismes complémentaires.
- au delà de son rôle formateur, l’école semble aussi avoir une fonction de certification.
d’information. Tout concourt ainsi à suggérer l’influence du diplôme “en lui-même” les
22 Pour fixer les idées, supposons que pour chaque niveau de formation X, le marché du travail, les
institutions et les comportements soient tels qu’on n’observe uniquement les salaires W>W(X)=Xa.
Les actifs de niveau X n’ayant pas l’opportunité ou les capacités de travailler pour plus de W(X)
sont au chômage. Le vrai modèle que l’on cherche à estimer est de la forme WXb+u. Le problème
est donc de calculer E(uIW>W(X)) E(ulu>X(a-b)), ce qui est possible à l’aide d’un modèle Probit
appliqué à l’analyse du chômage. Le même type de raisonnement pourrait s’appliquer dans le cas où
le chômage obéirait à un processus plus complexe, avec un salaire “minimum”, ou de réserve, du
type W(X.Z)=Xa-t-Zc+v. Le sens et l’intensité du biais dépendent alors du type de corrélations
existant entre les deux variables résiduelles u et y. Voir l’article de référence de Heckmann [1980].23 D’autres interprétations sont possibles. mettant l’accent sur l’hétérogénéité des emplois : seuls
seraient observés les salariés travaillant sur les segments épargnés par le chômage. On pense par
exemple à la fonction publique où les risques de chômage sont faibles et les hiérarchies salariales
plutôt resserrées.
17
-
années de scolarité non certifiées (que ne sanctionne aucun diplôme), n’impliquent pas
les mêmes salaires que les années certifiées. Inversement, les diplômés “redoublants” ont
des carrières comparables aux diplômés na\ant connu aucun problème de scolarité.
- le profil des carrières salariales selon l’expérience professionnelle est dune grande
stabilité, conforme à l’idée d’investissements personnels d’autant plus importants que leur
horizon de valorisation est grand. Toutefois l’expérience est à elle seule très loin
d’expliquer la grande hétérogénéité des carrières salariales cette dernière demande à
l’évidence d’être étudiée. en elle-même, avec d’autres concepts que e seul capital htimain.
- dernière forme directe de capital humain, l’ancienneté dans l’entreprise semble n’avoir
en elle-même que peu d’effets sur les salaires. En clair, certains salariés disposent de
compétences et d’aptitudes particulières non mesurées et c’est pour cette raison qu’ils sont
à la fois mieux rémunérés et plus anciens dans leur entreprise
- enfin, les différences de rémunération entre les générations ne peuvent pas simplement
s’expliquer par l’évolution du capital htimain. De fait, au cours des décennies récentes. le
rendement de la scolarité a décru. En relatif, les différentiels de salaires entre les
différents niveaux de diplôme auraient toutefois tendance à se maintenir.
A l’issue de ce travail, plusieurs questions restent posées. Les anticipations des familles.
leurs choix, dépendent de ressources et de paramètres qui influeront aussi, plus tard, sur
la position sociale et le salaire des enfants. Les filières choisies par les élèves, leur
persévérance scolaire, et finalement leur diplôme, sont donc en partie déterminés par les
mêmes paramètres qui plus tard, conjointement avec leur niveau de formation,
détermineront leur carrière salariale. Pour le dire autrement, l’évaluation de l’école se
confronte à d’épineux problèmes d”autosélection” la lecture du seul lien entre formation
et salaire, aussi rigoureuse soit-elle, ne mesure finalement que de façon impropre le
véritable rôle de l’école. Des recherches futures doivent aider à mieux comprendre le rôle
respectif des ressources familiales (économiques ou culturelles) et de l’école dans la
constitution du capital humain et de la destinée “salariale” des enfants.
18
-
Tableau 1 Salaire et durée de scolarité (*)
Tableau la Estimation de (‘équation de salaire (*)
L Modèle (1) [ Modèle (2)
Variables Effet fixe Effet fixeMCO I MCOentreprise entreprise
0.02 133(21.4)
-0.00074(-13.41
0.00001(1.9)
0.089 13(34.7)
0.00 153(4.5)
-0.00028(-10,2)0.0003 8
(1,9)
0.02008(10,8)
-0.00049(-4.3)
0.00001(1.5)
0.07223(13,4)
0.00258(3,5)
-0.000 10(-1.8)
0,00 147(3,5)
EXP
EXP2
EXP3
Sco
SCO2
Scos
SCO*EXP
SCOCERT
SCOCERT
SCOCERT3
SCOCERT*EXP
NBRED
SCONCERT
0.0 1938(20.2)
-0 .0007 1(-15.0)0.0000 1
(2.0)
0.105 90(32,0)
0,00275(2.2)
-0,00053(-3,1)
0,00086(4,3)
0,00900(1,4)
0,03265(11.1)
0.020 73(11.9)
-0.00068(-6.8)
0.00001(1.5)
0.07992(12.4)
0,00348(1.4)
-0,00004(-0.1)
0.00084(2.1)
0.00880(0.7)
0,04820(8.0)
R2 0.394 0.914 0.428 0,918
nbre d’observations 5 302 4 708 5 302 4 708
nbre de paramètres 17 3 671 19 3 673
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations.Champ hommes actifs ayant exercé une activité salariée uniquement à temps complet en 1992.Source : enquête FQP 1993.
Modèles
(1) LsaI =CaI1 +cNat +dReg +ŒkSco +,Exp +ySco*Exp u,
(2) LsaI = C + + hI cNat dReg akScoce àNbred, 3.Sconce, — — yScocefl, Exp u1
19
-
Tableau lb Tests d’existence et d’indépendance des effets fixes
Existence dun effet fixe rest de Fisher) Indépendance de effet rixe test dHausman)
MCOExistence SCR,) SCR3
StatistiqueExogénéité
Modèle (1) 0.1527 0.0969 oui 470.54 467.57 29.88 non
Modèle(2) 0.1444 0.0926 oui 448.89 444.78 43.58 non
-
Tableau 2a : Salaire selon l’expérience professionnelle “générale” et “spécifique” (*)
Modèle (1) Modèle (2)r Effet mixte. Effet mixte.Effet tixe Effet fixe
‘variables MCO individu MCO individuindividu individuet entreprise et entreprise
EXP 0.01552 0.01906 0.01718 0.01358 0.01868 0.01608(85.8) (16.0) (13.2) (60,9) (15.3) (11.4)
EXP2 -0.00057 -0.00058 -0.00049 -0.00055 -0.00057 -0.00048
(-42.6) (-10.2) (-7.7) (-38.8) (-9.9) (-7.4)
ANC - - - 0.00332 0.00089 0.001 13(13.1) (1.9) (1.8)
ANC2 - - - 0.00001 -0.00002 -0.00001(0.81 (-0.6) (-0.3)
R2 0.365 0.851 0,875 0.368 0.852 0.876
nb observations 48 628 48 628 43 859 48 438 48 438 43 695
nbre paramètres 13 16 252 17 895 15 16 244 17 881
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations.Champ : hommes actifs exerçant une activité salariée à temps complet à la date d’enquête.Source : enquêtes Emploi 1990, 1991, 1992. 1993 et 1994.
Note : les estimations ont également été réalisées avec un seul effet fixe entreprise. Elles s’écartent à peine de
celles obtenues sans effet fixe.
Modèles
(1)LSAL, =C + + aeIje + cNat + dReg + aSco +mEXP +u
(2) LSAL, =C + Zb51 + aeIjEe + cNat + dReg + UkSCO +mEXP +ŒAnc +
Tableau 2b Tests d’existence et d’indépendance des effets fixes
Existence d’un effet fixe (test de Fisher) Indépendance de l’effet fixe (test d’Hausman)
Statistique& (&: ) G Existence SCR0 SCRa de Wald ExogénéitéB MCO UW
(1) effet individu 0.2960 0,0454 oui 221936 2210.02 205,82 non
(1) effet mixte 0.1330 0,0415 oui 4074.73 4074.67 0,55 oui
(2) effet individu 0.2943 0,0450 oui 2192,77 2183,37 209,68 non
(2) effet mixte 0.1325 0,0415 oui 4022.54 4021,58 10,38 (oui)*
* : (oui) signifie qu’on accepte la non exogénéité à 5% et qu’on la refuse à l%..
21
-
Tableau 2c : Salaire selon l’expérience professionnelle “générale” et “spécifique” (*)
Modèle (1) Modèle (2)
Effet mixte. Effet mixte.,
Effet fixe Effet fixe‘variables MCO . . . individu MCO . . individuindividu individu
et entreprise et entreprise
ANNEE=91 0.03289 0.03018 0.03105 0.03055 0.02956 0.03054
(5.3) (7.9) (4.3) (5.2) (7.7) (4.1)
ANNEE 92 0.04254 0.04774 0,05 069 0,03 749 0.04654 0.05003
(6.9) (12.3) (6.7) (6.4) (11.8) (6.3)ANrNEE = 93 0.05332 0.07002 0.07167 0.04213 0.06796 0.07054
(7.4) (14.0) (7.7) (6.2) (13.3) (7.2)
EXP2 -0.00048 -0.00072 -0.00057 -0.00049 -0.00071 -0.00060
(-30.7) (-10.7) (-4.3) (-31.4) (-10.3) (-4.4)
ANC - - - 0,01385 0,00162 0.00016(50.9) (2,9) (0,1)
ANC2 - - - -0,00003 -0.00004 0,00008(-1.5) (-1,0) (1,1)
R2 0.287 0.875 0.916 0,353 0,875 0,916
nbobservations 36221 36221 17839 36067 36067 17762
nbre paramètres 49 14562 11 021 51 14544 10991
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations.Champ hommes actifs exerçant une activité salariée à temps complet à la date d’enquête.
Source : enquêtes Emploi 1990, 1991, 1992 et 1993.
Note : les estimations ont également été réalisées avec un seul effet fixe entreprise. Elles s’écartent à peine de
celles obtenues sans effet fixe.
Modèles
(1)LSAL, =C+aeIj +cNat +dReg +ŒkSco + 2T1,T +Exp +ue=I s=l kI T=90
(2) LSAL, = C ±b5l3 ÷ ale cNat + d Reg ± ŒkSco ± Z2TItT + Exp + ŒAnc ±
-
Tableau 3a Lien entre salaire et diplôme (*)
Variables MCO effet fixe entreprise
0.0)540(13.7)
-0.00069(-14.3)0.0000)
(1.7)
0.01551(7.2)
-0.00067(-6.3)
0.00001(1.2)
EXP
EXP2
EXP3
DIPLO=0 1’
DIPLO=’02’
DIPLO=’03’
DIPLO=’04
DIPLO=’OS’
DIPLO=’06’
DIPLO=’07
DIPLO=’09’
DIPLO=’ 10’
DIPLO=’l 1’
DIPLO=’ 12’
DIPLO=’I 3’
DIPL 0=114e
DIPL0’ 15’
DIPLO=’ 16’
DIPLO
-0.1920 7(-1 7)
-0. 13 635(-5.7)
ref
0.12202(5,7)
0,22952(10,0)
0.05555(0.4)
0.2355 1(2,8)
0,27420(11,2)
0,36 175(7,9)
0.50581(14,5)
0,64305(8.3)
0,57 124(14,3)
0,68632(13,1)
0,89825(26.6)
0,90644(11.7)
DIPLO*EXP
- 0.00399(-3.1)
0.00092(0.5)
ref
0.00678(3.2)
0.00086(0,4)
-0.0 1768(—1,1)
-0.00957(-1.2)
0,0083 1(3.5)
-0.00 162(-0.4)
0.00863(2.8)
0,008 16(1,1)
0.00800(2.2)
0,0074 1(1,8)
0,00967(3,1)
0,00005(0.0)
DIPLO
-0.11731(-3.D)
-0. 13 249(-2.6)
ref
0.13 780(3.7)
0,17567(4,2)
0. 12922(0,5)
-0.03023(-0,1)
0,2 1903(5.2)
0.29207(3,6)
0,37004(6,4)
0,69 169(4.4)
0,66670(8.8)
0.78787(7,5)
0,79729(13,6)
0,82567(4,1)
DIPLO*EXP
-0.00743(-2.6)
0.00664(1.6)
ref
0.00135(0.4)
-0,00 110(-0,3)
-0.02335(—1.1)
0.0403 1(1,2)
0,00996(2.3)
0.00554(0,6)
0.0 1507(2.7)
0,01111(0,8)
0,02596(2.9)
-0,00 109(-0.1)
-0,00270(-0.5)
-0,00221(-0.2)
R2 0,430 0,918
nbre d’observations 5 302 4 708
nbre de paramètres 41 1 012
() Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations. La régression sans effetfixe inclue des indicatrices de région, nationalité, secteur d’activité de l’établissement employeur ettaille de l’entreprise.Champ hommes actifs ayant exercé une activité salariée uniquement à temps complet en 1992.Source : enquête FQP 1993.
23
-
Modèle:
LsaI = C ± al ± bIi — cat — d Reg + YcJIdP,Q,d—
Exp YExpL — u
Tableau 3b : Test d’existence et d’indépendance des effets fixes
Existence dun effet fixe (test de Fisher) Indépendance de l’effet fixe (test dHausman)
StatistiqueExoaénéitéExistence SCR SCR de Wald I11\ICO ‘V. j I) a
Modèle 0.1448 0.0945 oui 455i2 446.78 87.92 non
24
-
Tableau 4a : Salaire selon les expériences “spécifique’ et ‘générale (*)
Modèle (1) j Modèle (2)Variables co Effet fixe MCO
Effet fixeentreprise entreprise
EXP 0.01966 0.01907 0.02024 0.01754(26,7) (10.1) (27.5) (9.0)
EXP2 -0.00071 -0.00059 -0.00065 -0.00031(-16.3) (-6.3) (-11.7) (-2.5)
ANC 0,00521 0.00575 0.00505 0.00673(5.4) (2.3) (5.3) (2.7)
ANC2 -0.00006 -0.00005 -0.00007 -0.00016(-0.9) (-0.4) (-1,1) (-1,2)
SCO 0.07124 0.06887 0.08666 0.06729(35.3) (15.7) (33.4) (12.2)
SCQ2 0.00084 0.00058 0,00168 0.00250(3,2) (1,1) (5.0) (3,4)
SCO - - -0,00027 -0.00010(—10.0) (—1,7)
SCO*EXP - - 0.00044 0.00151(2.1) (3,5)
R2 0,395 0,914 0.406 0.915nbre d’observations 5 304 4 710 5 304 4 710nbre de paramètres 25 3 674 27 3 676
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations.Champ : hommes actifs ayant exercé une activité salariée uniquement à temps complet en 1992.Source enquête FQP 1993.Note les estimations ont été également réalisées avec l’ancienneté dans l’entreprise calculée au moisprès. Les résultats sont identiques.
Modèles
(1) Lsal = C + aSIES +beIjEe + cNat + dReg + mEXPm +a1Anc + ŒkSCO + u
(2) Lsal = C + + bI + cNat + d Reg + Exp + Œ1Anc + akSco + ySco *Exp + wj
Tableau 4b : Tests d’existence et d’indépendance des effets fixes
Existence d’un effet fixe (test de Fisher) Indépendance de l’effet fixe (test d’Hausman)
Statistiquea Existence1vico UW SCR0 SCRa de Wald Exogénéité
Modèle (1) 0,1563 0,0977 oui 471,64 471,13 5,1 oui
Modèle (2) 0,1520 0.0947 oui 460,90 458,10 28,77 non 5
25
-
Tableau 5 : Evolution du lien entre salaire et scolarité selon les générations (*)
E 1 Scolarité relative (SCOR) Scolarité absolue (SCO)Variables Modèle (1) Modèle ç2) Modèle (3) Modèle (2) Modèle (3’)MCO MCO MCO MCO MCO
EXP 0.03387 0.03565 0,03561 0.03593 0.03601
(117.8) (130,0) (130.1) (130.8) (131.0)
EXP2 - -0.00072 -0.00135 -0.00074 -0.00139
(-51.8) (-36.2) (-53,1) (-36.0)
SCOR (ou SCO) 0.29890 0.28453 0.28840 0.08986 0.09292
(139.8) (126.8) (11 1.0) ( 133.8) ( 125.7)
SCOR2 (ou SCO2) - 0.01058 0.00378 0.00014 -0.00026
(12.2) (3.4) (2.1) (-2.6)
GENE 0.02432 0,02243 0,02237 0.01526 0,01571
(94,6) (90,8) (90.7) (63,6) (63,6)
GENE2 - -0.00010 -0,00066 -0.00012 -0.00062
(-10.4) (-18.9) (-13.1) (-19.3)EXP*SCOR - - -0,00488 - -0.00131
(ou EXP*SCO) (-15,1) (-13.3)
EXP*GENE - - -0.00116 - -0.00109(-17,3) (-16.6)
SCOR*GENE - - -0.00377 - -0.001 14
(ou SCO*GENE) (-12,7) (-14,0)
SCOR*GENE2 - - -0,00002 - -0.00002
(ou SCO*GENE2) (-2,6) (-9,0)
R2 0,415 0.472 0,476 0,473 0,477
nbre d’observations 48 539 48 539 48 539 48 542 48 542
nbre de paramètres 13 16 20 16 20
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations.
Les variables EXP. SCO et GENE sont centrées respectivement sur 21,35 années d’expérience, 10.50 années de
scolarité et la génération née en 1944.Champ : hommes actifs ayant exercé une activité salariée à temps complet l’année précédant l’enquête.
Source enquêtes FQP 1970. 1977, 1985 et 1993.
Modèles
(1) LSAL =C+aSJES +bI1+cNat +dReg1 +uSco ±Exp11 +yGéné +u
(2) LSALI =C÷aI1€5+be1jt +cNat1 +dReg1 + akSco +Exp + yGéné + u
(3) LSAL =C÷aSlES +belite ÷cNat +dReg, +akSco +mEXP +yGéné
2Exp *Sco + Exp *Géné + ESco1 *Géné + ÇSco *Géné + u
Le modèle (2’) [resp. (3’)] est identique au modèle (2) [resp.(3)] avec la variable SCOR au lieu
de SCO.
26
-
Tableau 6 : Evolution du lien entre salaire et diplôme selon les générations(*)
I Variables 1 Modèle (4)** MCOEXP 0.02880 (57.6)
EXP2 -0.00091 (-30.1)
GENE 0.01453 (31.7)
GENE2 -0.00013 (-4.2)EXP*GEN
E
_____________
-0.00027 (-5.2)
______________
DIPLO DIPLO*EXP DIPLO*GENE DIPLO*GE\E2
DIPLO=’Ol’ -0.30228 0.00514 0.00753 0.00002
(-45.3) (7.4) (12.1) (0.9)
DIPLO’02’ -0.14871 0.00593 0.00167 -0.00009
(-22.2) (8.2) (2.3) (-3.4)
DIPLO’03’ -ref ret ret ret
DIPLO=’04’ 0,18990 0,00592 -0.00260 -0,00015
(17,7) (5,4) (-2,8) (-4.2)
DIPLO=’OS’ 0.30637 -0.00297 -0.00357 -0.00015
(26,8) (-2.4) (-3.4) (-3.9)
DIPLO’06’ 0,13650 -0,01862 -0,00794 0.00047
(1.7) (—3,0) (—1.9) (1.8)
DIPLO=’07’ 0,25567 -0.00573 -0,00887 0.00001
(8.3) (-2.1) (-3.4) (0.1)
DIPLO=’09’ 0,41070 -0,00098 -0,00891 -0,00013
(31,2) (-0,7) (-7,7) (-3.1)
DIPLO=’ 10 0,41106 -0.01095 -0,01 102 0.00011
(17.3). (-4,4) (-4.7) (1.0)
DIPLO=1 1’ 0,62 183 -0,00018 -0,00948 -0,00002
(30,6) (-0,1) (-3,9) (-0.2)
DIPLO=’12’ 0,70103 -0,00426 -0,00781 -0,00018
(15,1) (-1,0) (-2,0) (-0,7)
DIPLO=’13’ 0,70445 -0,00354 -0,01374 0,00001
(30.5) (-1,6) (-7,4) (0.1)
DIPLO=’14’ 0,81366 -0,01054 -0,01836 0,00005
(26,3) (-3.3) (-6,7) (0,4)
DIPLO=’lS’ 1,01346 -0,00318 -0.00965 -0,00023
(55,5) (-1,7) (-6,6) (-3,4)
DIPLO=’16’ 1,08026 -0,01059 -0,01519 -0.00036
(21,8) (-2,4) (-3,8) (-2,0)
R2 0.506
nbre d’observations 48 542
nbre de paramètres 75
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations. La régression inclue des
indicatrices de région de résidence, nationalité, activité de l’établissement employeur et taille de
l’entreprise.Champ hommes actifs ayant exercé une activité salariée uniquement à temps complet l’année précédent
l’enquête.Source : enquêtes FQP 1970, 1977, 1985 et 1993.(**) Le modèle testé est identique au modèle (3) du tableau 5, la variable DIPLO remplaçant SCO ou
SCOR.
27
-
Tableau 7: Modèle d’analyse du chômage
Variables Modalités T
Constante -! .629! 32.6
Annee denquète 1970 •u.48S I 5.6
1977 -0.395! 5.2
1985 ( 0.0186 ) 0.3
1993 ret’ -
Diplôme sans diplôme en 1970 0.2431 2.7
Certificat d’études en 1970 0.1800 ) 1.9
CAP. BEP en 1970 ret’ -
BEPC. BE en 1970 0.3837 2.8
Bac technique. BP. BEl. Bac première partie en l90 1 0.1558 1 1.0
Baccalauréat général en 1970 U.5569 3.3
DEUG. DUEL. BTS. DUT en 1970 0.5134 2.!2e, cycle. Ecole d’ingénieur. paramédical. etc. en 1.970 I 0,2094 1 1.2
sans diplôme en 1977 0.3667 4.8
Cern t’icat d’études en 1977 0.1580 ) 1.9
CAP. BEP en 1977 rer’ -
BEPC. BE en 1977 0.3896 3.6
Bac technique. BP. BEl. Bac première partie en 1977 I 0.0317 ) 0.2
Baccalauréat général en 1977 ( 0.1644 ) 1.0
DEUG. DUEL. BTS. DUT en 1977 -0.4010) -1.12C 3 cycle. Ecole d’ingénieur, paramédical. etc. en 1977 ( 0.1714 ) 1.2
sans diplôme en 1985 0.3445 6.8
Certificat d’études en 1985 0.1729 3.0
CAP. BEP en 1985 ret’ -
BEPC. BE en 1985 ( U.051 1) 0.6
Bac technique. BP. BEl. Bac première partie en 1985 1 -0.1456 ) -1.3
Baccalauréat général en 19885 ( 0.2 104 ) 1.9
DEUG. DUEL, BTS. DUT en 1985 (-0.2434) -1,72e, 3e cycle. Ecole d’ingénieur. paramédical. etc. en 1985 ( -0.1399 ) -1.1
sans diplôme en 1993 0.7407 15.9
Certificat d’études en 1993 0.3789 6.1
CAP. BEP en 1993 ref -
BEPC. 8E en 1993 0.3378 4.5
Bac technique. BP, BEL Bac première partie en 1993 f 0.1299 ) 1.5
Baccalauréat général en 1993 ( 0.0217 ) 0.2DEUG, DUEL. BTS. DUT en 1993 0,5400 7.62e 3e ccle. Ecole d’ingénieur, paramédical. etc. en 1993 ( -0.1047 ) -1.1
Nationalité Etranger 0.1910 5.5
Françats ref -
Région de résidence Pro mcc 0.0636 2.4
Ile-de-France ref -
Age 20 629 ans 1 -0.0061 1 -0.2
30 639 ans -0.4009 -13,0
4Oà49ans -0.3519 -11.1
50 à 64 ans ref -
Activité du dernier Industrie lourde ref -
établissement Industrie légère ( -0.0521 ) -1.8
Tertiaire mobile (0.0359 ) -1.2
Tertiaire à statut (hors Etat) -0.2999 -8.8
Etat -0.7015 -12.1
Champ: Salariés et chômeurs en mai 1970, 77, 85 ou 93.
Source : enquêtes FQP 1970, 1977, 1985 et 1993.
28
-
Tableau 8 Evolution du lien entre salaire et diplôme selon les générations (*)
Variables Modèle (4)** MCO j Modèle (3)**
-0.20772 (-16.2)0.02605 (49.2)
-0.00113 (-34.2)
0.01041 (19.9)-0.3655 (-47.4)
-0.00037 (-7.2)
0.115430.03 S53-0.001270.09258-0.000270.0 1853
-0.00061-0.00 129-0 .00 127-0.00002-0.00 106
(12.4)(115.0)(-3 1.9’)
(125.5)(-2.7)(54.8)(-1 8.91(-13.1)(-15.4)(-8.2)(-16.3)
DIPLO*EXP DIPLO*GENE DIPLO*GENE2
Ratio de MiilsEXPEXP2scoSCO2
GENEGENE2EXP*SCOSCO*GENESCO*GENEEXP*GENE
DIPLO=’Ol’
DIPLO=’02’
DIPLO=’03’
DIPLO=’04’
DIPLO=’05’
DIPLO=’06’
DIPLO=’07’
DIPLO=’09’
DIPLO= 10
DIPLO=’l 1’
DIPLO=’ 12’
DIPLO=’13
DIPLO=’14’
DIPLO=’ 15’
DIPLO=’16’
DIPLO
-0.3 6550(-47,4)
-0 18262(-26.2)
ref
0, 13 592(12,1)
0.29502(25,8)
0. 13 078(1,6)
0,23851(7.8)
0.36559(27,3)
0,37 164(15.6)
0,5815 1(28,6)
0,67784(14.5)
0.68886(30.0)
0,79284(25,8)
0.99369(54,6)
1,04815(21.2)
0.00234(3,3)
0.00450(6.2)
ref
0,00621(5.7)
-0.003 59(-2,9)
-0.0 1801(-2.9)
-0.00662(-2.5)
0,00089(0,6)
-0.01617(-6.4)
-0,0077 8(-3,5)
-0,00538(-1,3)
-0.003 86(-1,7)
-0,01191(-3,7)
-0,004 13(-2.3)
-0.0 1288(-3.0)
0,00403(6.2)
0.000 12(0.2)
ref
-0,00 178(-1,9)
-0.00366(-3.5)
-0.005 67(-1,4)
-0.00 87 8(-3,3)
-0,005 83(-5.0)
-0.0 1345(-5.8)
-0,0 1422(-5,8)
-0,00548(-1,4)
-0.01168(-6.3)
-0.0 1644(-6,0)
-0.00790(-5.4)
-0,013 60(-3,4)
0.00002(1.0)
-0.0000 8(-3.0)
ref
-0.000 16(-4,5)
-0. 000 16(-4.3)
0,00047(1,8)
-0,00000(-0,0)
-0,000 13(-3,2)
-0.00003(-0,2)
-0 .000 13(-1.4)
-0,000 16(-0.7)
0.00000(0.1)
0,00003(0,3)
-0.00024(-3.6)
-0, 0003 5(-1.9)
R2 0,509 0.479
nbre d’observations 48 542 48 542
nbre de paramètres 76 21
(*) Les T de Student sont indiqués entre parenthèses sous les estimations. La régression inclue des indicatrices
de région de résidence, nationalité, activité de l’établissement employeur et taille de l’entreprise.
Champ : hommes actifs ayant exercé une activité salariée à temps complet l’année précédent l’enquête.
Source : enquêtes FQP 1970. 1977, 1985 et 1993.(**) Les modèles testés sont identiques au modèle (3’) du tableau 5 et (4) du tableau 6, avec introduction d’un
indicateur de caractéristiques individuelles non mesurables (ratio de Milis)
29
-
Annexe 1 : Description des variables
Les variables précédées d’une * sont définies par rapport à une situation moenne (I)
SALAIRE Salaire annuel équivalent à un temps plein. Dans l’enquête Emploi. 12
fois le salaire mensuel pour une activité à temps complet (35 heures
par semaine au moins). Dans l’enquête FQP. salaire annuel équivalent
à 12 mois de travail à temps complet (recalculé pour les personnes
avant exercé à temps complet sur une partie de l’année seulement).
LSAL Logarithme du salaire annuel.*Exp Expérience professionnelle, en années (EXP année d’enquête -
année de fin d’études>. Ce calcul est approximatif pour les femmes qui
sont plus nombreuses à interrompre momentanément leur carrière.
C’est la raison pour laquelle les estimations sont toutes réalisées sur
les hommes et éventuellement sur l’ensemble de la population.*SCO Durée de la scolarité en années (SCO = âge de fin d’études - 6 ans
dans l’enquête Emploi).*SCOCERT Nombre d’années d’études “certifiées” : il s’agit du nombre moyen
d’années d’études pour obtenir le diplôme que possède l’enquêté
(calculé à partir des données de l’enquête).*NBRED Nombre d’années redoublées dans le primaire et dans le secondaire.
*SCONCERT Nombre d’années d’études “non certifiées” : nombre d’années d’études
complémentaires suivies sans obtention de diplôme.
DIPLO Diplôme le plus élevé obtenu en formation initiale (voir annexe 2).*ANC Ancienneté dans l’entreprise en années (ANC = année d’enquête -
année d’entrée dans l’entreprise pour l’enquête Emploi, ANC date
d’enquête - date d’entrée dans l’entreprise pour l’enquête FQP 1993).*GENPE Génération d’entrée sur le marché du travail (GENPE = année de fin
de scolarité de l’enquêté).*GENE Année de naissance de l’enquêté.
SEXE Homme/Femme.REGION Lieu de résidence Ile-de-France/hors Ile-de-France.
NATIO Nationalité Français/étranger.
TAILLE Nombre de salariés de l’entreprise (5 modalités indexées par n).
SECT38 Activité de l’établissement (38 ou 5 modalités indexées par s).
ANNEE Année de l’enquête.
M Ratio de Miils
Par exemple, pour l’enquête FQP de 1993, la durée moyenne de scolarité est de 12,02 années, dont 11,87
années certifées. La génération ‘moyenne” est née en 1955, elle a 20.31 ans d’expérience professionnelle et
10,21 d’ancienneté dans l’entrprise qui l’emploie en 1993.
30
-
Annexe 2 : Nomenclature des diplômes de l’enquête FQP
Code Diplôme
DIPLO’Ol’ Sans diplôme
DIPLO=’02’ Certificat d’études (CEP). Diplôme de fin d’études obligatoires (DFEO)
DIPLO’03’ CAP, BEP, CAPA. BEPA. BAA. BPA. FPA de niveau CAP
DIPLO=’04’ BEPC. Brevet des collèges, Brevet élémentaire (BE). Brevetd’enseignement primaire supérieur (BEP S)
DIPLO=’05’ Brevet d’enseignement industriel (BEI). commercial (BEC). hôtelier (BER).agricole (BEA), Brevet professionnel (BP), Baccalauréat de technicien (F.G ou H). Baccalauréat professionnel
DIPLO=’06’ Diplôme paramédical ou social : Diplôme d’Etat d’infirmière, de pédicure.de masseur-kinésithérapeute, etc., Certificat de capacité d’orthophoniste.etc.
DIPLO=’07’ Baccalauréat première partie ou probatoire. Certificat de fin d’étudessecondaires (CFES)
DIPLO’08’ Non déclaré (pour FQP de 1970 seulement)
DIPLO’09’ Baccalauréat général (A. B, C. D ou E). Brevet supérieur (BS)
DIPLO’lO’ Diplôme universitaire du premier cycle DEUG, DUEL. DUES
DIPLO’ll’ Diplôme universitaire de technologie (DUT), Brevet de technicien supérieur(BTS)
DIPLO=’12’ Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire (CAPES), technique(CAPET), au professorat dans les lycées agricoles (CAPLA), d’éducationphysique et sportive (CAPEPS)
DIPLO’13’ Diplôme universitaire du second cycle : licence, maîtrise
DIPLO’14’ Diplôme universitaire du troisième cycle : DEA, DESS, Doctorat,Agrégation
DIPLO’15’ Diplôme de sortie d’une Ecole d’ingénieur, d’une Grande Ecole
DIPLO’16’ Doctorat en médecine, Diplôme de pharmacien. de chirurgien dentiste, devétérinaire. Agrégation en médecine, pharmacie. etc.
31
-
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‘Vi11is P.. (1986), JTage Dererrninants : ci Survev ai-id Reinterpretarion of Humcin Capital
Eurning Functions. Handbook of Labor Economics, vol. 1. Ashenfelter O.. Layard R. Eds.
j-,
-
Encadré 1
Modèles à erreurs composées
estimation et tests de spécification
La plupart des modèles testés dans cet article sont à erreurs composées. Ils peuvent être
estimés de plusieurs façons. selon la source de variance privilégiée variance
interindividuelle. interfirme ou intertemporelle. De façon générale. ce n’est pas tant la valeur
prise par tel ou tel estimateur qui est importante que la comparaison entre les estirnateurs.
1. Le modèle
Un modèle linéaire à erreurs composées s’écrit
(U ‘=x’,b±p±, i=l.....I;t=l Tavec : b = (b1. b2 ...bK)’
Ep=Ei=O, i,Vt
Cov(p + p + = a E,. + Vi,i’.Vt.t’
Les perturbations p et 6i1 sont donc aléatoires et non corrélées. p est un effet individuel qui
rend compte des particularités propres à l’individu j. en particulier les “qualités” de i non
mesurables ou non observables par le statisticien (son effort, sa valeur. etc.).
En empilant les observations par individu, on a:
Y1 I Il I Ill
YIT XIIT ... XKIT
Y21 X121 XK,I
Y2T ...
y11 x111 ... XKII
y XIT ... XKJT
PI +Eii
PI +
J, + E21
P2 +
p1 + E11
p1 ±EIT
b+
soit en écriture matricielle y = X b + u
Soit ‘T la matrice identité d’ordre T et T la matrice d’ordre T composée de 1. La matrice de
variance covariance Q des résidus se décompose en
35
-
Ç2=I ®(a T IT)
soit. Q=aI1 ® (l — ( Ta2) I ®T
c T=aW--aB. aveccy.=a et
\V est appelé “opérateur intra (ou within en anglais). B ‘opérateur inter” (ou between). W
transforme y en son écart à la moyenne. v-
y et B définit la moyenne de y par rapport à t.
y. Ces deux opérateurs ont des propriétés intéressantes
(.j W2 =W. B =B.W+B=I,Tet WB=BW=0.
On peut ainsi décomposer chaque observation individuelle-temporelle y en deux termes
orthogonaux: y1 = By1 + Wyet inverser Q
O 2 = _L (W B)On dispose alors de quatre estirnateurs de b, celui des moindres carrés ordinaires (MCO),
bMCQ = (X’Xï’ Xycelui des moindres carrés quasi généralisés (MCQG).
bMCQG = (X XQ’y
l’estimateur intra (obtenu en appliquant les MCO aux variables transformées par l’opérateur
W), = (XWX)’ XWyet l’estimateur inter (obtenu en appliquant les MCO aux variables transformées par l’opérateur
B). bB (XBX)’ XBy
Si les effets individuels p ne sont pas corrélés aux variables explicatives du modèle (X), les
quatre estimateurs sont convergents (c’est-à-dire sans biais). De plus. l’estimateur des MCQG
est asymptotiquement efficace, ce qui signifie qu’il est plus précis quand l’échantillon est
grand.Par contre, si les aléas p sont corrélés aux variables explicatives, seul lestimateur intra est
convergent (en effet, il est le seul à éliminer l’effet individuel : Wp =0)’.
Par conséquent. si l’on ne dispose pas d’information sur les effets individuels p, on a intérêt à
utiliser systématiquement l’estimateur intra. Cependant, connaître la nature des p permet
d’enrichir l’interprétation des différentes estimations. Des tests de spécification statistique
permettent de renseigner sur la justesse des divers modèles.
Test d’existence de l’effet spécifique
Tester l’existence de l’effet individuel revient à tester la nullité de a.
A partir des estimations sur le modèle intra (Wy = WX b + Wu) et le modèle inter
(By = BX b ± Bu).on obtient des estimations sans biais de a, et
avecû=Wy—WXÇ
Pour une présentation détaillée du modèle à erreurs composées, des estimateurs disponibles et de leurs
performances comparées, voir Dormont [19891 ou Trognon [1987].
n
-
et.= U U avec ÛB = Bv — BXB
I-KSi les résidus u du modèle Y = X b ÷ u sont normaux. alors
— . et G— 7 — l — 7 —
et sont indépendants, donc
/(a ÷Ta)p F(1—K.lT—I—K
a / a
Ainsi. sous l’hypothèse nulle H0 : = 0, on a
F(I — K. IT — I — K)G
Sur des échantillons très gros. tels que ceux utilisés ici (1=3 600 ou 16 000). F(x.o)=l au
seuil de 5% (et de 1%). Donc dès que > on accepte l’existence de l’effet spécifique.
Test d’Hausman
Une fois testée l’existence de l’effet individuel. il devient légitime d’examiner le problème de
son indépendance. La procédure de test repose sur la méthode proposée par Hausman (1978).
De façon générale. le test d’Hausman compare deux estimateurs b0 et b1 vérifiant
-
est convergent et efficace asvmptotiquement sous l’hypothèse nulle H0, il est
asvmptotiquement biaisé sous l’hypothèse alternative Ha.
- b1 est convergent sous H0 et Ha.- b0 et sont asymptotiquement normaux.
Le test repose sur la différence—
Sous H0, N (b1 — b0)’ (V(b3)— V(0)) (b1 — b0) suit asymptotiquement un x (Hausman. 1978).
Dans notre cadre. l’hypothèse nulle consiste à poser que les effets spécifiques sont
indépendants des variables explicatives, l’hypothèse alternative que les effets fixes sont
corrélés aux variables explicatives. On exhibe facilement deux estimateurs correspondant à b0
et : l, est asymptotiquement normal et convergent sous H0 et Ha; MCQG est
asymptotiquement normal, convergent et efficace sous H0, asymptotiquement biaisé sous Ha.
Par ailleurs. Mundlack (1978) a proposé une nouvelle formulation du modèle â erreurscomposées qui présente l’avantage de pouvoir mettre en oeuvre simplement le test d’Hausman.Mundlack montre que le modèle (1) peut se réécrire sous la forme(2) y=Xb+BXc±vavec: b =(b1,b2 ....,bK)’, c = (c1 , c,,...,cK)’,
E(v) = 0.E(vv’)=G W+(a +Ta)B
Dans ce modèle, on montre facilement que les estimateurs des MCG de b et c sont
-
b() = b. et C(2) = b8 —
D’autre part. à un “coefficient” proportionnel près. b\\ — b\ICQG et b8 — Ç sont égaux
(puisque b\ICQG est une somme matricielle barycentrique de Ç et de b8). 11 est donc possible
de réaliser le test de spécification d’Hausman sur bB — plutôt que sur b, — bMCQQ. La
remarque précédente montre que le test d’Hausman est alors équivalent au test de nullité du
paramètre c.il s’agit dont de procéder à un test de Chow de H1 contre H2:
H1 : y = Xb + yH2: y Xb + BXc + y
où les deux modèles sont estimés par les MCQG.SCR - SCR,
Sous H1 on a: W = IT - -SCR,
avec SCR.1 la somme des carrés des résidus sous l’hypothèse H et dl le nombre de degrés de
liberté du modèle n.
2. Le modèle à erreurs composées sur données non cylindrées
Dans la plupart des présentations et dans celle qui précède. on suppose que l’échantillon est
cylindré (pour chaque individu i. T observations sont disponibles). Biom (1981) et Hsiao
(1986) développent les méthodes habituelles d’estimation sur des panels glissants (une
proportion fixe des individus quitte chaque année l’échantillon, remplacée par autant de
nouveaux individus). Les données que nous mobilisons sont moins rigides encore : pour
chaque individu j (en l’occurrence une entreprise), on dispose d’un nombre variable
d’observations (en l’occurrence des salariés).
Reprenons le modèle (1) en supposant que pour chaque individu i, on dispose d’un certain
nombre de données T(i). variable selon j. Notre modèle devient2
(3) y=x’b+p+e, i=l,...,I;t=T7(i)....,T,(i),avecT,(i)---T1(i)=T(i)
avec: b=(bI,b,....,bK)’
Ep EE = O. Vi, Vt
Cov(p + E. p,. + s,) = a 6,, + a 6,,. E , Vi,i’,Vt,t’
En empilant comme précédemment les individus, le modèle s’écrit matriciellement de la
même façon: y=Xb+uPar convention si LT(k) est une matrice canée d’ordre T(k), Diag(LT()) est la matrice d’ordre
constituée des blocs LT(k) sur sa diagonale et de O partout ailleurs3.
2 Dans notre cas, on dispose pour chaque entreprise j des salaires et des caractéristiques de T(i) salariés. On se
trouve dans le cas extrême où aucun salarié n’est présent dans deux entreprises simultanément et donc tous les
indices t différents.
j
-
Avec cette notation, la matrice de variance-covariance des résidus du modèle (3) est
Q = Diag (a T(i) + IT(j))
soit. Q = Diag (IT(I) — Diag ((a + T(i)G)f1))
= crW ± Diag ((a ±TWa) IT(I)) B
B est l’opérateur inter et transforme les données concernant l’individu j en leur moyenne par
1T.i
rapport à t (By, = y Y,). W reste aussi l’opérateur intra classique qui transformeT(i) t=Ti
chaque observation en son écart à la moyenne (voir plus haut). W et B possèdent les
propriétés ( ). La matrice Diag ((a + T(i)a) ITI)) étant diagonale. Q s’inverse
facilement
Q =\V+Diag(1
, lT()B
A partir de l’estimation du modèle intra. on détermine un estimateur sans biais de o.
U, U,= I , avec = Wy
— WXbWT(i)-I-K
Par contre, le modèle inter donnant une estimation complexe4de a, on préfèrera estimer o
à partir des MCO sur le modèle (3) en ne retenant qu’une observation par individu i (la taille
du souséchantiI1on ainsi constitué est I).
= , += ÛN4lco
, avec ÛMCO = y — XMco
Le test d’existence de l’efjèt spécifique
p
est