Déradicalisation : Les causes, la réhabilitation et le ...

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INSTITUT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN Tél Direction 00216 53 27 55 01 Email: [email protected] [email protected] 1 Déradicalisation : Les causes, la réhabilitation et le rôle de la femme Introduction : Ces 3 recherches ont été traduites de l’arabe vers le français avec l’appui de la Délégation Wallonie Bruxelles. Nous nous réjouissons de cette première collaboration et espérons que ces travaux permetteront un échange soutenu avec les partenaires belges des institutions spécialisées sur les questions de dé-radicalisation ainsi que les partenaires de l’univers académique et de la société civile. Présentation de l’IDH : L'Institut International du Développement Humain - IDH - a adopté un choix stratégique pour son programme de travail sur lequel il a focalisé son attention depuis 2014 ; il a choisi également de maintenir son intérêt, au cours des trois prochaines années 2017-2020 pour les recherches visant à appréhender le phénomène de l'extrémisme et des moyens de le contrer dans le cadre du soutien aux efforts nationaux contre le terrorisme, et d'élaborer des programmes de formation pour soutenir les associations mineures afin qu’elles contribuent à la prévention de l'extrémisme. L’IDH concentre, de même, son attention, dans le cadre du programme de travail cité, sur le paradigme des femmes, de la sécurité et de la paix. Les efforts de l'association sont également orientés vers la promotion des normes internationales relatives aux droits de l'homme, y compris la résolution 1325, qui appelle à faire de la femme une partie prenante dans les efforts visant à faire régner la sécurité et la paix. Enjeux culturels et Religieux dans les deux rives de la Méditerranée Quelles matrices de la radicalisation ? Dr. Emna Jeblaoui La recrudescence du phénomène du salafisme djihadiste et la montée de l’idéologie takfiriste requièrent un diagnostic établi d’un point de vue culturel. C’est sur quoi nous envisageons de nous focaliser dans le présent article, où nous n’aborderons pas le regain de vitalité du fait religieux d’un point de vue sécuritaire ou historique. Nous essayerons plutôt de cerner les causes de ce phénomène qui se base sur une interprétation unilatérale de l’islam prônant l’existence d’une vérité unique et rejetant catégoriquement la culture de la différence. I. Cadre général

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1

Déradicalisation :

Les causes, la réhabilitation et le rôle de la femme

Introduction :

Ces 3 recherches ont été traduites de l’arabe vers le français avec l’appui de la Délégation

Wallonie Bruxelles. Nous nous réjouissons de cette première collaboration et espérons que

ces travaux permetteront un échange soutenu avec les partenaires belges des institutions

spécialisées sur les questions de dé-radicalisation ainsi que les partenaires de l’univers

académique et de la société civile.

Présentation de l’IDH :

L'Institut International du Développement Humain - IDH - a adopté un choix stratégique

pour son programme de travail sur lequel il a focalisé son attention depuis 2014 ; il a choisi

également de maintenir son intérêt, au cours des trois prochaines années 2017-2020 pour

les recherches visant à appréhender le phénomène de l'extrémisme et des moyens de le

contrer dans le cadre du soutien aux efforts nationaux contre le terrorisme, et d'élaborer des

programmes de formation pour soutenir les associations mineures afin qu’elles contribuent

à la prévention de l'extrémisme. L’IDH concentre, de même, son attention, dans le cadre du

programme de travail cité, sur le paradigme des femmes, de la sécurité et de la paix. Les

efforts de l'association sont également orientés vers la promotion des normes internationales relatives aux droits de l'homme, y compris la résolution 1325, qui appelle à

faire de la femme une partie prenante dans les efforts visant à faire régner la sécurité et la

paix.

Enjeux culturels et Religieux

dans les deux rives de la Méditerranée

Quelles matrices de la radicalisation ?

Dr. Emna Jeblaoui

La recrudescence du phénomène du salafisme djihadiste et la montée de l’idéologie takfiriste

requièrent un diagnostic établi d’un point de vue culturel. C’est sur quoi nous envisageons de nous

focaliser dans le présent article, où nous n’aborderons pas le regain de vitalité du fait religieux d’un

point de vue sécuritaire ou historique. Nous essayerons plutôt de cerner les causes de ce phénomène

qui se base sur une interprétation unilatérale de l’islam prônant l’existence d’une vérité unique et

rejetant catégoriquement la culture de la différence.

I. Cadre général

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La mission du chercheur suppose dans son essence une démarche qui s’écarte de toute logique

d’affrontement générant des rhétoriques émotionnelles et violentes. La recherche scientifique doit

s’adosser à une analyse neutre de son objet d’étude et relativiser les points de vue qui tendent

naturellement aux généralisations et présentent les questions de façon manichéenne, en blanc ou noir,

sans nuance aucune. Beaucoup a été dit sur ce sujet et nous tenterons de ne pas parcourir des sentiers

battus. Ce que nous ambitionnons de faire, par contre, c’est de soulever de nouvelles questions afin

d’enrichir le débat par des observations supplémentaires.

Au commencement, il serait judicieux de replacer la question dans le contexte général de la

revivification du sentiment religieux chez certains individus ou certains groupes on parle parfois

d’ailleurs de « borna gain », les adeptes de l’islam politique parlent de « Sahwa » religieuse ou réveil

religieux. On se doit aussi de la relier au contexte international : la controverse sur l’émergence de

groupes qui appellent à ce qu’on a convenu de nommer « une renaissance islamique » et qui réduisent

cette renaissance à un appel à l’application stricte de la Charia, sans en comprendre les enjeux

profonds, refait surface de temps à autre, notamment en Europe. En effet, c’est justement dans le vieux

continent au nord de la méditerranée que, depuis plus de dix ans, les minorités islamiques ont

commencé à profiter du climat de liberté et à poser la question de la liberté de croyance et de la

manière dont la religion est pratiquée dans les démocraties occidentales, à un tel point qu’ils ont

commencé à revendiquer le droit de s’adonner à des pratiques qui enfreignent les lois et les

constitutions en vigueur dans ces pays ; citons à titre d’exemple, les revendications se rapportant à la

polygamie, à la séparation des sexes dans certains lieux tels que les piscines et à la réservation de lieux

de prières aux seuls musulmans au moment où dans certains pays on aménage des lieux de méditation

et de prière communs, mis à la disposition de gens de différentes confessions, dans un même endroit .

Il est donc impératif de situer la problématique dans le cadre de ce besoin pressant de trancher la

question concernant qui sont les musulmans et qui veulent-ils être. La religion islamique atteint

ses quinze siècles d’âge et la dynamique qu’elle connaît aujourd’hui exprime le besoin de procéder à

des changements nécessaires et de s’engager sur la voie d’une réforme devenue urgente et

incontournable. Les quelques expressions tendues et extrêmement barbares ne sont rien d’autre que le

reflet, soit d’une gestation orientée vers des révisions et des réformes que d’autres religions ont

connues et qui leur ont permis de se perpétuer historiquement, soit un signe précurseur de la

décadence d’une civilisation qui la conduirait inéluctablement à disparaitre.

Dans les années trente, ces formes de religiosité radicale n’existaient pas malgré la naissance du

mouvement des Frères Musulmans et du Hizb Attahrir (littéralement « Le Parti de la Libération »

pronant le retour de la khilafa ou d’un Etat islamique regroupant tous les musulmans avec un seul

leader ou calife pour le diriger). Les manifestations de religiosité, y compris le nombre grandissant de

femmes arabo-musulmanes qui ont choisi de porter le voile au début des années quatre-vingt-dix,

pourraient être l’expression d’un besoin croissant de religiosité spécifique qui doit être analysé et

scruté. Dans les années cinquante et jusqu’aux années quatre-vingt dix du siècle dernier, dans des pays

comme la Tunisie et l’Egypte, les femmes ne portaient guère de voile. Il nous semble que ce

phénomène a pris de l’ampleur via les chaines satellitaires où les prêcheurs se sont invités dans les

maisons sans y être invités et se sont évertués à transmettre leurs enseignements à ce propos,

véhiculant l’idée que le port du voile est une obligation, selon des interprétations particulières des

termes «khimar», « hijab », « jilbab », « jouyoub » et en fonction d’autres références et lectures faites

par des religieux, dans un contexte social spécifique et une culture dominante qui laissaient très peu

d’espace aux lectures critiques et à tout esprit réformateur et novateur sur la question et sur toutes les

questions relatives aux rites en général.

Nous avons observé l’émergence d’une révolution du « cathodique islamiste » et d’une matière de

« propagande religieuse », considérée comme un produit culturel et qui véhicule une lecture de l’islam

spécifique au Hanbalisme ultra-conservateur, une école de jurisprudence parmi les quatre écoles

sunnites (les autres étant le malikisme, le chafiisme et le hanifisme). Nous nous trouvons-là face à un

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phénomène que certains considèrent comme une « industrie, dont l’objectif est de commercialiser une

interprétation standardisée et close de la religion, à travers des chaines de télévision religieuses de

propagande et à travers plusieurs autres canaux, dont les institutions caritatives, impliquées, pour

certaines, dans l’enrôlement de jeunes candidats au départ pour la Syrie, contre des sommes d’argent.

La montée du salafisme djihadiste est l’une des manifestations de ce besoin, de plus en plus répandu

dans le monde islamique, de trancher, de manière définitive, la question relative à ce que cela signifie

d’être un musulman libre, décomplexé, en harmonie avec le monde globalisé aujourd’hui, et ce en

l’absence de connaissances, de développement, de science et de projets civilisationnels clairs et

authentiques qui ne réduisent pas l’existence des masses à la seule dimension religieuse, qui peut se

transformer en une obsession suffocante. Face à l’absence de perspectives culturelles, technologiques

et stratégiques qui aideraient à donner au monde islamique la place qui lui sied dans les nouveaux

équilibres mondiaux, la réponse prend la forme d’un attachement littéral à certains symboles apparents

et aux formalités des rites, équivalent ce qu’on peut appeler un repli sur soi.

Il est évident que le pire ennemi de la culture islamique et de la religion islamique est en premier lieu

l’ignorance qui se manifeste dans certaines politiques adoptées au nord et au sud de la Méditerranée,

politiques qui dénotent d’un manquement au développement de la connaissance du monde et de

l’histoire islamiques. Cette ignorance parait également dans les interprétations salafistes « takfiristes »

(le « takfir » est en langue arabe le fait d’accuser quelqu’un d’apostasie) djihadistes qui proposent

parfois des lectures reflétant une absence totale de connaissance des finalités du message.

1. La cause politique :

L’absence d’une vision politique et de projets civilisationnels indépendants dans la

région

La montée des courants takfiristes, du salafisme djihadiste et la multiplication des foyers de

tension, devenus de véritables fronts de combat, demeure une réponse, à défaut d’autres

réponses, à la question identitaire et le résultat d’une globalisation qui n’a pas investi dans

l’éducation et la culture de masse et qui n’a pas proposé de solutions économiques et sociales à

une jeunesse dont les horizons professionnels sont bouchés et les opportunités de mobilité

pratiquement nulles

Nous remarquons, dans l’ensemble de la région arabe, que l’identité de l’Etat national indépendant est

loin d’être résolue ; à cela il faut ajouter la régression des ambitions marxistes, nationalistes et

socialistes. La globalisation et les pays du monde libre n’ont pas pensé bon investir dans l’éducation et

la culture et ont donc participé à créer des personnalités de base fragiles chez de nombreux jeunes, des

personnalités formées par mimétisme, car elles manquent de repères auxquels s’adosser, à propos des

principes civils et de la culture de la citoyenneté. En effet après l’affaiblissement des idéologies

nationalistes et communistes, elles ne disposaient plus d’alternatives fortes convaincantes et

stimulantes auxquelles s’amarrer. Quant à l’idée de démocratie qui est en train de faire son chemin

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dans toute la région, elle souffre des crises de développement de l’économie mondiale et a besoin que

soit mise en place une gouvernance politique saine.

En l’absence d’une identité claire dans laquelle la jeunesse de la région pourrait se reconnaître, une

identité qui exprime les besoins et répond aux espérances de ces générations assoiffées de points de

repères et d’orientation, les formes de religiosité populaire deviennent une réponse naturelle au vide

qui domine, à la régression du rôle des gouvernements dans l’encadrement des jeunes et dans

l’investissement dans le développement, par le biais de programmes éducatifs de qualité.

Il existe donc une conscience neuve de la nécessité de se cramponner à n’importe quelle donnée

culturell, en l’absence d’idées nouvelles et d’alternatives convaincantes qui exercent une attractivité

populaire et l’idée du retour aux formes de la religiosité matérielle vient exprimer la terreur et le

sentiment de perdition des masses. La solution réside évidemment dans l’action et l’invention, mais

dans une atmosphère où l’individu ressent de la fierté et de l’estime de soi. Il est donc avant tout

nécessaire de reconstruire cette personnalité et ses fondements.

Il est aussi impératif, à côté de cela, d’organiser le monitoring et la gestion de l’espace médiatique et

des informations religieuses émises par certaines chaînes populaires satellitaires et par des charlatans

incompétents , dont le niveau scientifique soit à même de séparer le bon grain de l’ivraie. Ainsi, on

observe parfois, à propos de la même question des disputes et des interprétations multiples qui

finissent par être contradictoires, les uns et les autres se laissant aller à des surenchères infinies où le

principe de sévérité revêt le faux habit du sérieux, entraînant le spectateur dans des questions

complexes et labyrinthiques.

Le fossé entre l’islam et la modernité

L’une des causes du recours à la solution religieuse, c’est l’image mise à mal de la modernité, et nous

insistons sur le mot « image », car il ne s’agit aucunement de la modernité comme principe et

aspiration, mais nous cherchons à appréhender le rapport des masses avec le projet de l’Etat national

moderne qui a échoué à tracer un nouvel horizon et de fixer des objectifs neufs qui puissent mobiliser

et unifier les peuples de la région. Si on ne donne pas l’opportunité à ces masses d’apprendre des

langues occidentales et de côtoyer l’autre à travers les voyages et les rencontres enrichissantes, elles

seront façonnées par l’ignorance de cet autre, ce qui constitue la voie la plus courte vers les images

stéréotypées et la haine.

Si l’on poursuit la réflexion sur le fossé qui s’est creusé dernièrement entre les masses musulmanes et

les valeurs de la modernité, on se rend compte que parmi les causes qui l’expliquent figurent : la

réduction au minimum des programmes occidentaux et plus précisément européens et méditerranéens

destinés à l’exportation des cultures occidentales, qui est une conséquence naturelle de la fin de

l’époque soviétique et socialiste, l’émergence d’une globalisation qui n’a pas investi dans la culture

sous prétexte que celle-ci n’obéit pas à la logique du commerce et du profit. Les pôles du nouvel ordre

mondial n’ont pas pensé en effet, à la « paix culturelle » entre les pays qui est l’une des bases de la

paix sociale et économique.

L’une des causes de ce fossé réside également dans la fermeture des frontières et la traque de ceux qui

veulent les franchir, entre le sud de la méditerranée et le nord et entre le monde islamique et le monde

européen et américain depuis 2001.

Il ne restait donc au musulman et à la musulmane de base que de se replier sur eux-mêmes et de se

cramponner à toute valeur qui gardât un minimum de solidité, il ne leur restait que le canoë de

sauvetage de l’au-delà religieux, après une succession d’échecs te de défaites.

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2. La cause économique :

Il existe bien sûr des causes multiples au phénomène de la radicalisation des jeunes dans les deux rives

de la méditerranée dont l’une des plus importantes est la donne économique, qui reste évidemment la

donnée essentielle. Quel est donc aujourd’hui le rang des arabes et des musulmans dans le monde ?

La seule force qu’ils détiennent est celle du nombre des populations de consommateurs ou bien de

quelques peuples producteurs de richesses naturelles. Bien qu’il faille admettre que certains pays

musulmans sont des pays industrialisés et exportateurs de technologies, tels sue l’Indonésie, le

Pakistan, l’Iran et la Turquie, il faut reconnaître en même temps que le monde arabe n’a pas atteint un

bon niveau d’industrialisation, lui qui dans les années cinquante à quatre-vingt-dix précédait la plupart

des pays asiatiques cités. Il faut dans ce contexte général se poser la question suivante : qu’ont

présenté les musulmans à l’humanité depuis cinq siècles, en comparaison avec les réussites des

pays non musulmans tels que la Chine, l’Europe et l’Amérique ?

Depuis, certains, parmi ceux qui ont suivi la voie de l’extrémisme, ou bien ont été acculés à la

suivre, se sont écartés de la vérité, ont brandi la banderole de l’islam comme s’ils en étaient

les tuteurs et sans demander rien à personne, et se sont faits les champions de la lutte contre

l’occident. Certains adeptes de la culture de la haine se sont mués en ennemis de ce qu’ils

nomment l’Occident, surtout après la chute de l’Union Soviétique. Certes la colère infinie

générée par les événements commencés il y a plus d’une vingtaine d’années en Afghanistan et

en Irak, couronnés par les erreurs de Bénédict XVI, le siège de Gaza, etc. Cette colère peut

être tout à fait compréhensible. Elle a toutefois, entraîné l’apparition de cellules qui ne font

que réagir, présentant, au meilleur des cas, l’image de l’oiseau blessé qui se débat et bat de

l’aile, heurtant tout ce qui croise son chemin. Est-ce là l’image que nous voulons présenter

à l’occident de notre culture ?

3. La cause religieuse : l’absence de réforme religieuse et le besoin d’un renouvellement

continuel du discours rationnel.

Le discours critique et rationnel connaît lui-même une crise et le chercheur sincère doit

insuffler un sang nouveau dans les questionnements et dans le débat intellectuel, scientifique

et civil, celui qui a eu lieu et celui qui n’a pas eu lieu, à cause de la démission de certains et du

jeu du silence ou bien du mépris de certains autres qui pensent détenir l’essence de la vérité et

qui accusent ceux qui les contredisent d’entorse à la vérité, attitudes qui dynamitent toute

possibilité de débat, de respect et de coexistence. Dans cette atmosphère stérile et ces vacuités

et dans le cadre de l’impuissance à s’adresser aux masses dans une langue compréhensible,

dans une langue qui parvienne à leur entendement et les remue, les élites assumeront la

responsabilité de ne pas avoir fourni l’effort nécessaire contre les vendeurs de la pacotille

extrémiste auprès des jeunes et des adolescents. Les héritiers de cette culture arabo-islamique

se doivent de recourir à la raison et à défaut, ils en payeront le prix fort.

Le bilan accumulé par les sociétés arabes depuis l’initiation du processus de

modernisation

Certes l’optimisme est de mise et la modernisation est en cours, la crise est cependant

mondiale. Nous comptons des réalisations à plus d’un niveau, mais l’inscription des sociétés

arabes dans le processus de modernisation après les mouvements d’indépendance ne leur a pas

permis d’enregistrer les mêmes progrès. Nous enregistrons parfois des écarts importants entre

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un pays et l’autre ; à ce propos les nouvelles classifications anglo-saxonnes et les statistiques

stratégiques qui regroupent l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient dans la même région

MENA ne rendent pas justice aux expériences les plus avancées et renforcent les tendances

rétrogrades en uniformisant les parcours et en s’adonnant aux généralisations pseudo-

culturelles et aux simplifications substantielles.

Les obstacles qui ont empêché que le bilan soit meilleur

L’un des obstacles qui freinent le processus de réforme réside dans la surenchère à propos de

l’instance dépositaire du droit à diriger le processus de modernisation.

La réponse à ces surenchères est la suivante : beaucoup de personnes vivant partout

dans le monde sont les héritières de la culture arabo-musulmane ; nous la respectons et

portons ces accumulations de manières différentes, chacun selon sa méthode, sa diligence

et effort et ses horizons ; chacun s’efforce de présenter le meilleur de ce qu’il possède et

d’être le meilleur ambassadeur de cette culture afin qu’elle apparaisse sous son meilleur jour.

Nous cherchons tous à être fiers de notre culture dans la région et dans le monde et éprouvons

de la peine d’en voir l’image défigurée par les prêcheurs de la haine des deux côtés de la

Méditerranée et dans plus d’une région dans le monde. Ainsi, au lieu de diriger nos capacités

vers le développement et l’amélioration de nos savoirs, certains se sont inscrits dans une

guerre stérile pour nous-mêmes, pour notre époque et pour autrui.

C’est comme ça que les idées des adeptes du conflit des civilisations ont rencontré les vues

des islamistes radicaux sur la voie de l’édification d’un holocauste pseudo-islamiste qui éclate

dans les groupuscules qui aujourd’hui légitiment le vol, les boucheries et le crime au nom de

la religion. (cette recherche a été écrite en 2014 avant la montée de Daech, mais nos hypothèse

se sont confirmées avec le temps !)

Le rapport conflictuel entre les ulémas traditionnalistes, adepte du texte, et les tenants

des approches modernes du sujet religieux, à la lumière des sciences humaines et de l’étude

du phénomène religieux dans ses différentes facettes. En effet certains essayent, en arguant de

la sacralité du sujet, de mettre des obstacles et de définir des limites à l’examen du fait

religieux par les sciences humaines.

Nous devons comprendre ce phénomène et en appréhender les causes ; toute étude scientifique

n’ayant pas de rapport avec les sentiments des gens, leurs croyances et leurs usages culturels

et sociaux. Aucun homme doué de raison ne met en doute en effet, l’idée que l’analyse des

questions religieuses ne remet pas en question le respect dû aux croyances. Certains tentent de

faire croire que les sciences humaines et les connaissances modernes ne s’appliquent pas à

certaines particularités culturelles. La maîtrise des sciences à l’instar des autres peuples, leur

adaptation et le fait de tirer profit de leurs apports méthodologiques ne touche aucunement aux

convictions ; ils peuvent même les consolider et les rapprocher des nécessités de l’époque.

Et si par la question vous faisiez allusion à l’opposition que certains mettent en avant, entre les

sciences religieuses et les sciences modernes, nous sommes convaincus que les deux systèmes

sont différents mais qu’ils ne s’opposent pas, car l’un fait partie du domaine de la foi, qui est

une opinion personnelle et l’autre de la recherche scientifique. Quant aux réactions tendues et

violentes, nous disons qu’elles ne font pas avancer le débat scientifique, qu’elles nuisent à

ceux qui en usent plus qu’elles ne servent leurs desseins et qu’elles expriment la faiblesse de

leur argumentaire et de leurs outils. Il existe, par contre, un groupe de chercheurs et

d’écrivains prometteurs et sur lesquels des attentes importantes sont fondées qui, malgré les

différences de certains de leurs points de vue et de leurs outils de recherche, sont réunis sous

la bannière de l’amour de l’idée, du respect de la pensée sincère et de la parole libre.

L’expérience tunisienne phare dans les études civilisationnelles, dans les départements d’arabe

et d’histoire est l’une des manifestations prometteuses d’une nouvelle école de relecture de

l’islam dont on attend du neuf. Plusieurs chercheurs conviennent qu’une bonne part de

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nouveauté naîtra de nos contrées et que ce que certains appellent réforme religieuse est devenu

un impératif urgent, sans lequel il n’ y a de voie que celle de la barbarie et de l’extinction.

4. La voie de la culture et de l’information

La réorganisation de la scène informationnelle arabe est devenue aujourd’hui, une nécessité

urgente ; en effet, il est impératif de repenser le niveau de la production télévisée arabe et du

produit importé diffusé sur les canaux satellitaires. Cette matière franchit désormais le seuil de

toutes les maisons arabes, aussi bien dans le monde arabe qu’ailleurs ; elle s’invite dans les

foyers des familles arabes d’Europe et d’autres parties du monde. Personne n’ignore à ce

propos, que les programmes les plus pauvres, sont constitués par des émissions qui arborent la

mise des leçons religieuses, manipulent les souffrances des gens, profitent de leurs faiblesses,

de leurs émotions, abusent de leur manque de connaissances, se présentant comme les

défenseurs de la religion et de la morale, tout en oubliant que la morale est une valeur absolue

qui appartient à toute l’humanité. Ils oublient aussi qu’ils ne sont pas les seuls représentants de

la religion islamique et les seuls à parler en son nom. Ils oublient enfin que les interprétations

sont multiples et que « la différence est miséricorde » selon une tradition du prophète. Mais

surtout qu’il y a d’autres religions et croyances et qu’il y a des non-croyants et que reconnaitre

leur liberté de croire et de ne pas croire est une des conditions de la modernité et une des

valeurs consacrées par les constitutions des pays démocratiques. Mais le leadership religieux

défaillant et inapte à expliquer cela à la masse des musulmans.

Il faut souligner que les canaux qui transmettent des émissions d’éducation religieuse

conformes aux normes scientifiques acceptables, sont en nombre limité ou inexistant (ex. les

émissions nombreuses depuis les années 90 d’un prêcheurs ayant fait des études de marketing

et ayant ciblé particulièrement les femmes de la bourgeoisie moyenne, Amrou Khaled commet

des erreurs de dates et de références nombreuses mais peu de gens s’arrêtent sur ses

imprécisions). Certaines offrent des services et des idées modérées. Mais de nombreuses

chaînes diffusent des émissions truffées d’erreurs historiques ; ainsi les sources sont souvent

déformées et erronées. Il n’existe aucune autorité scientifique qui puisse discipliner le flux

d’informations et le chaos des idées, surtout sur le satellite Nilesat ; ces idées qui franchissent

les seuils sans autorisation, sont susceptibles d’exciter les esprits et même de les empoisonner

parfois. Cette autorité, celle de l’information islamique industrialisée, globalisée et mise en

boîte, cette mode dirons-nous, a probablement dépassé la capacité de certains états arabes à

encadrer leurs jeunesses, car ils n’ont pas vu venir la crise et n’étaient pas préparés à intégrer

ces nouveaux outils permettant d’accéder aux esprits et aux consciences. Nous sommes donc

aujourd’hui face à une nouvelle génération de héros et d’icônes représentés par le joueur de

football, l’étoile du petit écran, le chanteur et … le prêcheur qui a fait des études de commerce

et non des études de sciences religieuses et le jihadiste déguisé en « Assassin Creed »

s’inspirant ainsi d’un jeu vidéo populaire auprès des adolescents. Et s’il est évident que des

chaînes religieuses et d’autres musicales pour divertir sont inévitables, la question qui se pose

c’est pourquoi alors n’ y a –il pas de chaînes culturelles qui présentent des contenus différents

et qui puissent égaler le nombre vertigineux des chaînes qui font la promotion de l’ignorance

et de la culture qui rumine de l’ignorance et qui sont regardés par les ménagères des familles

immigrées de 2ème et de 3ème génération.

Mettre en place une stratégie arabe pour remplir le vide informationnel

Il est devenu urgent aujourd’hui que les élites oeuvrent à faire progresser leur discours et

qu’elles s’attèlent à l’étude des moyens susceptibles de rehausser le niveau du produit

informationnel qui, abondant, souffre d’un déficit de qualité. Il faut admettre que certains

gouvernements arabes et certains détenteurs de capitaux doivent aujourd’hui financer des

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canaux qui rééquilibrent la balance en faveur de la raison et de la science, adoptent un

discours modéré et ainsi gagnent l’adhésion des masses, afin de promouvoir la paix et la

sécurité dans la région.

L’exploitation par certaines opérateurs du monde de l’information des émotions du

public

Ce qui rend encore les choses plus complexes c’est que certaines parties profitent de certains

événements pour raviver les sentiments de certaines personnes contre les politiques des pays

occidentaux, tels que les politiques hésitantes en Syrie, en Lybie et ailleurs. Certaines parties

exploitent ces émotions pour accuser les autres de trahison, promouvoir la théorie de la

conspiration et redoubler chez les spectateurs la haine de l’autre, pour aspirer les colères

populaires croissantes, dues aux défaites régionales historiques.

Il ne fait aucun doute que la plupart des musulmans sont tolérants et sont les meilleurs

ambassadeurs de ce qu’on appelle l’islam modéré basé sur l’amitié et la coexistence avec

l’autre. Cependant, cette majorité numérique n’apparaît presque jamais à l’avant-scène. Le

musulman pieux et droit est préoccupé par son pain quotidien ; il en est de même pour les

savants éclairés qui n’ont pas reçu de formation dans les sciences de l’information qui

préparerait certains d’entre eux à apparaître dans les médias audio-visuels. S’ils se

départissaient de leur silence, ils présenteraient aux masses ce qu’il y a de mieux pour les

guider. De là la nécessité de former une nouvelle génération de savants éclairés rompus

aux nouvelles techniques de l’information, en leur donnant une autonomie financière qui les

libère des agendas et des financements des tenants de ligne dure.

II. La montée du défi religieux : les phénomènes de la violence religieuse et du terrorisme au

nord et au sud de la Méditerranée.

La relation entre le nord de la Méditerranée et le sud, s’est détériorée sur fond de théorie

de conflit des civilisations, revigorée aux dépens de celle de l’universalisme.

La relation des musulmans avec les sociétés européennes se basait sur un malentendu

permanent des deux côtés et sur la peur croissante de l’islam. La fragilité des politiques

d’intégration des émigrés arabes et musulmans a influé sur la relation entre l’Europe et

les pays d’origine de ces émigrés. Le fossé s’est creusé encore suite à des tentatives

infructueuses qui accusaient un déficit de connaissance des besoins sociaux, économiques

et culturels des émigrés.

Les textes religieux de référence des musulmans d’Europe sont les mêmes que ceux des

autres : le Coran, la Sunna, … supportant des interprétations multiples et l’islam sunnite ne

possède pas de clergé comparable aux mollahs chez les chiites ou à l’institution papale chez

les catholiques et n’institue aucune autorité de facto d’un musulman sur un autre, tous étant

habilités au discernement et au jugement rationnel quant à leurs cheminements personnels. La

situation est amplifiée par le fait qu’on assiste à un grand désordre dans le domaine des fatwas

religieuses et l’aspect multiple et même contradictoire parfois de ces fatwas en dernier ressort

le musulman doit se fier à sa raison, à sa conscience et à sa relation en tant qu’individu croyant

avec son créateur. Le principe des interprétations multiples est une arme à double tranchant

car il permet la liberté d’être différents aux musulmans entre-eux mais du coup institue un rôle

aux hommes de religion dont le savoir est reconnu, un rôle d’arbitrage entre eux, en cas de

conflits entre deux musulmans.

C’est de là que naissent la plupart des problématiques de l’islam d’Europe : le déficit de

connaissance de la religion et de la langue arabe même, qui est la clé d’accès de la plupart des

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musulmans d’Europe, aux textes du patrimoine. Le besoin s’est donc fait sentir de former des

hommes de religion et des ulémas qui puissent s’adresser aux musulmans assoiffés de

patrimoine culturel et religieux. Un certain nombre de prêcheurs ont émergé , ils ont répondu

aux besoins des masses de se distinguer de l’identité européenne, à travers des symboles

culturels comme les tenues vestimentaires, les lieux de culte, et un narratif particulier ; ces

éléments leur fournissent un sentiment culturel et identitaire d’appartenance que l’Europe n’a

pas su leur donner.

La tour de Babel ou bien l’hypothèse du malentendu linguistique

Le fossé linguistique entre certains musulmans d’Europe et les textes religieux a, à notre

avis, permis l’émergence de certaines formes de tutelle sur les musulmans, tutelle qui

parfois remet en question le principe de l’inexistence du clergé dans l’islam. Il est

impératif de pousser les études concernant la relation entre l’ignorance de la langue arabe et

l’apparition des mouvements salafistes politico-religieux, en Europe et ailleurs en Asie et en

Afrique, où pullulent ces mouvances qui n’ont pas eu de contact avec le patrimoine et avec les

sources et les textes.

Le malentendu commence donc par la mauvaise compréhension, par les musulmans, de leurs

textes fondateurs et s’achève par des positions multiples vis-à-vis des législations civiles

européennes, dans le cadre de la confusion entre le religieux et le positif, alors que la plupart

des chercheurs ont abouti à la conclusion que le système de la jurisprudence religieuse est un

système normatif mis en place par les hommes et qu’il porte en lui les lacunes de ceux qui

l’ont posé.

Une mauvaise gestion européenne de la crise

La focalisation permanente de la part des arabes et des musulmans sur la responsabilité des

partis politiques de la droite raciste et xénophobe au nord de la Méditerranée, qui adopte des

discours violents qui donnent des émigrés une image négative, est certes une attitude légitime

et compréhensible. Dépenser toutes ces ressources pour jeter la responsabilité sur l’autre, est à

considérer toutefois, comme une erreur grave de diagnostic du problème. Les campagnes qui

prêchent l’édification de législations parallèles constituent une forme de sabotage de la

souveraineté des états et de leur stabilité. Ces idées et ces actes, bien qu’émanant parfois d’une

forme de bonne foi, peuvent être émis aussi par des leaders assoiffés de pouvoir et obsédés par

la violence purificatrice ; ils peuvent être adoptés par des individus et des groupes sincères et

de bonne foi, loin des calculs de certains instigateurs. Ceux-ci cherchent, quant à eux, à porter

atteinte aux valeurs de l’état indépendant et du pays en voie de développement et visent aussi

les bases mêmes de l’état civil. C’est pour cela qu’il faut répondre de manière ferme à leurs

tentatives d’ébranler les fondements de l’identité nationale qui est le fruit d’une longue et riche

accumulation de composantes qui ne se rejettent pas.

L’échec de certaines politiques publiques européennes visant à intégrer les émigrés, dont une

bonne partie sont de confessions musulmanes, est indéniable

Il est donc impératif de réfléchir à des stratégies à court, moyen et long terme, qui

comprennent notamment la modification des programmes éducatifs et culturels, tels que les

programmes d’éduction civique, en vue de mettre en relief la citoyenneté européenne et

démocratique qui sont susceptibles d’intégrer ces communautés musulmanes. Ces

communautés elles-mêmes doivent cependant œuvrer sérieusement à des réformes et à des

révisions de leur interprétation de l’islam qui visent à terme à harmoniser l’islam d’Europe et

la démocratie. L’effort principal qui doit être fait reste du ressort et de la responsabilité des

communautés musulmanes d’Europe. On peut s’interroger à ce propos s’il existe une seule

partie homogène avec laquelle nous pouvons traiter ou bien plusieurs, auquel cas, il faudrait

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penser à une forme de représentation de ces communautés qui soit à même d’exprimer toutes

les tendances et les groupes ; il serait alors nécessaire de faire appel aux anthropologues et aux

sociologues de l’islam.

Il est également impératif de créer un nouveau paradigme de développement et d’instituer un

nouveau pacte social qui insiste sur la nécessité de soutenir l’état démocratique dans ses

efforts de développement, de gouvernance et de protection des droits des citoyens, dans le

cadre du système économique en place.

Le développement durable doit intégrer la donnée économique, sociale et politique, en plus de

la gouvernance ; il est nécessaire aussi d’intégrer des concepts nouveaux qui sont en train de

se cristalliser tels que celui de sécurité humaine et des stratégies opposées au radicalisme et au

terrorisme qui soient basées sur un parallèle constant entre l’approche sécuritaire et celle

culturelle. La dimension culturelle ici vise le démontage du discours takfiriste, la conception

d’une batterie de réponses au radicalisme et l’édification d’une nouvelle connaissance du fait

religieux.

Il est en effet impératif d’éradiquer les causes de cette pensée terroriste - si tant est qu’on

puisse parler de pensée dans ce cas -, de repérer ses pépinières et de préparer des plans pour

mieux orienter les jeunes qui ressentent de la sympathie vers une telle pensée.

Les arabes qui forment une constituante importante du sud de la Méditerranée, doivent

focaliser sur des objectifs communs avec l’Europe et édifier avec elle des politiques efficaces

car les deux sont en réalité dans la même tranchée, contre l’industrie du terrorisme, la

globalisation du crime terroriste et l’expansion du takfirisme et de l’idéologie de destruction

qui n’ont rien apporté à l’islam et aux musulmans et qui résultent sans doute, des erreurs de

politiques menées loin de l’expertise spécialisée, des études sérieuses et qui ont souffert d’un

manque de volonté et de vision politique intégrant l’importance de l’idéologie dans la

consolidation de la paix et de la sécurtité.

Des épousailles temporaires qui n’ont que trop duré entre la violence et la

question identitaire.

La violence religieuse est l’expression d’un désarroi et d’une faiblesse de celui qui la produit

et en multiplie la production et la gestion. La donnée religieuse est l’une des composantes de

la construction de l’identité, mais quand elle en devient la seule composante et le seul

fondement, un déséquilibre apparaît dans le rapport du producteur de la violence avec son

environnement.

Les musulmans peuvent-ils accepter que la représentation que se fait le monde sur eux soit

celle de ceux qui ont franchit les limites de l’ultra-violence ? Pourquoi les efforts ne sont pas

focalisés sur un projet civilisationnel positif qui met en avant la donnée industrielle par

exemple, ou bien aspire à la primauté et à l’excellence dans un domaine donné ? Pourquoi les

musulmans ne cherchent-ils pas à être pionniers dans un domaine autre que la composante

culturelle islamique identitaire ?

III- Recommandations pour prévenir la radicalisation des jeunes dans les deux rives de la

méditerranée:

A- La nécessité de protéger les droits de l’homme

Il est nécessaire aujourd’hui de protéger les minorités ethniques et religieuses et de développer

des mécanismes et des lois en vue de cette protection. Il y a un besoin urgent par ailleurs, de

traiter le sujet de manière scientifique et politique. Souvent, en effet, le sens politique général

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confondait les communautés et avec leurs rôles politiques, menaçant ainsi la cohésion des

sociétés.

Nous devons admettre que la prophétie d’André Malraux qui prédisait que le XXI e siècle

serait le siècle du retour de la composante religieuse dans le monde entier, était juste. Dans le

cadre de ce retour du religieux, plusieurs questions se posent concernant la coexistence de ce

qui est appelé ethnies, nationalités ou mouvances religieuses au sein d’une même société.

Avec la montée du mouvement takfiriste et la répression des minorités religieuses ethniques

en Irak et en Syrie dernièrement, nous observons à chaque crise, des violences contre les

minorités sabéennes, yazidis ou bien chrétiennes, perpétrées par des groupes armés qui

exploitent la faiblesse de l’Etat pour chasser ces minorités après avoir confisqué leurs biens.

Il est impératif d’alterner la protection sécuritaire et légale avec la promotion de ces minorités,

de leurs cultures et donc de leurs droits. L’approche basée sur les droits de l’homme est ainsi

complétée par la culture de la connaissance et de reconnaissance de l’autre. Il est essentiel de

promouvoir une nouvelle culture basée sur la reconnaissance du droit de l’autre à être différent

et ce, à travers l’intérêt porté aux minorités ethniques et surtout religieuses, par les recherches

académiques objectives ayant pour finalité la compréhension du phénomène et sa présentation

à travers le questionnement des textes du patrimoine sur la représentation qu’on y trouve des

minorités qu’on appelait antan les « milals et les nihals » (soit, les confessions et les ethnies),

c’est à dire dans les représentations qui sont faites de ces communautés minoritaires et souvent

opprimées.

S’occuper de cette problématique c’est souvent travailler sur des questions d’imaginaire et

d’image stéréotypée, qui souvent déterminent la vision générale de ces minorités. L’étude peut

nous conduire à distinguer la vraie différence, en présentant la preuve scientifique de l’écart

entre les représentations et la réalité. Or décrire la réalité est la première des nécessités

cognitives.

Nous proposons à ce propos une approche basée sur l’édification des politiques sur les

chiffres et les indicateurs et aussi sur la connaissance, et notamment la connaissance du passé,

qui peut permettre aux intéressés de trouver une matière éducative, concernant l’histoire de

l’islam et son interprétation, qui permettrait de sauvegarder une forme de paix sociale dans les

sociétés multiethniques, multiculturelles et présentant une certaine diversité religieuse.

Pendant certaines périodes de crise et de défaites, certaines sociétés arabo-musulmanes ont

connu des vagues d’exclusions et d’exils forcés exercées sur des minorités dont certaines

vivaient près de l’Euphrate depuis 1500 ans ; citons parmi ces minorités poursuivies par des

milices les Sabéens mandéens, les yazidis et les Chaldo-assyriens. Il est nécessaire à ce propos

que les études équilibrées prennent en compte l’ouverture des sociétés islamiques sur la liberté

de conscience des non-musulmans durant de longues périodes de leur histoire.

Malgré la volonté de certaines parties d’exploiter la question des minorités afin de détruire

l’unité des sociétés, nous devons distinguer les droits légitimes qui figurent dans les chartes

internationales qui garantissent leur droit à ne pas subir de ségrégation sur la base de

l’appartenance ethnique et religieuse, les distinguer disons-nous, des visées de ceux qui

veulent instrumentaliser une cause juste pour des objectifs politiques. Il est aussi nécessaire de

distinguer la recherche scientifique des labyrinthes du jeu politique ; la mission du chercheur

étant d’expliquer les questions et d’approfondir les problématiques.

Il faut comprendre que le respect de la minorité est l’antichambre du respect de la majorité et

que le respect des droits des minorités permet surtout à la majorité de jouir de la paix sociale.

Nous pensons que les crises économiques et les pièges culturels finissent toujours par nuire

aux majorités qui se replient sur elles-mêmes et qui estiment que les solutions résident dans le

fait de punir l’autre, de l’opprimer, de l’exclure ou bien de le chasser ; un exemple éloquent

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est celui du traitement de la question des gitans par certains partis dans des pays de l’Union

Européenne.

B- La mise en exergue, dans les systèmes éducatifs, du principe des droits de l’homme et

l’insistance sur le fait que ceux-ci ne sont pas en contradiction avec la culture arabo-

islamique.

La thèse selon laquelle le concept de droits de l’homme n’est pas enraciné dans la culture

arabo-islamique semble souffrir de beaucoup d’imprécision et même être une erreur et une

tromperie. Certaines études réalisées à ce propos le montrent ; citons-en celle très complète de

Docteur Ghanem Hamad Annajjar, professeur du département des sciences politiques de

l’université du Koweït, intitulée « La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est-elle

une œuvre occidentale ? » où le chercheur affirme ceci : « l’étude précise de la Déclaration et

des conditions de sa naissance prouvent sans aucun doute que la composante occidentale …

était dans son ensemble opposée à sa promulgation … » Il insiste sur le fait que « la

participation arabe dans la rédaction de la Déclaration n’était pas marginale … puisqu’elle

joua un rôle de premier plan dès la formation du comité des droits de l’homme. » et ce, dans

les différents débats. La phase de la rédaction a, en outre, vu la participation de l’Egypte, de

l’Iran, de la Turquie, de l’Irak, du Liban, de l’Arabie saoudite et de la Syrie. Les délégués

arabes et musulmans ont exprimé leurs observations dans les réunions, comme le montrent les

documents d’archive.

La question n’est pas une question d’enracinement ; la vraie question qui constitue un vrai

danger sur le concept des droits de l’homme, ce sont les violations des droits de l’homme dans

les pratiques de certains états ou de certains blocs, sur lesquelles certains s’appuient pour

porter atteinte au principe même des droits de l’homme. En réalité, le processus est une

permanente dialectique entre la raison de la force et de la domination et celle du droit

international.

Il n’est plus besoin en 2010, de poser la question de l’enracinement des concepts ; on a plutôt

besoin de faire progresser le processus déjà entamé d’harmonisation entre la Déclaration

Internationale, la Déclaration du Caire et la Charte Arabe des droits de l’homme. Et le reste

doit être laissé aux études sérieuses de ces questions, en vue de réaliser deux objectifs : le

premier c’est de travailler davantage sur les possibilités de revoir les réserves faites par les

pays arabes ou islamiques sur certains textes et résolution (ex. la CEDAW) et le second est

celui d’une meilleure harmonisation entre les législations et les mentalités dominantes pour

préparer le terrain à leur application.

Il existe trois grands niveaux prioritaires pour s’inscrire dans le système des droits de

l’homme et les pays de la région se sont effectivement inscrits dans ces organisations

internationales, islamiques et arabes.

1. La Déclaration Internationale des Droits de l’Homme a été promulguée par l’Assemblée

Générale de l’ONU le 10 décembre 1948.

2. La Déclaration du Caire des droits de l’homme promulguée par les pays islamiques par

le conseil des ministres des affaires étrangères de l’organisation du congrès du monde

islamique au Caire en date du 5 août 1990 ; cette déclaration a contenu certaines

réserves qui pouvaient faire l’objet de discussions ultérieures en vue de la faire

progresser pour réaliser le principe de non discrimination.

3. La Charte Arabe des Droits de l’Homme, dans sa version plus récente, qui fut

promulguée par le seizième sommet arabe abrité par la Tunisie, en date du 23 mai 2004.

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La culture des droits de l’homme est une exigence et une réalisation dont l’amélioration

permettra un avenir plus équilibré et moins violent pour l’humanité. C’est l’une des conditions

qui détermineront le processus de modernisation dans les sociétés arabes et la mise en œuvre

de la culture des droits de l’homme en vertu de déclarations, de pactes et de chartes

internationaux. Il faudra continuer à œuvrer pour promouvoir le processus de promotion des

libertés en parallèle avec le mouvement de réforme religieuse et la clarification de certaines

problématiques qui doivent être tranchées sans délai, vu les contradictions générées par

certaines sources de la fatwa qui peuvent diviser les communautés nationales dans le monde

musulman et arabe. Il faudra aussi mener des recherches sérieuses concernant le rapport entre

l’islam, droits de l’homme et les libertés individuelles.

La deuxième génération de droits

Nous croyons qu’il est absolument nécessaire et urgent de faire connaître la deuxième

génération des droits de l’homme, c’est à dire les droits économiques, sociaux et culturels. En

effet, certains pays de la région ont réalisé certains progrès concernant la première génération

de droits, c’est a dire les droits civiles et politiques. Nous constatons toutefois que de grands

problèmes tels que le chômage et le sous-développement culturel risquent de plonger les

citoyens dans la marginalisation. Nous affirmons que la montée de l’extrémisme et des

différents types de radicalisme est une conséquence naturelle de la vulnérabilité économique

ou culturelle.

Il est nécessaire d’édifier des stratégies et des politiques qui ne se basent pas uniquement sur

la solution sécuritaire et sur le renseignement, mais aussi sur une approche plus générale qui

inclut, en plus de l’aspect sécuritaire, les aspects culturels et éducatifs de l’extrémisme

religieux et intellectuel.

C- Pour de nouvelles politiques de voisinage de l’Union européenne dans la région

Si nous réfléchissons ensemble aux nouvelles politiques de voisinage que l’Union Européenne

souhaite adopter, nous recommandons ce qui suit :

1. Soutenir une approche basée sur la recherche scientifique pour éclairer les politiques

Il serait de bon aloi de créer un centre de recherches au niveau de l’Union Européenne dont la

mission serait de concevoir des stratégies pour affronter les radicalismes montants, stratégies

qui se basent sur la participation d’experts parmi les chercheurs en histoire des religions - et

notamment de l’islam-, des anthropologues, des philosophes, avec des experts militaires et

sécuritaires.

En effet, les politiques suivies jusqu’à maintenant au nord et au sud de la méditerranée ont été

des politiques sécuritaires qui n’ont pas pris en considération la donnée culturelle et éducative

dans la montée de l’extrémisme religieux qui se mêle parfois à la violence et au terrorisme et

d’autres fois au crime organisé1.

1 1 http://www.crisisgroup.org/fr/regions/moyen-orient-afrique-du-nord/afrique-du-nord/Tunisia.aspx

http://www.crisisgroup.org/fr/regions/moyen-orient-afrique-du-nord/afrique-du-nord/Tunisia/b041-tunisia-s- borders-ii-

terrorism-and-regional-polarisation.aspx

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Un centre de recherches ou bien un projet de recherche qui se consacre à la conception de

stratégies de lutte contre le radicalisme, notamment le radicalisme islamique, peut aider à

dessiner les lignes d’une nouvelle approche qui s’abreuve des sources de la modernité et

propose des voies nouvelles pour comprendre l’islam, sans prétendre intervenir sur la

question de la foi du croyant.

Les courants salafistes et takfiristes et les groupuscules religieux sont allés trop loin dans

l’usage de la violence, de la violation des droits de l’homme et dans les persécutions contre

les minorités non musulmanes, etc.

Le think tank que constituerait ce centre pourrait tracer les contours d’une nouvelle vision

qui permettrait de ressusciter un islam soft, ouvert sur les autres cultures et les autres

religions. Des interprétations nouvelles pourraient permettre au musulman perdu de dépasser

le complexe de l’identité, d’être fier de son appartenance à la culture islamique sans pour

autant être happé par les labyrinthes de l’extrémisme et sans sombrer dans les illusions de la

détention de la vérité. Ce sont en principe les premiers intéressés qui devraient s’en charger,

comme certains politiques européens nous le disent souvent : le problème de l’islam est une

question interne à l’islam et les non-musulmans ressentent de la gêne à en discuter. Mais je

dis, de ma position de chercheur - qui respecte les croyances des musulmans et leur culture et

qui comprend la position culturelle substantielle des décideurs dans les pays européens - que

la question islamique est devenue aujourd’hui une question universelle et globale par

excellence et que c’est sûrement aux musulmans d’en débattre, mais aussi à leurs voisins et à

ces pays qui abritent des communautés musulmanes dont les membres ont des nationalités

européennes et américaines, de trouver les réponses pour harmoniser liberté de foi et valeurs

démocratiques notamment en questionnant la relation avec la valeur liberté.

Il n’est en rien pragmatique de rester les bras croisés face au chaos et à la profusion

désordonnée des fatwas et des prêcheurs dont les discours mêlent, d’avantage le bon grain de

l’ivraie.

Certains de ceux qui s’expriment au nom de l’islam ont dépassé toutes les lignes rouges,

devant la paresse des politiques officielles et des « leaders » religieux officiels cour et devant

l’avantage acquis par la tradition face à la raison et à la recherche critique. Le fossé se creuse

entre les exigences de l’époque et l’appel au retour au passé devenu le mot d’ordre de

certains, sans qu’il sachent vraiment ce qu’était vraiment ce passé et sans aucune

méthodologie claire, dans cette renaissance prétendue de l’islam. Je ne veux pas émettre de

jugements de valeur et je ne suis pas de ceux qui distribuent au hasard les paroles et les idées,

toutefois, si l’extermination des yazidi est un éveil, s’il est dans l’essence de l’islam d’obliger

les non-musulmans à se convertir à l’islam ou bien à en faire des « ahl dhimma »

(communautés religieuses mises sous la protection des musulmans moyennant des taxes

consacrées aux nons-musulmans) comme on les appelle dans les sources islamiques, alors une

erreur est quelque part qui doit nous inciter à redéfinir les rôles que jouent ces prêcheurs et

ces chaines de télévision qui diffusent sur le satellite Nilesat. Il est nécessaire de promulguer

des lois qui organisent la relation des musulmans avec les non-musulmans et des différentes

confessions islamiques entre elles, le musulman ne vit pas seul sur cette planète.

Mais pour revenir aux politiques prônées pour affronter la montée de nouveaux défis

religieux, nous disons que les politiques de voisinage peuvent être harmonisées avec les

politiques internes de lutte contre le terrorisme, en vue de concevoir des solutions culturelles

afin d’endiguer le phénomène de la violence religieuse, en réponse à l’absence d’encadrement

cognitif et à l’augmentation vertigineuse du chômage et de l’obstruction des horizons de

développement.

Les jeunes filles et les jeunes hommes qui sont nés en Europe, qui portent la nationalité de

pays européens et qui aspirent en même temps, à comprendre l’un des éléments de leur

identité, sont des européens et des musulmans qui ne trouvent pour seul encadrement que les

mosquées et ce qui est transmis par les chaînes de télévision diffusant librement des discours

qui exhortent à la violence et aux non-respect des lois et des constitutions respectant les

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valeurs de la sécularité. Aujourd’hui, avec tous les événements qu’on enregistre, les décideurs

ne peuvent plus se soustraire à leurs responsabilités, sous couvert de respect de la liberté

religieuse. Ils doivent promulguer des textes qui définissent l’identité du musulman européen,

ses devoirs et ses droits et des lignes rouges qu’il ne peut outrepasser.

La conception d’un pacte qui organise la relation de ces communautés avec l’état civil et

démocratique œuvrerait à la paix dans toute la région et initierait une prise en main sérieuse

de ce problème épineux. Que cesse donc cette paresse de certains leaders politiques en

Europe et que des compétences du sud et du nord de la Méditerranée s’attèlent à la tâche, car

si nous attendons que cela soit fait par les pays musulmans, nous risquons de ne jamais voir le

début d’une réelle réforme culturelle et éducative, réforme qui doit conduire à la connaissance

précise de la religion, mais aussi de la civilisation islamique qui dépasse largement la donnée

purement religieuse pour toucher des aspects culturels multiples qui ne sont pas sans

renfermer quelques lumières.

2. Renforces les mécanismes juridiques

Instaurer des systèmes légaux et des mécanismes de contrôle et de sanction des

discours d’exhortation à la violence et de ceux qui ne respectent pas une approche

basée sur les droits de l’homme.

Promulguer des lois pour organiser la responsabilité sociale du secteur privé et

concevoir des mécanismes de participation dudit secteur dans la consolidation de

l’infrastructure des écoles, des clubs de citoyenneté dans les institutions éducatives,

les centres culturels et les maisons de jeunesse, qui se traduisent aussi par des chiffres

et des taux précis,

3. Concevoir des politiques ambitieuses et des visions claires de l’islam dans un contexte

universel et européen et des bases de droits et de devoirs des musulmans d’Europe

L’organisation de cycles de formation et de conférences n’aurait pas l’effet recherché

sur les nouveaux décideurs dans les groupes religieux radicaux. Il faut

impérativement envahir les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook, YouTube et

utiliser ce qui est émis dans ces réseaux, dans la chaîne télévision destinée à faire

connaître l’histoire de l’islam et de la région, afin de transmettre des discours

alternatifs sur les nouvelles méthodes de comprendre les sciences des fondements de

la foi, l’interprétation des textes et les autres savoirs qui sont l’apanage des savants

officiels qui ne produisent pas de savoirs dignes de ce nom dans les académies

islamiques qu’on trouve ici où là.

Nous ne voyons pas d’initiative digne d’être citée qui œuvre assidument à ce qu’on

pourrait appeler la réforme du système du « fikh » jurisprudence islamique, aucune

initiative de corriger les approches passéistes qui ne sont guère adaptées aux

nécessités de l’époque actuelle. Le fait de fonder une tribune qui unit la critique aux

approches nouvelles d’une exégèse religieuse innovante et des moyens neufs pour

s’opposer à l’hystérie des assassinats et de la violence, ce fait pourrait unir les

musulmans, les non-musulmans et les chercheurs dans le domaine religieux afin de

présenter une vision innovante des moyens susceptibles d’endiguer la vague radicale.

Et peut-être que la réforme de l’islam viendra de la réforme des affaires des

musulmans d’Europe et à travers l’institution européenne.

Ce qui arrive en Syrie et en Irak et l’enrôlement de jeunes européens pour aller dans

les zones de tensions traduit l’aggravation de la crise économique et exprime la

fragilité des populations immigrées en Europe, surtout celles de seconde et de

troisième génération. Ces communautés fragiles économiquement et culturellement

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ont besoin de soutien car elles sont soumises aux campagnes de propagande qui

profitent de l’échec partiel des politiques d’intégration des immigrés dans un cadre

marqué par la rétraction du rôle social et culturel de l’Etat. C’est pour cela que nous

faisons les recommandations suivantes :

Les états européens doivent abandonner cette position pseudo-culturelle qui refuse

toute intervention dans la question islamique sous prétexte de respect des sentiments

des musulmans et de leur droit à la liberté de conscience. En effet, le refus d’aborder

le sujet et de pousser les études à son propos en vue de construire une meilleure

connaissance des problématiques de l’islam avec ses différentes composantes,

doctrines et confessions a conduit à un abandon pur et simple de la communauté

musulmane, dont une bonne partie souffre de marginalisation et d’exclusion sociale,

ce qui en fit une proie facile des réseaux d’enrôlement pour la Syrie de personnes

perdues et désœuvrées économiquement ou spirituellement, qui n’ont aucune

perspective d’avenir dans les pays européens, bien qu’ils y soient nés et y aient

étudié. Toutefois, dans certaines institutions privées londoniennes destinées aux

musulmans on distribue des livres qui expliquent comment couper la main du

voleur !). En somme, il faudrait trouver un moyen pour lancer un débat sérieux sur

l’adaptation des communautés musulmanes aux lois des pays européens. Les

musulmans d’Europe doivent être ceux qui s’engagent le plus dans ce processus et

doivent encadrer les jeunes de façon à éviter les pièges du radicalisme religieux. Nous

signalons à ce propos qu’il faudrait revoir les mécanismes de désignation des

représentants officiels de la communauté musulmane avec qui traitent les Etats et qui

ne sont plus maîtres parfois des moyens de communication efficaces avec les

membres de la communauté qu’ils sont censés représenter.

4. La réforme du système éducatif

La réforme des programmes éducatifs en Europe, en se focalisant sur ceux de l’école

primaire et secondaire ; l’enseignement devrait être centré sur l’intégration des

communautés de migrants musulmans incluant des activités impliquant les parents, de

sorte qu’elles intègrent très tôt le respect des lois en vigueur dans les pays de

résidence.

Concevoir des programmes de formation qui se basent sur des approches scientifiques

et qui respectent les standards internationaux des droits de l’homme.

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Proposition de l’IDH pour un

Centre Tunisien de Réhabilitation et d’Intégration des revenants des zones de conflits

Emna Jeblaoui Directrice de L’Institut International de Développement Humain- IDH [email protected]/[email protected]

Ce document s’insère dans le cadre de notre interaction avec les efforts fournis pour lutter contre le terrorisme, au sein de notre association, l’Institut International de Développement Humain- L’IDH, efforts qui visent à appuyer et à concrétiser la stratégie nationale signée le 7 novembre 2016. Après consultation des expériences comparées et des bonnes pratiques, nous présentons le résultat d’un effort de recherche qui a duré deux mois et dont l’objectif était de proposer la création d’une structure que nous nommerons à titre hypothétique « Centre Tunisien de Réhabilitation et d’Intégration des Tunisiens revenants des Zones de Conflit », en observant que cette structure s’occuperait des personnes revenus des zones de conflits qui n’ont pas été impliquées dans des crimes de sang, de port d’armes ou de mercenariat, ceux qui y ont été impliqués devant évidemment, de notre point de vue, affronter d’abord les sanctions pénales en vertu de la loi tunisienne contre le terrorisme adoptée en Aoùt 2015. Nous commençons par introduire 11 recommandations autour des priorités d’une stratégie de réhabilitation et des priorités d’une méthodologie pour un fonctionnement efficace d’un centre de réhabilitation.

1. Le rôle des autorités locales Il faut insister sur le rôle des autorités locales, les encadreurs, les médiateurs sociaux et les représentants de la société civile, qui doivent assister le centre de réhabilitation par leur expertise, en s’occupant de trois catégories de personnes :

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Les personnes à risque de radicalisation : ce sont notamment ceux qui souffrent de vulnérabilité économique, sociale ou psychologique.

Les personnes interdites de voyage : ce sont généralement des jeunes et des adolescents qui ont été repérés dans les frontières et interdits de partir vers les zones de conflits.

Les personnes réhabilitées et libérées : c’est à dire qui ont achevé avec succès le programme de réhabilitation et qui sont rentrées auprès de leurs familles et leur environnement social, les représentants des autorités locales compétentes, après avoir reçu la formation nécessaire, pour poursuivre l’encadrement des réhabilités.

Il faut par ailleurs veiller à la création du poste de Délégué de Réhabilitation et d’Intégration dans chaque gouvernorat qui œuvre sous la tutelle du centre. Il est aussi impératif d’être attentifs aux cortèges d’inhumation des morts dont les dépouilles sont rapatriées des zones de conflit ou après un attentat terroriste : Cette action doit se faire dans le cadre de la réhabilitation des familles et de l’environnement immédiat des personnes rentrées des Zones de Conflit, tout en insistant sur le respect dû à ces familles et à leurs vies privées et tout en soulignant qu’un environnement de recrutement l’est souvent pour plus d’une personne d’un même quartier ou bien d’une même famille. A cet égard, les funérailles sont souvent une occasion de rassemblement et de propagande si elles ne sont pas encadrées ; les imams et des dignitaires du quartier ou du village doivent souligner à cette occasion que le combattant revenu de Syrie ou d’ailleurs a commis une erreur et qu’il est loin d’être un héros. Si cet encadrement et ce soutien à ces personnes, victimes de leur méconnaissance de la religion, ne sont pas bien effectués, le revenant de zone de conflit décédée pourrait être acclamé comme un héros ou un martyr du djihad, alors qu’en réalité il n’est qu’un instrument et une victime de luttes politiques.

2. Un numéro vert pour les alertes Ce numéro doit recevoir les alertes des familles sur les cas de radicalisation alors qu’ils sont à leurs débuts, en vue de prendre les mesures de prévention avant que l’individu concerné ne s’inscrive totalement et définitivement dans le système de l’extrémisme violent.

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Il servira aussi à écouter les victimes de l’enrôlement et du départ vers les zones de conflits qui sont de retour et qui désirent suivre les programmes de réhabilitation.

3. Une campagne d’exhortation à une auto-dénonciation auprès des policiers restituer les armes (cette proposition doit être évidemment évaluée par les experts) Dans le cadre du soutien à l’effort national contre le terrorisme, nous proposons de réfléchir à la question du désarmement des personnes désirant rentrer à travers les frontières libyennes, par le biais du lancement d’une campagne de restitution des armes qui propose des règlements incitatifs à ceux qui remettent volontairement leurs armes. On peut penser à un mécanisme de grâce pour celui qui trouve les armes et les remet aux autorités, sans qu’il ait été impliqué dans des faits de violence. L’intéressé ne craindrait alors aucune sanction lors de cette restitution et ne ferait de déclaration que s’il est volontaire.

4. L’autonomie financière et administrative du centre

Nous recommandons d’œuvrer à l’autonomie financière et administrative du Centre afin d’éviter les difficultés qui peuvent en entraver le fonctionnement à cause de procédures bureaucratiques, surtout que son action exige souvent une certaine célérité opérationnelle.

5. La création d’une unité d’archives et d’une bibliothèque La mise en place d’une stratégie intégrée, au sein de laquelle tous les intervenants assument des rôles, exige la présence d’une unité de documentation au sein du centre dont le rôle serait de réunir des archives importantes.

6. Un programme de prévention de l’enrôlement L’Etat doit être soutenu dans son action par le lancement d’une grande campagne nationale qui réunisse les principaux intervenants, dont notamment les organisations de la société civile oeuvrant dans le domaine de

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la protection des adolescents et des jeunes menacés par le risque du recrutement.

7. Un programme de mise à niveau du système carcéral en rapport avec l’accueil des personnes rentrées des zones de conflits. Il faut réfléchir aux mécanismes d’accueil de cette catégorie et mettre à niveau le personnel carcéral pour que cet accueil réponde aux normes des meilleures pratiques internationales.

8. Un programme de mise à niveau des imams détachés auprès du centre. L’unité de recherche du centre doit proposer, en sa basant sur les compétences des spécialistes en civilisation et en anthropologie des religions et sur l’appui des imams éclairés, des mécanismes pour réformer le discours religieux, et ce à travers la réforme du système de formation des imams et des prêcheurs, dont nous remarquons qu’il tend à promouvoir l’idéologie wahhabite plus qu’il ne s’attache aux sources du malikisme doctrine suivie par les musulmans au Maghreb ; l’expérience marocaine dans la formation des imans pourrait être une source d’inspiration, à cet effet. Il faut également être attentifs aux courants religieux qui attirent les personnes en phase de réhabilitation, les comprendre et en démonter les discours, en tirant profit des récits des repentis.

9. La mise en œuvre d’une stratégie de guerre de communication

opposée au terrorisme. Il nous paraît essentiel d’intervenir sur le plan de la communication dans ses deux composantes : médias classiques et réseaux sociaux et cybernétiques. Il est nécessaire à ce propos de travailler avec des professionnels et des spécialistes afin de mettre en place une campagne de propagande opposée à celle des djihadistes, lancer des plans de contre-propagande à leurs visées, et ce, à travers l’information, la culture religieuse éclairée ou la satire et en tournant en dérision les tenants du radicalisme. Cela pourrait être fait en essayant d’appréhender les raisons de l’attraction exercée sur les jeunes par ces mouvances : l’esprit d’aventure, l’attraction par le crime et par des personnages violents et extrémistes.

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Cela pourrait se faire aussi par la mise en place d’une télévision et de programmes de bon niveau, qui répondent aux interrogations des jeunes concernant les problématiques de l’identité et de la religion, pour les récupérer de l’influence exercée par les chaînes de télévision de propagande djihadiste de mauvaise qualité. Il est nécessaire de concevoir des discours efficaces opposés aux radicalismes de tout genre sur Twitter, Facebook et YouTube ; et pour mettre en place une stratégie efficace de prévention du radicalisme, il faut noyer le cyberespace et ne pas laisser le champ libre aux barons du recrutement qui cherchent à enrôler les jeunes qui souffrent d’une certaine vulnérabilité économique et psychologique. Des personnalités célèbres et publiques tels que les artistes jouissant d’une grande popularité peuvent enrichir cette campagne et lui garantir les chances de succès en usant de leur popularité auprès de leurs admirateurs sur les canaux dont ils usent d’habitude.

10. Proposer des unités de réhabilitation dans le sud, Rjim Maatoug, par

exemple, pour les individus qu’il est impossible de réhabiliter dans le centre pilote. Il est nécessaire d’alterner l’approche souple et celle dure, car il est inconcevable de soumettre la patrie au danger réel de récidive et de rechute des réhabilités dans l’extrémisme violent. On pourrait aussi concevoir des lieux de travail, usines ou autres, où les réhabilités pourraient profiter et participer à produire le fruit de leur labeur pour payer les couts élevés de leur réhabilitation.

11. Promulguer des dispositions légales efficaces. II faudrait travailler avec un expert des questions juridiques à concevoir des dispositions légales et des sanctions dissuasives pour la traite des êtres humains, à l’encontre de ceux qui sont impliqués dans le recrutement, le financement et le transfert des combattants dans les zones de conflits, surtout quand il s’agit de mineurs.

12. La création d’une unité de recherche et de formation d’un haut niveau au sein du Centre.

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L'unité concernée s’occuperait de nombreux aspects et réaliserait des études confidentielles et d'autres, accessibles au public, ce qui permet de publier des bulletins périodiques. Des professeurs spécialistes de la question et intéressés au sujet, pourraient y être détachés ; des incitations supplémentaires pourraient être prévues pour encourager les chercheurs à produire des études de haut niveau scientifique. L’unité en question s’attèlerait également à l’analyse des phénomènes dans leur évolution constante, de manière à pouvoir proposer des stratégies de réadaptation appropriées. Elle œuvrerait, en collaboration étroite avec le comité de réhabilitation et d’encadrement, à la réalisation de certaines expériences, en fonction de sa connaissance sur le terrain des besoins de la catégorie ciblée, c’est à dire, celle des candidats à la réhabilitation. L'objectif de la création de cette unité est de développer des stratégies et des plans d'action grâce à la mise en place d'un laboratoire pilote de recherche scientifique. L’action du laboratoire doit respecter la constitution du pays et les normes internationales afin de trouver les meilleures solutions pour la réhabilitation des combattants rapatriés des zones de conflits et en attendant qu’une une stratégie nationale à long terme, visant à éradiquer la propagation du radicalisme et de l'extrémisme religieux en Tunisie, soit mise en place. Notre pays a besoin en effet, d'une stratégie efficace pour endiguer cette vague criminelle en rapport avec le radicalisme religieux. L’unité œuvre à :

a. Un programme de réhabilitation des familles et de l’environnement immédiat des réhabilités.

L’environnement d’accueil ou la communauté d’accueil du réhabilité après sa sortie du centre est l’une des causes de la réussite ou bien de l’échec de la réhabilitation ou du risque de récidive. Pour cette raison, il faut accorder une importance de premier ordre à cet aspect et créer une unité qui procède à l’écoute les familles et à leur réhabilitation, surtout les mères et les épouses des intéressés. Les familles et toutes les composantes de la société doivent partager cette responsabilité et participer à cet effort avec l’Etat. Il est aussi important de tirer profit des récits des repentis et de leurs familles et des narratifs et témoignages de ceux dont le cycle de réhabilitation s’est achevé avec succès.

b. Le rôle des victimes et des repentis dans le programme de réhabilitation.

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Il est essentiel de tirer profit des témoignages des victimes car ils montrent la réalité de la violence et du crime causé par les interprétations tendancieuses du concept de « djihad » et de nombreux autres concepts. Il serait probablement utile également que les repentis s’expriment sur leurs parcours depuis le recrutement jusqu’à la déception, en passant par le voyage. Ils sont en effet capables d’aider les spécialistes et les experts à améliorer les arguments et le discours en vue de convaincre les rapatriés, surtout ceux interdits de voyage pour profiter et s’inscrire au programme de réhabilitation.

c. La réhabilitation des mineurs impliqués dans les combats Il est impératif de réserver des programmes spéciaux aux enfants et aux adolescents mineurs qui ont été impliqués dans ces départs vers les zones de tension (cf. modèle du Rwanda) en collaboration avec les services de l’enfance.

d. Concevoir des mécanismes d’évaluation cyclique des méthodes de travail adoptées Le Memorandum de Rome de réhabilitation et de réintégration des rapatriés des zones de tension insiste sur 25 points qui définissent les bonnes pratiques dans le domaine ; parmi ces points figure celui de la nécessité d’effectuer des mesures précises des résultats de la réhabilitation et de concevoir des plans d’évaluation des méthodologies de réhabilitation expérimentales adoptées.

e. Les expériences comparées Il s’agit de tirer profit de certaines expériences comparées qui ont connu des succès et prendre connaissance des différentes stratégies adoptées en Arabie Saoudite, au Yémen, en Egypte, au Danemark et en Allemagne, en plus de certaines expériences effectuées sous l’égide des Nations Unies, et ce en invitant des experts de ces pays dans le cadre de conférences et de cycles de formation de haut niveau.

f. Les partenariats

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Il importe d’établir des partenariats avec certaines organisations spécialisées : les Nations Unies, l’OSCE, DCAF, GFTF, World Bank, OCDE, ODIHR …

13. Une stratégie nationale axée sur une approche intégrée

Il est essentiel de mettre en place une stratégie nationale intégrée qui comprend des représentants des ministères de l’éducation, de la culture, de la jeunesse et des sports, des affaires sociales, des affaires religieuses, du travail et de la femme (corps des Délégués de l’enfance menacée), en plus des ministères de souveraineté, ceux de la Justice de la Défense et de l’Intérieur. Et dans le cadre de l’approche à long-terme il est impératif de :

Concevoir des programmes éducatifs adaptés (religieux et historiques, monitoring des discours et des prêches dans les mosquées et dans les chaînes YouTube …)

Concevoir des programmes culturels adaptés

Préparer des programmes de mise à niveau économique et sociale

Concevoir des programmes de réhabilitation psychologique

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LE RÔLE DE LA FEMME DANS

LA LUTTE CONTRE L’EXTRÉMISME VIOLENT EN TUNISIE

UN MAPPING DES 9 MEILLEURES PRATIQUES

Réalisation : Dr. Emna Jeblaoui 2

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Ce travail tente de faire le point, de manière initiale, sur les bonnes expériences en matière de

lutte contre l'extrémisme violent en Tunisie. Il fait également la lumière sur le du rôle joué par

les femmes dans ces expériences, et ce, à travers des formulaires et des fiches documentant

quelques pratiques qui répondent à certains critères qui seront présentés dans le présent

document. Force est de reconnaître que des bonnes pratiques, en matière de lutte contre

l'extrémisme violent, existent bel et bien au niveau international. Cette recherche, toutefois, se

propose de considérer les expériences tunisiennes dans ce domaine et de collecter une

matière qui concerne les meilleures pratiques réalisées. Nous nous réfèrerons

occasionnellement aux meilleures pratiques d’autres pays, afin de les comparer à l'expérience

et aux pratiques tunisiennes. La voie qui doit mener à la conception de méthodes et de

stratégies qui peuvent être désignées comme de bonnes pratiques concernant notamment la

participation des femmes à la lutte contre l'extrémisme et à une approche du thème de

l'extrémisme violent fondée sur le genre, est encore longue et épineuse. Ainsi, les bonnes

pratiques doivent répondre à des conditions méthodologiques et à des critères spécifiques aux

domaines d’intervention dans les thèmes prioritaires.

Cet article s’inscrit dans le cadre du suivi des campagnes de plaidoyer et de lobbying menées

par la société civile en vue de voir naître des politiques publiques appropriées concernant la

question du terrorisme et de l'extrémisme. Il s’inscrit aussi le cadre des quelques expériences

et pratiques issues d’initiatives prises par les femmes ou de celles basées sur une approche

fondée sur le genre et qui mettent l'accent sur la nécessité de donner aux femmes l'importance

2 Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un projet dirigé par un centre régional : Centre de la Femme Arabe pour la

Formation et de la Recherche.

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qu'elles méritent, aussi bien dans les centres de décision que dans le travail de terrain, sur la

question de la lutte contre l'extrémisme.

Ces pratiques sont rares et assez neuves pour la société civile tunisienne, qui est une société

civile forte et organisée. En effet, les organisations de la société civile tunisienne ont acquis

une bonne expérience dans le domaine des droits de l'homme, en particulier dans les

initiatives de défense des droits civils et politiques, dans celles des droits des femmes, dans

le domaine du suivi des élections et

de l’action constituante et législative parlementaire. Cette expérience à été acquise sur

plusieurs étapes : avant 2011, pour les droits de l'homme et les droits civiques et politiques, et

après 2011, pour le suivi des élections et des travaux du Conseil législatif. Cependant, les

expériences et les initiatives lancées par la société civile pour se prémunir de l'extrémisme et

l’affronter, demeurent un fait nouveau, à l’égard duquel celle-ci possède très peu

d'expérience. Il était donc nécessaire de commencer à opérer un suivi de certaines initiatives

embryonnaires auxquelles manquent parfois certaines conditions méthodologiques qui

permettraient de les classer parmi les bonnes pratiques, selon les normes et critères que nous

avons conçus.

Les conditions méthodologiques nécessaires aux bonnes pratiques

Parmi les conditions méthodologiques nécessaires aux bonnes pratiques, figure en bonne

place la réalisation, de résultats concrets et d'un impact positif. Ces pratiques représentent des

expériences à prendre pour modèles. Une bonne pratique c’est avant tout une expérience

réussie, évaluée et dont l’efficacité a été prouvée à grande échelle et à plusieurs reprises ;

alors seulement, elle acquiert la légitimité d’être dupliquée et adoptée par le plus grand

nombre possible de personnes, d’organisations et d’associations.

Critères établis pour une bonne pratique

1. Le critère de l’efficacité : réaliser de bons résultats

Une bonne pratique est une pratique à travers laquelle est démontrée l’importance

stratégique du moyen le plus efficace pour atteindre un objectif spécifique ; c’est une

pratique qui a été adoptée avec succès et qui, de ce fait, a eu un impact positif sur les

individus et / ou les groupes.

2. Le critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

C’est le fait que l'idée de la pratique réussie soit innovante et pionnière dans un

domaine spécifique.

3. Le critère de la durabilité

C’est le fait pour la pratique en question d’avoir un impact positif et tangible, par

l'amélioration des conditions de vie des citoyens en général ou bien d’une catégorie

sociale donnée.

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4. Le critère du respect de l’approche basée sur le genre

.

La pratique en question doit souligner le fait que les parties concernées, c’est à dire les

hommes et surtout les femmes impliqués dans ce processus, ont pu améliorer leurs

conditions de vie.

5. Le critère de la viabilité et de faisabilité

La pratique en question doit être adaptée aux conditions locales, renfermer un

potentiel d’amélioration et d’évolution et être facile à appréhender et à mettre en

œuvre. Elle doit avoir un rendement matériel et moral tangible et mesurable.

6. Le critère de la participation

Le critère de l’approche participative est un critère fondamental pour décider si une

pratique est de qualité ou pas.

7. Le critère de la pratique adaptable et reconductible

Les « bonnes pratiques » peuvent être reconductibles, et doivent donc être adaptables

dans différents contextes, afin de répondre aux mêmes objectifs.

Expérience 1

L’intitulé de l’expérience

/ de la pratique

L’Union Nationale de la Femme Tunisienne annonce la

formation d’une coalition associative3.

Présentation du thème de

l’expérience / de la

pratique et de ses

objectifs

L’Union s’inscrit dans l’effort national pour la lutte contre le

terrorisme, l’extrémisme idéologique et religieux et contre

toutes leurs motivations.

3 alchourouk.com / 11492/15/1, séminaire : Quel rôle pour la femme et pour la jeunesse face au terrorisme ? html

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Situation et contexte

général

L’UNFT a cherché à lutter contre le terrorisme et à affronter

l'extrémisme idéologique et religieux, à travers l'organisation

d'un séminaire international le 16 Juin 2015, sur le rôle des

femmes et des jeunes dans la lutte contre le terrorisme et

l’extrémisme violent. Ce séminaire visait à sensibiliser les

femmes tunisiennes au rôle qu’elles jouent dans la société et à

leur permettre de comprendre tout ce qui contribuerait à

appréhender ce phénomène, à l’analyser, à en démonter les

mécanismes et à y faire face évidemment.

Législations

Ce séminaire s’est tenu en concomitance avec les délibérations

de l’Assemblée des Représentants du Peuple sur la loi contre le

terrorisme qui a été votée le 7 août 20154, après de nombreuses

péripéties et tensions. Cette loi est considérée comme un cadre

législatif adopté par l’ARP pour permettre aux institutions de

l’Etat de relever les défis juridiques que présente cette

question. Elle organise plusieurs aspects se rapportant au sujet,

dont nous citons la création de la Commission Nationale de

Lutte contre le Terrorisme, sous l’égide de la présidence du

gouvernement, la mise en place du Pôle Judicaire de Lutte

contre le Terrorisme qui réunit des représentants des ministères

compétents en plus de juges. Des milliers de dossiers ont été

soumis à l’examen de ce pôle.

Les mécanismes

institutionnels

La formation d’une coalition associative composée de l’UNFT

avec la collaboration de l’Organisation Arabe de la Famille et

de l’organisation Al Watan de la jeunesse libyenne, sous

l’égide de l’Union de la Jeunesse Arabe a été annoncée.

Le contexte économique,

social, politique

Cette initiative a été lancée en rapport avec la transition

politique en Tunisie dans un contexte économique et social

délicat et fragile.

Les éléments

fondamentaux de

l’expérience / de la

pratique

1. l’origine de l’initiative : l’Union Nationale de la Femme

Tunisienne.

2. Les ressources humaines mises en œuvre : l’UNFT n’a

pas consacré de ressources humaines à temps plein pour

assurer le suivi de l’initiative de cette coalition

associative.

3. Les ressources financières : aucun budget, en dehors de

celui alloué au séminaire international, n’a été réservé à

cette coalition. Il conviendrait d’insister sur le besoin d’un

4 https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/documents/Loi_2015_26_fr.pdf

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appui financier à l’UNFT afin qu’elle puisse assurer une

gestion effective et réussie de ce genre d’expérience.

Couverture

géographique de

l’expérience / de la

pratique

Au plan national

Le séminaire a été organisé à Tunis, mais l'Union Nationale des

Femmes Tunisiennes, au cas où des ressources humaines et

financières seraient disponibles, pourrait étendre cette initiative

à plus d'une région, dans les différents gouvernorats de la

République,

Le processus de

l’expérience / de la

pratique

1. Les étapes de réalisation

Dans le cadre des campagnes de plaidoyer et de lobbying

organisées par la société civile en vue de faire adopter des

politiques publiques appropriées face à la question du

terrorisme et de l'extrémisme et dans le cadre des quelque

rares expériences initiées par les femmes, ou bien qui sont

basées sur l'approche fondée sur le genre et qui mettent

l'accent sur la nécessité de donner aux femmes l'importance

qu’elles méritent à la fois dans les cercles de prise de décision

et dans l’action de terrain, dans la lutte contre l’extrémisme :

« La présidente de l’UNFT, Radhia Jerbi a mis en exergue, à

travers le quotidien tunisien « Alchourouk », l'importance du

rôle de la femme au niveau de la sensibilisation au phénomène,

au sein du foyer et sa contribution à la lutte contre ses avatars

par son action d’encadrement des jeunes. Elle a ajouté qu’un

espoir doit être donné aux jeunes en contribuant à résoudre

certains problèmes tels que l'abandon précoce des études, à

fournir des opportunités de formation et d’emploi aux jeunes et

à diffuser dans leurs rangs la culture et les arts tels que la

peinture, la musique et le théâtre. Elle a noté que l'UNFT

oeuvrait à mettre en place un centre de la famille à la Cité

Elkhadra assurant de nombreuses activités.

Elle a ajouté que l'Union exhortait le gouvernement à accélérer

la convocation d'une conférence nationale pour la lutte contre le

terrorisme et l’extrémisme violent à laquelle participeraient

toutes les composantes de la société civile et politique. Elle a

insisté aussi sur la nécessité de neutraliser le discours religieux

et de mettre hors la loi toutes les associations suspectes et les

organismes qui oeuvrent au démantèlement de l’Etat, d’assurer

un contrôle étroit des établissements d'enseignement, tels que

les écoles et des jardins d'enfants qui ne sont pas soumis aux

programmes officiels, la mise en place d'un système éducatif

civil et moderniste qui s’abreuve de notre patrimoine arabe

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lumineux et des lumières universelles. L’UNFT appelle

également l’Assemblée des Représentants du Peuple à la

ratification de la loi anti-terroriste et à œuvrer à prévenir le

blanchiment d'argent et la contrebande. Elle invite toutes ses

structures (celles de l’UNFT) à unifier les efforts et à se

concentrer sur la dimension culturelle et sur la promotion d’une

pensée alternative de progrès et d’une culture de la vie, afin de

vaincre la culture de la mort. Elle appelle à la promotion du rôle

des femmes dans la résistance aux menées de déstabilisation et

de démantèlement de nos sociétés5.

2. Résultats de l’évaluation intermédiaire si disponibles

La formation de cette coalition est une pratique qui peut être

classée parmi les bonnes pratiques en Tunisie concernant la

lutte contre le terrorisme et le rôle qu’y joue la femme, surtout

que ces initiatives demeurent extrêmement rares et assez

neuves pour les associations de la société civile tunisienne.

3. Les parties prenantes (ministères, organisations civiles,

organisations régionales et internationales)

L’Observatoire National de la Jeunesse, le Ministère de la

jeunesse, l’Organisation Arabe de la Famille, l’Union de la

Jeunesse Arabe

Les résultats de

l’expérience / de la

pratique

Les résultats

Le Congrès National contre le Terrorisme et l’Extrémisme

violent n'a pas eu lieu, malgré les efforts fournis dans le cadre

de cette initiative. Bien que des actions aient été initiées en

vue de

neutraliser le discours religieux, faire pression sur les

associations suspectes visant au démantèlement de l’Etat et

contrôler leur financement, actions promues par l'initiative, des

efforts supplémentaires doivent encore être faits dans ce sens.

L’initiative ayant appelé de ses vœux un plus grand contrôle

sur les établissements d'enseignement, écoles et jardins

d'enfants, qui ne sont pas soumis aux programmes officiels

et d’œuvrer à l’instauration d’un système éducatif civil et

moderniste qui s’abreuve aux sources de notre patrimoine arabe

5 alchourouk.com / 11492/15/1, séminaire : quel rôle de la femme et de la jeunesse face au terrorisme ? html

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lumineux et des lumières universelles, force est de constater

que le chemin à parcourir est encore long avant la réalisation de

ces objectifs et que des efforts doivent être fournis pour assurer

le suivi de ces questions.

Le changement enregistré

La Loi antiterroriste a été ratifiée en Août 2015, soit six

semaines après l'initiative organisée par l'Union Nationale des

Femmes Tunisiennes.

L’effet démultiplié de

l’expérience / de la

pratique

Cette expérience peut être considérée comme satisfaisante pour

certains aspects et améliorable pour d’autres. En effet elle est

susceptible d’être adaptée à d’autres défis et elle est

reconductible en vue de réaliser des objectifs similaires dans le

cadre de l’affermissement du rôle des femmes dans lutte contre

l'extrémisme. Ainsi, la création d'une coalition régionale, la

conjugaison des efforts des femmes et des jeunes et

l'organisation de séminaires qui donnent lieu à des

recommandations à l’intention des décideurs politiques,

constituent une approche qui peut être reproduite et dupliquée.

La conformité aux

critères de choix : innovation /

participation / caractère

reconductible /

continuité et durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères cités ci-

dessous, à l’exception du critère N° 3, celui de la durabilité, vu qu’aucune trace ne documente un suivi de cette expérience.

1. Le critère de l’efficacité et de la réalisation de résultats

satisfaisants.

2. Le critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Le critère de la durabilité

4. Le critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Le critère de la prise en compte du genre.

6. Le critère de la participation

7. Le critère du caractère adaptable et reconductible

Mots clés de

l’expérience / de la

pratique

(Prière de cocher les

cases adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association ☐

Participation de la femme au gouvernement local ☐

Administration d’une page facebook ☐

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

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Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle ☐ théâtre ☐ cinéma ☐ musique ☐

Lutte contre la violence sur les femmes

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / Sécurité

Expérience 2

Intitulé de l’expérience

/ de la pratique

Le Groupe des Intellectuels Tunisiens et son rôle dans la lutte

contre l’extrémisme.

Présentation du thème

de l’expérience / de la

pratique et de ses

objectifs

Le Congrès des Intellectuels Tunisiens contre le Terrorisme 6

Le mot d’ordre du congrès fut celui de : « Les femmes et les

hommes de Tunisie fondent une culture nouvelle ».

Quarante intellectuels et hommes de culture ont exprimé

leurs vues concernant la lutte contre l’extrémisme, pour faire

entendre leur voix, concernant un sujet sur lequel beaucoup

se sont murés dans le silence.

Le même groupe a organisé une manifestation qui eut pour

slogan « Touche pas à ma Tunisie », avec lecture du texte

des vœux pour l’année 2016, au pied du mont Chaambi, en

compagnie de l’armée nationale, des forces de sécurité et de

la douane et de 250 enfants venus de 5 écoles des villages de

la région Chaambi.

Contexte général et

Législations

Ce congrès s’est tenu le 12 août, c’est à dire juste après la

ratification de la loi sur le terrorisme, le 7 août 2015 et de la loi

fondamentale pour la lutte contre le terrorisme 7 après de

longues péripéties et tensions. Cette loi est un cadre législatif

adopté par l’ARP qui permet aux institutions de l’Etat de

répondre aux défis juridiques que pose la question.

Cette expérience, malgré son importance et l’originalité de son

6 http://bit.ly/2ll1U1v 7 https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/documents/Loi_2015_26_fr.pdf

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33

Mécanismes

institutionnels

approche, n’a pas été menée sous l’égide d’une quelconque

institution traditionnelle ; elle est toutefois digne d’intérêt en

tant que forme nouvelle de l’action civile. Le congrès a été

organisé à l’initiative d’un groupe d’intellectuels tunisiens dont

nous citons : Raja Ben Slama, Dalinda Larguech, Zahia

Jouirou, Ikbel el Gharbi, Kmar Ben Dana, etc.

Un groupe d’intellectuels tunisiens contre le terrorisme et

l’extrémisme.

Contexte économique,

social, politique

Cette initiative à été lancée dans un contexte de transition politique

en Tunisie et dans une situation socio-économique délicate et

fragile.

Principales ressources

de l’expérience / de la

pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative : Raja Ben Slama,

Hbib Kazdaghli, Dalenda Larguech.

2. Les ressources humaines mises en œuvre Ces ressources se sont fondées sur le volontariat ; l’action a

été menée par des intellectuels et des universitaires.

3. Les ressources financières

Le congrès s’est tenu en août 2015 et a repris ses travaux

en décembre de la même année.

La manifestions « Touche pas à ma Tunisie » avec lecture

du texte de vœux pour l’année 2016 au pied du mont Ech

Chambi en compagnie de l’armée nationale des forces de

sécurité et de la douane.

Couverture

géographique de

l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Gouvernorat du grand Tunis, gouvernorat de Kasserine,

délégation de Kasserine nord.

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Processus de

l’expérience / de la

pratique

1. Les étapes de réalisation

Lancement de l’initiative du groupe des intellectuels tunisiens contre le terrorisme.

Collecte des articles des participants.

Rédaction du rapport général, sa traduction en trois

langues8

Organisation du congrès et lecture du rapport général et de la déclaration finale9.

Lancement de l’initiative « Touche pas à ma

Tunisie » au pied du mont Chaambi10.

2. Résultats de l’évaluation intermédiaire s’il y a lieu.

Briser le mur de la peur et rehausser le moral de l’armée, des forces de sécurité et de la douane.

Rehausser le moral des habitants de Kasserine, enraciner l’esprit patriotique chez les enfants du

mont Chaambi et édifier un rapport de confiance

entre ces enfants et les représentants des institutions

sécuritaires.

3. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations de la société civile, organisations

régionales et internationales)

La manifestation « Touche pas à ma Tunisie » s’est tenue à

l’initiative d’un groupe d’intellectuels tunisiens opposés au

terrorisme, et à leurs côtés, on a enregistré la participation

de la présidence de la république, du Ministère en charge

de la société civile, avec l’appui du ministère de la défense

et la coordination avec le gouvernorat de Kasserine et la

participation d’une tierce partie qui est celle du secteur

privé : l’homme d’affaires Tahar Soula a présenté un appui

matériel et logistique à la manifestation.

Résultats de

l’expérience / de la

Les résultats :

8 http://bit.ly/2kVKQyj 9 http://bit.ly/2kVKQyj 10 Touche pas à ma Tunisie

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pratique

Publication de la déclaration des intellectuels contre le terrorisme.

L’organisation d’une manifestation de solidarité avec l’armée nationale, les forces de sécurité et de la

douane, avec la participation de 250 enfants appartenant

aux écoles des villages du mont Chaambi.

L’évolution enregistrée

Briser le mur de la peur et rehausser le moral des

membres de l’armée, des forces de sécurité et de la

douane.

Rehausser le moral des habitants de Kasserine,

enraciner l’esprit patriotique chez les enfants du mont

Chaambi et édifier un rapport de confiance entre ces

enfants et les représentants des institutions sécuritaires.

L’accord conclu entre la bibliothèque nationale, l’exposition internationale du livre et l’école Boulaaba

en vue de renforcer l’espace de la bibliothèque scolaire

par des livres destinés à l’enfant.

Effet démultiplié de

l’expérience / de la

pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une bonne

pratique, pour certains aspects, et comme une pratique

susceptible d’être améliorée, pour certains autres : c’est une

expérience adaptable à d’autres défis et reconductible dans le

cadre de la réalisation d’objectifs similaires, dans le contexte

du renforcement du rôle de la femme en général, et de la

femme cultivée en particulier, dans la lutte contre

l’extrémisme. En effet, l’organisation du congrès des

intellectuels tunisiens contre le terrorisme et aussi

l’organisation, par le même groupe, de la manifestation

« Touche pas à ma Tunisie », est une expérience susceptible

d’être reconduite et dupliquée.

Conformité aux critères

de choix : innovation /

participation / caractère

reconductible /

continuité et durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères cités ci-

dessous, à l’exception du critère N° 3, celui de la durabilité, vu

qu’aucune autre initiative n’est venue prolonger les deux

premières.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de résultats

satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

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7. Critère du caractère adaptable et reconductible

Mots clés de

l’expérience / de la

pratique

(Prière de cocher les

cases adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association ☐

Participation de la femme au gouvernement local ☐

Administration d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle théâtre ☐ cinéma ☐ musique

Lutte contre la violence à l’égard des femmes

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / institution militaire et sécuritaire /

intellectuels / femme de culture / l’enfant / responsabilité sociale

du secteur privé

Expérience 3

Intitulé de l’expérience

/ de la pratique

Programme d’appui à la société civile PASC

Ateliers de réflexion / action (Action-tank) soutenus par le

programme d’appui à la société civile dans 13 gouvernorats à

commencer par Médenine et de Tataouine, au Sud- Est.

Présentation du thème

de l’expérience / de la

pratique et de ses

objectifs

Le programme d’appui à la société civile – PASC - a adopté

une approche basée sur une méthode participative (bottom

up) qui répond aux besoins de la société civile locale. Après

les événements de Ben Guerdène du 7 mars 2016, un groupe

d’activistes de la société civile se sont empressés de

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demander un appui en vue de lancer des groupes de réflexion

et de recherche (Think-tank) en matière d’extrémisme

violent, en vue de lancer de bonnes initiatives et pratiques,

surtout dans les zones frontalières proches des foyers de

tension. Cette expérience visait à affermir les capacités des

associations locales intéressées par l’action préventive sur la

question de l’extrémisme violent, considérée comme l’un des

quatre piliers de la stratégie nationale pour la lutte contre

l’extrémisme.

Situation et contexte

général : Législations

Mécanismes

institutionnels

Contexte économique,

social, politique

Après les événements de Ben Guerdene du 7 Mars 20161 et

après la recrudescence du phénomène de recrutement des

jeunes tunisiens dans les réseaux extrémistes, il était

impératif que les associations actives dans les affaires

publiques envisagent de présenter leur vision des moyens de

lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, et ce, en émettant

des documents de programmes politiques et des

recommandations et de lancer des initiatives et des activités

susceptibles de réduire ce fléau.

Le programme d’appui à la société civile PASC, qui a été

lancé en 2013, avec le soutien de l'Union Européenne.

Cette initiative a été lancée dans un contexte de transition

politique en Tunisie et dans une situation socio-économique

délicate et fragile.

Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative :

Un ensemble d’associations avec l’appui du

programme de la société civile PASC.

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

La direction du programme de la société civile PASC

et les coordinateurs régionaux du programme dans les

gouvernorats prioritaires.

3. Les ressources financières

Le budget alloué aux coordinations régionales du

PASC avec quelques ressources allouées à l’invitation

d’experts compétents en matière de déconstruction du

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phénomène de l’extrémisme violent et d’expériences

comparées que la société civile mène pour s’en

prémunir.

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

L’expérience a démarré au bureau de Mednine –

Tataouine du Programme d’Appui à la Société Civile,

celle-ci devant être ensuite étendue aux bureaux de Gafsa,

Tozeur, le Kef et Tunis, etc.

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

Les ateliers de travail des associations ont démarré en

avril 2016 et se sont poursuivis jusqu’en juin 2017,

ateliers de discussion, conférences et cycles de

formation ayant pour objectif d’habiliter les

associations bénéficiaires du projet à lancer des

initiatives d’activités de prévention de l’extrémisme

qui soient professionnelles et qui répondent aux

critères des meilleures pratiques adoptées dans

d’autres pays.

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations civiles, organisations régionales et

internationales)

PASC Le programme d’appui à la société civile et aux

associations locales dans les régions.

Résultats de l’expérience /

de la pratique

Les résultats

Après six séances de formation, le groupe ciblé acquiert

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une bonne connaissance des moyens de développer la

stratégie d’action de la société civile locale, en vue de

lutter contre l'extrémisme et le terrorisme. Cette stratégie

est basée sur une approche qui met en avant la

compréhension des spécificités locales et qui propose des

solutions précises basées sur l’approche micro.

Le changement enregistré

Les associations locales ont acquis la capacité de

démonteler le phénomène de l'extrémisme violent et de

maîtriser les processus de détection des alertes précoces,

susceptibles de sauver nombre des jeunes ciblés par les

menées de l’enrôlement des jeunes dans les réseaux

extrémistes.

L'accent a été mis sur la nécessité de prendre en compte

l'approche fondée sur le genre et de donner une large place

à la participation des femmes aux ateliers organisés ; cette

approche a obtenu un franc succès, surtout si l’on

considère que l’expérience a démarré dans les

gouvernorats du sud connus pour un certain conservatisme

de leurs populations et où la répartition des rôles entre

homme et femme n’encourage pas habituellement les

femmes à travailler ou bien à agir en dehors du rôle

traditionnel qui lui est dévolu en tant que mère ou

maîtresse de maison.

Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une bonne

pratique, pour certains aspects, et comme une pratique

susceptible d’être améliorée, pour certains autres : c’est une

expérience adaptable à d’autres défis et reconductible dans

le cadre de la réalisation d’objectifs similaires, dans le

contexte du renforcement du rôle de la société civile et de la

femme dans la lutte contre l’extrémisme. En effet, la

création d’ateliers locaux de réflexion qui réunissent les

associations les plus intéressées par la question de

l’extrémisme violent, en vue de concevoir des stratégies

locales de lutte contre le terrorisme, est une approche

susceptible d’être reconduite et dupliquée.

Conformité aux critères de

choix : innovation /

Cette expérience, susceptible de figurer parmi les bonnes

pratiques, répond à la plupart des critères cités ci-dessous.

Remarquons que le critère de la durabilité reste lié à la

question du financement alloué à la prévention de ce

phénomène ; le financement peut apporter un grand élan

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participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

aux associations intéressées et au PASC

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

Mots clés de l’expérience /

de la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association

Participation de la femme au gouvernement local

Administration d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle théâtre ☐ cinéma ☐ musique

Lutte contre la violence à l’égard des femmes ☐

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / sécurité / société civile locale

Expérience 4

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

Ligue Nationale Tunisienne de la Femme Policière –

LNTFP

La mise en exergue du rôle de la femme dans les secteurs de

l’armée et de la sécurité.

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Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

La Ligue Tunisienne de la Femme Policière a pour objectif

premier de mettre en évidence le rôle de la femme policière.

Elle a permis, dans le cadre de son programme, de conclure

des partenariats et ce en vue de consolider les capacités de

la femme policière à travers la participation à des cycles de

formation et en collaborant avec des partenaires tels que le

Centre de Genève pour le Contrôle Démocratique des

Forces Armées - DCAF - et l’Institut du Développement

Humain – IDH -

Situation et contexte

général

Législations

Mécanismes institutionnels

La participation efficace de la femme policière dans

l’atténuation du phénomène de l'extrémisme et dans la

lutte contre le terrorisme, aux côtés de l'homme, et ce,

par la mise en évidence de l’ensemble des réalisations et

par la promotion de l'image de la femme policière qui

opère sur le terrain, assumant certaines responsabilités

dans les institutions sécuritaires.

Cette initiative a été lancée dans le cadre de la transition

politique en Tunisie et dans un contexte sécuritaire

délicat où l’institution sécuritaire devait retrouver une

image positive et ce, à travers la mise en exergue de

l’ensemble des réalisations de toutes ses composantes, y

compris l'élément sécuritaire féminin.

La Ligue Nationale Tunisienne de la Femme

Policière

Contexte économique,

social, politique

Contexte de sécurité

Cette initiative a évolué à la lumière du phénomène

croissant du terrorisme et du besoin urgent de soutenir

les capacités de de la femme policière, dans le cadre de

son rôle dans la sauvegarde de la paix et la sécurité.

1. La partie à l’origine de l’initiative :

La Ligue Nationale Tunisienne de la Femme Policière

– LNTFP11

11 http://bit.ly/2kMsM77

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Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

Les membres de La Ligue Nationale Tunisienne de la

Femme Policière.

3. Les ressources financières

Certains partenaires qui soutiennent les activités de la

Ligue

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Le Grand Tunis, Sousse, Bizerte

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

La mise en valeur du rôle de la femme policière

La conclusion d’accords de partenariat avec

plus d’une association en vue de soutenir les

capacités de la femme policière.

La participation aux séminaires et aux cycles de formation sur les thèmes de la sécurité.

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations de la société civile, organisations

régionales et internationales)

Ministère de l’intérieur

Associations de la société civile

Résultats de l’expérience / de la pratique

Les résultats

L’édification d’un rapport nouveau entre les femmes

sécuritaires et la société civile.

Le changement enregistré

Grace à ses efforts, certaines bonnes pratiques ont vu le

jour récemment, notamment des vidéos et des articles de

presse qui apprécient à sa juste valeur le rôle des femmes

dans le maintien de la paix et de la sécurité : par

exemple: trois femmes soldats de Zarzis ont participé à

l’opération de Ben Guerdene.

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Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains

autres : c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires. Ainsi, la création d'une coalition régionale, la

conjugaison des efforts des femmes et des jeunes et

l'organisation de séminaires qui donnent lieu à des

recommandations à l’intention des décideurs politiques

constituent une approche qui peut être reproduite et

dupliquée

Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous, à l’exception du critère N° 7, celui du

caractère adaptable et reconductible, et ce en attendant la

mise en place d’antennes régionales et locales de la Ligue.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

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Mots clés de l’expérience /

de la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association

Participation de la femme au gouvernement local

Administration d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle ☐ théâtre ☐ cinéma ☐ musique ☐

Lutte contre la violence à l’égard des femmes

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / sécurité

Expérience 5

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

Institut International de Développement Humain IDH

Le rôle de la femme dans la lutte contre l’extrémisme et la

sensibilisation à la résolution de L’ONU N° 1325 : Femme

Paix et Sécurité

Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

L'Institut International du Développement Humain - IDH - a

adopté un choix stratégique pour son programme de travail

sur lequel il a focalisé son attention depuis 2014 ; il a choisi

également de maintenir son intérêt, au cours des trois

prochaines années 2017-2020 pour les recherches visant à

appréhender le phénomène de l'extrémisme et des moyens

de le contrer dans le cadre du soutien aux efforts nationaux

contre le terrorisme, et d'élaborer des programmes de

formation pour soutenir les associations mineures afin

qu’elles contribuent à la prévention de l'extrémisme. L’IDH

concentre, de même, son attention, dans le cadre du

programme de travail cité, sur le paradigme des femmes, de

la sécurité et de la paix. Les efforts de l'association sont

également orientés vers la promotion des normes

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internationales relatives aux droits de l'homme, y compris la

résolution 1325, qui appelle à faire de la femme une partie

prenante dans les efforts visant à faire régner la sécurité et

la paix.

Situation et contexte

général

Législations

L'Institut du Développement Humain a lancé, en Février

2016, la campagne de signature de la Charte des

Citoyennes et des Citoyens pour la Sécurité et la Paix dont

le but était de créer une dynamique de soutien à la

participation efficace de la femme tunisienne aux efforts

nationaux et internationaux pour promouvoir la paix et la

sécurité en Tunisie.

La résolution 1325, approuvée par le Conseil de sécurité en

Octobre 2000, et intitulée « La Femme, la Sécurité et la

Paix » est considérée comme une résolution capitale en vue

de concrétiser les mécanismes d’appui aux efforts de la

femme dans le maintien de la paix et de la sécurité. C’est

une résolution qui engage les états signataires à prendre des

mesures juridiques et financières et à allouer des ressources

humaines pour sa mise en œuvre. La Tunisie n’a pas encore

rejoint le groupe des états ayant conçu et ratifié des plans

d'action nationaux pour son application

Mécanismes institutionnels

Institut International du Développement Humain - IDH -

(International Institute for Human Development)

Contexte économique,

social, politique

Cette initiative à été lancée dans un contexte de transition

politique en Tunisie et dans une situation socio-

économique délicate et fragile

1. La partie à l’origine de l’initiative :

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Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

L’Institut International du Développement Humain -

IDH

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

Les membres et l’équipe de l’Institut.

3. Les ressources financières

Des partenariats avec certaines organisations

internationales AECID et institutions nationales.

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Le Grand Tunis, Sousse, Bizerte, Kasserine

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

Depuis juillet 2014, l'Institut du Développement

Humain a œuvré à réaliser une étude pour appréhender

les causes de l'extrémisme chez les jeunes et faire des

recommandations afin contenir ce phénomène.

L'Institut a organisé, en partenariat avec le Ministère de

la femme et le Bureau Tunisie du Haut-Commissariat

aux droits de l'homme, une conférence internationale,

en février 2016, ayant pour thème : « la femme, la paix

et la sécurité ». Il a, dans le cadre de son programme de

travail et en partenariat avec l'Association Nationale

Tunisienne de la Femme Policière organisé deux stages

de formation à Tunis et à Sousse axés sur la résolution

1325 du Conseil de Sécurité ; soixante femmes du

secteur de la sécurité ont bénéficié de cette formation.

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L’Institut a également programmé de poursuivre le

partenariat avec la Ligue, en vue de former un nombre

supplémentaire de femmes policières au cours de

l'année 2017.

IDH œuvre sur trois fronts à travers le projet « Femme

Paix et Sécurité» qui sont :

A. Mener des recherches et des études pour

comprendre le phénomène de l'extrémisme et

réfléchir à des stratégies nouvelles et innovantes

pour lutter contre l'extrémisme. (approche

globale / Comprehensive approach)

B. Organiser des cycles de formation afin de

soutenir le travail de sensibilisation et prévenir

l’extrémisme

(Prévenir l’Extrémisme Violent / Preventing

Violent Extremism)

C. Produire le discours anti-extrémiste à travers

différents supports et documenter les

témoignages et les récits exemplaires (Récits

Édifiants / Storytelling)

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations de la société civile, organisations

régionales et internationales)

Ministère de la Femme, Programme d’Appui à la

Société Civile, Haut-Commissariat des Droits de

l’Homme, la Société des Démocraties …

Résultats de l’expérience / de

la pratique

Les résultats

L’Institut du Développement Humain a été un pionnier

dans la promotion du paradigme femme et sécurité dans le

débat public et un pionner sur la question de la lutte contre

l'extrémisme et sa prévention. L'Institut a œuvré, en

organisant la conférence internationale « Femme Paix et

Sécurité», à rappeler la nécessité pour toutes les parties

prenantes, qu’elles soient gouvernementales ou bien non

gouvernementales, d’agir à deux niveaux :

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- le premier niveau est celui qui consiste à faire des

femmes une partie prenante dans la prise des décisions

politiques et stratégiques visant à faire face à l'extrémisme.

- le deuxième niveau consiste à faire de la femme un

élément agissant dans la société grâce à des activités et à

des initiatives prises au niveau du travail de terrain.

Le changement enregistré

Dans le sillage de cette action de l'Institut de

Développement Humain consistant à mettre l'accent sur le

rôle des femmes dans la consolidation de la paix, on a

lancé le projet intitulé « Femme pour la Sécurité et la

Paix » 2017 – 2019 W4PS, qui vise à former cinquante

femmes et cinquante hommes, pour qu'ils soient les

ambassadeurs de la paix dans tous les gouvernorats de la

République tunisienne. Il sera aussi procédé au lancement

de la campagne de soutien à la Charte « Citoyennes et

Citoyens pour la Paix » sur Internet. Cette charte vise à

créer une dynamique de soutien à la participation efficace

des femmes tunisiennes aux efforts nationaux et

internationaux pour promouvoir la paix et la sécurité en

Tunisie.

Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains

autres : c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires dans le contexte du soutien au rôle de la

femme dans la lutte contre l’extrémisme. En effet, la

formation d’ambassadeurs locaux ayant un rôle effectif

dans la lutte contre l’extrémisme constitue une approche

qui peut être reproduite et dupliquée

Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous :

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

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2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

Mots clés de l’expérience /

de la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association ☐

Participation de la femme au gouvernement local

Administration d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

Création de postes d’emploi

Animation culturelle théâtre ☐ cinéma musique

Lutte contre la violence à l’égard des femmes

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / femme et sécurité/Résolution

1325/2242/2250

Expérience 6

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

Le film documentaire de Borhène Yahiaoui, qui

comporte une séquence d’un morceau de rap, contre le

terrorisme.

Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

Le film documentaire Al Mataha (Le Labyrinthe) de

Borhène Yahiaoui s’inscrit dans les expériences et les

pratiques médiatiques qui oeuvrent à la prévention de

l'extrémisme à travers le démontage du phénomène et la

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mise en lumière de ses divers aspects12. Le documentaire

comporte notamment la partie la plus intéressante du

morceau de rap créé par Mohamed Zorgui 13 contre

Daesh et contre la radicalisation et le recrutement dans

les prisons après une expérience dans l'une des prisons

tunisiennes14

Situation et contexte

général

Législations

Mécanismes de fondation

Le film documentaire Al Mataha (Le Labyrinthe) de

Borhène Yahiaoui s’inscrit dans les bonnes expériences

et les pratiques médiatiques pour prévenir l’extrémisme.

Il existe un large espace de libertés publiques, ce qui

permet de réaliser des travaux journalistiques

d’investigation autour des thèmes de la radicalisation et

du recrutement en général et dans les prisons en

particulier.

Borhène est un journaliste dans l’une des chaînes

radiophoniques privées et il a entrepris ce travail de sa

propre initiative

Contexte économique,

social, politique

Contexte médiatique : Il convient de signaler qu'il est rare

que la question de la lutte contre l'extrémisme soit abordée

de façon sérieuse et professionnelle dans les médias

tunisiens, et peut-être l'expérience de ce documentaire est-

elle une réponse à cette situation, à travers une oeuvre qui

vise à approfondir la question.

Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative :

Borhène Yahiaoui (le journaliste) et Mohamed Zorgui

(le chanteur de rap)

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

12 Le documentaire de Bourhène Yahiaoui, https://www.youtube.com/watch?v=ZUv25pcDX8U&app=desktop 13 La chanson de Mohamed Zorgui : http://bit.ly/2krVrNW 14 https://www.youtube.com/watch?v=LCehWlJVAmg

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Un journaliste, un opérateur, un chanteur de rap

3. Les ressources financières

Autofinancement, ressources assez modestes

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Kasserine, Tunis et tous les gouvernorats où il y a des

prisons.

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

L’expérience journalistique et l’expression artistique à

travers le documentaire, la chanson, l’animation

musicale, le rôle de sensibilisation par la projection du

documentaire et le débat qui s’en est suivi.

2. Les parties prenantes de la réalisation ((ministères,

organisations civiles, organisations régionales et

internationales)

Une radio et une télévision privées, la Direction

Générale des Prisons et de la Rééducation.

Résultats de l’expérience /

de la pratique

Les résultats

Le documentaire Al Mataha (le labyrinthe) a eu un impact

profond sur ceux qui l’ont vu ; il leur a permis d’acquérir

une conscience plus nette des défis de la radicalisation et

du recrutement et de leur danger pour les jeunes.

Le changement enregistré

De cette expérience journalistique, on ne peut que relever

l’effet positif du documentaire qui alerte sur la question

des prisons et la nécessité de redoubler de vigilance dans

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ce domaine.

Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains autres :

c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires. Certes, le documentaire, ayant présenté des

témoignages sur les phénomènes de l’enrôlement des

jeunes dans les réseaux extrémistes dans les prisons et les

ceintures urbaines socialement fragiles, a focalisé

principalement sur les témoignages faits par des hommes.

L’initiateur du projet a toutefois, tenu à faire participer une

femme journaliste au travail, dont la voix off fut

essentielle dans les commentaires des témoignages

collectés. Dans notre conversation avec Borhène Yahiaoui,

celui-ci a affirmé qu’il était conscient de l’importance de

la question du genre et qu’il tenait dans ses travaux à

affermir le rôle des femmes dans la lutte contre

l'extrémisme. Ce documentaire représente une réalisation

audiovisuelle qui présente des témoignages vivants sur les

histoires de jeunes qui ont été la cible d’opération de

recrutement et dans le cadre des opérations de

radicalisation et d’enrôlement des jeunes tunisiens dans

les réseaux extrémistes qui ont eu lieu depuis 2011. Bien

que la première vague de recrutement ait ciblé surtout les

hommes, les vagues successives touchèrent également les

femmes, et en particulier les adolescentes. Il serait sans

doute intéressant d’entendre leurs récits édifiants

(storytelling). Cette expérience est donc susceptible d’être

reconduite et dupliquée.

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Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous, à l’exception du critère N° 4, celui de la

faisabilité sur le plan technique, le tournage de tels films

exigeant des connaissances et une expérience technique

non négligeables.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

Mots clés de l’expérience / de

la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision ☐

Fondation d’une association ☐

Participation de la femme au gouvernement local ☐

Administration d’une page facebook ☐

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle théâtre ☐

musique

Lutte contre la violence à l’égard des femmes ☐

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme

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Expérience 7

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

La société civile fait parvenir la voix des mères et des

familles à travers l’association des tunisiens bloquées à

l’étranger RATTA (Rescue Association of Tunisians

Trapped Abroad)

Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

L’association travaille sur le thème du sauvetage des

Tunisiens bloqués en dehors du territoire dans les zones de

conflit. Le but de cette expérience est de sensibiliser

l’ensemble des citoyens à l'existence de réseaux et

d’opérations de recrutement qui agissent sur des personnes

facilement influençables, qui ne ciblent pas seulement les

jeunes déjà « idéologisés » mais aussi parfois d’autres qui

n’ont, au départ, aucune intention de participer à des

opérations terroristes et fait peser sur eux le spectre

d’inculpations très graves.

Situation et contexte

général

Législations

Mécanismes institutionnels

Cette association qui s’occupe des Tunisiens bloqués à

l’étranger été fondée après qu’un jeune tunisien soit tombé

au piège d’un réseau de recrutement qui n’hésite pas à

enrôler des jeunes victimes de fragilités économiques ou

bien psychologiques et vont jusqu’à recruter des personnes à

besoins spécifiques. En effet, le jeune en question, qui avait

perdu la capacité de marcher, fut convaincu de partir vers la

Syrie, à travers la Turquie alors qu’il était sur chaise

roulante. Sa famille dut s’employer pour le rapatrier et c’est

son frère qui dut faire le voyage pour le ramener.

Il n’existe pas à ce jour de législation spécifique concernant

les Tunisiens bloqués dans les zones de conflit ; ils sont

généralement soumis à la loi sur le terrorisme, ce qui laisse

un vide juridique concernant les personnes qui se sont

trouvés dans ces zones malgré eux.

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L’Association de sauvetage des Tunisiens bloqués à

l’étranger RATTA

Contexte économique,

social, politique

Cette initiative a été lancée dans un contexte de transition

politique en Tunisie et dans une situation sécuritaire

délicate et fragile, surtout que de nombreux jeunes

Tunisiens se sont fait piéger par ces réseaux d’enrôlement.

Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative :

L’association des tunisiens bloqués à l’étranger

(RATTA)

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

Les membres de l’association

3. Les ressources financières

Quelques ressources personnelles

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Tunis

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Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

Le rapatriement des personnes bloquées

L’organisation de campagnes de sensibilisation qui

relatent leurs parcours.

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations de la société civile, organisations

régionales et internationales)

Cette association œuvre en collaboration avec

plusieurs parties gouvernementales et avec un réseau

d’associations tunisiennes et internationales.

Résultats de l’expérience /

de la pratique

Les résultats

La fondation de cette association a eu un effet positif

sur la sensibilisation de l’opinion publique ; elle a

surtout permis d’alerter la société et les parents sur la

nécessité d’être vigilants à tous les signes précurseurs

qui peuvent indiquer une tendance à la radicalisation

chez les jeunes filles et les jeunes garçons.

Le changement enregistré

L’association œuvre en continu à multiplier les

campagnes auprès des parties influentes afin qu’elles

prennent conscience de ces cas humains délicats, parmi

lesquels figure des situations d’enfants bloqués dans les

zones de conflits. Cela a entraîné une prise de conscience

chez les décideurs concernant certains dossiers

prioritaires qui exigent une intervention.

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Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains

autres : c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires dans le contexte de l’affermissement du rôle

de la femme en général et en particulier les mères et les

familles des personnes bloquées à l’étranger et ce dans le

cadre des efforts fournis. Cette expérience constitue une

pratique reconductible.

Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous, à l’exception du critère N° 7, celui du

caractère adaptable et reconductible, car nous n’avons pas

vu naître d’autres initiatives semblables qui focalisent sur

le problème des personnes bloquées dans les zones de

conflits. Nous ignorons s’il existe une coordination entre

cette initiative et celles qui concernent les personnes

disparues dans le cadre de l’immigration clandestine.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

Participation de la femme à la prise de décision

Fondation d’une association

Participation de la femme au gouvernement local ☐

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Mots clés de l’expérience / de

la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Administration d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle ☐ théâtre ☐ ☐

musique ☐

Lutte contre la violence à l’égard des femmes

Il est possible de proposer d’autres mots clés

lutte contre l’extrémisme / zones de conflit / recrutement

dans les réseaux extrémistes / personnes à besoin spécifique /

Radicalisation et fragilité psychologique

Expérience 8

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

Le Centre Tunisien de Recherches et d’Etudes sur le

Terrorisme.

Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

Lancement par le Forum Tunisien des Droits Économiques

et Sociaux FTDES du Centre Tunisien de Recherches et

d’Etudes sur le Terrorisme et publication du premier livre

sur le phénomène, à partir des dossiers judicaires des

accusés.

Situation et contexte

général

Dans le cadre de la transition politique que connaît la

Tunisie, où il semblait que la communauté politique

monopolisait la parole concernant les affaires publiques, il

incombait à des associations, des centres de recherche et

des organisations syndicales de soumettre leurs

propositions, surtout au vu de l'échec des acteurs

politiques à apporter des réponses claires aux enjeux liés à

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Législations

Mécanismes institutionnels

la question de la lutte contre l'extrémisme. Certains d'entre

eux ont donc pris l'initiative de rappeler l'importance du

rôle de la société dans la conception d'une nouvelle culture

de lutte contre le terrorisme et de chercher à établir l'idée

du rejet de l'extrémisme, à travers la mise en place de

nouvelles idées et visions pour lutter contre ce phénomène

et l’éradiquer.

Après le démarrage des activités du pôle judiciaire anti-

terroriste et après la ratification de la loi sur le terrorisme,

les dossiers judiciaires ont commencé à s’accumuler et il

était intéressant qu’on s’y intéresse pour essayer de

démonteler ce phénomène par le biais de leurs contenus.

Le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux

FTDES

Le Centre Tunisien de Recherches et d’Etudes sur le

Terrorisme.

Contexte économique,

social, politique

Cette initiative a été lancée dans un contexte de transition

politique en Tunisie et dans une situation sécuritaire

délicate et fragile.

Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative :

Le Forum Tunisien des Droits Économiques et

Sociaux FTDES

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

L’équipe du Forum Tunisien des Droits Économiques

et Sociaux

3. Les ressources financières

Les ressources du Forum Tunisien des Droits

Économiques et Sociaux

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Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

Locale (citer les gouvernorats et les délégations)

Tunis

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

a. Réalisation de l’étude

b. Publication et présentation de l’étude

c. Fondation du Centre Tunisien de Recherches et

d’Etudes sur le Terrorisme.

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations civiles, organisations régionales et

internationales)

Les membres du Forum Tunisien des Droits

Économiques et Sociaux.

L’équipe des chercheurs du CTRET Centre Tunisien

de Recherches et d’Etudes sur le Terrorisme.

L’institution judicaire (pourvoi des dossiers juridiques

via les avocats etc…)

Résultats de l’expérience /

de la pratique

Les résultats

Lancement d’une bonne pratique qui se base sur une

approche qui essaye de comprendre le phénomène avant de faire les recommandations et de proposer des

solutions.

Le changement enregistré

La présentation d’une étude qui aborde le phénomène à

partir de dossiers juridiques, du point de vue d’un groupe

d’avocats et de spécialistes dans le domaine judiciaire.

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Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains

autres : c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires dans le cadre de la compréhension du

phénomène du terrorisme. Les travaux de recherche sont

une pratique susceptible d’être reconduite et dupliquée.

Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous, à l’exception des critères N° 5 et 6,

l’étude présentée n’ayant pas intégré une approche liée au

genre et ne répondant pas au critère de la participation

avec des mécanismes de collaboration avec d’autres

acteurs de la société civile.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

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Mots clés de l’expérience / de

la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision ☐

Fondation d’une association

Participation de la femme au gouvernement local ☐

Administration d’une page facebook ☐

Animation de clubs de citoyenneté ☐

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle ☐ ☐ ☐ musique ☐

Lutte contre la violence à l’égard des femmes ☐

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme

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Expérience 9

15 https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/documents/Loi_2015_26_fr.pdf

Intitulé de l’expérience / de

la pratique

« Sidi Hassine se mobilise contre le terrorisme »

Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté - UTIL

Présentation du thème de

l’expérience / de la pratique

et de ses objectifs

Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté - UTIL

dans différentes régions de la Tunisie, dont la zone

d’Essijoumi – Sidi Hassine

Situation et contexte

général

Législations

Mécanismes institutionnels

Contexte économique,

social, politique

L’union s’est engagée dans la lutte pour la liberté et contre

le terrorisme et l’extrémisme idéologique et ce, à travers

des campagnes qualitatives et des soutiens ; elle a lancé

notamment la campagne intitulée :

« Sidi Hassine se mobilise contre le terrorisme »

La ratification de la loi fondamentale relative à la lutte

contre le terrorisme15 a été votée le 7 août 2015, après de

multiples péripéties et tensions. Cette loi constitue un

cadre juridique voté par l’ARP pour permettre aux

institutions de l’Etat de répondre à tous les défis juridiques

liés à cette question. La loi organise de nombreux aspects

de cette lutte notamment, la création du Comité National

de Lutte contre le Terrorisme, sous l’égide de la

présidence du gouvernement, et du pôle judiciaire anti-

terroriste qui réunit des représentants des ministères

concernés, en plus des juges. Des milliers de dossiers ont

été soumis à ce pôle.

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UTIL

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Principales ressources de

l’expérience / de la pratique

1. La partie à l’origine de l’initiative :

L’Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté

- UTIL

2. Les ressources humaines mises en œuvre :

Les membres de l’association

3. Les ressources financières

Les ressources du projet « Sidi Hassine se mobilise

contre le terrorisme »

Couverture géographique

de l’expérience / de la

pratique

L’Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté opère

dans différentes régions de Tunisie dont Sfax, Gafsa,

Bizerte, Jendouba. L’expérience présentée concerne la

région de Sidi Hassine à Tunis .

Processus de l’expérience /

de la pratique

1. Les étapes de réalisation

Dans le cadre des campagnes de plaidoyer et de lobbying

menées par la société civile en vue de faire adopter les

politiques efficientes contre le terrorisme et l’extrémisme

et dans le cadre des rares expériences et des pratiques

pour la lutte contre le terrorisme, nées de la réalité du

terrain, L’Union des Tunisiens Indépendants pour la

Liberté a conçu le projet « Sidi Hassine se mobilise contre

le terrorisme ».

2. Les parties prenantes de la réalisation (ministères,

organisations civiles, organisations régionales et

internationales)

Complexe de la Jeunesse et des Sports de Sidi Hassine

Ministère de la Jeunesse.

Cette initiative a été lancée dans un contexte de transition

politique en Tunisie et dans une situation socio-

économique et sécuritaire délicate.

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Résultats de l’expérience /

de la pratique

Les résultats

Sensibiliser les jeunes et l’ensemble des citoyens de Sidi

Hassine à la question du terrorisme et de l’extrémisme.

Le changement enregistré

La réduction du phénomène de l’endoctrinement et du

recrutement et la prévention des pièges de l’extrémisme.

Effet démultiplié de

l’expérience / de la pratique

Cette expérience pourrait être considérée comme une

bonne pratique, pour certains aspects, et comme une

pratique susceptible d’être améliorée, pour certains

autres : c’est une expérience adaptable à d’autres défis et

reconductible dans le cadre de la réalisation d’objectifs

similaires dans le cadre du soutien au rôle des jeunes et

de la femme dans la lutte contre le terrorisme. En effet, le

lancement d’un programme local et l’organisation de

séminaires, de stages de formation et de campagnes de

sensibilisation à l’intention des citoyens de Sidi Hassine

est une pratique susceptible d’être reconduite et

dupliquée

Conformité aux critères de

choix : innovation /

participation / caractère

reconductible / continuité et

durabilité

Cette bonne pratique a répondu à la majorité des critères

cités ci-dessous, le projet impliquant les hommes comme

les femmes et n’étant pas dirigé vers un genre particulier.

1. Critère de l’efficacité et de la réalisation de

résultats satisfaisants.

2. Critère de l’innovation et de l’esprit pionnier

3. Critère de la durabilité

4. Critère de la faisabilité sur le plan technique.

5. Critère de la prise en compte du genre.

6. Critère de la participation

7. Critère du caractère adaptable et reconductible

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Mots clés de l’expérience / de

la pratique

(Prière de cocher les cases

adéquates)

Participation de la femme à la prise de décision ☐

Fondation d’une association ☐

Participation de la femme au gouvernement local ☐

Gestion d’une page facebook

Animation de clubs de citoyenneté

Sensibilisation

Création de postes d’emploi ☐

Animation culturelle ☐ ☐ musique

Lutte contre la violence à l’égard des femmes ☐

Il est possible de proposer d’autres mots clés

Lutte contre l’extrémisme / sécurité

Conclusion

Ce document de travail a pour objectif de dresser une première cartographie (mapping)

des bonnes pratiques initiées par la société civile en lutte contre l'extrémisme violent en

Tunisie et un premier repérage des pratiques qui soutiennent le rôle des femmes dans lutte

contre l'extrémisme. Nous devons à cet égard, signaler que de nombreuses associations

intéressées par cette question opèrent au niveau national, alors que certaines autres le font

au niveau local. Les premières couvrent l’ensemble du territoire tunisien ; il en est ainsi

de l’Association des Tunisiens Bloquées à l’Etranger RATTA, du PASC Programme de

d’appui à la Société Civile. Les secondes opèrent dans un gouvernorat particulier ou un

ensemble de gouvernorats. En plus des associations tunisiennes, il y a des organisations

régionales et internationales qui ont commencé à travailler, depuis peu de temps, sur la

question de lutte contre l’extrémisme en Tunisie.

Nous concluons, au terme de ce travail d’évaluation, que deux pratiques sérieuses peuvent

être classées parmi les bonnes pratiques sur la question femme et sécurité, car elles

mettent en rapport la question de la sécurité avec l'approche fondée sur le genre : il s’agit

de l’expérience de L’Institut du Développement Humain – IDH, et de celle de la Ligue

Nationale Tunisienne de la Femme Policière - LNTFP.

Il est nécessaire de saluer l’existence de bonnes pratiques dans le domaine de la lutte

contre l’extrémisme, fondées sur une approche générale qui ne se focalise pas sur la

question du genre. Nous pouvons citer à ce propos l’action d’associations telles que

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l’Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté - UTIL- dans de nombreuses régions

tunisiennes, telles que la zone Essijoumi-Sidi Hassine, l'Association SOS Terrorisme, qui

oeuvre au niveau du soutien et la Fondation Ahmed Tlili pour La culture Démocratique,

qui a un mis en place un projet de formation des imams. Toutes ces initiatives consistent

en activités de formation et en campagnes de sensibilisation et de prise de conscience

auxquelles les femmes participent, sur un même pied d'égalité que les hommes. Mais ces

activités ne se concentrent pas sur le rôle des femmes et s’adressent à tous les citoyens. Il

ne fait aucun doute que les semaines et les mois à venir verront la naissance de nouvelles

expériences et l'émergence d'autres bonnes pratiques qui devront être sommées aux

contenus de le présent mapping initial. Nous tenons également à signaler que nous aurions

pu omettre de détecter d’autres expériences qui ne communiquent pas sur leurs actions, ou

qui cherchent à garder confidentielles leurs activités, rendant ainsi difficile la prise en

compte de leurs actions.