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Le Bulletin de la Maison Internationale de la Rive-Sud Volume 9, No 2, Été 2012 PAROLE D’IMMIGRANT AU CŒUR DE LA MIRS DOSSIERS L’entrepreneuriat im- migrant au Québec Le Québec se prépare à vi- vre une diminution de l’entrepreneuriat de 13,9 % entre 2013 et 2018. Selon les prévisions, le nombre de reprises et de création d’entreprises s’élèvera à 30 000 au cours de cette période alors que le nombre de fermeture atteindra 55 000, soit un déficit de 25 000 entreprises. Ces prévisions imposent aux acteurs économi- ques la nécessité de s’asseoir et de réfléchir à la question. Ils se doivent d’envisager toutes les solutions qui puissent permettre de renverser le courant. Le gouvernement du Québec s’y est notamment attardé. Il a adopté à l’automne 2011 la stratégie québécoise de l’entrepreneuriat. Il y cible les groupes les plus susceptibles de jouer un rôle dans la relève entrepreneuriale, princi- palement, les jeunes. Il mentionne au passage d’autres groupes: les femmes et les immigrants. Or il semble accordé aux immigrants un rôle marginal. C’est une erreur. Il s’agit là d’un grou- pe déterminant qui peut jouer un rôle majeur. Le présent dossier aborde cette question. À lire en page 10 et suivantes La MIRS a à cœur sa clientèle. Or celle-ci est de tout âge. Les projets en développement le dé- montrent. D’ici l’automne, la MIRS ouvrira un Café des Aînés pour la clientèle âgée et une Halte garderie pour la clientèle en bas âge. À lire en page 4 et suivantes Les personnes immigrantes proviennent de tous les continents et s’établissent dans toutes les ré- gions du Québec. Ousmane Diop est un vibrant exemple de cette diversification de la fibre québé- coise. Son établissement au Québec a passé par Mégantic. Il partage les instants de joie et d’ouverture vécus dans cette région. À lire en page 8 et 9

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Le Bulletin de la Maison Internationale de la Rive-Sud

Volume 9, No 2, Été 2012

PAROLE D’IMMIGRANT

AU CŒUR DE LA MIRS DOSSIERS

L’entrepreneuriat im-

migrant au Québec

Le Québec se prépare à vi-vre une diminution de l’entrepreneuriat de 13,9 % entre 2013 et 2018. Selon les prévisions, le nombre de reprises et de création d’entreprises s’élèvera à 30 000 au cours de cette période alors que le nombre de fermeture atteindra 55 000, soit un déficit de 25 000 entreprises.

Ces prévisions imposent aux acteurs économi-ques la nécessité de s’asseoir et de réfléchir à la question. Ils se doivent d’envisager toutes les solutions qui puissent permettre de renverser le courant. Le gouvernement du Québec s’y est notamment attardé. Il a adopté à l’automne 2011 la stratégie québécoise de l’entrepreneuriat. Il y cible les groupes les plus susceptibles de jouer un rôle dans la relève entrepreneuriale, princi-palement, les jeunes. Il mentionne au passage d’autres groupes: les femmes et les immigrants. Or il semble accordé aux immigrants un rôle marginal. C’est une erreur. Il s’agit là d’un grou-pe déterminant qui peut jouer un rôle majeur. Le présent dossier aborde cette question.

À lire en page 10 et suivantes

La MIRS a à cœur sa clientèle. Or celle-ci est de tout âge. Les projets en développement le dé-montrent. D’ici l’automne, la MIRS ouvrira un

Café des Aînés pour la clientèle âgée et une Halte garderie pour la clientèle en bas âge.

À lire en page 4 et suivantes

Les personnes immigrantes proviennent de tous les continents et s’établissent dans toutes les ré-gions du Québec. Ousmane Diop est un vibrant exemple de cette diversification de la fibre québé-coise.

Son établissement au Québec a passé par Mégantic. Il partage les instants de joie et d’ouverture vécus dans cette région.

À lire en page 8 et 9

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ÉDITORIAL 3 Et si on prenait des vacances avant d’entreprendre. Noureddine Belhocine

AU COEUR DE LA MIRS 4 - 9 Le Café des Aînés 37ième Assemblée générale annuelle Rubrique Jeunesse Le Bureau d’immatriculation à la MIRS Les rencontres théâtrales de la MIRS Vieillir et vivre ensemble Camp de vacances La Mirs en chantier Membres du C.A. de la MIRS

PAROLE D’IMMIGRANT 10– 11 Mes premiers pas de Méganticois Ousmane Diop

ARTICLE 12 - 22 L’entrepreneuriat immigrants Contributions multiples

PLACE AUX JEUNES 23

LES BRÈVES 24 - 25 10e Semaine Rencontres Interculurelles Le français au Québec Salon Immigration et Intégration Recette du mois: Gourma

REVUE DE PRESSE 26 - 27

Index

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Et si on prenait des vacances avant d’entreprendre.

Ça peut sembler un peu bizarre de consacrer un dossier sur l’entreprenariat dans notre édition estivale, alors que les vacances sont généralement asso-ciées justement à l’idée de ne rien faire, de ne rien entreprendre, de se lais-ser vivre, bref, de décrocher de tout. Alors, c’est quoi l’idée? Il faudrait bien que je trouve le foutu lien entre vacances et entreprenariat, sinon on m’ac-cusera, à juste titre, de ne pas respecter la ligne éditoriale du numéro.

Ça y est, je l’ai trouvé, le lien. Mais avant de vous le dévoiler, rappelons quand même que le dossier porte sur l’entreprenariat immigrant, ou des immigrants, si vous préférez. Pour faire court, on essaie de savoir si les im-migrants ont un potentiel entrepreneurial, pourquoi c’est si important pour le Québec de favoriser le sens des affaires des immigrants, etc.

Entreprendre des vacances est une étape qui précède celle de prendre des vacances. Autrement dit, pour prendre des vacances, il faut les entrepren-dre avant. Vous me suivez? Facile comme tout. Organiser des vacances, qui plus est, pour plusieurs familles immigrantes, est une véritable entreprise comportant son lot de défis, de risques, de gains, de valeur ajoutée, etc. C’est ce que vient de faire la Maison Internationale de la Rive-Sud. En effet, notre vieux projet d’organiser de véritables vacances pour quelques familles immigrantes de la Rive-Sud, qui autrement n’iraient pas en vacances, est enfin réalisé. 23 familles immigrantes iront donc décrocher de tout pendant une semaine dans une région du Québec, et tout cela à un prix modique, grâce à un montage financier rendant la chose possible pour les plus dému-nis.

Certes, le projet est pilote, mais on est confiant qu’il va décoller, si vous me permettez l’expression. L’engouement créé par l’initiative auprès de notre clientèle et les conditions offertes aux vacanciers laissent présager un ave-nir radieux à notre entreprise.

N’allez surtout pas croire qu’à la MIRS, les vacances précèdent l’entreprise.

Bonnes vacances

Noureddine Belhocine

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

DDDDepuis plusieurs années, l’administration de la

MIRS désire offrir aux aînés d’origine étrangère

qui résident à Brossard et dans les villes adjacen-

tes un lieu de rencontre, de partage et de fraterni-

sation. Elle a soumis ce projet à plusieurs reprises

à des instances diverses. Or, enfin, elle a été en-

tendue. En effet, le projet présenté à RHDCC dans

le cadre de Nouveaux Horizons a été retenu.

La MIRS constate depuis longtemps que les aînés

d’origine étrangère ont peu de lieu de rassemble-

ment. Ils sont souvent isolés.

Pour cette raison, ils peuvent

ne pas recevoir les services

sociaux et de santé dont ils

ont besoin.

Par ailleurs, ils ont des

connaissances, des habiletés

et des compétences dont la

société peut être privée. Il

n’existe pas ou peu de méca-

nisme favorisant la mise en valeur et le partage de

ces richesses.

Enfin, ils sont peu sollicités pour s’engager béné-

volement. Pourtant, ils pourraient bénéficier d’un

tel engament et en faire profiter la société.

Dans ce contexte, la MIRS désire offrir à cette

clientèle:

• un lieu de rencontre et un lieu d’accessibilité – où il sera possible de les rejoindre facile-ment;

• des occasions de partage de leur savoir, de leur savoir-faire et de leur savoir-être;

• des possibilités d’engagement bénévole et d'inclusion sociale dans la communauté.

Le projet propose :

• l’organisation d’ateliers de cuisine collective; • l’ouverture du Café des aînés – rencontres

conviviales autour d’un café et de jeux de so-ciété;

• l’organisation de rencontres entre les aînés et les conseillers d’organismes communautaires et de santé et de services sociaux pour leur faire connaître les services et programmes existants ainsi que pour prendre connaissance de leurs besoins et attentes.

Via ces activités, la MIRS espère: • r e j o i n d r e e n moyenne 100 aînés par semaine dont 10 nou-veaux participants au Café des aînés (4 béné-voles par jour); • 0rganiser un repas collectif par semaine avec 5 bénévoles dans la préparation et le service du repas (20 consom-mateurs); • organiser une séan-

ce d’information aux deux semaines en parte-nariat avec les organismes de service à l’inten-tion de cette clientèle ;

• offrir des opportunités d’engagement bénévo-le à 20 aînés par mois.

Le Café des Aînés est un projet qui vise à donner

une place à cette clientèle. Le projet sera élaboré,

mis en œuvre et animé par des aînés. Votre parti-

cipation est nécessaire dans l’organisation et le

succès du projet.

Toute personnes intéressée par ce projet est invi-tée à communiquer avec François Vaillancourt au 450 445-8777 poste 244.

Le Café des Aînés

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été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

LLLLa 37ième assemblée générale annuelle s’est te-

nue le 21 juin dernier au centre socioculturel de

Brossard.

À chaque année, tous se donnent le mot pour par-

ticiper à cet événement. Cette année près de 60

membres en règle et plus de 10 organismes parte-

naires dont un représentant du MICC, notre prin-

cipal bayeur de fonds, ont assisté à l’événement.

L’assemblée générale annuelle sert de baromètre.

Le nombre de participants et l’enthousiasme ex-

primé sont des indicateurs d’une bonne santé or-

ganisationnelle. L’assemblée générale annuelle est

le moment offert à tous de rencontrer et de discu-

ter avec les administrateurs, de prendre connais-

sance des dossiers pilotés au cours de l’année, de

questionner, si nécessaire, les orientations et les

décisions, d’entériner les gestes posés et d’ap-

puyer les objectifs définis pour l’année à venir.

C’est ce qu’on fait les membres de la MIRS.

La soirée s’est déroulée dans la cordialité au son

de la guitare d’Alberto Beas et de la voix de Ghani

Benhassel. Un buffet a été servi. La soirée s’est

clôturée par la remise du prix de l’employé de

l’année à Elvira Galvez, gérante du Bureau d’Im-

matriculation à la MIRS. Le BI a généré un excé-

dents d’exploitation de près de 70 000$ cette an-

née.

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D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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Le bulletin de la Mirs offre à présent une ru-

brique jeunesse afin de permettre aux jeunes

d’ici et d’ailleurs d’avoir une plateforme où ils

pourront partager leurs réflexions et leurs opi-

nions. Ayman Meskaouini initie cette nouvelle

rubrique en exposant certaines difficultés d’in-

tégration rencontrées par les nouveaux arri-

vants.

À lire page 21

La Rubrique jeunesse à la MIRS

L’équipe du Bureau d’Immatriculation à la MIRS

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été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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Formulaire d’adhésion (membership)

Selon les règlements de la MIRS : « est membre en règle de la MIRS toute personne qui partage les buts et les ob-jectifs de l’organisation et qui consent à être membre en acquittant sa cotisation annuelle au moins 21 jours avant

l’assemblée générale ».

Nom : Prénom :

Adresse : App. :

Ville : Province : Code postal :

Téléphone (domicile) : Téléphone (bureau) :

Courriel :

Par la présente, je confirme mon désir de devenir membre de la MIRS et je m’engage à respecter les objectifs de l’or-

ganisme, qui sont les suivants :

Accueillir, orienter et regrouper les nouveaux arrivants sur la Rive-Sud de Montréal, sans distinction d’origine eth-nique, de langue, de croyance ou d’opinion, pour leur venir en aide et pour faciliter leur intégration.

Fournir un soutien moral et matériel aux nouveaux arrivants démunis et sans ressources, les conseiller et les infor-mer sur les ressources du milieu.

Faire connaître et promouvoir les différentes cultures et favoriser le partage et la compréhension avec la société

d’accueil.

* le coût de la carte de membre est de 5$ pour les individus et de 25$ pour les corporations.

Date : Signature :

Engagement

25 $ 50 $ 75 $ 100 $ 200 $ autre

Don (facultatif)

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AAAAu cours des 3 dernières années, la MIRS a piloté

un projet théâtral. Malheureusement, ce projet a

pris fin avec la cessation de l’octroi d’une subven-

tion fournie par le Ministère Culture, Communi-

cation et Conditions féminines.

Via ce soutien financier, la

MIRS offrait aux personnes d’o-

rigine étrangère un tremplin

pour découvrir et exprimer les

valeurs de la société d’accueil et

une opportunité de les confron-

ter aux valeurs de leur pays d’o-

rigine. Un travail d’exploration,

de rapprochement et d’apprivoisement mutuel.

La projet a permis aux participantes et aux parti-

cipants de vivre de grands moments.

L’expression théâtrale est un mode de communi-

cation peu familier pour l’ensemble des nouveaux

arrivants - celles et ceux qui ont participé au pro-

jet, tout au moins. En plus de leur offrir l’occasion

d’explorer les valeurs partagées dans la société

québécoise, cette expérience leur a permis de re-

lever des défis personnels, notamment, celui de

s’exprimer en public et

dans la langue française.

Pour la majorité, le jeu

théâtral a représenté un

facteur de stimulation à

l’apprentissage du fran-

çais.

Aux dires des partici-

pants, ils sortent grandis

de cette expérience. La MIRS leur a fourni une

occasion inattendue de vivre une expérience valo-

risante et ainsi d’accroître leur estime de soi. Plu-

sieurs reconnaissent que l’émigration en heurte

plusieurs et que les échecs répétés ont plutôt l’ef-

fet de nuire à leur estime de soi.

Les rencontres théâtrales de la MIRS sur les différences culturelles

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

LLLLe projet du Café des aînés de la MIRS cadre tout

à fait avec la politique québécoise: Vieillir et vivre

ensemble, chez soi, dans sa communauté, au Qué-

bec.

Le gouvernement du Québec vient d’adopter sa

toute première politique sur le vieillissement. Il

prévoit investir un montant de près de 2,7 mil-

liards de dollars durant les cinq prochaines an-

nées afin de favoriser, notamment, l’inclusion so-

ciale et la promotion de la santé, le soutien à do-

micile et les soins adaptés aux spécificités des aî-

nés. Elle prône une approche participative et in-

clusive.

Ses actions sont guidées par des principes qui

tiennent compte de la diversité de la population

québécoise, du pouvoir d’agir des personnes aî-

nées et des communautés ainsi que de l’équité

intergénérationnelle.

Le gouvernement souhaite par l’adoption de cette

politique soutenir, notamment, les organismes

qui permettent par leurs actions d’améliorer la vie

quotidienne des personnes âgées.

Vieillir et vivre ensemble, la politique des aînés au Québec

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Au total 24 familles ont répondu à l’invitation de

participer au premier camp familial organisé par

la MIRS. Y participent des familles élargies, des

familles nucléaires et des familles monoparenta-

les, 80 personnes en tout dont 41 enfants de moins

de 18 ans et quelques jeunes adultes de 18-20 ans.

Les participants profitent de rabais cumulatifs

considérables offerts par le Camp Val Notre-

Dame, Centraide et le Regroupement québécois

des camps de vacances. Les vacanciers paient en

moyenne 20% du tarif régulier.

Le camp se déroulera du 5 au 11 août et se tiendra

à Hérouxville à la base de plein air Camp Val No-

tre-Dame. Les participants bénéficieront de l’en-

cadrement d’animateurs expérimentés qui leur

proposeront une variété d’activités pour les jeunes

et les adultes.

Depuis plusieurs années, la MIRS explore des ave-

nues pour mettre à la disposition de sa clientèle

une Halte garderie. He bien! L’heure a sonné. Ce

projet prendra forme dès l’automne prochain.

La MIRS a loué un espace au premier étage de l’é-

difice qu’elle occupe et a acquis des équipements

pour aménager un coin chaleureux à l’intention

des jeunes enfants. Les parents pourront en profi-

ter lorsqu’ils viendront rencontrer les conseillers

de la MIRS ou assister à des activités de la MIRS.

Occasionnellement, les parents pourront bénéfi-

cier de ce service pour se libérer et, ainsi, se ren-

dre à un rendez-vous ou prendre une pause pour

se revitaliser.

Les personnes désireuses de s’informer sur ce

nouveau service peuvent communiquer avec leurs

conseillers.

La MIRS organise un camp de vacan-ces familiales à Hérouxville

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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Membres du conseil d’administration de la MIRS

Nalive Melo, Miguel Del Rio, Pierre fAubert, Gérard Deschênes, Kamel Issiakhem, Noureddine Belhocine, Nicole Diesse

La MIRS en chantier en prévision de l’ouverture d’une Halte garderie

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Mes premiers pas de Méganticois

MMMMars tirait à sa fin et voilà que le nouvel arri-

vant africain pose ses valises à Lac-Mégantic.

Mégantic diraient les familiers. La seule appel-

lation du nom de la ville peut trahir le nouveau

venu.

Une fois le pied posé à terre, les affaires débar-

quées du camion et logées dans ce qui sera dé-

sormais ma demeu-

re, une nouvelle ré-

alité s’imposa à moi.

Je me suis surpris à

subitement me po-

ser des questions,

sans doute comme

un inuit abandonné

en plein désert sa-

harien. Je me sen-

tais perdu, démuni

et dépaysé. Je sen-

tais le doute s’ins-

taller et le regret poindre. Pour chasser les mil-

le et une pensées qui résonnaient et bruissaient

dans ma tête, je me suis soudainement levé

pour faire face à la rue, là où les voitures se

croisaient sans cesse, comme pour me rassurer.

J’apercevais au loin le lac sous le poids de la

glace, phénomène que je n’avais vu, jusqu’ici,

qu’à la télévision.

Télévision, tiens le mot est lâché. Ce média qui

diffuse en instantané des images de stars à tra-

vers le monde et qui nous fait croire que nous

participons à la marche du village planétaire.

Le problème c’est que mon téléviseur ne fonc-

tionnait pas encore, la ligne téléphonique et

l’internet non plus. Je me retrouvais coupé du

monde et abandonné à moi-même. La solitude

était totale.

Après une longue nuit – le temps m’a paru sus-

pendu – je suis allé rejoindre mes futures collè-

gues du Service d’Accueil des Nouveaux Arri-

vants (SANA). Et là, tout d’un coup, l’espoir

commença à renaître; je compris pourquoi on

surnommait la directrice

«mère poule pour les déra-

cinés». Cette brave dame,

qui hélas nous a quitté,

m’a offert son soutien mal-

gré un état de santé com-

promis. Son soutien et ce-

lui indéfectible de sa dé-

vouée assistante ont vite

eu raison de mes craintes.

Elles m’ont chaleureuse-

ment accueilli, judicieuse-

ment référencé, vaillam-

ment soutenu et inlassablement supporté. Au-

delà de leurs personnes, c’est l’utilité de l’orga-

nisme qu’elles incarnent qui m’est apparue au

grand jour, utilité toutefois absente des statisti-

ques empilées par les fonctionnaires du MICC

qui, hélas, préfèrent sacrifier la fibre humaniste

sur l’autel des chiffres. Cette logique comptable

nuit à l’intégration des nouveaux arrivants et ne

peut que l’hypothéquer. C’est en tout cas ce que

mon expérience de nouvel arrivant me fonde à

penser. Le soutien qui m’a été apporté par mes

collègues est, en revanche, pour beaucoup dans

mon désir d’intégration et de sociabilisation.

(suite page suivante)

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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Les jours passaient et j’apprivoisais au fur et à

mesure ma ville d’adoption, Mégantic, qui pré-

sente les avantages d’une ville par les services

offerts et ceux de la ruralité à l’image d’une oa-

sis. Si les miens me manquent enco-

re et toujours et si certains de mes

repères et habitudes sont boulever-

sés, les déambulations à travers les

rues me font vivre des expériences

insoupçonnées. Il n’est pas rare de

croiser des hommes et des femmes

de tous âges dont certains me font

des clins d’œil, d’autres des sourires

comme pour me souhaiter la bien-

venue. Des automobilistes n’hési-

tent pas à tourner la tête et à me

suivre du regard pendant que d’autres piétons

s’arrêtent, tendent la main et discutent. Il est

souvent arrivé qu’ils m’interpellent sur mes ori-

gines, le pourquoi de ma venue à Mégantic et la

rigueur climatique. Si ces rencontres fortuites

ont le mérite de m’ouvrir les portes de la sociabi-

lité, elles ne m’en rappellent pas moins que je

viens d’ailleurs. Le sport est un autre clin d’œil.

Amoureux du football, du soccer devrais-je dire,

depuis ma tendre jeunesse, je me dois de me sa-

tisfaire du hockey ou encore du baseball, pour

ne pas dire me coltiner ces sports auxquels je ne

suis guère familier.

Ces constats me porte à croire que la marche

vers l’intégration à la société d’accueil passe iné-

vitablement par les accommodements dits rai-

sonnables. Autrement dit, le nouvel arrivant doit

tendre une oreille attentive, jeter un regard inté-

ressé, bref aiguiser sa curiosité. Il y va de sa com-

préhension de ce qui fonde le peuple qui l’a ac-

cueilli sur ses terres. Il doit en être de même de

la société d’accueil. Cette dernière a, en effet, un

devoir d’ouverture envers ces hommes, femmes,

enfants et familles venus d’ailleurs à la recherche

d’un meilleur cadre de

vie. Des immigrants

bien intégrés participe-

ront indubitablement à

l’émergence d’une so-

ciété multiculturelle,

prospère et apaisée.

Immigrants comme

Méganticois, Lon-

gueuillois ou Québé-

cois gagneraient à œu-

vrer ensemble pour

une intégration maîtrisée et pleinement réussie

pour le plus grand bien des générations futures.

Voilà pourquoi les autorités en charge de l’immi-

gration devraient sortir de leur logique compta-

ble et s’engager résolument à créer les condi-

tions d’une intégration prenant en compte les

aspirations des uns et des autres. Elles gagne-

raient également à prêter une oreille attentive

aux acteurs de proximité que sont les organis-

mes communautaires. Partenaires, à mon avis,

incontournables, ils ont la particularité de leur

servir de confidents et de caisse de résonnance à

leurs difficultés, plus que d’assurer l’accueil et

l’intégration des nouveaux venus déracinés. Ils

ont ainsi le mérite d’atténuer le ressenti de vide

familial entourant tout nouvel arrivant – à dé-

faut de le combler – par l’écoute attentive et

l’empathie dont ils font montre en toute circons-

tance.

Ousmane Diop Conseiller en emploi

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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Quelques chiffres sur l’immigration économique au Québec

PPPParmi les personnes immigrantes, quelles sont

celles qui peuvent choisir le chemin de l’entre-

preneuriat? Toutes? La plupart? Les chiffres ne

nous le disent pas clairement. Aucune étude ne

s’est penchée sur cette question. Nous pouvons

toutefois extrapoler à partir des chiffres dispo-

nibles pour affirmer qu’elles sont nombreuses.

Entre 2006 et 2010, le Québec a accueilli

238 553 immigrants, soit une moyenne annuel-

le de 47 711 nouveaux arrivants. Ils sont sélec-

tionnés et répartis entre quatre grandes catégo-

ries : l'immigration économique, le regroupe-

ment familial, les réfugiés et les personnes en

situation semblable, et les autres immigrants.

À leur arrivée, la majorité des nouveaux arri-

vants se destinent à une activité économique

qui est soit occuper un emploi, gérer une en-

treprise ou investir. Il va s’en dire que ces choix

concernent surtout les nouveaux arrivants de la

catégorie immigration économique.

Immigration économique

Cette catégorie d’immigration regroupe les im-

migrants qui ont été sélectionnés par le Qué-

bec en raison de leurs caractéristiques socio-

professionnelles, de leurs compétences et de

leur capacité à contribuer à l'économie.

Entre 2006 et 2010, cette catégorie représente

un peu moins des deux tiers (65,2 %) des ad-

missions au Québec; cette proportion s’élevait

à 69,5 % en 2010. Au total, le Québec a accueilli

155 419 personnes dans cette catégorie entre

2006 et 2010, soit un peu plus de 31 000 person-

nes par année. Le volume d’hommes est un peu

plus élevé (53,8 %) que celui de femmes

(46,2 %) .

La grande majorité (70,8 %) des immigrants

économiques de la cohorte 2006-2010 déclare

connaître le français au moment de leur arri-

vée : parmi ceux-ci, 61,3 % connaissent à la fois

le français et l’anglais, et 38,7 % connaissent le

français seulement. Les nouveaux arrivants qui

ne connaissent ni le français ni l’anglais repré-

sentent 17,3 % des admissions et ceux ne

connaissant que l’anglais comptent pour 11,9 %.

Plus des trois quarts (77,2 %) des immigrants

de cette catégorie ont l’intention de s’établir

dans la région administrative de Montréal. La

Montérégie occupe le deuxième rang des ré-

gions projetées de résidence avec 6,8 % des

admissions, suivie des régions de Laval (4,7 %)

et de la Capitale-Nationale (4,2 %).

Les cinq principaux pays de naissance des im-

migrants économiques sont l’Algérie (11,2 %), la

France (10,5 %), le Maroc (10,4 %), la Chine

(6,6 %) et le Liban (4,4 %).

La scolarité des immigrants admis au sein de

cette catégorie est particulièrement élevée.

Parmi les immigrants âgés de 15 ans et plus,

seulement 8,0 % d’entre eux possèdent moins

de 12 années d’études et 10,6 % ont de 12 à 13

années. Plus des trois quarts (78,3 %) des nou-

veaux immigrants de la cohorte 2006-2010 tota-

lisent au moins 14 années de scolarité. Notons

que près de la moitié (47,8 %) des hommes et

38,9 % des femmes possèdent un très haut ni-

veau de scolarité (17 années et plus).

(suite page suivante)

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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Travailleur qualifié

À l’intérieur de la catégorie Immigration éco-

nomique, on distingue deux sous-catégories :

les travailleurs qualifiés et les gens d’affaires.

Les travailleurs qualifiés sont sélectionnés par

le Québec et y viennent avec l'intention d'occu-

per un emploi. Les facteurs de sélection des

travailleurs qualifiés sont notamment : la for-

mation, l'expérience professionnelle, l'âge, la

connaissance du français et de l'anglais, les sé-

jours au Québec et les liens familiaux avec des

résidants du Québec, les caractéristiques du

conjoint qui accompagne, les enfants à charge,

la capacité d’autonomie financière et l'adapta-

bilité. On dénombre 141 211 personnes dans la

catégorie des travailleurs qualifiés arrivés au

Québec entre 2006 et 2010.

Gens d'affaires

Les gens d'affaires sont sélectionnés par le

Québec du fait de leur capacité à réussir leur

établissement économique au pays dans des

activités entrepreneuriales, par un travail indé-

pendant ou par un investissement direct. On

dénombre 8 934 personnes dans cette sous-

catégorie arrivée au cours de la période.

Entrepreneur (1 194 personnes entre 2006

et 2010)

Les entrepreneurs sont sélectionnés par le

Québec en vertu de leur capacité à réaliser un

projet d'affaires. Ces personnes obtiennent la

résidence permanente pour acquérir ou créer

une entreprise qu’elles géreront de façon acti-

ve, seule ou en association.

Travailleur autonome (623 personnes en-

tre 2006 et 2010)

Les travailleurs autonomes sont sélectionnés

par le Québec et y viennent avec l'intention de

créer leur emploi par l’exercice d’un

métier ou d’une profession à leur

compte.

Investisseur (7 117 personnes entre

2006 et 2010)

Les investisseurs sont sélectionnés par

le Québec et obtiennent la résidence

permanente s'ils investissent une som-

me importante au Québec pour stimu-

ler le développement économique et la

création d'emplois.

Combien de personnes parmi les nouveaux ar-

rivants ont le potentiel de se lancer en affaires?

Un très grand nombre. Pour quelles puissent

toutefois choisir cette voie, il est nécessaire que

des actions soient prises et des moyens adoptés

pour renforcer l’intention des nouveaux arri-

vants à devenir entrepreneur. C’est l’avenir du

Québec qui en dépend.

Source : http://www.micc.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Portraits_categories_2006_2010_1.pdf

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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La déqualification en emploi

NNNNombre de nouveaux arrivants vivent une expé-

rience de déqualification au niveau de l’emploi.

Plusieurs chercheurs ont abordé cette question.

C’est le cas de Boudarbat et Boulet du CIRANO.

Ils ont notamment fait ressortir l’inadéquation

entre le niveau de scolarité des nouveaux arri-

vants de la catégorie économique et leur inser-

tion dans un emploi correspondant à leurs com-

pétences. Ils se questionnent sur le contexte qui

prévaut à cette inadéquation. Ils signalent que:

• Le Québec appréhende une pénurie de la

main-d’œuvre en raison du vieillissement de

la population;

• Les nouveaux arrivants sélectionnés dans la

catégorie économique:

◊ sont davantage scolarisés;

◊ font partie de la tranche d’âge la plus acti-

ve sur le marché de l’emploi;

◊ maîtrisent mieux le français.

Malgré cela, ils peinent à s’intégrer au marché

de l’emploi, davantage en tout cas que les immi-

grants qui vivent dans les autres provinces cana-

diennes. Ce n’est pourtant pas parce que rien

n’est fait. Le gouvernement légifère sur le plan

de l’immigration. Toutefois, selon les auteurs,

il devrait favoriser une meilleure intégration des

immigrants au marché du travail.

L’analyse des auteurs révèle un taux de déquali-

fication en emploi de 69,9% chez les 25-54 ans

qui détiennent un diplôme d’études universitai-

res ayant obtenu leur diplôme à l’étranger,

40,2% pour les immigrants ayant obtenu leur

diplôme au Canada et 33,9% pour les Natifs en

2009.

Le taux de déqualification représente le % d’im-

migrants diplômés universitaires qui travaillent

dans un emploi sans exigence de diplôme uni-

versitaire.

Marie-Thérèse Chicha explore aussi cette ques-

tion. Les données tirées d’une enquête de 2006

révèle que 41% des femmes immigrantes possé-

dant un diplôme universitaire (un baccalauréat

ou plus) occupaient un poste nécessitant une

formation inférieure à celle détenue, comparati-

vement à 19% pour les natives du Québec. Chez

les hommes ce pourcentage atteignait 49,4%,

comparativement à 18,7% chez les natifs .

Le taux de chômage des femmes immigrantes

du même groupe atteignait 11,9% comparative-

ment à 5,3% pour les natives; chez les hommes,

le taux de chômage s’élevait à 10,4% comparati-

vement à 6% chez les natifs.

Enfin, les personnes immigrantes dudit groupe

percevaient un salaire inférieur à celui des hom-

mes natifs du Québec - 32% chez les femmes et

8,2% chez les hommes.

Boudarbat et Boulet, déjà cité, ont identifié les

principales causes aux difficultés des nouveaux

arrivants à se trouver un emploi. Il s’agit, par

ordre d’importance, du manque d’expérience

sur le marché du travail québécois (71,8%), du

problème de la langue (49,7%), de l’absence de

recommandation de la part d’un employeur

(45,8%), de la non-reconnaissance de l’expérien-

ce de travail acquises à l’étranger (44,2%), de la

non-reconnaissance des compétences acquises à

l’étranger (44%), de l’absence de contacts dans

le marché de l’emploi (43,4%), du manque d’em-

(suite page suivante)

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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plois disponibles (39,6%), du manque d’em-

plois dans le domaine de formation (34,1%) et

de la discrimination (21,8%).

Une thèse récente (2011) réalisée par une étu-

diante de l’Université de Montréal, Karine Bé-

gin, aborde la question et révèle que la relation

entre le niveau de formation et l’emploi occupé

varie au fil du temps.

Certaines personnes immigrantes arrivent à

obtenir un emploi à leur niveau de compéten-

ces peu de temps après leur arrivée au Québec.

Les chanceuses!. Celles-ci réussissent souvent à

demeurer dans ce type d’emploi. Ce n’est tou-

tefois pas le cas pour tous. Au contraire! La ma-

jorité des personnes immigrantes acceptent des

emplois ne correspondant pas à leur niveau de

compétences.

L’auteure note qu’il

est nécessaire que

les personnes immi-

grantes posent des

gestes significatifs

pour que leur pré-

sence en emploi

qualifié augmente

avec le temps. Elle fait toutefois ressortir l’im-

portance de poser les bons gestes.

L’analyse des données tirée de l'Enquête sur les

travailleurs sélectionnés (ETS) - MICC, 2002) -

sur laquelle elle s’est basée, révèle que les nou-

veaux arrivants qui acceptent un emploi, en

dessous du niveau de leurs compétences, s’éloi-

gnent progressivement de la possibilité d’occu-

per un emploi correspondant à leur niveau.

Pour ceux-là, la suréducation, au lieu d’être un

vecteur de mobilité ascendante, revêt un carac-

tère permanent. Pourtant, le geste posé l’a été

de bonne foi, pour acquérir une expérience de

travail local en pensant que cela allait leur per-

mettre de trouver un emploi correspondant

davantage à leur profil.

Elle ajoute qu’à l’opposé, les individus détenant

un niveau de scolarité moindre ont davantage

de facilité à occuper des emplois correspondant

à leur niveau de compétences. Elle note toute-

fois que ces personnes occupent surtout des

emplois de plus bas statuts.

Enfin, l’étude montre que l’origine des travail-

leurs immigrants a une influence qui perdure

et peut même s’amplifier au fil du temps.

L’auteure conclut que les expériences en em-

ploi dans la société d’accueil se déroulent sous

fond de reproduction sociale. La repro-

duction se faisant en fonction des expé-

riences dans la société d’accueil plutôt

qu’en fonction des acquis et des expé-

riences prémigratoires.

À notre avis, les difficultés continues

des personnes immigrantes qualifiées à

se trouver un emploi à la hauteur de

leurs compétences devraient inciter les

nouveaux arrivants à choisir une autre piste, un

cheminement peu achalandé par cette clientè-

le, soit celui de l’entrepreneuriat.

Source: Boudarbat, B. et Boulet, M. (2010), Immigration au Québec: Politiques et intégration au marché du travail, CIRANO,

Chicha, Marie-Thérèse (2011,) Une cohérence introuvable. Les politiques d’immigration et d’intégration en emploi au Québec, CRIEC, UQAM

Bégin, Karine (2011), Établissement des travailleurs immi-grants sélectionnés au Québec : mobilité professionnelle et présence en emploi qualifié au cours des premières an-nées suivant l’arrivée, Thèse, Dépt Sociologie, Université de Montréal.

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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Entrepreneuriat en Montérégie

LLLLa Fondation de l’entrepreneurship, a récem-

ment réalisé (2010) une série d’études tradui-

sant le portrait global de l’entrepreneuriat au

Québec. Elle a produit le portrait de chacune

des régions du Québec.

Au sujet de la Montérégie, elle note un meil-

leur taux de succès entrepreneurial (10,5 %)

qu’au national (9,1 %). Expliqué par:

• un nombre plus élevé de démarrages et d’en-

treprises établies,

• un taux de fermeture (1,5 %) très légèrement

plus faible que la moyenne nationale (1,6 %).

• un nombre supérieur (1,2 fois supérieur) à

l’ensemble du Québec d’entreprises ayant

passé le cap des trois premières années et

demie de vie (établies).

Bien que cette analyse soit

positive, les auteurs mettent

la région en garde. La région

doit envisager un potentiel

recul de l’entrepreneuriat. D’abord, on note un

faible engagement de la population dans la ré-

alisation de plans d’affaires et autres activités

de prédémarrage. Mais plus important, il existe

en Montérégie un fort pourcentage d’entrepre-

neurs âgés de plus de 55 ans, ce pourcentage

est plus élevé que dans l’ensemble du Québec.

Or en absence de relève, un grand nombre

d’entrepreneurs choisissent de fermer leurs

portes.

Les auteurs de l’étude recommande que la ré-

gion s’active et prépare son avenir entrepre-

neurial, notamment, au niveau de la culture

entrepreneuriale. La Montérégie n’est pas dé-

pourvue de ressources, au contraire. Elle peut

compter sur son passé pour en faire bénéficier

son présent entrepreneurial. La région dispose

d’expérience en affaires et de modèles entre-

preneuriaux qu’elle doit mettre en valeur

pour mousser la culture entrepreneuriale

et accroître le désir de se lancer en affai-

res. Elle compte sur des organismes de

soutien aux entreprises apportant de l’ai-

de technique et financière.

Source: Riverin, N., Proulx, M.E. et Pota, M.C. (2010), Por-trait global de l’entrepreneuriat dans la région de la Montéré-gie, Fondation de l’entrepreneurship

EnEnEnEn vue de répondre

aux besoins régionaux

de création d’entrepri-

se, la région gagnerait à

considérer davantage l’apport des personnes

immigrantes. Dans presque tous les pays occi-

dentaux, les personnes immigrantes sont deux

fois plus entrepreneurs que la population loca-

le. Jacques Filion, titulaire de la Chaire d’entre-

preneuriat Rogers– J.-A.-Bombardier de HEC

Montréal, affirme que «Presque la moitié des

citoyens de Toronto et de Vancouver sont issus

de l’immigration, notamment de l’Inde et de la

Chine – deux pays parmi les plus entrepreneu-

riaux au monde!» Le taux plus élevé de création

d’entreprise dans d’autres provinces du Cana-

da serait étroitement lié au fait que la popula-

tion immigrante y a progressé plus rapidement

qu’au Québec. (suite à la page suivante)

Entrepreneuriat immigrant en Montérégie

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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De façon générale, les personnes immigrantes

sont animées d’un besoin impérieux de s’ac-

complir. C’est souvent ce qui les a amener à

émigrer.

Les auteurs de l’étude produite par la Fonda-

tion de l’entrepreuneurship note que:

• 15,6 % des immigrants de la Montérégie de la

cohorte à l’étude (2003-2007) avaient envie

de créer une entreprise au cours des 3 années

suivant l’étude, comparativement à 18,6 %

dans l’ensemble du Québec;

• 7,1 % des entreprises existantes ou en démar-

rage étaient pilotées par des personnes im-

migrantes - pourcentage comparable au reste

du Québec (7,3 %).

• Les entreprises pilotées par les personnes

immigrantes affichent un faible taux de fer-

meture (0,3 % contre 2,3 % au Québec).

Bien que ces résultats soient intéressants, il

faut reconnaître que les ressources financières

et le réseau de relations limités des nouveaux

arrivants représentent un obstacle certain. Pas

étonnant d’ailleurs de constater que plusieurs

se lancent dans des projets de petites entrepri-

ses dans des secteurs de l’économie délaissés

par les Québécois de souche – dépanneurs, en-

tretien ménager, restauration –, ou qui répon-

dent aux besoins de leur propre communauté

culturelle – épiceries, boutiques, salons de coif-

fure. Ils sont encore peu présents dans l’écono-

mie du savoir au Québec, notamment. Toute-

fois, les difficultés d’intégration en emploi des

personnes immigrantes mènent bon nombre

d’entre eux à embrasser l’entrepreneuriat.

La différence entre les données de la Montéré-

gie et celles de l’ensemble du Québec, quoique

légère, doit être questionnée. Les auteurs sou-

lèvent deux questions:

• Comment identifier les personnes immigran-

tes démontrant un potentiel entrepreneurial

et comment les encadrer?

• Les personnes immigrantes ont-elles facile-

ment accès aux organismes de soutien et bé-

néficient-elles de programmes adaptées leur

permettant d’allier leur projet d’entreprise à

leur réalité immigrante?

Les auteurs ne proposent pas de moyen pour

identifier les nouveaux arrivants porteurs de

projet entrepreneurial. Ils croient toutefois que

cela doit être fait très tôt lors de leur arrivée

dans la région. Des moyens doivent être mis de

l’avant pour leur faire valoir les possibilités of-

fertes et leur faire connaître le soutien disponi-

ble régionalement.

En définitive, la clientèle composée de person-

nes immigrantes ayant des idéation d’affaires

présente un attrait tout particulier pour la ré-

gion du fait qu’elle réussit à bien tirer son épin-

gle du jeu.

Source: Riverin, N., Proulx, M.E. et Pota, M.C. (2010), Portrait global de l’entrepreneuriat dans la région de la

Montérégie, Fondation de l’entrepreneurship

Proulx, Marie-Hélène (2011), Entrepreneuriat: des immi-grants à leurs affaires, Magazine Jobboom, Mai.

Entrepreneuriat immigrant en Montérégie

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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La Stratégie Québécoise de l’Entrepreneuriat

La Stratégie québécoise de l'entrepreneuriat –

2011-2014 a été lancé en novembre dernier. Il s’a-

git de la première stratégie gouvernementale

consacrée exclusivement au soutien à l'entrepre-

neuriat dans les annales du Québec. Cette straté-

gie est accompagnée de ressources significatives,

notamment, au plan économique, un budget de

plus de 3 G$.

Bien que le Québec soit reconnu, ici et dans le

monde, pour sa créativité et son ingéniosité, l’en-

gagement en entrepreneuriat des Québécois et

des Néo-Québécois n’est pas au rendez-vous. On

note que le Québec en entier est en déficit d'en-

trepreneuriat. Selon la Fondation de l’entrepre-

neurship, « le présent entrepreneurial québécois,

en 2012, demeure moins vigoureux que celui du

reste du Canada. En effet, le Québec enregistre

1,7 fois moins de propriétaires d’entreprise parmi

sa population adulte (10,2 %) que le reste du Ca-

nada (17,5 %). » Or le futur ne semble pas plus

radieux. « 1,5 fois moins de Québécois (8,0 %)

que de gens dans le reste du Canada (11,8 %) sont

animés par l’intention d’entreprendre au cours

de leur vie. »

La stratégie qué-

bécoise de l’en-

t r e p r e n e u r i a t

vise donc à

mousser l'intérêt

dans ce domaine

et à soutenir les

démarches en-

trepreneuriales.

On note une fai-

ble valorisation de l’entrepreurship au Québec.

La popularisation de cet engagement apparaît

donc comme un des objectifs de la stratégie. En

général, la stratégie cible surtout les jeunes. On

veut les sensibiliser et les préparer. Pourtant, les

nouveaux arrivants pourraient s’avérer être des

acteurs potentiels tout aussi important que les

jeunes. Pas seulement pour le démarrage d'entre-

prise, mais aussi pour les transferts d'entreprise.

Il y a au Québec un besoin criant de repreneurs

d'entreprise. L’attention accordée à cette clientè-

le est superficielle. C’est là une erreur. Plusieurs

personnes immigrantes peuvent considérer cette

avenue, surtout lorsqu’elles réalisent que leur

intégration sur le marché du travail est freiné par

plusieurs obstacles qu’ils n’avaient pas considé-

rés avant leur arrivée au Québec. Le dépasse-

ment de ces barrières prend du temps, demande

de l’engagement et leur fait perdre l’avantage que

leur procuraient leurs compétences. Celles-ci

s’effritent avec l’inactivité et

les années qui passent.

Or plutôt, les nouveaux arri-

vants s’engagent dans une

voie entrepreneuriale, plutôt

ils s’intègrent à la société et

davantage ils mettent en va-

leurs leurs acquis.

Source: www.mdeie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/publications/administratives/strategies/strategie_entrepreneuriat.pdf

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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Une meilleure intégration dans le milieu des affaires grâce aux ateliers ImmigrAffaires!

Afin de contrer la complexité du démarrage d’en-

treprise chez les entrepreneurs immigrants, le

CLD de Longueuil offre dorénavant une forma-

tion adaptée à cette clientèle: les ateliers Immi-

grAffaires. Ce projet a été mis sur pied suite à la

demande exprimée - en 2011, près de 25 % des

porteurs de projets soutenus par le CLD étaient

issus de communautés culturelles -, aux besoins

perçus et exprimés et à un partenariat entre le

SAJE de Montréal, concepteur de ces ateliers, et

le CLD de Longueuil.

En plus de tous les efforts qu’im-

plique le démarrage d’une entre-

prise, les entrepreneurs immi-

grants font face à des défis addi-

tionnels qui complexifient leurs

démarches telles que la commu-

nication avec la société d’accueil dans un contex-

te d’affaires, l’intégration aux réseaux d’affaires

locaux et l’accès au financement. Les ateliers

sont enrichis de deux documents qui permettent

aux participants de parcourir le contenu de la

formation et de leur tenir de référence tout au

long de leur parcours en entrepreneuriat.

Avec l’aide des ateliers, Sonia Godbout, directrice

générale du CLD de l’agglomération de Lon-

gueuil, désire « favoriser une meilleure intégra-

tion des immigrants dans le milieu des affaires

de l’agglomération de Longueuil et contribuer

concrètement à la réussite de leur projet ».

Pour la première fois cette année, des séances

ont été offertes en collaboration avec le Carre-

four Le moutier et Sino-Québec Rive-Sud, totali-

sant 62 participants. Selon madame Cynthia d’I-

tri, conseillère en immigration au Carrefour le

Moutier, les séances offrent une panoplie d'infor-

mations très importantes à saisir lorsqu'on arrive

au Québec et que l'on s'intéresse à détenir sa

propre entreprise. Elle a noté avec fierté le souri-

re et la grande motivation des gens en sortant

des ateliers.

Les participants de la formation ImmigrAffaires

apprécient particulièrement que l’animatrice des

ateliers ait déjà vécu un parcours similaire, soit

d’être immigrante et entrepreneu-

re au Québec. C’est le cas de Julia-

na Zerda, formatrice très sympa-

thique et compétente.

« Nous sommes très heureux de

voir que le taux de satisfaction des

participants est élevé, cela démon-

tre que ce projet joue un rôle important dans la

réussite de ces futurs entrepreneurs immigrants

», explique Sonia Godbout, directrice générale du

CLD de l’agglomération de Longueuil.

La formation ImmigrAffaires comporte trois ate-

liers totalisant neuf heures de formation, soit

Culture d’affaire au Québec, Être immigrant en-

trepreneur au Québec et Règles de gestion d’une

entreprise.

Les prochains ateliers se tiendront au CLD de

Longueuil les 14 et 21 septembre prochains. Pour plus amples informations, communiquez avec le CLD au 450 646-3933 ou visitez le www.cld-

longueuil.ca.

Céline Ducharme, coordonnatrice

CLD de Longueuil

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L’intégration des nouveaux arrivants par le développement de leurs compétences en employabilité et en entreprenariat

TTTTravailler, c’est un leitmotiv pour la plupart

des immigrants qui foulent le sol québécois

qu’ils aient fui la guerre, la faim, la misère ou

qu’ils soient simplement attirés par l’opportu-

nité de réaliser de nouveaux défis.

Du rêve à la réalité

Opportunité, oui. Nombreux sont ceux d’entre

eux qui sont épatés voire appâtés par les

conseillers, promoteurs et agents d’immigra-

tion qui présentent la destination Québec com-

me un havre de paix et de prospérité. Seule-

ment voilà, la terre promise québécoise ne peut

donner plus que ce qu’elle a. Qu’ils soient tra-

vailleurs qualifiés, investisseurs, entrepreneurs

ou travailleurs autonomes, ils se heurtent à la

réalité du contexte économique, social et

culturel et se doivent de s’armer de patience,

de connaissances et de compétences nouvelles

pour tirer leur épingle du jeu. Le nouvel arri-

vant, souvent frileux, insécurisé par l’incertitu-

de du lendemain peut perdre confiance en lui

et voir le doute poindre. Il y a heureusement

l’intervention d’organismes communautaires

qui mettent l’humain au

centre de leurs actions.

Le projet expérience cana-

dienne de travail, passerelle

pour l’emploi

L’accompagnement de nou-

veaux arrivants dans leur

insertion notamment pro-

fessionnelle demeure plus

que jamais nécessaire. Des

efforts incommensurables

sont déployés pour dévelop-

per l’employabilité des nou-

veaux venus et ainsi créer

les conditions d’une inté-

gration socioéconomique

réussie. Le projet expérience canadienne de tra-

vail pensé, initié et mis en œuvre par la Maison

Internationale grâce au soutien de Service Ca-

nada, représente justement une de ces passe-

relles qui raccourcissent considérablement le

chemin qui mènent à l’emploi. Des immigrants

de la Rive-Sud qui, jadis, étaient désorientés et

désemparés, se voient soutenus dans leurs dé-

sirs d’intégration et accompagnés dans leurs

démarches quotidiennes.

(Suite page suivante)

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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L’entreprenariat : l’autre voie salutaire d’inser-

tion des immigrants

S’il ne fait guère de doute qu’un tel projet doit

être pérennisé, il n’en demeure pas moins que

le volet intégration par l’entreprenariat gagne-

rait aussi à être exploré. Nombre d’immigrants

y songent même si leur première préoccupa-

tion est de retrouver une certaine stabilité.

Leur méconnaissance de l’environnement des

affaires fait sans doute partie des facteurs blo-

quants. Pourtant l’entreprenariat peut être cet-

te autre voie salutaire d’insertion des immi-

grants même pour ceux dits qualifiés. L’entre-

prenariat est en nette recule depuis quelques

années au Québec; le phénomène devrait s’ac-

célérer compte-tenu du retrait progressif des

bébés-boumeurs. Ce sont donc des hommes et

des femmes d’expérience qui vont quitter le

marché de l’entreprenariat. Des immigrants

préparés, soutenus, accompagnés, coachés

pourraient contribuer à assurer la relève et à

porter haut le flambeau des entreprises québé-

coises. Un système de mentorat pourraient

être développé dans le cadre de l’acquisition ou

de la reprise d’entreprises; ce qui faciliterait un

transfert de compétences et contribuerait au

succès des néo-entrepreneurs. L’intégration de

nouvelles compétences venues d’ailleurs, en

plus de combler une partie des départs, pour-

rait contribuer à enrayer le déclin des exporta-

tions québécoises et réduire la dépendance vis-

à-vis du marché américain. En effet, les néo-

entrepreneurs, venus de tous les coins de la

planète, peuvent ouvrir les portes de nouveaux

marchés par les liens qu’ils ont dans leurs pays

d’origine ou qu’ils ont développés dans d’au-

tres pays avant d’atterrir sur le sol québécois.

Ousmane Diop Conseiller en emploi

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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LLLLe gouvernement du Québec s’associe à la Caisse

de dépôt et placement du Québec (Caisse), au

Mouvement Desjardins et Capital régional et

coopératif Desjardins, à la Fédération des cham-

bres de commerce du Québec (FCCQ), à la Fon-

dation de l'entrepreneurship (FDE) et à Québe-

cor pour offrir un accompagnement global aux

entrepreneurs par l'attribution de prêts sans inté-

rêt ni garantie d'une valeur maximale de 30 000

$, jumelé à du mentorat et à un appui technique.

Les mentors sont encadrés par le Réseau M de la

Fondation de l’entrepreneurship. En outre, les entre-

preneurs participants peuvent bénéficier de conseils

d’experts provenant du réseau de la Fédération des

chambres de commerce du Québec. Enfin, ils peu-

vent bénéficier du réseau de partenaires sous la gou-

verne de la Caisse de dépôt et de placement.

Le programme s’adresse aux personnes âgées de

18 ans et plus et cumulant seule ou ensemble

cinq années d’expérience. L'évaluation des pro-

jets soumis est effectuée par un comité régional.

• Financement maximal d’un montant de 30 000 $ par personne,

• S’il y a plus d’un entrepreneur, un maximum de 90 000 $ allouable par projet,

• Aucune garantie exigée (prêt d’honneur) • Aucun intérêt avant l’échéance, • Remboursable dans un délai de cinq ans, • Prêt personnel à l’entrepreneur ou garantie de

prêt (dans une caisse Desjardins).

Les projets éligibles au programme sont de natu-

re diverse:

• Achat de capital-actions, • Mise de fonds personnels, • Acquisition d’immobilisations, • Acquisition d’actifs immatériels ou incorpo-

rels (marques de commerce, brevets, etc.), • Développement de produits ou de marchés,

• Financement d’un engagement financier à court terme (marge de crédit, lettre de garan-tie, etc.),

• Fonds de roulement (dans le cadre de la crois-sance de l’entreprise),

• Mise au point et commercialisation de pro-duits ou de services nouveaux ou améliorés.

Les entreprises ciblées par le programme sont:

• Entreprise en démarrage (maximum de cinq ans d’existence),

• Entreprise ayant un plan d’affaires (de trois à cinq ans),

• Transfert d’entreprise.

Le budget du programme est de l'ordre de 7 M$

sur 5 ans et est financé par trois des partenaires

du projet, soit le gouvernement du Québec (4

M$), la Caisse (1 M$) et Desjardins (2 M$). Le

programme prévoit soutenir jusqu’à 300 entre-

preneurs des quatre coins du Québec.

Référence: http://pretaentreprendre.com/

Prêt à entreprendre

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L’école, le milieu d’intégration par excellence des jeunes immigrants

LLLL’émigration est un choix aux lourdes répercus-

sions dans la vie de l’émigrant. Quitter sa patrie,

ce n’est pas seulement quitter son pays. C’est

aussi quitter sa famille, sa culture, ses racines et

ses traditions pour s’établir en territoire étranger

et parfois étrange. Il en résulte ensuite la nécessi-

té de s’adapter à ce nouvel environnement, s’in-

tégrer à la société d’accueil. Cette période d’a-

daptation est difficile pour certains adultes, mais

pour bien des jeunes adoles-

cents elle est encore plus diffi-

cile.

En y pensant comme il faut,

ces jeunes doivent s’intégrer à

une nouvelle école, une micro-

société hétéroclite aux groupes

sociaux pas toujours flexibles,

apprendre une nouvelle lan-

gue en sachant que les moin-

dres petites erreurs leur retomberont sur le nez

très rapidement, que ce soit en classe ou dans les

corridors et éviter à tout prix les gangs de rue qui

leur apporteront pourtant un sentiment d’appar-

tenance dans ce nouvel environnement déstabili-

sant. C’est loin d’être facile pour tous, et cela ne

se fait pas toujours sans heurts.

Les banlieues françaises sont un exemple d’une

intégration ratée de jeunes nouveaux arrivants.

Les conditions de vie des pires banlieues sont

dignes de certains bidonvilles dans les pays du

tiers-monde : les chômeurs nombreux et non-

qualifiés et le taux de délinquance et de chômage

plus élevé que la moyenne. Ces conditions de vie

lamentables sont une des principales causes de la

désillusion qu’entretiennent les jeunes immi-

grants face à leur société d’accueil. En arrivant en

France, ils s’attendaient à une vie meilleure, et

comme ce n’est pas le cas, ils deviennent cyni-

ques et plein de ressentiment. Il en résulte de

véritables ghettos. Le principe d’égalité des chan-

ces, fondement de toute société démocratique,

semble faire défaut dans ces banlieues. Les habi-

tants y sont marginalisés, et on pourrait même

croire que les habitants de

ces zones urbaines sensi-

bles sont des citoyens de

seconde classe.

Bien sûr, le Québec est

loin de ces exemples dé-

sastreux. Toutefois, ils il-

lustrent la nécessité d’in-

tégrer ces nouveaux arri-

vants, surtout les jeunes.

Les jeunes ont l’esprit bien ouverts et encore en

mutation. Ils s’adaptent à des changements pro-

fonds bien mieux que le ferait leurs parents. L’é-

cole est un milieu clé pour l’intégration de ces

arrivants, et si la société québécoise veut bénéfi-

cier de la contribution de ces nouveaux arrivants

au développement de la société d’accueil, elle se

doit de tout mettre en œuvre pour les intégrer.

Pour que le Québec devienne une courtepointe1

avec autre chose que de la laine pure.

Ayman Meskaouni, Étudiant École secondaire Antoine-Brossard

1 L’auteur fait allusion au modèle du multicultu-ralisme canadien auquel il adhère. « Réunir chaque culture au sein d'un tout. »

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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LLLLa grande majorité des Québécois parlent fran-çais.

L’origine du français québécois remonte au dé-but de la colonialisation et à un mélange du français classique et des patois parlés par les co-lons français de la Nouvelle-France. L’influence dominante est toutefois le « françois » de la cour du roi de France de l'époque. Cette influence se note de nos jours par l’utilisation de « y » au lieu de « ils » ou encore « toé » ou « moé ». À la mai-son, les gens parlaient le patois et utilisaient le « françois » à l’extérieur, langue enseignée aux enfants par les femmes.

Alors qu’en France, la langue de la bourgeoisie prenait le dessus sur le français de la cour, au Québec, le français québécois évoluait sous l’in-fluence des Anglais, notamment, après la conquête de 1759.

Quelques contractions datant du passé: • “je suis allé” devient “cht’allé”,

• “sur la table” devient “su’a’tab”, • “il mange” se prononce “i’mange” alors que

“elle mange” devient “a’mange”. • “est-ce que tu peux …? se dit “Tu peux-tu ...?” • “moi” se prononce “moué” • “il fait froid” s’exprime en “i fait fret”, • le t muet de “mon lit” ressort en “mon litt”, • “viens ici” s’entend “vient icitt”.

Le français québécois a aussi évolué distincte-ment du français de la France par ses expres-sions: • “ambitionner sul'pain béni” pour “abuser

d'une situation”, • “être le boss des bécosses” pour “agir comme

le petit chef ”, • “où tu t’en vas avec tes skis?” pour “ne pas

être sur la bonne voie”, • “se désâmer” pour “travailler dur”, • “varger dans le tas” pour “frapper”.

LLLLa Semaine québécoise des rencontres interculturelles (SQRI), se déroulera cette année du 1er au 7 octobre. Comme par le passé, cet événement vise à en-courager le dialogue et à favoriser le rapprochement interculturel, afin de combattre les préjugés et la discrimina-tion et de favoriser la pleine participa-tion de toutes et de tous à l’essor du Québec.

Nous vous invitons à nous commu-niquer vos idées et vos projets dont la communauté et ses résidents pourraient bénéficier.

Le français au Québec

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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La 10e Semaine Québécoise des Rencontres Interculturelles

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Salon de l’Immigration et de l’Intégration au Québec.

LLLLa Maison Internationale de la Rive-Sud est heureuse d’avoir ap-porté sa collaboration à la pre-mière édition du Salon de l’immi-gration et de l’Intégration au Québec. Cet événement s’est dé-roulé à Montréal et a permis, grâ-ce à la CRÉ de Longueuil, à plu-sieurs organismes communautai-res de la Rive-Sud d’y participer, de faire connaître la région et de présenter leurs services aux nom-breux visiteurs présents.

L’événement a eu lieu au Palais des Congrès de Montréal les 18 et 19 mai 2012.

Ingrédients: • 500 g poulet • 1 pomme de terre • 2 oignons • 1 tomate • 1 cm de gingembre • 2 gousses d'ail • 5 branches coriandre • 2 branches de menthe • beurre

• ½ c. à café de piment en poudre • 1 ½ c. à soupe coriandre en pou-

dre • 1 c. à café garam masala en pou-

dre • ½ c. à café de cumin en poudre • une pincée de safran • sel • yaourt

La recette du mois

Gourma / Sud de l’Inde

CCCCouper en petits morceaux 1 oignon, la tomate, le gingembre, l'ail, la coriandre, la menthe et mettre au mixeur avec un peu d'eau. Dans une casserole, mettre le beurre, ajouter la cannelle, 1 oignon émincé et remuer 2 à 5 mn. Verser le mélange mixé dans la casserole, ajouter le piment, la coriandre en poudre, le garam masala*, le cumin en poudre et une pincée de safran et de sel. Mélanger le tout et ajouter ½ litre d'eau. Couper la viande en morceaux et la mettre dans la casserole avec le reste, ajouter 1 yaourt. Couper la pomme de terre en morceaux et les mettre dans la casserole. Faire cuire à feu doux pendant 10 mn jus-qu’à ébullition, ensuite poursuivre la cuisson à feu normal pendant ½ heure. * Le Garam masala est un mélange d'épices torréfiées et réduites en poudre originaire du nord de l'Inde.

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Montréal, le 26 juin 2012 / AAAAnnonce de la mise en

œuvre d’un important service en ligne qui vise à

faciliter l’intégration des personnes immigrantes à

la société québécoise, en les mettant en action

avant même leur arrivée au Québec. Ce nouveau

service en ligne SIEL propose aux

nouveaux arrivants de débuter leur

intégration de l’étranger.

Il vise à accélérer l’intégration socioé-

conomique des personnes immigran-

tes et accroître leur taux d’emploi.

Il sera accessible en tout temps. Les utilisateurs

seront invités à suivre un plan d’action personna-

lisé qui leur fera réaliser des recherches adaptées

à leur situation.

Montréal, le 27 juin 2012 / Le ministre des Finan-

ces du Québec, monsieur Raymond Bachand affir-

me que le chômage plus élevé à Montréal s’expli-

que en parti par la réticence des gens d’affaires

québécois à embaucher les nouveaux arrivants. Il

ajoute que le Québec prend plus

de temps que l’Ontario à inté-

grer les immigrants sur le mar-

ché du travail.

L’économiste du Conference

Board, Mario Lefebvre, propose

un Plan Sud au ministre. Un

plan en sept étape dont l’un est de mieux intégrer

les immigrants qu’il faut continuer d’attirer.

Implantation du nouveau

Service d’intégration en ligne

L’embauche de

nouveaux arrivants

Montréal, le 29 juin 2012 / LLLLes médecins, les infir-

mières et d’autres professionnels sont indignés. Le

ministre de l’Immigration, Jason Kenney, deman-

de aux provinces de se préoccuper de la santé de

leurs citoyens avant celle des réfugiés.

Tous se rassemblent pour

faire reculer le ministre, car

les coupes risquent de nuire

à la santé à long terme des

demandeurs de statut de

réfugié.

Avec les changements pro-

posés par Ottawa au pro-

gramme fédéral de santé

intérimaire (PFSI) - qui prend en charge les de-

mandeurs d’asile -, Ottawa ne remboursera plus

les frais de soins de santé spécialisés, notamment,

les médicaments jugés non urgents et les soins

dentaires.

À compter du 30 juin, la couverture supplémen-

taire sera abolie. Les réfugiés

pourront toutefois être traités

gratuitement en cas d’urgence

ou si leur maladie représente

un danger pour la santé et la

sécurité publique.

En attendant, le Québec a ac-

cepté de ramasser la facture

tout en tentant de négocier des

avec le gouvernement fédéral.

Coupe dans les soins aux réfugiés

D’ICI ET D’AILLEURS été 2012

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Montréal, le 4 juin 2012 / CCCCitoyenneté et Immigra-

tion Canada (CIC) dispense l’Avis relatif au mar-

ché du travail (AMT). Cette disposition facilitera le

processus de renouvellement ou

de prolongement d’un permis de

travail pour les travailleurs tem-

poraires qualifiés résidant au

Québec. Elle permettra de sim-

plifier et d’accélérer les démar-

ches des employeurs québécois

au moment de l’embauche de talents internatio-

naux et aux travailleurs temporaires d’acquérir le

statut de résident permanent plus rapidement.

Montréal, le 14 mai 2012 / LLLLe MICC appuie un

projet visant à faciliter l’obtention d’un permis

d’exercice pour les comptables agréés formés à

l’étranger. Le projet est piloté par

l’Ordre des comptables agréés du

Québec.

L’entente vise à mettre en place

des mesures préparatoires à l’éva-

luation des compétences des pro-

fessionnels en comptabilité for-

més à l’étranger et à mieux informer ces personnes

sur la pratique en contexte québécois via une ses-

sion d’accueil.

Démarches simplifiées et accélérés pour

les travailleurs temporaires qualifiés

Entente facilitant la reconnaissance des

compétences des comptables agréés

Le Regroupement des professionnels de l’expor-

tation (REPEX) signe une entente avec le MICC Les séances d’accueil des nouveaux arrivants

transférés du MICC aux organismes commu-

nautaires

Montréal, le 3 mai 2012 / CCCCe projet propose un par-

tenariat entre le REPEX, le Centre de recherche

industriel du Québec (CRIQ) LaSalle Intenational,

ProfileSoft et 14 associations d’affaires bilatérales

et 6 organismes d’employabilité. Il vise l’implanta-

tion d’un nouveau système structurant fondé sur

des technologies Web au sein d’un réseau de par-

tenaires liés à l’emploi. Il s’agit d’une stratégie

d’appariement systématique des compétences re-

cherchées par les employeurs et celles des person-

nes immigrantes.

Montréal, le 27 juin 2012 / LLLLes rencontres sur les

Premières démarches d’installation (PDI) données

par les services Immigration-Québec sont doréna-

vant offertes par des organismes communautaires

et ce depuis le 1er juillet

2012.

Ces rencontres s’adres-

sent aux personnes ré-

cemment arrivées au

Québec depuis moins

d’une semaine et qui par-

lent français. Les personnes allophones qui ne

peuvent suivre les séances d’information sont diri-

gées vers les organismes spécialisés, telle la Mai-

son Internationale de la Rive-Sud.

été 2012 D’ICI ET D’AILLEURS

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D’ici et d’ailleurs, Le journal de la Maison Internationale de la Rive-Sud

Volume 9 No 2, été 2012