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DOSSIER JEUNE PUBLIC DU MARDI 10 AU SAMEDI 14 JANVIER 2012 AU GRAND T SANS OBJET Saison 2011 / 2012 © Aglaé Bory

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DOSSIER JEUNE PUBLIC

DU MARDI 10 AU SAMEDI 14 JANVIER 2012 AU GRAND T

SANS OBJET

Saison 2011 / 2012

© Aglaé Bory

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SOMMAIRE

PRÉSENTATION ......................................................................................... 3

LE PROPOS ............................................................................................... 4

LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE ............................................................. 5

À PROPOS DE SANS OBJET ......................................................................... 7

AURÉLIEN BORY , METTEUR EN SCÈNE .......................................................... 9

LA COMPAGNIE 111 - AURÉLIEN BORY...................................................... 11

SANS OBJET : PHOTOS ............................................................................. 12

SANS OBJET : EXTRAITS VIDÉO ................................................................. 13

LES ÉCHOS DE LA PRESSE ........................................................................ 14

Dossier réalisé à partir de documents divers dont ceux fournis

par la Compagnie 111 – Aurélien Bory.

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SANS OBJET

DE

AURÉLIEN BORY

Conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory Pilote, programmation du robot Tristan B audoin

Composition musicale Joan Cambon Création lumière Arno Veyrat

Conseiller artistique Pierre Rigal Son Stéphane Ley

Costumes Sylvie Marcucci Décor Pierre Dequivre

Accessoire moniteur Frédéric Stoll Patine Isadora de Ratuld

Masques Guillermo F ernandez Régie générale Arno Veyrat

AVEC

Olivier Alenda

Olivier Boyer

PRODUCTION Compagnie 111 – Aurélien Bory

COPRODUCTION TNT / Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, Théâtre Vidy / Lausanne E.T.E,

Théâtre de la Ville / Paris, La Coursive / Scène nationale La Rochelle, Agora / Pôle national des arts du cirque de Boulazac,

Le Parvis / Scène nationale Tarbes-Pyrénées, London International Mime Festival

RÉSIDENCE TNT / Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées

REMERCIEMENTS À L’Usine, lieu conventionné Arts de la rue / Tournefeuille

La Compagnie 111- Aurélien Bory est conventionnée p ar le Ministère de la Culture et de la Communication - Direction Régionale Affair es Culturelles Midi Pyrénées,

la Région Midi Pyrénées et reçoit le soutien de la Ville de Toulouse et du Conseil Général de la Haute-Garonne.

Elle bénéficie du soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement de ses projets.

La Compagnie 111 - Aurélien Bory est associée au Gr and T, scène conventionnée

Loire-Atlantique / Nantes.

DU MARDI 10 AU SAMEDI 14 JANVIER 2012 AU GRAND T

Du mardi au jeudi à 20h, le vendredi à 20h30 et le samedi à 19h

DURÉE : 1h10 PUBLIC : à partir de la 2nde

TARIF : 9€ ou un pass-culture

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LE PROPOS Face au robot, les artistes. Face à la puissance de la machine, la souplesse et la plasticité des acrobates. Technologies nouvelles, i nformatique, robotique : le XXIe siècle sera sans nul doute celui du dialogue entre l’homme et la machine. C’est ce qu’explore sur scène Aurélien Bory, inventeur d’uni vers théâtraux où les arts de la scène flirtent avec la science, les mathématiques e t la géométrie. Plan B, Plus ou moins l’infini …, autant de rêveries poétiques sur l’espace et la lumière, qui mêlent danse, théâtre, acrobatie et arts visuels. Un grand robot industriel occupe la scène. Comment les humains vont-ils cohabiter avec cet être 100% technologique ? Bientôt, un étrange ballet s’engage entre le bras articulé, devenu personnage à part entière, et les deux danseurs de la Compagnie 111. On retient son souffle devant le surgissement inattendu de la beauté ; on hésite entre l’inquiétude et le rire ; on est fasciné par la puissance de ce qui se joue au plateau. C’est que Sans objet, deuxième proposition présentée cette saison au Grand T par Aurélien Bory, ravive par la poésie des questions que soulève l’évolution de nos sociétés hautement technologiques : les machines peuvent-elles basculer du côté du sensible ? Sommes-nous déjà des êtres hybrides ? Bien entendu, le metteur en scène et scénographe se garde bien de donner des réponses, préférant faire confiance à l’imagination du spectateur. « L’idée est d’extraire le robot de son milieu en le plaçant sur scène, explique Aurélien Bory. Ainsi, bascule-t-il dans le champ de l’art, de l’inutilité. Il devient « sans objet ». »

© Aglaé Bory

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LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE L’art ne progresse pas, n’est pas performant, ne se mesure pas, ne prouve rien. « Au point de départ d’un spectacle je cherche toujours à répondre à deux questions : « De quoi s’agit-il ? Et à quoi bon ? » Dans le même temps j’imagine l’espace scénique. La scénographie a toujours été centrale dans mes spect acles. Elle n’a pas une fonction décorative, mais une fonction d’action. Elle agit s ur l’acteur, et réciproquement. La scène n’est-elle pas l’art de l’espace ? Avec Sans objet j’ai voulu introduire sur scène un robot industriel ayant la force de déplacer des éléments de décor aussi bien que des acteurs. La machine devient un protagoniste à part entière. Il s’agit d’un bras articulé, mécanique. On va l’utiliser comme une « marionnette » – un être 100% technologique – dans son dialogue avec un homme contemporain ordinaire. Ces personnages sont obligés de cohabiter sur scène, dans l’impossibilité de s’ignorer. C’est comme si l’homme d’aujourd’hui était composé de deux facettes : il est encore du côté de l’humain, mais de plus en plus dans la technologie. Ce rapport entre l’homme et la machine est en pleine évolution. Il ne s’agit pas de le juger, mais de le constater. Le robot est arrivé dans le monde industriel dans les années 70 ; l’idée est de l’extraire de son milieu en le plaçant sur scène. Ainsi, bascule-t-il dans le champ de l’art, de l’inutilité. Il devient « sans objet », acteur. De tout temps on a tenté de franchir la frontière du vivant et du non vivant au travers de l’imaginaire : ainsi en est-il des objets auxquels on prête une âme, du mythe de la statue qui s’anime, ou encore de bien des ressorts de la science-fiction… Cette perspective m’intéresse dans la mesure où elle devient de plus en plus concrète. À l’heure actuelle ne mélange-t-on pas le biologique et l’électronique – soit du vivant et de l’inerte ! On observe un double mouvement : le robot tend à s’humaniser, et l’homme à se robotiser. L’humain risque de devenir « moins bien » que le robot. La performance est au cœur de cette question. L’homme sera contraint de s e « technologiser » s’il veut rester dans la course. Autrefois, pour mettre à l’é preuve ses capacités, il se mesurait à l’animal. Aujourd’hui le défi est dans la technolog ie. En robotique les Japonais ont quasiment vingt ans d’avance sur les Européens et j’aurais pu m’aventurer du côté de leurs derniers développements. J’ai pourtant choisi ce vieux robot, basique, qu’est le robot industriel pour remonter à la source de cette évolution technologique. Ce qui m’intéresse, c’est ce bras articulé, sa puissance. Olivier Alenda et Olivier Boyer sont les interprètes d’un homme contemporain ordinaire confronté à l’emprise d’un robot. La mise en œuvre technique est toujours importante dans mes spectacles. En même temps, cela reste très artisanal, le robot lui-même est simple. Et puis je suis entouré d’une équipe technique fidèle et d’une grande compétence à Toulouse : sans elle, j’aurais du mal à réaliser mes créations.

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Sans objet peut signifier « inutile ». Ce titre renvoie aussi à la place laissée vide dans un champ informatique : l’intitulé « sans objet » d’un e-mail, l’indéterminé… Et si dans la surprise de sa danse avec l’homme, le robot déplacé de son contexte industriel – devenu fonctionnellement inutile -, nous rappelait à la nature de l’art : être absolument sans objet ? »

Aurélien Bory, metteur en scène

Propos empruntés à un entretien de Marie Bertholet pour le Théâtre Vidy-Lausanne, juillet 2009

Sans objet a été créé le 7 octobre 2009 au Théâtre National de Toulouse.

© Aglaé Bory

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À PROPOS DE SANS OBJET

Votre travail pourrait se définir comme un point de rencontre entre le théâtre, l’installation (ou la performance) et le cirque. Cr oyez-vous que cela rende difficile son identification par le public ? Ne pas savoir ce que l’on va voir est certainement une des meilleures façons d’aller au théâtre… C’est-à-dire être dans un état de disponibilité propre à aborder une nouvelle forme, sans a priori. J’essaie dans mon théâtre de laisser une grande pla ce au spectateur. C’est lui qui finit l’œuvre. Par association d’idée s, par ses références, par reconnaissance de son expérience, par tout ce qui c onstitue sa lecture, il s’approprie ce qu’il regarde. Et pour stimuler son imaginaire, il faut réussir à provoquer un trouble. C’est ce que j’essaie de faire en déplaçant les choses. D’ailleurs c’est le point de départ de Sans objet : extraire un robot de l’industrie et le placer sur une scène. Un robot industriel, apparu dans les années soixante dix dans l’industrie automobile. C’est le premier robot introduit chez les hommes, une sorte de point de départ de cette nouvelle relation. Il a dans l’industrie une fonction déterminée, et sur scène il la perd. Il devient « sans objet », inutile, notre regard sur lui change alors. Il devient le réceptacle, le miroir de nos projections. Je vois le théâtre un peu de cette manière. Vous appelez souvent vos interprètes des acteurs, e t pourtant ils ne disent pas un mot, n'ont pas de texte. Quand je dis acteur, je pense action. Acteur, en tant que celui qui agit. Dans Sans objet, l'acteur utilise son corps comme moyen principal d'action. Et c'est sur ce terrain que s’établit le dialogue avec le robot, qui a lui aussi un corps, un bras articulé, six axes capables de se mouvoir en tout point tout autour de lui. D'une manière générale je pense que tous les moyens d'actions se valent sur la scène et je ne vo is pas de hiérarchie au théâtre entre le texte et d'autres moyens d'actions. Dans Sans objet , le robot, - omniprésent -, semble d’une puissance incroyable, au point de faire toujours peser une menace potentiell e sur les interprètes. Cette rencontre entre l’homme et des éléments de prime ab ord insurmontables, m’avait déjà frappé dans Les Sept planches de la ruse . Cette confrontation d’échelle fait partie des choses qui vous intéressent ? J’essaie effectivement de confronter l’homme à quelque chose qui le dépasse. Un espace précis, un objet posé sur le plateau auquel je donne une capacité de mouvement, d’action. L’idée du robot est venue de cette réflexion sur le théâtre, sur l’objet animé. Elle croise Kleist et son texte sur le théâtre de marionnettes, Schlemmer dans son rapport à l’objet, et même Meyerhold, avec le constructivisme. Il y a dans chaque cas l’idée de la confrontation du vivant et de l’inerte. Comme si cette confrontation nous révélait quelque secret… Et puis l’idée du robot m’est apparue importante aujourd’hui, du fait de notre rapport à la technologie. Il est complexe. On l’aime et l’on s’en sert, autant qu’on la déteste et l’évite. Elle bouscule notre rapport au monde. C’est ce qui constitue l’enjeu de Sans objet.

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Quelle « histoire » vouliez-vous raconter, si une t elle formulation vous convient. L'histoire ce serait : l'homme et le robot, qu'ont- ils à se dire ? Ce pourrait être aussi la capacité de l'homme à s'adapter, ou bien le surgissement inattendu de la beauté, ou bien les formes primitives dans la technologie, ou bien le devenir de l'homme après l'homme, ou bien le seul plaisir du déploiement de la forme... Sans objet , que j’ai vu à la création à Vidy-Lausanne, est à la fois drôle et inquiétant : le corps humain y est d’abord performant et le robo t sensible, ce qui rapproche d’un vocabulaire à la fois burlesque et fantastique (ou poétique), puis l’ensemble glisse insensiblement vers une déshumanisation effrayante et la machine finie par faire la démonstration concrète de son pouvoir et de sa puis sance physique. Cette friction entre humour et tension était-elle i nscrite dans votre idée initiale du projet ? Oui, j'essaie d'élargir le registre et obtenir plus de contraste entre les scènes. L'humour fonctionne comme le contrepoint des certaines impressions visuelles fortes que produit la scénographie ou les lumières et qui s'inscrivent dans une certaine rigueur. Je ne cherche pas le rire, mais j'essaie de faire en sorte que l'humour renforce la tension. Je montre l'homme dans des situations d'inconfort, d'instabilité, d'inconnu. L'action burlesque arrive comme une mise à distance. Une sorte de « non, ceci n'est pas tout à fait sérieux ». J’ai vu avec plaisir beaucoup d’enfants d'une dizai ne d’années, accompagnés de leurs parents, dans la salle. C’est une chose qui vous to uche ? Que vous aviez envisagée ? Disons que mes spectacles peuvent être vus par des enfants. Je suis souvent attentif à leurs réactions. Il y a chez eux une candeur du regard et une honnêteté qu’aucune pudeur ne vient fausser. On ne doute pas de leur sincérité. Je n'ai jamais fait de spectacles pour les enfants, mais je suis ravi quand j'en vois quelques-uns dans la salle. Je les considère un peu comme mes alliés. Selon vous, le rapport de l’homme à la technique – ou à la machine – est-il à ce point inquiétant pour l’avenir ? Non je ne dirais pas cela. Mais nous vivons un temps qui ne parvient pas complètement à penser son avenir. Cela vient peut-être du fait qu'il y a dix ans que l'an 2000 n'a pas lieu. Toutes nos projections sur le progrès, sur la technique, sur l'avenir ont pris un coup dans l'aile. Nous avons une conscience accrue de notre finitude. Il nous reste alors à rêver autrement.

Aurélien Bory, metteur en scène Recueillis par Christophe Lemaire pour le Théâtre d e la Ville - janvier 2010

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AURÉLIEN BORY, METTEUR EN SCÈNE

Auteur, metteur en scène, directeur artistique de l a Compagnie 111 Aurélien Bory est né à Colmar en 1972. Des études de physiques à Strasbourg l'amènent à travailler dans le domaine de l'acoustique architecturale. Puis il interrompt son parcours scientifique en 1995. Il s'installe à Toulouse et intègre le studio de création au sein du Lido, centre des arts du cirque. En 1998, Il est acteur dans L'Odyssée du Théâtre Tattoo dirigé par Mladen Materic. En 2000 il fonde la Compagnie 111, avec à ses côtés l'acteur Olivier Alenda. Il conçoit alors et lance le projet de création de la trilogie sur l'espace qui durera six ans, composé de IJK, Plan B et Plus ou moins l’infini, marquée notamment par la collaboration avec

Phil Soltanoff. En 2003 il met en scène Pierre Rigal dans son premier solo, Érection, début d'une longue collaboration poursuivie avec Arrêts de jeu en 2006. Ouvert à d'autres contextes, il crée Taoub en 2004 à Tanger avec douze acrobates marocains, spectacle qui lance alors le Groupe acrobatique de Tanger sur la scène internationale. Aurélien Bory reçoit en 2008 le prix Créateur sans frontières / CulturesFrance pour ses créations à l'étranger, notamment Les Sept Planches de la ruse, créé en 2007 en Chine avec des artistes de Dalian. En 2008 et 2009, il crée deux spectacles : Questcequetudeviens?, portrait d'une femme, et Sans objet, pièce avec un robot industriel. En 2011, Aurélien Bory s’intéresse à l’espace du chapiteau et crée Géométrie de caoutchouc au Grand T à Nantes. Ses créations incluent différentes disciplines artistiques : théâtre, cirque, danse, arts visuels, musique. Sa démarche s'inscrit autour de la question de l'espace et s'appuie sur son écriture scénographique.

Spectacles 2000 > IJK., conception Aurélien Bory mise en scène Christian Coumin. Premières au Théâtre de la Digue (Toulouse)

2003 > Plan B conception Aurélien Bory, mise en scène Phil Soltanoff. Premières au Théâtre Garonne (Toulouse)

2003 > Érection de et avec Pierre Rigal mise en scène Aurélien Bory. Premières au Théâtre National de Toulouse

2004 > Fardeau de et avec Anne de Buck et Mikis Minier-Matsakis, mise en scène Aurélien Bory. Créé dans le cadre de "Numéros Neufs"

2004 > Taoub d'Aurélien Bory par Le Groupe acrobatique de Tanger, mise en scène Aurélien Bory. Créé à Tanger avec douze acrobates marocains. Premières aux Jardins de la Mendoubia.

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2005 > Plus ou moins l’infini, conception Aurélien Bory mise en scène Phil Soltanoff. Premières au Théâtre E.T.E Vidy-Lausanne

2006 > Arrêts de jeu de Pierre Rigal, mise en scène Aurélien Bory et Pierre Rigal. Premières au Théâtre National de Toulouse

2007 > Les Sept Planches de la ruse conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory. Créé à Dalian avec quatorze artistes chinois. Premières en France au Théâtre de la Ville / Paris

2008 > Questcequetudeviens? d'Aurélien Bory pour Stéphanie Fuster. Premières au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

2009 > Sans objet conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory. Premières au Théâtre National de Toulouse

2011 > Géométrie de caoutchouc conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory. Premières au Grand T, scène conventionnée Loire-Atlantique / Nantes

Collaborations 2006 > Gaff Aff de et avec Martin Zimmermann, Dimitri de Perrot. Collaboration artistique Aurélien Bory ; créé au Théâtre E.T.E Vidy-Lausanne

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LA COMPAGNIE 111 - AURÉLIEN BORY Fondée à Toulouse en 2000 par Aurélien Bory et Olivier Alenda, la Compagnie 111 développe une œuvre singulière et hybride, à la croisée de nombreuses disciplines du spectacle vivant (théâtre, cirque, danse, arts visuels, musique…). Elle envisage le théâtre en tant qu’art de l’espace et appréhende la scène en tant qu’espace physique et lieu de tous les possibles. Les œuvres d’Aurélien Bory transcendent les appartenances à une discipline grâce à une constante réinvention plastique et un point de départ de la scénographie sans cesse indéterminé. Régulièrement invitée dans des théâtres du monde entier, la Compagnie 111 acquiert dès sa première création IJK en 2000, et au fil des tournées suivantes, une solide renommée internationale. En onze ans, la compagnie 111 réalise sept créations : IJK en 2000, Plan B en 2003, Taoub en 2004 avec le Groupe Acrobatique de Tanger, Plus ou moins l’infini en 2005, Les Sept Planches de la ruse avec des artistes de Dalian en 2007, Questcequetudeviens? en 2008 et, l’année suivante, Sans objet, pièce pour un robot et deux acteurs. Tout en s’attachant à maintenir l’ensemble de ses œuvres au répertoire, la Compagnie 111 initie chaque année un nouveau projet de création. En incluant à la fois une équipe solide et fidèle, mais également des collaborations avec d’autres artistes à Toulouse (Pierre Rigal ou Stéphanie Fuster) ou à l’international (le New Yorkais Phil Soltanoff, le Groupe Acrobatique de Tanger ou encore l’école d’art de Dalian en Chine), Aurélien Bory adopte une démarche de création ouverte vers de nouvelles écritures. Chaque nouveau projet s’inscrit dans la rencontre avec un autre contexte ; il naît de la friction avec un artiste, un lieu, une pratique, un milieu. Une force créatrice qui ne verrait pas le jour sans l’aide de partenaires réguliers : la Compagnie 111 bénéficie depuis 2003 du soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement de tous ses projets, aussi bien au niveau structurel qu’en termes de soutiens ponctuels à des actions de diffusion, notamment à l’international. La compagnie reçoit également le soutien de la Région et la DRAC Midi-Pyrénées et de la Ville de Toulouse. Autant d’aides qui témoignent de l’attachement de la Compagnie 111 au territoire et de sa solide implantation locale. Depuis onze ans, plusieurs théâtres ont également apporté leur soutien en accueillant la compagnie en résidence de création : le Théâtre de la Digue (IJK), le Théâtre Garonne (Plan B), le Théâtre National de Toulouse (Plus ou moins l’infini, Sans objet), le Théâtre Vidy-Lausanne (Plus ou moins l’infini, Sans objet), le TnBA (Questcequetudeviens ?) et, pour Géométrie de caoutchouc, le Grand T à Nantes où Aurélien Bory est artiste associé depuis janvier 2011. Cette nouvelle collaboration qui durera trois ans portera sur l’accompagnement des créations, des accueils en résidences, des actions en direction des publics et la présentation du répertoire de la Compagnie 111.

Consultez le site de la Compagnie 111 : http://www.cie111.com

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SANS OBJET : PHOTOS

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SANS OBJET : EXTRAITS VIDÉO

VIMEO

La minute pédagogique > Sans objet Nicolas Turquet, professeur missionné du phénix, scène nationale de Valenciennes, donne aux

professeurs, aux élèves et toute personne intéressée, des informations utiles pour approfondir les connaissances autour de certains spectacles du phénix.

1’51 http://vimeo.com/17754857

YOUTUBE

Sans objet d'Aurélien Bory 2’02

http://www.youtube.com/watch?v=uSsfu5soePM

Sans objet d'Aurélien Bory 0’54

http://www.youtube.com/watch?v=95HNCLeJ7SQ

CULTURE BOX

Sans objet le dernier spectacle de la Compagnie 111 à Toulous e 2’03

http://www.francetv.fr/culturebox/sans-objet-le-dernier-spectacle-de-la-compagnie-111-a-toulouse-16381

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LES ÉCHOS DE LA PRESSE

Pas de trois inédit pour robot et acrobates

Aurélien Bory présente sa nouvelle pièce, Sans objet, au Théâtre des Abbesses, à Paris.

Une station orbitale avec cosmonautes en apesanteur, une lampe géante pour surveillance de chantier fictif, une sculpture comme un jeu d'enfant que l'on manipule en direct... De multiples images surgissent en contemplant Sans objet, nouvelle pièce pour un robot et deux interprètes-acrobates du metteur en scène Aurélien Bory, présentée, dans son programme théâtre, au Théâtre des Abbesses, à Paris, jusqu'au 6 mars. Car la vedette de ce pas de trois inédit et incongru est un immense robot, un gros bras en fer articulé, dont la vitesse de manœuvre est identique (ou presque) à celle de ses partenaires. Le point de départ de Sans objet était de déplacer un robot d'industrie utilisé dans les années 1960 pour la construction automobile, sur un plateau de théâtre.

Le déménagement opéré, la chose est bien là. Superbe, magnétique, elle est posée au centre d'une petite scène surélevée grise, et domine de sa beauté métallique ses deux comparses en costard-cravate et chemise blanche. Selon ses mouvements - vrilles sur lui-même, changements d'axe de son bras, aplatissement sur le plateau... -, le robot prend des accents anthropomorphiques.

À force de faire cligner les projecteurs qui lui servent d'yeux et de souffler comme une vieille chose, la machine devient terriblement humaine. Le propos d'Aurélien Bory aurait pu se figer dans quelques acrobaties esthétiques autour du thème cliché de l'homme et du robot. Mais le directeur de la Compagnie 111, passé par des études de physique, d'acoustique architecturale et de cinéma, creuse toujours son sujet au plus fécond. Bory a dû d'abord longtemps observer le robot, en explorer toutes les possibilités pour en extraire une telle gamme

de dialogues avec ses deux complices présents d'un bout à l'autre sur le plateau. De l'apprivoisement en tournant autour de la bête jusqu'à la construction d'une muraille en plaques amovibles, l'investigation menée par Bory fait surgir de chaque situation un autre cas de figure dans un système d'association d'idées et de glissement progressif de l'action. De rebondissements en surprises, Sans objet croise l'art et la mécanique, la logique du rêve et de la technique en s'amusant de tous les scénarios. Dominant-dominé, manipulant-manipulé, les jeux de rôle évoluent, faisant endosser aux deux acrobates le statut d'homme-objet, d'ouvrier d'un autre monde, de mutant mi-chair, mi-métal. Avec toujours en creux, parfaitement interprétées par Olivier Alenda et Pierre Cartonnet, des virgules burlesques et des incises absurdes qui évitent à Sans objet de virer à la démonstration d'invention. Une fois encore, Aurélien Bory épate. Sa dextérité à se couler dans des univers situés à l'opposé en fait un cas à part. Ses deux pièces récentes surfaient sur des atmosphères sans comparaison. En 2008, Les Sept Planches de la ruse mettait en scène quatorze interprètes chinois, experts en Opéra de Pékin. À partir d'un jeu chinois très ancien, le qi qiao ban, autrement dit le tangram, composé de cinq triangles, un carré et un parallélogramme aux tailles variées, il dressait une architecture géométrique puissante comme un casse-tête géant. Plus récemment, Aurélien Bory a imaginé Questcequetudeviens ? pour la danseuse Stéphanie Fuster un trio flamenco plein de délicatesse, gorgé d'obscurité. Avec Sans objet, soutenu en direct par le programmeur et pilote du robot au millimètre, Tristan Baudoin, Bory signe une pièce optimiste sur le merveilleux robotique de l'ère technologique.

Rosita Boisseau, Le Monde, mars 2010

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Critique / Sans objet

Dans Sans objet, en guise de nouveau danseur, Aurélien Bory propulse sur scène un gigantesque robot poly articulé issu de l'industrie automobile. Une proposition singulière et frappante autour de la question de la technique. Sans machine, paradoxalement, l'homme n'est plus humain, si c'est sa capacité à offrir une fin aux choses qui le distingue de l'animal. Sans objet retrace donc cette Odyssée à la Kubrick qui a permis à l'hominidé de s'extraire de la Préhistoire. Souvenez-vous : l'os se mue en arme entre les mains de notre ancêtre Sapiens, des millénaires avant que l'ordinateur ne se retourne contre son créateur. C'est la fable de l'arroseur arrosé et la même boucle que lace le spectacle. Avec le spectateur, deux hommes découvrent d'abord, caché sous une immense bâche noire, un long bras articulé. Où sommes-nous ? Dans le noir. Un noir profond et sauvage. Le noir des débuts du monde, d'un monde que l'homme commence à interroger. Sous la bâche, le robot high-tech - ultramoderne, archi précis, dernier modèle de ces machines qui dans un souffle assemblent des pans de voitures au millimètre près – grogne telle une bête sauvage. Il tremble, tressaille, puis déploie son immense carcasse de monstre hybride - mi-dinosaure, mi-humanoïde – et se saisit des danseurs qui tentaient de l'apprivoiser. La poésie de l'inutile. Veut-il les tuer ? "Simplement jouer" ? Machine et danseurs déploient le ballet d'une découverte réciproque faite d'innocence et de méfiance. Pourront-ils cohabiter ? "S'associer" ? Qui de la machine ou de l'homme manipule l'autre ? "Qui finira par régner" ? Voilà quelques-unes des questions que soulève l'évolution de leurs rapports. Le propos philosophique et politique, qui fut souvent au centre du débat sur la technique, passe ici au second plan : c'est avant tout une épatante performance visuelle et technique que propose Aurélien Bory. Seul signe des temps : vêtus comme des cols blancs, dans un espace que la machine transpose de l'horizontal au vertical, à l'image des centres d'affaire où les cadres gravitent entre des gratte-ciels, les danseurs sont happés par le robot comme l'occidental moderne par la technologie. Mais le spectacle se veut comme son titre : sans objet. L'expérience plastique et technique prime sur la constitution d'un sens, et la narration sans parole laisse les évocations s'éparpiller. Au final tout retourne dans l'indistinct du noir : semblable aux polyptiques de Soulage, faisant écran en avant-scène, la bâche tendue sur un câble cogne, se gonfle, puis se perfore sous les coups. C'est la guerre contre les machines, la fin de l'Histoire tant redoutée : le cœur de l'homme qui meurt vaincu par la technique. L'hypothèse d'un monde qui, délaissant l'art, courra à sa perte en faisant croire qu'il sait où il va, demeure plus plausible que jamais. À la pente de ce monde, Sans objet oppose la poésie de l'inutile. C'est le propos et la beauté de ce spectacle.

Eric Demey, La Terrasse, février 2010

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L'homme confronté à la machine dans un surprenant e xercice de cirque contemporain. C'est un bras armé, plus exactement un robot comme ceux qui firent leur apparition dans les usines automobiles des années 70. L'objet de Sans objet date, lui, des années 90 : il appartenait à la multinationale General Motors. Et se retrouve aujourd'hui acteur à part entière de cet ovni au croisement du cirque et du théâtre, nouvel opus d'Aurélien Bory, l'homme derrière Plus ou moins l'infini, Plan B ou Les Sept Planches de la ruse. Deux circassiens autant qu'acteurs font face à la machine, et finiront par se laisser avaler – puis recracher – par ce nouveau monstre de scène. On voit bien toutes les possibilités qui s'offrent à Bory, un jeu d'approche entre l'homme et la machine, une fantaisie futuriste un peu froide qui laisse pantois, une approche poétique qui fusionne l'art d'un Oskar Schlemmer avec le théâtre de marionnettes tel que décrit par Heinrich von Kleist. Sans objet est aussi un exercice de faux-semblants, à l'image de ces pans qui coulissent au sol du plateau surélevé, ou de ces ombres projetées, en fait les deux interprètes, Olivier Alenda et Olivier Boyer, coincés dans une boite. L'humour affleure parfois, comme dans ce passage d'un homme coupé en deux par un simple panneau : on aura compris qu'il est dédoublé dans ce numéro qui renvoie au cirque. Aurélien Bory ne se prive pas d'ailleurs de tordre le cou à des acrobaties traditionnelles. Se servant du robot comme d'un appui, il enchaine les portés et autres extensions avec intelligence. Sans objet s'ouvre par une scène d'anthologie, la machine emballée qui évolue avec la grâce d'un monstre, sorte de bâtard issu de l'accouplement d'Alien avec le gentil E.T. Le spectacle s'offre enfin un final lumineux et sonore dont il serait cruel de dévoiler les ficelles. Entre les deux, Sans objet étire un peu trop son approche de la robotique appliquée aux arts vivants. Bory parle ainsi des années 2000 qui n'ont, d'une certaine façon, jamais eu lieu : sa création est comme un rêve inachevé.

Philippe Noisette, Les Inrockuptibles, mars 2010

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Danse avec le robot

Jeune patron de la Compagnie 111, le Toulousain Aurélien Bory n'est pas un inconnu pour le public du Théatre de la Ville qui a déjà plusieurs fois eu l'occasion de goûter à des créations où théâtre, cirque, danse et arts visuels se mêlent de singulière facon. Présenté à Toulouse l'an dernier Sans objet y avait fait un certain bruit et l'on attendait avec impatience la venue du spectacle sur la scène des Abbesses. Spectacle ? « Objet Visuel et Sonore Non Identifié » vaudrait-il mieux dire. Impossible de décrire par les mots ce qu'Aurélien Bory obtient du robot industriel et des deux danseurs-acrobates (Olivier Alenda et Olivier Boyer) qu'il met en scène. « En dehors de tout but, de toute fonction, la danse entre le corps de l'homme et celui de la machine donne lieu à un théatre mécanique entre la fragilité de l'humain et la puissance du bras métallique articulé. Placé au centre, au milieu d'un vide, complètement sorti de son contexte industriel, le robot devient inutile. Et dans sa fonction perdue ne nous rappellerait-il pas la nature de l'art : être absolument sans objet ? », interroge Bory. Le fruit de sa réflexion est petit miracle d'imagination, d'une puissance visuelle rare et d'une richesse poétique débordante. Sur la musique minimaliste et répétitive de Joan Cambon, tout le registre des atmosphères est exploré, de l'oppressante vision du robot bâché dans la mystérieuse pénombre du début jusqu'à des moments franchement drôles, cocasses ou surréalistes – on sait avoir le(s) bras long(s) ici !

Les soixante-dix minutes de ce spectacle réglé avec une précision millimétrique – chapeau aux deux danseurs et à Tristan Baudoin qui pilote le robot avec une virtuositéM sidérante ! -, ne comportent pas un temps mort, pas un instant de « délayage » : chaque objet, chaque mouvement compte et s'intègre à un propos aussi fluide que concis qui sollicite continûment l'imaginaire du spectateur. Deux humains et un robot ? La troublante sensualitéM avec laquelle Bory utilise, humanise ce dernier prouve que les choses ne sont pas si simples... Vous le comprendrez en voyant l'étrange « chose » vous fixer, droit dans les deux ! À chacun d'imaginer ce que sont ces coups sourds derrière la bâche tendue... Une chose est sûre : sacré coup de poing de beauté que le travail du faiseur d'images qu'est Aurélien Bory ! Quant aux metteurs en scène qui se grattent souvent la tête pour résoudre, avec des succès variables, les problèmes posés par certains ouvrages (on songe au monstre de Siegfried en particulier), ils devraient s'intéresser à l'auteur de Sans objet...

Alain Cochard, Concertclassic.com, février 2010

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Sans objet, Aurélien Bory, Compagnie 111

La machine, mise à nu, chez ses célibataires, même Fritz Lang, dans Metropolis, avait donné un corps de cinéma à une figure quasi obsessionnelle dans la littérature européenne : un androïde femelle (maléfique), une femme-machine, une Pandora technologique. Cette idée, nul doute, a inspiré Aurélien Bory. Mais sans l'angoisse ; seules quelques allusions, çà et là, suggèrent que ce n'était pas si simple d'apprivoiser une machine. Il la traite parfois comme une danseuse, souvent comme un partenaire chorégraphique, un assistant, un machiniste, un personnage multi-fonction, « un polytechnicien de plateau » en somme. Pas de femme dans ce spectacle, sinon comme machine, et qui aurait rapidement perdu son érotisme : la longue danse initiale, sous la bâche, intrigue certes ; mais le dévoilement, passé le premier moment d'identification scopique de l'objet fantasmatique et de l'objet technique, tourne rapidement à la déconfiture. Décidément, aucune machine ne fera jouir personne. Aucun robot ne peut faire rêver durablement. À quoi donc allons-nous assister ? Bory est très éloigné d'un regard catastrophique sur la technologie ; il ne reprend pas le spectre d'une hégémonie cruelle des machines - imagerie infantile qui n'a jamais signifié que le pouvoir pris par la classe dominante sur les autres grâce aux machines habilement disposées dans l'entreprise et dans la société. Le machinisme du XIXe n'a pas causé tout seul une dégradation hallucinante de la condition des ouvriers (décrite par Marx et surtout Engels dans La Situation de la classe ouvrière en Angleterre en 1845, un impressionnant traité de sociologie de terrain) ; c'est tout le contexte de production, l'ensemble du procès productif, qui visait explicitement à substituer les machines aux ouvriers et qui leur fit une condition effroyable. Donc ici pas de politique, pas d'analyse sociale, pas non plus d'amour de la technologie. Ni technolâtre, ni technophobe, le metteur en scène considère la machine comme un personnage qui peut contribuer à la formation d'images inouïes, insolites. La souveraineté de l'artiste reste pleine et entière : une si grosse machine n'entre sur scène que comme une bête totalement domptée et qui ne fait que servir ses intentions. Sans doute, la tranquillité paisible du spectacle tient autant à l'inclusion souple de la machine dans les figures jouées qu'au congédiement des problématiques politiques et sociales de la machine. En un sens, ce spectacle assure une fonction d'anesthésie sociale, d'incitation joyeuse à l'oubli de la violence du machinisme. Il satisfait aussi une demande de rassurement psychique à l'égard d'une société tellement technologique que nous nous avouons à peine la difficulté d'en prendre conscience. Aurélien Bory choisit donc une machine puissante mais transparente : chacun peut apercevoir ce bras articulé, les câbles électriques, les tuyaux, les plaques de tôle ; chacun peut deviner, suivant ses connaissances, tout ou partie de l'appareillage technique de matière et de pensée qui la forme. Ce n'est pas un ordinateur rival du cerveau humain, comme dans le film de Kubrick, L'Odyssée de l'espace, mais seulement un exécutant, un manuel en quelque sorte, un « ouvrier spécialisé » c'est-à-dire bon à tout faire. Sans doute, la Cie 111 est-elle une société d'artisans dont l'outil de travail est le corps lui-même ; mais le choix de prendre un robot très manuel induit-il des effets politiques inattendus. Un utilitarisme rationnel et clair règne dans cet objet qui, pourtant, ne jure pas sur la scène ; le podium rappelle certes les opérations de communication commerciale mais aussi les anciens « Théâtre des machines » du début de l'ère classique. À vrai dire, le robot subit l'effet « Duchamp » nommé par ce dernier « ready-made ». En 1917, Marcel Duchamp avait extrait une pissotière masculine de son lieu d'usage, renversé l'engin, nommé Fontaine, signé R. Mutt et l'avait montré dans une exposition à New York, en 1917. L'engin technique, débarrassé de son environnement habituel qui en conditionne la perception comme un simple urinoir puis déplacé dans un lieu où les objets exposés sont a priori des

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œuvres d'art, cet engin technique devient l'objet possible d'une contemplation. De même, ici, le robot, posé sur scène, est d'emblée un objet esthétique. Mais, d'autre part, toute cette masse de fer et de technique est entièrement dévolue au projet spectaculaire d'Aurélien Bory qui ne cède en rien au fantasme d'autonomie des machines ni à l'idée, risible en soi, que la machine puisse seule faire spectacle. La bâche trouée comme un ciel étoilée derrière laquelle la machine joue simplement l'assistant éclairage le confirme suffisamment. Les mouvements imposés à la machine sont tous des mouvements humains : si la première séquence, où les danseurs surgissent pour perdre la tête, semble illustrer une sorte de conflit perdu par les humains (mais comme un cliché qu'on mange en apéritif, manière de dire qu'il n'y a pas lieu d'insister), toutes les autres séquences impliquent une harmonie perceptive et kinésique incontestable. Bory a en réalité conçu des mouvements d'humains avec des choses mobiles, une boite dans laquelle s'installer, un panneau, une barre à laquelle s'accrocher, et qui tous bougent de manière spectaculairement intéressante : la machine est simplement venue jouer le rôle de l'accessoiriste. Un accessoire polyvalent et original, qui peut faire un fort bruit de vapeur, mais moins effrayant qu'un Minotaure (bruit qui subit le même effet duchampien : il prend l'allure d'une musique). Dans cette perspective, la machine est pensée et utilisée selon son essence : un outil ; tout dépend alors des fins qu'on lui fait réaliser. Là aussi, l'inclusion logique, à la fois conforme à l'essence de la machine et à la tradition, produit un effet de démystification très fort, voire de démythification. La machine est en effet moins qu'un serviteur parmi d'autres : elle demeure dans l'ombre, à la fin, lors des saluts des danseurs et du manipulateur. Bory n'entend pas faire semblant de la traiter à égalité : l'ordre humain continue de régner. Le contraste avec le monde réel, que l'on retrouve à la sortie du théâtre et qui, lui, reste dominé par le totalitarisme technologique, n'en surgit que plus vivement. En ce sens, ce spectacle n'est pas seulement un anesthésiant social. Il promeut également une solution pratique réelle : non pas utiliser les robots, car c'est se soumettre à eux donc à leur concepteur, mais les détourner, c'est-à-dire en faire les serviteurs de ses projets. Mais une telle posture, productrice du signifiant « artiste », demande une liberté sociale rarement disponible. Du coup, la trace psychique du spectacle est à la fois une incitation à se déprendre de la soumission inconsciente aux machines et un empêchement à le faire, puisque le spectacle l'assume sur son mode propre. C'est une autre figure qui est discrètement mise en cause, celle précisément de l'artiste ; idéologiquement, il est cet humain qui ne fait pas comme les autres, il crée des formes. Mais ici, il ne fait que trouver un usage inédit. Si la chorégraphie demeure un objet créatif, il reste que le robot manifeste indirectement une singulière continuité entre l'art et l'artisanat voire l'industrie. Mais nous avons besoin de croire qu'il y a un abyme entre ces lieux et ces pratiques, la jouissance que nous y prenons tenant à la croyance d'avoir affaire, aux lieux de l'art, à une exceptionnalité supposée rare dans l'artisanat et carrément impossible dans l'usine.

Jean-Jacques Delfour, Le Monde.fr

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