Dossier pédagogique Version originale pédagogique...Daniel Pennac, Comme un roman Pour aller +...
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Dossier pédagogique
Version originale
19 janvier 2017
Contacts
Service Culturel | Mairie de Challans
02 51 49 18 99
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Préambule
Par l’intermédiaire du service culturel, la ville de Challans accueille chaque année près de 4 000
élèves sur les spectacles vivants, les rencontres d’artistes ou encore les visites du théâtre.
En effet, la volonté municipale est d’accompagner les plus jeunes dans leur démarche de
spectateur en favorisant les rencontres et les expériences sensibles. L’important est de permettre
à tous de recevoir les spectacles dans les meilleures conditions possibles afin de connaitre le
plaisir d’être spectateur, tout en se familiarisant avec l’univers du spectacle vivant.
L’objectif de ce dossier est de proposer aux enseignants différentes pistes pédagogiques. Sous la
forme d’une boîte à outils, ce document vise à faciliter le travail d’accompagnement des élèves aux
spectacles de la saison culturelle. Il appartient à chaque enseignant d’adapter ces propositions à
l’âge et aux connaissances de ses élèves.
Le dossier se décline en quatre parties :
1. Pourquoi venir au spectacle ?
2. Préparer la venue au spectacle
3. Pendant le spectacle
4. L’après-spectacle
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I. POURQUOI VENIR AU SPECTACLE ?
Donner à chacun le goût du spectacle vivant
Partager ensemble une découverte, une émotion
Favoriser l’expérience sensible
Eveiller la curiosité
Développer l’esprit critique
Entretenir l’imagination
II. PREPARER LA VENUE AU SPECTACLE
Avant d’aller voir un spectacle, l’idéal est de susciter la curiosité des enfants, leur donner envie !
La préparation de la sortie au spectacle n’est donc pas à négliger. S’il ne faut surtout pas tout dire
sur le spectacle qui va être vu, il est souvent motivant et productif d’aiguiser l’appétit des jeunes
spectateurs et de créer ainsi un horizon d’attente. Parler de la sortie au spectacle, c’est aussi
rassurer les plus jeunes sur ce qui va se passer (changement de lieu, pénombre de la salle de
spectacle, images, sons…) et ainsi les mettre dans des bonnes conditions pour apprécier la
représentation.
Le spectateur tient une place importante dans le déroulement du spectacle. En effet, sans
spectateur il n’y pas de spectacle ! Par définition, le spectacle dit « vivant » se déroule sous nos
yeux et il fait sens dans l’interactivité et l’énergie partagée entre les artistes et les spectateurs. Si
les réactions spontanées ne sont pas à bannir à tout prix, elles doivent néanmoins s’inscrire dans
le respect des artistes et des autres spectateurs. On peut expliquer aux élèves que d’une part ils
ne sont pas seuls dans la salle et que d’autre part, s’ils entendent et voient les artistes, ces mêmes
artistes les entendent et les voix aussi. Il est donc nécessaire de faire comprendre aux enfants,
sans toutefois être trop rigide, pourquoi on ne se comporte pas au théâtre comme dans n’importe
quel lieu. Chaque lieu possède des règles pour préserver le plaisir et le bien vivre-ensemble et il
convient donc à chacun d’adopter une attitude adaptée.
Afin de préparer la venue au spectacle, plusieurs outils vous sont proposés :
1- « En tête d’affiche » pour travailler sur la curiosité avant le spectacle
2- Un exemple abécédaire et de « droits des spectateurs » pour réfléchir au comportement du
spectateur
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1. « En tête d’affiche »
A partir de l’affiche du spectacle, les visuels et les informations qu’elle contient, l’enseignant peut
organiser un moment d’échange pour susciter la curiosité et l’envie d’aller voir le spectacle.
L’étude de l’image favorise l’expression orale des élèves. Ils sont invités à formuler leurs idées,
leurs émotions, leur point de vue, tout en faisant travailler leur imaginaire. L’analyse de l’affiche
peut permettre de formuler les premières hypothèses sur le contenu du spectacle (situation de
personnage, lieux, genre…) Elle est également l’occasion pour l’enfant d’apprendre à recueillir des
informations et d’acquérir un vocabulaire approprié aux domaines et techniques artistiques qui lui
seront utiles dans son futur parcours de spectateur. Comprendre à quoi sert une affiche et quelles
sont les informations qu’on y trouve est un bon moyen de se familiariser avec le monde culturel.
Les pistes pédagogiques :
S’imprégner de l’univers du spectacle
Découvrir les professions liées au spectacle vivant
Identifier les acteurs culturels
Aborder l’aspect marchand du spectacle vivant (les logos des partenaires et financeurs)
Pour aller + loin :
Après avoir échangé autour du spectacle, il est possible d’envisager la réalisation d’une affiche par
les élèves. Cette action leur permet de hiérarchiser les informations dont ils disposent sur une
affiche, de développer leur sens artistique et de prendre connaissance des contraintes qu’il faut
prendre en compte pour la réaliser.
L’affiche créée avant le spectacle revient à un travail d’imagination et d’appropriation du spectacle.
Créée après le spectacle, c’est au contraire l’occasion pour l’élève d’exprimer plastiquement son
ressenti du spectacle. C’est aussi apprendre à définir les éléments importants qui doivent
apparaître sur une affiche.
Cet exercice peut aussi être imaginé en deux temps : une proposition d’affiche avant le spectacle
et une proposition après le spectacle afin de comparer les perceptions. Pour cela, prendre une
feuille A3, la plier en deux. Sur la partie supérieure, l’élève dessine ce qu’il s’attend à voir (à partir
du résumé du spectacle, des discussions en classe pour préparer la sortie au théâtre). Sur la
partie inférieure, l’élève dessine ce qu’il a vu, ce qui l’a le plus marqué et qui lui semble
représentatif du spectacle. On ouvre la feuille et on compare les deux. L’élève apprend à justifier
ses choix.
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2. Charte du spectateur
Abécédaire du spectateur
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Le droit de ne pas lire. Le droit de sauter des pages. Le droit de ne pas finir un livre. Le droit de lire n’importe quoi. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible). Le droit de lire n’importe où. Le droit de grappiller. Le droit de lire à haute voix. Le droit de nous taire. » Daniel Pennac,
Comme un roman
Pour aller + loin :
A partir des ces différentes formes d’écriture autour des règles de spectateurs, il est possible de
proposer aux élèves de rédiger à leur tour un abécédaire ou encore d’imaginer les droits et les
devoirs du spectateur. Cette démarche permettra de les responsabiliser et de les aider à
comprendre l’importance d’adopter un comportement adapté au lieu.
Les dix droits du spectateur
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III. LE TEMPS DU SPECTACLE
1. Présentation du spectacle
VVeerrssiioonn oorriiggiinnaallee
Petites histoires et grandes chansons Prenons Stewball : ce petit cheval est le héros d’une chanson qui voyage depuis le XVIIIe siècle. Née en Irlande, elle part en Amérique avec ses auteurs, est chantée par les esclaves, les bagnards, les chanteurs folks, avant de retraverser l’Atlantique pour devenir, avec Hugues Aufray, un « tube » hexagonal ! En abordant en duo les célèbres reprises de la chanson, Kevin et Simon McDonnell mettent en lumière de surprenantes sagas. Paternité disputée, plagiat, hommage ou interprétation : voici l’autre histoire de ces grands succès qui ont su toucher petits et grands, de génération en génération. Partageant une double culture franco-irlandaise, The McDonnell Brothers n’ont eu de cesse de jongler avec les genres et les courants. À travers ce spectacle bilingue, ils prouvent qu’en musique tout particulièrement, rien n’est figé ; de Paris à New York, de Dublin à Las Vegas, textes et mélodies se renouvellent au détour d’innombrables regards croisés.
Jeudi 19 janvier
10 h 30 & 14 h 30
Théâtre Le Marais
50 min
Musiques actuelles
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2. Présentation du groupe
The McDonnell Brothers
Kevin et Simon McDonnell ont appris l’importance de la transmission orale avec leur père,
Michael McDonnell, irlandais et musicien. Dans son premier spectacle, It’s a long way to
Tipperary, le trio familial raconte en musique l’histoire de la Grande Guerre en croisant les
regards entre les différents peuples alliés ou ennemis, de la France à l’Irlande, de l’Allemagne
aux États-Unis. Ce spectacle a reçu le prix « Coup de coeur musique du monde 2015 » de
l’Académie Charles Cros. Le père et les deux fils fondent ensuite le McDonnell Band et invitent
différents musiciens à jouer des airs folk américains et traditionnels irlandais pour l’édition 2016
du Festival Interceltique de Lorient. Le spectacle Version originale est le second projet familial
que The McDonnell Brothers mènent cette fois-ci en duo, après avoir intégré en 2014 le
collectif Celtic Fantasy, qui les a embarqués dans une aventure musicale jusque sur la scène
du zénith de Caen en 2016.
EQUIPE ARTISTIQUE
Sur scène :
Simon McDonnell, chant, guitare électrique, stompbox
Kevin McDonnell, chant, synthétiseur, accordéon chromatique
En coulisses :
Olivier Prou, mise en scène
Anthony Desvergnes, création lumières
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Simon McDonnell
Né à Kilkenny, en Irlande, Simon a grandi en France. Il tire
de sa double culture les nombreuses influences qui l’ont
amené dès les débuts de sa formation artistique à mêler les
genres : du rap au métal en passant par le rock, sans jamais
oublier de retourner à ses premières amours que constituent
la musique folk et le traditionnel irlandais.
Multi-instrumentiste, il débute très jeune son apprentissage
du tin winstle et de la guitare, avant de s’intéresser à d’autres
instruments traditionnels tels que la cornemuse irlandaise ou
le bodhrán. Il est également auteur-compositeur de
nombreux projets artistiques originaux : avec des musiciens
bretons, il sort son premier album solo The Hidden River aux
accents pop et blues-folk, avant de former le groupe Spring
Barley, métissage d’influences apportant une nouvelle
dimension aux ballades irlandaises.
Kevin McDonnell
Kevin commence par apprendre le piano et le chant, inspiré
très jeune par des musiciens pop-folk tels que les Beatles
dont il chante le répertoire en s’accompagnant lui-même au
clavier. L’apprentissage de l’accordéon, dont il joue dans le
trio McDonnell, est un héritage familial qui lui vient de son
grand-père paternel.
Son aisance sur scène lui vient sans doute du théâtre qu’il a
pratiqué dans son enfance. Mais c’est peut-être encore
davantage l’intérêt profond qu’il porte à l’histoire et à la
géopolitique qui l’a naturellement poussé à chanter la Grande
Guerre dans le spectacle It’s a long way to Tipperary.
Dans Version originale il tient précisément à mettre en valeur
la grande Histoire que racontent les chansons par-delà les
notes et par-delà les mots, dans l’espace-temps du XXe
siècle d’un bord à l’autre de l’Atlantique.
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Entretien avec les frères McDonnell
Quelle est l’intention artistique de votre spectacle ?
S. & K : « Notre objectif est de faire découvrir les tubes de la musique pop du XXe siècle aux plus
jeunes, en version originale.
Cette musique est le produit des mouvements migratoires de l’Europe à l’Amérique et de
l’explosion des médias de masse au XXe siècle, d’abord la radio puis la télévision. Ces chansons
sont universelles et ne connaissent pas de frontières. Elles voyagent souvent bien plus loin que
leurs auteurs et compositeurs. Elles ont leur propres vies, libres comme l'air du temps.
On a grandi en liberté parmi ces chansons. »
Comment se créent les différentes versions originales ?
S. & K : « Prenons With God on our Side le brulot contestataire de Bob Dylan enregistré en 1964,
largement inspiré de Patriot Game du poète irlandais Dominic Behan en 1960. Celui-ci accusa Bob
Dylan de plagiat, alors qu’il s’était lui-même inspiré d’une mélodie traditionnelle irlandaise, The
Merry Month of May. Finalement, cela fait trois versions originales différentes, soit trois visions et
trois styles, sur une même mélodie.
C’est en traversant l’Atlantique que la chanson de Charles Trenet, La Mer, est devenue un succès
mondial sous la plume de Jack Lawrence, passant de la version française sur la scène de
l'Olympia, à la version américaine dans les grands casinos de Las Vegas avec le crooner Bobby
Darin. »
Comment avez-vous appris ces chansons ?
S. & K : « Notre duo perpétue la culture orale de la transmission et de l'apprentissage. On chantait
tout le temps en bagnole avec nos parents, au cours de nos longs trajets à travers la France. Il y
avait tout le temps des musiciens à la maison, qui venaient jouer et enregistrer avec notre père,
Michael McDonnell. On est les héritiers d'une riche tradition musicale familiale, importée d'Irlande.
»
Est-ce que le fait de jouer en famille crée une relation particulière avec le public ?
K. : « Au cours de notre précédente tournée JM France avec notre père, nous avons ressenti que
nous étions très crédibles auprès des enfants quand on partageait avec eux notre expérience
personnelle. Ça les touche que nous soyons frères et que nous jouions pour eux la musique que
l’on aime. »
Que voulez-vous partager avec les enfants ?
K. : « Moi, ce qui m’intéresse, c’est de transmettre des belles chansons avec des textes forts qui
amènent à réfléchir à la façon dont nous pouvons vivre ensemble avec nos différences, en mettant
en perspective l’actualité avec l’histoire plus ancienne. »
Quelle forme prend votre spectacle ?
K. : « Avec Olivier Prou le metteur en scène, on a choisi une forme concert, sans décor, avec une
mise en espace qui met en valeur les chansons et la musique. Entre les chansons, on raconte des
histoires pour situer le contexte.»
Entretien réalisé par les JMFrance, 2016.
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1. Le contexte artistique et culturel
Histoire de la chanson : de la version traditionnelle à l’entrée dans la mémoire
collective.
Toutes les chansons interprétées par The McDonnell Brothers dans leur spectacle appartiennent à
la mémoire collective des sociétés américaines et françaises. Qu’est-ce qui crée cette mémoire
collective qui donne l’impression de partager les mêmes répertoires d’un bout à l’autre d’un
territoire ? La diffusion radiophonique associée à l’économie du disque a fabriqué les grands tubes
de la musique pop-folk et rock du XXe siècle par le biais des charts et des hit-parades.
Petite histoire du hit-parade
En France, à la fin du XIXe siècle la chanson est diffusée par les chanteurs de rue, reprise au
piano dans les salons bourgeois. Le palmarès des petits formats est le premier classement de
l’histoire de la chanson, avec une liste des dix partitions les plus vendues au public, le nombre
d’exemplaires pouvant s’élever à 400 000 pour une chanson à succès.
Au début du XXe siècle, le phonographe entre dans les foyers, il permet d’enregistrer et d’écouter
de la musique sur des cylindres de cire puis de bakélite. Les Frères Pathé commercialisent leur
invention à crédit, avec en 1904 un catalogue de plus de 12 000 titres et un tirage de près de 8
000 cylindres par jour. C’est la naissance des métiers de la production et de la distribution
musicale.
Au milieu des années 1950, Eddie Barclay importe en Europe la technique du microsillon et crée la
première maison de disques vinyle.
Les premiers hit-parades apparaissent aux États-Unis en juin 1942, quand l'hebdomadaire
américain Weekly Survey publie le premier palmarès des chansons les plus demandées par le
public pour être diffusées à la radio. En novembre de la même année, le périodique britannique
New Musical Express publie à son tour son propre classement des titres préférés du public
anglais. Quatre ans plus tard, la revue Billboard imprime pour la première fois les scores des
meilleures ventes de disques sur le territoire américain, suivi dès 1947 par le Cashbox. Les "Top
100" du Billboard et du Cashbox font référence dans le monde entier auprès des professionnels
puis du public, avec de multiples classements, généralistes et spécialisés : meilleures ventes de la
semaine en 33 tours, en 45 tours, en musique country, en rhythm’n’blues, en musique de films, en
musique classique…
En France, le premier hit-parade est celui de l’émission Salut les copains, créée par Pierre
Delanoë sur Europe 1 en 1959, suivie par la publication de la revue mythique des années 1960.
En 1972, RTL prend le relais avec un hit-parade présenté par André Torrent qui déclare en 1979
que la radio reçoit 6 000 appels téléphoniques par jour et presque autant de cartes postales pour
sélectionner les artistes.
À partir de ce moment, c’est la radio qui contrôle l’économie du disque, en particulier dans le
monde de la pop et du rock : être classé au hit-parade de telle revue ou de telle radio est la
garantie pour le producteur d’un succès de vente et pour l’artiste d’une reconnaissance médiatique
auprès d’un public de plus en plus large dans les réseaux de diffusion.
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Panorama de la chanson transatlantique avec les frères McDonnell
Une balade d’une rive à l’autre de l’océan Atlantique. Avec Version originale, The McDonnell
Brothers racontent l’histoire des migrations transatlantiques qui se sont propagées par les
ondes.
Skewball – Stewball
Traditionnel irlandais
Version française : paroles de Pierre Delanoë et Hugues Aufray, 1966
Santy Anna – Santiano
Traditionnel écossais
Version française : paroles de Jacques Plante pour Hugues Aufray, 1961
Nora Lee – Love Me Tender
Traditionnel irlandais
Version américaine : paroles de Ken Darby pour Elvis Presley, 1956
The House of the Rising Sun – Le Pénitencier
Traditionnel américain
Version française : paroles de Hugues Aufray et Vline Buggy pour Johnny Hallyday, 1964
The Patriot Game – With God on our side
Mélodie traditionnelle irlandaise, The Merry Month of May
Paroles irlandaises de Dominic Behan, 1960
Version américaine de Bob Dylan, 1964
La Mer – Beyond the Sea
Chanson française : paroles de Charles Trenet, musique de Charles Trenet et Albert Lasry, 1943
Version américaine : paroles de Jacques Lawrence, 1946
An impossible Dream – La Quête
Version américaine de Frank Sinatra, 1966 – Version soul de Diana Ross, 1968
Version française de Jacques Brel, 1968
Englishman in New York – Africain à Paris
Chanson de Sting, 1987
Adaptation reggae de Tiken Jah Fakoly, 2007
The Rattling Bog – L’eau qui coule dans la rivière
Chanson populaire irlandaise
Chanson populaire française
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Skewball – Stewball
L’histoire de Skewball, un petit cheval d’une famille pauvre ayant gagné une course contre une
belle jument grise d’une famille riche, devient une chanson populaire en Irlande au XVIIIe siècle.
Elle part en exil en Amérique avec les colons irlandais, se transforme en Stewball et devient un
chant de travail et d’espoir, dans les champs de coton comme dans les pénitenciers où peinent les
bagnards enchaînés. Le valeureux petit cheval ne cesse de courir contre l’adversité, attrapé par
des chanteurs de blues, puis de folk comme Joan Baez. La radio en fait un tube international.
Pierre Delanoë écrit de nouvelles paroles pour Hugues Aufray en 1966 pour le label Barclay, la
chanson bondit en tête du hit-parade. John Lennon et sa femme Yoko Ono en reprennent le thème
musical pour leur célèbre chanson contre la guerre du Vietnam, Happy Xmas (War is over) en
1971.
Santy Anna – Santiano
À l’origine, Santy Anna est probablement une chanson de marins bretons en hommage à leur
patronne sainte Anne, reprise par les marins écossais qui la propagent sur les navires de la marine
anglaise. En 1846, les paroles sont adaptées par les marins anglais qui soutiennent le Mexique et
son président Antonio López de Santa Anna, dans la guerre contre l’Amérique. C’est un chant dit «
à hisser », entonné pour soutenir l’effort dans les manoeuvres des grands-voiles.
En 1961, le parolier Jacques Plante écrit une version française pour le chanteur Hugues Aufray,
racontant l’histoire d’un matelot navigant sur une goélette entre Saint-Malo en France et San
Francisco sur la côte Est des États-Unis. Diffusée en boucle à la radio, cette chanson devient un
tube, fleuron des feux de camps et des colonies de vacances, repris par plusieurs groupes et
chanteurs, dont Renaud et la Star Academy 5 qui la classe en tête du Top 50 en 2005.
The House of the Rising Sun – Le Pénitencier
Les origines de la chanson The House of the Rising Sun sont incertaines comme pour beaucoup
de chansons populaires. Alan Lomax, le grand collecteur américain de musique irlandaise, écrit en
1941 qu’il s’agit d’une ballade traditionnelle anglaise, dont les paroles ont été adaptées par un
couple originaire du Kentucky. The House of the Rising Sun ferait référence soit au nom donné en
Angleterre aux maisons closes, soit à une prison pour femmes de la Nouvelle Orléans. Différentes
versions de la chanson ont été enregistrées au XXe siècle, entre autres par Bob Dylan, Joan Baez,
Tracy Chapman, Nina Simone. C’est le groupe rock The Animals qui l’a rendue populaire en 1964
et l’a fait connaître en France. Hugues Aufray et la parolière Vline Buggy composent en 1964 une
nouvelle version pour Johnny Hallyday. Le Pénitencier se classera 17 semaines dans le Top 10 et
29 semaines dans le Top 100 des hit-parades.
Nora Lee – Love Me Tender
Au XIXe siècle, le jeune George Poulton quitte l’Angleterre avec sa famille pour immigrer dans
l’État de New York. En 1861, il compose la chanson Aura Lee, l’histoire d’une jeune fille à la
chevelure brillante, qui rencontre un grand succès public, en particulier dans les rangs des deux
armées de la guerre de Sécession américaine. La mélodie est reprise avec diverses versions du
texte dont Nora Lee, jusqu’à ce que le parolier Ken Darby s’en saisisse pour écrire la chanson
Love me Tender, qu’Elvis Presley interprète dans le film Le Cavalier du crépuscule en 1956. Le
disque se classe en tête du Billboard Hot 100 pendant 5 semaines consécutives, consacrant le
titre à l’international.
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The Patriot Game – With God on our side
En 1960 à Dublin, l’auteur Dominic Behan compose The Patriot Game sur la mélodie d’une ballade
irlandaise The Merry Month of May. Républicain engagé dans la guerre civile, il rend hommage à
Fergal O'Hanlon, un jeune héros de la guerre civile irlandaise. En 1963 en Amérique, en pleine
guerre du Vietnam, Bob Dylan compose la chanson pacifiste With god on our side, sur la même
mélodie que The Patriot Game. Accusé de plagiat, Bob Dylan refuse de rencontrer Dominic Behan
en 1965 lors de sa tournée en Angleterre, se revendiquant comme un flibustier de la musique
puisant son inspiration là où il la trouve.
La Mer – Beyond the Sea
En 1946, Charles Trenet prend le train pour Perpignan avec son pianiste Léo Chauliac. L’eau
bleue qu’il voit danser par la fenêtre sous le soleil de la Méditerranée lui rappelle un petit poème
sur la mer qu’il avait écrit alors qu’il avait à peine 18 ans. La mélodie qu’il compose avec son
pianiste le temps d’arriver à la gare rencontre peu de succès à ses débuts. En 1946, l’éditeur
musical Raoul Breton de retour des États-Unis en demande les droits à Charles Trenet pour une
version instrumentale par l’orchestre de jazz du clarinettiste Benny Goodman. Jacques Lawrence
compose une version américaine, Beyond the sea, qui enflamme le public. Auréolée de son
succès outre-Atlantique, la chanson revient en France, faisant de La Mer de Charles Trenet son
plus grand succès, avec plus de 70 millions de vente du titre.
The Impossible Dream – La quête
The Impossible Dream est une chanson extraite de la comédie musicale Man of the Mancha du
compositeur Mitch Leigh, inspirée du Don Quichotte de Cervantès. La version originale produite à
Brodway en 1965 a été représentée 2328 fois et a gagné 5 Tony Awards. En 1967, Jacques Brel
assiste à une représentation au Carnegie Hall à New York. Fasciné, il obtient les droits pour une
version française avec lui-même dans le rôle-titre. La création a lieu au théâtre de la Monnaie à
Bruxelles en 1968.
The Impossible Dream est la chanson la plus connue de cette comédie musicale, classée numéro
1 du Billboard contemporary Chart en juillet 1966, reprise par d’innombrables interprètes, dont
Frank Sinatra et Nina Simone. La Quête, la version française chantée par Jacques Brel, connaît
elle aussi un succès immédiat à sa sortie en single en 1968.
Englishman in New York – Africain à Paris
En 1987, Sting compose une chanson sur son ami l’écrivain et acteur anglais Quentin Crisp. Icône
gay des années 1970, celui-ci vient à 71 ans de quitter Londres pour s’installer à Manhattan à New
York. La chanson parle de l’ostracisme dont sont victimes les homosexuels à Londres et les
étrangers à New York, et de l’exil :
« La chanson parle de Quentin Crisp, elle parle également de moi. Il est important pour un
auteur de vivre une période d’exil. Premièrement, cela vous fait voir le pays dans lequel vous
êtes avec plus de clairvoyance que les gens qui y vivent. Deuxièmement, cela vous fait voir le
pays d’où vous venez avec plus de clairvoyance. Je me considère comme un exilé. Je ne
veux pas appartenir à un lieu en particulier. » Rolling Stone, interview de Sting, Février 1988
La chanson connaît un meilleur classement dans les charts en Europe qu’aux États-Unis. En 2007,
le chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly l’adapte en français. La chanson Africain à Paris
dénonce sous la forme d’une lettre envoyée par un jeune émigré à sa mère le sentiment
d’exclusion vécu par les Africains en exil à Paris.
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Pour aller + loin :
En musique :
S’intéresser à la diffusion de la chanson (époque, supports…)
S’intéresser aux notions de réécriture, de reprise ou encore de version originale
Rechercher d’autres réécritures de chansons connues
Partir d’une version originale pour écrire sa propre version
Revenir sur les instruments du spectacle (guitare électrique, synthétiseur, accordéon
chromatique et stompbox)
En français/ Langues étrangères :
Mener un travail de réécriture
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4. La rencontre « En bord de scène »
Dans la mesure du possible, au cœur de la salle de spectacle, un temps d’échange avec les
artistes a lieu après la représentation. Cette rencontre dite « en bord de scène » fait de l’élève un
spectateur privilégié. A cette occasion, les artistes abordent leurs parcours, dévoilent les phases
d’élaboration du spectacle. Cette rencontre-discussion est également l’occasion pour eux de
poser des questions et d’évoquer avec les artistes leur ressenti du spectacle. Cette expérience
donne à l’élève une approche de la scène et du spectacle, côté coulisses.
Pour aller + loin :
Cette rencontre peut être préparée en amont. Tel un journaliste, les élèves peuvent imaginer une
liste de questions à poser aux artistes. Les réponses viendront alors nourrir un éventuel article sur
le spectacle ou bien la rédaction d’un entretien.
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IV. APRES LE SPECTACLE
Donner aux élèves la possibilité d’exprimer leur ressenti, de construire une critique argumentée,
d’acquérir des références et des outils d’analyse du spectacle est essentiel pour qu’ils puissent
devenir des spectateurs avertis. Avant de réaliser un travail de retour sur le spectacle, il est
important de rappeler aux élèves qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. L’interprétation
d’un spectacle est propre à chacun car celui-ci convoque en nous des émotions, fait appel à des
souvenirs ou à des expériences qui nous sont tout à fait personnels. L’important est de leur
permettre un espace d’échange et de partage constructif et bienveillant afin qu’ils osent parler,
émettre leur avis sans retenu ni complexe et soient en mesure de construire une lecture critique et
argumentée du spectacle.
Il est possible d’imaginer « l’après spectacle » en trois temps :
1/ Le temps du souvenir : s’attacher au sensible, faire appel à ses émotions, retrouver les
images, les sons, les mots du spectacle...
2/ Le temps de l’analyse : Aller plus loin dans l’approche du spectacle, le remettre dans un
contexte social, artistique et culturel, tisser des liens entre la société, l’actualité, le monde
et la lecture qui en est faite par les artistes.
3/ Le temps de l’expression critique : mettre des mots sur ses émotions, faire entendre le
ressenti que chacun éprouve face à l’œuvre, partager autour du spectacle, organiser sa
pensée…
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1. Le temps des souvenirs
Cette activité vise à solliciter la mémoire immédiate et sensorielle des élèves en prenant appui sur
l’expérience sensible qu’ils viennent de vivre car le spectacle est avant tout un moment d’émotion.
Faire ressurgir chez les élèves les sensations vécues pendant le spectacle c’est leur donner envie
de revivre l’expérience et donc pourquoi pas d’aller voir d’autres spectacles.
Le réveil du corps
On peut aider et guider les élèves dans le temps qui doit rappeler les images, les sons et les
sensations de la représentation en s’appuyant sur un réveil du corps et des sens. Pour cela on
réalise un exercice à la fois basé sur la relaxation et sur la concentration.
On demande à chacun de s’installer dans l’endroit de son choix le plus confortablement possible
(s’asseoir, s’allonger au sol, s’adosser, croiser ou allonger les jambes...) et de fermer les yeux,
relâcher la tête, la nuque. On instaure le silence et demande aux élèves de se concentrer sur leur
respiration, de faire le vide.
L’enseignant guide ce temps de remémoration en demandant à chacun de retrouver ses souvenirs
: Retracer le chemin de l’école au théâtre (en bus, à pieds…), l’arrivée dans le théâtre (on a été
accueilli par qui ?, quand on est arrivé dans le hall du théâtre, les visages ou les images qui ont
retenu l’attention) puis l’entrée dans la salle (à côté de qui j’étais assis ? faisait-il froid ou chaud ?
Y avait-il du monde ? Y avait-il déjà un décor sur le plateau ou le rideau était-il fermé ?), les
derniers instants avant le début du spectacle (je faisais quoi, je pensais à quoi ?), la lumière
s’éteint, le silence se fait, le spectacle commence…
On peut aussi faire se souvenir aux élèves avec précision d’un accessoire ou d’un costume, d’une
musique ou d’un effet sonore... Bien sûr la mémoire de chacun est sélective et ici c’est
l’enseignant qui guide et choisit, selon sa lecture du spectacle, les moments qui lui semblent
cruciaux, mais l’important est d’amener les élèves vers la précision presque « anatomique » de la
reconstruction d’une image du spectacle pour ensuite nourrir une analyse précise.
Quelques temps encore pour se replonger, se remémorer et aborder ensuite le voyage retour avec
délicatesse, revenir à son point de vue dans la salle et ouvrir doucement les yeux.
Le but de cet exercice est de permettre un recentrage et une mobilisation des sens et de la
mémoire.
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Mettre des mots sur ses sensations
A la suite de ce temps de remémoration, on peut demander aux élèves de noter les quelques
mots, images et sensations qui leurs viennent à l’esprit ou bien leur demander de noter ce dont ils
se souviennent en débutant toujours leurs phrases par « je me souviens ».
On peut également demander aux élèves d’imaginer un portrait chinois du spectacle :
- Si le spectacle était une couleur ce serait…
- Si le spectacle était une musique ce serait…
- Si le spectacle était une matière ce serait…
- Si le spectacle était une odeur ce serait…
- Si le spectacle était une émotion ce serait…
- Si le spectacle était un animal ce serait…
- Si le spectacle était un objet ce serait…
- Si le spectacle était un élément de la nature ce serait…
Portrait chinois du spectacle
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2. Le temps de l’analyse
Pour aider à l’analyse et à la lecture raisonnée du spectacle, on peut prendre appui sur une grille
qui met en avant les différents champs d’un spectacle vivant : forme, récit, organisation, espace,
son… Il s’agit alors de revenir avec le plus de précisions possible sur certains éléments du
spectacle, sans entrer dans le subjectif. Cette phase s’intéresse davantage à tout ce qui participe à
la construction d’un spectacle, s’interroger sur la forme pour mieux saisir le fond. Par la suite, la
description la plus précise et objective possible servira de matière à l’élève pour élaborer une
analyse critique et argumentée du spectacle.
Grille d’analyse du spectacle (à adapter à l’âge des élèves)
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3. Le temps de l’expression critique
Après s’être remémoré le spectacle et après avoir passé en revue tous les éléments qui
construisent ce dernier, il est bon d’accompagner l’élève dans l’élaboration d’une lecture critique et
argumentée du spectacle. Les deux étapes précédemment citées à savoir le temps du souvenir et
le temps de l’analyse permettent à la fois de prendre appui sur l’expérience sensible vécue
pendant la représentation tout en s’appuyant sur des connaissances solides du spectacle (Cf grille
d’analyse du spectacle). La matière alors « collectée » au cours des activités précédentes permet
de justifier son point de vue.
Cette démarche critique nécessaire à la formation d’un spectateur averti peut prendre différentes
formes. Les différents exercices ludiques proposés ci-dessous visent à apprendre aux enfants à
ordonner leur pensée.
Quelques pistes pédagogiques
L’annonce radio : préparation d’une annonce radio qui fasse la promotion du spectacle ou
l’intervention d’un critique ou d’un spectateur faisant par de son avis sur le spectacle, qu’il
soit bon ou mauvais.
L’interview : écrire l’interview du ou des artistes ou bien du metteur en scène par un
journaliste.
L’article de journal : rédiger un article de journal revenant sur la représentation du spectacle
avec des citations de spectateurs, des artistes ou du metteur en scène.
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V. ANNEXES
1. Extraits du spectacle
2. Visuels du spectacle
3. Mots et métiers du spectacle vivant
4. Fiche “Retour de spectateur”
5. Webographie
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SITES https://mcdonnellband.com/ http://www.jmfrance.org/ POUR ALLER PLUS LOIN
Ressources sur la chanson Web www.chansons-education.fr
Ouvrages
Jean-Pierre Pasqualini, 100 [Cent] ans de chanson - Paris : Atlas, 1996.
François Jouffa ; Daniel Lesueur, Secrets de chanson - Paris : Hors collection, 2000.
Hugh Grégory, Un siècle de pop : cent ans de musiques qui ont changé le monde - Paris : Vade-
retro, 1999.
Pierre Saka, Yann Plougastel, La Chanson française et francophone - Paris : Larousse, 1999.
NB : tous les ouvrages sont disponibles à la médiathèque Diderot