DOSSIER PÉDAGOGIQUE On ne voyait que le bonheur

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Photo : Véronique Figuière DOSSIER PÉDAGOGIQUE SÉANCE SCOLAIRE vend. 21 avril 13h45 dès la 4 ème ------------------------------------ SÉANCES TOUT PUBLIC ven. 21 avril 20h sam. 22 avril 18h 1h20 Texte disponible au centre de ressources On ne voyait que le bonheur D’APRÈS LE ROMAN DE GRÉGOIRE DELACOURT ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE GRÉGORI BAQUET ATELIER THÉÂTRE ACTUEL & LA COMPAGNIE VIVE SÉANCE SCOLAIRE Tarif : 700Frs par personne (élève et accompagnateur) Inscription aux séances scolaires à effectuer sur le site internet du Théâtre de l’île, www.theatredelile.nc. Renseignements auprès du département Jeune Public. SÉANCE TOUT PUBLIC Les représentations tout public sont aussi ouvertes aux classes. Pour bénéficier du tarif exceptionnel à 1600Frs réservé aux groupes scolaires, merci d’effectuer une demande auprès du département Action Culturelle. Les artistes et l’équipe du Théâtre de l’île sont à votre disposition pour vous accompagner lors de la préparation de votre venue en séance scolaire. CONTACTS JEUNE PUBLIC Chloé Alvado jeunepublic@theatredelile.nc 25.50.52 ACTION CULTURELLE Laurent Rossini actionculturelle@theatredelile.nc 25.50.53 www.theatredelile.nc

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

SÉANCE SCOLAIREvend. 21 avril 13h45

dès la 4ème

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SÉANCES TOUT PUBLICven. 21 avril 20h

sam. 22 avril 18h

1h20 Texte disponible au centre de ressources

On ne voyait que le bonheur D’APRÈS LE ROMAN DE GRÉGOIRE DELACOURTADAPTATION ET MISE EN SCÈNE GRÉGORI BAQUETATELIER THÉÂTRE ACTUEL & LA COMPAGNIE VIVE

SÉANCE SCOLAIRETarif : 700Frs par personne (élève et accompagnateur)Inscription aux séances scolaires à effectuer sur le site internet du Théâtre de l’île, www.theatredelile.nc. Renseignements auprès du département Jeune Public.

SÉANCE TOUT PUBLICLes représentations tout public sont aussi ouvertes aux classes. Pour bénéficier du tarif exceptionnel à 1600Frs réservé aux groupes scolaires, merci d’effectuer une demande auprès du département Action Culturelle.

Les artistes et l’équipe du Théâtre de l’île sont à votre disposition pour vous accompagner lors de la préparation de votre venue en séance scolaire.

CONTACTSJEUNE PUBLIC

Chloé [email protected]

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ACTION CULTURELLELaurent Rossini

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Dossier réalisé avec les informations fournies par la compagnie.

1. LA PIÈCE 31.1 RÉSUMÉ 31.2 DISTRIBUTION 31.3 GRÉGOIRE DELACOURT, AUTEUR 31.4 NOTE D’INTENTION DE MISE EN SCÈNE 4

2. L’ÉQUIPE 62.1 LA COMPAGNIE 62.2 LES COMÉDIENS 62.3 L’ÉQUIPE ARTISTIQUE 7

3. TRAVAIL PÉDAGOGIQUE AUTOUR DU SPECTACLE 83.1 ATELIER : RÉGIE / TECHNIQUE / QU’EST CE QU’UN RÉGISSEUR ? 93.2 ATELIER : PRODUCTION D’UN SPECTACLE 93.3 ATELIER : ABORDER LA CRÉATION D’UN PERSONNAGE 93.4 ATELIER SUR LE SPECTACLE EN PARTICULIER 103.5 ATELIER : LES RACINES DU ‘‘ BON’’ 10

4. EXERCICES ET COMMENTAIRES 114.1. FAITES RÉAGIR LES ÉLÈVES À CES PHRASES EXTRAITES DU ROMAN 114.2 PETITS JEUX POUR FAIRE TRAVAILLER SA CONCENTRATION ET SON ATTENTION 11

EXTRAIT N°1 13EXTRAIT N°2 14EXTRAIT N°3 14EXTRAIT N°4 15

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1.1 Résumé

Antoine, la quarantaine, est expert en assurances. Depuis longtemps, trop longtemps, il estime, indemnise la vie des autres. Trompé par sa femme qui le délaisse pour un baroudeur tatoué, ignoré par ses enfants qui ne comprennent pas pourquoi leur papa n’est pas plus fort, humilié par son patron qui le licencie parce qu’il a osé faire preuve d’humanité envers un client, le monde semble se liguer contre lui. Il est à bout. Pour lui, cette vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Alors il décide d’en terminer au plus vite, une balle pour chacun de ses deux enfants et une dernière pour lui. Mais après avoir tiré sur sa fille, il réalise ce qu’il est en train de faire et s’arrête là.

Commence alors un double chemin initiatique. Celui d’un père qui va tenter de reconstruire un semblant de vie, en prison puis à l’autre bout du monde, en essayant d’oublier son geste de folie. Et celui de Joséphine, sa fille de 13 ans qui, la moitié du visage arraché par le coup de feu, va tenter de se construire une vie, belle, malgré tout.

Par une introspection sans concession, Antoine et Joséphine nous entraîne alors au cœur de notre propre humanité.Lui qui ne s’est jamais remis de son enfance, ballotté entre faux bonheurs et réelles tragédies. Elle, jeune fille assassinée par son propre père. Du nord de la France à la côte ouest du Mexique, On ne voyait que le bonheur explore aussi le pays de l’adolescence.Et montre que le pardon et la rédemption restent possible en dépit de tout.

1.2 Distribution

D’après le roman de Grégoire Delacourt

Adaptation et mise en scèneGrégori Baquet

Collaboration artistiqueVictoire Berger-Perrin

Assistante à la mise en scènePhilippine Bataille

AvecMurielle Huet Des Aunay, Grégori Baquet

LumièresLaurent Béal

Créations musicales & sonoresFrédéric Jaillard

CostumesSarah Colas

ChorégraphiesBéatrice Warrand

Régie généraleStéphane Baquet

1. La pièce

1.3 Grégoire Delacourt, auteur

Après avoir fait carrière en tant que publicitaire, il publie son premier roman à l’âge de cinquante ans, L’Écrivain de la famille (plus de 20 000 exemplaires vendus en grand format, 100 000 en édition de Poche) puis La Liste de mes envies en 2012 qui devient très vite un best-seller avec plus de 500 000 exemplaires vendus avant sa sortie au Livre de Poche où il dépasse aujourd’hui le million d’exemplaires. La Liste de mes envies a fait l’objet d’une adaptation au théâtre jouée par Mikaël Chirinian, mise en scène par Anne Bouvier et produite par Salomé Lelouch. Elle a notamment été programmée

de janvier à mai 2013 au Ciné 13 Théâtre, et en 2014 au Théâtre de l’île de Nouméa. Cette adaptation vaut à Mikaël Chirinian une nomination aux Molières 2014 dans la catégorie « Seul en scène ».L’adaptation cinématographique, réalisée par Didier Le Pêcheur avec Mathilde Seigner, Marc Lavoine et Patrick Chesnais dans les rôles principaux, sort en mai 2014 et totalise plus de 440 000 entrées.

Son troisième roman, La Première chose qu’on regarde, sort en avril 2013 et, s’écoule à plus de 150 000 exemplaires.

On ne voyait que le bonheur, sorti le 20 août 2014, figure sur la première liste du Prix Goncourt et entre sur la deuxième Liste du Prix des Libraires 2015. Il arrive deuxième au Goncourt des lycéens, derrière Charlotte de David Foenkinos. Il obtient le titre de « Meilleur roman de l’année 2014 » décerné par les journalistes du Parisien.

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1.4 Note d’intention de mise en scène

« PARDON » :- Du préfixe latin PER qui signifie la fonction de renforcement, d’intensification. D’aboutissement, et du verbe DONO, tenir quitte de… »- Part – donner : Rendre sa part d’humanité à la personne qu’un sévère grief nous avait fait exclure de son humanité. »

Peut on réellement pardonner ? Jusqu’à quel point est il possible de le faire ? Y a t-il une échelle de valeur sur laquelle on peut s’appuyer pour se permettre de pardonner ou de permettre à l’autre de nous pardonner ?L’homme se débat comme il peut avec l’héritage de ses ancêtres. Mais c’est la plupart du temps sans issue, puisque l’on apprend à chaque homme depuis sa naissance à être parfait. L’homme parfait, le mari idéal, l’épouse accomplie, l’enfant modèle, le papa et la maman parfaits, le meilleur amant, la maîtresse la plus attirante… Nous ne supportons aucun échec, surtout venant de nous-même. Alors plutôt que d’accepter, on se braque. Au lieu de s’adoucir on s’endurcit. On met en place tout un système de défenses qui, finalement, nous précipitent vers le chaos. On ne peut pas être parfait et, de l’accepter changerait beaucoup de choses. Au lieu de cela, l’être humain se ronge, ressasse, se répète les choses en boucle jusqu’à en perdre la raison.

C’est justement de cette plaie ouverte que Grégoire Delacourt nous parle, dans le livre que j’ai eu envie d’adapter pour la scène. Ce moment où tout bascule. Cet instant fugace où l’importance d’une situation vous fait oublier tous sens commun et vous entraîne dans un abîme sans fond. Puis, après avoir commis l’irréparable, l’horreur à l’état pur, l’inacceptable, où trouver la force de changer ? Comment réparer le mal que l’on fait ? Comment se réparer, se reconstruire ? Comment l’entourage arrive-t-il à se reconstruire ? Où trouver la force de continuer à avancer ?Quand il n’y a plus rien à faire que de se laisser ronger par le remord, dévorer par la colère, engloutir par le désir de vengeance, il reste toujours une alternative. Pardonner.A soi-même d’abord, pour ensuite pardonner aux autres.

C’est pour convaincre que cela est possible à tous, que j’ai eu envie de monter ce spectacle. La colère et l’angoisse ne sont pas une fatalité. Tout le monde peut changer. À commencer par soi.

Grégori Baquet

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"Une vie, et j'étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante

mille euros.

Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le

sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents,

les premiers pas; les mots nouveaux, la chute de vélo, l'appareil dentaire,

la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les

filles, les trahisons, le bien qu'on fait, l'envie de changer le monde.

Une vie… Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.

Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant. Un peu plus de cent mille

si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept

autres vies. Combien valurent les nôtres."

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2. L’équipe2.1 La compagnie

Fondée en janvier 2016 par Grégori Baquet et Victoire Berger-Perrin, la compagnie Vive a pour vocation la mise en scène d’œuvres contemporaines aux messages forts. À travers cette structure, nous souhaitons donner vie à des textes qui donnent à réfléchir, des textes qui sortent de l’ordinaire, avec des personnages originaux, des vies bancales... Nous défendons un théâtre qui prend des risques, un théâtre vivant, comme l’indique le nom de la compagnie. Cette compagnie se veut être un moyen de faire grandir le spectateur.C’est pourquoi la compagnie Vive a également un objectif pédagogique, avec la volonté d’éveiller la curiosité des jeunes, en proposant des représentations scolaires, des cours de théâtres, des échanges avec le public.La compagnie se veut être un vivier de nouveautés, mettant à la disposition de jeunes auteurs et jeunes comédiens les moyens de donner vie à leurs projets.L’ouverture vers l’extérieur, non seulement en Province mais aussi à l’International, est un autre dessein de la compagnie. Nous souhaitons non seulement exporter nos spectacles français à l’étranger, mais aussi adapter des textes étrangers en France.

Les deux premiers projets de la compagnie Vive sont :Les Listes de Julio Wallovits, mis en scène par Victoire Berger-Perrin, dont une version condensée a été créée au Ciné XIII Théâtre en mai 2015 ; et On ne voyait que le bonheur, adaptation du roman de Grégoire Delacourt, dont la création par Grégori Baquet est prévue pour le Festival d’Avignon Off 2017 à Théâtre Actuel.

2.2 Les comédiens

Murielle Huet Des Aunay Nathalie, Joséphine, le plombier, le flic, la femme à la clio, le patron, Anna, MathildaAprès avoir suivi un enseignement au studio « Pygmalion » puis aux cours « Florent », elle surfe depuis des

années entre Théâtre, cinéma et télévision. Voyageant allègrement entre Jean Luc Moreau et Olivier Marchal avec qui elle vient de tourner dans la série Section Zéro, elle travaille entre autre avec Stéphane Kappès, Pierre Boutron, Olivier Van Hoofstadt, Samuel Benchetrit…Son expérience de la scène et de l’écran alliée à son jeune âge en font la comédienne idéale pour interpréter les nombreux personnages de On ne voyait que le bonheur. De la mère de famille, à la maîtresse, en passant par le plombier et la commissaire de police, il ne lui manquerait plus que de se glisser aussi dans la peau du père d’Antoine…Ah, mais elle le fait aussi.

Grégori BaquetAntoine, le PsyDepuis 30 ans, Grégori Baquet tourne, joue, chante, danse, met en scène, réalise…

On a pu le voir à la télévision dans Extrême Limite, Une femme d’honneur, Alice Nevers, et dans les comédies musicales Les années twist, Roméo & Juliette, Hair. Au théâtre, il a travaillé avec Jérome Savary, Alain Sachs, Agnes Boury, Anne Bourgeois, Xavier Jaillard, Eric Bouvron, Pierre Loup Rajot, Michel Fagadau, Xavier Lemaire, il tourne aussi au cinéma avec Arnaud Desplechin, Jeanne Labrunne, Jean Loup Hubert, Yvan Calberac, Francis Weber…

En 2014, il reçoit le Molière de la révélation masculine, puis fonde, avec Victoire Berger-Perrin, la compagnie Vive. On ne voyait que le bonheur en est le premier projet.

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2.3 L’équipe artistique

Victoire Berger-Perrin / Assistante à la mise en scèneVictoire Berger-Perrin débute sa carrière théâtrale à Buenos Aires en tant qu’assistante à la mise en scène au Teatro Timbre 4 dirigé par Claudio Tolcachir. À son retour en France, elle travaille au Théâtre du Soleil sur le tournage de l’adaptation cinématographique des Naufragés du fol espoir d’Ariane Mnouchkine. Elle rejoint ensuite Edouard Baer et devient assistante à la mise en scène sur son dernier spectacle À la française au Théâtre Marigny. Elle collabore avec les comédiens et metteurs en scène Didier Brice, Jean-Paul Wenzel, Stéphane Valensi et Jean-Michel Lahmi. Elle est l’assistante d’Agnès Boury sur Le Diner de Cons au Théâtre de la Michodière et de Daniel

Colas sur Un certain Charles Spencer Chaplin, avec Maxime d’Aboville, au Théâtre Montparnasse. En 2015, elle participe au Festival des Mises en Capsules au Ciné 13 Théâtre et met en scène une pièce argentine qu’elle a également traduite : Les listes de Julio Wallovits, avec Grégori Baquet, Stéphane Valensi et Christophe Grundmann. En 2016, elle travaille sur la nouvelle création d’Eric Bouvron, « Marco Polo et l’hirondelle du Khan », jouée au festival d’Avignon.

Béatrice Warrand / ChorégraphiesTrès jeune, elle débute une formation en danse classique et modern jazz à Toulon. À l’âge de 16 ans, elle est engagée dans le Ballet Théâtre Joseph Russillo à Toulouse. De 1995 à 1999, elle prend part à toutes les créations de Jean-Claude Gallotta. De 2000 à 2003, elle est danseuse dans des comédies musicales telle Les demoiselles de Rochefort ou encore Roméo et Juliette, chorégraphie Redha, et participe au film Les côtelettes de Bertrand Blier. L’année 2005 voit son retour dans le Groupe Émile Dubois. Depuis elle participe à toutes les créations de Jean-Claude Gallotta.

Laurent Béal / LumièresLaurent Béal, concepteur lumière depuis 25 ans compte à son actif deux cent cinquante créations lumière dans le spectacle vivant, principalement dans le théâtre, mais aussi la comédie musicale, la danse et le cirque. Il travaille, entre autre, pour Patrice Kerbrat, Stéphane Hillel, Michel Fagadau, Didier Long, Anne Bourgeois, José Paul, Isabelle Nanty, Jean Rochefort, Agnès Bourry, Patrice Leconte, Jacques Gamblin, Fabrice Luchini, Arnaud Denis, Jean Michel Ribes et une vingtaine d’autres metteurs en scène, circassiens ou chorégraphes. Il crée ainsi des liens privilégiés avec tous ces artistes qui font

aussi appel à lui pour son assistance au delà de la lumière de leurs spectacles. Il a été nommé huit fois aux Molières comme meilleur créateur lumière. Les productions font aussi appel à lui pour les captations et les diffusions en direct de leurs spectacles.

Frédéric Jaillard / Création musicale et sonoreAprès une formation théâtrale, Fred jaillard qui est à la fois comédien et compositeur est remarqué dans La coulotte d’une zouave de Marc Salmon et nommé dans la catégorie Meilleur Espoir du cinéma européen au Festival du Film de Genève. En 2001, il fonde avec Fabien Billaud et Xavier Bussy, le label Evermore puis coréalise le premier album du groupe Bussy « Poe Session » hommage musical à Edgar Allan Poe avec comme invités Rodolphe Burger, Stephan Eicher, Theo Hakola, Marcel Kanche et Dominique Comont..En 2002, il s’associe au label Head On Productions. En 2007, il co-réalise et co-arrange avec Xavier

Bussy l’album « Comme un manouche sans guitare » de Thomas Dutronc et reçoit en 2009 une Victoire de la musique pour les arrangements de la chanson « Comme un manouche sans guitare », catégorie « Chanson originale de l’année ». Depuis 2008, il partage son temps entre réalisations de titres et d’albums pour les majors (Universal Music France), les labels et artistes indépendants (Because Music), et continue à être sollicité pour la création de musiques de scène et à l’image. En 2010, il finalise le deuxième album du groupe Bussy «To One in Paradise» avec des textes d’Emily Dickinson, Marcel Kanche et Boris Bergman. En parallèle et toujours en compagnie de Xavier Bussy, il réalisera le premier album de Claire Keim « Où Il Pleuvra » ainsi que le deuxième album de Thomas Dutronc « Silence On Tourne, On Tourne En Rond » avant de l’accompagner en tournée en tant que guitariste entre 2011 et 2013.Il compose la musique et la création sonore d’une trentaine de pièces de théâtre, notamment pour Jacques Ardouin, Xavier Jaillard, Alain Lagneau et Xavier Lemaire et Les coquelicots des tranchées dont il signe la musique et qui obtient en 2015 le Molière du Théâtre Public.

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3. Travail pédagogique autour du spectaclePAR GRÉGORI BAQUET

La compagnie Vive, que je codirige avec Victoire Berger-Perrin à pour vocation, depuis sa création il y a peu, d’éveiller la curiosité des jeunes, de créer l’envie de découvrir et d’approfondir leurs connaissances.Depuis longtemps nous pensons que l’avenir des peuples, et de l’espèce humaine, passe par la connaissance et la maîtrise de nombreux outils, comme l’élocution, la prestance, la capacité de réagir, d’analyser, et de se confronter à des situations extrêmes sans panique, ni doute. Notre monde ne peut évoluer que si l’homme se permet d’évoluer. Et dans ces temps troubles où les grands médias ne nous proposent (à part quelques exceptions), que l’abrutissement et le nivellement par le bas, nous pensons que la culture et, en ce qui nous concerne, le théâtre est, a été, et sera l’une des armes les plus fortes contre la violence, la haine et le replis sur soi.En marge de la création de mon nouveau spectacle, je propose de réunir un groupe d’élèves et de les intégrer au processus de création théâtrale, à différents postes. Que ce soit à la technique (lumières, décors, accessoires, costumes), ou à « l’acting » en leur proposant de faire leurs premiers pas sur scène.Le livre de Grégoire Delacourt que j’ai adapté pour la scène et qui servira de base à notre travail pédagogique, traite justement de l’un des thèmes essentiels, selon moi, à l’accomplissement d’un être humain, et qui est, malheureusement en train de tomber aux oubliettes : « le pardon ».Comme vous le lirez dans le résumé, le personnage principal de ce spectacle est une jeune fille pré-adolescente, qui va devoir se construire, ou plutôt se reconstruire malgré une enfance en partie détruite par la folie de son père.

Ce projet pédagogique aura donc deux facettes, distinctes et pourtant totalement liées. L’apprentissage et la connaissance d’un futur métier, ou d’une future passion (nous ne voulons pas forcement former de futurs acteurs, mais aussi des spectateurs-citoyens avertis) et l’exploration de ce sentiment, de cet acte insensé qui consiste à être clément, indulgent, compréhensif, miséricordieux envers quelqu’un, quelque chose qui nous a fait profondément du mal.

Nous proposons donc à nos jeunes « spectaCteurs » de participer à divers ateliers qui correspondront aux diverses étapes de la création d’un spectacle vivant. L’écriture dramatique, la mise en scène avec toutes ses ramifications : la scénographie, la création de lumières, de costumes, d’accessoires, le travail sur le texte et sa compréhension, les exercices de préparation du comédien, l’appréhension de la scène …

Je veux que ces divers ateliers soient l’occasion d’un échange entre les jeunes et les plus vieux que nous sommes. Nous avons tant à apprendre les uns des autres, je suis certain que cette expérience sera aussi riche d’un côté que de l’autre.Au cœur de la création artistique vivante, les différents enjeux sont tels, qu’ils exacerbent souvent l’égo et les susceptibilités des divers intervenants. C’est le terreau idéal pour se rendre compte de nos propres failles et de trouver la force (à la petite échelle du montage d’un spectacle) de comprendre et de pardonner à ceux qui ne pensent pas tout à fait comme nous.

Au delà de l’aspect artistique, vous l’aurez compris, c’est surtout une expérience humaine que je veux provoquer et mettre mes compétences de 30 années de pratiques théâtrale ainsi que mes 46 ans de vie en tant qu’être humain, au service d’une jeune génération et ainsi, à mon tour, à notre tour, apprendre, encore et encore pourrester, le plus longtemps possible, curieux et ouvert. Et dans tout ce qu’il a de plus beau, humain.

Différents ateliers peuvent être réalisés avec vos élèves. Vous pourrez choisir le ou les modules, que vous souhaitez en particulier aborder avec l’équipe artistique et technique. Tout est aménageable en fonction du nombre d’élèves, de leurs envies et du temps que vous passerez avec nous. Vous trouverez aussi, à la suite, plusieurs pistes de travail et de réflexions autour du texte du spectacle, dont nous vous livrons ici quelques extraits.Le texte « intégral » du spectacle est bien-sur, à la disposition des professeurs. Merci d’en faire la demande auprès du Théâtre de l’île.

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3.1 Atelier : régie / technique / Qu’est ce qu’un Régisseur ?

Notre régisseur prendra en main ceux qui sont intéressés par l’aspect technique d’un spectacle.

PRÉPARER LE TERRAINDes commandes de matériels aux réglages techniques en passant par le recrutement de techniciens, le régisseur de spectacles est le grand organisateur des représentations artistiques. Son rôle consiste à étudier le projet, puis à définir et mettre en place les moyens techniques et humains nécessaires à sa réalisation. Son objectif : que tout soit prêt pour la représentation, bien avant l’arrivée des artistes.

PROGRAMMER LES PLANNINGSLe régisseur de spectacles ne travaille pas seul mais en étroite collaboration avec une équipe pluridisciplinaire : metteur en scène, comédiens, techniciens, etc. Véritable chef d’orchestre de cette troupe, il gère le personnel et les plannings. En cas de changement, il en informe les personnes concernées.

GÉRER LE QUOTIDIENAu quotidien, il s’occupe des questions et problèmes d’ordres divers : acheminer le matériel technique, effectuer des réglages son et lumière, réserver des places de stationnement, monter les décors, accueillir les comédiens, recruter et payer les figurants... Face aux imprévus, il se doit d’être réactif, calme et efficace.

COMPÉTENCES REQUISESLe métier de régisseur de spectacles est avant tout un métier passion, impliquant un goût affirmé pour le milieu artistique. À son niveau, le régisseur participe à la qualité de la production en optant pour des solutions techniques adaptées. Sa connaissance du travail des différents corps de métiers est essentielle pour anticiper les problèmes susceptibles de se poser. Par exemple, vérifier si la capacité du réseau électrique permet de brancher les projecteurs, prévoir une meilleure isolation phonique...

MÉTHODIQUE ET RÉACTIFChef d’équipe polyvalent, le régisseur est capable de résoudre toutes sortes de problèmes humains et techniques. Il doit organiser le travail avec méthode et rigueur, communiquer avec différents partenaires externes (mairies, sociétés de déménagement, agents EDF, etc.) et souvent faire preuve de débrouillardise et d’initiative.

BAGAGE TECHNIQUE ET INFORMATIQUEOutre la connaissance des techniques de scénographie, le régisseur possède des bases en éclairage, son, machinerie, effets spéciaux. Il maîtrise les techniques du plateau ainsi que les logiciels et matériels informatiques spécialisés. Il suit les évolutions technologiques et sait décrypter les manuels d’utilisation des équipements rédigés en anglais.

Les élèves pourront, en fonction de leur nombre et de leurs envies, découvrir la régie, les cintres (qui actionnent la levée des décors), découvrir les projecteurs, créer des lumières, fabriquer des « effets », échanger avec lui sur le métier de régisseur… Tout ceci sous la direction du régisseur du spectacle.

3.2 Atelier : production d’un spectacle

Nous expliquerons comment se pense, s’imagine et se concrétise l’aspect économique d’un spectacle ainsi que la relation étroite entre l’artistique et le financier.

D’où est venue l’idée, l’auteur, l’adaptateur, la recherche d’argent, de producteurs, des collaborateurs artistiques (comédiens, musiciens) et techniques (décors, costumes, lumières et accessoires), les droits d’auteurs, les droits musicaux, la recherche de partenaires financiers ou d’autres qui mettent à disposition des lieux, des moyens techniques, des idées.Tous les rouages de la création du spectacle peuvent être abordés. Des salaires au prix des décors et costumes...Il s’agit là, non pas de rentrer dans des détails techniques compliqués, mais d’expliquer clairement comment la compagnie Vive a pu monter la production de ce spectacle.

3.3 Atelier : aborder la création d’un personnage

L’actrice principale et moi même, prendrons en mains quelques apprentis comédien(ne)s et leur donnerons des clefs pour la compréhension et la façon d’aborder un rôle.

Depuis les exercices de relaxation, d’articulation, de maîtrise du texte, en passant par la compréhension et la construction d’un personnage, jusqu’à la « représentation scénique » où nous ferons « jouer » ceux qui le désirent.

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Nous essaierons d’aborder l‘ensemble du processus de création d’un rôle, ainsi que les différentes « écoles » d’apprentissage de ce métier (Méthode Stanislavsky, l’actor Studio…).En effet, depuis que le théâtre existe, le jeu des comédiens a grandement évolué. Durant de nombreux siècles, l’interprétation des acteurs était exagérée, empesée et grandiloquente, très démonstrative (théâtre antique, tragédies Grecques, Comedia dell’arte, comédies de Molière etc.) Puis au début du XXe siècle, deux grands mouvements semblent se distinguer.Le premier, plutôt issu du cinéma et du théâtre américain, demande aux acteurs d’abaisser le personnage à leur niveau, diluant la portée poétique et épique de celui-ci dans la banalité de leur quotidien.L’acteur y est considéré comme une sorte de machine à la disposition du metteur en scène, il doit pouvoir contrôler son corps de manière mécanique pour obtenir les mouvements et l’attitude prévus par le scénario ou par la volonté du metteur en scène. L’imitation serait donc le seul talent utile à l’acteur.

En totale opposition, les acteurs héritiers de Stanislavski estiment qu’il est du devoir de l’acteur de s’élever au niveau de son personnage. L’acteur doit donc se plonger dans sa mémoire affective, s’intérioriser et créer un passé à son personnage.

De nos jours nous assistons à l’émergence d’une troisième catégorie. Un sorte de métissage de ces deux méthodes, où les acteurs ajoutent à tout cela un instinct, une folie qui leur est propre.

Avec l’aide de notre comédienne, nous organiserons des exercices, des jeux, qui permettront aux élèves d’aborder de nombreux styles d’interprétations. Afin qu’ils touchent du doigt la frontière entre « réalisme » et « fiction ». Entre ce qui doit paraître réel et les outils imaginés par l’auteur ou le metteur en scène.

3.4 Atelier sur le spectacle en particulier

Nous allons pouvoir faire travailler les « apprentis comédien(ne)s » sur deux extraits. Certaines élèves pourront s’emparer du rôle de Joséphine dans les extraits n°1 et 2, et les garçons pourront se mettre dans la peau d’Antoine dans les extraits n°3 et 4.

À l’aide de ces extraits (les professeurs ayant lu le texte en intégralité peuvent bien évidemment nous proposer de travailler d’autres scènes), l’idée est de faire travailler tout le monde par petits groupes. Les monologues, ainsi que les scènes à deux. Ces dernières pourront être travaillées soit en couple élève-élève, soit élève-metteur en scène ou élève-comédienne, pour trouver le ton le plus juste et se rendre compte des différences d’interprétations ainsi que de la différence des échanges que cela provoquera.Durant ces moments d’échanges et travail de comédien, nous pourrons glisser progressivement vers notre dernier atelier, sans même que nos élèves s’en rendent compte. Cette proposition que nous vous faisons à travers ce module un peu « particulier » ne se fera qu’avec l’accord préalable des enseignants. Connaissant bien leurs élèves, ils sont à même de savoir s’ils seront capables d’assumer et de réagir positivement au « bousculement » que nous allons provoquer chez eux.En effet, je tiens à ce que tout ce travail se fasse sans oublier le « fond » de notre histoire. L’essentiel de la réussite d’un spectacle tient dans le fait qu’il doit être, non seulement divertissant, que ce soit dans le rire ou dans les larmes, mais aussi et surtout qu’il provoque la réflexion, le questionnement et qu’il aboutisse à une véritable remise en question des « idées reçues » dont nous sommes tous abreuvés en permanence.En l’occurrence, à propos du sujet du spectacle : « Le Pardon » et avec lui tous ses amis, la résilience, l’acceptation, la compréhension. À travers l’écoute de l’autre, l’empathie, la compassion.

3.5 Atelier : les racines du ‘‘ bon’’

Nous allons mettre nos élèves en situation de « stress ». Rassurez vous, rien de dangereux. Nous allons juste essayer de leur faire prendre conscience que le jugement de l’autre peut vite arriver, sans qu’on s’en rende compte et que l’on peut vite en vouloir à quelqu’un sans même le connaître. Pendant le travail que nous effectuerons avec les élèves, que ce soit sur le plateau durant nos ateliers « d’acteurs », ou pendant les cessions avec le régisseur, où même au cours d’une discussion banale entre nous, à laquelle assisterons les élèves, nous allons créer une dispute. Soit entre le metteur en scène et le régisseur, soit avec la comédienne qui partira en pleurs, soit directement avec un des élèves qui ressentira une injustice profonde de la petite « engueulade » qui pourra lui être infligée. Le but est que la personne concernée se réfugie auprès de ses camarades rassurants, pour débriefer de ce qui vient de se passer et pouvoir, avec l’aide des intervenants, démonter, rouage après rouage, le sentiment « d’en vouloir » à la personne qui a « pété » un plomb. Pour se faire, et pour clarifier cette expérience un peu particulière, voilà un exemple de comment elle pourrait se dérouler :1) Le metteur en scène travaille avec la comédienne et un groupe d’élèves.2) La comédienne n’arrive pas à faire ce que le metteur en scène lui demande. Le metteur en scène se met en

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colère, utilise des arguments qui n’ont rien à voir avec le théâtre mais plutôt de l’ordre de la vie privée. Totale injustice.3) La comédienne craque, le metteur en scène hurle et disparaît dans les loges laissant seule la comédienne avec les élèves.4) Les élèves, encouragés un peu par une tierce personne, (un prof accompagnant par exemple), devront réagir, commenter ce qui vient de se passer. Ils devraient facilement prendre la défense de cette pauvre petite comédienne brimée par l’odieux metteur en scène.5) La comédienne, retourne alors la situation en expliquant que le metteur en scène vient d’avoir une très mauvaise nouvelle, (un décès, un problème de santé...) Qu’elle était au courant mais qu’elle n’a pas fait attention à le ménager ce matin.6) Du coup nos élèves ne sauront plus très bien quoi penser. Petit moment de gêne et le metteur en scène revient en expliquant que tout ceci n’était qu’un exercice.

Cet exercice peut se décliner sous plein de formes différentes. Soit en mettant les élèves uniquement en position de témoin, soit en les incluant personnellement à l’exercice. Le but étant de leur prouver qu’il ne faut pas se faire une idée trop rapide de quelqu’un et que l’on peut comprendre, puis accepter et enfin pardonner, un « écart ». Bien sûr tout ceci est loin de la violence racontée dans le spectacle mais c’est un premier pas tangible vers une compréhension et vers la connaissance de ce sentiment souvent comparé à de la lâcheté, le pardon.

4. Exercices et commentairesVoici des petites choses que vous pouvez faire en amont de notre rencontre.

4.1. Faites réagir les élèves à ces phrases extraites du roman

« L’obéissance est la fierté des lâches, notre légion d’honneur. »« C’est ce jour-là que le tigre s’est réveillé. Qu’il ne s’est plus jamais rendormi. »« Un jour j’avais demandé à ma mère si elle m’aimait, et elle m’avait répondu « à quoi ça sert ». Aucun enfant ne devrait entendre ça. »« Choisis le jour. » (Le bon jour, ou l’inverse de la nuit ?)« Est-ce qu’on peut nommer quelque chose qui n’existe pas ? »« Mais ça m’est arrivé. Mon père me l’a transmise, cette maladie. J’ai grandi dans cette honte-là. La pire. La honte de soi. »« À quel moment un homme se rend-il compte qu’il ne sera jamais un héros ? »« Comprendre c’est faire un pas de géant vers l’autre. C’est le début du pardon. »« Parce que je devine qu’à un moment ou à un autre, derrière toute cette horreur, au delà de l’effroi, il y a eu de l’amour. »« Peut-on se redonner une chance, sans avoir pardonné ? »« Une naissance, c’est toujours plein d’eau, plein de larmes. »« Alors, finalement, nos vies valurent la peine. »

4.2 Petits jeux pour faire travailler sa concentration et son attention(Que nous explorerons durant nos rencontres)

- L’aiguillage Mettre les élèves debout en cercle. Choisir qui va démarrer. Cet élève va énoncer tout haut le numéro « 1 » et ses camarades, de chaque côté de lui diront « 2 », et ainsi de suite pour que le « compte » fasse une ronde partant à gauche et à droite. À un moment donné, un des élèves va être au « croisement » de cette chaîne. Il devra donc être concentré pour savoir où il en est et bien écouter de chaque côté ce qui lui parvient. En fonction de la vitesse d’exécution, le croisement ne se fera pas au même endroit. Lorsque que l’un deux s’est perdu, on stoppe et on recommence là où cela s’est arrêté.

- Le même jeu peut être décliné avec des phrases courtes, (choisi un meneur), et de plus en plus longues, chuchotées au creux de l’oreille de son voisin. La chaîne se fait plus silencieuse mais tout aussi énergique. Au bout de quelques tours, le meneur prévient que c’est le dernier tour et celui sur lequel tombe le croisement des deux phrases s’arrête et dit tout haut ces deux phrases. Généralement elles sont bien éloignées de la phrase de départ.

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- Le magicienLes élèves sont assis par terre, éparpillés dans toute l’aire de jeu. Le meneur va voir les enfants un par un pour leur donner un nom de personnage. Dès qu’un enfant a le nom de son personnage il doit se relever en lui donnant vie.Lorsque tous les personnages sont distribués, ils doivent faire se rencontrer ces différentes personnalités.

- L’ascenseurLes enfants se répartissent sur toute la surface de jeu. Le meneur explique qu’ils sont dans un ascenseur d’un très grand musée. Chaque étage comporte des statues différentes. Ils doivent donc, à chaque étage, prendre une posture de statue en adéquation au thème donné par le meneur (hommes préhistoriques, personnes âgées, enfants, monstres, éléphants, mouches, magiciens…)

- La bouéeDeux par deux (à taille et poids à peu près équivalents), un élèves se laisse tomber dans les bras de l’autre. Cet exercice a pour but d’apprendre à faire confiance aux autres.

- La machine humaineDes équipes de 4 ou 5 personnes doivent être constituées. Il faut nommer un meneur du jeu. On envoie un premier joueur à l’avant. Il doit imaginer une séquence constituée d’un geste et d’un bruit. Exemple : Il balance les bras d’avant à l’arrière en disant Cric Crac Croc.Quelques secondes plus tard, un joueur de la même équipe le rejoint et crée une nouvelle séquence (Bam Bim Boum en sautant - Tic Tac Toc en marchant - Gros gras grand en se penchant, etc.) Ensuite le troisième et le quatrième joueur.Cela devient une machine humaine bien rodée. Le meneur du jeu met de la pression. L’équipe gagnante sera celle qui tiendra le plus longtemps sans erreur.

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EXTRAIT N°1

Joséphine est chez le psy.

PSYOn va essayer de travailler sur des mots qui pourraient expliquer les choses. Vous voulez bien ? Essayer de dire l’indicible. Je vous aide. Par exemple, folie. Dépression. Chagrin.

JOSÉPHINEImmense chagrin.

PSYMaladie.

JOSÉPHINEJe trouve que ce sont des mots trop normaux. Ce qu’il m’a fait, ce qu’il s’apprêtait à faire à mon frère, ça n’a pas de nom, docteur. Il aurait du commencer par lui. (Un temps) Est-ce qu’on peut nommer quelque chose qui n’existe pas ?

PSYVoilà une remarque très intéressante, Joséphine. Continuez à chercher. Un mot c’est une clé, et les clés on va en avoir besoin.

JOSÉPHINESadique. Barbare.

PSYVous pouvez définir ?

JOSÉPHINEQui n’a plus de morale, qui n’appartient plus à la civilisation, qui est retourné à l’état de bêtes, comme celles qui mangent leurs petits, il y a des tortues qui font ça, des truies aussi, qui dévorent leurs porcelets. Truie, j’aime bien comme mot. C’est important de mettre les bons mots.

PSYEt vous ? Comment vous voyez-vous ? Comment vous sentez-vous avant de retourner à l’école ?

JOSÉPHINEJe ne sais pas. C’est dur parce qu’avant la Truie j’étais jolie des deux côtés du visage. Avant, ma mère, et même l’Olive, disaient que j’étais ravissante, que les garçons se battraient pour moi. On ne parle plus de ça à la maison. On dit que je fais des progrès, que ça se voit moins. Mon cul, ouais. J’ai un morceau de jambon sur la joue gauche, j’ai un creux dans la mâchoire comme si un boxeur m’avait cognée de toutes ses forces, alors l’amélioration, je ne vois pas trop où ils la voient.Le psy lui tend un miroir. Toujours horrible.

PSYJoséphine. Essayez de sourire. Regardez et décrivez-moi ce que vous voyez.

JOSÉPHINESourire ? Vous êtes sûr ? Ça fera plutôt une grimace, non ?

PSY GentimentMais non, allez-y, essayez.Elle sourit large, totale idiote.Regardez bien. Qu’est ce que vous voyez ?Joséphine regarde plus attentivement. Son sourire devient plus humain. Elle se retourne vers le psy.

JOSÉPHINEAlors je l’ai bien regardé dans les yeux. D’habitude je n’aime pas trop. Et je lui ai dit merci. Merci docteur. Parce que même si j’avais une demie-gueule dégueulasse, mon sourire était revenu, il n’était plus tout tordu comme au début, il avait retrouvé ce truc très mignon qu’on voit sur les photos d’avant. Un sourire joli à voir, comme un ciel tout bleu, ou une nuit claire, sans Chien.

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EXTRAIT N°2 (monologue)

JOSÉPHINEÇa a été d’abord un sentiment d’humiliation. C’était moi la merde.Quand un père ne veut plus de vous c’est forcément de votre faute : je ne l’ai pas rendu heureux, je l’ai déçu, je n’ai pas d’humour, pas de grâce, je ne suis pas belle. Je ne pensais pas qu’un père pouvait être l’origine du mal. Je suis allée sur Internet, pour rencontrer des filles dans ma situation, mais leurs pères visaient apparemment mieux que le mien.Il n’y avait aucune survivante. Par contre j’ai trouvé à la pelle des affaires d’incestes, des parents violents, des mythomanes, des dénis de grossesse, mais une fille que son père a tuée, zéro. Je suis une survivante. Je suis restée en vie. Peut-être que j’ai quelque chose à vivre alors. Une vie à moi, avec une histoire à moi, des gens autour de moi que j’ai choisis et qui m’aiment, même avec ma tête de jambonneau.Avec Sacha et sa mère, j’en parle souvent, de l’amour, du désir, toutes ces choses incandescentes que je ne connais pas encore. Le mal que ça peut faire, parfois, le désir. La perte qui s’ensuit. Personne ne peut être dans le désir permanent, c’est trop lourd, c’est anthropophage.Sacha a dit qu’elle ne se marierait jamais, qu’elle n’aurait que des amants.

EXTRAIT N°3 (monologue)

ANTOINEJe suis resté longtemps sans nouvelles d’elle. C’était le plus douloureux.Ne pas savoir si elle était en vie, si j’étais l’assassin de ma fille. On ne me répondait pas. J’ai essayé de me noyer sous la douche. De m’étouffer en avalant ma merde aux toilettes. D’inciser la peau de mon poignet avec les dents. Mais on me sauvait à chaque fois. On me voulait vivant, pour autopsier l’horreur, pour comprendre. Anna a voulu venir, ils ont refusé, mais ni Nathalie, ni mes enfants, ni la femme de mon père n’ont demandé à me voir. J’étais une ordure qui avait tiré sur sa fille, s’apprêtait à tuer son petit garçon. Je voulais que nos lâchetés cessent, que mes héritages s’arrêtent avec moi. Et un jour : « Votre fille est vivante ». Je n’avais pas dit merci, j’avais juste pleuré, ma peur et ma honte s’écoulaient par mes yeux. Je, je p-peux la voir ? Les médecins avaient été glacials. « Elle ne sourit pas encore, elle gardera une légère déformation de la mâchoire. Après quelques greffes de peau, trois peut être, la cicatrice aura pratiquement disparu. La rééducation lui permettra de retrouver une élocution correcte. Avec de la patience, beaucoup de temps, on ne verra plus rien. On fait des miracles aujourd’hui en chirurgie.» Mais quel miracle pour que Joséphine ait un jour une jolie vie ?

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EXTRAIT N°4

Dans un commissariat.

FLICRevenons à votre père.

ANTOINEJe ne sais pas quoi vous dire. Il a près de 75 ans. Bourré de médicaments qui l’abrutissent. Une femme qui parle sans respirer. Il étouffe. Il doit être effrayé.

FLICVous pensez encore à la mort ?

ANTOINENon.

FLICPensiez-vous à la peine de ceux qui allaient rester ?

ANTOINELe besoin de paix était plus grand. Je pensais qu’ils comprendraient, tous.

FLICQu’ils comprendraient quoi ?

ANTOINEComprendre c’est faire un pas de géant vers l’autre. C’est le début du pardon.

FLICVous vouliez être pardonné pour ce que vous aviez prévu de faire?

ANTOINEJe voulais qu’ils comprennent que je n’avais pas d’autre issue.

FLICVous ne vouliez pas être pardonné?

ANTOINEC’était impossible. Récemment, à Bordeaux, des parents ont tué leurs deux enfants et se sont pendus. Ils ont laissé un mot : « Ceci n’est pas un homicide, c’est un acte d’amour. » Qui peut comprendre ? Le pardon n’est pas pour ces gens-là. C’est l’effroi qui l’emporte.

FLICPourquoi Joséphine et Léon ?

ANTOINEJ’avais peur. Je me disais que s’ils ne se réveillaient plus, il ne pourrait plus rien leur arriver de mal.

FLICVous ne pensez pas qu’ils auraient aimé vivre s’ils avaient eu le choix ?