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comment s’activer et se reposer ? 10 le pennois i maRs i 2013 comment apprendre et rêver ? comment nourrir son corps et son esprit ?

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a réforme des rythmes scolaires est le sujet qui agite, depuis dessemaines, la classe politique et médiatique et plus directement lesparents d'enfants en école maternelle et/ou primaire ainsi que lesenseignants. Car si la majorité des Français est d'accord pour dire qu'ilfaut refonder l'école républicaine afin d'améliorer les apprentissages

des enfants, une minorité est convaincue que la priorité des priorités est lechangement des rythmes scolaires. Une réforme dont l'application au quotidienaurait des conséquences plus que complexes en termes budgétaires etorganisationnels pour les municipalités, les familles et les professeurs des écoles.Cependant, malgré les oppositions, le décret a été publié au journal officiel le 26janvier et les parents sont plus que jamais dans l'inquiétude et le flou.Heureusement, aux Pennes-Mirabeau, tout est clair : après une rencontre avecl'inspecteur de l'Académie, une concertation avec les enseignants et lesreprésentants des parents d'élèves, la décision a été prise en conseil municipal derepousser la mise en place de cette réforme dans les écoles pennoises à la rentréede septembre 2014. Histoire de tenter de résoudre un sacré casse-tête.

le casse-tête

dossieR

RéfoRme des Rythmes scolaiRes

L

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aissons les autres communes essuyerles plâtres !». À l'instar de nombre deses confrères et consœurs, cette

professeure d'école aux Pennes-Mirabeauexprime, sur le ton de la boutade, la crainte quihabite les enseignants face à la volontéfarouche du gouvernement de réformer lesrythmes scolaires. Une inquiétude qui dépasseles clivages politiques et trouble les parents.Mais, au moins, les Pennois savent à quois'attendre : même si le décret est paru, mêmesi le ministre de l'Éducation nationale, VincentPeillon, indique que «la réforme des rythmes àl'école primaire est une phase importante de larefondation de l'école de la République», ici lemaire et l'équipe municipale ont jugé qu'il étaiturgent d'attendre et ont voté, lors du conseilmunicipal du 28 février, le report de cetteréforme à la rentrée 2014/2015. «Pour nous,il s'agit d'une décision de bon sens confortéepar tout ce qu'ont pu nous dire les enseignantset les représentants des parents d'élèves»,indique Fabrice Véga, conseiller municipaldélégué à l'Enseignement.

pour l'intérêtdes enfants ?

Effectivement, personne ne dira le contraire,l'école de la République a besoin d'unerefondation. Comme le rappelle souventVincent Peillon, «les résultats des élèvesfrançais ne sont pas satisfaisants. En lectureleur niveau est inférieur au niveau moyen des

Européens. La part des élèves en difficultéaugmente. Et nos élèves sont, plus souventqu'ailleurs, anxieux et fatigués à l'école». Onpeut ajouter une statistique : 120 000 élèvessortent chaque année du système scolaire sansdiplôme. Un constat qui ne peut être remis encause, mais pour Michel Amiel, maire desPennes-Mirabeau, «le grand soir d'unevéritable réforme de l'Éducation nationale n'estpas encore arrivé et se fixer uniquement sur lesrythmes scolaires est trop réducteur». Mais,c'est bien connu : les ministres de l'Éducationnationale arrivent toujours avec des envies deréforme, ils en repartent avec des envies derepos. Car souvent ce qu'ils appellent«réforme» consiste peu ou prou à défaire ce quise faisait ou à refaire ce qui a été défait.Au centre de ce débat qui s'enlise, chacun parleet défend «l'intérêt de l'enfant». Mais, quedisent les chiffres tout d'abord ? Notre paysconnaît en effet une concentration du tempsscolaire sur un petit nombre de jours : 144jours de classe contre 187 en moyenne dansles autres pays de l'OCDE pour un total de 864heures contre 800 en moyenne. Que proposela réforme ? Une semaine de 24 heuresd'enseignement réparties sur quatre jours etdemi. Pour le ministre, ce changement «doitpermettre de mieux répartir les heures decours sur la semaine et de programmer lesenseignements à des moments où la faculté deconcentration des élèves est la plus grande.Elle vise à assurer un meilleur équilibre dutemps scolaire et périscolaire». Que disent leschronobiologistes ? Encore autre chose ! PourYvan Touitou, qui travaille sur les rythmes

scolaires depuis trente ans, «l'idéal, pourrespecter l'horloge interne des enfants, seraitpour eux de travailler tous les matins, six jourssur sept. Ce qui est important, c'est moins lenombre d'heures que leur distribution dans lajournée». Claire Leconte, chronobiologiste etprofesseure de psychologie, est sur la mêmelongueur d'onde : «Travailler sur quatre joursimpose une massification des apprentissages,alors que l’on sait qu’il faut les distribuer dansle temps. Reste que ce qui est proposé n’est pasdu tout à même de répondre aux évolutionsattendues. C’est toute l’organisation des tempsde vie de l’enfant, et pas seulement le tempsscolaire, dont il faut s’emparer». C'est donc unappel à un véritable changement de société etde son organisation auquel appellent cesspécialistes du temps ; une bien belle théoriecar dans la pratique, la seule demi-journéesupplémentaire annoncée inquiète plus qu'ellene convainc la majorité des Français qui, euxaussi, pensent aux enfants.

une inquiétudepartagée

Même si la mise en place de la réforme a doncété repoussée aux Pennes-Mirabeau, on sait àquoi pourrait ressembler la nouvelleorganisation du temps scolaire dans notrecommune en septembre 2014 : enseignementle matin de 8h30 à 11h30 les lundis, mardis,jeudis, vendredis et mercredis ou samedis ;enseignement l'après-midi de 13h30 à 16h les

«L

La concertation avec les enseignants (1.) et les représentants des parents d’élèves (2.) a commencé. Elle ne s’arrêtera pas. 1.

2.

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comments’épanouir

ets’amuser?

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lundis et vendredis, de 14h à 16 h les mardiset jeudis (avec soutien scolaire de 13h30 à14h)... Et pour le reste, beaucoup, vraimentbeaucoup, de temps périscolaire. Donc desjournées moins chargées en termesd'enseignement, mais une présence accrue àl'école. Et c'est là que le bât blesse. De tous lescôtés.Les parents d'élèves en premier car ils sontinquiets face une pause méridienne jugée troplongue. Nombre d'entre eux se demandentaussi ce que les enfants vont faireconcrètement en dehors de l'enseignement pur.«Entre le matin et le soir, certains enfantsauront plus de temps de garderie que d'école !»,s'insurge une jeune maman pennoise. Et puis,il y a surtout la grande question du mercredi.Avec une fin des cours à 11h30, comment fairequand on travaille pour être à temps à la sortiede l'école ? La cantine ? Ça fait des dépensessupplémentaires. Et après la cantine ? Il y a lescentres aérés, mais il faudra revoir leurorganisation sachant que leurs capacitésd'accueil ne sont pas extensibles. L'école, lemercredi matin, c'est aussi la fin d'activitéssportives et/ou culturelles auprès d'associations...Pour autant, les Français ont du mal à faire leurchoix entre le mercredi et le samedi matin. Caril ne faut pas oublier également les nombreuxcas d'enfants de couples divorcés dont le modede garde le plus fréquent est «le droit de visiteet d’hébergement», à savoir un week-end surdeux qui commence le vendredi soir. Ce seraitalors une demi-journée de moins à passer avecses enfants. C'est pourquoi d'aucuns proposentde raccourcir la durée des vacances pour que

le temps scolaire se déploie sur plus de joursdurant l'année, sans avoir besoin du mercrediou samedi matin. D'autant qu'en termesd'organisation, la fédération des Parentsd'élèves de l'école publique (PEEP) faitobserver que 80% de ses adhérents déclarentne passer durant l'été que quinze jours devacances en commun avec leurs enfants. Lereste du temps devenant un puzzleorganisationnel entre colonies de vacances,centres de loisirs, baby-sitting, appel à l'aidedes grands-parents, de la télé ou de la console !Mais, ce sujet est brûlant pour desprofessionnels du tourisme déjà inquiets pourleur secteur en raison de la remise en cause desweek-ends en famille. Vincent Peillon avaitd'ailleurs révélé avoir été contacté parl'association des propriétaires de résidencessecondaires... Un vrai casse-tête, décidément.

une questionéconomique

Pas de doute, cette réforme a aussi son coût entermes de budget. Celui des enseignants,d’abord. Le SNUIPP (Syndicat national unitairedes instituteurs professeurs des écoles) exiged’ailleurs, un effort salarial, mettant en avantune masse de travail plus importante. En effet,les enseignants seront davantage présents àl'école, pour animer la demi-journéesupplémentaire et les 36 heures annuellesd'«activités pédagogiques complémentaires»,destinées à apporter une aide aux élèves en

difficulté, mais aussi à accompagner le travailpersonnel des élèves ou à organiser uneactivité prévue par le projet d’école.D'éventuels frais de garde de leurs propresenfants pourraient ainsi s’ajouter.Enfin, les communes sont également inquiètes,car elles redoutent de devoir assumer un coûtsupplémentaire engendré par cette réforme.Une partie du temps de cours en moins leursera confiée et elles devront proposer desactivités culturelles, sportives ou artistiques,donc rémunérer de nouveaux intervenants.L'ajout d'une demi-journée de classe lemercredi ou le samedi matin signifiant desfrais de transport et aussi de restaurationscolaires supplémentaires. L'Association desmaires des grandes villes de France a ainsichiffré le prix de la réforme à 600 millionsd'euros. Qui va payer ?Certes, les villes qui l'appliqueront dès 2013se verront attribuer une aide financière del'État de 50 euros par élève (ou 90 dans leszones en difficulté). Insuffisant et surtout paspérenne. De plus, les communes, comme lanôtre, qui ont demandé une dérogation pourretarder la mise en œuvre du décret à larentrée 2014 ne pourront pas prétendre àcette aide. «Il n'était pas question de se laissertenter, ni de se précipiter. Il faut travailler surle long terme et se donner le temps pouréchanger avec les acteurs concernés, desparents aux enseignants en passant par lesassociations pennoises. Une année ne sera pasde trop, quand on sait que notre objectifpremier restera toujours l'intérêt de l'enfant»,conclut Michel Amiel.

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