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DOSSIER L’enseignement militaire supérieur 299 – Novembre 2018

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DOSSIER

L’enseignement militaire supérieurN°

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04 P LES ACTEURS DE L’EMS

06 P PLUSIEURS ÉCOLES, DIFFÉRENTS OBJECTIFS

08 P LA QUALIFICATION INTERARMES DE NIVEAU 2

10 P L’ÉCOLE DE GUERRE-TERRE

12 P CHANGER DE MÉTIER DANS UNE MÊME CARRIÈRE

Texte : CNE Maude DEGRAEVEPhotos : CNE Maude DEGRAEVE, ADC Marc ALLIOT, SCH Jean-Baptiste TABONE, SGT Jérémy BESSAT, CCH Nicolas de POULPIQUET, CCH Morgan DURAND, Gwenaël TANGUY et CDEC

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L’enseignement militaire

supérieurTOUS LES MILITAIRES, pendant leur parcours pro-fessionnel, sont amenés à suivre des cursus de for-mations, à passer des examens, à se perfectionner. Les officiers ne font pas exception à cette règle. Après leur temps de commandement, ils entrent dans leur deuxième partie de carrière. Ce moment les met face à des choix à effectuer selon leurs pro-fils, leurs ambitions, leurs envies, ou leurs possibili-tés, mais aussi en fonction des besoins de l’armée de Terre à l’instant ”T”, tels qu’ils sont définis par la DRHAT1. Après une formation commune à l’école d’état-major, et sous réserve de réussite aux concours, les officiers ont la possibilité de s’orienter vers un parcours de breveté ou de diplômé. Le pre-

mier parcours les prépare à devenir de futurs déci-deurs ; le second à tenir des postes à responsabilité dans un domaine spécifique. Selon les parcours, la scolarité s’effectue au sein d’écoles différentes. Leur point commun : elles sont toutes subordonnées au centre de doctrine et d’enseignement du comman-dement, en charge de la mise en œuvre de l’ensei-gnement militaire supérieur pour l’armée de Terre. TIM est retourné sur les bancs de l’école, aux côtés des futurs chefs militaires. n

1 Direction des ressources humaines de l’armée de Terre.

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L’enseignement militaire supérieur concerne essentiellement les officiers après leur temps de commandement. Il leur permet de s’adapter au contexte opérationnel et d’évoluer dans leur carrière, selon les nécessités de l’armée de Terre. Différents acteurs définissent et mettent en oeuvre cette politique de formation.

« L’ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPÉRIEUR-TERRE répond au besoin de l’armée de Terre de disposer d’offi-ciers aptes à conduire les opérations actuelles et futures », explique le général de division Pascal Facon, direc-teur du centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC). Il s’agit ici d’adapter la for-mation des officiers, appelés à exercer des responsa-bilités importantes de commandement, à occuper des postes nécessitant des qualifications techniques ou scientifiques élevées ou à mener des opérations de plus en plus complexes. Les officiers servant en état-major doivent être capables de faire face à un ennemi évoluant rapidement et à connaître au mieux le contexte des engagements actuels et futurs. En ce sens, la formation concourt à l’efficacité opération-nelle des forces terrestres.

RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENTFace à ces évolutions, le chef d’état-major de l’armée de Terre a décidé de renforcer l’enseignement militaire supérieur (EMS). La réforme de l’EMS concerne, entre autres, l’allongement et la généralisation de la qualification interarmes de second degré et la créa-tion de l’école de guerre–Terre dont la scolarité est

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Un commandement plus performant

Inauguration de l’EdG-T le 30 août dernier.

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tences au bon moment pour occuper les postes qui leur correspondent. L’EMS vise donc à transformer un officier chef de contact en officier concepteur, voire ultérieurement décideur de l’action, notam-ment opérationnelle. n

1 Pôle rayonnement armée de Terre, pôle études et prospective, division enseignement militaire supérieur – Terre, division doctrine et division appui documentation.

2 Direction de l’enseignement militaire supérieur, qui assure la formation supérieure des officiers dans le domaine interamées.

3 Instruction n°900/DEF/RH-AT/PRH/ES relative à la politique générale de la formation dans l’armée de Terre.

passée de six mois à un an. « Compte tenu de l’enjeu, nous devons dispenser un enseignement de la plus exi-geante qualité aux futurs chefs, ainsi qu’aux officiers d’état-major chargés de les aider à décider, poursuit le général. Le rôle du CDEC est de concevoir et de mettre en œuvre l’enseignement supérieur des officiers. » L’ob-jectif est de mieux identifier les compétences et potentiels au sein de la population des officiers, quel que soit leur statut ou le type de recrutement (notamment en donnant accès aux officiers sous contrat aux concours de l’école de guerre et de l’en-seignement militaire supérieur scientifique et tech-nique). Concrètement, le CDEC a sous sa responsa-bilité l’ensemble des écoles dispensant l’EMS–Terre. Il est composé de deux pôles et trois divisions1, dont la division enseignement militaire supérieur – Terre, chargée de piloter la formation du domaine de spécialité ”emploi des forces”. En liaison avec la DRHAT et la DEMS2, cette division assure la cohé-rence des actions de formation dispensées par les quatre écoles du centre (Cf article page suivante). Ainsi, le CDEC forme les officiers d’active dans les domaines techniques, leur enseigne la pratique du commande-ment des forces et prépare les officiers de réserve à servir en état-major.

FORMATION GRADUELLECependant, le CDEC n’est pas le seul acteur du domaine de la formation. En premier lieu, le direc-teur des ressources humaines de l’armée de Terre propose au CEMAT la politique de formation pour toutes les catégories de militaires3 de l’armée de Terre. Autrement dit : qui former, quand, combien de personnes, à quoi sert un officier breveté ou encore comment le sélectionner. La DRHAT fait coïncider le parcours de formation avec le parcours professionnel pour que les officiers acquièrent, de façon graduelle et adaptée, les bonnes compé-

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Il faut adapter la formation des officiers

à des opérations de plus en plus

complexes.

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Dans l’armée de Terre, l’EMS est dis-pensé dans quatre écoles, subordonnées au CDEC. S’ils se destinent à intégrer l’école de guerre ou s’orientent vers un diplôme technique ou un parcours de diplômé d’état-major, les officiers passent au moins par l’une d’entre elles.

Plusieurs écoles, différents objectifs

ÉCOLE D’ÉTAT-MAJORTOUS LES OFFICIERS passent par l’école d’état-major (EEM), située aux écoles militaires de Saumur depuis 2012 et ratta-chée au CDEC depuis juillet 2017. La qualification inter-armes de niveau 2 (QIA 2) est le socle commun de l’ensei-gnement militaire supérieur (Cf. article page suivante). Avant

même leur temps de commandement, les jeunes capitaines auront été formés pendant trois semaines à l’EEM pour leur QIA 1. Une formation est également dispensée ici pour les officiers de recrutement tardif1 : la formation d’état-major-officiers (FEM-O)2. Les stages de l’EEM ne se limitent pourtant pas à un public d’officiers. L’école a pour mission de former les cadres officiers et sous-officiers servant à des postes de commandement en état-major.

« Récemment, l’école a connu de nombreuses réformes avec la création de la QIA 1 pour les jeunes officiers, l’allon-gement de la QIA 2 pour les capitaines plus expérimentés et la généralisation de la FEM-O. Ces réformes renforcent la vocation de l’EEM, creuset dans lequel se forge le socle de compétences et d’attitudes commun à tous les officiers afin de garantir la cohérence et la cohésion des états-majors. »Colonel Guillaume Couëtoux, directeur de l’EEM

ÉCOLE DE GUERRE - TERRELES LAURÉATS du concours de l’école de guerre (EDG) effectuent une année de scola-rité à l’école de guerre–Terre avant d’intégrer l’EDG. C’est donc l’école par laquelle passent notamment tous les futurs chefs de corps. La sco-larité alterne phases d’ensei-gnement et mises en situa-

tion sur le terrain ou via des exercices. Sur 43 semaines de formation, 13 sont consacrées au développement d’un projet personnel choisi par l’officier stagiaire. Seule orientation : les travaux doivent être utiles à l’armée de Terre.

« L’école de guerre – Terre forme les futurs chefs en tant qu’experts de la conception et de la conduite des opé-rations aéroterrestres et spécialistes de l’organisation et du fonctionnement de l’armée de Terre. Elle s’appuie sur un enseignement d’excellence, centré sur l’appro-fondissement des connaissances interarmes, inter-culturelles, interministérielles et interprofessionnelles. »Colonel Frédéric Gauthier, directeur de l’EdG-T

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ÉCOLE SUPÉRIEURE DES OFFICIERS DE RÉSERVE SPÉCIALISTES

D’ÉTAT-MAJORCETTE ÉCOLE est la seule dédiée exclusivement à la formation d’officiers d’état-major (et de sous-officiers) de réserve. L’école supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major (ESORSEM) conçoit, organise et conduit leur for-mation du stage d’initiation aux techniques d’état-major jusqu’au brevet technique d’études militaires générales. Elle propose des stages de cursus de la voie état-major et des stages d’adaptation pour les militaires de réserve, mais aussi d’active, en particulier pour le personnel servant, ou appelé à servir, dans la chaîne orga-nisation territoriale interarmées de défense (OTIAD). Comme l’EMSST et l’EDG-T, l’ESORSEM est située à Paris, au cœur de l’école militaire.

« Créée en 1900, l’ESORSEM forme des officiers de réserve diplômés et bre-vetés pouvant occuper tous types de postes en état-major, dans et hors armée de Terre. Elle assure également des formations d’adaptation pour les officiers adjoint réserve des unités et au profit de la chaîne de l’organi-sation territoriale interarmées de Défense. » nColonel Gilles Perchet, directeur de l’ESORSEM

1 Officiers d’active des écoles d’armes (OAEA) et rang.2 Cette formation ne fait pas partie de l’EMS.

ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPÉRIEUR SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

L’EMSST PRÉPARE puis intègre une centaine d’officiers chaque année. Ces officiers déjà expé-rimentés sur le plan opérationnel doivent ensuite suivre une scolarité externalisée, d’un à trois ans dans l’une des 50 écoles ou universités partenaires. Ils deviennent experts dans des spécialités très variées allant de la physique nucléaire à la logistique en passant par les lan-

gues étrangères ou la gestion de crise. L’EMSST s’appuie sur une offre de formation civile pour répondre aux besoins en compétences de l’Institution.

« Depuis 1947, l’EMSST a pour mission première de préparer les officiers appelés à effectuer des scolarités en milieu civil. Il entretient des liens étroits avec le monde académique de façon à fournir à l’armée de Terre des offi-ciers aptes à tenir des fonctions de responsabilité, à l’issue de formations exigeantes, individualisées et adaptées, collant aux besoins d’une armée moderne ainsi qu’aux appétences des intéressés. »Colonel Jean-Michel Fouquet, directeur de l’EMSST

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Un tiers des stagiaires servent dans des organismes interarmées lorsqu’ils arrivent à la QIA 2 après leur temps de commandement.

Un socle communDANS LE GRAND AMPHITHÉÂTRE des écoles mili-taires de Saumur, les stagiaires de la qualification interarmes de niveau 2 (QIA 2) sont concentrés. Ils prennent des notes et écoutent attentivement le professeur leur expliquer la notion d’effet majeur, essentielle en tactique générale. Parmi eux, le capi-taine Nicolas, fantassin parachutiste, est assis non loin d’un sapeur et d’un légionnaire. Deux rangs derrière eux, un sapeur-pompier de Paris côtoie un capitaine servant en base de défense. Commencée depuis seulement deux jours, la formation durera douze semaines. Pourtant, Nicolas perçoit déjà la

richesse de cette diversité : « j’imagine que ce sera intéressant de travailler avec des camarades d’autres horizons ».Avant 2017, la formation à l’école d’état-major (EEM) se faisait en fonction de l’orientation de chaque offi-cier, qu’il se destine au diplôme d’état-major, ou aux concours de l’école de guerre (EDG) ou du diplôme technique (DT). Il existait trois stages différents qui ne font désormais qu’un seul : la QIA 2. Cette quali-fication représente le socle commun de compé-tences des officiers d’état-major de l’armée de Terre. Elle a été allongée de trois semaines et est

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La qualification interarmes de niveau 2 est un point de passage obligé pour accéder à un parcours d’officier breveté ou diplômé. Dispensée en douze semaines

à l’école d’état-major de Saumur, elle permet d’obtenir le diplôme d’état-major.

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Le saviez-

vous ? Décision a été prise de généraliser le stage ”formation d’état-major – officier” (FEM-O) dispensé par l’EEM à tous les officiers de recrutement semi-direct tardif et rang.

et des attitudes, comme le souci du bien commun et l’aptitude au travail collaboratif. « Un officier d’état-major est au service de celui-ci. Il en est l’un des contributeurs et se doit d’être humble, confirme le colonel Couëtoux. Le courage et la prudence sont des qualités qu’il doit posséder pour être capable de don-ner son avis, sans l’imposer, dans son domaine de res-ponsabilité, même si tous les autres vont dans une autre direction. »

PLUS DE 80 % DE TACTIQUEAu-delà de la maîtrise des procédures et des méthodes de raisonnement tactique, l’ambition de l’école est d’éveiller un véritable goût pour la tactique. Les pre-miers jours à l’EEM permettent de revoir les bases de façon théorique. Plus de 80 % de la QIA 2 est consacré à la tactique. « Nous découvrons une méthode et les outils permettant de synthétiser et de présenter notre travail au chef afin de l’aider à prendre ses décisions », explique le capitaine Samuel, ancien stagiaire. Les capitaines apprennent à formaliser les ordres dans un plan simplifié. Dans quelques semaines, le capitaine Nicolas retournera dans son affectation, enrichi de ses nouvelles compétences. Peut-être poursuivra-t-il par la suite sa formation de cursus dans l’une ou l’autre des écoles du CDEC. n

1 Soit les deux promotions par an.

devenue diplômante à l’été 2018 : les résultats conditionnent l’obtention du diplôme d’état-major. Après leur temps de commandement, les capi-taines passent par cette étape, transition entre leurs première et deuxième partie de carrière. « Beaucoup de nos stagiaires quittent le régiment dès la fin de leur TC, souligne le colonel Couëtoux, com-mandant l’EEM. Après l’expérience des unités opéra-tionnelles, nombre d’entre eux servent déjà en état- major, y compris interarmées. » Sur l’ensemble d’un cycle annuel de QIA 21, 43 % servent actuellement au sein des forces terrestres, 24 % dans le reste de l’armée de Terre, et 33 % en organismes interar-mées. Plus de la moitié des stagiaires préparent le concours de l’EDG.

ÊTRE APTE AU TRAVAIL COLLABORATIFLes stagiaires ne sont pas à Saumur pour préparer leur concours mais bien pour apprendre à occuper un poste au sein d’un état-major. « C’est une autre approche du commandement que celui de chef de sec-tion ou de commandant d’unité, compare le capitaine Nicolas. En état-major, la vision personnelle ne doit pas prévaloir. On apporte notre pierre à l’édifice. » Cela implique d’être formés dans deux domaines, à com-mencer par le développement des compétences : s’approprier les procédures et comprendre le fonc-tionnement. Mais aussi acquérir un comportement

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Le 30 août, le cours supérieur interarmes est devenu officiellement l’école de guerre-Terre. Sous la présidence

du CEMAT, la cérémonie d’inauguration de l’école sonnait également l’heure de la réforme de la scolarité et la

rentrée pour la centaine d’officiers de la 132e promotion.

Une ”nouvelle” école

« SAVOIR LA GUERRE et apprendre comment la faire pour pouvoir la conduire et la gagner », telle est l’ambition de l’école de guerre–Terre (EDG-T), for-mulée par le CEMAT. Avant leur année de formation à l’école de guerre (EDG), les officiers de l’armée de Terre suivent une scolarité particulière, adaptée aux spécificités des opérations aéroterrestres. Pour

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PARCOURS DU BREVETÉLe parcours du « breveté » est long et exigeant. L’officier passe par différentes phases. S’il réussit le concours de l’école de guerre, le candidat préparant devient lauréat avant d’entrer en scolarité et à terme, être breveté.

LE CANDIDAT

PHASE DE TRANSFORMATION (22 mois) 1 AN1 AN 1 AN

LE LAURÉATLA SCOLARITÉ

ÉCOLE DE GUERRE - TERRE ÉCOLE DE GUERRE

BR

EV

ET

É

CNE MathieuAdjoint à la direction des étudesde la division doctrine du CDEC

Pendant un an, j’ai travaillé soirs et week-ends pour le concours de l’EDG. La préparation se fait en partie en ligne sur “Tremplin Sécurité Défense”,

avec des cours à étudier et un devoir écrit à rendre chaque mois. Pour la tactique et l’oral, l’idéal est de s’entourer d’officiers brevetés prêts à nous entraîner et à nous corriger. Les épreuves écrites sont en juin, les résultats début septembre. En cas de réussite, l’oral a lieu peu de temps après.

CDT FionaChef de la cellule activités internationalesdu cabinet du CEMAT

Après la réussite au concours de l’EDG, vient la période dite de transformation. C’est le moment d’identifier ses lacunes et de les travailler pour

arriver à l’EDG-T le plus sereinement possible. Je continue à lire beaucoup, à me documenter et assister à des conférences... Pendant cette phase de presque deux ans, une Opex de six mois sur un poste de breveté est prévue. On sort de sa zone de confort.

CBA MathieuOfficier stagiaire de la 132e promotionde l’école de guerre – Terre

L’EDG-T délivre un enseignement fondé sur la tactique, la culture générale, la connaissance approfondie de l’armée de Terre ainsi que

l’histoire militaire, au travers de conférences, d’exercices et d’études sur le terrain. Nous menons également des travaux de réflexion individuels et collectifs liés aux points d’intérêt de l’armée de Terre. Cette scolarité solide, ouverte sur l’interministériel et l’interallié, est très motivante car elle nous prépare à notre futur emploi.

CDT Louis-MarieOfficier d’études à la section programmationrecherche opérationnelle du bureau plans de l’EMAT

J’étais officier stagiaire de l’École de guerre en 2017-2018. Même si elle s’inscrit dans la continuité de notre formation Terre, cette

scolarité est très différente. L’enseignement opérationnel se positionne aux niveaux opératif et stratégique. Nous sommes en contact avec de très hautes autorités et pleinement ouverts sur l’interarmées. Nous apprenons à penser autrement.

le cycle 2017-2018, cette formation s’appelait encore le cours supérieur interarmes. Depuis le 30 août, ce n’est pas un simple changement d’appellation mais une modification profonde de la formation des offi-ciers ”terriens” avant leur rentrée à l’EDG. Plus longue (un an au lieu de six mois) et plus exigeante, cette nouvelle scolarité a été repensée en cohé-rence avec les défis actuels et futurs. L’EDG-T est le lieu d’acquisition d’une ″attitude stratégique″. L’offi-cier y développe un système de pensée et un style de chef militaire personnel et affirmé. Pendant trente semaines, les stagiaires assistent à des conférences, réalisent des travaux dirigés, participent à des exer-cices d’application, suivent un enseignement général et opérationnel qui fait effort sur les aptitudes fon-

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damentales : comprendre, penser, planifier, conduire, commander et négocier. En complément, cette nouvelle scolarité comporte treize semaines dédiées à un projet personnel. L’officier travaille sur un sujet de son choix, dont l’analyse et les conclusions pour-ront être utiles à l’armée de Terre. Ce projet est très libre tant sur le fond du sujet que sur la forme de rendu. En plus des 69 officiers français lauréats Terre du concours de l’EDG, la 132e promotion compte les 4 premiers officiers sélectionnés pour un parcours de breveté interarmes, 7 officiers alliés et 17 auditeurs civils. Cette formation est sanction-née par le brevet d’études militaires supérieures attribué par le CEMAT aux officiers français et alliés en fin de scolarité.n

PARCOURS DU BREVETÉLe parcours du « breveté » est long et exigeant. L’officier passe par différentes phases. S’il réussit le concours de l’école de guerre, le candidat préparant devient lauréat avant d’entrer en scolarité et à terme, être breveté.

LE CANDIDAT

PHASE DE TRANSFORMATION (22 mois) 1 AN1 AN 1 AN

LE LAURÉATLA SCOLARITÉ

ÉCOLE DE GUERRE - TERRE ÉCOLE DE GUERRE

BR

EV

ET

É

CNE MathieuAdjoint à la direction des étudesde la division doctrine du CDEC

Pendant un an, j’ai travaillé soirs et week-ends pour le concours de l’EDG. La préparation se fait en partie en ligne sur “Tremplin Sécurité Défense”,

avec des cours à étudier et un devoir écrit à rendre chaque mois. Pour la tactique et l’oral, l’idéal est de s’entourer d’officiers brevetés prêts à nous entraîner et à nous corriger. Les épreuves écrites sont en juin, les résultats début septembre. En cas de réussite, l’oral a lieu peu de temps après.

CDT FionaChef de la cellule activités internationalesdu cabinet du CEMAT

Après la réussite au concours de l’EDG, vient la période dite de transformation. C’est le moment d’identifier ses lacunes et de les travailler pour

arriver à l’EDG-T le plus sereinement possible. Je continue à lire beaucoup, à me documenter et assister à des conférences... Pendant cette phase de presque deux ans, une Opex de six mois sur un poste de breveté est prévue. On sort de sa zone de confort.

CBA MathieuOfficier stagiaire de la 132e promotionde l’école de guerre – Terre

L’EDG-T délivre un enseignement fondé sur la tactique, la culture générale, la connaissance approfondie de l’armée de Terre ainsi que

l’histoire militaire, au travers de conférences, d’exercices et d’études sur le terrain. Nous menons également des travaux de réflexion individuels et collectifs liés aux points d’intérêt de l’armée de Terre. Cette scolarité solide, ouverte sur l’interministériel et l’interallié, est très motivante car elle nous prépare à notre futur emploi.

CDT Louis-MarieOfficier d’études à la section programmationrecherche opérationnelle du bureau plans de l’EMAT

J’étais officier stagiaire de l’École de guerre en 2017-2018. Même si elle s’inscrit dans la continuité de notre formation Terre, cette

scolarité est très différente. L’enseignement opérationnel se positionne aux niveaux opératif et stratégique. Nous sommes en contact avec de très hautes autorités et pleinement ouverts sur l’interarmées. Nous apprenons à penser autrement.

L’ÉCOLE DE GUERRE, ET APRÈS ? Une fois leur brevet de l’EDG en poche, les ”officiers brevetés”, ont vocation à occuper des postes à haute responsabilité en état-major ou en régiment. Par exemple, les chefs des bureaux opérations instruction ou les chefs de corps des régiments sont tous ”brevetés”. Juste après l’EDG, 30 % des officiers brevetés s’orientent vers une formation de spécialité. En une année de scolarité, ils obtiennent un diplôme d’ingénieur ou un master 2 dans un domaine spécifique. La formation des officiers ne s’arrête pas toujours à l’EDG. Pour certains, le cursus se poursuit au centre des hautes études militaires pour un 1/8 des brevetés notamment.

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Passionné d’informa-tique, le capitaine Xavier a choisi d’y consacrer sa deuxième partie de carrière. Précédemment à l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile 7, il s’est éloigné des feux pour faire face, au CALID, à une menace beaucoup plus abstraite. Voici comment il est passé de la sécurité civile à la cyber sécurité.

Changer de métier dans une même carrière

plusieurs applications pour faciliter la vie de l’unité au quotidien.

DES COMPÉTENCES AU SERVICE DE L’ARMÉE DE TERREAprès six mois de formation en école, j’ai validé mon mastère avec un stage chez Airbus Defence and Space à Rennes. J’ai immédiatement mis en pratique mes acquis sur une plateforme d’entraînement permet-tant de tester, voire de valider des outils opération-nels de cybersécurité. J’étais chargé de créer et d’in-tégrer des scénarios opérationnels dans cette plateforme de simulation. Le domaine cyber se développe fortement dans l’Institution. Mon diplôme en poche, j’ai rejoint le centre d’analyse de lutte informatique Défense en tant qu’officier sécurité des systèmes informatiques. Désormais, je mets quotidiennement mes nouvelles compétences tech-niques au service de l’armée de Terre. »

1 Enseignement militaire supérieur scientifique et technique.2 Centrale Supélec Executive Education coordonné avec IMT Atlantique.

« RAPIDEMENT APRÈS MON TEMPS de comman-dement, j’ai dû choisir : travailler dans la sécurité civile avec une formation de gestion des risques ou débuter une carrière dans l’informatique. Étant admissible au concours de l’école de guerre, j’ai pu rejoindre l’EMSST1 sur titre. J’ai saisi l’opportunité qui m’était offerte de changer totalement de métier dans une même carrière en suivant une formation exigeante  : le mastère spécialisé cybersécurité2. À partir de ce moment, mon avenir militaire s’éloignait des feux et se rapprochait de l’informatique à un haut niveau de responsabilité technique. Avant de débuter la scolarité, j’ai bénéficié d’une remise à niveau à l’EMSST. De mars à juin 2017, en parallèle de ma fonction de chargé de la sécurité du camp de Canjuers, je me suis rendu régulièrement à Paris pour suivre des cours de programmation, mathé-matiques, réseaux, systèmes d’exploitation, crypto-graphie ou encore statistiques. Pendant plusieurs semaines, l’EMSST m’a dispensé une formation informatique très technique. J’ai ainsi pu aborder sereinement la scolarité du mastère à Rennes, même si je ne suis pas novice dans ce domaine. Déjà à l’UIISC 7, j’ai développé sur mon temps libre

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Le saviez-

vous ? Les meilleurs diplômés ont la possibilité d’effectuer une partie de la formation de l’école de guerre–Terre. Ils deviennent ainsi des brevetés interarmes.