Dossier El Cid

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EL CID ! D’après Corneille Mise en scène Philippe Car Compagnie Philippe Car / Agence de voyages imaginaires DOSSIER PÉDAGOGIQUE REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES : du CE2 à la 5 ème Jeudi 15 janvier – 14h00 - Durée 1h20 Les séances commencent à l’heure, nous vous prions de bien vouloir arriver avec 15 minutes d’avance et de vous présenter à l’accueil lors de votre arrivée. LA FAÏENCERIE-THÉÂTRE DE CREIL Allée Nelson, CS 50012, 60104 Creil Cedex 03 44 24 01 01 - www.faiencerie-theatre.com Direction Grégoire Harel El Cid ! © Elian Bachini T H É Â T R E D è s 9 a n s

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EL CID ! D’APRÈS CORNEILLE MISE EN SCÈNE PHILIPPE CAR COMPAGNIE PHILIPPE CAR / AGENCE DE VOYAGES IMAGINAIRES

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EL CID !D’après CorneilleMise en scène Philippe CarCompagnie Philippe Car / Agence de voyages imaginaires

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES :du CE2 à la 5ème

Jeudi 15 janvier – 14h00 - Durée 1h20

Les séances commencent à l’heure, nous vous prions de bien vouloir arriver avec 15 minutes d’avance et de vous présenter à l’accueil lors de votre arrivée.

LA FAÏENCERIE-THÉÂTRE DE CREILAllée Nelson, CS 50012, 60104 Creil Cedex03 44 24 01 01 - www.faiencerie-theatre.comDirection Grégoire Harel

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THÉÂTRE Dès 9 ans

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EL CID !D’après CorneilleMise en scène Philippe CarCompagnie Philippe Car / Agence de voyages imaginaires

Mise en scène : Philippe CarAvec : Philippe Car, Valérie Bournet, Vincent Trouble, Marie Favereau,Nicolas DelormeAdaptation et écriture : Philippe Car et Yves Fravega Assistanat à la mise en scène : Laurence BournetComposition musicale : Vincent TroubleScénographie et création lumière : Julo EtiévantCostumes et accessoires : Christian BurleDécors et accessoires : Jean-Luc TourneRégie son et lumière : Damien Leclerc et Christophe CartierPhotographies : Elian Bachini / Dominique Appietto (Espace Diamant)

CoproductionsThéâtre du Gymnase [Marseille], Marseille-Provence 2013, Capitale Européennede la Culture, Ville de Neuilly-sur-Seine, Espace Diamant /Ville d’Ajaccio,Le Cratère, Scène nationale d’Alès Les Instituts Français d’Espagne et du Maroc.Avec le soutien de l’Institut Français Paris et Région PACA, la SPEDIDAM, la SNCM.Spectacle créé en Janvier 2013 au Théâtre du Gymnase [Marseille]

À VENIR

Informations pratiquesLa Faïencerie-Théâtre de CreilAllée NelsonCS 50012

60104 CREIL Cedex

Action culturelle // Education ArtistiqueClaire Chaduc03 44 24 95 [email protected]

Renseignements // RéservationsCaroline Porebski03 44 24 01 [email protected]

www.faiencerie-theatre.com

BIONIC ORCHESTRA 2.0EzraCie Organic Orchestra

Représentations scolaires :Du CM1 à la 6°Jeudi 12 mars - 14h00

MIRAVELLACatherine Dreyfus / Act2 cie

Représentations scolaires :Du CP au CM2Jeudi 2 avril – 14h00Vendredi 3 avril – 10h00, 14h00

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L'AGENCE DE VOYAGE IMAGINAIRECE N'EST PAS...... qu’un billet déchiré à l’entrée, qu’un spectacle, et on rentre à la maison retrouver nos préoccupations ! C’est une grande soirée où le spectateur est accueilli dès qu’il pousse la porte du théâtre, traverse l’exposition qui raconte la création (Antigone en brousse burkinabé, Le Cid en Espagne, Le Bourgeois Gentilhomme au Japon etc…), et vit le spectacle comme un voyage festif et profond. À la fin de la représentation, il retrouve les acteurs dans le hall, qui font de la musique… pour dire au revoir… S’il reste, il peut échanger avec eux, et même dîner avec toute l’équipe, régalé par la cuisinière de la troupe. Là encore les comédiens pousseront quelques chansonnettes impromptues…

« Nos spectacles se vivent comme une fête artistique et poétique»« Nous revendiquons l’esprit de troupe et la convivialité avec nos publics ! » De la joie plein les yeux, il est courant que nos spectateurs viennent nous faire la bise en partant, en nous souhaitant une bonne nuit !!!!Nos spectacles se vivent comme une fête artistique et poétique. Du sacré et de l’émerveillement. Aujourd’hui plus que jamais, c’est important ! C’est redonner du sens à l’humanité, aux partages !

Valérie Bournet, Cofondatrice de l’Agence de Voyages ImaginairesLES TABLES NOMADESLa compagnie voyage avec sa cuisine et propose aux équipes des théâtres pendant tout son temps de résidence, et au public à l’issue du spectacle, de partager un repas aux saveurs des voyages de la compagnie.Les Tables Nomades sont des occasions conviviales, festives et gourmandes de prolonger le spectacle, d’échanger et de rêver, avec les comédiens, autour d’une table et de quelques chansons offertes par la troupe.

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LES VILLAGES IMAGINAIRESL’Agence de Voyages Imaginaires s’installe au sein d’un théâtre pour y jouer deux, trois, quatre... spectacles de son répertoire. Elle y déploie son imaginaire et investit l’espace à l’intérieur et à l’extérieur des murs comme un véritable terrain de jeux, de plaisir et d’expression. Les spectateurs sont conviés à poursuivre le voyage en découvrant des expositions (qui retracent le processus de création des spectacles), et en rejoignant les artistes devenus musiciens autour d’un verre pour des cabarets festifs.Ces moments d’échanges et de convivialités permettent d’aborder le théâtre comme une fête ; une immersion totale dans l’univers de la compagnie.

AUTOUR DE LA MISE EN SCÈNEPhilippe Car Cofondateur en 1979 de la compagnie Cartoun Sardines Théâtre, Philippe Car est également écrivain, metteur en scène, comédien, musicien et conseiller artistique auprès d’un certain nombre de troupes théâtrales.Il a travaillé avec sa compagnie sur divers projets : l'accompagnement de la démolition et la reconstruction du théâtre de Cusset, la mise en scène d'un opéra pour enfants à l'occasion de l'inauguration de ce même théâtre, la direction artistique d'un projet de spectacle de rue d'inspiration carnavalesque - ‘Matetetpiepoutet’ -, l'accompagnement des étudiants de la 18e promotion du Centre national des arts du cirque dans leur dernière année de formation avec le montage de leur spectacle de fin d’études - ‘Tout est perdu sauf le bonheur’ -, la conception et la réalisation de l'hommage à l'abbé Pierre et du cinquantième anniversaire des communautés Emmaüs Marseille…En plus de productions théâtrales, Philippe Car et sa compagnie donnent depuis quelques années dans l’audiovisuel via divers documentaires et courts métrages.

L'Agence de voyages imaginairesFidèles à nos méthodes de travail et encouragés par la perspective de Marseille Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture, le travail du Cid commença par une grande période d’immersion en Espagne et au Maroc, sur les lieux de l’action du Cid.

En convoi itinérant, entre juin et septembre, nous nous sommes déplacés de ville en ville, sur les routes de Los Santos en Espagne, puis à Agadir, Oujda et Tétouan au Maroc où nous avons à chaque fois déployé notre campement (tentes, chapiteau, ateliers, cuisine…).A chacune de nos étapes, nous avons reconstitué un laboratoire de création théâtrale nomade, librement ouvert.

Les répétitions furent ponctuées par des échanges organisés tout au long du voyage sous forme de stages, d’ateliers, de rencontres… Le public était constitué, suivant les villes, de passants, d’amateurs, de curieux, d’étudiants, d’enseignants mais aussi d’artistes professionnels : musiciens, comédiens, plasticiens…Les rencontres avec ces publics de cultures tout à fait différentes (espagnol, français, arabe, berbère…), ont créé de précieux échanges, nourrissant à foison cette longue période d’écriture scénique.

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NOTRE VOYAGE D’ÉTUDE POUR EL CID ! ...Le 11 juin 2012, nous partîmes 500, et par un prompt renfort nous nous vîmes 3000en arrivant au port de Marseille, le 1er octobre, enrichis de ce fabuleux périple !Trois mois d’itinérance sur les routes d’Espagne et du Maroc.Trois mois à la rencontre des « Chimène » et des « Rodrigue » de la méditerranée...El Cid ! est un spectacle nourri de toutes les influences du périple

UNE LIBRE ADAPTATIONÉcrite comme un thriller ; l’histoire développe un véritable suspense et tient en haleine le spectateur. Dans Le Cid, il y a du Shakespeare, du Hitchcock, du Tarantino… il y a du sang, de la sueur et de l’amour !Mais il y a surtout du Corneille, qui écrit pour Rodrigue et Chimène de véritables tortures psychologiques !Dans cette adaptation, le tragique frise avec le fantaisiste et le comique. Dans la peinture des personnages, notamment celui de Rodrigue, et dans la mise en scène… foraine, « music-hall espagnol ». L’action se déroule sur un manège onirique…Par ailleurs la présence d’Alonzo, narrateur-chauffeur de taxi-auto- tamponneuse, joué par les cinq acteurs, met en perspective le texte et les réflexions de Corneille. Lorsque dès le départ, il(s) se demande(nt), face aux spectateurs, ce qu’il(s) ferai(en)t si quelqu’un faisait du mal à son père, c’est un véritable vertige pour le public…La musique, composée par Vincent Trouble, enregistrée et jouée en direct par tous les comédiens, est influencée par le voyage et s’est enrichie de chansons hispanisantes. Elle accompagne l’action comme une musique de film et donne au spectacle une atmosphère tour à tour épique et glamour, loin des versions habituelles de cette pièce du répertoire.

Pensé comme un thriller, Corneille réécrit le mythe de Rodrigo Diaz de Vivar en y développant un véritable suspense. L’histoire tient en haleine le spectateur d’un bout à l’autre de la pièce. Corneille pousse ses personnages et surtout Rodrigue et Chimène, dans de véritables tortures psychologiques !

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La musique, composée par Vincent Trouble, enregistrée et jouée en direct par tous les comédiens, est influencée par le voyage et s’est enrichie de chansons latino-américaines. Elle accompagne l’action comme une musique de film et donne au spectacle une atmosphère tour à tour épique et glamour, loin des versions attendues de cette pièce du répertoire.Rodrigue et Chimène s’aiment. Le père de Chimène, jaloux d’une faveur qu’a fait le Roi au père de Rodrigue, gifle ce dernier, qui, affaibli par l’âge et trop vieux pour répondre lui-même à cet affront, remet sa vengeance entre les mains de son fils. Rodrigue, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel !Chimène essaie de renier son amour et demande au Roi la tête de Rodrigue. Mais l’attaque du royaume par les ennemis donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi… Comment nos héros vont-ils se sortir de cette situation extraordinaire à l’issue… imprévisible ?

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L'HISTOIREDon Diègue et le comte de Gomès projettent d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène, qui s'aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant une gifle (un « soufflet » dans le langage de l'époque). Don Diègue, trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue. Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue devenu un héros national, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche, qui l'aime aussi, et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré l'année suivante.

CONTEXTUALISER1637 : Louis XIII est au pouvoir, Richelieu « le Cardinal » gouverne. Les grands se sont élevés contre un pouvoir qu’ils jugent faibles : ce sont les prémices de la Fronde.Anne d’Autriche, reine de France, serait amoureuse du Duc de Buckingham. Marie de Médicis, mère de Louis XIII, fait tout pour écarter son fils et le cardinal du pouvoir : elle est un rappel constant des fameuses guerres de religion qui ensanglantèrent le royaume quelques années auparavant.De tout ceci, Alexandre Dumas fit des romans – dont le plus fameux est : Les Trois Mousquetaires.Il peut être utile de mettre en relation Don Rodrigue et les héros plus connus que sont les mousquetaires.

Cela permet de comprendre les ressorts de la pièce : les duels d’honneur sont si fréquents en France à l’époque que le Cardinal, malgré son interdiction formelle, ne parvient pas à les endiguer. C’est aussi pour cela qu’il avait créé sa propre compagnie de mousquetaires.Ce que demande Don Diègue à son fils n’a donc rien d’invraisemblable pour un public du XVIIème : se battre en duel est normal pour un jeune noble qui a à prouver sa noblesse d’âme.

PIERRE CORNEILLEEn vain contre Le Cid un ministre se ligueTout Paris pour Chimène a les yeux de RodrigueL’Académie en corps a beau le censurerLe public révolté s’obstine à l’admirerNicolas Boileau

Né en 1606, c’est un auteur dramatique connu en 1637.Avant Le Cid, il a déjà écrit sept pièces et reçoit une pension du cardinal de Richelieu.Il règne sans partage sur le théâtre français. Molière et Racine ne sont pas encore ses rivaux.Avec Le Cid, il trouve un sujet qui séduit : les amours et les exploits de

Rodrigo Diaz de Bivar, chevalier espagnol qui au 11ème siècle s’était battu contre les arabes et était devenu un héros de légende. L’Espagne est à la mode et Corneille trouve les ingrédients d’une tragi-comédie à succès avec la mise en jeu des valeurs aristocratiques et l’analyse des sentiments.

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La pièce est un triomphe et Paris aura pour Chimène « les yeux de Rodrigue ».Au lendemain de son triomphe, des auteurs jaloux lancent la querelle du Cid.Elle débute par une dispute autour des droits d’auteurs avec les comédiens du Marais puis Mairet l’accuse d’avoir copié un auteur espagnol. Enfin, Scudéry démontre que la pièce ne vaut rien du tout, reprochant à Corneille d’avoir écrit une pièce de très mauvais exemple, d’ensanglanter le théâtre et de bannir la vertu. Le comportement de Chimène offense les bien-pensants.

THÉÂTRE ET POUVOIR EN 1637A partir de 1630, les autorités politiques ont un intérêt grandissant pour le théâtre, que ce soit Louis XIII ou Richelieu qui aiment jouer la comédie ou écrire pour le théâtre.Mais surtout, le pouvoir a compris le rôle que pouvait jouer une politique de mécénat culturel dans l’établissement de la Monarchie absolue : elle conforte le prestige royal tout en contrôlant la création.Il ne faut pas oublier que Richelieu fonde l’Académie française en 1635 et il réunit autour de lui cinq auteurs dramatiques dont Corneille. Une dignité nouvelle est accordée aux auteurs et aux comédiens avec subvention et pension du Roi.

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Représentation du Cid à La comédie française

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QU’ÉCRIT-ON EN 1637 ? Les auteurs considèrent leur activité comme un métier : il faut plaire et répondre aux goûts de l’époque et plaire à un nouveau public de bourgeois et de lettrés. Pour plaire, le genre dominant, c’est la tragi-comédie car on aime les rebondissements, et les histoires d’amour contrariées dans une grande liberté de lieux, d’époques, de batailles... La seule règle, c’est que cela se termine bien. La tragi-comédie mouvementée, irrégulière se rattache à ce que l’on appellera plus tard l’esthétique baroque.

AUTOUR DU TEXTEPIERRE CORNEILLE (1606-1684) Par Paul BÉNICHOU

Le théâtre cornélien est fait pour nous saisir et nous entraîner, au moyen d'exemples qu'il place à distance de nous et au-dessus de nos pouvoirs ordinaires, et qui cependant n'ont tout leur sens que par notre admiration. Étonnement et communion, mouvement de ce que nous sommes vers ce que le drame nous suggère d'être au-delà de nous-mêmes, tel est le ressort puissant de ce théâtre. Ce qui a quelquefois empêché de bien comprendre l'intention exaltante de l'oeuvre, c'est un dilemme, installé depuis dans les esprits, entre l'admirable et le raisonnable. Les deux choses dans Corneille ne se séparent pas, parce qu'il est d'un temps où la déraison n'avait encore nul prestige et où le sublime moral ne se concevait que dans une vue lucide des conditions et des obstacles, et ne se réalisait que dans une victoire : victoire sur les choses ou victoire sur soi-même, assurance en tout cas d'avoir bien calculé et choisi l'issue la plus haute, et de pouvoir au besoin le démontrer. Le jour où le merveilleux a impliqué un désaveu de l'entendement, les héros pensants du théâtre cornélien, en dépit des audaces surprenantes où ils se plaisent, ont été tenus pour d'ennuyeux professeurs de morale. Un autre préjugé, de source différente, mais qui s'est conjugué avec celui-là, cherchait dans les oeuvres classiques l'enchaînement naturel et immédiatement plausible des actions, comme la condition nécessaire de toute fiction heureuse ; ce préjugé masquait tout ce qui, dans Corneille, est inventé pour faire impression sur nous, indépendamment et au-delà de la commune vraisemblance : la représentation inventive et paradoxale des démarches de l'héroïsme qui occupe son théâtre restait invisible à la critique. C'est à une époque relativement récente qu'on a ouvert les yeux sur ce qui nous semble aujourd'hui essentiel chez Corneille : une éthique de la grandeur glorieuse, une esthétique du rare et de l'inattendu.

VIE ET CARRIÈRENous savons peu de chose de la vie de Corneille. Seuls les grands faits et les dates – parfois approximatives – des oeuvres nous sont connus. Corneille naquit à Rouen en 1606, d'une famille de fonctionnaires royaux et de petits magistrats. Il fit ses études chez les jésuites de sa ville natale, fut reçu avocat en 1624. En 1628, il acquit la charge d'avocat du roi devant des juridictions locales. Ce que nous savons de ses amours de jeunesse est très incertain. Il entra dans la carrière dramatique en 1629 avec une comédie, Mélite. Entre cette date et 1635, il fit représenter cinq comédies et une tragi-comédie.Vers le même temps, il fut un des « cinq auteurs » dont Richelieu rétribua pendant quelques années la collaboration à ses ouvrages dramatiques. Cependant, les vicissitudes de ses relations avec le cardinal jusqu'à la mort de celui-ci, en 1642, nous sont obscures et demeurent très diversement appréciées par les critiques.

En 1637, Le Cid le rendit célèbre, et inaugura une série de chefs-d'oeuvre tragiques, Horace, Cinna,

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Polyeucte (1640 à 1643), puis La Mort de Pompée et Rodogune (entre 1643 et 1646), plus tard Nicomède (1651). Pendant cette période, Corneille écrivit encore une comédie, Le Menteur, puis la Suite du Menteur, mais sa gloire est désormais celle d'un auteur tragique. Cette gloire et l'enthousiasme du public pour ses ouvrages et pour sa personne étaient immenses, si nous en croyons les témoignages du temps. Dans l'intervalle, son père avait été anobli par Anne d'Autriche, en 1637 ; il s'était marié en 1641 avec Marie de Lamperière ; il était entré en 1647 à l'Académie française ; il venait souvent à Paris, et y fréquentait parfois les cercles littéraires. En 1650, pendant les troubles de la Fronde, qui opposèrent plusieurs princes du sang à la régente Anne d'Autriche et à Mazarin son ministre, Corneille accepta de la cour une charge de procureur aux États de Normandie, en remplacement d'une créature des princes ; à la paix tout fut remis en état, et sa charge lui fut reprise. Pourtant, dans l'intervalle, il s'était, semble-t-il, tourné contre Mazarin.En 1652, sa tragédie de Pertharite échoua, et il abandonna le théâtre. Il s'était démis de ses charges et vivait à Rouen en bourgeois dévot, se consacrant à une traduction en vers de l'Imitation de Jésus-Christ, qui parut en 1656. Après une retraite de sept ans, sur les instances du surintendant des Finances, Fouquet, nouveau protecteur des gens de lettres, il reparut au théâtre : sa tragédie d'OEdipe fut représentée avec succès en 1659. En 1660, il publia une édition corrigée de l'ensemble de ses oeuvres, précédée de trois Discours sur la tragédie et accompagnée d'Examens de ses pièces. La tragédie de Sertorius suivit en 1662, puis Corneille vint habiter Paris avec son jeune frère Thomas, entré lui aussi avec succès dans la carrière du théâtre. Il reçut sous Colbert plusieurs gratifications royales, fut protégé par des grands et s'entoura d'une coterie d'admirateurs.Il écrivit encore plusieurs tragédies, qui, malgré un puissant parti littéraire de « cornéliens », furent reçues souvent avec froideur. Corneille ne pouvait plus se mesurer avec succès à ses rivaux de la jeune génération, surtout à Racine. Il ressentit, semble-til, cette situation fort amèrement. L'échec de Suréna en 1674 détermina sa retraite définitive. La légende veut que les dernières années de sa vie aient été

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assombries par la misère ; la vérité est seulement qu'il fut rayé en 1675 de la liste des pensions. Il était un peu abandonné, mais sa gloire se maintenait et ses pièces étaient toujours jouées à la cour. En 1682, il fit paraître l'édition complète de son théâtre. Il mourut en 1684.

CORNEILLE ET LE GENRE TRAGIQUEIl est significatif qu'il refuse d'interpréter comme la majorité de ses contemporains le précepte d'Aristote selon lequel la tragédie est la représentation du possible. Les théoriciens entendent par « possible » ce qui est conforme au train ordinaire des choses, le vraisemblable. Corneille entend par là tout ce qui n'est pas impossible, même si c'est extraordinaire. Les grands sujets, selon lui, « doivent toujours aller au-delà du vraisemblable » ; il suffit que l'histoire ou la légende les accrédite.

Tels sont, parmi d'autres, les sujets du Cid, d'Horace, de Rodogune. De même, l'opinion d'Aristote qui veut que le personnage tragique ne soit ni tout à fait bon ni tout à fait méchant, et tombe par quelque faiblesse dans un malheur digne de commisération, ne convient guère à Corneille, peintre des grandes vertus et des grands crimes : aussi la critique-t-il longuement. Dans l'ensemble, les Discours et les Examens donnent l'impression d'une opposition sourde aux préceptes. La soumission timide et parfois scrupuleuse de Corneille laisse percer sans cesse des contestations et chicanes diverses, qui trahissent des objections de fond.La tragédie cornélienne est faite pour exalter, non pour apitoyer ou terrifier. Contrairement à la tragédie antique, elle est, par essence, optimiste. La vie des personnages et leur bonheur sont en péril, mais ce que la tragédie enseigne, ce n'est pas la toute-puissance du malheur ou la débilité de la condition humaine, c'est, au contraire, la grandeur de l'homme, sa capacité de vaincre le destin. Elle fait agir, non la pitié et la terreur, suivant la formule aristotélicienne, mais l'admiration. Elle s'achemine, par d'héroïques victoires, vers le meilleur dénouement possible, souvent vers un dénouement heureux, non vers une catastrophe. Dans une telle tragédie, le pathétique proprement dit a relativement peu de place : elle est effort et conquête, drame au sens strict du mot, non passion. La douleur tragique y est moins essentielle que la force d'âme et la prouesse. En ce sens, on peut dire que la tragédie de Corneille reste en deçà du tragique, qu'elle est autre chose. On conçoit en tout cas qu'avec un tel contenu elle entre mal dans les formes simples de la tragédie régulière.

L’UNIVERS CORNÉLIENLe théâtre de Corneille est moins une peinture de l'homme que la mise en oeuvre dramatique d'une certaine conception du héros : c'est dire que la psychologie y cède le pas à l'affirmation des valeurs. Le héros est bien figuré selon les données de l'âme humaine, et en ce sens Corneille peut être psychologue. Mais il s'agit surtout que le héros soit admirable, et il n'est pas rare qu'il le soit aux dépens de la plausibilité, quelques précautions que Corneille prenne pour l'éviter : on s'en convaincra en relisant Rodogune, Pertharite, Horace même.

Cette situation de Corneille sur un plan supra-psychologique a toujours été perçue plus ou moins clairement. C'est sans doute ce que voulait dire La Bruyère quand il écrivait que Corneille peint les hommes « tels qu'ils devraient être ». Ce mot fameux proclame la nécessité, si l'on veut comprendre Corneille, de définir le modèle idéal qu'il avait en vue. Cependant, l'idéal est une matière variable, et le verbe « devoir » n'a pas toujours ni partout la même application.

Sources : Dossier de la comapagnie Agence de voyages imaginaires et dossier pédagogique du Théâtre des deux rives

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La Faïencerie-Théâtre de Creil est subventionnée par la Ville de Creil, le Conseil régional de Picardie, le Conseil général de l’Oise, le Ministère de la culture et de la communication (DRAC de Picardie), les Villes de Villers-Saint-Paul, de Montataire et de Nogent-sur-Oise et bénéficie du soutien de la CAC de l’ONDA et de l’acsé

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