DOSSIER DE PRESSE Août 2014 · mesures nécessaires pour conclure treize années d’intervention...

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Afghanistan : Les civils, victimes des négligences de l’OTAN © Véronique de Viguerie / Handicap International DOSSIER DE PRES Août 20

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Afghanistan :

Les civils, victimes des négligences de l’OTAN

© Véronique de Viguerie / Handicap International

DOSSIER DE PRESSEAoût 2014

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C O M M U N I Q U É D E P R E S S E

Sommet de l’OTAN à Newport :

Handicap International appelle les gouvernements à prendre leurs responsabilités pour protéger les populations civiles en Afghanistan.

Bruxelles, le 4/9/ 2014, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) organise un sommet, les 4 et 5 septembre, à Newport, au Pays de Galles, consacré notamment à la réduction progressive des opérations militaires en Afghanistan. A cette occasion, Handicap International appelle tous les gouvernements qui fournissent des contingents à la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) à marquer et au plus vite les zones contaminées par les restes explosifs de guerre (REG) et à fournir les financements nécessaires à leur dépollution ainsi qu’à une assistance impartiale aux victimes du conflit, à travers les fonds communs des Nations-unies. La fermeture des bases militaires et des champs de tir s’accélèrent sans que ne soient systématiquement retirés les restes explosifs de guerre stockées, abandonnés ou utilisés par le personnel militaire. Plusieurs milliers de km² de terres sont aujourd’hui pollués par ces nouveaux REG. Les cartes des terres contaminées au cours des opérations militaires de la FIAS ne sont pas encore disponibles. Selon les Nations-unies, le nombre de victimes civiles de restes explosifs de guerre recensées en 2013 et 2014 a sensiblement augmenté. Un Sommet de l’OTAN, organisé les 4 et 5 septembre 2014 à Newport, sera destiné à prendre toutes les mesures nécessaires pour conclure treize années d’intervention de la FIAS en Afghanistan. L’objectif de ce Sommet est de réussir la politique de retrait des forces militaires en présence, en s’assurant de l’efficacité des forces de sécurité afghanes et de leur capacité à maintenir la sécurité du pays, grâce à des actions de formation planifiées après le retrait en décembre 2014. Handicap International saisit cette opportunité pour rappeler aux gouvernements présents à ce Sommet, que le retrait des troupes de la FIAS doit s’accompagner du marquage et de la décontamination des zones polluées par les REG ainsi que d’une stratégie d’assistance aux victimes à la hauteur des enjeux. Dans le cadre de la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques, Protocole V, dont la majorité des Etats actuellement engagés en Afghanistan sont parties, la destruction des REG et l’assistance aux victimes sont des obligations. Depuis 2010, les bases militaires et les champs de tir qui ferment, retournent progressivement à un usage civil sans avoir systématiquement été décontaminés des restes explosifs de guerre stockés, utilisés ou abandonnés par la FIAS. Selon un rapport publié par le Washington Post en avril 2014, au moins 2 000 km² supplémentaires de terre sont contaminées par des grenades, des roquettes et des obus de mortier qui pourraient exploser à tout moment, tuant ou blessant des civils. Plus de 300 sites de combats sont également jonchés de REG utilisés par les forces de la FIAS. La cartographie de ces zones n’est pas disponible pour le moment et le manque actuel de données empêche une estimation détaillée des coûts de dépollution et de la surface exacte à décontaminer. «L'un des principaux défis consiste à obtenir des données précises des forces militaires en présence. Les gouvernements représentant les pays impliqués dans la FIAS doivent allouer un budget pour la dépollution des restes explosifs de guerre et de définir une stratégie claire de dépollution » déclare Anna Nijsters, Directrice de l'ENNA, le réseau européen des ONG en Afghanistan, basé à Bruxelles et dont Handicap International est une organisation membre. La Mission d'assistance des Nations-unies en Afghanistan (MANUA) a signalé une augmentation de 14% du nombre de victimes civiles causées par des REG au cours des six premiers mois de 2014 par rapport à la même période en 2013 (206 victimes civiles au total, dont 76% d’enfants). Cela s’ajoute à une précédente augmentation de 63% de victimes civiles en 2013 par rapport à 2012 (343 victimes au total, dont 83% étaient des enfants) 1.Rahmatulla Gholam Reza, victime d'une mine à l'âge de 9 ans est aujourd’hui un membre actif des Ban Advocates2. Il craint de nouvelles pertes civiles, en particulier des enfants: «Mon pays était déjà l'un des plus contaminés au monde avant même la FIAS ne soit intervenue. Les pays membres de l'OTAN doivent respecter leurs engagements pour éviter de nouvelles pertes civiles. J'ai perdu mes deux jambes étant enfant à cause d’une mine et cela a complètement changé ma vie depuis. Je ne veux pas que cela arrive à quelqu'un d'autre.» L’association, présente dans le pays depuis près de 20 ans (1996), est un témoin des ravages grandissants causés par ces armes et s’indigne de cette situation intolérable pour les populations civiles. Plus de 180 personnes, dont certaines victimes de mines et REG, travaillent pour Handicap International en

1UNAMA Rapport semestriel 2014, Protection of Civilians, pp. 66-67. http://www.unama.unmissions.org/Portals/UNAMA/human%20rights/English%20edited%20light.pdf 2 Les Ban Advocates sont des victimes de mines ou de sous-munitions qui prennent la parole sur la scène internationale sur les besoins des survivants de ces armes.

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Afghanistan. Elles concentrent leurs efforts sur la réadaptation physique, l'assistance aux victimes et la prévention aux risques liés aux mines et aux restes explosifs de guerre.

Sommaire

Les séquelles de treize années d’intervention de la FIAS……………………………………4

1. Une contamination de grande ampleur .......................................................................... 4

2. Une menace permanente pour les civils ........................................................................ 5

3. L’irresponsabilité des gouvernements impliqués dans la FIAS inquiète Handicap

International ..................................................................................................................... 6

Les actions de Handicap International en Afghanistan .................................................... 8

Témoignages ...................................................................................................................... 10

Annexe I: Les mines et REG en Afghanistan ................................................................... 11

Annexe II: Informations complémentaires ....................................................................... 12

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Les séquelles de treize années d’intervention de la FIAS

L’ampleur de la contamination par les mines et les restes

explosifs de guerre (REG)3 en Afghanistan, déjà colossale,

s’est empirée avec la présence des troupes de la Force

internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). Les premières

opérations militaires se sont déroulées en 2001. Jusqu’en

décembre 2009, les effectifs ne cessent de croître pour

atteindre plus de 130 000 hommes. Au fil des années, les

troupes de la FIAS ont utilisé des armes qui ont laissé des

restes explosifs de guerre (grenades, roquettes, obus…). Une

stratégie de sortie a été décidée en 2010, les dernières troupes

étrangères engagées dans les combats devant quitter

l'Afghanistan d'ici décembre 2014, en prévoyant de fournir des

effectifs pour une mission d’appui et de formation au moins en

2015-2016.

Dans le cadre du processus de transition, les bases militaires

de la FIAS, y compris les champs de tir, ont été

progressivement fermées et remis aux populations civiles sans

être systématiquement dépolluées des restes explosifs de

guerre stockés, abandonnés ou utilisés. En outre, les

opérations militaires menées par FIAS ont également créé des

zones de danger supplémentaires. Selon un rapport publié

dans le Washington Post en avril 2014, les responsables

militaires américains ont admis que les cartes de sites

nouvellement contaminés n'existent pas encore, car beaucoup

n'ont pas été ciblés avec précision. Ces restes explosifs de

guerre continuent donc à polluer de grandes régions de

l'Afghanistan et menacent au quotidien la vie des civils

afghans.

1. Une contamination de grande ampleur Selon un rapport publié par le Washington Post en avril 2014,

plus de 2 000 km² sont contaminés par des grenades,

roquettes et obus de mortier utilisés par les troupes de la FIAS.

« L’armée américaine a fermé plus de la moitié de ses 880

bases en Afghanistan et a retiré la majorité de ses troupes

sans concevoir de plan pour détruire les engins non explosés à

proximité de ces bases », a déclaré un responsable militaire

américain, de manière anonyme, n’étant pas autorisé à fournir

des informations sur la question. Un autre responsable militaire

américain ajoute que « chacune des bases contaminées

contient plusieurs milliers d’engins non explosés. » D’autres

installations militaires, toujours en activité, ne sont pas

sécurisées et les populations civiles peuvent y accéder, à leurs

risques et périls.

3 Le terme « restes explosifs de guerre » désigne différents types d'engins non explosés – comme des grenades, des obus, des roquettes ou encore des bombes à sous-munitions – qui demeurent après la fin d'un conflit armé. Le plus souvent, les populations civiles sont les principales victimes de ce type d'armes.

Le 7 octobre 2001, les forces

américaines et britanniques

commencent l'opération "liberté

immuable", une série de frappes

massives contre des installations

stratégiques du régime des

Talibans. Le 31 décembre, un

accord à Kaboul instaure le

déploiement de la Force

internationale d'assistance et de

sécurité en Afghanistan – FIAS

Le 31 juillet 2006, l'Otan prend la

direction de la force internationale

sous commandement américain.

De 2006 à décembre 2009, les

effectifs ne cessent de croitre,

notamment par des renforts

réguliers de soldats américains.

En décembre 2009, le

contingent américain en

Afghanistan atteint 100 000

hommes !

En 2010, l'Otan décide d'une

stratégie de sortie en Afghanistan.

Une majorité des soldats doit

quitter l'Afghanistan avant

décembre 2014.

Le 27 mai 2014, Barack Obama

annonce vouloir « tourner la page

d’une décennie de guerre en Irak

et en Afghanistan ». Il ne devrait

rester que 9 800 militaires

américains en Afghanistan en

2015 sur les 30 000 dont les Etats-

Unis disposent encore dans le

pays à l’heure actuelle.

Le 4 août 2014, la FIAS compte

48 pays contributeurs de troupes

pour un total de prés de 45 000

hommes. La mission compte

30 700 Américains, 3 936

Britanniques et 2 250 Allemands.

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De plus, plus de 300 zones de combats contre groupes armés non étatiques sont envahies par les

restes explosifs de guerre utilisés par les troupes de la FIAS. Le plus dramatique étant que la

cartographie de ces secteurs à risque n’existe pas à ce jour.

2. Une menace permanente pour les civils

La Mission d'assistance des Nations-unies en Afghanistan (MANUA) a signalé une augmentation de

14% du nombre de victimes civiles causées par des REG au cours des six premiers mois de 2014 par

rapport à la même période en 2013 (206 victimes civiles au total, dont 76% d’enfants). Cela s’ajoute à

une précédente augmentation de 63% de victimes civiles en 2013 par rapport à 2012 (343 victimes au

total, dont 83% étaient des enfants) 4

. Les porte-paroles des Nations-unies attribuent cette forte

aggravation de la situation, à la fois à « l’augmentation des opérations militaires» ainsi qu’à « la

cadence accélérée des fermetures des bases et champs de tirs de la FIAS sans que ne soit retirés au

préalable les engins explosifs présents ».

© Z. Johnson / Handicap International

Le Centre de coordination de l'action anti-mines de l'Afghanistan (MACCA) a confirmé que «Les civils

afghans sont tués et blessés à cause des restes explosifs de guerre et des munitions non explosées

laissés sur les sites vacants de la FIAS (…) Ces incidents ont connu une forte progression en 2013"

Les chiffres du MACCA sur les victimes civiles résultant d'accidents de restes explosifs de guerre

dans les anciens sites militaires gérés par la FIAS entre 2010 et 2014 sont alarmants:

. 114 victimes et 75% d'entre elles étant des enfants (86),

. 88% des incidents se sont déroulés au cours des trois dernières années, indiquant clairement un

problème croissant qui coïncide avec le retrait de forces militaires internationales (FMI)

. Les incidents ont été enregistrés dans 19 des 34 provinces du pays

4UNAMA Mid Year Report 2014, Protection of Civilians, pp. 66-67. http://www.unama.unmissions.org/Portals/UNAMA/human%20rights/English%20edited%20light.pdf

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Ces chiffres sont susceptibles d’être encore plus importants, puisque toutes les victimes ne sont pas

forcément identifiées en Afghanistan5.

Les accidents ont souvent lieu au cours d’activités quotidiennes : les victimes étaient en train

d’emmener leurs animaux paître ou de ramasser du bois pour se chauffer. Certaines familles

nomades, ont du planter leurs tentes sur les anciens champs de tirs de la FIAS. Leur vie est en

danger au quotidien.

Des munitions, comme les grenades œuf de 40 mm, qui sont lancées manuellement, n’explosent pas

à l'impact de fait de défaillances techniques ou parce qu’elles atterrissent sur le sable, trop meuble

pour déclencher la détonation. Elles peuvent rester actives pendant des années. Elles ressemblent à

des petites balles rondes et peuvent attirer l’œil des enfants qui n’ont pas conscience du danger

qu’elles représentent.

« Cela prendra du temps et de l’argent pour terminer ce travail, mais il est essentiel pour la sécurité

des Afghans, et c’est la bonne chose à faire. » déclarait Edward Thomas, porte parole du Général

Martin Dempsey, le chef d'état-major des armées des États-Unis. « Les pertes civiles ne s’arrêteront

pas tant que ces zones ne sont pas sécurisées » relate le Major Michael Fuller qui coordonne les

équipes en charge des enquêtes sur les zones polluées par les Etats-Unis et des opérations de

dépollution. Aujourd’hui seulement 3% des zones suspectées d’être dangereuses ont été

décontaminées.

3. L’irresponsabilité des gouvernements impliqués dans la FIAS inquiète

Handicap International.

Même si certains responsables militaires américains annoncent avoir l’intention de nettoyer ces zones

avant le retrait des troupes, les fonds affectés jusqu’à maintenant sont très faibles, alors que le

montant est estimé à plus de 250 millions de dollars selon les déclarations des responsables militaires

américains publiées dans le rapport du Washington Post. Suite aux accidents survenus à proximité

des bases militaires, des barrières ont été ajoutées autour de quelques installations militaires toujours

en activité. Une précaution largement insuffisante au regard de l’ampleur du problème.

Pire encore, les responsables de la FIAS ont invoqué la non-signature de la Convention sur certaines

armes classiques par l’Afghanistan6 pour justifier de l’absence d’intervention de leur part. «Les

ressortissants des pays tiers et de la FIAS n’ont aucune obligation légale de procéder à la destruction

des restes explosifs de guerre parce que l'Afghanistan n'a pas ratifié le Protocole V (...) Le marquage

des zones contaminées et la destruction des engins explosifs sont des questions nationales.7»

Cependant, en ce qui concerne les restes explosifs de guerre, la Convention sur certaines armes

classiques, Protocole V, est très claire: «en ce qui concerne les restes explosifs de guerre, les parties

à des conflits armés sont tenues de fournir, après la cessation des hostilités actives, une assistance

technique, financière, matérielle ou des ressources humaines pour faciliter le marquage, le retrait et la

destruction des restes explosifs de guerre ». Le texte stipule également que ceux qui ont utilisé ou

abandonné des munitions explosives doivent mettre à la disposition des parties contrôlant ces zones

affectées et des organisations compétentes, les informations relatives à cette contamination. En tant

qu’États parties à cette Convention, la plupart des nations impliqués dans la FIAS sont donc tenus de

dépolluer les zones contaminées le plus rapidement possible, ou de fournir les informations

nécessaires pour le faire, que l'Afghanistan soit un État partie ou non.

L’association, présente dans le pays depuis près de 20 ans, est un témoin des ravages grandissants

causés par ces armes. Elle intervient auprès des victimes, notamment par des activités de

réadaptation, et prévient de nouveaux accidents par des sessions d’éducation aux risques des mines

et REG. Indignée face à l’intolérable, Handicap International saisit l’occasion du Sommet de l’OTAN à

Newport (Royaume-Uni) pour tirer la sonnette d’alarme. Handicap International appelle donc tous les

5 Le Washington Post a annoncé avoir identifié 14 victimes de plus que les Nations-unies. 6 http://www.unog.ch/80256EDD006B8954/(httpAssets)/A22CFFAEEA7AD447C12572F4002FDB1E/$file/CCW+amended+F.pdf

7 http://www.unama.unmissions.org/Portals/UNAMA/human%20rights/Feb_8_2014_PoC-report_2013-Full-report-ENG.pdf

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gouvernements impliqués dans la FIAS8 à respecter leurs engagements pris dans le cadre de la

Convention sur certaines armes classiques en dépolluant toutes les zones dangereuses et en

fournissant l’assistance nécessaire aux victimes.

8 48 pays sont impliqués dans la FIAS, mais l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Bahreïn, la Malaisie et le Royaume de Tonga ne sont pas États parties à la Convention sur certaines armes classiques. Le Royaume-Uni, la Grèce, la Jordanie, la Mongolie, le Monténégro et la Turquie ne sont pas Etats parties au Protocole V qui traite de restes explosifs de guerre. Plus d'informations sur les pays fournisseurs de troupes à la FIAS : http://www.isaf.nato.int/troop-numbers-and-contributions/index.php

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© Véronique de Viguerie /Handicap International

Les actions de Handicap International en Afghanistan

Handicap International travaille avec les réfugiés afghans depuis le milieu des années 80 et a

commencé à travailler en l'Afghanistan en 1996.

Plus de 180 personnes, dont certaines victimes de mines et REG, travaillent pour Handicap

International en Afghanistan. Les efforts sur l'action anti-mines se concentrent actuellement sur la

réhabilitation physique, l'assistance aux victimes de mines et REG et l’éducation aux risques.

L'association travaille également sur l'intégration socio-économique des personnes handicapées

L’éducation aux risques des mines et restes explosifs de guerre

Ce projet a pour objectif de réduire le

nombre de victimes lié à la présence de

mines et de restes explosifs de guerre sur le

territoire, par la sensibilisation auprès de

plusieurs populations particulièrement

menacées : les populations locales vivant

dans les zones dangereuses ou

potentiellement dangereuses et les

conducteurs des sociétés de transport

obligés de se déplacer dans les zones à

risques, sont les principales victimes. En

partenariat avec le Centre de lutte contre les

mines, Handicap International rencontre les

communautés des provinces de Helmand et

Kandahar pour leur expliquer les gestes

simples à adopter si on se trouve en

présence d’un objet inconnu, notamment via des panneaux pédagogiques, des vidéos et des

exercices pratiques.

Les services de réadaptation

Depuis 1996, Handicap International gère un centre de

réadaptation dans un hôpital régional de la province de

Kandahar, dans le sud du pays. Le centre organise des

séances de kinésithérapie pour les patients (personnes

handicapées et les personnes blessées) et produit des

prothèses, orthèses et aides à la mobilité dans son

atelier. Les patients des quatre provinces du sud du pays

(province de Kandahar, Helmand, Zabul et Uruzgan) sont

traités par les membres du personnel de sexe masculin et

de sexe féminin (permettant aux femmes de bénéficier de

soins et d'appareillage); un centre d'hébergement permet

aux gens de zones rurales éloignées et ceux qui les

accompagnent de rester au centre si leurs soins les

obligent à le faire. Les équipes médicales forment aussi

celles de l'hôpital et des cliniques rurales de la région afin

de renforcer leur compréhension du handicap et

l'orientation des patients vers les établissements de santé

appropriées.

© H. Laurenge / Handicap International

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© Véronique de Viguerie /Handicap International

Dans l'ouest du pays, depuis 2003,

Handicap International vise à améliorer

et développer les services de

réadaptation, essentiellement en

fournissant une aide technique et

matérielle aux structures régionales de la

santé. Un réseau de cinq cliniques et

centres de soins de santé primaires

bénéficie, grâce à l’association, d’un

personnel qualifié (kinésithérapeutes)

pour exécuter des séances de soins.

L'association forme également les

équipes de réadaptation qui travaillent

dans deux autres cliniques dans les

zones rurales et appui l’identification et

l’orientation des personnes handicapées

qui ont des difficultés à accéder aux

soins dans la province. Enfin, Handicap

International apporte un soutien

technique et financier aux hôpitaux

locaux (hôpitaux régionaux et de district)

en finançant certains postes de

kinésithérapeutes et de la formation de

personnel médical (infirmières, sages-

femmes et médecins) intervenant sur les

questions du handicap et des soins

médicaux connexes

Ancré dans les communautés rurales,

Handicap International mène un projet, à

Helmand et Kandahar, visant à identifier

les victimes des mines/REG, et plus

généralement les personnes handicapées, afin de leur faciliter l’accès aux soins en réadaptation,

appareillage et kinésithérapie, en partenariat avec le Centre de réadaptation du Comité international

de la Croix-Rouge (CICR). Grâce à Handicap International, le centre de réadaptation de Kandahar a

également été doté d’équipements supplémentaires. Handicap International favorise également

l’amélioration des services de réadaptation par des formations professionnelles et le développement

de nouvelles techniques comme les prothèses des membres supérieurs.

Sur le plan de l'assistance aux victimes, Handicap International veille à ce que tous les plans d'action

découlant de la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la

Convention d’interdiction des armes à sous-munitions et le Traité d'interdiction des mines sont liés les

uns aux autres, permettant ainsi une meilleure compréhension et une mise en œuvre cohérente de

l'assistance aux victimes dans le pays. Handicap International travaille au niveau national, mais aussi

au niveau international, en particulier avec le Réseau européen des ONG en Afghanistan (ENNA),

basée à Bruxelles.

ENNA est un réseau de plus de 30 ONG à travers toute l'Europe, dont Handicap International, qui

participe activement à l'aide humanitaire et au développement en Afghanistan. L'objectif général de

ENNA est de s'assurer que les politiques européennes et internationales soient mises en œuvre pour

aider l'Afghanistan à bâtir une société juste et sécuritaire.

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Témoignages

En Afghanistan, le pourcentage d’enfants victimes de mines et de restes explosifs de guerre est

alarmant. En 2013, selon les Nations-unies, 83 % des victimes civiles recensées de restes explosifs

de guerre sont des enfants.

Hayatullah, 12 ans, arbore prothèse et sourire

Hayatullah a 12 ans et vit à Khenjak, un village de province

de Kandahar. En 2011, il part à pied rendre visite à sa

tante. En chemin, Hayatullah marche sur une mine. Il est

grièvement blessé à la jambe droite par l’explosion. Sa

famille l’emmène de l’autre côté de la frontière, au

Pakistan, pour lui prodiguer les premiers soins. Les

médecins sont obligés d’amputer sa jambe. De retour au

pays, un voisin, lui-même appareillé, lui conseille de se

rendre au centre de réadaptation de Kandahar, géré par

Handicap International. Hayatullah est alors pris en charge

par l’équipe du centre, formée par l’association. Après la

prise de mesures et le moulage du moignon, les

techniciens orthoprothésistes lui fabriquent sa première

prothèse. Les premiers pas d’Hayatullah avec sa «

nouvelle jambe » sont d’abord hésitants. Puis peu à peu,

sa marche s’affirme et il retrouve enfin le sourire.

Aujourd’hui, Hayatullah retourne à l’école. Il est confiant. Il

sait qu’il peut compter sur l’équipe de Handicap International pour changer sa prothèse au fur et à

mesure de sa croissance.

Propos recueillis par Handicap International en septembre 2012

Abdul Qawi, sa dignité retrouvée.

Abdul Qawi, 21 ans, vit avec sa famille, composée de

dix personnes, dans l'un des quartiers les plus

dangereux et les plus violents du pays, situé dans le

district de Sangin (province de Helmand).

En octobre 2013, alors qu'il allait chercher du bois dans

la réserve derrière la maison, un engin a explosé et l’a

grièvement blessé. Emmené d'urgence à l'hôpital le

plus proche, les médecins ont dû l’amputer de la jambe

gauche au-dessus du genou. Avant l’accident, Abdul

Qawi vendait des voitures. Ses revenus permettaient de

faire vivre sa famille. Après son amputation, il s’est

retrouvé incapable de travailler.

La perte de sa jambe l’a beaucoup affecté, aussi bien

d’un point de vue physique que mental. Accomplir

certaines tâches simples devenait insurmontable.

Quelques semaines après son accident, des villageois

ont informé Abdul de l’existence d’un centre où il

pourrait recevoir des soins et une prothèse : le Centre

de réadaptation physique mis en place par Handicap

International. Il s’y rend en décembre 2013. Une équipe de professionnels le prend en charge. Il est

équipé d'une prothèse et suit un entraînement à la marche pendant une semaine. Aujourd’hui, il est

capable de marcher seul et peut à nouveau aider ses proches. C’est un honneur pour lui.

© Handicap International

© Handicap International

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Annexe I : les mines et REG en Afghanistan

Bien que l'Afghanistan n'a jamais produit ou exporté de mines antipersonnel, il est l'un des pays les

plus fortement contaminés dans le monde. Il détient le triste record du plus grand nombre de victimes

de mines et REG recensées chaque année. Les mines antipersonnel trouvées en Afghanistan ont été

produites en grande majorité au Pakistan, en Iran ou en ex-Union soviétique. Depuis 1978, les mines,

sous-munitions et autres armes explosives ont été constamment utilisées. En outre, des restes

explosifs de guerre ont été abandonnés après chaque opération militaire de la FIAS, participant

également à la contamination de l'Afghanistan

. Au moins 550 km² de terres sont contaminées mais, selon l’Observatoire des mines 2013, plus de

4 000 km² sont suspectées de l’être. Le manque de financements dédiés aux enquêtes qui

déterminent la contamination réelle du pays freine la possibilité d’avoir un chiffre précis.

. Selon l’Observatoire des mines 2013, au moins 750 000 personnes sont menacées au quotidien par

ces armes.

. Le Centre d’action contre les mines en Afghanistan a annoncé que près de 22 000 personnes ont été

victimes des mines et des restes explosifs de guerre entre 1979 et 2012.

. En 2012, les enfants représentaient 83% des victimes civiles des mines et restes explosifs de guerre

(Nations-unies)

Traité d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel

Etat partie (ratifié le 11/09/2002)

Traité d’Oslo interdisant les bombes à sous-munitions

Etat partie (ratifié le 08/09/2011)

Convention relative aux droits des personnes handicapées (CRDPH)

Etat partie (ratifiée le 18/09/2012)

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Annexe II : Informations complémentaires

1. Données clés

Capitale : Kaboul

Superficie : 652 230 km² (Banque mondiale 2013)

Population : 30,5 millions (Banque mondiale 2013)

Langues officielles : Dari, Pashtoun

Espérance de vie : 60,9 ans (PNUD 2013)

Indice de Développement Humain : 169/187 (PNUD 2013)

PIB/habitant (PPP) : 1 892 $ (PNUD 2010)

2. Historique de l’Afghanistan au

XXème siècle 1921 : le royaume d’Afghanistan acquiert son indépendance ;

1973 : le roi Zaher Shah est renversé lors d’un coup d’Etat militaire par son cousin, Mohammad Daoud, qui prend le pouvoir et devient le premier Président de la république d’Afghanistan ;

1978 : un coup d’Etat militaire place au pouvoir un gouvernement pro-soviétique ;

1980-1988 : les troupes soviétiques (environ 100 000 hommes) occupent la majeure partie du pays et les combattants anti-communistes, les « Moudjahidines », luttent pour l’indépendance du pays.

1989 : les troupes soviétiques battent en retraite. C’est le début de la guerre civile qui oppose le gouvernement et les Moudjahidines ;

1992 : fin du régime communiste. Début de la guerre civile entre factions moudjahidines divisées selon des critères ethniques, religieux et régionaux ;

1995 : les Talibans, « étudiants en religion » provenant des régions pashtounes (sud) qui contrôlent depuis novembre 1994 un tiers du pays, progressent vers Kaboul.

1996 : les Talibans contrôlent Kaboul et imposent une version particulièrement rigoriste de la « Charia » (loi coranique) ;

1998 : les Talibans s'emparent du dernier secteur qu'ils ne contrôlaient pas dans la province de Bamyan (centre). Ils sont maîtres de 80 % du territoire afghan.

2001 : Les forces américaines et britanniques commencent l'opération « liberté immuable », une série de frappes massives ciblées contre les Talibans et les alliés d’Al Qaeda. Rapidement rejoints dans leur lutte par des pays alliés de l’OTAN et l’Alliance du Nord, groupe armé afghan, les Nations-unies autorisent en décembre 2001 de fournir un soutien en matière de sécurité aux Afghans. À la fin de l'année, la capitale, Kaboul, est sous le contrôle de la FIAS. Un gouvernement provisoire est mis en place avec la nomination de Hamid Karzaï en tant que président de l'Autorité intérimaire afghane (AIA) le 22 décembre 2001.