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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Mai - Juin 2011 - N° 54 Dossier Production fourragère Herbe et maïs, les coûts 2009 Le sorgho sucrier BMR P. 8 P. 16 Un numéro spécial viande de

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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Mai - Juin 2011 - N° 54

DossierProduction fourragère

Herbe et maïs, les coûts 2009

Le sorgho sucrier BMR

P. 8

P. 16

Un numéro spécial viande de

éditorial

Les travaux du Pôle Herbivores sont conduits avec le soutien financier de :

Dans le cadre d’un Contrat d’Objectif

Partenaire santé animale www.capelevage.synagri.com

Les références des éleveurs bretons

Revue éditée par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(Pôle Herbivores)Rond Point Maurice Le LannouCS 74223, 35042 Rennes cedex

Cap Elevage est la continuité des revues départementales créées en Bretagne par

les Maisons de l’Elevage, les EDE et les Chambres d’agriculture :

Elevage Rentabilité (Côtes d’Armor, en 1967), A La Pointe de l’Elevage (Finistère, en 1968),

Morbihan Elevage (Morbihan, en 1997) et Elevage Avenir (Ille et Vilaine, en 2001)

Directeur de la publication : Alain Hindré

Directeur de la rédaction : Rémi Espinasse

Rédacteur en chef : Roger Hérisset

Comité de rédaction : Roger Hérisset, Rémi Espinasse,

Gérard Losq, Nadine Abgrall, Benoît Rubin, Jacques Lefranc,

Marie-Hélène Garrec

Assistante de rédaction : Madeleine Lefaucheur

PAO : Service communication de la Chambre

d’agriculture des Côtes d’Armor

Crédit photographique : Chambres d’agriculture de Bretagne,

Institut de l’Elevage. Dessins : Malo Louarn

Imprimerie : Dessalles - St Brieuc

ISSN : 1779 - 5303 Dépôt légal : Mai - Juin 2011

Abonnement : 10 numéros : 52 TTC

Vente au numéro : 7,50 TTC

✆ 02-96-79-21-63 [email protected]

Partenaires associés au Pôle Herbivores

La journée régionale viande bovine, un temps fort

En Bretagne, nos systèmes de production en vaches allaitantes sont très diversifiés (races, conduites, complémentarité avec d’autres productions…) et les attentes des éleveurs en terme de références et de repères sont très variées.

Les travaux de recherche appliquée conduits par les Chambres d’agriculture de Bretagne en par-tenariat avec l’Institut de l’Elevage apportent des éléments de réponse. Les suivis d’élevages et les essais mis en place, en particulier à Mauron (56), station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne, ont permis de décrire les fonctionnements de différents systèmes, de tester des tech-niques innovantes et de proposer des repères de conduite en viande bovine.

La journée technique régionale du 26 mai est un temps fort pour les éleveurs de vaches allaitantes et pour les acteurs de la filière viande bovine. Elle nous permet de découvrir et d’échanger sur les résultats des récents essais et études. Pour cette 6ème édition, la journée régionale est principa-lement axée sur les nouvelles références en troupeaux allaitants et sur la valorisation de l’herbe. Ce sera l’occasion pour chacun de découvrir le guide « Produire avec de l’herbe » rassemblant les dernières connaissances sur la prairie.

Ce numéro de Cap Elevage, reprend une grande partie des travaux présentés au cours de cette journée, mais aussi sur d’autres thématiques (valorisation du sorgho, incidence de l’alourdissement des jeunes bovins…). Vous y trouverez des éléments pour vous guider dans votre réflexion et vous aider à prendre les décisions les mieux adaptées au contexte et aux spécificités de vos élevages.

Bonne lecture.

Jean-Louis Hervagault (Membre du comité professionnel du Pôle Herbivores).

sommaire Cap Elevageimprimé sur

papier recyclé

N° 54 - Mai - Juin 2011

Station expérimentale bovine de MauronUn outil au service de l’élevage breton 40

la vie des stations

Production de viande bovine en Bretagne11 systèmes types décrits

Jeunes bovins bretons de race à viande1 sur 3 correspond à la demande

Alourdissement des JB limousinsNe rime pas avec meilleures marges

Index IbovalDe nouvelles informations

France Bovins Croissance en chiffresCharolaise, Limousine, Blonde

Qualité des lipides de la viande bovineSupplément lipidique en finition

Italie du nord Le pays du jeune bovin

Reproduction en vaches allaitantesUn impact différé de la FCO 2008

Bilans minéraux du Réseau LaitBilans azote : moins de 100 kg/ha

Des éleveurs bretons témoignentInnover pour plus de rentabilité

2528303233343638

environnement

innovation

economie

découverte

Impact sur les performances d’engraissementLa complémentation du broutard

Coûts alimentaires en vaches allaitantesRepères et marges de progrès

Bovins en croissance Conduite du pâturage simplifiée

Alternative à l’ensilage de maïsLe sorgho sucrier BMR

Simplifier l’allotement au pâturageGagner du temps de travail

Fermes de référence Herbe et maïs, les coûts 2009

Produire du lait en AquitaineUne région pleine de ressources

spécial viande

46

8

1214

1916

22

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4 MAI - JUIN 2011 - N° 54

BILAnS DeS MInéRAux Du RéSeAu LAIt en BRetAgne

Bilans azote : moins de 100 kg/haDeux années de suivi dans les exploitations du Réseau d’Elevage Lait en Bretagne, montrent que les systèmes laitiers bretons génèrent moins de 100 kg d’azote par hectare de SAU. Les bons résultats s’expliquent par des pratiques de fertilisation et d’alimentation optimisées et bien raisonnées.

environnement

e bilan apparent des minéraux (N, P, K) est un des indicateurs qui per-

met d’évaluer l’impact environne-mental des exploitations. Il prend en compte les entrées d’azote, de phosphore et de potasse via la fertilisation (engrais, déjec-tions importées, fixation légu-mineuses), les concentrés et les fourrages et les sorties de ces mêmes minéraux par les produits de l’exploitation (lait, cultures, viande). L’excédent d’azote, de phosphore et de potasse corres-pond à la différence entre les entrées et les sorties de l’ex-ploitation et donc à l’azote, au phosphore et à la potasse excé-dentaires dans l’environnement (air, sol, eau).

Moins de 100 kg d’N Une étude sur ce bilan a été réa-lisée dans les exploitations du Réseau d’Elevage Lait Breton sur 2008 et 2009. L’analyse a porté sur 38 exploitations représentant la diversité des systèmes laitiers de la région avec 15 exploitations spécialisées lait, 16 lait + viande et 7 lait + hors-sol (essentiel-lement des ateliers porcs char-cutiers). On retrouve également une diversité de systèmes four-ragers (du maïs toute l’année au système herbager). L’exploitation moyenne a un quota laitier de 386 000 litres avec 1,7 UTH et 80 ha de SAU. L’excédent du bilan apparent de l’azote est de 96 kg d’azote par ha de SAU en moyenne. Le ¼ inférieur présente des bilans beaucoup plus faibles avec une moyenne de 60 kg N/ha SAU.

Des écarts par les entrées… Le niveau des entrées est le pre-mier facteur explicatif de l’ex-cédent du bilan de l’azote, les sorties jouant finalement peu (tableau). La fertilisation miné-rale, les déjections importées et la fixation par les légumineuses représentent 57 % des entrées d’azote du bilan. Les entrées

d’aliments constituent le deuxième poste d’entrées (40 %). Les autres entrées par les fourrages achetés et la paille sont faibles et pèsent très peu (3 %). Les mauvais bilans s’ex-

pliquent en grande partie par le poste concentrés avec un écart de 71 kg N/ha SAU entre le ¼ supé-rieur et le ¼ inférieur. Les bons

bilans résultent d’économies sur les postes engrais et concentrés. Concernant les sorties, le lait représente 43 % des sorties, les cultures 35 % et la viande 19 %. Le ¼ inférieur a davantage de sorties sous forme de cultures. A l’inverse le ¼ supérieur sort plus d’azote dans la viande que dans les cultures.

… liés à l’intensificationOn retrouve une bonne corré-lation entre l’excédent du bilan azoté et le niveau d’intensifica-tion animal et végétal comme le chargement, le lait par hectare de SAU ou la pression d’azote organique par hectare de SAU (figure 1). En moyenne les exploi-tations du ¼ inférieur ont moins

Maîtriser l’impact

environnemental

Bilan azote 2008-2009Réseaux d’élevages lait de Bretagne

¼ inférieur Moyenne ¼ supérieur

Nombre d’exploitations 10 38 10

Lait/ha SAU 5 023 5 400 6 229

% maïs dans la SFP 25 30 36

% cultures de vente dans la SAU 24 22 18

Total entrées (kg N/ha SAU)Engrais minérauxConcentrésFixation légumineusesDéjections importéesAutres (fourrages, paille…)

120374426121

163556625134

2235511529159

Total sorties (kg N/ha SAU)LaitViandeCulturesDéjections exportées

61278

260

682913242

863327197

Excédent d’azote (kg N/ha SAU) 60 96 137

5MAI - JUIN 2011 - N° 54

Sophie Tirard – Chambres d’agriculture de [email protected]

de maïs dans la SFP et davantage de cultures de vente (tableau). Cependant, la corrélation entre l’excédent et le pourcentage de maïs dans la SFP ainsi que la part de cultures de vente dans la SAU est moins nette (figure 2). Certaines exploitations avec plus de 40 % de maïs dans la SFP ont des excédents moins importants que des exploitations à moins de 20 % de maïs dans la SFP.

Elevages lait + hors-sol pas si malLes exploitations spécialisées lait et lait + viande ont un bilan assez comparable, respective-ment 89 et 93 kg N/ha SAU. Par contre, les exploitations en lait + hors-sol ont un bilan plus élevé : 118 kg N/ha SAU. Dans les systèmes lait spécialisé et lait + viande, la fertilisation au sens large pèse pour plus de 64 % des entrées, alors que dans les systèmes lait + hors-sol, ce sont les concentrés qui comptent

pour plus de 64 % des entrées. Néanmoins, certaines exploita-tions avec du hors-sol ont des excédents moins importants que des exploitations spécialisées lait. C’est le cas d’une exploi-tation installée sur 71 hectares avec un quota de 280 000 litres produit par 55 VL à 5 400 kg lait. L’exploitation comprend aussi un

atelier de 385 places de porcs charcutiers. L’excédent du bilan apparent est de 66 kg N par hec-tare de SAU. Ces bons résultats s’expliquent par une désintensi-fication du système laitier : mise en place d’un système herbager avec des prairies à base de légu-mineuses et une complémenta-tion raisonnée des vaches, avec moins de 40 g de concentré par litre de lait produit. Au niveau de l’exploitation, la fertilisation est uniquement organique avec la valorisation des déjections animales produites sur l’exploi-tation, aussi bien sur les sur-faces fourragères que sur celles en cultures de vente. Finalement, les entrées proviennent essentiel-lement des concentrés de l’atelier porc (72 % des entrées) et de la fixation par les légumineuses et les sorties viennent surtout de la viande du hors-sol, des cultures (75 % des sorties) et du lait (à peine 25 % des sorties).Globalement, les bilans sont bons mais des marges de progrès existent encore dans plusieurs élevages. Ces marges de pro-grès sont davantage liées aux pratiques des éleveurs qu’au système de production et au système fourrager mis en place sur leur exploitation. Ainsi, par leurs pratiques, certains éleveurs témoignent que des systèmes laitiers avec une part de maïs importante et aussi des systèmes en lait + porc, sont compatibles avec de bons résultats environ-nementaux

Figure 1: Excédent du bilan azoté et pression d’azote organique

Figure 2 : Excédent du bilan azoté et pourcentage de maïs dans la SFP

0

20

40

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200

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200Pression d'azote organique par ha SAU

Excé

dent

d'a

zote

(kg

N /

ha S

AU

)

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

0 10 20 30 40 50 60

% maïs dans la SFP

Exc

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zote

(kg

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AU

)

La présence de légumineuses dans les prairies limite les entrées d’azote liées aux engrais

6 MAI - JUIN 2011 - N° 54

innovation

DeS éLeveuRS BRetonS téMoIgnent

Innover pour plus de rentabilitéÊtre réactifs à la conjoncture et aux fluctuations de prix, garder leur compétitivité : les agriculteurs doivent faire preuve d’ingéniosité. C’est dans ce contexte que les Chambres d’agriculture de Bretagne organisent la semaine de l’innovation du 21 au 24 juin. Vous aurez la possibilité de visiter des exploitations qui se démarquent tant par leurs innovations que par leurs performances économiques.

aurence et Erwan Le Roux, producteurs de lait à Rosnoën dans le

Finistère, sont lauréats aux tro-phées de l’agriculture durable 2011. Ils développent sur leur exploitation un système d’éle-vage original et performant éco-nomiquement. Ils vous ouvrent les portes de leur exploitation le mardi 21 juin 2011.En 2002, après une expérience réussie dans le conseil en élevage, Erwan et Laurence décident de s’installer en production laitière. « C’était un bon moyen de passer de la théorie à la pratique ». Ils se lancent alors dans la recherche d’une exploitation avec une idée bien précise de ce qu’ils recher-

chaient, avec des critères tech-niques et personnels clairement identifiés. « Il fallait que tous les éléments soient réunis». Après avoir visité une dizaine d’exploi-tations, c’est à Rosnoën qu’ils trouvent leur ferme. Aujourd’hui, ils exploitent tous les deux 66 ha en fermage dont 40 accessibles, et pro-duisent annuellement 330 000 litres de lait. L’ensemble de la sur-face est en herbe et depuis le 1er sep-tembre 2009, ils ont entamé une conversion à l’agriculture biologique.Soucieux d’élever leurs 3 enfants sereinement, Laurence et Erwan attachent une attention particu-lière à ne pas s’installer avec trop de charges financières sur leurs épaules. Leur approche globale met l’accent sur les trois piliers du développement durable : l’économie, le social et l’environ-nement.

3 ratiosPour ce faire, leur système repose sur trois ratios économiques qui leur servent à prendre leurs déci-sions :• Le premier ratio est celui du rapport entre le chiffre d’affaires et ce qu’on dépense pour pro-duire. L’objectif est donc que l’EBE hors main d’œuvre doit dépasser 60 % du chiffre d’af-faires. Ainsi, une dépense de 1 euro doit rapporter 2,5 euros de recettes. Ce ratio leur permet donc de voir venir et d’avoir une bonne capacité d’anticipation.• Le deuxième ratio est celui du revenu du travail. « Dans la

majorité des cas, en agriculture, les systèmes sont incapables de rémunérer correctement la main d’œuvre. Si on calcule le revenu horaire, on est loin du SMIC. L’exploitant gagne moins qu’un salarié… Dans ces conditions, impossible de rémunérer un sala-

rié quand on part en vacances, ou de rem-placer un associé par un salarié ». Ainsi, ils se donnent un objec-tif de revenu net de 15 euros par heure travaillée.• Le troisième ratio

exprime la rentabilité du capital. Pour Erwan, « Chaque investisse-ment doit être rentable. Ou alors, s’il s’agit d’un investissement de luxe, servant par exemple à améliorer le confort de travail, il faut le faire en connaissance de cause ». Pour cela, le ratio mis en avant pour répondre à cet objec-tif est le critère de rentabilité économique brute (rémunération du capital). Pour nous, j’ai fixé le plancher à 20 % » déclare Erwan.

Une mise en œuvre cohérentePour répondre à leurs objectifs économiques et leur choix de vie, Laurence et Erwan ont fondé leur système d’élevage sur un troupeau de 90 vaches laitières et environ 40 génisses de renou-vellement.Les animaux sont « métissés». Les vaches sont issues de croi-sements entre les races holstein, jersey, montbéliarde et rouge suédoise. Ce sont des animaux de petit gabarit (480 kg en moyenne à l’âge adulte) adapté

Laurence et Erwan Le Roux, producteurs de lait à Rosnoën dans le Finistère

Elevage à visiter le 21 juin

Témoignage

La ferme expérimentale des Trinottières ouvre ses portes les 8 et 9 juin 2001. Cette station comprend 170 truies naisseur-engraisseur dont 110 en bâtiment sur sol ajouré et 60 en plein air, engraissement sur paille et 110 vaches laitières pour 184 ha de SAU.La visite se fait en 3 pôles : Lait, Porc et Cultures-Environnement.Pôle LaitLes nouvelles technologies au service de l’élevage• Les nouveaux outils de monitoring aux Trinottières

10 h 30 et 14 hSimplifier l’alimentation des veauxLe vêlage à 24 mois• Quels outils pour suivre le développement des

génisses ? 11 h et 14 h 30Une vache haute productrice au quotidien

Les coproduits dans l’alimentation des vaches lai-tièresLa santé des bovins• La maladie de Mortellaro, comment traiter ? 11 h

30 et 15 hLoger des animaux à moindre coût• Bâtiments économes et innovants en Pays de la

Loire 12 h et 15 h 30Maîtriser les consommations d’eau et d’énergie en élevage laitierLa conception des silos : des matériaux aux conser-vateursLe réseau de fermes expérimentales laitières dans le grand Ouest (séchage en grange, robot de traite, lactations longues).Contact : 02 41 76 60 22

Portes ouvertes des Trinottières8 et 9 juin 2011

entendu, vu, lu

7MAI - JUIN 2011 - N° 54

Thomas Rocuet - Chambre d’agriculture du Finistè[email protected]

au système pâturant qui est à la base du système d’élevage. En effet, les vaches sont alimentées en priorité à partir des 40 ha accessibles. La taille des parcelles et le stock d’herbe sont calculés méthodiquement, pour que les vaches aient accès aux parcelles 24 heures. Le pâturage est de type « tournant ». Les stocks de foin et d’enrubanné viennent en appoint pour pallier à un déficit saisonnier d’herbe. Ce système pâturant permet d’avoir un coût alimentaire faible (39 euros de coût alimentaire VL sur la dernière campagne), tout en ayant un minimum d’équi-pement en bâtiment et mécani-sation. Afin de valoriser au mieux le pâturage, la production de lait est saisonnalisée et calée sur la crois-sance de l’herbe. Les 90 vêlages ont lieu du 1er mars à la fin avril et la lactation dure jusqu’à début décembre. La salle de traite est fermée pendant trois mois. Cette saisonnalité permet donc de maximiser la part du pâturage et de maîtriser le coût de pro-duction ainsi que l’impact envi-ronnemental. Elle permet aussi de rationaliser l’organisation du travail.

Pour maîtriser au mieux l’orga-nisation du travail, les vaches ne sont traites qu’une seule fois par jour durant les 9 mois de lactation. Cette technique a pour objectif de limiter la pro-duction individuelle des vaches afin d’ajuster leur alimentation en réduisant les concentrés et les fourrages stockés. Cette tech-nique permet également d’amé-liorer la santé des animaux et leur longévité mais aussi et surtout de maximiser la rentabilité horaire du travail.

En ce qui concerne l’élevage des génisses, elles sont allaitées par des vaches nourrices (3 veaux par vache) durant les 6 premiers mois de vie. Par la suite, le pâturage est la seule ressource alimentaire.Depuis septembre 2009, Laurence et Erwan ont entamé une conver-sion à l’agriculture Biologique, une façon de mettre en valeur leur système et de passer un nouveau cap sur leur recherche de cohérence globale d’exploita-tion

INNOV’ACTION Portes ouvertes du 21 au 24 juin

Les Chambres d’agriculture organisent 22 portes ouvertes en exploi-tation pour mettre à l’honneur les innovations mises au point par les agriculteurs.Au cours de visites guidées, le Finistère développera les thèmes concernant la réalisation de son budget prévisionnel, la gestion de sa trésorerie, les échanges parcellaires et le travail (ergonomie, quan-tité, astreinte).De leur côté, les Côtes d’Armor invitent à explorer l’Agriculture Ecologiquement Intensive en déclinant les pistes de progrès pos-sibles sur la préservation des sols, la gestion de l’eau, la biodiversité, la nutrition animale et la protection des plantes, le bâtiment et le matériel, mais aussi la valorisation de la biomasse.

Contact 22 : Sylvie Conan - 02 96 79 21 71Contact 29 : Jean-Yves Porhiel – 02 98 52 48 02

8 MAI - JUIN 2011 - N° 54

economie

FeRMeS De RéFéRenCe « LAIt ConventIonneL »

Herbe et maïs, les coûts 2009Le maintien ou l’amélioration du revenu est dépendant de la maîtrise des coûts. De par leur poids dans les charges opérationnelles de l’atelier laitier, les coûts des fourrages herbe et maïs doivent être analysés globalement et finement poste par poste.

es types d’exploitations représentés au sein du Réseau fermes de réfé-

rence en lait conventionnel rendent compte de la diversité des systèmes laitiers de Bretagne. Le suivi 2009-2010 a permis - par les résultats de 38 élevages et au delà des écarts entre exploi-tations - de dégager des repères utiles aux éleveurs laitiers bre-tons.

Herbe : contenir les appros à moins de 100 €/haL’herbe représente près de 70 % de la Surface Fourragère Principale des exploitations du Réseau. Le coût moyen des intrants est de 97 €/ha d’herbe (tableau 1). Il baisse de 13 % par rapport à l’exercice précédent (moyenne 112 €/ha d’herbe). L’écart est de 134 €/ha entre le quart économe et le quart dépen-sier et chaque intrant participe à la différence.Avec 65 € en moyenne, les engrais représentent les 2/3 du coût des intrants sur de l’herbe.

L’écart important de 115 € (tri sur total intrants herbe) entre le ¼ économe (15 €) et le ¼ dépen-sier (131 €) se creuse entre les extrêmes (de 0 en cas de fertilisa-tion basée sur les seuls engrais de ferme jusqu’à 218 €/ha d’engrais minéraux).Les semences, deuxième poste de coût des intrants sont en moyenne à 23 €/ha. Les facteurs explicatifs des écarts extrêmes (de 0 à 57 €/ha) sont le degré de réfection des pâtures (absence totale dans 4 cas) et le choix des espèces (graminées pures ou mélange), ainsi que l’incidence de l’implantation des dérobées si elles ne sont pas distinctes.Avec 5 €/ha en moyenne, le coût des traitements liés aux prairies est marginal pour ceux qui n’ont recours qu’aux traitements loca-lisés des prairies déjà implantées. Le coût est même nul dans 16 cas, alors qu’un élevage affiche 35 €/ha dus à l’importance de la surface détruite chimiquement avant remise en culture.Les autres intrants représentent en moyenne 4 €/ha (de 0 à 45 €) et dépendent de la nature et de

l’importance des récoltes (ficelle, film, conservateur).Les travaux par tiers coûtent en moyenne 42 €/ha d’herbe, mais les écarts peuvent être dus à la stratégie d’équipement - en individuel avec contre-partie en charges de structure ou délé-gation (ETA, CUMA) - comme à l’importance et aux types de travaux de récolte délégués. 3 éleveurs du Réseau n’ont aucun coût pour ce poste, alors qu’un autre atteint 159 €/ha.

Intrants maïs : viser moins de 300 €/ha Le coût des intrants en moyenne de 298 €/ha (tableau 1), est iden-tique à celui de la campagne précédente. L’écart de 217 €/ha de maïs entre le ¼ économe (210 €/ha) et le ¼ dépensier (428 €/ha) reste stable.Les semences représentent en moyenne 162 €/ha. L’écart moyen de 38 €/ha entre ¼ éco-nome et ¼ dépensier cache une variabilité importante entre un mini à 103 €/ha et un maxi à 225 €/ha. Choix des varié-

Tableau 1 : Coût herbe et maïs 2009

Classes (tri sur coût appros/culture/ha)

¼ dépensier Moyenne ¼ économe

herbe maïs herbe maïs herbe maïs

Engrais minéralSemencesTraitementsDiversTotal appros

(€/ha)

1312587

171

12817810616

428

652354

97

541627012

298

151731

37

21140409

210

Travaux TiersTotal Ch. Opé. (€/ha) 34

205225653

42139

211509

4380

193403

Rendement (t MS/ha) 6.1 14 6.4 14 6.6 14,2

Coût/t M.S. (€/t MS) 34 47 21.7 36 12 28

% dans la SFP %/SFP 36 % 31 % 30 % 30 % 23 % 27 %

Chargement global UGB/ha 1.6 1,7 1,6 1,6 1,4 1,5

9MAI - JUIN 2011 - N° 54

Philippe Cadoret - Chambres d’Agriculture de [email protected]

tés, volumes de commande, et densité de semis, voire re-semis expliquent ces différences impor-tantes entre exploitations.Les traitements phytosanitaires sont le deuxième poste en terme de coût pour les intrants maïs. Leur coût moyen est de 70 €/ha et l’écart est de 65 € entre le ¼ économe à 40 €/ha et le ¼ dépen-sier à 106 €/ha. L’amplitude est beaucoup plus importante entre mini (15 €/ha) et maxi (230 €/ha) et s’explique par les stratégies de traitement (choix des molécules, réduction de doses ou non) mais également par le nombre de trai-tements (y compris rattrapage éventuel). Les engrais minéraux coûtent en moyenne 54 €/ha de maïs. C’est sur ce poste que sont obser-vées les plus grandes différences. L’écart moyen est de 107 €/ha

entre le ¼ économe (21 €/ha) et le ¼ dépensier (128 €/ha). Les engrais de synthèse sont absents dans 9 élevages de l’échantillon (maïs après prairie ou avec apport exclusif d’engrais de ferme). Les pratiques les plus coûteuses (jusqu’à 312 €/ha) cumulent apports d’engrais « starter » et d’engrais complexes (ternaires) venant parfois en plus d’épan-dage de matière organique.La moyenne des travaux par tiers est de 211 €/ha. Comme pour l’herbe, l’analyse de ce critère est difficile à interpréter dans le cas du maïs. L’utilisation de matériel de récolte dans le cadre d’une CUMA sans chauffeur et l’or-ganisation des chantiers basée sur l’entraide permettent de com-primer le poste à hauteur de 49 €/ha alors que des chantiers très fortement délégués avec

semis et récolte avec transport et tassage peuvent dépasser les 350 €/ha.

Coût/ha SFP et tMSLe coût moyen de 247 €/ha SFP est obtenu avec un système à 30 % de maïs dans la SFP pro-duite. Le coût total moyen de l’hectare d’herbe (avec sa part de stock) est de 139 € et représente 27% de celui du maïs (509 €/ha).Le rendement moyen valorisé de l’hectare d’herbe de l’échan-tillon est de 6,4 t de matière sèche, soit 46 % de celui du maïs (14 t MS/ha).Vu la différence de rendement entre l’herbe et le maïs d’une part et leur coût /ha respectif d’autre part, le coût de l’hectare de SFP augmente avec l’importance de la part de maïs . Le ¼ efficace a un coût moyen de 149 €/ha SFP avec 18 % de maïs, le ¼ dépensier a un coût moyen de 348 €/ha SFP avec 37 % de maïs.Le coût moyen de la tonne de matière sèche est de 29 €/t (¼ efficace : 20 €/t MS ; ¼ dépen-sier : 39 €/t MS).Les données issues du suivi des fermes de référence du Réseau permettent de dégager des repères. Au-delà du positionnement par rapport à ces repères, l’analyse poste par poste des coûts tant de l’herbe que du maïs devrait permettre au plus grand nombre de poursuivre dans la lutte quoti-dienne - où le résultat n’est jamais vraiment acquis - pour améliorer le prix de revient

Tableau 2 : Coût fourrages et résultats globaux

¼ économe Moyenne ¼ dépensier

Coût/ha SFP (€) 149 247 348

% maïs/SFP 18 30 37

Coût fourrage VL (€/1 000 l) 21,1 26 32,9

Coût alimentaire VL (€/1 000 l vendus) 50,4 62 74

Lait vendu (litres) 335 793 385 937 431 176

EBE avant main d’œuvre (€) 86 781 88 378 83 684

Disponible Travail Autofi-nancement (€) 57 237 54 631 38 098

La relation entre le coût des fourrages et donc du système fourrager avec les résultats glo-baux ne peut être systématisée car la variabilité intra-système peut être de même ampleur que la variabilité inter-systèmes…cependant, les tendances sont bien présentes.

L’herbe : moins de rendement à l’hectare que le maïs, mais un coût de la tonne de matière sèche inférieur

10 MAI - JUIN 2011 - N° 54

découverte

PRoDuIRe Du LAIt en AQuItAIne

Une région pleine de ressourcesDans un contexte de forte concurrence entre productions agricoles, la région Aquitaine doit endiguer la sous-réalisation et favoriser la reprise des exploitations laitières.

’Aquitaine présente sur son territoire une grande diversité de produc-

tions agricoles. L’ensemble des filières animales y est représen-té à travers les élevages laitiers (bovins, caprins et ovins dans les Pyrénées Atlantiques), allaitants (bovin et ovins) ou granivores. En complément, de nombreuses exploitations de grandes cultures, viticoles, sylvicoles ou encore de cultures spéciales ou pérennes (verger, tabac, maraîchage) maillent l’ensemble du territoire.La géographie et l’histoire locale ont, comme souvent, fortement orienté la spécialisation ou la pluri-activité des territoires. Les principales surfaces cultivées sont présentes dans les zones de plaine et les coteaux de la Garonne plus ou moins séchants, ainsi que sur une grande partie de la bordure côtière. L’élevage se situe quant à lui essentiellement sur la montagne et les piémonts Pyrénéens, dans les zones four-ragères du sud ainsi que dans les

zones pastorales ou fourragères du nord de la région.

1 région, 2 bassins de productionLes 2 720 exploitations laitières sont situées inégalement sur le territoire aquitain, organisé sous forme de 2 bassins de produc-tion bien distincts. Les 2/3 de la production laitière se font dans les Pyrénées-Atlantiques et la Dordogne.En 2010, le quota administratif de la région représentait 3 % du quota national, avec près de 760 millions de litres de lait. Compte tenu d’une conjoncture écono-mique laitière difficile sur la campagne laitière 2009/2010, la collecte a reculé dans l’ensemble des départements d’Aquitaine (- 4 % /2009) – comme dans de nombreuses autres régions fran-çaises (- 2,4 % au niveau natio-nal) – pour une livraison totale de 604 millions de litres de lait. Cependant, la production semble

être mieux engagée sur la cam-pagne en cours et une reprise de la production est d’ores et déjà observée.Parmi les 20 organismes de collecte, cinq collectent à eux seuls 75 % de la production. De grands groupes laitiers nationaux sont présents (Sodiaal, Bongrain, Danone, Lactalis), ainsi que les groupes régionaux 3A et Onetik. Les logiques industrielles se rai-sonnent à l’échelle du Sud-Ouest. En effet, 40 % du lait collecté dans la région est conditionné dans les entreprises des régions voisines, à savoir Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes. Le lait col-lecté et transformé sur la région est essentiellement valorisé sous forme de lait liquide (80 %), répondant ainsi aux forts besoins des bassins de consommation en expansion de Toulouse et Montpellier, mais aussi de l’Es-pagne. Plus généralement, toutes les fabrications de la région sont des PGC (très peu de beurre et de poudre de lait sont produits sur la région), ce qui permet une meil-leure valorisation de la matière première et représente un moyen de compenser les coûts de col-lecte.

Produire du lait, sous certaines conditionsLe quota moyen par exploitation s’élève en 2010 à 290 000 litres. La restructuration sur le bassin est en cours, en 2007 le quota des 3 231 exploitations s’élevait à 265 000 litres. De grandes dis-parités existent cependant dans la région. Les plus petites struc-tures laitières (< 250 000 litres) moins spécialisées sont situées pour les 2/3 au sud de la région et les plus grandes exploitations plus spécialisées (> 500 000

L’Aquitaine représente 3 % du quota national

11MAI - JUIN 2011 - N° 54

Catherine Gonnot – Chambre Régionale d’Agriculture d’[email protected]

Laure-Gaetane Faure – Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques [email protected]

Jocelyn Fagon – Institut de l’Elevage [email protected]

litres) sont situées pour les 2/3 au nord. En 2007, 60 % des éle-vages n’étaient pas spécialisés, disposant très souvent d’atelier cultures importants (maïs grain notamment). Cette orientation se retrouve dans les systèmes four-ragers en place, majoritairement basés sur le maïs ensilage. Le pourcentage de la SFP consacré à cette culture varie de 30 à 80 %, pour les principaux systèmes, les surfaces pâturées étant très sou-vent réservées aux génisses et aux animaux taris.Les exploitations aquitaines ont connu en 2009-2010 une année économique très difficile. Les résultats des exploitations du Réseau d’Elevages montrent que de nombreux indicateurs se sont dégradés en 2009 par rapport à 2008. Les coûts de production sont néanmoins restés proches du niveau de 2008, les éleveurs ayant fait preuve d’une certaine adaptation pour revoir leurs pra-tiques (diminution des engrais épandus par exemple). Le pro-duit de l’atelier en revanche a diminué de 11 % en moyenne, fragilisant alors très fortement les résultats économiques des éle-vages. Par ailleurs, les systèmes fourragers en place à base de maïs ensilage restent très dépen-dants des matières premières azotées principalement impor-tées (soja notamment, mais éga-lement achat de luzerne), le poste alimentation reste très élevé dans les élevages de la région.Les volumes libérés par les ces-sations d’activité sur la région ont permis d’installer des jeunes et de conforter certaines exploi-tations existantes. Mais l’agran-dissement quelquefois brutal de certaines structures a pu les fragiliser. L’augmentation des troupeaux peut avoir des consé-quences négatives si elle n’est pas maîtrisée : le surpeuplement dans les bâtiments d’élevage peut entraîner de mauvaises conditions de logement, dégra-dant ainsi la qualité du lait, ou encore des problèmes sanitaires chez les veaux dans les nurseries. La main d’œuvre nécessaire pour absorber cette quantité de travail supplémentaire n’est souvent pas

présente sur les exploitations. Il s’en suit alors un manque de temps pour la surveillance du troupeau ou pour la bonne conduite générale de l’exploita-tion. Le défi de l’attractivité du métier à travers la rémunération et l’organisation du travail est donc essentiel pour maintenir ces exploitations laitières en place.

Enjeux pour la filière du grand Sud-OuestEn 2008, lorsque des allocations provisoires importantes ont été allouées aux éleveurs (20 %), l’une des principales difficultés sur la région a été de trouver des génisses ou des vaches laitières sur le marché pour pouvoir y répondre. La filière régionale a donc souhaité mettre en place différentes actions pour disposer à l’avenir d’un renouvellement suffisant et réduire sa dépen-dance vis à vis d’autres bassins. Ainsi, des actions d’appui aux structures spécialisées sur l’éle-vage des génisses, de soutien aux éleveurs travaillant en race pure ou d’appuis techniques sur le thème de la reproduction sont actuellement en cours sur le bas-sin aquitain.En parallèle, la nouvelle défini-tion des bassins de production pour la gestion des quotas va sans aucun doute favoriser les échanges entre l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées, le Languedoc-Roussillon. Ces trois régions se rejoignaient déjà depuis plusieurs années sur de nombreux dossiers à travers différentes instances, qu’elles soient interprofession-nelles (Cilaisud) ou techniques (collectif Optilait regroupant 20 organismes de contrôle de perfor-mances permettant de mutualiser le développement de méthodes et d’outils d’appui technique). Cette structuration technique se renforce aujourd’hui avec le pro-jet de bâtir régionalement des programmes de recherche et de développement pour la filière lai-tière en s’appuyant sur les outils expérimentaux que sont les trois fermes de lycées agricoles de Pau-Montardon, St-Gaudens et Albi (projet porté par l’ARPEB,

Association Régionale pour l’Expérimentation Bovine). Ces exploitations sont situées dans trois bassins de productions dif-férents et au contexte de pro-duction diversifié (plus ou moins herbager). Le projet est de mettre en place à l’échelle du bassin, des systèmes de productions préfigu-rant les exploitations laitières de demain.« Accompagner les exploitations laitières », c’est tout l’enjeu porté par la filière laitière du bassin aquitain. Comment maintenir un tissu d’exploitations suffisam-ment dense pour permettre le maintien d’une collecte à un coût compétitif pour les industriels ? Comment tirer profit de la proxi-mité des bassins de consomma-tion dynamique pour développer des produits laitiers régionaux en valorisant si possible la bonne image des Pyrénées, voire du Périgord ? Comment s’appuyer sur un territoire diversifié pour encourager les bonnes relations entre éleveurs et céréaliers et tirer profit de la complémentarité des systèmes de production (valo-risation des effluents d’élevage, assolement partagé, disponibilité en paille et en grains) ? Autant de questions sur lesquelles planche la profession pour permettre aux éleveurs actuels de poursuivre leur activité et aux nouveaux agriculteurs de s’installer demain en Aquitaine dans de bonnes conditions

Un système pâturant pyrénéen

12 MAI - JUIN 2011 - N° 54

IMPACt SuR LeS PeRFoRMAnCeS D’engRAISSeMent

La complémentation du broutardLa question de la complémentation des broutards intéresse non seulement le naisseur pour la vente, mais aussi l’engraisseur qui les achète et le naisseur-engraisseur qui cherche à optimiser la conduite et les coûts de la naissance à l’abattage.

alimentation conduite

n essai a été répété durant trois années (2007-2009) sur la

complémentation avant sevrage de veaux mâles charolais nés en février, à la station des Etablières (CA 85). Chaque année, deux lots de 10 à 14 broutards avec leur mère ont été constitués autour du 15 juin vers l’âge de 4 mois. Le lot complémenté a reçu du concentré au pâturage durant les 100 derniers jours avant sevrage. Le complémentaire était compo-sé d’un mélange de 50 % de blé aplati et de 50 % de luzerne dés-hydratée à 18 % de MAT (soit un mélange à 0,83 UFV/kg brut et 100 g PDI/UFV), distribué à volonté dans un nourrisseur. Les deux lots ont disposé des mêmes surfaces de pâturage : 55 % de prairies permanentes et 45 % d’une prairie de RGA-TB implan-tée en 2004. Il ont été conduits de la même façon : même fertilisa-tion, même chargement, même surface fauchée le même jour au printemps et ouverture des repousses des parcelles fauchées sur la même période. Aucun affouragement des vaches n’a été nécessaire durant ces trois saisons de pâturage. Les brou-tards des deux lots ont été sevrés le même jour (début octobre) et mis à l’engraissement sur le

même régime : ensilage de maïs à volonté + 1,5 kg de tourteau de soja + 0,2 kg d’AMV type 5/25 et paille à volonté. Le maïs ensilage est un maïs irrigué, récolté en moyenne à 38 % MS, à 31 % d’amidon, 46 % de grain et 0,80 UFV/kg MS.

Résultats dépendants de l’herbe offerteLes consommations des veaux complémentés et les écarts de croissances entre les deux lots sur la période de complémentation ont été très variables d’une année sur l’autre, étant liés aux condi-tions climatiques et à la qualité de l’herbe offerte. En absence d’herbe de qualité lors d’une sécheresse estivale (cas de août-septembre 2007), les consommations du concentré par les broutards vont jusqu’à plus de 5 kg brut par animal les deux dernières semaines, soit une moyenne de 2,1 kg sur 105 jours. Les croissances sont alors très supérieures à celles de broutards non complémentés, mais placés dans les mêmes conditions de pâturage, soit près de 1 650 g/j sur les 100 jours de complé-mentation, contre 1 170 g/j aux broutards du lot témoin. Dans

ces conditions, les performances en engraissement des animaux qui ont été complémentés sont détériorées par rapport aux brou-tards non complémentés : - 90 g/j en engraissement. Les résultats auraient pu être encore plus mar-qués sur une année de pâturage encore plus difficile : sécheresse dès juin nécessitant l’affourage-ment des vaches et des veaux en fourrage grossier type ensilage herbe, ce qui n’a pas été le cas ici.Dans le cas d’herbe disponible en quantité et de qualité satisfai-sante durant l’été, comme 2008 et 2009, les consommations de concentrés par les broutards sont moins élevées : 1,8 kg et 2,0 kg par jour en moyenne sur 115 jours. Les écarts de croissances avec des broutards non complé-mentés sont alors moins mar-qués : 1 400 g/j sur cette phase de complémentation soit 200 à 250 g/j d’écart avec les animaux non complémentés. Dans cette situation, les performances en engraissement ne sont pas dété-riorées. Au contraire, les animaux qui avaient été complémentés maintiennent des croissances plus élevées en engraissement (+ 100 g/j en moyenne) par rap-port à ceux qui ne l’étaient pas.

Des économies d’aliments variables Selon les résultats de cet essai et sur la moyenne des trois années, les durées d’engraisse-ment nécessaires pour atteindre 430 kg de poids de carcasse sont de 295 jours pour les animaux du lot non complémenté et de 261 jours pour les animaux du lot complémenté (soit un écart de 34 jours). En terme d’aliments consommés, les broutards qui Le complémentaire « 50 % de blé aplati, 50 % de luzerne déshy-

dratée » était distribué à volonté au nourrisseur à partir de mi-juin.

13

Didier Bastien – Institut de l’[email protected]

Franck Chaigneau – Chambre d’agriculture de Vendé[email protected]

MAI - JUIN 2011 - N° 54

ont été complémentés avant sevrage ont consommé 224 kg brut de concentré (mélange blé et luzerne déshydratée) et ont éco-nomisé 295 kg de MS d’ensilage de maïs, 46 kg brut de tourteau de soja et 7 kg brut d’AMV pen-dant la phase d’engraissement.Par contre, pour la 1ère année, la réduction de la durée d’en-graissement est moindre du fait d’une baisse des performances en engraissement pour le lot com-plémenté : - 22 jours contre – 40 jours pour les 2 autres années. L’économie d’aliments en engraissement l’est également : - 250 kg de MS d’ensilage de maïs

et – 33 kg de soja. A l’inverse, dans le cas de croissances non pénalisées en engraissement par la complémentation des veaux (cas des deux autres années), les durées d’engraissement sont for-tement réduites (- 40 jours) et les économies sur les aliments sont considérables : - 315 kg de MS d’ensilage de maïs et – 53 kg de soja.

Même qualité de carcasseAbattus à même poids vif, les poids de carcasse entre les deux lots ne sont pas différents, du fait

de rendements d’abattage iden-tiques entre les broutards com-plémentés et ceux qui ne l’ont pas été : 58,2 %. Les conforma-tions et l’état d’engraissement des carcasses sont également comparables entre les animaux des 2 lots

Le coût alimentaire

Zoom sUr

Figure 1 : Evolution de la consommation de concentrés au pâturage pour les veaux complémentés

Jusqu’à mi-août (60 jours), les conditions de pâturage sont assez comparables sur les trois années et les consommations de concentrés par les broutards également. A partir de mi-août, la sécheresse estivale est devenue plus marquée en 2007, l’herbe a grillé et les broutards ont davantage consommé de concentrés.

Figure 2 : Performances des animaux des lots complémentés ou non complémentés

La complémentation des broutards permet des gains de croissance qui, s’ils ne sont pas trop importants (croissance < 1400 g/j), sont maintenus en engraissement.

0

1

2

3

4

5

6

0 15 30 45 60 75 90 105 120Temps depuis la mise en place du nourrisseur (j)

Qua

ntité

s (k

g/an

im/j)

2007 2008 2009

46

185

349387

758

45

313349

753

0

100

200

300

400

500

600

700

800

0 100 200 300 400 500 600Age moyen (jours)

Poid

s vi

f moy

en (k

g)

Lot complémenté

Lot non complémenté

Phase complémentation Phase engraissement

184

La complémentation peut intéresser le naisseur vendeur de broutards : plus de 35 kg vif d’écart entre des broutards complémentés et non com-plémentés pour 220 kg de concentrés. Soit un prix de vente supplémentaire du broutard de 90 € pour un coût alimentaire du concentré de 45 € (en prenant comme hypothèse de prix le concentré à 200 €/tonne et le broutard à 2,50 €/kg vif, sans compter l’éventuelle plus-value liée à un gain de conformation des animaux complé-mentés).Pour l’engraisseur, l’économie d’aliments en engraissement se chiffre à un peu moins de 45 €, hors paille (avec le prix du maïs ensilage à 80 €/tonne de MS, le soja à 350 €/tonne et l’AMV à 500 €/tonne), ce qui signifie que le broutard complémenté ne doit pas être acheté à plus de 45 € par l’engraisseur pour que son engraisse-ment soit aussi intéressant qu’un broutard non complémenté.Enfin, pour le naisseur-engraisseur, en moyenne sur les 3 années de l’essai, l’économie d’ali-ments réalisée en engraissement sur les brou-tards complémentés (45 €) compense le coût du concentré consommé par ces animaux au pâturage. En année sèche (cas de 2007) où la consommation de concentré est plus élevée et les performances en engraissement pénalisées, la compensation est moindre avec surcout ali-mentaire par jeune bovin de l’ordre de 10 €. En année plus favorable (cas des 2 autres années), où la complémentation n’a pas pénalisé les performances, le gain économique global sur le coût alimentaire est de 10 € par jeune bovin. A ces coûts, il convient également d’intégrer l’achat du nourrisseur, une durée d’engraisse-ment réduite de 35 jours pour les animaux qui ont été complémentés ainsi que le coût de la paille.Au final, pour le naisseur-engraisseur, l’optimum de croissance à rechercher pour le broutard charolais sur les 3 derniers mois sous la mère, est autour de 1400 g/j. Cette croissance peut être obtenue avec de l’herbe seule de qualité, ou avec un apport de fourrage (ex : ensilage d’herbe) pour l’ensemble du troupeau (mères + broutards) en cas de manque d’herbe, ou avec une complémentation des broutards, mais limitée.

Intérêt variable selon les situations

14 MAI - JUIN 2011 - N° 54

economie

CoûtS ALIMentAIReS en vACheS ALLAItAnteS

Repères et marges de progrèsUne étude menée en 2009 a permis de situer l’importance des différents postes de coûts alimentaires et d’actualiser les repères. Elle montre aussi que le coût alimentaire doit s’analyser en tenant compte du produit.

élevages analysés sur deux années (2007 et 2008) ont

permis de situer et d’expliquer les écarts entre élevages. Les coûts sont ramenés à l’UGB (cri-tère accessible dans tous les éle-vages).

Naisseur : fort impact des fourragesL’écart entre les ¼ inférieur et supérieur (en système « nais-seur ») est de 145 € dont 99 € sur les fourrages. La différence sur les fourrages s’explique sur trois postes :- Le coût de l’hectare d’herbe, 137 €/ha pour le quart supérieur et 50 € pour le quart inférieur, se tra-duit par un écart de 42 € par UGB.- La surface de maïs explique près de 32 € supplémentaires par UGB avec 5 ares en plus (10 ares contre 5 ares).- Les fourrages achetés consti-tuent le troisième poste. Le groupe avec un coût élevé achète

300 kg de MS par UGB alors qu’il réalise nettement plus de stocks sur son exploitation (2,3 T/UGB

contre 1,7). Dans ce groupe, près de la moitié des stocks sont réalisés à partir de maïs, contre un tiers pour le groupe à

faible coût alimentaire.

Naisseur-engraisseur : coût supérieur lié aux concentrésL’écart entre les ¼ inférieur et supérieur (en système « naisseur-engraisseur ») est de 165 €, dont 117 € sur le poste concentrés. Ce surcoût concerne les concentrés achetés : dans le groupe à faible coût alimentaire, la consomma-tion moyenne est de 330 kg de concentré par UGB, dont 140 kg achetés. Dans le groupe à coût élevé, 810 kg de concentré sont consommés par UGB, soit 600 kg achetés et 210 kg de céréales produites. Les céréales produites sont comptabilisées en coût de cession dans l’étude.

Zone, race, vêlageL’étude 2009 montrait que les coûts étaient plus élevés en vêlage d’automne, en zone séchante (fourrages plus coûteux) et en race Blonde d’Aquitaine (plus de concentrés). La conduite en vêlage de printemps se démar-quait par des coûts plus faibles.

L’herbe : de 38 à 220 €/ha L’étude faisait apparaître des écarts importants sur le coût de l’herbe. Le coût moyen était de 118 €/ha en moyenne. Le poste engrais, principal poste avec 58 €, explique une part impor-tante des écarts entre exploita-tions. Les élevages avec un coût bas sur l’herbe disposent presque systématiquement de prairies à base d’associations graminées + légumineuses ou de lisier de porcs.Le second poste à créer des écarts entre élevages est les travaux par tiers. La quantité d’herbe récoltée par UGB, le type de récolte et le niveau de délégation expliquent les écarts.

Moyenne des résultats observés dans l’étude 2009

Les élevages « naisseurs » enquêtés se caractérisent par un coût de concentrés plus élevé que les moyennes CER régional, du fait sans doute d’une sur-représentation d’élevages en race blonde d’aquitaine.

22%

23%

4%11%

41%

Concentrés achetés Herbe

Maïs

Autres fouragesproduits + achetés + paille

Céréales produites

Naisseur- Engraisseur

431 € / VA232 € / UGB

26%

25%8%

9%

32%

NaisseurConcentrés achetés Herbe

Maïs

Autres fouragesproduits + achetés + paille

Céréales produites

319 € / VA193 € / UGB

Plus de maïs et plus de concentrés : les systèmes avec engraissement ont des coûts alimentaires supérieurs

Coût supérieur pour les naisseurs-

engraisseurs

15MAI - JUIN 2011 - N° 54

Thierry Offredo – Chambres d’agriculture de [email protected]

Le maïs : de 380 à 660 €/haLes travaux par tiers constituent le premier poste. C’est aussi le principal facteur de variation entre les élevage.Les élevages naisseurs avec un coût faible pour le maïs utilisé (33 € de coût de maïs par UGB) récoltent 0,80 T/UGB soit 6,7 ares d’un maïs à 503 €/ha (280 € hors travaux par tiers). Les éle-vages à coût de maïs élevé par UGB récoltent 1,65 T/UGB soit 15,4 ares d’un maïs à 538 €/ha (323 € avant travaux). En nais-seur-engraisseur, le constat est le même avec des quantités récol-tées de maïs de 1,2 T/UGB pour les coûts faibles et 1,95 T pour les coûts élevés. La maîtrise de la conduite alimentaire et l’ajus-tement des rations devraient encourager à limiter les surfaces de maïs ensilage.

Céréales auto-consommées : 30 % des concentrésLa part de céréales auto-consom-mées est la même en moyenne dans les deux systèmes pour les élevages étudiés. Un bon tiers des éleveurs achètent l’intégralité de l’aliment consommé. La moi-tié de ces éleveurs sont cepen-dant producteurs de céréales. Connaître son coût alimentaire est important pour situer l’im-portance des différents postes

(fourrages, concentrés) et les éventuelles marges de progrès.

Toutefois, il ne permet pas de juger du niveau de la marge brute et encore moins de la rentabi-lité de l’atelier. En effet, les frais d’élevage avec la paille, les frais vétérinaires et les coûts liés à la génétique, varient aussi for-tement et limitent le lien que pourrait avoir le coût alimentaire et la marge brute. Par ailleurs, le niveau du produit impacte forte-ment la marge brute. Il varie au moins autant, sinon plus, que le coût alimentaire

Le coût alimentaire

Zoom sUr

Dans l’étude réalisée en 2009, les travaux par tiers représentaient de 15 à 140 €/ha de SFP, soit de 10 à 70 €/UGB (36 € en moyenne par UGB). Ces coûts de travaux (essentiellement liés aux récoltes et parfois aux semis) ne traduisent pas les coûts réels de travaux dans les élevages, car seuls les travaux par tiers comptabilisés en charges opération-nelles, sont retenus.Le niveau de délégation des travaux par tiers entraîne des différences importantes de coûts des fourrages entre les élevages. La part de foin dans les stocks, en partie voire totalement réalisée par l’éleveur, contri-bue à ces écarts. Pour éviter ce biais dans l’analyse des coûts, nous présentons un coût alimentaire hors travaux par tiers.

Les repères de coûts alimentaires ont été réactualisés avec la conjonc-ture 2010. Ils donnent en valeur moyenne 128 €/UGB en système naisseur et une forte proportion d’élevages devrait se situer dans la fourchette allant de 86 €/UGB pour ceux ayant des coûts faibles, à 167 €/UGB pour ceux avec des coûts élevés. En système naisseur-engraisseur, la valeur moyenne est de 183 €/UGB avec un niveau bas à 129 € et haut à 233 €.

Des repères de coûts alimentaires par UGB ‘hors travaux par tiers’

Prairies en association ou utilisation de lisier : 2 voies pour limiter les coûts d’engrais

16 MAI - JUIN 2011 - N° 54

ALteRnAtIve à L’enSILAge De MAïS

Le sorgho sucrier BMRUn essai réalisé à la station expérimentale de Mauron montre que le sorgho sucrier de type BMR ensilé, permet des croissances comparables au maïs ensilé pour des jeunes bovins de race limousine, mais avec une consommation supérieure. Le taux de MS du sorgho à la récolte doit être proche de 30 %, ce qui est souvent difficile compte tenu de la très faible proportion de grains dans la plante et de l’évolution lente du taux de MS à l’automne.

Fourrage

a culture de sorgho inté-resse les éleveurs des zones sèches pour sécu-

riser leur système fourrager. En condition non limitante en eau, le rendement du sorgho serait inférieur au maïs ensilage. Par contre en condition séchante, le sorgho valoriserait mieux l’eau disponible et permettrait des ren-dements supérieurs.

48 jeunes bovins en essaiUn essai a été réalisé à la sta-tion expérimentale de Mauron sur deux années, en 2009 et 2010, avec des jeunes bovins de race limousine sur toute la période d’engraisse-ment, afin d’estimer la valeur alimentaire du sorgho sucrier de type BMR par rapport au maïs ensilage.Chaque année, deux lots de 14 broutards de race limousine ont été constitués et chaque lot a été réparti dans deux cases en fonc-tion de leur poids. L’ensilage de maïs et l’ensilage de sorgho sont distribués à volonté. La complé-mentation est la même pour les

deux lots et pour les deux répé-titions : 2 kg de blé aplati, 1,2 kg

de tourteau de soja 48 et 150 g d’AMV. Le taux de MS des ensilages est mesuré tous les jours ainsi que celui des refus enlevés deux fois par semaine.

Pour les deux répétitions, le poids des broutards à la mise en lots est en moyenne de 375 kg pour un âge moyen de 9,4 mois. Pendant la période de transition, les deux lots d’animaux sont passés pro-gressivement à leur régime expé-rimental. Le taux de MS l’ensilage de sorgho distribué est de 23,3 %

pour la première répétition et de 28,1 % pour la deuxième. Celui du maïs ensilage est en moyenne de 34,2 % et de 36,5 % respec-tivement pour la première et la deuxième répétition (tableau 1).

Ingestion plus élevée avec le sorghoEn 2009, avec le sorgho récolté à 23,3 % de MS, les consom-mations quotidiennes d’ensilage sont comparables entre les 2 lots : 5,70 kg de MS de maïs contre 5,80 kg de MS de sorgho en moyenne sur toute la durée d’engraissement. Par contre, les

Des besoins en eau plus faibles

Un objectif de récolte à plus de 25-26 % de MS semble difficile à atteindre avec les variétés actuelles et dans nos conditions pédoclimatiques

Tableau 1 : Valeurs fourragères à la récolte (résultat sur MS)

MS%

MMg/kg

MATg/kg

CBg/kg

Amidon%

UFL UFV PDIN PDIE

Maïs 2009 32,9 33,2 64,9 207 26,9 0,91 0,81 41 66

Maïs 2010 35,0 34,0 63,1 201 28,4 0,92 0,82 40 66

Sorgho 2009 23,5 46 69 250 2 0,88 0,77 42 61

Sorgho 2010 27,5 44 72 230 2,02 0,91 0,81 43 67 Pour le calcul des valeurs alimentaires du sorgho, les équations de prédiction du maïs ont été utilisées en l’absence d’équation sorgho.

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Production fourragère

DOSSIER

Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de [email protected]

croissances sont significative-ment inférieures avec le sorgho : 1 280 g/j pour les animaux du lot sorgho contre 1 430 g/j pour ceux du lot maïs (-150 g/j). Ainsi, pour atteindre un poids de carcasse comparable, la durée d’engrais-sement s’est allongée de 36 jours. La consommation totale de sor-gho sur la période est supérieure de 23 % par rapport au maïs (+ 225 kg) et la quantité totale d’aliment concentré est aussi supérieure de 120 kg par rapport au régime maïs.En 2010, le sorgho a été récolté à un taux de MS plus élevé : 28 % de MS. Les consommations moyennes par jour d’ensilage de sorgho sont supérieures de 13 % par rapport à l’ensilage de maïs : 6,34 kg contre 5,60 kg. La crois-sance des animaux du lot sorgho est supérieure de 65 g/j par rap-port à celles des animaux du lot maïs : 1 430 g/j contre 1 365 g/j pour le lot maïs. Toutefois, cet

La densité du sorgho ensilé, mesurée par carrotage, varie de 120 à 140 kg de MS/m3 pour une hauteur du silo de 1,50 m à 2 m, soit environ 40 % de moins qu’un maïs à 35 % de MS

Le sorgho fourrager

Les sorghos fourragers, destinés au pâturage, ont un com-portement herbacé avec une forte capacité de repousse estivale. Leur valeur alimentaire n’est pas compatible avec la recherche de performances élevées. Les sorghos grains à tiges fines sont à pâturer ou récolter à partir de 40 cm jusqu’à 1,20 m, les sorghos hybrides de 60 cm jusqu’à 1,40 m.

Le sorgho grain

Les sorghos grains, qui peuvent être ensilés, permettent de bonnes performances zootechniques mais ont un dévelop-pement végétatif plus faible. Des essais réalisés en produc-tion laitière et en engraissement de jeunes bovins montrent une moins bonne digestibilité de l’ensilage de sorgho grain plante entière, par rapport au maïs ensilage. Néanmoins, une ingestion plus importante du sorgho par rapport au maïs ensilage permet des performances animales comparables.

Le sorgho sucrier BMR

Les sorghos sucriers ont un développement plus important, mais leur valeur alimentaire est inférieure à celles du maïs. De nouveaux types de sorghos sucriers sont aujourd’hui sur le marché. Des sorghos sucriers BMR qui présentent la particularité d’avoir un taux de cellulose plus faible et donc une meilleure digestibilité des parois. La caractéristique de ces sorghos est également la richesse en sucres des tiges et des feuilles et une faible teneur en grain, donc un taux d’amidon faible.

Sorgho fourrager : exploité à partir de 40 cm

Sorgho grain : panicule développée, hauteur 1 à 2 m

Sorgho sucrier BMR (sweet virginia) : hauteur 2,5 à 3,5 m

18 MAI - JUIN 2011 - N° 54

Production fourragère

DOSSIER

Fourrage

écart n’est pas statistiquement significatif. Pour le lot sorgho, la durée d’engraissement est légè-rement réduite pour produire un poids de carcasse comparable. Néanmoins, la consommation totale de sorgho sur la période est supérieure d’environ 10 % par rapport au maïs (+ 114 kg de MS), avec 20 kg d’aliment concentré en moins (tableau 2).Quelle que soit la série, l’indice de consommation, exprimé en kg de MS/kg de gain de poids vif est plus élevé avec le régime sorgho ; et ceci pour une même quantité d’aliment concentré distribué. Cet indice est de 6,78 et 6,43 pour le sorgho contre 5,98 et 6,20 pour le maïs, respectivement en 2009 et 2010. La consommation de sorgho par gain de kg de poids vif est donc supérieure de 13 % en 2009 et de 8 % en 2010.Les carcasses produites sont com-parables entre les 2 lots, 420 kg pour la première série et 430 kg pour la seconde. Ces carcasses ont été classées en moyenne U-/U= en conformation et 3-/3= en état d’engraissement. La notation de la couleur des viandes à l’abat-tage n’a pas mis en évidence de différence entre les deux régimes.

Des performances comparablesCet essai montre que le sorgho sucrier de type BMR est très bien ingéré par les animaux. Avec un taux de MS faible de 23 %, le niveau d’ingestion est équivalent au maïs et à 28 %, il est nette-ment supérieur. Lorsque le sor-gho est récolté au-delà de 28 %

de MS, il permet des croissances comparables au maïs avec une ingestion plus élevée. Dans les conditions de l’essai, la valeur énergétique du sorgho apparaît plus faible que celle du maïs pour l’engraissement des jeunes bovins. Distribué comme seul fourrage de la ration des jeunes bovins, la valeur énergétique recalculée sur la base des perfor-mances des animaux serait infé-rieure d’environ 8 % pour une

récolte à un taux minimum de 28 % de MS.Compte-tenu de la très faible teneur en amidon du sorgho sucrier BMR et de sa forte teneur en sucres, une ration mixte maïs-sorgho permettrait sans doute une meilleure valorisation de tous les éléments de la ration. Néanmoins, si ce type de sorgho permet des performances com-parables au maïs en engraisse-ment, à la condition de le récolter à une teneur en MS suffisante, le rendement de la culture doit être supérieur à celui du maïs pour compenser le surplus d’ingestion par les animaux. Or, à la station expérimentale de Mauron, sur des parcelles séchantes et peu profondes, le rendement du sor-gho reste en-dessous de celui du maïs. Les variétés actuelles sont peut-être trop tardives et l’itiné-raire technique de la culture reste sans doute à améliorer. Dans un prochain article, nous présente-rons les résultats sur les essais cultures

Tableau 2 : Résultats de la période expérimentale

2009 2010

Lots maïs sorgho maïs sorgho

Effectif 14 14 14 14

Poids - à la mise en lots (kg) - début essai (kg) - abattage (kg)

377,5433,5671,4

376,4422,5678,4

373,1419,5697,5

373,6422,8701,8

Durée début essai-abattage (j) 168 204 205 199

Croissance période expéri-mentale (g/j) 1430 1280 1365 1430

Consommations/jourEnsilage de maïs (kg MS)Ensilage de sorgho (kg MS)Aliment concentré (kg brut)kg MS/kg gain de poids vif

5,70

3,355,98

5,803,356,78

5,60

3,356,20

6,343,356,43

Bilan/périodeEnsilage de maïs ou sorghoAliment concentré

957564

1183685

1148687

1262667

CarcassesPoids (kg)Rendement (%)Conformation (1)Etat engraissement (2)Poids gras éliminés (kg)

421,062,7

14,007,719,42

417,061,5

13,508,438,99

429,961,6

13,387,31

10,97

431,861,513,387,7711,67

(1) conformation : 13 = U- ; 14 = U= ; 15= U+ (2) état d’engraissement : 7 = 3- ; 8 = 3= ; 9= 3+

Un indice de consommation supérieur

avec le sorgho sucrier BMR

19MAI - JUIN 2011 - N° 54

Production fourragère

DOSSIER

BovInS en CRoISSAnCe

Conduite du pâturage simplifiéeLes premiers essais conduits en 2009 et 2010 à la station expérimentale bovine de Mauron montrent qu’un pâturage tournant simplifié sur 3 parcelles permet des performances comparables en moyenne à un pâturage tournant sur 6 parcelles au printemps.

’augmentation de la taille des exploitations amène les éleveurs à recher-

cher des conduites d’élevage plus simples. Pour une bonne gestion du pâturage, alliant à la fois le rendement de la prairie et les performances animales, le pâtu-rage tournant est recommandé sur 6 à 8 parcelles au printemps. Cependant, la présence simul-tanée d’un nombre important de lots d’animaux multiplie le nombre de parcelles et complique la conduite. La taille des lots éga-lement, lorsqu’ils sont réduits, conduit à utiliser de très petites parcelles. Face à ces contraintes, la technique du pâturage continu a été testée dans les années 80. Cette technique a montré une baisse de la productivité des prai-ries de 10 à 15 % notamment dans la période estivale, mais a relativement peu d’influence sur la production de lait ou de viande par les bovins.Le pâturage tournant simplifié avec 3 ou 4 parcelles pourrait apparaître intéressant dans la simplification de la conduite du pâturage en maintenant le rende-ment des prairies. Un essai avec des animaux en croissance a été mis en place en 2009 et 2010. Il vise à comparer une conduite simplifiée du pâtu-rage tournant sur 3 parcelles, au pâturage tournant sur 6 parcelles au printemps avec pour objec-tifs :- de mesurer les performances animales,- d’estimer le rendement des prairies,- de comparer les repères de conduite (hauteur d’herbe entrée, hauteur d’herbe sortie).Cet essai a été mené sur quatre

bandes de 26 à 30 animaux : deux bandes de génisses charo-laises et deux bandes de bœufs Prim’Holstein. Pour chaque bande, deux lots homogènes d’animaux sont constitués et sont conduits en parallèle. Les prairies utilisées sont compo-sées d’associations RGA-Trèfle blanc. La surface disponible est la même pour chacun des deux lots. Les paddocks des lots témoin et expérimental sont contigus dans la même parcelle et deux paddocks du lot témoin ont la même surface que le paddock du lot expérimental.

Hauteurs entrée et sortie plus faibles La mise à l’herbe a eu lieu le 31 mars en 2009 et le 6 avril en 2010 en moyenne. Quatre cycles de pâturage ont été réalisés en 2009 et seulement trois en 2010 avant la sécheresse estivale. En 2010, la pousse de l’herbe plus faible en mars a retardé la mise à l’herbe et la sécheresse précoce a conduit à arrêter le pâturage au début du mois de juillet. En moyenne, les cycles de pâturage ont une durée de 30 jours.Les hauteurs herbomètre à l’en-trée des paddocks sont toujours plus faibles pour les lots expéri-mentaux par rapport à celles des lots témoins (9,6 cm contre 10,4). Le temps de repousse est aussi plus court entre deux cycles. En moyenne, la durée entre la date de sortie des paddocks et la date de l’entrée suivante est inférieure de 5 jours pour les lots expéri-mentaux par rapport à celle des lots témoins. De même, les hau-teurs herbomètre à la sortie sont

sensiblement plus faibles pour les lots expérimentaux (en moyenne 5,4 cm contre 5,6 cm pour les lots témoins). Ceci conduit à un écart de 0,6 cm d’herbe consommée en moins pour les lots expéri-mentaux (calculé par les hauteurs herbomètre entrée et sortie des parcelles).

Mais des croissances comparables

En moyenne, les gains de poids mesu-rés sont comparables entre les 2 conduites (tableau 1). Le poids des bœufs Holstein après la transition à la mise à l’herbe est

en moyenne de 432 kg (451 kg en 2009 et 413 kg en 2010). En moyenne sur les 2 années, le gain de poids pour le lot expé-rimental est de 127 kg contre 132 kg pour le lot témoin de la mise à l’herbe jusqu’au 22 juillet. Les croissances sont équivalentes sur cette période entre les 2 lots (1 280 g/j en moyenne pour les 2 lots).

Fourrages

De bons résultats à confirmer

Pâturage du 1er cycle en 2011

20 MAI - JUIN 2011 - N° 54

Fourrages

A la mise à l’herbe, le poids des génisses charolaises est en moyenne de 497,6 kg après la transition (378 kg en 2009 et 617 kg en 2010). Le gain de poids est en moyenne sur les 2 années de 97,4 kg pour le lot expéri-mental contre 95,9 kg pour le lot témoin jusqu’au 10 juillet. Les croissances sont également com-parables entre les 2 lots, 1 125 g/jour sur cette période.

Et un rendement des prairies équivalent Malgré des hauteurs d’herbe à l’entrée des paddocks plus faibles, les performances zoo-techniques ne sont pas pénali-sées. Les mesures herbomètre à l’entrée et à la sortie des parcelles ne donnent pas sans doute une bonne estimation du rendement valorisé, notamment lorsque la durée de présence des animaux sur la parcelle est longue. En effet, ces mesures ne prennent

pas en compte la pousse de l’herbe durant la présence des animaux sur la parcelle.Ainsi, le pâturage tournant sim-plifié apparaît comme une bonne solution pour les animaux en

croissance (moins de clôtures, points d’eau… ). Les règles de gestion du pâturage restent simi-laires au pâturage tournant clas-sique (nombre de jours d’avance, hauteur d’herbe…). Cependant, il donne moins de souplesse dans la conduite et la prise de déci-sion de débrayer ou d’introduire une parcelle dans les cycles de pâturage de printemps est plus délicate.Compte tenu des variations cli-matiques importantes d’une année sur l’autre, cet essai doit se dérouler sur plusieurs années pour conforter ces résultats. Une répétition de cet essai est actuel-lement en cours avec également une bande de bœufs Holstein en finition au pâturage et une bande de génisses charolaises

Poids et gain de poids de la mise à l’herbe à l’arrêt du pâturage en début d’été (moyenne des 2 années)

Bœufs Holstein Génisses charolaises

Lots témoin expérimental témoin expérimental

Effectif 28 28 29 29

Date mise à l’herbe 1er avril 3 avril

Poids après transition (kg) 433,9 431,0 498,2 497,0

Date fin de pâturage 22 juillet 10 juillet

Poids fin de pâturage (kg) 565,9 558,2 594,1 594,4

Gain de poids (kg) 132,0 127,2 95,9 97,4

Ecart expé/témoin (kg) - 2,8 + 1,5

Un gain de poids vif comparable entre les deux conduites

Hauteur herbomètre entrée (HE) et sortie (HS)(moyenne 4 essais 2009-2010)

Des hauteur herbomètre entrée et sortie plus faibles dès le 2e cycle pour le lot expéri-mental.

4

5

6

7

8

9

10

11

12 cm

1° cycle 2° cycle 3° cycle 4° cycle

HE TémoinHE ExpéHS TémoinHS Expé

Un nombre réduit de parcelles donne moins de souplesse dans la conduite du pâturage.

21MAI - JUIN 2011 - N° 54

Production fourragère

DOSSIER

Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de [email protected]

Exemple du planning de pâturage des génisses charolaises en 2009

Le lot témoin: pâturage tournant sur 6 parcelles au printemps et 10 en été-automne, avec une durée de séjour par parcelle de 4 à 5 jours. Le retrait d’une parcelle du pâturage ou l’ajout d’une parcelle additionnelle est fonction du nombre de jours d’avance. La hauteur herbomètre à la sortie des parcelles est proche de 5 à 6 cm à l’herbomètre. La hauteur d’herbe à l’entrée des parcelles ne doit pas excéder 12 cm à l’herbomètre. Le stock d’herbe disponible, exprimé en nombre de jours d’avance de pâturage est de 10-12 jours au printemps et de 25-30 jours en été.

Le lot expérimental : pâturage tournant sur 3 parcelles au printemps et 5 en été automne. Le changement de parcelle est calé sur celui du lot témoin. Il intervient à chaque fois que les animaux du lot témoin ont pâturé 2 parcelles. Le retrait ou l’ajout d’une parcelle pour le lot témoin entraîne également le retrait ou l’ajout d’une surface identique pour le lot expérimental.

Les 2 lots sont conduits en parallèle

Simplification du pâturage en élevages laitiers, voir Cap Elevage n°50 page 33

22 MAI - JUIN 2011 - N° 54

SIMPLIFIeR L’ALLoteMent Au PâtuRAge

Gagner du temps de travailAu pâturage, un allotement simplifié permet de diminuer le temps de travail. Les lots d’animaux sont constitués lors de la mise à l’herbe et restent stables durant la période de pâturage, afin de réduire au maximum les opérations de réallotement. Le nombre de lots adaptés au parcellaire et à la conduite du troupeau est limité, avec des effectifs les plus élevés possibles au sein des lots (25-40 vaches par exemple) comme en témoigne les pratiques de Stéphanie Villechauveix.

travail

téphanie Villechauveix gère seule un troupeau de 60 vaches limousines

en système naisseur sur la com-mune de Duault dans les Côtes d’Armor. Les vêlages se déroulent sur deux périodes, du 15 janvier au 1er mai et du 1er août au 15 septembre. La sur-face de l’exploitation couvre 77 ha divisés en 26 parcelles, toutes accessibles aux ani-maux. La surface moyenne des parcelles est de 2,25 ha. La sole cultivée se compose de 9 ha de maïs ensilage et de 5,5 ha de céréales. Les fauches réparties en 12 ha de foin et 10 ha d’enruban-nage, sont réalisées en priorité sur les îlots les plus distants du siége (2 km).

4 lots au pâturageAu pâturage, les vaches sont conduites uniquement en deux lots, selon la période de vêlage (25 et 35 mères). Pour les vêlages d’hiver - début de printemps,

les vaches ayant mis bas sont séparées des autres et mises progres-sivement à l’herbe. Les génisses sont gérées globalement en un seul lot (23 femelles) et valo-risent les parcelles les

plus éloignées. Un petit lot de 6 génisses et un taureau pâturent un îlot isolé. « Mon troupeau est scindé en quatre lots au pâturage, cela limite les temps de déplace-ments ». « En dehors des périodes de vêlages, il m’arrive même de n’aller voir les troupeaux que tous les deux jours ».

Le pâturage est du type tournant simplifié. « Je change toute seule les animaux de parcelles toutes les semaines, selon la pousse de l’herbe. La présence d’un point d’eau dans chaque parcelle me fait gagner du temps ».Les lots n’évoluent guère durant la saison de pâturage. « On évite de les remanier. Le sevrage pour les vêlages d’automne se déroule fin juin. Les mâles sont vendus, les femelles rejoignent le lot de génisses. Je fais la même chose pour les veaux nés en hiver. Je crée également un petit lot de vaches de réforme à l’automne. Je pèse les génisses pour les mettre à la repro-duction quand elles atteignent au moins 450 kg à 21 mois, elles intègrent alors les lots des vaches. Le poids de carcasse des génisses vendues en label se situe autour de 420-430 kg »

Témoignage

Gérer seul un troupeau de 60 limousines

Réduire le nombre d’opérations d’allotement et le nombre de lots d’animaux à surveiller est source de gain de temps.

23MAI - JUIN 2011 - N° 54

Production fourragère

DOSSIER

Christian Veillaux – Chambres d’agriculture de [email protected]

Avis de l’éleveur

Grouper les vêlages permet de concentrer les interventions à réali-ser sur le troupeau (sevrage, écor-nage) à des moments précis. On peut mieux planifier les tâches et mieux s’organiser. Cela limite les remaniements au sein des lots.« Pendant les périodes de vêlages, je passe plus de temps à sur-veiller, notamment à l’automne. Les vaches vêlent dehors. Je leur réserve les parcelles les plus proches des bâtiments, pour pouvoir les rentrer en bâtiment.Si les animaux ont de l’herbe à volonté, on n’observe pas de com-pétition entre eux. L’introduction de nouveaux animaux dans le lot ne pose pas de soucis dans ce cas. Cela ne pénalise pas les crois-sances des génisses, même si elles ont des âges différents.J’apporte toujours un demi-seau de céréales au lot de génisses quand je vais les voir. Cela facilite le contact et je peux, toute seule, les changer de parcelles. »

A partir de ce témoignage et des conclusions de l’étude « Allotement, parcellaire et temps de travail en élevages allaitants au pâturage : état des lieux et pistes d’optimisa-tion », une fiche de solution a été élaborée dans le cadre du pro-gramme national Travibov piloté par l’Institut de l’élevage (P. Sarzeaud, S. Chauvat)Ces fiches solutions s’inscrivent dans une méthode de conseil sur le travail en élevages allaitants appelé Travibov. Les fiches fournissent des solutions à explorer pour faire face aux sur-charges de travail d’astreinte ren-contrées dans les ateliers bovins viande. Elles reposent sur deux avis croisés : celui des éleveurs qui ont testé puis adopté la pratique décrite et savent le mieux en parler, celui des techniciens qui peuvent pro-poser des conseils concernant les conditions de réussite de l’usage de cette pratique et de sa mise en œuvre.

Dossier de fiches Travibov

Domainetechnique N° Titre de la fiche

solution

Objectifs "travail" de l'éleveur Se

libérerdu temps quotidien

Selibérer

desjournées

Etreplus

efficace

Réduirela

pénibilité

Renforcerla

sécurité

Alimentation

A1 3-4 repas par semaine

A2 Rationcomplète

A3 La fabrique d'aliments

Gestion du troupeau

B1Caméra de vidéosurveillance

B2Surveillancedes vêlages par SMS

B3 Le box de vêlage

B4Parc de contentionmobile

B5 Contention en bâtiment

B6 Grouper les vêlages

B7 Allotementsimplifié

B8 Chien de troupeau

Paillage et gestion des déjections

C1Limiter les manipulationsde fumier

C2 La pailleuse

Divers E1

Se libérer de l'astreinte : remplacement organisé entre éleveurs

Ce dossier sera prochainement disponible sur le site de l’Institut de l’Elevage

Présentation des fiches par domaine technique et objectifs «travail» des éleveurs

guIDe PRAtIQue A DeStInAtIon DeS éLeveuRS

Produire avec de l’herbeDu sol à l’animal

Contacts

Chambre régionale d’agriculture de BretagnePôle HerbivoresRue Maurice Le Lannou – CS 74 22335042 RENNES CedexTél. 02 96 79 21 [email protected]

Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire9 rue André BrouardBP 70 51049105 ANGERS Cedex 2Tél. 02 41 18 61 [email protected]

Produireavec de l'herbeDu sol à l'animal

BRETAGNE PAYS DE LA LOIRE

GUIDE PRATIQUE DE L'ÉLEVEUR

avril 2011avril 2011

72 pages

Dans le guide «Produire avec de l’herbe», il y a aussi des pages spécifiques pour la production de viande bovine : part de l’herbe dans l’alimentation des vaches allaitantes, les repères de surfaces en vaches allaitantes et génisses viande, les repères de conduite des animaux viande, la complémentation des bovins viande...

Ce nouveau guide est le fruit d’une collaboration entre les Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, à laquelle ont également été associés l’INRA, l’Institut de l’Elevage, l’Union Bretonne des GDS et Bretagne Conseil Elevage. Il a reçu le soutien du RMT Prairies.

Disponible auprès de votre conseiller ou à com-mander auprès du Pôle Herbivores (20 €).

LES M tINaLES DE L’HERBE4 Rendez-vous techniquesQuelle que soit la part d’herbe de votreexploitation, il est important de bien lavaloriser pour en tirer tous les bénéfices.Des éleveurs témoignent sur leur conduiteet leurs pratiques au pâturage.Trois ateliers et un tour de parcelle surchaque exploitation pour répondre à vosquestions sur :- l’organisation du parcellaire du pâturage,- les stocks d’herbe pâturée,- la gestion des fauches,- le choix des espèces et des variétés,- etc.

En Ille-et-Vilaine

Le 31 mai à 10 h

Earl Tual à VisseicheGaec Le Sillon à Mordelles

Le 16 Juin à 10 h

Earl Roussel à St-Germain-en-CoglesStéphane Brizard à Bruz

CONTACT : Service HerbivoresChambre d’agriculture d’[email protected]él. 02 23 48 26 80

25MAI - JUIN 2011 - N° 54

système

PRoDuCtIon De vIAnDe BovIne en BRetAgne

11 systèmes types décritsL’observation des Réseaux d’élevage animés par les Chambres d’agriculture de Bretagne et l’Institut de l’Elevage, montrent les adaptations des systèmes d’élevage, face aux évolutions du contexte de la production. Un nouveau jeu de cas-types donne les principaux repères techniques et économiques en viande bovine qui pourront servir au conseil et à la prospective.

Le nouveau dossier de fiches cas-types comprend 11 systèmes de production qui diffèrent selon le type d’atelier (naisseur, nais-seur-engraisseur, engraisseur), la race et la conduite herbagère. Deux systèmes illustrent des sys-tèmes d’élevage en agriculture biologique, un système concerne l’élevage spécialisé dans l’en-graissement de taurillons. Par ailleurs, les fonctionnements d’exploitation sont adaptés aux conditions pédoclimatiques et plus particulièrement aux zones de pousse de l’herbe (carte). Les systèmes se distinguent ainsi par leurs différents niveaux d’inten-sification (de 1,4 à 2,3 UGB/ha en allaitant).

Les cas-types sont issus d’une expertise établie à partir de sui-vis en ferme qui intègre aussi les références issues de la recherche appliquée : études, résultats d’essais en fermes expérimen-tales. Les systèmes décrits ont une taille de troupeau comprise entre 55 et 72 vêlages. Les per-formances sont bonnes et consti-tuent des objectifs accessibles à la plupart des éleveurs (tableau).Des fiches spécifiques à chaque système présentent les logiques de fonctionnement : gestion des troupeaux (période de vêlage, mode de reproduction, régimes alimentaires et bilans fourragers, performances des troupeaux), l’utilisation des surfaces (ges-tion du pâturage et des surfaces fauchées, fertilisation), perfor-

mances économiques (contribu-tion au produit et au revenu, poids des principales charges, niveau d’actif) et évaluation envi-

ronnementale avec le bilan des minéraux et des consommations d’énergie.

Carte : carte régionale de la pousse de l’herbe en été

Source : Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne à partir de données de Météo France

En Bretagne, une grande diversité de systèmes

Des références pour chaque

système

26 MAI - JUIN 2011 - N° 54

système

Différentes façons d’atteindre un bon revenuCe dossier montre qu’il existe plusieurs façons de produire de la viande bovine et d’atteindre un revenu, tout en respectant les

besoins du marché et les enjeux environnementaux. Il s’agit avant tout d’optimiser la conduite ani-male afin d’atteindre un nombre suffisant de veaux sevrés et pro-duits. Les résultats économiques traduisent la bonne efficacité d’un système quelles que soient

les stratégies retenues. La part importante du cheptel dans l’ac-tif et donc le niveau d’actif reste un des points sensibles majeurs pour ces systèmes

Les 11 systèmes types

Système

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sseu

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lais

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Description des cas-types bovins viande

Ha SAU 85 75 75 75 70 85 65 75 65 75 75

Vaches-JB 70 68 69 58 51 70 69 68 67 69 125

UGB 120 120 120 103 94 135 131 134 133 135 62

Chargement (UGB/ha SFP) 1,60 1,88 1,74 1,45 1,44 1,71 2,15 1,95 2,30 1,95 3,30

UMO 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2 1,0

Résultats de reproduction des systèmes

Nombre de vêlages 72 72 72 65 55 72 72 72 72 72

Période de vêlages fin d’hiver automne Etalés automne Etalés fin d’hiver automne-printemps automne automne-

printemps Etalés

Age 1er vêlage (mois) 35 34 35 34 30 35 33 34 33 35

Intervalle vêlage-vêlage (j) 380 370 390 385 385 380 380 370 370 390

Taux de mortalité (%) 9 7 8 6 9 9 11 7 7 8

% de veaux sevrés 94 94 94 95 96 94 93 94 94 94

Production et poids des animaux vendus

Production de viande vive (kg vif) 33 410 35 130 33 970 27 850 22 850 45 750 50 260 44 400 47 450 47 710 53 300

kg vif/UGB 280 295 280 270 245 340 385 335 355 355 855

Pds de carcasse vaches de réforme (kg) 385 420 460 375 384 385 435 380 420 460 -

Pds vif broutards (kg) 330 350 300 325 - - - - - - -

Poids de carcasse taurillons (kg) - - - - 110 (*) 415 450 420 440 450 425

Résultats économiques

EBE (() 35 660 35 370 36 220 40 600 34 570 38 480 38 480 40 380 40 310 40 910 54 460

% EBE/PBT 35 31 30 39 35 32 30 30 31 28 31

Actif /UMO (k€) 271 357 319 301 272 261 281 304 266 316 302

% EBE /actif 13 10 11 13 13 12 11 11 13 11 18

* Poids de carcasse des veaux sous la mère

27MAI - JUIN 2011 - N° 54

Patrick Sarzeaud – Institut de l’[email protected]

La diversité des systèmes en Bretagne

En Bretagne, 2 300 éleveurs détiennent plus de 20 vaches allaitantes, soit 75 % des vaches allaitantes bre-tonnes. Selon le tableau de bord de l’ARSOE issu des données des EDE de Bretagne, ces élevages se répar-tissent entre les naisseurs, les naisseurs-engraisseurs et les élevages associant vaches laitières et vaches allaitantes. Ils sont 30 % à posséder une produc-tion hors-sol complémentaire (porcs ou volailles). Le nombre d’éleveurs de plus de 20 vaches allaitantes est constant depuis 8 ans et leurs troupeaux s’accroissent régulièrement : +15 % entre 2002 et 2010. L’élevage allaitant breton est remarquable par la diversité des conduites et des races employées, notamment : cha-rolais, limousin et blonde d’Aquitaine. Cette diversité permet aux éleveurs de s’adapter au contexte fourrager d’une part, et aux attentes du marché d’autre part. La production de jeunes bovins est principalement répar-tie entre les élevages naisseurs-engraisseurs et les élevages laitiers ayant un atelier complémentaire, mais une centaine d’exploitations demeurent spécialisées dans l’engraissement de jeunes bovins.

Répartition des élevages allaitants en Bretagne selon les types d’atelier et

les combinaisons de production.

Source Tableau de bord de l’ARSOE Bretagne

issu des données des EDE de Bretagne

Naisseurs29%

Naisseurs +Hors-sol

15%Naiseurs engraisseurs

Naiseurs engraisseurs

17%

+ hors-sol9%

Lait et Bovinallaitants

23%

Lait-viande et Hors sol

7%

Contacts : • Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne :

A. Guillaume (56) - T. Offredo (22) - C. Veillaux (35) - R. Barré (29) • Institut de l’Elevage : P. Sarzeaud

Cas types naisseur-engraisseur charolais herbager

28 MAI - JUIN 2011 - N° 54

Filière

JeuneS BovInS BRetonS De RACe à vIAnDe

1 sur 3 correspond à la demandeEn Bretagne, la production de jeunes bovins de race à viande et croisés viande, représente environ 60 % des jeunes bovins produits. Toutefois, en dehors des débouchés particuliers, ils ne satisfont pas pleinement aux attentes de la filière d’abattage par rapport aux besoins du marché.

eulement un jeune bovin de race à viande sur trois correspond au mar-

ché. Les autres sont soit trop âgés, soit trop lourds. Les plus âgés sont techniquement moins performants. Une situation qui semble figée depuis plusieurs années et pourtant, des marges de progrès importantes existent. La recherche d’un poids maxi-mum de vente n’est pas un indi-cateur absolu de rentabilité. Il faut aussi tenir compte des coûts de production. Suite au constat de l’inadéqua-tion entre l’offre de jeunes bovins et la demande du marché, une étude a été engagée par le Pôle Herbivores des Chambres d’agri-culture de Bretagne. Elle consiste à réaliser un état des lieux de la production et à dégager les éléments d’explication (effet éle-vage, système de production, génétique…) de l’alourdissement des carcasses. Dans cet article, nous présentons les résultats de l’état des lieux de la production de jeunes bovins de race à viande, réalisé sur les 5 dernières années de 2006 à 2010. Les données sont issues de l’IPG (identification

pérenne et généralisée, EDE et ARSOE de Bretagne) et des don-nées d’abattage répertoriées par INTERBOVI Bretagne. L’analyse est réalisée sur 175 000 animaux abattus entre 10 et 24 mois, soit environ 65 % des jeunes bovins de race à viande et croi-sés viande produits en Bretagne. Dans cet échantillon, la race limousine représente 32 % de l’effectif, la charolaise 31 %, la blonde d’aquitaine 19 %, les croisés près de 15 % et les autres races à viande (3 %), dont la moitié de salers.

Plus de 20 mois à la venteLes jeunes bovins sont vendus à plus de 20 mois en moyenne. Seulement 20 % le sont entre 17 et 19 mois et près de 55 % le sont après 20 mois. Une grande partie

de ces animaux trop âgés est plus difficile à valoriser. En effet, avec l’âge, les animaux subissent une modification de leur morpholo-gie (développement de l’avant, du collier) et la couleur de leur

viande s’accentue. Rappelons que pour ces raisons, les opéra-teurs de la filière sou-haitent des animaux plus jeunes, âgés au maximum de 19 mois.Les jeunes bovins abat-

tus entre 10 et 14 mois sont peu nombreux (moins de 0,5 % en charolais et salers, 1,5 % en limousin et 2,8 % en blond d’Aquitaine).

Une carcasse sur trois conformeEn moyenne sur cet échantillon, les poids de carcasse sont satisfai-sants, 428 kg en limousin, 433 kg en charolais, 445 kg en blond d’aquitaine et 412 kg en salers.

En Charolais et Limousin, 44 % des carcasses font plus de 440 kg (moyenne 472,5 kg à 20,5 mois)

Des animaux trop âgés ou

trop lourds

Graphique 1 : Dispersion des poids de carcasse suivant les races

Des animaux abattus lourds, mais surtout trop âgés, 55 % le sont après 20 mois.

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

200-

220

220-

240

240-

260

260-

280

280-

300

300-

320

320-

340

340-

360

360-

380

380-

400

400-

420

420-

440

440-

460

460-

480

480-

500

500-

520

520-

540

540-

560

560-

580

580-

600

>600

limousinCharolaisBlond AquitaineSalers

% d'animaux

poids de carcasse (kg)

29MAI - JUIN 2011 - N° 54

Alain Guillaume – Chambres d’agriculture de [email protected]

Toutefois, il y a une très grande variabilité au sein de chaque race comme le montre le graphique 1. En race charolaise et limousine, 25 % des carcasses font moins de 400 kg et 44 % ont un poids supérieur à 440 kg. En blond d’aquitaine, 30 % des carcasses ont un poids inférieur à 420 kg et 40 % supérieur à 460 kg. En salers, 24 % des carcasses font moins de 380 kg et 43 % plus de 420 kg. En charolais et limousin, les 44 % des carcasses supérieures à 440 kg pèsent en moyenne 472,5 kg. En blond d’aquitaine, les 40 % des carcasses de plus de 460 kg font en moyenne 496 kg. En salers, les 43 % des carcasses de plus 420 kg et font en moyenne 453 kg. Quelle que soit la race, en dehors des débouchés particuliers, seu-lement une carcasse sur trois cor-respond au poids souhaité par la filière : entre 400 et 440 kg en race limousine et charolaise, 420 à 460 kg en blonde d’aquitaine et 380 à 420 kg en salers.

Les plus âgésEntre 18 et 22 mois d’âge à l’abattage, les poids de car-casse des jeunes bovins diffèrent peu pour les races à viande : limousine, charolaise et blonde d’aquitaine. L’écart de poids de carcasse n’est que de 8 à 10 kg en

moyenne pour 4 mois de plus. A 22-23 mois, les jeunes bovins sont plus légers et à 23 mois les poids de carcasses sont inférieurs de 12 à 16 kg en moyenne à ceux des animaux vendus à 18 mois. Finalement, plus les jeunes bovins sont âgés à l’abattage et moins ils sont performants

techniquement. Le graphique 2, présentant en race charolaise, l’évolution des poids de carcasse et des croissances (exprimées en gain de poids de carcasse par jour de vie) illustre bien les moindres performances des animaux plus âgés. Ceci se vérifie également pour les autres races.

Peu d’évolutionSur ces 5 années étudiées, pour une même race, les caractéris-tiques des carcasses (poids, conformation et état d’engraisse-ment) et l’âge moyen des jeunes bovins, sont assez comparables d’une année à l’autre (tableau). La seule chose notable, pour toutes les races, est la baisse du poids des carcasses d’environ 10 kg en 2008, pour un âge à l’abattage assez comparable. Ceci résulte probablement d’une baisse des apports de concentrés suite à l’envolée des prix des matières premières en 2007. En 2010, on assiste à un retour au niveau de 2006 et 2007 pour les poids de carcasse avec une tendance au vieillissement des animaux

Evolution de la production de jeunes bovins entre 2006 et 2010

Race 2006 2010

Limousin

Nombre d’animauxPoids carcasse (kg)Age moyen (mois)% carcasse de + 440 kg

8 399428,320,241,3

12 684427,720,544,0

Charolais

Nombre d’animauxPoids carcasse (kg)Age moyen (mois)% carcasse de + 440 kg

8 771434,219,845,5

11 507437,420,250,2

Blond d’aquitaine

Nombre d’animauxPoids carcasse (kg)Age moyen (mois)% carcasse de + 460 kg

5 455448,719,341,4

7 238449,220,043,5

Salers

Nombre d’animauxPoids carcasse (kg)Age moyen (mois)% carcasse de + 420 kg

313409,921,040,3

769412,221,242,7

En 2010, le poids moyen des carcasses est comparable à celui de 2006, toutefois le pourcentage de carcasse lourde augmente sensiblement.

Graphique 2 : Evolution des poids de carcasse et des gains de poids de carcasse en fonction de l’âge des jeunes bovins charolais.Quelle que soit la race, un jeune bovin sur deux a un niveau de performances tech-niques insuffisant.

424

441444442439435

429421408

300

400

500

600

700

800

900

1000

15-16 16-17 17-18 18-19 19-20 20-21 21-22 22-23 23-24200

250

300

350

400

450

500

classe d'âge (mois)

poids de carcasse (kg)

Croissance carcasse (g/j vie)

6,52,8 10,7 13,8 15,2 13,3 11,9 10,4 13,9% Jb

30 MAI - JUIN 2011 - N° 54

alimentation conduite

ALouRDISSeMent DeS JeuneS BovInS LIMouSInS

Ne rime pas avec meilleures margesPour beaucoup d’éleveurs, l’alourdissement des carcasses est synonyme de meilleure rentabilité. L’essai, réalisé à la station de Mauron, confirme l’incidence de l’alourdissement sur l’évolution des performances techniques. Il permet surtout d’en chiffrer l’incidence économique. Aujourd’hui, on peut affirmer que l’alourdissement n’assure pas systématiquement une meilleure marge.

eux bandes de 28 brou-tards âgés de 7,5 mois sont rentrés à la sta-

tion de Mauron en octobre 2008 et 2009 à un poids moyen de 300 kg. Après une phase d’adaptation d’un mois, chaque bande a été répartie en 2 lots homogènes. Un lot témoin est engraissé pour un objectif de poids de carcasse de 425 kg. L’autre a pour objectif de produire des carcasses d’un poids supérieur de 50 kg afin de mesurer l’incidence de l’alour-dissement sur les performances animales et sur les qualités des carcasses produites. Les deux lots sont alimentés à l’identique avec une ration d’ensilage de maïs dis-tribué à volonté et complémenté par 1,2 kg de tourteau de soja 48, 2 kg de blé aplati et 150 g d’ali-ment minéral vitaminé.

alourdir : une chute des croissances …Après une durée d’engraissement de 274 jours, le lot témoin « lot 425 kg » a produit à 16,5 mois des carcasses d’un poids moyen de 425,3 kg. Au cours de la phase d’engraissement, la croissance est en moyenne de 1407 g par jour. Elle atteint 1 500 g en début d’engraissement puis baisse régulièrement à partir du milieu de l’engraissement pour finir à 1 220 g par jour sur la dernière période en fin d’engraissement. Le lot « 475 kg » a produit 478,5 kg de carcasse à 19,3 mois, après 359 jours d’engraissement. Il a eu une croissance identique au lot « 425 kg » de la mise en lot au départ des premiers animaux (1 430 g/j contre 1 410 g, diffé-rence non significative). Ensuite,

elle baisse régulièrement. Du poids vif de 684 kg (poids à l’abattage du lot « 425 » kg) au poids à l’abattage de 768,8 kg du lot « 475 kg », la croissance moyenne est de 1 010 g.Sur l’ensemble de la phase d’engraisse-ment, l’écart de crois-sance est de 89 g/jour entre les deux lots : 1 318 g par jour pour le lot « 475 kg » contre 1 407 g pour le lot « 425 kg ».

Un indice de consom-mation dégradéPour produire 84,8 kg de poids vif supplémentaire, les jeunes bovins du lot « 475 kg » ont consommé : 532 kg de MS de maïs ensilage, 168 kg brut de blé, 102 kg brut de tourteau de soja 48 et 13,5 kg d’un aliment minéral (4-26-5) de plus que le lot « 425 kg ».Sur les 84 jours d’engraissement

supplémentaire, le lot « 475 kg » a consommé en moyenne de 9,15 kg de MS par jour. Dans le même temps, il a réalisé une croissance de 1 010 g par jour. Ceci se traduit par une très forte

dégradation de l’in-dice de consomma-tion (figure 1) qui atteint 8,29 UFV par kg de gain de poids vif sur cette période.En moyenne sur l’en-

semble de la période d’engraisse-ment, l’alourdissement se traduit par une augmentation moyenne du niveau d’ingestion de la ration journalière (8,35 kg de MS par jour contre 8,05 kg pour le lot « 425 kg »). Cet accroissement du niveau d’ingestion combiné à une baisse des croissances a entraîné une dégradation de l’indice de consommation (6,20 UFV/kg de gain contre 5,42 pour le lot « 425 kg »).

Figure 1 : Evolution de l’indice de consommation de chaque lot

L’indice de consommation se dégrade fortement en fin d’engraissement après 640 kg vif

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

6,00

7,00

8,00

9,00

0 50 100 150 200 250 300

Lot 425 kgLot 475 kg

Durée : mise en lots - abattage (jour)

UFV

/kg

gain

Pas systématiquement

rentable

31MAI - JUIN 2011 - N° 54

Alain Guillaume – Chambres d’agriculture de [email protected]

Plus lourds, classement identiqueLe lot « 425 kg » a produit des carcasses de 425,3 kg contre 478,5 kg pour le lot « 475 kg ». Le rendement en carcasse est identique dans les deux lots. La conformation (U=/U-) et l’état d’engraissement (3-/3=) des carcasses sont également iden-tiques. Dans cet essai, l’alour-dissement des animaux n’a pas modifié les caractéristiques des carcasses.

Economiquement : pas toujours payantL’analyse économique de l’inci-dence de l’alourdissement peut se chiffrer rapidement à partir d’un budget partiel. Dans ce cas, on déduira du produit supplé-mentaire lié à l’augmentation du poids de carcasse, les charges correspondantes (alimentation, frais d’élevage, frais financiers, charge de mécanisation…) et la « perte » de marge sur la sur-face supplémentaire nécessaire à cet alourdissement. Le niveau de marge potentiellement réalisable sur cette surface supplémentaire pourra varier selon son utilisa-tion (viande bovine, blé, colza…) Dans l’exemple (tableau 1), nous

avons retenu l’hypothèse d’une valorisation de la surface supplé-mentaire en blé à 70 Qtx/ha et vendu 180 €/t. Cette approche montre que l’incidence écono-mique de l’alourdissement des carcasses dépend avant tout du rapport de prix de vente du kilo de carcasse et du niveau de marge dégagé sur la surface sup-plémentaire et, dans le cas pré-sent, du prix du blé. Plus le prix des céréales est élevé et moins l’alourdissement est économi-quement intéressant. Pour un prix de vente du kilo de carcasse de 3,5 €, l’intérêt de l’alourdisse-ment est nul à un prix de vente

des céréales de 180 €/t (marge de 950 €/ha) (tableau 2).A l’échelle du système de pro-duction, l’analyse économique doit aussi tenir compte de l’écart de produit lié au mar-ché. L’alourdissement entraîne un décalage des ventes dans le temps qui engendre générale-ment un écart de valorisation de l’ensemble de la carcasse selon l’évolution des prix. Lorsque la vente des jeunes bovins coïncide avec une évolution haussière des prix de vente, l’alourdissement est économiquement intéressant. C’est le cas des jeunes bovins nés en fin d’hiver et au printemps. A l’inverse, lorsque la sortie des ani-maux correspond à une période de baisse des prix, l’alourdisse-ment n’est jamais intéressant au regard de l’évolution des prix de vente de ces dernières années, c’est le cas des jeunes bovins nés à l’automne. Une fois de plus, cette analyse montre que, dès la mise en engraissement, la planification de la sortie des jeunes bovins et la définition des objectifs de conduite sont incontournables. La filière a aussi ses propres exi-gences face au marché, l’éleveur doit en tenir compte

Tableau 1 : Incidence économique de l’alourdissement

Quantité Prix (€) Total (€)

Produit/Jeune bovin kilo carcasse 53 kg 3,5 185

Charges/Jeune bovin dont :maïs fourrage (525 kg MS)céréales (167 kg)tx soja 48 AMVpailledivers structure (eau, frais fin. méca)

0,05 ha0,02 ha100 kg13,5 kg295 kg

4805100,350,55

0,045

1202212357

1033

Marge blé en moins (70 Qx/ha, 180 €/t) 0,07 ha 950 65

Solde par Jeune bovin 0

Tableau 2 : Incidence économique de l’alourdissement par jeune bovin, selon les prix du kilo de carcasse et des céréales

Prix des céréales (€/T)

140 170 200 230

Prix/kilo de carcasse (€)

3,30 + 9 - 6 - 20 - 35

3,50 + 20 + 5 - 9 - 24

3,90 + 30 + 16 + 1 - 13

L’alourdissement n’assure pas systè-matiquement une meilleure marge

Le calcul ne prend pas en compte l’évolution des cours de la viande liè au décalage des ventes

32 MAI - JUIN 2011 - N° 54

Pierrick Messager – Bretagne Bovins [email protected]énétique

InDex IBovAL

De nouvelles informationsL’évaluation IBOVAL concerne les vaches allaitantes, elle a fait l’objet l’an passé de nombreux changements concernant tous les groupes de caractères évalués (naissance, croissance et morphologie). Les modifications intégrées permettent de publier des index et des CD à la fois plus fidèles à la réalité de la collecte des généalogies et des performances.

uite au constat fait d’une hétérogénéité des per-formances au sevrage

entre mâles et femelles, chaque troupeau est désormais compo-sé de deux groupes distincts en fonction du sexe des animaux. L’intégration du sexe dans l’effet « cellule » a permis de réduire de moitié les différences observées entre sexes.

La taille minimale d’un groupe de conduite, pour un effet milieu homogène, a été abaissé de 5 à 2. On peut constituer des groupes de conduite à partir de deux ani-maux, à condition qu’ils soient de même sexe. Les groupes de conduite sont à constituer lorsque les animaux sont conduits diffé-remment.

« Finesse d’os au sevrage » La grosseur des canons n’est plus comprise dans la note de synthèse du développement squelettique et donc dans l’in-dex correspondant (DSsev). Cet indicateur de morphologie fait à présent l’objet de la publication d’un index à part entière : la Finesse d’os au Sevrage (FOSsev). Plus les canons sont fins, plus la valeur de l’index finesse d’os est élevée. Bien que cet index soit placé entre le DSsev et l’ISEVR, il n’est pas intégré dans l’ISEVR, même indirectement. En consé-quence le DSsev des reproduc-teurs à canons fins (qui ont par ailleurs un index FOSsev élevé) augmente.

Plus la note de pointage « gros-seur des canons » est faible, plus les canons sont fins.

Index post-sevrage Le CRpsf correspond à la capa-cité de croissance post-sevrage en ferme des femelles. Cet index traduit l’aptitude au gain de poids pour une production de génisses, du sevrage à l’âge de deux ans.L’index CRpsf est publié pour les femelles à partir des poids âge type calculés à 12, 18, 24 mois.Peser les génisses deux fois par an au printemps et à l’automne

permet d’acquérir ces nouveaux index. De plus, les pesées sont un excellent moyen de suivre le troupeau de renouvellement et ainsi adapter la conduite en rap-port aux objectifs.

Données d’abattage de JB en ferme IABjbf est l’index de synthèse Aptitudes Bouchères sur une production de jeunes bovins en ferme. Il traduit les aptitudes à la production de taurillons en ferme (croissance et conformation des carcasses), pondérées selon leur importance économique respec-tive. Cette année marque une nouvelle étape de diffusion avec l’intégration du niveau génétique des ascendants (pères et mères), que l’élevage engraisse des tau-rillons ou pas. Les données d’abattage poids de carcasse et classement doivent être renseignées dans la base génétique. Pour la majorité des animaux, la procédure mise en place avec Interbovi renseigne automatiquement la base

Les nouveaux index apparaissent sur le volet de synthèse.

33MAI - JUIN 2011 - N° 54

es données traitées concernent des chep-tels moyens de 46 à 68

vaches selon la race, qui peuvent être considérés comme spéciali-sés. Les performances de repro-duction sont améliorables. Le critère « % Productivité globale moyen » exprimé par le rap-port « nombre de veaux sevrés/effectif moyen de vaches pré-sentes » témoigne d’environ 20 % d’écarts entre la moyenne des élevages et le quart supérieur, ceci quelles que soient les races.Ces différences laissent entrevoir des pertes économiques pour bon nombre d’éleveurs.Pour les quarts supérieurs, le nombre de veaux morts se limite au environ de 7 %. Surveillance, choix adapté des reproducteurs, conduite alimentaire maîtrisée, sont les facteurs de réussite.

Renouvellement et reproductionLes résultats nationaux montrent que, dans tous les cas, les quarts supérieurs témoignent de taux de renouvellement plus élevés.En choisissant de conserver plus de génisses pour le renouvelle-ment, les éleveurs améliorent la productivité de leur cheptel. Ils peuvent ainsi éliminer plus faci-lement les vaches vides, syno-nymes d’animaux improductifs, limiter la vente de vaches trop âgées souvent difficiles à engrais-ser et de fait moins bien valo-risées. Elever suffisamment de génisse permet également de profiter du progrès génétique.

Un fort potentiel de croissanceLes croissances des veaux ont

été également observées. On constate des gains moyens quo-tidiens 0-210 jours proches de 1 200 g pour les mâles et légère-ment supérieurs à 1 000 g pour les femelles. Ces performances permettent la production de broutards de bonne qualité approchant ou dépassant les 300 kg à 7 mois en race blonde et charolaise.

Les jeunes bovins recensés dans la base sont vendus jeunes et lourds. Les performances sont de très bons niveaux, supérieurs à 1 300 g voire 1 400 g pour les blonds d’aquitaine. Cette race se démarque également avec un âge à l’abattage très précoce.Ces résultats témoignent du fort potentiel de croissance de nos grandes races bouchères

Pierrick Messager – Bretagne Bovins [email protected]

conduite d’élevage

FRAnCe BovInS CRoISSAnCe en ChIFFReS

Charolaise, Limousine, BlondeLa fédération France Bovins croissance a initié l’an passé, en collaboration avec l’Institut de l’Elevage, un traitement informatique des différentes données de ses adhérents allaitants. Parmi les races, Charolaise, Limousine et Blonde d’Aquitaine, plus de 9 000 élevages ont été pris en compte.

Tableau 1 : Résultats par race en campagne 2009 Charolaise Limousine Blonde

d’Aquitaine

Croissances Mâles Sevrage

Poids âge type moyen à 210 j (kg) 295 277 294

GMQ moyen entre 0 et 210 j (g/j) 1177 1117 1174

Croissances Femelles Sevrage

Poids âge type moyen à 210 j (kg) 263 251 268

GMQ moyen entre 0 et 210 j (g/j) 1 036 1 000 1 063

Performances mâles abattage

Nbre de mâles > 1 an 5 186 1 773 948

Age des mâles > 1 an 510 504 435

Poids carcasse des mâles > 1 an 433 413 398

GMQ naissance-abattage des mâles > 1 an (g/j) 1 388 1 333 1 461

Tableau 2 : Performances de reproduction de la race charolaise

Résultats campagne 2009 Charolaise Quart supérieur

Nombre de cheptels 3 865 966

Effectif moyen de vaches présentes 68 60

% primipares 25 30

Age moyen au 1er vêlage (mois) 34,2 34,9

% Mortalité avant sevrage 11 7

% Productivité globale moyenne 92,3 110,7

% de veaux nés d'IA 32 40

IVV moyen troupeau (j) 391 383

IVV moyen des multipares (j) 385 378

IVV moyen 1er - 2eme vêlage (j) 408 397

34 MAI - JUIN 2011 - N° 54

QuALIté DeS LIPIDeS De LA vIAnDe BovIne

Supplément lipidique en finition Chez les ruminants, les lipides apportés par la ration alimentaire sont fortement modifiés par la flore du rumen. Toutefois, la nature des lipides apportés, ainsi que la ration de base des animaux influencent ce phénomène et, au final, la composition en acides gras de leur viande.

Qualité des produits

es lipides sont des déter-minants importants des qualités nutritionnelles

et sensorielles des viandes, par la quantité déposée, leur com-position en acides gras et leur stabilité vis-à-vis de la peroxy-dation. L’essai réalisé à la station expérimentale de Mauron, avait pour objectif de mesurer l’impact de différents apports de matières grasses dans l’alimentation des gros bovins sur les qualités nutri-tionnelles et sensorielles de leur viande.32 génisses blondes d’Aqui-taine de 28 mois ont été ali-mentées avec une ration de base constituée de concentré (blé, maïs grain, pulpe de betteraves, luzerne, tourteau de soja, alim-ment minéral vitaminé) et paille. Elles ont été réparties en quatre lots de 8 et ont reçu pendant 98 jours de finition, 3,5 kg d’un des 4 concentrés expéri-mentaux suivants :- un concentré témoin sans apport de lipides supplémentaires,- un concentré à base de graine de lin extru-

dée (50 %), riche en acides gras polyinsa-turés oméga 3,- un concentré à base de graines de lin (16 %) et de colza (29 %) extrudées,

riche en acides gras monoinsatu-rés et secondairement en acides gras polyinsaturés oméga 3,- un concentré à base de palmi-tostéarine (17 % – fraction satu-rée de l’huile de palme), riche en acides gras saturés (C16:0 et C18:0) et a priori « défavorable » sur le plan nutritionnel.Ce sont ainsi environ 650 g de lipides qui ont été apportés quotidiennement aux animaux par les suppléments lipidiques « lin », « lin + colza » et « pal-mitostéarine », soit 4,5 % de la matière sèche ingérée.

Des performances comparablesSur la phase expérimentale, les croissances ont été com-parables entre les régimes tes-

Une modulation des acides gras

de la viande

Partenaires Chambres

d’agriculture de Bretagne,

Institut de l’Elevage, INRA,

avec le sou-tien financier de l’Agence

Nationale de la Recherche (programme

Lipivimus)

Avec des vaches normandes

Ce dispositif a également été réalisé avec un génotype plus gras, des vaches de réforme normandes en finition. L’effet de la nature de la ration de base a été étudié dans le même temps 24 vaches étaient alimentées avec la même ration de base que les génisses blondes d’Aquitaine (concentré + paille) et 24 vaches étaient alimentées avec une ration à base d’ensilage de maïs et de concen-tré. Globalement, les résultats concernant la composition en acides gras du faux-filet des vaches normandes sont comparables à ceux obtenus sur les génisses blondes d’Aquitaine. Toutefois, les viandes obtenues étant un peu plus grasses (3,4 % de lipides), l’apport de lin dans la ration s’est traduit par une teneur un peu plus faible en C18:3 n-3 (1,4 %) mais une quantité de C18:3 n-3 un peu plus élevée au final (39 mg/100 g). Avec la ration « ensilage de maïs + concentré », les teneurs en acides gras saturés ont été légèrement supérieures à celles mesurées dans les rations « concentré + paille » au détriment des acides gras polyinsaturés.

(Voir également Cap Elevage n° 45 – Juin 2010).

Trois supplémentations lipidiques (lin extrudé, lin + colza extrudés, palmitostéarine) ont été comparées à un régime

céréales-soja sur des génisses blondes d’Aquitaine en finition

35MAI - JUIN 2011 - N° 54

Jérôme Normand – Institut de l’Elevage Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de Bretagne

Dominique Bauchart – INRA [email protected] ; [email protected] ; [email protected]

tés, les écarts mesurés n’étant pas significatifs. Les poids vifs moyens à l’abattage des 4 lots ont oscillé entre 685 et 705 kg et les croissances sur la période expérimentale entre 1 600 et 1 700 g/j (tableau 1). Dans cet essai, il semblerait que la supplé-mentation lipidique relativement importante des lots « lin », « lin + colza » et « palmitostéarine » n’ait pas perturbé le métabolisme ruminal et la valorisation de la ration par les animaux. Elle n’a pas non plus permis des crois-sances supérieures à celles du lot « témoin », les régimes étant isoénergétiques et isoazotés.Abattues à 31 mois, ces génisses ont produit des carcasses de 412 kg en moyenne, classées U-/U= en conformation et en grande majorité 3= en état d’engrais-sement. Aucun effet significatif des différentes supplémentations lipidiques n’a été observé sur les caractéristiques des carcasses de ces animaux. Tout juste, peut-on noter que les gras d’abat-tage (gras de bassin, de rognons et d’émoussage) ont été un peu plus réduits dans le lot « palmi-tostéarine » que dans les autres lots, sans toutefois que cet écart ne soit significatif. L’apport de lipides dans la ration n’a pas eu non plus d’effet sur le marbré, le persillé ou la couleur de la viande de ces animaux. La teneur en lipides du faux-filet s’élevait en moyenne à 2,1 % du poids frais.

5 fois plus d’oméga 3 Avec l’apport de graine de lin extrudée dans la ration, la teneur en acide ∝-linolénique (C18:3 n-3, principal acide gras oméga 3) du faux-filet a été mul-tipliée par presque 5, passant de 0,6 % des acides gras totaux

dans le lot « témoin » à 2,9 % dans le lot « lin » (tableau 2). Avec l’apport du mélange lin + colza extrudé, la teneur en C18:3 n-3 a été multipliée par un peu plus de 2 (1,4 % des acides gras totaux). L’apport de lin a conduit à une teneur moyenne de 33 mg de C18:3 n-3 pour 100 g de faux-filet contre 10 mg dans le lot « témoin ». L’augmentation mesurée reste relativement éloi-gnée du seuil de 300 mg de C18:3 n-3/100 g qui permet de bénéfi-cier de l’allégation nutritionnelle « source d’acides gras oméga 3 ». Par ailleurs, les nutritionnistes préconisent que le rapport C18:2 n-6 / C18:3 n-3 soit inférieur à 5. Dans cet essai, l’apport de « lin » ou de « lin + colza » a permis de produire des viandes répondant à cette préconisation, le rapport étant de 10 dans le lot « témoin » pour 2,6 dans le lot « lin » et 3,8 dans le lot « lin + colza ».

En comparaison d’un menu « céréales-soja », malgré sa richesse en acides gras saturés, notamment en acide palmitique (C16:0) défavorable à la santé de l’homme, l’apport de palmitos-téarine dans la ration a très peu modifié la composition en acides gras du faux-filet. Des essais précédents ont mon-tré qu’une complémentation avec du lin extrudé tend à se rapprocher d’un régime herbe, en ce qui concerne la qualité des acides gras.La supplémentation lipidique des animaux n’a pas eu d’effet sur les qualités gustatives de la viande. Les problèmes de flaveur (goût de poisson, rance) qui sont par-fois rencontrés lors de l’enrichis-sement des viandes en oméga 3, n’ont pas été rencontrés sur les faux-filets de ces génisses

Tableau 1 : Performances, bilan de consommation et résultats d’abattage

Témoin Lin Lin + Colza

Palmitos-téarine

Poids début d’essai (kg) 538 529 541 528

Poids abattage (kg) 694 688 705 685

Age à l’abattage (mois) 31,1 31,8 30,6 30,5

Note d’état corporel abattage 2,8 2,9 2,8 2,8

Croissance (g/j) 1 606 1 635 1 693 1 607

Poids de carcasse (kg) 410 411 420 410

Conformation U-/U= U-/U= U-/U= U-

Etat d’engraissement 2,8 2,9 2,9 2,5

Gras d’abattage (kg) 13,2 13,0 13,1 9,5

Gras d’abattage (% pds carc.) 3,1 3,1 3,1 2,3

Bilan alimentaire (kg brut/j)

Concentré de production 6,6 6,6 6,5 6,6

Concentré expérimental 3,3 3,3 3,3 3,0

Paille 1,5 1,7 1,9 2,2

Tableau 2 : Composition en acides gras du faux-filet (% acides gras totaux)

Témoin Lin Lin + colza Palmitostéarine

C16:0 24,1 21,6 22,2 24,2

C18:0 12,7 12,8 13,2 14,8

C18:3 n-3 0,6 2,9 1,4 0,6

C18:2 n-6 / C18:3 n-3 10,0 2,6 3,8 12,2

Pas de différence significative entre les 4 régimes testés

La teneur en C18:3 est multipliée par 5 avec le «lin» et par 2 avec le «lin + colza»

36 MAI - JUIN 2011 - N° 54

ItALIe Du noRD

Le pays du jeune bovinAdossée à la culture de maïs, la production de jeunes bovins nord-italienne se démarque par une politique de qualité et une bonne organisation. L’Italie est cependant confrontée à des hausses de coûts et à une pression forte des importations. Elle doit s’adapter et, avec elle, la production de broutards et de jeunes bovins français.

découverte

ans la plaine du Pô, la culture du maïs profite à merveille du climat,

de l’eau et de la chaleur à pro-fusion. L’eau est acheminée par les canaux depuis la montagne et permet d’irriguer les parcelles par immersion, deux heures par quinzaine. Avec 25 tonnes de matière sèche à l’hectare, le maïs n’est pas prêt d’être remis en cause malgré la monoculture, l’arrivée de la chrysomèle et les contraintes environnementales plus fortes. L’Italie est soumise aussi à la règle des 170 unités d’azote organique à l’hectare.Encouragés par une demande exclusive de viande claire et la recherche d’une baisse des prix de revient, les Italiens achètent les broutards ayant les meilleurs potentiels de croissance et apti-tudes bouchères. Les animaux sont abattus jeunes, entre 400 et 450 kg de carcasse. Quelques tentatives avec du broutard moins cher ont bien été tentées par le passé, mais le résultat n’a pas été satisfaisant.

Blonde d’aquitaine et Piémontaise M. Panéro, président du groupe-ment Asprocarne dans la région du Piémont a beaucoup insisté sur la qualité du broutard français et souligné l’importance pour lui de trouver une mar-chandise bien triée, avec des « animaux courts et larges » portant de la viande dans le dessus et les arrières. Les ache-teurs privilégient les animaux

bien conformés, très fins d’os, promis aux meilleurs rendements commerciaux (poids de carcasse sur poids vif et poids de viande

nette commerciali-sée sur carcasse). Ces meilleurs animaux blonds et piémontais bénéficient de prix rémunérateurs allant sur le marché local de 2,8 à 3,15 euros HT

par kg vif (en octobre 2010).

Charolais et limousins Plus à l’est de l’Italie dans la plaine du Pô, les charolais sont majoritaires. Ici aussi, les engrais-seurs privilégient des broutards avec du potentiel de croissance. Mr Oldrini, Directeur de Agricola Marchesina près de Milan, a insisté fortement sur les perfor-mances en engraissement et sur la nécessité d’atteindre un GMQ de 1 400 g par jour. Selon lui, une phase de pré-engraissement jusque 400 à 500 kg (transition alimentaire et vaccinations effec-tuées en France) est l’une des clés

Un marché très segmenté

25 tonnes de maïs ensilage par hectare

La famille Panéro produit 1 500 jeunes bovins par an

En octobre 2010, un groupe

d’éleveurs et d’étudiants du Finistère s’est rendu en Italie du Nord pour

découvrir la filière jeune

bovin.

L’Italie achète les meilleurs broutards

37MAI - JUIN 2011 - N° 54

Raymond Barré – Chambres d’agriculture de [email protected]

de cette réussite. La société fami-liale produit actuellement 10 000 bovins par an sur cinq sites, dont un situé en France.

Besoin de cours élevés Une consommation juste stabili-sée et une concurrence forte des viandes étrangères ont affaibli la production italienne de jeunes bovins. Ainsi, le nombre de brou-tards importés est passé de plus de 1 million de têtes voici une dizaine d’années, à 700 000 en 2009. Le déficit net de viande bovine atteint par ailleurs près de 350 000 tonnes, soit 40 % des besoins du pays. Dans ce contexte, chacun a bien cherché à démarquer son offre dans des circuits de distribu-tion identifiés : origine Italienne si sept mois de présence, haut de gamme pour le blond et le piémontais pour la boucherie de détail, viande non OGM et charte de qualité pour la grande surface… Ces démarches ont été renforcées par les aides de la CEE et par l’article 68 (40 à 50 euros par tête ) moyennant une durée de présence de sept mois en Italie. Malgré ces efforts, la vérité du marché européen a pesé sur les cours. Ainsi, en semaine 4 en 2010, le marché du jeune bovin U en catégorie 1 à Modène affichait 4 euros HT du kg de carcasse et seulement 3,3 € HT en semaine 30. A ce stade, les coûts de pro-duction ne sont pas couverts et déjà certains producteurs nous ont dit vouloir réduire les sorties d’animaux pendant la saison esti-vale, phénomène amplifié depuis avec la hausse des matières pre-mièresEt avec un foncier rare et une concurrence forte avec les autres productions (lait parme-san, vigne, arboriculture, maraî-chage, hors sols…), l’agriculture pourrait bien faire sa mutation. Déjà les projets dans les sec-teurs de l’énergie (biogaz, pho-tovoltaiques… ) fleurissent. La production de jeunes bovins en Italie a bien besoin aussi de cours élevés pour résister…

Des idées ramenées en BretagneLe groupe en déplacement en Italie a tenté de tirer quelques enseignements pour l’élevage breton. On sait que les marchés évoluent rapidement. Ces pré-visions seront donc à analyser selon les évolutions de contexte et selon ses propres contraintes d’exploitation.Plus de un broutard sur trois en France est destiné au mar-ché Italien. Pour conserver ces parts de marché, le message aux élevages naisseurs est simple. Les broutards doivent avoir du potentiel de croissance, être conformés, écornés si possible, alimentés sans OGM pour cer-tains débouchés, quelque fois repoussés jusque 400 kg avec à la clé une batterie de vaccinations : RSV, BVD, pasteurellose, IBR selon les zones de production, FCO sur toute la France.

A l’évidence, la Bretagne n’est pas favorisée par son éloigne-ment qui augmente les coûts de transport, mais elle peut compter sur son climat, sa production fourragère et le bon état sanitaire du cheptel. Elle gagnera aussi à produire des broutards à contre-saison, qu’ils soient engraissés en France ou exportés. En dévelop-pant les vêlages d’automne, on visera une commercialisation des jeunes bovins entre novembre et mars quand la demande du mar-ché et les cours de ceux-ci sont meilleurs.On imagine enfin la création de nouveaux ateliers d’engraisse-ment si la production italienne devait reculer à nouveau. L’Ouest de la France, avec ses capaci-tés d’abattage aurait alors une place à trouver dans le cadre de démarches contractuelles répon-dant aux exigences des marchés du sud de l’Europe

Les animaux sont allotés par race et nourris avec une ration mixte sur une base maïs ensilage et beaucoup

de concentrés : farine de maïs, gluten, pulpes de betteraves, tourteau de soja , de tournesol.

Marché de Modéna Italie JB U =

3

3,2

3,4

3,6

3,8

4

4,2

4,4

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 47 49 51

semaines

euro

s pa

r kg

carc

asse

2010 2009

2008

38 MAI - JUIN 2011 - N° 54

RePRoDuCtIon en vACheS ALLAItAnteS

Un impact différé de la FCO 2008 En 2009, une baisse nationale des naissances de veaux de race à viande a été observée. Face aux inquiétudes des éleveurs sur les causes de cette baisse, une étude a été engagée par l’Institut de l’Elevage pour analyser l’impact possible de la FCO sur le nombre de naissances dans les élevages allaitants.

santé du troupeau

’étude a été menée à partir des données de l’identification natio-

nale, avec une analyse de ces données sur les quatre dernières campagnes de vêlage. Pour ana-lyser le nombre des naissances à l’échelle du troupeau, un indica-teur de la productivité des trou-peaux a été calculé, basé sur le nombre de veaux nés durant la campagne et sur une estimation du nombre de femelles suscep-tibles d’être mises à la reproduc-tion. L’évolution de cet indicateur depuis 2005 a ensuite été ana-lysée pour les trois principales races allaitantes : Limousine, Charolaise et Blonde d’Aquitaine dans des zones géographiques correspondant à des situations épidémiologiques différentes.

Une baisse de la productivité Chez les troupeaux de race Charolaise, une baisse de pro-

ductivité de 3 % a été observée en 2007/2008 dans la zone de production de l’Est de la France touchée dès 2006 par la maladie, suivie par une baisse de 5 % en 2008/2009 dans le bassin ber-ceau de race, touché surtout en 2008 par le sérotype 8 de la FCO (Figure 1). Ces tendances indiquent un effet probable de la FCO.L’indicateur de productivité des troupeaux de Charolaises de l’Est de la France ne peut pas être comparé à celui des troupeaux du bassin de race. En effet, les conduites différentes influent fortement sur le calcul de cet indicateur, en particulier le main-tien des génisses sur l’exploi-tation plus fréquent dans les élevages allaitants de l’Est. Les différences observées dans les autres zones confortent l’hy-pothèse d’un impact de la FCO. Ainsi, dans le bassin Limousin, affecté par l’épizootie en 2008, la baisse de productivité des troupeaux de race Limousine a été observée en 2008/2009 et a

La baisse des naissances est intervenue durant la campagne qui a suivi l’épisode de FCO.

Figure 1 : Evolution depuis 2005 de l’indicateur de productivité des troupeaux de race Charolaise dans les trois principales zones de pro-duction de la race. Données BDNI.

0,6

0,65

0,7

0,75

0,8

0506 0607 0708 0809

Est

Nord Charolais

Sud Charolais

39MAI - JUIN 2011 - N° 54

Béatrice Mounaix – Institut de l’[email protected]

atteint 6 %. Les différences ne sont pas significatives dans le berceau Sud-Ouest de la race Blonde d’Aquitaine, touché en 2008 par le sérotype 1, mais ceci est probablement dû à la forte variabilité de la produc-tivité des élevages dans cette zone. Enfin, la Bretagne, relativement épargnée par la FCO, n’a enregistré aucune variation significative de productivité de ses troupeaux allaitants, alors que la zone voisine du front Ouest de l’épizootie de 2008 (de la Normandie à la Vendée) présente une baisse de 5 % de la producti-vité des troupeaux observée dans les 3 races.

Un décalage des vêlages en période estivaleLa baisse de productivité des troupeaux n’est pas le seul impact

attribuable à la FCO observé en 2009. Si l’on compare la répar-tition des vêlages de la campagne 2008/2009 à celle de la cam-pagne précédente, on observe un décalage

significatif des naissances chez les troupeaux allaitants situés dans les zones touchées par la FCO (Figure 2). En effet, dans les trois races, la baisse du nombre des naissances est intervenue durant le pic hivernal des mises bas, entre janvier et mars. Cette baisse a ensuite été en partie

compensée par une augmenta-tion du nombre de vêlages en fin de campagne, alors que les vêlages sont habituellement peu nombreux. Ce décalage a permis de compenser une partie du défi-cit des naissances hivernales. Ces résultats confirment l’hypo-thèse d’un impact de la FCO sur la reproduction des bovins dans les élevages allaitants, cet impact se manifestant à la fois par une baisse du nombre des naissances et par un décalage des vêlages. L’arrivée de la FCO au moment de la mise à la reproduction des femelles, durant la période esti-vale, explique les effets observés sur le nombre et la répartition des vêlages. Cet impact a été modéré au niveau national (2,7 % de naissances en moins chez les éleveurs naisseurs) et n’a affecté que la campagne concer-née. Néanmoins, il a été ressenti dans les élevages où il a en par-tie désorganisé la gestion des vêlages. Dans un contexte éco-nomique difficile pour la filière viande, il a probablement eu des conséquences différées, en parti-culier sur l’approvisionnement et les exportations de broutards

Moins de naissance en

hiver

A retenir

Les résultats de cette étude confirment que la baisse des naissances observée en 2009 dans les élevages allaitants peut être considérée comme un des impacts différés de la FCO. Grâce aux efforts entre-pris par les professionnels pour limiter les effets de l’épi-zootie et grâce aux campagnes de vaccination, la baisse du nombre de veaux nés a été un événement ponctuel limité à la campagne de vêlages suivant l’épizootie. En effet, un retour aux niveaux habituels de nais-sances a été observé au cours de la campagne 2009/2010.Pour en savoir plus : www.FCOinfo.fr

Figure 2. Courbe des naissances et taux de variation du nombre de naissances mensuelles des veaux des 3 races allaitantes entre les campagnes 2007/2008 et 2008/2009.

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

50

60

70

août sept. oct. nov. déc. janv. fév. mars avril mai juin juillet

% d

e va

riati

on

-250000

-150000

-50000

50000

150000

250000

nom

bre

de n

aiss

ance

s

Les données de la BDNI indiquent un décalage des vêlages en période estivale.

Des conséquences différées possibles sur les exportations de broutards

la vie des stations

MAI - JUIN 2011 - N° 54

StAtIon exPéRIMentALe BovIne De MAuRon

au service de la production bovine de demainLa production de viande bovine est confrontée à des défis économiques (déficit de viande en UE, concurrence avec le Mercosur, augmentation du prix des intrants…) et sociétaux (campagne anti-viande, impact sur le climat…). La station de Mauron a résolument décidé de relever le défi et d’apporter des références pour une production de viande bovine économique, en réduisant les intrants sans baisser la production et étant en phase avec les attentes de la Société.L’autonomie alimentaire des exploitations est un enjeu de plus en plus important compte tenu de la hausse des matières premières. La réduction de l’utilisation d’intrants permet aussi d’améliorer l’impact environnemental global des exploitations. Des essais sont conduits dans ce sens : valorisation des légumineuses et des couverts végétaux, utilisa-tion de maïs inerté, optimisation de systèmes de production à l’herbe, réduction de l’utilisation de lait pour les veaux de boucherie.Sujet d’actualité, le réchauffement climatique et les moyens pour s’y adapter sont aussi étudiés à Mauron : essais sur le sorgho en remplacement du maïs, essais sur les types de prairies adaptées aux zones séchantes…Produire, c’est bien, vendre c’est mieux. C’est pourquoi des essais spécifiques sur les attentes des consommateurs sont mis en place : ration permet-tant une meilleure qualité nutritionnelle (réduction des acides gras saturés), alimentation sans OGM, qualité des carcasses…Mais la production de viande peut aussi avoir une fonction d’aménagement du territoire : un essai est mené sur l’intérêt du pâturage de landes par des vaches allaitantes pour maintenir un paysage ouvert et limiter les risques d’incendie.En bref, Mauron produit des références pour adap-ter la production de viande bovine aux conditions de demain et relever le défi de l’agriculture écologi-quement intensive

Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de [email protected]

L’équipe de la station de gauche à droite : Alain Commeureuc, Philippe Pocard, Nicolas Basset, Monique Perrot (mi-temps), Yvon Pilorget, Daniel Le Pichon

Quels types de prairie de fauche pour réaliser des stocks de qualité? Récolte des essais prairies de fauche le 22 avril 2011

Les couverts végétaux récoltés tôt peuvent-ils suffire pour remplacement le complémentaire azoté ?

Le sorgho, peut-il être une alternative au maïs en condition climatique séchante ?

La luzerne, peut-elle assurer l’autonomie protéique pour l’engraissement des jeunes bovins ?