DIALOGUE · 2011-03-03 · deux bâtiments dans la première partie. La gestion de la lumière...

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DIALOGUE 2 | 2011 LÀ OÙ LA LUMIÈRE DU JOUR VIENT À MANQUER, l’horloge interne perd son rythme. C’est pourquoi les bâtiments doivent laisser entrer beaucoup de lumière à l’intérieur. Les solutions automatisées de protection solaire permettent de régler la lumière du jour et de réaliser des économies d’énergie.

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DIALOGUE2 | 2011

Là où La Lumière du jour vient à manquer, l’horloge interne perd son rythme. C’est pourquoi les bâtiments doivent laisser entrer beaucoup de lumière à l’intérieur. Les solutions automatisées de protection solaire permettent de régler la lumière du jour et de réaliser des économies d’énergie.

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à récompensées et les bâtiments à énergie positive ne constituent

plus une contradiction.

Alors que dans la maison à énergie positive, la domotique a pris de

l’ampleur, on commence à développer des maisons concepts dans

le cadre de VELUX 2009. En 2010 en Autriche, la « Sunlighthouse »

a remporté le prix national de la technologie environnementale et

énergétique et montre de façon saisissante qu’une maison à éner-

gie positive est possible même avec un pourcentage de fenêtres

supérieur à 40 %. (page 20). Pour pouvoir protéger esthétiquement

du soleil autant de fenêtres que possible en optimisant la consom-

mation énergétique, Création Baumann développe tous les ans des

solutions innovantes en 2010 (page 26).

Globalement les distinctions concernent les innovations qui aident

à économiser de l’énergie. Nous sommes heureux que Somfy ap-

porte également sa contribution à l’économie d’énergie avec ses

systèmes de protection solaire intelligentes. Et ce notamment lors

de la journée annuelle de l’isolation dynamique qui se tient les 23 et

24 septembre 2011 sur environ 30 sites à travers toute la Suisse et à

laquelle nous vous invitons d’ores et déjà cordialement.

La lumière naturelle est bonne pour le rythme sommeil/réveil, l’hu-

meur, la concentration et le rendement. C’est pourquoi dans les sal-

les de classes, il est important de faire entrer autant de lumière du

jour que possible et d’installer des systèmes de protection solaire

pour l’ombre. Comme cette solution a donné lieu à une excellente

architecture, fruit de la collaboration entre le centre Grimm de

Berlin et l’École Allemande de Genève, nous vous présentons ces

deux bâtiments dans la première partie.

La gestion de la lumière touche directement le sujet essentiel qu’est

le développement durable. Tout au long de la seconde partie de ce

numéro de Dialogue, nous traiterons du bâtiment à énergie positive.

Dans son entretien (pages 22 à 25), Prof. Daniel Kündig, président

de la SIA, demande qu’on laisse plus de marge de manœuvre aux

architectes et concepteurs pour atteindre des objectifs d’économie

d’énergie. Toujours plus de spécialistes

et d’architectes partagent cette convic-

tion, et pour Dr. Ruedi Meier, directeur

général de l’association Energie-Cluster

Suisse, la maison à énergie positive réu-

nit une bonne isolation thermique et

une domotique intelligente, solution du

futur.

Les propos de Dr Meier se trouvent

étayés tous les ans par l’Agence Solaire

Suisse. Le bâtiment à énergie positive des Grisons (pages 16 à 19) a

non seulement remporté en 2010 le prix solaire Suisse, mais a éga-

lement été récompensé du prix solaire Norman Foster. Les architec-

tes Vincenz et Weishaupt montrent ici que l’architecture candidate

La mise en réseau comme base de

notre futur

« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. »(Victor Hugo)

SIA (Schweizerische Ingenieur- und Architekten-

verein) a été récompensée pour la conception

durable de l’espace de vie dans le cadre du concours

« Umsicht – Regards – Sguardi ». En mai 2010,

SIA a reçu pour la deuxième fois cette distinction

nationale. Dix travaux contribuant d’une certaine

manière à la conception de l’espace de vie en Suisse

ont été primés.

Le grand public pourra désormais et pendant deux

ans découvrir les travaux récompensés dans le cadre

d’une exposition itinérante. L’exposition prendra ses

quartiers dans diverses hautes écoles et instituts de

formation continue en Suisse et à l’étranger.

Somfy Suisse soutient le concours d’architecture

2011.

Andreas Grieninger, directeur général de Somfy Suisse

REGARDS

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L’École Allemande de Genève (Deutsche Schule Genf ou DSG) fait partie du réseau des écoles inter-nationales allemandes subventionnées par la république fédérale d’Allemagne. Outre les missions scolaires pour la région de Genève, la DSG constitue l’unique centre culturel allemand de Suisse occidentale et de la région française voisine. La DSG abrite régulièrement en son seing des repré-sentations théâtrales, des soirées littéraires et autres manifestations culturelles.

Début 2003, un appel d’offres pour la planification générale ouvert au monde été lancé. À travers ce nouvel édifice, la difficulté tenait au besoin de réunir toutes les activités sco-laires et culturelles sous un même toit, de trouver une solution au nombre d’étudiants en constante augmentation et de répondre au besoin de complexe scolaire à large résonance auprès du public.

Le projet des architectes Soliman Zurkirchen a convaincu notamment par une structure orientée vers l’extérieur et statiquement porteuse sous forme de supports en béton dispo-sés en diagonale. Grâce à ce parti-pris, le bureau zurichois a réussi à obtenir l’effet visuel souhaité.

Le nouveau bâtiment se trouve à Vernier, commune de la banlieue de Genève. Du centre-ville vers l’extérieur s’alignent les uns après les autres la mairie, les écoles, la poste et les magasins. La nouvelle école vient compléter cette chaîne de bâtiments publics.

Le corps de bâtiment s’étend en une installation centrale plane sur deux étages et un sous-sol. Le long de l’axe de mise en valeur sont disposées dans un ordre varié des pièces commu-nicantes qui établissent des contacts visuels des deux côtés. Le corps du bâtiment serpente autour de deux cours de récréation de différentes tailles. La plus grande cour sert d’accès principal au bâtiment et en même temps de cour de récréation pour le secondaire, la plus petite cour étant réservée aux élèves des classes de l’école primaire.

Les salles de classes du primaire et du secondaire sont réparties sur deux étages et s’orien-tent vers l’aile sud-est. Les salles de classes orientées nord-ouest accueillent les cours de matières spécialisés et d’informatique. Face aux cours de récréation se situent la salle des professeurs et la bibliothèque à l’étage supérieure.

École Allemande de Genève :

Une excellente école internationale allemande

ÉCOLE ALLEMANDE DE GENÈVE

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L’ensemble du bâtiment se développe autour de trois escaliers qui permettent de s’orien-ter facilement et de changer d’étage rapidement. La façade imposante répond au souhait d’aspect extérieur culturel. Une statique d’ossature orientée vers l’extérieur associée à une peau de verre en filigrane offre un maximum de transparence. Dans son ensemble, la façade fait déjà figure de signe distinctif de l’École Allemande de Genève.

Une particularité de la DSG est l’aéroport à proximité directe. Le bruit généré a représenté un réel défi d’isolation phonique sur ce bâtiment. Le concept d’aération et de protection phonique repose donc sur un vitrage isolant de qualité supérieure et sur un contrôle des ventilations sur la façade.

Pendant les cours, un boîtier d’aspiration isolé phoniquement installé au niveau du caisson de store souffle dans la salle de l’air frais tempéré transféré en continu vers une installation de ventilation par le biais d’un canal d’aération avec récupération de chaleur. Dans les sal-les de pauses, on peut ouvrir quelques fenêtres pour faire un courant d’air.

Le chauffage se fait par géothermie au moyen d’une installation de pompe à chaleur à sonde terrestre ainsi que par l’activation du sol et du plafond. De cette manière, le label MINERGIE pour une consommation d’énergie économique et écologique a pu être obtenu.

Dans le cadre d’une collaboration intensive avec l’office fédéral du bâtiment et de l’amé-nagement du territoire, le projet 2004 a été présenté aux autorités compétentes de Berlin pour l'examen. En 2005, on a pu lancer la planification des travaux et l’appel d’offre public. Les premiers travaux de construction ont commencé en mars 2006, le gros œuvre a été ter-miné en janvier 2007. Les travaux ont été achevés précisément pour la rentrée des classes en août 2007. En avril 2010, l’École Allemande de Genève s’est vue gratifier du titre d’« excel-lente école internationale allemande ».

Marée basse et marée haute, jour et nuit, saisons et cycles

lunaires : les hommes, les animaux et les plantes ont be-

soin d’horloges pour se synchroniser avec leur environ-

nement. Pendant des milliers d’années, ces horloges ont

permis à notre horloge interne de s’adapter parfaitement

à une journée de 24 heures. Aujourd’hui, cette horloge

interne court le risque de perdre l’équilibre. La cause en

est le manque de lumière naturelle.

Une lumineuse journée d’été offre un éclai-rement de 100 000 lx (lux), une journée cou-verte d’hiver, tout de même encore 3 500 lx. L’éclairement moyen dans un bureau ou une salle de classe atteint 300 à 800 lx. Bien trop peu pour apporter l’impulsion nécessaire à l’horloge interne. Mais là où la lumière du jour vient à manquer, l’horloge interne perd son rythme. Pour beaucoup d’enfants, si le schéma naturel sommeil/réveil est perturbé, la santé s’en ressent. Il en résulte baisse de l’attention, troubles du sommeil, agitation et mal-être.

Pour mettre un terme à ces conséquences, il faut planifier et assainir les bâtiments sco-laires de telle sorte que les salles de clas-ses reçoivent suffisamment de lumière du jour. En l’occurrence, une solution automa-tisée de protection solaire non seulement ré-gule le clair de jour, mais en plus réduit la consommation énergétique.

De nombreuses enquêtes prouvent que les écoliers apprennent mieux à la lumière du jour qu’à la lumière artificielle. De là, il a fallu intégrer les concepts de lumière diur-ne au standard de la planification scolaire moderne.

La lumière naturelle est bonne pour la qualité du

sommeil, l’humeur, la concentration et le rende-ment. Rien ne remplace la

lumière du jour dans les salles de classes.

L’ANNÉE DE LA

LUMIÈRE

Avant la fenêtre à triple vitrage, une protection solaire textile permet d’obtenir des températures agréables à l’intérieur.

ÉCOLE ALLEMANDE DE GENÈVE

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PLEINS FEUX SUR L’ARCHITECTURE

Patrik Zurkirchen et Amr Soliman

Transparence, communication, flexibilité

P. Zurkirchen : Pour l’École Allemande de Genève, le thème de la cohabitation était très impor-tant : il a fallu réunir les premier et second cycles dans un bâtiment et pourtant d’une cer-taine manière établir une séparation. A. Soliman : Un aspect du travail consistait à séparer les cours de récréation des premier/se-cond cycles et de dessiner une allée centrale s’écoulant à travers le bâtiment telle un méan-dre. Le second aspect était la réalisation extérieure de la statique avec ses supports en dia-gonale caractérisant nettement le bâtiment. Étant donné que l’École Allemande ne se veut pas uniquement une école, mais aussi un centre culturel, l’aspect extérieur était également très important. P. Zurkirchen : Le bâtiment devait surtout donner une impression d’ouverture et paraître at-trayant. Nous avons opté pour une ossature mixte acier-béton permettant à la façade de re-poser au niveau du rez-de-chaussée, et ce partiellement sans supports. Cela a conféré un ca-ractère tout à fait particulier à l’école.

P. Zurkirchen : La grande proportion de verre a nécessité une réflexion très précoce sur des me-sures de protection solaire efficaces et la question de la climatisation. Dès la phase d’appel d’offres, l’installateur technique du bâtiment avait proposé de chauffer avec des sondes ter-restres l’hiver et de climatiser de la même manière l’été. Les sondes alimentent une pompe à chaleur qui répartit l’énergie thermique via des faux plafonds activés par des éléments ar-chitecturaux dans tout le bâtiment. Par le biais de ce système, on a de l’eau chaude en hiver et froide en été.

A. Soliman : La proximité de l’aéroport entraîne une pollution acoustique de sorte que la com-mission de la construction avait prescrit un second système bidirectionnel de climatisation assurant le renouvellement de l’air pendant les cours sans que les fenêtres n’aient à être ouvertes. Notre idée consistant à installer des boîtiers d’aération près des fenêtres, lesquels aspirent l’air extérieur pour le tempérer puis le souffler sur le mur d’en face a commencé à avoir beaucoup de succès. De plus, on peut ouvrir une fenêtre dans chaque salle de classe.

A. Soliman : Oui, notre installateur technique a suivi le projet du début à la fin. Un concepteur technique est indispensable pour les bâtiments à façade essentiellement vitrée qui nécessi-tent constamment des solutions intelligentes en matière de protection solaire, chauffage ou climatisation. P. Zurkirchen : Par exemple, les fenêtres sont équipées d’un triple vitrage et en plus d’une

protection solaire textile à l’extérieur qui se déploie et se replie automatiquement selon l’heure, l’ensoleillement ou les conditions de vent. On a essayé de faire oublier le système d’automatisation. Cependant, la protection solaire, le chauffage et la climatisation se règlent automatiquement. La domotique, c’est aussi simplifier au maximum ce qui est à la base complexe.

A. Soliman : Nous nous sommes vraiment intéressés aux nouveaux concepts didactiques. Aujourd’hui, le travail en groupe est la règle et on passe souvent dans la salle de classe voisine. C’est pourquoi nous avons fait communiquer les salles de classes pour faciliter ce changement. À l’École Allemande, on a prévu pour deux salles de classes une salle de groupe utilisable par les deux classes.

P. Zurkirchen : Nous nous sommes même mis à la place des enseignants juste a nous deman-der quelles doivent être les qualités d’un tableau. Il en a résulté l’équipement par tableaux électroniques. Ainsi, les enseignants peuvent présenter leurs cours sous format électronique et enregistrer ou imprimer directement tous les cours dispensés.

P. Zurkirchen : Il doit s’intéresser à la pédagogie et intégrer les formes actuelles de cours à son projet. Je pense que le thème de l’identification est également important. Dans la représen-tation que se fait un écolier de son lieu d’enseignement, l’architecture joue un rôle vraiment décisif. A. Soliman : Dans une école, on a une certaine liberté d’action uniquement dans l’organisation des locaux : Parvient-il à créer une communication entre les salles et quelles relations entre les écoliers en découlent ? Ce jeu avec l’organisation est vraiment passionnant.P. Zurkirchen : Dans le cadre de notre planification, nous avons trouvé important que les éco-liers soient toujours en contact avec l’environnement dans les zones publiques de l’école et puissent participer aux activités des autres. Ainsi, on peut par exemple regarder les enfants s’exercer dans le gymnase du haut de l’étage supérieur. Les couloirs donnent accès à la bi-bliothèque et également à la salle des professeurs. Et le restaurant scolaire communique avec l’auditorium par l’intermédiaire d’un foyer à murs mobiles.

En 2003, les architectes A. Soliman et P. Zurkirchen ont remporté le projet de conception de l’École Allemande de Genève. Précédemment, le duo d’architectes zurichois avait acquis une première expérience dans la conception de bâtiments universitaires pour l’Accademia de Mendrisio.

Messieurs Soliman et Zurkirchen, qu’est-ce qui vous a décidé à participer à cet appel d’offre ?

Quelle importance a l’énergie dans votre projet ?

Quelles spécifications la commission de la construction vous a-t-elle imposées ?

Votre équipe a-t-el-le intégré un concep-teur technique tout au long du projet ?

Qu’est-ce qui vous est apparu nouveau dans la construction de l’École Allemande de Genève ?

À quoi un architecte doit-il veiller en par-ticulier lorsqu’il tra-vaille sur une école ?

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CENTRE GRIMMDE BERLIN

Centre Jacob et Wilhelm Grimm, Berlin

Bibliothèque avec protection anti-éblouissement Dans l’arrondissement, entre la gare de la Friedrichstraße et l’Île aux musées, se dresse la nouvelle bibliothèque centrale de l’Université Humboldt dans un style imposant. À travers cet édifice, l’architecte Max Dudler a réalisé un univers monumental de lecture et de travail au cœur de Berlin. Les salles de lectures, les salles de travail et les bureaux sont équipés d’écrans déroulants actionnés automatiquement pour garantir des conditions optimales d’éclairage et de visualisation.

Bien au contraire de la maison de sorcière en pain d’épice fantaisiste et tortueuse imaginée par les frères Grimm dans leurs contes, le centre Jacob et Wilhelm Grimm (nom officiel de la nouvelle bibliothèque) est un bâtiment à la clarté et à la rigueur cubiques. Rien ne vient perturber l’aspect de la façade extérieure en calcaire clair du Jura. Même à l’intérieur, cette impression se confirme. Malgré la taille du bâtiment, la division sur plusieurs étages et un ameublement très présent, les différents couloirs entre les rayons de livres et les postes de lecture font aussi systématiquement office d’axes visuels. Ils facilitent l’orientation, don-nent vue d’ensemble ainsi qu’ouverture et offrent une vaste vue sur l’ensemble urbain inté-rieur caractéristique de Berlin. Cette ampleur optique se traduit également par la repoussée des horizons que l’étude des livres doit permettre.

Les engageantes façades établissent une nette transition de l’intérieur vers l’extérieur. Elles sont réalisées sans cadre ni corniches. Leurs dimensions variées ne créent pas seulement un rythme sur le plan du design. Vu de l’extérieur, on peut également les interpréter comme des dos de livres. Les postes de lecture se cachent derrière les variantes plus larges et trans-lucides et les réalisations plus étroites délimitent un couloir qui s’étend le long des rayons de livres. Toutes les ouvertures sont dotées de rideaux automatisés de protection solaire. Pour les protéger du vent et des intempéries, elles sont précédées presque partout de pare-vent en verre. On n’a renoncé à cette protection de verre que dans l’aile sud-ouest inférieure du bâtiment pour apporter des touches d’accroche visuelle grâce aux stores écrans.

Ciel lumineux sur Berlin

Le cœur et le régal de création de l’intérieur de la bibliothèque est la salle de lecture centra-le : un paysage de terrasse qui s’étend vers le ciel de deux côtés sur quatre niveaux. Ici aussi dominent les formes nettes et géométriques. Les visiteurs travaillent sur de longues tables en bois noir recouvertes d’un revêtement de travail en linoléum vert. Max Dudler a lui-mê-me dessiné les lampes de travail installées dessus. L’un dans l’autre, la salle de lecture au revêtement mural en cerisier aurait paru plutôt sombre si elle n’était pas surplombée d’une verrière. Celle-ci laisse la lumière naturelle pénétrer en pluie, éclaire la pièce et lui confère ainsi une atmosphère chaleureuse. Une bibliothèque qui, par essence, est dédiée à la lectu-re, a besoin de beaucoup de lumière naturelle. Car cela influence positivement les capacités physiques et psychiques des visiteurs concentrés et aide ces derniers à lire aisément. Le vi-trage du toit du centre Grimm participe tout particulièrement aux conditions de visibilité, car la lumière zénithale (c’est-à-dire la lumière descendante de midi) est trois fois plus vive que la lumière latérale. En outre, des ouvertures au plafond éclairent les pièces dans toute leur profondeur, ce qui n’est pas possible avec le vitrage des fenêtres.

Plan de la salle de lec-ture du centre Grimm : elle comprend environ 200 postes de lecture sur quatre terrasses sur tou-te la hauteur du bâtiment et offre à chaque étage un accès aux rayons de livres et aux postes de travail décentralisés.

Source: Max Dudler

Il y a quand même des inconvénients en matière de visibilité quand l’ordinateur entre en jeu. Les visiteurs peuvent trouver d’autres sources de connaissances sur Internet via un accès LAN sans fil sur 500 des 1 250 postes de travail publics de la nouvelle bibliothèque et entrer directement les résultats de leurs recherches sur l’ordinateur portable. Selon son angle d’incidence et son intensité, la lumière du jour se reflète sur l’écran de l’ordi-nateur et peut aveugler l’utilisateur. Cela peut entraîner des troubles corporels comme les maux de tête, les douleurs oculaires et même à long terme des douleurs dorsales à cause de la contraction. Pour éviter cela, les ouvertures dans le toit sont équipées de stores-écrans horizontaux motorisés. Ils sont activés par un capteur et quand trop de lumière pénè-tre dans la pièce, ils se déploient alors automatiquement en position de protection solaire.

D’après l’exemple du centre Grimm, il apparaît nettement que les commandes intelligentes de façade jouent un rôle de plus en plus important, notamment sur le plan du confort de l’utilisateur. La flexibilité, la compatibilité et la fiabilité de la technique sont d’importants facteurs d’atteinte d’un certain équilibre entre l’exploitation de la lumière naturelle, la pro-tection anti-éblouissement et la sécurité des matériaux.

CENTRE GRIMMDE BERLIN

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CENTRE GRIMMDE BERLIN

La bioclimatisationUne étude belge révèle qu’avec des systèmes automatiques de volets roulants et de protection solaire la température intérieure peut baisser de jusqu’à 9 °C maximum en été. Cela permet de réaliser des économies d’énergie et garantit les capacités de concentration et d’exécution.

Les façades essentiellement vitrées sont esthétiques. Mais quand l’été la chaleur s’insinue à l’intérieur en même temps que la lumière, les journées tournent rapidement au suppli-ce. Les systèmes motorisés de protection solaire à capteurs permettent d’obtenir une tem-pérature intérieure agréable. Un capteur solaire radio installé sur la façade déclenche le déploiement des volets roulants, stores et protections solaires en temps voulu. Ainsi, les piè-ces restent agréablement fraîches même en pleine chaleur zénithale. Quand on veut en uti-liser plus la climatisation nocturne, la fenêtre et le volet roulant s’associent à un minuteur et ils offrent automatiquement la position de climatisation optimale la nuit.

Il fait jusqu’à 9 °C plus frais dans les pièces équipées de systèmes intelligents de volets rou-lants et de protection solaire que dans celles qui n'en sont pas équipées. C'est ce que révèle l’étude belge Physibel de l’organisation européenne des pare-soleil (European Solar Shading Organization ou ES-SO). Et le meilleur : le bioclimat naît naturellement, sans aucune ins-tallation climatique.

Intéressant pour les concepteurs : En plein été, la protection solaire des façades est et ouest est particulièrement importante le matin et l’après-midi. Car à midi, le soleil est trop haut pour que ses rayons pénètrent di-rectement à l’intérieur. C’est surtout le soleil du matin et de l’après-midi qui est responsa-ble du fort réchauffement intérieur !

Protection solaire commandée en fonction des façades

Coordination optimale de la lumière et de la visibilité

Au centre Grimm, fortement fréquenté, le bon mélange entre la protection solaire et une bonne visibilité rendue possible grâce à beaucoup de lumière naturelle joue un rôle essentiel. Il doit être garanti pour tous les utilisateurs, et ce indifféremment de l’aile du bâtiment dans laquelle ceux-ci se trou-vent. Un système de protection solaire per-mettant de commander individuellement les rideaux sur chaque façade satisfait à cette exigence.

Pour garantir une efficace mise en réseau de la protection solaire des éléments impor-tants du centre Grimm, le fabricant Somfy a employé un système spécial de bus : ani-meo IB+. Il divise la façade en 14 zones au total. Comme sur les divers côtés du bâtiment, différents facteurs tels que le soleil, le vent et la pluie agissent sur les rideaux qui se règlent individuellement sur déclenchement de la station météo extérieure. De cette manière, les rideaux horizontaux de la verrière comme les pare-soleil des fenêtres réagissent efficacement au rayonnement solaire, au vent et à l’humi-dité, mais ce sont précisément juste les zones concernées par ces facteurs. Cela protège les stores-écrans et offre en même temps des

conditions optimales de visibilité aux utili-sateurs, et ce indépendamment de l’aile du bâtiment dans laquelle ils se trouvent.

Une autre fonction du système de protection solaire est le contrôle horaire. L’installation reçoit le signal dcf 77 de Mainflingen près de Francfort-sur-le-Main. Cet émetteur de signal horaire transmet l’heure précise à la plupart des horloges radiocommandées d’Europe occidentale. À partir de cette base horaire, tous les rideaux de la bibliothèque se lèvent le soir à 20 h pile. Pour chacune des 14 zones, on peut en outre programmer une position libre de protection solaire via PC ou clavier centralisé de manière à ce que les rideaux soient toujours dans la meilleure position. Dans les bureaux des étages supé-rieurs, on actionne également les stores-écrans en appuyant sur un interrupteur mural. De cette manière, les employés peu-vent au besoin inverser par commande cen-trale une position automatique ne répon-dant pas à leurs besoins ponctuels d’éclai-rage et de visibilité.

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Depuis peu existe une nouvelle formule magique en matière de construction : Les bâtiments à énergie positive. Ce sont des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils et leurs habitants n’en consomment. L’attribution annuelle du Prix Solaire Suisse montre que ces maisons sont exemplaires sur le plan énergétique et de plus en plus souvent également sur le plan architectural. En 2010, outre le Prix Solaire Suisse, le bâtiment à énergie positive des maîtres d’ouvrage Cadruvi et Joos s’est vu décerner le prix solaire Norman Foster.

Grisons, Ruschein. Un langage formel net et cubique, des supports en bois plaqués mélèze, sur la façade sud, trois collecteurs solaires thermiques superposés, des cellules solaires sur le toit. À l’intérieur, de grandes pièces lumineuses, de grandes baies vitrées avec vue sur le paysage mon-tagneux alpin, une agréable atmosphère ambiante. La maison individuelle à énergie positive de Maria Cadruvi et Andreas Joos s’intègre harmonieusement au paysage alpin de Ruschein.

L’architecte Weishaupt du cabinet Vincenz + Weishaupt explique en montrant la façade : « Grâce à une bonne isolation et de solides fenêtres, l’enveloppe du bâtiment est hermétique. ». La neige de la terrasse arrive jusqu’aux fenêtres, le triple vitrage garde totalement le froid hivernal hors de la pièce à vivre à 24 °C. Weishaupt montre les fenêtres : « C’est par là qu’on peut laisser entrer le plus possible de lumière naturelle. » L’énergie solaire passive pénètre profondément dans l’étroite maison par la grande surface des fenêtres de la façade sud qui font presque la

hauteur des pièces et un pare-soleil extérieur protège le bâtiment de la surchauffe. « Les maîtres d’ouvrage voulaient une maison produisant au moins autant d’énergie qu’elle n’en consomme », explique l’architecte.

La maison à énergie positive associe une bonne isolation thermique et une domotique intelli-gente. L’énergie y est exploitée au maximum : la géothermie pour chauffer l’hiver, le soleil pour la production d’électricité et pour le chauffage passif à la mi-saison. Grâce à une bonne isolation et à l’exploitation active et passive de l’énergie solaire, la maison ne consomme qu’une fraction de l’énergie des maisons individuelles de construction classique. Mais c’est en même temps une petite centrale électrique.

Apposés verticalement sur la façade sud, trois collecteurs solaires thermiques superposés servent à produire de l’énergie thermique solaire active. L’architecte Weishaupt explique : « Avec 2 400 kW/an, ils offrent un rendement solaire supérieur à la moyenne et sont particulièrement appréciés l’hiver. ». Une pompe à chaleur fonctionnant à partir des eaux usées couvre le besoin en chaleur résiduelle pour le chauffage et l’eau chaude. L’aération contrôlée avec récupération de chaleur permet d’exploiter l’énergie thermique de manière optimale dans le bâtiment. L’installation pho-tovoltaïque est intégrée au toit en terrasse sur toute sa surface. Elle sert d’installation énergéti-que et remplit en outre toutes les fonctions de protection d’un toit. Le bâtiment à énergie positive montre comment exploiter les énergies renouvelables de façon édifiante au moyen d’installations solaires thermiques intégrées avec beaucoup de minutie et ainsi contribuer de manière exem-plaire à la protection climatique.

L’installation d’une protection climatique sur les bâtiments présente forcément un intérêt car c’est là que le potentiel de protection climatique est le plus élevé. Les bâtiments sont responsables d’au moins 40 % des émissions de CO2. Avec les bâtiments à énergie positive, qui convainquent toujours plus d’architectes et de constructeurs, on peut également obtenir rapidement, efficace-ment et à un bon rapport coût/efficacité des cellules énergétiques installées en hauteur.

Dr. Ruedi Meier, directeur général de l’association suisse energie-cluster.ch se réjouit que les bâti-ments à énergie positive soient toujours plus appréciés parmi les architectes et maître d’ouvrage. « Ils offrent vraiment beaucoup de liberté aux architectes en matière de conception. La construction est déjà un domaine assez compliqué, alors on doit pouvoir exploiter tous les potentiels d’économie d’énergie sans dispositions techniques contraignantes. » Au travers des manifestations d’informa-tion et des rencontres de réseau, on veut réunir les architectes, les concepteurs, les domoticiens et l’industrie et stimuler la demande en maisons à énergie positive. « Avec les technologies disponibles aujourd’hui, on peut construire sans problème des bâtiments à énergie positive. Il nous suffit de montrer le chemin aux intéressés potentiels et de les motiver à participer », déclare R. Meier.

Certes, beaucoup de chemins mènent à la maison à énergie positive. Mais un principe prévaut tou-jours : un bâtiment est un système global et doit également être envisagé comme tel. Dr. Ruedi Meier précise : « Il est déterminant d’exploiter au maximum toutes les synergies entre l’enveloppe du bâtiment, les énergies environnantes et la domotique. ». Les nombreuses récompenses du bâti-ment à énergie positive des Grisons illustrent bien cet état de fait.

BÂTIMENT À ÉNERGIE POSITIVE

Doublement distingués : le bâtiment à énergie positive les architectes Vincenz + Weishaupt, Grisons

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BÂTIMENT À ÉNERGIE POSITIVE

Actualités du bâtiment à énergie positive La maison à énergie positive produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Les toits, façades, caves et annexes sont utilisées pour produire de l’énergie et la chaleur ainsi que l’électricité sont produites là où on en a besoin. Les bâtiments à énergie positive exploitent les synergies et rendent les propriétaires indépendants de l’approvisionnement public en énergie.

Bien que la maison à énergie positive déclenche toujours d’après discussions, on s’accorde en général sur un point : il faut prendre des mesures d’isolation et en plus combler le besoin restant en énergie par les énergies renouvelables. Ruedi Meier, directeur général de energie-cluster.ch : « L’idée centrale est simple : si l’on veut améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments, à un moment donné, les coûts marginaux augmentent. Si nous couvrons le besoin énergétique avec les énergies renouvelables, les coûts marginaux baissent au fur et à mesure de la production. La difficulté consiste à trouver le juste équilibre. »

Alors que les partisans de la norme Minergie partent du principe que l’isolation associée à une bonne aération fait baisser la consommation énergétique et veulent limiter l’emploi de la photovoltaïque, ceux qui prônent un emploi complet des énergies renouvelables, en par-ticulier de la photovoltaïque, suivent une stratégie évolutive. Dr Ruedi Meier explique : « La maison à énergie positive est d’autant plus intéressante si, entre autres, la photovoltaïque est moins chère. Limiter l’emploi de la photovoltaïque n’a aucun intérêt sur les plans éco-nomique et écologique. En outre, cela complique davantage les bâtiments, et ce inutilement. En tant qu’économiste, j’ai maintenant un point de vue pragmatique et orienté vers le mar-ché sur la question », souligne R. Meier. Pour lui, il faudrait produire des énergies renouve-lables le plus économiquement possible, ce qui induit que le concept ne se limite pas à la photovoltaïque. « Par exemple, l’association de la photovoltaïque et des collecteurs solaires permettent de tirer près de 500 à 1 000 KW/h de chaleur et de 100 à 150 KW/h d’électricité à partir du toit d’une maison. Tout ça, c’est le soleil qui nous l’offre », précise R. Meier.

Dans le concept à énergie positive, outre la production, c’est notamment le stockage de l’énergie acquise qui joue un rôle important. Pour ce faire, professeur à l’ETH Hansjürg Leibundgut prône par exemple la captation de l’énergie solaire l’été, son stockage dans des réservoirs géothermiques puis l’hiver, sa restitution par pompe à chaleur et son utilisation selon les besoins énergétiques. On exploite la pompe à chaleur elle-même avec du courant produit grâce à l’énergie solaire. Alors que dans la maison à énergie positive, la domotique a pris de l’ampleur, un groupe d’innovation a été fondé: energie-cluster.ch. Les architectes et les techniciens y réfléchis-sent aux concepts intégrateurs et y cherchent de nouvelles solutions. « C’est pourquoi aux yeux des architectes, le concept à énergie positive est notamment intéressant parce qu’il est ouvert. C’est cela qui est enthousiasmant », souligne Dr Ruedi Meier. « Nous souhai-tons ouvrir la discussion autant que possible et rassembler ceux qui savent voir plus loin. » Du point de vue de l’économiste engagé, la maison à économie positive aurait également devant elle un bel avenir au-delà des frontières suisses.

Pour de plus amples informations, veuillez consulter www.energie-cluster.ch ou contacter directement Dr Ruedi Meier, directeur général de energie-cluster.ch à Berne.

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PARTENAIRE

Dans la « Sunlighthouse » en Autriche, on avait opté pour de difficiles conditions topo-graphiques, parce qu’on voulait montrer que même dans des conditions exigeantes, il est possible d’obtenir un bâtiment neu-tre en CO2. Les énergies renouvelables cou-vrent la consommation énergétique, tous les matériaux de construction satisfont à de stricts critères écologiques et le pourcen-tage de lumière du jour dépasse très sou-vent les normes en vigueur. Pour Felix Egger, directeur général de VELUX Suisse, le déve-loppement durable est le sujet d’avenir du secteur. « Nous, les Européens passons envi-ron 90 % de notre vie dans des pièces fer-mées. C’est pourquoi, il est primordial d’en-tretenir un environnement domestique sain avec une bonne atmosphère ambiante, un confort maximal et beaucoup de lumière dans le bâtiment. L’idéal est que ces bâti-ments soient en plus neutres en CO2. »

Dans la Sunlighthouse, les fenêtres de toit positionnées stratégiquement définissent la quantité de lumière entrant dans la maison. La « lumière céleste », en somme la propor-tion de lumière du jour qui se disperse et est déviée dans l’atmosphère, et qui entre dans le bâtiment avec ou sans soleil offre par tous les temps beaucoup de lumière naturelle et une exploitation maximale de la lumière passive du soleil. Tandis que la période de chauffage garantit une aération contrôlée des pièces d’habitation avec récu-pération de la chaleur, une agréable tempé-rature ambiante et un air ambiant sain, en printemps, cette aération se désactive et passe en mode d’aération automatique par les fenêtres.

En l’occurrence, les capteurs mesurent les températures intérieure/extérieure, la vitesse du vent, la teneur de l’air en CO2 et son humidité. Ils déterminent l’ouverture

De 2009 à 2011, VELUX a construit six maisons témoins, chacune dans son milieu climatique, culturel et architectural, au Danemark, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et en Autriche. Il en ressort six bâtiments baignés de lumière du jour et neutres en CO2 au confort de vie exceptionnel.Maison de rêve

à lumière céleste et la fermeture des fenêtres selon des cri-tères définis au préalable. Bien entendu, on peut également ouvrir ou fermer les fenê-tres manuellement. Une pompe à chaleur fonctionnant à partir des eaux usées couvre le besoin restant en chauffage ; la produc-tion d’eau chaude passe par des collecteurs solaires. Au bout du compte, la Sunlight-house produit plus d’énergie qu’elle n’en a besoin. En 2010, avant même son achè-vement en Autriche, la maison à énergie positive a été récompensée du prix natio-nal de la technologie environnementale et énergétique.

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Monsieur Kündig, quels sont les grands axes de votre travail ?

Nous travaillons dans les domaines de la conception, de l’architecture et de l’urba-nisme, et le grand axe que constitue la mise en réseau tient au caractère global de l’ar-chitecture. De là, la question se posant de savoir ce qu’est une architecture durable est au centre de l’intérêt général. Nous gérons une société de développement de projets qui apporte des réponses aux questions sociales. En outre, nous nous intéressons au degré d’intégration, c’est-à-dire que nous nous interrogeons sur la manière de préparer les produits à l’industrie.

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise l’architecture durable ?

L’architecture est durable si elle associe les besoins des générations futures à nos inté-rêts actuels de telle sorte qu’il en découle une nouvelle unité. Cela induit d’abord un travail intellectuel. Il faut envisager cette vocation au-delà de ce qu’on comprend au sens strict par « architecture ». Outre le génie civil, nous devons nous adapter aux évo-lutions sociales, à notre base culturelle et au contexte. Bien entendu, cela touche éga-lement les sujets écologiques ainsi que les questions énergétiques et économiques. En occurrence, on fait appel à nous en qualité de généralistes, pas de spécialistes. Les défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés repose sur la nécessité de ne pas puiser dans le capital du futur, de ne pas déposséder les générations à venir. Cela n’est possible que si le bien culturel que nous créons recèle une valeur ajoutée, économique et écolo-gique. Sinon, le compte n’est pas bon.

Pourquoi cette valeur ajoutée est-elle justement si importante en architecture ?

Parce que nos bâtiments nous survivent. Je n’aurais pas la même vision si j’étais concep-teur d’affiche, parce que le cycle de vie de ce produit est court, il est individuel. La construction n’est jamais individuelle, elle s’épanouit dans l’espace public. Elle induit donc bien autre chose sur le plan de la responsabilité : ce que nous laissons derrière nous marque le monde pendant de longues années.

Pour vous, la responsabilité naît de la pérennité de la construction ?

De sa pérennité et du fait que personne ne peut se dérober. Je peux décider si je veux lire un livre donné ou pas, mais je ne peux pas décider de parcourir le monde les yeux fermés. La construction fait partie d’une œuvre publique et, en cela, il y a sur-responsabilité. En nous survivant, la construction accentue la responsabilité.

Les produits sont-ils également soumis à cette notion de responsabilité ?

Oui, je pense. Par exemple, Somfy propose un produit qui donne une indication sur la direction à prendre, une solution de remplacement à une isolation thermique qui, en général, s’applique aux bâtiments. C’est pourquoi les directives sur les questions énergétiques devraient spécifier des valeurs cible et pas prescrire des recettes toutes faites. Car les valeurs cible motive chacun à rechercher la meilleure solution et sti-mulent l’intelligence et la créativité. Les directives n’ont pas cet effet. Pour les bâti-ments existants, il convient d’appliquer des stratégies autres que celles suivies pour les nouveaux bâtiments, car on a déjà là un certain niveau de qualité et la question est : comment exploiter cette qualité ? Puis-je l’améliorer ou bien dois-je l’habiller au vu des incitations financières et dans l’optique de respecter les directives…

De votre point de vue, qu’est-ce qui caractérise un produit durable ?

Il faut être bien clair : la recette de l’isolation thermique extérieure n’est pas dura-ble. L’isolation thermique comme produit, bien employé, peut être totalement dura-ble, parce que cela présente un intérêt dans certains endroits.

Un produit durable se caractérise par trois aspects : il est démontable, ce qui est intéressant sur le plan économique quand il faut, par exemple, le réparer. S’il n’est pas démontable, il doit au moins être recyclable pour pouvoir réintégrer le flux des matériaux. Le produit doit offrir une liberté d’action formelle et esthétique et au lieu de définir des structures, il doit soulever des problèmes et aider à trouver des solu-tions. Et le troisième aspect : chaque produit est en soi un système individuel identi-fiable et reste en même temps une partie d’un tout. Si le produit ne peut pas s’adap-ter à ce tout, il est faible. On parlera alors plutôt d’un meuble…

Alors comment développer des produits durables ?

Pas dans une tour d’ivoire, c’est impossible. Cela nécessite d’un côté un dialogue entre la science et la recherche et de l’autre, de la pratique. Et cela nécessite éga-lement un dialogue entre les besoins de la société et les ressources de l’entreprise. Puis s’ajoute à cela l’intuition et les idées…

ENTRETIEN

Sur la responsabilité, l’architecture durable et la valeur ajoutée des produits.

Prof. Daniel Kündig, président de la société suisse des ingénieurs et des architectes (Schweizerischen Ingenieur- und Architektenvereins ou SIA), gère à Zurich le cabinet d’architecture UCNA Architekten ETH SIA BSA.

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Nombre d’entreprises se plaignent qu’elles ne sont pas intégrées à ce dialogue.

Je crois qu’il est urgent d’établir ce dialogue. En architecture, la multitude de produits industriels amène souvent un concepteur à travailler par ajouts plutôt que globalement. Il en résulte que les interfaces ne s’adaptent plus les unes aux autres. Pour les problè-mes complexes, il est justement important de travailler avec l’industrie. Pas partout et dans tous les domaines, mais précisément en matière de façade, de technique de clima-tisation, pour les problèmes énergétiques, mais aussi pour les applications matérielles.

Les entreprises artisanales entament habituellement ce dialogue avec les architectes...

… c’est vrai. Mais d’un autre côté, elles ont souvent du mal à intégrer les aspects indus-triels. Cela commence dès l’assemblage : Qu’achète-t-on, quelle est notre degré d’inté-gration ? Dans le cadre d’un processus artisanal, je fais tout moi-même. Les entreprises industrielles disposent au contraire de leurs propres départements en développement et processus de production standardisés.

Alors à quel niveau pèchent-ils ?

Et bien lors du développement initial, ils comprennent encore bien le marché, mais avec le temps, ils s’en éloignent et ils s’inscrivent de plus en plus dans une dynamique per-sonnelle pour développer des produits qui ne répondent plus du tout aux besoins. C’est

là que le dialogue est nécessaire. Pas parce que l’un en sait plus que l’autre, mais parce que les connaissances et les innovations ne voient le jour que si l’on réunit différentes compétences. Nous avons besoin du travail intellectuel de chacun et des points de vue divers sur la demande.

Quels nouveaux aspects peuvent déclencher le dialogue entre l’industrie et l’architecte ?

Prenons la protection solaire passive. On l’utilise toujours presque exclusivement pour les ouvertures du bâtiment. Peut-être qu’un tel dialogue montrerait qu’il existe des approches complètement différentes. Par exemple, le fait qu’une protection solaire pas-sive présente précisément un intérêt en l’absence d’ouvertures. Si on prend l’exemple d’un béton foncé, l’hiver on pourrait exploiter la chaleur du soleil, mais l’été, il faudrait protéger le béton du soleil…

Dans ce cas, quelle est la valeur ajoutée ?

De mon point de vue, il est infiniment important que nous puissions d’abord acheminer le soleil, le vent ou la géothermie, en somme toutes les énergies à notre disposition, vers un bâtiment. C’est uniquement de cette manière que nous parviendrons à des straté-gies de consommation, dans le seul et unique but de réduire les gaz à effet de serre. Si, par exemple, Somfy s’associait à un fabricant de cellules solaires pour développer une protection solaire, on pourrait exploiter du courant à partir de cette protection et en même temps bloquer la chaleur. Ainsi, on obtiendrait une valeur ajoutée : Somfy maî-trise la situation solaire la plus difficile et produit en outre de l’énergie. En somme, il faudrait qu’outre ses produits standardisés, l’industrie propose des produits hybrides plus performants.

La question reste posée : un produit peut-il offrir plus que ce qu’il promet à la base ?

Pour l’industrie, une solution pare-soleil doit avant tout protéger du soleil de manière optimale. Toutefois, ce faisant, l’industrie reste en surface. Elle se contente de remplir ses attributions de base. Mais si elle parvient à solutionner un autre problème avec la protection solaire, en bref si elle crée une valeur ajoutée, cela devient enthousiasmant. Je trouve que c’est judicieux de la part de Somfy de sponsoriser le concours de la SIA. Parce que de telles entreprises peuvent par exemple dans le cadre d’un comité consul-tatif entamer le dialogue pour déterminer ce dont nous avons vraiment besoin et com-ment créer ensemble de la valeur ajoutée. Nous avons demandé à quelques concep-teurs qui est Somfy. Il a été intéressant de constater que très peu connaissaient l’en-treprise, bien que presque tous les architectes aient déjà travaillé à l’occasion avec des produits Somfy. Cette discussion serait également très intéressante pour Somfy.

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éditeur Somfy SAVorbuchenstrasse 17 CH-8303 Bassersdorf www.somfy.ch

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crédit photo Somfy SAVorbuchenstrasse 17 CH-8303 Bassersdorf www.somfy.chResponsable au regard du droit de la presse, Daniel Bretscher, Somfy

Depuis 125 ans, Création Baumann conçoit, produit et commercialise dans le monde des textiles de qualité supérieure destinés à l’aménagement intérieur. En matière de tissage et de teinturerie à Langenthal (Suisse), on se concentre sur des textiles à destination de différents segments de l’architecture d’intérieur. Pour les bureaux, hôtels, hôpitaux et musées, les tissus de Création Baumann offrent des solutions pour un vaste champ d’application et satisfont à de nombreuses exigences fonctionnelles et esthétiques.

Philippe Baumann, directeur général de la quatrième génération parle très ouvertement de la stratégie et des objectifs de l’entreprise familiale. « Notre vision consiste à amélio-rer la qualité de vie des clients dans leur intérieur par le biais de la fonctionnalité, de l’esthétique et de la qualité. Pour cela, nous visons des objectifs à long terme et appli-quons une stratégie d’entreprise systéma-tique. » Pour Philippe Baumann, le dévelop-pement durable induit d’exploiter conscien-cieusement les ressources naturelles et d’exercer une activité responsable. Cela est

possible, mais uniquement si l’entreprise prospère sur le plan économique. « C’est pourquoi nous recherchons constamment des solutions pour rendre nos produits plus intelligents. Notre positionnement haut-de-gamme nous laisse la marge de manœuvre nécessaire à cela. »

Par conséquent, outre la conception et la qua-lité, ce qui compte toujours pour Baumann, c’est la valeur ajoutée d’une protection solaire. Elle peut se situer dans l’acoustique, la protection anti-éblouissement, la per-méabilité aux UV ou encore la protection contre la chaleur. Depuis quelques temps, on cherche de plus en plus à découvrir com-ment une protection solaire peut permettre de réaliser des économies ou même un gain d’énergie. Philippe Baumann : « Nos recher-ches portent sur le moyen de faire encore mieux rentrer la chaleur en hiver et sortir en été. ». Pour résoudre de tels problèmes, le leader de l’innovation a créé un départe-ment interne de recherche de solutions de protection solaire. C’est là qu’on propose des idées, qu’on les trie et qu’on les transpose de manière ciblée en projets prometteurs.

Avec une telle activité ciblée de recherche, il n’est pas étonnant que la société Création

Solutions venues de Langenthal Innovations en matière de

développement durable

Baumann ait même gagné deux fois le prix de l’innovation d’intérieur « Interior Innovation Award – Winner 2011 » pour l’an-née de son jubilé. Une fois pour la collec-tion jubilé Natura et la seconde pour Sonic, nouveau produit qui rassemble les fonctions d’acoustique et de protection solaire. En 2007, la nouveauté mondiale GECKO avait mis la barre encore plus haut en matière de conception flexible de protections contre les regards et l’éblouissement. Il a fallu plu-sieurs années de recherche.

Les développeurs de la maison Baumann ont conçu un textile adhésif à coller directement sur la vitre et qui peut s’enlever sans traces ni ustensiles particuliers. Cette solution est surtout intéressante pour les fenêtres sur lesquelles des suspensions sont impossibles ou gêneraient l’effet architectural.

Les architectes et architectes d’intérieur apprécient de collaborer avec les entrepri-ses innovantes, parce que leurs solutions laissent vraiment place à la créativité. « Nos tissus remplissent différentes fonctions ou assument même diverses tâches. En l’occur-rence, l’architecte peut associer des solu-tions issues d’un catalogue complet de telle sorte qu’elles répondent parfaitement à ses besoins. » Toutes les innovations font écho à un défi. Philippe Baumann : « Nombre d’ar-chitectes ne prêtent attention à nos solu-tions que très tard. C’est pourquoi la vraie difficulté pour nous tient au fait de se trou-ver au bon endroit au bon moment et de montrer qu’on est toujours là pour résoudre les problèmes. Pour ce faire, on passe par une bonne présence sur Internet, de bons services et de bons partenaires.

Somfy est le partenaire éprouvé de la société Création Baumann en matière de motorisa-tion et de commande des solutions de pro-tection solaire. Cette association donne éga-lement lieu à des réflexions conjointes sur les nouvelles solutions. Philippe Baumann : « Je trouvais intéressant de récupérer l’éner-gie nécessaire aux propulsions avec des col-lecteurs solaires. Un tel projet de coopéra-tion serait très fructueux dans le cadre de nos stratégies de développement durable. ».

PARTENAIRE

WINDISCH-BRUGGwww.klinso.chWINTERTHUR/TÖSSwww.baumann.ch

WOHLENwww.seilerstoren.ch

ST. GALLENwww.baumann.ch

BREMGARTENwww.blumenthal-montagen.chWÄDENSWILwww.baumann.chCHURwww.baumann.chEMMENBRÜCKEwww.baumann.ch

SEMENTINAwww.baumann.ch

OBEREGGwww.leber.ch

LITTAUwww.kaestli-mathys.ch

DINO

AESCHwww.seilerstoren.ch

MÜNCHENSTEINwww.baumann.ch

COURGENAYwww.monsieurstore-suisse.ch

BETTLACHwww.rothstoren.ch

GRENCHENwww.reist-storen.ch

BELP-BERNwww.kaestlistoren.ch

ESTAVAYER-LE-LACwww.lamelcolor.ch

YVERDON-LES-BAINSwww.ericverly.ch

BULLEwww.monsieurstore-suisse.ch

LE MONT-SUR-LAUSANNEwww.baumann.ch

www.colombara-stores.ch

LAUSANNEwww.storep.ch

MORGESwww.daniel-stores.com

LUTRYwww.kuonen-stores.ch

CAROUGEwww.monsieurstore-suisse.ch

www.lamelcolor.ch

BURGDORFwww.zaugg-storenbau.ch

BÄRISWILwww.baumann.ch

ZOLLIKOFENwww.schmidstoren.ch

Somfy SAVorbuchenstrasse 17 CH-8303 Bassersdorf www.somfy.ch

Un bon climat pour les façades bioclimatiquesL’isolation dynamique des bâtiments compte parmi les plus importantes innovations

de l’année passée en matière de façades. Dans un bâtiment bioclimatique, les façades

font office de membrane. Le climat, l’éclairage et la protection solaire sont automati-

quement contrôlés en fonction de la qualité de l’air, de l’humidité atmosphérique, de

la température de la pièce et de la lumière. Il en résulte une exploitation optimale de

la lumière du jour et d’importantes économies de chauffage et de climatisation.

Lors de la journée de l’isolation dynamique, les partenaires spécialisés sélectionnés

informent dans toute la Suisse les constructeurs et architectes intéressés sur les

dernières solutions de domotique de Somfy.

Partenaires spécialisés Somfy à proximité :

Le 23 et 24 septembre se tient la journée de l’isolation

dynamique en Suisse. Les entreprises spécialisées rete-

nues présentent des solutions de protection solaire et clima-tique intelligentes permettant de régler l’échange thermique

dans le bâtiment selon le besoin et ainsi d’améliorer le

bilan énergétique.