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Rapport final Version adoptée le 24 septembre 2013 par le conseil d’administration D IAGNOSTIC STRATÉGIQUE

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Rapport final

Version adoptée le 24 septembre 2013

par le conseil d’administration

DIAGNOSTIC STRATÉGIQUE

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Note au lecteur Ce diagnostic présente la situation régionale qui prévalait au moment de sa rédaction. Réalisation : Conférence régionale des élus (CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue Analyse, recherche et rédaction : Mariella Collini, agente de recherche Contribution : Aline Sauvageau, consultante Révision linguistique : Nadia Letendre et Geneviève Blais Diffusion : Conférence régionale des élus (CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue 170, avenue Principale, bureau 102 Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4P7 Internet : http://www.conferenceregionale.ca/publications/11-les-plans-quinquennaux-de-developpement

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Diagnostic stratégique

PRÉAMBULE ......................................................................................................................................... 4

L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, TELLE QU’ELLE EST ET TELLE QU’ELLE ÉVOLUE ............................................ 6

L’état des lieux ............................................................................................................................................. 7

Les forces et les atouts .............................................................................................................................. 12

Les faiblesses ............................................................................................................................................. 13

SE DONNER UNE VISION PROSPECTIVE................................................................................................ 15

Tendances lourdes .................................................................................................................................... 15

Changements démographiques et demande sociale ............................................................................ 16

Mondialisation, globalisation et accroissement des échanges ............................................................. 17

Développement du numérique ............................................................................................................. 18

Double défi Climat/Énergie ................................................................................................................... 20

Raréfaction des ressources naturelles et développement durable ...................................................... 21

L’environnement externe : les menaces et les opportunités .................................................................... 21

Les menaces .............................................................................................................................................. 21

Les opportunités ........................................................................................................................................ 22

L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE… TELLE QU’ELLE EST PERÇUE DE L’INTÉRIEUR ............................................ 24

Une société et un territoire d’inclusion sociale ........................................................................................ 25

Une qualité de vie et l’attractivité des territoires ..................................................................................... 32

Une économie diversifiée, créatrice de richesses et d’emplois ................................................................ 38

Un milieu de vie, son environnement et ses ressources naturelles .......................................................... 50

Une région reconnue et ouverte sur le monde ......................................................................................... 54

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 62

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PRÉAMBULE La Conférence régionale des élus (CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue a le mandat d’effectuer la planification stratégique de développement régional, édition 2013-2018 (PSR 13-18). Des quatre grandes étapes menant à sa conception, la région en est présentement à la deuxième, qui se traduit par la réalisation d’un diagnostic stratégique permettant de déterminer les enjeux.

Vision, principes et valeurs (étape 1)

Préalablement à la lecture de ce document, rappelons la vision ainsi que les valeurs principales de la communauté régionale, soit les convictions les plus profondes qui serviront de guide aux actions. En 2027, l’Abitibi-Témiscamingue est une région… :

Accueillante, animée par une diversité de cultures et de talents

Où deux peuples cohabitent dans le partage et le respect du territoire

Solidaire et équitable, à l’écoute des besoins de ses citoyennes et citoyens

Curieuse, axée sur le savoir et ouverte sur le monde

Saine et responsable, soucieuse de la pérennité de son milieu naturel

Prospère, une économie diversifiée, basée sur la matière grise et l’entrepreneuriat

Qui cultive le pouvoir d’agir et se développe selon ses propres aspirations Les valeurs… :

Solidarité

Créativité

Aussi, la région a pris le parti du développement durable, par l’adoption de 5 grands principes dérivés des 16 principes du développement durable définis dans le cadre de la Loi sur le développement durable adoptée par le gouvernement du Québec :

L'humain au coeur du développement

Un milieu de vie de qualité pour toutes les générations

Une économie durable

La précaution et la prévention

Une saine gouvernance

Élaboration du diagnostic stratégique (étape 2)

Le diagnostic s’est construit à partir du regard et de la vision de personnes concernées qui, plus que d’autres, sont en mesure de bien saisir l’état de la situation et de pressentir dans quelle direction elles doivent orienter leurs actions pour faire évoluer leur secteur d’activité, de même que l’ensemble de l’Abitibi-Témiscamingue. Dans cette optique, la Conférence régionale a mené une vaste consultation ponctuée d’entretiens individuels, de groupes de discussion ainsi que d’activités-tendances. La réalisation d’un sondage Web a

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permis de recueillir l’opinion de 388 personnes sur le développement de la région. Au total, lors du processus consultatif, plus de 1 000 personnes ont donné leur avis sur les éléments pouvant structurer le développement de l’Abitibi-Témiscamingue. Aux résultats de ces différentes consultations menées à l’hiver 2013, les propos recueillis lors du bilan du plan stratégique 2007-2011 et des consultations réalisées à la phase 1 ont également été pris en compte. Enfin, une partie du contenu est issue de la synthèse de documents et d’études menées dans le cadre des dossiers de la Conférence régionale (mémoires, avis, actes de tournée, etc.) ainsi que d’organisations et organismes de développement territoriaux et régionaux. En somme, les données rassemblées dans ce document sont issues de multiples sources.

Processus d’élaboration du diagnostic stratégique

À la suite du processus consultatif, une série de fiches thématiques a été réalisée afin de structurer la masse de renseignements amassée. À titre d’exemple, 7 600 énoncés ont été recueillis uniquement au moyen du sondage Web. L’information a été répartie en vingt thèmes, à leur tour regroupés en quatre axes dérivés du développement durable : Mode de vie, Cadre de vie, Milieu de vie et Gouvernance. L’objectif était de colliger et d’interpréter, thème par thème, les multiples énoncés et d’ébaucher une première liste d’enjeux à des fins de discussions avec le comité de réflexion de la PSR 13-18. Le diagnostic stratégique, celui-là même que vous avez entre les mains, resitue le contexte actuel de l’Abitibi-Témiscamingue, ses différentes facettes de même que ses atouts et ses faiblesses. Il survole certaines tendances à l’œuvre sur le territoire – tendances qui peuvent être tout autant des opportunités que des menaces au regard du futur. Cet état des lieux est accompagné d’une proposition d’enjeux pour le développement durable de l’Abitibi-Témiscamingue. Le diagnostic stratégique a été élaboré de façon à donner une vision transversale et « vécue » du territoire par le croisement de perceptions terrain et de données parfois techniques. Il livre ainsi des « enseignements » fondés sur le territoire et ses acteurs. Enfin, ce rapport intègre les observations portées par le comité de réflexion.

Plan du diagnostic stratégique

Afin de fournir une base aux travaux de définition des grands enjeux et des priorités globales, le rapport est structuré autour de cinq grands blocs thématiques qui nous semblent être au centre de la réflexion à mener pour cibler les efforts à entreprendre entre 2014-2018 :

Une société et un territoire d’inclusion sociale Une qualité de vie et l’attractivité des territoires Une économie diversifiée, créatrice de richesses et d’emplois Un milieu de vie, son environnement et ses ressources naturelles Une région reconnue et ouverte sur le monde

L’énoncé de ces cinq grands thèmes est issu d’un travail de hiérarchisation par l’équipe de la PSR 13-18, et qui a fait l’objet d’échanges avec les membres du comité de réflexion. L’objectif était de cibler et de valoriser au mieux les messages et enjeux recueillis pour l’Abitibi-Témiscamingue.

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L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, TELLE QU’ELLE EST ET TELLE QU’ELLE ÉVOLUE L’Abitibi-Témiscamingue est un territoire qui a subi de profondes mutations au cours des dernières années. Cette section abordera quelques constats de la situation qui prévaut en Abitibi-Témiscamingue1, elle sera suivie d’une analyse portant sur les principales forces, faiblesses, opportunités et menaces. Cette analyse devrait permettre à la population de l’Abitibi-Témiscamingue de justifier les priorités qui seront proposées et de mettre en évidence le rôle que peut jouer la région.

Carte de l’Abitibi-Témiscamingue

1 À moins d’avis contraire, les statistiques contenues dans cette section proviennent de l’Institut de la statistique du Québec (site

Web).

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L’état des lieux

Une faible croissance démographique, récente certes, mais vulnérable aux mouvements migratoires

La région de l’Abitibi-Témiscamingue est un vaste territoire (64 656 km2) où habitaient 146 753 personnes

en 2012, ce qui représente 1,8 % de la population québécoise. De manière lente, mais continue, la population de la région poursuit sa légère croissance amorcée en 2006. Par rapport à 2011, la croissance démographique pour l’ensemble de la région est de 0,8 % (ou 1 111 personnes de plus). C’est une croissance comparable à celle du Québec (1,0 %). La croissance récente de la population régionale est attribuable à la nette amélioration du solde migratoire interrégional ainsi que, dans une moindre mesure, à l’accroissement naturel positif. En 2011-2012, pour la deuxième année consécutive, le bilan des entrées et des sorties s’est soldé par un gain net de 150 personnes dans la région. L’année précédente, le gain net totalisait 53 personnes. Ensuite, à l’instar de la situation provinciale, notons la légère remontée du nombre de naissances et le redressement du taux de fécondité au cours des dernières années. Quiconque habite la région depuis quelques décennies a vu la situation démographique teintée de hauts et de bas, d’avancées et de revers. La question démographique est au nombre des défis que devra relever la région. Toutes et tous s’entendent pour affirmer que la population doit augmenter, ne serait-ce que pour occuper le vaste territoire, préserver les services et institutions ainsi qu’élever le poids politique de la région. Sur une plus longue période (2008-2012), la région atteint la 12e place sur 17 dans le classement relatif à la variation moyenne de la population au Québec.

Des dynamiques démographiques contrastées selon les territoires Toujours pour la période 2011-2012, l’évolution de la population est très inégalement répartie sur le territoire. À l’instar de la dynamique régionale, les MRC d’Abitibi (+0,7 %), de La Vallée-de-l’Or (+1,2 %) et la Ville de Rouyn-Noranda (+0,5 %) continuent de croître légèrement, comme c’est le cas depuis 2006. Quant aux MRC de Témiscamingue et d’Abitibi-Ouest, qui vivaient une baisse de population depuis 2006, elles ont toutes deux connu une légère hausse de leur population en 2012 (+0,6 %). Au sein même des territoires de MRC, les réalités démographiques sont aussi variées que la centaine de collectivités qui composent l’Abitibi-Témiscamingue2. Néanmoins, globalement, la population des collectivités rurales a augmenté, tout comme celle des centres de services (2 500 à 5 000 habitants) et des villes de la région. Voici quelques éléments qui traduisent le processus de recomposition territoriale qui a cours depuis 2006 en Abitibi-Témiscamingue :

Signe d’un processus d’urbanisation, la majorité des pôles urbains de la région ainsi que des centres urbains légèrement moins populeux ont vu leur population croître.

L’étalement urbain profite à certaines petites collectivités situées dans les environs immédiats des principaux pôles urbains, alors que d’autres sont aux prises avec une diminution de population.

2 Le découpage spatial pour l'analyse correspond essentiellement aux municipalités en vigueur en 2001. Dans ce cas-ci, il s'agit de

104 entités géographiques (territoires municipalisés, territoires non organisés et réserves et établissements autochtones).

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Une part de la population semble avoir fait le choix de vivre au sein de petites collectivités un peu plus éloignées que les « banlieues » traditionnelles. Toutefois, comme on nous l’a également signifié, la flambée des prix des loyers et des résidences en milieu urbain ou périurbain ont contraint certaines familles à revenu modeste à s’installer plus loin, là où les coûts de propriété sont généralement moins élevés.

La décroissance démographique est plus importante pour certaines collectivités en périphérie des principaux pôles urbains. Autrement dit, plus on s’éloigne des principaux pôles urbains, plus la variation négative de la population tend à augmenter. Les municipalités qui accusent une décroissance de plus de 5 % entre 2006-2011 sont Laniel, Rémigny, Belleterre, Kipawa, Fabre, Béarn, Chazel, La Reine, Clermont, Normétal et Vassan.

Une forte concentration dans la sphère productive et une structure économique particulièrement vulnérable aux aléas de la conjoncture Une croissance économique significative L’économie de l’Abitibi-Témiscamingue a connu une croissance significative. Le produit intérieur brut (PIB) de la région est ainsi passé de 5,4 G$ en 2007 à 7,1 G$ en 2012, soit une croissance de 5,8 % par an. Cette progression représente 2,7 points de pourcentage de plus que la croissance provinciale (3,1 %). Historiquement, l’Abitibi-Témiscamingue s’est développée grâce à l’exploitation des ressources naturelles. Aujourd’hui encore, l’industrie de la production de biens – l’agriculture, la foresterie, l’extraction minière et la première transformation, la transformation et la construction – demeure importante pour l’économie régionale. À lui seul, le secteur de la production de biens générait, en 2011, 49 % du PIB de la région, soit une part plus importante qu’à l’échelle québécoise (28 %). En 2007, il s’agissait de 45 %. Un marché de l’emploi dynamique, mais d’importants besoins de compétences à combler Au cours des dernières années, l’emploi a connu une croissance importante dans la région puisqu’en 2011, le nombre d’emplois a atteint le seuil des 71 500, le meilleur résultat de la région depuis 1987. L’année 2012 poursuivait sur cette lancée, avec sa deuxième meilleure marque, soit 69 900 emplois. L’analyse de l’évolution de l’emploi indique de fortes variations des emplois d’une année à l’autre selon les industries, ce qui dénote une certaine fragilité dans la structure industrielle. Néanmoins, la forte diminution du taux de chômage sous la barre symbolique des 10 % depuis 2005 est un signe prometteur3. Un déficit de compétences dans plusieurs secteurs d’activité est relevé depuis de nombreuses années : c’est le phénomène de rareté de main-d’œuvre spécialisée. Une récente enquête4 mentionne que 45 % des entreprises de la région ont de la difficulté à recruter et manquent de compétences spécialisées. Le phénomène est particulièrement significatif dans les industries des mines et de la première transformation, services professionnels, finances et assurances, commerce de gros et de détail et agroalimentaire. La tendance est lourde. D’ici 2016, 12 400 emplois seront à pourvoir, et ce, dans l’ensemble des secteurs d’activité et dans une multitude de professions. La majorité des opportunités, soit 77 %, seront attribuables aux départs à la retraite.

3 Statistique Canada, Enquête sur la population active (EPA).

4 Emploi-Québec - Abitibi-Témiscamingue, Enquête sur les besoins de main-d’œuvre et de compétences des établissements de

l’Abitibi-Témiscamingue 2012, 2013.

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Une structure économique plutôt stable Depuis les 15 dernières années, on remarque de très légères modifications dans la structure économique de la région :

Poids relatif de secteurs d’activité dans l’économie régionale et leur évolution

1998-2000 2000-2002 2010-2012

Secteur de la production de biens 28,4 % 30,2 % 30,3 %

Agriculture 2,2 % 2,7 % 1,7 %

Exploitation forestière 4,0 % 4,8 % 2,1 %

Extraction minière 6,7 % 6,2 % 10,3 %

Construction 4,4 % 4,7 % 5,3 %

Fabrication 9,9 % 10,5 % 9,6 %

Secteur des services 71,7 % 69,9 % 69,7 %

Consommateurs 28,0 % 27,2 % 27,5 %

Production 19,9 % 17,9 % 17,2 %

Gouvernementaux 23,8 % 24,8 % 24,8 %

Statistique Canada, Enquête sur la population active

Entre 1998-2000 et 2010-2012, le secteur de la production de biens a vu sa proportion d’emplois passer de 28 % à 30 %. Bien que le poids de l’exploitation forestière soit deux fois moins élevé aujourd’hui qu’en 1998-2000, l’extraction minière pèse plus lourdement dans l’économie (7 % à 10 %). L’agriculture marque un repli, la construction, une légère avancée. Le poids relatif de la transformation dans l’économie régionale n’a pas changé (10 %). Toutefois, à l’intérieur même du secteur, on constate certains mouvements : recul dans la fabrication de produits du bois et progression dans la fabrication de produits alimentaires et métalliques. Généralement, les emplois du secteur de la production de biens sont plutôt bien rémunérés, même parmi les mieux rémunérés, notamment dans les services publics, en extraction minière et dans la construction.

Le secteur des services a vu sa part passer de 72 % à 70 % pour les mêmes périodes de référence. Le secteur des services aux consommateurs – commerce de détail, hébergement et restauration, information, culture et loisirs et autres services – regroupe le plus grand volume d’emplois. Toutefois, son poids dans l’économie régionale est demeuré relativement stable avec 28 %. Deuxième secteur en importance, les services gouvernementaux – santé, éducation et administrations publiques – a vu sa part augmenter très légèrement, passant de 24 % à 25 %. Seul le secteur de la santé a vu croître son bassin d’emplois de même que son poids relatif dans l’économie, compensant les pertes en éducation et dans l’administration publique. Enfin, la part des emplois liés aux services à la production (ou tertiaire moteur) a régressé, passant de 21 % à 18 %. Ce recul s’explique, entre autres, par le transport et l’entreposage ainsi que le commerce de gros qui ont perdu de leur importance au sein de l’économie régionale. Les emplois reliés à la gestion de sociétés ont pris de l’importance, alors que ceux liés aux finances et assurances et services professionnels et scientifiques ont conservé le même poids. Plusieurs gains observés dans les services à la production peuvent être directement reliés aux ressources naturelles, par l’innovation, la recherche et les services aux entreprises.

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Au sein même du secteur des services, on retrouve, d’un côté, un bon nombre de secteurs qui offrent une rémunération très intéressante : les services professionnels, scientifiques et techniques se classent en tête, suivis de l’industrie de l’information et de l’industrie culturelle, de la finance et des assurances, des administrations publiques, de la gestion de sociétés et d’entreprises, du commerce de gros et de l’enseignement. À mi-chemin, les emplois reliés à la santé et à l’assistance sociale, aux services administratifs et à l’immobilier. À l’autre extrême, on retrouve des emplois généralement peu rémunérés : restauration et hébergement, commerce de détail, arts, spectacles et loisirs et autres services.

Une polarisation du tissu entrepreneurial et un indice de diversité industrielle peu éloquent À l’instar du Québec, l’économie de l’Abitibi-Témiscamingue se base sur de nombreuses petites et moyennes entreprises; 95 % d’entre elles comptent moins de 50 employés. Cependant, la région comptabilise une part moindre de très petites entreprises (0-4 employés), alors qu’elle compte davantage de petites et moyennes entreprises (5-49 emplois). Le secteur primaire accapare près de 12 % des établissements de la région, ce qui est deux fois plus important que la moyenne provinciale (6 %). Une part moindre est enregistrée dans le secteur de la fabrication et de la construction (12 % c. 18 % au Québec) et dans les services (75 % c. 77 %)5. Avec une telle configuration des établissements, qu’en est-il de la diversité industrielle? Selon le portrait socioéconomique des régions, la diversité industrielle d’un territoire dépendra notamment de sa « dotation en ressources naturelles, de sa situation géographique et de sa densité de population »6. En 2011, l’Abitibi-Témiscamingue a enregistré une très légère augmentation de son indice de diversité industrielle. Toutefois, sur l’ensemble des 17 régions administratives, l’indice positionne la région au 14e rang, ce qui indique une économie peu diversifiée comparativement à la moyenne provinciale.

Une situation socioéconomique qui tend à s’améliorer, mais où persistent des inégalités sociales, économiques et territoriales Au cours des dernières années, le revenu disponible des ménages par habitant est à la hausse dans la région, de même qu’au sein de tous les territoires de MRC. Les données indiquent non seulement que le revenu régional dépassait celui du Québec en 2011 (donnée provisoire), mais qu’il était le plus élevé de l’ensemble des régions administratives du Québec. Autre indicateur, le revenu moyen des particuliers de la région s’est avéré supérieur à celui de la moyenne provinciale pour la première fois en 20117. Cependant, l’analyse des revenus des particuliers de la région selon la tranche de revenu démontre que les personnes avec des revenus entre 30 000 $ et 50 000 $ déclaraient en 2011, à peu de chose près, un revenu moyen similaire à celui de 2006. On constate aussi que le revenu moyen des personnes avec un faible revenu (moins de 30 000 $) s’améliore moins rapidement que celui des personnes ayant des revenus plus importants8.

5 Ministère des Finances et de l’Économie, Portait socioéconomique des régions 2012, 2012.

6 Idem.

7 Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Bulletin mensuel, avril 2013.

8 Compilation spéciale à partir des données de Revenu Québec.

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Revenu moyen des particuliers, Abitibi-Témiscamingue

2006 2011 Variation

Moins de 30 000 $ 14 522 $ 15 519 $ 6,9 %

30 000 $ à 50 000 $ 38 932 $ 39 220 $ 0,7 %

50 000 $ et plus 82 114 $ 89 233 $ 8,7 %

Revenu Québec

Selon les plus récentes données sur le faible revenu (2010), l’Abitibi-Témiscamingue affichait un taux de faible revenu des familles de 7,1 %, ce qui la plaçait au 6e rang des régions du Québec. L’intensité de la précarité économique apparaît moins forte qu’à l’échelle nationale (9,3 %). Entre 2006 et 2010, la part de familles à faible revenu est en très légère diminution dans la région, ce qui représente une tendance contraire à celle qui prévaut au Québec. Malgré tout, l’Abitibi-Témiscamingue est témoin de phénomènes de précarisation pour certains endroits de son territoire. Les MRC d’Abitibi-Ouest, de La Vallée-de-l’Or et du Témiscamingue affichent des taux de faible revenu des familles supérieurs à la moyenne régionale. Autre fait préoccupant, les familles monoparentales de ces territoires sont plus exposées au faible revenu que la moyenne provinciale (26 %). À ce chapitre, notons la dégradation de la condition économique des familles monoparentales de la MRC de Témiscamingue, où le taux de faible revenu est dorénavant de 34 %, ce qui touche plus d’une famille monoparentale sur trois. La région accuse un retard marqué concernant les qualifications de haut niveau, alors même que ces dernières sont indispensables à l’intégration du marché du travail ainsi qu’aux conditions de vie favorables des personnes. En 2011, la part de personnes n’ayant pas de diplôme ou de qualification reste importante; 30,5 % en Abitibi-Témiscamingue contre 22 % au Québec9. La sous-scolarisation est un phénomène particulièrement inquiétant chez les hommes, les communautés algonquines ainsi que les populations avec incapacité. Quant au grade universitaire, 11 % de la population régionale en détient un par rapport à 19 % à l’échelle provinciale. Enfin, le taux de sortie sans diplôme ni qualification demeure préoccupant avec 18,6 % pour la région en 2010-2011. Il s’agit d’un taux identique au réseau public québécois. À l’échelle des commissions scolaires de la région, ce taux varie de 15,6 % à 22,7 %.

Un territoire riche de ressources naturelles La mise en valeur des ressources naturelles et du territoire se traduit par une multitude d’usages10 :

• 85,2 % de la région correspond à de la forêt publique et 6,7 % à de la forêt privée; • plus de 26 % correspond à des territoires fauniques structurés; • 16,5 % du territoire régional fait l’objet de titres miniers actifs; • 9,4 % de la surface de la région est composée d’eau; • 6,9 % du territoire régional est concerné par de l’exploitation minière et des parcs à résidus miniers; • 6,4 % de la région correspond à des aires protégées;

9 Statistique Canada, Profil de l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM) 2011. Traitement : Conférence régionale des élus de

l’Abitibi-Témiscamingue. 10

Tiré intégralement : Commission régionale des ressources naturelles et du territoire, Plan régional de développement intégré des ressources naturelles et du territoire (PRDIRT), 2011.

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• 3 % du territoire de la région est exploité à des fins agricoles au sein d’une zone verte qui représente près de 11 % du territoire.

Avec l’accès aux ressources se pose la question de la cohabitation entre les usagers.

Les forces et les atouts Sur quoi et par quels moyens l’Abitibi-Témiscamingue peut-elle se développer, se construire une nouvelle attractivité et trouver les voies de son développement? À la lumière du processus consultatif, voici les principaux atouts à valoriser :

La diversité, l’abondance ainsi que le potentiel de ses ressources naturelles, en particulier les minerais, l’eau, la forêt, la faune, les terres arables ainsi que la proximité et l’accessibilité aux grands espaces naturels.

Là où encore tout est possible, son expérience du développement par la richesse de ses réseaux, de ses partenariats et de sa culture de concertation.

Un capital humain capable d’imagination, de débrouillardise, de créativité, de délinquance et de solidarité.

Une vitrine à l’international grâce au dynamisme culturel (festivals et événements culturels) et à une diversification des marchés extérieurs pour l’industrie touristique.

Un réseau d’experts couvrant l’ensemble des activités de l’industrie minière (exploration, exploitation, formation, recherche et développement, environnement minier, équipementiers, etc.).

Des créneaux d’excellence dans les secteurs d’activités ayant fait la force industrielle de la région et qui renforçent la compétitivité des entreprises comme le rayonnement de la région.

Un réseau décentralisé de l’éducation, composé d’établissements d’enseignement primaire et secondaire, collégial et universitaire, à l’écoute des besoins et branché sur le développement de la région, jouant un rôle déterminant dans l’accessibilité à l’offre de formation qualifiante.

La présence de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, qui offre une palette de formations spécialisées de haut niveau et qui est reconnue comme un pôle de recherche par excellence.

La qualité de vie au sein de milieux de vie à échelle humaine de même que la qualité des relations sociales, de l’accueil, des infrastructures ainsi que de l’offre culturelle et éducative.

Vue de l’intérieur comme de l’extérieur, la région semble éloignée de tout. Or, l’Abitibi-Témiscamingue occupe une position géostratégique grâce à sa proximité avec l’Ontario et le Nord-du-Québec et à ses voies de communication.

La capacité d’adaptation de la main-d’œuvre régionale, tout comme un véritable savoir-faire développé dans plusieurs domaines.

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La structuration de pôles formation-recherche-économie, qui ne peut être dissociée de la qualité des développements collégiaux et universitaires, des infrastructures et de la coopération, qui repose sur des domaines d’excellence et de recherche d’avenir (aménagement forestier durable, environnement minier, thermoplastique, résidus, ressources hydriques, etc.).

Assise de l’occupation et du développement de la région, une organisation territoriale éclatée en cinq territoires de MRC, qui ont chacun leur caractère distinctif.

Un retour des jeunes dans la région, une jeunesse dynamique et impliquée dans le développement.

La présence du réseau large bande.

Mots avec une grande occurrence – Forces

Les faiblesses Les atouts de l’Abitibi-Témiscamingue doivent être mis en perspective avec les handicaps de la région.

Un éloignement des grands centres et de grandes distances intrarégionales qui accroissent la vulnérabilité de la population au coût du pétrole et la compétitivité des industries (transport).

Au cœur des défis de l’attractivité et de l’organisation du territoire, la rareté de la main-d’œuvre ainsi que de logements.

Une forte dépendance économique vis-à-vis de l’extérieur, en raison d’une économie axée sur l’exploitation des ressources naturelles, tributaire de la demande externe et des cycles économiques.

Le faible nombre de sièges sociaux et de centres décisionnels de grandes entreprises rend la région plus sensible que d’autres aux risques de délocalisation.

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En corollaire, une économie insuffisamment diversifiée et peu de possibilités d’emploi hors du secteur des ressources naturelles.

Une culture entrepreneuriale peu développée et un tissu de PME trop faible.

Un faible bassin de population et peu de préoccupations quant à la rétention des jeunes et des nouveaux arrivants.

Un manque de cohérence dans la gouvernance publique (esprit de clocher) et un manque de convergence et d’unité des acteurs publics. À l’heure où la concurrence est de plus en plus vive, cohérence et convergence sont pourtant indissociables.

L’absence d’une vision de développement commune pour l’ensemble de la région, partagée et issue de consensus. L’absence d’un cadre mobilisateur rend difficile la mise en œuvre d’une synergie et de complémentarités dans les interventions publiques.

Une méconnaissance de la région par les gens d’ici et de l’extérieur; une image encore trop souvent négative.

Des politiques gouvernementales (fédérales et provinciales) peu adaptées en fonction des réalités régionales, appliquées dans un principe de « mur à mur ».

Un niveau de scolarité insuffisant de la population, et un taux persistant de sortie sans diplôme ni qualification.

Une dévitalisation et un faible capital social et humain de certains milieux, un tissu social qui se fragilise.

Des inégalités démographiques et économiques entre les territoires de MRC ainsi que les petites collectivités.

Mots avec une grande occurrence – Faiblesses

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SE DONNER UNE VISION PROSPECTIVE Des changements sont visibles aujourd’hui déjà et soulèvent d’autres questions en ce qui concerne l’avenir : quelles sont les principales tendances d’ici les cinq à dix prochaines années qui pourraient avoir une incidence sur le développement de l’Abitibi-Témiscamingue? Quelles tendances actuelles risquent de s’amplifier? Qu’est-ce qui va, au contraire, probablement rester identique? Quels sont les menaces ou les risques que l’on peut cerner et qu’il va falloir prendre en compte? Quelles sont les opportunités potentielles? Quels sont les projets? Quels défis peut-on en déduire?

Évidemment, se projeter dans l’avenir n’est pas facile à réaliser. Tout exercice visant à circonscrire ou à anticiper les changements prend la forme d’une démarche exploratoire qui ouvre les « champs du possible ». Le regard que l’on porte sur le monde de demain est forcément flou. De même, les prévisions ou données statistiques comportent, elles aussi, leurs limites. Les fondements présentés dans cette section découlent du processus consultatif mené à l’hiver 2013. Essentiellement, il s’agit des principales « tendances » ou « facteurs de changement » qui sont d’ordres démographiques, économiques, environnementaux et parfois politiques. Ils influent déjà ou seront susceptibles d’affecter le développement de l’Abitibi-Témiscamingue. Il ne s’agit donc pas d’une littérature exhaustive de toutes les tendances qui peuvent agir sur notre développement, mais plutôt de déduire de la multitude des tendances existantes des éléments pertinents pour l’Abitibi-Témiscamingue. Ceci dit, bien qu’il soit difficile de bien circonscrire les tendances, de les expliquer à fond et de prévoir comment elles évolueront, on doit les considérer afin de s’y ajuster.

Tendances lourdes Ici comme ailleurs, certaines tendances dites « lourdes » sont observées sur plusieurs années, voire de plusieurs décennies. Ces tendances ne sont pas un effet de mode, mais bien une vague de fond. Des changements structuraux sont déjà en cours. La population de l’Abitibi-Témiscamingue a cerné cinq tendances lourdes qui façonneront, à divers degrés, l’avenir de l’ensemble des territoires de la région :

Changements démographiques et demande sociale Mondialisation, globalisation et accroissement des échanges Développement du numérique Double défi Climat/Énergie Raréfaction des ressources naturelles et développement durable

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Changements démographiques et demande sociale

À l’échelle mondiale, la dernière projection de l'Organisation des Nations unies (ONU) montre, selon son scénario moyen, que l'humanité pourrait atteindre plus de 9,3 milliards de personnes vers 2050, soit une augmentation d'environ 2,3 milliards de personnes sur les quarante prochaines années. Cette croissance se caractérise par deux grandes tendances : une hausse des taux de croissance démographique et économique, particulièrement dans les pays en développement, et un vieillissement de la population, surtout dans les pays développés. Au Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), la population augmenterait d’ici 2056, pour totaliser 9,2 millions de personnes, alors que le vieillissement de la population québécoise est déjà bien amorcé. Ces changements démographiques qui ont cours ailleurs dans le monde, voire au Québec, sont également perceptibles sur le vaste territoire de l’Abitibi-Témiscamingue. Regardons les plus récentes perspectives démographiques réalisées par l’ISQ pour la région, de même que pour les territoires de MRC ainsi que certaines municipalités.

L’Abitibi-Témiscamingue en 2031 La croissance réelle de la population de l’Abitibi-Témiscamingue était de l’ordre de 0,5 % entre 2006-2011 alors que la variation anticipée était positive d’à peine 0,1 %. Les perspectives prévoyaient une décroissance de la population dès 2012 alors que dans les faits, la région compterait environ 1 800 personnes de plus qu’initialement prévu. Néanmoins, d’ici 2031, la population de la région devrait diminuer de 3 %, se fixant à 141 000 personnes à la fin du terme. Au sein des MRC, les variations différeraient : MRC d’Abitibi : -3 % MRC d’Abitibi-Ouest : -11 % MRC de La Vallée-de-l’Or : +2 % MRC de Témiscamingue : -7 % Ville de Rouyn-Noranda : -1 % Selon les prévisions démographiques estimées pour les municipalités ayant 500 habitants et plus, la moitié des 40 municipalités et réserves soumises à l’exercice accuserait une diminution de leur population d’ici 2019; 15 connaîtraient une hausse alors que les autres se caractériseraient par une stabilité de leur population. Les scénarios démographiques estiment que si l’Abitibi-Témiscamingue comptait autant d’arrivées que de départs, la région ainsi que toutes les MRC (sauf une, et de peu) verraient leur population augmenter entre 2006 et 2031.

Institut de la statistique du Québec.

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Vieillissement de la population Le vieillissement de la génération du baby-boom, l’allongement de l’espérance de vie, les faibles taux de fécondité observés sur quelques décennies ainsi que les mouvements migratoires comptent parmi les facteurs susceptibles de favoriser l’accélération du vieillissement démographique. Que le vieillissement soit perçu comme une menace ou une opportunité, cette tendance de fond façonnera d’une manière tangible l’avenir des collectivités de l’Abitibi-Témiscamingue, qu’elles soient rurales, périurbaines ou urbaines. D’ailleurs, ce thème s’inscrit de plus en plus dans les réflexions. Lors du processus consultatif, le vieillissement de la population et ses répercussions était LA tendance la plus souvent signalée. Selon les plus récentes perspectives démographiques, la région s’oriente vers un vieillissement généralisé de la population. Aussi, des disparités significatives entre les territoires seraient à prévoir à ce chapitre.

Une pyramide qui se renverse

D’ici 2031, ce n’est pas tant les fluctuations de la population qui auront le plus d’impact sur le développement de l’Abitibi-Témiscamingue que la distribution par groupes d’âge de celle-ci. Selon les plus récentes perspectives démographiques, la part des 0 à 19 ans diminuerait de 20 %, celle des 20 à 64 ans se réduirait de 21 % tandis que la part des aînés augmenterait de 119 %. Des 15 % de personnes aînées que compte aujourd’hui l’Abitibi-Témiscamingue, on en compterait près de 22 % en 2021 et 29 % en 2031. À l’inverse, la population âgée de 20 à 64 ans passerait de 62 % aujourd’hui à 57 % en 2021, pour atteindre 51 % en 2031. La part de jeunes de 0 à 19 ans passerait quant à elle de 23 % aujourd’hui à 21 % en 2021, pour ne représenter que 20 % de la population en 2031. Tous les territoires de MRC connaîtraient une croissance de l’effectif de personnes âgées, de même qu’une augmentation marquée de leur proportion au sein de leur population. Selon les territoires de MRC, la part de personnes aînées devrait varier entre 20 % et 24 % d’ici 2021 et entre 27 % et 32 % d’ici 2031. Plus de la moitié des 40 municipalités de 500 habitants et plus compterait 20 % et plus de personnes aînées au sein de leur population d’ici 2019.

Institut de la statistique du Québec.

Le vieillissement de la population se fera sentir dans les domaines de l’emploi, des soins de santé tout comme en matière de logement, d’infrastructures et d’aménagement du territoire. Fondamentalement, cela soulève aussi l’enjeu du maintien des services publics. Nous y reviendrons ultérieurement.

Mondialisation, globalisation et accroissement des échanges

La mondialisation à proprement parler, et en ce terme, n’a été que très peu mentionnée lors du processus consultatif. Cependant, à travers maints énoncés, ce thème est bel et bien présent dans les réflexions de la population de l’Abitibi-Témiscamingue. La plupart du temps, on l’associe à une évolution économique à court terme ainsi qu’à une instabilité grandissante des marchés, d’où un degré d’incertitude élevé. On

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redoute la perte de petites entreprises locales, la délocalisation des entreprises, l’éloignement des centres décisionnels et même, la perte de contrôle de nos leviers économiques. La dépendance de l’économie relativement aux ressources et sa localisation dans le contexte nord-américain rendent l’Abitibi-Témiscamingue très sensible au contexte mondial. Un tel constat revêt une signification particulière dans un contexte où l’on s’attend à de plus grandes variations dans les cycles économiques mondiaux, cycles susceptibles d’être de plus en plus courts. La capacité de s’adapter aux cycles, mais davantage encore aux « après-cycles miniers » devient une préoccupation centrale pour une région telle que l’Abitibi-Témiscamingue dont le développement économique demeure en grande partie dicté par des forces hors de son contrôle. Malgré des signaux récents – notamment le redressement des prix des produits du bois ainsi que le nombre en légère hausse de constructions résidentielles aux États-Unis –, le milieu régional entrevoit une relance, mais une relance lente, limitée, voire difficile pour l’industrie forestière de la région. Outre la spéculation entourant l’acquisition de terres agricoles, aucun mot quant à la conjoncture mondiale pouvant affecter la dynamique agricole ou bioalimentaire11. Selon la revue Perspectives de Desjardins, les tendances mondiales quant aux matières premières sèment de plus en plus l’inquiétude. On peut lire : Énergie, métaux usuels et or… Il faut dire que presque toutes les grandes catégories de matières premières suscitent d’importantes interrogations. Du côté de l’énergie, toutes les conséquences de la révolution énergétique américaine ne sont pas encore connues. Du côté des métaux industriels, les signes de ralentissement des pays émergents soulèvent des inquiétudes. Finalement, la chute spectaculaire du prix de l’or semble confirmer que les investisseurs ont tourné le dos aux métaux précieux. Ce négativisme qui entoure le secteur des ressources ouvre cependant la porte à une meilleure performance au cours des prochains trimestres alors que la croissance mondiale devrait s’accélérer. Desjardins, Tendances des matières premières, mai 2013.

Bois d’œuvre… Après une poussée spectaculaire en 2012 et au commencement de 2013, le prix du bois d’œuvre a connu une certaine correction. Le prix de référence du bois d’œuvre américain, qui avait atteint un sommet de plus de huit ans à 451 $ US par millier de pieds-planche (mpp) à la mi-avril, est ainsi récemment retourné aux environs de 360 $ US/mpp. Des signes que les prix élevés entraînaient une réaction de la part des producteurs de bois et la réalisation que, malgré un rebond, la construction résidentielle américaine demeurerait relativement faible cette année expliquent cette modération peu surprenante des prix du bois d’œuvre. Le prix de la pâte a quelque peu augmenté, alors que le prix du papier est demeuré stable au cours des derniers mois. Desjardins, Tendances des matières premières, mai 2013.

Développement du numérique

À la lumière du processus consultatif, la montée des technologies de l’information et des communications (TIC) est une préoccupation majeure pour la région, de même que pour les territoires de MRC. Il y a unanimité autour du fait que le déploiement des TIC est un levier de développement pour la région et que l’amélioration de leur usage constitue une condition essentielle.

11

Il est utile de préciser que les consultations ont eu lieu au moment où plusieurs études portant sur l’accaparement des terres agricoles marquaient l’actualité, d’où une sensibilité importante des groupes et personnes rencontrées.

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Selon le rapport d’étonnement intitulé Un Québec numérique : qu’attendons-nous?, le numérique c’est12 :

Culturellement : un lien électronique entre le tiers des sept milliards d’êtres humains vivant sur notre planète, dont la moitié ont moins de 25 ans.

Économiquement : une réorganisation des activités autour de l’économie immatérielle; c’est d’ailleurs le seul secteur de croissance en progression actuellement.

Politiquement : une place publique que les citoyens commencent à investir pour accepter ou refuser les modèles ou les projets proposés par leurs gouvernants.

Grandes tendances en matière d’utilisation d’Internet et des TIC Selon le CEFRIO, l’Abitibi-Témiscamingue arrive bonne 11e sur 16 dans le classement des régions selon l’utilisation régulière d’Internet, devançant le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie‒Îles-de-la-Madeleine, le Centre-du-Québec, la Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Avec 74 % d’internautes réguliers, la région se compare (statistiquement) au reste de la province (78 %). La part de personnes qui naviguent régulièrement sur Internet est en constante augmentation dans la région, passant de 66,5 % en 2007 à 70,7 % en 2010 pour atteindre 74,3 % au cours de 2012. Près de 10 points de pourcentage séparent le taux d’utilisation d’Internet des hommes et des femmes dans la région, à l’avantage des hommes. Les 18-34 ans sont les plus nombreux à utiliser fréquemment Internet (95 %), suivis des 35-54 ans (93 %) et des 45-54 ans (93 %). Les personnes âgées de 45-54 ans de la région démontrent un intérêt beaucoup plus marqué qu’ailleurs au Québec, alors que les 55 ans et plus, un intérêt nettement moins élevé. Quant aux cyberacheteurs, leur taux chiffré à 20 % en 2012 affiche un recul par rapport à 2011 (27 %). En 2012, la région se situe au 13e rang des 16 régions, alors qu’elle se situait au 5e rang en 2011. La part régionale est statistiquement inférieure à celle du Québec (27 %). En 2012, 79 % des ménages de la région étaient branchés à Internet à partir de leur domicile. Il s’agit d’une part légèrement moindre que la moyenne québécoise (82 %). Toutefois, la part de ménages branchés varie de 77 % dans les MRC d’Abitibi et de Témiscamingue à 80 % pour la Ville de Rouyn-Noranda et la MRC de La Vallée-de-l’Or. La quasi-totalité des ménages de la région navigue en haute vitesse (97 % c. 94 % au Québec). Une certaine forme de disparité prévaut en Abitibi-Ouest, où 93 % des ménages disposent d’une telle connexion. Quant aux entreprises (5 employés et plus), à l’image du Québec, 92 % étaient branchées à Internet en 2012. Parmi elles, 96 % avaient une connexion haute vitesse et 14 %, une connexion très haute vitesse. Une enquête13 menée précédemment indiquait qu’environ 6 % – dont une majorité du secteur agricole – avaient une connexion de base (basse vitesse). À peine une entreprise sur deux possédait un site Internet. Les ressources financières étaient l’un des obstacles les plus fréquemment énoncés par les entrepreneurs en tant que problématique en lien avec les nouvelles technologies. Immédiatement après le deuxième facteur énuméré, soit le temps, la problématique la plus soulignée était celle du manque de connaissances et de pratique.

CEFRIO, Fiche statistique ‒ Région Abitibi-Témiscamingue, 2012.

12

Propos tirés intégralement du Rapport d’étonnement intitulé Un Québec numérique : qu’attendons-nous?, 2012. Site Web : http://plannumeriquequebec.org/. 13

SADC Abitibi-Ouest, Zoom sur 224 entreprises d’Abitibi-Témiscamingue et leur utilisation des nouvelles technologies, 2010.

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Double défi Climat/Énergie

Le climat de la planète se réchauffe. Les statistiques, les phénomènes climatiques extrêmes ainsi que les perturbations sur la biodiversité sont autant d’avertissements. Le réchauffement climatique aura des conséquences dont toutes les portées ne sont pas forcément évaluées, mais dont il apparaît de plus en plus difficile de nier les impacts. Comme les « mesures » ne font pas consensus, cela implique d’agir dans un contexte d’incertitude complexe. À plus petite échelle, comment prendre en compte sur le long terme les vulnérabilités propres au territoire de l’Abitibi-Témiscamingue?

Regard sur les changements climatiques

Au Québec, les changements climatiques (CC) sont déjà perceptibles, étant plus marqués en été et en hiver, et un peu moins lors des saisons de transition. Généralement, le climat se réchauffera sur l’ensemble du territoire québécois, et ce, de façon plus marquée au nord qu’au sud. Précisément pour la région « Centre-du-Québec » où se situe l’Abitibi-Témiscamingue, pour la période 2041-2070, les normales de températures augmenteraient en hiver de 3,5 °C à 4,9 °C et les précipitations de 12 à 23 %. En été, les hausses de température seraient de 1,8 °C à 3 °C. Il y aurait davantage de journées très chaudes ou de canicules, et la période de croissance augmenterait entre 15 et 41 jours. Quant aux précipitations, elles seraient à la hausse de 1 à 7 % en été.

Présentation de M. Alain Bourque intitulée, Gérer les risques et opportunités

climatiques dans un climat changeant en Abitibi-Témiscamingue, Ouranos, avril 2013.

En raison de la production et de la consommation massive d’énergies fossiles qui favorisent l’augmentation des gaz à effet de serre (GES), l’activité humaine (industries, transport, agriculture, etc.) est dans une large mesure responsable du réchauffement planétaire. La tendance est vers la recherche d’énergies alternatives, moins émettrices de gaz à effet de serre (GES) et renouvelables. La réduction de la dépendance aux énergies fossiles conventionnelles passe par l’efficacité énergétique, l’utilisation des énergies renouvelables, ainsi que la réduction et la maîtrise de la consommation.

Regard sur l’énergie

Le secteur du transport est le principal consommateur de pétrole dans la région et rappelons qu’à l’échelle du Québec, il est le principal émetteur de gaz à effet de serre (GES), avec 42 %. En Abitibi-Témiscamingue, le pétrole accapare 49 % des coûts de consommation de l’énergie. Environ 67 % de la consommation énergétique du territoire régional provient d’énergies renouvelables, soit l’électricité et la biomasse. À ce chapitre, la consommation de biomasse à des fins énergétiques est relativement élevée : 26 % dans la région contre 7 % pour la consommation provinciale.

Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue,

Portrait énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue, avril 2013.

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Raréfaction des ressources naturelles et développement durable

À l’échelle mondiale, la rareté des ressources et la dégradation de l’environnement redeviennent des sources majeures de préoccupation. Diverses études indiquent que bon nombre de ressources naturelles nécessaires à la vie se font de plus en plus rares. En 2009, des scientifiques ont déterminé des limites globales au-delà desquelles les dégradations environnementales planétaires ne permettraient plus aux activités humaines de se poursuivre. Parmi neuf limites14, certaines sont atteintes ou dépassées; citons les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, la disponibilité de l’eau douce, le changement d’affectation des terres et les pertes de biodiversité15.

L’environnement externe : les menaces et les opportunités À la lumière de ce qui précède, la région de l’Abitibi-Témiscamingue, à l’instar de plusieurs autres régions et pays, est impliquée dans des enjeux mondiaux. Elle est et sera confrontée au vieillissement de la population, aux nouvelles règles d’une économie mondialisée, à la montée des technologies de l’information et des communications, aux changements climatiques ainsi qu’aux préoccupations grandissantes pour le développement durable. Dérivées ou non des tendances lourdes ou d’autres tendances déjà en cours au sein de la région, de nombreuses opportunités devraient s’offrir à la région, tout comme cette dernière devra affronter des menaces bien réelles. Peu font l’objet de prévisions, ce qui peut en faire des sujets à haut niveau de controverse. L’objectif de ce diagnostic n’étant pas ici de faire un quelconque arbitrage, mais de tenter de se projeter, citons les menaces et les opportunités les plus fréquemment mentionnées et pouvant être prises en compte dans la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse.

Les menaces

Une dynamique démographique régionale influencée par la diminution anticipée de la population, le renforcement de la tendance au vieillissement ainsi que l’intensification de l’étalement géographique.

Le risque d’un retour de balancier vers le déficit migratoire en raison de flux migratoires des jeunes et de la population active en période de ralentissement économique.

Une centralisation des décisions et des pouvoirs vers les grands centres au détriment des besoins des régions éloignées; une diminution du poids politique contrairement à l’augmentation du nombre de députés dans les zones à forte croissance de population; une perte de leviers économiques ou de budgets basés sur la démographie.

La mondialisation des marchés et concurrence accrue, principalement pour certaines productions régionales (métaux, bois d’œuvre, pâtes et papiers, etc.); la fragilité de la demande en ressources

14

Les neuf processus retenus sont : l’érosion de la biodiversité, les changements climatiques, l’acidification des océans, le trou de la couche d’ozone de la stratosphère, les cycles biogéochimiques (azote et phosphore), l’utilisation de l’eau douce, le changement de vocation des terres, la pollution chimique et la présence d’aérosols atmosphériques (aérosols d’origine naturelle ou humaine). Source : http://planeteviable.org/limites-planetaires-monde-viable/. 15

Rapport européen sur le développement 2011/12, Affronter la rareté: Gérer l’eau, l’énergie et les terres pour une croissance inclusive et durable, Overseas Development Institute (ODI), Centre européen de gestion des politiques de développement (ECDPM), Institut allemand pour le développement (GDI/DIE), 2012.

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premières; l’instabilité des marchés mondiaux et les fluctuations des prix des ressources naturelles, notamment du prix des métaux et des énergies fossiles (pétrole).

Une forte demande mondiale dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles, ce qui accroîtra les pressions externes pour l'exploitation des ressources naturelles de la région.

La dégradation de la qualité des écosystèmes, notamment une baisse de la qualité de l’eau (lacs et rivières).

Une forte compétition entre les régions pour l’attraction de la main-d'œuvre qualifiée ainsi qu’une présence accrue d’une main-d’œuvre mobile ou de passage.

La centralisation des services, des centres décisionnels et des emplois de qualité dans les grands centres.

Les changements climatiques et leurs impacts sur les ressources (multiplication des risques d’inondations, d’érosion, de sécheresse, etc.) et les infrastructures.

Un contexte de rationalisation budgétaire.

Une fracture numérique entre les collectivités faiblement et densément peuplées, et la faible utilisation des TIC.

L’individualisation des sociétés.

Les opportunités

L’ouverture des frontières a pour effet d’ouvrir de nouveaux débouchés pour les produits et services des entreprises régionales; l’émergence de secteurs économiques non traditionnels; l’obligation de valeur ajoutée aux produits et services notamment dans les secteurs manufacturiers et des services.

L’ouverture d’espaces économiques par l’entremise d’accords économiques et commerciaux conclus entre le Canada et le Québec avec d’autres pays dans le monde16.

Le développement nordique, de sorte que la main-d’œuvre ainsi que les entreprises et établissements d’enseignement et de recherche de la région puissent collaborer aux développements qui y prendront forme au cours des années à venir.

Une crise économique sévissant dans plusieurs pays, notamment européens, ce qui peut amener une main-d'oeuvre qualifiée venant d'ailleurs à s’établir ici.

16

Pour n’en nommer que quelques-uns : la signature d’une entente France-Québec sur la reconnaissance mutuelle des compétences des travailleurs qualifiés; la signature d’un accord Québec-Ontario sur le commerce et l’économie; la promotion d’une entente de partenariat économique entre le Canada et l’Union européenne; la mise en œuvre complète de l’Accord sur le commerce intérieur (ACI) et particulièrement du chapitre sur la mobilité de la main-d’œuvre; l’accélération de la reconnaissance des qualifications professionnelles pour les personnes formées hors du Québec et du recrutement de travailleurs temporaires. Tiré intégralement du site Web du ministère des Finances et Économie (MFEQ), section Se conformer/Accords et litiges commerciaux.

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La virtualisation des échanges fait en sorte que les contraintes associées à l’espace, à la distance et au temps n’existent plus, ce qui a pour effet de réduire l'éloignement de la région des grands centres, d’inscrire et de faire rayonner la région sur de nouveaux marchés mondiaux, de démocratiser l’information ou encore, de développer le télétravail et la formation à distance.

Une conscience accrue envers le développement durable alliant davantage développement économique et acceptabilité sociale (approches plus écologiques et environnementales de l'exploitation des ressources naturelles, notamment).

Une mobilité internationale accrue des populations de partout sur la planète qui souhaitent s’établir outre frontière17.

L'accroissement des coûts de l'énergie et la prise en compte des coûts environnementaux devraient favoriser une forme d’activité économique de proximité.

L’accroissement de la prise en compte des facteurs écologiques devrait offrir de nouvelles opportunités de développement : les énergies renouvelables, les technologies vertes, l’exploitation des ressources naturelles, la fabrication de produits certifiés ou écologiques, l’implantation de nouveaux modes et de nouvelles logistiques de transport, le développement de quartiers résidentiels écologiques, etc.

L’importance accordée par les nouvelles générations à la qualité de vie et à la famille, ce qui peut favoriser le maintien ou le retour des jeunes dans la région.

À travers le processus consultatif, on discerne un besoin de mieux comprendre les mutations, d’en connaître les effets et de mieux les anticiper. Encore aujourd’hui, on tend trop souvent à prévoir le court et moyen terme avec les lunettes du passé récent.

Veille et prospective. L’Abitibi-Témiscamingue doit accroître sa capacité de saisir les signaux faibles révélateurs de mutations à venir, tout comme sa capacité à comprendre plus rapidement les répercussions de certaines tendances lourdes qui ont cours. L’anticipation et la prospective sont indispensables à l’action. Cette « veille » pourrait englober un large spectre de tendances ou de mutations, tant démographiques, sociales, environnementales, technologiques qu’économiques.

17

Le nombre total de migrants internationaux s'est accru ces dix dernières années, passant d'un volume estimatif de 150 millions de personnes en 2002 à 214 millions de personnes aujourd'hui. Tiré intégralement : Organisation internationale pour les migrations. Site Web : http://www.iom.int/cms/fr/sites/iom/home/about-migration/facts--figures-1.html.

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L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE… TELLE QU’ELLE EST PERÇUE DE L’INTÉRIEUR La section qui suit reprend en partie les évolutions et les tendances déjà décrites, les atouts et les faiblesses déjà mentionnés, les menaces et opportunités anticipées afin de donner un aperçu des défis et enjeux auxquels l’Abitibi-Témiscamingue peut être confrontée. Ce diagnostic est établi sous l’angle de cinq blocs thématiques :

Une société et un territoire d’inclusion sociale

Une qualité de vie et l’attractivité des territoires

Une économie diversifiée, créatrice de richesses et d’emplois

Un milieu de vie, son environnement et ses ressources naturelles

Une région reconnue et ouverte sur le monde

L’objectif n’est pas de poser un diagnostic pour chaque dimension ou secteur d’activité de la région. À ce stade-ci, les éléments présentés visent à stimuler la réflexion, en apportant une contribution aux échanges en cours et à venir sur le développement durable de la région.

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Par développement social, on fait

référence à la mise en place et au

renforcement, au sein des communautés,

des conditions requises pour permettre,

d’une part, à chaque individu de

développer pleinement ses potentiels, de

pouvoir participer activement à la vie

sociale, de pouvoir tirer sa juste part de

l’enrichissement collectif et, d’autre part,

à la collectivité de progresser socialement,

culturellement et économiquement.

UNE SOCIÉTÉ ET UN TERRITOIRE D’INCLUSION SOCIALE Dans les années à venir, le défi démographique de l’Abitibi-Témiscamingue sera lié au cumul d’un comportement migratoire influencé par les fluctuations économiques, d’une décroissance démographique annoncée ainsi que d’un vieillissement prononcé de la population. Au chapitre socioéconomique, si l’Abitibi-Témiscamingue affiche, depuis un certain nombre d’années, des indicateurs relativement encourageants, cette performance peut toutefois masquer la présence de conditions de vie bien différentes vécues par des personnes, des groupes ou des communautés. Au cours des dernières années, dans le cadre du Plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale 2010-2015, la création d’une alliance pour la solidarité et l’inclusion sociale, financée par le Fonds québécois d’initiatives sociales (FQIS) a été mise sur pied en Abitibi-Témiscamingue. Cette structure de concertation en développement social se compose de cinq tables territoriales ainsi que cinq comités régionaux correspondant aux priorités adoptées en 2010 : la réussite éducative, la pauvreté intergénérationnelle, la petite enfance et la famille, le logement, ainsi que le développement des communautés18. Dans le but d’apporter des changements favorables aux conditions de vie des personnes, des efforts sont menés afin d’améliorer la mobilisation, la concertation ainsi que la reconnaissance mutuelle des partenaires territoriaux et régionaux. Étant une structure toute récente, plusieurs arrimages restent à faire entre les organisations concernées par le développement social19.

Dans la même veine que les tournées régionales en développement social se dégage l’importance d’atteindre ou de favoriser le développement et l’épanouissement personnel de chacun et de chacune, et ce, au sein de l’ensemble des communautés – rurales, urbaines et algonquines – de l’Abitibi-Témiscamingue. Ainsi, Mieux vivre sur un aussi vaste territoire, aux réalités démographiques et socioéconomiques disparates, c’est refuser toutes formes d’exclusion par l’accès de tous à un logement adéquat et abordable, aux savoirs ainsi qu’aux soins et à des services sociaux. Par ailleurs, Vivre ensemble, c’est renforcer les liens entre les personnes, les générations et les territoires ainsi que de pouvoir agir en citoyen appartenant à une communauté.

18

Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Rapport de tournée régionale sur le développement social, 2010. 19

Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Bilan PSR 2007-2011, 2012.

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Égalité des chances L’Abitibi-Témiscamingue profite d’une conjoncture démographique et économique favorable depuis quelques années, en particulier grâce à une nouvelle attractivité de la région auprès des jeunes adultes ainsi qu’au dynamisme du secteur minier. Or, selon l’avis partagé par un très grand nombre d’observatrices et d’observateurs, l’embellie économique n’a pas contribué à l’amélioration des conditions de vie de toutes les personnes, et ce, à la grandeur de la région. La population s’est dite particulièrement préoccupée par les inégalités et l’exclusion sociale, le logement, la sous-scolarisation ainsi que l’accessibilité à des services de santé et des services sociaux.

La lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale Croissance inégale des revenus entre les particuliers, d’où un écart persistant voire grandissant entre les plus fortunés et les personnes au bas de l’échelle, concentration des inégalités et du faible revenu au sein de certaines catégories de la population (familles monoparentales, femmes et personnes aînées, travailleuses et travailleurs au salaire minimum, membres de communautés culturelles et des Premières Nations) ainsi qu’une disparité importante du faible revenu entre les territoires de MRC de la région sont au nombre des constats préoccupants au chapitre de la pauvreté et des inégalités. Une autre tendance fortement nommée tout au long du processus consultatif est la fragilisation du tissu social en plusieurs endroits, phénomène qui se caractérise notamment par une multiplication des problématiques sociales. Avec la tendance à la hausse de l’endettement (bien que les données ne soient pas disponibles à l’échelle régionale, la tendance ne doit pas différer de la province ou du pays), on redoute que la situation socioéconomique de nombreux ménages et familles se détériore advenant un ralentissement économique, aussi faible soit-il. Parmi d’autres signaux faibles relevés, on note la recrudescence de la demande de services, notamment pour le soutien à la jeunesse et aux familles (services de garde, services sociaux) et la pression accrue sur le milieu de la santé, le milieu communautaire et le réseau social.

Amélioration durable des conditions de vie et du bien-être. Comment ancrer davantage la dimension sociale au cœur des préoccupations? Comment mieux planifier le développement social? Comment améliorer la qualité de vie des gens, notamment les plus démunis? Comment assurer de saines conditions de vie à la population alors que l’économie est fortement cyclique? Comment permettre l’égalité des chances? Comment arrimer le local et le régional? Dans un contexte où les budgets dédiés à l’action sociale sont de plus en plus limités et où l’application de politiques uniformes est toujours nuisible au développement social et la lutte aux inégalités, qui se fait à des échelles plus petites, la prise en compte et le soutien aux initiatives et projets portés par les communautés doivent accompagner la lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale.

Réduction des inégalités économiques et sociales, car nous ne serons jamais plus forts que ne le sont les éléments les plus fragiles de notre région. Nous sommes un tout.

Énoncé du sondage

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Le droit au logement

L’égalité, égalité des droits et droit à l’égalité, est la valeur centrale de toute

action visant à améliorer la situation économique et la capacité d’agir des personnes et des collectivités. Il est

primordial de réduire les inégalités qui nuisent à la cohésion sociale : inégalités de

revenu d’abord, mais aussi inégalités d’accès à la formation, à l’emploi, au

logement, aux loisirs et à la culture, à la santé et au bien-être, de même

qu’inégalités persistantes entre les hommes et les femmes.

Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et

l’exclusion sociale, Avis sur l’emploi pour lutter contre la pauvreté : les défis à relever, 2013.

Le logement Depuis 2007, la crise du logement qui sévit dans la région a des répercussions sociales et économiques lourdes pour les personnes résidantes, tout comme celles qui souhaiteraient venir s’établir ici (appauvrissement, endettement, frein à l’établissement, barrière au recrutement de la main-d’œuvre, etc.). Les statistiques ne mentent pas : les taux d’inoccupation sont historiquement parmi les plus bas enregistrés depuis les vingt dernières années, le coût du loyer moyen a augmenté plus rapidement ici qu’au Québec et le prix de vente des maisons unifamiliales croît de façon continue. Quant au nombre de logements sociaux, il est demeuré stable, sans ajout d’unités locatives. Malgré le redressement de la construction résidentielle et de logements locatifs au cours des dernières années, les efforts en matière d’accès au logement restent insuffisants pour combler la diversité des besoins (transformation des ménages, population vieillissante, nouveaux arrivants, etc.). À la lumière des constats dégagés lors de la tournée de l’habitation de la Conférence régionale (printemps 2013), les contraintes au développement du parc de logement (locatif, social ou résidentiel) se présentent différemment d’un territoire à l’autre. L’accès au logement passe par une approche différenciée, territorialisée et partenariale. Le poids croissant des dépenses de logement pèse davantage sur les ménages modestes, et avec près d’un logement sur dix ayant besoin de rénovations majeures, on peut faire l’hypothèse que la précarité énergétique deviendra un phénomène préoccupant (hausse des coûts d’électricité). La question de l’habitation est centrale pour la qualité de vie de la population ainsi que pour l’occupation dynamique du territoire.

Offre de logements adaptée aux situations démographiques, sociales et économiques. Conjoncture économique, situation démographique, législation ou encore état des marchés sont autant de phénomènes pouvant influer sur le logement. Ceci dit, la croissance du nombre de ménages est normalement la principale source de demande d’unités neuves. En Abitibi-Témiscamingue, selon les perspectives de l’ISQ, et malgré un scénario anticipant une décroissance démographique, le nombre de ménages augmenterait d’environ 2 870 ménages d’ici 2021. Ces derniers seraient aussi de plus petite taille (2,2 personnes par ménage en 2021). Si les tendances démographiques récentes devaient se prolonger, et comme l’attractivité représentera le levier essentiel de la croissance démographique future de la région, ce nombre pourrait être plus élevé. Dans un contexte de vieillissement de la population, les besoins à l’endroit de logements adaptés, de formules d’hébergement alternatives ou d’habitations intergénérationnelles pourraient se manifester de manière tangible. Comment concevoir des modes et des formules d’habitation adaptées aux préférences des personnes, aux besoins selon l’âge (jeunes, familles ou aînés) ou aux capacités financières de populations plus vulnérables, et ce, tout en favorisant une certaine cohabitation entre les population? L’adaptation durable du parc de logements semble, a priori, reposer sur une connaissance pointue des besoins actuels et futurs de la demande. La

réhabilitation ou la rénovation de logements, qui répond à la fois aux dimensions sociale et environnementale, est un autre volet de l’enjeu.

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L’éducation Le bien-être, la réussite socioprofessionnelle et le développement de la région passent notamment par le maintien et le développement des capacités sociales, culturelles, scientifiques, technologiques et économiques des personnes. Une population éduquée et solidaire fait des choix plus éclairés et contribue, dans son sens large, à la création de la richesse. Cet impératif est d’autant plus significatif lorsque l’on sait que le niveau de scolarisation de la population régionale, bien qu’il soit en progression depuis les dernières décennies, demeure moins élevé que l’ensemble du Québec. Dans un tel contexte, il devient impératif de rehausser la persévérance et la diplomation des jeunes, notamment celle des garçons et des membres des Premières Nations.

Valorisation de l’éducation – lutte au décrochage scolaire. L’avis est sans équivoque : il faut investir prioritairement dans l'éducation. Or, bien que l’éducation soit perçue comme une clé essentielle au développement individuel ou collectif, elle est encore trop peu mise de l’avant et valorisée par tous. Les efforts liés à la diplomation et à la scolarisation sont d’autant plus fragiles en période de croissance économique et de pénurie de main-d’œuvre. À cet égard, le milieu appréhende un recul de la performance régionale à l’égard de la diplomation au cours des prochaines années, certains jeunes (notamment à risque) prenant la décision de quitter l’école pour occuper un emploi rémunéré. Rappelons de récentes données (2010-2011) qui signalent un taux d’abandon sans diplôme ni qualification à la hausse au sein de quatre commissions scolaires de l’Abitibi-Témiscamingue. Il faut marteler le discours, défendre publiquement l’importance de l’éducation.

Équité dans l’accès à l’éducation et à la formation. Cet enjeu apparaît primordial en vue de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, d’autant que l’on signale la difficulté à rejoindre les clientèles exclues. À ce titre, on doit réduire les obstacles à l’accès, à la persévérance et à la réussite, notamment par l’accompagnement de l’étudiant tout au long de son parcours scolaire, particulièrement par le suivi des élèves à risque ou en difficulté, l’adaptation des pratiques et de l’offre de services aux milieux défavorisés, la formation à distance ainsi que par la mobilité géographique au sein de la région et entre la région et l’extérieur. Une orientation semble émergée en lien avec l’acquisition des savoirs :

Offre diversifiée de parcours, de formations et de qualifications pour répondre à la demande du plus grand nombre. Bien que la réponse aux besoins du marché du travail soit primordiale pour l’avenir économique de l’Abitibi-Témiscamingue (création d’emplois et compétitivité), la région doit aussi s’assurer d’arrimer la formation aux aptitudes et aux aspirations des personnes. Une préoccupation similaire a été transmise lors des consultations menées lors du Sommet sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Québec. Les personnes ayant participé au forum de Rouyn-Noranda ont mentionné que : « Dans un contexte où le marché du travail évolue et où la vie active

va durer plus longtemps, dans le contexte du vieillissement de la population, (…) que l’éducation supérieure doit former des citoyens, des personnes autonomes et polyvalentes20 ».

20

Institut du Nouveau Monde, Rapport – L’avenir de l’enseignement supérieur au Québec, 2013, p. 19.

Taux de scolarisation malheureusement trop bas de ses habitants, il faut continuer à encourager la persévérance scolaire à tous les niveaux, la qualité de vie et l'économie d'une région est nécessairement liée au capital humain social de ses habitants.

Énoncé du sondage

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La santé et le bien-être Parmi les services et équipements indispensables à la vie quotidienne des habitants, ceux touchant la santé et les services sociaux présentent des caractéristiques bien à part. Ils prennent une importance particulière au regard de caractéristiques régionales : l’espérance de vie en bonne santé est significativement plus faible que celle du Québec et la part de la population ne se percevant pas en bonne santé est significativement plus élevée que celle du reste du Québec. Comme au Québec, les maladies chroniques, souvent associées au vieillissement ou à des habitudes de vie néfastes pour la santé, occupent une place de plus en plus importante parmi les causes de décès ou d’incapacité21. La santé est très souvent le premier marqueur des inégalités sociales. Les liens entre pauvreté et santé sont établis et ont été confirmés par de nombreuses études. Il n’y a pas de pathologies particulières chez les personnes défavorisées, mais des risques plus grands de développer des maladies chroniques existent. À ce titre, les personnes dans la région qui s’estiment pauvres ou très pauvres sont près de quatre fois plus nombreuses à qualifier leur santé de passable ou mauvaise que les personnes qui s’estiment aisées ou à revenus suffisants22.

Accès aux soins de santé. À l’instar de la population québécoise, l’accès à des services de santé, notamment dans un contexte de vieillissement de la population, est un enjeu important pour l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être de la population. Plusieurs énoncés ont traduit l’importance que la population puisse avoir accès à des soins de santé le plus près possible de leur domicile de même qu’à des soins spécialisés ici même, dans la région. L’accès aux services de première ligne (médecins de famille, groupes de médecine familiale (GMF), à proximité de la population) a été signalé. Aussi, le vieillissement de la population a particulièrement empreint les énoncés quant à l’accès à des services d’aide à domicile et d’hébergement pour les personnes aînées. Mentionnons que la région de l’Abitibi-Témiscamingue, avec celle de Montréal, compte plus de 25 % de sa population n’ayant pas de médecins de famille23. Le recrutement et la rétention des médecins de famille font partie des défis des établissements de santé de la région.

21

Agence de la santé et des services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue, Plan stratégique 2010-2015, 2011. 22

ISQ, Enquête québécoise sur la santé de la population – Analyse des données régionales. Recueil statistique, 2008.

23 ISQ, Enquête québécoise sur l’expérience de soins, 2010-2011 - Le médecin de famille et l’endroit habituel de soins : regard sur

l’expérience vécue par les Québécois, 2013.

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Renforcement de la cohésion sociale Dans l’optique de Vivre ensemble, faut-il rappeler que le territoire de la région constitue le cœur de la nation algonquine au pays, sept des onze communautés algonquines y étant établies24?

Les Premières Nations Aujourd’hui, les sept communautés algonquines de la région regroupent quelque 7 300 personnes (2012), ce qui représente 5 % de l’ensemble de la population régionale. Plus de la moitié d’entre elles sont rattachées à l’une des quatre communautés du Témiscamingue, près du tiers à l’une des deux communautés de La Vallée-de-l’Or et enfin, les autres, à la communauté de Pikogan, dans la MRC d’Abitibi. Selon leur lieu de résidence, l’anglais, le français et l’algonquin y sont utilisés. Au plan démographique, la population des Premières Nations continue de s’accroître à un rythme plus soutenu que le reste de la population.

Les données sur les Premières Nations en Abitibi-Témiscamingue sont peu nombreuses. Encore plus rares sont les données sur les Autochtones vivant en milieu urbain, ce qui est l’une des caractéristiques de certaines villes de la région. Ceci dit, les données socioéconomiques (2006) présentent un portrait relativement sombre de leur situation tant à l’égard du niveau de vie que de leur participation au marché du travail. D’ailleurs, un indice de bien-être des collectivités révèle un niveau élevé de disparité entre les communautés autochtones de la région.

Harmonisation des relations entre les Autochtones et les non-autochtones. La population régionale se dit sensible aux conditions de vie des communautés autochtones, de même qu’à l’état de nos relations avec elles. Étant une population en forte croissance démographique, une plus grande place devrait être accordée aux Premières Nations dans le développement de la région. Lors de la rencontre portant sur le bilan de la PSR 2007-201125, on reconnaissait les difficultés à établir un dialogue, notamment des relations à caractère politique. Il est constaté que les Autochtones sont souvent absents du processus et que l’on doit éliminer la notion de temps et développer une vision basée sur le respect, la tolérance, la patience et le désir de comprendre et de travailler avec l’autre. La population constate la volonté accrue de prise en charge par les communautés autochtones de leur développement ainsi que de l’offre de services adaptés à leurs besoins. Il faut poursuivre les efforts et continuer d’ouvrir des portes pour créer des liens entre les deux peuples, mais dans des sphères où les préoccupations des Autochtones sont présentes (éducation, économie, emploi, culture, priorités sociales). Dans les années à venir, la population de la région pense assister à des mouvements semblables à celui qui a été caractérisé par le thème Idle no more.

24

Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, L’Abitibi-Témiscamingue à grands traits, 2010. 25

Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Bilan et analyse – Axe 2 - Une région où deux peuples cohabitent dans le partage et le respect du territoire, 2012.

Établissons la réciprocité et apprenons à nous réjouir des bons coups!

Bilan de la PSR 2007-2011

Indice de bien-être des collectivités (2006)

Pikogan 63

Winneway 52

Timiskaming 66

Kitcisakik 34

Lac-Simon 49

Moyenne des Premières Nations au Québec

60

Moyenne des autres collectivités québécoises

76

Source : Affaires Indiennes et du Nord Canada, avril 2010. IBC : Éducation, population active, revenu et logement. Score de bien-être situé entre 0 et 100.

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L’apport des personnes aînées, migrantes et immigrantes Faut-il rappeler que le territoire de la région se compose aussi de personnes en provenance d’autres régions du Québec ou de pays étrangers? De même, dans les années à venir, la migration et l’immigration seront les clés d’un accroissement de la population régionale. La venue de ces nouvelles populations combinée au vieillissement des personnes qui ont contribué au développement de la région reposera notamment sur leur implication dans la vie locale et régionale. Un choc des générations et des cultures s’inscrit dans les préoccupations régionales.

Contrat social basé sur l’intergénérationnel et l’interculturel. L’intégration des personnes aînées, immigrantes ou nouvellement arrivées en provenance de l’extérieur est l’une des prémisses au développement de la région. De telle sorte que la cohabitation de populations d’âges différents ou de cultures différentes pose la question des liens intergénérationnels et interculturels. L'établissement et le maintien d'un dialogue social efficace dans l’idée de rapprocher les façons de vivre et attentes autour de l’amélioration du cadre de vie pour tous et toutes ainsi que de transmettre les savoirs sont aussi des éléments qui ont été soulevés.

La participation citoyenne Vivre ensemble appelle aussi à l’implication de toutes et tous afin de collaborer au mieux-être de la société régionale. L’Abitibi-Témiscamingue est reconnue pour avoir un capital humain dynamique, solidaire, impliqué et réseauté. Il y a maintes définitions associées à la participation citoyenne. Dans le cadre de ce rapport, elle se définit comme « la prise de conscience de ses besoins et de ceux de sa communauté qui mène le citoyen à poser des actions, ponctuelles ou régulières, individuelles ou collectives, afin de transformer son milieu en vue de l’améliorer »26. Dans cette optique, à la lumière des propos entendus, l’entraide et la solidarité semblent des valeurs mises à rude épreuve face à la montée de l’individualisme. Dans un contexte de vieillissement de la population, les personnes consultées se sont dites préoccupées par l’essoufflement et le manque de relève bénévole. En parallèle, les valeurs et les attentes exprimées par la nouvelle génération concourent, à leur façon, à modifier le type d’implication des personnes. Leur mobilisation est davantage axée sur le court terme, dans des projets ayant une durée déterminée. Ainsi, lors du processus consultatif, plusieurs personnes ont mentionné la difficulté à mobiliser les personnes pour construire et mener à bien des projets collectifs. Enfin, de plus en plus visible ou apparent, le syndrome du « pas dans ma cour » a également été soulevé à maintes occasions.

Développement de la participation citoyenne. La participation citoyenne est l’assise de la vitalité des collectivités. Cette participation s’inscrit généralement dans trois sphères : sociale, publique et politique. Comme il a été lu : « Il faut qu’il y ait une régulation entre l’individu et la collectivité. Il faut que nous ayons la capacité de nous organiser collectivement. » Certes, pour assurer ou maintenir une société

26

La Table de concertation des Forums jeunesse régionaux du Québec. Consultation du site Web : http://www.forumsjeunesse.qc.ca.

Arriver à faire en sorte que chacun prenne conscience que son apport à la région peut faire une différence, qu’il comprenne de quelle façon il peut y contribuer, et surtout qu’il devienne convaincu que ses actions de tous les jours sont importantes pour faire une différence dans le développement de sa région!

Énoncé du sondage

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régionale avec un tissu social fort, qui se démarque par une population consciente et critique, la participation citoyenne doit indubitablement être développée chez les jeunes, mais aussi auprès de l’ensemble de la population. Plusieurs pistes de solution ont été soulevées : améliorer l’éducation citoyenne, rendre l’action publique plus compréhensible aux citoyens, développer la démocratie participative, favoriser la vie associative, multiplier les lieux d’échanges (mieux communiquer, mieux informer), miser sur le développement des compétences et du leadership, inculquer la valeur du bénévolat dès le plus jeune âge, initier à la coopération ou encore, accroître le sentiment d’appartenance. Dans cette optique, il apparaît important de poursuivre et de reconnaître les démarches en vue de favoriser la participation citoyenne en Abitibi-Témiscamingue.

UNE QUALITÉ DE VIE ET L’ATTRACTIVITÉ DES TERRITOIRES Vaste territoire s’il en est un, la population de l’Abitibi-Témiscamingue se répartit entre les espaces urbains, périurbains et ruraux. Comme mentionné précédemment, les dynamiques démographiques – migrations et vieillissement – sont contrastées à l’échelle des territoires de MRC, ce qui est aussi vrai à l’échelle des collectivités rurales et urbaines. Outre leurs attributs propres (taille, ressources naturelles, éloignement par rapport aux pôles urbains, etc.), c’est la présence de services, leur accessibilité et leur connexion avec les territoires qui les entourent de même que la vitalité de la vie économique, sociale et culturelle d’un milieu qui conditionnent l’attractivité, puis l’ancrage durable de la population au sein d’une communauté. Que les collectivités soient rurales ou urbaines, elles paraissent être au centre de défis considérables, notamment en matière d’intégration et de cohésion sociale. Bien vivre partout, c’est soutenir la qualité de vie et l’attractivité des territoires, par l’accès aux services, notamment aux nouvelles technologies et aux transports, par l’adaptation des communautés aux nouveaux modes de vie et populations ainsi que par la préservation de la dynamique culturelle, reconnue comme un levier de développement.

Adaptation des services et infrastructures aux changements démographiques. Les territoires n’étant pas tous égaux en matière de renouvellement de la population et d’attractivité résidentielle, la prise en compte des mouvements de population et du vieillissement de la population pour assurer une occupation durable du territoire est nécessaire. Les choix résidentiels sont en partie liés au cycle de vie des personnes : les plus jeunes seront davantage attirés par les centres urbains (emploi, parc immobilier locatif, loisir, enseignement supérieur, transport en commun), les ménages en couple ou les familles présenteront une attirance pour les milieux périurbains, voire ruraux, les personnes jeunes retraitées auront tendance à s’établir dans des lieux disposant d’un environnement naturel attrayant, alors que les personnes âgées résideront dans des milieux alliant à la fois un sentiment de sécurité et une offre importante de services adaptés (logement, transport, soins à domicile, etc.). Comme nous l’avons constaté ultérieurement, le vieillissement de la population se manifestera de manière différente d’un territoire à l’autre, les défis qui y seront associés se poseront de façon tout aussi distincte. L’organisation de l’offre dans les milieux, notamment ruraux, passera par de nouvelles modalités d’accès en matière de

La démographie sera stable si la région se dote d’infrastructures sociales, culturelles et collectives pour garantir une grande qualité de vie plutôt qu’un haut niveau de vie…

Énoncé du sondage

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mobilité, d’habitat et de services à la personne. La présence d’une économie sociale en développement pourrait constituer un point d’appui non négligeable pour offrir aux populations – jeunes et moins jeunes – les services garantissant une qualité de vie à tout âge.

Ancrage de la culture, comme levier essentiel au développement de la région. Indéniablement, au même titre que le caractère rural, la culture est l’une des assises sur laquelle repose le développement de la région. La culture est une composante fondamentale de l’identité collective, du renforcement du sentiment d’appartenance au territoire et de la qualité de vie. La vitalité culturelle, la qualité de l’offre de même que la décentralisation des équipements sont des atouts certains d'attraction et de rétention de la population sur les territoires. Un récent diagnostic27 pose un regard sur l’état des relations entre le milieu des arts et de la culture et les milieux municipal, éducatif, touristique, social et économique afin de créer de nouveaux liens visant à positionner et à ancrer plus largement la dimension culturelle dans le développement de la région. En somme, bien que le milieu culturel soit dynamique et effervescent, il doit être soutenu, que l’on parle de consolidation, d’un plus grand rayonnement ou encore de relève et de pérennité des organismes. Dans un contexte démographique changeant (le vieillissement de la population, le retour des jeunes et des jeunes familles, l’implantation de communautés ethniques), l’adaptation des événements, des lieux et des productions culturelles aux nouvelles générations est l’une des priorités.

La ruralité, partie intégrante de la qualité de vie Grâce à la grandeur du territoire ainsi qu’à l’environnement relativement préservé, le milieu rural confère une qualité de vie particulière aux habitants. En Abitibi-Témiscamingue, 55 000 personnes, soit plus d’une personne sur trois (37 %), habitent au sein d’une petite collectivité rurale (2 500 habitants et moins). Même si à l’échelle régionale, plus de la moitié des collectivités rurales affichaient un dynamisme socioéconomique favorable ou avaient atteint de hauts niveaux de développement, il n’en reste pas moins que 44 % des localités – dont la grande majorité était de petite taille – avaient un faible indice de développement, signalant du coup des difficultés socioéconomiques. Tout au cours du processus consultatif, la dévitalisation de certaines communautés, la faiblesse ou la disparition de services à la personne ou aux entreprises ou encore la fracture numérique entre les milieux ont souvent été nommées. La question de l’accessibilité au transport collectif depuis et vers les pôles urbains est également au nombre des préoccupations. L’intérêt d’habiter le milieu rural s’accompagne d’exigences élevées en matière de qualité de vie certes, mais aussi en ce qui concerne la protection et la valorisation des ressources, des milieux naturels et des paysages.

Accès aux services de proximité avec un regard qui fait appel à la créativité. Dans un contexte démographique, social et de mobilité des personnes (déplacements domicile-travail) en évolution, la proximité des services prend désormais un sens particulier. Il serait utopique de prétendre retrouver tous les types de services, d’équipements ou de commerces au sein de toutes les collectivités. Toutefois, il apparaît difficile de « délocaliser » certains services jugés essentiels, alors que d’autres peuvent être

27

Conseil régional de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, Diagnostic du milieu des arts et de la culture dans la collectivité de l’Abitibi-Témiscamingue 2013, 2013.

La fierté, c’est l’estime d’une communauté : on innove, on crée et on développe.

Extrait d’une rencontre

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accessibles dans un rayon géographique élargi. À la lumière du processus consultatif, l’investigation de nouvelles façons d’offrir les services aux communautés rurales, peu importe leur localisation et en fonction des besoins de la population, est à approfondir.

Déploiement d’Internet à haut débit. L’équité de l’accès aux services s’est particulièrement manifestée à l’égard de la couverture d’Internet et de la téléphonie mobile. À l’heure actuelle, la couverture Internet haute vitesse et cellulaire dans la région est globalement bonne même si quelques territoires sont moins bien desservis. Le déploiement numérique, par une répartition équilibrée des activités, des services et des équipements numériques, renvoie à l’attractivité économique des territoires ainsi que de la compétitivité de secteurs d’activités, dont l’agriculture et le tourisme. Essentiellement pour une question de rentabilité, on craint que le fossé ne s’élargisse entre les territoires densément peuplés et ceux à faible densité de population. On relève aussi la faible utilisation et le peu de connaissance et de formation des acteurs économiques ainsi que des administrations locales. La réduction de toutes les formes de fracture numérique implique des infrastructures et équipements déployés sur l’ensemble du territoire, mais également une attention particulière quant à leurs usages.

Penser autrement la mobilité des personnes. La mobilité joue indéniablement un rôle central dans l’occupation d’un aussi vaste territoire. À cet égard, le modèle de mobilité régional repose quasi exclusivement sur l’automobile personnelle avec, à elle seule, 85 % des déplacements domicile-travail réalisés sur le territoire. Or, bien que la région dispose de systèmes de transport collectif (urbain, rural, adapté et interurbain), l’offre actuelle peine à rendre disponible une alternative crédible à l’automobile ou à répondre aux besoins de la population (coûts, horaires, infrastructures, etc.), notamment pour les personnes âgées. Aussi, un récent mémoire réalisé par la Conférence régionale stipule qu’« il n’y a pas de vision globale du transport de personne et qu’il est difficile, voire impossible, pour un usager d’avoir accès à un service de transport collectif inter-MRC28 ». Quant au covoiturage, en tant que mode complémentaire au transport collectif, il fait encore trop peu partie des habitudes de vie. Le transport actif est en développement. Bien que pour certains, la mobilité soit assumée puisqu’elle découle de choix résidentiels ou professionnels, pour d’autres, la mobilité est subie ou imposée puisqu’elle résulte d’aléas économiques, de contraintes liées au logement, de lieux d’études ou de travail, etc. La dispersion de la population sur le territoire conjuguée à une hausse du coût de l’essence pourrait fragiliser financièrement certaines personnes et familles de même qu’accélérer la dévitalisation de certains milieux éloignés des centres urbains. Ainsi, limiter la dépendance à l’automobile, réduire les impacts possibles de mobilités non choisies (travail, éducation) sur le développement des personnes ainsi que diminuer les consommations d’énergie et les émissions de CO2 liées à la circulation automobile rendent incontournable l’adoption de nouveaux comportements et le développement des services de mobilité alternatifs à la voiture personnelle.

28

Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue. Mémoire dans le cadre de la consultation publique sur la Politique de mobilité durable, juin 2013.

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Les tendances en matière de gouvernance

La société repose davantage sur l’autonomie personnelle et l’individualité

que sur le respect de l’autorité et du statut social. À cet égard, proposer de nouvelles idées mobilisatrices qui font

appel à la collectivité est devenu un incontournable.

Or, les plus grandes mobilisations ont cours lorsque l’enjeu se situe à la jonction

des intérêts individuels et collectifs. Également, on observe que les

mobilisations tendent à être de plus en plus intergénérationnelles. En parallèle,

les institutions ont de plus en plus de difficultés à gérer et à canaliser les

nouvelles mobilisations.

Bien que les institutions soient encore valorisées, ce n’est plus le cas des gens qui la dirigent. La société d’aujourd’hui est en quête de leaders absolus qui voient plus large, plus loin, et qui sont à la fois moins

autoritaires et plus participatifs.

Conférence sur la gouvernance de Pierre Noreau. Propos tirés intégralement du bulletin mensuel de

l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, mars 2013.

Dans l’optique de Mieux vivre, de Vivre ensemble et de Bien vivre partout, et ce, dans un contexte qui change rapidement et à maints égards (social, économique, culturel, technologique et politique), les organisations, de même que les élus de tous les paliers gouvernementaux, sont interpellés afin d’introduire et d’adopter de nouveaux processus décisionnels. Les personnes consultées renvoient à la mise en place de nouvelles façons de gouverner, fondées notamment sur la concertation et le partenariat entre les différents acteurs, la participation citoyenne, le rapprochement entre la démocratie représentative et la démocratie participative, l’émergence d’une alliance régionale dans le respect des spécificités territoriales ainsi que la reconnaissance des particularités régionales ainsi que des modèles régionaux par les instances politiques. Ces références, toutes essentielles au développement local et régional, passent notamment par un renforcement du leadership régional, une vision commune de développement au bénéfice des cinq territoires de MRC, le maintien de nos modèles décentralisés de services ainsi que par une plus grande cohérence dans les politiques publiques.

Gouverner autrement Plusieurs propos mettent en lumière des préoccupations liées à la gouvernance, à l’éthique et à la transparence ainsi qu’à la capacité de travailler de concert vers l’atteinte d’un but commun. Les limites au développement causées par un esprit de clocher, par l’existence de tensions politiques entre les cinq pôles, de même que par le manque de volonté de certains à travailler ensemble et à faire des compromis ont teinté plusieurs énoncés tout au long du processus consultatif. Aussi, il a été rapporté que la culture organisationnelle est encore trop souvent portée à intervenir en silo. Le manque de leadership fort, d’écoute de la part des élus de même que le manque d’une vision inspirante dans le secteur municipal (absence de grands enjeux) ont aussi été maintes fois soulevés. Au-delà de nombreuses préoccupations envers la gouvernance de proximité, le manque de cohérence dans la gouvernance publique, la centralisation des pouvoirs, les politiques « mur-à-mur », qui omettent les réalités régionales, ainsi que les compressions budgétaires gouvernementales ont aussi été mentionnés.

Renforcement du leadership régional et du pouvoir décisionnel. Autant le cynisme envers les institutions politiques est palpable, autant les citoyens et les citoyennes exigent et s’attendent à davantage de leurs élus. Visionnaires, leaders, développeurs, communicateurs sont au nombre des qualificatifs relevés. L’exercice de leur rôle doit se faire en étroite collaboration avec leurs pairs, mais aussi avec la population. On s’attend à ce qu’ils suscitent et encouragent la participation citoyenne et que le pouvoir décisionnel se rapproche du pouvoir participatif. Appelés à siéger au sein de

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multiples organisations, ils doivent avoir une vue d’ensemble du développement de la région. Les personnes consultées réitèrent l’importance que les élus et l’ensemble des acteurs fassent preuve d’une plus grande cohérence dans leurs interventions. À ce titre, maints défis semblent à prendre en considération pour augmenter la force et la présence politiques de même que le pouvoir décisionnel : assurer et stimuler une relève politique, citoyenne et communautaire dynamique, accroître la qualité des candidatures pour les postes électifs, former les élus municipaux, augmenter la représentation des femmes et des jeunes dans les instances politiques et autres, valoriser l’action politique, rendre efficiente la concertation entre les acteurs sociopolitiques, maintenir les lieux décisionnels dans la région et améliorer le pouvoir d’influence politique (lobbying) de la région.

Vision régionale au bénéfice de tous les territoires. Toujours lors du processus consultatif, l’un des messages récurrents est celui de se doter et de partager une vision commune du développement de l’Abitibi-Témiscamingue; une vision à long terme de préférence, les projets structurants sur plusieurs années étant peu nombreux. Cette vision devrait reposer à long terme par l’affirmation d’une identité régionale forte ainsi que par un ferme sentiment d’appartenance. Étant une région de plus en plus consciente de l’interdépendance des pôles, la vision régionale devra reconnaître les spécifités des cinq territoires de MRC de même que leur apport à la dynamique régionale. Cette vision partagée par le plus grand nombre devra avoir comme ancrage le développement durable, notion qui est très présente dans le discours de toutes et de tous, mais peu maîtrisée. Dans l’optique d’accroître la force du nombre et notre pouvoir de revendication, plusieurs ont nommé l’importance de se parler et de s’écouter, de travailler ensemble et en complémentarité, de partager les priorités communes et consensuelles, de revoir les enjeux sur une base régionale, de mettre en commun les compétences de tout un chacun, de rassembler les porteurs vers un but commun et partagé et de prioriser les actions stratégiques à mener.

Cohérence des politiques publiques. Au cours des dernières décennies, tous les gouvernements ont parlé de décentralisation, de l’importance d’occuper le vaste territoire québécois, de souplesse dans la gestion des programmes ainsi que de politiques adaptées aux réalités régionales, et ce, compte tenu de la dualité entre les régions centrales et les régions plus éloignées. À la lumière du processus consultatif, il semble bien qu’encore beaucoup de chemin reste à parcourir afin d’adopter des législations qui mettent l’accent sur les spécificités de chaque territoire. Les mentions touchant le retour à la centralisation des pouvoirs, aux politiques définies de façon uniforme ainsi qu’à l’application de programmes sans consultations préalables ont été nombreuses. La plupart du temps, les leaders locaux et régionaux doivent travailler en conformité avec les lois, les règlements et les façons de faire du gouvernement, mais on voit rarement la réciproque. Ainsi, de nombreuses personnes consultées revendiquent de l’État les moyens d’agir par le respect des compétences et des responsabilités confiées aux paliers local, territorial et régional. L’arrimage régional des plans et des programmes gouvernementaux (modulation) et l’octroi des ressources adéquates propres à notre développement sont au nombre des incontournables afin de répondre efficacement aux besoins de développement de la région. Ici même, l’accroissement de notre expertise et notre capacité à réaliser des initiatives de décentralisation et de régionalisation de même que l’établissement de nos principes de gouvernance sont au nombre des éléments également soulevés. Enfin,

Autant dans certains dossiers ou certains réseaux, le partenariat et la collaboration sont deux de nos plus belles forces, autant nous sommes nous-mêmes (résidents et décideurs) capable trop souvent de nous mettre des bâtons dans les roues et prêcher seulement pour notre paroisse… Manque de vision régionale. Il est grand temps que tout un chacun constate la force et les avantages que nous avons à penser régionalement.

Énoncé du sondage

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dans un contexte de réduction de la taille de l’État, le maintien des services à la population en faveur du développement régional est un autre impératif à la base du développement de la région.

Maintien et consolidation du modèle décentralisé des services éducatifs et de santé. Le maintien des établissements d’éducation et de santé, tout comme la poursuite d’une offre de services de qualité partout sur le territoire, dans un contexte de faible bassin de population, de rareté de la main-d’œuvre et de coupes budgétaires sont au nombre des préoccupations fortement exprimées. Afin de garantir l’accès et le déploiement de services adaptés à la population régionale, les caractéristiques géographiques et sociodémographiques particulières de la région devront être prises en compte quant au financement octroyé aux établissements régionaux. Par ailleurs, le modèle de décentralisation dont s’est dotée la région à l’égard de la desserte de services éducatifs et de santé est unique au Québec. Pour l’éducation, il est défini comme l’un des gages de l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation, à des formations professionnelles, collégiales ou universitaires et donc, à l’emploi. Quant au secteur de la santé, bien que la population ait à se déplacer d’une MRC à l’autre pour recevoir des soins spécialisés, 95 % des besoins en services médicaux sont comblés par les ressources médicales de la région29. À ce titre, défendre le statut particulier de l’Abitibi-Témiscamingue au regard de l’offre de services adaptée à la région par nos établissements d’enseignement postsecondaire et de santé apparaît un enjeu important.

29

Écho Abitibien, Un modèle unique au Québec qui marche, mai 2013.

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Par diversification économique, on

entend l’accroissement du nombre

d’emplois dans une collectivité grâce à

l’ajout d’une nouvelle branche d’activité

ou à l’expansion d’une branche d’activité

existante qui n’est pas la seule ou celle qui

domine dans la région. On s’attend à ce

qu’une économie régionale diversifiée ait

de meilleures chances d’être stable

et de prospérer.

UNE ÉCONOMIE DIVERSIFIÉE, CRÉATRICE DE RICHESSES ET D’EMPLOIS Région industrielle, l’Abitibi-Témiscamingue présente une structure économique marquée par la présence de filières orientées vers l’exploitation des ressources (forêt, agriculture et mines) de même qu’un secteur des services en légère transformation. Après plusieurs années de développement, le secteur touristique s’affiche lentement comme le quatrième pilier économique de la région. Traditionnellement, la vigueur économique de la région est influencée par la conjoncture qui prévaut au sein des secteurs minier et forestier. Depuis 2007, le dynamisme de l’activité minière a contrebalancé les difficultés des secteurs forestier et agricole tout en stimulant d’autres secteurs d’activité (construction, services professionnels et techniques, services aux entreprises, services financiers, etc.). L’amélioration des indicateurs du marché du travail traduit la conjoncture économique plutôt favorable des dernières années. Les filières économiques s’étant développées de sorte que chaque territoire de MRC possède une vocation économique qui lui est propre (selon le poids du secteur dans l’emploi et la nature des acteurs économiques concernés), tous ne profitent pas de la vigueur des marchés mondiaux au même moment, ou à la même hauteur, ce qui se répercute inévitablement sur la performance du marché du travail au palier territorial. À la lumière du processus consultatif, la vitalité économique de la région passe inévitablement par la réduction de son niveau de vulnérabilité aux chocs externes. Et pour ce faire, elle compte un nombre d’atouts et d’actifs : la collaboration entre les entreprises, l’UQAT et le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et les organisations publiques, la présence de trois créneaux d’excellence, la synergie au regard de la

culture entrepreneuriale et l’entrepreneuriat ainsi que le savoir-faire des ressources humaines. Toujours selon le processus consultatif, le développement d’une économie garante d’avenir repose sur la consolidation et l’adaptation des filières industrielles ainsi que sur la diversification économique. Le soutien à l’entrepreneuriat ainsi que le développement et la valorisation des atouts régionaux et des filières porteuses sont les voies à suivre. Nul développement économique ne peut, par ailleurs, se concrétiser sans l’apport de ressources humaines bien formées, voire spécialisées. En raison de la rareté de la main-d’œuvre, l’accès aux compétences est actuellement un facteur décisif pour la pérennité de l’économie régionale.

Évolution des indicateurs du marché du travail, Abitibi-Témiscamingue

2002 2007 2012

Taux d'activité 62,0 % 63,7 % 63,3 %

Taux de chômage 11,1 % 9,2 % 6,4 %

Taux d'emploi 55,1 % 57,8 % 59,3 %

Statistique Canada, Enquête sur la population active.

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Renforcement et valorisation des assises économiques Nul doute, la population de l’Abitibi-Témiscamingue s’est dite fortement préoccupée par la filière du bois, les questions agricoles ainsi que la vitalité du secteur minier, les classant respectivement aux trois premiers rangs. Plus présentes ici que dans d’autres régions, ces filières occupent 15 600 des 69 900 travailleuses et travailleurs de la région. On peut y associer des emplois indirects notamment dans les services connexes à ces industries. Depuis près d’une dizaine d’années, maints facteurs et bouleversements ont assailli, de toute part, les secteurs de la forêt et de l’agriculture. Aujourd’hui, ces derniers accusent un recul drastique de leurs activités. Plus récemment, un certain climat d’incertitude a commencé à entourer la filière minière.

L’agriculture poursuit une double tendance à la baisse du nombre d’exploitations et à la concentration, signe de l’expansion, mais aussi de la consolidation des activités de certaines d’entre elles. De récentes données indiquent une situation financière critique pour un peu plus de 140 entreprises agricoles (sur 361 admissibles au Programme régional d’adaptation et de développement de l’agriculture de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec) et toute réorientation semble difficile dans un contexte d’endettement important30. Désistement de producteurs, difficulté d’avoir une relève pour le transfert des actifs (impératifs démesurés en capitaux) ainsi que rareté de la main-d’œuvre sont au nombre des inquiétudes mentionnées quant à la pérennité du milieu agricole. Les réglementations sont jugées restrictives ou inadaptées aux réalités agricoles de la région.

Le secteur forestier est en quelque sorte à la croisée des chemins, mais, de tous les côtés, les incertitudes sont grandes. Bien que des indices (prix, volumes d’exportation) aient montré un certain redressement de l’industrie forestière québécoise grâce au rétablissement du marché de l’habitation américain, la région est d’avis que plusieurs éléments remettront en question la capacité du secteur forestier régional à demeurer compétitif. Notons la rareté de la main-d’œuvre, le peu de fonds de roulement des entreprises, les changements prévus à l’assurance-emploi ainsi que les nouvelles modalités de l’approvisionnement avec, pour incidence probable, une augmentation des coûts d’approvisionnement. Les changements législatifs et réglementaires ajoutés à la transformation des marchés modifieront profondément la structure des coûts, mais également celle des revenus. Le modèle d’affaires doit être profondément modifié.

La filière minière de la région a profité d’une conjoncture mondiale très favorable jusqu’à tout récemment, alors qu’une récente dépréciation des prix des métaux et des difficultés accrues de financement affectent le rythme de l’exploration. Quant à l’exploitation minière, la baisse des teneurs récupérées sur plusieurs gisements miniers, la pression sur les coûts de production au sein de l’industrie et la fluctuation possible du prix de l’or amènent un climat d’incertitude au sein de nombreuses sociétés minières. On relève, par ricochet, des répercussions sur certaines entreprises connexes (équipementiers, firmes de génie-conseil, etc.). Du côté de la première transformation, malgré la forte compétition en provenance de la Chine, la fonderie Horne, une compagnie Glencore, devrait tirer son épingle du jeu grâce à son expertise particulière développée pour extraire les métaux des matières à recycler. Elle est l’une des seules usines au monde à disposer de cette technologie.

30

Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Portrait de la région - Agriculture et agroalimentaire, 2012.

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Les défis, orientations et enjeux mentionnés ont varié pour chacune des filières. Néanmoins, voici l’identification de quelques enjeux clés communs à plus d’une filière.

Maintien durable de la contribution des filières à l’économie régionale. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, et en considérant la vulnérabilité des filières de production quant aux soubresauts de la conjoncture mondiale, l’un des enjeux cernés reflète une réflexion plus large exprimée par de nombreux acteurs : la capacité d’adaptation est d’autant plus importante que les industries sont rentables et compétitives. Cet enjeu en amène deux autres tout aussi stratégiques :

Accès aux ressources naturelles et au territoire. L’accès au territoire devient une condition sine qua non à la mise en valeur des ressources et à l’occupation du territoire. Afin de rester compétitif dans un marché où la concurrence mondiale est grandissante, s’assurer d’un bon approvisionnement en ressources est une nécessité. Par ailleurs, on insiste sur l’importance de maîtriser l’accès au territoire foncier à long terme au bénéfice du développement durable de la région ainsi que sur celle de préserver le patrimoine agricole31.

Acceptabilité sociale de l’exploitation des ressources et de l’occupation du territoire. L’augmentation des besoins des pays émergents en ressources naturelles se fait sentir à différents niveaux. Pour la région, c’est particulièrement l’activité en exploration et en exploitation minière qui s’est intensifiée au cours des dernières années. Consciente des retombées qui découlent de l’activité minière ainsi que du potentiel minier singulier à explorer et à exploiter, la population régionale a de plus en plus le souci que l’activité minière se réalise de façon structurante et en considération des communautés et du milieu de vie. Quant à la forêt, elle soulève des attentes multiples spécifiques aux individus et aux collectivités. L’acceptabilité sociale y est surtout véhiculée au regard de l’aménagement forestier, la préservation de milieux naturels et l’harmonisation de ses multiples usages. L’approvisionnement en bois étant l’un des enjeux clairement exprimés, l’intensification des efforts en aménagement durable afin d’assurer une certaine sécurité à moyen terme pourrait être l’objet de questionnements. Les préoccupations grandissantes manifestées par la population envers l’exploitation des ressources naturelles concourent à la nécessaire conciliation entre les intérêts économiques et sociaux, de même que les impératifs environnementaux.

Promotion d’une véritable culture forestière et agricole. Les intervenants se disent soucieux du rôle et

de la place qu’occupent désormais les filières agricoles et forestières au sein de la société. Ces dernières peuvent et devraient prétendre à une place plus importante dans le paysage économique de l’Abitibi-Témiscamingue. Or, on relève un manque de cohésion dans les orientations ainsi que d’efforts de vulgarisation de sorte de travailler ensemble vers l’atteinte d’un but commun. Le soutien à ces secteurs reposera sur la reconnaissance publique du rôle clé qu’ils représentent pour le développement durable de la région. Au-delà de l’enjeu économique, c’est le maintien d’un patrimoine agricole et forestier (auxquelles s’ajoutent les activités d’exploitation de la faune) qui est au cœur de l’identité régionale, d’un savoir et d’une connaissance particulière du milieu naturel. Par l’expression de différentes façons de voir et de vivre la forêt et l’agriculture, la région y gagnera quant au

31

Il est utile de préciser que les consultations ont eu lieu au moment où plusieurs études portant sur l’accaparement des terres agricoles marquaient l’actualité, d’où une sensibilité importante des groupes et personnes rencontrées.

La ressource ici, c’est la forêt. Si on ne lui donne pas son importance, la place qu’elle devrait avoir, on ne développera pas de produits!

Extrait d’un groupe de discussion

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sentiment de fierté, de valorisation des entreprises et des produits, des emplois tant en forêt qu’en agriculture, ce qui pourra contribuer à la relève de la main-d’œuvre (formations) de même qu’à stimuler la demande locale et régionale pour les produits du bois et agricoles. Les activités reliées à la forêt et à l’agriculture sont aujourd’hui des enjeux de société d’importance. L’ensemble de la région est interpellé.

Diversification de produits et développement de marchés. Deuxième et troisième transformation. Malgré le souci manifesté depuis longtemps par la population envers la transformation des ressources naturelles, on déplore le faible nombre d’entreprises de deuxième et troisième transformation ainsi que le peu de stratégies mises en place, notamment pour valoriser la matière ligneuse. À cet égard, une meilleure optimisation du rendement de la fibre récoltée ainsi que l’exploitation et la valorisation d’autres essences disponibles est une voie largement partagée afin de pallier la réduction de la possibilité forestière (41 % depuis 2008). Commercialisation intégrée des produits régionaux. Dans un contexte où l’intérêt du consommateur à connaître l’origine du produit est croissant, une plus grande compréhension de la population quant à l’importance de consommer localement les produits régionaux apparaît comme étant un moyen de soutenir le milieu agricole de la région. Cette dernière doit travailler afin d’implanter les produits régionaux sur le marché. Outre l’accès aux tablettes, l’apport des marchés publics est relevé et, dans cette optique, le développement de circuits courts pourrait être une orientation à approfondir. Ce mode de distribution complémentaire aux autres types de commercialisation tend à se développer en de nombreux endroits, s’inscrivant dans les tendances mondiales et le mouvement global de conscientisation à l’environnement. Les produits de qualité et diversifiés ainsi que les initiatives de commercialisation menées dans la région (VitaliPré, Alléchamps, incubateur à Ville-Marie, etc.) sont parmi les atouts cités. Consolidation de l’expertise minière sur l’échiquier canadien, voire international. Le Québec a glissé du 5e au 11e rang des meilleures juridictions mondiales où investir. Il avait occupé le premier rang de 2007 à 2010. Une première depuis une dizaine d’années, aucun appel public à l’investissement n’a été fait au sein des entreprises d’exploration (juniors). Le peu de financement retardera la découverte de nouveaux gisements. Dans l’attente d’une reprise de l’exploration, et fortes d’une expertise régionale reconnue, plusieurs entreprises de forage et firmes de génie ciblent d’autres marchés. Ainsi, dans la perspective d’un ralentissement du secteur minier sur le territoire régional, « l’internationalisation » de l’expertise semble l’une des voies pour maintenir la main-d’œuvre minière dans la région. Appui aux créneaux d’excellence. Trois filières d’excellence ont été ciblées à l’échelle régionale : Techno-mines souterraines, Systèmes de construction en bois et Agriculture nordique axée sur la production bovine. Destinés à pénétrer les marchés internationaux, ces créneaux font l’objet d’un soutien par l’intermédiaire de nombreux outils et d’une concertation régionale. Leur valorisation et leur financement soulèvent des enjeux de recherche et développement, dans une logique de renforcement de la compétitivité de l’économie régionale ainsi que de la valorisation des compétences de la main-d’œuvre.

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Diversification économique Sur une vingtaine d’années, la structure du marché du travail met en lumière la tertiarisation de l’économie de l’Abitibi-Témiscamingue, suivant en cela la tendance provinciale. Néanmoins, le poids économique des services est bien en deçà de celui de la province, avec 70 % des emplois en 2012, alors qu’il est de 79 % au Québec. Quant au tissu entrepreneurial, on trouve une forte part de très petites entreprises (4 emplois et moins), où se concentrent 8 % des emplois régionaux. Ensuite viennent les PME de la région, qui occupent 43 % de la main-d’œuvre. Enfin, bien que les grandes entreprises ne représentent que 5 % du tissu entrepreneurial, elles emploient 49 % des travailleuses et travailleurs. Parmi les tendances « discernables » qui pourraient être déterminantes pour le développement économique de la région, signalons la restructuration de l’industrie forestière qui devrait se poursuivre pour quelques années encore ainsi que la délocalisation possible de PME, grandes entreprises et centres décisionnels vers l’extérieur dans l’éventualité d’un ralentissement économique. Les services gouvernementaux pourraient aussi présenter une certaine reconfiguration des emplois. Afin de compenser cette fragilité, des efforts ont été entrepris pour favoriser la création d’entreprises. Les développer et les lier à l’innovation et à la performance est un facteur clé de la réussite. Le Réseau InnovaXion, Focus Stratégie (agrotransformateurs, fabrication de bois et autres entreprises de fabrication) et l’Université en entrepreneuriat (offre d’activités orientées sur l’innovation et la gestion de projet) s’inscrivent dans l’optique d’améliorer la capacité d’innovation des entreprises de la région.

L’appui à l’entrepreneuriat La création d’entreprises, et plus encore, leur développement, est l’un des leviers déterminants de la performance économique et du renouvellement de la structure industrielle de la région. À la lumière du processus consultatif, la diversification économique de la région dépend, au premier chef, de la culture entrepreneuriale suivie du soutien et de l’accompagnement offerts aux entreprises, de la disponibilité de la main-d’œuvre, des opportunités d’affaires, de l’accessibilité géographique, etc.

Renforcement de la culture entrepreneuriale et d’innovation. Avec un taux entrepreneurial inférieur à celui du Québec, l’Abitibi-Témiscamingue se classe au 13e rang des régions. Un résultat « classique » pour une région qui privilégie le travail salarié à toute autre forme d’emploi, et ce, depuis de très longues années. Cette donnée combinée à celle positionnant la région à l’avant-dernier rang quant à la proportion de jeunes de 18-34 ans manifestant l’intention d’entreprendre indiquent que la région devra poursuivre ses efforts en vue de renforcer la culture entrepreneuriale, essentielle au développement de son plein potentiel. Les efforts menés depuis plusieurs années semblent porter leurs fruits : la région assiste à l’émergence d’un entrepreneuriat jeunesse. La tendance est également favorable du côté de

La région est bien outillée, bien positionnée, mais il faut rester aux aguets et favoriser le développement de petites et moyennes entreprise et d'entreprises d'économie sociale. Les organismes de développement doivent continuer à soutenir les initiatives innovatrices.

Énoncé du sondage

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l’entrepreneuriat féminin. Quant à l’innovation, trois diagnostics sur les entreprises ont été réalisés au cours des dernières années et concluaient à la nécessité d’améliorer la capacité d’innovation des entreprises.

Création, expansion et pérennité (transfert et relève) des entreprises. De l’avis général, il est impératif d’accompagner les entrepreneurs dans le développement et la croissance de leur entreprise. Le transfert et la relève des entreprises de moyenne et grande taille s’inscrivent aussi au nombre des préoccupations. Les entrepreneurs de la région sont majoritairement âgés de 45 à 54 ans et pour la plupart, la relève n’est pas planifiée. Dans le même sens, les acteurs économiques disent avoir de la difficulté à cibler des releveurs potentiels. Enfin, l’acquisition d’entreprises régionales par des entreprises extérieures inquiète en raison des répercussions possibles sur la main-d’œuvre régionale.

Valorisation de l’économie sociale comme outil de développement. Les entreprises d’économie sociale contribuent de maintes façons au développement durable des milieux. Généralement, l’économie sociale se déploie dans les domaines où les milieux privés ou publics ne répondent pas (ou plus ou moins) efficacement aux besoins. Elle contribue, par ses diverses initiatives, à la mise en valeur des ressources et à la protection de l’environnement, au maintien et au développement des services de proximité, à la lutte contre l’exclusion et la pauvreté, à l’amélioration de la qualité de vie, etc. Trop souvent connues des seuls initiés, les 245 entreprises d’économie sociale représentent plus de 1 000 emplois dans la région, et ce, au sein d’une vingtaine de secteurs d’activité (loisir-tourisme, arts et la culture, services de garde, agriculture et forêt, habitation, services aux personnes, etc.). Étant donnée la forte présence des préoccupations sociales sur le territoire, l’économie sociale semble à valoriser.

La valorisation des atouts régionaux et développement de filières porteuses Bien que l’économie de l’Abitibi-Témiscamingue se soit structurée autour de filières traditionnelles, il apparaît important d’appuyer le développement de secteurs économiques qui, en plus d’être des pourvoyeurs d’emplois, sont des vecteurs de l’occupation du territoire.

Tourisme et culture L’industrie touristique est génératrice de richesses et créatrice d’emplois non délocalisables, tout comme la culture. La première mise notamment sur les atouts naturels, historiques et patrimoniaux d’un territoire, alors que la deuxième repose sur les lieux, productions et festivals culturels. Au-delà de leurs retombées économiques, ces secteurs deviennent des leviers importants du développement d’un territoire en étant au cœur de l’attractivité d’une région, de son rayonnement, de la qualité de son image et du renforcement du sentiment d’appartenance. De l’avis général, l’industrie touristique régionale a gagné en importance et est considérée depuis quelques années comme un apport économique intéressant. Le tourisme, de par sa vocation, est une industrie ouverte sur le monde et, par le fait même, subit très fortement la concurrence d’autres régions du Québec de même que la compétition internationale. L’Abitibi-Témiscamingue se positionne au 15e rang des 22 régions touristiques que compte le Québec quant au nombre de visiteurs. Elle a gagné en notoriété, notamment grâce au rayonnement des festivals de même qu’aux campagnes promotionnelles développées au cours des dernières années. Les acteurs du milieu touristique structurent l’offre autour de ses avantages concurrentiels à l’échelle nationale et mondiale (chasse et pêche, motoneige), et plus récemment autour du plein air et du tourisme culturel. Selon l’UNESCO, le voyage culturel et patrimonial

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est l’un des segments du tourisme international qui connaît la croissance la plus rapide32. En 2012, un grand projet de mobilisation, intitulé CULTURAT 2015, a été amorcé à l’échelle régionale. Ce projet vise à positionner, d’ici 2015, l’Abitibi-Témiscamingue en tant que destination culturelle incontournable

Accompagnement de l’activité touristique dans son évolution. Dans l’ère du développement durable, le tourisme de plein air et d’aventure ainsi que la création du parc national d’Opémican devraient permettre un virage de l’industrie. Le vieillissement des sites et des attraits et la faible capacité financière des promoteurs à réinvestir dans leurs infrastructures et attraits sont au nombre des défis mentionnés. L’état des réseaux de communication (couverture Internet et cellulaire) et des transports (desserte des réseaux routier et aérien), de même que l’érosion des services de proximité sont aussi au nombre des contraintes qui ont été soulevées pour sa pérennité. Au cours des dernières années, on constate une contribution constamment à la hausse du secteur de la culture au PIB régional. Près de 2 000 personnes travaillent dans le secteur de l’information, de la culture et des loisirs. Depuis 2006, le volume d’artistes professionnels et semi-professionnels est passé de 325 à 554, soit une augmentation de 70 %. Le nombre d’organismes culturels est passé de 289 à 332 entre 2006 et 2013, soit une hausse de 15 %33. Plusieurs événements et festivals contribuent de façon significative à la vitalité de l’industrie touristique régionale. Le nombre d’organismes culturels de plus en plus grand est une bonne nouvelle pour la vitalité culturelle, mais cela représente également un défi, soit celui de garantir une demande équivalente. On note aussi une multiplicité et une diversité de lieux culturels alternatifs.

Consolidation du milieu culturel. Soutenir la croissance de la vitalité culturelle régionale tout en considérant les diverses contraintes (humaines et financières) pose la question de la continuité et de la consolidation du milieu culturel. Cette dernière passe notamment par le développement et le soutien de la production artistique et culturelle, le développement de nouveaux publics et marchés (dont la mise en marché ou de commercialisation des innovations et produits à teneur culturelle), l’adaptation des infrastructures aux pratiques culturelles des nouvelles générations ainsi que l’appropriation des nouvelles technologies34. Comme mentionné antérieurement, on sent toujours parmi les défis celui de reconnaître l’apport social et économique des arts et de la culture35.

32

Réseau de veille en tourisme, Tourisme culturel et patrimonial, un produit en croissance à travers le monde, 2011. 33

Conseil régional de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, Diagnostic du milieu des arts et de la culture dans la collectivité de l’Abitibi-Témiscamingue 2013, 2013. 34

Lors du colloque sur les nouvelles technologies : Avantage numérique, trois pistes d’actions ont été nommées afin que les technologies numériques aient un impact structurant : le développement d’une plateforme de diffusion régionale sur le Web, le branchement des lieux culturels sur le réseau large bande et la création d’un laboratoire de recherche. 35

Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Bilan PSR 2007-2011.

Le dynamisme culturel assure une qualité de vie et une image vivante de la région. Il est important de soutenir ce secteur qui contribue au développement économique et humain de la région et qui demeure encore fragile.

Énoncé du sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Filières émergentes Pour le long terme, l’Abitibi-Témiscamingue devra développer et commercialiser de nouvelles idées, de nouveaux produits et de nouveaux procédés. C’est aussi vrai pour le développement de nouvelles filières. Sur quels secteurs la région devra-t-elle miser au cours des prochaines années pour assurer sa croissance? Des consultations régionales36 ont mentionné certaines avenues pour diversifier l’économie :

• Le bâtiment (écoconstruction, adaptation du logement, etc.) • La culture • Les énergies renouvelables (notamment la biomasse) • L’environnement • L’industrie du savoir • La nordicité • Les technologies de l’information et des communications et le multimédia • Le tourisme

Malgré une part importante d’énoncés traduisant la nécessité de diversifier l’économie de la région, peu de gens ont priorisé une voie plutôt qu’une autre. Néanmoins, une filière semble émerger sensiblement du processus consultatif : les énergies alternatives.

Développement d’énergies alternatives. Le Bilan énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue stipule que la région demeure très dépendante de l’extérieur quant à son approvisionnement en énergie. Par ailleurs, l'accroissement de la prise en compte des facteurs écologiques, des changements climatiques ou encore de la hausse du prix du pétrole devrait inciter la région à développer son autonomie énergétique par la production d’énergies renouvelables ainsi que par l’amélioration de la maîtrise de l’énergie. À cet égard, le bilan décèle pour la région un fort potentiel énergétique par l’entremise des réserves de biomasse forestière. Cette dernière peut être utilisée soit pour produire de l’électricité (cogénération), soit pour produire de la chaleur. Il y a une possibilité pour développer, régionalement, des biodiesels et des biocarburants, qui seraient consommés dans la région. L’énergie solaire et la géothermie seraient d’autres secteurs avec un bon potentiel de développement. Une récente étude portant sur l’Analyse de la chaîne de valeur pour accompagner la transformation du tissu industriel forestier de l’Abitibi-Témiscamingue affirme que la région possède plusieurs atouts importants pour devenir le siège de la première usine de biocarburants à partir de matière ligneuse. Toujours selon cette étude, toute utilisation de produit bioénergétique entraînant la substitution d’un seul litre de carburant fossile constituerait un élément des plus structurants pour l’économie de l’Abitibi-Témiscamingue. Toutefois, le bilan énergétique relève le peu de coordination régionale quant à la valorisation de la biomasse, alors que la seconde étude signale que sans leadership régional fort, aucune étude, aucun projet ne réussira.

36

Consultations menées dans le cadre de la Planification stratégique régionale 2013-2018 et Assises de la Conférence régionale portant sur de Nouvelles destinations économiques menées en 2009.

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Secteurs d’avenir et domaines d’activités associés, Québec et dans le monde

Comparons les secteurs à ceux d’avenir qui s’imposent au Québec et ailleurs dans le monde. Issus de grandes tendances de fond, notons la préoccupation grandissante pour l’environnement, la quête du meilleur rendement énergétique ou de la réduction de la consommation, la montée des inquiétudes quant à la sécurité, la préoccupation associée à la santé, la gestion et le traitement de l’information et des contenus ainsi que la proximité des personnes et des lieux37. Tous apparaissent devenir des enjeux auxquels il faut trouver des réponses.

Secteurs d’avenir et domaines d’activités associés, Québec et dans le monde

Environnement Technologies propres Bio-industries environnementales (valorisation des matières industrielles, recyclage) Écoconstruction Valorisation de la biomasse Plasturgie Matériaux composites, chimie verte

Énergie Production - Transport

Chimie Construction Design industriel Logistique du transport Éolien Métaux légers

Sécurité Sécurité agroalimentaire Microélectronique Optique-photonique Textiles techniques Services informatiques et logiciels Nanotechnologie Technologie de l'information et des communications

Santé Sciences de la vie Nanotechnologie Technologies de l'information et des communications Pharmaceutique - Santé et biotechnologies Aliments santé Textiles techniques médicaux et vêtements techniques Optique-photonique

Gestion et traitement de l’information

Nanotechnologie Équipement de télécommunications Optique-photonique Services informatiques Logiciels (tous secteurs confondus : de la comptabilité aux jeux vidéo) Multimédia Développement de nouvelles plateformes de communication

Proximité des personnes et des lieux

Logistique et transport Technologies de l'information et des communications Transport maritime – terrestre Technologies avancées de matériel de transport et logistique Projets dans quartiers TOD (Transit Oriented Development)

Desjardins, Revue Perspectives : Quels sont les secteurs d’avenir au Québec, avril 2013.

37

Desjardins, Revue Perspectives : Quels sont les secteurs d’avenir au Québec, avril 2013.

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Accès à une main-d’œuvre compétente et qualifiée Au cours des dernières années, la région s’est distinguée par une situation de l’emploi dynamique principalement influencée par la conjoncture propice au développement de projets miniers. Ce dynamisme a eu un effet d’entraînement auprès d’autres secteurs d’activité. Le marché du travail régional a mis à profit jeunes travailleuses et travailleurs expérimentés, hommes et femmes, et ce, par des activités économiques réparties géographiquement. La mobilité professionnelle ancrée dans le quotidien de plusieurs travailleuses et travailleurs a aussi contribué à la vitalité de l’emploi régional. Toutefois, bien que tous les territoires de MRC aient connu une croissance supérieure à la moyenne québécoise, les taux de travailleurs entre MRC ont varié de 71,9 % à 76,4 %. Le profil des territoires (structure industrielle, marché du travail local, caractéristiques sociodémographiques, situation frontalière) est nécessaire à la compréhension des écarts.

Comme l’illustre cet énoncé, la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée constitue un, sinon LE levier de productivité et de compétitivité pour les entreprises et l’essor économique régional. Or, faut-il le préciser, cette ressource fait aujourd’hui largement défaut, d’autant que la région accuse un déficit de compétences et de qualifications. Ainsi caractérisées par une rareté de la main-d’œuvre, les questions relatives à la main-d’œuvre ont occupé une place centrale tout au long du processus consultatif. En 2012, 45 % des entreprises qui ont recruté du personnel ont affirmé avoir éprouvé des difficultés. Certains secteurs rencontrent de telles difficultés depuis un certain nombre d’années maintenant. Les industries minière, forestière, agricole, touristique, les milieux de l’éducation et de la santé ainsi que les entreprises spécialisées, pour ne nommer que ceux-là. La situation du marché du travail se corse et plusieurs signaux – dont le vieillissement de la population, la plus forte concurrence entre les secteurs d’activités (incluant entre les régions) ainsi que la mobilité grandissante de la main-d’œuvre – indiquent qu’elle se compliquera à moyen et à long terme38. Déjà, on qualifie la rareté de la main-d’œuvre dans la région comme étant plus aiguë qu’au Québec, notamment en raison d’un taux de chômage peu élevé depuis de nombreuses années et d’une baisse marquée de la clientèle des programmes d’aide financière de dernier recours39. D’ailleurs, les besoins en main-d’œuvre sont estimés à 12 400 emplois d’ici 2016. Près de quatre emplois à pourvoir sur cinq seront attribuables aux départs à la retraite40.

38

Emploi-Québec – Direction de l’Abitibi-Témiscamingue, Plan d’action régional 2013-2014, 2013, p. 4. 39

Idem, p. 15. 40

Emploi-Québec – Direction de l’Abitibi-Témiscamingue, Perspectives professionnelles 2012-2016, 2012.

Pourvoir les emplois disponibles par de la main-d’œuvre qualifiée permettra aux entreprises existantes du territoire de continuer à générer de la richesse et permettra de se développer davantage et de créer d'autres emplois. Une région prospère développe son territoire, et ce, par et avec des entrepreneurs et des visionnaires. Il faut trouver un moyen de se démarquer des autres régions du Québec dans l'attraction et la rétention de la main-d’œuvre qui sera courtisée partout au Québec.

Énoncé du sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Renouvellement de la main-d’œuvre. Bien que les jeunes fassent partie de la solution, il est évident que les nouvelles générations, à elles seules, ne suffiront pas à pourvoir les nouveaux emplois et à pallier les départs à la retraite. Un nombre important d’énoncés débutant par assurer, attirer, recruter, rajeunir voire retenir évoquent la nécessité de renouveler la main-d’œuvre afin de garantir une main-d’œuvre qualifiée suffisante pour le développement des entreprises régionales.

Participation du plus grand nombre de personnes sur le marché du travail. Cette participation passe par l’intégration et le maintien en emploi de strates de la population (jeunes, femmes, personnes immigrées) et de personnes éloignées du marché du travail, dont les travailleurs expérimentés de 55 ans et plus, les personnes avec incapacités et les membres issus des communautés autochtones. Il est généralement reconnu que le travail constitue l’un des meilleurs moyens de combattre la pauvreté et d’assurer l’autonomie financière et l’insertion sociale des personnes. Le taux d’emploi de certains groupes démontre clairement que des gains sont envisageables à cet égard.

Taux d’emploi de groupes particuliers, Abitibi-Témiscamingue

Premières Nations (2006) 41,9 %

Femmes (2012) 56,3 %

Personnes immigrantes (2006) 42,0 %

Personnes avec incapacités (2006) 26,0 %

Travailleurs expérimentés Personnes âgées de 55 ans et plus (2012)

27,0 %

Source : Emploi-Québec – Direction Abitibi-Témiscamingue,

Plan d’action régional 2013-2014, 2013.

Attractivité de la main-d’œuvre migrante et immigrante. Quant à la rareté de main-d’œuvre, les entreprises québécoises sont de plus en plus enclines à embaucher une main-d’œuvre étrangère pour combler leurs besoins. Entre 2008 et 2012, en moyenne, 101 travailleurs temporaires étaient titulaires d’un document valide en Abitibi-Témiscamingue41. À la lumière du processus consultatif, des efforts devront être déployés pour que davantage de travailleurs étrangers puissent venir travailler et s’établir dans la région. Certains songent à prospecter et recruter directement dans certains pays, d’autant que la crise économique en Europe et le chômage élevé incitent des personnes de là-bas à s’expatrier.

Rétention et fidélisation de la main-d’œuvre. Au-delà du recrutement, des efforts importants devront

être consentis à la rétention de la main-d’œuvre. Or, à cet égard, la gestion des ressources humaines est peu présente dans les entreprises de la région. Parmi les PME ayant une personne responsable de la gestion des ressources humaines, 13 % consacraient 50 % et plus de leur temps à cette tâche (25,5 % en 2010)42. L’intégration d’une main-d’œuvre venant de l’extérieur sera durable si le marché du travail offre des conditions de travail favorables. Le milieu du travail n’étant

41

Compilation du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. 42

Emploi-Québec – Direction Abitibi-Témiscamingue. Plan d’action régional, p. 8.

Il faut absolument s'attarder à l'attraction de main-d’œuvre et à sa RÉTENTION. Actuellement, la rétention est généralement exclue de tous les discours.

Énoncé du sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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pas garant à lui seul de l’installation des nouveaux arrivants, il faut travailler, à court terme, à augmenter la capacité d’accueil des communautés (logement, structures d’accueil, placement du conjoint, services, etc.). La question de la fidélisation de la main-d’œuvre spécialisée se pose également, d’autant plus dans un contexte économique fragilisé, en vue de conserver les savoir-faire.

Adéquation de la main-d’œuvre aux besoins du marché du travail. Dans un contexte où la société est de plus en plus axée sur le savoir, sur les compétences, sur l’efficacité et sur l’efficience, l’offre de programmes diversifiés et adaptés représente un levier incontournable pour le développement de la région. Avec l’impératif de diversifier l’économie régionale, il faut porter une attention particulière à offrir et rendre accessibles des formations adaptées aux besoins éventuels de filières émergentes et du secteur des services.

Développement des aptitudes à la mobilité professionnelle. Environ 4 % de la main-d’œuvre de la région travaillait à l’extérieur de la région en 2006 (2 700 travailleurs). Il s’agit d’une part plus élevée que d’autres régions ressources (2 % respectivement pour le Nord-du-Québec, la Côte-Nord ou le Saguenay-Lac-Saint-Jean). On peut émettre l’hypothèse que cette proportion est plus importante aujourd’hui en raison du secteur minier. Le solde de l’emploi indique que la région exporte davantage de travailleuses et de travailleurs qu’elle n’en importe43. De l’avis de tous, la mobilité de la main-d’œuvre résidante en Abitibi-Témiscamingue sous la forme du « fly in, fly out » devrait s’accentuer, notamment sous l’effet du développement nordique. Au-delà des impacts positifs du « fly in, fly out » sur le niveau de vie, plusieurs se questionnent quant aux impacts négatifs sur les inégalités économiques, les habitudes de vie, la dynamique familiale ainsi que l’implication sociale.

43

Idem, p. 19.

Nous n'avons pas fait une réflexion valable sur les ajustements à faire avec le phénomène du «in and out». Quelle sera la conséquence d'une augmentation significative du «in and out» dans le développement du Nord?

Énoncé du sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Le développement durable est une forme

de « développement qui répond aux

besoins du présent sans compromettre la

capacité des générations futures à

répondre aux leurs. Le développement

durable s’appuie sur une vision à long

terme qui prend en compte le caractère

indissociable des dimensions

environnementale, sociale et économique

des activités de développement ».

Source : Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs.

UN MILIEU DE VIE, SON ENVIRONNEMENT ET SES RESSOURCES NATURELLES L’Abitibi-Témiscamingue présente une variété de paysages, de milieux naturels, d’habitats et d’espèces de même qu’une grande diversité de ressources naturelles. À cet égard, l’environnement naturel constitue un point d’appui essentiel à l’attractivité, à la qualité de vie et au développement du territoire régional.

Pourtant, les particularités de la région caractérisée par l’exploitation des ressources naturelles, l’utilisation d’espaces en périphérie à des fins résidentielles ou encore, les modes de transports « individuels » ont tous, à divers degrés, des impacts sur l’état de l’environnement (dégradation des paysages, pollution de l’eau et de l’air, effet de serre [GES], etc.) et, par ricochet, sur le bien-être de la population. Les liens entre l’économie et l’environnement sont étroits, tout autant que les liens entre la société et l’environnement et la société et l’économie.

Nombre de défis sont généralement associés au développement durable44 : pauvreté, inclusion sociale, santé publique, démographie et migration, conservation et gestion des ressources naturelles, transport durable, consommation et production durable, changement climatique et énergie propre et défis particuliers liés au développement durable. Dans la suite logique de ce qui précède, le processus consultatif a mis en lumière l’importance accordée à la protection de l’environnement ainsi qu’à la gestion intégrée des ressources naturelles.

44

Les neuf défis de la stratégie nationale de développement durable - Stratégie européenne de développement durable.

Des approches plus écologiques et environnementales de l’exploitation des ressources naturelles nous permettront de mieux concilier les valeurs de l’ensemble des Québécois (développement durable). Notre environnement, c’est notre milieu de vie. Plus le milieu de vie est développé (et protégé), plus c’est attirant et intéressant d’y vivre. Donc, l’environnement, dans son sens global (physique, culturel, éducatif, social, politique, économique, etc.), me semble l’enjeu majeur.

Énoncés du sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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Le développement durable Dans l’optique du développement durable, la population de l’Abitibi-Témiscamingue prône la nécessité de prendre une trajectoire de développement équilibré, cohérent et respectueux de l’environnement et de la qualité de vie des personnes qui habitent le territoire. Assurer la transition vers un développement durable exige des changements de grande envergure dans des champs variés d’intervention (aménagement du territoire, transport, gestion durable des ressources, protection de l’environnement, etc.) et sur diverses échelles spatiales réunissant une variété d’acteurs45. De l’avis général, l’adoption de pratiques favorisant un développement durable par les organisations, les entreprises de même que les comportements individuels et collectifs au sein de la population semblent encore peu concluants pour répondre aux impératifs de développement durable. À titre indicatif, des démarches de développement durable des organismes municipaux et régionaux46 ont eu cours au Québec, et parmi les 44 organisations (municipalités, MRC et CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue ayant participé au sondage mené en janvier 2012, seules 8 étaient engagées dans une démarche de développement durable, soit 18 % d’entre elles (38 % au Québec). Plus fondamentalement, on relève la méconnaissance du concept de « développement durable » et de son application concrète en fonction d’objectifs précis et mesurables à atteindre.

Mobilisation de la société en faveur du développement durable. En soi, prendre le virage du développement durable repose sur une nouvelle forme de gouvernance, où la mobilisation de tous est primordiale47 : municipalités et MRC, population, entreprises, associations, organisations régionales, instances gouvernementales, etc. La création d’une culture commune de développement peut se baser sur l’acquisition de connaissances et leur diffusion (par exemple, l’adaptation des écosystèmes aux effets du changement climatique, les connaissances factuelles pour mieux définir des critères de développement durable, etc.) de même que la réalisation d’actions d'information et de sensibilisation auprès de l'ensemble des acteurs (scolaires, professionnels du public et du privé, habitants, chefs d'entreprise, élus, etc.).

Les changements climatiques Le climat change, indéniablement. En Abitibi-Témiscamingue, les prévisions indiquent une accélération du réchauffement des températures, ainsi qu’une accentuation de l’écart de précipitations entre les saisons (plus en hiver, moins en été) sur un horizon 2041-2070. Les impacts directs des changements climatiques se font et se feront sentir à l’échelle de l’environnement naturel, de l’environnement bâti ainsi que sur la santé et la sécurité des populations. De façon générale, les changements climatiques devraient modifier la dynamique traditionnelle des forêts et de l’agriculture de même que le cycle de l’eau. En d’autres mots, des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse, inondations) devraient être plus fréquents, les feux de forêt, plus nombreux (affectant la possibilité forestière) et la qualité de l’eau des lacs et rivières compromise par la hausse de températures. Généralement, l’environnement naturel s’adapte plutôt spontanément aux changements climatiques, alors que l’environnement bâti les subit. Parmi les éléments à prendre en considération, notons une fragilisation de certaines infrastructures en raison des risques

45

Rapport européen sur le développement 2011/12, Affronter la rareté: Gérer l’eau, l’énergie et les terres pour une croissance inclusive et durable, 2012. 46

Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, Sondage sur les démarches de développement durable des organismes municipaux et régionaux - Analyse des résultats, 2012. 47

Base de données d'acteurs ruraux du développement durable en Europe – Les enjeux du développement durable.

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naturels extrêmes et une vulnérabilité aux risques technologiques en raison de la présence d’industries sur le territoire (secteur minier et bassins de résidus à titre d’exemple).

Adaptation aux changements climatiques et maîtrise des risques. Il y a deux volets intrinsèquement liés à la lutte au changement climatique : l’atténuation et l’adaptation. L’équation est simple : si peu de mesures d’atténuation sont mises en œuvre, il faudra davantage de mesures d’adaptation. Les coûts en seront plus importants. L’atténuation vise à limiter (à la source) l’ampleur des changements climatiques, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’adaptation exige, quant à elle, une gestion des risques dans un contexte incertain. La maîtrise des risques dans une région telle que l’Abitibi-Témiscamingue reposera sur une attention particulière accordée aux infrastructures industrielles, municipales (aqueducs) et au réseau routier. La prise de décision se basera sur la meilleure connaissance disponible ainsi que sur une grande collaboration entre les institutions et les savoirs. L’adaptation peut se faire par de la sensibilisation et par l’adoption d’outils d’aide à la décision, de technologies, de normes et règlements et de politiques publiques48.

La gestion intégrée des ressources naturelles et accès au territoire La croissance de la population mondiale, l’essor économique de nombreux pays (Chine, Inde, Mexique, etc.), l'avènement d'une certaine classe moyenne ainsi que les changements environnementaux mondiaux créent un nouveau contexte pour la gestion des ressources naturelles49. Le temps où les ressources naturelles étaient jugées inépuisables est dépassé. Dans le contexte mondial où la demande envers les ressources naturelles demeurera élevée et où la rareté de certaines ressources accentuera la concurrence, la population régionale se dit préoccupée par l’épuisement ou la surexploitation des ressources. Au nombre des préoccupations, mentionnons la faible valeur ajoutée à la ressource, la perte de maîtrise du territoire foncier, l’accentuation de conflits et tensions autour de l’appropriation des ressources et de leur exploitation ainsi que les pressions pouvant venir de l’étranger ou des communautés qui partagent le territoire régional.

Préservation des milieux naturels et mise en valeur intégrée des ressources naturelles. Les ressources naturelles contribuent à l’attractivité du territoire, aux retombées économiques des secteurs industriels clés (mines, forêts, agriculture) de même qu’aux retombées induites par le tourisme (chasse et pêche, plein air, etc.). La valorisation des milieux naturels et de ses ressources en garantissant leur durabilité, leur usage raisonné, et en les inscrivant chaque fois que possible au sein de stratégies de gestion intégrée et de préservation s’est dégagée des propos. À partir du processus consultatif, un virage accru vers la gestion intégrée des ressources passerait notamment par :

1) une plus grande valorisation de la ressource par le développement de nouveaux produits, et nécessairement par de nouveaux procédés et innovations;

48

Propositions tirées de la Conférence sur les changements climatiques. 49

Rapport européen sur le développement 2011/12, Affronter la rareté: Gérer l’eau, l’énergie et les terres pour une croissance inclusive et durable, 2012.

Accroître notre expertise dans la mise en valeur durable des ressources naturelles.

Énoncé d’un sondage

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Diagnostic stratégique - Rapport final

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2) une fine connaissance et une expertise de leur mise en valeur (potentiels, coûts économiques, sociaux et environnementaux);

3) un encadrement contrôlé de l’exploitation et l’atteinte des objectifs de protection. Ces éléments sont par ailleurs au nombre des défis et enjeux inscrits dans le Plan régional de développement intégré des ressources et du territoire (2010).

Protection des ressources hydriques. L’Abitibi-Témiscamingue est riche en ressources hydriques, qu’elles soient dues à l’étendue de son réseau hydrographique ou encore à la présence de formations aquifères. Mais comme l’abondance n’exclut pas la vulnérabilité, des craintes quant aux usages susceptibles de nuire aux milieux et à la ressource ont été mentionnées. La préservation de la qualité de l’eau est beaucoup plus importante aux yeux de la population actuellement que les opportunités de développement économique qu’elles pourraient générer, propos qui sont d’ailleurs passés inaperçus lors des consultations. Dans cette optique, les nombreuses actions qui sont déjà engagées par des organisations de la région (Société des eaux souterraines de l'Abitibi-Témiscamingue [SESAT], comités de bassin versant, Groupe de recherche sur l'eau souterraine [GRES], etc.) afin d’assurer l’état des connaissances et une gestion proactive et intégrée de la ressource hydrique sont à poursuivre.

Maintien des bénéfices que procure l’utilisation des ressources naturelles et du territoire pour le citoyen et la collectivité. En raison de l’économie régionale fortement concentrée sur l’exploitation des ressources naturelles (contrôle externe), le processus consultatif insiste sur l’atteinte d’un équilibre entre les cycles économiques, équilibre fortement associé au potentiel d’innovation et de diversification de l’économie. L’un des leviers fréquemment cités est la redistribution des retombées économiques liées à l’exploitation des ressources naturelles au bénéfice du développement de la région.

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UNE RÉGION RECONNUE ET OUVERTE SUR LE MONDE Dans l’ère de la mondialisation, de l’économie du savoir (technologies et connaissance), de la migration internationale des personnes et de la main-d’œuvre, l’Abitibi-Témiscamingue doit s’inscrire sur l’échiquier national, voire international. Cette volonté, s’il en est une, repose sur divers ingrédients susceptibles de l’amener à tirer son épingle du jeu, certes, mais surtout d’asseoir son développement à moyen et long termes. L’Abitibi-Témiscamingue est une vaste région, il va sans dire. Sa superficie (64 656 km2) est supérieure à plus de 120 pays de par le monde, dont la Suisse, le Danemark et la Croatie (Europe), le Costa Rica (Amérique centrale), le Togo (Afrique de l’Ouest), Taïwan (Asie), le Liban (Proche-Orient) ou encore, les Îles Salomon (Océanie). Elle est plus populeuse que 58 pays! Alors qu’en 1951, près de 6 500 personnes d’origine étrangère habitaient l’Abitibi-Témiscamingue50, aujourd’hui, on en comptabilise un peu moins de 2 000. Une cinquantaine d’origines ethniques, dont française, irlandaise, anglaise, écossaise, allemande et italienne, composent la population régionale, un atout désigné pour établir les bases d’une nouvelle attractivité à l’international. Selon les propos recueillis tout au long du processus consultatif, la région est aux prises avec des perceptions de l’intérieur comme de l’extérieur pouvant fragiliser son positionnement. Pensons entre autres à l’éloignement des grands centres et des marchés, à la vision d’une région où l’on travaille et non où l’on vit, à une région de ressources naturelles et donc, en corollaire, vulnérable à la conjoncture mondiale. Aussi, la population de l’Abitibi-Témiscamingue perçoit difficilement son appartenance à une identité régionale commune, à la différence des habitants de régions telles que le Saguenay‒Lac-Saint-Jean, l’Estrie et la Gaspésie‒Îles-de-la-Madeleine, dont les identités et symboles forts sont reconnus. Ces éléments et ces images persistent alors même que l’Abitibi-Témiscamingue possède des atouts à faire valoir et que l’on observe depuis une dizaine d’années de nouvelles tendances qui contredisent ces perceptions ou qui apportent des opportunités intéressantes. Pensons à l’attrait des populations de vivre à proximité de la nature dans un territoire régional qui regorge de vastes espaces naturels relativement préservés, au dynamisme culturel et touristique qui transcende les frontières de la région, devenant une vitrine à l’international, au développement d’infrastructures de haut niveau pour l’enseignement et la recherche, inscrivant la région comme une productrice de matière grise, aux établissements d’enseignement postsecondaire qui attirent de nombreux étudiants étrangers, qui à leur tour, deviennent de bons ambassadeurs. Mentionnons aussi les entreprises phares et les organisations régionales mobilisées à l’égard de la commercialisation et de l’exportation des produits et des services, l’implantation du réseau large bande, unique au Québec, de même que ses voies de communication en transport, pouvant la positionner au cœur des échanges. L’ouverture des frontières et des marchés apporte de nouvelles opportunités tant économiques que culturelles, tout comme la proximité géographique de la région avec l’Ontario et le Nord-du-Québec. Des alliances stratégiques et de solidarités interrégionales devraient permettre à l’Abitibi-Témiscamingue de soutenir les projets et les institutions, au bénéfice de l’ensemble du territoire régional. À la lumière du processus consultatif, l’Abitibi-Témiscamingue doit se mobiliser pour accroître son attractivité, son rayonnement ainsi que son intégration dans le système économique mondial. L’opération visant à faire de l’Abitibi-Témiscamingue une région reconnue et ouverte sur le monde repose sur sa

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Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, L’Abitibi-Témiscamingue à grands traits, 2010.

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connectivité aux flux nationaux et mondiaux, sur la promotion et le déploiement du savoir régional ainsi que par la reconnaissance des gens d’ici et d’ailleurs, au moyen d’une identité régionale forte et affirmée.

Connectivité de la région aux flux nationaux et mondiaux

Les technologies de l’information L’Abitibi-Témiscamingue n’échappe pas à la révolution numérique, qui, pour certains, ne fait que commencer et à laquelle la région et ses territoires devront d’être particulièrement attentifs. Les nouvelles technologies de l’information et des communications sont un facteur déterminant d’attractivité, de compétitivité, de capacité d’innovation et d’ouverture sur le monde. Toutes les personnes et les organisations de la région sont concernées, peu importe leur localisation sur le territoire, qu’il soit densément peuplé ou non : hommes ou femmes, jeunes ou seniors, clientèles étudiantes, équipes de recherche, main-d’œuvre qualifiée, chefs d’entreprise, milieux agricole et touristique, entreprises d’export, associations, élus, municipalités locales ou territoriales, etc.

Application des technologies numériques. Tous les domaines de la vie sociale, économique, culturelle, politique seront concernés par l’utilisation grandissante des nouvelles technologies numériques. Plusieurs usages à leur implantation ont été nommés : le e-commerce (commerce électronique), la e-éducation (formation à distance, apprentissages, laboratoires, etc.) ainsi que la e-santé (patient 2.0 │Médecin 2.0). Diverses possibilités sont offertes à la région afin d’élargir son faible bassin de consommateurs, d’offrir des soins de santé différemment et enfin, de rendre le parcours scolaire attrayant pour les nouvelles générations étudiantes, avides de nouvelles technologies. D’autres perçoivent les technologies de l’information et de la communication (TIC) comme une réponse à la réduction des déplacements domicile-travail par le télétravail, ou plus largement, à l’amélioration des conditions de travail (meilleure conciliation entre vie personnelle et professionnelle) par l’implantation de nouveaux modèles organisationnels et de gestion. Or, malgré les infrastructures régionales disponibles (le réseau large bande, unique au Québec) ainsi que le taux de branchement, tous insistent sur le fait que les technologies numériques sont peu utilisées. Parmi les raisons évoquées, notons le peu de connaissances et de formation des acteurs sociaux, culturels, économiques, municipaux, la carence de leadership et l’absence de stratégie pour le déploiement et l’innovation dans les pratiques.

La commercialisation et l’exportation À l’instar des autres régions du globe, l’Abitibi-Témiscamingue doit composer avec la mondialisation, la concurrence internationale accrue et la montée des pays émergents. La situation du commerce extérieur est généralement l’un des indicateurs qui attestent du degré de compétitivité d’une région donnée. Le milieu économique et les partenaires gouvernementaux de la région travaillent de façon étroite afin d’offrir une expertise à l’exportation/importation. Que dire des établissements exportateurs manufacturiers tournés vers le commerce international? Deux choses, principalement. D’abord, le nombre d’établissements de l’Abitibi-Témiscamingue qui exportent à

On innovera le jour où on va être capable de consulter notre médecin par les nouvelles technologies.

Extrait d’une rencontre

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l’extérieur du pays demeure relativement stable (54 en 2010, soit 25 %) en raison de filières bien positionnées à l’export. Ensuite, que dans l’ensemble du Québec, la région est l’une de celles qui vend le moins à l’étranger (15e rang sur 17 régions administratives). Élément positif, bien que le marché américain demeure la principale destination des entreprises de la région, certaines ont diversifié leurs marchés pour gérer la volatilité et le risque. Somme toute, bien que le contexte mondial amène de nouvelles perspectives et donne accès à de nouveaux marchés, l’ouverture de la région à l’international apparaît insuffisante au sein de la majorité des entreprises de la région. Les facteurs explicatifs sont nombreux : absence d’une culture de commercialisation, rareté de ressources spécialisées et de formations spécifiques à l’export ainsi qu’absence d’une stratégie régionale de commercialisation.

Positionnement à l’international. La capacité à faire de son économie majoritairement domestique, une économie exportatrice est essentielle. Rappelons que la région a notamment développé des expertises et des technologies spécifiques de pointe en lien avec les ressources naturelles, créneaux qui peuvent devenir des filières d’avenir. Au-delà de l’exportation de biens et produits, l’exportation des savoir-faire est considérée comme l’un des axes de positionnement à consolider. Il appert que faire valoir la compétence et les savoirs faire régionaux par l’internationalisation de l’expertise régionale, des compétences de la main-d’œuvre ainsi que des programmes de formation présente un atout stratégique pour le développement de l’Abitibi-Témiscamingue.

Développement de l’expertise en commercialisation. La concurrence accrue crée de nouveaux besoins en matière de compétences et de formation. L’entreprise et toutes les organisations vont devoir évoluer. Placer l’Abitibi-Témiscamingue au cœur des flux internationaux reposera sur l’aptitude des entrepreneurs et des intervenants économiques à comprendre un environnement de plus en plus complexe dans plusieurs dimensions (technique, mais aussi sociale, juridique, financière, etc.). Dans un tel contexte, le développement de formations et d’expertises en amont et en aval de la production de produits (conception du produit, langues, design, promotion, marketing, commercialisation, financement, service après-vente, etc.) est au nombre des défis soulevés lors du processus consultatif.

Les alliances stratégiques L’ouverture sur le monde passe aussi par l’ouverture sur ses voisins. À ce titre, l’Abitibi-Témiscamingue entretient des relations et des liens privilégiés avec le Nord-du-Québec. Récemment, les deux régions, auxquelles s’est ajoutée la Côte-Nord, ont adressé au gouvernement du Québec une demande conjointe visant à mettre en place des outils de développement économique en vue d’assurer le développement durable de leurs collectivités. Jusqu’ici, les partenariats établis entre l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec doivent permettre de soutenir des projets bénéficiant a priori aux gens qui habitent le territoire nordique, tout en renforçant les entreprises et les institutions régionales. Quant aux relations établies avec le Nord-Est ontarien, elles se sont surtout concrétisées par des projets touristiques menés par des organisations publiques tels que la Foire gourmande et le Tour du lac au Témiscamingue. De façon générale, il apparaît que les projets d’intérêts communs entre le Témiscamingue et le Nord-Est ontarien se concentrent davantage autour de deux axes : le tourisme et l’agriculture/l’agroalimentaire, plus particulièrement au regard de la recherche.

Partenariats entre l’Abitibi-Témiscamingue et les régions limitrophes. Aux dires des échanges tenus lors du processus consultatif, le développement nordique représente pour l’Abitibi-Témiscamingue un levier économique non négligeable pour les années à venir. Simultanément, au même titre que l’Abitibi-Témiscamingue, plusieurs régions du Québec aspirent à se positionner dans le développement nordique. L'expertise des entreprises et de la main-d’œuvre, la recherche dans des secteurs industriels clés ainsi que

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les formations développées dans la région, notamment auprès des communautés autochtones, sont au nombre des atouts de la région sur lesquels pourront reposer les synergies dans des dossiers névralgiques pour chacune des régions. Il pourrait notamment s’agir de projets concertés en matière de main-d’œuvre, de formation, de développement universitaire et de recherche, de services aux populations ainsi que de transport et d’accessibilité. Du côté du Nord-Est ontarien, l’utilisation maximale des corridors de commercialisation vers l’Ontario et le développement de marchés de proximité sont au nombre des défis à prendre en considération (produits du bois, clientèle touristique, produits agricoles, etc.)51.

Les transports Dans un contexte de mobilité accrue des personnes, de la main-d’œuvre et des marchandises, la croissance économique, la compétitivité de même que l’attractivité de l’Abitibi-Témiscamingue passent par des réseaux de transport efficaces, sécuritaires et adaptés. Les modes de transport choisis par les personnes et les entreprises de la région sont révélateurs de ses spécificités géographiques et économiques. L’éloignement des grands centres et la dépendance extérieure de la région pour son approvisionnement sont des facteurs à considérer. Aussi, la dispersion de la population sur un aussi vaste territoire a pour effet d’accroître les distances à parcourir, alors que l’omniprésence des activités industrielles génère une demande importante envers les réseaux routier et ferroviaire. Comme le secteur des transports est intimement lié à l’activité économique, les volumes de marchandises tendent généralement à fluctuer selon la conjoncture régionale certes, mais aussi provinciale, canadienne, voire internationale. La « cohabitation » du parc automobile grandissant et du transport de marchandises par camionnage ont soulevé de nombreuses préoccupations quant à la sécurité, la qualité et la fonctionnalité du réseau routier. Les projets en lien avec le développement nordique pourraient accroître le flux de circulation sur les routes régionales, ce qui justifie les investissements à l’égard de la qualité des infrastructures. À l’échelle régionale, au moyen de sa programmation 2013-2015, le ministère des Transports accordera la priorité au développement de la route 117 (221 M$)52. Du côté du transport aérien53, la restructuration des transporteurs traditionnels, l’émergence de nouveaux transporteurs régionaux et l’abandon de liaisons vers la région se sont traduits par une diminution des fréquences de la desserte et par une augmentation des prix.

Consolidation et positionnement des réseaux de transport. L’Abitibi-Témiscamingue profite d’un positionnement géographique stratégique, notamment par la présence de la route 117 reconnue comme un axe stratégique pour le commerce extérieur depuis la création de l’ALENA54. Elle se localise comme carrefour reliant le Nord-du-Québec, l’Ontario et l’Ouest canadien, la grande région de Montréal et les États-Unis, ainsi que l’est du Québec. Parmi ces avantages concurrentiels, l’utilisation de la route 117 permet d’économiser plus de 165 kilomètres dans l’axe est-ouest. Or, selon une étude portant sur le Positionnement stratégique de l’Abitibi-Témiscamingue dans le transport comme zone de transit Est-Ouest et Nord-Sud, la route 117 à la hauteur de l’Abitibi-Témiscamingue est sous-utilisée, les itinéraires à partir du sud du Québec vers l’Ontario et le reste du Canada privilégiant les autoroutes 40/417, 20/401, 50 et au-delà. Dans la perspective du développement nordique, l’état des routes, notamment celui de la route

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Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Consultations 2013-2018 et Bilan global – Planification stratégique de l’Abitibi-Témiscamingue, 2007-2011. 52

Ministère des Transports, Communiqué et Liste des projets routiers 2013-2015. http://www.mtq.gouv.qc.ca/portal/page/portal/Librairie/Publications/fr/salle_presse/2013/Investissements%20routiers%202013-2015/Abitibi-T%E9miscamingue/Liste%20des%20principaux%20projets.pdf. 53

Tiré intégralement de : Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Mémoire déposé dans le cadre de la Politique sur la mobilité durable, juin 2013. 54

Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Portrait du transport, 2006, p. 10.

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de la Baie-James (près de Matagami), serait une entrave pour le développement des deux régions. Le développement d’autres axes routiers menant vers le nord à partir d’autres régions est une autre préoccupation soulevée. Quant au réseau aéroportuaire régional, il s’est agrémenté au cours des dernières années d’une base d’opérations de la compagnie Glencore (autrefois Xstrata), à Rouyn-Noranda et du Centre de transit minier nordique (CTMN) qui le positionne avantageusement à l’égard des activités minières dans le Nord-du-Québec. D’un avis partagé, l’Abitibi-Témiscamingue devrait jouer encore davantage un rôle de plaque tournante dans les flux entre le sud et le nord du Québec, et entre l’est et l’ouest du Canada. Cet enjeu doit se réaliser par une offre d’infrastructures répondant aux attentes et en poursuivant une réelle stratégie en matière de positionnement pour tous les modes de transport.

Utilisation efficiente des différents modes de transport. Afin de répondre aux préoccupations de sécurité des personnes et des contraintes énergétiques, un glissement de la répartition des flux de marchandises du réseau routier en faveur du transport ferroviaire est soulevé, ce qui amène la qualité des infrastructures ferroviaires au premier plan des préoccupations. L’abandon ou l’insuffisance de tronçons, l’inadéquation des services (coût, rapidité, disponibilité de wagons, etc.) en fonction des besoins et l’insuffisance des investissements (entretien) sont au nombre des contraintes. Une plus grande utilisation du réseau ferroviaire pose ainsi la question de la mise à niveau et de l’entretien des infrastructures. L’enjeu privilégie des modes alternatifs à la route certes, mais aussi de nouvelles approches par la gestion des réseaux de transport (logistique), y compris l’intermodalité, dans le but d’optimiser les infrastructures et d’en faire un usage durable de même qu’à assurer la sécurité de la population.

Promotion et déploiement de l’innovation et du savoir régional Les établissements d’enseignement postsecondaire de l’Abitibi-Témiscamingue représentent un facteur d’attraction, de développement et de rétention des personnes qualifiées de même que d’innovation. Ils offrent des programmes de formation uniques55 au Québec et disposent de nombreux domaines de recherche qui sont déjà ou peuvent devenir des filières d’avenir (valorisation des résidus industriels et des ressources sous-utilisées, sylviculture et ligniculture, ressources hydriques, etc.). Spécifiquement pour le secteur minier, la région dispose d’établissements lui permettant de devenir le point de référence de la formation de main-d’œuvre minière à l’échelle mondiale (Centre national des mines, Institut de recherche en mines et en environnement et Institut national des mines).

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UQAT : art-thérapie, en gestion appliquée à l’industrie minérale, en enseignement de l’anglais intensif au niveau primaire, en accompagnement de l’enseignement primaire et secondaire, en gestion du tourisme autochtone, en approche clinique en santé mondiale (à distance) et en effets visuels pour le cinéma et la télévision.

La région est née des ressources naturelles et nous avons une expérience collective particulière sur cette planète. Il faut développer notre expertise technique, scientifique et environnementale en capitalisant sur ce fait. L'humanité se développe inexorablement et nous avons les gens et les ressources pour participer.

Énoncé du sondage

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Capacité de formation, de recherche et d’innovation de calibre international. Le développement de l’Abitibi-Témiscamingue, à l’instar d’autres régions et pays, est de plus en plus tributaire du savoir et de l’innovation. Les échanges ont rappelé l’importance, pour la région, de garantir et de diversifier les champs de recherche et de s’ouvrir à l’international. Les points de préoccupation touchent la pérennité du financement au réseau universitaire ainsi qu’à la recherche et au transfert technologique dans un contexte de rationalisation budgétaire et la pression à concentrer les établissements de recherche et d’innovation dans les grands centres sans élan d'inclusion des régions. Au regard d’un réseau d’enseignement et de recherche de renommée mondiale, le déploiement à l’international est nommé : commercialiser les savoirs régionaux, devenir une destination pour des programmes de formation et de recherche ciblés offerts en exclusivité, développer une expertise à l’égard de la formation à distance ainsi que développer des maillages structurés avec des unités d'enseignement en Europe de niveau secondaire, collégial et universitaire.

Une région à découvrir, une identité à affirmer Un nombre incalculable d’énoncés traduisent le fait que l’Abitibi-Témiscamingue est méconnue. Sur un plan général, la région souffre d’un déficit d’image. Elle reste au mieux peu visible. Au pire, elle est perçue comme la région des mines, ce qui tend à occulter ses dimensions culturelle, touristique ou universitaire qui correspondent pourtant à des atouts incontestables. La population elle-même a trop souvent tendance à décrier l’image de sa région, par manque de confiance, sentiment d’infériorité, voire par méconnaissance. Et pourtant, elle recèle d’innombrables atouts… qui sont toutefois à faire valoir. Mais, qu’est-ce qui différencie l’Abitibi-Témiscamingue des autres régions aux yeux même des personnes qui l’habitent? De la panoplie d’expressions recueillies56, une grande majorité ont porté sur le vaste territoire et la beauté des paysages, la diversité de ses ressources naturelles ainsi que sur le fait qu’il s’agit d’un milieu où il fait bon vivre, où se retrouvent des Premières Nations et certaines communautés interculturelles et dont l’histoire est marquée par le courage et la débrouillardise de celles et de ceux venus s’y établir. Nul doute, aux yeux de la population, les paysages et la qualité de vie se fondent et font l’identité de nos territoires. En d’autres mots :

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Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue, Sondage Web, janvier 2013.

L'Abitibi-Témiscamingue est une région riche de ses grands espaces, de sa nature, de ses ressources naturelles - mines, forêts et lacs - ainsi que de la chaleur humaine des gens qui vivent sur ce vaste territoire éloigné certes, mais empreint d'une qualité de vie particulière et aux possibilités de développement inouies.

Source : Sondage Web

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Affirmation d’une identité régionale. Le processus consultatif est unanime : solidifions la société régionale par ses gens et par leur croyance en quelque chose. Ces valeurs communes sont, entre autres choses, l’espace, le temps et la nature. Au-delà du discours organisationnel, articuler un discours qui a du sens pour les 147 000 personnes de la région est souhaité. L’une des clés de notre développement réside dans la compréhension de soi, comme individu et comme peuple. Il reste beaucoup à faire pour favoriser une prise de conscience collective envers les mérites et spécificités de l’Abitibi-Témiscamingue, et par ricochet, accroître davantage le sentiment d’appartenance à la région. Cette habileté à porter un discours cohérent permettrait le développement des marchés, des produits et services, de même que l’attractivité de la région au Québec, et ailleurs. La volonté de se doter d’une image de marque est un pas dans cette direction, de même que vers l’atteinte d’une notoriété et d’un rayonnement à l’extérieur de la région.

La migration et l’immigration L’immigration est considérée comme l’un des moyens pour augmenter la population et occuper le territoire tout en s’assurant de pouvoir combler les besoins grandissants de main-d’œuvre. Or, l’attrait des métropoles n’est pas sans répercussions sur la redistribution et la composition ethnoculturelle du Québec. À peine 0,2 % des personnes immigrantes admises au Québec ont déclaré souhaiter s’établir en Abitibi-Témiscamingue en 2012, et 0,2 % des immigrants admis au Québec de 2007 à 2011 résidaient toujours dans la région en 201357. Aujourd’hui, bien que la région ait déjà été l’une des régions les plus cosmopolites du Québec, seulement 1 % de la population est issue de l’immigration. Unanimement, la région ne doit pas sous-estimer la complexité des processus liés à l’immigration, qu’elle soit effective sur une base permanente ou temporaire. L’accueil et la rétention de la personne immigrante et de sa famille, de leur intégration professionnelle jusqu’à leur intégration sociocommunautaire sont au nombre des conditions de réussite de l’immigration. Des services d’accueil dans tous les territoires de MRC ont été mis en place afin de favoriser le recrutement et la rétention de personnes venant de l’extérieur. Une plus grande complémentarité dans l’action entre les organisations de même qu’un soutien financier aux structures d’accueil, question de continuité et d’accessibilité aux services, sont au nombre des défis. Le séjour d’étudiantes et d’étudiants étrangers est nommé comme une voie à explorer. Ces derniers peuvent constituer à la fin de leurs études un bassin d’immigrants potentiels des plus intéressants pour la région (langue française acquise, diplôme reconnu, présence d’un réseau social, etc.). Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et l’UQAT accueillent, année après année, quelque 200 étudiantes et étudiants étrangers58. Le Centre de langues créé par l’UQAT démontre bien l’ouverture sur le monde dont fait

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Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Tableaux sur l’immigration permanente au Québec 2008-2012 et Présence en 2013 des immigrants admis au Québec de 2002-2011, 2013. 58

Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Les données du MICC diffèrent : entre 2008-2012, en moyenne 70 étudiants étrangers étaient titulaires d'un document valide en Abitibi-Témiscamingue.

La région a un potentiel humain et un potentiel en ressources naturelles hors du commun, qui en fait une région qui possède un potentiel de développement tout à fait extraordinaire. Cependant, l'image que l'on se fait de la région ailleurs et parfois même ici, n'est pas à la hauteur de ce potentiel : il faudrait briser cette image négative et trompeuse.

Énoncé du sondage

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preuve l’organisation. Or, compte tenu de la taille réduite, de leurs moyens limités et d’une visibilité plutôt limitée à l’étranger, les défis sont grands pour les établissements postsecondaires de la région. L’avis de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue portant sur La planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015 mentionnait que le plus grand défi de la région était de maintenir la mobilisation et la concertation sur la question de l’immigration, et ce, dans l’optique de donner une nouvelle stratégie d’action régionale pour le recrutement. Depuis 2006 maintenant, la région travaille à augmenter le pouvoir d’attraction de la région auprès de toute personne qui n’a pas encore fait le choix de la région comme milieu de travail et de vie, et à augmenter le pouvoir d’enracinement de la région auprès des personnes nouvellement arrivées. Malgré un solde migratoire récent positif, l’Abitibi-Témiscamingue, par rapport à l’ensemble des 17 régions du Québec, se démarque de deux manières, l’une positive et l’autre négative : elle compte le 3e meilleur taux de sortie, mais le 3e plus faible taux d’entrée59. Dans le contexte où la concurrence entre les régions administratives du Québec est de plus en plus grande afin d’attirer en leurs frontières jeunes et moins jeunes, une réflexion est nécessaire quant aux avantages concurrentiels de l’Abitibi-Témiscamingue par rapport au pouvoir d’attraction des autres régions du Québec.

Augmentation du capital humain par le recrutement et la rétention de nouveaux arrivants et d’immigrantes et immigrants. C’est en sachant accueillir les personnes d’ailleurs que la région parviendra à relever les défis démographiques et du marché du travail. Le choix de rester ou de s’établir en Abitibi-Témiscamingue repose autant sur des critères économiques que sur l’environnement humain, bâti, culturel, éducatif ou de santé. D’ici ou en provenance d’ailleurs, les personnes accordent une grande importance à leur qualité de vie et à celle de leur famille, et c’est vers une offre intégrée de services que la région et les territoires devront tendre pour améliorer tant la rétention de la population déjà résidente que celle nouvellement arrivée. Une attention particulière à ce titre est notée : l’amélioration des capacités locales et régionales de l’accueil.

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Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Bulletin mensuel, avril 2013.

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BIBLIOGRAPHIE

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Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Tableaux sur l’immigration permanente au Québec 2008-2012 et Présence en 2013 des immigrants admis au Québec de 2002-2011, 2013. Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, L’Abitibi-Témiscamingue à grands traits, 2010. Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Portraits de la région, consultation en ligne. Rapport d’étonnement intitulé Un Québec numérique : qu’attendons-nous?, 2012. Site Web : http://plannumeriquequebec.org/ Revue gouvernance, La gouvernance locale à l’épreuve de la mouvance territoriale : À propos de l’objet de la gouvernance locale, 2012. SADC d’Abitibi-Ouest, Zoom sur 224 entreprises d’Abitibi-Témiscamingue et leur utilisation des nouvelles technologies, 2010. Solidarité rurale du Québec, Avis Occupation des territoires, juin 2010. Stratégie québécoise de l’entrepreneuriat 2011-2014. Table interordres de l’éducation en Abitibi-Témiscamingue, Défense du patrimoine éducatif de l’Abitibi-Témiscamingue, mémoire. Union des municipalités du Québec (UMQ), Livre blanc municipal, 2012. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Plan de développement 2009-2014.