diagnostic massifcentral partage -...

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1 Diagnostic territorial Ce diagnostic territorial rassemble les éléments de connaissance du Massif central produits depuis 2010 en vue de préparer les programmes 2014-2020. Il s’appuie sur la relecture critique du schéma de massif qui a confirmé dans ses grandes lignes les objectifs inscrits dans le schéma de Massif adopté en 2006 et établi à l’horizon 2030. Ce travail de relecture a permis d’ajuster un certain nombre de données ayant évolué depuis 2006. Il s’appuie aussi sur les travaux de consultations et d’études entrepris depuis octobre 2010 : o Tout d’abord les travaux de 3 groupes de travail thématiques issus du comité de Massif : un sur l’innovation, un sur l’économie de la connaissance, un sur la valorisation des ressources. Les conclusions de ces trois groupes ont été présentées en Comité de Massif de juin 2011. o Ensuite les contributions issues des 5 réunions publiques interrégionales 1 , de l’analyse qualitative et quantitative du questionnaire d’enquête 2 (115 questionnaires exploités) ; des 3 collèges du comité de massif ; des services de l’Etat, coordonnées dans chacune des régions o L’étude du GIP Massif central sur la reconnaissance des services sociaux et environnementaux du Massif central. Enfin les évaluations commandées par le comité de Massif portant sur l’innovation 3 , les politiques d’accueil 4 et la gouvernance des programmes Massif central 5 Ce diagnostic territorial permet de préparer le futur programme. Il identifie des enjeux qui traversent le territoire du Massif central, sans préjuger définitivement de la nature ou de la forme des réponses qui seront apportéesaux différentes échelles de l’intervention publique. Il ne se substitue pas à l’évaluation exante. 1. Vivre dans le Massif central 1.1 Un regain démographique réel, une population toujours vieillissante, des disparités territoriales Le Massif central est devenu attractif au seuil du XXIème siècle. Avec une croissance moyenne de 0,4% par an sur la première décennie, la tendance est inversée par rapport à la 1 Synthèse par BGC Toscane, 2012 2 Synthèse par ASP, 2012 3 EDATER, 2012 4 PCCViaRegio et IRSTEA, 2012 5 EPICES, 2012

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Diagnostic territorial  

Ce diagnostic territorial rassemble les éléments de connaissance du Massif central produits depuis 2010 en vue de préparer les programmes 2014-2020.

Il s’appuie sur la relecture critique du schéma de massif qui a confirmé dans ses grandes lignes les objectifs inscrits dans le schéma de Massif adopté en 2006 et établi à l’horizon 2030. Ce travail de relecture a permis d’ajuster un certain nombre de données ayant évolué depuis 2006.

Il s’appuie aussi sur les travaux de consultations et d’études entrepris depuis octobre 2010 :

o Tout d’abord les travaux de 3 groupes de travail thématiques issus du comité de Massif : un sur l’innovation, un sur l’économie de la connaissance, un sur la valorisation des ressources. Les conclusions de ces trois groupes ont été présentées en Comité de Massif de juin 2011.

o Ensuite les contributions issues

des 5 réunions publiques interrégionales1,

de l’analyse qualitative et quantitative du questionnaire d’enquête2 (115 questionnaires exploités) ;

des 3 collèges du comité de massif ;

des services de l’Etat, coordonnées dans chacune des régions

o L’étude du GIP Massif central sur la reconnaissance des services sociaux et environnementaux du Massif central.

Enfin les évaluations commandées par le comité de Massif portant sur l’innovation3, les politiques d’accueil4 et la gouvernance des programmes Massif central5

Ce diagnostic territorial permet de préparer le futur programme. Il identifie des enjeux qui traversent le territoire du Massif central, sans préjuger définitivement de la nature ou de la forme des réponses qui seront apportéesaux différentes échelles de l’intervention publique. Il ne se substitue pas à l’évaluation exante.

1. Vivre dans le Massif central

1.1 Un regain démographique réel, une population toujours vieillissante, des disparités territoriales

Le Massif central est devenu attractif au seuil du XXIème siècle. Avec une croissance moyenne de 0,4% par an sur la première décennie, la tendance est inversée par rapport à la

                                                            1 Synthèse par BGC Toscane, 2012 2 Synthèse par ASP, 2012 3  EDATER, 2012 4 PCC‐ViaRegio et IRSTEA, 2012 5 EPICES, 2012 

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perte de population enregistrée à la fin du XXème siècle. Les projections de l’INSEE restent positives à l’horizon 2030 (+0,3% de moyenne annuelle entre 2011 et 2031).

Cependant le solde naturel reste négatif avec une croissance démographique encore bien inférieure à la moyenne nationale (3.4% d’évolution de la population entre 1999 et 2008 en Massif central contre 6.2 au niveau national6)

Le Massif central compte 10 660 arrivants en plus par an entre 2003 et 2008. Ce chiffre cache mal les fortes disparités qui persistent : 10% des communes captent à elles seules 64% des nouveaux arrivants.

‐ Les communes qui attirent sont souvent celles qui ont aussi un solde naturel positif

‐ Les communes les plus attractives en valeur absolue sont des communes urbaines ou périurbaines

‐ Les communes les plus attractives en valeur relative (par rapport à leur taille initiale) sont localisées sur la bordure est et sud-est du Massif central

‐ Ce sont les pôles (petits, moyens ou grands) qui attirent

‐ 117 cantons sont en situation particulièrement préoccupante (cfcarte p7)

Les étudiants (16-24 ans) quittent le territoire, les familles et les jeunes retraités constituent le gros des nouveaux arrivants. A l’instar de la plupart des zones rurales, les jeunes ont tendance à quitter le Massif central pour poursuivre leurs études dans les métropoles voisines, notamment Lyon et Toulouse, et souvent y chercher leur premier emploi.En revanche, le solde migratoire positif sur la tranche d’âge 25-54 ans suppose l’arrivée d’actifs ayant déjà une expérience professionnelle dont peut bénéficier le territoire. Il semble

                                                            6 Source : Observatoire des territoires, DATAR 

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important de favoriser les mobilités et les échanges entre le Massif central et l’extérieur mais aussi au sein du massif

Le vieillissement de la population est plus marqué que la moyenne nationale puisque l’indice de vieillissement est de 97,7 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 personnes âgées de 20 ans ou moins dans le Massif central pour une moyenne de 68,6 en France Métropolitaine en 20107. Le départ des jeunes faire craindre un déséquilibre démographique croissant sur le territoire.

Enjeux : - Favoriser l’attractivité des territoires du Massif central, en particulier pour les bassins de vie enclavés. - Prolonger les politiques d’accueil et d’intégration des populations actives, en les adaptant plus finement aux territoires - Favoriser les mobilités et les échanges entre le Massif central et l’extérieur et au sein du massif. - Prendre en compte les besoins spécifiques des populations âgées qui sont très présentes dans le Massif central

1.2 Un indice de santé sociale très positif mais une précarité forte et inégalement répartie

L’indice de santé sociale du Massif central classe le territoire dans le 1er quart des régions françaises. Une première analyse de cet indicateur laisse entendre que la distribution des richesses dans le Massif central est plus équitable qu’en moyenne en France et que l’environnement social est plus favorable et plus sûr qu’ailleurs. En revanche, le pouvoir d’achat des ménages y est plus faible (revenu fiscal des ménages par unité de consommation en 2009 est de 15 929€ pour le Massif central contre 23 433 € en France métropolitaine,8la précarité y est plus forte en particulier celle des femmes (33.9% des

                                                            7 Source : INSEE 2010 8 Source : Observatoire des territoires ruraux, DATAR 

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femmes à temps partiel contre29.6% au niveau national9) et le PIB/habitant est le plus faible des régions métropolitaines10.

De plus, les observatoires de santé régionaux mettent en évidence l’existence de poches de surmortalité dans plusieurs zones rurales du Massif central, une caractéristique significative. On retrouve ainsi les problèmes du suicide agricole, de l’isolement, de la pauvreté.

 

Outre les indicateurs inclus dans l’indice de santé sociale, l’attractivité du Massif central repose sur une bonne image environnementale et l’espoir d’un cadre de vie agréable. Les perspectives nouvelles que peut offrir le Très Haut Débit et la proximité de métropoles en forte croissance (Lyon, Montpellier, Toulouse) peuvent conduire des jeunes ménages à s’installer dans le Massif central. Les citadins sont 59% à voir dans les espaces ruraux des territoires d’avenir11, et les jeunes cadres accordent une forte importance à la qualité de l’environnement de leur région d’installation12.

L’évaluation des politiques d’accueil démontre qu’elles ont un effet positif sur l’attractivité et l’intégration de nouveaux habitants, en particulier lorsqu’elles s’exercent sur le long terme. Les territoires du Massif central sont donc outillés pour tenter de capter une part des flux démographiques et économiques du grand Sud de la France dont les perspectives de croissance sont les plus fortes à l’horizon 2040 (+3,9 M hab.).

Néanmoins, le Massif central souffre encore d’une perception relativement négative qui peut être un frein à cette nouvelle attractivité.                                                             9 Source : INSEE 2010 10 Source : étude GIP Massif central, 2011 11 Sercteurpublic.fr 12 Enquête APEC, 2012 

Figure 1: Comparaison de l'indice de santé sociale du Massif central avec celui de France métropolitaine (source : étude GIP Massif central, 2012) 

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40

60

80

100Crimes et …

Espérance …

Logement / …

Taux …

Salaire / …

Surendette…

ISFAccidents …

Précarité

Taux de …

Education

Relation pro.

Lien …

Lien social

Massif Central France métropolitaine

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Enjeux : - Mieux connaître les facteurs d’attractivité et de santé sociale des territoires - Valoriser la qualité de vie dans le Massif central et le faire savoir - Améliorer la qualité de l’urbanisme, en lien avec le cadre de vie

1.3 Des acteurs territoriaux et associatifs engagés dans l’attractivité du territoire

Le Massif central dispose d’un tissu associatif fort et se caractérise par des liens sociaux internes aux territoires relativement forts13.

L’évaluation des politiques d’accueil menées dans le cadre des programmes Massif central fait apparaître une mobilisation particulière et forte de territoires de projets (pays, communautés de communes) et d’associations sur des projets liés à l’attractivité du territoire vis-à-vis de nouvelles populations. Cette mobilisation concerne encore un nombre relativement restreint d’acteurs mais qui parviennent à se structurer en réseau pour avoir un impact plus important sur le territoire.

Il existe aujourd’hui un ensemble d’acteurs travaillant à l’échelle du Massif central, ayant expérimenté de nouvelles formes d’action, plus partenariales, plus transversales, qui sont aujourd’hui convaincus de l’intérêt de travailler en réseaux ouverts pour améliorer le développement de leur territoire14.

Néanmoins, le constat est également formulé que l’accueil et l’intégration de populations nouvelles ne reflètent pas les mêmes enjeux selon les territoires : cette diversité est aujourd’hui vécue comme une source d’échanges et d’enrichissement au sein des réseaux du Massif central.

Enjeux : - Développer les politiques d’accueil intégrées et transversales en tenant compte de cette diversité. - Ajuster les concepts et la méthodologie liés à l’accueil et à l’intégration de nouvelles populations aux différents contextes territoriaux - Diffuser la culture de l’accueil en capitalisant les expériences

1.4 Des services et de l’espace pour s’installer

1.4.1 Les services dans le Massif central

En 2008, le Massif central apparaît relativement bien équipé en matière de services de proximité15.Il en était de même en 2008 pour les deux autres gammes de services (intermédiaire – supermarché, banque, collège, gendarmerie, dentiste, kiné, etc.et supérieure – hôpital, cinéma, laboratoire d’analyse médicale, etc. ).

                                                            13 JM Callois, Approches microéconomiques du développement économique local : prise en compte de la notion de capital social dans l’analyse des espaces périphériques, 2005 ‐ carte p.248 14 Evaluations innovation et accueil, contributions libres et réunions publiques 15 Atlas du Massif central, Insee 2010 

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L’offre de services de proximité dans le Massif central

L’absence d’un professionnel de santé concerne près de 50 % des communes (contre 37% au niveau national) et 40 % des communes ne disposent plus que d’un commerce de proximité.

Source :  étude  GIP  Massif  central :  « le  Massif  central territoire  pilote  d’un  nouveau  modèle  de développement », 2012

Toutefois, la carte ci-dessous fait apparaître 117 cantons en situation de fragilité forte sur le Massif central au regard des temps d’accès aux services et à la démographie. C’est particulièrement le cas pour les zones les plus montagneuses.

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Indicateurs de fragilité :

critères de fragilité retenus :

- Densité de population < 20 hab/km²

- variation de densité 1999-2006 < 1hab/km²

- âge médian > 46 ans (2006)

- temps d’accès à la gamme intermédiaire de services > 20 minutes

- temps d’accès à la gamme de services de proximité > 10 minutes.

C’est dans les temps de trajets nécessaires pour accéder aux services que se situe la différence entre le Massif central et la moyenne française, trajets qui se font souvent en voiture individuelle. Le temps moyen d’accès est supérieur de 30% à la moyenne nationale, en particulier dans les zones de montagne.

Le vieillissement de la population et la disparition des services publics ou marchands dans certaines zones rurales, notamment en matière de santé, sont des éléments de diagnostic préoccupants, d’autant que la disparition d’un service (par exemple un médecin) peut avoir un effet d’entraînement négatif sur la dynamique du territoire : fragilisation, difficultés à gérer le transfert des compétences dans les communes rurales …

Temps moyen d'accessibilité aux équipements 2008 en minutes

France métropolitaine Massif central Ensemble Province Espace

rural Ensemble Espace

rural Couronne

périurbaine Pôle urbain

Ensemble 4,0 4,8 9,3 6,8 11,8 7,3 1,9Proximité 0,8 0,9 1,9 1,5 2,7 2,0 0,2Intermédiaire 2,6 3,1 5,7 4,6 7,7 6,0 1,0Supérieure 7,3 8,6 17,1 11,9 21,0 11,9 3,6Trajet (aller-retour/2) en heures creuses avec prise en compte des navettes domicile-travail. Sources : Insee, Recensement de la population 2006 - BPE 2008 ; Inra, Distancier Odomatrix

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Les bassins de vie métropolitains dont la population est à plus de 30 minutes de la gamme intermédiaire, sont essentiellement situés en zones de montagne, ce qui est particulièrement vrai pour le Massif central.

Il est à noter le maillage important de villes moyennes qui assurent les fonctions de services. Une des faiblesses est le fait que ces villes sont surtout juxtaposées sans qu’elles soient réellement mises en réseau comme cela avait déjà été souhaité lors de la conception des programmes précédents

Les expériences actuelles liées à l’usage numérique dans les services aux populations (e-administration, e-commerce, télétravail, télésanté etc.) semblent prometteuses pour contrebalancer en partie les contraintes d’accès physiques. Enjeux : - Repenser de manière partenariale et innovante l’organisation des services de proximité pour les habitants, les travailleurs, les entreprises, les consommateurs, en examinant la recomposition de métiers (par exemple dans l’offre médico-sociale), une logistique différente, la qualité urbaine des villes petites et moyennes, le développement des usages numériques. - Développer l’offre de soins en zones peu denses

1.4.2 De l’espace pour s’installer

 

 

Source : SIG région Limousin 2012‐INSEE

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Le Massif central dispose d’un parc de logement moins cher que la moyenne française mais relativement ancien et souvent peu confortable, pas toujours attractif pour les nouveaux arrivants. Le bâti antérieur à 1948 représente 1/3 des surfaces bâties16, ce qui en fait une caractéristique forte des communes du Massif central. Or il n’existe à ce jour pas de dispositif d’aide à l’amélioration de l’efficacité énergétique pour ces bâtiments, à l’échelle régionale comme nationale.

L’offre de logement est rarement au rendez-vous des centre bourgs des petites villes, d’où l’étalement urbain. L’étalement urbain et les infrastructures de transport entraînent une artificialisation croissante de l’espace du Massif central, en particulier autour des pôles urbains clermontois, stéphanois, limougeaud, et lyonnais. Entre 2000 et 2006, l’artificialisation des espaces a crû de 6,5% soit 12 000ha17 L’accès au foncier agricole pour des porteurs de projets hors cadre familial reste compliqué sur certains territoires. Enjeux : - Réhabiliter les centres bourgs en s’appuyant notamment sur la structuration de filières de rénovation de l’habitat ancien - Trouver des solutions innovantes dans l’accès au foncier et au logement de qualité

1.5 Accessibilité du territoire par les transports : des infrastructures qui progressent mais des inégalités d’accès persistantes

La connexion du territoire du Massif central aux grands axes européens s’est améliorée. L’achèvement de la portion Bordeaux-Clermont de l’A89 complète l’armature nord-sud (A20 et A75) par un axe est-ouest. Le SNIT prévoit la sécurisation de la RCEA et de la RN7 ainsi que la fin de l’A89 (Roanne-Lyon). Le Morvan reste toutefois un point noir, qui se traverse mal et qui est bordé, à l’ouest, par une nationale 7 incomplète. Le sud du Massif central souffre également du retard pris sur la RN 88. Les deux projets de LGV par l’ouest (Limoges-2017) puis par l’est (POCL- après 2020) sont enclenchés, de même que la complétude dela LGV Nîmes-Montpellier.Pour autant, le transport ferroviaire de passagers comme de marchandises pâtit à l’heure actuelle d’un réseau peu circulé, peu performant et fortement dégradé18. Le transport aérien est caractérisé par un nombre assez important d’aéroports au trafic relativement faible et aux coûts d’exploitation élevés. En termes de mobilité au sein du Massif central le constat est le suivant : la part des actifs travaillant hors de leur commune de résidence augmente, mais relativement moins vite qu’en France (57% dans le Massif central contre 64% pour la France)19. Ces trajets ont toutefois plus tendance à être effectués en voiture qu’en transport en commun, inexistant ou peu adapté. Aucune liaison performante en transport collectif n’existe entre les capitales régionales et dans bon nombre de secteurs ruraux.

                                                            16 Source : FNCAUE 17 Relecture du Schéma de Massif, EDATER 2011 18 Relecture du Schéma de Massif, EDATER 2011 19 Relecture du Schéma de Massif, EDATER 2011 

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Pour le tissu productif, les coûts logistiques restent plus élevés en zones de montagne que dans les autres régions françaises et naturellement européennes20. Dans les chaînes de valeur, et le choix de positionnement des produits, cela n’est pas sans conséquence puisque cela impacte la compétitivité par les prix. Par ailleurs, l’accessibilité aux ressources intellectuelles supérieures des grandes métropoles nécessite des temps de trajets raisonnables : les LGV constituent une opportunité à condition de s’y préparer. Enjeux :

‐ Anticiper l’arrivée des LGV dans le Massif central pour l’aménagement urbain, la desserte des territoires et le développement des activités

‐ Développer des formes de développement économique qui s’écartent de la seule compétitivité par les prix

‐ Explorer des organisations innovantes en termes de mobilité rurale et rurale-urbaine (logistique petits flux).

1.6 Numérique : accessibilité et usages à développer

Le Massif central mise fortement sur le développement des infrastructures numériques. Son histoire est riche de mobilisations sur le sujet du numérique favorisant les actions communes. L’armature très haut débit nord –sud (le long de l’A75) et est-ouest (ARTERIA) ainsi que le raccordement des villes-préfectures du Massif central à la fibre optique ont été réalisés grâce aux financements des programmes Massif central entre 2000 et 2011. Le premier enjeu de taille reste celui de l’accès au très haut débit pour des usages professionnels (et pas seulement privés), enjeu majeur pour l’attractivité des territoires. Les coûts à la charge de la puissance publique restent importants, dans la mesure où les opérateurs privés ont tendance à n’investir que dans les pôles les plus densément peuplés. L’accès au THD est une priorité affichée des schémas régionaux(SDAN) mais ceux-ci n’incluent pas forcément la notion d’interconnexion avec les régions voisines. A ce jour, une dizaine de réseaux d’initiative publique (RIP) existent ou sont en projet dans le Massif central et couvrent presque tout son territoire. Mais un opérateur est obligé de se raccorder à chacun d’entre eux s’il veut avoir des clients sur ces réseaux. Chaque territoire a donc un potentiel de marché limité et est moins attractif que l’ensemble des territoires réunis.L’interconnexion des RIP ou le stockage de données publiques sur des data-centers ouverts localisés dans le Massif central offrent des opportunités de massification des volumes qui pourraient rendre la demande plus attractive pour les opérateurs privés dans la mesure où ils seraient face à un marché unifié. Par ailleurs, l’intérêt des usages liés au numérique est inégalement compris dans les TPE et chez certains élus21. Enfin notons qu’il persiste encore des zones blanches en matière de téléphonie mobile. Enjeux : - Compléter le raccordement THD du territoire en pensant bien à l’interconnexion logique des réseaux THD. - Expérimenter et innover dans les solutions d’accès au THD (4G…)

                                                            20 Etudes Efficient Innovation 2010 et CRIELAL 2010 21 Etude MACEO sur le THD, 2011 

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- Développer les services et usages numériques dans les collectivités, les entreprises (notamment les TPE) et auprès des habitants (en tâchant de surmonter les fractures sociales ou générationnelles). - Mieux travailler en réseau d’acteurs, de villes, d’entreprises, de formateurs en s’appuyant sur les TIC et en innovant pour répondre au défi de la mobilité.

1.7 Conclusions

Le Massif central connaît un regain d’attractivité, net mais encore disparate selon les territoires, associé d’une part à la recherche de qualité de vie qui gagne les populations urbaines et aux possibilités offertes par le numérique, et associé, d’autre part, à la recherche de solutions économes par des populations pauvres qui quittent les grandes capitales régionales. Ce regain d’attractivité est accompagné voire amplifié par les politiques d’accueil conduites par les territoires et par le monde associatif qui contribue à tisser le lien social, fondamental dans les espaces de faible densité, en particulier à travers l’offre culturelle. Le développement de l’économie sociale et solidaire contribue également à renforcer le lien social. Néanmoins, la forte dépendance des ruraux et périurbains à la voiture alors que le prix des énergies augmente, le risque de retrait ou réorganisation des services publics (écoles, santé, tribunaux, transports collectifs etc.) dans les territoires les moins peuplés et le coût des infrastructures de transport ou du numérique restant à réaliser dans un cadre budgétaire contraint, sont autant de menaces à prendre en compte pour maintenir la dynamique actuelle.

2. Valoriser les ressources et produire de la richesse pour le territoire et ses habitants

2.1 Un tissu économique encore traditionnel

Le Massif central reste caractérisé par une tradition industrielle et agricole marquée par rapport à la moyenne française, même si la part de ces activités recule au profit du secteur tertiaire en pleine croissance. On peut noter que la sphère présentielle (les emplois liés à la demande des populations présentes sur le Massif central) est surreprésentée avec 67,4% des emplois salariés contre 65% en moyenne en 200722. 26% de l’emploi total dans le Massif central est lié aux services publics. La présence d’un important tissu de PME-TPE ancrées dans l’économie de production peut être considérée comme un atout d’aménagement du territoire, dans la mesure où il garantit la diffusion de la valeur ajoutée et de l’emploi dans les territoires ruraux. 14 grappes d’entreprises se sont constituées sur le territoire du Massif central (11% des grappes créées en France23) et contribuent aux transferts d’innovation. La forte tradition d’entrepreneurs (15,7% des emplois sont non salariés contre 10,9% en France24) rend toutefois plus préoccupant le vieillissement croissant des chefs d’entreprises.

                                                            22 Relecture critique du Schéma de Massif, EDATER 2011 23 DATAR 24 Source : INSEE 2010 

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L’étroitesse des bassins de consommation conditionne un positionnement du tissu industriel sur l’amont des chaînes de valeur, jusqu’au produits intermédiaires (surreprésentés par rapport à la moyenne nationale25). La création de richesse et le retour de valeur ajoutée sur les territoires dépend donc de la capacité des TPE/PME à faire valoir leur qualité et leur prix face aux donneurs d’ordre ou aux réseaux de distribution. Ces éléments de compétitivité hors coût reposent certes sur l’innovation et les produits, mais également sur une force de marque, privée ou collective. Cette force fait trop souvent défaut aux entreprises du Massif central, même si les signes actuels de clusterisation dénotent une dynamique nouvelle de coopération et ouvrent des opportunités pour travailler sur les chaînes de valeur à l’échelle du Massif central. Les dépenses de recherche et développement sont plutôt inférieures à la moyenne nationale, et plus marquées par de l’investissement privé que public, ce qui s’explique par une irrigation universitaire plus faible du Massif central. De plus, on constate que le niveau de services aux entreprises est inférieur à la moyenne nationale26. Or, ces services sont des vecteurs d’innovation majeurs.L’innovation dans le Massif central s’appuie certes sur la production et la diffusion des innovations technologiques, mais se caractérise par un fort impact de l’innovation organisationnelle27, dans laquelle s’inscrit l’économie sociale et solidaire. Le Massif central est plutôt spécialisé (mécanique, métallurgie, caoutchouc, textile, plasturgie, agroalimentaire, bois), avec des secteurs industriels dont l’image est dégradée mais qui, globalement, embauchent. Il dispose par ailleurs de quelques fleurons industriels, qu’il s’agisse de grand groupes (Legrand, Ratier-Figeac, Michelin, Aubert et Duval,etc) ou de PME très en pointe. L’avenir industriel du massif reste donc ouvert. Enfin, le Massif central affiche un taux de chômage plus faible que la moyenne nationale (8,3% contre 9,6%en 200928) mais ce résultat cache mal les fortes disparités entre bassins d’emplois en tensions, qui peuvent peiner à recruter (mécanique, plasturgie…), et les bassins d’emplois en difficulté ou touchés de plein fouet par la crise. On constate un manque ou une absence de gestion territoriale et prospective des compétences présentes sur le territoire. Enjeux : - Développer les approches en termes de chaîne de valeur : du consommateur jusqu’au producteur pour améliorer le retour de valeur ajoutée sur le territoire - Valoriser les avantages comparatifs de la faible densité et de l’éloignement des grands centres de consommation - Développer la diffusion de l’innovation et le transfert de savoirs et savoir-faire (formation, apprentissage) - Poursuivre la structuration des filières et le travail en clusters - Rajeunir l’entreprenariat et favoriser le développement et la culture de l’entreprenariat - Développer la gestion prévisionnelle des emplois et compétences - Accompagner le développement par la formation –action - Développer l’économie sociale et solidaire

                                                            25 Etudes Efficient Innovation 2011 et CRIELAL 2010 26 Atlas Massif central 2010 27 EDATER‐ Evaluation innovation 2012 28 Source : INSEE 2010 

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- Réussir à s’appuyer sur les universités du Massif central ou des métropoles voisines (Toulouse, Lyon, Montpellier), en essayant de mieux les faire travailler ensemble. - Intégrer la qualité environnementale dans le développement économique et industriel des entreprises du Massif central

2.2 Focus sur une agriculture de qualité mais peu transformée localement L’agriculture continue de mailler le territoire avec un nombre décroissant d’exploitations mais une SAU stable. Plus de la moitié des chefs d’exploitation sont âgés de plus de 50 ans en 201029 posant la question du renouvellement et de l’installation de nouveaux agriculteurs. Le rythme de disparition annuel des exploitations de 3.3% est aujourd’hui inférieur au rythme national de 3.8%30. En comptant les productions fourragères, 86 % des terres agricoles sont destinées aux métiers de l’élevage : en effet, plus de 8 agriculteurs sur 10 sont des éleveurs d’herbivores.L’élevage extensif à l’herbe reste dominant, avec la filière viande qui prend désormais le pas sur la filière lait. 2/3 du lait de brebis, 34% du volume de fromage AOC est produit dans le Massif central, mais ce résultat masque difficilement le fait que l’industrie agroalimentaire n’est pas à la hauteur de la production agricole : 700 000 broutards sont exportés chaque année, représentant 70% de la production nationale31, essentiellement vers l’Italie pour y être engraissés, , la filière traditionnelle de salaisonneries sèches ne peut s’appuyer sur un approvisionnement local et 1/3 des volumes produits en lait sont exportés avant d’avoir été transformés32. La moindre dépendance à l’extérieur peut passer :

‐ par une meilleure maîtrise de la chaîne de valeur par les exploitations/ coopératives (avec des acquisitions externes pour maîtriser la transformation)

‐ par une meilleure labellisation des produits, qui permette de sortir de la seule compétitivité par les prix

‐ par une implication des acteurs du Massif dans les circuits de distribution

                                                            29 Source : Observatoire des Territoires ruraux, DATAR 30 Source : relecture critique du Schéma de Massif, EDATER 2011 31 Source : étude viande, SIDAM 2011 32 Source : étude CRIELAL 2010 

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Les attentes des consommateurs et le développement des circuits courts devraient pouvoir mieux bénéficier à l’agriculture du Massif central, sur la base de ses caractéristiques fortes en termes patrimoine génétique riche et diversifié (bovin comme ovin), de qualité et de préservation de l’environnement :

Carte: zones agricoles en Haute valeur naturelle 

L’agriculture extensive joue également un rôle majeur en termes de valorisation du territoire sous l’angle des services écologiques dont l’ensemble de la société bénéficie : captation du CO2, biodiversité, paysage etc. Le Massif central, c’est la plus grande prairie d’Europe, 1/3 de la prairie française et 1 milliard € de services non-marchands33 rendus par ces zones de pâturages. Enjeux : - Créer des circuits de commercialisation porteurs de valeur ajoutée sur les territoires (circuits courts, circuits à peu d’intermédiaires…). - Accompagner la mutation vers une économie et une agriculture à faible teneur en carbone (efficacité et production énergétique) et respectueuse de l’environnement, notamment en développant l’autonomie alimentaire (protéique et énergétique). -Développer les modes de financements innovants des aménités agroenvironnementales. - Accompagner la valorisation de la qualité des produits agroalimentaires du Massif central, notamment à travers les démarches territorialisées, collectives, qui peuvent s’appuyer sur les signes d’identification de la qualité et de l’origine, la valorisation montagne ou la création d’unité agroalimentaire pour les circuits à valeur ajoutée. - Anticiper l’impact du changement climatique sur les activités agricoles et les prairies. 

                                                            33 Source : Etude GIP Massif central, 2012 

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2.3 Focus sur la forêt : un potentiel mal exploité La forêt, autre ressource emblématique du Massif central, occupe plus du 1/3 du territoire, avec un taux de boisement de 7 points supérieur à la moyenne nationale. Elle représente 42000 emplois, soit 9% des emplois nationaux de la filière34. Pour autant cette ressource est insuffisamment valorisée (Etats Généraux du Bois en 2011-2012). Là encore, un positionnement faible des entreprises du Massif central sur les chaînes de valeur des produits à base de bois conduisent à un faible retour de valeur sur le Massif central et à une exploitation du potentiel forestier limitée par les faibles taux de marge. Tant du point de vue économique, qu’environnemental ou paysager, la forêt du Massif central offre aussi un potentiel bien supérieur à son exploitation actuelle : 90% de sa valeur est aujourd’hui non marchande, ce qui représente plus d’1 milliard €/ an de services rendus gratuitement35. Le développement attendu de la compensation carbone peut offrir de nouvelles perspectives à la sylviculture. Enjeux : - Renforcer les chaînes de valeur par le développement du fonctionnement en réseau et par une offre de services adaptée de façon à ramener de la valeur et des emplois sur les territoires - Développer la reconnaissance et la rémunération des services environnementaux, culturels, récréatifs, rendus par les forêts - Anticiper l’impact du changement climatique sur les essences et les productions - Assurer une gestion durable de la ressource pour une exploitation durable

2.4 Focus sur le tourisme

Le tourisme est une activité très présente dans le Massif central, représentant près de 45 000 emplois et une capacité d’accueil croissante depuis 10 ans. L’amélioration de la qualité des hébergements est en cours. Les stratégies d’attractivité de la clientèle étrangère comme de développement du e-tourisme sont encore insuffisantes. La culture et les sports de nature présentent à la fois un caractère social et marchand, source de créativité et d’innovation sociale, et une valorisation du patrimoine qui sont de forts facteurs d’attractivité. Enjeux : - Poursuivre la modernisation des acteurs du tourisme (TIC, offres, commercialisation) - Poursuivre le renforcement du tourisme de pleine nature

2.5 La ressource en eau : exemplarité et responsabilité

Le Massif central est un château d’eau, à l’instar des autres zones de montagne françaises. Cette eau est globalement de bonne qualité (les pollutions liées aux pesticides et nitrates étant faibles) et est consommée au ¾ en tant qu’eau potable (50% à l’échelle nationale) et 14% pour l’agriculture (20% à l’échelle nationale). Néanmoins, les plans d’eau et lacs du Massif central connaissent un fort problème d’eutrophisation et la surface des zones

                                                            34 Source : INSEE 2010 35 Source : Etude GIP Massif central, 2012 

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humides diminue dans le Massif central alors qu’elle a tendance à augmenter à l’échelle française36. La ressource est donc fragile.

Concentration moyenne en nitrates en 2009  

Précipitations - 2011

Source : Agences de l’eau, GEOIDD,  2009,  http://www.statistiques.developpement‐durable.gouv.fr/cartographie/ar/cartographie‐interactive‐geoidd‐france.html‐ Céline Girardot. 

L’eau est valorisée de différentes manières sur le Massif central : 20% de l’énergie hydraulique française est produite dans le Massif central, 1/3 des sources et la moitié des eaux minérales y sont embouteillées. Elle est utilisée dans de nombreux secteurs d’activités (tourisme, thermalisme, agriculture, industrie) Enjeux : - Valoriser durablement la ressource en eau, avec une vraie préoccupation de ramener de la valeur et des emplois sur les territoires. Lier Exploitation et préservation de la qualité de l’eau. - Anticiper le changement climatique.

2.6 Un positionnement stratégique au regard de la biodiversité Plus globalement, le Massif central est un espace remarquable du point de vue environnemental avec un quart de son territoire en ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique), 10 parcs naturels régionaux et un parc national qui couvrent le tiers de son territoire, ainsi que 2 PNR en gestation. La qualité environnementale des paysages se double d’importantes aménités culturelles et patrimoniales confortant

                                                            36 Mémoire Céline Girardot, Master IADT/ IRSTEA/ GIP Massif central, 2011 

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l’image d’un Massif central préservé, ce qui en fait la valeur : un sentiment partagé par la plupart des acteurs du massif. Les espaces protégés du Massif central

Compte tenu de son positionnement biogéographique, le Massif central a la responsabilité de la perpétuation des habitats sous haute influence humaine et de leurs espèces.; Les programmes Massif central 2007-2013 ont d’ailleurs soutenu des expérimentations intéressantes de corridors écologiques et d’intégration des trames vertes et bleues aux plans d’aménagement de territoires. Enfin, on doit noter le classement au patrimoine mondial de l’humanité des Causses et Cévennes au titre de l’agropastoralisme méditerranéen. Enjeux - Assurer et valoriser l’exemplarité environnementale du Massif central. - Rémunérer de manière innovante les services écosystémiques dont le Massif central est riche. - Intégrer la valeur des services environnementaux et paysagers dans l’aménagement de l’espace. - Anticiper l’impact du changement climatique sur les écosystèmes et les paysages. - Sensibiliser les acteurs économiques, institutionnels, individuels à l’importance d’une gestion durable des ressources environnementales (préservation/ exploitation sont liées), l’objectif étant de préserver les aménités que constituent les paysages, les services écosystémiques et la biodiversité, qui ont une valeur, et d’éviter la création de déséquilibres.

2.7 Un potentiel fort en matière d’énergies renouvelables Fort de ses ressources naturelles, le Massif central a déjà bien développé l’énergie hydroélectrique et le bois. Le solaire, l’éolien, la géothermie, la méthanisation sont en

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revanche relativement peu développés. La pression que le développement de certaines énergies peut faire peser sur les ressources invite les acteurs du territoire à anticiper leur gestion pour assurer le bon renouvellement de la ressource justement. Et la valeur portée aux paysages et cadre de vie incite plus qu’ailleurs à une réflexion poussée sur l’acceptation de nouvelles unités de production. Il est à noter que la production d’énergies renouvelables, notamment sur de petites unités, doit aller de pair avec une réduction de consommations énergétiques, notamment dans l’agriculture, le bâti ancien, les entreprises mais aussi dans les déplacements, processus lentement engagé dans le Massif central à l’heure actuelle. Potentiel énergétique éolien Irradiation solaire globale horizontale

Enjeux - Conforter l’efficacité énergétique pour tous - Développer des modèles innovants de production d’énergie renouvelables adaptés aux besoins de consommation locaux. - Gérer durablement la ressource pour les besoins de productions énergétiques. - Limiter la « migration » des bénéfices d’exploitation hors du territoire - Améliorer l’intégration paysagère et l’acceptabilité des installations de production.

2-8 Conclusions La proximité des métropoles lyonnaise, toulousaine, montpelliéraine ou bordelaise doit pouvoir offrir de nouvelles opportunités de développement et de relocalisation des productions pour les entreprises et exploitations du Massif central, à l’heure du renchérissement des prix du transport et de l’attention portée aux circuits courts.

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Par ailleurs, nombre d’activités et de milieux risquent d’être affectés par les effets du changement climatique qu’il faut pouvoir anticiper pour proposer des adaptations intégrées en termes d’agriculture, de tourisme, de forêt, de biodiversité ou d’habitat. Les zones de montagne sont en effet beaucoup plus sensibles aux effets du changement climatique que les zones de plaine. Les conséquences du changement s’y font donc sentir de manière beaucoup plus radicale. Les adaptations y ont commencé. Elles doivent être poursuivies en couplant observation et actions. Ce dernier constat pointe la nécessité de rendre indissociables les approches « protection/exploitation » des ressources en favorisant des projets où la transversalité, le croisement des approches, l’échange entre les acteurs sont des éléments de méthode fondamentaux. La capacité à exploiter ces ressources dans des modèles répondant à la fois aux exigences économiques, aux enjeux sociaux et aux obligations environnementales, est un défi à relever. Il faut également favoriser l’implication citoyenne pour éviter que le Massif central soit considéré uniquement comme une source de matière première accessible.

3. Gouvernance

3.1 Des acteurs impliqués dans la gouvernance Massif et des attentes des citoyens au regard des politiques

La loi Montagne instaure un comité de Massif constitué de 3 collèges. Chacun de ces 3 collèges est fortement impliqué dans la définition de la politique Massif et a fourni une contribution en son nom propre traduisant bien son intérêt pour la démarche de réflexion concernant la politique massif des prochaines années. Les consultations menées début 2012 font apparaître de réelles attentes de la société civile pour que perdurent les démarches Massif central. Les attentes sont également fortes pour conserver l’approche transversale et territoriale des projets, simplifier l’accès aux programmes avec une instruction et une gestion financière plus fluides pour le porteur de projet, améliorer la communication sur les programmes et les opportunités ainsi ouvertes et rapprocher les programmes Massif central du terrain. Une meilleure lisibilité des programmes Massif est attendue d’une meilleure articulation et d’une plus forte complémentarité entre les différentes échelles d’intervention : locale, régionale, interrégionale. Enfin, pour une meilleure prise en compte des territoires de projet, nombre d’acteurs préconisent un élargissement du cercle des partenaires actifs aux départements et socio-professionnels.

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3.2 Une connaissance des territoires insuffisante Les acteurs du Massif central constatent que les connaissances sur les dynamiques territoriales, la valeur et le potentiel des ressources du Massif central sont encore nettement insuffisantes, tandis que le partage des informations et données auprès des décideurs fait encore largement défaut, notamment à l’échelle locale.

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Cette amélioration des connaissances est nécessaire pour permettre aux acteurs du territoire de disposer d’une capacité d’analyse et de projection dans l’avenir afin de mieux décider, de mieux jouer les complémentarités avec les métropoles ; de mieux saisir les opportunités de relocalisation des productions ou de nouveaux marchés à développer. C’est également une condition indispensable pour pouvoir saisir les nouvelles opportunités de financement liées à une valorisation plus durable pour l’environnement. Cette meilleure connaissance des territoires doit permettre de faire évoluer les politiques territoriales vers plus d’efficacité.