PLOERMEL COMMUNAUTE DOMAINE DE BODIEU - MOHON DIAGNOSTIC DU BATI EXISTANT

Vue aérienne du site du domaine de Bodieu à Mohon

1- Le site :

Le domaine de Bodieu est une propriété communautaire depuis 2011. Il se situe au Sud de Mohon, sur la route reliant la Trinité‐Porhoët à Ploërmel, en limite Nord du département du Morbihan. Le domaine n’est pas protégé au titre des monuments historiques mais se situe dans le périmètre du site archéologique de la motte féodale du Camp des Rouëts, site inscrit MH par arrêté du 22 juillet 1975.

Photographie aérienne

Des animations ont lieu sur le Camp des Rouëts chaque année. Le site de Bodieu a été utilisé comme lieu de stockage pour les animations de 2011 à 2015. Le site est composé des 13 parcelles suivantes : YI40, G966, G967, G968, G969, G970, G971, G972, G973, G974, G975, G1495 et G1535, Le domaine de Bodieu se compose de 2 bâtiments (manoir et métairies) et d’un hangar ne figurant pas au cadastre (parcelles G970 et G971).

2- Historique :

Par Elodie BAIZEAU (Architecte du Patrimoine, Archéologue) & Marie‐Suzanne de PONTHAUD (Architecte du Patrimoine, Architecte en chef des M.H.)

Le manoir se situe sur les terres d’une ancienne seigneurie ayant appartenu au comte de Porhoët au XIIème siècle, puis à la famille de Rohan. L'ensemble est cédé en 1199 par Alain IV de Rohan à Jean de la Touche. La demeure passe entre les mains de Raoul de Fougères en 1241, avant d'être détruite par les Anglais en 1342.

Cadastre Napoléonien (archives départementales)

Il ne subsiste de cette occupation que la motte féodale mitoyenne du site. Peu de documents permettent de connaître l’historique du site. Le manoir a probablement été plus étendu comme en témoigne le cadastre napoléonien et devait fonctionner plus probablement comme un hameau féodal. Il est possible qu’un manoir proche ait servi de carrière ce qui expliquerait la présence les pierres de taille de réemplois remontées de façon aléatoire dans la partie modifiée du manoir. L’évolution de l’édifice ne peut donc qu’être supposée à partir du relevé architectural et de l’analyse stylistique des dispositifs en place.

  Evolution supposée du manoir

On peut noter la présence des armoiries du domaine à deux occasions dans le manoir (linteau de la baie nord et dans la maçonnerie remontée au Sud). Les trois croix : Système de symboles signes de Mohon, La Trinité Porhoët et Ménéac. Les trois traits serpentés : Les trois cours d'eau de Mohon : le NINIAM, le LEVERIN et le FRELAN. Les trois étoiles et la feuille de trèfle : Emblème d'une maison de Bodieu et de la maison du Sénéchal. Une décoration du feuillage de la forêt : Commune de Mohon appelée autrefois pays des cochons, dont la nourriture était les glands des chênes de la forêt.

3- Problématique :

Les bâtiments composant le domaine de Bodieu ne sont ni hors d’eau ni hors d’air dans leur globalité. L’état des bâtiments se dégrade, réagissant aux différentes intempéries. De nouvelles dégradations sont constatées entre les différentes visites du lieu par les services communautaires, mettant en péril les bâtiments mais également en danger les éventuels visiteurs. Le site, par son organisation et son architecture garde une certaine valeur, même s’il n’existe pas à ce jour de projet de valorisation. L’état physique du bâtiment se dégrade visiblement très rapidement. Son état semble inquiétant et la question se pose de savoir quelle pourraient être les mesures de sauvegarde pour une utilisation ultérieure à déterminer.

4- Objet de l’étude : La mission confiée au prestataire est une mission de diagnostic qui comprend: - L’identification des pathologies existantes et menaçant les bâtiments. - La détermination des mesures de sauvegarde immédiates à mettre en place pour stopper sa dégradation (nature et coût). - La faisabilité ou non d’une opération de restauration, comprenant :

Une estimation de la remise en état du clos couvert sur la base des constats réalisés sur place

Des chiffrages types pour les aménagements intérieurs en fonction d’utilisations théoriques, ainsi qu’une approche globale des coûts annexes (réseaux, ratio sur des aménagements extérieurs).

La partie faisabilité d’une opération de restauration a pour finalité d’appréhender dès à présent l’intérêt financier ou non d’une opération de sauvegarde. L’approche pourra donc être assez globale sur la base de ratios ou d’opérations similaires connues du prestataire. La partie faisabilité intégrera dans un scénario comparatif les coûts d’une déconstruction / sécurisation définitive, totale ou partielle en fonction des résultats de l’étude sur les pathologies et les coûts des mesures de sauvegarde.

5- Pathologies : Le manoir : Il a été daté du milieu du XVème siècle mais a fortement été remanié depuis, notamment en partie ouest avec la création assez récente d’une tourelle et de créneaux. Cependant l’étude de novembre 2010 réalisée par Elodie BAIZEAU (Architecte du Patrimoine, Archéologue) & Marie‐Suzanne de PONTHAUD (Architecte du Patrimoine, Architecte en chef des M.H.) précise bien la valeur patrimoniale du manoir et détaille les éléments architecturaux intéressants qui subsistent tels que : - Cohérence de la partie originelle du plan, représentative du manoir breton du XVème siècle, - Belles ouvertures de portes et baies en pierres sculptées, - Deux cheminées monumentales (logis central), - Fermes de charpente du XVème siècle sculptées (aujourd’hui en comble), - Dallage en pierre de granite ou schiste supposé (sous le carrelage actuel).

Les infiltrations d’eau en toiture, surtout dans la partie remaniée à l’ouest (couverture de la tourelle non étanche), ont fortement endommagé la structure du manoir, à tel point qu’il est primordial d’en interdire strictement l’accès (clôtures et affichage). Certaines fenêtres génèrent également des infiltrations d’eau par des carreaux cassés ou des huisseries non étanches. Certains planchers sont pourris, des plafonds menacent de s’effondrer, les différentes modifications de la charpente l’ont rendue fragile et certains murs sont gonflés par l’humidité ou ont été déstabilisés par de mauvaises descentes de charges. Ainsi, bien que le manoir présente un aspect extérieur relativement sain (notamment en façade sud), il est réellement en péril et tout ou partie de sa toiture pourrait s’effondrer suite à un gros coup de vent ou une forte pluie par exemple. Les communs : Les communs sont constitués de trois bâtiments distincts accolés. Ils présentent un mélange d’architecture de maçonnerie de terre et de pierre, très courant dans la construction rurale vernaculaire en Bretagne. Il est à noter que les charpentes de ces bâtiments ont été redressées au XIXème siècle lors du passage du chaume à l’ardoise. Il semble que la surcharge occasionnée par l’ardoise en remplacement du chaume ait déstabilisée les charpentes et engendrées des poussées sur les murs. Des fissures sont ainsi apparues au droit des angles des différents murs. La couverture des deux rampants du bâtiment ouest et du rampant nord du bâtiment central est en ardoise de fibrociment contenants de l’amiante. A l’ouest des communs est adossé en appentis un hangar en bois couvert de bacs fibrociments, contenant sans doute également de l’amiante. L’ensemble de la couverture du bâtiment central est très endommagé au point de compromettre la solidité de la charpente qui la soutient. La couverture du bâtiment Est n’est pas non plus en très bon état : beaucoup d’ardoises ont glissées et risques de tomber au sol et le solin d’une des cheminée s’est effondré faisant entrer la pluie. Au niveau des maçonneries, outres les fissures au droit des angles dues à la poussée de la charpente sur les murs, d’autres lézardes entaillent les murs à plusieurs endroits. La végétation et notamment des arbustes en pieds de murs et des plantes grimpantes abîme le peu d’enduit qui subsiste et le jointoiement des pierres.

Ici aussi, certaines portes ou fenêtres génèrent des infiltrations d’eau par des carreaux cassés, des huisseries non étanches ou des ouvrants manquants. Sans réelle valeur patrimoniale, ces communs sont dans un assez mauvais état de conservation. L’effondrement d’éléments de charpente ou de couverture est à craindre. A part le bâtiment ouest (dont la couverture est en meilleur état) il est primordial d’interdire strictement l’accès à ces communs, comme pour le manoir (clôtures et affichage).

6- Mesures de sauvegarde immédiates : Le manoir : Dans l’attente qu’un projet de rénovation ou de mise en valeur du manoir soit porté par la collectivité ou un autre maître d’ouvrage, il est important d’endiguer les dégradations liées aux différentes infiltrations d’eau. Pour cela il est nécessaire :

- De rendre étanche les différentes toitures, - De condamner les menuiseries extérieures afin de les rendre

imperméables aux eaux de pluie. - De contenir les mouvements de maçonnerie et de plancher constatés, - D’arrêter la prolifération des parasites.

Nous proposons donc les travaux suivants :

- Démolition de la véranda et du garage à l’est, - Dépose des couvertures en ardoises, - Renforcement sommaire de la charpente, - Réalisation d’une charpente temporaire sur la partie tour crénelée, - Pose d’une couverture en bac acier avec larges débords de toit, - Condamnation des menuiseries extérieures par des panneaux de bois

étanchés équipés de grilles de ventilation, - Pose d’étaies pour contenir les poutres fragilisées, les linteaux abîmés et

les maçonneries gonflées, - Réalisation d’un traitement anti-parasitaire (fongicide et insecticide)

des matériaux. Coût des travaux (+/-10%) : Travaux : 100 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, SPS…) : 12 000 €HT

Les communs : L’intérêt patrimonial de ces communs n’est pas exceptionnel. Il existe en centre-Bretagne de nombreux exemples d’architectures vernaculaires semblables ayant été correctement restaurées. La démolition n’est pas pour autant une solution évidente car la présence de toitures amiantées en augmente très sensiblement le coût. Ici aussi, il pourrait être intéressant d’endiguer les dégradations liées aux différentes infiltrations d’eau dans l’attente d’un réel projet de rénovation. Solution 1 : démolition Travaux à prévoir :

- Désamiantage des toitures concernées (après diagnostic), - Démolition des bâtiments, - Tri et récupération des belles pierres (sur palettes).

Coût des travaux : Travaux : 40 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, diag amiante…) : 6 500 €HT Solution 2 : travaux de sauvegarde Travaux à prévoir :

- Démolition du hangar à l’ouest, y compris dépose des bacs amiantés, - Dépose des couvertures en ardoises, - Renforcement sommaire de la charpente, - Pose d’une couverture en bac acier avec larges débords de toit, - Condamnation des menuiseries extérieures par des panneaux de bois

étanchés équipés de grilles de ventilation, - Pose d’étaies pour contenir les poutres fragilisées, les linteaux abîmés et

les maçonneries gonflées, - Réalisation d’un traitement anti-parasitaire (fongicide et insecticide)

des matériaux.

Coût des travaux :

Travaux : 80 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, SPS, diag amiante…) : 10 000 €HT

Nota : Il est important de préciser que les mesures de sauvegarde immédiates décrites ci-dessus ne peuvent pas avoir un caractère définitif qui stopperaient totalement les dégradations. En effet, les dommages déjà constatés ne sont pas réparés avec ces travaux (notamment au niveau des maçonneries) et l’humidité présente dans les matériaux depuis de nombreuses années ne pourra être évacuée naturellement qu’avec beaucoup de temps.

7- Faisabilité d’une opération de restauration :

Le manoir : Malgré le mauvais état de conservation du manoir, celui-ci peut être restauré. Le coût de cette restauration peut varier énormément selon la doctrine avec laquelle elle est conduite : simple rénovation du bâti ou restauration ‘patrimoine’ visant à restituer au manoir une présentation digne de son intérêt historique et architectural dans le cadre d’une collaboration avec un architecte des monuments historiques. Dans ce second cas, les techniques mises en œuvre sont spécifiques et les entreprises sollicitées spécialisées et rares. Le budget de travaux est donc beaucoup plus important. Solution 1 : rénovation simple A/ Travaux clos-couvert :

- Maçonnerie, - Charpente, couverture, - Menuiserie extérieure.

Coût des travaux (+/-10%) : Travaux : 450 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, BCT, SPS…) : 54 000 €HT B/ Travaux d’aménagements intérieurs et divers :

- Menuiserie intérieure, - Isolation, plâtrerie, - Revêtement de sol, - Electricité, ventilation, - Plomberie, chauffage, - Assainissement autonome,VRD

Coût des travaux (+/-10%) :

Travaux : 210 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, BCT, SPS…) : 25 000 €HT

Solution 2 : restauration ‘patrimoine’ A/ Travaux clos-couvert :

- Maçonnerie d’art, - Charpente traditionnelle, - Couverture spécialisée, - Menuiserie extérieure à l’ancienne.

Coût des travaux (+/-10%) : Travaux : 840 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, diag amiante…) : 100 000 €HT B/ Travaux d’aménagements intérieurs et divers :

- Menuiserie intérieure, - Isolation, plâtrerie, - Revêtement de sol à l’ancienne, - Electricité, ventilation, - Plomberie, chauffage, - Assainissement autonome, - VRD.

Coût des travaux (+/-10%) :

Travaux : 370 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, diag amiante…) : 44 000 €HT

Les communs : Les communs peuvent également être restaurés. Pour ces bâtiments, seuls des travaux de rénovation classique sont abordés ci-dessous. A/ Travaux clos-couvert :

- Maçonnerie, - Charpente, couverture, - Menuiserie extérieure.

Coût des travaux (+/-10%) : Travaux : 310 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, BCT, SPS…) : 37 000 €HT

B/ Travaux d’aménagements intérieurs et divers : - Menuiserie intérieure, - Isolation, plâtrerie, - Revêtement de sol, - Electricité, ventilation, - Plomberie, chauffage, - Assainissement autonome, - VRD.

Coût des travaux (+/-10%) :

Travaux : 180 000 €HT Etudes (maîtrise d’œuvre, BCT, SPS…) : 22 000 €HT