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DES SCIENCES OCCULTES

SP IRIT I SM E

J . B . T IS SAN D IER

Profes s eur de Ph11050p11 19 à la Faculté des lettres de D ouai ,

J’

ai vu mille insen sés,l‘

œ il tendu vers leurs main s ,[l

un e table tournan te attendre leurs destin s

E couter en tremblan t s i la table est frappée

Par quelque âme inv1s ible à la tombe échappée .

VIENNET . D l scôurs luà 1’

In s l1tul le 1 7 août 1 8 57 9

PARI S

G E RM E R BA I L L I È R E,L I B R A I R E — É D I T E U R

Rue de l’École—de—Médecin e , 4 7 .

Lo n d r es N ew—! o r k

Hrpp. Bnlhère, 219, Regent street. Ballhèl‘û brothers , M O, Broadway ,

M AD RID,C . BAI L L! —BAIL LIÈRE ,

P L AZ A D E L P RI N C I PE AL FO N S O,16 .

Tous droits réservés .

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P R É FA C E

Il y a douze ou quinze ans , on ne parlait dan s

tout le monde c ivilisé que de tables tournan tes et

d’

espr i ts frapp eur s . La vieille scien ce de lan ature,

qui ne marche qu’

à pas comptés et lents , étai t

dédaignée ; cette échappée inattendue sur lemonde

i nvis ible en levai t tous les cœurs , et promettai t des

mervei lles aux plus ignoran ts . Et tout à coup , les

tables on t cessé de tourner , les esprits de frapper ,

et l’

on se demande s’

il n’

es t rien res té de cet

étrange mouvement qui emportait toutes les âmes

vers l’

invis ible et l’

inconnu.

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VI PRÉFACE .

Si ; i l en est res té quelque chose , et quelque

chose de cons idérable . Quelques esprits entre

prenants on t recueilli ces faits, en on t aj outé

d’

autres à leur connaissance , et, sur ce fondemen t

qu’ils n

ont pas trouvé tr0p ruineux , ils ont établi ,

on t élev é une vaste doctrine. Celle-ci a ses con ci

liabules , ses revues , ses publications de toutes

sortes ; elle a ses adeptes , ses i nitiés , ses pontifes .

Il est un des quartiers de Paris qur est devenu le

siège d’

une espèce d’

agence l ittéraire fort impor«

tante : c’es t une l i ttérature facile , s ouple, qui se

pl ie san s effort à tous les gen res . Elle embras se

le feuilleton , le roman,l’

anecdote , la chronique

locale ; la philosophie spéculative , la philos ophie

morale et pratique , les sciences sociales et les

sciences n aturelles . Humai ne avant tout, rien de

ce qui es t humain ne lui est étranger .

Cette science se donne comme n ouvelle , et

vien t réclamer sa place à. cô té de la philosophie

critique , qui a pris un essor hardi, en poussant

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PBERAÆE . vtr

à: un examen approfondi des tradition s etdes tex tes

an cien s ; à cô té de la p hi loæp hie positive , qui

trouve que la spéculation rationnelle s’

est jusqu’

ici

trop isolée , et qu’

elle devrait un peu s’

in spirer des

de l ’autre par le= dés ir ardent qu’

elle affiche d ’atti =

rer a. elle les hommes de toutes les croyances ,

et par les efforts qu’

elle fait pour se les toutes

ratu nalis te ; v0ÿez la» hard iesse de mes in t

erpré

tations , les témérités de mon: exégèse ; et qu’

aux

je pr êche H ors de la char i té p oin t de salu t . Per

suadé que le spi ritisme tien t plu s a son titre de

scien ce qu’

à tout autre, n ous l’

avons étudié avec

une entière s incérité , dans le but un iq ue de n ous

ins truire ; nous l’avon s comparé à la philos0phie

régnante ; n ous nous s ommes demandé ce qu’

i l v

changeait , ce qu’il y ajoutait , ce qu

il en retran

chait .

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VIII PRÉFACE

Nous avons souven t en tendu reprocher aux

hommes d’

étude de n etre pas au couran t du

mouvement des idées de leur s iècle. N ous avons

voulu ne pas mériter ce reproche . J’

aime mon

s iecle, je l’

avoue , bien que je sache que cet aveu

ne sera pas une recommandation auprès de quel

ques lecteurs . Tout ce qui est mouvemen t , vie

i ntellectuelle , m’

atti re , et je me sens porté à une

grande indulgence pour les erreurs qui accusen t

une certaine activité d’

esprit . Une en trera con

fiance en la puis sance de la vérité me semble un

hommage plus sw eere que les alarmes bruyantes

et les cris de détresse . Voi là dans'

quelles dispos i

tion s j’

ai abordé l ’étude qu’

on va l i re .

Douai,1 1 n ovembre 1 8 65 .

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DES SCIENCES OCCULTES

S i l’homme est s i faci le à tromper , c’

est qu’avan t

tout la vérité l’attire et le charme . Il suffi t de lui enoffr ir les apparences p our qu’i l s ’y prenne et s

y

attache . Qu’on se présente au vulgaire ave c un ap

parei l s ingul ier , un cortège de d isciples ou de sec

tateurs , des paroles vi des et sonores , un air d’auto

ri té qui en impose ; qu’

un peu de mystère en tourevotre personne , votre genre de vie , vo tre doctrine ,et aussitôt vous avez des admi rateurs et des dupes .

Ce qu’il y a de fâcheux , c’

es t que cette indigne piper ie réussi t touj ours , et dure touj ours plus que son

temps . Les habiles , profitant des facili tés que leurr rssmmsn . 1

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2 DES SCIENCES OCCULTES .

donnait la créduli té humaine,on t pénétré dans les

espri ts faibles à l’aide de cer taines pratiques ete’y

sont établis comme dans leur domaine . De là un e

sui te de max imes , un ensemble de manœuvres qu’

on

décore du beau n om de science auquel on aj oute

un e épi thè te destinée à augmenter le saint r espect

que l a science inspi re . Ces sciences se sont— elles

donn é elles—mêmes le n om d’

occu ltes,ou l ’ont-elles

reçu ? J e l’ign ore . Ce qu’

i l y a d’

évident,c’es t qu’

elles

redoutent le grand j our et l’

examen,comme nous

le verrons,et qu’on n e peut expliquer leur enis

tence ténébreuse ni par la modes tie du mér i te , ni

par la fausse honte de la timid i té , ni par la né

cess ité du recuei llement . Il est deux caractères

auxquels on reconnaît ai sément ces prétendues

s ciences l’orgueil de leurs pr étentions et la s tér i

l i té de leurs etfor ts . C ’

est par ces caractères qu’

un

savant éminent de notre époque les a d éfinies :

L ’

o r i gine des sciences occultes , dit M . Littré,se

lie aux plus anciens souvenir s de l ’humanité . En

beaucoup de lieux , aux temples étaien t j oints des

c’

était_par une influen ce surn aturelle que

les interprètes de la d i vini té avaient le don de pé

n étrer aussi dans l’avenir il y avai t une mède

cine sacrée qui n’

agissait point comme fai t la mede

cine ord inaire, par les médicaments , les Opérations

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DES SCIENCES OCCULTES . 3

et le lent travail de la guér i son ; mais pr ovenant dela pui ssance i llimi tée des ê tres supér ieurs

,elle diS a

sipait les maux qui affligen t l’humani té par des

interventions favorables auxquelles les fonc tions

naturelles du corp s se soumettaien t contre l’ordre

na turel

Ainsi se donner comme des dépositaires d ’

unepu i ssance surnaturelle , qui agi s se sur la nature

par des moyens inconnus de la s cience vulgai re,

voilà leurs pré tentions . Celle - ci a ses pr océdés, ses

m éthodes qu ’

elle tient à la d isposi tion de tous ceux

qui veulen t connaître les objets d ont elle s’occupe ;

les autres ont des formu les , des paroles sacramentelles qu

elles n e r évèlent qu’

à un peti t nombr e

d’

adoptes . La différence est complè te entre le pro

cédé par lequel s’

acquier t la s cien ce occulte et celui

par lequel s’

acquier t la s cien ce natur elle . J e n ’ai

pas besoin de r appeler ce que celle—ci exige , et com a

ment elle n’

est valable qu’

à la condition de former

un système de notions étroitement enchaînées et

soumises à la d ouble conditi on de sati sfaire s imul

tan émen t aux formes de l ’espr i t et aux données del ’exp érience . Celle -là n e trame poin t apr ès elle tOut

(1 ) Des sc iences occultes , ou E ssm sur la Mag ie , par Eusèbe

Sali erle. In troduc tion de Littré , 3 ° édition .

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a p as SCIENCES occurrrus .

cet attirail . En général , c etai t par la fréquentati on

avec les êtres surnaturel s que s’

ob tenait la connai ssance des paroles pu i ssantes , des secrets formida

bles ( l ) .

Malheureusement avec des pr éten tion s si hauteset des moyens s i effi caces , nous n e voyon s que demi nces résultats , second caractère que nous pr é

sentent les sciences occul tes . Aucune nouvelle dequelque intérêt n’a j amais été apportée d ’

outre

tombe,ou des régions où sont suppo sées les es sen

ces corpo relles . La comparaison la plus S ti perficiellc

montre que l’

esprit humain,lai ssé à ses propres

for ces , est capable de travaux soutenus , de découvertes mervei lleuses , d e sys tèmes fécond s , et que

ce même esprit en relation avec les d ieux e t les

dem -dieux,avec les génies et les pr inces de l ’enfer ,

avec les mêmes et les âmes défun tes , n e produi t que

des concepti ons avortées et sans consistance . Là es tle jugement d éfinitif de tout ce débat

Nous ignorons ce que les par ti sans des s ciences

occultes pensen t de M . Lit tré ! mais nous croyon s

qu’ i l es t imposs ible de voi r en lu i un pe tit espr i t,

un esprit ar riér é,le repr ésentant d ’

une philosophiespéculative et nuageuse . Auss i souscr irons —nous à

(1 ) Des sc iences occultes , par E . Salvarte .

(2 ) lol. , ib id . , x1 1i .

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DES SCIENCES OCCULTES . 5

cet arrêt , et nous efforcerons- nous de montrer dans

tout ce l ivre qu’ il n e peut être que le langage de la

raison et du sens commun .

Il nous semble que l’homme s’empare de l ’ima

gination de ses'

semblables de deux façons trés

ditféren tes,ou par une science dont il garde le

secret et don t i l fai t éclater par tout a son gré leseffets mervei lleux , ou par une acti on directe sur le

corp s a l’aide de ce que l’on appelle m agn étisme .

C ’

es t à ce doub ‘

e po int de vue que nous allons envisager les sciences occultes .

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MA G I E . S OR C E L L E R I E.

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10 DES SCIENCES OCCULTES .

mén es naturel s ; mais tout le monde convient auss i

qu’on n e tarda pas à y aj outer les ruses de l’ ima

po sture et les adresses de la super cher ie,de sor te

que cet empire sur les âmes , l égitime d ’abor d,

devenai t un e usurpa tion en r eposant sur le men

songe .

La science des aruspices et des augures,dit

Eusébe Salver te , a dû s ’appuyer d ’observations

appartenant à la physique , la météorologie , ou àl ’histo ire naturelle (l )C ’

es t en effet des temples que se répand it parm i

les profanes un ar t infaillible d ’agir sur la nature

et d ’annoncer l’avenir , qui n’

a fait que s’

altérer et

se corrompre en s’

éloignan t de sa source .

Démosthén es est le premier auteur qui ait signalé

en Grèce l’existence de gens adonnés à la sorceller ie et à la magie c ’é taient des profanes qui avaientrecuei ll i quelques débris de cette science informe

et naïve , n ée dans les temples . Tout lemonde con

naît le massacre desmages après la chute de Smerdis .

De l’

auto‘

r i té religieuse à l ’autor i té poli tique i l n ’y

a qu ’

un pas ; aussi ces deux pu issances furent-elles

souvent j alouses l’une de l ’autre ! I l est peut- êtreplus facile de les réunir en un e même main que de

(1 ) Des scien ces occultes , par E , Salver te ,

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«ti—Ac tu. sonoru s e1r . t t

les fa i re v ivre en bonne in telli gence et sur le pied

d ’égali té .

Lorsque Alexand re envahi t l’As ie,des Grecs vin

ren t s ’établir sur tous les po i nts de cette contr ée ,

et se fi rent ouvr i r les sanctuaires de Phr ygie et de

Syrie , pour obtenir d etre ini ti é s et af fili és à la cor

poration des prêtres . L’

e‘

spr it grec a touj ours été

avide de merveilleux . Dans la seconde idylle deThéocr ite i l es t questi on d’

un enchantement 0pèrèpar une femme ordinaire .

Un contemporain de C i céron , c’

est lui qui le rapporte

,Appius

,se livrait à des expé r iences de psy

choman cie , et deux siècles plus tard Caracalla évo «

que les ombres de Commode et de Sévère .

Au H” si ècle de l’ère chr é tienne , sain t Jus tin

par le de l ’évocati on des morts comme d ’

un fai t que

personne n e révoque en doute . Au m e

,Lactan ce

nous montre les magiciens cherchant,au moyen

d’

appar ition s , à ravir au chris tianisme les sympa

thies que lui valaient ses m iracles et ses vertus , età tr i ompher comme lui des incrédules .

Saint Augustin,au commencement du v

9 S i è cle,

proteste contre les assemblées de sorci ères et le

sabbat .

En France , Grégoire de Tour s parle non—seule

men t de druides , mai s de pythies dans les Gaules ,

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4 2 DES SCIENCES OCCULTES.

et les Cap i tulaz‘

r es de Charlemagne proscrivent sousle n om de S tr iæ les devi neresses .

Vers le mil ieu du vr= s i ècle, les Francs et lesWi si

go ths portent des lois s évères contre la magie.

Quand la loi civile épargnai t les magiciens et lessorciers

,la fureur populaire se permettai t quelque

fois cette justice sommaire et sans appel qui lui es tfamihere. La foule relevait la tète qu’

elle avai t trop

lon gtemps tenue courbée sous le j oug elle se ven

geait de ses terreurs et de son humiliation , et pour

parler comme le poè te , elle foulai t aux pieds avec

p assi on ce qu’

elle avait jusque-là trop redouté .

En Allemagne , les i dées de sorcellerie n e son tpas moins répandues qu

en France Ce sont quel

quefois des soci étés influentes comme les Rose

cro is,à Nuremberg , où pénétra Leibni tz , et où

i l pui sa , di t—on , une instruction qu’ il eû t en vaincherchee a i lleurs . La supersti tion aimem ieux expli

quer ainsi la fortune de ce grand gen1e que de l’at

tr ibuer au travail et à l’ in telli gence . Elle a besoin

de compter de tels hommes parmi ses adeptes pour

qu’on n e croie pas qu’

elle n e réussit qu’

auprès des

sets ou des hallucin ès .

Voici un nécrologue de sorciers et de sorc i è res

qui prouve combien était vive la foi en la sorceller ie et quelle horreur elle inspirai t .

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MAG IE . SORCELLERIE . 1 3

En 1 760, on brûle un e sorc1ere à Wtîrtzbourg ;en Angleterre , la populace noie deux vieilles femmes

en 1 7 51 .

En 1 760,on voi t douze femmes accuséeS… de ma

gie sur le point d’être massacrée s par la multi tude .

Les disciples de Gæssn er et de Shræpfer courent

le même dan ger en 1 7 7 11.En 1 783

,le célèbre historien J . Muller

,et un de

ses ami s faillirent être massacrés dans le canton de

Lucerne . Dans la Flandre orientale,en 1 8 1 7

, un

père assassine sa fi lle âgée de dix ans , et prépare

le même sor t à sa femme et à sa sœur,sous prè

texte qu’

elles sont sorci ères .

Près de Dan tzick , un charlatan accuse un e femme

d ’avoir jeté s ur un malade un sort malfaisant . On

s’

empare de cette malheureuse,on la torture aplu

sieurs reprises pendant deux j ours , on essaye deux

fois de la noyer,on fin it par l

assass in er à coups de

marteau .

L ’auteur auquel nous empruntons tous ces détails

aj oute un trait que nous n e pouvons passer sous

s ilen ce : En 1 8 26,la v i lle de Spire a é té le théâtre

d’

un scandale affli geant . L’évêque de cette ville ,mort à l’âge de quatre—vingt- deux ans , et qui avai tlégué 20000 florins à sa cathédrale , n

a point été

enterré comme ses prédécesseurs , dans un e cha

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1 lt DES SCIENCES OCCULTES

pelle de s on église ; le clergé n’a voulu p rendr e

aucune par t à ses funérai lles , parce qu’il acc‘usai t

ce vénérable prélat de sorceller ie

Et voilà les honneur s que vaut à la véri tablescience la science des charlatan s l

Ce qu’ i l y a de tr i s te à dire , c’

es t que la cr èduli té aveugle n e se lasse point d

’accepter toutes les

fables qu’on lu i débi te sur cette pui ssance mystè

r ieuse,et que dans nos campagnes en en est au point

où l’on en étai t au moyen âge , malgré les déconvenues de maints sor ciers , et les échecs réitér és queleur fa i t subir la justice humaine toutes les fo i s que

la super cherie dev ient tragique et se tourne en

crim e .

Dans un de nos? plus riches et de nos plus pupuleux départements , entre la Scarpa, l

Escaut et la

Baule,vivai t un j eune homin e fort célèbre qu’

on

appelai t le p eti t s or cier . Il exerçai t sur tous les

esprits de son v illage et des villages voisins un em

pire souverain . Il avai t persuad é à de bon nes gensqu ’ils devaient s e lai s ser tuer

,en leur pr omettan t

sans doute de les ressusci ter dans un e condition

me illeure . On s ’empare du sorcier ; il est condamné

à mort .

(1 ) Des scien ces occultes , par E , Salverte , page 296 ,

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MAGIE . SORCELLRRIE . 1 5

Le j our de l’

exécution , un e foule immense se

pressai t sur la place où était dressé l’èchafaud . On

était convaincu que le sorcier n e se lai sserai t pas

mettre à mort , qu’i l saurai t conjurer le coup fatal

,

ou que si l’on r éussissai t à le frapper

,il se r essusci «

terai t aussi tô t . Tout le monde étai t là pour assister

à ce triomphe de la sorcellerie . Cela se passait dansla seconde m oi ti é de l ’annee 1 86 1 . J e n e sai s quelles

réflexi ons dut faire la foule en se retirant,mais i l

serait b ien à désirer qu ’avec cette tête tombât sa

derni ère illusion .

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“a gn é t i s m e .

Tout ce qui précède nous montre que l a cr édu

l ité a des sui tes aussi funestes que l’

in cr èdulitè,

et nous fait comprendre la d octr ine d’

Ar istoté qu i

prétend que la vertu consi ste , en ce cas,à tenir le

mil ieu . C ’

est ce que nous essayerons de faire en trai

tan t du magnétisme .

Magnétiser un e personne,c’est la mettre dan s

une si tuation de corps et d’

espri t telle qu’

elle sache

une foule de choses qu ’

elle ignore dans l’état ord i

n aire , et qu’

elle n e se s ouvienne plus d ’avoir su

un e fois revenue à elle-même . Quelqu’

un qui a vude ses propres yeux , et en tendu de ses p ropresoreilles un sujet ains i disposé , n e peu t év i demmentpas dou ter du fai t ; quant à l

expliquer , c’

est autre

chose . I l tient au problème jusqu’ i c i resté obscurde l ’union de l ’âme et du cor ps , et de leur mutelle

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2 0 îDES SCIENCES OCCULTES .

influence . La physiologie et la psychologie ont , ceme semble , beaucoup de progrès à faire pour éclairer ce mystère . Aussi les explications de l ’état ma

gn étique se sont elles multipli ées sans qu’on soit

parvenu à s ’entendre . Les un s veulent tout expliquer par un certain fluide qui i rai t du magnéti seur

à la personne sur laquelle i l opère de nombreuses

expériences ont été faites p ou r appuyer cette théor ie

,mais malheureusement un plus grand nombre

d ’

expériences,faites dans un e intention con tra i re ,

paraissent détruire cette explication . On peut consulter sur ce point un livre écri t avec beaucoup de

verve et deconv i ction,i ntitul é D u magné tisme et

des s cien ces occultes“

D ’autres n e veulen t voi r dans ce phénomène sin

gulier qu’

un effet de l ’imagin ation . C ’

es t l’

âme qui

parle à l’âme , la dom ine et l’

assujettit ases volontés .

Nous croyons que la cause dumagnétisme est moins

s imple qu’on n e paraît le croire. Tous les ind ividus ,d i t- on

,n e sont pas propres à être magnétisés ; i l y

a des n atures rebelles à toute instrumentation , i l

y en a qui cèdent ala prem i ère passe les meilleurs

sujets sont les âmes faibles , et les corps dél icats et

nerveux . Ne p ourrait-on pas regarder l’état magné

tique comme un état morbide momentané , et ren

(1) Par A . 8 . Mor in .

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MAGNÉT ISME . 2 1

voyer a la patholog i e l ’honneur de découvr ir lesvér i tables causes de cette maladie artificielle ? Il sepasse

,en effet , dan s ce cas , un fai t qu

’on n e saurait

révoquer en doute,c

est I’in sen sibilitè réelle du

sujet magnéti s é c ’est b ien là un phénom ène phy

s iologique du domaine de la médecine , en n e pour

rait le contester , et ce n ’

est pas le plus facile à

comprendre . Enfin on a remplac é plusieur s fois le

chloroforme par l ’action magnétique , et les opéra

tions chirurgicales n ’on t pas moins réussi par ce

second moyen que par le premier .

Pour le philosophe , i l n'a qu’

une chose à fairec’es t de dresser un e s tatistique de tous les fai ts , de

tous les témoins qui établissent la réali té du magné

tisme,d ’appliquer à cette recherche les règles de

la cr it ique historique , de façon à d écouvr i r et a

m ontrer où est la supercher ie et le mensonge , où

est la vérité .

On fai t généralemen t remonter la connai ssance

et la propagati on du magnéti sme à l ’arr ivée deMesmer à Par i s , par conséquen t à quatre—ving ts ans .

Depuis se font form ées de nombreuses socié tés des

tin ées à répandre partout l’

usage et les pratiques

de cette science nouvelle . Renonçant au ti tre d ’

oc

culte, qui n e peut plus avoir de sens dans notre

siècle, elle a cherchè le grand j our , provoqué l

ea

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2 2 DES SCIENCES OCCULTES

men,accepté le défi des comm i ssi ons scienti fi ques .

Voici quelques mo ts sur l ’organisati on de ces sociè

tés Il exis te à Par i s un e société de mesmer1sme ,consacr ée à la propagation du magnétisme . Elleétait composée jusqu

à ces derniers temps d ’

environ

c en t cin qùan le membres , et elle se renouvelai t chaqueannée d ’à peu près un dixième . Parmi les membresanciens ou actuels

,en compte des médecins , des

avocats,des i ngen ieurs , des hommes de le ttres

Cette soci été a tenu pendan t quatorze an s

(1 8 1111 , deux fo i s par semaine , des séances

publiques d ’

expér imen tation d ans la vaste salle du

Wauxhall, qui peut con tenir environ m ille spectaa

teurs . Le nombre des personnes soumises à l’expé

r ien ce étai t, par au , de 1 15110. En faisant le r elevédes personnes qui déclaraient avoi r ressenti les

effets du magnétisme , et de celles qui dèclaraien t

n’avoi r r ien r essenti le nombre des prem i ères

forme en moyenne les Ii /ôe s

du total,soi t 1 1 5 2

par au,et pour dix an s 1 1 5 220

Il y a en outre à Paris un e autre soci été appelée

philan thr0p ico—magnétique qui pendant le même

temps tenai t des séance s semblables , mais seule

( 1 ) D u magn étisme et des sc ien ces occultes , par Morin , p . 1 1 5

(2 ) là.,ib id .

, p . 4 5 .

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MAGNÉT ISME . 2 3

ment un e fo i s par mo i s . On n ’y magnéti sait que36 per son nes par séance , ce qui pour dix an s ferme

un con tingen t de nero . La moyenn e des suj ets

sensibles é tant également d e ü/5 , on a ainsi un

nombre de 3ho0 à aj outer à celui de 1 1

J e pense que l’

auteur qui nous donne cet te s ta

tistique , n e se fait pas d’illusion sur le degr e d ’ap a

proximation de ses calculs . Il est imposs ible , ce me

semble , que la fraction ü/ 5 , en supposant qu’

ellesoi t vraie des prem i ères expér iences e t des r éuni onsdu Wauxhall, so i t exacte quand i l s

’agi t des assem a

blees de la Société ph ilan thropico -magné tique . A

moins que celle-ci n ’ai t chois i elleamême ses spec

tateur s et ses sujets , ce qu i enlèverai t beaucoup d evaleur aux expér iences , on do i t penser qu’ i l es t

impossible que les deux assemblées so ien t compo

sées exactement des mêmes éléments , et savoir qu’

un

publi c que la Curi osi té seule a ttire doit se r enouveler

d ’

une séance à l’autre . S i les opérateur s n ’

on t pri s

leurs suj ets qu ’au sei n d ’

une assembl ée touj our s

composée des mêmes membres , le chiffre n e si gnifi e

absolumen t rien . Les cur ieux n e tardent pas à de

venir des fanatiques , des hallucin ès , des compèress

i ls on t été pri s au hasard , i l p rouverai t quelque

(1 ) Da magn étisme et des sc ien ces occultes , par Morin , p . 1 6 .

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2 li DES SCIENCES OCCULTES .

chose, que le magn étisme ,

par exemple , n’

est po intun e reven e .

Quoi qu’ i l en soi t,lemagn éti sme se propagea avec

une telle rapidi té,s ’empara de tant d ’

espr its , émut

s i v ivement l’0p in ion publique,qu’

en 1 78 1: la Fa

culté de m édecine fut sais ie de cette questi on Qu’

y

a—t-il de vrai, qu

y a- t- i l de faux dans le magnéti sme?

Est— cc une mode , un engouement produi t par le

char latani sme de quelques i gnorants,ou y a— t— il

quelque chose de réel dans cette pu i ssance de l’

opé

rateur sur quelques âmes faibles ?

La commi ssi on s ’adj oign it quelques membres del’

Académie des sciences . On peut ci ter les noms deFranklin , Lavo isier , Bailly , parmi les savahts i llustres auxquels étai t soumise cette question . Bailly

fut rappor teur . La conclusi on fut que tous les e;7”ets

d u magn étism e n’

éta ien t n'as qu’

à l’

imag in a tion .

O n repond que la sc ience officielle , la science des

corps savants es t rout ini ère de son fai t et ennemiedes nouveautés . Aussi —le magnétisme n e se regardepas comme battu ,

il en appelle de cette décision à

un tr ibun al mi eux inform é . Il n’a cessé de faire des

progrès depui s ce premier jugement . C’

est là un

argument dont il faut tenir compte .

En 1 8 2 5,l’

Académie de médecine , sur l a de

mande de M . Foissac , décida qu’

une commi ssion

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DES SCIENCES OCCULTES .

en changeant les condi tions,on a vu les opérateurs

échouer .

Un des dons les plus merveilleux que le magné

tisme fasse au sujet sur lequel i l opère , c’

est le donde seconde vue . On sai t en quoi i l consiste .…La per

sonne ainsi endorm ie li t à traver s les ti ssus les plus

épais que l’

on place sur ses yeux , elle l i t un e lettrefermé e eû t —elle plusieurs enve10ppes . Or . i l fu t

propose un pr ix de 3000 francs , ayant n om de pr ix

Burdin,a qui lirait Sans le secours des yeux . Un e

commiss ion fut formée pour juger le fai t pendanttroi s ans le pr ix fut tenu à la dispositi on de celu i

qui voudrait tenter l’aventure , et la commi ssion se

tint pr ête a repondre au premier appel . Personnen e parut . Soi t dès intèressemen t , soi t peur du grandj our , aucun magnéti seur n

’osa se présenter devantdes juges que l

’on regardai t comme incor ruptibles

la somme pourtant en valai t la peine ; mais un échecétai t la ruine de tous ceux qui exploi taient l a crèdulitè publique . Tout b ien pes é

,le calcul é tait jus te .

Mais c’est là un fai t qu’il es t bon de por ter à la

connaissance de ceux qui n’

efi tendent que le lan

gage touj ours peu modeste des maîtres ès magnéti sme

(1 ) Voyez Des hallac in ation s , ou histoire raisonn ée des appa

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MAGNETI SME .

Apr ès 3 etre moqué de plusieurs scènes de s om

n ambulisme lucide, qui n e se trouveraient pas

déplacées dans Moli è re , c ertains auteurs en citent

dont ils garanti ssent l’authenticité . Il s ’agit alorsd ’

expliquer ces m i racles de lucid i té d ont on n e voitaucun moyen de d outer . Ainsi

,vous parlez à un

somnambule un langage qu ’i l n e connaît pas,et i l

répond à vos quest ions . Et cependant si vous ouvrez

au hasard un l ivre écri t dans cette même langue,

de sorte que vous n e sachiez pas ce que contient le

passage indiqué , le sujet de votre expérience n’

en

pourra pas lire un mot : I l est donc cer tain que lapersonne n e sai t pas un mot de la langue en laquellevous l’in ter rogez ,

et i l n ’

est; pas moins certain

qu’

elle comprend vos demandes en cette même

langue,et y r épond de manière à prouver que vous

avez été compri s . Comment concilier ces deux faits ,comment les expliquer ? Trouver un e plausible ex

pli cation ,c’est assurément les rendre beaucoup

plus cr ovables . Mai s si l ’on n ’y peut parvenir,n e

sentira—t—on pas ébr anlée la foi aux’

phén omènes e t

en ceux qui en déposent ?

La logique, j e le sai s

,nous d éfend de nier la

r ition s , des vis ion s , des songes , de l’

eœtase, des r ênes , du magn é

ti sme et du somnambulismc, par B rierre d e Bo ismont . 3 e édition .

Deux dé claration s de l’auteur , p . 3 à7—3 5 8 .

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2 8 DES SC IENCES OCCULTES.

réalité de tout ce qui échappe à notre science ou à

notre raison . Nous dou terons , mais nous n e nierons

pas ; voilà tout . Et sur tou t nous nous garder ons

b ien d ’oublier qu’

à propos de cette lucid i té,les

manœuvres d ’

un grand nombre de charlatans ont

été dévoil ées ; nous nous tiendr ons sur la r éserve .

En ces mati ères , où l’on entend des affirmations si

tranchantes , où l’on es t témoin d

en thousuasmes s i

insensé s,d

admiration s s i folles,douter , être en

défiance , c’

est plus qu ’

un commencement de sa

gesse .

Or voici comment on explique la seconde vue

dont on nous cite des exemples si surprenants

Nous"

n e pouvon s penser sans que notre cerveaun e Cet organe reçoi t de chaque effor t

intellectuel un e mod ification : toute pensée y es t

écri te,i l n e s’agi t que de savo ir la l ire

Voilà d onc la pensée qui se grave en caractères

fort l i sibles sur la substance grise,ou sur la sub

stance blanche , qui , réun ies , forment le cerveau , j e

n e sai s,l’auteur n e le di t pas . Ces caractères n e

composent point des mots anglais,voilà ce qu’i l y

a de certain , autrement le lucid e n e l irai t p as plus

dans le cerveau que sur“

le l ivre anglais qu’on lui

( 4 ) M . Mor in . loc . c i t . , p . 2 86 .

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MAGNÉT ISME 9

présente . Ces lettres , ces signes , aes symboles

représentent la pensée pure , la pensée telle qu’

ellees t avan t d

être exprim ée par les mots d’

une languequelconque

,vou s comprenez . Il faut que l

individu

forme et combine ses 1dées sans employer le momdres igne;pendant ce tr avail qui n e dure qu

un m illiéme

de seconde , car la pensée n e peut se soutenir —l ong

temps seule à ce degr é d ’abstraction et de généra

lité 'à cet instant l ’effort est marqué dans l ’organecéré bral par des saill ies, des rel iefs , ou peut- ê tre

des couleurs des teintes , que sms—j e ? Car enfin ces

signes r epresentan t la pensée pure do ivent êtrematériel s p our être sai si s par le sujet magnétiséi l n e s

agi t que d e s avoir les lir e,comme nous le

di t trés-bien l’ingén ieux inventeur de cette théorie .

Il paraî t que ce n ’

es t pas un e science d ’ailleurs bien

difficile- à acqueri r . Nulle part on n e l’enseigne l a

physiolog1e n ’a pas encore découvert cette langues i curieuse

,mais chaque lucide la dev ine, grâce à

cet instinct merveilleux qui le qu i tte avec le som

mei l . Mai s n e pourrait—ou pas tenter à ce sujet uneexp érience bien simple ? Au lieu de faire au patient

une foule de ques ti on s in s ign ifian tes et décousues ,n e pourrait- on pas lui demander comment i l li t

dans le cerveau‘

de celui qui lui pa r le , do quelle

nature sont les caractères qu’ il y aperçoit . Les ré

2 .

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30 DES SGIENCES OCCULTES .

pouses formeraien t un e des pages les plus in téressantes et les plus neuves de la physiologie moderneainsi se trouverai t la valeur d

une de ces nombreuses

inconnues que renferme le d itfi cile pr oblème desrapports de l’âme avec le corp s . Nous fai sons desvœux pour que les magnétiseur s tournent de ce côtéleurs recherches ; on n e saurait plus douter de l ’uti

li té de leur science dè s qu’

elle donnerait des resultats aussi précieux .

Nous venons de voir que les sujets lucides saventlire ce que n e saurai t l ire aucune personne à qui

serai t refu sé le don de lucid it é . Qu’

un e personneli se

,passe encore , mais un e table , voilà qui est plus

étonnant . Un e table tourne entre les mains—

de gens

qui voudraient la retenir , elle frappe du pied pourrép ondre à toutes les questions qu’on lui po se , et

excelle dans le langage des chiffres . C‘

es t au com

men cemen t de 1 8 53 qu’on entend par ler pour la

premi ère fois de ce pr od ige en France,et depuis

que d’obj ets ont tourné

,par l é, écri t , qui jusqu

’à

cette époque n’avaient donné aucune preuve de ce

merveilleux talent ! J e m’

étonne que les tables , ettout ce qui peu t tour—n er , n

’aient pas appelé plus

tô t l ’attention de l’homme sur les précieuses qua

li tés qu’

elles devaient posséder dés les temps lesplus recul és . Quelques mouvements spon tané s ,

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MAGNÉT ISME .

étranges , bizarres , inattendus , auraient—

suffi pour

donner l ’éveil aux natures même les moin s por téesà l ’observati on . Elles devaient languir dans l’ob scur ité hum i liante où on les tenai t

,dan s l’emplor

subalterne où on les rel éguait . Le temps devaitleur durer de faire montre de leur incomparable

science , et de par tager avec l’homme la considér a

tion qui s’attache au savoir . Leu

r s r edoutables gen

tillesses et leurs terribles indiscrét ions n e pouvaient

d ’ailleurs aj outer à l’estime , où l’on devai t les tenir

,

qu ’

un peu de cette cr ainte respectueu se,de cette

terreur secrète qui n e nui t poin t à la consid ération .

Comment se fai t—il que les tables n’aient commencé

à tourner que depui s le moment où l’on s ’est avisé

de penser qu ’

elles pouva i ent tourner ? Il y a là matière à réflexion .

Mai s il n e faut r ien pré juger en de pareils suj ets ,e t tout soupçon serai t injur ieux . Recueillons lesfai ts

,cela doi t nous suffire . Nous n ’avons pa s à j uger

i ci la doctr i ne spir ite,telle qu

elle es t exposée dans

ses livres s acrés , r édigés avec le plus grand som

par un ancien paysan bas-br eton nommé Allan ! ardec , et revenu en ce monde avec le n om de Rivail ;

nous n e par lerons que de ses pratiques e t des épreu

ves auxquelles ou l ’a soum i se .

Suivant ces n ouveaux d o cteurs , ce sont des esp r i ts ,

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3 2 DES SCIENCES OCCULTES .

c’est-â-d ire 1 ame de quelque défunt qui parle dansles tables , ou dans les sujets sur lesquels opèr ent

les chefs sp ir i tes . Les tables r épondent aux ques

t ions qu’on leur fait en frappant de peti ts coups,les

personnes en faisant entendre de petits bru i ts mystér ieux . Ces ê tres d épositaires de la vér ité

,inter

médiaires entre elle et l ’homme qui i gnore et désires’

in str uire , ces êtres se nommen t des m éd ium s .

Nous en par ler ons plus au long dans un e autre par

tie ; nous devon s seulement fai re savoir ici qu’

unedes aut or ités les plus graves de l’École déclare quesur di x personnes on trouve touj our s neufmédiums .

La chose es t donc trop peu rare pour qu’

on n e

pu i sse à son g ré fai re des expériences à peu de

frai s .

Or,voi ci un e expér ience que nos lecteur s pour

ront trouver intéressan te . il y avai t dans l’Un ionamé ri ca i ne des demo i selles Fox qu i faisaient enten

dre des bru its mystérieux dont nous parl i ons plus

haut . Bien des personnes supposèrent que ces br ui ts

é taient dus à quelques tours d ’ad resse . On chercha

longtemps sans pouvoir r ien découvr ir . Enfin,le

docteur Flin t,professeur de

clinique méd icale à

l’

Un iversité de Buffalo , fut plus heureux dans ses

recherches . Il observa avec so in et i l cr ut remar

quer que la plus jeune semblait , pendant ces exer

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34 DES SCIENCES OCCULTES .

assis en demiæercte , attendiren t tranqui llement les

manifestati ons pendant une demi—heure , les Esprits

restèren t muets . On changea alors la positi on de laplus jeune sœur on la fit asseoir les jambes éten

dues sur le divan ; sa sœur aîn ée à la manière ordi

naire , à l’

autre bout du même silence desEsprits . Cette seconde expérience n ous confirma

dans l’

0pinion que laplus jeune seule avait la facultéde produ ire des frappements . On continua cette

expérience jusqu’

à ce que les frappeuses ellesmêmes avouassen t qu

’ il étai t inutile de persister

davan tage . Quand on leur eut rendu la”

position

hab ituelle les coU ps commencèren t bientôt à se faireentendre (i ) !

Voilà des expériences bien convaincantes ; ehbien , il est des personnes qui ne veulent pas êtreconvaincues elles aimen t mieux ê tre dupes , comme

ces femmes qui , battues par leur mari , r épondent àceux qu1 in terviennen t qu

’ i l leur plaît d’être bat s

tues .

Toutefois nous ne nous en tiendrons pas là ; nousessayerons de forcer leur cpin iâtreté en leur racontan t de nouveaux faits , dont nous tirerons une conelus ion générale .

(1 ) M . Mor in, loc« czt . , p . M l) , Mi i , àà2 .

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MAGNÉTI SME . sa

Les méd iums savent tout , nous assurefñt ceux qui

les font parler les exceptions confi rment la r égle .

J’

as s istai8 , dit l’auteur déj à cité

,à un e soi rée où

se trouvai t un m éd ium ecr i va in tr ès - célèbre c’

est

un e demoi selle par l’intermédiaire de laquelle plu

sieurs personnages historiques dnt écri t leur vie .

Ce j our-a la, c’était Lou i s XI qui conduisai t sa main .

Un invita les spectateurs à lui faire des questi ons .

J e demandai ace r oi si , au l ieu d’

employer le fran

çais d’auj our d ’hui

,i l n e pourrai t pas écri re quel

ques lignes dan s la langue de son temps , cel le de

Comm ines . Répon se Pas d ’

épreuve. M . Piérat (1…a fai t des études appro fondies sur l

histoire des

provinces du Nord,pr ia Loui s XI de donner des

éclai rcissements sur certaines par ticulari tés du si égé

de Maubeuge dont n e parle aucun historien . La

réponse fut encore la même Pas d’

eÿoreutye‘

(i ) .

Il est malheureux pour la science que les Esprits

se réservent un certain nombre de question s ,—car on

aurai t depu i s longtemps résolu le problème histo=

r ique , regardé jusqu’ici comme insoluble,de

l’

Homm e au m asque d e fer .

S i les Sp ir ites‘

ne répondent pas toujours quand

on les interroge, ils se déd ommagent souvent et

tt. ) M . Morin, ?oo; m .

, p . s on

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3 6 DES SCIENCES OCCULTES .

beaucoup quand on n e les in terroge pas . Ils publientles oracles qu

ils on trecueillis de labouche des grand s

hommes des temps passés avec lesquels i ls v iventdans un e honorable famili ar i t é c

estain s i quenous

avons un sermon de saint Louis sur l’

avar ice . La

Revue es t tolérante,et respecte ce qu ’on s’es t av i sé

d ’appeler de no tre temps la couleur localc . Sain t Louis

devait croire à l’immor talité de l ’âme , à un avenir de

pei nes et de récompenses ; r ien de plus naturel quede mettre dans sa bouche des anathèmes contrel’

avar ice et la menace de châtiments éternels .

L’

Église spir ite , di t-on , n e croi t pas à l’

en fer ; doué

contradiction,inadver tance . Non . M . ! ardec n ’y

croit pas,je le veux bien , c

es t son d roit ; mai s à qui

fera— t on admetre que saint Loui s n’y cr oyait pas ?

C ’

es t pr éci sément cette contradiction qu i me paraît

la,

mar que év idente de la sincér i té des propagationsde la nouvelle doctr ine . Le saint Lou i s qui vous

parle,c ’

est le vrai saint Loui s d ’autrefo i s ; rien n’a

chan gé en lui,ma i s les temps ont changé

,les

croyances ont changé , les sentiments ont chan gé ,les hommes ont changé , et le spir itisme est le ré

sumé de tous ces progr ès accomplis . Laissez cet

ancien parler de l ’éternité des peines en l’autre vie;

la Revue n e sera qu ’

un fi dèle rappor teur,qu’

un

écho de la tombe , ainsi qu’on le d irai t dans le style

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MAGNÉTI SME . 3 7

de cette Église . Une seule chose m etoune , c’

est

que ce sermon ressemble s i fort à un e amplification

d’

écolier vraiment personne n ’avai t j amais vu trace

de rh éteur en saint Loui s . Ce seul trai t me ferait

douter de la plume à laquelle on attribue cette cu

ri euse pièce d ’

éloquen ce . Et j e cro is qu’i l n e fau

drait pas chercher bien lo in pour trouver entre cette

p i ece et d ’autres morceaux de moins auguste ori

gine un air de fam ille .

Mai s i l est dans ces évocati ons des choses pluscurieuses . Voltaire interpell é dans un cercle , dont

les opinions sont bien connues , maintient ses atta

ques contre le christianisme ; évoqué d ans le cercle

de la Nouvelle- Or léans,i l fulmine contre le catho

licisme et adhère à la doctrine des évocateurs évo

qué par le catholique M . Carion , i l fait professionde fo i catholique , rétracte ses impiétés et signe

même un désaveu dont le fac s im i le se trouve en

tête du l ivre intitulé Lettr es sur les évocation s .

Evidemmen t i l se j oue là un e i ndigne coméd ie .

Oui la j oue? On le voit bien . Mais j e pense qu’i l se

rait de bon ton de respecter les morts ; de n e pas

les faire ressembler à ce personnage unique qui ,dérobé parun eplanche à un crédule publi c d ’

enfants ,chan ge de voix pour j ouer les rôles les . plus d ivers ;i l serait de bon ton de respecter les vivants , et de

T ISSANDIER . 3

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3 8 DES SCIENCES OCCULTES

n e pas chercher à les amuser ou a les piper par

d’

indécen tes farces et de puériles simagrées . l l s era i t temps que les prétendus esprits forts secouas

sent le j oug de cette honteuse supersti tion don t on

les charme ; car i l est plus log i que et plus digne dela raison humaine de n e cro ire à rien que d

ac

cepter cet amas de contradicti ons et de super

cheries .

Mais laissons les morts anciens et illustres , rever

nons à des noms plus obscurs et à des fai ts n on

moins concluan ts .

Une dame de mes amies , dit M . Morin , quiavai t évoqué son mari et qui voulai t qu

’i l ind iquât

son prénom , écrivit , comme on le lui ordonna , dixnoms parmi lesquels était le prénom à d écouvrir .

La corbeille (que faisai t mouvoir l’

Espr i t) se m it en

marche ; elle parcourait lentement la elle

finit par pointer au hasard elle s ’étai t fourvoyée .

E lle recommença sans se décourager , indiqua un

second n om , pu i s un trois i ème , et alla ainsi jusqu’à

sept sans rencontrer la corbeille dépitée

finit par donner sa langue aux chiens

Voilà pour les erreurs comptonsmaintenant tous

les refus de repondre aux questions qu’on adresse

(1 ) M. Morin , lo‘

c . cit. , p. 1107 .

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MAGNÉT lSME . 39

aux Esprits ; tous les échecs devant comm1ssmn s ;

et nous verrons que le nombre des vérités apportées

en ce’

mon de par ces chevaliers errants du sp i riti sme n ’

est pas con sid érable , et que l’

esprit humain

pouvait se passer de leur concours .

Un écrivain , qui dernièrement a fait grand brui t

d ans le monde , qui a eu un succès vraiment popu

laire , a émi s , entre m ille autres , un e id ée qu’on a

trouvée singuli èrement in génieuse . Toutes les foisqu’i l s ’agit d ’

un fait qu ’on n e saurait expliquer par

le cours naturel des choses , on doi t n ommer un e

commi ssion d ’hommes compéten ts , et ce que celle- ci

décidera sera chose jugée. C ’

est ainsi que les

sciences naturelles donn eront la main à la cri

tique historique , et formeront un e bar ri ère contre

l a supercherie et les surpri ses du mensonge . Que

la foule se montre don c logique et con s équente dans

son admirati on ; qu’

elle prouve que ce qu’

elle ad

m ire elle le comprend , et que ce qu’

elle comprend

elle l’

adop te ; que rien n’

est p our elle l’objet d ’

un

aveugle engouement , d’

un sentimen t frivole et pas

sager . Le précepte qui , dans un cas , lui a paru sou

verain emen t sage , elle doit l’appliquer à la conduite

de la vie enti ère . Or,voici le résul tat des épreuves

auxquelles on a soumi s la doctrine que nous étu

d ions .

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DES SCIENCES OCCULTES .

En 1 857, des personnes de l a vi lle de Bos ton ”

dont les oreilles étaient rebattues des récits sp i ri tes,

pensèrent que pour en finir, le _meilleur moyen étai t

de faire un défi publi c , semblable à celui de M . Bur

d in dont nous avons rendu compte . Un e offre de500 dollars (2 700 fr . ) fut faite , par l ’organe duBos ton C our ier , à toute personne qui , en présence

et à la satisfaction d ’

un certain nombre de profes

scurs de l’Un iversité , reprodu irai t quelques-un s deces phénomènes que les sp iri tes d i sent s

exécuter

j ournellement par l ’ in termédiaire des médiums . Le

défi fut accepté par le docteur Gardner et par plusieurs personnes qui se vantaient d ’être en com

mun ication avec les Esprits . Les concurrents se

reun i ren t dans les bâtiments d’

Albion,à Boston .

Parm i eux on remarquait les fameuses demoiselles

Fox . La commi ssion se composait de quatre savants

tr ès-d is tingués . Les essais durèrent plus ieur s j ours ;ils furent tous infructueux , ain si que le constate lepassage suivant du rapport de la comm ission . La

comm is si on déclare que le docteur Gardner n’ayan t

pas réussi à lui présenter un agent ou m éd ium qui

révélât le mot confi é aux Espri ts dan s un e chambrevmsme , qui lû t le mot anglais écrit à l

’intérieur

d’

un l ivre ou sur un e feuille de papier pli ée, qui

répondit à un e question que les intelligences seules

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[1 2 DES SCIENCES OCCULTES .

Les échecs n e viennent pas touj ours de ce dedai

gueux si lence , qui annonce que la digni té du“

sec

taire et de l ’homme est offensée on y t rouve quèt

quefo is tout le com ique d’

une mésaventure où ler idicule le dispute à la crédul i té . Voici un dern ier

trait que je n e sache pas qu’on ait contesté .

Au mois de j anvier 4 859, j e me trouvais unson chez M . Piérar t , écrivain Spiri te . Il . y avait,entre autres p ersonnes

,M. Gérard , cenü garde ,

teur d ’

un peti t ouvrage sur le magnétisme , et une

dame qui s’ occupait de magie n oir e . Elle n ous

as

sura qu’

elle avai t suiv i le rituel prescri t dans lesgrimo ires , et qu

elle avait réuss i dans tout ce qu’

elle

avait entrepri s . Chacun exprhua le désir de renouœ

veler quelqu’

un e des épreuves . La dame alla cher

cher les SIX gr imoires . On choisi t parm i les six gri

moires celui d’

Hon or ius , qui passe pour le pluseffi cace . Le maî tre de mai son p ri t dans ce l ivre un e

évocation à Satan et la récita ahaute Tout àcoup on entend une Voix qui semblai t venir d

en

haut c’é tait comme un sourd gémissement . Quel—i

ques personnes se tr oublant le gémissemen t recom«

M . Piérar t, en pro ie à un e v ive agitation ,ouvr e la por te i l trouve sur le palier une servan te

qui déclare avoir entendu des brui ts étranges , et

elle nous cer tifia qu’i l n ’

y avai t personne dans les

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MAGNÉTISME . L’

t 3

chambres voi sines . Plus de doute , c’

est un espr i t .M . Gérar d offre bravement de l

in ter roger . I l s ’écrieAu n om de Dieu ,

i1ui é s—tu ? Pas de r ép onse . Eh

bien , alor s , au n om du diable , qu i é s—tu ? Silenceprolongé . J

approch e alors d u mur d’où avaient

paru sorti r les gémi ssements et dan s lequel é tai tun

poêle . J e frappe tr ois coups sur ce mur et je crie

Qui es - tu ? Un e vo ix répond Augu ste . Que

fais—tu ? — Je ram one .

— Et au n om de qui ramones »

tu? — Restaurant (i ) .

Voilà un e anecdote qui peut b ien faire rire, mai s

on n’

en”

a guère le courage quand on songe à tou t

ce qui se per d d’

esprit , de bon sens , de santé à ces

v i lains j eux . S i les i nventeurs et les propagateursde ces misérables j ongleries n e faisaient que des

dupes , c’

est- à-dire se contentaient de faire prendre

l’erreur pour la vérité , peut-être faudrait—il se moquer de la sotte créduli té de ceux qui les écoutent ,et les railler plutô t que de les plaindre . Mais ce

qu’

i l fau drai t faire , ce que , j’

espère , on fera b ientôt

p our l ’édifi cation de tous , ce sera la statistique de

toutes les âmes que ces préoccupations égarent de

toutes les personnes que cette ri di cule folie a tuees .

Toutefois , il faut le déclarer i ci , i l faut le dire

(1 ) Page 4 5 7 ,

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Mt DES SC IENCES OCCULTES.

bien haut : les imposteurs ne sont pas les seuls cou

pables . Il serait plus commode de donner toutes

leurs dupes pour des victimes et d’

en faire un lamen

table tableau . Le pa thé tique pourrait y tr ouver son

compte , mais la vér i té n’

y trouverait pas le sien . Il

serait tr0p S imple de faire cr oire au pouvoir irré

s istible de ces enchanteurs . Il est une i llusion qu’ i l

est temp s de dissiper .

S i l’homme reçoit en naissant des aptitudes intellec tuelles , des facultés diverses qui lui permettent

d’atteindre sa fin ; ces facultés n e se développentpoint d ’

elles —mêmes , comme le germe de la plant

les circons tances .extérieures peuvent beaucoupmais elles n e peuvent pas tout . I l est besoin , pour

qu’

elles grandissent de j our en j our et a rr ivent à

leur complet épanou i ssement , d’

un effor t qui parte

de la volonte meme ; et cette volonté les doit touj ours tenir sous son empire , sans leur permettre un

seul instant d ’agir d ’

elles-mêmes ou sous un e i ii

fiuence qu’

elle a le devoir de repousser . U n m ol

abandon ou un moment d ’oubli dans cette survei l

lance obligatoire , dans cette direction nécessaire ,

peut tout perdre c’est le moment que saisi t lacuriosi té pour nous pousser à la plus déplorablei ndi scrétion . On n e peut pas dire que ce soi t seule

ment le sentiment de l’

indépendance qui nous porte

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MAGNÉTISME .

à nous soustraire à cette vi gilance in commode , à

cette autor i té j alouse de l a volonté . Il y a encoreun e autr e cause qu i mer i te d

’étr e si gnalée . Diri gées

par la volonté , toutes nos facult és paraissent n’

ar

river qu’

à des pensées vulgair es , et n e sor ten t j amai s

de l a sphère moyenne du sens commun . Mais quel ’on abandonne l ’imaginati on à elle—même , comme

elle multiplie ses concepti ons , comm e elle les varie

à l ’ infini , comme tou t'

paraît plus grandio se,plus

sai sissant,plus or i ginal ! Sa pu issance , on le d irait ,

a d oublé . Il arrive alors à l ’homme éveillé ce quiarr ive à l ’homme qui dor t . Lisez le l ivre d

Alber t

Lemoine sur le s omm eil, ou celu i de Maury sur lemême sujet . Vous verrez que le reve n ’

est s i é trange ,

que l’

imagination n e s ’y m ontre si fer tileque parce

que nous n’avons plus la direction de nos facul tés

intellectuelles . On a raison de d ire qu ’ i l est des

rêves pour l’homme qui veille . J e n e parle pas de

cette rêverie douce , calme , innocente , qui nous bercequelques instants , et cesse au premi er S ignal de la

volonté . J e veux parler de cette disposition d ’

une

i ntelli gence sans r ègle ni mesure, qu i g ross i t tout ,

exagère tout , enfle tout,broui lle tout

,fait un e

r éal i té à sa mode , et se laisse sans cesse pr end re

aux trompeuses amorces de la nouveauté . Cettepu issan te activ ité de l’imagination ,

nous la prenons3 .

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[16 DES SCIENCES OCCULTES .

pour un accroissemen t de la pu i ssance de notre

esprit nous nous croyons plus féconds , parce que

n ous sommes plus l ibres ; n ous pensons que cet

affranchi ssement est pour notre intelligence le com

mencemen t de sa grandeur ; nous trouvons à notrerévolte l’excuse la plus flatteuse . Mais l ’i llusion dure

peu, e t avec elle s’

en va le bonheur . Bientô t se

trouble l’économie divine de nos facul té s ; bientô t

tous les resso rts de no t re entendemen t se faussen t

c ’es t en vain que nous voulons ressaisi r cette direœti on qui nous étai t confiée , cetempire qui faisaitn otredi gn it é et no tre gloire tout en nous nous é chappedu même coup ; notre intelligence , notre l iber té etno tre cœur . L

imagination nous possède tout entiers ,elle nous obsède et n ous tourmen te elle n ’

enfan te

plus que des monstres , et nous voilà épouvantés desfantômes que nous cr éons . Nous devenons le j oue td ’

une cur i osi té inqu ié té , i h satiable , et nous sommessans cesse et malgré nous p ortés vers des objets qu i

nous effrayan t et nous glacent . Les visions succèden t

aux v i si ons,les ex travagances aux ex travagauees

tout autre vie que la Vie de l’imagination se retire

peu à peu de nous . Nous sommes sans force contre

le mal qui nous rouge et nous consume , et nous n e

savons plus nous in téresser aux choses de la vie

réelle, aux devo irs quelquefoi s si d oux qu’

elle nous

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MAGNÉT ISME ,

impose . Du j0Ug léger et aimable de ist—

rai son,n ous

avons pass é sous le j oug accablant d ’

une idée fixe

qui nous tyrann i se sans relâche . On n e voi t sepeindre sur notre v isage que la pâleur et la stupidité

d’

un e terreur qui toujours nous as s ié îge . Notre cerVeau

s’

échauffe ; en n otre san g s’

allume des ar e

deurs i nconnues d éj à les in fluences bienfaisantes

de la morale n ’ont plus rien afaire avec nous ; nousappar ten ons tout entier à la médecin e . On peut liredans l’admirable ouvrage de M . Br ierre de Bois—9

mont ( il) les savantes études qu’i l a faites sur l’hal

lucination et ses causes s i d iverses .

On verra que presque touj ours la Cause la plus

cer taine de ce d éplorable état,c’est n ous£= —mêmes .

Nous sommes respon sables de l’

exer cice de n os fa

cultés morales autan t que de l’

exer cice de n os facul

tés physiques , et tout ce qui arrive de fâcheux à

cel les —là nous est imputable . Vo ilà ce dont devrai ent

se bien p énétrer les per sonnes qu i n e voien t dans

les représen tation s que nous donnent les magn éti

seurs qu ’

un d iverti ssemen t innocent , qu’

un j eu sans

conséquence . Inn ocente d’

abord,notre cur i osi té n e

tarde pas à devenir coupable . Nous sommes , tou s

( 1 ) D es hallucination s , ou Histoire raisonn ée des app ar i tion s ,

des vis ion s d es songes , des r êves , du magn étisme et du sotn nam

bulisme .

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[18 DES SC IENCES OCCULTES .

tant que n ous sommes , des espr i ts faibles en pré

sence du merveilleux et de l’ inconnu ; mai s notre

faiblesse devient sans remède si nous cédons une

secon de aux redoutables tentations auxquelles ils

nous exposen t.Dans son troisœme l ivre de la Republique , Platon

parle de l’influence des beaux obje ts , des chefs

d’

œuvre de l’art sur nos esprits ; il semble , di t —il,

que de tous ces objets s’

exhale un souffle pur et sa

lutaire qui apporte à nos âmes la santé et la vie .

Rien de plus gracieux , rien de plus exact que cette

image .

Nous pouvons choisir un lieu,un e soci et é

,une

compagnie d’où n e n ous v iennent que de nobles

pensées et de louables sentiments ; nous yi é Sp iron scet air sain et léger qui pénètre notre âme et en rend

p lus d oux et plus forts tous les mouvements . Làseulement notre raison est à l’aise notre volonté se

p ossède , et notre cœur n e s’

échautfe et n e bat que

pour des motifs que le bon sens avoue . C ’

est à nous

de nous placer dans ces cond itions indispen sables àl’

exer cice régulier et au développement complet detoutes nos facultés . Alor s seulement l

exaltation n ’

est

point folie , et la sagesse le fait d’

un na turel bas et

pusillanime . Et si le corps , par certains phénomènes

extraordina i res , accuse et trahi t cette pu issance

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50 DES SCIENCES OCCULTES .

auquel la soumettent s i légèrement certaines pensonnes ? Et souvent ce sont des natures fragiles et

délicates , des tempéraments n erveux et sujets à desaccès de fièvre , des esprit s frivoles , des imaginati ons

déréglées ; ce son t des intelligences que n i la sci enceni la force des croyances et des pr inc i pes n

’ont pr é

par ées à l ’observati on et à l ’étude ; ce son t des âmes

pr édestinées atous les égaremen t s de la pen sée et

du cœur , qui se l ivren t étourdiment à ces pratiqueshonteuses , à ces exercices funestes de la n écro

mancie.

Un médecin , dont j e n e puis d onnermême l’ in i

t i ale,di t M . Morin

,attaché à l’un des hôpi taux m i

litaires de Par i s homme for t in strui t , s’

occupapen

dant quelques moi s des tables tournantes et de

communicati ons spiri tuelles . Tou t à coup , i l renonça

à ces sortes de travaux et n e voulu t plus en entendre par ler . Me trouvant un j our avec lui et ign oran tsa résoluti on récente , j e le questionnai sur ses

progrès dans les sciences occul tes . I l fi t pour me

répon dre un effort pénible , et voici la substance des a r éponse Ce son t là de vilains j eux qui n e peu

vent mener à rien de bon et qui peuvent faire beaucoup de mal. J e su i s devenu m édium chaque

fois que j e pren a i s un crayon et que j e me met

tai s à écrire , .ma mue par j e n e sai s quelle

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MAGNÉTISME . 5 1

force , traçai t ces mots Vends —tO i , ven dse toi (l )'

I l s ’agi t i ci d ’

un homme intelli gent , den t la raison

avait été longtemps exercée par la somm e,fortifi ée

contre l ’erreur et la supercherie , et cependant san s

l ’énergie prodigieuse de sa volon té , il aurait eu lesort commun de tant de têtes vides

et légères .

En santé même , i l n’

est personne qui n’ait ou des

hallucinations , des r êves extravagan ts , des cauchemars personne qui n

’ait connu quelque chose dusomnambul isme naturel : mais ce n ’é tai t que des

acci den ts ; c’étai t des averti ssements que la n ature

nous donne pour nous faire savoi r qu’i l y a en nous

le germe de tous ces égarein en ts qui n ous font frémir . Quand le mal est s i près de n ous , quand il es ten nous , quand il est dans notre sang , et qu

’i l n ’

ai

tend qu’

une occasion pour éclater et nous envahi r ,comment se fait-i l qu’on nous vo ie j ouer avec le

danger ? Tout nous parle de notre faiblesse, de

notre m isère , de notre néant , et n ous agi ssons ,comme si nous avions la rai50n la plus ferme et laplus haute , le cœur le mieux assur é contre la vie

lence des passi ons ?

Il est un poin t auquel on ne réfléchi t pas assez

souvent c’es t que toutes les foi s que n os facultés

Mor in , Du magnétisme et des scien ces occultes , page 212 5 .

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59 DES SCIENCES OCCULTES .

i ntellectuelles s’

altéren t et se déconcertent , toutesles foi s qu’

un trouble profond règne dans n otre\entendemen t et notre volonté , les fonctions vitaless’

altèren t aussi , et pr odu i sent les plus singuliersphénomènes le désordre de l’âme se reprodui t dansle corps en s

exagéran t , pour ainsi dire, en s ’y

fixant , et en ren dant ainsi le retour à la raison im

possible . L’

ivresse engendre unemalad ie bien con

nue , dont il es t diffi cile de revenir ce dérangemen t dans les i dées , cette ivresse de l

espr i t“

que

produi t le somnambul isme artificiel finit par devenir l’état , sin on régul ier , du moins constant dusujet magnétisé . Il se passe quelque chose de biené tran ge dans ce suj et , quelque chose qui n

appartient plus à la vie ordina ire et normale ; cette insen

s ib ilité absolue de tout le corps , et cette absence deconscience et de mémoire , voilà bien de quo i étonn er et con fon dre .Répétez souvent votre expérience ,placez souvent un même ind ividu dans cet état

étrange,et bientôt l’except i on deviendra la r ègle.

Tout en lui sera boulevers é circulation,resp ira

tion,fonctions de relation , i dées , sentiments , vo

lon tés . C ’

est là une conséquence inévitable de notrecondui te qui prouve que l

existence physique ellemême a été placée sous notre garde et notre res

pon sab ilité . Notre personnemorale est notre œuvre ,

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MAGNÉT ISME . 5 3

la ph ilos0ph ie nous le répète sans cesse le moment

n ’

est -il pas venu de faire m ieux connaître l’

influence

du moral sur le physique ?

I l nous arr ive assurément plus d ’

une fois dans

notre vie , en de graves circonstances , d’avoir qua

tre—= vingt -quinze pulsations par seconde . La science

constate que c’

es t là le nombre de pulsati ons donné

par les ali énés (l ) à quelle distance sommes -nous

donc de la folie ? Par quelqu’

un e deces Op érations

magiques qui vous enchantent , prolongez cet état

qui n’

est qu’

acciden tel, mul tipliez les moments où

votre pouls bat les quatre—v ingt- qu inze pulsations ,et vou s verrez venir la folie à grands pas .

Il nous est impossible de dera1sonn er impune

ment . Dans notre corps comme en notre âme tout

tourne en habi tude,et l ’habi tude enchaîne l’un à

l ’autre plus for tement que nou s n e pouvons nous

l’

imagin er .

Vous voulez que le présent n‘

ai t rien à démêler

avec lepassé , et dans tout ce que vous faites à cette

heure vou s p ré tendez bien n e pas engager l ’avenir .

Détrompez—vous . Dans notre existence tou t se tient .

Dans ce présent même que vous croyez tout entierà vous se trouve le passé sur lequel vous n e pouvez

( i ) B rierre de Boismon t, loc . cit. , p . 602 .

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5 4 DES SC IENCES OCCULTES .

plus rien,et commence à pe in dre l

’avenir dont vous

n e disposez d éj à plus .

Notre pensée est trop dépendante de notre —

na turephysique pour que nou s pui ssi ons nous permettre

d’

outrager à notre aise le bon sens et l ’expér ience .

Vous croyez en être quilles pour quelques para

dexes qui vous ont valu des murmures appr obateurs ,mais vous avez lai ssé dans votre cerveau un e em

prein te si profonde que vous fin is sez par prendrevos paradoxes au sér ieux , et par n e plus vous aper

cevoir de votre déraison . Cette substance assezmolle pour que tou t s

y grave , tout s’y impr ime ,

assez ferme pour que rien n e s’

efface et di sparai sse ,gar de fi dèlement les traces de vos désordres les plusSecrets

,et

,quand vous vous y attendrez le moins ,

elle vous trahira .

Lorsque , l’œi l en feu

,la poi trine haletante , vous

êtes penché vers un e table , un e corbeille , un méd ium ,

e t que vous attendez que la table tourne , quela corbeille ecr 1ve , que lemédium réponde , cr oyez

vou s faire un acte rai sonnable ? Eh bien , mettez la

main droite sur votre bras gauche , près du poignet ,comptez les pulsations vous avez la fi èvre

,vous

avez le chiffre fatal . Jugez mainten ant votre acte

auj ourd ’hu i vous le pouvez sainement demain en

core,aprés demain peut

-e tre . Et plus tard Vous

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MAGNÉT ISME .

voulez savoir ce que dans notre condition or dinairei l nous es t interdi t de savo ir : i l n ’y a plus de bornes

à votre curi osité ; le temps et l’

eSpace n’ont plus de

lim i tes , le pass é plus de secrets , l’avenir plus de

mystères . Vous voulez connaître l’avenir, j e le veux

bien,mai s

,comme pour l

oracle de Claros c ’est

à un e conditi on , à la condi tion de boire d’

un cer

tain breuvage , et c’est un breuvage qu i abrégé la

(1 ) Eus èbe Salverte , D es scien ces occultes , p . 1 3 2 .

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SPIRIT ISME EST— I L UNE RELI GION ?

EST—IL UNE PHILOSOPHIE

PHILOSOPHIE, QUELLE EST SA MÉTHODE ?

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L e S p i r i t i s m e e s t - i l u n e R e l i g i o n ? E s t-i l un e P h i lo

s o p h i e ? S i ! e s t u n e P h i lo s o p h i e , q u e lle e s t s a

m é th o d e

Les tendances matérialistes d ’

une someté p euventten i r à deux causes fort d ifférentes

,ou à l

abaisse

ment des mœurs,ou a l

envahissemen t des esprits

par les sciences physiques et naturelles . C ’

es t à cette

dernière cause que j’

attribuerais volontiers le matér ialisme contemporain dont on se plaint amèrement .

Quoi qu’ i l en soi t , quan d la foi aux choses i nvi sibles

et infinies se per d , quand s’

affaiblit l’

empire de la

philosophie sur les âmes , cette fo i es t bientô t rem

placée par la superst iti on , par la croyance à un cer

tain mervei lleux qui atteste que l’homme est un

être essentiellement rel igieux , comme l’

af firmait

Ar is tote .

T ISSANDIER.

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6 2 DU SPIRIT ISME .

La cr i se philosophique à laquelle nous assistons ,nous donne , ce me semble , à ce sujet , un e gr3 _

nde

et instruct ive leçon . Il se produit,pour remplacer

les enseignements des religions positives,une foule

de doctrines nouvelles , ou renouvelées, qui tien

nent souvent du spiri tuali sme et du matériali sme ,de la fo i et de la science

,de façon à s’accommoder

aux tendances les plus d iverses de no tre n ature,à

satisfaire tous nos penchan ts , aHat ier cette orgueil

leuse raison qui veut se rendre compte de tout , àsédu ire cette inclination au merveilleux

, quiaccep te

en aveugle les asser tions les plus étranges . Pourmener à bonne fin cette entreprise , il faut beaucoup

d’

hab ileté , un peu de science n e nui t pas , j e n e sai s

s ’i l faut beaucoup de convmtion s .

Le Sp ir itisme dont nous avon s à parler , nous parai t avo ir tous les caractères des doctrines contem

porain es , quelque cho se d’

in décis et de vague qui

r edoute la n égation presi;ue autant quel’af firmation ,

quelque chose de peu homogène et de peu cousi s

tant,des contradictions même apparentes ou réelles ,

un certain air d ’in dépendan ce qu’i l tien t de la

science pure , un mysti ci sme tempéré qu i n e peut

déplaire aux âmes d évo tes . Aussi , peut—on se de

mander S ’il s ’agit ici d’

une philos oph ie ou d’une

rel igion . S i nous demandonsaux spiri tes eux—mêmes

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ou SPIRIT ISME . 5 3

une répon se à cette ques ti on , i ls n’

hésiteron t pas à

nous répondre que ce qu’ils on t voulu fonder c’est

un e s cience , un e science qu i n e d iffère po int des

sciences naturelles , qui doi t tout à la méthode d’ob

servation . Le sp ir itisme,nous d it - on

,a pour but

la constatati on et l ’étude de la manifestation des Es

pr its , de leur s facultés , de leur Si tuation et de leur

avenir , en un mot,la connaissance du m onde

i nvisible Le spir i ti sme vou s dira encore qu’ i l

n ’a ni temples , ni au-téls , ni pr êtres , qu’i l es t par

conséquent un e véritable science . Cependant l’impatience des objec ti ons se montre quelquefo i s dans

ses mi ss ionnaires , j e n’

o se dire s es pontifes , et l’on

n e peu t lai sserque de trouver étran ge certains passages comme celui- ci Les espr i ts s ont de veritables pui ssances plus à redouter qu ’on n e croit ils

pourraient b ien , comme i ls l’ont déj à faits , appa

sen tir leurs bras sur ceux qui les m épr i sent . S il’on savait ce qui peut résulter de les avoir p our

ennem i s , on y regardert üt à deux foi s Le

Sp ir itisme a donc ses foudres et ses menaces , et i l

sait oublier à propos qu’

i l e st un e pure science .

Toutefois nous sommes convaincus que sa tolérance ,

qui es t extrême, n e l ii i permettra j amais d ’avoir

(1 ) Qu’

est-cc que le Sp i r‘ i li . tït8 , par Allan ! ardec ; 4

e é dit p . 76 .

(2 ) I d ,ib id .

, p . 5 3 .

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6 4 DU SPIRITISME .

recours à ses pui ssants auxiliai res pour réduire au

silence les contradicteur s , ou pour mettre les rieur s

de son côté . Nous restons convaincus que le S inaïoù il rési de

,au m il ieu des nuages , n e fera briller

ses éclair s et gronder s on tonnerre que lorsquel’

in crédulité sera sans remèdes .

Le Sp iri ti sme n e veut se brouiller avec personne ,c’est ce qu i frappe tout lecteur attentif, avec le chr istian isme moins qu ’avec tout autre doctrine i l n ecesse de m ontrer les concordances de ses ensei gnements avec ceux de l’Évan gile il fait effort pour

r assurer les âmes d évotes e t lever tous les scrupules i l veut des intelli gences dan s la place , assuréde l ’espri t de prosélyti sme des p ieuses gens mai s

en faisant ainsi patte de vel our s , en caressant lechr isti an i sme , i l nous semble que m aintes fois i l

l’

égratigne et le déchire . On veu t être conformeà la Bible , à l

’Évan gile , aux Pères de l’

Église

ce qui est édifiant , mai s en même temps on n ie

l ’éternité des peines , un des dogmes les plus ex

plic ites du christianisme , ce qui peutparaître impieà quelques per sonnes . La situati on est déli cate , i l

en faut convenir.

Voyons maintenant la m é thode . Dans le di alogue

(1 ) Qu’

es t-cc que le Sp ir i tisme, p . 4 1 .

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66“

DU SPIRITISME.

der con stater les faits , voilà quelle doi t être notreunique ambition .

Quelles son t les conditions d ’

une bonne Obser

vation,d’

une expér imentation fructueuse,d ’

une

étude impartiale‘

? Les voi ci n ous devons appeler

les esprits avec recueillemen t et p our des motifs

s ér ieuse (tl) . L ’

appel des espr i ts,d it l ’auteur en un

autre passage l’appel des espr its se fait au n om

de D ieu , avec respect et recueillement .Quan d nous d isi ons , i l n

y a qu’

un i nstan t , que

le spiritisme plus d’

une ressemblance avec unereli gion , i l me semble que nous ne nous avanolon s

pas tmp . J e sai s que les pro testations abondent ,mais les traits de ressemblance auss i en tous les

cas ce recueillemen t et ces invoc.ation s à Dieu son t

peu dans les habitudes de la science . Quant aux

motifs s ér ieuse, je n

en connais pas d ’

autres que

l ’amour de laVérité , le désir d’

expliquer le mystère;j ’aime à croire que c

est ains i que l’

en ten den t les

Spir i tes . Mais i l faut conven i r que ce n’

est poin t là

un cô té original , et le spiri tisme se pique un peu

d ’or iginalité .

Il est en etfet 11n point qui frappera tous ceux qui

(1 ) Qu’

est—cc que le Sp iritisme, p . 6 3 .

(2 ) let. , p . 8 2 .

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DÛ SPÎRÎTÏSME .

li ront, qui a dû frapper tous ceux quï on t lu les

ouvrages Spirites . C’

est à la fois une comparai son

continuelle avec les autres sciences,comme s i

l’

on voulai t rapprocher les méthodes et partager lecrédit d ont elles j oui ssent , et un Certain dédain p our

ces mêmes sciences , un e recommandati on fréquente

de n e po int confondre le spiritisme avec ce qu ’i l

appelle les s ci en ces vulgaires Ainsi le spiritismeparaî t avoir mo i ns souci de se broui ller avec lessavants que de rompre avec le chr i stianisme il se

place tout d’abord au-dessus de la phy sique, de la

ch imie , de la ph ys iologie , de la médecine , avec

lesquelles i l ne veut pas qu’on le confonde . i l garde

avec elles une attitude qu’ i l prend pour du bel air;i l affi rme que les faits sur lesquels i l repose sont

aussi nombreux que ceux sur lesquels s ’appu ient

toutes les sciences expér imen tales , qu’ils sont auss i

b ien établ i s cOfl statés,

°

démon trés,mais i l en cite a

peine quelques a uns ; dans cette science n ouvelle

tou t est i‘

n‘

y‘

stère les phénomènes et les adeptes .

Elle a ses catacombes comme le chr i stian i sme nais

sant . Elle fai t appel à l’

avenir , et , tout en i nterdi

sant tout r approchement entre el le et les doctrines

vulgaires,elle rappelle la d écouverte de Galiléemé

(1 ) Qu’

est—cê que le Sp ir itisme, p . 1 7 .

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68 DU SPIRITI SME .

connue,ainsi que celle de Ful ton et de tant d

’autres .

Des temps mei lleurs v iendront pour elle , et ce‘

ux

qui travaillent dans l’

ombre au succès de cette mervei lleuse science finir ont par se montrer au grandj our . D ’autant plus que pour ces i llustres auxi liaires

ce n ’

est qu ’

une ques tion de respect humain nous

n e voyons nulle par t des bûchers,des chevalets

,

des instruments de tor ture ; les honneur s de la per

sécution leur sont reiusés , et le mar tyre n’

est poin t

nécessaire pour attester leur fo i . Bien que l’au to

r i té des grands so i t , en un e certaine mesure , un egarantie de la véri té , elle n e suf fit poin t à *

garan tir

de l ’erreur,et n e dispense j amais de l ’examen .

Quand pourrons—nous lire un e longue lis te de ces

noms, que nous promet sans cesse l

’auteur , ou plu

tô t l’écrivain sacré du spi r i tisme ?Mais regardons le spir i tisme comme un e science

expérimentale un e d iffi cul té se p résente naturel

lement à nous de l ’aveu même des spir ites les m ieuxin formés . Quand il s ’agi t des phénomènes de la

chaleur , de la lum i ère , de l’électr i cité , on con çoit

touj ours la po ssibili té de les observer soit d irecte

ment,so i t à l ’aide d ’instruments plus ou moins par

faits . Soumi se aveuglément à des loi s immuables ,la nature n e peut j amais se refuser à n os recherches

i l n ’y a rien de volon taire en tous ses mouvemen ts ,

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DU SPIRIT ISME .

et i l est des condi tions dans lesquelles elled oit nous

livrer ses secrets . La fantaisie , le caprice n’

est po int

son fai t ; et c’

est parce qu’ il en est ainsi que la

science est possible .

Mais p our la science des spir i tes , l’observation

n ’

est point auss i faci le et aussi sûre . Les phén omè

n es qu ’on étud ie n e p euven t obéir et n otr e gr e'

Celui qui veut observer avec b onne foi , doi t , j e

n e dis pas croire sur parole , ma1s se dépou iller de

toute id ée préconçue ; n e pas vouloir assimiler des

choses incompatibles attendre , su1vre,observer

avec un e patience infatigable . … D ’ailleurs,

les esp r i ts n e tien n en t p as a con vain cr e cer tain es

p er son n es , comme nous l’

assuren t les spiri tes . Vous

comprenez quel embarras ces Espr i ts doivent don

n er à la science . Enfin,nous le verrons plus loin

i l y a des esprits trompeurs , menteurs , qui se j ouent

de n os désirs et de nos recherches , se dérobent à

nos pr i ses , et n e consultent que leurs caprices . Sin

gulières’

conditi ons,i l en faut convenir , pour la

s cience , conditi on s uniques ! Et l ’on nous répète

sans cesse que le spi ri tisme n’

es t pas un e rel igion ,mais un e philosophie . Quelle certi tude pour un e

(1 ) Qu’

est—cc que le Sp ir itisme, p . 2 2 .

(2 ) M .

, p . 2 3 .

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70 DÛ SPÏRÏTÎSMË.

science ! Quel moyen de s’assurer de la Vér i té ! Je

commence a croire qu ’

il es t, pour bien observer lesphénomènes sp ir i tes , des condi tions don t neparle

pas l’auteur que nous étudions . Il es t un e grâce

d ’état que l’on ob tient par cette i nvocati on à Dieu

qu’on nous reCommande ; i l est des Condition s in tel

lectuelles etmoral€s qu’on se d i t à l ’orei lle , Que les

i ni ti és seuls connaissent . Et pourtant il s’

agi t ici

d ’

une science scien ce , il est Vrai , sup érieure àtoutes celles qui ont la mati ère pOur Objet , mai s en

fin , on I’

affi rn1e en maints enclrô its , le Spiritisme

est une science d ’

observation .‘ Ajouton s que c

est à’

ce ti tre seul que nous nous permettons de l’

é tudier °

nous le prenons pour un système philœophiqæ et

c’

est ce qui nous ni et —à l’aise nous respectons troples religi ons positives pour leur soumettre d

’hum

bles objecti ons .

Jusqu’ic i la philosophie a échoué à démontrer

l’exi stence d ’

un monde des espr i ts et l’immortal ité

de l ’âme , voi ci une science nouvelle qui se donnecumule l’auxili aire de la philosophie, qui réussi t à

établ ir ce don t celle«oi n ’a pu eonvaincre per sonne

qui tranche où celle- ci balbutie , qui fai t toucher dudoigt ce que celle—ci nous montre dans un loin tain

obscur et confus . Que toutes les sciences morales

saluent cette sœur adoptive et lui fassent bon ac

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ne SP IR ITISME . 7 1

cueil en attendant qu’

elle produise s es titr es de ta

m ille !Pour nous , nous sommes persuadé que le lecteur ,

en parcourant cet exposé auss i complet et au ssi im

partial que possible , éprouvera le même embarras

que nous ; i l se demandera si les pir itisme est un e

religi on ou un e science ; i l affirme qu’il est un e

science,sans nous donner le secret de ses décou

ver tes , et i l se présente à nous comme un e révélation . Auss i nous nous garderon s d

’affirmer et de

conclure , pour rester fi dèle à l’

espri t de cette doc

tr ine,et offrir un e garantie d

impartialité à nos

lecteurs .

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D e s c r i p t i o n d u I ll è î l d 0 d e s E s p r i t s . L e u r s m œ u r s:

e t le u r s c o u tu m e s .

Supposons que l ’ob servation des phénomènessp i r i tes

,bien que d iffi cile , on en convient

,ai t r éuss i

à un cer tain nombre d ’

in telligen ces supérieures .

Voi ci les résultats vraimen t r emarquables qu’

elle

aurait d on nés à ces heureux in i tiés ; qu’on me

passe ce mo t,i l revient si souvent en des sens s i

divers , que l’

on n e sai t p lus si c’

es t un e mé taphore

ou le mot p r opre .

Le nomb re des Espr its es t i llimi té , mai s on peut

les grouper et en former des classes et des ordres

d ’après les caractères qu’

une observati on attentiveleur reconnaît .

Il es t des Espri ts m oqueur s , qui se j ouent de nos

désir s , qui répondent par l’ironie et le per s iflage à

n os questi ons indiscrètes : néanmoins , dans no tre

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76 DU SPIR ITISME .

commerce avec eux i l nous es t toujours possibled’apprend re quelque cho se ; leurs imperfecti on s

leur s d éfauts leur insuffi sance , leur“

i gnorancemême , sont autant de suj ets d

’observation qui neus

ini tient ala nature intime de ce monde (iLes Esp ri ts éclair es n ous apprennent beaucoup ,

mais dans la limi te du po ssible ; i l faut se contenterde ce qu’ i ls n ous d isen t voul oi r aller au delà

,c’es t

s’exposer aux mys titication s des Espr i ts léger s , touj ou rs prê ts à r épond re à tout (2 ) et pour tous .

I l es t des Espr its—

vulga ir es qu i . sans ê tre manvais

,peuven t avo ir des p référ en c es , des Opinions

,

b i en d ifférents des Espr its sup ér ieur s , qui n e touchent po in t aux quest ions de détail .

Quand il s sefont entendre , il s se contentent de nous parler dela bonté e t de la jus tice de D ieu sans nous faireconnaître le moyen dont il le faut ador er .

A cette classification i ncomplè te substituons un e

class i fica tion plus exacte , plus scien t ifique , qu i rappelle celles de Linné , de Jussieu , de Tournefor t ,et nous aurons trois ordres pr incipaux 1 ° les pur s

E spri ts 2 ° les bons Esp ri ts , don t le dés i r du bien

est la pr éoccupati on 3 ° les Espr i ts impar fai ts

(1 ) Qu’

es t- cc q ue le Sp ir i tisme , p . 3 5 .

(2 ) M ., p . 35 .

(3 ) Le L i vre des E s p r its , p . 39»

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ou SPIRITISME . 7 7

Voilà pour la divi s ion la plus générale; elle suf

fi t à la science la plus rigou reuse et la plu s exi

gean te , et d’ailleurs elle es t due aux i ns tructions

b ienveillantes—des Espr i ts qu i n’ont j amais fai t défaut

aux ob servateurs s incères

Ces tr ois ord res renferment chacun un n ombrede classes d ifférentes .

Les carac tères du troisœme o rdre son t les suivants pr opension au mal ; orguei l

,ignorance ,

égoïsme,et toutes les mauvaises passi ons qui en

son t la su i te . Ces Espr i ts on t l ’ in tui tion de D ieu ,

mais i ls n e le comprennent pas

Ils conservent le souvenir et la per ception des

souffrances de la vie corporelle , et cette imp ress ionest souvent plus pénible que la r éalité

On les d ivi se en cinq classes p r incipales : 1 ° les

Espr i ts impurs ; 2° les Espr i ts légers , que le vulgaire

dési gne sous les n oms de follets , lu tin s , gn om es ,

farfadets ; 3°

les Espr i ts faux- savan ts , qu i cro ient

savoi r plus qu’ils n e savent en r éali té [1

° les Espr i ts

neutres, qui n e s

’élèvent pas au-dessus de l a con

di tion vulgaire de l’humani té ; 5

° les Esp r its frap

peurs et per turba teur s . Ce sont eux qui man ifes

(1 ) L e L ivre des E sp r its , p . à3 .

(2 ) M ., p . li 2 .

(3 ) M ., p . ttt .

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78 DU SPIRITISME .

ten t souvent leur présence par des coups , par ledéplacement anormal des corps solides

,l'agitation

de l'

air , etc .

Le second ord re renferme les bons Espr i ts en

eux l ’espr i t p rédom ine sur la matière , et le désirdu bien sur t out autre désir il s comprennentDieu

,dit l ’auteur du L ivr e d es E sp r i ts ; ils sont heu

reux du bien qu’ils fon t et du malqu’

1ls empêchent .

L ’amour qu i les uni t es t pour eux la source d ’

un

bonheur in efiable que n’

altèren t ni l ’env ie , ni lesr emor ds , ni aucune mauvai se passion mais tous

on t encore des épreuves à subir jusqu a ce… qu ’ ils,

aient atteint la perfection Dans les

croyances vulgaires on les désigne sousp

les noms

de bon s g é n i es , gén ies p r otecteurs , E sp r i ts d u bien .

I ls fo rment quatre classes 1°

les Espr i ts b ien

veillants ; 2° les Espr i ts savan ts ; 3

° les Espri ts sages[1° les Espr i ts supér ieur s .

Le premier ord re n e forme qu’

une classe . Les

Espr i ts qui la composent ont atteint l a somme de

perfection d ont est susceptible la créature , et n’ont

plus à subir ni épreuves n i expia tions . Ils commanden t à tous les Espr i ts qui leur sont infér ieur s , lesaident à s e per fectionner , et assistent les homme

dans leur détr esse . On les dési gne quelquefois sousles nom s d ’anges

,archanges , ou séraphins .

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DU SPIRIT ISME 79

Les lecteurs , en voyan t tous les êtres du m onde

invisible s i b ien décr i ts et s i bien classés , n e pourront s ’empêcher d

admirer un s i bel ordre,et de

r econnaî tre les lum i ères pr ivi légiées qu’on t reçuesles fondateur s d ’

une science si nouvelle et déj à s i

étendue . I l en es t , peut - être , qui verron t d ans cettepein ture un e parodie des traditions chrétiennes

sur les anges et les démons . Les auteurs du spir i

ti sme protestent,et en effet que le lecteur attende

la fi n , et i l verra comb ien les ensei gnemen ts spiri tes

diffèrent de ceux de l’Église .

Les Espr i ts que nous venons de faire connaître ,les l ivr es des spirites à la main

,n e son t point des

êtres ab straits , vagues et in défin is , mais des êtr esconcrets et circonscr i ts . I ls se transp orten t par tout

avec la rapidité de la pensée,i ls pénètrent tou t

aucune subs tance n e leur fait obstacle ; i ls ont

toutes nos per cepti ons à un degr é plus subtil,et

per çoivent des choses qu i échappent à la grossièretéde n os organes ( l ) .

L’

Espr it n’

es t pas absolument immatériel,i l est

enve10ppè d ’

une substance vaporeuse,

- fluid igue ,légère , servant de l ien et d ’intermédiaire entre

l’

espr i t et le corps . Cette e5pece de corps se nomme

( 1 ) Qu’

es t—cc que le Sp ir itisme, p . 75 .

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80 ou seuur 15n s .

p ér isp r it ( l) . C’

es t quelque chose d ethér é et de”

subti l , de forme humaine qui paraî t être la formetype .

(1 ) Qu’

es t—cc que le Sp ir i ti sme , p . 711 . L e L ivre des E sp r its ,

p . 3 8 . Le Sp ir itisme à sa p lus s imp le eæp ression , p . 7 .

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Q u’e s t -c e q u e le s E s p r i t s . P lu r ali t é d e s e x i s t en c e s .

Qu’

est—cc donc que les Esprits ? Sont—ils des créatures par ti culi ères , des esp èces d

’êtres qui tien nentde D ieu et de l ’homme sans être ni l’un ni l ’autre?c

es t ainsi que l’

Église conçoi t les anges etles démons .

N on , ce sont les âmes des hommes ; ce sont desêtres que nous avons vus en ce monde

,avec lesquels

nous avon s conver sé , eu des relations d’ami tié , que

nous avons connus . Ce sont n os parents , nos voisin s , nos ennem i s , qu i on t é té appelés à un e autrevie pour ar r iver à un e perfecti on qu ’ils n e peu

voient trouver sur cette terre . Ainsi vo i là lesdémons et les anges ray és des croyances d

une r el i

gion avec laquelle on voulai t vivre en b onne intel

ligen ce ; j e crains bien que l’

o n n’

écar te ceux quel ’on voulait attirerÇ

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8 à DU SP IRITI SME .

Mais il se p r ésen te d ’autres difficul tés plus graves . Vous qui écoutez docilement les gran d s martres du sp ir i tisme et leur s doctes leçons

,en venant

en ce monde vous n e passez pas du néan t à l ’être,

vous avez déjà pass é par un e sér ie d ’

exis ten ces

qui vous achem inaient insensiblement à celle - ci,

comme celle- ci do i t vous conduire à cette vie des

espr its à laquelle la vie p résen te a , ce me semble ,

p eu à env ier . Il y a b ien des gen s qu i pourraien t n evom la qu’

une doctr ine r enouvelée des ancien s ,qu’

on est convenu d ’appeler Métempsycho se mais

s i l ’on va au fond des choses , on n e tardera pas à

être détrompé .

E t d’

abo rd, qui n

adm irerait combien ce tte eXpli

cation es t commode et sûre pour la conscience d ’

un

ch r é tien ! Le p éché or ig in el, ce sombre et redou

table mystère, qu i épouvan te la raison et lui ré

pugne,n e se trouve - ti l pas la chose la plus simple

et la plus clai re du monde ? L ’homme connaît ses

défauts actuel s ; i l sai t que ce s défauts sont lesrestes , la su ite de ceux qu

il avait, et qui son tc ommeun vér itable p éché or ig in el; i l en conclut le malqu ’

i l a p u commettre , e t cela lui s u ffi t pour s e cor e

r iger

( 1 ) que le Sp i r i ti sme , p. 1 1 2 .

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DU SPIRIT I SME . 8 5

Et vo i là pourquoi votre fi lle es t muette dirait quelqu’

un qui trouverai t nette et sa ti sfaisantecette explication . Aj outez que l

o n comprend également et du même coup l’i négali té des âmes quandelles — v iennent en ce monde ; pourquo i un mêmepère a des enfan ts s i d ifféren ts de caractères

,

de sentiments,et par sui te dont la destinée es t si

d ifférente ; pourquo i i l y a des peuples civilisés etdes peuples sauvages . Supposez , en effe t

, que les

âmes arri vent à l’existence pr ésente égales de tou tpoint, vous n

’aur iez p oint cette d iver si té qu’

on y

r emarque de tou tes parts ; supposez , d’

un autre

cô té,qu’

elles so ien t les unes comblées de tous les

dons de l a nature , et les autres fort mal partagées ,cette inégali té nous cheque e t paraî t u ne inj us ticede la part de D ieu (ce sont les spir i tes qu i parlent) .Donc

,cette 1n egalité doit être le r ésultat d ’

une

existence antér ieure,et comme l’homme es t ce qu

i l

s’

est fai t lu i—mêm e ses quali tés et ses d éfauts

n e*

sorit inmutables qu a lui -même . Voilà comment

tout s’

eXplique par le moyen du sp 1r1 t1sme .

Toutefois,entre plusieurs peti tes questi on s que

fait na î tre en no tre espri t cette doctr i ne , il en es t

une que j e n e pui s tai re en ce moment .

( 1) Qu’

est-cc que le Sp ir ztrsme , p . 1 1 2 .

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8 6 DU SPIRIT ISME .

L’

inégalité des âmes auj ourd’hui , dans la vie ac

tuelle , s’

explique par l’

inégalité de ces mêmes âmes

dans plusieur s existences an tér ieures . Je lÎ veux

bien ; mais supposons deux âmes d ont l’une es t

pleine d’

excellentes qualités , et l’autre remplie de

défauts et de vices ; aquoi attr ibuer ces défauts et

ces ver tus de l’

une et de l ’autre ? A leur existenceantérieure , me direz—vous ; so it . Mais , es t—ce dans

l ’existence qui précède imm éd iatement la vie pr é

sente qu’

elles on t acqui s ces per fecti on s,montré

ces défau ts ; ou bien faut-il en appeler encor e aune

exis tence antérieure pour en trouver l’or igine et lar aison ? Si ces défauts et ces vertus n e r emontent

pas au del à de la pr écéden te existence , s’i ls sont

l ’œuvre de ces ames, qu’êtaien t - elles donc avant ,

en quel é tat ? Elles étaient donc égales en qualités

et en défauts . Et comme on n e doit par ler i ci ni de

corps,les spir i tes le défendent , n i d

’éducation ,il

faudrai t pourtant bien expliquer comment , d’

égales

qu ’

elles étaient , ces âmes son t devenues inégales .

On me répond Et le libre arbitre ? Mais ce l ibrearbi tre

,à quo i s ’est - il appliqué , dans quelles cir

constances s’

est—il développé si ces c irconstanceson t amené la différence don t nous parlons , il y a làencore un e inégalité qui cheque et qui r évolte , qui

compromet s ingul ièrement la liberté ; s i c’

est le

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DU SP IR IT ISME .

libre arbi tre qui inclinai t de la i-même au bien chezl’une

,chez l ’autre au mal , n e me par lez plus d

’ indifférence native au mal ou au bien . 11 nous faut

quelque chose de plus clair et de plus explici te surles existences antér ieures à la vie p résente , ou con !

venir que le mystère reste mystère pour vous commepour nous .

Ou bien vous expliquez toutes les inégalités entreles âmes dans un e existence quelconque par un e

vie antér ieure les inégalités de cette vie antér ieurepar celles de l

exis tence pr écédente , et ains i de su i teà l ’infini

,et nous voilà amenés à un e sér ie sans fin

d’

ex isten ces auss i inexpl i cable qu’

in compr éhen

sible .

Mais i l se présente , ce me semble , un e diffi cultéplus grande encore que celle que nous venons d

en

visager. Nous sommes en ce monde après avoir tra

versé plusieurs existences an térieures , et p erson nen e

se souv ien t d’

avoir vécu ces v ies précédentesd on t on nous parle la m émoi re e t l a con sciencen

attes ten t rien de semblable .

— N’

est—cc point là un

sérieux m otif de défiance à l ’égard de ces deuxfacultés qui gardent le silence sur ce qu

’i l nous im

p orte le plus de savoi r ? Muettes sur ce po int, n epourraient elles poin t nous tromper sur d ’autres et

révéler leur insuffisance et leur imperfectien'

dans

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8 8 DU SPIRITISME .

des cas où leur énergie et leur fidélité sont absolumen t nécessai res

Ce tte objecti on est pr évue par les écr ivains duspir i ti sme , et vo ici ce qu’ils r épondent L

oui

des exis tences antér ieures es t un bienfai t de Dieu

qui , dans sa bon té , a voulu épargner à l’homme des

souvenir s le plus souven t pénibles (l ) .L ’

auteur aj oute que s i,comme homme on n e se

souvien t pas de ces ex istences antér ieures l’Espr i ts’

en souvient parfai temen t, et un e fo i s degagé del ’enveloppe matér ielle , son passé se déroule devantlui .

Rien de plus na turel , 81 du res te on renonce à

l’

i d ée que la philo sophie s’

es t fai te j usqu’ i ci de la

conscience,du sens i n time . L ’auteur pr évoyait bien

qu’

en s’

en tenan t à la défini tion vulgaire on n e

manquerait pas de lui chercher chicane ; aussi nous

donne—t—il de la conscience l ’id ée qu’ i l veut qu’

on

en ai t. Quelle es t,di t—il

,l ’or i gine du sen timen t

app elé la con scien ce ? C ’

es t un souvenir intu itif duprogrès accompli dans les précéden tes existences ,et des r ésoluti ons prises par l

Esp rit avant l’ inear

n a ti on,r ésolutions qu’ i l n ’a pas touj ours la force

de tenir comme homme

(1 ) Qu’

esI-se que le Sp ir itisme , p . 1 1 2 .

( Z) Qu’

est—z oe que le Spir itisme, p . 1 1 2 ,

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90 DU SPIRITISME .

même que l’

homme se souv ien t des résoluti ons qu ’i l

pr ises comme Espr i t ? ce qui est contrai re—‘a ce

que vous affi rmiez dans plusieurs passages p reoe »

den ts .

Prenez garde , m onsieur A . ! . vous vous êtes fai tfaire des objections qui ont par u redoutables aplusieur s de vos lecteurs c’est un e preuve d ’

impar tia

l ité , bien capable de s éduire m ais es t—ce bien

habile Plus d ’

unefois on a trouve que vous esqu iviezla difficul té au lieu de la résoudre

,et que l

obj ection

restai t tout enti ère aprés la r éponse . I l y a la de“

quo i ébranler la foi dans les doctr ines les plus

sol ides et les m ieux établ ies . Mais admetton s queles Espr i ts vous aient parfaitement renseign é sur le

passé des âmes , sur le présen t et sur l ’avenir,

l ’exi s tence actuelle es t donc un état intermédiair eentre la vie antér ieure et la vie à veni r , état d

in

fér ior ité évidente,pu i sque ’

âme dont la conscienceétai t claire et fi dèle avan t de venir en ce monde

,

perd le sentimen t de son iden ti té , et i gnore qu’

ell

a é té avan t de j ou i r de l ’existence actuelle. Cettepremi ère existence n ’a donc é té qu ’

un de ces r êves

qui n e laissent aucune trace dans la mémo ire ?

A quoi ser t—elle ? A quo i a—t-elle ser vi ? L ’hommen e compte ses j our s et ses années que par les évén emen ts qui s

’y rattachent,par les j oies ou les dou .

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DU SP IRITISME . 91'

leurs qui les on tmarqués pour lui l’existence com

mence où commencen t ses‘

souveni rs . Et vous

appelez un bien fai t de Dieu l ’oubl i d ’

une vie an tér ieure

,quand ce toubli n ’

es t au tre chose que l’

an éan

tissemen t m ême de l’être au moment où il va eutrer dan s un e vie nouvelle

,dans la vie terrestre !

D ’ailleurs vous dites que ces souvenirs seraient pén ibles le plus souven t , ma is il s seraient agr éables

quelquefo i s . Pourquo i les âmes—

pour lesquelles i l

en serai t ainsi per draient—ellcs le b én éfi ce de ce

bonheur ? Il y a plus,un poète ancien a fait cette

remarque profonde qu’

un retour sur les , mauxpassés

, qui n e peuven t plus nous atteindre , a pour

nous un charme infini . Ces souvenirs p énibles dontvous parlez n e pourraient—i ls pas avoir un e cer tainedouceur ? Et quelque amer s qu

on les suppose ,étai t—cc un motif suffi sant à Dieu pour j eter le

trouble dans nos facul tés , pour altérer sur tou t cel le

qui est ind ispensable au s en timent de notre i den

tite, au p oint que l’

oubl i du pas sé n e soi t autre

qu’

un vér i table an ean tissemen fiJ e sai s qu ’

on me r épond ra : Cc souveni r de la vie

antérieure qui nous es t refusé en ce monde , n ous

est r endu au moment où nous en sor tons , de façonqu ’apr ès avoir qui t té ce tte terre toutes les exi stencesantérieures nous apparai ssent avec un e pleine

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92 DU SPIRIT I SME .

clar té . Et i l le faut bien,pui sque vous , qui ecmvez

les lignes que j e reprodui s,vous n e pourri ez pas

vous-même nou s parler de cette vie passée . En ve

nant en ce monde vous avez , comme nous , oubli écette existence antérieure ; le ton assuré que vouspr enez

,les dé tails h omb reux et prec is que vous

en donnez,tout nous fai t croire que vous avez

s ur ce mystère des ren seignements qui nous

manquent . Inutile de demander où vous les avezpulse s .

Vous déclarez que ce souvenir aurait pour nousdes i nconvénients trés- graves . D i tes , pour vous . S itout le m onde en savai t autan t que vous sur les ex isten ces précédentes , -vo tre r ôle serait s in guliéremen t

amoindr i,vo trem i ss ion perdrai t de son impor tance ,

et que deviend ra ien t les Espri ts Ce sont les Espr i ts

qu i vous ensei gnen t toutes les belles choses que vous

nous dites . Il es t donc ab solument nécessaire queleur revienne le souvenir de la vie qu

’i ls on t menée

avan t de paraî tre en ce monde . Ainsi,mais ains i

seulement , je m’

explique cette interr up tion dans

n o s pensées , cette lacune dans nos souvenir s à la

quelle vous tenez tant . Autremen t toute cette fan

( 1 ) Qu’

es t ce que le Sp ir itisme, p . M .

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DOCTRINE DU SPIRIT ISME DIEU .

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98 DU SP IRITISME.

qui peut , grâce a ce caractère se r épandre dans

toutes les classes de la socié te,sans alarm

e‘

r les

consciences , sans choquer aucun cul te , p tî isqu’

olle

se concilie avec tou s .

Qu’

est-ce que Dieu ? « D ieu , disent les Espr i ts ,es t l

intelligence suprême , cause premi ère de touteschoses

Voilà le texte sacré il es t entre gu illemets e t on

nous pr év ien t que c ’est la r éponse même donnée

par les Espr i ts qui se tr ouve ainsi placée . Nous de

vons n ous estimer heureux de vo ir les notions lesplus hau tes de la r ai son et du sens commun confir

mées par un e autorité qu’

on n ’avai t po in t j usqu’

ic i

consultée .

Que do i t— on entendre par l’infini ? Ce qui n

’a

n i commencement ni fin l ’inconnu . Tout ce qui

est inconnu es t infini .En lisant la prem i ère par tie de cette phrase , on

croi t reconnaître le langage or thodoxe de certains

peti ts l ivres à l ’usage de l ’enfance , destinés à leur

ensei gner les prem ier s éléments de la rel igi on; mais

la fin v ient brouiller toutes les i dées et d é trui re

l’heureux effet produit par les prem iers mots . L’

in

fin i,selon vous

,c’est l’in con n u ; tou t ce qui est in

(1 ) l e Livre des Esp r its , p . i .

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DU SPIRITISME . 99

connu es t infin i ; ce sens es t nouveau , as‘

sî1 r émen t ,

et peu vulgaire . Ainsi l ’or i ginalité de vos vues per ce

a chaque phrase au momen t où j’

en trepren ds

l ’étude d ’

une science,tous les objets que j e n

ai

poin t encore étudiés me sont inconnus , pour vou scet i nconnu c’est l ’infini ; mais le j our où j

embrasse

par la pensée tous ces objets , d’

in fin is qu ’ ils étaient

dev iennent—i ls fi nis ? S i ce mot n e peut s ’appliquer

à chaque obj et indivi duel , n e désigne—t -il que l’

en

semble des cho ses i nconnues ? Mais i l arr ive aussi

un moment où cet ensemble , composé d’ individu s

successivement connus,sera connu aussi , et cessera

par conséquent d’

é tre infini . S ans aucun d ou te , i l

es t bien des objets qu i peuvent , par un e transfer

mati on facile à comprendre , admettre ce qu’

on

appelle communément leur s contraires on voi t un

objet blanc deven 1r noir ; un obj et hum ide devenir

sec ; un obj et fr oid devenir chaud,et r éciproque

ment ; mais les mots fin i et infin i , tels que la phi

losophie les compr end e t les explique , désigner ont

i ls un meme objet ? c’est ce que p er sonne jusqu’i ci

n ’avai t affirmé . Les quali tés marquées par ces deux

mots s’

excluen t absolument et si l ’ infini c’estce qui n

a n i comm en cem en t n i fin , comme vous ledi tes

,admettez- vous qu’

un être dont on peut dire

que , par essence , i l n’a ni commencement ni fi n ,

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1 00 ou srmm sn r .

pui sse tout à coup devenir fin i , e t r éciproquement?

La raison répugne à comprend re un e parei lle asser

tion . Ou la p remièr e par tie de vo tre d éfiniti on n e

signifie rien ,et alor s c’es t au secon d sens du mot

infini que vous vous arr ê tez , ou elle veu t d ire quel

que chose . S i elle a un sens , la seconde n e sign ifie

plus r ien ces deux membres de phrase se combat

tent e t se détr ui sen t ; vo ilà tout ce que j e j3eux voiren cet admirable lan gage des E sp r i ts .

Mai s voici le dernier mo t du spir i ti sme sur cette

ques tion Pour rait- o n d ire que Dieu c’

est l ’infini ?

Défi n i ti on incomplète . Pauvreté de la langue deshommes qui es t i nsuffi san te po ur définir les choses

qu i son t au— dessus de l’ i ntelligence .

Vo ilà un superbe d édain pour la philosophie et

po ur plusieur s de s grand s écr ivains qu i se son t

permi s d ’appeler Dieu,l ’ infini ce mépr i s de la tra

d i tion philo swhiriue fai t bien , on le sait , aupr és de

cer taines âmes ; c’

es t un e piper ie qui a ses ruses

et ses calcul s ; ma i s I l faud rait mieux faire et mieux

d ire que les autres quand on p rend ces grands

a irs .La phi1050phie pourrait r épond re que ce mo t

infin i n’étant pas un e défini tion , n e peut ê tre un e

défini ti on in comp lète que désigner Dieu par u n

de ces attr ibu ts , même celui qui es t le plus compré

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02 DU SPIRITISME .

sans s’

apercevoir qu’ils désignent a1ns1 Dieu parun e abstracti on l

’É tern el et qu ’ils prennen tl’

attr ibut p our la chose même ; mais ce qui est—p erm is a

_

ux poè tes n e l’est nullement aux philosophes .

Toutefois , avant d’accuser les philosophes de pren

dre pour un e définition un e abstraction réalisée,il

serai t b ien de prouver qu ’on les a lus, et d

’avoir enmain les preuves de leur mépri se ! D ieu a plusieursattr ibuts

,tout le monde en convient . Est—il

n éces

saire , pour être compr i s , de les tous énumérer à lafois ? N e peut-on poin t le désigner par un seul

,

quand cet attr ibut n e peu t en aucune façon appar

tenir à la créature ? C ’

est une manière abrégée de

par ler , fort intelli gible et fort commode , dont personne n ’a le droit de se plaindre .

Mais j e m’aperçois que c

est là un e chicane su r

laquelle l’au teur est tout prêt à céder : nous n e

s ommes po int encore ar r i ves au fond de sa pensée ;achevons la phrase citée plus haut c’est prendre

l ’attr ibut p our la chose même , et d éfin ir un e chos e

qu i n’

es t p as con nue p ar un e chose qui n e l’

es tp as

davan tage .

Ou j e m’abuse

,ou ceci veut d ire que l

’ infini

est inconnu ; or , un e chose qui nous es t inconnue

est pour nous comme s i elle n’

existait pas , n’

exi ste

pas , en un mot,

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DU SP IRITISME . 1 03

On peu t se demander,i l es t vr ai

,comment il

se fai t que nous par li ons d’

un e c hose i nconnue ,et qui a pu nous en donn er l’ id ée? Mais on r ép on

dra c’

es t notre imagin ation qu i a cr éé cet ê treabstrai t auquel nous donnons un n om qu i n e

s ignifie abs o lument r ien . Ce qui rement à déclar er

que l’ infini es t un e fi ct ion ; qu

’ i l n ’a r ien de r éel .D ieu est cause de tou t ce qui tombe sous n os sen s ;i l est la cau se prem i ére

,tout le r es te es t caus e se

conde , pour parler la langue cla s si que de la philo

50phie,mais i l n ’

es t pas infin i . La p hilos op hie

p os i tive n’

aime poin t ce mo t , n ous le savons . Peutêtre le sp ir i tisme rend—il i ci hommage à la philo s o

phie p ositive ? Peut— ê tr e est—ce un e conces si on

qu ’ i l lui fait ? Peut—êtr e es t- ce un p eu de respect

humain qu ’ il éprouve en pr ésence de cette impor

tante doctr ine? Quo i qu’ i l en s o i t,

on lu i en sau ra

sans d oute gr é , et bien des âmes , dans leur reconnaissance , viendr ont à lui .

Tout n ’

e s t pas dogmes dans le l ivre que nous

analysons l ’auteur daigne descendre aux r éfutati ons, et i l en es t deux , un e du m a tér i alisme et un edu panth éism e , qui , san s avoir l

’ é ten due de celles

que l’on trouve dans Fenelon

,n e sont pas d épour

vues d’

exclamation s d’

ép i thétes assez aimables a

l’adresse de ceux qu on réfute . La d i scus s ion es t

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t on ou smarr1sn r .

peu approfo n d ie , il es t vrai , mais on a dû s ’apercevo ir d éj à que le s Esp r its n e d i scuten t pas ;affi rment

,et ces r o is du m on de in v is ible on tquel

que chose qui impo se , charme et subj ugue .

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o p in i o n d u S p i r i t i s m e s u r D i e u e t la m a t i è r e .

Nous arr ivons à des ques ti ons difficiles sur les

quelles les sciences naturelles et la m étaphysique

n ’ont fait encore que balbutier . Mais D ieu,s ’ i l le

juge utile ,peut révéler ce que la science n e peut

apprendre . «Ce son t d es communicati ons d ’

un

ord re plus élevé sur ce qui échappe au témoignage

de nos sens .Qu’on n e l’ oubl ie p oin t, c

es t un e science d ont

nous avons voulu jusqu’ i ci d iscuter les pr incipes ,une science qui se vante d ’appor ter des soluti ons

nouvelles sur plus d ’

un p oint nous n e pouvons

vo ir dans le Spir i t i sme un e religi on,nous pro tes

tons de notre respect pour tou tes les rel igi ons po

s itives, et sommes parti san de la l ibert é de con

science .

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1 08 DU SPIR ITISME

Pourquo i donc dan s un e philo sophie s ’agit- il

sans cesse de communi cati ons d ’

en haut , de r évé

lation s par ti cul i èr es supér ieures à la scien ce,w le

mand an t un e adhési on ab s olue au n om de j e n e

sai s quelle autor i té mystér ieuse qu i n e souffre n i

doute , ni d is cus sion ? O n nous n e devons teni r aucuncompte de ces passages nombr eux où l

’au teur dé

clare en termes expli ci tes qu’i l n

en seign e po in t

un e r elig i on,ou nou s devon s n e faire nulle atten

ti on a ce langage inspir é , qui , par un e con tradic

t i on formelle,semble ê tre celu i d ’

un pon tife ou

d’

un oracle . Nous pr end rons ce d ernier par ti .

La mati ère es t- elle de toute étern i té,deman de

t —ou al’Esprit ? D ieu s eul le sai t , r épond—il. Vo ilà

qu i es t peu sati sfaisant pour no tre cur ios i té . Maisd

un au tre cô té , san s la ma ti ère , con tinue l’

ESp i‘ i t

,

à quo i Dieu aurait - il appliqu é son activi té , commen tmanifesterait—il sa pu i ssance ? L’

o is ive té n e peut seconcevo ir en Dieu elle est es sentiellemen t contrai reà sa nature , vous voyez que s i Dieu seulle sai t, i l est quelqu

un à qu i i l a commun iqué sa

science .

Il faut peu se laisser émouvo ir par le p rem ier

mouvemen t de l ’auteur ; p our bien des personn es0 est le meilleu r ; pour lui c

est l ’accent d ’

une fo i

ardente qu i n’

exclut pas un e certaine Opini on per

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1 1 0 DU SPIR IT ISME .

peu touché le ph ilo sophe grec que nous citons .

Comment défin it—on généralement la matiè re ?L ’auteur le sai t très-b ien Ce qui a de l

’ étendue ,ce qui peut faire impressi on sur nos sens , ce quies t imp énétrable , J ’aurais aim é et voir

M . A . d i scuter ce qu’ il appelle des DÉF IN IT I ON Selles en valent bien la peine . La plus célèbre de

toutes,celle qui donne l

’étendue pour essence de

la mat i è re,a d ivi sé les philosophes

,elle est d

’ori

gine car tésienne,elle a été combattue par Leibnitz ,

qui y substi tue l’i dée de force . Un cour t résumé de

ces débats n’aurai t pas n ui à l’exposi tion philoso

phique de la doctrine Spiri te . Il aurait montré quel’ i d ée d ’étendue , telle que la conçoit Descartes , n esuffi t point à expliquer les principaux phénomènes

de la mati ère que nous pouvons concevoir par la

pensée un e p ortion de l’

espace parfaitement circon «=

scrite , qui aura l’étendue pour unique attribut

,

sans qu’on puisse appeler matière cette portion

d ’

espace ainsi limi tée , tandis que l’

impén étrab ilité ,

qui implique la notion de force , sans laquelle. i l n ’y

a pour la matière ni consistance , ni être , ni durée ,rend bien m ieux compte de son essence et des phe

n omèn es qu’on y découvre .

Au lieu de ces considérations , qu’i l n ’

entre pas

dans notre dessei n de développer , nous lisons dans

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ou SPIRÎTISME . 1 1 1

le L ivr e d es E sp r i ts «Q uelle défin itibn pouvez

vous donner de la mat i ere ? La mati ère est le lien

qui enchai ne l’

esprit ; c’

est l ’instrument qui le sert ,et sur lequel , en même temps , i l exerce son acti on .

J e n e sais si le lecteur trouve fort claire cette

définition la m a ti èr e es t le lien qu i en chain e

l’

esp r i t , mais i l n e peut oublier que celui qui

parle est pur esprit , et voi t les choses d’

un m onde

que nous n e connai ssons pas ce qui le frappe donc

tout d’abord,c’est ce corps qui enchaîne et entraîne

l ’esp rit c’est un e tendre comp assion qui insp ire

ce langage,plus clair p eut—ê tre p our l’Espr it que

pour nous . Avouons cependant que la philo sophiepeut trouver à red ire à cette définiti on . Un e défin i =

t i on doi t être générale et non parti culi ère ; elle doit

convenir à tout l’objet d éfini,et non— seulement à

cette porti on de mati ère qu i est as sociée à l’

esprit .

La mat i ère doit être envisagée dans son essence ,

et non dans ses rapports avec un être particulier

que vous n ’avez pas d éfini , et qu’on est censé par

cons équent n e point connaî tre encore comme un e

définiti on n e peut renfermer que des termes ou

déj à définis , ou parfaitement clairs par eux-mêmes ,la d éfin iti on que nous venons de citer pèche contre

les règles les plus élémentaires de la logique . Il convient de reconnaître, néanmoins , que tout s e tient

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1 1 2 DU s r 1nrr1snn.

dans un système bien ordonn é , et qu’i l fallai t tron

ver un objet à l’activité humaine , comme on— en a

trouvé un plus haut à l ’activité de D i eu c’es t le

dogme de l’é ternité de l a mat i è re qui demandai t i ci

quelque chose qui y répon de et le confirme .

Qu’

est-ce que l’

e5pr it ? Le p r in cip e in telligen t

d e l’

un iver s » (l ) .- S i n ous n’av i ons lu précédem

ment les excellentes pages de l ’auteur (fentre le

pan théisme , nous pourri ons donner à la défini tion

que nous venons de ci ter un sens conforme à la

doctr ine que repousse le Spir i tisme . La définiti on de

la matière nous a paru parti cul i ère et par conséquent

incomplète , celle—ci n ous semble trop compréhen

s ive et n ous rappelle/l’

op in ion de quelques stoïciens ,

qui n e voyaient dan s l’univers qu’

un seul pr incipeintelligent , et qui ne d istinguaient pas l

esprit de

l ’homme de la pensée qui men t la mati ère , et y

fait régner l’ordre et l ’harmonie . Assur ément ,entre l ’âme de l’homme et D ieu , i l y a plus que

des ressemblances lo inta ines ; ces deux natures

on t une chose commune , d’ê tre espr i t : mais que

v ient faire ic i l’univers ? L ’intelli gence d ivine l ’aconçu

,l ’a réali sé

, en dirige les forces ; mais l’intel

ligence humaine es t-elle pour quelque chose dans

( 1 ) Le L ivre des E spr its , p . 1 0.

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H ü DU SPIRIT ISME.

h ere , mais un i à elle d’

une man i ere ind issoluble,

est intelligent .

La physique n e nous a encore parlé que de l elec

tr icité,de la lum i ère , du calorique , d e l

’attracti on ;la chimie

,de l

affin ité , de l a c ohésion , des équ1va

lents,etc . ; tout cela est incomplet , faux par con

s équen t ; i l reste à analyser l’

esprit,l’ intelli gence

universelle on a étud i é la m a tièr e in er te, il enfaut venir a la mati ère in telligen te .

Ces mots,matière in telligen te , feront sourire

pe…—être les savants ,mais s’ ils se donnaient la peine

de lire le L ivre des E sp r its , i ls n e tarderai ent point à

découvri r que cette expressi on est une des néces

s ité s du système que nous exposon s l Les magn éti

scurs se piquent de donner , par un seul acte de la

volonté,à un e substance quelconque , les propriétés

les plus diverses . Il n e s’ag i t p oint i ci , on le voit,

de manipu lati ons ch im i ques il n ’

est question que

d ’

une obéissance aveugle de la part de la matièrepour obéir il faut comprendre l ’ordre que l’on

reçoit ; i l faut être intelli gent ; don c ,’

la mati ère est

i ntelligente . Voilà toute la logique du spi r i ti sme

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SOMMAIRE DU SPIRIT ISME SUR LA CRÉATION .

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1 1 8 DU SPIRIT ISME .

physi ciens de la Grèce . L ’i d ée de cr éation se trouverait alor s méconnue le Spir i t i sme est très—exp lici te sur ce po int à un moment déterminé

,où r ien

n ’étai t, se sont tr ouvés des mondes innombrables ,

et cela par un acte de la volonté toute-pui ssante de

Dieu . Il a d i t : que l a lumi ère soit,et la lum i èr e

fut Voilà qui es t très— orthodoxe , assurément ,mais l’auteur

, qui comprend très—bien le sens desmots

,a dû se dire que le mot création 1mplique un

acte d ’

une cer taine dur ée , un acte précis , déterminé

par le temps , que les mots cr éer étern ellem en t

seraient deux mots contradi ctoires et absurdes ,et cependant n ’

avon s—nous pas lu,dan s —1e cha

pi tre pr écédent, que la mati ère doi t être éternelle ,

par ce qu’ i l fallai t éternellement un objet à la pui s

sance de D ieu éternellement active ? Que devient

alors la création ? «L ’

univer s a - t - i l été créé,ou

bien est— il de toute éternité comme—

D ieu Sansdoute i l n ’a pu se faire tout seul , et s ’ il était de

toute éternité comme D ieu ,i l n e pourrait pas être

l’œuvre de D ieu . Voilà pour le texte sacré dans

lequel nous n’

escus trouver singuli ère la dern i ère

l igne ; mais voyons le commentaire : La raison

nous di t que l’

univers n’ a pu se faire de lui—même ,

(1 ) Le Livre des E sp r its , p . 1 5 .

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DU SP IRITISME . 19

et que n e pouvant être l’œuvre du hasard , i l doit

être l’œuvre de D ieu (l ) .

Le mot matièr e n ’

est point i ci prononcé ; les

mots m a tièr e in er te et ma tière in telligen te du pré

cèdent chapi tre dési gnent—ils l’

univers entier , un e

partie de l’univers , ou t out autre chose que l’

uni

vers ? voilà ce qu’ il serait à p ropos de nous dire .

S ’ i ls d ési gnent l ’univers , i l y a contradicti on fla

graute entre le chapi tre II et le chapitre I II , entrecelui qui affirme l

’éternité de la mati ère et celui qui

enseigne la création ea: n ihi lo si l’ensemble de lamati ère intelli gente et de la mati ère inerte n’

es t

point compr i s dans le mot un iver s,reste a déte

r =

miner le sens de ce mot, qui se trouve détourn é de

son acception ordinaire . Ainsi,contradicti on ou

obscur i té pr ofonde , voilà dans quelle alternative setrouve la doctrine que nous é tudi ons .

Mai s passons sur cette diffi culté ; contentons-n ousd ’

exposer . «L’

esp èce humaine a—t- elle commencé

par un seul h omme ? Non ; celu i que vousapp elez Adam n e fu t ni le prem ier

,ni le seul qu i

peupla la ter re On le comprend aisément ;les Espri ts sont les âmes des hommes

,ou à naî tre ,

(l ) Le L ivr e des E sp r i ts , p . 1 6 .

(2 ) I bid .

, p . 1 9.

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1 20 DU SPIRITISME .

ou ayant déj à vécu ; i ls son t nécessaires à l’

har

monie du monde ; donc i l faut supposer qu’avant

Adam i l y avait des Esprits destinés à venir sur cetteterre ; qu

Adam lui -même avai t été E sp r i t avant

d ’être hab itan t de notre globe ; donc , au moment

où il apparaî t ici- bas , i l n’

est pas le prem i er homme ,donc i l faut

_

supp oser une série indéfin ie d’

Es

p rits ,etc . D’ailleurs on peut considérer Adam

comme un mythe ou un e allégorie per sonn ifian t lespremier s âges du monde

L’homme a pris naissance sur plusieurs po ints

du globe à d iverses époques , et c’est la;une descauses de la diver s i té des r aces . Le climat

,la vie et

les habi tudes ont d éterm iné ces vari étés qui , eu

j ourd’

hui,nous frappent et nous confondent .

J e n e sms c omment le chr ist1an 1sme peut se con

oi lier avec des doctr ines qui le contredisent formellement ; n ous ser i ons embarrassé pour trouver un econcordance entre deux ensei gnements s i opposés

mais l ’auteur que nou s avons sous les yeux n e s’

ef

fraye point de l a ha rdiesse de ses asser ti ons et n e

cro i t pas blesser le chr is tianisme dans ses croyances

les plus chères . Au l ieu de discuter une question

scientifique qu i par tage encore les savants , les

( l) Le Livre des E sp r its , p . 20.

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1 2 2 DU SP IRITI SME.

dence de ses raisons . J e n’ose partager sa j oie et

ses espérances . Le texte qu’

on opposait à Galilé eétait un mot

,une l igne qui n e se hait à aucune

doctr ine,qu’on a bientôt reconnu n’être autre

chose que le langage vulgaire , et par conséquent

n’

impliquan t aucune théorie astr onom ique ; mais

sur les points dont il s’agit , il est des pages et deschapitres

,il est un ensemble de notions pr écises

qui n e s’appliquent pas seulement au monde phy

sique,mai s qui renferment tout ce qui intéres se le

plus le genr e humain , tout ce qu’il lu i impor te le

plus de savoir . Le cas d ont i l s ’agi t i ci n e » n ous pa

rait donc point le même que celu i auquel fait allu

s ion le L ivr e d es E sp r i ts , et j e cra i ns b ien que

l’Église , au lieu de se ranger à son av i s , n e finisse

par le repousser et par écar ter les âmes de sa doc

tr ine ; ce qui lui serai t fort sensible , nous n’

en

douton s nullement . Ce serai t un v ilain tour que luij oueraien t les Espr i ts , et nous savons par d ifférents

passages de ce l ivre qu’ i l en est qui se plaisent à

confondre notre présomp ti on et à se rire de notrecr éduli té (l ) .

(1 ) Esprits faux- savan ts . Livre des E sp r its , liv . 11,ch . I , p . as

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QUELQUES PROBLÈMES PHILOSOPHIQUES DONT LE SP IRITISME

NE DONNE QUE DES sou mons RENOUVELÉES .

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1 2 6 DU SPIRITISME .

physiques tiennent un langage,et l’expérience

,

l ’observation , un autre . De là une foule de solutions

à cette diffi culté . L’

influx physique d ’

Euler,i e mé

diateur plastique de Cudw or th , les causes o ccasion

nelles de Malebranche , l’harmonie préétablie de

Leibnitz , sont assez connues pour que nous en par

li on s ici .

Mai s qu ’on nous permette de faire remarquer

que la diffi culté n’

est s i grande que parcequ ’on a

accepté comme un axiome , que l’

essence de la matière es t l ’étendue , et l

essence de l’âme , la penséecomme l’esprit n e voyait absolumen t » r ien de

commun entre ces deux choses unies,on n e sai t

comment,on n e pouvai t comprendre qu’il y eû t

relation entre ces deux substances , et comme on

croyait sai s ir un e certaine correspondance entre les

phénomènes , les états de l’

une et les phénomènes

de l ’autre,les philosophes ont expliqué cette con

comi tance par un e cause é trangère agissant sans

cesse , ou ayant agi un e fois p our toutes ou b ien

ont imaginé entre le corps et l’âmeun in termé

diair e qui tranche le nœud de la questi on les pr e

m iers suppriment le problème en niant toute com

mun ication directe entre l ’âme et le corps ; les

seconds reculent la diffi culté , ce nous semble , sans

parvenir à la résoudre . Le spiritisme prend par ti

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DU SP IRIT ISME . 1 2 7

pour ces derniers , et rép ond que le l ien qui uni tl ’âme et le corps est de nature semi—matérielle (l ) .

Il y a longtemps qu ’on a répondu à ces philosophes

que cette solution n’

en est pas une ; car dire s em im atér ielle , c

est dire que cette substance intermé =

diaire est mo itié matière , moiti é e spri t , que grâceà la partie spi rituelle elle communique avec l’es

prit , grâce à la partie matérielle elle communique

avec le corp s,et qu’ainsi s ’établit un e commun ica«:

ti on rapi de et facile entre notre corp s et notre âme .

Or, qui n e voi t qu’on peut s e demander encore

comment la partie physique et la par tie Spir ituelle

de ce m édiateur,comme on l’a nomm é , se trans

mettent les impressi ons qu’

elles reçoivent l ’une de

la matière,l’

autre de l’

espr it ? Si l’âme n e peu t avoir

de relati ons avec le corps qu ’

eutant que les deux

parties de la substance in termédiaire en ont entre

elles,i l faut absolument expliquer comment la ma

tière et l ’esprit du médiateur communiquen t entre

eux ce‘

qui es t précisément le pr oblème qu ’

on s ’es t

posé à propos de l’âme même . La questi on est , dan

le second cas , la même que dans le prem ier ; là ,comme i ci , se trouvent en présence deux substances

dont les attributs sont si d ifférents , que vous avez

(1 ) Le Livre des E sp r its, p . 5 8 .

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1 2 8 DU SPIR IT ISME .

déclar é tout d ’abord leur union et leurs rapports

incompréhensibles . Ce que vous n e pouviez n ousexpliquer au suj et de votre âme et de votre c o

j

rps ,

vous es t- i l plus facile de vous l’expliquer , quand

il s ’agi t de l’

intermédiaire de votre inven ti on ? D’ail

leurs , es t—il bien ais é de comprendre quelque chose

de semi—matériel ? On n’

est à demi ni esprit ni matière , on est tout l’un ou tout l’autre ; vous avezbeau réduire la matière

,la subtiliser tan t

'

que vousle voudrez , vous n

en ferez j amai s de l ’esprit , e tl’

esprit n e saurai t deven i r mati ère et , supposer

que ces deux substances , par des operations singulières , tendent sans cesse à s

accommoder l ’une à

l autre,écartan t les qualités incompatibles

,et - se

rapprochant par les qualités semblables , où trouvezvous le poin t p recrs , le moment précis où vous

n ’aurez plus qu ’

une dem i-mati ère ou un demiesprit ?

J e me trompe en renonçant à ce principe du

cartésianisme , que l’âme es t pensée par essence , que

l ’étendue est l’essence des corps , en cherchant ail

leurs cette essence,on trouverai t peu t- être que!

que chose de commun entre ces deux substances ,et leur communication paraî trai t moins étrange ,sinon plus facile à expliquer . Quand i l s’agi t d’un

fai t dont on cherche le commen t, la premi ère règle

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l 30 DU SPIRIT ISME .

trouve résolue par notre expérience de tous les j ours;et

, s’i l y a là un e question plus haute de mécan i que ,

c’

est à cette science de la r ésoudre . Mais nouscroyons que le problème posé dans les termes où

nous venons de le poser n’

offr e pointces difficulté s

insurmontables qu’

a soulevées le cartésianisme .

Le chapitre dont nous avons tiré l’0p in ion des

Spirites sur l’union de l ’âme et du corps (4 ) se ter

m ine par un e éloquente sortie contre le matérialisme . Tous les arguments en faveur de l’immor tal it é de l’âme y sont développés avec un e certain e

chaleur que la conviction seule peut y met tre . Nous

aurions mauvai se grâce à nous tai re quand il y au

rai t tant à dire , quand nous li sons que la m iss iondu spiriti sme est de fonder la fo i en un e autr e vie

,

et de se faire le plus puissant auxili aire de la reli

gion Nous reviendrons sur ce caractère rel i

gieux et moral que s’

attr ibue sans cesse le spir i

tisme ; contentons -nous de rappeler , en term inant ,une grave question qu’i l se pose et qu’i l résout avec

autant de facili té que tou tes les autres

«”

Comment s ’opère la séparation de l’âme et

du corps ? Les liens qui la retenaient étant

(l ) Le L ivre des E sp r its , liv. 11, ch. 11 .

(2 ) I bid ., p . _ 65 .

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DU SPIRIT ISME . 1 3 1

rompus , elle se dégage Nous connaissons cer

tain médecin de comédie , médecin de cir cons tanceil es t vrai , qui pourrait vous env ier ce lan gage .

(1 ) Le L ivre des E sp r i ts , p . 68 .

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S u i te d u c h ap i t r e p r é c é d en t °

Nous avons déjà vu,au chapi tre III

,qu ’i l y a

pour chaque âme pluralité d’

existen ces,tran sm i

gration progressive , que cette d octrine que l ’on

retrouve dans l’

antiquité , que l’

Allemagn e a raj eu

n ie et adoptée , a fin i par devenir un d ogme de la

doctrine sp ir ite . Sur quoi est fondé le dogme de

la réincarnati on,l it—o n dan s le livre tant de fois

ci té Sur la justi ce de D ieu et l a révélation .

N ous aVon s exam i ne cette opinion au point de vue

de la psychologie,et nous avons vu qu

elle es t en

contradiction avec les assertions les mieux fondées

de cette science . Nous devons ici envisager la mêmequestion à un tout autre point de vue .

(1 ) Le Livre des E sp r its , p.

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1 3 6 DU SPIRITISME .

S ’il es t vrai que la re1ncarnation des âmes soitun dogme fond é sur la justice de D ieu , on do i t

hésiter,ce me semble , à le critiquer , et l

on“

peut

légi timement dou ter des résultats de la psychologie .

Voyons comment l’auteur expose son op inion à ce

sujet . «Un bon père laisse touj ours à ses enfants

une porte ouverte au repentir . La rai son n e te di t

elle pas qu’i l serai t injuste de pr i ver sans retour du

bonheur éternel tous ceux d e que el d ép en dra d e

s’

am élior er ? Est- ce que tous les hommes n e sont

pas les enfants de D ieu ?

Pui s v ient le commentaire Il n e sera1t n 1 selon

l equ ité , ni selon la bonté de Dieu ,de frapper à

j amai s ceux qui on t pu rencontrer des obstacles

à leur améli oration en dehors de leur volon té , et

dans le m il ieu même où il s se trouvent placés . Si le

sor t de l ’homme était irrévocablement fi xé apr ès samor t

,D ieu n’ aurai t poin t pes é les acti ons de tous

dans la même balance , et n e les aurai t point traités

avec impartiali té .

La doctrine de la ré i ncarn ation est la seule qu i

réponde à l ’i dée que nous nous fai sons de la justice

de D ieu à l ’égard des hommes placés dans une

cond iti on morale inférieure , pu isqu’

elle nous offre

le moyen de racheter n os erreurs par de nouvelles

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1 38 DU SPIRIT ISME .

que la conscience constate . et personne n’a songé

à en appuyer la certitude sur un syllogisme qui aitpour majeure la justi ce de Dieu . Faire dépen dfé duraisonnement un e vérité de fai t

,un e vérité d ’

expé

ricuce , c’

est la compr omettre,et l’on peu t remar

querque toutes les controverses et toutes les erreurssur ce point viennent de ce qu’on a déplacé la ques :

ti on , de ce qu ’on l’a abordée avec un e méthode

qui n’

est p as la sienne .

Quo i qu ’i l en soit,toute l ’argumentation en fa

veur de la réincarnation suppose accordée la proposi t iou su ivante : Il est des i nd ivi dus placés en cettevie de façon à ce que leur vo lon té n e puisse surmonter les obstacles qu i s

’opposent à”

leur amélio

ration . Ainsi nous sommes d i spensés de discuter“

la

croyance à l’éternité des peines . Le philosophe dont

nous examinons la d octrine s ’est renferme dans

cette su i te de raisonnements : Ou l’homme peut

tri ompher de toutes les difficultés qu’i l rencontre à

faire le bien,ou i l n e le peut pas ; or , i l n e le peut

pas touj ours , donc Dieu lui d oit un autre genre de

vie où i l répare le passé et pu i sse m1eux fair‘e .

Il faut avouer que tous les philosophes Spiri

tualistes ont reconnu que la vie presente n’

est se

mée de diffi cultés et d ’épreuves que pour forcer

n otre activi té à s e déployer tout entière , que pour

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DU SPIRITISME . 1 39

donner à notre volonté et à notre libre arbi tre un eénergie qu’ils n ’auraient poin t sans cela . Mais aucund ’

eux n ’a écri t que ces diffi cul tés son t quelquefois

au- dessus des forces de l ’individu . Tout le mondecroit que l

existence actuelle est pleine de périls

pour notre âme,mais tou t le monde croi t auss i

que celle—ci en peut s or tir à son honneur; que la

volonté vaincue un e foi s s e r elève bientôt avecl ’expérience de sa faiblesse , avec des résolutions

plus fermes,mais j amai s d ésespérées . La lutte n e

fai t qu’

accroître ses forces et lui donner des r es

sources pour tri ompher d ’obstacles qui n e peuven t

se multiplier indéfiniment . Quand l ’homme cède àla passion

,i l sent fort bien qu’i l p ouvai t n ’y pa s

céder , et s’ i l est aveuglé un moment par celle—ci , au

point qu ’ i l s oit tenté de tout rej eter sur la violence

de s es penchants,quand la passion est tombée ,

l ’aveuglement cesse , i l voi t clai rement que s’

il a

failli,c’est sa faute et non celle des circonstances , e t

i l reprend la lutte,partagé entre la confusion de sa

faiblesse et le ferme propos de rés ister plus én ergi

quement . Voilà ce qu’

en seign en t la plupart des

moralistes,voilà ce que proclame l

expérience . Sices philosophes ont raison , si l

expérience n e nous

abuse pas toute l ’argumentation des Spirites

tombe , la nécessité de la réincarnation devient

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M O DU SPIRITI SME.

mo in s évidente,et le d ogme n ’

est plus qu’

uneo pi

n i on particuli ère fort d ou teuse .

Nous pouvons aj outer à cette réfution quelques

considérati ons que nous soumettons humblement

aux Espri ts espérons que nous ser ons entendus .Vous annoncez aux hommes qu’ ils n e d oiven t

point d ésespérer de la justi ce et de la mi sér i cordede D ieu ; que si l

’épreuve de cette vie a été au-dessus

de leurs forces , i l est un e autre exis tence où ils

seront m ieux traités,où ils pourron t tout réparer .

J e n e sms 81 ce langage est bien fai t pour for tifier\

en nous le sentiment de notre responsabili té,pour

nous b ien faire comprendre tou t ce que la vie a degrave et de sé rieux . L

illus ron est s i facile à l ’homme,

quand i l s ’agit d’

efforts à faire , de diffi cul tés à sur

monter ! il se persuade s i ais ément qu’ i l n ’

es t p o i ntfai t pour les sacr ifices douloureux que le devoir

exige de lui , et que sa volonté est impu i ssante à

triompher de tous les obstacles qu’i l rencontre ! Et

alors as suré d’

un avenir où i l lui sera d onné d ’ê trehonnete et moral à un moi ndre p r ix , où un e ex is

tence plus douce lui vaud ra une récompense qu’ il

n e se sent pas la force de mériter i ci-bas il abandonnera peu à peu l ’emp i re de lui—meme à s es

penchan ts , a ses in clinati ons , à sa sensibilité en un

mot il joui ra en paix et sans remords des courts

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DU SPIR ITISME .

vent rien au delà de ce monde,et qui se hâten t de

savourer les courtes délices qu’il leur accorde‘

f lls

voient en D ieu,si toutefois ils y croient

,un de ces

bons pères de coméd ie , qui aiment mieux être lesami s de leurs fils que leurs maî tres , et qui trouvent

plus commode de r ire de leurs fredaines que de

les leur reprocher .

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DU CARACTERE MORAL ET RELIGIEUX DU SP IRITISME .

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1 116 DU SP IRIT ISME .

sein de sa mère , pour naître une seconde fo is ?Jésus lui rép ondit En vér i té

, en vérité , je ous

le di s , s i un homme n e renaît d ’

eau et d ’

espr i t

(li sez de l’

eau et du Saint—Esp r i t) i l n e peut entrerdans le royaume de D ieu . Ce qui es t né de la chai rest chair , et ce qui es t né de l

espr i t est esprit . Nevous étonnez point de ce que j e vous ai di t i l faut

que vous naissiez de nouveau

Que résul te—t-il de ce langage de J ésus ? Un echose claire et éviden te i l faut que votre âmepasse en un autre corps , et que vous recommen

c ieZ à v ivre avec un corps nouveau . J e n e‘

parlera ipoint i ci de quelques petits changements apportés

au texte de Le Mai stre de Sacy , changemen ts assezheureux pour la cause du spiri tisme , mais que l

an

teur , qui ci tait de mémoire sans doute , n’a point

remarqués .

Quant au sens , i l en faut conven i r , les interpr ètes

le do iven t trouver nouveau . I l est sans cesse question dans l’Évan gile d e d ép ouiller le v ieil homme ,d e r evêtir l

homme n ouveau ; on d it de l ’eau du

baptême qu’

elle rege’

n e‘

r e l’

âme, que celle—01

,a1nst

regen eree , m ène un e vie n ouvelle ; il est donc 00n «=

forme à la trad ition constante , et, j e dois le dire, au

saint Jean, ch . tn .

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DU SPIRIT ISME . 1 117

sens commun et aux principes généraux—"

de l ’inter

prelation des textes , d’

entendre de l ’âme,de l’âme

seule , cette naissance que Jésus regarde comme

nécessaire à qui conque veut entrer dans le royaume

de D ieu .

S i c’es t là le véritable sens du passage que nousvenons de citer , comment l

Église chrétienne pren

dra—t—elle l’étrange i nterprétati on qu’on a lue ?

L’auteur n ous r ép ète à chaque page que sa doctr ine

est éminemment rel igieuse , p arce qu’

elle est par

tout d’accord avec le chr istianisme . Que pens er de

cette assertion ? Nous avon s déj à montré plus ieurs

fois que le sp ir i ti sme n ie quelques-mn s des dogmesdu catholicisme ; nous venons de voir qu

’ i l i n ter

prète les textes sacrés a sa man i ere sans se soucier

aucunement de la tradition . fl e l ibre examen , cet te

interprétation i ndividuelle est le dro i t du spiri tisme

comme philos0phie ; ma i s qu’ il n ’

affi rme pas sans

cesse un accord que sans cesse i l d ément ; qu’i l n e

dise pomt qu’ i l est religieux parce qu

’i l est chré

tien lorsque tout en lui accuse l ’œuvre d ’

un

l ibre penseur . Ce que nous demandons , c’

est qu’

i l

( 1 ) Qu’

es t- cc que le Sp ir itisme, p . 1 2 3 . La morale en seignée

par les Esp r its n’

es t! autre chose que celle du“

Christ, et qui se

trouve dan s l’Évangile .

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1 118 DU SPIRITISME .

s oit conséquent avec lui-même,car ce n ’

est pointla cause de la religion que nous soutenonscelle de la lo gique , cela nous suffi t .Pour le caractère moral du Spir i tisme , voici ce

que nous en pouvon s penserLes maux qui affligen t les hommes sur la terre

ont pour'

cause l’

orgueil, l’

égoïsme et toutes lesmauvaises passi ons . Par le contact de leur s v i ces

,

les hommes s e rendent réciproquement malheureux

et se puni ssent les un s par les Mais comment détruir e l’égoïsme et l

orgueil qui s emblen t

innés dans le cœur de l’

homme ? » L’

ég01sme et

l’

orgueil sont dans le cœur de l’

homme,parce que

les hommes son t des Espr its qui ont suiv i des le

pr 1nmpe la route du mal,et qui on t été exilés sur

la terre,en punition de ces mêmes v ices c’es t en

core là leur p èche or i g inel , dont beaucoup n e se

sont pas d époui llés . Par le spir itisme,Dieu vient

faireun dernier appel à la pratique de la lo i en sei

gn ée par le Christ la lo i d’amour et de char i té

Ainsi la rel igion , la philos0phie nouvelle a pour

but essentiel l’

amélioration des hommes elle n e

renferme que ce qui peut a ider au p rogr ès moral

et intellectuel L’

égoïsme , l’

orgueil, la vani té ,

(1 ) Qu’

est-cc que le Spi r iti sme, p . 2 11 .

(2 ) Ibid ., p .

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150 nîî”

SPI”

RÏÎ ISMË.

ils des i dées que nous avons exposées dans leschapi tres précédents ?

Le voici , nous d ira—t-ou . La certitude de laviefuture arrache l’homme à son égoïsme , lui permet

d ’apprécier l’exi stence actuelle à sa juste valeur ,nous détache des biens presents

, qui semblent indi

gnes de nous , favori se l’amour de n os semblables

,

et augmente l’horreur du mal; car les Espri ts venantà chaque instant nous entretenir des récompenses

que leur ont values leurs vertus , des châti‘

men ls

que leur ont mérités leurs fautes , nous inspirent la

crainte des peines de l’autre vie et nous font aspirer

à cette félici té qui doi t ê tre le prix de nos efforts .

Je le veux bien .

Mais voici ce qui arrive . Le christiani sme nous

par le aussi de 1 1mmor talité de l ’âme ; i l nous en

seigne que nous sommes tou s frères , que nous de

vons aimer ceux qui n e sont plus , que ceux- ci ont

pour nous les sentiments qu’ ils avaient quand ils

é taient sur cet te terre qu’ il y a communion entre

toutes les âmes qui sont en ce monde et celles qui

n ’y sont plus ; mais toutes ces vérités i l n e nous

les fait pas toucher du doigt . Entre le christianismeet la do ctr ine spirite la seule différence est donc

que le premier exige la foi à ses dogmes , tandi s que

l ’autre nous d ispense de la fo i , en nous d émon trant

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DU SP IRIT ISME . 1 5 1

ce que le premier veut que nous croymn s . Pour l’un,

c’est quelque chose de surnaturel qui nous éclai re ;pour l ’autre , c

es t l ’expér ience qui nous gui de et

nous condui t . L’

e3pr it es t le même”

,le langage es t

le même ; la méthode seule d i ffère .

Pour que soit vrai ce que le spiritisme avance , i lfaut qu’on évoque les morts , qu

’on assiste à des

appariti ons , qu’on vo ie , qu

on é n ten de un parent ,un am i qui se fasse reconnaître à des s ignes non

équivoques ; il faut que ces personnes nous r êvélen t tous les mystères de la vie qu’

elles menent

dans un monde i nv is ible i l est nécessaire que ces

phénomènes d ’

apparition s pu issent se reproduire à

notre gré , le plus souven t p ossible , qu’i l s oi t auss i

facile de les observer que les phénomènes qui son t

l’objet des scien ces physiques et n aturelles .

Mais s i par hasard r ien de semblable n’avait en

l ieu,si aucune de ces conditions n ’étai t remplie , si

aucune table n’avai t tourné,s i aucun revenant

n’

é tait'

apparu , s’

il n e nous avai t j amais été d onné

de converser avec ceux qui n e sont plus, que de

viendraient les prétenti ons du spiritisme ? Quellebonne nouvelle nous aurai t—il apportée Il faudrai tle cro ire sur parole . Comment alor s nous aurai t- i ld ispensé de la fo i , ains i qu

’i l l’affirme ? A quoi

servirai t— il ? Entre les affirmati ons sans preuves de

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1 52 DU SPIR IT ISME .

la rel igion et les affi rmation s sans preuves du spi

r itisme , le choix pourrai t bien n e pas être en faveur

de cette science nouvelle . Celle- ci promet deäfai ts

etdcs démonstrations qu’

elle a touj ours fait attendre;celle-là avoue franchement qu’i l n e faut pas compter

sur ces moyens humains pour connaî tre et pour

croire . De quel cô té es t la bonne fo i ? De quel côté

la contradiction ?

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li e q u e lq u e s p r in c i p e s s o c iau x d u S p i r i t i sm e

Il est bien rare,auj ourd ’hui

, qu’

une conversa

tion un peu prolongée n’

amène les i nterlocuteurs

sur le terrain de la p oli tique, que nous n e desm on s

savoi r les Opinions p oli tiques de ceux avec qui nous

n ous entretenons . Cette curiosi té,ceux qui hantent

les sp iri tes peuvent bien l ’avoir ; c’

est pour la satisfaire que nous écrivons ce chapitre .

L ’homme est né pour la s ociété , et s i l’on n ’ose

d ire que l’ indivi du n’

es t rien sans elle,on peut

affirmer que sans elle i l est peu de chose .

Il faut d i s tin guer , dans la société , deux éta ts queles publi cis tes du XVI I Ie si ècle ont généralement re

connus l’état de na ture et l’état civili sé . L ’état de

nature est un état d ’i solement et — d’

hostilité que

l ’on trouve à l’origine de presque tous les peuples

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1 56 DU SPIR IT ISME .

L’homme devai t avo ir le mérite de son amél iora

tion ; bien qu’

in s tin ctivement poussés à s ’unir,à

concourir à un même but , i l a fallu aux ind ivi dus

beaucoup d ’

efforts et d’

intelligence pour fonder depeti ts États , pour fonder des insti tut ions reli gieuses ,poli tiques , pour mettre leurs intérêts en commun

,

et apprendre à sacrifier l ’ intérêt privé à l ’utilité

générale ; en un mot . v ivre en soci été , ce qui nous

paraît auj ourd ’hui s i S imple et s i n aturel,suppose

l ’abandon de certains instincts sauvages et bar

bares, de haines vi goureuses mais aveugles , d

une

indépendance farouche , un éspr it de sui te , d’or

dre , d’

obéisssan ce , d’

abn égation . Toutes ces qual ités

,les besoins

,quelque impérieux qu ’i ls so ient

,

n e suffi sent point à les faire naître elles n ’on t pu

se montrer tout d ’ab ord ; il a*

fallu que les lumi ères

de la raison et de l ’expérience s’

accroissan t de j our

en j our,fi ssen t de j our en j our m ieux comprendre

tous les avantages de la vie de so c i été .

La socié té est donc une nécessi té p our l’homme ;c’es t un e lo i de notre nature ; nous y soustrai re par

un vœu (nous exposons touj ours , qu’on n e l ’oublie

pas) , nous y soustrai re pour vivre dans l’i solement

et le silence , c’

est commettre une faute grave et

D ieu ne saurai t accep ter ce sacrifice, qui n

est qu un

égoïsme déguis é (liv. III,chap . vn ) .

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1 5 8 DU SP IRIT ISME.

dans l’

autre , so it ; mais , pendant sa marche lente à

travers les sœcles , des mi lliers d’individus meurent

tous les j ours ; quel est le sort de tous ceux quisuccombent dans le trajet ?

Au bout des mille an s,i l n’y a plus de trace des an

cien s habitants la n ati on de barbare qu’

elle étai t,

est devenue policée ; qu est—cc qui a progressé ?s ont—cc les individus j adis barbares ? Mais il s sontmorts depui s l ongtemps . Sont—cc les nouveaux venus ? Mais

,si leur âme est créée au moment de leur

naissance,ces âmes n ’

existaient pas au temps de

barbari e,et i l faut admettre que les effortsque l

on

fait pour civiliser un peuple ont le pouvoir , non pas

d ’améliorer des âmes imparfaites , mais de fairecréer par D ieu des âmes parfaitesVoilà des objections redoutables con tre la théorie

vulgai re du progrès,objections dont quelques-unes

n e son t pas neuves , dont le dernier mo t est aussi

étrange qu’

inatten du . Mai s avan t d ’y répondre ,pour être plus impartial , i l convient d

exposer les

i dées que le Spiriti sme a substi tuées à celles qu’ i l

critique .

«Comparons cette théor ie du progrès avec celledonnee par les Esprits . Les âmes venues au temps

(1 ) Le Livre des E sp r its , p . 3 32 .

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D‘

ÏJ SP IRIT ISME.

de la civi l isati on ont eu leur enfance comme toù tesles autres ; mais elles on t d éj à v écu

,et sont venues

avancées par un progrès antér i eur elles viennent,

attirées par un mi lieu qui leur est sympathique , et

qui est en rapport avec leur etat actuel ; de s orte

que les soins donnés à la civili sation d ’

un peup len’

ont pas pour effet de faire creer p our l ’avenir desâmes plus parfai tes

,mais d

attirer celles qui on t

d éj à progressé,soi t qu’

elles aient déjà vécu chez cemême peuple au temps de sa barbari e

,soi t qu’

elles

viennent d ’autre part . Là es t encore la clef du pro

grès de l’humani té tout entière

Le lecteur doit être édifié sur l a sup é r i orité de lanouvelle doctr ine . T outefoi s

, j e doute qu’il ai t par

faitemen t compris cette nécessité de fair e cr éer

p our l’

aven ir des âmes p lus p arfa i tes . Pour nous ,i l nous semble que la ph ilosohie contemporaine a

entendu la questi on du progrès autremen t que le

chef des spir i tes n e l’

expose , et que le—spi ri tisme

n’

est une expl i ca tion qu’

autan t que l’

on altère la

théor ie vulgair e comme l a nomme l’aut eur que

nous é tudions . L expositi on que nous avon s .donn ee

avec fidélité es t pleine de reti cences , de s ous

entendus , de lacunes volontai res ou i nvolonta i res ,

(1 ) Le L ivre des E spr i ts , p . 3 32 .

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60 DU SPIRITISME.

n ous n e savons , mai s elle manque d’

exactitude . La

compléter , ce sera répondre a des objections que

l ’on a l ’ai r de regarder comme décisives .

On nous dit Pendan t la marche lente de l’human ité à travers les si ècles , des m illier s d

’ind ividusmeurent chaque j our ; quel es t le sor t de tous ceux

qui succomben t dans le traj et? » L’auteur pourrai t

dis tinguer deux espèces de fi n s la fin de l’

in

d ivi da et la fin de la n a ti on ,de la socié té ; quel que

so i t le m ilieu dans lequel s e déve10ppe l’ ind ividu

,

qu’ il soi t bar bare ou n on les épreuves de la vie sont

telles qu’i l y peut touj ours accomplir sa destin ée ,c ’

es t à- dire v ivre sel on les lumi ères de sa raison et

mér iter la r écomp ense qui attend , au delà de ce

monde,tou t ê tre i ntelli gent qui a pratiqué le bien

et év i t é le mal . La philosordn e aj oute que la j us ticedivm e , comme la justice humaine , admet les cir

constances a tténuan tes , e t qu’

elle demandera moins

à celui qui a vécu au sein d’

une socié té p eu favorab le a la ver tu

, qu’

à celui auquel rien n’aura man

qué pour bien faire ni les Connaissances , ni lescon sei ls

,les exemples . Ainsi le sort de ceux qui

succombent n ’

est p om t s i inconnu ,ni si à plaindre

que veut bien le di re le livre que nous avons cité .

Chacun d ’

eux peut a tteindre sa fin ; i l en a l’

obliga

t ion el les movens ; i l n’

es t responsable que dans la

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1 62 DU SPIRIT ISME .

des besoin s essentiellement égmstæts succède l’intel

ligen ce des intérêts parti culiers et généraux . : les

mœurs s’

adoucissen t ; et cette humanité,frui t de

l’habitude plutô t que de la nature , est un e tradition

qui sé perpétue , aussi bien que les connai ssances ,les arts e t les pratiques de l ’ industrie. Dès ce

moment la soci été s’organi se ; elle cherche à se

protéger,au dedans

,contre le retour des p assi ons

égoïstes et les instincts d ’

une sauvage indépendance ,au dehors , contre les invasions des peuplades barbares . Les pouvoirs publics s’établi ss ent ; la d ivi :«

sion par classes devien t nécessaire ; les insti tutions

reli gieuses , civiles et poli tiques se fondent . Voilà

un peuple qu i possède tous les éléments d’

une

véri table civ ili sation . Supposons que cette somé té ,qu’

elle appartienne à la Grèce ou à l’Italie , vive dansle même é tat un si ècle ou deux on y pourra voir

des changements , des révolutions , dus à des causesfort diverses ; mais les principes moraux un e foi s

acquis n e se perdront plus , et seront transm i s de

générati on en génération par l’éducation et par la

Vi e publique . Ainsi les indivi dus meurent,les gén é

ration s se succèdent , mais ils lai ssent après eux , à

ceux qui les suivent , quelque chose d’

immortel.

Demandera-t—on maintenant où est le progrès ?

qui a p r ogr es se"? Les lumi ères

,les conna i ssances

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n'

u SÊÎRÎ'ΑÎ8ME. 1 63

d ’

une génération , passent à la générati on suivante

qui doit les transmettre , accrues et agrandies,a

ceux qui v iendront après elle . Un e fami lle nous offre

l’image , en raccourci , de l a soc iété d ont elle fai t

partie : un père et un e mère donnent aleurs en =

fauts les i d ées du temps , les mœurs du temps les

préjugés et les goûts du temp s où ils vivent . S i lesmœurs sont p lus douces que cinquante ans auparavant

,si les goûts s ont plus élevés , si les i dées s on t

plus saines,ces enfan ts , nés dans un pareil m i lieu ,

vaudront m ieux que leurs ancêtres , et i ls pourron taj outer à la trad ition qu’ils on t reçue ce qu’i ls de «

vron t à l ’exercice de leur propre raison et à leur

expérience personnelle . Ainsi chaque époque héri tede l’époque précédente et lègue à celle qui su i t unhéritage plus vaste , un fond s plus ferti le ainsi le

mot p r ogr ès s’

appl ique à la foi s aux id ées qui se

multiplient et s ’étendent,et aux indiv i dus qui s

a

mélioren t . On a donc tort de dire qu’

au bout d e

m ille an s i l n’

y a p lus trace des an cien s habi tan ts ;

aucune generati on n e meurt tout entière . Tout enfaisan t face aux né cess i té

'

s du pr ésent , elles travaillent pour l ’avenir . Quant à regretter qu’

elles n e

pui ssen t rien faire p our le passe quan t à. obj ecterà la théorie ordinai re que la civili sation , commeelle la comprend , ne peut profi ter qu

’au présent et

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1 6 11 nu SPIR IT ISME .

à l ’aven i r,c ’es t un langage qui a de quoi étonner .

Parm i les choses humaines,les plus grandes o

_

n t'

ê u

de faibles commencements ; i l leur faut une enfance ,un e jeunesse e t un âge de v ir il i té , et cette marche

lente est une lo i à laquelle il es t impossible de rien

changer . D’

un autre cô té nous avons vu que

l’homme n ’

est responsable que dans la mesure de

ses lum ières qu’ il y a plus demér ite à faire le bien

au milieu de mi lle obstacles qu ’au sem d ’

une société dans laquelle tout concourt à rendre l a ver tufacile ; que la r écompense sera proportionnée au

mérite ; qu’ i l sera beaucoup demandé a ceux qui

auron t beaucoup reçu ; par conséquent , la justicede Dieu n e semble en aucune façon compromi se

par l’

expli cation du progrès que nou s avons donnée .

Dan s celle—ci tou t est conforme a la raison ; on n’y

vo i t qu ’

un enchaînement de faits que tou t le monde

peut observer,dont tout le monde peut se rendre

compte dans celle du spir i ti sme,i l faut recour i r a

l’hypothèse d ’

une exis tence des âmes an tér ieure à

l ’époque à laquelle elles ont fai t leur premi ere appa

r ition sur cette terr e . Le spir iti sme es t à ce pr ix .

Mais’

admetton s l ’hypothèse de quoi s ’agi t-il ?

D’après l ’explication rati onnelle les premi ères

gén érations auraient été mal par tagées , bien plus

mal que les suivantes pourquoi cette préférence?

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1 66 DU SPIRITISME .

remercier de ses bienfaits . Je ne découvre que des

Esprits qui errent a leur gré , et vont d’

une nati on

à un e autre , d’

un pays à un autre , selon leur bonpla i s i r . Enfin vous me parlez d ’

un mi lieu sympa

thique ; je trouve ce terme bien obscur , bien vagueest—.cc à dessein ? Est—cc à cause de la d iffi culté du

sujet? Ce mi lieu es t formé d’

honnêtes i ndividus ,voilà p ourquoi ces âmes errantes s ’y rendent . Et

ces honnêtes ind ividus eux—mêmes , qui sont- ils ? des

âmes vertueuses qui sont venues se fixer en un com

du globe ? Mai s cem i lieu sympathique , ils pouvaien tle trouver sans venir sur la terre . I ls n ’avaien t qu

à

rester en la compagn ie des i nnombrables Esprits

avec lesquels ils vivaient . J e n e voi s aucune nécessité pour eux de prendre un corps , et de rechercher

une s cié té qui n e peut m ieux valoir que celle qu’ils

qui ttent . Ce milieu qui les attire , qui l’

a formé ?

Est-ce la civi lisati on telle que nous l’

en tendons ?

Vos Espr its me font bien l ’effet de co ii iparses et defigurants , et le spectacle que vous nous donnez

me rappelle beaucoup les verres d’

une lanterne

magique .

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DERN IER MOT SUR LE SP IR IT ISME . CONCLUSION .

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1 70 DU SP IRITISME.

afin de n e pas demander l ’impossible : i l n’

est pasmoins nécessaire de connaître toutes les conditionset tous les écuei ls de la médian imité

,l’influence du

m i lieu ,les disposi ti ons morales

Est—ce i ci le langage d ’

un chef d ecole,ou d

un

fondateur de secte ? j e n e sai s . Je vois des initi és,

un e peti te Église qui seule possède le secret d’

évo

quer les âmes et de les faire parler . J e comp rends

la n écessd é de certaines r ègles,d ’

une méthode in

dispensable à qui veut r é uss i r ; mais ce que j e comprends moins , ce sont les pr étendues difficultés que

rencontre tou t expérimen tateur . On nous apprend

qu’ il y a trois sortes ou plutôt , trois degrés d

obses

si ons b ien caractér i s és 1 ° l’obsession simple ;2 ° la fascination ; 3

° la subjugation . La première

n’offre aucune grav i té ; ce n’

est qu’

un simple dés

agrément . La seconde est beaucoup plus grave,

parce que le m édium est dans l’illusion , et ne con

naît point son état . L’

Espr it qui le domine l’

égare

au point de lui faire trouver sublimes les choses lesplus absurdes ; enfin la subjugation peut aller jus

qu’

à an éantir le libre arbi tre , ce qui compromet

s ingul ièrement la théorie de la liberté morale .

Parm i les médiums , le spir i te n e veut point de

(1 ) Qu’

est-cc que le Sp ir itisme, pl 8 £i—85 .

(2 ) Ibid . , p. 89.

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DU SPIR ITISME . 1 71

convuls ion nmres ni d’

illumin és ; c’

est là un e supé

r ior ité sur certaines sectes qui n e prospèrent que

par les miracles et les contorsions . Ces états mala

d ifs où la fi èvre fai t le principal ressort des âmes,

où les hallucinati ons s ont consi dérées comme des

insp irati ons d ’

en haut , sont donc des obstacles à

l ’acti on de l’expér imen tateur sur lem édium . Quellessont donc les qualités requ i ses des médiums ?

La facult é médian imique t ient à l’organisme

elle est un don de D ieu , comme toutes les autresfacultés que l ’on peut employer p our le bien

comme pour le mal. Elle a pour objet de nous met

tre en rapport direct avec les âmes de ceux qui ont

vécu,afin de recevoir leurs ensei gnements et de

n ous in i tier à la vie future

Voilà des termes parfai tement clairs , un rô le n et

tement tracé , mai s dans tout le chapitre d’où cette

ci tati on es t tirée, j e cherche en vain des caractères

précis auxquel s j e pourra i s reconnaître un suj et surlequel j e voudrais expérimenter .

J e ne voi s partou t que des préférences que lesbons et les mauvais Espri ts accordent à certainsmédium s qui de bons peuvent devenir mauvais ;

qui ont d’abord les sympath ies des Esp ri ts , qui les

(1 ) Qu’

est—cc que le Sp ir itisme , p . 8 5 .

(2 ) I b id ., p . 92 .

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1 72 DU SPIR IT ISME .

perdent bientôt après , qui reçoivent des conseil sutiles et oublient de les mettre à profit . On n e me

parle par tou t que de l’autre monde

, de ce mondei nvisible où je n e sui s pas , sans me d ire comment

j e dois me condui re en ce monde où j e sui s ; onm

appren d comment ces êtres invi sibles fon t la policede cette terre

,sans que nous nous en douti ons ;

mais on n e m’

appren d pas comment j e pu is lesles rendre mdiscrets sur ce que j e désire le plus

savo ir . Éprouver les âmes par la tromperie et le

mensonge , me semble un s ingul ier moyen d ’y fairepén étrer l’amour de la véri té et de la franchise .

C ’

est pourtant a i ns i , n ous d it —ou , que les Espr i tsexercen t le jugement des vivants , qu

’ i ls approchent ;c ’est ainsi qu’ils leur

!

apprennen t à distinguer la

vér i té de l ’erreur , qu’

ils leur enseignent le doute

méthod ique , qu’ i lsmettent à l

épreuve leur patienceet leur persévérance dans le bien .

Quant à ces caractères qui marquent un médium ,

j e le répète , j e n’ai pu les trouver nulle par t . J e

l i s bien,page 90 du même l ivre Ce qui consti tue

le medium proprement dit,c’es t la facu lté . La fa

cuité de quoi ? La faculté d ’être m édium,san s

doute . Alor s la phr ase reviendrait à celle— ci Ce qui

d istingue surtout le médium de ceux qu i n e le son t

pas , c’

est la faculté d’

ê tre méd ium . Il me semble

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restrei nt , tout milieu n’

est pas bon à l’expérience,toute circonstance favorable . D

un autre cô té , Vous

repoussez toute connivence avec les j ongleurs et

les charlatans,vous reniez toute parenté avec les

sorciers et les magicienË du moyen âge , et en effet

on n e voit‘

poin t chez vous toutes les gr imaces etles simagrées que la foule adm i re sur les places

publiques et dans les carrefours . Mai s enfin,le j eu

des nerfs et du sang est bien pour quelque chose

dans cet état—

singul ier qui met les v ivants en com

mun ication avec les morts ? S i la médeci ne n’a r ien

à y vo ir , n’y peut rien voir , dites—nous ce que vous

y voyez . Ce qu’il y a de certain,c’est que les pro

cédés don t vous vous vantez de posséder le secretn e se sont point répandus comme les procédés de

la s cience , comme ceux de la chimie , de la phy

sique,de la mécanique

, que tout ouvrier , tout manœ uvre est obligé de connaître , en partie du moins ,

p our faire avec intelligence son métier .

Vous prétendez que vous , pontife de votre peti teEglise , vous p ouvez é voquer les âmes des morts

quand bon vous semble , que vous p ouvez les fairepar ler sur toute chose

,leur deman der des rêvé

lation s sur le pass é,sur le présent

,sur l ’avenir

même , et que les Espr i ts , dé ciles à vos ordres , sont

obligés d ’écrire des r éponses à tout ce que vous

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DU SP IR ITISME . 5

leur demandez . Pour vous i l n’y a n i écueils,ni

obstacles : vous choisissez s i bien les médiums , et

vous connaissez si b ien les nombreuses pratiques

que le novi ce met tant de temps à apprendre et

qu’ il n e possède j amais parfaitement

Mai s alors il n’y a plus rien de secret p our Vous !

Les familles et les indivi dus n ’ont pour vous plusr ien de cach é ! Vous pouvez d évoiler les b oules et

les malheurs d’

une ma i son , et p énétrer dans les

douleurs les plus intimes . Pour le vulgaire , i l y a cequ’on voi t et ce qu’on n e voi t pas : pour vous , i ln’y a pas de voiles ; toutes les acti ons des générati ons pass ées , de vos contemporains et peut- être de

ceux qui v iendront apres nous , vous sont connues

Usant de ces redoutables indiscrétions des Esprits ,vous pouvez tout ; vous pouvez changer le coursdes événements , empêcher , préveni r , suspendreles entreprises les m ieux calcul ées vous pouvezfaire trembler le souverain sur son tron c , et contrebalancer son autorité ; vous pouvez déj ouer lesplans de l a politique la plus hab ile , faire naître des

troubles où l’on n e désire que la paix,compro

mettre les intérêts des i ndiv idus,des fam illes des

n ati ons . J e n’

inven te rien ce sont là les con sé

quen ces extrêmes , mais tres—ri goureuses , du spiri

ti sme . Ce qui prouve que ces conséquences ne vous

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ont pas échappé , c’

est que vous écrivez pour rassurer les t imides En dehors de ce qui peut aiderau progrès moral , i l n

’y a qu’

incertitude dan s lesrévélations que l

’on peut obtenir des Esprits

Mais tout le monde n e l i t pas vos res tr i cti ons,s i

br èves quand on les compare aux nombreuses

pages que vous consacrez à la grandeur du spiri

ti sme , aux avantages considérables qu’ i l apporte à

la soci é té,à son but pr owden tiel . Qui sera j uge

d’

ailleurs de ce qu i peut aider , ou non , au p r ogrès

moral ? Ce mot est vague es t— cc pour laisser

un e plus libre carr i ère à la cur iosi té et a l ’ind is

cr étion ? J e suppose cependan t que les bons É s

prits se renferment dans les l imi tes que vous tra

o

'

ez mais il es t un e fou le d ’

Espr its m auvai s , mal

faisan ts , qu i pourraient bien j ouer aux vivants de

vilains tours , amener de terribles catastrophes .

Vous convenez qu’on peut abuser de la facul té mé

d ian im ique ; si ce n’

est pas l ’usage , ce sera l ’abus

qui tirera de votre doc tr in e les fâcheuses cen sé

quences qui y son t n écessairement renfermées .

Mai s peut—être n’

êtes -vous pas fâch é qu’on les

en trevoie , ces conséquences ? C ’

est ainsi que voustenez les âmes entre vos mains : vous les attirez

(1 ) Qu’

est—cc que le Sp ir itisme, p . 93 , be éd it .

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avez des détails incroyables ; vous racontez tout ce

qui se passe dans le monde invisible comme si vous

y viviez , de telle sorte que ceux qui n’y vivent pas

pourraient prendre votre r éci t pour un roman .

Vous connaissez admir ablement la car te de ce pays

imaginaire , et ceux qui traçaient sur un e autrecarte le cours du fleuve du Tendr e n

’avaient pasplus d ’

inven tio‘

n dans l’espri t que vous . Ce s ont ces

d étails, je vous l

avodè , qui me déconcertent un

peu , et me font naître quelques doutes sur vos affir

mati ons s i sures d’

elle-mêmes . Je crois que l’aban

don de la ra i son porte malheur,l’imagination mal

réglée va au bizarre et à l’étrange ; à la vraie

science elle substi tue ses”

propres inventions ; elle

compromet ainsi ses meilleures intentions et les

i dées les plus heureuses . J ’aimera i s m i eux l’injure

de rai ionaliste que celle de rêveur e t de v i sionna i re . D’ailleurs , si votre système es t mal li é , si l es

principes sont mal établis,s i les conséquences n e

s ortent pas d irectement des pr incipes ; s’i l y a du

d écousu , de l’

incob èren ce , peu de méthode , peu

d’

en chaînemen t , quelques contradictions , à qui la

faute ? C ’

est de l ’imagination , je pense , que vous

v ien t tout le mal. Vous lancez l’anathème à l’

in cré

dule , au matériali ste , au panthéi ste vous tendez lamain au cathol ique , au protes tant ; mai s si vous

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DU SP IRITISME . 179

n etes aucun d’

eux , qui êtes -vous donc ? A de cer

tains moments , on dirait que vous n e tenez pas àce que l

’on croie à gran d’

chose ? Au moins tenez

vous à ce que l’

on croie en vous . Mai s alors quel s

s ont vos ti tres ? Votre doctr ine n e repousse aucunedes reli gions posi tives ; elle se place au—dessus detoutes , et n

admet que ce qu’

il y a en elles de conforme à la raison . J e le veux bien . J ’ai étud i é lessp éculat ions purement rationnelles de l ’antiquit é

,

ains i que celles des temps modernes , et j ’ai beauvous regarder en face , j e n e pui s vous trouver unair de fami lle . Il y a dans celles c i quelque chose

de franc et d’

ouver tqui m’

en chan te Je trouve votrefron t chargé de nuages , votre personne entouréede mystère . Il y a dans

,

celle- ci du rai sonnement,

chez vous des assertions sans p reuves . Enfin la plus

d écis ive contradicti on que me semble renfermer

votre doctr ine , la voi ci Vous prétendez n e vous appuyer que sur la rai son , et quand i l s ’agit des

preuves de l’immortalit é de l’âme

,fondées sur la

raison,vous les dédaignez , vous cherchez à les

ébranler , pour y substituer un e démonstration biensupérieure, palpable , pour ainsi dire : la révélation

des Esprits . C’

es t sur cette r évélati on que vous

comp tez pour convaincre tous les incrédules . En

core un coup , je l oue vos intentions , mai s j e trouve

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4 8 0 DU SPIRITISME .

for t téméraire toute entrep r i se qui tend à discré

d iter la raison, en se donnan t comme son in ter

p rete,et qu i substi tue au témoignage de cette

même raison celui de nos sens émus et exaltés par

j e n e sai s quelle hallucination fiévreuse .

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1 8 2 TABLE MATIÈRES .

VI I I . Suite du chapitre précéden tDu caractère moral et religieux du Spiritisme .

De quelques prin cipes sociaux du SpiritismeUn dern ier mot sur le Spiritisme . Con clusion .